Mémoire - Le quartier de La Défense à Paris

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CHAUBARD

LOU

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LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS Un patrimoine sur dalle

Parcours de Master «Architecture, Villes, ressources» Sous la direction de Florian Golay


2 Ce mémoire retrace l’histoire urbaine des théories architecturales ayant influencé la création de l’urbanisme de dalle. Il s’agit de montrer en quoi le patrimoine sur dalle est une réponse à des enjeux contemporains du développement de la grande ville. Pour cet exercice je me suis attachée à présenter le patrimoine sur dalle de La Défense, à Paris. Au travers de cet écrit il s’agit de venir à la découverte des qualités et des défauts de ce quartier, de découvrir son histoire, son évolution et son devenir.

Mai 2020 . Ecole Nationnale Supérieure d’Architecture de Grenoble



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LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS Florian Golay 2020 E.N.S.A.G.


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SOMMAIRE

INTRODUCTION 1.1 Introduction

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1.2 Démarche

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1.3 Remerciements

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1 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

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1.1 Les théories de l’urbanisme ayant porposé une réflexion autour du développement de quartiers sur dalle

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1.2 L’urbanisme de dalle, un héritage des théories urbaines passées

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2 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS |104/115 CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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INTRODUCTION


1.1 INTRODUCTION

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Si je vous dis Paris… Grande Arche… Quartier d’affaires… À quoi pensez-vous ? Au quartier de La Défense assurément… Dressé sur l’axe historique de Paris, il est actuellement le plus grand pôle économique d’Europe ; le quartier d’affaires qui accueille aujourd’hui le siège des plus grandes entreprises françaises et internationales. Célèbre dans le monde entier, il est l’incarnation d’un paysage urbain aux allures futuristes. Sa silhouette, dessinée par les soixante-dix tours qui la compose, hérisse l’horizon parisien. Avec ses immeubles de grandes hauteurs, les plus hauts et les plus emblématiques du pays, ce quartier vertical, est donc un lieu unique en France, un lieu où architecture rime avec puissance et pouvoir. Mais la Défense ne se résume pas qu’aux affaires et à l’économie ; c’est aussi un lieu de vie, où chaque jour transitent plus de quatre cent mille personnes. Quartier insulaire destiné, après-guerre, à remplir la fonction de lieu de travail, il est aujourd’hui, après soixante-deux années d’existence un espace de rencontres, d’événements ; un lieu où dans le temps, la culture, le commerce et le tourisme ont trouvé leur place. Du point de vue architectural, ce territoire moderne, datant de 1958, incarne l’exemple du plus grand plan d’urbanisme sur dalle au monde. C’est une icône particulièrement riche du point de vue de l’évolution urbanistique : sa particularité étant de contenir tous les réseaux sous sa dalle afin de laisser, en surface, un espace amène pour les piétons. L’évolution des styles architecturaux, l’histoire de l’art mais aussi celle du patrimoine urbanistique français étant des thèmes auxquels je suis sensible et attachée ; le quartier de La Défense, dès lors suscite mon plus grand intérêt puisqu’il représente une des pages de notre histoire. Par sa singularité, son édification reflète, véhicule, une identité, un symbole, une volonté propre. En perpétuelle mutation, il regroupe sur son territoire une multitude de prouesses techniques et architecturales ainsi qu’une urbanisation spécifique, qui ne répond pas aux codes d’aménagements des villes traditionnelles. Nous découvrirons dans cet écrit que le cas du quartier de La Défense est particulièrement représentatif du sujet d’étude qui portera sur le thème de l’urbanisme de dalle.


13 INTRODUCTION Crédit photo : Chaubard Lou, Paris La Défense, 25 Février 2020


LE PATRIMOINE SUR DALLE COMME ANGLE D’APPROCHE DU QUARTIER DE PARIS LA DÉFENSE La dalle est au cœur du sujet de ce mémoire, il s’agit d’un sol artificiel, générateur d’urbanité, qui renvoie aux théories urbanistiques architecturales marquantes de leur siècle.

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Les théories du début du XXème siècle mèneront à la création de ce fantastique territoire sur dalle qu’est La Défense. Ce patrimoine emblématique de la France se montre très intéressant par son histoire, notamment du point de vue utopies et des théories urbaines et architecturales. C’est la synthèse de siècles de recherches autour du développement de “la ville du futur” qui ont mené à la création des quartiers sur dalle. Le patrimoine sur dalle a été pensé sous différentes formes, avec plusieurs fonctionnalités et dispositions. Les premiers jets ayant mené à la création de ces quartiers datent de 1490 avec le travail de Léonard De Vinci, en passant par des projets comme ceux de Lamb en 1908, ou la Rue Future d’Eugène Hénard en 1910, ou la ville future présentée par Harvey Wiley Corbett et Hugh Ferriss en 1913. Dans les années vingt on retrouve ce travail de la dalle avec les théories urbaines de Richard Neutra ou encore celui de Ludwig Hilberseimer. S’en suivront les projets développés en 1930 par Le Corbusier avec Le Plan Voisin, s’inspirant du travail d’Auguste Perret à Paris avec les Maisons-Tours, qui projettent pour la première fois le quartier de Paris La Défense. Ces imaginaires basés avant tout sur une nouvelle organisation et hiérarchisation des villes ont souvent mené à créer un nouveau sol, une nouvelle manière de penser la circulation, de répartir les types de bâtiments par principe de zoning pour rendre les espaces le plus fonctionnel possible, accessible rapidement, très tramés, organisés et lisibles autant en plan qu’en pratique. Chacun a ses particularités, comme nous le verrons dans ce mémoire, mais tous s’inspirent mutuellement pour développer la Métropolis de demain. Lorsque j’utilise le terme Métropolis je fais avant tout référence au travail de Fritz Lang en 1927, qui est à lui seul un résumé de toutes ces théories et pensées futuristes de l’époque. Ici on évoque la pensée selon laquelle la ville est constituée d’immenses tours qui se ressemblent toutes avec de nombreux ponts et passerelles de circulation très denses et rapide. La ville s’organise sur plusieurs niveaux, ce qui évoque les théories urbanistiques qui vont mener à la création de la dalle. Adossé à ce film nous pouvons bien entendu retrouver un nouveau développement de ces pensées, selon une vision plus contemporaine comme dans les représentations de Raimund Abraham avec Glacier City en 1964, ou encore dans le travail de Rem Koolhaas dans les années 70, avec son manifeste rétroactif : New York Délire, qui abordera les thèmes de l’explosion démographique et la place des nouvelles technologies à Manhattan. New York Délire sera un ouvrage particulièrement intéressant pour sa capacité à théoriser le développement de ce célèbre quartier et sa mise en avant d’un univers urbain « mutant »1 et sa « seule architecture qu’il puisse produire »2 . Toutes ces œuvres sont des critiques des architectures, déconnectées de leurs contextes, aux allures futuristes représentatives des maux dont souffre la grande ville industrielle ou “techno administrative”. Gardons à l’esprit que ces représentations traitent le sujet de manière très caricaturale. 1. « New York Délire », Editions Parenthèses, consulté le 26 avril 2020, https://www.editionsparentheses.com/new-york-delire. 2. « New York Délire ».


Crédit photo : Chaubard Lou, Paris La Défense, 25 Février 2020

15 INTRODUCTION


EN QUOI LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS, EST UNE FORME DE RÉPONSE À DES PROBLÉMATIQUES SOULEVÉES PAR LES MODÈLES THÉORIQUES, UTOPIQUES, URBAINS ET ARCHITECTURAUX D’APRÈS-GUERRE ? La construction et l’évolution de la ville est notre quotidien à tous. Modelée par des enjeux sociétaux, environnementaux et économiques, la ville est un espace qui ne cesse de se renouveler dans le temps, selon les attentes, les besoins et les évolutions d’une société qui la crée et la structure. Pour en comprendre les évolutions, l’actualité, il est nécessaire de s’intéresser aux anciens modèles urbanistiques.

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Pour ce faire, ce mémoire a pour volonté première, d’analyser les modes de faire et de penser la ville notamment entre les années 1910 et 1960 et de faire émerger les théories et utopies majeures de cette époque. Nous ferons un bond dans le passé, pour découvrir l’histoire des théories et des utopies à l’origine de la ville moderne. Je vous propose donc, au fil des pages, de venir redécouvrir les revendications urbaines représentatives des trente glorieuses, temps fort du point de vue urbanistique et architectural en vue de ces évolutions du point de vue technique, esthétique et de la remise en question de la société, de ces nouveaux modes de vie et de vivre dans la ville. Il s’agit là de venir explorer les principes émergents de cette époque riche en changements, en idées et en solutions... De cette analyse, nous nous concentrerons sur l’exemple du quartier de La Défense, à Paris. Nous étudierons alors son urbanisme si particulier : l’urbanisme de dalle. Urbanisme résultant d’un contexte lié à la crise du logement, à l’émergence de l’automobile et au développement du secteur tertiaire3. Il s’agira ici de mettre en avant cette « volonté de renouvellement urbain : assainir, reconstruire, doter les grandes villes de pôles d’attractivité »4, caractéristiques essentielles pour le développement de la ville idéale5 projetée entre 1910 et 1960. Il s’agira dans ce travail de montrer les qualités et les défauts de l’urbanisme de dalle que constitue La Défense. Dans cette partie nous parlerons dans un deuxième temps de l’aspect technique de la création d’un tel patrimoine, en évoquant par exemple l’évolution du plan de la dalle au fil des années, mais aussi de sa mise en œuvre, de sa technicité, des coûts qui y sont liés. Nous aborderons également d’autres thèmes inhérents à cet ensemble, comme la gestion des flux et des activité urbaines qu’elle génère : en somme, nous nous intéresserons à ce qui constitue son dessus et son dessous. Dans un troisième et dernier temps, nous aborderons la question de l’avenir de cette dalle. Comment ces espaces vont-ils évoluer ? Vont-ils être détruits, réaménagés, pourquoi et dans quel but ? Quelles solutions sont envisagées pour répondre aux problèmes que pose le patrimoine sur dalle ? Pour terminer nous chercherons donc à découvrir en quoi l’évolution des mœurs, la place des mobilités dans notre société remet en cause cet urbanisme et interroge tout particulièrement notre rapport au sol. Ces réponses seront potentiellement un moyen de comprendre quelles sont les qualités spatiales attendues pour créer la ville de demain. 3. Christine Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical: Entre utopies et réalités (Le Moniteur, 2019), p.11. 4. Hoarau-Beauval, p.11. 5. Hoarau-Beauval, p.11.


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INTRODUCTION


1.2 DÉMARCHE

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Pour réaliser ce mémoire il m’a été nécessaire, dans un premier temps, de faire des recherches d’ensemble sur le site pour apprendre à connaître le quartier de La Défense. Étape préliminaire nécessaire, il m’a été difficile de focaliser sur des recherches qui devaient se préciser pour trouver mon sujet d’étude. La Défense est un ensemble très complexe, qui s’étend sur trois communes (Puteaux, Nanterre Courbevoie), comme un îlot en bordure nord-ouest de Paris. Mes premières recherches m’ont avant tout dirigée vers l’histoire de la construction du quartier. J’y ai découvert l’histoire d’un quartier, sous l’angle de l’architecture et de l’urbain, du social et du culturel mais aussi sous l’angle politique et économique. J’y ai découvert les anciens bidonvilles, les expropriations, l’évolution des cinq générations de tours, sa progression et son affirmation en tant que lieu de pouvoir économique. Au départ il me semblait pertinent de m’interroger sur sa situation, en prolongement de l’axe historique parisien, aussi appelé la voie royale, si connu des français et dans le monde, notamment par son avenue des ChampsÉlysées. J’ai également voulu m’attarder sur ces constructions dans le temps… L’idée étant de réaliser un état des lieux complet depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Le sujet étant trop large, le site très complexe et empli de particularités, j’ai dû affiner mes recherches… À l’aide de nombreuses recherches dans les livres, les revues, j’ai fini par m’intéresser au patrimoine sur dalle. Mes premières recherches sur le sujet étaient très minces, je trouvais peu de documentation sur le quartier en luimême. J’ai donc dû de nouveau changer d’échelle, m’intéresser à l’histoire urbaine sur une période donnée : ici les années 50 à 70 en particulier. Sur cette période, la documentation est riche, j’ai pu me renseigner en passant du temps à la bibliothèque de la cité de l’architecture et du patrimoine lors de mon voyage à Paris, à la découverte de ce quartier que je n’avais encore jamais visité. Pour parfaire mes recherches bibliographiques, comme énoncé précédemment, je me suis rendue à La Défense, pour mesurer l’ampleur du site étudié, prendre conscience de ce qui m’entourait, de vivre la dalle, d’expérimenter le lieu. Pour ce faire j’ai choisi de réaliser deux expérimentations : la première, durant laquelle j’ai réalisé un parcours piéton depuis le Musée du Louvre jusqu’à La Défense, m’arrêtant toutes les dix minutes pour faire des photos de la vue depuis l’axe historique en direction du quartier des affaires. Le but étant de montrer l’évolution paysagère et de constater à partir de quel moment, cette île devenait visible et quel impact elle avait sur le paysage. La deuxième où je me suis déplacée librement sur la dalle pour explorer les bâtiments, mais aussi pour en profiter et aller sur le toit de la Grande Arche afin d’observer le paysage lointain. J’ai pu constater cette continuité entre l’axe historique et l’axe de La Défense et voir aussi des dégagements de vue sur la Tour Eiffel et la Fondation Louis Vuitton. Je me suis également rendue dans un second temps, dans la partie plus résidentielle, du côté des Tours “Nuages” conçues par l’architecte Émile


Aillaud, en bordure du quartier pour observer s’il existait une réelle coupure entre le quartier des affaires, la ceinture routière et les quartiers résidentiels accolés. Mais il me manquait encore des éléments importants pour réaliser mon analyse, pour comprendre ce quartier, pour en saisir son importance, son histoire et son essence même. Pour résoudre ce problème, j’ai fait appel à Jean-Marc Lefèbvre, qui travaille aux archives de Paris La Défense depuis maintenant 30 ans. Il m’a reçue toute une après-midi, a accepté de répondre à mes questions, de me parler de lui, de son vécu, de son expérience du lieu. Il m’a laissé accès à des documents techniques (plans, coupes, détails constructifs), d’anciennes coupures de presses, des photographies lors de la construction de la dalle, des échanges entre les architectes, les urbanistes, les acteurs publics et privés. Cela m’a permis de comprendre comment cette dalle s’est formée, comment les espaces “de dessus” et “ de dessous” se sont installés. Enfin, à travers ces discussions, nous avons pu évoquer leur actualité et leur avenir...

19 INTRODUCTION

Ce voyage à Paris a donc énormément nourri mes recherches et m’a menée à ma problématique actuelle. La dalle m’est apparue comme le ciment du projet, la base à laquelle on ne peut échapper. Mue par une soif d’en découvrir davantage sur le sujet je me suis donc engagée à prendre le temps de découvrir cet urbanisme au travers de ce riche, dense et complexe corpus que j’ai pu constituer lors de cette semaine sur site. Il est cependant difficile de sélectionner les informations les plus pertinentes pour construire mon récit avec toutes les données récupérées, de les organiser dans le temps et dans l’espace, de ne pas entrer dans de trop petits détails ou d’être trop générale. Car même si la dalle est un grand ensemble, on peut la regarder de loin, mais on peut aussi entrer dans sa complexité constructive qui à elle seule peut constituer un sujet de mémoire.


1.3 Remerciements Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Jean-Marc Lefèvre pour son accueil chaleureux aux Archives de Paris La Défense. Merci pour votre temps, votre patience, ces informations précieuses que vous m’avez données et enfin votre disponibilité avant et après notre rencontre. Grâce à vous j’ai pu découvrir ce magnifique quartier du point de vue historique et technique. Vous m’avez permi de me suis plongée dans de nombreux documents aussi passionnants les uns que les autres, ciblés sur mon site d’études. Je vous remercie également de vous être ouvert ainsi à moi, d’avoir été aussi engagé auprès de moi, puisque sans vous, ce mémoire n’aurait pas été aussi complet et riche en informations.

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Mes remerciements vont également à Florian Golay, mon directeur de mémoire, qui a pris le temps de m’écouter quand j’en avais besoin, de me donner de bonnes pistes de recherches et des conseils avisés. Merci également pour vos corrections, vos encouragements et votre suivi. Votre écoute et vos réponses ont su me rassurer et m’aider à mener à terme ce mémoire qui fut long et complexe à réaliser. Merci à Nicolas Vernet, pour m’avoir aidé à recentrer mon sujet, donné des pistes de recherches, aidé à monter mon plan, pour sa patience et sa gentillesse. Merci pour cette disponibilité, ces temps d’échanges qui m’ont permis de me lancer dans l’exercice. Je remercie aussi Cécile Léonardi pour vos cours méthodologiques, vos conseils, votre écoute, votre éternelle envie de partager, votre réactivité et vos réponses à mes questionnements. Merci d’être aussi engagée, compréhensive et douce dans votre enseignement et auprès des étudiants que vous suivez de près ou de loin. Et pour finir, j’adresse des remerciements plus personnels à mes parents, pour m’avoir offert la chance de me rendre à Paris pour visiter mon site d’étude et me rendre au service des archives. Merci pour m’avoir suivie dans le travail que j’ai entrepris et votre investissement dans mes études. Je vous suis très reconnaissante pour l’attention que vous portez vis-à-vis de ce qui me tient à coeur. Me suivre dans mes choix scolaires et me pousser à aller jusqu’au bout de tout ce que j’entreprends compte beaucoup pour moi. Vous avez toujours été présents pour moi, peut importe les difficultés que nous avons mutuellement traversées au travers de ce parcours à l’ENSA-G. Merci pour nos temps de partage qui me permettent toujours d’avancer même quand je doute, quand je suis fatiguée, perdue. Merci de prendre soin de moi et de me suivre dans mes aventures en école d’architecture comme vous le faites depuis maintenant quatre ans.


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1. THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE


1.1 UNE RÉFLEXION AUTOUR DU DÉVELOPPEMENT DE QUARTIERS SUR DALLE Pour comprendre l’origine des quartiers sur dalle et en particulier leurs fonctions il est nécessaire d’en découvrir l’origine. Le patrimoine sur dalle découle de nombreuses réflexions au sujet de la ville, notamment au sujet des réseaux et des flux. Objet de recherche et d’utopie, la dalle se développe dans les villes petit à petit, comme symbole d’évolution, de liberté individuelle, de vitesse et d’accessibilité. La dalle a également une connotation sanitaire, qui permet de mieux vivre la ville, de la rendre plus claire et appréhendable. C’est ce que nous allons découvrir au fil des théories urbanistiques et architecturales qui vont suivre…

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LA «CITTÀ IDEALE» DE LÉONARD DE VINCI – 1487/1490 Pour commencer nous allons remonter des siècles en arrière avec le travail de Léonard de Vinci. La Città ideale est une théorie architecturale proposé par le Maître à la suite de la peste, maladie ayant tué 50 000 personnes à Milan au XVème siècle. En respectant les codes de la Renaissance il dessine alors sa ville idéale de la manière suivante...6 “Son idée principale réside dans l’idée de créer des palais avec des porches à la fois esthétiques mais surtout permettant à l’air de circuler, rendant de ce fait les rues plus salubres.” 7

Crédit photo : Léonard de Vinci – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Projekt_idealnego_ miasta.gif 6. « Léonardo Da Vinci et la ville idéale», consulté le 1 avril 2020, http://www.homolaicus.com/ arte/vinci/citta/city.htm. 7. La « città ideale » leonardesca vostf Leonardo da Vinci / Les mots de Gianni traducteur interprete, consulté le 1 avril 2020, https://www.youtube.com/watch?v=8MP1IYQmInk.


L’image de la ville créée par Léonard de Vinci abandonne le modèle médiéval avec ces rues étroites, ses maisons empilées les unes sur les autres, qui plus est surpeuplées. Sa volonté est de créer une urbanité moderne, bourgeoises et rationnelle, qui s’ordonne sur plusieurs étages, comme suit.

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Le rez-de-chaussée propose un service dédié aux transports par l’eau, sous les bâtiments. Des canaux navigables seraient installés dans l’optique de proposer un espace dédié à la navigation et au transport de marchandise. On y retrouve ici l’idée de créer une sorte de deuxième Venise… S’y ajoutent des routes qui pourraient être praticables à pied ou à cheval. On notera également une pensée pour l’évacuation des eaux, qui est un réinvestissement du travail d’Antonio Averlino, dit « Filarete » dans sa Sforzinda où il imagine des routes inclinées pour laisser glisser les eaux usées en contre bas. Au premier étage on y trouve un usage destiné aux transports en voiture, mais aussi pour les piétons. Des services comme les commerces, des passages pour les bêtes et les wagons, des boutiques d’artisans ou encore d’autre emplois y prendraient également place.

Crédit photo : Antonio Averlino - http:// boowiki.info/art/ville-ideal/sforzinda.html

À l’étage supérieur, noblesse et bourgeoisie se côtoient tandis que des promenades se dessinent autour des bâtiments avec de larges rues. Le point

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Crédit photo : Léonard de Vinci – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Projekt_idealnego_ miasta_3.jpg


fort d’un tel projet est la fusion de l’architecture, des sciences mathématiques, de la mécanique et de l’hydraulique répondant à des besoins civiques, sociaux, économiques et logistiques visant à améliorer le confort et la qualité de vie pour les urbains. Son travail trouvera un écho des siècles plus tard lorsque la technique et ces idées seront reconnues, estimées judicieuses pour améliorer la ville de demain, notamment dans les années 20/30 lors de l’arrivé des tours dans la ville.8

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Crédit photo : Léonard de Vinci - http://www.agora-erasmus.be/Leonard-de-Vinci-Romorantin-etl-esprit-de-NAWAPA_07024

Représentation de la Citta Idéale Crédit photo : La Cité idéale, d’abord attribuée à Piero della Francesca puis à Luciano Laurana et maintenant à Francesco di Giorgio Martini ou Melozzo da Forlì, 1470, https://fr.wikipedia. org/wiki/Cit%C3%A9_id%C3%A9ale#/media/Fichier:Formerly_Piero_della_Francesca_-_Ideal_ City_-_Galleria_Nazionale_delle_Marche_Urbino_2.jpg 8. « Leonardo da Vinci, urbaniste », consulté le 1 avril 2020, http://www.arte-argomenti.org/saggi/ interventi/davinci.htm. 9. « Quartier Meriadeck : Urbanisme sur dalle : Les origines », consulté le 24 février 2020, http:// meriadeck.free.fr/Meriadeck/Urbanisme_sur_dalle-Les_origines.html. 10. « Hénard, cities of the future », consulté le 1 avril 2020, http://urbanplanning.library.cornell. edu/DOCS/henard.htm.


LA RUE FUTURE - EUGÈNE HÉNARD L’idée de la cité idéale ne sera donc réinterprétée qu’au début du XXe siècle notamment par le travail sur la densification des flux de circulation en centreville et les dangers que cela importe. Nous retrouvons une attention particulière à ces nouveaux modes de transport, par la séparation des flux véhicules/piétons que l’on peut observer dans le travail d’Eugène Hénard avec sa proposition de la Rue Future en 1910.

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Elle propose une séparation verticale des flux piétons et véhicules, en offrant un nouveau sol qui accueille par la même occasion, sous sa toute nouvelle infrastructure, les flux techniques comme les tuyaux d’eau, de gaz, les conduits de ventilation, le métro, les eaux putrides et stérilisées, le réseau de câbles électriques. Ces réseaux permettent d’assainir la ville. La séparation des flux quant à elle permet de prévenir l’étalement urbain par la pratique de la verticalité. Une voie à grande circulation fait également son apparition pour gérer encore plus facilement les flux. Un premier niveau serait dédié aux piétons et aux voitures, le second aux tramways, le troisième aux conduits techniques et le quatrième au transport de marchandises.


Crédit photo : Dessin Eugène Hénard - 1910 - http-_urbanplanning.library.cornell.edu_DOCS_henard


THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : Dessin Eugène Hénard - 1910 - http-_urbanplanning.library.cornell.edu_DOCS_henard


Crédit photo : Dessin Eugène Hénard - 1910 - http-_urbanplanning.library.cornell.edu_DOCS_henard


LA VILLE FUTURE : UNE SOLUTION HARDIE AU PROBLÈME DE LA CIRCULATION - HARVEY WILEY CORBETT Cette deuxième théorie s’inscrit dans le contexte des “roaring twenties”11 (ce qui équivaut aux années folles en France), un univers tout à fait utopique et imaginaire voit le jour. Il s’agit de projections américaines expérimentales, qui ont pour vocation d’être par la suite reproduites en Europe une fois le « modèle » fixé et fonctionnel. L’idée dominante aux États-Unis à cette période, est d’imposer une hégémonie culturelle12, plaçant leur pays au-devant de la scène internationale, leur assurant une position de force politique dans le monde. C’est donc en 1910, dans cette quête du pouvoir, qu’Harvey Wiley Corbett dessine son projet de la rue future, où il y présente une ville moderne, pensée essentiellement pour résoudre les problèmes de circulation à l’ordre du jour, par un système “d’étagement de réseaux de communication”13.

Harvey Wiley Corbett travaillera à la suite de son exposition La Ville des Titans (1925) sur la séparation des voies de circulation tandis que Hugh Ferriss travaillera sur le projet14 de créer des “immeubles d’habitation édifiés sur des ponts”15. Leur exposition a donc mené à la création d’un “Urbanisme visionnaire”16 marqueur de son temps et influenceur d’autres architectes et urbanistes de 11. Claude Massu, « New York entre imaginaire et réalité : le cas du Rockefeller center », in Les imaginaires de la ville : Entre littérature et arts, éd. par Hélène Menegaldo et Gilles Menegaldo, Interférences (Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2016), 105-12, http://books.openedition. org/pur/30192. 12. Nicolas Truong, « L’hégémonie culturelle, mère de toutes les batailles politiques », Le Monde.fr, 30 octobre 2019, https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/30/la-grande-bataille-pour-l-hegemonieculturelle_6017397_3232.html. 13. Claude Massu, « New York entre imaginaire et réalité : le cas du Rockefeller center » 14. Ici nous faisons référence à la fresque de Hugh Ferriss qui représente des immeubles d’habitation édifiés sur des ponts. Il s’agit d’une interprétation des travaux de Raymond Hood, mais aussi d’une proposition de plates-formes d’atterrissage aménagés sur le toit des gratte-ciels, idée reprise à des élèves de Corbett suite au concours de 1925 organisé par le Beaux Arts Institue of Design. Toutes ces représentations sont parues en février 1925 dans le New York Times. Carol Willis, « Les gratte-ciel de l’avenir », s. d., p.154.) 15. Carol Willis, « Les gratte-ciel de l’avenir », s. d., p.151. 16. Carol Willis, « Les gratte-ciel de l’avenir », s. d., p.154.

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Il est important de savoir que les recherches menées par Harvey Wiley Corbett et Hugh Ferriss ont eu en Amérique, un grand rôle dans les évolutions urbanistiques et les implications formelles des nouvelles lois relatives au zonage. C’est par ailleurs en 1922 qu’ils commencèrent une étude sur les exigences réglementaires new-yorkaises dans le but de proposer une nouvelle forme de structuration de la ville, plus rentable. Leur collaboration montrera alors les aspects positifs du zonage sur les nouveaux gratte-ciels mais aussi pour la métropole future.

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leur période et des années à venir. Leurs pistes de réflexions ont continué à être travaillées, approfondies et à évoluer du côté de leurs successeurs.

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Crédit photo : Harvey, Wiley Corbett, 16 Janvier 1910, https://www.arretsurimages.net/articles/ la-nostalgie-du-futur-dhier


LA DÉFENSE IMAGINÉE EN 1922 PAR AUGUSTE PERRET - LES MAISONS TOURS Dans le cadre de cette projection urbaine, nous sommes face à la toute première proposition d’aménagement du site de La Défense étudiée dans ce mémoire… En effet, ce célèbre quartier n’a pas été pensé en 1950 contrairement aux idées reçues, mais bien avant, en 1922, par l’architecte Auguste Perret.

L’idée derrière cette image était alors de ceinturer Paris par ces constructions, le tout en développant une voie de circulation, aujourd’hui connue comme le boulevard périphérique parisien. Ce concept descend de la pensée fonctionnelle bien ancrée dans son époque, mais également à la volonté de répondre aux problématiques liées à l’extension de Paris vers sa banlieue.18 Crédit photo : L’avenue des “Maisons-Tours” Auguste Perret – 1922 https://i.pinimg.com/originals/91/53/8d/91538d2e67 ff2cc6186b231cfe111d49.jpg

Ce travail renvoie par ailleurs à tous les problèmes rencontrés lors du développement des tours à la Défense et des enjeux encore plus contemporains concernant les réglementations quant au développement du Grand Paris (notamment du point de vue de la hauteur des constructions à venir).19 En parallèle de cette proposition, on retrouve les travaux de Le Corbusier avec la Ville Radieuse et le Plan Voisin.

17. Christophe Grébert, « Histoire de Puteaux : La Défense imaginée dès 1922 par Auguste Perret », MonPuteaux.com, 30 juillet 2008, https://www.monputeaux.com/2008/07/histoire-de-p-1.html. 18. Emmanuel Chirache, « Quand Paris faillit devenir New York - L’avenue des Maisons-Tours », Time Out Paris, 4 septembre 2014, https://www.timeout.fr/paris/art/quand-paris-faillit-devenirnew-york. 19. Grébert, « Histoire de Puteaux ».

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Il présente dans cette tout première projection, l’idée des “MaisonsTours”. Il s’agit d’un projet qui repose sur la construction d’une centaine de tours de 200m de hauteur (nous noterons que son dessin fait référence aux tout nouveaux gratteciels new yorkais par leurs formes et leur hauteur), avec comme axes principaux la création d’une grande avenue allant de la Porte de Maillot à la Croix de Noailles ; ce qui revient à traverser les communes de Neuilly, Puteaux et Nanterre, territoires sur lesquels La Défense telle que nous la connaissons, prend place17.


LA VILLE RADIEUSE - LE CORBUSIER Il s’agit d’une proposition urbaine pour le développement de Moscou, à Bruxelles, dans le cadre du CIAM III, en 1930. On y retrouve le dessin d’une “ville dense, concentrée, régie notamment par des principes de circulation, la séparation des fonctions et l’application de règles hygiénistes pour l’habitat - la trilogie “air-son-lumière”.20 Résultant d’une série de recherches commencées en 1922, ce projet est un développement de principes progressistes, avec comme idée majeure de remplacer la “ville ancienne par une ville nouvelle”.21

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La ville radieuse, c’est une ville contemporaine, logeant trois millions d’habitants, composé de grattes ciels, de plates-formes multimodales, le tout implanté sur un sol vaste et libre, composé d’immenses parcs. On observe une séparation des fonctions par une organisation spatiale stricte, régie par un “schéma linéaire”.22 À l’image de sa pensée capitaliste23, la ville s’organise de la manière suivante : d’un côté la cité d’affaires, au centre les habitations et de l’autre le monde de l’industrie. Ceci plaçant au cœur de la réflexion, la pensée humaniste de la ville24, si représentative des années 30. Selon les mots de Françoise Choay, Le Corbusier a donc ici proposé une utopie d’une « ville vivante, totale, fonctionnant avec ses organes qui sont ceux de la société machiniste ».25 - Le Corbusier, 1964

Ce qui va de soi puisqu’il met en avant par ce travail, une théorie où la mobilité, l’habitat, la santé et l’homme sont le centre de l’attention.26 En effet, les mobilités tracent la ville et la régissent, transforment le rapport au territoire. Ce projet s’inscrit dans l’optique de proposer des services de transports publics qui relient les zones industrielles aux habitations. Du côté des habitations, on peut observer qu’elles sont orientées sur “l’axe héliothermique” (production de la chaleur par l’énergie solaire), ce qui met en avant les préoccupations hygiéniste, novatrices de l’époque.

20. Bruno Marchand, « La Ville Radieuse de Le Corbusier : les paradoxes d’une utopie de la société machiniste », s. d., p.16. 21. Bruno Marchand, p.16 22. Bruno Marchand, p.16 23. Ce terme est utilisé pour parler de la demande de production architecturale notamment avec la construction des Grands Ensembles durant le période des 30 Glorieuses. 24. La création de ces constructions est alors un moyen de développement rendant les habitants de la ville plus autonomes et libres, ce qui induit un confort individuel non négligeable qui met l’Homme au cœur de la nouvelle ville. 25. Françoise Choay, L’urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie, Points, Points Essais 108 (Paris, 2014), https://livre.fnac.com/a7704949/Francoise-Choay-L-urbanisme-utopies-et-realitesUne-anthologie. 26. Bruno Marchand, p.16


49 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : The JR James Archive,


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CrĂŠdit photo : Projection en perspective de la Ville Radieuse, Le Corbusier, Paris Zig Zag,

CrĂŠdit photo : La Ville Radieuse, Le Corbusier, 1930, thecharnelhouse.org,


RUSH CITY REFORMED - L’OPTIMISATION DES FLUX DE TRANSPORT SELON RICHARD NEUTRA De retour du côté américain, nous y retrouvons Richard Neutra, qui après de nombreuses recherches sur le développement des villes contemporaines et de leurs problèmes, déménagera finalement en 1923 aux États-Unis, pays où il présente en 1928 sa ville idéale appelée “rush city reformed”. Il s’agit d’une ville où la circulation efficace des véhicules est l’essence du projet. Effectivement, dans ses plans et perspectives, d’immenses dalles composées de grandes artères dédiées d’un côté aux automobilistes et de l’autre aux voies à grande vitesse fleurissent un peu partout. On y observe des tours toutes orientées vers ces axes routiers, qui sont alors placé au centre de l’image et donc de l’attention. La voiture étant au centre du projet, nous pouvons constater que la vie humaine à l’air d’avoir du mal à trouver sa place…27

Crédit photo : Richard Neutra, Rushed City, 1923, http://utopicus2013.blogspot.com/2013/07/ introduction-to-richard-neutra-and-rush.html 27. Joseph J. Corn et Brian Horrigan, Yesterday’s Tomorrows: Past Visions of the American Future (JHU Press, 1996), p.39.

THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : Richard Neutra, Rushed City, 1923, https://1.bp.blogspot.com/-8YvmjHxgLKU/ UfFIjAXmnMI/AAAAAAAABXg/xWfEUYlE3lw/s1600/rjn_072.jpg

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LA HÖCHSTADT (VILLE VERTICALE) LUDWIG HILBERSEIMER Cette ville verticale est une utopie, qui a pour but de créer une ville fonctionnelle, utilisant un principe de zoning, avec des espaces de travail et des habitations liées dans le but de réduire l’utilisation des moyens de transport. La Höchstadt c’est une ville industrielle, composée de « simples corps géométriques : cube et sphère, prisme et cylindre, pyramide et cône, éléments purement plastiques, qui forment la base de toute architecture »28. Cette organisation stricte de l’espace, c’est l’essence même de la création de cette utopie.

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Crédit photo : Pier Vittorio Aureli, « Architecture for Barbarians: Ludwig Hilberseimer and the Rise of the Generic City », AA Files, no 63 (2011): p.14.

L’axe majeur de développement de cette ville est celui de construire à la verticale avec des tours d’immeubles permettant aux habitants de se loger audessus de leurs lieux de travail. Du point de vue des circulations, sa ville future met en avant un espace régulé par un système de répartition des flux sur différents niveaux : les routes sont donc séparées des accès piétons. Sous ces routes, au niveau du sol, il y développe un espace vide, où nous y retrouvons les notions du courant hygiéniste. Y prennent donc place tous les réseaux d’eau propre, de gaz, de traitement des eaux usées, des conduits de ventilation mais aussi le métro. Ce projet est en quelque sorte un écho au travail du Corbusier avec le Plan Voisin. Il apporte ici des solutions plus fonctionnelles en proposant une nouvelle organisation, un zonage à la verticale et une nouvelle manière de se déplacer. Il vient donc penser à contre-pied de Le Corbusier, qui lui pensait ces villes de manière horizontales, laissant les piétons au sol et les voitures en hauteur sur des autostrates (Le Corbusier).29 28. Axelle Chapon, Elena Leclercq, et Nadège Vanzato, « La Cité verticale de Ludwig Hilberseimer - Histoire des arts LBA », Site d’école, Histoire des Arts, Lycée Bertrand d’Argentré, consulté le 6 avril 2020, https://sites.google.com/site/histoiredesartslba/contributeurs/la-cite-verticale-de-ludwig-hilberseimer. 29. Axelle Chapon, Elena Leclercq, et Nadège Vanzato


LE PLAN VOISIN - LE CORBUSIER Le Plan Voisin c’est l’application « concrète » de la théorie de La Ville Radieuse sur le cas de Paris en 1925. Il s’agit d’une proposition qui suggère de faire tabula rasa d’une partie de Paris. L’idée principale du Plan Voisin est de faciliter les déplacements, trouver un logement rapidement et ouvrir Paris sur la France. Le but est de faire de cet espace un quartier d’affaires, entourés d’espaces verts et reliés par d’immenses autoroutes. Ce plan proposait une utilisation de 5% des sols pour ce qui est de la surface bâtie, tout le reste aurait été réservée à la création d’espaces verts et des espaces de stationnements.

Crédit photo : « Le plan Voisin, le projet qui aurait pu défigurer Paris », Paris ZigZag | Insolite & Secret (blog), consulté le 1 avril 2020, https://www.pariszigzag.fr/secret/histoire-insolite-paris/planvoisin-projet-le-corbusier-paris.

30. « Le plan Voisin, le projet qui aurait pu défigurer Paris », Paris ZigZag | Insolite & Secret (blog), consulté le 1 avril 2020, https://www.pariszigzag.fr/secret/histoire-insolite-paris/plan-voisin-projet-lecorbusier-paris.

53 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Des barres d’habitation avaient également étés pensées à proximité des bureaux pour réduire les temps de trajets pour les travailleurs. En périphérie de la ville, le secteur industriel pointait avec sa zone résidentielle qu’on appelait alors “les cités jardins” 30.


LA VILLE IDÉALE SELON LES ZONING LAWS HUGH FERRISS En 1929, Hugh Ferriss, publiera dans The metropolis of Tomorrow, l’image idéale qu’il avait de la ville dans l’avenir. Dans cette métropole, il propose une vision où la forme, les volumes et la masse sont au cœur du travail. Il aborde également la problématique des Zoning laws, causés par la croissance rapide des gratte-ciels à NY. Les immeubles qu’il dessinera alors répondront à ces contraintes définies par la loi de 1916.31

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Ici nous découvrons donc « L’imaginaire métropolitain » de Hugh Ferriss, qui prend place à New-York entre 1916 et 1962. Dans le contexte de l’applications des premières Zoning Law, l’immobilier est fortement touché par cette nouvelle loi destinée à « rationnaliser la course aux hauteurs et à l’hyperdensification »32. Le contexte met en avant la croissante, l’accélération des mobilités, la congestion marquée et des architectes qui tentent de produire des architectures qui répondent aux Crédit photo : The Metropolis of tomorrow - Hugh Ferriss, nouvelles règles. Cet Ives Washbbrun, 1929 / Kazimir Severinovitch Malevitch, imaginaire métropolitain New York, NYPL, Art and Architecture Department, que construit Hugh Ferriss Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Print and se base sur l’observation Photographs, 3-MQWO + 31 x 23,5 cm, http://expositions. bnf.fr/utopie/grand/4_58.htm des mutations urbaines et des possibilités qu’elles offrent. Dès 1922, lui et Harvey Wiley Corbett commencerons des études théoriques sur ces nouvelles exigences règlements dans le but d’appliquer ces contraintes à des structures dites rentables. Leurs théories visent à montrer que ce zonage influence positivement le style des gratte-ciels et projettent la métropole future. Hugh Ferriss déclarera « nous n’envisageons pas la nouvelle architecture d’une ville mais la nouvelle architecture d’une civilisation »33.

31. « Utopie - La métropole de l’avenir », consulté le 6 avril 2020, http://expositions.bnf.fr/utopie/ grand/4_58.htm. 32. Nathalie Roseau, « L’imaginaire métropolitain de Hugh Ferriss », Marnes - Documents d’architecture, no 4 (novembre 2016): p.191-237. 33. Carol Willis, « Les gratte-ciel de l’avenir », s. d., p.18.


CONTEXTE : 1950 À 1960 « Dans les années 60 s’opère un changement que nous sommes aujourd’hui seulement en mesure d’évaluer. D’une part, l’architecture moderne se diffuse dans le monde entier, d’autre part, elle perd son caractère de mouvement unitaire en abandonnant les caractéristiques des 50 années précédentes. Ce renversement s’exprime dans les faits bien avant d’apparaître dans les discussions théoriques (…) : la crise des associations d’architectes agissantes de ce demi-siècle ; la mort des maîtres : les expériences conçues à grande échelle, qui soumettent à l’épreuve des faits les modèles d’agrégation étudiés précédemment ; le débat sur la ville ; les discussions sur les nouvelles tendances architecturales. » - Léonardo Bénévolo, 1987

Il est important de comprendre ici que l’architecture moderne descend de la période fonctionnaliste, elle propose une ville qui se répartit sur les axes du travail, du transport, du logement et du loisir. C’est ce qu’on appellera l’efficacité. La ville est alors une “machine dévouée à la libre circulation du capital, du travail, des matériaux et de leurs produits”34. Les années 1950/1960, sont des décennies qui marquent par leurs nouvelles formes architecturales, le développement de nouvelles techniques de mise en œuvre. De manière générale les architectes vont alors s’emparer de la facilité de mise en œuvre, des nouveaux matériaux légers et travailler sur de nouveaux modes d’assemblages. De là naît une nouvelle « conquête spatiale » qui vise à nourrir l’univers architectural et remettre en question la pensée architecturale du début du XXème siècle. La production de masse dans la ville devient alors le nouveau mot d’ordre. En parallèle se développe la communication de masse, de laquelle il va naître un changement d’échelle de la pensée de la ville, en mettant l’accent sur la question de réseaux, de la mobilité et de flexibilité tout particulièrement.

34. McKenzie Wark, « New Babylon ou le monde des communs », Multitudes n° 41, no 2 (12 avril 2010): p.114-125.

55 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Les années 50/60 sont donc un champ d’application des théories urbaines modernes dans le contexte de la reconstruction rapide des villes détruites par la guerre ou des villes qui se développent parallèlement à l’essor économique de ces années. En résulte de nombreuses visions du monde utopique de ce que sera la ville de demain. Il s’agit d’une période de remise en question des pensées modernes et notamment de la place de l’industrie dans la société. Nous constatons alors que l’architecture devient pour la plupart du temps une expression directe du capitalisme. C’est par ailleurs, ce que de nombreux artistes et intellectuels reprocherons aux architectes, vus comme tributaires de la technoculture si souvent remise en question.


La mobilité devient peu à peu la notion centrale du développement de la pensée de la ville, il est alors très important de penser aux déplacements motorisés et donc aux axes de communication à générer.35 Cette mobilité c’est le moyen de désancrer la pensée de l’habitant dans le territoire, de défixer les éléments. Un individu mobile sous-entend une architecture et un urbanisme nouveau qui s’adapte à cette nouvelle capacité de se déplacer. Se sont pour ces raisons que les architectes et urbanistes de ce temps pensaient avant tout à des habitats évolutifs, dynamiques, qui laissent aux individus le choix de leur organisation et même de leurs emplacements.

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On remet l’homme au centre de l’attention avec des formes d’habitats qui déterminent un nouveau mode d’habiter et de se comporter entre individus. Cet urbanisme, nouveau-né d’une éthique et esthétique nouvelle, fait donc dévier de la question de la fonctionnalité vers la ville et ses individus. À ce titre-là les questions de mobilité, de stratification, de structure et de flexibilité sont vu comme éléments majeurs à développer.

35. Claire Rosset, « Cours : Penser, représenter la ville de la grande ville à la ville contemporaine », ENSAG, 2018.


VILLE SPATIALE - YONA FRIEDMAN Il s’agit de mégastructures qui proposent un urbanisme mobile, en lien étroit avec les dernières technologies, les nouveaux modes de vie et qui cherche des connexions. Cette mégastructure met en avant trois questionnements fondamentaux : - La question du rapport à l’espace, au territoire et aux échelles de projet, - La question de l’approche de ces mégastructures - Mais aussi quels cycles temporels elles induisent…36 Mais, une mégastructure, qu’est-ce que c’est alors ? C’est un espace qui peut s’étendre à l’infini, qui se montre modulable et très flexible. Ce qui fait de cette ossature tridimensionnelle, qui se présente sous forme d’une grille, un moyen de planifier la nouvelle ville de manière simple et efficace. Des cellules d’habitation viendraient alors se greffer à cette grille, de manière totalement libre.

57 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : Ville Spatiale above 1910 Paris, photomontage 1960, https://www.instagram. com/p/7bSZJpzNLL/


Cette théorie sera présentée au CIAM X. A la suite de ce congrès Yona Friedman fonde en 1958 le Groupe d’Étude d’Architecture Mobile, qui mène une réflexion sur une possible mobilité des logements mais aussi sur la question de l’habitat en “cellule”. C’est une proposition qui “influencera le développement de l’architecture métaboliste au Japon des années 1960/1970.” 37 (Archigram s’inspirera également de ces recherches sur la cellule habitée, notamment dans le projet Living-Pod.)

58 Crédit photo : Gauche : Antti Lovag, Sans titre, Maquette, 1966, Frac Center Collection ; Droite David Greene (Archigram), Living Pod, 1967, https://www.researchgate.net/publication/321236769_Images_for_Little_Architects_Architecture_and_Architectural_Drawing_in_ Children%27s_Books_and_Comics_An_Interesting_Case_Study/figures?lo=1

Crédit photo : photographie de Philippe Magnon, maquette de David Greene (Archigram), « Living Pod », 1965-1966, https://twitter.com/FracCentre/status/1002420743060279296

À propos des mégastructures – 1978 : « Il faut concevoir de nouvelles concentrations urbaines qui correspondent à nos besoins de déplacement rapide et d’échanges, de dynamisme et de mobilité ».

- Michel Ragon, Prospective et futurologie, 1978 38

37. Jacques Rougerie, « Mégastructures - Dimensionner l’avenir, les figures de la démesure - une exposition du 40e anniversaire du Centre Pompidou », s. d., p.4. 38. Rougerie, « Mégastructures - Dimensionner l’avenir, les figures de la démesure », p.3.


Ces besoins identifiés dans les mégastructures seront par ailleurs ceux auxquels les quartiers sur dalle vont s’attacher à répondre. Il s’agit de nouveaux besoins qui se sont développés avec leur époque et qui nécessitent des infrastructures leur offrant plus de confort, de sécurité tout en restant agréable et efficace dans leur utilisation. Du côté Français les villes tridimensionnelles seront explorées au travers du travail de Martin Pinchis ou encore celui de Chanéac avec les villes-cratères, où on retrouve une organisation de l’espace autour de géométries complexes. Jean Renaudie et Renée Gailhoustet s’inspireront par ailleurs de ces recherches pour développer des projets autour de géométries et de l’organisation rationnelle des espaces. Ici on peut d’ailleurs évoquer les Tours « Nuages » de l’architecte Émile Aillaud qui se libèrent des codes dictés par les Grands Ensemble en « adoptant des formes plus diverses (…) poétique ».39

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En bref, la ville tridimensionnelle est une réponse à l’accroissement massif de la population urbaine. Elle prouve que la ville est soumise à un changement permanent et qu’elle doit s’y adapter. Cette grille suppose également de penser la ville à une nouvelle échelle pour répondre à ces changements et pas seulement au niveau de la question du logement de masse, il s’agit d’accompagner les changements fonctionnels de la ville et notamment de s’adapter à ces besoins. La ville est particulièrement soumise au changement des mobilités ; c’est en cela que la superstructure et que les infrastructures répondent à ces nouveaux besoins d’adaptabilité.40

39. « Tours Aillaud », in Wikipédia, denrière date de modification 12 avril 2020, consulté le 01/05/2020, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Tours_Aillaud&oldid=169474159. 40. Claire Rosset, « Cours : Penser, représenter la ville de la grande ville à la ville contemporaine », ENSAG, 2018

THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : Chanéac - Ville cratère -1963 - Structure porteuse formée d’araignées d’espace Dessin Encre et crayon graphites sur calque -30.8 x 60.7 cm - 999 02 135 A


PARIS SOUS LA SEINE - PAUL MAYMONT - 1962 Ce projet met en avant un manque d’espace au sol pour pouvoir circuler librement et de manière efficiente. Pour ce faire, Paul Maymont propose d’investir une desserte souterraine, sous le noyau historique, dans le lit de la Seine, sur une “profondeur de 3 ou 4 mètres et une épaisseur d’environ 60 mètres”.41 À cette période, Paris cherche à développer plus d’équipements publics et privés et notamment de nouvelles voies de circulation. Ces demandes nécessitant une superficie indisponible à la surface de la terre, Paul Maymont propose de créer des sous-sols à étage, “dont la surface équivaut celle de Paris intra-muros”.42

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41. « AARETRO-SEINE.pdf », consulté le 6 avril 2020, http://www.larchitecturedaujourdhui.fr/ wp-content/uploads/2016/12/AARETRO-SEINE.pdf. 42. « AARETRO-SEINE.pdf »


Ces sous-sols sont nommées autostrades, ils proposent entre autres un parking de “500 000 places”43, des rues souterraines, des “transports mécaniques rapides”44, des voies réservées aux voitures, aux marchandises, aux transports en commun et à grande vitesse. Les parkings créés seraient quant à eux, tous reliés aux portes de Paris et aux grands boulevards dans le souci de desservir la ville au mieux. Ces espaces accueillent aussi des fonctions culturelles, des espaces de travails, des bibliothèques, des casernes de pompiers, des halles, des hôpitaux, des marchés, des dépôts, des espaces de stockage, tout y trouve sa place.

61 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Crédit photo : Paul Maymont - 1962, http://www.larchitecturedaujourdhui.fr/wp-content/ uploads/2016/12/AARETRO-SEINE.pdf

43. « AARETRO-SEINE.pdf » 44. « AARETRO-SEINE.pdf »


LE MONUMENT CONTINU - SUPERSTUDIO Comme Yona Friedman, Archizoom et les métabolistes, Superstudio constate que la ville moderne est un échec du point de vue social et culturel. Il s’agit d’une remise en cause des modes de vie individuels et collectifs, en lien toujours avec la science et la technologie que l’on retrouve dans l’utilisation d’artefacts et de mégastructures, mais aussi de son environnement au sens large.46

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Le Monument continu est “un modèle architectural pour une urbanisation totale”47. Il s’agit d’une grille orthogonale censée se prolonger jusqu’aux confins du monde en franchissant les barrières naturelles ou construites.48 Cette grille est un élément repris dans la construction de la dalle de Paris La Défense, elle permet de dicter les dimensions des tours au sol, de réguler la trame porteuse de ces dalles et de faciliter le dessin urbain et architectural lors de la projection de nouveaux projets. Il s’agit d’une sorte de monument que l’on magnifie, qui sert à interroger sur les connections et le développement des villes à l’infini. Cette structure est juste là pour affirmer ce contexte architectural des années 60 avec le mode de vie standardisé, ou l’uniformisation de la société semble avoir une place prépondérante dans l’actualité sociétale et culturelle.

Crédit photo : Superstudio - II Monumento Continuo, 1969 - Manifesto New New-York (in nero e azzuro) – Lithographie Encre sur papier - 70 x 100 cm - 82/100 - Inscription : Signé et numéroté en bas - Donation Archive Superstudio, Florence - 016 115 001 - © François Lauginie http://www.frac-centre.fr/auteurs/rub/ruboeuvres-65.html?authID=185&ensembleID=988&oeuvre ID=13218

46. Jawhy, « Superstudio, 1969 : Le Monument Continu : Un Modèle Architectural Pour Une Urbanisation Totale », TRAAC.INFO (blog), 27/11/20, http://traac.info/blog/?p=1566. 47. « Frac centre - monument continu », consulté le 7 avril 2020, http://www.frac-centre.fr/collectionart-architecture/superstudio/il-monumento-continuo-64.html?authID=185&ensembleID=988. 48. Jawhy


THÉORIES URBAINES PASSÉES Héritier des « modèles urbains et architecturaux issus du mouvement modernel»49, le patrimoine sur dalle n’est pas une projection de la ville du futur. Comme l’explique Robert Auzelle, « l’idée n’est pas nouvelle et elle est même en vérité, fort ancienne »50. En effet, cet urbanisme se développe avec comme base l’ensemble d’apports de connaissances théorisés, depuis les années 1910 jusqu’à 1950 que je vous ai présenté précédemment. Les premières projections des quartiers sur dalle nous viennent de Léonard De Vinci... Elles seront reprises dans un premier temps au XXème siècle dans les travaux menés par Eugène Hénard. S’en suivront Le Corbusier (qui pensait la dalle comme support automobile plutôt que piéton) et enfin Ludwig Karl Hilberseimer. Leurs idées ne seront appliquées en cas concret qu’après la seconde guerre mondiale.51

« Le XXème siècle, (…) avec son cortège de catastrophes et d’éblouissements esthétiques et techniques représente une période particulièrement riche de tentatives, d’expériences et de questionnements (…) » - Lapierre Éric, Guide de l’architecture. Paris 1900-2008, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2008.

L’urbanisme de dalle est une volonté de « renouvellement urbain »52, basée sur la volonté d’assainir, les périphéries (très rarement les centres) des grades villes et d’en faire de nouveaux pôles névralgiques. Comme expliqué précédemment, les dalles proposent d’une application concrète des projections hygiénistes avec l’idée d’une ville future « ouverte et fluide, saine et lumineuse, moderne et visionnaire »53. La question de la place du piéton et de la voiture domine sur ces idées et s’impose comme fondement même du patrimoine sur dalle. Il s’agit d’une proposition d’une nouvelle forme d’organisation des flux, du bâti, une nouvelle considération de son environnement. Ce qui laisse libre cours à la création d’espaces confortables, pensés sur de nouvelles bases saines, qui laissent la place à la création, à l’imagination et au rêve ; c’est par ailleurs ce qui offrira des espaces aux qualités spatiales inouïes et qui leurs sont propres. 49. Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical, p.41. 50. Robert Auzelle, « Supplément aux annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics », dans Annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics, vol. 32, Architecture et urbanisme N°167, 1961, p.1157. 51. Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 3 (23 octobre 2010), Dictionnaires Quadrige (Presses Universitaires de France - PUF, 2015), p.217, https://www.puf.com/content/Dictionnaire_de_lurbanisme_et_de_lam%C3%A9nagement. 52. Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle Urbanisme vertical, p.11. 53. Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical, p.11.

63 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

L’urbanisme de dalle voit le jour durant la période des Trente Glorieuses ; dans un contexte de crise du logement, dans une société où le tout automobile prend place, où jaillit de manière exponentielle le secteur tertiaire. Nous noterons tout de même que son apogée est constatée durant les années 1960-70.


Cependant, la construction d’un tel patrimoine sera assez limitée dans le temps et assez peu présente dans le paysage Européen comme nous pouvons le constater sur la carte suivante. principales réalisations d’urbanisme sur dalle en europe

RÉGION ILE DE FRANCE

1

France

64

1. La Défense (Puteaux, Courbevoie, Nanterre et La Garenne-Colombes) 2. Front de Seine (Paris) 3. Maine-Montparnasse (Paris) 4. Les Olympiades (Paris) 5. Dalle de Bobigny 6. Porte de Bagnolet 7. Centre-ville de Choisy-le-Roi 8. Villejean (Rennes) 9. Le Mirail (Toulouse) 10. Part-Dieu (Lyon) 11. Mériadeck (Bordeaux) 12. Val-de-Reuil 13. Val d’Argenteuil 14. Cergy-Préfecture 15. Polygone (Montpellier) 16. La Villeneuve (Grenoble) 17. La source (Orléans)

2 6

France

1. La Défense (Putea Nanterre et La Gare 2. Front de Seine (P 3. Maine-Montparna 4. Les Olympiades (P 5. Dalle de Bobigny 6. Porte de Bagnole 7. Centre-ville de Ch 8. Villejean (Rennes 9. Le Mirail (Toulous 10. Part-Dieu (Lyon) 11. Mériadeck (Borde 12. Val-de-Reuil 13. Val d’Argenteuil 14. Cergy-Préfecture 15. Polygone (Montp 16. La Villeneuve (Gr 17. La source (Orléa

7 3 4

BELGIQUE

18 19

FRANCE 13

12

Belgique

principale sur dalle

5

14

8 17

18. Citée Administrative à Bruxelles 19. Louverain-la-Neuve

Belgique

Italie ITALIE

18. Citée Administra 19. Louverain-la-Neu

20. Centro Direzionale de Naples 10

Italie

16 11

ITALIE 9

15

20

20

Principales réalisations d’urbanisme de dalle

Crédit schéma : Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical, p.185.

En raison de sa complexité technique et structurelle qui demande une ingénierie spécifique mais aussi un coût de production très élevée, son développement à grande échelle et sur la durée sera impossible. Ce patrimoine ne sera donc qu’une expression concrète des théories urbaines développées autour de l’image idéale de la ville future. Cependant, ces mégastructures au-delà de leurs frais de maintenance très élevés, se montrerons dans le temps peu évolutives… Dans les chantiers de rénovation il est donc souvent constaté que du point de vue urbain et économique il est préférable de détruire ces dalles plutôt que de les conserver. Leur obsolescence semble être un point sensible fortement lié à ce patrimoine.54

54. Merlin et Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, p.217.

20. Centro Direziona


Effectivement, lorsque le patrimoine sur dalle fut pensé en tant que tel, l’impératif était de créer un moyen de gérer les flux et de rassembler des activités urbaines diversifiées. Essentiellement tourné vers le paysage automobile ces dalles ont étés utilisées comme moyen de pallier le manque d’infrastructures constatées à l’époque. Il s’agissait là d’un moyen de désengorger les voies de circulation, de régler le problème du manque d’espace pour stationner et de séparer les flux dans l’optique de rendre les espaces de circulation piétons plus sécuritaires, le tout en jouissant d’un espace plan permettant de dissimuler tous les réseaux techniques. « Trop de mouvement réduit considérablement notre horizon temporel, le passé étant déjà obsolète à peine passé tandis que le futur est difficilement prévisible »55

- Hermann Lübbe

Cependant, certaines dalles fonctionnent tandis que d’autres ont tendance à dégrader l’image de leur territoire. Ceci s’explique notamment du fait que les dalles n’imposent pas de fonctions précises mais servent à en favoriser certaines. Il existe deux types de dalles : celles qui fondent un quartier, une ville et engendrent son fonctionnement comme à La Défense ou à Louvain-la-Neuve et celles qui s’inscrivent dans l’existant comme Mériadek à Bordeaux ou Beaugrenelle pour rester sur Paris. Le fonctionnement ou non de ces dalles se joue avant tout sur « la qualité des interfaces entre les niveaux de sol dédiés aux modes de déplacement motorisés et celui dédié aux piétons»56. C’est par ailleurs ce que nous allons découvrir en nous penchant tout particulièrement sur le cas de Paris La Défense. Ce qui nous mène donc à la constatation suivante : malgré sa vision progressiste et hygiéniste ayant pour origine les pensées promulguées par les visions modernistes, ces architectures où le sol devient une surface lisse, les constructions des tours et des barres, on y retrouve une déshumanisation de l’espace… Thème déjà présent dans les théories urbaines présentées précédemment. L’esthétique, les images que renvoient ces paysages urbains souffrent d’un mal qui semble pourtant être l’essence même de ce qu’est « l’espace vécu » : le rapport entre l’aménagement spatial et les usages est inexistant. Et c’est à ces problèmes que la dalle de La Défense a été, entre autres, confronté. Ce mal est causé notamment par la rigidité de la géométrie des espaces, par des lieux souvent jugés trop minéraux, trop stricts, sans vie, où les fonctions et les usages sont régis par l’organisation spatiale. Il s’agit 55. Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical, p.48. 56. Merlin et Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, p.217.

65 THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE

Malgré sa réponse efficace aux impératifs sanitaires et techniques dont avaient besoin les villes au moment de leur construction, ces dalles peuvent aujourd’hui poser problème. La question de leur évolution est assez complexe. Dans le temps les mobilités ont évolué, la répartition piéton/ voiture a été bouleversée et notre rapport au sol ne cesse d’être remis en question. C’est ce que nous nous appliquerons à comprendre dans ce mémoire…


généralement de lieux de passage, où rien ne nous pousse à nous arrêter. Mais dans le cas du célèbre quartier d’affaires nous verrons qu’avec un peu d’imagination, un remaniement simple des espaces notamment avec l’aide de paysagistes et une approche plus sociologique, ces maux dont souffre la dalle peuvent être soignés…

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THÉORIES URBAINES ET PATRIMOINE SUR DALLE


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2. LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS


2. LE QUARTIER DE LA DÉFENSE Ci-dessous, présentation du plan de situation du quartier de Paris La Défense. Il permet de se repérer dans le quartier par la mise en avant des emplacements des différentes communes, des espaces verts, des cheminements piétons/ automobiles, les stations de métro et RER, la hauteur des constructions, leurs emplacements, leurs noms et leurs fonctions.

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Crédit de l’image : Roger Brunet, « La Défense », Blog, France, le trésor des régions (blog), consulté le 1 mai 2020, https://tresordesregions.mgm.fr/Mdir.php?p=cant.php&cl=Defense.

Plan des périmètres de la Zone A et de la Zone B en juillet 1976. Crédit de l’image : Paris-La Défense, Épad, ca 1976, Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense: dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille: Parenthèses, 2012), p.430.


71 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit de l’image : https://www.plandeparis.info/la-defense/plan-la-defense.jpg


CADRE RÉGIONAL L’actuel quartier de La Défense se situe dans la région Parisienne, qui à l’époque, comptait plus de huit millions d’habitants57. Paris possédait alors cinq banlieues. Celle qui est l’actuel territoire du célèbre quartier d’affaires était une banlieue particulièrement défavorisée du point de vue urbanistique. La qualité de l’habitat, les possibilités de trouver un emploi sur place ou à proximité, les voies de circulation, les équipements sociaux, culturels et commerciaux étaient aussi quasi existants. En journée ce territoire était laissé à l’abandon par ces habitants qui se rendaient alors à Paris pour travailler, jouir des loisirs qu’offrait la capitale ou encore pour aller suivre ces cours. La vie n’y revenait que le soir, rendant le quartier désertique en journée. La création du quartier de La Défense est une réponse aux impératifs liés au développement de l’aménagement parisien, qui cherche à redynamiser ces banlieues autour de nouveaux « noyaux urbains »58. Le quartier des affaires sera le nouveau noyau ouest.

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Paris s’inscrit dans le schéma selon lequel toutes les grandes métropoles du monde se dotent de quartiers d’affaires avec des immeubles à grande hauteur dans l’optique de « répondre aux besoins croissants du secteur tertiaire »59. Cependant Paris est un cas d’exception, puisque contrairement à Londres, par exemple, elle dispose son quartier d’affaires à l’extérieur de la ville, a contrario des autres métropoles qui les placent dans leurs centres-villes ou à proximité, en lien direct. Placer La Défense dans une zone extérieure à Paris permet dans un premier temps de créer des bâtiments à « grandes dimensions »60, puisque les contraintes du Paris historique n’y seraient pas applicables en raison de son éloignement au centre historique que la capitale s’applique à conserver. Positionner le quartier sur ce territoire permettait également de créer de nouveaux axes de communication, offrant la possibilité de mieux le desservir et de décongestionner le trafic présent en dehors des quartiers historiques. On observe ici une volonté de dynamiser et de re-balancer les flux du côté de la périphérie de la ville. Toutes ces actions permettent par ailleurs de prolonger le centre d’affaire parisien vers l’ouest. Le site sur lequel prend place La Défense est un ensemble de trois communes : Puteaux, Nanterre et Courbevoie. Lorsqu’il a été projeté de créer le quartier sur ce territoire Nanterre proposait un terrain assez peu urbanisé, en friche tandis que les deux autres communes étaient un milieu urbain dense61. L’Établissement Public a donc dû trouver des solutions pour s’implanter dans cette zone et créer des règlementations applicables uniquement au quartier. C’est ce que nous découvrirons dans cette deuxième partie.

57. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.1. 58. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.1. 59. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.1. 60. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.2. 61. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.2.


CADRE HISTORIQUE N

Courbevoie

Paris

Palais des Congrès

Jardin des Tuileries

L’Élysée

CNIT L’Obélisque

Le Louvre

Axe Historique

Grande Arche La Seine Tête Défense

Puteaux

Bois de Boulogne

Arc de Triomphe

Grand Paris 1km

2km

Crédit du schéma : Chaubard Lou

Pour me plonger dans l’histoire, lors de ma visite à Paris j’ai décidé de faire le parcours à pieds du musée du Louvres jusqu’à La Défense, un parcours de 3h de marche environ en comptant les pauses photos, les déviations suite à des travaux sur la route qui m’ont fait faire un détour de trente minutes... Cette promenade m’a permis de capturer les évolutions architecturales et urbaines du paysage parisien. Elle m’a également donné l’occasion de constater que le piéton a sa place parmi la circulation rapide et dense des voitures, en effet de larges trottoirs protégés par une allée plantée sont placés de part et d’autre de ce grand axe. Cependant, arrivée au nouveau pont de Neuilly, j’ai été frappée par l’arrêt brutal de cette esthétique historique, comprenez d’un quartier haussmannien se retrouver face à d’immenses tours ça peut être choquant. Mais ce qui m’a le plus surprise c’est que soudainement la dalle se dressait là devant moi, mais je ne pouvais pas y accéder à pied ! J’ai dû chercher un moment avant de trouver un escalier dérobé, traverser des sorties d’autoroutes où les passages piétons étaient inexistants ! Nous retrouvons donc ici mon parcours en image : Crédit photo : Chaubard Lou, Paris, Février 2020

62. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.2. 63. « Axe historique de Paris », in Wikipédia, dernière mise à jour 28 mars 2020, consulté le 01/04/2020 https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Axe_historique_de_Paris&oldid=168888668.

73 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Retour sur l’histoire de « l’axe historique » parisien aussi connu sous le nom de la « voie royale ». L’axe a été dessiné dans un premier temps dans les années 1600 suite à la demande des rois qui habitaient au Louvre et qui allaient chasser dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Le trajet étant rectiligne, Le Nôtre, en 1670, a été chargé par Louis XIV de tracer un axe jusqu’à ladite forêt et de l’aménager, ce qui mènera aux ébauches de l’avenue des Champs-Élysées. Une grande allée plantée se dessine dans le prolongement du jardin des Tuileries jusqu’à l’actuelle place Charles-de-Gaulle. En 1755, Louis XV fait construire une place royale que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Place de la Concorde, elle prolonge alors l’axe historique. Cette grande avenue se nommera les Champs Élysées sous Napoléon 1er. Sous son empire l’Arc de Triomphe sera également créé (puis terminé sous le règne du roi Louis-Philippe) à l’actuelle place Charles-de-Gaulle. L’obélisque de Louxor sur la place de la Concorde sera édifié toujours sous son pouvoir. Les immeubles Haussmanniens verront, quant à eux, le jour sous l’empire de Napoléon III. Au-delà de l’arc de triomphe, sur cette même période, est tracé l’avenue de la Grande-Armée. Au XXe siècle l’axe est pensé comme la « voie triomphale »62. Le Palais des congrès et la Porte Maillot voient le jour à cette même époque. Au-delà du Pont de Neuilly, La Défense prend progressivement place. L’axe se transforme en immense dalle piétonne. Le dernier monument édifié en ce jour sur l’axe historique est celui de la Grande Arche construite sous la présidence de François Mitterrand.63


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À travers de ce parcours je me suis rendu compte d’une chose… Le grand axe est un élément urbain qui permet de montrer les grandes réalisations architecturales au fil des siècles. Cet axe a pour vocation de mettre en avant les réalisations de nos ancêtres, en le ponctuant de monuments comme l’Arc de Triomphe ou en dégageant des vues sur la Tour Eiffel par exemple, pour mettre en avant notre richesse technique et esthétique. Avec la création du quartier d’affaires, l’idée était de montrer ce que le XXe siècle pouvait encore apporter à l’architecture et à l’urbanisme.

CADRE URBANISTIQUE En raison de nombreux axes routiers et d’un trafic automobile très dense, lorsqu’il a été projeté de réaliser ce quartier pour la première fois il fallait arriver à générer un espace qui permette de se déplacer facilement à pied sans se mettre en danger au milieu de ce ballet de voitures incessant.

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Carte routière rmontrant en rose l’autoroute A14 qui ceinture le quartier. Crédit photo : https://www.viamichelin.fr/web/Cartes-plans?address=paris%2C%20la%20defense

Carte routière représentant les départementales et nationnalles qui traversent La Défense en vert, ligne de RER représentée en rouge. Crédit photo : http://www.cartesfrance.fr/itineraire/

LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

A14


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Crédit de l’image : Chaubard Lou, 26 Février 2020


De par sa position en hauteur, sur le bord du lit de la Seine [Cf. la coupe de l’annexe n°1], le premier parti pris a été celui de surélever l’ensemble du quartier pour réduire les coûts liés à la modification du terrain, puis plus tard pour accueillir plus facilement et en toute logique une immense surface de parkings. Cette surélévation permettra par ailleurs de dégager une vue sur tout Paris. L’idée première était de créer un quartier qui se divise en deux parties, de chaque côté de la route. Les deux parties devaient être reliées par un système de passerelles, cependant un souci d’esthétique s’est posé et un « plateau artificiel en pente douce »64 a été préféré à cette solution. Et donc, comme dit précédemment, le vide créé par ce plateau a permis de réserver l’espace en dessous aux accès automobiles ainsi qu’à la création de places de parking.

77 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit de l’image : « Chantiers Coopératifs - L’aménagement de la Zone 1 de la région de La Défense », Chantiers Coopératifs, no 1 (janvier 1961): p.20.

Crédit de l’image : Robert Auzelle, « Supplément aux annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics », dans Annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics, vol. 32, Architecture et urbanisme N°167, 1961.

64. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.3.


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Crédit de l’image : Ci-contre d’autres coupes obtenues auprès du service des archives, le 20 avril 2020. Documents réalisés pour l’EPAD.


79 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit de l’image : Ci-contre d’autres coupes obtenues auprès du service des archives, le 20 avril 2020. Documents réalisés pour l’EPAD.


Crédit de l’image : Robert Auzelle, « Supplément aux annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics », dans Annales de l’institut technique du bâtiment et des travaux publics, vol. 32, Architecture et urbanisme N°167, 1961.

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La dalle enfin projetée devait faire une quarantaine d’hectares. Un quartier complet pouvait se positionner sur ce nouveau sol. Le quartier était alors prévu pour être entièrement piétonnier, offrant la possibilité aux usagers de se déplacer sur un espace plan, agrémenté de jardins et bassins, sans plus jamais avoir à se soucier des automobilistes. C’est ainsi que la séparation totale, à la verticale, piétons/automobile verra le jour pour la première fois sur l’ensemble d’un quartier depuis que les théoriciens en avaient prôné l’efficacité et la viabilité dans leurs projets. Se répartissent donc sous la dalle les voies automobiles, le RER, le métro, des espaces sanitaires et 16 parkings de 21 900 places [Cf. tableau de l’annexe n°2] selon le rapport de la Chambre régionale des Comptes sur la gestion de la Défense.

Coupe sur le grand axe. Mise en avant du niveau du sol naturel et des dalles. Crédit de l’image : Sous les jupes de la métropole, « La Défense – Géographie d’une dalle », sous les jupes de la métropole #2 (blog), 15 octobre 2013, https://souslesjupesdelametropole.wordpress. com/2013/10/15/la-defense-geographie-dune-dalle/. 65. Élément structurel

LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit des coupes: Coupes des plates65, archives de Paris La Défense, reçues par mail le 29 Avril 2020, obtention des coupes auprès de Monsieur Jean-Marc Lefèvre


TRAME DE LA DALLE Pour faciliter les règles de construction, l’organisation des tours, des réseaux de communication, les parkings et par conséquent l’ensemble du quartier, la dalle a été pensée selon une trame choisie « après de nombreuses études »66. La trame finalement adoptée est de 6.30m, qui « peut aussi être utilisée en sautant un poteau sur deux, sur 6.30m. Soit 8.90m environ »67. Les tours d’affaires vont quant à elle utiliser une surface de « 4 trames par 7 »68, soit 24 m x 42m, ce qui donne une surface de plancher en rez-de-chaussée d’environ 1 000m2. Pour ce qui est des immeubles d’habitation, elles utilisent « 2 trames d’épaisseur, soit 12,60m. Les façades sont des longueurs qui sont des multiples de 6.30m »69. Pour ce qui est des commerces, équipements, parkings et autres locaux, la trame s’y applique également. Les écarts entre chaque bâtiment son également calculés selon la trame, sur le système de multiples de 6,30m. Cette trame permet en réalité à un poteau de pouvoir supporter les charges d’un immeuble, la dalle, une voie de desserte, des parkings. Cependant, les tours quant à elles, vont plutôt s’ancrer directement dans le sol naturel pour une meilleure stabilité et répartition des charges.

82 FINANCEMENTS D’après les traces écrites sur le sujet, la création de ce quartier, hors travaux liés au développement du métro, atteindrait les 100 milliards d’anciens francs70. L’acquisition des terrains, la voirie, les parkings, les travaux d’urbanisme représentent 73% de cette somme, financée par des secteurs privés « aux moyens d’une redevance pour droit de construire »71. Les 27 autres pourcents sont pris en charge par l’État pour la construction de la voirie nation ainsi que par le District de la Région de Paris pour ce qui est de la voirie régionale. POUR ENTRER PLUS DANS LE SUJET.... Pour accompagner cette partie du mémoire vous trouverez en annexe une frise chronologique [Cf. Annexe n°3] reprenant les grandes étapes du développement du quartier. Dans cette même frise de nombreuses informations se croisent, vous y trouverez le nom des Présidents de la République par période, le nom des présidents et directeurs généraux de La Défense, les dates clés des grandes étapes de construction du quartier, l’évolution en m2 des bureaux et enfin les styles architecturaux qui se sont développés au fil des siècles. Cette frise débute dans les années 1950 et s’arrête à aujourd’hui. Cette frise a été développée à l’aide de l’Atlas La Défense un dictionnaire, Architecture/politique, rédigé sous la direction de Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefebvre. Avant de présenter les grandes lignes du plan d’urbanisme de 1956 il est

66. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.16. 67. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.16. 68. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.16. 69. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.16. 70. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.17. 71. S Orbach, « La Quartier de La Défense » (Paris, 29 septembre 1964), p.17.


nécessaire de poser la constatation suivante : La Défense est partagée entre trois communes dont deux très urbanisées et une troisième, celle de Nanterre, envahie par des bidonvilles…

BIDONVILLES

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Ces bidonvilles ont étés supprimées dès 1959, en réponse à la « politique nationale de résorption des bidonvilles »72. La résorption de ces lieux est liée dans un premier temps au « maintien de l’ordre »73 plutôt qu’à la politique de relogement qui suivra. Ces relogements seront classés selon trois modes : les foyers pour travailleurs isolés, les cités de transit74 qui sont une étape provisoire pour les familles « problématiques »75 et enfin les HLM. La répartition dans ces catégories se réalisent à l’aide de recherches menées par Robert Auzelle en 1949 sur l’habitat défectueux. Ces recherches proposent une grille d’évaluation du niveau social des familles à reloger ou à « rééduquer au préalable »76. Les HLM ainsi construits en dur seront avant tout attribués jusqu’en 1970, avant tout aux « français des couches moyennes, employés et ouvriers qualifiés »77. Nous y retrouvons également une majorité des expropriés de l’actuelle Zone A de la Défense. 72. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense: dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille: Parenthèses, 2012), p.78. 73. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense: dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille: Parenthèses, 2012), p.78. 74. Dispositif socio-éducatif adressé à une population jugée inadaptée ou asociale. J. – P. Tricart, « Genèse d’un dispositif d’assistance : les cités de transit », Revue française de sociologie, XVIII, 1977, p.601-624. 75. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense: dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille: Parenthèses, 2012), p.78. 76. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense: dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille: Parenthèses, 2012), p.78. 77. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille : Parenthèses, 2012), p.78.

LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit de l’image : « Bidonville de Nanterre », Defense-92.fr (blog), consulté le 30 avril 2020, https://defense-92.fr/wp-content/uploads/2018/01/bidonvilles-nanterre.jpg.


Cette priorité donnée au relogement des français marquera encore une « scission entre les ouvrier français et immigrés, ces derniers étant maintenus à distance des HLM qui représentent alors le sommet du parcours résidentiel »78.

FONCIER ET EXPROPRIATIONS La volonté de créer de nouveaux quartiers d’habitation sur le territoire de Nanterre entraîne la destruction des bidonvilles présents sur le territoire. Face à toutes cette volonté, l’Établissement Public doit alors se charger de poursuivre les études d’aménagement. Mais aussi de réaliser les acquisitions foncières nécessaires pour réaliser ces projections…

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C’est ainsi que la nécessité d’acquérir les terrains sur lesquels construire se fait sentir. Pour ce faire l’utilisation du pouvoir d’expropriation79 a été nécessaire.

Crédit photo : Le monde souterrain n°125, Mai-Juin 1961, p.290

L’ÉPAD est très occupée dès ces débuts avec cette politique d’expropriation dont le lancement officiel c’est fixé réellement que le 16 décembre 1957. La première tranche d’expropriation se fait le 31 janvier 1958 sur une surface de 86ha, essentiellement concentrés sur la commune de Nanterre. Douze ans plus tard le nombre de démolitions est évalué à 9 540 logements80 au total, soit 5 760 pour permettre la construction de la Zone A.

78. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille : Parenthèses, 2012), p.80. 79. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille : Parenthèses, 2012), p.210. 80. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 1 (Marseille : Parenthèses, 2012), p.80.


Les logements détruits accueillent à ce moment-là une population essentiellement banlieusarde, composée d’individus issus de milieux modestes. Cette action obligera l’ÉPAD, durant les années soixante, à traiter au cas par cas les expropriés. Une « « opération tiroir » basée sur la construction d’HLM aux limites extérieures du périmètre »81 est pensée pour libérer la Zone A et la réserver à des espaces de bureaux. Ceci permet alors de répondre à cette nécessité de reloger les expropriés (d’une classe sociale moyenne) conformément à leurs engagements et ce à proximité de leur ancien lieu de vie. Du côté des habitants de bidonvilles l’ÉPAD propose un engagement qui vise à proposer une formule de relogement un peu différente avec la construction de programmes, des « tours foyers-hôtels »82, mais aussi de « cités de transit »83 pour les « familles migrantes »84.

85 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Autre singularité de ce quartier du côté foncier, qui se calcule en trois dimensions et s’évalue en mètres cubes, non pas en mètres carrés comme nous en avons l’habitude. C’est ce qui permet aux constructions privées de « côtoyer des dépendances du domaine public »85. C’est ce qui va permettre la densification verticale. Par exemple : si un immeuble traverse la dalle jusqu’au sol, ce qui sera vendu c’est « l’emprise au sol »86. Si l’immeuble est construit sur ou au-dessus de la dalle il s’agira d’une vente de « droit de construire un volume déterminé sous la forme de l’octroi d’un droit de superficie qui emporte pour son titulaire un droit de propriété du bâtiment construit par lui »87. Si l’ouvrage se trouve sous la dalle, est alors vendu un « droit de superficie »88. Ces types de ventes redéfinissent alors le droit de propriété qui vise à créer une dissociation de la propriété du sol, de la propriété construite, voire même de l’espace vendu au mètre cube.


DÉVELOPPEMENT DE LA DÉFENSE

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À la suite du développement du périmètre d’intervention et des moyens de mener à bien sa mission, l’ÉPAD89 s’applique donc en 1958 à appliquer la Charte d’Athènes au quartier de La Défense, notamment par l’adoption de la séparation des circulations des piétons et automobiles comme nous avons pu le constater. En 1964, le premier plan masse est dessiné et choisi par l’ÉPAD pour le quartier d’affaires. 850 000 m2 de bureaux sont projetés de part et d’autre d’une « vaste esplanade »90. Des immeubles de tailles identiques sont projetés. Des immeubles des logements ainsi que des commerces se dessinent également sur ce territoire. Cette même année la Tour Initiale sera donc construite, basé sur le gabarit formulé par Robert Camelot et Crédit du tableau : Pierre Chabard et Virginie Jean de Mailly, soit une base de Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, 42m sur 24 avec une hauteur de atlas, Parenthèses, vol. 2 (Marseille : Paren100m91. Cette base servira pour thèses, 2012), p.42. toute la première génération de tours92. Parallèlement des travaux pour créer une voie de RER sont lancés pour encourager les personnes à se rendre dans les centres commerciaux dans ce quartier et développer ainsi son économie. 89. La structure administrative du quartier a évolué plusieurs fois au cours du temps. « Sa mission est d’aménager le site de la Défense pour le compte de l’État et des collectivités locales concernées ». (Source : Wikipédia, dernière mise a jour : 24 mars 2020, consultatin le 01/05/2020, https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tablissement_public_d%27am%C3%A9nagement_de_ la_D%C3%A9fense_Seine_Arche). Pour présenter ce corps administratif il faut remonter un peu dans le temps, plus précisément au 9 septembre 1958 avec la création de l’ÉPA. Il s’agit du premier Établissement Public d’Aménagement en France qui servira dix ans plus tard comme modèle d’établissement publics des villes nouvelles. Le 9 décembre 1958, l’ÉPA, devient alors l’ÉPAD et donc l’Établissement public pour l’Aménagement de la région dite de La Défense, cette appellation permet de définir la zone d’action de cette structure. Cette appellation change de nouveau le 15 juillet 2010 avec la fusion de l’ÉPAD (qui s’occupe uniquement du quartier de La Défense) et de l’ÉPASA (Établissement Public d’Aménagement de Seine-Arche, qui s’occupe de l’aménagement de Nanterre). Leur fusion donne alors naissance à l’ÉPADESA : Établissement Public d’Aménagement de la Défense SeineArche et vise à créer un projet cohérent sur le territoire du Grand Paris. En parallèle est créé en 2009 Defacto, l’Établissement Public de Gestion du quartier d’affaires de La Défense, qui a comme objectif « d’assurer les missions d’exploitation, de promotion et d’animation » (Source : Wikipédia, dernière mise à jour : le 5 novembre 2019, consultation le 01/05/2020, https:// fr.wikipedia.org/wiki/Defacto). du site afin que l’ÉPAD puisse se concentrer uniquement sur son rôle d’aménageur. Defacto est également le propriétaire des espaces publics du quartier. Une focale sur la création de l’ÉPAD et sur le plan initial se fera un peu plus tard dans le développement de cette deuxième partie du mémoire. 90. « Paris La Défense », consulté le 6 mai 2020, https://parisladefense.com/fr/decouvrir/histoire. 91. Simon Texier, Les Architectes de la Défense, Carré (Paris, 2011), p.30. 92. Il y en a six au total [Cf. tableau de l’annexe n°6]


La livraison de la première tour d’affaire se fait en 1966, il s’agit de la tour Initiale, aussi appelée la Tour Nobel. Elle a été conçue par l’architecte Jean de Mailly, co-auteur du plan masse de l’EPAD mais aussi architecte associé à la création du CNIT en 1958. Un an plus tard il est constaté que le plan masse a trouvés ses limites puisqu’il ne permet pas d’ouverture à la diversité architecturale, ce qui est censé permettre d’identifier les immeubles et leurs fonctions visuellement. Une gare SNCF est installée dans le quartier en 1968 pour encore mieux desservir et rendre plus accessible le quartier.

En 1972 la deuxième génération de tour arrive9 [Cf. tableaux en annexe n°7] tandis que l’esplanade prends forme, on y plante des arbres, des œuvres d’art sont installées pour « inscrire l’art dans la ville »95. L’année suivante une crise économique survient, la saturation du marché des bureaux fait place. La Défense est au plus bas avec plus de 600 000m2 de bureaux vacants… Par ailleurs de 1975 à 1977 aucune charge foncière ne sera cédée. L’ÉPAD est reprise en main par le Premier Ministre Raymond Barre à l’issue d’un comité Interministériel en 1978. 350 000m2 de bureaux supplémentaires sont ajoutés, un chantier de construction de l’autoroute A14 est lancé sous la dalle, des crédits pour améliorer l’environnement et le ministère de l’équipement viennent alors investir La Défense. La troisième génération de bureaux fait alors son apparition en se basant sur de nouvelles recherches d’économies d’énergie et d’exploitation. Nous observons une modernisation technologique des bureaux dans un but de les rendre plus confortables et plus vivables. La création du grand projet architectural « Tête Défense » est avancé en 1981 sous la présidence de François Mitterrand. Cette même année sera créé le Centre Commercial des Quatre Temps, alors le plus grand centre commercial d’Europe, qui ouvre ces portes avec quelques 100 000 m2 de commerces aux grandes enseignes avec son hypermarché. L’année suivante le concours international pour la Tête Défense est lancé.

87 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Deux ans plus tard « La France connaît une période de mutation économique profonde et de croissance accélérée. La tertiarisation de l’économie s’accentue »93. A ce même moment, le quartier bénéficie d’un atout majeur, le RER. L’aménageur comprend alors l’importance fondamentale des transports en commun liés entre Paris et La Défense et ne cessera dès lors, de les développer. Cette même année l’EPAD s’attèle à travailler sur un nouveau plan masse avec 1.5 million de m2 de bureaux pour améliorer l’équilibre financier de cet ensemble. Dans la Zone 2, six mille logements et 13 000 m2 de bureaux se profilent.


Parmi les 424 participants c’est Johan Otto Van Spreckelsen, en 1983, qui le remportera. Son Arche deviendra alors le symbole du quartier de La Défense. Cette période est également jugée comme l’âge d’or pour l’immobilier d’entreprise, ce qui mène au développement de grands projets. Ainsi de nouvelles fonctions voient le jour, des hôtels sont construits, le CNIT est réaménagé, de nouveaux lieux d’expositions et salons sont créés en parallèle. Le nombre d’emplois double sur cette période tandis qu’image du quartier évolue. L’animation culturelle du site est à son apogée avec ces nombreuses expositions, les évènements ponctuels comme la fête de la musique, ou encore des festivals accueillant alors un nouveau public. La Grande Arche est inaugurée le 14 juillet 1989 avec le sommet des Chefs d’État du G795.

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L’année suivante, le CNIT évolue et fait place à un centre de congrès. Nous observons une médiatisation de La Défense avec Jean-Michel Jarre. En parallèle une amélioration des transports s’effectue avec l’évolution de la ligne 1 du métro qui prendra fin en avril 1992. En 1992, la Défense subit les effets d’une nouvelle crise immobilière, cela n’empêche pas pour autant la création de nouvelles constructions. Pendant cette période l’EPAD vise à développer ses services pour s’améliorer auprès de ses utilisateurs. Le site est alors câblé, assurant des liaisons sécurisées et à très haut débit. Ceci mène alors à la création de nouveaux métiers et emplois dans le domaine de la technologie. En parallèle, un centre de tri spécifique est mis en place pour le service des transports. De nouvelles signalétiques seront également installées. La ligne Issy-La-Défense voit alors le jour. Dans la continuité Cœur Transport sera créée. Le marché de La Défense redémarre en 1997 et ne connaîtra alors plus de crise. L’année suivante, à l’approche du nouveau millénaire La Défense entre alors dans une période de mutations indispensables avec notamment la rénovation des immeubles les plus anciens. 1998 est également marqué par la première vente d’un espace constructible depuis six ans96. La rénovation de la grande halle de la station Grande Arche s’achève tandis qu’Unibail rachète le CNIT pour lui donner un nouveau souffle. En quête de redynamisation et d’expansion le centre commercial Les 4 Temps entame une ère d’importants travaux. Pour ce qui est de la voirie « Les travaux de transformation du circulaire en un boulevard urbain démarrent »97 également.

95. (USA, Royaume-Uni, RFA (Allemagne), Japon, Italie, Canada, France) 96. Il s’agit de la première cession d’un terrain depuis six ans avec une projection de création de nouvelles tours de bureau. La Défense est désormais prête à accueillir de nouvelles constructions hors normes, la crise est terminée et elle le montre par le relancement de nouveaux projets.


En 2005 une opération de renouveau urbain hors norme est lancée, c’est du jamais vu, en moins de deux ans l’opération sera exécutée. L’EPAD, à la demande de l’État, repense La Défense alors menacée d’obsolescence. Le plan est proposé en fin 2005. Mi 2006, Nicolas Sarkozy alors Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire adopte les grandes lignes de ce plan98. 1. En premier lieu, il est nécessaire de rénover les immeubles obsolètes. Cette action concerne une quinzaine de tours parmi les plus anciennes ayant subi la vague d’opération de démolition-reconstruction. 2. Dans un second temps, il s’agit de construire 300 000m2 de bureaux neufs en la faveur du réaménagement du boulevard Circulaire. Ces bureaux neufs ne doivent pas empiéter sur les espaces publics et continuer à respecter l’axe historique. Ici nous assistons à une mise en avant d’une nouvelle ambition architecturale.

4. Mise en avant de la nécessité de créer 100 000m2 de logements. 5. La transformation du boulevard Circulaire doit s’achever en un boulevard humain et paisible. 6. Le renforcement de la desserte du Quartier des Affaires est devenu une nouvelle priorité. Ceci permet alors de décongestionner la ligne A via le prolongement de la ligne E du RER (Éole), tout en améliorant sa liaison avec l’Ouest. Nous pouvons constater que l’attention se porte sur le lien entre La Défense à la Gare de l’Est-Aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. 7. Création de l’EPGD (Établissement Public de Gestion de La Défense) pour assurer la mission de gestion et d’exploitation du site. 8. L’animation commerciale et culturelle sont promus en dépit d’une attractivité touristique, commerciale et culturelle avérée. Le but est de faire de La Défense une « cité vivante » même en dehors des heures de bureau. De nouveaux lieux de vies, de nouveaux évènements, une culture qui ne cesse de s’accroître permet à La Défense d’être un lieu cohérent dont l’image ne cesse de se transformer. 9. La priorité est désormais donnée au développement durable qui est 97. Pierre Chabard et Virginie Picon-Lefèbvre, éd., La Défense : dictionnaire, atlas, Parenthèses, vol. 2 (Marseille : Parenthèses, 2012), p.50.

LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

3. La création de la tour Signal, nouveau monument marquant de l’histoire de La Défense fait alors son apparition pour répondre à cette ambition. Cette nouvelle tour est l’image d’une architecture créatrice, d’audace formelle et de modernité technologique. Il s’agit de la première tour mixte où vont cohabiter salariés, résidents, hôtellerie et commerces.

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appliqué dans le domaine des constructions nouvelles, dans la gestion des chantiers, dans l’amélioration du cadre de vie et de l’environnement des salariés, des habitants et des visiteurs. Le but est de montrer à quel point il s’agit d’un espace fortement marqué par son développement économique et ses convictions face au développement durable. 10. Et enfin, un nouvel axe de recherche est ouvert au sujet de l’équilibration du développement de la région Ile-de-France en vue de nouvelles opérations d’intérêt national.

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En 2007, dans le cadre du plan de renouveau, Nicolas Sarkozy a souhaité une nouvelle gouvernance pour le quartier d’affaires. Depuis cinquante ans l’ÉPAD assurait l’exploitation du quartier d’affaires et en assumait la charge financière. Cette nouvelle structure permet de séparer la gestion et l’aménagement du site. De ce fait nous assistons à la création de l’EPGD, qui assumera les missions de la gestion, de la promotion et de l’animation du quartier des affaires. Son financement est supporté en moitié par le Conseil Général des Hauts-de-Seine et d’autre part par les communs de Puteaux et de Courbevoie. Le 1er Janvier 2009 l’EPGD assume désormais l’entretien, la maintenance, l’exploitation, l’animation et la promotion du domaine public de La Défense. Projet d’amélioration de la qualité de vie en termes de sécurité, de propreté et d’agrément sur le site en multipliant ces services. L’EPGD devient Defacto en janvier 2010 tandis que l’EPAD fusionne en juillet 2010 avec l’EPASA (aménageur de la ZAC Seine-Arche à Nanterre) pour devenir l’EPADESA. En Octobre 2015, à l’occasion du Comité Interministériel de la Métropole du Grand Paris, Le Premier Ministre, Manuel Valls annonce la nécessité de reconstituer un pilotage unifié du quartier d’affaires pour renforcer son attractivité internationale et garantir son développement. C’est ainsi que le Premier Ministre a décidé de créer un établissement public local issu du rapprochement de l’EPADESA et de Defacto. Le 1er Janvier 2018 marque alors la naissance de Paris La Défense, réunissant les compétences d’aménagement et de gestion en vue de poursuivre l’évolution du quartier pour pouvoir rivaliser avec ses concurrents internationaux.


DÉTAIL DU PLAN D’URBANISME DE PARIS LA DÉFENSE APPROUVÉ EN 1956 Les grandes lignes de l’aménagement de La Défense ont été écrites comme il suit en 195699. L’État par le décret du 9 septembre 1958 va créer l’EPAD (Établissement Public pour l’Aménagement de la Défense), « puissance publique dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière » pour mener à bien toutes ces interventions à venir. Les premières grandes lignes d’aménagement du quartier sont les suivantes : Dans un premier temps, il est mis en avant cette nécessité de créer une voie directe entre le rond-point de la Défense et la forêt Saint-Germain. C’est ce que nous pouvons voir sur les photographies suivantes :

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Crédit photo : Lefigaro.fr, « Il y a 59 ans... le chantier de la Défense, « œuvre la plus marquante du siècle» », Le Figaro, 18 novembre 2016, http://immobilier.lefigaro.fr/article/il-y-a-59-ans-le-chantier-de-la-defense-oeuvre-la-plus-marquante-du-siecle-_e66e10ea-ad6a-11e6-a681-5cfa72a17503/.

99. Edouard Utudjian, Gaston Bardet, et Groupe d’études du centre urbain souterrain, Paris : éditeur scientifique, « Le Monde souterrain : urbanisme - architecture - construction - protection circulation technique - travaux souterrains - géologie », no 125 (juin 1967): p.290.


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Crédit photo : Nicolas Bonnell, « 1958 - Histoire de la Défense », Paris Unplugged, 26 mars 2012, https://www.paris-unplugged.fr/1958-histoire-de-la-defense/.

Vue en plan de l’aménagement décrit.

Crédit de l’image : Plan issu des Archives de Paris La Défense, obtention auprès de Monsieur Jean-Marc Lefèvre le 26 février 2020


S’en suit alors la volonté de créer une liaison ferroviaire souterraine entre le pont de Neuilly et le rond-point de la Défense. Cette liaison permet de laisser passer les rames de la SNCF. C’est ce qui constitue le point de départ du réseau express régional Est-Ouest parisien. Nous pouvons observer la voie de chemin de fer tout en bas de la photo ci-dessous. Le quai y est également visible.

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Centre national des industries et des techniques (CNIT) à Paris-La Défense. Vue aérienne à l’achèvement du chantier, 1958-1959. Nicolas Esquillan, directeur technique des établissements Boussiron ; Robert Camelot, Bernard Zehrfuss et Jean de Mailly, architectes. Crédit photo : Nicolas Nogue, « La reconstruction des ingénieurs 1942-1958 », Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, no 29 (1 mars 2014): 37-54, https://doi.org/10.4000/crau.448.


Le troisième point était celui de créer sur Courbevoie et Puteaux, entre le pont de Neuilly et la voie ferrée, un quartier d’affaires, de commerces et des habitations constituant un ensemble monumental, conçu de manière à présenter pour les usagers le maximum de facilités. Voici une photo de la première tour construite à La Défense, en 1966 : la Tour Initiale, appelée aussi la Tour Nobel, implantée sur le territoire de Puteaux.

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Crédits photos : « La tour Initiale dans le quartier de la Défense | JLL », JLLCommercialProperties, consulté le 30 avril 2020, https://immobilier.jll.fr/blog/article/la-tour-initiale-dans-le-quartier-de-la-defense-jll.


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L’avant dernière volonté était celle de créer de part et d’autre de la prolongation de l’axe futur, un vaste espace libre public (représenté ci-contre en rouge) susceptible de recevoir des manifestations temporaires ou permanentes. C’est ce qui deviendra plus tard la dalle de Paris La Défense.

Crédits photos : « Chantiers Coopératifs - L’aménagement de la zone 1 de la région de La Défense », Chantiers Coopératifs, no 1 (janvier 1961): p.19.

LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédits photos : « CNIT », photos d’archives, Paris La Défense


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Crédits photos : Archives de Paris La Défense, obtention auprès de Monsieur Jean-Marc Lefèvre, le 26 Février 2020.


LE CHANTIER DE LA DALLE – IMAGES D’ARCHIVES

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LA DALLE COMME ENSEMBLE ARCHITECTURAL COMPOSÉ D’UN DESSUS ET D’UN DESSOUS

Ci-contre un plan de l’ensemble de la surface couverte par la dalle

Crédit de l’image : Sous les jupes de la métropole, « La Défense – Géographie d’une dalle », sous les jupes de la métropole #2 (blog), 15 octobre 2013, https:// souslesjupesdelametropole. wordpress.com/2013/10/15/ladefense-geographie-dune-dalle/. 100. [Cf. Interview avec Jean-Marc Lefèvre en annexe n°5] Il est important de savoir que chaque morceaux construits de la dalle au cours du temps ont toujours eu une vocation piétonne. Prenons comme exemple la création du parvis devant le CNIT qui constitue une première étape de la construction de la dalle et qui dès le départ a été exclusivement conçue pour les déplacements piétons (une interdiction formelle sera écrite en 1999 pour forcer les usagers du site à respecter cette règle). Ce n’est qu’au 13 septembre 2015 que les déplacements en vélos et trottinette (électriques ou non) ont été autorisées sur l’ensemble de la dalle. 101. Sous les jupes de la Métropole, « La Défense – géographie d’une dalle », sous les jupes de la métropole #2 (blog), 15 octobre 2013, https://souslesjupesdelametropole.wordpress.com/2013/10/15/ la-defense-geographie-dune-dalle/. 102. Ville dans le sens où le quartier de La Défense est considéré comme un îlot qui fonctionne en toute autonomie par la présence d’espaces de travail, de logements, de lieux culturels et de commerces. 103. Utilisation du mot « socle » du fait de son absence de connexion et de lien au sol, problème que les aménageurs actuels cherchent à résoudre. La nécessité de lier le sol, aux rez-de-chaussée, aux entrées des immeubles est un problème de taille qui est actuellement en recherche de solutions. Le mot « socle » est donc utilisé pour signifier ce manque de connexion, qui donne l’impression que les immeubles sont juste « posés là ».

101 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

De 1959 à 1980, la dalle est se construit comme un ensemble d’éléments autonomes100, il s’agit d’une surface constituée d’assemblages de sols, de parvis mais aussi de parkings, d’espaces techniques, le tout lié à d’immenses tours dont la construction à nécessité une « quantité énorme de fouilles et de terrassements »101. Cette dalle peut être perçue de différentes manières… Il s’agit d’un sol artificiel, qui est vu et vécu comme une architecture puisqu’il s’agit d’un espace libre de déambulation dans la ville mais qui peut également être considéré comme un toit puisque sous ce « sol » se trouve un « bâtiment » complexe. De plus, pour pouvoir modifier ce sol il est nécessaire de faire appel à des architectes et des ingénieurs et des architectes, ce qui fait voir cette dalle comme un élément architectural à part entière, à la fois sol et à la fois toit, mais surtout élément complexe, en trois dimensions étendues sur un vaste espace. Cet espace fascine les architectes par son travail de l’épaisseur, l’intérêt de ce qu’on peut y trouver dessous comme dessus en raison de sa matérialité (fondations, flux, réseaux, locaux, espaces sous terrains à explorer notamment). Ce sol artificiel est également un élément organisateur, unitaire et unifiant de la ville102 : la dalle agit comme « socle »103 de sièges sociaux, de monuments, de bâtiments emblématiques, de différentes fonctionnalités qui marquent l’identité de La Défense.


Au-dessus du niveau du sol artificiel se trouve, un vaste parvis, des jardins, des tours de bureaux, des immeubles d’habitation, de commerces, des œuvres d’arts, un élément remarquable qu’est la Grande Arche… Tandis que le dessous de la dalle se compose essentiellement d’espaces résiduels104 [Cf. disque en annexe n°4 et interview avec Jean-Marc Lefèvre en annexe n°5], de parkings, d’espaces de stockage. Nous y retrouvons également des galeries techniques, ce qu’on appelle « La Cathédrale » et qui abrite des œuvres d’arts, le métro, le RER, un atelier (tenu par un concepteur d’instruments de musique), des espaces piétons, des bassins.

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Nous pouvons observer ici ce qui ce trouve sur la dalle et sous la dalle au niveau du hall des transports. Il s’agit d’une mise en avant d’une vie souterraine qui semble presque plus active qu’en surface en dépit des nombreux espaces résiduels évoqués précédemment. Ces images illustrent parfaitement la vie sous la dalle…

Crédit photo : Sous les jupes de la métropole, « La Défense – Géographie d’une dalle », sous les jupes de la métropole #2 (blog), 15 octobre 2013, https://souslesjupesdelametropole.wordpress.com/2013/10/15/premieres-explorations/. 104. Interview avec Jean Marc Lefèvre, 26 Février 2020


Après constatation de cette effervescence constante autour de cette dalle, cette multiplicité de modes de transport, voici un travail mené en 2013 par des étudiants105 qui vise à représenter à trois endroits différents les vues depuis le site sur et sous la dalle pour exprimer la densité de personnes présentes sur la place, l’origine de la lumière (naturelle ou non), si la lumière y est vive ou non et enfin quels types de transport nous y trouvons.

103 LE QUARTIER DE LA DÉFENSE À PARIS

Crédit de l’image : Sous les jupes de la métropole, « La Défense – Géographie d’une dalle », sous les jupes de la métropole #2 (blog), 15 octobre 2013, https://souslesjupesdelametropole.wordpress. com/2013/10/20/carotte-defense/.

105. Biasse Laura, Bougon Margaux, Bovenzi Giada, Brault Noémie, Freudiger Charles, Giraux Aude, Goffin Pauline, Grosset-Brune Anne, Gueunec Niels, Jousset Caroline, Lengereau Paul, Levrier Bernard, Remery Audrey, Richard Carole, Schmiel Maud, Tham Linh, Toudic Manou, Van de Wyngaert Perle


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CONCLUSION


1.1 COMMENT LE QUARTIER DE LA DÉFENSE A-T-IL ÉTÉ PERÇU LORS DE SA CRÉATION ?

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Dès ses premières années le quartier a essuyé de nombreuses critiques, principalement liées au fait qu’il n’arrêtait pas de se modifier, cet espace étant longtemps perçu comme un vaste champ d’expérimentations pour l’industrie de la construction, mais aussi comme un territoire en chantier permanent. Lors de ma visite aux archives j’ai interrogé Monsieur Lefèvre [Cf. interview avec Jean-Marc Lefèvre en annexe n°5] sur cette question, il m’a répondu que cette sensation de chantier permanent avait été ressentie durant vingt, voire même trente ans. Les chantiers autour des tours, l’arrivée du RER, l’absence de boutiques les premiers temps, les nuisances sonores, la poussière présente sur le site, l’absence de transport jusqu’en 1972/1973 avaient fait de ce quartier un lieu qu’on voulait éviter. Personne ne souhaitait travailler ici, alors qu’aujourd’hui c’est tout l’inverse… Lorsque Jean Marc Lefèvre a été muté à La Défense il dit en avoir été un peu troublé au départ. Mais aujourd’hui il aime ce quartier, pour lui « La Défense c’est magique. Personnellement j’aurai du mal à travailler ailleurs et je ne pense pas être le seul, si on fait abstraction du problème des transports car il y a de plus en plus de monde à la défense ». Cependant, il m’a très justement expliqué que pour certains employés il a été difficile de venir travailler sur cette « île », qu’ils y voyaient une sorte de « punition », puisque de « passer des bureaux haussmanniens aux bureaux de La Défense, dans des tours avec les fenêtres qui ne s’ouvrent pas, les climatiseurs, c’était souvent vécu comme une mauvaise grosse claque. Cela induirait une nouvelle façon de vivre, de travailler et c’était très difficilement accepté ».


QUARTIER ? Aujourd’hui La Défense est vue comme un quartier social106, à la pointe de la technologie bureautique, un espace vivant, très fréquenté où il est agréable de se rendre pour visiter, faire les boutiques ou venir y manger. Monsieur Lefèvre m’a très justement souligné qu’aujourd’hui « le ressenti est plus positif pour les travailleurs, on vit dans les tours et on trouve logique de travailler sur un plateau. La politique de dalle a installé une qualité de vie phénoménale. En été c’est un lieu où les personnes se plaisent, elles mangent dehors sur les marches de la Grande Arche, jouent aux boules. La séparation piétons/voiture est très appréciée, ça permet à tout le monde de marcher dehors sans se soucier de potentiels dangers environnants, il y a de la végétation partout, plein de choses à voir, à visiter ». Aujourd’hui ce lieu semble enchanter ces usagers en dépit d’un manque d’infrastructures de transport constatée aux heures de pointes. Ce problème sera résolu d’ici quinze ou vingt ans à l’aide du développement de nouvelles infrastructures.

106. Quartier social est un terme utilisé pour définir ici un territoire favorisant la mixité sociale, enjeu contemporain de la politique urbaine. Il désigne ici un ensemble d’activités diverses et la présence d’une population mixte. Cette expression entre en résonnance avec la notion d’« Hyperlieux » développée par Michel Lussault. Ces « hyper-lieux » étant une vision du « nouveau monde » qui met en avant une toute nouvelle conception de la mondialisation. Cette dernière est définie par Michel Lussault comme un « nouveau mode de spatialisation des sociétés humaines, fondé sur l’urbanisation, tout à la fois mondialisée et mondialisante ». Dans le cas du quartier de La Défense, cette question de la « mondialisation des lieux » correspond parfaitement à la description faite par Michel Lussault qui est la suivante : « Mais certains lieux sont singuliers, (…) plus connectés aux multiples réseaux, disent le pire et le meilleur de l’époque, sont des points d’ancrage individuels et collectifs, haltes et tremplins à la fois. ». Cette définition donne sens à ce que j’appelle ici « quartiers sociaux » (Les hyper-lieux de Michel Lussault, Académie de Paris, rubrique Histoire – Géographie Enseignement moral et civique, dernière modification le 2 Septembre 2017, https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_1563647/-les-hyperlieux-de-michel-lussault)

CONCLUSION

Pour revenir sur le cas particulier du patrimoine sur dalle je me suis finalement demandée si elle répondait aux enjeux urbains contemporains. Ayant découvert ce lieu que lors de ma visite à Paris en Février 2020, j’ai de nouveau questionné Jean-Marc Lefèvre qui m’a répondu la chose suivante : « Le vélo devient de plus en plus important. Il y a trois ans on n’avait pas le droit de circuler à vélo sur la dalle, mais maintenant si et c’est actuel. Les modes de déplacement doux, la végétalisation, ça fonctionne très bien, c’est moderne, ce sont les dernières modifications. À long terme, la ligne 15 doit encore se développer, la nouvelle gare « Éole » doit aussi arriver prochainement sous le CNIT depuis Saint Lazare ». Face à cette réponse j’ai alors compris que le sujet du développement des transports en commun, de la rapidité d’accès au site, et du développement des modes de déplacements doux était au centre des perspectives d’évolution du quartier. En effet, ce site est de plus en plus fréquenté, il s’agit du premier quartier d’affaires Européen et l’accès au site doit être simple, rapide, sécuritaire et agréable. Le lieu doit être dynamique, donner envie, éblouir et marquer la force économique de notre capitale. J’ai alors cherché à savoir quel était l’avenir de cette dalle, qui est finalement l’élément central sans lequel le quartier de La Défense aurait

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un tout autre visage. J’ai appris après de nombreuses lectures que les objectifs liés à cette dalle sont liés à ce qu’on appelle des critères d’obsolescence [Cf. schéma en annexe n°6]. Ces critères définissent si une construction, quelle qu’en soit la nature répond encore à nos enjeux actuels de développement et si elle est toujours apte à évoluer en ce sens. La dalle est obsolète du point de vue technique, avec l’entretient complexe de son enveloppe. C’est par ailleurs ce qui induit des problèmes économiques puisque pour l’entretenir (du point de vue fonctionnel et des rénovations) elle demande beaucoup de connaissances, de matériel. Cependant il n’est pas prévu de détruire la dalle pour autant, puisque d’une part, sa destruction coûterait beaucoup trop cher et puisque, d’autre part, elle répond encore aux critères architecturaux contemporains, réglementaires, sociologiques et territoriaux. C’est pour cela que l’espace de la dalle ne cesse d’évoluer sans être détruit. Pour l’avenir il est projeté de végétaliser encore plus ce sol, de rendre l’espace plus vivant en favorisant le contact, en faisant vivre le quartier de jour comme de nuit avec des nombreuses animations. Il est prévu d’investir différemment le dessous de la dalle et notamment ces espaces résiduels par la création de nouveaux commerces et de galeries d’art. Des travaux au niveaux des tunnels, l’entretien des réseaux souterrains, la reprise de certaines voiries sont également au programme, lors de jours meilleurs en raison d’un investissement qui se chiffrerait probablement en millions d’euros.


1.3 QUEL AVENIR POUR LA DALLE DE LA DÉFENSE ? En dépit de cette volonté de faire de La Défense un empilement de fonction bien réparties entre les automobilistes, les transports en commun, les parkings, les piétons et autres équipements l’ÉPAD a généré malgré lui des conflits d’usages et près de 20 000m2 d’espaces sont inexploités aujourd’hui. De ces espaces perdus, le plus grand et le plus connu de tous est celui de la « Cathédrale », qui se trouve sous la partie centrale de l’esplanade. Mais comme cette « Cathédrale », de nombreux autres espaces restent vides et n’ont qu’une seule fonction : celle de structure porteuse de la dalle.

109 CONCLUSION

Crédit photo : La Cathédrale, Défense 92, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-vaenfin-donner-la-vie-a-ses-espaces-caches-sous-la-dalle-64719

Ce n’est que depuis 2018 que ces espaces ont été envisagés comme lieux à potentiel constructif. Ce potentiel est mis à jour par Patrick Devedjian, lors de la création de l’EPGD. Il dira qu’il existe « un potentiel de foncier inexploité sous la dalle, il faut en faire quelques chose »107. Un dialogue compétitif est lancé en février 2019 pour transformer ces espaces résiduels dans le but de connecter le dessous au-dessus de la dalle. L’objectif est de rendre ces espaces ludiques avec pour base des espaces hétérogènes, aux dimensions titanesques et aux géométries surprenantes. L’équipe qui remportera ce concours sera celle de l’agence Baukunst, avec le groupe « Greisch pour l’ingénierie structure, Setec pour l’ingénierie bâtiment, Attitudes Urbaines pour la programmation et AWP pour l’urbanisme »108.

107. « La Défense va enfin donner la vie à ses espaces cachés sous la dalle », Defense-92.fr (blog), 7 mai 2020, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-va-enfin-donner-la-vie-a-ses-espacescaches-sous-la-dalle-64719. 108. « La Défense va enfin donner la vie à ses espaces cachés sous la dalle », Defense-92.fr (blog), 7 mai 2020, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-va-enfin-donner-la-vie-a-ses-espacescaches-sous-la-dalle-64719.


L’EXISTANT ET CES PROJECTIONS SPATIALES Les espaces qui seront investis sont nommés comme il suit : « La Cathédrale », « Les bassins », « L’atelier », « la FNAC » et « Le Plateau », deux d’entre eux sont par ailleurs déjà occupés.

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Crédit photo : Espaces sous dalle – Defense-92.fr - https://defense-92.fr/amenagement-urbain/ladefense-va-enfin-donner-la-vie-a-ses-espaces-caches-sous-la-dalle-64719

Sur l’axonométrie en rouge nous pouvons voir le volume qui correspond à celui de « l’atelier », où se trouve actuellement Raymond Moretti, qui lors de la construction de La Défense avait été chassé de son atelier. L’espace jugé inutile lui a été laissé pour qu’il y continue ces œuvres d’art. Le volume gris correspond à celui de « la FNAC », qui correspond à l’acronyme suivant : Fonds National d’Art Contemporain appartenant au Centre National des Arts Plastiques. Il s’agit d’un espace de stockage de peintures, photos, dessins qu’on retrouve au ministère. Cet espace propose un volume de 4500m2. Cet espace sera récupéré d’ici 2023 par Paris La Défense pour être réinvestis dans le nouveau projet.

Crédit photo : Les réserves du Cnap – Defense-92.fr / Cnap / Adagp, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-va-enfin-donner-la-vie-a-ses-espaces-caches-sous-la-dalle-64719


« La cathédrale », en violet est un espace de 5000m2, donne sur un second volume, qui s’appelle « La Crypte », il est visible en vert. Sa hauteur atteint parfois les dix mètres. La Cathédrale sera dans un premier temps dédié à des interventions artistiques temporaires. En turquoise on retrouve « les bassins », un espace de 4600 m2, lui aussi connecté avec « La Cathédrale ». A la place sera installé une arcade de verre servant à plonger dans la lumière la future promenade qui prendra place dans ce souterrain. Et enfin « Le Plateau » en jaune, qui était à l’origine un parking, puis une boutique jusqu’en 2000. Par la suite cet espace a accueilli l’exposition éphémère des « Avengers ». Dans le projet futur cet espace deviendra un restaurant dans le cadre d’un projet109 indépendant de celui présenté précédemment.

111 CONCLUSION

109. Projet Table Square : un projet de restaurant de chefs étoilés


LE PROJET DE LA PROMENADE ET DE L’ANNEAU Enfin sera aménagé sous la dalle des espaces publics, ainsi qu’une promenade sous dalle. Cette dernière commencerait au niveau de la « Place Basse » prendrait fin au niveau du « Cœur Transports », la grande gare du RER.

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Crédit photo : La Place Basse, Paris La Défense, https://parisladefense.com/fr/decouvrir/espacesverts/place-basse

Crédit photo : Cœur Transport, Gemo-Paris, http://www.gemo-paris.com/portfolios/coeur-transport-la-defense/


Ce cheminement réemploie un ancien trajet réalisé dans les années 90 servant alors à relier la gare à la tour Ariane. Le nouveau projet dessiné propose une promenade, qui, dans un second temps, sera agrémentée d’aménagements dont la programmatique reste encore à définir. Ces derniers seront orientés vers des équipements sportifs, culturels, des commerces ainsi que des restaurants.

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Ce projet propose d’ouvrir la dalle, de laisser entrer la lumière sous ce sol artificiel à l’aide d’un anneau qui semble flotter. Cet anneau se composera d’escaliers, d’escalators et d’ascenseur qui seront directement reliés à « la Cathédrale ».

Crédit photo : L’anneau viendra s’insérer entre la place de La Défense et la Fontaine Agam – Baukunst, Défense-92, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-va-enfin-donner-la-viea-ses-espaces-caches-sous-la-dalle-64719

CONCLUSION

Crédit photo : La vue axonométrique du projet dans son ensemble – Baukunst, Défense-92, https://defense-92.fr/amenagement-urbain/la-defense-va-enfin-donner-la-vie-a-ses-espaces-caches-sousla-dalle-64719


Le permis de construire de ce projet sera déposé entre juillet et début septembre 2020. L’appel d’offres des travaux sera lancé fin 2020. D’après les propos de Nicolas Andreatta, directeur du développement chez Paris La Défense, les travaux commenceraient alors d’ici fin 2021110. L’objectif de cet anneau est celui de « devenir un marqueur en surface très fort pour indiquer à tout le monde qu’il se passe quelque chose, en dessous » - Marie-Célie Guillaume

Cet anneau sera alors l’indicateur d’un nouveau monde, d’une nouvelle vie et d’un renouveau de la dalle de La Défense. Ainsi cette vaste esplanade montre sa capacité actuelle à évoluer, à s’adapter, à résister au temps, aux changements, tout en répondant à de nouveaux enjeux.

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110. Projet Table Square : un projet de restaurant de chefs étoilés


115 CONCLUSION


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BIBLIOGRAPHIE


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125 BIBLIOGRAPHIE


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ANNEXES


ANNEXE N°1 Coupe de la Place de la concorde jusqu’aux carrières-sur-Seine. N CARRIÈRES-SUR-SEINE

NANTERRE

NEUILLY-SUR-SEINE Pont de Neuilly

Ile Fleurie

150m 100m

Palais des Congrès

Arc de Triomphe

A14

50m

A14

A86

D131

N13

N1013

D7

D1

Périphérique

Crédit de la coupe : Atlas de paysages et projets urbains des Hauts-de-Seine, La Défense, dernière modification du blog le 23 juin 2015, consulté le 3 octobre 2019, http://www.paysages.hauts-deseine.developpement-durable.gouv.fr/la-defense-a118.html http://www.paysages.hauts-de-seine.developpement-durable.gouv.fr/la-defense-a118.html

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ANNEXE N°2 Tableau des parkings

PARIS Place de la Concorde


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2010

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Style International Brutalisme Modernisme Mid Century Mouvement métaboliste

Post-Modernisme High-Tech Déconstructivisme

Concours pour Tête Défense

Concours pour un carrefour de la communication (La Grande Arche)

Concours Triangle de la folie

Lancement du concours Mission Grand Axe

Concours Seine Arche pour les terrasses

Patrick Devedjian

Concours pour la tour Phare

2 500 000 m2 2 000 000 m2 1 500 000 m2 1 000 000 m2 500 000 m2

Invention de la dalle

Le Plan à l’épreuve

Boom immobilier

Crise et critiques

Redémarrage

Après l’Arche

5 Novembre 2010 Noueau périmètre OIN La Défense-Seine Arche

2 Juillet 2010 Décret créant l’Épadesa

Permis de construire pour la tour Phare

Évolution de la surface de bureaux à La Défense en m2

Débuts du projet

Jean Marc Michel Joëlle Ceccaldi-Raynaud Philippe Chaix

Nicolas Sarkozy Création de l’Espadésa

Juin 2008 Rapport Lelarge

Nicolas Sarkozy Jacques Gautier Bernard Bled

Création de Defacto

Jacques Chirac

Michel Gerin

27 Octobre 2006 Décret prolongeant les missions de l’Épad jusqu’en 2010

André Barilari

25 Juillet 2006 Annonce d’un «plan de renouveau» (2007-2013)

Rapport Ricono

Novembre 1996 Mise en service de l’A14

Christian Bouvier

19 Décembre 2000 Création de l’Épasa et arrêté définissant le périmètre OIN

Charles Ceccaldi-Raynaud

29 Décembre 1992 Prolongation de la mission de l’Épad jusqu’au 31 Décembre 2007

François Mitterrand

Pierre Mayet Alain M augard 1er Août 1990 Discours de Michel Delebarre, Ministre de l’Équipement, annonçant le prolongement de l’opération sur la zone B

Charles Ceccaldi-Raynaud Gérard de Senneville

1990 Création du Service Culturel de l’Épad

2 Mars 1981 Inauguration du centre commercial des Quatre-Temps

16 Octobre 1978 Annonce par le Premier Ministre Raymond Barré d’un projet de relance de l’opération

Valéry Giscard D’Estaing

Joseph Belmont Jacques Deschamps

Jean-Paul Lacaze

24 Février 1988 Prolongation de la mission de l’Épad jusqu’au 31 Décembre 1992

Pierre Consigny

Végétalisation de la place basse

SQDRIF

30 Décembre 1983 Création du périmètre OIN de La Défense

Pierre-Louis Filippi

Tour First ‘rénovation)

Tour GDF-SUEZ

Parc du Chemin de l’île

Tour EDF

Square des Corolles

Musée Guggenheim Bilbao, F. O. Gehry

BANLIEUE 89

Novembre 1972 Adopition du plan de masse révisé

1er Septembre 1972 Critique des tours de Valéry Giscard D’Estaing

1972 Polémique sur la tour GAN dans la perspective de l’Étoile

Février 1970 Transformation de la zone A en ZAC

Georges Pompidou 1970 Inauguration de la ligne RER Étoile-La Défense

Charles de Gaulle

Jean Millier Jean Millier

Parc Diderot

La Grande Arche

Parc André-Malraux

Tour les Quatre Temps

Pyramide du Louvre, I. M Pei

SDAURIF

Georges Hutin André Prothin

2 Décembre 1964 Approbation du plan de masse par le ministr de la Construction

20 Octobre 1956 Approbation du plan direceur par décret

Pierre Josse

9 Septembre 1958 Création de l’Épad (durée de 30ans)

René Coty

Évolution du PIB en € constant Concours et permis de construire Institutionnel de La Défense

Vincent Auriol

Président ÉPAD Directeur général ÉPAD

SDAU

Fin de la guerre d’Algérie

Construction du Centre Georges-Pompidou

Tour Areva

CNIT

PADOG

Les 30 Glorieuses

Construction de la tour Montparnasse

Parc André Malraux

Dissolution du CIAM

Tour Initiale

Unité d’habitation de Marseille, Le Corbusier

Tour de la Société Générale

CONSULTATION INTERNATIONALE LE GRAND PARI(S)

Jardin des Reflets

Architecture Contemporaine

Résidence Bellini

Principales constructions de La Défense

Groupe de Memphis

Espaces verts

Les grandes étapes d’aménagement de la région parisionne

Expressionnisme structurel

Présidents de la République Française

2020

129 ANNEXES

13

Tour D2

51

1960

Tour Majunga

1950

Tour Carpe Diem

ANNEXE N°3 Frise chronoligque des grandes étapes de la construction du quartier de La Défense

Plan de renouveau

Patrick Jarry Hugues Parant

François Hollande

Patrick Devedjian Marie Cécile Guillaume

Emmanuel Macron


ANNEXE N°4 Disques des espaces résiduels

Conduits de ventilation

Qualités Dimensions réduites, espaces étroits, de nombreux couloirs

Distribution de l’eau

Sorties de secours

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Espaces Techniques Espaces Résiduels Réseaux et galeries techniques Espaces sans programmes qui permettent à l’ensemble de apparents, erreurs de conception, fonctionner espaces inexploitables Espaces vides résiduels Espaces Fonctionnels Espaces Abandonnés Espaces surdimmensionnés, Ne répondent pas ou plus aux souvent superflus besoins, projets avortés, supperposition des programmes qui rend ces espaces obsolètes

Non utilisé

Qualités Grandes dimensions, hauteur sous plafond parfois importantes, absence de lumière naturelle

Pièces vides

Espaces désaffectés

Voies de livraison

Parking «La cathédrale»

Crédit du disque : Adaptation du travail des étudiants du blog «Sous les jupes de la métropole», https://souslesjupesdelametropole.wordpress.com/2013/10/23/espaces-vides/


ANNEXE N°5 Interview avec Jean-Marc Lefèvre

Partie individuelle : Vous êtes chargé de mission archives et patrimoine, au service de direction de la transformation digitale de Paris La Défense, en quoi consiste exactement votre travail ? Depuis combien d’années exercez-vous ce poste ? Je suis rentré à l’EPAD en 1991. Archiviste de formation, j’ai eu en charge la mise en place du service d’archives de l’Établissement public. Je suis resté responsable du service archives jusqu’en 2018. Je suis actuellement « chargé de mission archives et patrimoine » chez Paris La Défense : archiviste, responsable des bibliothèques et du fonds maquettes et en quelque sorte « dépositaire » de la mémoire de l’ex- EPAD. Je réalise également des visites du site.

Quelles sont selon vous les points forts et les points faibles de ce patrimoine sur dalle ? Quelles solutions sont envisageables pour le faire évoluer ? Ses points forts et ses points faibles sont ceux de l’urbanisme de dalle : la possibilité d’arpenter le site sans gêne automobile, une vraie qualité de vie (on pourrait parler de « vie de village » l’été, une richesse artistique, et en négatif une gestion complexe du site, l’obligation de sans cesse se renouveler, la difficulté de gérer l’invisible : les réseaux, les voiries souterraines Au-delà l’aspect professionnel, avez-vous d’autres activités dans le quartier ? Quelle est de manière personnelle votre perception du lieu ? Je peux simplement souligner mon amour pour le site, je le perçois comme une composante de ma vie personnelle puisque je le pratique depuis 30 années. J’admire le travail qui a été fait, l’énergie qu’il a fallu produire pour faire vivre un projet auquel peu de gens croyaient à l’époque. Je n’en garde pas moins un regard critique, rien n’est parfait et beaucoup de choses restent à améliorer sur le site. Enfin si un mot devait définir ce lieu, ce serait lequel ? Pas mal du tout !

131 ANNEXES

De cette expérience, pouvez-vous me dire quel regard aujourd’hui vous portez sur l’ensemble du quartier ? Comment l’entrevoyez-vous dans l’avenir ? Cette expérience de presque trente années me permet de porter un regard tout à la fois admiratif et réaliste sur cette opération. Admiratif pour cette audace initiale, la capacité des pères fondateurs de La Défense à dépasser les oppositions et résoudre les problèmes (il a fallu tout créer), le plaisir de voir ce chantier permanent qu’est La Défense, preuve qu’elle est capable de se renouveler. Critique et réaliste de part justement cette remise en question permanente, cette obligation de « fuite en avant « nécessitée par une remise en question permanente, les choix pas toujours heureux d’aménagements actuels (des tours remarquables, des tours sans intérêt). Nous subissons également, il ne faut pas l’oublier, les inconvénients inhérents aux choix initiaux : la complexité de la gestion du site, la gestion des voiries, les coûts d’entretiens énormes.


Canevas de questions précisant mes recherches : L’urbanisme sur dalle dans la capitale, c’est arrivé quand ? Et pourquoi ? Une histoire d’architectes qui imposent leurs points de vue et qui décident d’eux même de faire des dalles. Une dalle un peu en pente, des paliers avec à chaque fois en dessous des espaces résiduels (dizaine de milliers de m2) qui sont actuellement étude et qu’on va probablement enfin utiliser. Il peut y avoir jusqu’à 7 niveaux sous la dalle. Au niveau de la grande Arche et les Quatre Temps, grand volume disponible pour l’arrivée de la ligne de métro 15. Volumes pas forcément référencés dans les archives et qu’on a conservé pendant des années jusqu’à ce qu’on ait la technique pour les emménager et aujourd’hui on l’a. Au niveau de l’Atelier de Moretti, il y a un volume utilisable. CNAC aussi grand volume disponible pour être réinvesti. Ce qui est compliqué c’est qu’il faut ouvrir la dalle. Le problème c’est qu’on est du précontraint donc ce n’est pas chose aisée.

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Quelle est l’origine d’un tel projet ? Dalle : confrontation architectes et conseil du ponts et chaussées avec l’idée qu’on conserve ce qui est réseaux mais on offre quelque chose de révolutionnaire en France à l’époque. La possibilité de séparer les piétons des véhicules. Qui en sont les principaux acteurs ? Robert Auzelle - Henry Bernard - Robert Camelot - Pei et Cossutta - Joseph Belmont - Jean de Mailly - Jacques Kalisz - Henri Ciriani - Henry Pottier Les architectes conseils choisis par le Ministère de l’équipement (appelé la reconstruction à l’époque) qui ont mené les premières grandes opérations. Pourquoi implanter ici un quartier d’affaires ? C’est une évidence. On est hors de Paris, années 60 : boom économique. Soit-on détruit la moitié de Paris et on fait des tours, soit on garde Paris intra-muros et on fait ailleurs. La Zone de La Défense est l’idéal car c’était des petits habitats assez précaires, un peu de bidonvilles… À l’époque on a réussi à faire 30 000 expropriations, ce qui aujourd’hui est impossible. Les premiers projets datent vraiment des années 30, exemple du plan Prost. Exposition universelle, 1958, CNIT. CNIT antérieur à l’aménagement de l’EPAD. CNIT inauguré quelques jours avant que l’EPAD ne soit créé par décret. Il n’a jamais fait parti du périmètre de l’EPAD. Proximité de Paris. Possibilité d’expropriation, beau terrain de jeu, possibilité de créer des infrastructures conséquentes. Emplacement idéal. Pourquoi avoir voulu au départ mettre un terme à l’axe historique puis ensuite être revenus sur cette décision ? Idée d’Aillaud. Couper l’axe historique, qui ne sert à rien pour. La Défense est finie pour lui. Son bâtiment était majestueusement le dernier de la lignée, comme la cerise sur le gâteau. Projet balayé, donc la Grande Arche est arrivée comme suite du Grand Axe, on y revient au final. Maintenant on perd à nouveau ce lien. a cause du grignotage de mètre carrés


Est-ce un évènement important pour ce quartier ? Oui, car l’affaire aurait pu s’arrêter là : on aurait pu dire que La Défense c’est juste la poire et puis voilà après c’est autre chose. Le fait de rouvrir, de continuer l’axe ça permet d’aménager le zone B (Nanterre) en sachant qu’au départ dans le projet il y a même une zone C (qui allait jusqu’à après Montesson, après la Seine), très vite abandonné au final. La zone B étant une zone un peu en attente, qui n’a pas suivi le même traitement que les autres zones, sachant que la c’était vraiment précaire, il y avait tous les grands bidonvilles de Nanterre, l’autoroute qui traversait. Il existe toujours une coupure entre la zone B et le quartier d’affaires. La Défense est placé en majorité sur le territoire de Courbevoie, il y a à peu près 20 000 habitants, d’anciens étudiants ayant étudié l’aspect du logement ont recueilli des interviews où les habitants avaient tendance à dire qu’ils ne se sentaient pas de Courbevoie ou du Puteaux, mais ils sont à La Défense, ils se sentent isolés par rapport aux villes dont ils dépendent, ils ont aussi cette impression renforcée par le circulaire, cette coupure organisée par la voirie. Demande depuis des années de rouvrir La Défense sur les villes. On recrée des passerelles, on essaye de se connecter, de casse cet espace d’ile. Dans les études sociologiques, une étudiante avait demandé aux interviewés de dessiner leur environnement et ils dessinaient tous une île, un peu à part.

L’axe triomphal est venu qu’après coup. Prolongement de cet axe : projet Aillaud. Aillaud : propose un bâtiment qui ferme la perspective en disant que ça suffit, ça ne sert à rien le Grand Axe. Crise de 1974. On demande à Aillaud de revoir son projet à la baisse, ça s’appelait

ANNEXES

Du point de vue hygiéniste, quel a été son rôle ? Charte d’Athènes 1958 : EPAD : mission : exproprier, aménager, commercialiser l’espace de La Défense. Premier projet : pas question de dalle, ensemble de bâtiments relativement bas, tous identiques avec grande avenue en son centre. Grande avenue : mainmise sur tout ce qui est voirie dans le projet et pas l’architecture. Lutte entre le conseil des ponts et chaussé et les architectes. La voirie c’est le summum des années 60, c’est l’époque tout voiture, faut aller vite. Plus y a de voitures et mieux on se porte. Dans les premiers projets : pas question d’avoir une dalle. Au niveau de la direction de l’EPAD ils sont contre l’idée de couvrir l’espace où se situe la dalle actuelle. Un jour le directeur part à l’étranger, quand il revient les architectes ont pris la main sur le projet. Ils étaient alors partis sur l’idée qu’il fallait des passerelles entre les immeubles pour éviter d’être tout le temps à traverser entre les voitures et finalement ça s’est transformé en dalle. Il n’y a pas un projet global au départ. Ça explique la complexité des archives. La dalle c’est des chantiers mis bout à bout. Le continuum est dans le projet. L’avantage retiré de construire une dalle, c’est donc de construire l’immeuble sur une dalle, donc l’avantage c’est que ça dégage, ça cache le bruit mais surtout ça permet de part et d’autre de faire des parkings en sous-sol, sous les immeubles. En sachant que la quasi-totalité du projet de La Défense c’est bâti sur la location des parkings. L’EPAD, reste propriétaire de tout ce qui est voiries, réseaux, sous-sol. Si vous êtes promoteurs et que vous venez à La Défense on vous vend du vent, un volume, on construit dedans, autour, mais tout ce qui est en dessous, c’est pas à vous.

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Les Miroirs et finalement Pei arrive. Tête Défense, 70 avec le projet Le Diapason de Pei. Lui il entrouvre l’œuvre, nouvel espace qui se recréer comme ça. Après on a toujours fait en sorte de protéger cet axe historique et de rester ouvert dessus. Aujourd’hui il y a eu des constructions et l’axe historique est de plus en plus réduit. En 3/4 ans il a légèrement disparu de la vue à cause des hauteurs et du grignotage de m2 disponibles. Pour voir l’Axe de Triomphe il faut être pile au milieu. Quelles ont été les premières lignes directrices d’un tel projet ? Le décret de 1956 / 1958 / 1969 etc. pour poser juridiquement le projet. C’est l’aménageur qui a tout créé, même le juridique (propriétés privés/public, ils ont tout créé). Comment s’est organisée la construction de la Dalle ? Qui est son concepteur ? Son maître d’œuvre ? Plusieurs concepteurs. Pas une construction linéaire.

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Comment le projet a été reçu à l’époque ? Qu’est ce qui a, de manière chronologique, plu ou déplu dans ce projet ? Très négativement dès le début. Chantier permanent. Pendant 20 / 30 ans. Constructions des tours (de 10 à 70), arrivée du RER, pas de boutiques, zone d’expérimentation, chantier énorme, nuisances sonores, poussières, pas de transport (métro qui s’arrêtait à Neuilly, de vagues bus, RER en 72/73). Aspect personnel : passer de quartiers haussmanniens aux bureaux de La Défense, dans des tours avec les fenêtres qui ne s’ouvrent pas, les climatiseurs, grosse claque pas toujours bien vécue. Nouvelle façon de vivre, de travailler. Très difficilement accepté. Qu’est ce qui fonctionnait ou pas ? Quels moyens, au fil du temps, ont été mis en place pour remédier à ces dysfonctionnements ? Y a eu pas mal de péripéties, le projet de référence de La Défense a failli capoter à plusieurs reprises, pour des raisons économiques, techniques. Y a eu des grands plans sociaux avec l’établissement, en 75 : changement de gouvernement, Valéry Giscard D’estaing, la seule chose qu’il voyait c’est que quand il était à l’arc de Triomphe c’est les tours qui dépassaient. Ce qu’il y a eu c’est la polémique des tours, c’est à dire qu’il a exigé que les tours de La Défense soient moins haute, de 100m on passait à des tours de 50m, il ne fallait pas que ça dépasse de l’arc de Triomphe. C’était la mort économique du projet. Les tours pour qu’elles existent ils faut qu’elles aient un intérêt économique, quand on les construit il faut qu’elles rapportent sinon plus d’investisseurs. Le projet a été gravement mis en danger. Mais à chaque fois, y a quelqu’un qui a su faire rebondir le projet. À l’époque c’était Raymond Barre, le premier ministre, 78/79, qui a dit qu’il ne fallait pas arrêter la construction. Pour relancer les opérations de ces constructions, il y a donc eu l’idée de concevoir un grand centre commercial qui est donc Les Quatre Temps. Le plus grand centre commercial d’Europe à donc été créé eux tout seul ont relancé le projet, redynamisé le lieu. C’est ce qui a permis de ramener des capitaux et de relancer l’opération. Rebelote dans les années 90. Actuellement ça fonctionne bien jusqu’à la prochaine crise. Mais le quartier peut un jour être avalé par le Grand Paris…


Est-ce que cette dalle répond encore aux enjeux urbains contemporains ? Si non, quelles solutions sont envisagées ou envisageables, à court, moyen ou long terme ? Le vélo devient de plus en plus important. y a 3 ans on avait pas le droit de circuler à vélo sur la dalle, mais maintenant si et c’est actuel. Mode doux, végétalisation, ça fonctionne très bien, c’est moderne, se sont les dernières modifications. Long terme, ligne 15, Eole qui doit arriver sous le CNIT depuis St Lazare. Actuellement, comment est répartie l’activité sur et sous la dalle ? Sur : pôle culturel, logement, pôle commercial, déplacements modes doux. Animation. Composantes essentielles : aménagement, gestion, animation. Ex : urban week : présentation du site, du travail qu’on y fait, de la danse, animation à intérêt commercial avec promotion de produits sur la dalle. Dessous : parkings, espaces vides, transports en commun, voirie souterraine, infrastructure routières, zones de stockage dans les volumes résiduels (FLAC : stock d’oeuvres d’art), espace de création d’instruments de musiques électroniques dans un de ces espaces, activités culturelles faisables. Quel avenir, quels projets se profilent pour elle ? Dessus, dessous, à quel rythme et dans quel but ? Quels sont ou seront les choix fait dans la répartition ces espaces ? (Quelles activités et pourquoi celles-ci plutôt que d’autres ?) Végétaliser, rendre l’espace plus vivant, favoriser le contact, vivre de jour et de nuit. Animations nocturnes. Sous la dalle y a du travail, c’est un peu le côté négatif de La Défense… On sait que ça fonctionne pas et on hésite à investir des millions pour régler les problèmes, notamment au niveau des tunnels, tout ce qui est réseaux sous terrains, voirie à reprendre, entretenir. Aspect de la vie sous dalle : des centaines de gens y habitent, aspect moche de La

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Quelles ont été les différentes périodes dans l’histoire de ce patrimoine sur dalle qui ont marqué ses succès ou ses échecs ? Maintenant on a un côté social qui c’est crée, un ressenti plus positif des travailleurs dans les tours, on y vit, on trouve logique de travailler sur un plateau. Alors qu’à l’époque les personnes venaient au bagne, c’était la punition de venir y travailler, c’était terrible. Y a pas si longtemps que ça, c’était perçu aussi mal que ça. La perception de ce lieu a changé aussi avec une nouvelle génération qui n’a pas essuyé les plâtres de la construction à l’époque. Qualité de vie phénoménale actuellement par cette politique de dalle, en été c’est absolument génial, on mange son sandwich dehors, on joue aux boules, on est séparés des voitures, tout le monde est dehors, marche, y a de la végétation de partout, plein de choses à voir, à visiter. Si on est un peu curieux, La Défense c’est magique. Personnellement j’aurai du mal à travailler ailleurs et je ne pense pas être le seul, si on fait abstraction du problème des transports car il y a de plus en plus de monde à la défense mais tout ce qui est infrastructures ça ne fonctionne pas. Le métro est trop plein le soir à la sortie des bureaux (6/7 000 personnes qui débarquent à 18h en même temps) et c’est toujours un gros problème. Ils développent les infrastructures a posteriori des tours, des autres grands aménagements, question de capitaux. Problèmes qui seront arrangés dans 15/20 ans.


Défense, qui est souvent éludé et qui existe. Ils vivent dans des caves, les sous-sol, socialement et humainement c’est compliqué. C’est dangereux.

ANNEXE N°6 Critères d’obsolescence Localisation

Transports en commun

Sécurité Santé

Territoriale Règlementaire

Bien-être Sociologique

Environnement Énergie

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Connectivité Qualité de l’enveloppe et des équipements

Modes de vie et de travail

obsolescence Productivité Technique Architecturale

Qualité architecturale

Économique

Flexibilité technico-architecturale

Crédit du schéma : Hoarau-Beauval, Urbanisme de dalle - Urbanisme vertical

Coûts de fonctionnement


ANNEXE N°7 Tableau du classement des tours construite par dates et fonctions

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ANNEXE N°7 Tableau des bâtiments en chantier ou en phase de projet

ANNEXE N°7 Tableau des bâtiments détruits

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139 ANNEXES

Extraits de documents récupérés aux archives de Paris La Défense le 26 Février 2020 et convoqués dans ce mémoire.


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« Arkitektura lekukotasun bat da » Nicolas Alfaro « La singularité de Pampelonne / Le renouveau d’une plage conciliant l’économie et l’écologie » Wendy Bonci « Le BIM: Manifeste d’une démarche architecturale? » Pablo Cabrera Moreno

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« Construire la ville dystopique au cinéma » Adrien Cadoux «Le quartier de La Défense à Paris / Un patrimoine sur dalle.» Lou Chaubard « Evolution de l’architecture des MJC avec l’exemple de la banlieue rouge de Grenoble de 1967 a nos jours » Olga Chernova « Le visage de la France à l’étranger » Aïtana Eldin « La France est-elle réellement devenue moche ? / Étude de cas: La porte du Grésivaudan. » Benjamin Galanti « Le sentiment de sécurité dans Grenoble selon le genre » Natacha Gaujoux « Du sport en ville pour tous » Mickael Genisio « Reconstruire l’architecture chinoise locale : l’expérimentation pédagogique de l’Académie des Beaux-Arts de Chine. » Yizhen Li «Vivre la densité, la bastide de Villefranche-de-Rouergue» Malorie Maquin


« Le procès(s) de l’image : témoignages des architectes » Tahir Memil « ... » Phuc Nguyen Khuong Hoang « Vers des prospectives bionumériques / Aborder un changement de paradigme à travers la démarche de deux paysagistes-architectes : Jean Magerand et Claire Bailly » Alicia Rouze-Rivière «The identity of Balinese touristic architecture » Erika Samantha Soenarjo « Le « Village Blanc » : un village dans le village de Vonnas » Fabien Tonnard « Retracer les cycles de vie d’un édifice, une recherche à mi-chemin entre archives papiers et nouvelles technologies / Le cas des anciens instituts Dolomieu et de Géographie Alpine à Grenoble » Justine Vibrac

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