LOUVR’BOÎTE
n°60
Présent 0,50 €
Sommaire Fascinant présent - p. 4
Edito - p. 3
Nécrologie - p. 7 Ces choses destinées à te faire sourire - p. 11 Le Choix de la Rédac’ - p. 14 Test : Quelle exposition fermée es-tu ? - p. 16 Une science de l’Inde ancienne au service de votre quotidien - p. 19 Hérald’HIC ! - p. 22 Top 8 des instruments de musique les plus fascinants récemment (re)découverts - p. 25 Les Folles histoires de Papa Ours - p. 28
z Edito Bonne année à toutes et à tous !
Nouvelle année, nouveau journal !
Avec ce Covid qui ne nous lâche TOUJOURS pas la grappe, les musées confinés et les expositions fermées, il est tentant de se laisser aller à l’alcoolisme héraldique ou aux théories du complot (oui, encore elles, car "On ne change pas" comme dirait cette chère Céline Dion) en implorant l’aide de Sylvain Durif, Merlin l’Enchanteur, l’Homme vert, Oriana… On envisage même de revenir à la religion nordique pour se pencher sur l’âge des Hommes tout en priant le grand Odin ! Néanmoins il faut bien essayer d’améliorer un peu le bien être étudiant, comme avec la médecine ayurvédique peut-être, ou bien la musique ancienne, pourquoi pas ! En tout cas, pourquoi ne pas s’arrêter sur quelques informations positives de l’année 2020 (après une petite nécrologie malgré tout, la nostalgie, tout ça tout ça).
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Raphaël Vaubourdolle et Tyfenn Le Roux
Louvr’Boîte Douzième année N° 60, 0,50€ Directeur de publication : Raphaël Vaubourdolle Rédactrice en chef : Tyfenn Le Roux Responsable communication : Jeanne Spriet Maquette : Inès Amrani, Raphaël Vaubourdolle, Gabriel Barnagaud, Sarah-Lisa Schuller, Mélissande Dubos, Lilou Feuilloley Couverture : Mathilde Clouët Ont contribué à ce numéro : Camille Adjalian, Inès Amrani, Anne Aumont, Gabriel Barnagaud, Clémentine Bolle, Cassandre Bretaudeau, Eloïse Briand, Elsa Clairay, Mathilde Clouët, Chloé-Alizée Clément, Mélissande Dubos, Eve Elmassian, Lilou Feuilloley, Flora Fief, Laureen Gressé-Denois, Gwladys Jolivet, Olga Kolobov, Aure Lapierre-Re-
nard, Tyfenn Le Roux, Jana Osman, Raphaël Papion, Sofia Pauliac, Gabriel Schmidt, Sarah-Lisa Schuller, Jeanne Spriet, Matteo Vassout, Raphaël Vaubourdolle, Marie Vuillemin, Angéline Wiard École du Louvre, Bureau des élèves, Porte Jaujard, Place du Carrousel, 75038 PARIS CEDEX 01. louvrboite.fr Courriel : journaledl@gmail.com Facebook : fb.com/louvrboite Twitter : @louvrboite Instagram : @louvrboite
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ISSN 1969-9611. Imprimé sur les presses de l’École du Louvre (France). Sauf mention contraire, ©Louvr’Boîte et ses auteurs.
C[Fascinant | présent] C Me revoilà, eh oui. Poursuivons cette entreprise de l’imagination fleurie de l’humanité. Cette fois-ci comme nous sommes sur le numéro présent, eh bien… nous allons traiter des théories du complot actuelles. Alors comme le sujet est très légèrement touchy on va se concentrer sur les plus hard. J’ai pas envie de me faire insulter sur les réseaux huhuhu. Nous sommes une rédaction de paix, vivant d’amour et d’eau fraîche.
Trêves de balivernes, débutons. Je vais commencer avec les plus connus, les platistes. Ha oui eux vous les connaissez bien. Il fut un temps où cette théorie faisait office de vérité. Puis la science et la recherche ont démontré le contraire. Comme quoi… ne jamais rester sur ses acquis, toujours avoir la capacité de se remettre en question. La Terre plate donc. Soit… pourquoi pas j’ai envie de dire. Mais bon au vu de nos connaissances actuelles, la chose me semble peu probable. Après tout, il existe plusieurs photos de notre belle planète bleue prise depuis l’espace. Et puis on est allé sur la Lune il y a un peu plus de 50 ans, des hommes ont pu observer de leur yeux la Terre. Et même, à l’instar de Thomas Pesquet, des hommes et des femmes vivent dans l’ISS et ont la chance de faire le tour de la planète plusieurs fois par jour. Mais alors pourquoi ? Pourquoi croire que tout ceci est faux ? Que le voyage sur la Lune n’est qu’un film réalisé par Spielberg afin de duper le monde ? Bah… on ne sait pas trop finalement, leurs preuves sont bien minces. On ne voit pas la courbe de la Terre quand on regarde vers l’horizon ? Normal, la Terre est beaucoup trop grande. Il existe un moyen de savoir si une théorie peut être réelle. Imaginez que tout ceci soit vrai, que des milliers de personnes (ceux qui bossent à la NASA, les gouvernants, etc.) soient au courant de la vérité, qu’ils mettent des milliards de dollars dans des projets dans le but de duper la population tout cela pour nous faire croire que la Terre est ronde ? Dans quel but ? Cela me semble étrange, et puis, c’est bien connu, plus y a de monde au courant d’un secret, moins il demeure secret longtemps.
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Passons à la suite de l’article. Ha, sachez que je m’amuse bien. Si je vous dis « un jour en partant au Québec, j’ai rencontré un roumain en arrivant à Montréal. Il m’a dit : moi je sais que tu t’appelles Pierre. J’ai la double vue et ça fait 20 ans que je t’attends. » Non ? Cela ne vous dit rien ? On essaie encore une fois alors. Tentons avec les « vaisseaux de la Vierge Marie » ou alors « le Christ Cosmique » cela vous dit quelque chose ? Haaaaa on me dit à l’oreillette que cela fait mouche. Si ce n’est pas le cas, je ne peux plus rien pour vous. Je suis retombée dans les méandres d’internet en écrivant, me replongeant dans ce qu’était YouTube il y a cinq ans. Oui, j’ai rematé Antoine Daniel, ça fait bizarre. Bref ! Nous ne sommes pas ici pour être nostalgiques de cette période mais pour déblatérer sur Sylvain Durif. Nous avons eu affaire à lui il y a de cela déjà quelques années, un as en la matière. Nombreux ont été ceux à mater avec fascination cet homme si sûr de lui, cela en devient presque admirable. Non je ne crois pas en la possibilité que nous ne soyons pas seuls dans l’univers, je suis très peu convaincue de l’existence des vaisseaux de la Vierge Marie. Le Grand Monarque a beaucoup d’imagination c’est beau, je pense que vous pouvez réunir touuuuutes les théories du complot que vous connaissez, la Terre creuse, les extraterrestres, le Dieu Oiseau je ne sais pas trop. Très fleuries, très variées. Mais ne nous moquons pas trop de lui, apparemment les civilisations extraterrestres et intraterriennes (nouveau mot !) sont en train de nous observer. Et vu comment le gars a l’air d’être puissant pour eux, il serait de mauvais augure de nous attirer leur foudre.
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Il y a tellement d’autres théories dont j’aimerais vous parler. Les reptiliens (classique), le produit déversé dans une rivière qui rendrais les gens gay (wtf, à quel moment ?) et tout un tas d’autres choses bien plaisantes. Mais le temps manque et j’espère avoir attiré votre curiosité à propos de cela. Allez donc vous perdre dans Internet, c’est assez drôle, parfait pour égayer notre petite vie d’étudiant. Source : pas grand chose sinon moult vidéo de Merlin l’Enchanteur aka Oriana aka l’Homme vert aka… ok j’arrête je suis reloue.
Eloïse B.
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Nécrologie Que ce soit dans le milieu sportif, musical, politique, littéraire, cinématographique et même humoristique, 2020 n’a pas été une année très joyeuse. Chacun d’entre nous a été touché par la disparition d’une célébrité qu’il aimait bien. La perte d’un être qui nous est cher, c’est avant tout la perte d’une partie de nous-même. Nous étions habitués à cette présence qui nous enjouait, qui nous rassurait sans doute aussi un peu. Parfois même, on pouvait considérer cette personne comme quelqu’un de notre entourage, de notre famille presque. Tâchons alors de leur rendre un bel hommage. Tout d’abord je voudrais rendre hommage à deux hommes qui ont fait la renommée d’un petit Gaulois à moustache fort célèbre, je veux bien évidemment parler d’Albert Uderzo et Roger Carel ! Avec Goscinny, ils ont rendu iconique un petit village résistant encore et toujours à l’envahisseur. Mais plus qu’Astérix, Roger Carel, c’était avant tout un splendide acteur et comédien et surtout un doubleur de génie : Astérix, Mickey, Kermitt la grenouille, C-3PO, Maestro et même Idéfix !!! Tout le monde a été marqué par son timbre de voix inimitable, il a sans nul doute marqué un bon nombre de générations. Si l’on reste dans les acteurs, il faut également souligner la triste disparition de deux acteurs de légende : Kirk Douglas et Sean Connery, qui chacun, à leur manière, ont su révolutionner le monde cinématographique. Ils resteront à jamais des légendes du cinéma, adieu 007 et adieu Spartacus ... La preuve que le meilleur des agents secrets anglais peut être écossais….
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Si l’on parle de légendes, je ne peux qu’avoir une pensée émue envers Ennio Morricone, le Maistro, qui lui aussi nous a quitté, un soir de juin. Sa musique, c’est sa vie, son œuvre, le talent d’un prodige mis au service du cinéma, un art mis au service d’un autre art, mais cependant, il faut faire attention ; comme il le dit lui-même, « la musique est une expérience, pas une science». Effectivement, sa musique est une expérience, un voyage vers un autre monde, un désert aride où règne bien souvent la loi du plus fort. Les mercenaires et « les salopards » sont seuls maîtres sur ce territoire orchestré par Morricone. Cette année a aussi porté un coup dur à tous nos amis sportifs, l’annonce de la mort de Maradona a eu l’effet d’un choc dans le milieu du football. Il n’y a pas une coupe que ne possédait pas cet homme, sur le terrain, c’était un véritable ovni ; au risque d’offusquer quelques personnes, je trouve qu’il a su élever au rang d’art ce sport avec sa manière d’être actif sur le gazon, de jouer et de monopoliser l’espace. Il savait fasciner son public et son public savait le lui rendre. Un véritable professionnel mais aussi un homme au grand cœur qui n’a jamais souhaité vivre ailleurs que parmi les siens, en Argentine. Cette fois-ci je voudrais rendre hommage à un compagnon de la libération : Daniel Cordier. L’année dernière, et pour reprendre une célèbre expression, l’Histoire fut veuve. Avec la mort du résistant, c’est un pan entier de notre histoire qui disparaît et quelle histoire… Parmi les premiers engagés de la France Libre, « Caracalla » devient très vite un personnage avec de grandes responsabilités, secrétaire personnel de Jean Moulin, c’est lui qui tient les comptes des mouvements, bientôt unifiés, de la zone Sud. Malheureusement le 21 juin 1943 fut un jour de deuil pour lui. Après le drame de Caluire, Daniel Cordier répètera maintes fois « à partir de ce moment-là, j’étais devenu orphelin »… Faire face à cet homme, c’est faire face à l’histoire héroïque et tragique de notre pays, de sa décadence à sa grandeur, de son occupation à sa libération… Plus qu’une suite d’événements, la vie de Daniel Cordier est un mythe pour la Résistance où la légende se mêle à l’organisation. Peut-être que ce cher Daniel sera panthéonisé au côté de son ami de toujours, espérons…
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L’année fut aussi difficile dans le monde l’art, Christo n’est plus, l’emballeur le plus célèbre du monde a rendu son dernier souffle en mai dernier. Son œuvre, parfois sujette à polémique, reste gravée dans nos mémoires comme celle d’un avant-gardiste aux ambitions folles et monumentales. Emballer le Reichstag, le pont Neuf, et même une île !!!! Qui, à part lui, pouvait avoir une idée aussi saugrenue ? Évidemment, il ne faut pas oublier Jeanne-Claude, qui fut l’initiatrice de beaucoup de projets si ce n’est la plupart. Les deux compères reposent désormais ensemble. Malgré la mort de ce dernier, l’empaquetage de l’Arc de triomphe est un ultime hommage au couple d’artistes. Leurs œuvres, aussi éphémères soientelles, dégagent un je-ne-sais-quoi de poésie, une invitation au rêve, à l’apaisement…
Aussi, une disparition qui m’a énormément touchée, celle de Christophe, l’homme des “mots bleus” , d’ ”Aline” et des “Marionnettes”. Il fait partie des chanteurs qui m’ont bercés étant jeune, il avait cette façon si particulière de chanter l’amour, comme un mélange de mélancolie, de plaisirs inachevés, de rencontres qui n’ont jamais eu lieu. Sa mort est survenue en plein confinement, je me remémore les quelques instants où sa voix résonnait dans les jardins et sur les balcons. C’est ce genre d’hommage qui montre la réelle popularité d’un artiste. Si l’on parle d’artiste populaire, j’ai une pensée tendre pour le compagnon de Michou ; l’homme de la rue des Martyrs n’est plus… Il nous aura fait vibrer au rythme de ses cabarets transformistes. La perte de Michou, c’est la disparition d’une certaine époque, un Paris d’avantguerre (et d’après-guerre aussi) où se mêlent insouciance et joie de vivre à la parisienne.
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Pour conclure, je voudrais avoir une ultime pensée pour deux grands journalistes de renom, Jean Daniel et Pierre Bénichou. Ce sont ces deux hommes qui m’ont donné envie d’écrire, ils ont fait les heures de gloire du Nouvel’Obs. J’ai une tendresse toute particulière pour Pierre Bénichou, avec qui j’ai eu quelquefois l’occasion de discuter. Au moment où j’écris ces quelques lignes, une larme lourde de tendresse et de reconnaissance perle sur ma joue. Il était d’une sympathie et d’un humour comme on n’en fait plus. Un véritable Parisien comme on les aime, un peu râleur, souvent de mauvaise foi mais toujours tendre et charmant… C’était l’archétype d’une certaine époque, il avait une immense culture et pouvait réciter du Aragon, du Molière et des chansons d’un autre temps. Il m’a fait aimer Maurice Chevalier, ma culture c’est à lui que je la dois, il m’a tout appris de la vie, de ses difficultés, de son absurdité… Au revoir Pierrot, tu seras à jamais dans mon cœur... Bien sûr je ne peux citer toutes les disparitions de cette année tragique, mais je n’oublie pas Juliette Gréco, Anne Sylvestre, notre ancien président de la République M. Valéry Giscard d’Estaing -dont la mort me surprit tant je le pensais immortel- et tant d’autres encore qui n’auront pas vu l’horizon de 2021…
Raphaël P.
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Ces choses destinees é te faire sourire Bonjour à toi, qui viens de tomber sur mon article. J’espère sincèrement que tu vas bien et si ce n’est pas le cas, j’espère que cet article te fera sourire au moins une fois, c’est tout ce que j’espère. A l’origine, je voulais rédiger un article sur des bonnes nouvelles (choses) qui ont eu lieu au cours du mois de janvier ou, tout du moins, dont nous avons pris connaissance en ce début d’année. J’ai trouvé par la suite ma démarche un peu présomptueuse de vouloir tenter de rendre quelqu’un mieux qu’il ne l’était avant notre rencontre à travers ces mots, juste à travers d’autres mots qui ne veulent peut-être rien dire car finalement, je ne sais pas qui tu es. Alors, j’ai trouvé une autre approche, peut-être tout aussi présomptueuse (je n’ai pas encore le recul nécessaire, pour tout avouer) pour tenter de te décrocher un sourire. Depuis le début de la semaine, j’ai noté les choses qui m’ont fait sourire ou qui m’ont fait du bien en les faisant. Si jamais quelque chose vous tente, n’hésitez pas à le faire à votre tour, car normalement, je t’aurai tout expliqué. Ce ne sont pas vraiment des conseils, mais plutôt des choses que je te donne. Un peu comme : « Si la vie te donne des citrons, fais-en une limonade. » (mais je ne t’oblige pas hihi).
1- Me promener, etre debout Toute la journée, nous sommes devant nos ordinateurs, bien au chaud, sous nos plaids. Mais me lever chaque jour, prendre des détours de plusieurs rues pour juste acheter les ingrédients dont j’ai eu besoin pour réaliser la suite de l’article (promis, ça arrive), slalomer entre les arbres dans un parc…
2- Prendre soin de moi Mettre du rouge à lèvre (sans transfert of course, à cause du masque), choisir ma meilleure tenue chaque matin pour rester toute la journée à travailler devant l’ordinateur… Et petit bonus, je vous livre mon incroyable (oui oui, si tu n’y crois pas, essaie) recette maison pour un gommage. Mélange dans un bol deux cuillères à soupe de cassonade (ou sucre brun) ou de marc de café (ça pue, mais ça marche super bien et ça nettoie les canalisations en prime) et une cuillère à soupe d’huile (pour ma part, c’était coco).
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Ensuite, passe DÉLICATEMENT avec tes doigts ou un gant la matière contre ta peau pour décoller les peaux mortes. Je ne sais pas ce que tu fais habituellement pour prendre soin de toi, mais n’hésite pas à le faire, vraiment, car tu es la personne la mieux placée pour le faire (promis, je ne mens pas). PS : Teste au préalable un peu de la préparation sur une petite partie de ton corps, pour être sûr que tu ne fasses pas une réaction allergique, car sinon, tu ne vas plus sourire du tout et ce serait bien dommage.
3- Passer du temps avec ses amis eloignes Pour beaucoup d’entre nous, venir à l’école du Louvre a signifié quitter notre région d’origine (bye bye la Drôme) et cela implique indubitablement de passer moins de temps avec nos proches. Among Us peut être une bonne excuse (essayer la version cache-cache, que je trouve encore plus fun que l’original) ; envoyer des cartes de vœux (je sais, c’est old school, mais la surprise n’en sera que plus grande). Les souvenirs n’ont pas besoin d’être vécus physiquement pour exister.
4- Cuisiner quelque chose qui fait du bien Je ne sais pas quel est votre plaisir ultime. Pour ma part, c’est la pâte à cookie (crue, qui ne présente pas de risque sanitaire) et je suis beaucoup trop heureuse de vous partager ma recette, qui fonctionne également en version vegan (testée et approuvée aujourd’hui). Pour cette recette de pâte à cookie, vous aurez besoin de : - 140 g de farine (à passer au préalable 5 minutes au four à 180°C) - 80 g de beurre doux (ou beurre végétal) - 80 g de sucre roux - Une pincée de sel - Environ 20 g de lait (à adapter en fonction de la texture que vous souhaitez obtenir et tout type de lait fonctionne, j’ai utilisé du lait d’épeautre pour la version sur la photo) - ½ cuillère à café d’extrait de vanille - 100 g de chocolat (vegan)
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Battre ensemble le beurre et le sucre jusqu’à obtenir une texture crémeuse qui s’est éclaircie. Ajouter la farine, le sel et l’extrait de vanille, puis mélanger. Ajouter le lait en ajustant la quantité en fonction de la texture que vous préférez. Ajouter le chocolat et ne pas hésiter à en rajouter (beaucoup). Sans me vanter, cette recette est une tuerie. Je vous donne les citrons, à vous d’en faire ce que vous voulez.
5- Decouvrir, essayer des nouvelles choses Si vous voulez découvrir de nouvelles musiques, je ne peux que vous conseiller d’aller consulter la playlist de ce mois-ci (ou bien des anciens numéros), car il y a de sacrées pépites. A titre personnel, de toi à moi, maintenant que nous nous connaissons, je te conseille le clip « Treat people with Kindness » d’Harry Styles, si tu ne l’as pas encore découvert (c’est prouvé scientifiquement, 100% des gens sont de meilleure humeur après avoir vu le clip). Et n’hésite pas à faire une chose qui te fait peur chaque jour. Je suis sûre que tu serais surpris de ne pas avoir si peur que ça. Ma mission, qui j’espère a été un succès, s’achève ici. N’hésite pas à aller lire les autres articles du journal, ils sont tous trop chouettes et c’est sûr, tu trouveras chaussure à ton pied et sourire pour ton visage !
A très vite !
Flora Fief 13
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Quelle oeuvre d’art
Moi.
Tyfenn
La Mestà di Santa Trinita de Cimabuë aux Offices. Une longue histoire nous lie toutes deux, aussi j’espère bien revoir cette merveille un jour. Laureen
Du pre pre Bo
Le petit chien de Suse. Rien de nouveau s soleil, personne ne vient jamais me voir de façon, à part quelques élèves curieux de l’Ec Louvre. La tranquillité de l’anonymat, voyez Rap
Pour supporter le confinement, quoi de mieux que de s’évader par la pensée et l’imagination ? Je dirais donc que je suis Napir-Asu : enfermée, mais ma tête est ailleurs… Marie
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Les séries
confinée êtes- vous ?
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Le calme et le silence des couloirs du Louvre permettent enfin à notre Hermaphrodite endormi de dormir en paix. Je l’envie et j’irais bien le pousser de son matelas pour m’y installer moi aussi. Cassandre
urant cet hiver où je dois pour la emière fois payer mon chauffage, je ends autant froid que la Vénus de otticelli. Flora
Der Wanderer über dem Nebelmeer, de Caspar David Friedrich. Introspection et avenir brouillé mais rêve de grands espaces et de liberté. Jeanne
sous le e toute cole du z-vous. phaël V.
Netflix ça compte ?
Éloïse
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Quelle exposition fermée es-tu ?
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À défaut de pouvoir aller voir une expo dernièrement, il est temps de savoir en tant qu’œuvre d’art dans quel musée on te retrouve pour la réouverture ! Alors, quelle expo fermée es-tu ?
Ton prochain voyage de rêve pour les vacances d’été :
f Les châteaux de la Loire : chic les antiques.
m L’étang de Walden pour se la jouer à la Thoreau.
Y Un village tribal en Afrique, rien de mieux pour se dépayser ! L Le parc d’à côté pour profiter d’une petite cigarette. M Un monastère bouddhique tibétain, la vue est pas mal !
Le plat pour une soirée entre amis :
f Pizza ! M Sushi party !
m Gigot d’agneau sauce à la menthe, âme sensible s’abstenir. L Vodka, bien sûr !
Y Le bio local, évidemment… Merci Mens Sana !
Ton TDO préféré :
m Paléochrétien.
M Art de la Chine.
Y Océanie.
f Peinture . L Art du XXème siècle.
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Qu’est-ce que tu fais en premier en rentrant chez toi après les cours ?
f Une petite séance de muscu. M Regarder la Télé.
m Une petite douche de décontamination.
Y Un peu de bricolage. L Regarder les news.
Ta créature légendaire préférée :
m Le yéti.
f Les sphynx. L Cthulhu. M Les kitsune.
Y Quetzalcoatl.
Ton lieu favori à l’école :
f La bibliothèque. M L’amphi Rohan. LLa pelouse devant l’école.
Y La cafétaria/le distributeur. m Les Tuileries. 17
Résultats
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Arctic au British Museum : De temps en temps ça fait du bien de s’isoler au bout du monde. Les ours polaires ça cause moins, et puis les grands espaces ! Avec des photos tu nous fais voyager au bout du monde !
f Le corps et l’âme au Louvre : La sculpture classique, les rondeurs, les modelés… Tu nous éblouis par ton côté athlète grec et ta science humaniste !
M L’architecture Chinoise au Musée national de Tokyo : Ton côté
éphémère marque ton entourage, peut-être pas des milliers d’années comme la muraille de Chine, mais pour vingt, comme les temples, c’est déjà pas mal !
Y Les arts de l’Amérique native au MET : La forêt profonde, le
bricolage, la nature, rien n’a de secret pour toi ! Tu as un côté débrouillard et indépendant ! Sur une île déserte c’est toi qu’il faut emmener !
L De
Miro à Barcelo au centre Pompidou de Malaga : Tu as un côté un peu fou mais c’est pour ça qu’on t’aime ! Plein de couleurs vives, des techniques et des formes innovantes, tu fais bouger nos vies avec cet esprit novateur !
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Une science de l'Inde ancienne au service de votre quotidien ! Si l’on vous dit Yoga, vous pensez sûrement à la détente, la respiration et vous voyez des personnes faire de drôles figures d’équilibre non ? Mais si l’on vous dit Ayurvéda à quoi pensez-vous ? À rien peut-être me direz-vous, et pourtant cette science de la vie venue d’Orient prend de plus en plus d’importance en Occident de nos jours. Développée en Inde ancienne dès l’époque védique, cette science vise à trouver pour chacun le « savoir-vivre » qui permet d’apporter bien-être et stabilité. Ce mot, Ayurvéda, se traduit par « Science de la vie » ; « Ayur *» signifiant vie, force vitale et « Veda » science. L’Ayurvéda est certes une médecine mais c’est aussi une technique de développement personnel adaptée à chacun. Elle s’appuie sur trois axes d’action : préventif, curatif pour guérir de toutes pathologies ou maux rencontrés et enfin correctif pour aider à la gestion de ses émotions et problèmes. L’enseignement ayurvédique s’appuie également sur des principes qui sont ses piliers. Au nombre de six, on y trouve : - Le sacré en toute chose, par les cinq éléments (éther, air, feu, eau et terre) résultant les uns des autres et présents partout. - L’équilibre, par les trois humeurs (doshas), des fluides toujours en mouvement en chaque être. Selon l’Ayurvéda, un certain dosage de ces humeurs est inscrit dans nos gènes dès notre naissance, pourtant ce dernier n’est pas parfait et l’Ayurvéda cherche à modifier subtilement ces humeurs pour atteindre l’équilibre originel. - L’interdépendance, à travers les tissus corporels ou dathus (plasma, sang, muscles, gras, os, moelle osseuse et sécrétions sexuelles) qui forment une chaîne indissociable à prendre en compte lorsque l’on soigne un mal. - La transformation de tout ce que nous ingérons (connaissances, idées, aliments) grâce aux treize feux (agnis) présents en nous dont le plus important est le feu digestif.
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- L’expulsion des toxines du corps par les trois excrétions (malas). - La purification par la trentaine de canaux dans notre corps (srotas), internes ou externes, qui permettent la circulation des fluides et des énergies. Ces six grands principes sont donc les considérations basiques de l’Ayurvéda mais ils ne font pas tout. L’Ayurvéda est une science. Elle est donc ordonnée et régie par des règles et des méthodes d’actions bien précises. L’Ayurvéda est basé sur la discipline spirituelle, corporelle et mentale car tout est lié et tout doit être travaillé. Il y a donc neuf disciplines différentes que l’on répartit selon trois axes d’actions. Ces derniers seront toujours abordés dans le même ordre (spirituel, physique et mental) car celui-ci suit la logique de création selon l’Ayurvéda. Ainsi serait d’abord apparue la force spirituelle, la première manifestation de l’être puis la constitution de l’enveloppe corporelle et enfin l’éveil de l’intellect et du mental. L’axe spirituel porte sur l’énergie vitale qui régit notre métabolisme et nos émotions. Il s’agit donc de la préserver au mieux. Cela s’organise en trois disciplines quotidiennes : le vihara et le dincharya, deux disciplines complémentaires de conduite de vie et d’aménagement de l’environnement, à travers nos lieux et nos horaires d’activité, de sommeil, d’alimentation, etc. ; le pranayama, regroupant des méthodes respiratoires pour la gestion des émotions ; et enfin ishwara pranidhana qui est la mise en relation avec la force spirituelle qui nous traverse, réalisée par l’introspection et l’extrospection. L’axe corporel est très important car le corps est bien organisé mais fragile. Il suffit d’un rien pour que cet équilibre s’effondre. Il s’agit donc de l’écouter et d’en prendre soin. Ahara est l’une des trois disciplines de cet axe. Elle regroupe toutes les règles de « savoir-manger », les conseils pour équilibrer son feu digestif et privilégier au mieux les meilleurs aliments en fonction de notre constitution. L’asana est la discipline de l’activité physique axée principalement sur le Yoga. Enfin vizrama vise le relâchement physique et la relaxation du corps. Pour finir, l’axe intellectuel se compose de la discipline dhyana consacrée à la méditation, la discipline manovyapara yama liée à l’équilibre mental et basée sur un travail d’apaisement et de pensées positives, et enfin la discipline de bodha ou « l’éveil curieux » faite pour développer notre regard sur le monde par notre curiosité, nos connaissances et la transmission de celles-ci.
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Un autre aspect important de la science ayurvédique est l’adaptation de ces trois axes et neuf disciplines selon les métabolismes et caractères de chacun. L’Ayurvéda a ainsi cerné trois types de profils et les maladies qui peuvent leurs être récurrentes. Chacun d’eux se voit attribuer un programme disciplinaire dont le squelette est sensiblement le même, pourtant à l’intérieur, les actions à effectuer sont différentes. Vata est le profil lié à l’air. Il a un métabolisme rapide, est dynamique et toujours en mouvement. C’est une force de la nature. Cependant, ce dynamisme n’est pas toujours contrôlé. Ainsi ce profil se fatigue vite car il évite le repos et ne fait pas toujours attention à lui. Il peut également être d’une nature anxieuse et avoir un grand débit de parole. Ses objectifs ayurvédiques sont donc la régularité, la patience et la contemplation. Pitta est le profil lié au feu. Il est puissant, passionné, très ancré dans ses sentiments et émotions et peut parfois tomber dans la violence. Ce profil a souvent peur de l’échec et n’aime pas avoir tort. Son métabolisme est puissant. Ses objectifs sont l’apaisement, la modération et la douceur. Enfin Vapha est le profil lié à l’eau et la terre. Il a un métabolisme lent. Ce profil est plus stable que les deux précédents. Il dort beaucoup, aime ne rien faire et contempler. Il sera plus souvent suiveur que meneur. Sa stabilité peut rassurer mais ce profil a besoin de se dynamiser et de se motiver pour trouver son équilibre et une bonne santé. *Tous les mots en italique sont en sanskrit. Cassandre BRETAUDEAU Bibliographie : Mon coach ayurvéda, Samuel Ganes aux éditions Eyrolles ainsi que des témoignages de personnes ayant réalisé une cure ayurvédique en Inde.
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O Hérald’ Hic!
Des armoiries de marques de bières comme exemples d’héraldique contemporaine ou comment s’en jeter une sans culpabilité aucune
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Présent. Un thème bien peu propice à la palabre héraldique, parangon des siècles passés oublié par notre société républicaine comme un symbole d’aristocrates voire de royalistes. Pourtant l’héraldique reste en usage dans quelques domaines de notre vie quotidienne, tels que l’héraldique communale ou les logotypes de certaines marques. Nous avions pu discuter de la première dans un article sur le chanvre dans l’héraldique communale pour le numéro 56 - Virtuel de ce journal, lors du premier confinement en mars 2020. Le choix s’offrant à nous fut donc finalement tranché après la vue d’une publicité pour la bière Tripel Karmeliet et au vu de l’alcoolisme notoire de l’auteur, cet article-ci portera sur les logotypes héraldiques de marques de bière. Il y a en effet beaucoup à dire sur ce sujet, car les marques de bières pullulent, premièrement, et car l’écu armorié semble être un très bon moyen de donner une « authenticité » au produit. Il permet d’insister sur la tradition que représente la bière, ce que l’on remarque aussi très bien avec la mise en avant d’une date ancienne de création sur les étiquettes : « 1128 » pour la Grimbergen, « 1664 » pour la 1664, et caetera … La même recherche semble prévaloir aussi pour le vin, à laquelle s’ajoute sans doute une idée de « noblesse » du produit. Ainsi de nombreuses marques de bières arborent un logotype héraldique, notamment des bières allemandes apparemment (Spaten, Löwenbrau, Kulmbacher, …), mais nous nous concentrerons ici sur des bières plus courantes en France. Les deux premières seront belges cependant, avec une origine logotypique quelque peu similaire. Commençons donc par la bière qui nous donna l’idée de cet article : la Tripel Karmeliet, une bière triple créée par la brasserie Bosteels en 1996. Ce sont les armes la représentant qui nous ont intrigués, du fait de leur composition peu commune et du pro
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blème de blasonnement qu’elles nous posaient : « De sable chapé-ployé d’argent, la pointe se terminant en fleur de lis, à trois étoiles à six rais de l’un en l’autre ». Ces armes étrangement dessinées sont néanmoins parfaitement héraldiques et s’inspirent en fait des armes de l’ordre des Carmes déchaux. Mais quel est donc le lien entre un ordre religieux et une marque de bière ? Il est de notoriété publique Enseigne décorative de que cette boisson est très liée aux abbayes et aux Tripel Karmeliet congrégations monacales. Ceci date du règne de Charlemagne qui promulgue une charte régissant la production de la bière et la confiant aux moines, puis ordonne dans un capitulaire la présence d’une brasserie dans chaque abbaye et chaque métairie royale. Les moines de tous ordres amélioreront ensuite les recettes de bière et y introduisent le houblon. Pour revenir à notre marque, la bière Tripel Armoiries de l’ordre Karmeliet s’inspire en fait d’une recette de bière des Carmes déchaux répertoriée en 1679 dans le cloître des Carmes de Termonde, en Flandre-Orientale, utilisant trois céréales : le blé, l’orge et l’avoine. De ce fait, il semble normal que son logotype reprenne les armes de cette congrégation : « De sable chapé-ployé d’argent, la pointe se terminant en croix pattée, à trois étoiles à six rais de l’un en l’autre », en modifiant seulement la croix pattée pour une fleur de lis, un meuble iconique en héraldique.
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Logotype de la marque Affligem
Passons dorénavant à notre deuxième marque de bière : Affligem, une bière d’abbaye produite à partir de 1970 par la brasserie du même nom (anciennement De Smedt). On note encore la reprise d’une tradition, mais bien plus ancienne car l’abbaye bénédictine d’Affligem (dans le Brabant flamand) est fondée en 1062. Les moines ont concédé à la marque une licence d’utilisation du nom et de l’image de l’abbaye. Une image qui s’étend à ces armoiries en 2004 lorsque la bière Affligem commence à arborer
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: « De gueules à deux clés d’argent posées en sautoir, une épée d’argent posée en pal brochant en coeur ». Ces armes proviennent en fait du vocable de l’abbaye : Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Affligem, elles reprennent donc l’épée de saint Paul et les clés de saint Pierre. On les retrouve en plusieurs lieux de l’abbaye.
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Nous finissons cet article avec une marque de bière française bien connue : la Kronenbourg, brasserie fondée en 1664 par Jérôme Hatt à Strasbourg. Le logotype héraldique « écartelé de gueules et d’argent » daterait du changement de nom de l’entreprise pour celui que nous lui connaissons en 1947. Il s’agit ici d’une reprise des armoiries de Strasbourg Armoiries de la ville de Strasbourg et de l’Alsace, le rouge (gueules) et le blanc (argent). Pour ce qui est du nom, il vient du quartier de Cronenbourg à Strasbourg dans lequel est transférée la brasserie au XIXe siècle, avec l’écriture allemande en usage de 1871 à 1919 (d’où le « K »). Il explique de plus le changement de logotype en 2015 pour un « écartelé de gueules et d’argent, un château d’or dans le quartier senestre du chef », car Cronenburg signifie en allemand « le château de la couronne ». Le logotype de Kronenbourg a été modifié en 2019, en gardant sa forme globale mais en s’éloignant tout de même assez de l’héraldique traditionnelle. Notez cependant que le logotype à l’écartelé est encore visible dans sa forme anté-2015 sur les étiquettes de 1664, en médaillon, en tant que marque appartenant à l’entreprise Kronenbourg. Elle a en effet été créée Logotype de la brasserie Kronenbourg entre 2015 et 2019 en 1952 pour le couronnement de la reine Élisabeth II, et est nommée selon l’année de fondation de la brasserie Hatt. Il n’y a donc pas de mauvaise façon d’étudier les armoiries, qui survivent toujours grâce aux logotypes. Nous vous laissons maintenant à vos délectations héraldiques. Santé ! Raphaël Vaubourdolle
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Top 8 des instruments de musique les plus fascinants récemment (re)découverts Vous veillerez, lecteur indulgent, à pardonner votre indigne servante, dont les nuits s’étirèrent en douleur à tenter de trouver une image libre de droit de chacune de ces merveilles musicales puis à se résoudre à les illustrer elle-même, et qui parie donc sur votre curiosité pour aller fureter avec dévotion sur Artips et France Musique, où vous trouverez les quelques étrangetés non figurées dont vous allez ouïr ci-après l’existence.
La Viola organista
The Vienna Vegetable Orchestra
Notre cher Léonard de Vinci, dans un petit coin perdu de ses carnets fourmillants, eut un jour l’idée de griffonner un nouvel instrument de musique. En 2013, quelques 500 ans plus tard, vint à un facteur d’instruments polonais l’idée d’en faire un prototype ! Le résultat est un mélange de vielle à roue, orgue et piano. Avec sa pédale actionnant des roues feutrées, on lui trouverait presque une mignonne petite parenté avec la Singer de nos grand-mères.
Associer les recommandations de santé publique et la plus pure tradition du beatbox, voilà le défi relevé depuis 1998 par cet orchestre viennois compositeur de quatre albums, dont les instruments sont entièrement composés de légumes en tous genres. Une carotte évidée à la perceuse, le frottement de deux poireaux, la lourde chute d’une cucurbitacée… Tout est bon dans la végétation !
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L’harmonica de verre Des doigts glissant sur des bols de cristal mouillés, rien de plus innocent… Et pourtant, dès 1835 en Allemagne, des arrêtés interdisent toute pratique du subtil harmonica de verre, pourtant inventé par Benjamin Franklin, et dont même Marie-Antoinette aurait joué ! L’instrument est accusé de rendre fou, à cause du plomb contenu dans la peinture noire appliquée sur certains de ses bols. Après cette ère de désamour, notre harmonica est heureusement revenu sur le devant de la scène dans les années 1980, et des exemplaires en sont aujourd’hui fabriqués (sans plomb quand même).
La harpe pendulaire
Le célesta
Grande inclassable devant l’Éternel, Björk ne trouve guère d’instrument assez pertinent pour décrire dans son morceau Solstice (Biophilia, 2005) le mouvement des planètes. Notre musicienne s’associe avec un diplômé du MIT pour en créer un tout nouveau, inspiré du pendule de Foucault. Mais si, vous savez, cette minuscule chose pendue au plafond du musée des Arts et Métiers, qui prouve la rotation de la Terre… Le résultat, exposé en 2015 au MoMA, ressemble davantage à un gigantesque portique pour jardin qu’à une harpe, mais le son est un brin plus élégant que les cris de vos petits cousins suspendus la tête en bas.
Le mouvement des planètes doit manifestement en perturber quelques-uns : au début du XXe siècle, Gustav Holst décide d’inclure des extraits du célesta, instrument oublié du XIXe s., dans son œuvre pour orchestre Les Planètes. De nos jours, c’est sans surprise Björk qui a un peu relancé l’usage de l’instrument, dans son album Vespertine notamment.
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Le thérémine Fan de Jean-Michel Jarre et autres joyeusetés rétro-futuristes, voici le grand-père de tout instrument de musique électronique ! Créé en 1920, le thérémine n’a néanmoins gagné réellement en popularité que dans les années 1980. Cette baguette de fer produit des sons sans même qu’on la touche (très Covid-19 dans l’âme). Google a même publié en 2016, pour la naissance de la musicienne Clara Rockmore, un Doodle permettant de s’y initier.
L’orgue marin de Zadarlaire
La trompette marine
Avez-vous déjà songé à vous dorer la pilule au franc soleil d’été… allongé sur un instrument à vent ? La cité croate de Zadar et l’artiste Nikola Bašić ont en tout cas concrétisé cette idée un brin fofolle : le résultat est une série de longs gradins, percés de petits trous bordant le front de mer, qui se mettent subitement à chanter lorsque l’écume vient s’y engouffrer et en chatouiller les extrémités.
Moqué dans Le Bourgeois Gentilhomme, objet d’un des plus courts poèmes de la littérature française dans Alcools, le son assurément très grave de la trompette marine pâtit d’un étiquetage « PEGI 18 auditif », responsable de sa traversée du désert dès la fin de la vogue baroque. L’instrument conserve néanmoins aujourd’hui quelques adeptes, à l’instar du musicien Jacques Rebotier, qui le fait intervenir dans une de ses 66 Brèves (1989-1996).
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i Serfs, hommes libres et nobles... i « On dit qu’autrefois, Par les vertes routes, Puissant et vénérable, L’Ase savant et sage, Valeureux et vigoureux, Rigr, s’en vint cheminant. »
Rígsthula (« Chant de Rígr »), Edda poétique
Je trouve cette strophe à l’image de l’antique dieu qu’elle décrit : puissante dans sa composition, savante dans ses mots et vénérable dans son histoire… Une histoire semblant venir tout droit du fond des âges, une histoire datant de temps immémoriaux, une histoire immuable et universelle. Et c’est justement cette universalité que la Rígsthula, ou « Chant de Rígr », conte. Elle fait en effet le récit de la façon dont le dieu Rigr, qui ne serait autre que Heimdallr, dieu énigmatique entre tous, se rendit responsable de la création de la société et de sa division en trois classes : celle des serfs, celle des hommes libres et celle des jarls guerriers et des rois. Cela renvoie de toute évidence à la division tripartite des sociétés indo-européennes, bien que cette division nette relève ici d’un esprit plutôt guerrier et aristocratique. Cette tripartition étant aujourd’hui toujours d’actualité dans notre société, je me suis permis de rattacher ce mythe au thème Présent. La Rígsthula est un poème ancien : sa rédaction même pourrait en effet remonter avant l’an 1000, quoique le seul manuscrit qui nous le donne, le Codex Wormianus, date d’environ 1400. Pourtant il pose de nombreux problèmes. Ce qui rend complexe l’interprétation de ce poème, outre sa facture curieuse à maints égards, en particulier en ce qui concerne l’ordre et le choix des mots, c’est qu’il accuse d’incontestables influences irlandaises. Il n’est ainsi pas sûr que ce poème appartienne au fond nordique : il pourrait n’être qu’une adaptation scandinave d’un thème irlandais. De plus, la Rígsthula est inachevée, et ce que nous possédons de la fin semble bien être un ajout qui nous renverrait au domaine des chants héroïques. Par quoi l’on retrouve ce composé d’éléments disparates que constituent les poèmes de l’Edda : une assise immémoriale autochtone que nous ne connaissons pour ainsi dire pas, et un fond mythique indo-européen sur lequel se greffent des influences diverses et des réminiscences historiques.
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Qu’importe ! Telle quelle, la Rígsthula demeure l’un des grands textes de l’Edda poétique. Elle porte fortement la date à laquelle elle fut composée : mépris des serfs, idéal aristocratique, louanges au roi. Cependant son amour de l’ordre, l’art de l’expression et un humour assez dur en font une œuvre fort intéressante. Commençons en donc le récit :
Un jour, Heimdallr, le Portier des Dieux, étant en voyage, chemina le long de quelque rivage et arriva à une maison dont le portail était entrouvert. Il y entra donc et trouva un feu brûlant dans le foyer ainsi qu’un couple d’âge vénérable : Ai (Aïeul) et Edda (Aïeule). Il déclara se nommer Rígr et les maîtres de maison l’accueillirent. Il partagea alors avec eux leur repas, simplement composé d’une miche de pain compacte pleine de son et d’un bouillon clair, ainsi que leur lit. Il resta ainsi trois nuits entières. Il s’en alla finalement sur la route par laquelle il était arrivé. Or, neuf mois plus tard, Edda enfanta. L’enfant, noir de peau, fut appellé Thrall (Serf). Celui-ci grandit par la suite et apprit à exercer sa force en effectuant des fardeaux toute la journée. Lorsqu’il fut en âge de se marier, il rencontra une fille nommée Thír (Serve) avec qui il eut une vingtaine d’enfants. Ces derniers sont tous nommés dans le poème mais leurs noms ont chacun des significations péjoratives comme Bruyante, Grossier, Puant, Balourde...etc. Le poème précise que leur travail consiste à poser des enclos, garder les chèvres...etc. Ainsi de là provient la race des Thralls, c’est-à-dire celle des serfs. Rígr continua par la suite son voyage. Il arriva ainsi à une halle dont le portail était également entrouvert et le passa donc. Il vit à l’intérieur un feu qui crépitait au milieu de la pièce et, assis à côté, un couple qui vaquait à ses occupations. Il s’agissait d’Alfi (Grand-Père) et d’Amma (Grand-Mère). Il déclara se nommer Rígr et les maîtres de maison l’accueillirent. Il partagea alors avec eux leur repas, plus raffiné que le précédent, ainsi que leur lit. Il resta ainsi trois nuits entières. Il s’en alla finalement sur la route par laquelle il était arrivé. Or, neuf mois plus tard, Amma enfanta d’un garçon aux cheveux roux, aux joues roses et aux yeux vifs. Ils le nommèrent Karl (Homme). En grandissant, celui-ci apprit les métiers de paysan et d’artisan. Lorsqu’il fut en âge de se marier, il rencontra une jeune fille nommée Snör (Bru) avec qui il se maria. Ensemble, ils eurent une vingtaine d’enfants dont les noms sont tous énumérés dans le poème comme précédemment, et qui sont eux plutôt liés aux métiers d’artisans et à des qualités comme Belle, Forgeron, Brave, Fière...etc. Ainsi de là provient la race des Karls, c’est-à-dire celle des hommes libres.
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Enfin, Rígr continua son chemin. Il arriva à une salle dont le portail était clos et s’ouvrait avec un anneau. Il y pénétra et trouva un couple richement vêtu qui vaquait à ses occupations. Il s’agissait de Pair (Père) et Mair (Mère). Il déclara se nommer Rígr et les maîtres de maison l’accueillirent. Il partagea alors avec eux leur repas, un véritable festin, ainsi que leur lit. Il resta ainsi trois nuits entières. Il s’en alla finalement sur la route par laquelle il était arrivé. Or, neuf mois plus tard, Mair enfanta d’un garçon aux cheveux blond pâle, aux joues brillantes et aux yeux perçants. Ils le nommèrent Jarl. En grandissant, celui-ci apprit à fabriquer des armes et à les manier. Puis Rígr revint et lui enseigna les runes. Il lui révéla également qu’il était son père et le pria de s’approprier des terres. Jarl conquit donc des pays par les armes puis répartit les richesses qu’il avait acquises. Enfin, il rencontra une jeune fille aux doigts fins, blanche et sage appelée Erna (Vive ou Valeureuse) avec qui il se maria. Ensemble, ils eurent une dizaine de garçons dont les noms sont tous énumérés dans le poème comme précédemment, et qui sont eux mélioratifs comme Fils, Enfant, Chef, Héritier... etc. Ainsi de là provient la race des Jarls, c’est-à-dire celle des nobles.
Cependant le récit ne s’arrête pas là. En effet, le plus jeune des fils de Jarl, Konr (Homme), apprit les runes et leur magie, ainsi que le langage des oiseaux auprès de son père. Il en vint même à dépasser en science ce dernier et hérita donc de son patrimoine. Bien que certaines des dernières strophes soient mutilées, nous comprenons que Konr chassait l’oiseau en forêt lorsqu’une corneille lui dit qu’il ferait mieux de « monter des chevaux [...] et d’abattre les guerriers ». L’oiseau mentionne alors Danr et Danpr, deux bons meneurs de guerre possédant des halles plus riches que celle de Konr. Le poème étant incomplet, il est impossible d’affirmer qui sont ces deux personnages bien qu’ils peuvent cependant être assimilés aux rois ayant donné leur nom au Danemark. Il est toutefois vraisemblable que la fin montrait Konr suivant les conseils de la corneille. Selon le résumé que fait, à la fin du XVIe siècle, l’érudit islandais Amgrímur Jónsson, le roi Konr épouse Dana, fille de Danpr, et leur fils Danr devint le premier roi de Danemark. Si le fait pouvait être prouvé, cela ferait rebondir l’intérêt de ce poème dont l’objet aurait été alors, pratique courante au Moyen Âge, de fonder en sacré la dynastie des rois danois.
Gabriel Schmit, dit Papa Ours
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