RAPPORT D’EXPÉRIENCE
VALPARAISO - CHILI
ANNÉE 2015 - 2016 LUCIE SERKISIAN
S
O
M
M
A
INTRODUCTION
1/ PRESENTATION DE L’ÉCOLE e[ad] 2/ L’ENSEIGNEMENT DE L’ARCHITECTURE A/ L’ATELIER DE PROJET B/ TALLER D’AMEREIDA C/ LES OPTIONS D/ LA TRAVESIA E/ LACIUDAD ABIERTA 3/ EXPERIENCE PERSONELLE CONCLUSION
I
R
E
I N T R O D U C T I O N
Cette année d’échange à Valparaiso au Chili a été riche en apprentissage et en expériences, l’école d’architecture et de design de la Catolica de Valparaiso propose une formation bien différente de celle que nous connaissons à Marseille. Mais elle est également différente de la plus part des écoles d’architecture au Chili. Ce fut l’occasion de découvrir une autre forme de pédagogie et d’apprentissage, les méthodes et les processus sont divers et variés, il existe une infinité de méthodes de conception. Le bénéfice de cette année au Chili va plus loin que la découverte d’une nouvelle école, d’une nouvelle architecture, c’est la découverte d’un pays, d’une culture, d’une mentalité nouvelle, c’est un autre environnement, et bien sûre une nouvelle langue. L’expérience est humainement enrichissante, le rapport avec les étudiants, les professeurs et les chiliens en général est différent, en effet nous avons été aidées et accueillies chaleureusement à notre arrivée. Cette année permet de prendre de la distance sur l’enseignement de l’architecture en France, mais aussi d’observer la pédagogie de l’école au Chili avec un certain recul, d’avoir une double vision sur la conception architecturale, de se poser de nouvelles questions.
1/
PRESENTATION
DE
L’ÉCOLE
L’école d’architecture et de design, est située sur la colline de Récreo à Vina del mar, l’édifice néo-colonial est tourné vers la mer, c’est une petite école qui propose une formation en architecture mais aussi en design graphique et industriel. L’école a été fondée en 1952 par un groupe d’architectes et d’artistes, la pédagogie de l’école est basée sur la conception de la poésie. La manière d’enseigner l’architecture est donc radicalement différente de celle que nous connaissons en France. L’Amereida est un élément important qui fait partie de cette pédagogie, c’est une vision poétique de l’Amérique qui parle de ses origines et son destin. La Ciudad Abierta est également une opportunité d’apprendre l’architecture en la pratiquant, c’est là qu’ont cours les étudiants de l’atelier de construction durant un trimestre entier pour expérimenter différentes manières de construire, c’est aussi le lieu de différentes réunions collectives entre les étudiants et les professeurs. Dans la même dynamique, les Travesias organisées chaque année sont l’occasion pour les étudiants de construire à l’échelle un, tout en étant en contact avec les futurs usagers de l’ouvrage. Ce voyage est important dans l’enseignement et la pédagogie de l’école. De plus d’autres cours spécifiques à cette école sont proposés comme le cours Juego y Busqueda en la Beleza, le rapport avec l’architecture n’est pas forcément évident, mais c’est un cours dans lequel on apprend beaucoup. Également le cours de cultura del cuerpo a lieu à la Ciudad Abierta et est également représentatif de la mentalité de l’école. Cette école propose un enseignement de l’architecture basé sur d’autres critères que ceux auxquels nous sommes habitués, elle permet découvertes et expérimentations. Cela remet en question les habitudes acquises à l’ENSAM, mais surtout ouvre le regard sur le monde.
e[ad]
2/
L’ENSEIGNEMENT
A/ L’ATELIER DE PROJET B/ TALLER D’AMEREIDA C/ LES OPTIONS D/ LA TRAVESIA E/ LA CIUDAD ABIERTA
DE
L’ARCHITECTURE
A/
L’ATELIER
DE
PROJET
L’atelier de projet est un espace de temps consacré à la présentation du travail, à l’écoute, et à la présentation du travail à venir. En atelier il est rare que les étudiants travaillent, sauf à l’approche des rendus. L’important c’est l’écoute, quel sera le programme, quel sera le projet, quelle sera la méthode de conception, et quels seront les critères. La première partie du Trimestre est consacrée à l’observation, il arrive que les étudiants aient le choix du site sur lequel ils projettent, ce qui n’est pas simple, pourquoi choisir un lieu plutôt qu’un autre ? Cela amène à se poser de nouvelles questions. Aussi, le croquis perspective a une grande importance dans l’analyse de site, chaque semaine il faut rendre une série de croquis du site de projet, du quartier, des pratiques observées, du quotidien des gens. Ce temps d’analyse est très intéressant car l’étudiant a le temps de s’imprégner du lieu. Généralement le professeur demande ensuite une maquette cubique de 30cmx30cm appelée le Curso de l’Espacio. C’est un exercice peu commun pour les étudiants étrangers, l’idée étant de traduire de manière formelle un concept, une idée observée sur le terrain, au travers de ce cube en papier blanc. L’étudiant doit également rendre une planche de dessins d’étude sur cette même maquette et son processus de conception. Une fois le lieu de projet choisi il faut également rendre une maquette appelée l’ERE (estructura radicale de la extension), c’est un peu comme une maquette concept (mais elle n’est pas forcément abstraite). C’est la traduction d’un concept réduit à sa forme la plus pure, on doit comprendre les différents éléments qui structurent le projet et l’idée de l’étudiant. Puis les maquettes se font de plus en plus précises, jusqu’aux deux dernières semaines, pendant lesquelles il faut dessiner les plans et le reste des documents graphiques. Le trimestre se termine par la mise en place d’une exposition, chaque atelier organise l’exposition de son travail, les professeurs révisent ce travail collectivement et notent. Il n’y a pas de présentation orale, les étudiants écrivent tout sur les planches de rendu. Bien sûr, la manière d’aborder le projet est différente dans chaque atelier, mais en général les étapes de conception et surtout le temps passé pour chaque étape change de ce dont on a l’habitude à Marseille. L’observation est beaucoup plus importante et les plans sont dessinés en très peu de temps. C’est l’expérience d’un autre processus, d’une autre manière de concevoir et de penser, et d’une autre architecture.
B/
Taller
de
AMEREIDA
L’Amereida est un cours collectif auquel participent tous les étudiants de l’école, ainsi que différents intervenants, professeurs, architectes, designers, ou encore poètes. Il est question des origines de l’Amérique et de son destin, plusieurs thèmes sont abordés, comme le rapport entre la poésie et la technique, le voyage, le chemin, le présent, l’être, la place de l’Homme dans le monde qui l’entoure, le Pacifique et bien d’autres. Pour les étudiants en intercambio, mais aussi pour les étudiants chiliens, il n’est pas évident de comprendre l’Amereida, néanmoins il existe un livre Amereida, auquel les professeurs se référent la plupart du temps. Au premier trimestre l’évaluation consistait à la fabrication de trois pièces de bois, découpées et peintes en suivant certaines consignes. L’assemblage de ces pièces de bois a été réalisé à la fin du trimestre, chaque étudiant emboîtait les pièces les unes aux autres pour former une sculpture dans le patio de l’école. Au second trimestre l’évaluation était continue, il s’agissait de rendre chaque semaine des notes de cours, puis à la fin du trimestre rendre une pochette de couverture avec croquis et quelques mots de ce qui a été retenu en cours. L’Amereida est un cours spécifique de l’école, il fait partie de la pédagogie et de l’apprentissage de l’architecture c’est pourquoi il est extrêmement intéressant pour les étudiants en échange, car il traite d’une vision de l’architecture, mais aussi du monde qui nous entoure.
C/
LES
OPTIONS
L’école propose d’autres cours comme Histoire du grand Valparaiso, et géographie du grand Valparaiso, Ce sont des cours théoriques qui permettent d’en apprendre plus sur la ville et ses environs, de plus les professeurs organisent régulièrement des sorties sur le terrain et font cours dans la ville, ce qui rend le sujet d’autant plus intéressant. Il y a aussi un cours appelé Juego y Busqueda en la Beleza, c’est un cours ludique et collectif durant lequel le professeur organise différents types de jeux, pièces de théâtres, travaux manuels. Ce cours crée un esprit de groupe entre les étudiants et met en valeur l’expression de chacun. C’est un cours spécifique de cette école il est donc indispensable d’y assister. Le cours de plastique contemporaine est aussi très enrichissant, on découvre beaucoup d’artistes chiliens ou internationaux, on redécouvre aussi quelques artistes français, chaque semaine le professeur donne un exercice consistant à développer l’esprit et l’imaginaire de l’étudiant. Enfin le cours cultura del cuerpo, est dispensé à la Ciudad Abierta, chacun a l’occasion de choisir une activité, yoga, kayak, kapuera, football, hokey, etc.. et une matinée par semaine les étudiants se rendent à Ritoqué et pratiquent leurs activités.
D/
LA
TRAVESIA
La Travesia a lieu au premier trimestre de l’échange, (dernier trimestre de l’année en cours au Chili), elle est précédée d’un temps de près-travesia, les étudiants s’organisent en groupes (finance, cuisine, construction, campement, etc..) pour préparer le voyage. Ce voyage est un des éléments pilier de la pédagogie de l’école, c’est un temps ou l’étudiant assiste et participe en accéléré à un processus architectural, de la conception à la construction. La relation avec la communauté qui reçoit les étudiants est également très enrichissante, c’est une rencontre avec une autre culture, d’autres habitudes, d’autres méthodes de construction et il faut composer avec. Le voyage est également un temps important, ce n’est pas seulement être à un endroit, c’est y aller, y évoluer et enfin en repartir. « El camino no es el camino », le chemin n’est pas le chemin, le chemin c’est le voyage. La Travesia est le moment où les étudiants étrangers, comme chiliens apprennent le plus, c’est l’expérience de la construction, du réel. J’ai eu la chance d’aller à Zurité un petit village au Pérou, nous avons campé dans le jardin de l’école maternelle et nous y avons construit des jeux pour les enfants, nous avons restauré le potager ainsi qu’un point d’eau sur le chemin de l‘école. Les conditions n’étaient pas simples, pas de douche, eau non potable etc… C’était une expérience incroyable, j’ai appris à mieux connaître les étudiants de mon atelier et ai amélioré mon espagnol ainsi que mes connaissances en construction. J’ai participé à l’amélioration des conditions de vie d’un groupe de personnes, les professeurs définissent la travesia comme l’occasion de faire un regalo (un cadeau) à une communauté, l’occasion de donner de sa personne, de son énergie pour le bien des autres.
E/
LA
CIUDAD
ABIERTA
La Ciudad Abierta est un terrain situé à Ritoqué au nord de Valparaiso, c’est une propriété qui appartient à l’école sur laquelle les professeurs et les étudiants se réunissent, construisent, expérimentent etc.. Certains professeurs y vivent, et font partie de la communauté de la Ciudad Abierta. C’est là que les étudiants de l’atelier de construction ont cours tous les jours, c’est aussi là qu’a lieu le cours de cultura del cuerpo. Avant ce cours il y a toujours un temps réservé à un acto, c’est un temps pendant le quel les professeurs de l’atelier d’Amereida ont quelques mots à l’attention des étudiants. En septembre, l’Acto de San Francisco est également organisé à la Ciudad Abierta, c’est un jour où étudiants et professeurs se réunissent, organisent un événement autour de la construction collective d’une sculpture par exemple. L’an passé certains étudiants ont construit un amphithéâtre, ce qui a permis d’organiser une présentation de danse contemporaine. En fin de journée les étudiants et les professeurs se réunissent autours d’un encas et profitent de la fin de journée. Finalement la Ciudad Abierta est un lieu polyvalent qui permet d’organiser un ensemble de réunions et d’activités, c’est un lieu dont la symbolique et le fonctionnement participent à la pédagogie de cette école.
3/
EXPERIENCE
PERSONELLE
Cette année en mobilité au Chili a été pour moi bien plus qu’un enrichissement au niveau de mon apprentissage et de mes études en architecture. Cela a été pour moi l’occasion d’ouvrir d’autres portes, de découvrir une nouvelle mentalité, de nouveaux centres d’intérêts. Au delà d’apprendre une nouvelle langue c’est une nouvelle culture, une nouvelle forme de vie. J’ai eu la chance de beaucoup voyager pendant les vacances, au sud et au nord du Chili, en Bolivie, au Pérou mais aussi à l’île de pâques. Tous ces voyages ont été pour moi une découverte incroyable, c’était la première fois que je voyageais dans des pays culturellement et géographiquement si éloignés de la France, et des pays Européens en général. De plus, la charge de travail étant moins importante qu’à Marseille, j’ai pris le temps de pratiquer d’autres activités, comme la danse ou les percussions. J’ai pris le temps de prendre le temps, en ce sens j’ai beaucoup appris.
C
O
N
C
L
U
S
I
Cette année passé au Chili a été une expérience enrichissante, au regard de mon apprentissage de l’architecture, mais également de mon développement personnel. Je me suis ouverte à d’autres horizons, j’ai appris une nouvelle langue, découvert une nouvelle culture. Les premiers mois n’étaient pas faciles, il fallait passer la barrière de la langue et trouver de nouveaux repères, pourtant avec l’aide de certains, j’ai pu apprendre en écoutant, en parlant, en observant. De plus la pédagogie de l’école d’architecture est très différente de celle que nous connaissons, cela m’a permis d’apprendre à ne pas m’enfermer dans une seule méthode, à mettre de côté mes certitudes pour intégrer un autre mode de fonctionnement. De cette façon, j’ai pu prendre du recul sur ma propre manière de travailler, mais aussi regarder avec un peu plus de distance le travail produit dans cette école. J’ai donc appris à tolérer et pratiquer une autre forme de travail, seule ou en groupe, et cela m’a permis de me poser de nouvelles questions et de comprendre de nouvelles choses. Au Chili, à Valparaiso, à l’école d’architecture, en voyage, j’ai élargi mon champ de vision, pris le temps d’observer les choses avec plus de distance, j’ai pris en assurance et en maturité.
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N
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