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CONCLUSION

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LEXIQUE

LEXIQUE

Conclusion

La réflexion proposée dans ce mémoire s’est peu à peu construite au fil des recherches et des différents allers-retours entre les ouvrages et les projets étudiés qui ont nourri son évolution. Elle est le fruit d’une réflexion plus large sur les enjeux environnementaux actuels et sur une volonté personnelle de faire de l’architecture une œuvre sociale et collective. Cette réflexion s’est alors naturellement orientée vers la problématique de la reconquête du patrimoine des cités ouvrières et des grands ensembles par la réhabilitation participative ; et sur la question de comment porter et accompagner la voix des habitants des quartiers d’habitat social au cœur d’une démarche participative adaptée.

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Dans un premier temps, il a été nécessaire de comprendre le contexte historique sur lequel se base le sujet étudié. La naissance des cités ouvrières et des grands ensembles en France n’est pas anodine, elle est le résultat de processus migratoires et de changements économiques qui ont considérablement impacté notre société et notre habitat. Ces mutations politiques et économiques ont engendré une évolution de l’idéologie du logement insufflée par les institutions publiques ou privées, laissant à l’habitant l’unique fonction d’habiter. Cela a engendré de nombreux phénomènes de marginalisation des quartiers ouvriers et des quartiers plus pauvres ainsi qu’un abandon du lien entre logement et habitant. S’il a été pendant longtemps question de supprimer ce patrimoine, il est aujourd’hui nécessaire de considérer sa réhabilitation pour contrer les phénomènes de tabula rasa.

Les crises que nous traversons aujourd’hui, sont à l’origine de nombreuses problématiques graves qui planent sur notre société, cependant, elles permettent aussi d’accélérer les prises de conscience. Le mal être de la société qui pèse aujourd’hui sur les habitants est crié haut et fort. Cependant, cette prise de conscience est souvent possible pour un esprit qui n’est pas déjà accaparé par le poids d’autres soucis quotidiens. Les habitants des quartiers d’habitat social sont les plus touchés par ce mal être. Victimes du fossé qui se creuse jour après jour entre les inégalités, ils deviennent de plus en plus pauvres et marginalisés. Une colère existe depuis longtemps dans ces quartiers, alimentée par ce cadre de vie qui leur colle à la peau. Mais bien souvent, leur isolation et leur abandon par les institutions, ne permet pas la prise de parole et ils se retrouvent alors dans une grande difficulté pour exprimer le malaise qu’ils subissent.

La réhabilitation de ces quartiers pourrait alors être l’occasion d’offrir à ces habitants une voix. En construisant un projet avec eux, ils pourraient alors sortir des injonctions qui leur sont faites depuis tant d’années et retrouver une autonomie face à son habitat. Il me semble alors que la manière la plus appropriée de pallier à cette crise sociale consiste à intégrer la composante de l’habitant dans un processus de participation au cœur des projets de renouvellement urbain.

Si de nombreux spécialistes se penchent sur le sujet de la participation depuis plusieurs années, c’est en s’intéressant à des cas concrets qu’on acquière des connaissances ré-exploitables pour d’autre projet à venir. On a pu voir d’ailleurs que si de tels projets existent aujourd’hui, ils représentent une multitude de paramètres et de manières différentes de faire. C’est cette diversité qui fait de la participation habitante un sujet riche et libre d’interprétation. Cela est d’autant plus vrai qu’il doit aussi s’adapter à toutes les manières possibles d’habiter, propres à chaque habitant.

Si des projets ont pu fonctionner et ont réussi à redonner un cadre de vie agréable à ces habitants, il s’avère que d’autres ont largement échoué, amenant même les habitants à souffrir de l’échec de ce projet. Souvent, c’est la mise en place d’une méthode de participation encore trop paternaliste qui a soldé le projet d’un échec. Il est d’ailleurs intéressant de voir la manière dont des projets actuels peuvent faire écho à des comportements du passé. Cela montre bien que changer ses habitudes s’avère être la tâche la plus difficile de ce 21e siècle.

Cependant, cette réflexion sur ces projets nous a amené à proposer des pistes de recherche qui peuvent aujourd’hui servir de base à une future réflexion plus approfondie. Si les processus étudiés dans ce mémoire peuvent sembler novateur et vont à l’encontre des processus classiques de participation habitante, ces méthodes sont aujourd’hui un terrain d’étude exceptionnel que peuvent s’approprier les jeunes architectes. Finalement, peut être que c’est justement à cette génération de jeunes architectes, encore préservés du monde du travail et des habitudes, qu’il incombe de relever ce défi de renouer le lien entre l’architecte et l’habitant. C’est à travers ces

processus, qui remettent en cause des habitudes qui ne fonctionnent plus dans notre monde actuel, que nous arriverons à pallier aux crises en imaginant de toute pièces un monde plus beau et plus partagé.

La méthode de l’empowerment et de la permanence architecturale sont, il me semble, les manières les plus rationnelles et efficaces d’aborder la question de la réhabilitation des logements d’habitat social. Ils peuvent permettre à de jeunes architectes d’apprendre leur métier par la pratique en s’intégrant entièrement dans un projet qu’ils ont à cœur de partager.

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