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INTRODUCTION ET QUESTION DE DÉPART
I N T R O D U C T I O N E T Q U E S T I O N D E DÉP A R T
Ce choix de sujet de mémoire a commencé par une observation du mode d’habiter créole sur les espaces publics et les délaissés urbains. L’appropriation de ces lieux par les usagers est partout
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autour de nous et reflète, à mon sens, une volonté des habitants à redessiner leurs espaces de vie. Qu’elle soit temporaire ou non, elle se trouve dans les jardins privés qui dépassent sur les zones
communes, dans le mobilier posé sous l’ombre d’un arbre, dans les traces de pas qui dessinent des chemins informels, etc. Par ces actes, les usagers manifestent la relation qu’ils entretiennent avec l’espace, et témoignent de leur appartenance.
À l’occasion de mes périples urbains dans les villes de l’île, j’ai pu observer ces accumulations de
petits riens, menés par des initiatives individuelles, qui parviennent à changer le paysage et reflète
les modes de vie d’une culture.
Ces initiatives spontanées impactent l’espace dit public et le transforment. Ce dernier a évolué au
cours des dernières années et a été le sujet de nombreux questionnements dans l’aménagement du territoire. À la Réunion, par son contexte et son histoire, l’espace public est perçu différemment qu’en Métropole, et le territoire est confronté à de nombreux enjeux d’aménagement lié à des problématiques démographiques et urbaines. On remarque que la planification territoriale ne prend pas en compte le contexte socioculturel de l’île et un modèle métropolitain est souvent appliqué.
Au regard de nombreux projet d’aménagements, on peut voir que ces modèles ne répondent pas
aux problématiques liées au contexte et à la culture réunionnaise. Cependant, la culture est encore
très forte et très imprégnée dans les mœurs de la population, et celle-ci résiste face à toutes les
transformations du territoire.
Dès lors, de nouveaux projets de rénovation urbaine (NPNRU) apparaissent sur toute l’île, et tentent
de régler les disparités sociales et spatiales des quartiers depuis les années 80. Le sujet de la
rénovation urbaine pose énormément de questions, et l’on compte aujourd’hui, 12 programmes répartis sur 6 villes de l’île. Ces projets de renouvellement urbain pourraient être un tremplin pour
un aménagement plus en accord avec les volontés et les habitudes citoyennes, tout en respectant
le contexte historico-social d’une population. Mais, au risque de proposer des projets urbains uniformes, totalement déconnectés de leurs contextes, il semble nécessaire d’étudier plus en profondeur les enjeux sociaux et spatiaux de chaque site. Mais comment procéder ?
Tout d’abord, recontextualisons notre travail. Celui-ci vient interroger les rénovations urbaines,
intervenant sur les espaces publics quartiers créoles. Afin d’apporter des solutions les plus adéquates possibles, il serait intéressant d’étudier ce qu’est l’espace public dit occidental, en
étudiant sa définition et son évolution.
Ce travail part d’observations sur des pratiques habitantes et prend comme postulat de départ que
ces initiatives impactent les usages, le fonctionnement des espaces publics, et révèle des manques
des aménagements en place. Ainsi, les individus, à leurs manières, peuvent devenir aussi acteurs de l’aménagement en produisant un urbanisme informel. Il serait alors intéressant d’étudier les fonctionnements de ce nouvel urbanisme, de voir de quelle manière il impact l’espace public, et s’il est pertinent de l’inclure dans de futurs aménagements.
Enfin, l’espace public ne constituant pas « un type universalisé ni une catégorie normative » (Watin, Wolff 1995), nous pourrions étudier les origines des quartiers réunionnais, afin d’opposer les définitions de l’espace public occidentales aux pratiques créoles.
Par la suite, mon travail prendra appui sur un quartier que j’ai connu lors de mon stage de Master au sein du CAUE. Un quartier datant des années 70, prochainement transformé par les NPNRU, situé
dans la ville du Port. Portant le nom d’Ariste Bolon, on retrouve en se promenant dans ses rues, de nombreux phénomènes d’appropriation de l’espace public. Il serait intéressant d’y faire une étude de terrain qui permettra de déterminer le rapport qu’entretiennent les usagers à leurs environnements urbains, et de capter les perceptions qu’ils ont sur leurs espaces publics, dans le
but de proposer de futures pistes d’aménagements, plus en accord avec les pratiques créoles.
Finalement, cette enquête permettra de répondre à la question suivante : pourquoi et comment
associer les usagers aux processus d’aménagements sur le quartier typé ANRU d’Ariste Bolon ?
Pour répondre à cette question, notre première partie servira à dresser le cadre théorique de notre
recherche, en croisant des écrits sur les espaces publics, la place des usagers dans le dessin de la
ville, et pour finir, une recontextualisation dans les kartié de l’île.
Dans un second temps, nous mènerons une enquête de terrain dans le quartier Ariste Bolon. Cette
enquête nous permettra de voir quelles sont les formes d’appropriation de l’espace, comment elles influent sur le dessin de l’urbain, puis dans le cadre de l’ANRU, voir comment on peut s’en inspirer pour les futurs projets d’aménagements. Il s’agira de s’attarder sur les perceptions et sur les significations de l’appropriation des espaces publics.