Rapport d'Études - Patrimoine Réhabilitation Reconversion

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Patrimoine - Réhabilitation - Reconversion Rapport d’études Lou Chaubard ENSA-Grenoble Sous la direction de Théa Manola Encadré par Steven Saulnier-Sinan Année universitaire 2018/2019


Remerciements À mes parents, à ma famille et à mes proches partis trop tôt. Merci pour m’avoir toujours soutenue, pour m’avoir suivie tout au long de mon parcours en m’apportant votre aide, votre attention, vos connaissances et en ayant toujours trouvé les mots justes. J’ai une tendre pensée envers vous tous pour m’avoir tant donné et pour avoir cru en moi. Vous m’avez aidé à devenir la jeune femme que je suis aujourd’hui en me soutenant envers et contre tout. C’est grâce à vous que je me suis ouverte au monde de l’architecture et que j’ai toujours pu poursuivre mes rêves. Vous m’avez également dotée d’une force insoupçonnée qui a su me porter jusqu’ici. Je vous aime et je vous remercie du plus profond de mon cœur.



Avant Propos Passionnée et bercée par le monde de l’art, de l’architecture et du design depuis mon enfance, j’ai intégré au lycée un bac technologique dénommé bac sciences techniques du design et des arts appliqués. Cette filière m’a permis d’approfondir d’autant plus mes connaissances dans le monde du design, de la mode et de l’architecture… Découvrant et assurant ainsi ma vocation pour le métier d’architecte. Fortement enrichie de mes expériences au cours de différents stages, de différents projets menés tout au long de ma scolarité j’ai développé au cours des années une envie irrépressible d’aider la ville et notre société à évoluer, à devenir meilleure pour nous habitants, mais aussi pour notre planète. De nombreux cours m’ont sensibilisée tout au long de ma licence sur la question de la protection environnementale par le biais d’économie de ressources, par la création d’architectures durables, autonomes et autres moyens plus ingénieux les uns que les autres… Mais j’ai récemment cherché à approcher un moyen de respecter notre environnement, mais aussi de respecter et de préserver notre patrimoine auquel je m’attache de plus en plus dans ma conception du projet. Les traces de l’Histoire (archéologie), les traces laissées par le temps (usure des matériaux), les traces laissées par notre évolution (différentes périodes de l’histoire et ses courants architecturaux) m’ont beaucoup attiré, touché et c’est pour cela que la question de la réhabilitation m’apparaît comme moyen d’apporter du renouveau à l’architecture tout en conservant son caractère initial, la marque du temps qui passe et de notre évolution permanente.

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En quoi, en tant qu’architectes, pouvons-nous redéfinir les lieux tout en préservant notre patrimoine ?

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Sommaire Introduction

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Réhabilitation et reconversion

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Environnement et économie

p22

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Définition Patrimoine culturel matériel et immatériel

p13 p17

La réhabiliation écologique L’épuisement des ressources Enjeux socio-économique-environementaux

p22 p25 p25

Conclusion

p28

Bibliographie

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Introduction Depuis des années la question de l’évolution du patrimoine ne s’arrête plus à la conservation de monuments historiques ou de sites classés, mais s’ouvre aux besoins économique et écologique qui sont aujourd’hui au centre de notre attention. En effet, de nos jours la problématique de la disparition rapide de nos ressources et la pollution toujours difficilement contrôlable dans le domaine de la construction se dresse devant nous. Mais la solution de la reconversion et de la réhabilitation du bâti ancien apparait de plus en plus comme une évidence et un moyen de perpétuer la mémoire individuelle et collective, de retranscrire notre histoire, de laisser intact son contexte, le tout en économisant et en préservant les ressources qu’il nous reste. Pour situer notre condition actuelle il est important de garder à l’esprit que « les projets de réhabilitation et de reconversion vont être encore plus importants dans un futur proche – leur part dans le volume bâti global atteint déjà aujourd’hui presque 40% en Europe occidentale. »1 Il devient donc évident de considérer « Les transformations et reconversions de l’ancien comme les pivots d’un urbanisme proclamant son rôle de protection des ressources naturelles par l’évolution de la ville intérieure. »2 Dans ce rapport d’études je souhaite explorer avec vous la question de la réhabilitation et de la reconversion dans le monde de l’architecture. Dans un contexte où nos techniques et les mœurs évoluent en permanence et à une rapidité sans pareil je désire comprendre comment l’Histoire du bâti influe sur notre monde et savoir comment conserver, redonner vie à ce patrimoine qu’on nous lègue tout en lui offrant le respect qu’on lui doit. De ce fait, je viens préciser ici que je porte un intérêt particulier à la réhabilitation dite écologique ainsi qu’à la « reconstruction créative ».3 Pour commencer je vais m’attacher à décrire ce que la réhabilitation écologie et la reconstruction créative signifient. La réhabilitation écologique est un sujet auquel j’ai été sensibilisée dans le cadre de l’enseignement « Environnements – Ambiances architecturales, mises en œuvre et impact environnemental » dispensés lors du premier semestre de L1.

Christian Schittich, Construire dans l’existant, Detail (Allemagne : Institut für internationale Architektur Munich, 2006), p.9. 1

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Ibid, p.9

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Ibid, p.9


Ces cours m’ont sensibilisée à la question de la crise environnementale qui questionne l’impact écologique que représente la destruction d’un bâtiment et la construction d’un nouveau. Dans le cadre de cet enseignement j’ai également pu aborder la question de la disparition progressive mais rapide des ressources matérielles, spéciales (lieu d’implantation) et les conséquences du déclin climatique. C’est dans cette optique de sensibilisation à notre environnement que ce cours nous a sensibilisé aux méthodes actuelles de constructions qui consistent à générer des architectures attentives à leur environnement direct, aux ressources qu’elle utilise et leurs mises en œuvre. Ce qui m’intéresse dans cette approche c’est avant tout les enjeux territoriaux, économiques, sociaux et environnementaux développés par les Scot (Schéma de cohérence territoriale), incluant le PCET (Plan Climat-air-Énergie Territorial) qui s’avère très important dans le domaine de la réhabilitation écologique ; sujets abordés dans le cadre du cours de Gabriella Trotta S5SS – Optionnel : « Les théories de l’urbanisme face aux enjeux de la ville contemporaine » et dans le cadre de l’optionnel de Romain Lajarge S6SS « ATP : Action Territoriale du Projet » Dans le cadre du cours de Gabriella Trotta, nous avons effectué un dossier en équipe de quatre sur la définition du ScoT et de son application sur la ville minière et nature de Valenciennes. Nous avons également pu comprendre les enjeux environnementaux, socio-économiques de la trame verte et bleu, la nature de ces enjeux qui sont en fait le moyen de travailler l’espace urbain et de mettre en valeur l’environnement dans la création de la ville contemporaine. Tandis que dans le cadre du cours de Romain Lajarge nous avons approfondi les connaissances acquises précédemment avec Gabriella Trotta. Cet enseignement nous à quant à lui, permis d’analyser le système territorial français avec ces lois et ces principes de planification d’aménagements de l’espace et du territoire. Mais ce qui m’inspire le plus dans la réhabilitation c’est la démarche créative de reconversion du bâti. En effet, ce qui me touche dans ma conception de l’architecture c’est la capacité qu’a l’architecte, de saisir le bâtiment tel quel et de le transformer de manière lisible et claire tout en respectant le patrimoine dans lequel il s’inscrit. Ce qui revient à dire que la démarche créative est au cœur du sujet, puisqu’il s’agit là pour moi d’un moyen de mettre en avant le bâti neuf qui vient soutenir l’ancien, ou lui redonner la valeur qu’il a perdue au fil du temps. Ce qui me captive dans les projets de réhabilitation c’est le parti pris des architectes : d’un côté il y a ceux qui décident d’intervenir de manière marquée et significative dans le bâti

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existant tandis que d’autres choisissent de s’effacer et de se mouler au modèle dont ils disposent. Je marquerai tout de même mon appréciation particulière pour cette volonté de se démarquer et d’entamer une démarche créative plutôt que ceux qui choisissent de rester fidèle au modèle. Panser les plaies d’un bâtiment qui dépérit en le reconstituant, fidèle à son image d’antan reste tout de même louable à mes yeux. Il s’agit là d’un moyen d’assurer la mémoire des lieux sans y interférer dans le temps. Ce qui est une démarche importante mais qui, selon moi, conviendrait plus à la réhabilitation de monument historiques ou de patrimoines classés plutôt qu’à des bâtiments témoins de traditions régionales ou encore de lieux qui ne font pas appel à la mémoire collective mais plutôt à une mémoire quasi individuelle (dans le sens où elle ne concerne qu’un petit groupe de personnes). Ce qui me mène à dire que je partage le point de vue de John Ruskin qui défend avec ferveur la réhabilitation fidèle au bâti historique évoquant comme raison principale le respect de la mémoire et de la temporalité. « Nous pouvons vivre sans elle, nous pouvons adorer sans elle, mais sans elle nous ne pouvons pas nous remémorer.»4 Suite à ces quelques définitions et cette mise en contexte nous allons pouvoir commencer à explorer ensemble l’influence de la réhabilitation sur l’architecture d’hier et d’aujourd’hui. D’une part, nous observerons son attache à l’histoire, mais aussi sa capacité à transformer un lieu sans le dénaturer pour autant. D’autre part nous verrons quelles solutions économiques et écologiques s’offrent à nous. Et pour terminer nous nous attacherons à montrer en quoi la pensée de l’espace comme lieu capable d’évoluer dans le temps en fonction des besoins et des attentes d’un moment présent peut être bénéfique dans l’élaboration d’un projet – de réhabilitation ou non.

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John Ruskin, Les Sept Lampes de l’architecture (Paris: Denoël, 1981).


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Réhabilitation et Reconversion Définitions Afin de pouvoir entrer dans le sujet, il faut d’abord comprendre qu’il existe une différence entre la réhabilitation et la reconversion. Dans ma première interprétation de ces mots j’ai perçu la réhabilitation comme un moyen de rénover à l’identique un bâti qui tombe en ruine, se dégrade et se retrouve dans un état critique. Tandis que la reconversion se basait sur l’ancien pour créer le nouveau. Mais après m’être plongée dans les livres et avoir effectué de nombreuses recherches il m’est apparu de nombreuses nuances dans ces deux définitions... En effet, beaucoup d’architectes ayant travaillé dans le domaine de la réhabilitation exposent leurs idées sur la manière de rénover un bâtiment : faut-il reproduire à l’identique ? Quand et comment le nouveau programme peut se démarquer de son hôte ? Faut-il conserver les mêmes matérialités mais opter pour une mise en œuvre plus moderne pour se dissocier du bâtiment d’origine ? Après avoir fait le tri dans les nombreuses définitions que l’on peut trouver, j’ai décidé de donner des définitions plutôt générales où le parti pris de l’architecte ne se fait pas ressentir. Pour ce faire je vais m’appuyer sur les propos d’Emmanuelle Real et du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) pour donner une définition de ces mots. La première définition donnée est celle de la réhabilitation : « La réhabilitation, en architecture, consiste à améliorer l’état d’un bâtiment dégradé ou simplement ancien afin qu’il puisse conserver sa vocation initiale. Cette opération de remise en état s’accompagne d’une mise en conformité du lieu selon les normes en vigueur, que ce soit en matière de sécurité, d’hygiène, de confort ou d’environnement. »5 Après quelques lectures sur le sujet, j’ai découvert sur le blog de CRATerre-ENSAG, AE&CC que l’engouement pour la réhabilitation s’est opéré dans les années 70 à une échelle plus réduite que celle du monument historique. En effet, depuis les années 70 la réhabilitation est un moyen de protéger un habitat, des matériaux, des savoir-faire en milieu rural et ce à l’aide d’institutions telle que les Conseils d’Architecture, d’Environnement et d’Urbanisme (CAUE) ou encore les Opérations d’Amélioration de l’Habitat. Ici la réhabilitation est un moyen d’accompagner les propriétaires et les professionnels dans leurs démarches de protection du patrimoine. Par ailleurs, la réhabilitation du bâti est un moyen d’agir en faveur de l’économie de l’énergie consommée par le bâti ancien.6

Emmanuelle Real, Reconversions. L’architecture industrielle réinventée, In Situ. Revue des patrimoines, no 26 (6 juillet 2015), https://doi.org/10.4000/insitu.11745. 5

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La deuxième définition est donc celle de la reconversion : « La reconversion affecte un bâtiment à un autre usage que celui pour lequel il a été conçu. Un bâtiment est toujours construit pour une fonction précise –habitat, production industrielle, équipement public, commerce, etc. – tout en correspondant à une intention architecturale et au site sur lequel il prend place. L’évolution des usages étant plus rapide que l’usure des murs, de nombreux édifices trouvent une nouvelle destination. (…) Si la qualité patrimoniale du bâtiment détermine sa reconversion – plutôt que sa destruction –, elle est une contrainte supplémentaire pour le maître d’ouvrage, initiateur, financeur de l’opération qui en définit la fonction nouvelle et pour le maître d’œuvre qui le transforme et l’adapte pour elle. »7 Toujours basée sur le propos de la CAUE, il ne faut pas oublier que lorsque l’on parle de reconversion on remet en question la totalité du patrimoine ainsi que son devenir. Pour ce faire il faut choisir une conversion logique du lieu en fonction du site qu’il occupe, des qualités architecturales déjà présentes dans le bâti mais aussi sur le classement patrimonial. Interroger la valeur patrimoniale fait aussi partie du processus puisqu’il s’agit du moyen de choisir ce que l’on garde ou ce que l’on détruit au moment de l’étude de la reconversion. Après ces deux étapes de recherche et de première prise de décision basée sur l’ancien, il faut penser au nouveau. En effet, il faut analyser l’existant, les contraintes et le lieu dans lequel on s’installe afin de définir une fonction pour le nouveau bâti, mais aussi définir son parti prix architectural du point de vue de la maitrise d’œuvre, de la réalisation et des usages. Ajouté à tout cela on pensera également à la cause environnementale, à l’application des normes, le tout en respectant les contraintes juridiques et patrimoniales liées à tout site classé, ce qui n’est pas chose aisée. Ce recyclage occupe de plus en plus de place dans le monde de l’architecture contemporaine car il s’agit d’une intervention sur un édifice déjà existant qui demande à être modifié selon les contraintes définies précédemment. Ces contraintes deviennent alors un support d’imagination qui offre des possibilités architecturales auxquelles on n’aurait pas pensé sans elles.

Grégoire Paccourd et al., Réhabiliter le bâti ancien : une architecture ordinaire qui devient « patrimoine » ?, Terres à pisé (blog), consulté le 18 mars 2019, https://terrespise.hypotheses.org/contexteet-enjeux/rehabiliter-le-bati-ancien-une-architecture-ordinaire-qui-devient-patrimoine. 6

Pôle Sensibilisation de la Fédération nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement et Institut français de l’Education, Architecture et reconversion, CAUE (blog), consulté le 18 mars 2019, http://www.fncaue.com/activites-pedagogiques/architecture-et-reconversion/. Thématique (Paris, 1989), p.6. 7

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La reconversion demande donc un travail entre la forme et la fonction8 afin de trouver un moyen de faire ressortir de manière juste, subtile et sur un pied d’égalité, l’ancien et le nouveau. Et c’est cette jonction qui permet de créer un projet unique, singulier, qui accepte de mixer, des savoirs architecturaux témoins de plusieurs époques. Nous saisissons donc à présent, que la difficulté majeure de la reconversion est celle d’inscrire dans le présent tout en préservant des vestiges, des traces de son histoire : on parle alors d’architecture « palimpseste »9. Ce que je nomme architecture « palimpseste » est donc une architecture qui laisse apparaître les marques matérielles ou immatérielles de son passé. Il est à présent distinct dans ma compréhension architecturale que lorsque l’on parle de réhabilitation on parle d’une remise en état d’un lieu qui se dégrade pour qu’il reprenne son usage premier. Tandis que lorsqu’on parle de reconversion on pense à conserver l’« aura » de l’édifice en lui transposant de nouveaux usages. Les nouveaux espaces ainsi créés permettent de mettre en avant l’évolution de notre société, de sublimer d’anciennes cultures constructives, le tout à l’aide de matériaux et de leur mise en œuvre technique actuelle. La reconversion s’attache donc à mettre en avant un bâti témoin du temps, avec ses cicatrices et ses qualités propres mais aussi un espace neuf, innovant, contrastant avec l’ancien. Dans les deux cas le but est de revaloriser et de renouveler l’ancien pour créer une nouvelle dynamique et lui donner un nouveau souffle. La reconversion et la réhabilitation apparaissent alors comme un des moyens de répondre à des enjeux économiques, écologiques et culturels. Après avoir saisi le sens et les valeurs que portaient d’une part la réhabilitation et d’une autre la reconversion, j’ai pu constater que mon ambition architecturale tend plus vers la reconversion de bâtis anciens. Premièrement je suis fascinée par le lien que l’on peut créer entre le passé et le présent par le dialogue que nous sommes en mesure de créer avec le temps. Dans un deuxième temps je m’attache beaucoup au respect de la conception ancienne (mise en œuvre, choix des matériaux). Mais ce respect j’aime le voir retranscrit par la conservation du patrimoine mais aussi par notre capacité à nous adapter à l’ancien tout en générant du neuf, en vue d’une réactualisation des fonctionnalités, des espaces et de l’image du bâti. Dans un troisième temps, je note mon attention particulière envers cette capacité qu’a la reconversion de se remettre en question sur la forme et la fonction de l’espace originel.

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Christian Schittich, Construire dans l’existant, op.cit., p.9.

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Philippe Robert, Reconversions, adaptations - new uses for old buildings, Le Moniteur, Architecture


Il s’agit là d’un moyen de reconnaitre les qualités existantes d’un lieu et d’en jouer pour s’y adapter ou pour les faire évoluer vers de nouvelles fonctionnalités qui donneraient une nouvelle dynamique au bâti. La reconversion est donc une architecture attentive et à l’écoute qui propose différentes approches et reste ouverte à de nouvelles opportunités… En effet, la reconversion propose différents moyens d’action : - La méthode homogène du mimétisme où l’on retrouve le vocabulaire architectural traditionnel à l’origine du bâti, - La méthode hétérogène par la technique où on distingue l’ancien du nouveau par la mise en œuvre architecturale et les espaces nouvellement créés, - Mais aussi par la méthode hétérogène par le style qui mène à la création d’une rupture où on démarque ancien et nouveau par la rupture des codes architecturaux dans le but de créer un contraste clair et lisible de tous.10

Kenneth Powell, Réhabilitation, rénovation, réutilisation, L’architecture transformée, Seuil (Paris, 1999), p.73. 10

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Patrimoine culturel matériel et immatériel Le patrimoine bâti est en fait, le lien historique entre notre époque et celles passées. Il peut s’agir de sites archéologiques comme de bâtiments groupés ou isolés en milieu rural ou urbain. Ce patrimoine est un lien entre passé et futur qui met divers enjeux en avant ; ces enjeux tournent autour du domaine social avec la mise en avant des modes de vie passés et présents, mais possède également des enjeux culturels du point de vue esthétique et contextuel. Ces enjeux sociaux et culturels renvoient donc naturellement vers l’enjeu économique lié à une utilisation intelligente du patrimoine par son attrait et sa mise en valeur. Le patrimoine est donc une expression des valeurs d’une société, d’une époque, de croyances, de cultures autour du savoir-faire architectural et des traditions qui ne cessent d’évoluer dans le temps. Les cours dispensés tout au long de la licence sur la thématique de l’histoire architecturale (Sophie Paviol : « Histoire et critique de l’architecture » S6SH – Cultures contemporaines / Claire Rosset : « Penser, représenter la ville – De la grand ville à la ville contemporaine » S5SH / Patrick Thépot : « Histoire et critique de l’architecture : Antique, Moderne, Baroque » S2SH1 / Catherine Maumi « Histoire et critique de l’architecture – La ville » S2SH2 / Anne Coste « Histoire et critique de l’architecture – Introduction » S1SH ) auront su nourrir mon intérêt personnel pour l’histoire de l’architecture et la nécessité de garder les traces de l’histoire de nos villes et de nos civilisations. Dans chacun de ses cours, différentes époques ont étés analysées, décrites, dans le but de les comprendre et de les identifier. J’ai compris au travers des années, au travers des cours dispensés que garder des morceaux de notre histoire était un moyen de marquer sa présence, ses connaissances technologiques et de se repérer dans le temps et dans l’espace. Notre lien à l’histoire est très important pour notre construction actuelle est future. Sans elle, l’Homme perd ses repères et sans son histoire l’Homme ne peut se souvenir. Il serait donc dramatique de perdre notre lien au patrimoine matériel et immatériel puisqu’il est le ciment de chaque civilisation. « Les lieux dont on se souvient, et les lieux qu’on anticipe, s’enchevêtrent dans le laps de temps du présent. Mémoire et anticipation constituent en effet la perspective réelle de l’espace et lui donnent une profondeur » - Aldo Von Eyck11 Dans mon interprétation, cette citation peut très bien parler de la relation entre le temps et les espaces formés par les bâtiments reconvertis. Elle met en avant le lien étroit qui existe entre le lieu, la mémoire et le nouvel usage. En effet, pour pouvoir réaliser une réhabilitation ou travailler la reconversion, comme nous l’avons vu précédemment, on se repose sur la forme, la structure, les matériaux utilisés et

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Kenneth Powell, Réhabilitation, rénovation, réutilisation, L’architecture transformée, op.cit., p.73.


leur mise en œuvre afin de comprendre et de situer le bâti dans son temps dans l’optique d’en tirer le meilleur parti possible. Derrière la réhabilitation et la reconversion se trouve avant tout un moyen de conserver le patrimoine dit matériel et immatériel. Ce patrimoine est celui qui permet de définir les objectifs d’une rénovation à venir par exemple. Lorsque je parle de patrimoine matériel, ici j’évoque avant tout le lieu dans lequel le bâti ancien prend place. Ce qui veut donc dire qu’avant d’entreprendre toute modification ou action sur le patrimoine reconnu nous prenons conscience de ce qui l’entoure à différentes échelles (échelle du bâti et échelle urbaine). Ces échelles sont d’une part celle du bâti, où on analyse sa typologie, les savoirs faire mis en œuvre, son style et son rôle historique. Et d’une autre part, nous avons l’échelle urbaine qui s’intéresse au contexte direct avec son paysage environnant et l’analyse des typologies de bâtiments présents sur le site. L’échelle urbaine s’attache également à l’observation de la méthode de répartition des parcelles dans le tissu urbain proche, mais aussi aux recherches historiques sur le lieu dans lequel le bâti s’inscrit. Toutes ces analyses permettent donc de mesurer l’importance et de définir la place du bâti à l’échelle urbaine et dans son environnement direct. Ces analyses font donc glisser le patrimoine matériel (ici défini comme forme physique du bâti) vers le patrimoine immatériel (mémoire du lieu) en donnant ce qu’Aldo Rossi appelle le Locus. Il s’agit d’« un fait particulier, déterminé par l’espace et par le temps (…) par sa forme, par le fait qu’il est le lieu d’évènements anciens et récents, par sa mémoire »12 Dans le cadre du cours de Sophie Paviol : « Histoire et critique de l’architecture » S6SH – Cultures contemporaines, nous avons évoqué le travail d’Aldo Rossi, qui m’a beaucoup marqué par son intérêt pour la géographie des villes, leur histoire (fortifications notamment) pour comprendre leur évolution et ainsi les intégrer à ses projets. Son travail sur la mémoire partagée m’a particulièrement touché. J’ai également pu constater à quel point son sens de l’analyse de la forme et la culture architecturale a su nourrir ces projets et leur donner tout leur sens et c’est en ça que je suis admirative de son travail. « On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel »13 Afin de comprendre ce qu’est le patrimoine dans son ensemble, nous devons également saisir ce que représente sa dimension immatérielle : c’est-à-dire l’histoire du lieu. On parle alors du contexte culturel, traditionnel, historique de manière générale et de manière plus Aldo Rossi, L’architecture de la ville, Babelio, 129, consulté le 10 avril 2019, https://www.babelio.com/ livres/Rossi-Larchitecture-de-la-ville/375152. 12

UNESCO - Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, consulté le 10 avril 2019, https://ich.unesco.org/fr/convention. 13

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particulière on peut également prêter attention au contexte politique ou encore religieux en fonction du patrimoine analysé. C’est donc l’alliance du matériel et de l’immatériel qui fait la force du patrimoine puisque ce sont ces éléments qui donnent une identité à l’espace occupé et qui définissent son devenir au fil du temps. Toutes les analyses autour des éléments matériels et immatériels permettent donc de pouvoir générer des projets en adéquation avec le lieu dans lequel ils s’inscrivent. Ainsi, les nouveaux projets mis en place se montrent respectueux de l’histoire, de la mémoire collective par leur intégration et leur compréhension parfaite de leur environnement. Dans le cadre de mon projet du Semestre 5 dans le Studio Grenier, j’ai pris plaisir à concevoir mon projet en faisant le lien avec des ruines et des traces archéologiques présentes sur la parcelle que je désirais occuper. En effet, le tracé, la forme générale et mes choix de mises en œuvre du projet se reposaient sur ces ruines qui constituaient les remparts et la porte d’entrée de la ville d’origine. Dans le cadre de ce projet je me suis rendue compte de l’importance de l’histoire et des vestiges qu’elle nous laisse. Mon projet c’est donc fondé sur une base déjà construite et c’est nourri de son importance et de sa symbolique pour en faire une force dans le positionnement de mon bâti. Et ce sont ces éléments qui permettent par la suite à l’architecte chargé du nouveau projet de créer du lien en conservant les qualités et intentions de la première édification, comme on peut le constater dans la reconversion de la centrale électrique de Giles Gilbert Scott par Herzog et De Meuron, qui est ensuite devenue le Tate modern Museum… Ou de se démarquer de l’ancien en prenant pour exemple Zeishallen, une ancienne usine de confection d’hélices de bateaux qui a été reconvertie dans un style proche de l’initial mais qui se démarque par la mise en œuvre moderne des matériaux dans le nouveau projet proposé par les architectes de Me Di Um.

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CENTRE MEDIA – ZEISEHALLEN Hambourg, Allemagne Me Di Um Architekten, 1983-1992

© Photo issue du site de Me Di Um, http://medium-architekten.de/portfolio_page/zeisehallen/

Bâtiment fondé en 1868 par Theodore Zeise et utilisé pour confectionner des hélices de bateau, la Zeisehalle est composée de plusieurs unités. Ce bâtiment longtemps laissé à l’abandon, tombant en ruine a été reconverti par Me Di Um Architekten. Lorsqu’il a été question de se servir de ces ruines pour recomposer de nouveaux espaces, Me Di Um a décrit les espaces déjà présents comme des « espaces à la fois simples et grandioses, dont l’élégance brute exigeait une politique de reconversion audacieuse et décisive. Les diverses unités entouraient la grande cour d’usine (…) silhouette originale encourageait une approche graduelle, fondée sur une multiplicité d’utilisations. »14 Le nouveau projet ainsi crée se compose à présent d’un cinéma, d’un restaurant, de bureaux, de logements et de halles. Dans ce projet ce qui m’a le plus plu c’est l’ambiance qui se dégage de cette construction notamment parce que les briques d’origines et les poutres d’acier sciées ont été conservées et laissées apparentes. Ce qui m’a le plus intéressé dans ce projet c’est la salle du restaurant qui a su garder son histoire et son ambiance industrielle en conservant un des grands fours de fonderie encore présent sur place. J’ai aussi apprécié la délicatesse dans la conservation de l’usage initial du lieu (vocation maritime) par la création d’un bar en forme de proue de navire. Je me sens proche de cette approche architecturale car d’une part l’aspect industriel du site a été conservé et mis en avant mais aussi parce que la rupture entre l’ancien et le nouveau est évidente.

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Powell, L’architecture Transformée, op.cit. p.73.

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BANKSIDE POWER STATION - TATE MODERN Londres, Anglettere Herzog & de Meuron

© Photo issue du site la boite verte, http://www.laboiteverte.fr/photo-mystere-n103/

© Photo issue du site : https://journals.openedition. org/teoros/82?lang=fr

Ancienne centrale électrique construite par Giles Gilbert Scott entre 1947 et 1955 et suite à son abandon en 1981 elle sera reconvertie par Herzog & De Meuron en 2000. Dans ce projet le but a été de préserver et de mettre en avant le passé industriel du bâti en supprimant les éléments superflus. La finalité est un projet sobre, avec de grands volumes lumineux et surplombés d’une super verrière. L’idée était de rendre ce lieu plus lumineux, de conserver ces espaces déjà magnifiques, de mettre en avant ses matérialités (briques, cuivre, structures acier) et d’offrir des vues sur des espaces emblématiques comme la salle des machines, le tout avec un travail minutieux et fin de reproduction des techniques de mises en œuvre ancienne pour donner l’impression que ce bâti à toujours été ainsi. Le plus dans cette reconversion tout à fait fascinante, c’est que dans sa conception les architectes sont parvenus à intégrer des techniques écologiques le rendant économe en énergie, réduisant ainsi de 40% sa consommation « Dans l’ensemble, on a l’impression que les espaces d’exposition ont toujours été là, comme les façades de briques, cheminée ou la salle des machines. Cette impression est, bien sûr, trompeuse. L’intérieur du bâtiment, tout a été réinventé et re-conçu, mais les nouveaux et les anciens éléments de construction sont interdépendants en harmonie avec l’autre de manière à être indiscernables. Le résultat est plus excitant que de la pure conservation de la structure donnée et plus complexe qu’un bâtiment entièrement neuf … »15 (Herzog & de Meuron)

« Tate Modern - Data, Photos & Plans », WikiArquitectura, consulté le 26 avril 2019, https:// fr.wikiarquitectura.com/bâtiment/tate-modern/. 15

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Environnement et économie La réhabiliation écologique Il est nécessaire d’agir sur le bâti ancien avant de songer à investir des terrains vierges comme les espaces agricoles qui sont généralement les plus touchés par le domaine de la construction. Force est de constater que la construction neuve ne représente que 1 à 2% du patrimoine construit ; tandis que les bâtiments anciens atteignent une majorité de 65% de l’ensemble des logements (on parle ici des bâtiments datant des années 1975, non isolés). La construction neuve représente ce pourcentage en partie à cause de sa consommation très élevée en énergie grise, il s’agit du « contenu énergétique des matériaux constitutifs du bâtiment »16. Le problème de la construction neuve c’est l’utilisation de matériaux neufs, leur provenance, leur acheminement et leurs moyens de mise en œuvre qui ont un fort coût énergétique. Ceci explique le fait que lorsqu’il est question de choisir entre démolition/reconstruction d’un bâti ou sa réhabilitation, cette énergie grise est prise en compte pour la décision finale. Aujourd’hui les bâtiments que nous occupons représentent environ 45% de la consommation d’énergie finale, ce qui correspond à une production de 25% de l’effet de serre. Le but de la réhabilitation écologique est donc celui de rendre plus efficaces énergétiquement parlant les bâtiments existants, le tout dans l’optique de les rendre sobre énergétiquement parlant (l’objectif étant de répondre le plus rapidement possible aux objectifs fixés par le facteur 4), dans le respect des règles sanitaires et du patrimoine. 17-18

Fig 1.19

Réhabiliter ou reconvertir l’existant est donc un moyen d’économiser l’énergie nécessaire à la construction ou la destruction/reconstruction d’un bâtiment, mais aussi un moyen de relancer l’économie et la dynamique de quartiers. Ceci fonctionne à l’échelle du bâti seul tout comme à l’échelle territoriale avec notamment la reconversion de friches industrielles en espaces verts (parcs) ou encore en espaces culturels (musées, cité des arts ect.).

Aldo Rossi, L’architecture de la ville, Babelio, 129, consulté le 10 avril 2019, https://www.babelio.com/ livres/Rossi-Larchitecture-de-la-ville/375152. 16

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Pierre Lévy, La rénovation écologique, Terre vivante (Mens, 2010), p.11.

UNESCO - Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, op.cit., https:// ich.unesco.org/fr/convention. 18

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Petroff, op.cit., p.20. (Reproduction)

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Réhabiliter ou reconvertir l’existant est donc un moyen d’économiser l’énergie nécessaire à la construction ou la destruction/reconstruction d’un bâtiment, mais aussi un moyen de relancer l’économie et la dynamique de quartiers. Ceci fonctionne à l’échelle du bâti seul tout comme à l’échelle territoriale avec notamment la reconversion de friches industrielles en espaces verts (parcs) ou encore en espaces culturels (musées, cité des arts ect.). PARIS - PARC DE LA VILLETTE En effet, prenons l’exemple de Paris la Villette, en 1858, suite à la période Moderniste sous la direction de Haussmann, tous les abattoirs et marchés aux bestiaux sont regroupés à La Villette. Sous la direction de Louis Janvier, les travaux commencent en 1865 et le projet ouvre ces

© Photo issue du site : http://www.paris-unplugged.fr/1860-lesabattoirs-de-la-villette/

portes en 1867. Ce n’est que suelques années plus tard, en 1974 que les abattoirs vont fermer définitivement leurs portes. L’année suivante, la question du devenir de La Villette va être posée. Cette même années Jean Serignan proposera alors une reconversion du site en un parc urbain, tandis © Photo issue du site : https://arsalive.blogspot.com/2013/01/ que Valéry Giscard d’Estaing cherchera en paysage-folies-tschumi.html?m=1 1977 à créer un musée des sciences et de l’industrie. La grande halle demeurera sur le site et deviendra monument historique en 1979 (avant d’être réhabilitée par Bernard Reichen et Philippe Robert en 1985). A cette même période le projet futur est défini, il s’agira d’y construire le musée des sciences et de l’industrie (réalisé par Adrian Fainsilber en 1980), de réaliser un parc urbain ouvert sur le quartier (dont le maître d’œuvre est Bernard Tschumi, en 1983), il s’agira également d’intégrer une cité de la musique avec son conservatoire de musique et de danse (réalisés par Christian de Portzamparc en 1985) et enfin, un zénith (construit par les architectes Philippe Chaix et Jean-Pierre Morel en 1984). En 1981, La Villette accueille finalement le Pavillon de Paris et quelques équipements publiques (comme un skatepark). Du mobilier urbain sera ajouter en 1985 par Philippe Starck. Tous les éléments du projet verront finalement le jour entre 1986 et 1995. L’ancienne friche industrielle est donc à présent méconnaissable malgré quelques vestiges de son passé. La Villette est à ce jour un lieu très prisé, culturel où l’art et la science prennent place dans un espace naturel.20 Parc de la Villette. Histoire et patrimoine de la Villette. La Villette. Consulté le 30 avril 2019. https:// lavillette.com/page/histoire-et-patrimoine-de-la-villette_a199/1. 20

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Ce type de reconversion (parc urbain) est souvent composé d’une biodiversité judicieusement choisie pour absorber la pollution et d’équipements publics qui servent à redynamiser des quartiers comme nous venons de le voir. J’ai également pu observer ce type de reconversion, que je trouve spectaculaire, appliqué à d’autres projets dans les cours de Claire Rosset, « Penser, représenter la ville. De la grande ville à la ville contemporaine. » La réhabilitation écologique intervient notamment lorsqu’un bâtiment est totalement dépassé par les normes énergétiques. En effet, lorsque nous observons une consommation d’énergie anormalement importante, souvent liée à la surconsommation de chauffage (déperditions de chaleur) ou d’électricité (électroménager énergivore), il faut agir. Pour ce faire, il est donc nécessaire de comprendre d’où proviennent ces défaillances. Afin d’en connaître l’origine, nous devons analyser le bâtiment dans son ensemble puisque l’énergie consommée varie : en fonction de l’usage du bâti, de sa date de construction, des matériaux utilisés et du climat dans lequel il s’insère.21 Cependant, la réhabilitation ou la reconversion écologique s’applique de manière générale sur les architectures utilisant des méthodes constructives traditionnelles (exemple de l’architecture vernaculaire), tout en intégrant de nouvelles technologies pour rendre les bâtiments indépendants en énergie. L’identification des méthodes constructives traditionnelles renseigne généralement des stratégies de positionnement ou de mise en œuvre pour les bâtiments. En effet, ces bâtis peuvent se montrer déjà très intéressant par leur contrôle de l’ensoleillement dans le but de créer des espaces chauds en hivers et frais en été, leur utilisation de la végétation dont ils tirent profit pour créer une barrière naturelle face aux vents, leurs moyens de développer les espaces pour conserver plus efficacement la chaleur à l’intérieur, la réflexion sur le moyen de récupérer l’énergie naturelle pour améliorer leur confort de vie. Nous noterons également l’utilisation de matériaux de site qui permettent la réduction de déplacements et de l’énergie que cela peut solliciter.22 Car, en effet, la démarche écologique ne s’arrête pas seulement à l’amélioration du bâti : il faut garder à l’esprit que c’est également un moyen de contrôler l’énergie et les déchets générés par les chantiers de construction, démolition, de réhabilitation ou de reconversion.

Charlot-Valdieu Catherine et Philippe Outrequin, La réhabilitation énergétique des logements, Le Moniteur, Paris, 2011. 21

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L’épuisement des ressources « À ce jour, on considère qu’au rythme de la consommation actuelle, les réserves « prouvées » (c’est-à-dire dont l’existence est prouvée, exploitées ou non) d’énergie fossile sont d’environ 40 ans pour le pétrole, à peine plus de 60 ans pour le gaz, et plus de deux siècles pour le charbon. En outre, si on tient compte de la progression annuelle de la consommation d’énergie (2% par an depuis 30 ans), on peut considérer que l’ensemble des réserves en énergie fossile sera épuisé dans 50 ans. »23 En d’autres termes, il est nécessaire de trouver des solutions pour palier à l’épuisement des ressources qui se profilent dans un futur proche et qui suscite une inquiétude générale. En effet, les matériaux utilisés pour la construction sont l’essentiel de l’impact écologique car nous savons que certains peuvent êtres nocifs pour l’individu comme pour son environnement et que d’autres sont actuellement impossibles à recycler ou trop énergivores. Avec l’évolution et les moyens de transports actuels nous avons au cours du temps pris la liberté d’utiliser des matériaux provenant de loin au grès de notre volonté, au profit de notre économie mais surtout au détriment de notre consommation en ressources d’énergie. De tout ceci découle donc la nécessité actuelle de choisir des matériaux plus proches de nous, renouvelables, réutilisables, ré-employables ou encore recyclables, « qui prend en compte l’énergie consommée au cours de son cycle de vie ».24 Le tout pour minimiser l’énergie grise générée par les matériaux que l’on utilise.

Enjeux socio-économiques-environnementaux Suite à de nombreuses recherches et la découverte de l’urbanisme dans l’optionnel de Gabriella Trotta « Enjeux de la ville contemporaine » ou encore celui de Frédéric Dellinger avec « T’as un plan pour Grenoble ? », j’ai été sensibilisée au développement urbain et les plans d’actions permettant de répondre aux enjeux du développement durable. J’ai alors réalisé que la réhabilitation énergétique faisait partie d’un tout qui définit la ville de demain et qui devrait permettre son équilibre et son maintien. Pour aller plus loin je me suis donc documentée sur ces plans d’action qui conduisent à la réhabilitation énergétique des bâtiments. Après lecture, analyse et compréhension du Plan Climat rédigé par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire ainsi que le ministère de la Cohésion des Territoires, je

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me suis aperçue que la réhabilitation écologique concernait avant tout les logements. En effet, le logement est le domaine bâti le plus touché par les problèmes énergétiques et les nouveaux plans d’actions écologiques. Le Plan Climat a comme objectif de rendre les logements plus sobres énergétiquement, dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050, qui lui-même répond à des enjeux désignés par le facteur 4. L’idée ici est de réduire la consommation générale d’énergies fossiles au profit de l’utilisation d’énergies renouvelables. Pour ce faire, il est donc nécessaire d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments. Ces rénovations sont également le moyen de mettre en action un enjeu majeur dans la transition écologique mais aussi dans le relancement de notre économie par l’emploi dans le BTP. Les économies d’énergie qui découlent de ces réhabilitations vont donc naturellement influencer la vie des français, que ce soit au niveau du confort thermique et phonique, de la baisse du prix des factures mais aussi en leur offrant un meilleur pouvoir d’achat. La politique de rénovation est donc un levier de politique de solidarité, puisque ces rénovations sont dirigées principalement vers des foyers aux revenus modestes, ce qui leur permet de lutter efficacement contre la précarité énergétique. Ces réhabilitations écologiques sont possibles à l’aide de la mobilisation de trois acteurs : les collectivités territoriales, les professionnels et les associations. Pour entrer plus en détails et fournir des données chiffres pour avoir un ordre d’idée de l’importance qu’a la réhabilitation écologique je vais vous présenter les objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique et de la croissance verte : - Le premier objectif est celui de réduire l’énergie finale de 20% en 2030 et de 50% en 2050 dans tous les secteurs confondus - Le deuxième demande à réduire la consommation d’énergie primaire fossile de 30% en 2030, - Le troisième est donc naturellement celui d’utiliser à hauteur de 32% les énergies renouvelables dans notre consommation énergétique d’ici 2030 - Le quatrième est une demande de rénovation de l’ensemble bâti d’ici 2050 (soit 500 000 logements par an) pour obtenir des bâtiments à basse consommation - Et le enfin le dernier consiste en la réduction de 15% de la précarité énergétique d’ici 2020. 25 Savoir que la réhabilitation écologique concernait essentiellement le domaine du logement m’a agréablement surprise. Lorsque j’ai commencé à être vraiment intéressée par le domaine de la réhabilitation et de la reconversion je me suis assez vite rendue compte que ça s’adressait essentiellement à des bâtiments de grande envergure que l’on souhaitait conserver ou transformer en lieux culturels ou espaces faisant fonctionner l’économie de manière générale (halles, restaurants, hôtels, cinéma par exemple). Mais dans ces

Ministère de la transition écologique et solidaire et Ministère de la cohésion des territoires, Concertation sur le plan rénovation énergétique des bâtiments, novembre 2017, http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/ IMG/pdf/plan_renovation_batiments.pdf. 25

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méthodes d’actions je me suis rapidement sentie frustrée par la disparition des enjeux écologiques qui me sont chers dans ma conception architecturale. Ces frustrations ont fini par s’envoler suite à la découverte de la réhabilitation écologique, qui m’a montrée toute sa richesse et son intelligence. Elle m’a très vite séduite et donnée envie de la travailler plus tard. Je pense qu’aujourd’hui nous sommes dans un monde qui est en déclin et qui ne prends pas soin de son environnement, de ses prochains et qui n’a pas conscience de ce qu’il compte laisser à ses prochaines générations. Il m’apparait donc primordial qu’un architecte se doive de respecter son environnement, son histoire, mais qu’il soit aussi capable d’évoluer avec son temps en étant attentif aux diverses innovations ainsi qu’aux anciennes techniques présentes dans le domaine de la construction. Proposer une réflexion sur les méthodes de réhabilitation écologique me semble aujourd’hui une évidence. En tant qu’architecte je souhaiterai travailler sur la nature des matériaux, leurs mises en œuvre et leurs effets sur le bâti. Je souhaite plus que tout contribuer à la transition écologique en proposant des bâtiments à basse consommation, qui sont intelligents dans leurs positionnements, dans leurs mises en œuvre et dans leur utilisation. Il est vraiment important de préserver nos ressources et d’en prendre le plus grand soin et c’est ce que propose la rénovation écologique.

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Conclusion Les expériences de la vie m’ont toujours montré que le lien à l’histoire et l’immatériel était très présent dans mon quotidien. Le souvenir de lieux, de bâtiments, ou même de villes entières font partie intégrante de ma vie. C’est pour cela que le patrimoine et son histoire m’est si cher. La notion de mémoire et de temporalité me semble être l’élément fondateur de ma vie et de ma personnalité, c’est mon histoire, les traces de mon passé qui font ce que je suis aujourd’hui. Et je pense très sincèrement qu’il en est de même pour le domaine de la construction. Les lieux sont des espaces habités, témoins de leur époque, des mœurs, de l’évolution de nos technologies, d’évènements marquants. Comme nous, les bâtiments ont des cicatrices et pourtant ils restent là, debout en l’attente d’une reconstruction parfois superficielle et parfois nécessaire. Cette reconstruction a des effets directs sur eux ; dans le sens où leur apparence se modifie par leur rénovation utilisant de nouvelles technologies ou de nouvelles matérialités, ou alors par leur fonctionnalité. Ce parallèle psychologique entre ma personnalité et l’espace bâti n’est autre que le reflet de moi-même. Je suis humaine, avec mes cicatrices, avec mes qualités, avec mes humeurs, mes sentiments et mon empathie tandis que le bâti est là, protecteur, avec ses marques, ses qualités, ses ambiances, sa mémoire. Vous comprendrez alors assez aisément que ce travail est le reflet de ma personnalité, celle d’une personne qui a ses fragilités, ses forces, celle qui est à l’écoute et veux panser les plaies des autres… Et les autres c’est aussi le bâti. Parce que je crois que chaque bâtiment à son « âme » et a le mérite de demeurer vivant dans nos mémoires et dans notre quotidien. Ce rapport d’étude m’a également permis de constater l’ampleur de l’impact écologique que nous avons sur le domaine de la construction en tant qu’architectes. Après de longues recherches passionnantes sur le sujet, j’ai découvert que dans ma démarche architecturale j’avais de nombreuses possibilités qui s’offraient à moi : je peux faire en sorte de préserver au mieux nos ressources qui se raréfient, limiter l’impact environnemental de notre champ d’action sur le bâti existant et/ou à venir ; je peux choisir de prendre soin de notre environnement. Ce sujet m’a également permis de constater que la réhabilitation et la reconversion étaient des sujets qui se travaillent à différentes échelles :de celle du bâtiment jusqu’à celle du grand territoire. Tout au long de mon parcours scolaire je me suis rendue compte à quel point les échelles sont importantes dans notre travail, à quel point un petit projet d’apparence peut impacter tout un territoire économiquement, sociologiquement et environnementalement parlant. Ces échelles me semblent de plus en plus importantes dans ma conception architecturale. En effet, pour notre premier exercice d’écriture – c’està-dire dans le cadre de l’article – je me suis beaucoup documentée sur la ville d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Le livre « Vers la troisième ville » d’Olivier Mongin avec sa préface réalisée par Christian Portzamparc m’a énormément marquée par sa justesse.

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La ville ne cesse d’évoluer, de se métamorphoser, de se reconstruire sur elle-même. Toujours de plus en plus nombreux sur Terre, le souci du gain de place et l’impossibilité d’étendre les villes à l’infini ont soulevé de nombreuses questions… Et plus tard j’aimerai répondre à ces questions tout en conservant – avec respect – le patrimoine que nos aïeux nous ont laissé.

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Bibliographie Amjahdi, Mohamed, et Jean Lemale. Rénovez votre maison, des solutions écologiques. Dunod. Paris, 2010. Charlot-Valdieu, Catherine, et Philippe Outrequin. La réhabilitation énergétique des logements. Paris: Le moniteur, 2011. Christian Norberg-Schulz ; traduction, Odile Seyler. Genius loci. Milan: Sprimont (BE) : P. Mardaga, 1997. Lévy, Pierre. La rénovation écologique. Terre vivante. Mens, 2010. Lieux infinis construire des bâtiments ou des lieux? Encore heureux. Paris, 2018. https:// editions-b42.com/produit/lieux-infinis/. Me Di Um. « Me Di Um | Zeisehallen Hamburg ». Site professionnel. Me Di Um Architekten. Consulté le 6 mars 2019. http://medium-architekten.de/portfolio_page/ zeisehallen/. Meiss, Pierre von. De la forme au lieu : une introduction à l’étude de l’architecture. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes, 2012. Ministère de la transition écologique et solidaire, et Ministère de la cohésion des territoires. Concertation sur le plan rénovation énergétique des bâtiments, novembre 2017. http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/IMG/pdf/plan_renovation_batiments.pdf. Paccourd, Grégoire, Felipe Guiterrez, Léa Genis, et Mathilde Chamodot. Réhabiliter le bâti ancien : une architecture ordinaire qui devient « patrimoine » ? Terres à pisé (blog). Consulté le 18 mars 2019. https://terrespise.hypotheses.org/contexte-et-enjeux/rehabiliterle-bati-ancien-une-architecture-ordinaire-qui-devient-patrimoine. Parc de la Villette. Histoire et patrimoine de la Villette. La Villette. Consulté le 30 avril 2019. https://lavillette.com/page/histoire-et-patrimoine-de-la-villette_a199/1. Petroff, Marie-Pierre Dubois. Rénovation écologique : les solutions pour économiser l’énergie et vivre plus sainement en respectant l’environnement. Habitat écologique. Paris: Ulmer, 2008. Pôle Sensibilisation de la Fédération nationale des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement, et Institut français de l’Education. Architecture et reconversion. CAUE (blog). Consulté le 18 mars 2019. http://www.fncaue.com/activites-pedagogiques/ architecture-et-reconversion/.

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