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INTRODUCTION

Introduction

L’époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui, se situe à la croisée de nombreuses crises et perturbations qui bouleversent notre milieu et impactent notre vie depuis plusieurs décennies.

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La crise environnementale, dont les signaux nous proviennent depuis les années 70, constitue un évènement majeur qui, en plus de brouiller notre perception du futur, alimente de nouvelles problématiques qui font du 21

e

siècle une époque complexe et vectrice de nombreux enjeux économiques, sociaux et politiques.

Quel est l’ampleur de cette crise sur l’habitat, touché de plein fouet par l’impact du changement climatique ?

Les conséquences sont déjà visibles aujourd’hui. L’habitat est durement touché par des évènements naturels de plus en plus fréquents ; inondations, tempêtes, canicules, chute des températures. Certaines habitations ne sont aujourd’hui plus en capacité d’offrir à leurs habitants un refuge pour se protéger.

La vulnérabilité du logement en France face à ces dangers devient alors une réalité que les pouvoirs publics ne peuvent plus ignorer aujourd’hui. Mais qu’en est-t-il des populations les plus démunies qui seront les premières à souffrir des conséquences de la crise environnementale ?

Les grands ensembles et les quartiers ouvriers post-industriels qui abritent ces habitants sont pour la plupart obsolètes face aux enjeux environnementaux. Leur avenir va alors devenir une problématique centrale. Ces quartiers, considérés comme prioritaires de la politique de la ville, sont aujourd’hui 1 296 en France.

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Les quartiers post industriels sont pour la plupart situés dans le Nord Est de la France et les grands ensembles principalement en banlieue Parisienne. La considération de leur avenir face aux enjeux environnementaux s’ajoute au malaise profond qui persiste entre la France et ces quartiers qui ont été longtemps marginalisés et isolés. En effet ils sont aussi le support des crises sociales et politiques qui touchent la France depuis le siècle dernier.

Cependant, ce patrimoine représente un symbole, le symbole d’une crise du logement des XIXème et XXème siècle et d’une tentative de réponse face à la demande croissante en logements. Les cités ouvrières, construites pour accueillir la main d’œuvre lors de la révolution

4 Source : Data Gouv (2016), Insee (2015), Institut Montaigne, 2020

industrielle et les grands ensembles de la reconstruction d’après-guerre, inspirés de l’architecture moderne, représentaient un habitat révolutionnaire à cette époque. Ce nouvel habitat offre à l’habitant un cadre de vie fonctionnel et hygiéniste pour lutter contre la pauvreté, la misère et la maladie.

Le fonctionnalisme a entrainé la création des grands ensembles d’après-guerre, fardeau souvent considéré comme un « patrimoine honteux ». Ces grands ensembles existe encore aujourd’hui dans le paysage français, stigmatisés, ils sont souvent associés à l’image de la banlieue et de la délinquance. D’un autre côté, les quartiers ouvriers abandonnés par les classes moyennes après la fermeture des usines, continuent jour après jour de s’appauvrir et tendent vers un abandon quasi total.

Aujourd’hui, ce patrimoine architectural souvent meurtri, mais chargé de souvenir, est malmené. On le qualifie de « quartier difficile », « quartier pauvre », « quartier prioritaire ». On colle des étiquettes aux habitants : « pauvreté », « chômage », « délinquance ».

Quel est l’avenir de ces quartiers d’habitat social qui peinent à s’en sortir ? Si le gouvernement commence à s’intéresser à leur sort dans les années 70, c’est bien souvent par la démolition intégrale de ce patrimoine qu’il estiment nécessaire de remplacer. Cependant, l’arrivée des enjeux environnementaux re questionne le principe de la « tabula rasa » et oriente les mutations de ces quartiers vers des processus de réhabilitation. Cela s’intègre dans une logique plus respectueuse de l’environnement mais permet aussi la préservation d’un patrimoine architectural et de ses marqueurs d’histoire.

Aujourd’hui, l’enjeu est double. Il s’agit de rénover ces quartiers pour offrir aux habitants un meilleur cadre de vie mais aussi de trouver des solutions pour pallier aux problématiques sociales.

Quelle solution pourrait alors permettre d’intégrer ces deux enjeux au sein d’un même projet ?

Nous essayerons de répondre à cette question en nous penchant sur la possibilité d’inviter les habitants à participer directement aux projets de réhabilitation qui concernent leurs quartiers.

L’implication des habitants dans la fabrique de leur habitat est un sujet d’actualité. Souvent initié chez les classes moyennes en quête d’une nouvelle autonomie, ces processus participatifs ne tardent pas à venir s’intégrer aux processus de réhabilitation des quartiers d’habitat social. A travers la revitalisation de ces quartiers, il s’agit alors de tenter de redonner une voix à ces habitants marginalisés. Il est d’un devoir commun de leur permettre de s’intégrer à la

réhabilitation de leur quartier, de leur offrir un pouvoir d’action et de donner une vraie valeur à leur savoir d’usage dans un projet commun.

Ce mémoire s’intéresse donc à la parole des plus démunis qui subissent encore aujourd’hui les mutations de l’habitat. Il aura pour mission de mettre en lumière les processus de réhabilitation des quartiers d’habitat social en s’intéressant à la manière dont les habitants des grands ensembles ou des cité ouvrières post industrielles peuvent renouer avec ce patrimoine à travers des projets de réhabilitation participatifs.

La reconquête du patrimoine des cités ouvrières et des grands ensembles par la réhabilitation participative : Comment porter et accompagner la voix des habitants des quartiers d’habitat social au cœur d’une démarche participative adaptée ?

Dans un premier temps il s’agira de dresser le contexte historique sur lequel se base la réflexion de ce mémoire. Il s’agira de revenir sur la création et l’évolution des quartiers d’habitat social pour comprendre les différentes situations qu’ils ont traversé. Nous verrons ensuite de quelle manière les institutions publiques ou privées se sont emparées du problème de ces quartiers dans des logiques de rénovation urbaine et comment l’arrivée du participatif re questionne ces pratiques.

Dans un second temps, nous nous pencherons sur l’étude de trois projets de réhabilitation participatif de quartiers d’habitat social. Nous analyserons les enjeux et les dispositifs mis en place et propres à chaque projet. Il s’agira de comprendre les enjeux et les limites de cette pratique en développement, sur la base d’opérations existantes.

Finalement, il s’agira de proposer une réflexion plus globale sur la pratique participative en se basant sur les enseignements précédemment acquis. Nous définirons les limites que rencontrent aujourd’hui les projets participatifs dans le cadre de réhabilitation de quartier d’habitat social. Nous essayerons de développer des pistes d’action et de réflexion pour proposer des leviers et faire avancer les démarches participatives.

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