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MÉTHODOLOGIE
M É T H O D O L O G I E
Les chapitres précédents nous ont permis d’acquérir une meilleure compréhension de ce qu’étaient les espaces partagés au sein des kartié. Cette seconde partie présentera les terrains d’études sur lesquels nous travaillerons afin de valider nos hypothèses.
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TERRAIN D’ENQUÊTE
Durant la coupure du master 1 au master 2, un stage au sein du CAUE de la Réunion m’a donné l’occasion de travailler sur la « revitalisation des espaces publics » au sein du kartié Ariste Bolon/SIDR Haute de la ville du Port, dans le cadre du programme de Renouvellement Urbain
(NPNRU). Sous la direction de Emmanuelle Bernat Payet, j’ai pu participer à des analyses sensibles de ces espaces et aller à la rencontre des habitants pour des ateliers de concertation. Le travail
effectué m’a permis d’acquérir un grand nombre de connaissances sur la manière dont le site fonctionnait, et il m’a donc paru évident de poursuivre l’analyse de terrain à travers le mémoire.
Ainsi, afin d’avoir une meilleure compréhension des enjeux et du fonctionnement du site, nous suivrons ce plan d’enquête :
- Dans un premier temps, nous recontextualiserons la zone Ariste Bolon dans la ville du Port. Une analyse à grande échelle nous permettra de comprendre l’identité urbaine du périmètre
et de voir comment historiquement, le kartié s’est développé. Cette première approche à l’échelle macro aura pour but de justifier la pertinence de notre terrain d’enquête. - Dans un second temps, nous recentrerons notre étude sur un périmètre précis du kartié. À
la suite d’une balade sensible et d’observation flottante, une cartographie dressant les différents usages du périmètre nous permettra d’identifier avec précision plusieurs terrains d’observation. - Enfin, nous établirons une grille d’observation sur les terrains sélectionnés afin de dresser une liste de profils des personnes qui les fréquentent. Cette grille déterminera les modes d’occupation sur le site, et sera couplée avec un questionnaire qui caractérisera les relations qu’entretiennent les usagers au site.
Objectifs :
Finalement, cette enquête aura pour but de comprendre les relations qu’entretiennent les usagers entre eux dans ces espaces, et si elles influencent leur relation au domaine public. Nous pourrons
aussi déterminer qui occupe ces espaces, de quelles manières et enfin, voir si les aménagements
qui sont présents impactent les modes d’occupation.
o UN KARTIE PRIORITAIRE DANS UNE VILLE EN PLEINE
MUTATION
Plus jeune commune du territoire, la ville du Port a connu une mutation urbaine très rapide durant
ces dernières décennies. Aujourd’hui, elle est digne représentante d’un territoire à bout de souffle, où un Réunionnais sur cinq vit dans un kartié prioritaire. En effet, c’est l’une des villes qui regroupe
le plus de quartiers connaissant des difficultés socio-économiques de l’île : près de la moitié de la
population est au chômage (INSEE). L’image du Port est associée à celle d’une ville dégradée, d’une ville dangereuse et depuis 2009, elle connaît une perte démographique. Malgré une évolution
rapide, la ville reste encore attachée aux traditions.
Née de son port, elle est à l’origine une infrastructure permettant à l’île de s’ouvrir au reste du monde. Avant les travaux de 1879, il n’y avait rien, juste la plaine alluviale de la rivière des galets.
Puis, arrivèrent les travailleurs du chantier du port de commerce et du chemin de fer. Près de 8000 personnes, originaires de l’île, d’Inde, de Madagascar, d’Égypte constituèrent les premiers habitants de la ville. Puis, des premiers tracés urbains orthogonaux définir le centre-ville (Plan Filloz), faisant apparaître de nouvelles typologies d’habitat plus moderne : Le modèle de kaz béton rompe
alors avec celle de la kaz traditionnelle.
DÉVELOPPEMENT DU KARTIE DANS LA VILLE
Le périmètre du kartié Ariste Bolon/SIDR Haute se situe au sud-est du
centre-ville. En 1961 apparaissent les premières opérations au nord-est du kartié, autour des allées Béranger et Jean Robinson. L’habitat spontané s’accentue sur la pointe nord.
Dans les années 70, le développement démographique de la ville entraîna l’augmentation d’habitat insalubre autour du centre-ville et la construction
de grands ensembles. Les premières constructions de logements collectifs
de la SIDR se développèrent au nord-ouest du périmètre.
Dans les années 70-80, les opérations de la SIDR apparaissent dans le
périmètre du kartié. L’urbanisme y est intensif sur la période de 1971 à 1981.
Les opérations de logements Cotur 2 et Cotur 3 se forment respectivement en 1978 et 1981 à l’extrémité gauche et droite du périmètre. Par la suite, d’autres opérations de logements apparaissent. Une voie de desserte traverse tout le kartié (Avenue du 19 mars 1946) et le connecte aux grands
axes en périphérie. Finalement, la forme du kartié et sa trame organique résultent du patchwork de toutes ces opérations et de l’apparition de logements auto construits depuis les années 70.
Aujourd’hui, le kartié Ariste Bolon/SIDR Haute fête ses 50 ans d’existence. En 50 ans, l’état de ses logements s’est considérablement dégradé, obligeant dans certains cas le recours à la démolition. De plus, le kartié est isolé du reste de la ville par la présence de grands axes routiers et du manque
d’entrée sur le site. Les espaces dits publics ont été dessinés par et dans les vides des opérations de logements au fur et à mesure du temps, et l’on recense un manque d’équipement et de commerce.
o PROBLEMATIQUE
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Les questions secondaires permettront de répondre à la question de départ grâce aux outils que
nous allons présenter.
o CHOIX DU PERIMETRE D’ETUDE
Le périmètre d’Ariste Bolon étant très étendu (27 hectares), je cantonnerai mon étude sur une plus
petite zone. L’idée était de trouver un terrain avec le plus de types d’appropriations pour pouvoir les analyser. Lors de mon stage au sein du CAUE, notre mission sur les espaces partagés s’est positionnée sur un périmètre défini. Cette première approche m’a permis de me familiariser avec les lieux, et d’identifier des espaces stratégiques à étudier. La surface retenue mesure près de 62 000 m², et est composée exclusivement de logements n’excédant pas le R+1, ainsi que d’un mail planté où l’on retrouve un air de jeux et un terrain de football.
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Surface du terrain d’étude © Louana
MÉTHODE D’ENQUÊTE
Cette analyse repose principalement sur les grilles d’observation et les questionnaires effectués durant la semaine de fin août : à cette période, l’école a déjà recommencé et l’échantillon observé peut représenter environ 70 % du temps de l’année.
On peut faire la supposition que hors temps de période scolaire, il y a plus de fréquentations d’enfants dans les espaces publics et qu’ils participent à la vie de kartié. Finalement, on pourrait
déduire qu’à cette période les espaces publics se comportent comme en week-end ou les mercredis
après-midi.
o BALADE PHOTOGRAPHIQUE ET CARTOGRAPHIE
Une fois le cadre de notre étude posé, la première procédure sera de dessiner une cartographie des
espaces partagés qui indiqueraient la matérialité des sols et un relevé des arbres existants afin de
voir l’ambiance végétale du kartié, les usages faits de ces espaces, et la porosité des limites entre
l’espace privé et partagé. Cette cartographie sera à faire pendant la durée des mois de juillet et
d’août, en parallèle de nos autres enquêtes. Elle sera illustrée d’un relevé photographique qui pourra donner un aperçu de l’ambiance engendré par les phénomènes d’appropriations. Ce temps de réalisation permettra aussi de comprendre les logiques de fonctionnement du kartié et de voir
s’il existe un sentiment d’attache et un sentiment identitaire qui relient tous les habitants entre eux.
o IDENTIFICATION DES MICROS ESPACES
Dans un second temps, nous étudierons de manières plus approfondies les logiques de
fonctionnements de micros espaces, constituante majoritaire du kartié. Notre choix s’est porté sur trois lieux.
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Localisation des espaces étudiés © Louana
- Le premier, que nous appellerons la place du kiosque, se situe sur un parking accolé à l’avenue du 19 mars 1946 et est caractérisé par la présence d’une structure autoconstruite
par les gens du kartié. Le terrain est complètement minéralisé à l’exception d’un parterre planté devant la structure.
- Le second, la place de la fresque, est caractérisé par la présence d’aménagements autour d’une place circulaire, éloignée des axes majeurs de circulation. Située au centre d’une opération de logement, elle est encadrée par des voies de desserte. Une fresque a été peinte
sur le mur arrière, quelques arbres entourent cette place, mais ne prodiguent que peu
d’ombre. - Enfin la dernière, la place du jeu, est caractérisée par une voie de circulation voiture au
centre de logements individuels. Elle est aussi éloignée des axes de passages, et malgré la
forte emprise d’un sol minéral, elle possède en son centre une allée d’arbre. Des assises en béton sont accolées à cette allée, et l’on retrouve souvent des chaises disposées en cercles, vestiges d’ancienne occupation.
o LA GRILLE D’OBSERVATIONS
Une fois ces lieux identifiés, notre premier objectif sera de voir comment et par qui ces espaces ont
étés conquis, et de voir la relation qu’entretiennent les usagers à cet endroit. Deux familles se distinguent dans nos trois cas d’étude : nous avons tout d’abord des lieux dits délaissés avec la place du kiosque et du jeu, qui possédaient une fonction avant d’être occupé (stationnement ou circulation voiture) et un lieu aménagé pour accueillir des usages (présence d’assises), avec la place
de la fresque.
Sur une durée d’une semaine, nous nous rendrons tous les jours sur les trois lieux identifiés pour
remplir une grille d’observation. Nous nous placerons à un endroit fixe, à distance, pour interférer le moins possible avec ce qu’il s’y passera. Pour pouvoir avoir un champ d’observation le plus large
possible, nous ferons un roulement de 10 min à chaque endroit. Cette grille nous permettra de
dresser un profil type des usagers de l’espace, de déterminer ce qu’ils y font, combien de temps, et si leurs actions ont une influence sur l’espace et les autres.
o LE QUESTIONNAIRE
Un questionnaire sera posé à un échantillon de personnes présentes sur les trois sites. Les questions
concerneront les raisons de leur présence, mais aussi la fréquence à laquelle ils utilisent le lieu. Dans un second temps, nous les interrogerons sur le rapport affectif qu’ils entretiennent avec l’endroit, et si les aménagements présents leur conviennent.
Nous n’aurons pas de profil cible, le but sera de dresser une liste de toutes les raisons possibles qui
poussent l’usager à fréquenter le lieu afin de déterminer les caractéristiques qui poussent à l’appropriation de l’espace.
o LES DISCUSSIONS LIBRES, NON ORIENTEES
Enfin, le dernier outil utilisé sera celui de la discussion libre. Au départ, ce type de discussions n’était pas prévu dans ma méthodologie. Mais finalement, de nombreux renseignements me sont parvenus
au hasard de discussion durant mon stage. De plus, il y a sûrement des modes de fonctionnement
qui m’échappent, et guider ma recherche qu’en fonction des sujets que j’aurais déterminés me feront forcément rater pleins d’information.
Le questionnaire sera utilisé pour amorcer l’échange avec les habitants. Puis, je les laisserai évoquer les sujets qu’ils souhaitent partager avec moi. Si certains thèmes réapparaissent au fur et à mesure
des discussions, je les rajouterai dans la liste des thématiques à aborder pour les futurs entretiens.