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CONCLUSION

La maison ne se contente plus d’être seulement connectée et automatisée, elle apprend et communique, car Zuckengerg a également couplé ce système à Messenger de Facebook pour directement discuter avec lui. Ainsi le PDG explique, « Etant au travail à l’autre bout de la ville, je peux demander à JARVIS de monter le chauffage, ou fermer les stores et d’être alerté lors de visites … » car il est également capable de reconnaître ses visiteurs, de les laisser entrer s’ils sont autorisés ou d’alerter Mark Zuckerberg de leur arrivée.

Cette « smart house » serait donc la suite logique de notre domotique actuelle, cependant cela pose de nouvelles difficultés, Dans un article, Mark Zuckerberg raconte que l’un des premiers challenges techniques a consisté à connecter les différents équipements de la maison, car chacun utilise son propre langage et son propre protocole de communication.

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Le patron de Facebook explique également à quel point il est important pour une AI de comprendre le contexte. Il donne un exemple pour illustrer cette problématique : lorsqu'il demande à Jarvis de mettre la climatisation dans son bureau, cette demande ne signifie pas la même chose que lorsque sa femme fait exactement la même requête, puisque chacun a son propre bureau. Pour améliorer les capacités de son assistant virtuel, Mark Zuckerberg a donc adopté une approche d’apprentissage par renforcement.

« Cette méthode ressemble au dressage d’un animal de cirque ou d’un animal de compagnie : on attend que l’animal fasse la bonne action et on lui donne une récompense. C’est ce type d’apprentissage qui a été utilisé pour entraîner le logiciel AlphaGO135. Au jeu de Go, lorsque la machine gagne, elle se dit qu’il faut refaire la même chose. A chaque essai, on donne finalement très peu d’informations à la machine » expliquait Yann Lecun, directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook.136

A l’avenir, le patron de Facebook aimerait trouver le moyen d’apprendre à Jarvis la capacité d’apprendre. Concrètement, cela signifie que la machine serait capable d'apprendre toutes les choses que nous apprenons en observant le spectacle du monde.

Ce qui est au final, LE grand défi scientifique de l’intelligence artificielle.

135 Le monde - Intelligence artificielle : toujours plus puissant - 2017 136 https://www.industrie-techno.com/article/yann-lecun-facebook-l-apprentissage-predictif-est-le-grand-defiscientifique-de-l-intelligence-artificielle.43641

ENSAM – Mémoire Master – Loïck Maire - 2019

Ce mémoire avait pour ambition de déterminer si le milieu de l’architecture était en train de vivre un changement majeur de son temps, en ciblant si malgré tout, même avec un outil aussi intuitif qu’est l’IA, le travail de l’architecte garderait tout son sens.

Nous sommes aujourd'hui confrontés à un défi fantastique : intégrer l'IA au monde de la conception, de la fabrication et de la gestion architecturale. Il ne fait aucun doute que l'intelligence artificielle ne pourra jamais automatiser l'intuition et la sensibilité de l'architecte, car à la vue des avancées actuelles, celles-ci restent trop complexes à étudier par un système informatique.

Du moins, selon Yann Le Cun, cela implique qu'il faudrait des progrès conceptuels qui sont du ressort de la science et non de la technologie, et cette singularité n’est pas pour bientôt.

Malgré cela, il ne fait aucun doute que l’IA va automatiser le processus conceptuel des architectes dans leur pratique quotidienne. En parallèle à cette rigueur algorithmique, il est intéressant de poser la question du hasard et de l’imprévu, chose prépondérante à tout projet architectural, car la question de l’inconnue et de la recherche reste vitale pour le métier d’architecte. Comme l’explique Stanislas Chaillou, sur un plan conceptuel, il est préférable de croire à une approche statistique de la conception, qui façonnerait d’une meilleure manière le potentiel que possède l’IA envers l’architecture. Son caractère moins déterministe et plus holistique est sans aucun doute une chance pour notre domaine.

Plutôt que de voir un danger en l’intelligence artificielle, l’Homme pourrait utiliser les machines comme outil. Un outil ponctuel, puissant et intuitif, qui aurait la possibilité de créer de nouvelles philosophies et de nouveaux esthétismes, là où la capacité de l’humain ne serait plus suffisante : nous parlerons d’une collaboration entre humain et machine.

Car, bénéficier d'un assistant intelligent, comme l’explique Mark Zuckenberg, est à notre portée et doit être étudié, testé et expérimenté.

ENSAM – Mémoire Master – Loïck Maire - 2019

De plus, l'IA n'est pas le simple résultat d'une découverte soudaine. C'est le point culminant de 70 ans d'inventions et d'innovations. Suite aux développements des économistes Richard Lipsey and Kenneth Carlaw, l’IA est la dernière des general purpose technology. Or, le but même d’une technologie d'usage général est d’induire des ruptures dans notre modèle sociétal préétabli afin de proposer des améliorations et un changement de paradigme (comme l’électricité, l’automobile, les chaines de production …)

Dans la mesure où l'intelligence artificielle peut concilier efficacité et organicité tout en offrant une grande variété d'options de conception pertinentes, nous devons y voir la possibilité d'obtenir des résultats riches et variés, qui viendront compléter notre pratique et remédier à certains angles morts de notre discipline. Loin de penser à l'IA comme un nouveau dogme en architecture, nous devons concevoir ce domaine comme un nouveau défi, plein de potentiel et de promesses.

Cependant aujourd’hui, et comme énoncé dans ce mémoire, la grande problématique actuelle de l’IA, reste le risque de faire disparaitre une grande partie des métiers de l’architecture, et ce dans les trois champs sémantiques présentés précédemment.

Il est alors facile pour les détracteurs de parler de déshumanisation de l'architecture ; cependant cela permet, finalement, et contre toute attente, de reconnecter la pratique de l’architecture et de la construction, tout en remettant en avant la place de l'architecte dans le processus de fabrication de son projet.

On constate donc, après étude de propositions comme le SmartSlab (ETH) que l'homme à défaut d’être remplacé, travaillerait plus en collaboration avec la machine et le robot, afin de proposer un tout nouveau type d’architecture.

A l’image d’une continuité de l’architecture bionique mise en place dans les années 2000, il est intéressant de noter, qu’étonnamment, le côté « organique » ressort des propositions de design issues d’une Intelligence Artificielle. Alors que nous aurions tendance à présager quelque chose de rationnel, cartésien et finalement scientifique, nous voyons apparaitre des formes et des structures que nous pourrions retrouver dans la nature. Ces formes intelligentes et conscientes, répondent au seul besoin de l’utilisateur, sans surplus,

ENSAM – Mémoire Master – Loïck Maire - 2019

elles sont à considérer comme une mixité parfaite entre nouvel esthétisme et fonctionnalisme algorithmique.

Ces nouveaux outils que propose l’IA sont évidemment sujet à de grandes spéculations. De nombreuses agences de recherche et développement sont actuellement sur le pied de guerre, pour devenir des pionniers, dans ce qui sera probablement l’un des enjeux les plus rentable et prépondérant des 20 prochaines années. Cela reste du ressort des collectivités publiques (une sorte de contre-pouvoirs) de commencer à limiter cette course effrénée à ce techno-capitalisme, pour devenir à leurs tours l’un des leaders mondiaux et de ne pas subir par la suite ces avancées technologiques afin que celles-ci ne deviennent pas une force contraignante et un élément de négociation.

Il serait alors nécessaire de mieux contrôler les grandes entreprises comme les GAFA, (Google, Apple, Facebook et Amazon), Autodesk ou Nvidia qui restent les entreprises privées les plus avancées dans ce domaine. Ces sociétés à la pointe des technologies liées à l’IA et à la robotique, ont une politique dite « mondialisée » qui pose le risque de voir naitre des monopoles encore plus puissants, voire exclusifs, si ce n’est déjà fait …

Ainsi, le risque est grand : il ne serait pas impossible d’assister à une réduction de la pratique architecturale à une simple vision capitaliste, régie par les lois de l’offre et de la demande. Ce techno-pouvoir grandissant est clairement expansif, (surtout en France) il est alors nécessaire qu’il fasse l’objet de plus de contrôles vis-à-vis des citoyens, politiques et des législateurs, et ce, surtout à l’international.

De plus, ceci pose clairement la question de la formation des architectes et des métiers liés à ce domaine d’étude, car nous sommes aujourd’hui dans une zone d’ombre ou des nouvelles problématiques et de nouveaux outils se posent au métier, ces difficultés apparaissent et questionnent le fondement même de l’architecture. Doit-on faire confiance en la machine ? Doit-elle avoir le dernier mot ? A-t-elle raison ?

Effectivement, cela est un peu prématuré en 2019 de dire s’il sera plus rentable pour l’architecte de faire appel à tous ces nouveaux métiers liés à l’IA (data scientist, data

ENSAM – Mémoire Master – Loïck Maire - 2019

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