Magazine Spirit 39 - mai 2011

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Numéro #39 - Mai 2011 - Toulouse - zéro euro

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Culture

Tourisme

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Gastronomie

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styling Dimore / photography Andrea Ferrari / ad Designwork

baignoire Vieques, robinetterie Fez design Patricia Urquiola Benedini Associati e-mail: info@agapedesign.it www.agapedesign.it

TIME OFF

Patrick Antolini 12 rue St Bertrand, 31500 Toulouse tel. 05 61 803 308, fax 05 61 805 175


SOMMAIRE

Spirit # 39

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Ouvre-toit ▼

Visite guidée d’une maison très haut-perchée !

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Shopping

Échappée belle

Loin de la Tour Eiffel, les quartiers de Paris se révèlent. Une découverte de la ville lumière au gré des envies de quelques parisiens amoureux, qui nous livrent leurs meilleures adresses. ▼

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Culture

Des concerts aux quatre coins de Toulouse, des expos pour imaginer la ville rêvée, Agathe Mélinand qui raconte les aventures de Sindbad le marin… Avec le cahier culture, en mai, fais ce qu’il te plaît ! ▼

© DR

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Tendance bleu vaporeux, rouge vermeil ou jaune topaze ? Les créateurs déclinent fringues et accessoires en trois couleurs pour un shopping de saison où le printemps se fait la malle.

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2011 L’Odyssée de l’esprit

Entre nous

Tables & comptoirs

Toulouse la gourmande, c’est avant tout les poissons du restaurant Casanou et une nichée de cavistes de goût.

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Numéro #39 - Mai 2011 - Toulouse - zéro euro Culture U Tourisme U Habitat U Mode U Gastronomie U Sorties U Famille

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(voir p. 40)

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Que faire après l’école ? Un spectacle pour les tout-petits, une sortie ludique, un bon moment au cirque... La sélection du mois pour toute la famille.

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Jeune public

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La couv.

Œuvre extraite de la série The Love Boat, de Sébastien Nadaud (Sebanado) et qui sera exposée dans le cadre du MAP 2011 à la galerie du Château d’Eau

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La musique a toujours accompagné Hervé Bordier. L’homme des Transmusicales de Rennes est devenu toulousain pour le Rio Loco et les musiques actuelles. Rencontre.

En ville

Tout ce que vous ne savez peut-être pas sur la place Dupuy, est dans Spirit ! Du théâtre du Grand Rond à la fromagerie de Xavier, jetez un nouvel œil sur le quartier.

« MAGAZINE, n. m. [magazin] : Publication périodique généralement illustrée, traitant le plus souvent de sujets divers dans un but d’information. » Des photos, des textes, des actus... aucun doute, Spirit est bien un magazine. Mais pas un nouveau venu dans le paysage toulousain. Sur sa couverture, il hisse une parution à deux chiffres : 39 ou le fruit d’une longue histoire. L’aventure a commencé en 2002. Le journal s’appelait alors Kariboo. En ligne de mire, le temps libre des 0-12 ans. Pour le dire ? Soixante-quatre pages de chroniques culturelles et d’articles de fond pour parler aux parents curieux. Huit ans après, Kariboo a fait le printemps, en changeant de format, de périodicité, de maquette et surtout en élargissant son champ de vision. Au programme, un décryptage dans les règles de l’art de sujets qui piquent l’intérêt des citadins. Un an plus tard, Kariboo poursuit sa mue et devient Spirit pour affirmer encore plus son état d’esprit. Tous les mois, un véritable abécédaire des générations X et Y. Un concentré d’informations pour conjuguer avec style envies et en ville. Un peu d’architecture, beaucoup de culture, une bonne dose de nouvelles fraîches prélevées directement des pavés toulousains. De la mode, du tourisme, des phénomènes de société... Spirit, c’est aussi une visite guidée de la métropole, loin des sentiers battus : tables gourmandes et petites adresses indispensables se laissent aussi dévorer. Soif de personnalités ? Spirit est votre source avec ses interviews ou ses portraits. Lire, badiner, humer l’air du temps... qui a dit que grandir, c’était mourir un peu ? \ Léa Daniel \

SPIRIT est une publication d’Urban Press, www.urban-press.com - 18, rue des Couteliers, 31000 Toulouse - tél. 05 61 14 03 28 - fax. 05 61 14 25 22 - info@urban-press.com Directeur de la publication : Laurent Buoro - Directeur du développement : Loïc Blanc - Rédaction : Léa Daniel, Carole Lafontan, Maylis Jean-Préau, Baptiste Ostré, Aurélien Ferreira / Graphisme : Julie Leblanc, Cécile Fauré, Christophe Gentillon / Ont collaboré à ce numéro : Thibaut Allemand, Christian Authier, Violaine Belle-Croix, Marc Bertin, Séverine Clochard, Cédric Delvallez, Isabel Desesquelles, Nicolas Fleuré, Polo Garat, Hadrien Gonzales, Alex Masson, Ariane Melazzini-Dejean, Nicolas Mathé, Cécile Maury, Gilles Rolland / Publicité : Damien Larrieu, Sophie Hemardinquer + 33 561 14 78 37 / info@urban-press.com / Administration : adm@urban-press.com / Imprimerie : Roularta (Belgique). Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) Dépôt légal : à parution L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.

Spirit # 39 / 3


c’est dans l’air Déco

Nouvelles cerises, mêmes gâteaux Il est des friandises qui ne se mangent pas, Anne Hubert le sait bien. La nouvelle collection de sa marque de linge de maison et d’accessoires d’intérieur « La Cerise sur le Gâteau » est pourtant à croquer. Par l’utilisation de la sérigraphie, de la broderie et de touches fluos, elle agrémente les pièces au gré de son imaginaire. Sur des tissus appétissants et intemporels tous produits dans des régions empreintes d’une culture du textile telles que les Vosges, la Bretagne, l’Alsace, ou au plus loin, le Portugal. La collection pour enfants est réalisée en coton bio, tandis que le reste arbore aussi bien le lin, la toile de Jouy et le liberty. Les références à l’enfance sont nombreuses ; on se laisse facilement séduire par un « torchon de grand-mère » pas comme les autres, par un fourre-tout aux allures de vieille carte postale. Le plus dur, c’est de ne pas les dévorer.

© DR

La Cerise sur le Gâteau, disponible Chez Home Autour du Monde, Monoprix pour une collaboration spéciale... 03 89 50 38 58, www.lacerisesurlegateau.fr

Design

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Comment un grand champagne fêter son 35e anniversaire ? Avec des bulles, naturellement. Né en 1976, le champagne Nicolas Feuillate, du nom de son créateur, est aujourd’hui la marque de la plus importante union de coopératives de la Champagne. Pour l’événement, des bouteilles d’un vin de 5 ans d’âge sont vendues en édition limitée à 25 € et arborent de belles rayures Bayadère. En option, on peut aussi opter pour un Ice Bag qui permet de déguster sa bouteille au frais n’importe où et en toutes occasions.

© Coco Amardeil

For ever bulle

Plein air

En plein dans le fil Inutile d’aller loin pour trouver des sentiers escarpés. Surtout quand la métropole toulousaine est cousue de fils. Pour découvrir ce vaste réseau, à la fois vert et cyclable, il suffit de participer à la randonnée du Fil Vert, les 4 et 5 juin, les inscriptions sont ouvertes. Depuis 19 ans, cet événement rassemble marcheurs et cyclistes pour un week-end placé sous le signe du sport, de la nature et de la famille. Sportifs bien galbés, rendez-vous le samedi pour une journée très physique ! Dimanche, on pédale en douceur le matin et les enfants lâchent leurs tricycles l’après-midi. Départs et arrivées ont lieu au village du Fil Vert, installé à Pin Balma avec poneys et bestiaux, comme dans une vraie ferme.

© DR

Inscriptions ouvertes, gratuites et obligatoires sur www.filvert.grandtoulouse.fr

Nouveau lieu

Bronzage new-yorkais La grosse pomme est loin d’être connue et reconnue pour ses plages et ses baignades ensoleillées, mais Toulouse, non plus, après tout. C’est donc dans l’ambiance recréée d’un loft new-yorkais, que Jennifer Borrat a choisi de placer son « bar à bronzer ». Le look urbain est bien au rendez-vous : design épuré, mélange teinté de rose et de bleu comme dans Miami Vice, et 60 m2 plus tard, quatre solariums sont disponibles pour satisfaire vos caprices épidermiques. Pas de terrasse mais un taux d’ensoleillement maximum. Sun Street, 15 rue Peyras, 05 62 76 52 94, www.sunstreet.fr

4 / Spirit # 39


ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR La photo du mois

Anecdote

GALLERY

© Istockphoto

Qui, du « pain au chocolat » ou de la « chocolatine », est légitime ? La réponse se trouverait-elle dans l’édition 2011 du Petit Larousse ? Celui-ci prend quelques grammes de plus et introduit le terme « chocolatine » à son lexique, mettant ainsi fin à cette sempiternelle bataille de gourmands. La définition donnée : « n.f. Dans le sudouest de la France, pain au chocolat ». Tout est maintenant plus clair : Parisiens, Lillois, Nantais... vous savez désormais comment parler le toulousain.

© William Roblet

Pain à la chocolatine ?

Quand le musée se fait shooter Le musée Saint-Raymond dévoile les 10 photos lauréates de son concours photo « Regards insolites sur le musée Saint-Raymond ». Elles sont exposées sur la page Facebook du musée des Antiques de Toulouse. Elles seront ensuite soumises au vote du public lors de la Nuit européenne des musées le samedi 14 mai. Parmi elles, Spirit a particulièrement aimé celle de William Roblet, joliment intitulée L’œil de Caïn, La beauté est dans le viseur de celui qui sait la regarder. Pour info, le musée Saint-Raymond proposera un nouveau concours à la rentrée, en septembre 2011. www.saintraymond.toulouse.fr

Voyage

© DR

« Une signature unique, la vôtre »

Blagnac a le vent en poupe

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Cinquième, c’est la place de l’aéroport de Toulouse-Blagnac dans le classement 2010 des aéroports de l’Hexagone. Avec 6,4 millions de passagers, soit 2 % de plus que l’an dernier, l’aéroport toulousain, se place derrière Paris, Nice, Lyon et Marseille. Pour fêter ça, Blagnac s’ouvre vers douze nouvelles destinations. Voyage, voyage... Il ne reste plus qu’à choisir entre une petite virée à Istanbul, un aller-retour pour Malaga à partir de 29 € ou une escale à Venise. En prime, quatre nouvelles compagnies aériennes viennent se poser sur le tarmac toulousain : Turkish Airlines, Alitalia, Eastern Airways et surtout, la compagnie espagnole low cost Vueling et ses huit destinations dont Ibiza, Ténérife, Barcelone, ou encore Palma de Majorque. Cap sur le sud de l’Europe, mais pas seulement. Düsseldorf, Prague, Birmingham et Newcastle sont également de la partie, sans oublier Nice et Nantes. L’aéroport ouvre également une nouvelle galerie commerciale commune aux halls C et D, met en place un ticket magnétique pour un stationnement simplifié et un service de voiturier pour voyageurs très pressés ! On part quand ? www.toulouse.aeroport.fr

Design, aménagement de jardin, décors et mobilier sur mesure, Shad conçoit vos espaces de vie enaccordant la plus grande attention à vos besoins. De la conception à l aréalisation, laissez-vous porter par vos désors et confiez à Shad vos rêves de décoration les plus secrets. De la marque de prestige à la découverte de jeunes designers de talent, dont elle a souvent l’exclusivité, Shad soit remarquer pour vous objets et mobilier du xxe siècle, textilesprécieux, créations singulières et luminaires inédits.

« Un show-room à découvrir sans réserve » Sur du neuf ou de l’ancien, Shad met l’élégance, l’audace et la créativité à votre service en customisant meubles et objets avec des matériaux étonnants. Elle vous propose plaids, jetés de lit et coussins haute couture, parois japonaises interchangeables en découpe laser,créations de rideauxde métal et abat-jours personnalisés. Avec un goût prononcé pour le travail bien fait, Shad est une passionnée qui affectionne le mélange des matières, les espaces modulables au gré de vos envies.

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VICTORIA’S GALLERY

31, rue Bouquières, Toulouse TÉL/FAX +33(0) 561 327 867 GSM +33(0) 682 999 391 shad@shadgallery.com

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www.shadgallery.com


c’est dans l’air

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La plus italienne des glaces françaises

© DR

Nouveau lieu

Techno Mode

Le marché des dames

Partis pour recycler

Être écolo, ce n’est pas seulement préférer le bio au Mac Do. Être conscient de l’environnement, c’est voir loin, donner une seconde vie ou savoir se débarrasser de son électroménager dépassé. Depuis 3 ans, l’éco-organisme ERP propose sa Recycling Party ; une façon de découvrir les artistes de demain en se débarrassant de ses babioles d’hier. Ainsi l’entrée à la soirée est gratuite, à condition d’amener avec soi un appareil à recycler. Quand on sait que même les réfrigérateurs et les machines à laver la vaisselle sont les bienvenus, on salive déjà de voir tout ce beau monde à l’entrée de La Dynamo. Pour son passage à Toulouse, la new-soul de la germano-nigériane Nneka, les fidèles The Enjoys et Vismets seront en tête d’affiche d’une soirée placée sous le signe de la découverte. Parce qu’avouons-le, le recyclage n’est après tout qu’un prétexte à partager un bon moment entre une télé qui a implosé et un soft-drink bien frais. 14.05, La Dynamo, www.ladynamo-toulouse.com

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Musique

L’ouverture d’une boutique de quartier, qui plus est aux Carmes, ne passe jamais inaperçue. En mars dernier, Edwige Feuvrier, a ouvert boutique rue du coq d’Inde. L’intention première de cette nantaise d’origine, partager les collections qu’elle aime et qu’elle définit elle-même comme « casual-chic ». Des lignes souvent épurées, dans des tons élégants (gris, bleu, noir), en cohérence avec des marques déjà bien ancrées dans la garde-robe des Toulousaines : Iro, Bellerose, American Vintage, Fine Collection ou bien Seven. Parmi les prochaines arrivées en boutique, on parle déjà de l’hiver prochain, avec les doudounes Gertrude et les jeans à moins de cent euros du label français La Baronne. De l’accessibilité, histoire de s’ouvrir à une clientèle plus jeune, mais toute aussi exigeante. Edge Market, 19 rue du coq d’Inde, 09 81 22 77 14

© Aurélien Ferreira

La ville est devancée par Paris (1er), Lyon (3e), Lille (4e) et Nantes (5e), mais se place avant Rennes, Montpellier et Bordeaux. Évidemment, l’annonce de ce classement pousse à y aller faire un tour et voir par nous-mêmes. S’il fallait établir un top 3, ce sont les sorties et soirées toulousaines qui agglutinent le plus d’amis, fans, ou membres. Pour preuve, le Club Rouge (Inox Festival) et ses trois comptes affichent « complets », bien épaulé par « Toulouse ByNight » et ses 4200 amis. Vient ensuite le sport, grâce notamment aux équipes professionnelles. Ainsi, on ne présente plus le Stade Toulousain et le TFC à respectivement 110 800 et 45 700 fans officiels. Plus que jamais, les réseaux sociaux semblent inévitables pour quiconque souhaite fédérer et estimer son impact. Les institutions ou la mairie ne sont toutefois pas en reste, et les comptes Facebook et Twitter du site Toulouse.fr tiennent bonne forme (env. 3500 abonnés chacun). Bientôt Spirit tentera de faire mieux, à vous de « liker » pour rester connecté à votre ville.

Vismets © DR

La date du 20 avril restera dans les annales de l’histoire de la glace toulousaine. Le glacier Amorino et sa « gelato naturale » se sont installés sur la place du Capitole, au coin de la rue Pargaminières en lieu et place de la librairie Arcade, pionnières en matière de bandes dessinées. L’expatronne explique ce changement dans la Dépêche du 13 janvier : « On avait huit jours pour prendre une décision ; on a foncé. J’avais râlé quand Moncaf’a vendu. Aujourd’hui c’est mon tour et je m’en veux. Je ne vais plus oser passer devant le magasin ». Après 40 glorieuses années, cette institution toulousaine a donc cédé à la chaîne parisienne. Car si le nom et la recette sont italiens, la maison mère elle, est bien française ! Les glaces Amorino sont nées en 2002 en plein cœur de Paris, alors que les deux fondateurs de la marque sont allés chercher dans leur région d’origine - l’Emilie Romane - des recettes, présentées comme le veut la coutume, en forme de fleur sur un cornet. Une technique qui permet de composer sa glace avec un nombre infini de saveurs. Du lait entier et des œufs, pas d’arôme artificiel ni de conservateur, sont à la base des vingt parfums permanents qui viennent compléter quatre saveurs saisonnières. Vivement l’été, même si on regrettera un peu Le Monde à 18 h !

Toulouse, sixième ville la plus présente sur Facebook



c’est dans l’air

Sainte-Marie d’Auch,

prochaine égérie de Castelbajac ? ’

C

était il y a quelques semaines. En plein milieu d’une conversation, JeanCharles de Castelbajac avait brusquement lancé, l’œil mystérieux et la paupière mi-close : « Je vais relooker la statue de Sainte-Marie d’Auch, mais je ne peux pas vous en dire plu. ». Trop tard. La phrase était lâchée. L’idée est inattendue, mais pas fantaisiste : on se souvient que le créateur toucheà-tout s’était déjà confronté à l’univers religieux en créant, lors des JMJ de 1997, la chasuble de Jean-Paul II, et, l’an dernier, une « battle dress » pour la Vierge noire de la Daurade, à Toulouse. Cette fois-ci, que mijotait-il ? Il fallait mener l’enquête. Pipe au bec, casquette à la Sherlock sur la tête, direction le saint des saints : la cathédrale d’Auch. Une vierge à l’enfant en bois doré trône dans le chœur - depuis 200 ans, paraît-il. De sa tête descend un long voile blanc et doré. C’est à ce bout de tissu que Castelbajac va s’attaquer. L’abbé David Cenzon officie ici depuis 2007. À 37 ans, le plus jeune prêtre du Gers raconte : JCDC, qui appartient à une grande famille gasconne, lui a demandé l’été dernier de baptiser son petit-fils. Souhaitant donner un coup de pub à sa paroisse, il saute sur l’occasion et propose à l’artiste de « rhabiller » sa vierge. « Je ne lui ai fixé qu’une seule condition : qu’il ne transforme pas Marie en Lady Gaga », en référence à la robe en cuir que JCDC avait créé pour la chanteuse dans son clip Telephone. L’homme d’église confesse : « Je ne suis pas très fan de la pop star… ».

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Un mois passe. L’idée a sans doute mûri dans l’esprit de l’artiste. On le rappelle : il est prêt à nous dévoiler une partie de ses plans : l’intervention ne se réduira pas au voile de la vierge. « Une mise en scène prolongera le vêtement, confie-t-il. Comme pour mon installation de néons autour de la statue d’Henri IV, l’an dernier à Paris, la lumière tiendra une place prépondérante : il s’agira d’utiliser le beau pour illuminer le sacré. Le but est de ramener une très jeune génération vers le sens et vers la prière ». On n’en saura pas plus pour le moment, si ce n’est que ces nouveaux atours seront probablement étrennés le 8 septembre prochain, à l’occasion de la Fête de la nativité de Notre-Dame. Le rendez-vous est pris. \ Hadrien Gonzales \

Save the dates

Du 15 au 19.06

Du 23 au 26.06

Du 9.09 au 23.10

Fi de l’annulation de l’Année du Mexique en France, Rio Loco ! rebondit avec intelligence et malice, pour trouver un nouveau thème à sa 17e édition : la planète monde. Prenant ainsi un air de tour du monde festif et engagé, Rio Loco ! convie des artistes connus ou à découvrir (Lila Downs, Los Lobos, Calle 13...), sur la Prairie des Filtres, pour un grand mix exceptionnel. Concerts, cinéma, arts visuels, village culturel... Tout pour se détendre à petit prix (5 € / jour).

Le festival international des sports outdoor à Millau remet le couvert ! Unique, cet événenement rassemble les meilleurs grimpeurs, kayakistes, riders VTT, slackliners, parapentistes... - et j’en passe ! sur un site exceptionnel. En plus des contests sportifs, démos et autres animations, la cerise sur l’aligot : des concerts de haut-vol. Au menu, Keziah Jones, Chinese Man ou encore N.O.A.H. Rien que ça. Et en plus, c’est gratuit... Incrédibeeeul.

Cinq mois avant l’événement tant attendu par les passionnés du ballon ovale, il devient difficile de trouver un voyage pour la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande (du 9.09 au 23.10). « C’est encore possible mais il faut être patient et ça demande un certain budget », confirme Karine Reignoux de Voyageurs du Monde. « Il reste quelques vols et pour les camping-cars, on saute sur les annulations ». Dépêchez-vous et foncez si vous voulez marquer l’essai !

Rio Loco !, une escale en bord de Garonne

\ Carole Lafontan \

8 / Spirit # 39

Natural Games 2011 : le RDV des sports outdoor

\ Carole Lafontan \

Rugby : les kiwis sont mûrs !

\ Gwenaelle Conraux \


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c’est dans l’air

Le match

Faut-il laisser le centre-ville aux piétons ? Propos recueillis par Ariane Mélazzini-Déjean - Photos DR

La piétonisation du centre-ville de Toulouse est-elle en marche ? Oui, si l’on en croit les récents aménagements et autres réflexions menées dans le cadre de la Fabrique toulousaine. Mais la tendance n’est pas forcément partagée par tous. Le sujet fait débat dans Spirit…

VS

Pour

Contre

Marie-Christine Jaillet, géographe

directrice de recherche au CNRS (études urbaines), directrice du laboratoire LISST (Laboratoire Interdisciplinaire, Solidarités, Sociétés, Territoires) à l’Université de Toulouse - Le Mirail, participe actuellement aux réflexions menées dans le cadre du projet urbain « La Fabrique Toulousaine » du Grand Toulouse.

\ Priorité au cadre de vie \

La piétonisation du centre-ville permet des usages de l’espace public que l’envahissement par la voiture ne rend plus possible, pour une ville plus apaisée, plus agréable. Mais l’enjeu de la piétonisation n’est pas simplement d’évacuer le flot de véhicules, c’est aussi de retravailler le cadre de vie, l’espace public. Quand on transforme une rue de circulation en espace piéton, on retraite le sol, on re-calibre la rue pour redonner une qualité d’usage, une qualité urbaine.

\ Toulouse en retard \

Toulouse a accumulé du retard par rapport à d’autres métropoles de même taille, comme Lyon ou Montpellier qui ont déjà opté pour de larges espaces piétons depuis de nombreuses années. Le débat ré-ouvert par la municipalité est une chance pour la ville, même s’il est conflictuel et difficile. Les commerçants, par exemple, pensent que cela compliquera leur activité, mais l’on peut définir des codes de bonne conduite. Toulouse devrait rattraper son retard dans les prochaines années. Ce projet s’inscrit dans l’air du temps, nous allons vers des sociétés qui auront un usage plus raisonné de la voiture.

\ Deux risques \

La piétonisation rend plus difficile l’accès aux logements et peut compliquer la vie des résidents. Le peuplement des quartiers peut devenir de plus en plus socialement sélectif. Sélectif par l’argent, car en piétonnisant on revalorise l’immobilier, sélectif aussi selon les types de ménage ou l’âge : la piétonisation peut rendre la vie moins facile pour des couples avec de jeunes enfants qui doivent transporter sans cesse poussettes, courses... Piétonniser, oui, mais en veillant aux effets sociaux que l’on induit sur une ville. Le processus est en marche et ne s’arrêtera pas, car il est compatible avec les exigences du développement durable. Tout l’enjeu est de penser une piétonisation intelligente.

10 / Spirit # 39

Kadir Tepe, commerçant

Président de « Saint-Georges, mon quartier », association des commerçants du quartier St-Georges

\ Pas de voiture, pas d’accès \ Les commerçants artisans du quartier Saint-Georges, que je représente, ne sont pas favorables à une piétonisation à 100 %. Sans voitures, les rues changent complètement de profil, les badauds et nos clients perdent leurs habitudes avec nos commerces. Le problème majeur des commerçants réside dans l’accès à leurs magasins pour les livraisons et surtout pour les clients. Si un client achète un objet volumineux, comment voulez-vous qu’il le récupère ? Il aura alors tendance à nous faire concurrence avec les galeries marchandes situées à l’extérieur de la ville et facilement accessibles en voiture.

\ Voiture = Sécurité ? \ Nous comprenons cette démarche de nouvelle gestion du centre-ville, mais nous ne pouvons pas passer, du jour au lendemain, d’un quartier ouvert à un quartier fermé à la circulation. La circulation des voitures sécurise également les rues et les espaces. Pour des raisons purement psychologiques, les gens ont l’impression que lorsque des voitures traversent les rues, c’est plus sécurisant, de jour comme de nuit. Chaque fois que nous sommes consultés par la mairie et les chambres communales, nous faisons des propositions, mais la décision revient aux pouvoirs publics.

\ Statu quo, attention vélo \ Pour l’instant, nous souhaitons que soit maintenue la situation actuelle, soit une semi piétonisation du centre. Si l’on prend l’exemple des travaux actuels dans la rue Alsace-Lorraine, il est trop prématuré de s’engager dans une solution ou une autre, car tout l’équilibre du centre dépend de cet axe. Avant de prendre la décision de piétonniser, il faut absolument prendre en compte l’économie locale des commerces et trouver de nouvelles idées pour la livraison, les achats volumineux sans oublier de réglementer la circulation des vélos qui est une catastrophe… Impossible de traverser une rue sans risquer de se faire renverser par un vélo ! Ils roulent partout, sur les trottoirs, en sens interdit…


© Stéphane Rambaud

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Hervé Bordier Clairs désirs Il est arrivé à Toulouse en janvier dernier pour prendre la direction du festival Rio Loco et veiller à la mise en orbite d’une salle des musiques actuelles à Borderouge, prévue pour décembre 2013. Il, c’est Hervé Bordier, l’un des fondateurs des Transmusicales de Rennes. Coordinateur ensuite de la Fête de la Musique jusqu’à Shanghai et New York, Hervé Bordier est un homme qui vit pour la musique depuis presque toujours. Une rencontre s’impose. Propos recueillis par Isabel Desesquelles À peine le temps de défaire ses valises et Hervé Bordier s’est retrouvé les mains dans le cambouis. Une seule intervention politique et l’année du Mexique explose en vol. Hervé Bordier ne le dira pas mais avec cette histoire, il va gagner du temps. Et va d’emblée imprimer sa patte. En avant pour un Rio Loco Mundo. Alors, le Mexique, c’est fini ? Pas du tout. Les deux concerts d’ouverture le 15 juin avec Lila Downs et Los Lobos sont maintenus. Les arts plastiques sur le site et toute la partie « arts visuels » reste. On avait contracté directement avec les plasticiens et, sous réserve qu’ils obtiennent leur visa pour ceux résidant au Mexique, leur présence est maintenue. Après, c’est vrai que ça a été chaud, mais on a tout de suite pris la décision de se repositionner sur un festival dans la planète Monde. Le plus difficile a été d’accepter qu’un an de travail soit en partie gommé. On se retrouve quand même avec cent artistes financés par le Mexique purement et simplement annulés. On va pas rayer le Mexique de la carte, seulement, dès cette année, Rio Loco ne sera plus sur un pays, un territoire ou un continent. On s’aère. Dans ce grand chamboulement, la difficulté a été de mettre en place une programmation cohérente, de raconter une histoire. Pas faire

12 / Spirit # 39

de la sono mondiale pour faire de la sono mondiale. Ce sera fort artistiquement. « Encore un Parisien qui débarque... » Vous ne serez pas le premier à l’entendre ! Une phrase qui donne envie d’en découdre ? C’est Rennes, ma ville de naissance, pas Paris. C’est à Rennes pour moi que tout a commencé. Et ça a continué avec les Transmusicales en juin 1970. On a transformé une ville autour des musiques d’aujourd’hui. Il a fallu du temps. Il y avait 15 000 étudiants à Rennes à la fin des années 70. À la fin des années 80, ils étaient 60 000. Chaque ville a une histoire différente. J’ai coupé le cordon avec les Transmusicales en 1995, mais ça reste une étape importante. Une des trois villes où j’ai vécu avec Lille et Paris. À Toulouse maintenant. Il y a ici un foisonnement d’artistes, de lieux. Avec une offre culturelle très importante. Si on prend le premier semestre, ce sont près d’une soixantaine de festivals tous azimuts. En venant à Toulouse, je me suis laissé tenter. Qui vous a recruté ? Choisi ? Pierre Cohen et son équipe en charge de la Culture. C’est assez

Hervé Bordier en trois dates « 2 décembre 1995, ma dernière date aux Transmusicales. Je quittais Rennes et cette nuit-là, je me mariais.

Le 21 juin, pour ces neuf années de 2001 à 2010 et sa journée Fête de la Musique. 1986, 1990, 2010 les dates de naissance de mes trois enfants ».


entre nous

« Ce soir-là, en écoutant Oni Panua, je me suis dis que c’était important le métier que je faisais. Le reste, les noms connus, tous ceux avec lesquels j’ai pu devenir ami, c’est de l’anecdote »

rare qu’un maire s’implique directement sur un poste comme celui-là. J’y ai vu une marque forte d’intérêt de la ville. Être ici, c’est d’abord une envie. J’ai signé un contrat pour trois ans et depuis janvier, je suis installé à Toulouse. Je ne serai pas un Toulousain occasionnel. Ma femme et notre bébé m’ont déjà rejoint. Vous avez cinquante-sept ans. On dit quoi, une bonne cinquantaine ? Une petite soixantaine ? C’est déjà beaucoup cinquante, non ! C’est le bon âge pour faire des choses. L’important c’est d’avoir envie de bouger, de créer. Rio Loco se déroule sur un site exceptionnel, trop peu de gens à l’extérieur de Toulouse le savent. Je suis là pour repositionner le festival avec une visibilité nationale et internationale et renforcer le maillage avec le milieu associatif toulousain. L’implantation de Rio Loco à la Prairie des Filtres, c’est quand même d’une beauté à couper le souffle. Comme ça, en centre ville, avec la Garonne ! Il y a une force incroyable du lieu, il faut l’utiliser. Un lieu qui limite la fréquentation à 18 000 personnes contre 60 000 pour les plus gros festivals d’été. Rio Loco, c’est un budget d’un 1 million d’euros ? 1 million 100, c’est le budget accordé par la Ville. En réalité, c’est le double, avec les différents partenariats qui sont noués. Ce qui laisse une belle marge de manœuvre pour créer de nouvelles histoires. On parle toutes les langues à Toulouse. On peut faire de cette ville une grande capitale européenne sur un axe Nord-Sud. Regardez en dix ans, la place que Lille a prise sur la culture. C’est vrai, ils ont profité d’un budget très large, initialement prévu pour les Jeux Olympiques... Pour ce qui est de Rio Loco, dix-sept éditions, c’est jeune pour un festival ! Très jeune. Je trouve qu’il y a plein d’espaces, disons de possibilités à défricher. Avec l’équipe en place, quatorze personnes avec lesquelles je travaillerai toute l’année, nous allons créer plus de passerelles, renforcer la cohésion entre la programmation musicale, les arts visuels ou encore le jeune public. Il n’y a pas seulement ce qui se passe sur la grande scène mais tout un travail en amont avec une circulation des artistes plusieurs mois avant la manifestation. Par exemple pendant le mois de mars, Chema Skandal, un artiste mexicain, était ici pour travailler sur une grande fresque pour le site. On la verra à la Prairie des Filtres en juin. À Lille, de 1998 à 2000, vous avez dirigé l’Aéronef, une salle de spectacles pluridisciplinaire de 2000 places. Vous êtes à l’initiative de Polymachina, Freak zone, Nord Digital et de nombreux autres événements. Et à Borderouge, vous allez faire quoi ? Il va falloir aller très vite avec Borderouge. Je suis aussi là pour faire expertise sur cette nouvelle SMAC. Je n’aime pas cette abréviation, je préfère salle des musiques actuelles. Il y a tout à faire. Je suis en charge de la réalisation de cette salle dans un temps très court puisque les architectes n’ont pas encore été consultés et que le maire souhaite une ouverture en décembre 2013. Dans un an, on présentera le projet, son fonctionnement. Une salle de concert de 500 places, trois locaux pour les répétitions, une salle de résidence, un

centre de ressource autour des nouvelles technologies. Je rencontre beaucoup d’acteurs de la scène toulousaine. Nous ne serons pas en concurrence, mais complémentaire avec les autres salles comme le Phare ou le Bikini. Nous avons un budget de 6 millions d’euros quand, aujourd’hui, celui des plus grosses de ces salles peuvent avoisiner les 17 millions d’euros. Borderouge est d’abord destiné à la scène locale. C’est un lieu qui s’inscrit dans une forte urbanisation, juste à la sortie du métro. J’espère réussir. Vous avez été à la tête des Transmusicales pendant dix-sept ans puis pendant neuf ans, le coordinateur général de la Fête de la Musique à la demande du ministre de la la Culture. Combien de ministres au juste ? Cinq. J’ai commencé avec Catherine Tasca, j’ai préféré arrêter avec Frédéric Mitterrand. Avant, je regardais la Fête de la Musique d’un peu loin et puis j’ai lu sa charte et j’ai vu tout ce qu’il y avait de bien dans cette culture pour tous, comme ça rejoignait ce que je veux défendre. Dans 120 pays et 300 villes, ça valait le coup. Tous ces musiciens amateurs dans la rue... À Paris intra muros, on est passé de 400 manifestations en 2002 à 1 000 en 2005. On m’avait demandé de faire une fête électro place de l’Hôtel de ville. On se retrouvait avec 1 million de personnes sur un territoire qui passait par le Marais et allait jusqu’à République. C’était trop. J’ai préféré éclater la manifestation en Ile de France, mobiliser des mairies, des associations, des bars... Si vous deviez retenir un seul moment de votre vie professionnelle. Une seule rencontre, ce serait qui ? Ou quoi ? Oni Panua. On demande à Hervé Bordier d’orthographier et l’on apprend que Oni Panua est un chanteur de rue aveugle ghanéen, découvert sur une bande son. Le retrouver nécessitera une longue enquête mais un soir Oni Panua est là, à Rennes, sur scène, jouant sur une boîte de thon. Dans la salle, Lenny Kravitz, également invité des Transmusicales. Tout à coup, reprend Hervé Bordier, on était aux racines du blues, ce n’était pas James Brown sur la scène mais c’était aussi fort. Oni Panua est l’incarnation de mon parcours. Ce soir-là, en l’écoutant, je me suis dis que c’était important le métier que je faisais. Le reste, les noms connus, tous ceux avec lesquels j’ai pu devenir ami, c’est de l’anecdote. Oni Panua, clochard céleste, qui a enflammé une salle de 6 000 personnes, pour un soir, je n’oublierai pas.

Les repaires de Hervé Bordier La Chapelle des Carmélites et les espaces extraordinaires qui lui font du bien et que l’on trouve aux Augustins. Le midi, Hervé Bordier essaye de déjeuner près des bureaux de Rio Loco dans le quartier des Carmes. El canaille. Le soir, s’il n’est pas dans un lieu de concert, La dynamo ou La loupiote, par exemple, il dîne dans un restaurant à ArnaudBernard. Ce qu’il préfère ? Les calamars à la plancha.

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© istockphoto

mode de vie

Les urbains prennent un râteau Un peu partout, on se met au vert. Des micro-potagers fleurissent sur les balcons. Certains cours de jardinage font carton plein. Dès que le soleil refait surface, les jardineries sont prises d’assaut par une armée de citadins. Fraises ou tomates ? Engrais ou bouillie bordelaise ? De nombreuses questions restent en suspens. Mais avant tout, il faut passer à l’action. Spirit a cueilli trois initiatives mûres à point... À votre bon choix, messieurs dames ! LA JOUER COLLECTIF. Depuis maintenant 7 ans, l’association des Jardins Familiaux de Tournefeuille propose de valoriser la terre autant que de sensibiliser les citadins aux bienfaits du jardinage. Entièrement gérés par l’association et installés sur 2 hectares de terrains municipaux, les jardins comprennent aussi bien des parcelles individuelles attribuées à des particuliers, que des espaces réservés aux scolaires ou à la réinsertion sociale. En plus de permettre l’exploitation de sols inconstructibles, l’initiative ouvre aux riverains un espace de rencontres et d’échanges dont les mérites tiennent à cœur à Dominique Dupouy, la présidente. Les jardins sont autant de couleurs qui traduisent la diversité d’origines des jardiniers, et elle s’en félicite : « on a la chance d’accueillir 13 nationalités différentes qui amènent puis cultivent des produits originaux ». Preuve s’il en fallait du succès : la liste d’attente pour l’accès à un jardin s’allonge sans cesse. Pour y remédier, l’association a décidé de mettre en relation les propriétaires de terrains et les demandeurs de potager. Les terres toulousaines creusent, elles aussi, le sillon. Entre les jardins partagés et les jardins familiaux, les binettes ne chaument pas. Le parc Monlong, inauguré en 2009, déploie 4 hectares et près de 60 parcelles entièrement dédiées à la binette, juste au sud de Bellefontaine. C’est le fruit d’une démarche participative entre la ville et les citoyens, à l’image des derniers jardins partagés créés. À Saint-Cyprien, il est porté par le collectif Pousse Caillou. Même combat du côté des jardins du Verrier dans le quartier des Chalets, ici ce sont des habitants qui sont à l’origine du mouvement. FAIRE DU SOCIAL. Dans un autre registre, le bureau d’étude associatif Entre Mains Et Terres est basé à Toulouse depuis 2009. Il axe sa mission sur l’accessibilité et le regain d’autonomie des personnes handicapées ou en exclusion sociale, notamment au travers du « dispositif jardin ». Et comme son nom ne l’indique

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peut-être pas, il ne s’agit pas d’une association sans but lucratif, mais bien d’une forme commerciale de jardins sociaux avec un modèle économique qui tourne rond. À Toulouse, c’est à Ginestous qu’EMET a installé sa pelle et son râteau. Selon le temps investi, les jardiniers reçoivent gratuitement une part de la production. Le reste est revendu à prix coûtant. Ainsi, EMET joue la carte d’une production hyper-locale, créant ainsi du lien entre des urbains tenus éloignés et d’ancestrales pratiques potagères. Libre à chacun de salir ses bottes et partir à la cueillette. L’offre se développe : à 20 km de Toulouse, Villenouvelle abrite les jardins de Saint-Sernin. Origine et fraîcheur, choix et économies, l’intérêt est évident pour les urbains que nous sommes. ÊTRE MILITANT. Les « seed-bombs », déjà entendu parler ? Ces grenades sont un savant mélange de graines, de lombricomposte et d’argile, le tout compacté et séché pour les rendre facilement transportables et éjectables. « Tous à vos seed-bombs ! » s’écriraient les militants du collectif Rébellion Jardinière 31, s’ils étaient enracinés aux avant-postes du mouvement. Malheureusement, la branche toulousaine des guérilleros verts semble souffler ses dernières graines, et faire de moins en moins parler le terreau. Et quand on pose la question à l’un des responsables du mouvement national, celui-ci se montre réaliste « il y a bien un silence radio de la personne que je connais à Toulouse. Je vais peut-être redynamiser moi-même les nouveaux arrivants ». De leur côté, les membres beaucoup plus actifs du colectif des 4 Saisons ont décidé d’investir le quartier du Grand Mirail, avec leurs créations « land art » éphémères. Ces jardiniers, à la fois artistes et poètes égaient, en se l’appropriant, un paysage blessé par l’attente du nouvel urbanisme. L’art vert pour patienter et colorer la vie de quartier. \ par Aurélien Ferreira \ Une action fertile !

Le plan > Cueillette à la ferme aux Jardins de Saint-Sernin à Villenouvelle, 05 61 81 27 19, www.cueillette-legume.com Le livre > Comment louper son jardin sans complexe, Sergio Emilson, Éditions Plume de Carotte, 2009. Disponible en librairie et médiathèque. La date > Les Serres Municipales de Toulouse s’ouvrent au public en bordure du Canal du Midi, les 7 et 8.05, de 9 h à 19 h, au 19 boulevard de la Marne, 05 62 27 48 87. Les sites > partageonslesjardins.wordpress.com www.suck.uk.com (pour l’achat des seed bombs)


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Rêve de cime Texte Léa Daniel - Photos DR

Achetée puis rénovée. La vieille grange s’est changée en résidence secondaire. Une nouvelle histoire pouvait alors commencer. De ce petit coin de paradis niché dans le massif des Pyrénées, la famille Meunier a pleinement profité. Un jour pourtant, le manque de place devient patent. Une seule solution, l’extension !

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ur le papier, l’idée est simple. Elle consiste à créer trois pièces : une chambre pour recevoir les enfants ou des amis, un garage et surtout une pièce largement ouverte sur l’extérieur qui servirait tour à tour d’atelier ou de pièce à vivre. Dans la réalité, le projet va se compliquer. Jean-Manuel Puig raconte : « Quand ils m’ont invité à venir voir sur place, ils avaient déjà obtenu le permis de construire qui les autorisait à faire « une fausse vieille grange ». Ils n’avaient pas osé déposer un projet plus inventif, imaginant que l’architecte des bâtiments de France n’accepterait pas qu’une bâtisse contemporaine soit érigée dans cette ancienne vallée pastorale protégée ».

\ Rien ne va plus, faites vos plans \

Pourtant, ce couple passionné l’architecture contemporaine ne veut céder sur tous les terrains. De l’extérieur, leur maison aura tout l’air d’une ancienne grange, à l’intérieur l’aménagement sera résolument moderne. Ce cahier des charges est clairement exposé à Jean-Manuel Puig lors d’une première rencontre. Mais là encore, tout n’est pas aussi simple. « J’ai expliqué aux propriétaires poursuit l’architecte, que cette démarche ne m’intéressait pas. Un projet contemporain, ce n’est pas juste de la déco. J’ai alors essayé de les convaincre que l’on pouvait mener un projet qui s’intégrerait dans le paysage, respecterait la grange en allant dans le sens de cette architecture vernaculaire ». Jean-Manuel Puig leur montre alors des références suisses pour illustrer son propos. Il va plus loin et leur propose d’aller voir ensemble l’architecte des bâtiments de France. Quelques jours passent et les Meunier le rappellent. Ils sont convaincus. Direction Tarbes, pour exposer le projet à l’ABF*.

\ Une démarche contemporaine \

L’extension se fera donc discrète. L’architecte a l’idée de la faire disparaître derrière la pente et que la grange reste le bâtiment principal. Assez rapidement vient le principe de venir se glisser dans la montagne en la creusant. Cette idée, très pyrénéenne rend hommage aux orris construits dans les pâturages qui servent aux bergers de résidence d’été. Toit végétal et pierre apparente, ces petites habitations pastorales se fondent parfaitement dans le décor. L’architecte des bâtiments de France est conquis. Jean-Manuel Puig s’explique : « la création contemporaine peut avoir quelque chose de provocant et donc de contre-productif. À l’inverse, faire profil bas avec un pastiche de grange est une posture qui ne mène à rien. Entre les deux, il y a une position qui est plus difficile à tenir, mais elle est beaucoup plus riche ». CQFD. *ABF : Architecte des Bâtiments de France

Photos : L’esprit pyrénéen souffle sur ce projet, par son côté un peu rustre, vraiment humble mais au caractère bien trempé. Autant de qualités qui permettent à cette extension de trouver sa place dans les Pyrénées. La technique est aussi au rendez-vous, une structure en métal sur-mesure et une toiture qui s’efface dans la pente. Le nez du bâtiment se termine par un treillis soudé et une toile de jute qui va pourrir pour laisser la végétation prendre le dessus (en bas à gauche : la grange principale).

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1 - L’extension s’ouvre par une grande pièce qui peut servir d’atelier, de séjour ou de salon de lecture. Au fond de celle-ci, se trouve une petite porte qui mène à la chambre d’ami qui a son propre dressing et sa salle d’eau. Le garage se situe à l’arrière, il n’est accessible que depuis l’extérieur. 2 - Cadrer sur le paysage, faire entrer la lumière, voilà l’essence même du projet. Le soleil s’infiltre par la fente arrière et vient lécher le mur en pierre, il entre aussi par la façade. À l’intérieur on est projeté dans la nature, pour un rapport beaucoup plus direct avec l’environnement. 3 - L’architecture doit respecter les normes sismiques. Les murs de soutènement en béton sont très épais. La structure de la maison a été créé avec de la chaudronnerie qui tient toute la dalle et le terrain au-dessus. C’est une prouesse technique. Il n’y a pas de poteaux tout prend appui sur ce grand rack en acier qui sert au stockage du bois. Un dispositif un peu particulier qui correspond bien aux propriétaires qui ont une petite forêt adjacente dont ils extraient leur bois de chauffage. Les menuiseries sont dans un acier d’origine suisse qui a été peint en noir mat dans un souci de discrétion. Enfin, l’intégration dans la pente présente des avantages évidents pour cette maison avec une très faible amplitude thermique.

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4 - L’architecture contemporaine, ce n’est pas forcément l’abstraction des matériaux. Au contraire cette extension joue avec des richesses du pays. Toutes les pierres retrouvées lors du remaniement du terrain ont été conservées pour habiller les murs. 5 - Les deux bâtiments restent totalement indépendants et complémentaires, ils sont reliés entre eux par la terrasse qui occupe ainsi une position charnière. 6 - Les choses ont été inversées. D’habitude on pare l’intérieur de bois et l’extérieur de pierre. Là ce sont les façades qui sont recouvertes de bois et les murs qui sont en pierre. C’est par ces petites inversions que l’architecture assume pleinement son caractère contemporain.

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Fiche technique environ 200 000 euros 70 m2 créés Puig Pujol Architectes, Toulouse

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Tables & comptoirs

© Polo Garat-Odessa

La table du mois

Des poissons nommés Casanou Qualité, équilibre, exigence et modestie : le Casanou a installé ses valeurs et ses assiettes avec une évidence incontestable. Par Christian Authier

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epuis un peu plus de cinq ans, le Casanou s’est imposé comme l’une des adresses gastronomiques incontournables de la ville. Niché au milieu de la rue des Couteliers, ce restaurant spécialisé dans le poisson a creusé son sillon, sans tapage, mais avec une belle constance. Que demandet-on à une table ? Une harmonie, une personnalité, un propos. Les ingrédients sont ici réunis autour d’une cuisine tranquillement inspirée, gentiment inventive, qui surprend sans sacrifier cohérence et sincérité. Bruno et Sonia ont travaillé ensemble à Saint-Barth’ avant d’ouvrir leur propre affaire en janvier 2006. Auparavant, lui, Toulousain d’origine, avait fait ses armes à Londres et à Paris dans les cuisines de quelques restaurants réputés comme le Café Fish ou Marius et Jeannette. Ce qu’ils présentent au Casanou (« Notre maison » en créole) raconte aussi cette histoire où le parfum des horizons lointains se marie à une soif d’exigence. Les assiettes promènent donc un exotisme sans pacotille. Dans les entrées, on croise des nems de poissons à la sauce aigre-douce, un tempura de gambas à la sauce tamarin ou une salade de papaye verte façon thaï. Les plats maintiennent le cap avec notamment un panaché de crevettes naturelles aux deux parfums, une brandade de haddock, des brochettes de noix de Saint-Jacques de Dieppe au jus de corail safrané, sans oublier la dorade ou le bar en croûte de sel tandis que les plus carnivores se tourneront vers la brochette de veau à la sauce teriaki et le tartare de bœuf façon thaï. Quant aux desserts, on y trouve du classique qui ravira les amateurs comme une assiette de fromages de l’Aveyron et du plus inattendu avec les délicieux nems au chocolat accompagnés d’une crème anglaise parfumée au matcha. Bien sûr, ces prometteuses intentions ne seraient rien sans l’attention apportée aux produits et à ceux qui les font. Des crevettes Cristal Bay de Calédonie aux truites bio de Luchon fumées maison (présentes dans L’Assiette

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Casanou, assortiment de poissons à déguster en entrée pour deux ou en plat) en passant par la carotte pourpre, le Casanou privilégie la qualité, la fraîcheur, l’authenticité, les petits producteurs, le respect des saisons et les circuits courts. On retrouve cette démarche dans la carte des vins qui fait la part belle aux vins conçus le plus naturellement possible par des artisans vignerons. Ainsi, le muscadet de Jo Landron, le morgon de Marcel Lapierre, les vins d’Anjou de René Mosse ou les grands vins d’Arbois de Pierre Overnoy exciteront les papilles tout en donnant l’envie de commander la petite sœur.

\ Partager et transmettre \ Car ce restaurant, sûr de sa cuisine et cependant dénué de la prétention conférant à certains lieux une dimension comique involontaire, s’épanouit dans un cadre amical qui ne se pousse pas du col à l’image du service aimable et efficace. Lumières douces et musique discrète le soir, lignes pures et décor confortable : la petite salle rectangulaire accentue le sentiment de bien-être déjà distillé par des plats équilibrés, nerveux et généreux. La qualité a un prix, mais ce dernier sait rester sage. Au déjeuner, deux formules (16 et 19,50 e) sont hautement compétitives. À la carte, il faut compter autour de 35-40 e pour un repas entrée-plat-dessert qui peut s’achever avec l’un des thés ou infusions proposés par la maison. Ce qui pourrait guetter le Casanou ? Le ronron, la routine. Pour contrarier cela, Bruno, Sonia et leur équipe confectionnent un menu découverte (30 e) qui change chaque jour tandis que La Table de Bruno propose, chaque samedi à déjeuner, des cours de cuisine (sur inscription et à la maison) suivis de la dégustation des plats. Une façon de partager et de transmettre le plaisir appelée à se développer…

Casanou 22, rue des Couteliers (La Table de Bruno 144, rue Achille-Viadieu) 05 61 25 69 89, www.casanou.fr Ouvert du mardi au vendredi, midi et soir, samedi soir. Service jusqu’à 23 heures.


Vins sur vins

Actu

Trois bouteilles pour passer le printemps L’Apostrophe – Domaine des Terres Promises Pour saluer le printemps et en attendant l’été, on peut se mettre au rosé. À Roquebrussanne, dans le Var, Jean-Christophe Comor en produit un aussi séduisant à l’apéritif qu’à table. La probité du travail (vendanges manuelles, pas de sucre ajouté, dose minimale de soufre…) se retrouve dans le verre. L’Apostrophe 2010 est une merveille d’équilibre. La fraise le dispute à la rose tandis qu’une pointe d’amertume apporte une jolie profondeur. Prix caviste : 9 e.

Sauvignon – Domaine du Moulin Depuis une dizaine d’années, des néo-vignerons ont revivifié les vins de Loire. Hervé Villemade est l’un d’eux et pas le moindre. Il suffit de goûter ses rouges comme ses blancs pour s’en convaincre. Dans ces derniers, prenez son Sauvignon 2010. Au nez, un parfum d’agrumes séduit. En bouche, des notes mentholées témoignent d’une fraîcheur qui accompagnera parfaitement un poisson ou des coquillages. C’est enjôleur sans être racoleur. Belle pioche. Prix caviste : 8,50 e.

Morgon – Domaine Marcel Lapierre. Prix caviste : 18,50 e.

Des cavistes restaurants puissance deux Vinéa à l’Union et Le Temps des Vendanges, place de l’Estrapade à Saint-Cyprien, se sont imposés depuis quelques années comme les temples du vin naturel tout en proposant une cuisine de bistrot de belle tenue assise sur des produits sans faille. Le succès donnant des idées, Amandine et Eric Cuestas ont ouvert un deuxième Temps des Vendanges à Plaisance du Touch avec la même formule (caviste et restauration pour le déjeuner) tandis que Laurent Navarro et Jérôme Rey s’apprêtent à créer à Vinéa à Toulouse où la bistronomie de la maison-mère laissera place à des tapas créatifs midi et soir (fermeture à 22 h). Pas un restaurant donc, mais un endroit idéal pour découvrir des vins d’exception ou faire une étape avant d’aller dîner. Bref, on ne se plaindra pas que ces établissements fassent des petits. Qu’il en fleurisse encore… Le Temps des Vendanges : 2, rue Bernardet à Plaisance du Touch, 05 34 59 11 57 // Vinéa : 5, rue Perchepinte à Toulouse. Ouverture fin mai.

Actu

Biocoop investit le centre-ville

Œillades – Domaine Navarre Thierry Navarre aime ressusciter des cépages oubliés. Ici, c’est l’œillade qui donne naissance à un rouge gourmand, épicé, à boire jeune, parfait compagnon pour des grillades ou une belle viande rouge. En appellation Saint-Chinian ou « sans papiers » comme cette cuvée proposée en « vin de table », Navarre nous rappelle que les vins du Languedoc peuvent aussi privilégier le fruit et la finesse. Prix caviste : 8,50 e.

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À l’automne dernier, le grand vigneron Marcel Lapierre disparaissait à l’âge de 60 ans. Dans les années soixante-dix, il avait été l’un des pionniers d’une aventure qui porte ses beaux fruits : débarrasser les vignes et les chais des adjuvants chimiques, du soufre et des levures artificielles, des pesticides et autres produits conseillés par l’industrie phytosanitaire. L’objectif ? Rendre au vin ses saveurs et ses parfums les plus purs possibles, reflets d’un terroir, de cépages et d’une identité. Lapierre avait planté son entreprise de reconquête du goût à Villié-Morgon, dans le Beaujolais, terre sinistrée par la marchandisation. Au fil des ans, il a affiné à rebours des modes et des impératifs du commerce des jus restituant au Gamay sa finesse, son élégance, son fruit enjôleur et subtil, loin des parfums de banane et autres cosmétiques chers à la production de masse. Nulle surprise donc à ce que son morgon ait conquis autant les adresses les plus affûtées de New York ou de Tokyo que les meilleures tables et cavistes de Paris ou de province. Pour beaucoup, boire des vins de Marcel Lapierre marqua l’apprentissage des vins naturels ou biodynamiques, des vins à la fois légers et profonds, toujours goûteux et singuliers. Désormais, son fils Mathieu poursuit l’aventure. « Je ne connais aucune déception qui résiste à un morgon de Marcel Lapierre », écrivait Guy Debord. Tentez l’expérience…

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© Istockphoto

Lapierre parmi nous

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Après avoir quadrillé l’agglomération toulousaine et la région avec huit magasins, la première chaîne de magasins bio en France, engagée depuis plus de vingt ans dans le développement de l’agriculture biologique, a ouvert voici quelques semaines une enseigne en plein centre-ville, à deux pas de la station de métro Jean-Jaurès. Dans un espace de 200 m2, la boutique propose une offre complète de produits vendus au détail et au poids : fruit et légumes, pains, épicerie sucrée et salée, diététique infantile, produits sans gluten et sans sel, produits d’entretien, cosmétiques et maquillage, huiles essentielles, compléments alimentaires… Autour de la directrice Sylvie Delpech et de son équipe, Biocoop dispense aussi divers services (animation et dégustation avec des producteurs locaux, livraison à domicile…) susceptibles de répondre à une demande d’exigence environnementale et alimentaire toujours plus grande. Biocoop : 32, allées Jean-Jaurès àToulouse, 05 62 57 90 25.

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Tables & comptoirs

Quatre adresses pour manger comme à la maison En ce début de printemps, il y a comme une ambiance de nappe à carreaux qui plane sur les tables toulousaines. Suivez Spirit pour manger dehors, à la mode de chez vous. Par Christian Authier

19, av. Grande-Bretagne, Toulouse (20 m du métro Patte d’Oie) Tél : 05 61 49 51 13 La Pente douce est un restaurant qui donne tout simplement envie de déserter sa salle à manger pour goûter ailleurs à des plats faits maison. Cerise sur le gâteau, on s’y sent presque comme chez soi. Ici, on peut s’asseoir, à deux ou à dix, autour des tables d’hôtes pour tricoter des menus qui dépoussièrent le repas de midi et gratinent le dîner d’une jolie tonalité. La cuisine respecte les saisons et a le souci de bien faire. Avec son poulet gris du Gers cuit dans son jus de carottes, des tripes au citron confit, une tartine du chef qui n’a de tartine que le nom (puisqu’on trouve dessus pas moins qu’un pot au feu !) et l’inénarrable tarte chocolat et son caramel de verveine. Mieux vaut appeler avant de s’y rendre surtout à l’arrivée des beaux jours quand on peut s’installer dans la jolie cour. Du mardi au vendredi midi et mercredi, jeudi, vendredi soir. Menu déjeuner entrée plat dessert 17 e (14,50 e deux plats), 30 e le soir sans le vin. \ I. Desesquelles \

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Chez Navarre

49, grande rue Nazareth, Toulouse Tél : 05 62 26 43 06 Le sémillant Jérôme Navarre a eu une idée simple et géniale : adapter un cadre digne d’une auberge d’autrefois à une cuisine familiale, roborative et goûteuse. Autour de quatre tables d’hôtes, on échange à volonté les terrines de pâté de campagne ou de boudin, les salades de crudités, les œufs mollets, la soupe et le plat du jour avant de s’attaquer aux desserts en buffet. Du pain au vin (remarquable sélection à prix d’amis) : tout est parfait, y compris les tarifs imbattables (13 e à midi, 20 e le soir).

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L’air de famille

20, place Victor-Hugo, Toulouse Tél : 05 61 21 93 29 www.lairdefamille-restaurant.com À midi, une cuisine du marché pas bégueule, le soir, une carte plus large et des plats finement composés que l’on peut accompagner d’un Faugères de Didier Barral ou d’un Cheverny d’Hervé Villemade. Ce faux restaurant de poche, qui dispose d’une terrasse les beaux jours et d’une salle en sous-sol avec quelques tables nichées dans des alcôves, porte la signature de son jeune chef, Georges Camuzet, qui sert une cuisine d’auteur ne se poussant pas du col.

La Pente douce

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La belle èquipe

22, rue des Polinaires , Toulouse Tél : 05 61 52 62 98 Comme son nom l’indique, il flotte ici une humeur vagabonde et un air canaille à l’image des plats proposés (jabugo, ris d’agneau, rognon de veau, pièce du boucher…) sous l’œil rieur du patron posté derrière son zinc. Dans la salle, chaleureusement sudiste, l’ambiance se met souvent au diapason de l’état d’esprit de la maison conciliant décontraction et plaisir, partage et goût des retrouvailles. Bonne équipe.


14 allées Franklin Roosevelt 31000 Toulouse 05 61 23 38 88 www.lepyreneen.com

© France Marcé

service brasserie Ouvert de 12h à 14h15 et de 19h à minuit


en ville

Place Dupuy, l’autre village Capitole, Saint-Georges, Saint-Cyprien... c’est au cœur de ces places que Toulouse puise son inspiration. Dupuy ne déroge pas à la règle. Bravant les bouchons, l’équipe de Spirit a arpenté les trottoirs à la recherche des enseignes raffinées qui font de ce quartier un véritable village. 1 Voici nos 10 découvertes. Reportage réalisé par Isabel Desesquelles, Aurélien Ferreira, Hadrien Gonzales, Carole Lafontan, Baptiste Ostré

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Le théâtre des opérations Situé à mi-chemin entre la Halle aux Grains et le Grand-Rond, cet ancien cinéma érotique (des années 30) nous apparaît comme familier. L’impression d’entrer dans une cantine, voire un appartement s’ajoute au cachet créatif et théâtral. Quand Patrick, l’un des sept responsables du lieu, nous accueille, c’est entre deux spectacles et un moment d’accalmie ; un spectacle pour les scolaires vient de prendre fin et sur scène sont encore éparpillés quelques accessoires, face à une centaine de sièges tout juste laissés au repos. Notre hôte nous explique qu’ils ont pour ligne directrice de « présenter de jeunes compagnies émergentes » avant d’ajouter : « nous ne sommes ni un café-théâtre, ni une salle de spectacles avant-gardiste, on est des transmetteurs, notre souci reste l’accessibilité et la performance ». L’équipe se dit également « capable du grand écart des genres, des textes littéraires à la danse des signes, pour toujours proposer de la qualité à un large public ». Le coup de cœur du mois s’intitule Beyrouth Hôtel, une création maison. Théâtre du Grand-Rond \ 23, rue des Potiers 05 61 62 14 85 \ www.grand-rond.org

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L’allégorie voyageuse Au centre de la place, elle s’élance en surplombant la fontaine : Dame Tholose. La déesse en bronze doré d’un mètre quarante-trois a été réalisée en 1550 par Jean Rancy, le sculpteur chouchou des Capitouls. À l’origine perchée sur la tour des Archives (actuel Donjon du Capitole), elle tenait dans ses mains un écu et une girouette aux armes de la ville. En 1830, le Conseil Municipal, trop radin pour payer une statue neuve, la récupère et la déplace au sommet du tout nouveau monument dédié au général révolutionnaire Dominique Dupuy. Ni vu ni connu, ses insignes sont troqués contre des couronnes de lauriers et la voilà rebaptisée : « la Renommée ». Remplacée par un moulage, elle s’envole vers les Augustins, où elle est exposée depuis 2005.

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Tapas à la toulousaine « Depuis 1882 », peut-on lire sur la devanture. Chez Authié tient son rang Place Dupuy. C’est d’ailleurs mieux aujourd’hui qu’hier, avec ses nouveaux propriétaires. Grand comptoir avec des bouquets de bouteilles à portée de mains, tables hautes de bistro, on trouve vite sa place. Si l’on peut y boire son café dès 7 h 30 le matin, on déjeunera en piochant dans la carte Brasserie ou en savourant un plat du jour à 10 e. Mais c’est le soir, avant un concert à la Halle aux Grains ou pour profiter des beaux jours que l’on fera le tour de la carte des tapas avec un fricandeau aveyronnais ou de la saucisse Fouet (250 gr est-il précisé). Et pour les espagnolades, grande assiette de découvertes ! Chez Authié \ 25, place Dupuy \ 05 61 62 51 31

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Café du commerce, pas si sûr ? Exit le PMU, la peinture jaune et les fresques murales. Lorsqu’elle reprend le centenaire Café du Commerce, en 2009, Martine Continente apporte épure et sobriété en plus d’une spécialité glanée au fil de onze ans de métier : le vin. Des crus à forte tendance régionale. Mais, une fois par mois, le Café profite de la paella réputée de son chef espagnol pour proposer des vins chiliens ou argentins. Le désormais bar à vin profite du cosmopolitisme du quartier, « véritable petit village » selon Martine Continente. Et il n’est pas rare, les soirs de spectacle, d’y croiser les artistes de la Halle aux Grains pour des bœufs improvisés. Café du Commerce \ 5, place Dupuy \ 05 61 62 60 20

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N°7 pour la baguette En face de Chez Authié et du Tire Bouchon, on trouve du pain comme... on en trouve plus ou presque. « L’occitane » de la Halle aux pains nous réconcilierait presque avec la baguette. Tous les produits sont élaborés sur place artisanalement. Croquants aux amandes de première fraîcheur et une saveur d’antan. Idéal pour le goûter du dimanche quand on les a acheté le matin au retour du marché Saint-Aubin. La Halle aux pains, c’est assez rare pour le noter, est ouverte en semaine jusqu’à 20 h 30 (20 h le dimanche). La Halle aux Pains \ 7, place Dupuy \ 05 62 73 08 45

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« Anathème » au Tire Bouchon « Anathème » est un vin naturel comme il se doit. On le boira et on l’achètera au Tire Bouchon dont la cave est assurément l’une des mieux garnie de la ville. Riche de vins qui ne souffrent pas le sulfate, pétillent parfois et condamnent aux oubliettes du passé le mal de crâne du lendemain matin. Au Tire Bouchon, boire à volonté est un devoir doublé de purs plaisirs. De 7 à 77 e, il y a ici de grandes bouteilles. Il y a aussi chaque midi, la cuisine élégante et même surprenante de madame Lagarde qui propose le boire et le manger pour de dignes agapes entre amis. Il est préférable de réserver pour déjeuner car la table, tout comme la cave, a ses habitués. Le Tire Bouchon \ 23, place Dupuy \ 05 61 63 59 01

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La caverne d’Ali Dada

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Comme le phénix renaît de ses cendres, Olivier Feron fait revivre un métier asphyxié par l’apparition du moteur à explosion. « Le travail du cuir et de la selle s’est éteint après la seconde guerre mondiale », explique ce Toulousain d’adoption, installé place Dupuy il y a à peine trente ans. Rare sellier de la région, ce maître-artisan travaille un art séculier sans pour autant vivre dans le passé. Oreillette téléphonique ramenée autour du cou, Olivier Feron se révèle féru de nouvelles technologies. Dès 1995, à une époque où le net n’a pas encore supplanté le Minitel, l’artisan possédait déjà son propre site. Un outil indispensable pour élargir une clientèle dépassant désormais les portes de l’Europe. « Certains de mes collègues sont encore au crayon et au papier » plaisante-t-il, lui qui voit dans la sellerie un métier « à la fois très traditionnel et innovant. » À son crédit figure entre autre l’invention de la selle « biplace. » Une « nécessité » due à l’évolution de la pratique du cheval, grâce à laquelle les enfants peuvent faire leur apprentissage. Un an de conception pour dix ans de finition : « Il faut savoir prendre son temps. C’est un métier qui se pense sur plusieurs générations, » raconte cet autodidacte reconnu et créatif. Sellerie Phoenix \ 13, place Dupuy \ 05 61 62 08 72 \ www.sellerie-phoenix.com

Le Tire Bouchon © DR

sellerie Phœnix © DR

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La culture pour étendard Judicieusement lové entre la Place Dupuy et l’église Saint-Aubin, The Petit London est le bistrot de quartier par excellence. Véritable institution dans la ville rose, ce lieu de vie propose une cantine savoureuse quand il n’offre pas moult activités culturelles (concerts, boums pour enfants, expos, conférences...). Ce membre actif du collectif Culture Bar-Bars, fer de lance du dispositif national « Cafés Culture », est l’endroit rêvé pour boire une bière en écoutant du bon rock’n’roll ou s’octroyer un brunch, le dimanche midi, après un petit tour au marché de Saint-Aubin. Le Petit London \ 7 bis, rue Riquet \ 05 61 62 93 29

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Plus qu’un hôtel On l’oublie trop souvent, les bars d’hôtel sont des lieux accessibles même à ceux qui n’y ont pas de chambres. C’est le cas de l’hôtel Les bains douches avec son vaste rez-de-chaussée chic et design où l’on pourra boire un verre ou une tisane chaque soir jusqu’à minuit. Pour ce qui est du coucher, l’hôtel se décline sur trois étages (ex-soupe populaire au premier) avec vingt-deux chambres dont trois suites qui ont toutes la particularité d’avoir leur salle de bain privée derrière un plexi avec impression, c’est beaucoup plus élégant qu’une simple porte. Autre originalité, les Bains douches sont une boutique hôtel et, pour qui le désire, il est possible, comme ce client, de rentrer chez soi en achetant la totalité du mobilier de sa chambre, lampes Murano incluses ! Hôtel Les Bains douches \ 4 & 4 bis, rue du Pont Guilheméry \ 05 62 72 52 52 \ 160 e la chambre double classique et 380 e la suite avec terrasse.

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Et plus si affiné L’ambition affichée chez Xavier ? La qualité. Du sucré au salé, tout est bon pour accompagner le fromage de François Bourgon, le maître des lieux. Que ce soit au marché Victor-Hugo ou place Dupuy, l’affineur « élève » les pâtes cuites ou molles comme on ferait grandir un bambin : « Être affineur, c’est amener le fromage du stade enfant - jeune fraîchement démoulé - au stade adulte, où il sera prêt à être dégusté ». La petite fromagerie a fait une incursion dans le quartier pour « combler une place vide » ; il n’y avait pas encore de fromageries, et encore moins de marché où se montrer. Depuis son ouverture, elle a davantage pris l’allure d’une épicerie fine, les « à-côté » sont nombreux ; en un tour de bras, il y a de quoi improviser un pique-nique trois étoiles. La table de Xavier, du mar au sam, 9 h 30/13 h et 16 h/20 h, 22, place Dupuy \ 05 61 63 01 01 \ www.fromages-xavier.com

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La table de Xavier © DR

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Les Bains Douches © DR

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en ville

Les Hot Spots du moment ! Les adresses qui comptent ne sont pas toujours dans l’annuaire, elles se refilent de bouche à oreille ! Tendez-la vôtre et ouvrez l’œil pour découvrir les cinq lieux qui font parler d’eux.

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Cosmo

Cocorico Mexico

Avis aux frustrés de l’année du Mexique. Jusqu’au 15 mai, la maison universitaire franco-mexicaine présente l’exposition « Une Sicilienne au Mexique » de la photographe Maria Paola Di Blum. Une vingtaine de clichés, folkloriques mais pas poussiéreux, sont accrochés dans les lumineux bureaux conçus en open-space par l’architecte toulousain Axel Letellier. L’institution, dont la vocation prioritaire est la coopération scientifique, pourrait, à l’horizon 2012, accueillir une programmation culturelle régulière, tout au long de l’année. Les expositions seront abritées au rezde-chaussée sous les voutes de la superbe salle capitulaire du monastère des Cordeliers. C’est le lieu du moment ! \ H.G. \

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relax

Maison universitaire franco-mexicaine, 2e étage, 15, rue des Lois, www.maison-mexique.univ-toulouse.fr Le Crem’ de la crème

le + chic

Dressing de luxe Il y a quelque chose d’aérien, comme un flottement, chez Département Féminin. Quelque chose de dépouillé et d’évident à la fois : ce doit être ça, le luxe. Cette boutique secrète (il faut sonner pour entrer) aligne la crème des créateurs : Dries Van Noten, Alexander Wang, Balmain, Balenciaga, Stella McCartney… et même la jeune et très talentueuse Bouchra Jarrar, que l’on suit ici depuis sa première collection, l’an dernier. La cliente-type ? Toulousaine certes, mais aussi nationale et souvent internationale. « C’est une femme élégante et cultivée », résume Carole Benazet, la maîtresse des lieux. Depuis l’ouverture en 2002, l’enseigne s’est agrandie trois fois, jusqu’à inaugurer en février 2009 un espace « Bis ». La sélection de vêtements y est moins sophistiquée, mais toujours aussi pointue (Rick Owens notamment). \ H.G. \ Département Féminin, 1, rue MauriceFonvieille, www.departementfeminin.com

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Cantine de poche à la japonaise Matinée difficile ? On vous a déniché l’endroit idéal. Motchiya : votre nouvelle cantine pour une pause zen à l’heure du déjeuner. Passez la porte. Décor épuré de bois brut, chaises rehaussées de galettes japonaises et gros bouquet de fleurs fraîches. Vous sentez ? Vos muscles se relâchent déjà. Pour le menu, pas de prise de tête, c’est formule unique : plat du jour, riz, légumes et dessert maison pour les gourmands. Sur fond de musique classique, on épie Norio, qui s’affaire derrière le comptoir. Que va t-on déguster aujourd’hui ? Un poulet teriyaki ? Un cheese cake au thé vert matcha ? C’est simple, frais et savoureux, une vraie cuisine familiale nippone, sans chichis ! Conseil d’ami : réservez dès 10 h. 12 couverts, ça se remplit à la vitesse du Shinkansen... \ S. C. \ Motchiya, 10, rue Palaprat. Du lundi au vendredi, de 12 à 19 h. Menu : à partir de 12 €, 09 54 70 47 39, http://motchiya.blogspot.com

le + frais Trait déménage

Fini le long couloir de la rue des Changes ! La papeterie Trait fait ses cartons et file s’installer quelques rues plus loin à la place de Londonium. Un nouvel espace aux tons clairs qui mixe avec style mobilier chiné et cases modulables contemporaines. Pas de panique, l’esprit maison ne change pas ! On trouvera toujours un joli choix de papiers et de carnets et cette gamme de petits objets qu’on adore. Des trouvailles déco qu’on installe partout dans la maison, comme ces bouteilles cabinet de curiosité fabriquées... dans le Lot ! Après le magasin de la rue Saint-Pantaléon (en photo ci-contre), Trait s’est trouvé. \ S.C. \ Trait, 60, rue des Tourneurs, 09 63 05 07 59, www.trait.fr

Le Crem’ est ce genre d’adresse où la pratique des soins de beauté privilégie une atmosphère tellement paisible, qu’on est obligé de lâcher prise. À l’abri, dans un univers feutré et délicat. Pour une heure, deux heures ou plus, on est ailleurs... et plus précisément entre les mains de Kathy Fontaine. Après avoir été responsable de l’Institut de beauté Elysée Parfums pendant neuf ans, elle a décidé de s’installer chez elle, dans le quartier du Caousou. C’est elle qui a pensé, voulu et réalisé ce nouveau lieu. Pari réussi ! Au Crem’, tout n’est que volupté et générosité. La spécialité du chef ? Le massage relaxant californien. Mais ce n’est pas tout. On peut aller au Crem’ pour des soins courants (épilations, gommage, etc.) ou encore pour s’adonner à l’atelier du sourcil ou la dermo-pigmentation. Ici, le palper rouler manuel se pratique en six séances et les soins du visage s’en donnent à cœur joie avec le programme « Spa » : deux heures de soin complet avec masque final feuille de collagène, mais aussi massage du décolleté, du dos, des bras, des mains et... des pieds. Un grand moment ! Mieux vaut réserver \ I.D. \

Le Crem‘ Institut, 57, av. Raymond-Nave. Kathy Fontaine, 06 08 76 33 34 de 8 h à 20 h. Tarifs : à partir de 70 € pour les massages et 14 € pour les soins.


ALPINA • BREGUET • BLANCPAIN • BAUME & MERCIER • BRM • CHOPARD • GUCCI • HAMILTON • HERBELIN IWC • LONGINES • NOMOS • OMEGA • ORIS • PORSCHE DESIGN • RADO •TISSOT • VICTORINOX

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La folie

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échappée belle

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Paris, et si on oubliait la Tour Eiffel... Pourquoi y aller ? Pour visiter la Galerie de l’Évolution admirablement refaite. Manger les meilleurs croissants. Dévaliser les nombreuses friperies parisiennes. Voir le soleil se coucher sur Montmartre. Aller au Bon Marché. Regarder les Parisiens agglutinés en terrasse, tout rouges du premier soleil. Éviter les Champs-Élysées. Ne pas faire de Bateaux Mouche, mais rapporter une Tour Eiffel. Découvrir la première galerie Gagosian française. Écouter les Parisiens s’insulter au volant.

1 - Centre George Pompidou.© Paris Tourist Office - Fabian Charaffi 2 - Paris Plage 2008 © Paris Tourist Office - Marc Bertrand 3 - Bois de Boulogne © Paris Tourist Office - Amélie Dupont 4 - Boulangerie, vieille voiture © Paris Tourist Office - Alain Potignon 5 - Café © Paris Tourist Office Alain Potignoning

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Paris est une ville de quartiers, chacun a son charme et son ambiance. Je vous fais grâce du Paris que vous connaissez par cœur ; la Tour Eiffel, le Louvre, Saint-Germain-des-Prés, balade dans le jardins des Tuileries et zou chez Colette puis v’lan dans les Grands Magasins. Ce Paris, très prisé des Américains et des Japonais vous lasse peut-être. Je vous propose ici, une petite escapade hors des sentiers battus, recommandée par des amoureux de Paris qui, chacun selon leurs passions, ouvrent pour vous leur carnet d’adresses. S’il y a une règle à respecter dans la capitale, c’est d’éviter la foule et les embouteillages permanents. Par exemple, fuyez le boulevard Rochechouart qui n’offre malheureusement aujourd’hui que gadgets et gargotes, sauf pour le traverser et escalader Montmartre. Pourquoi ne pas faire ensuite un grand tour dans le IIIe arrondissement qui depuis un an fait parler de lui grâce à « Merci » un immense supermarché chic et déco, où vous pourrez trouver un cahier, un couvre-lit en lin, de jolies verreries, des kits pique-nique tout à fait uniques. Cette adresse déco vaut aussi le détour pour un petit œuf coque/mouillettes ou une pause thé/cake. Plus tard dans la journée, vous apprécierez Grazie, un bar à cocktails-pizzéria ouvert depuis peu par le fils de Marie-France Cohen, fondatrice de « Merci ». À quelques mètres, un gigantesque Bonton s’est installé dans l’ancien espace des tapisseries Zuber. Bobs, maillots, jupettes ou bermudas habilleront vos enfants si vous en avez, si vous n’en avez pas, ce n’est pas grave, je vous fiche mon billet que vous trouverez votre bonheur au sous-sol parmi les 1001 gadgets rapportés d’ici ou là. Vous êtes sur le boulevard Beaumarchais à droite Bastille, à gauche

République, derrière le Marais, devant le XIe… vous n’avez qu’à marcher pour trouver un petit bistrot (Le Progrès, rue de Bretagne), un bar rock indé (le Pop In, rue Hamelot), un Musée (le Musée Picasso, rue de Thorigny ou l’Institut Culturel Suédois, rue Payenne), un délicieux restaurant Italien (Cucina Napoletana, rue Castex), une galerie d’art contemporain (celle d’Emmanuelle Perrotin, rue de Turennes puis la Galerie Yvon Lambert, rue Vieille du Temple), ou un savoureux marché (Marche des enfants Rouges, rue de Bretagne). IXe, IIIe mais aussi Xe, VIe… tous les quartiers de Paris ont quelque chose à offrir, il suffit de chercher. Paris n’est finalement pas si caractérielle et vous laisse le choix d’aimer la ripaille ou les salades, le Louvre ou le Palais de Tokyo, Tati ou Marni. C’est une ville de bonnes adresses, quoique vous aimez, vous le trouverez mais c’est aussi une ville où l’on peut être fauché ; car se balader sur les quais de la Seine à pied, le long du canal en Vélib’ ou pique-niquer dans le parc des Buttes-Chaumont sont des moment merveilleux qui ne coûtent goutte. Et puis vous allez voir au printemps, les Parisiens, ils sourient. \ Par Violaine Belle-Croix, journaliste born in Paris \


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Un toit à Paris Avant de se lancer sur l’asphalte parisien, posons vos valises. Ce choix doit être à la fois stratégique, esthétique, économique (un peu). Que diriez-vous d’une antre moderne et confortable, au cœur du joli IXe arrondissement, nichée entre Montmartre et South Pi comme y disent ; entendez South Pigalle quartier de petites boutiques, restos et bars où les Parisiens aiment traîner leurs savates. Vous serez au calme à deux pas de la place Saint-Georges à l’Hôtel Arvor. Un hôtel tout beau, presque neuf, joliment décoré sans être trop design, moderne sans être futuriste, le petit déjeuner est frais et croustillant et le bar est super pour boire un petit verre de Chablis avant de sortir. Certaines des vingt chambres donnent sur les toits de Paris, mais toutes sont calmes. Le personnel est charmant. La couleur y est présente partout, ce qui donne à l’Hôtel Arvor des airs d’appétissant berlingot. Dans le quartier vous pourrez ; déambuler rue de Douai d’un marchand de guitare à un autre, découvrir toutes les friperies et dépôts des alentours de l’avenue de Trudaine, prendre un délicieux petit-déjeuner au calme dans la cour ensoleillée de l’Hôtel Amour, goûter la baguette Renaissance de Monsieur Delmontel, savourer un Carrot Cake chez Rose Bakery… tout à pied et à deux minutes ; vos valises sont stratégiquement posées. Hôtel Arvor - 8, rue Laferrière 75009 Paris - 01 48 78 60 92 Photos : Hôtel Arvor © DR

Chambre double à partir de 130 e, petit-déjeuner 9 e.

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échappée belle

Paris, vu par... 1

1 - Hôtel RITZ 2 - Le petit théâtre de peau d’âne 3 et 4 - Petit Pan 5 - « Nail Bar » OPI 6 - Plage parisienne

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Aude Le Maout, tricote et brode pour elle ou pour les autres. Elle aime la fripe, la fringue, la mode qu’elle traque dans tout Paris à tous les prix. Son blog http://lemiaout.blogspot.com/ Ses adresses - APC stock, rue André Del Sarte, « j’y trouve toujours quelques merveilles ». - Pour chiner, Frip’star et toutes les friperies du Marais et de la rue du Roi de Sicile sans oublier Guerisol à Barbès. - Le Sans Souci (dans le IXe), un petit bar de quartier qui ne paye pas de mine la journée mais qui ne désemplit pas le soir. - Le Pompon installé dans une ancienne synagogue dans le XXe... pour sortir et voir du beau monde. La terrasse du Petit Monaco, rue de Picardie (dans le IIIe) pour ses demis à 2,5 e. Ses mots pour exprimer Paris : marche à pied. Sa sortie du dimanche : je travaille le dimanche, mais j’ai l’habitude d’acheter mes viennoiseries chez le boulanger du Marché des Enfants Rouges, très généreux avec ses habitués. Son Paris : « J’aime que la ville ne soit pas très grande et puisse se traverser à pied, j’aime aussi sa diversité de cultures et de styles, très différents d’un quartier à un autre. Mais ce que je préfère par dessus tout, c’est sa défense des métiers d’art et de la haute couture » Ce qu’elle évite à Paris : « Les terrasses bondées, les Parisiens qui s’observent et qui observent » Un film sur Paris : Les Enfants du Paradis de Marcel Carné pour cette phrase : « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment d’un aussi grand amour... » à dire avec l’accent de titi parisien d’Arletty.

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Aude


« Il ne faut pas rater les grandes ventes de printemps en mai/juin et les ventes du mois de décembre ». Son astuce : on peut visiter en ligne des objets exposés en salles des ventes le jour précédant la vente sur www.drouot.com. Drouot, « c’est le grenier de la France ; le seul endroit où les milliardaires et les chômeurs peuvent se croiser en souriant, le seul endroit ou Jean-Michel Basquiat et Pablo Picasso croisent les canevas de chiens loup assis, la langue pendante, le seul endroit où les commodes Louis XV côtoient timidement le mobilier Design entre deux adjudications. » Il est intarrissable : « À Drouot, on sent les odeurs du temps qui passe, la poussière des caves et le parfum des vieux châteaux familiaux. Bijoux, trophées de chasse, château Latour 1978, boutons de manchettes, casseroles, médailles de guerre, perruques de théâtre, lingots d’or, bandes dessinées, fusils de chasse, poignées de porte... tout se vend et s’achète à Drouot. » Sa sortie du dimanche : « le Centre Pompidou avec les enfants pour les expositions et les jeux qui leur sont destinés. » Ce qu’il aime à Paris : circuler sur les quais à la tombée de la nuit. Ce qu’il faut éviter à Paris : les Parisiens.

Julie

Julie Ansiau est photographe, elle aime le beau et le bon et fait en sorte d’être le plus « green » possible dans ses achats et ses démarches. Elle mène toute sa petite famille à coup de betteraves, de poisson frais, d’expo & d’art co ! www.julieansiau.com Ses adresses - Le marché de l’avenue du Président-Wilson dans le XVIe ; chez Joël Thiebaud pour les légumes et chez Philippe Perette, « les chèvres de Saint Vrain » pour les fromages. - Rougier et Plé, Marché Saint Pierre, les Trois Hiboux (Bon Marché) pour les bricolages. - Le Petit Roi pour les livres rares d’occasion, « le libraire est un passionné et la sélection enfant est super ». - Petit Pan (photos 3 et 4), Monoprix, et la brocante de la rue de Bretagne « pour les vêtements de mes enfants ». Son Paris : « On manque de vert, mais sinon il y a tout ce dont tu peux rêver et même plus encore. » Sa sortie du dimanche : brocantes, expositions à Beaubourg ou au Musée des Arts décoratifs, promenades le long du bassin de la Villette et dans le Marais vers la place des Vosges où tous les magasins sont ouverts même le dimanche. Ce qu’elle préfère à Paris : l’offre culturelle. « Beaucoup de belles expositions tout le temps, les spectacles de danse contemporaine au Théâtre de la Ville, le centre de yoga Sivananda. Les supérettes bio, les marchés, les brocantes et les vide-greniers ! » Ce qu’elle faut éviter à Paris : « Les voitures : c’est soit la prune, soit l’embouteillage. Et le scooter, c’est dangereux, no way ! » Sa filmographie parisienne : À bout de souffle de Jean-Luc Godard.

Nadim

Nadim Cheikrouah, producteur (entre autres du très bon Benda Bilili), aime bien sa ville et surtout son XIX e dans lequel il trouve tout : épinard, espaces vert et piments doux ! Ses adresses - Le restaurant Chez Vincent s’est déplacé de la petite rue du Tunnel aux Parc des Buttes Chaumont. « Désormais on peut donc apprécier sa fameuse tomate mozza, fabriquée en direct devant vous, son décor de rêve, où l’on peut digérer entre les plats en faisant une balade dans le parc vide ou en jouant un petit air de piano. » - L’épicerie Le Caire rue de Belleville notamment pour ses piments et ses petites olives noires. Un mot pour exprimer Paris : multiple. Sa sortie du dimanche : avec les enfants, ça finit vite aux Buttes-Chaumont ou en balade à vélo le long du canal de l’Ourcq, de Stalingrad jusqu’à Pantin en passant par la Villette. Ce qu’il préfère à Paris : on peut tout y faire : se faire un ciné à moins de 5 minutes, acheter des épinards un dimanche soir, prendre un Vélib’ pour aller boire des coups. Un film sur Paris : Paris vu par, spécialement le sketch d’Eric Rohmer, 1965.

Esther

Créatrice de la marque Lili & thé Funky Boys, Esther Loonen, d’origine hollandaise a complètement adopté Paris où elle vit et travaille. Son adresse Le Palais Royal pour le calme et la boutique Acne dans le IVe. Un mot pour exprimer Paris : style. Sa sortie du dimanche : bruncher avec les enfants au soleil au Palais Royal. Balade rive gauche, bon film et diner Thaï. Ce qu’elle préfère à Paris : le choix. Ce qu’il faut éviter à Paris : le sous sol du BHV... un samedi après-midi. Un film sur Paris : Bitter Moon et Lune de Fiel de Polanski.

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Notaire, Olivier Bosse a une grande passion : Drouot. Il partage son expérience de la mythique salle des ventes.

Styliste déco, Marie Mersier court le bitume parisien à la recherche d’une lampe pour cette photo-là ou d’un sapin pour tel magazine. Elle connaît donc bien sa ville et partage ses petites pépites avec qui le veut ! Ses quelques adresses - Les Ultimes. 10 passage Thiéré dans le XIe. Très bonne sélection de vintage (meubles et accessoires) à prix doux. - « Pour boire un verre ? C’est en bas de chez moi au Café Matisse, j’y vais aussi tous les matins ou presque pour boire un café, sinon le Barav et ses très bons vins (6, rue Charles-François-Dupuis dans le IIIe) ». Pour dîner, le Bouledogue, 20 rue Rambuteau dans le IIIe, l’Après vous, 61, rue des Trois frères dans le XVIIIe. « Cadre intimiste et chaleureux, bons produits, bons vins. » Ses nuits parisiennes : « Je ne sors pas beaucoup, car je danse toute seule dans mon salon quasiment tous les jours, ça me détend ! Mais quand enfin je mets vraiment le nez dehors je vais au Rosa Bonheur. J’adore l’endroit, la musique est top, on est serré comme des sardines mais les gens sont toujours très ouverts, c’est vraiment la fête. » Son mot sur Paris : capricieuse. Sa sortie du dimanche : cinoche aux Ciné Cité des Halles et ensuite burger-bloody Mary chez Joe Allen : « Avec quelques amis cinéphiles, on a crée notre « ciné Club » et on fait ça tous les dimanches ou presque. » Ce qu’elle préfére à Paris : « Les premiers jours d’été, quand Paris se transforme, l’ambiance est plus électrique et excitante, je retrouve une certaine insouciance. » Ce qu’il faut éviter à Paris : venir au mois de novembre. Son film sur Paris : « Le premier qui me vient en tête est le film culte de mes 15 ans : Mina Tannenbaum. Même si depuis il a un peu vieilli, ça reste une petite madeleine de Proust. J’adore quand Elsa Zylberstein chante Dalida ! Et puis il me rappelle l’époque où je suis arrivée à Paris pour faire mes études : la fac, les premiers amours, les cafésclopes, les nuits de fêtes. Je suis assez nostalgique de tout ça ! »

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Olivier

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Adélaïde

Directrice marketing, Adélaïde assume son Paris chic, son Paris-chichis, son Paris sushis ! Elle habite Boulogne et de temps en temps, elle joue les « Cendrillon » en allant poser sa pantoufle de vair devant le Ritz. Ses adresses - La terrasse de La Plage Parisienne en été pour un bon dîner entre potes, entre copines ou pour roucouler. - Les « Nail Bar » OPI (photo 5), notamment celui du Bon Marché ; 5 e la pose de vernis, « un choix de couleur de dingue, 15 minutes sur une pose déjeuner, c’est pas grand-chose pour se sentir jolie » - Le RITZ parce que arriver place Vendôme au bras de son amoureux et pousser les portes de cet hôtel mythique, c’est « juste magique », comme elle dit. Un mot pour exprimer Paris : l’élégance. Sa sortie du dimanche : du Vélib’ au bois de Boulogne sous le soleil, un ciné et des sushis sous la pluie. Ses favoris à Paris : l’avenue qui relie les Invalides au Pont Alexandre III, « un jour, je serai riche et j’habiterai là ! » Ce qu’elle évite à Paris : la voiture, Un film sur Paris : Amélie Poulain pour son esthétisme et la gare d’Orsay parfaitement reconstituée dans Un long dimanche de fiançailles.

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Cahier CULTURE

The Loveboat © Séb Nadaud

1.05 map 2011 (p.40) 20.05 belshazzar (p.44) 10.05 la dame de shangaÏ (p.48) 26.05 Le week-end des curiosités (p.54) 24.05 Luluberlu (p.60) ...

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culture expo

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La ville, divine idylle Comment la ville se construit-elle ? Deux expositions toulousaines s’interrogent sur la fabrication de l’espace public. « Villes rêvées, villes durables ? » installée à l’espace EDF Bazacle, fait le lien entre les désirs des citoyens et les projets urbanistiques. Au CMAV, la parole est donnée aux collectifs et aux habitants eux-mêmes, qui ont choisi de prendre en main leur quartier pour créer des « Urbanités inattendues ».

Bruit du Frigo © Sébastien Normand // Toit du City Hall // Entassement de maisons

L

a ville des Trente Glorieuses n’a plus la côte, alors que la nature est à la mode ! L’homme du XXIe siècle rêve de pelouses et de jardins potagers... mais sans quitter le centre-ville. Est-il possible de concilier ces deux désirs contradictoires ? Cette « Ville fertile » (à l’honneur d’une exposition à la Cité de l’architecture à Paris jusqu’en juillet), est bien l’un des sujets majeurs du moment. Et les urbanistes n’ont pas fini de se creuser les méninges à son sujet ! Dès la fin du XIXe siècle, Howard Ebenezer imaginait la cité-jardin : une ville érigée de façon circulaire autour d’un grand parc et entourée de 20 km2 d’espaces agricoles. C’est le sujet de « Villes rêvées, villes durables ? », qui passe au crible, avantages et inconvénients de différents grands projets urbanistiques. Des cités jardins verticales de Le Corbusier, tant décriées aujourd’hui, à « l’idyllique » quartier durable d’Hammarby, initié en 1990 à Stockholm.

« Villes rêvées, villes durables ? », Espace EDF Bazacle, jusqu’au 13.06, http://bazacle.edf.com. « Urbanités inattendues », CMAV, jusqu’au 28.05, www.cmaville.org

Et si la parole était redonnée aux habitants eux-mêmes ? C’est le parti pris d’« Urbanités inattendues » : « Les habitants et les citoyens destinataires des espaces aménagés sont la plupart du temps exclus des processus de décision », explique Enrico Chapel, commissaire de l’exposition. Il a rassemblé au CMAV un bon nombre de projets urbanistiques éphémères conçus pour et par les habitants, « à la croisée de l’architecture, de l’art et de la médiation sociale ». Photos et vidéos à l’appui, on peut découvrir l’installation d’un bistrot associé à un atelier d’urbanisme utopique, au beau milieu d’un immeuble voué à la démolition. À Séville, des bennes à ordures sont transformées en espaces de vies : balançoires et petits jardins s’installent en plein milieu des rues, comme autant d’espaces de liberté. À Paris, ECOinterstice transforme des petits no man’s land en espaces verts... Ces actions lancées par des collectifs, cassent la vision très formatée de la zone publique et provoquent les habitants pour les pousser à exprimer leur vision rêvée de l’espace. « Si de plus en plus de collectivités locales font appel à ces collectifs, c’est parce que ces actions répondent à un vrai déficit de démocratie dans la conception de l’espace », poursuit Enrico Chapel. À quand un bassin sans bonnet de bain obligatoire, sur la place du Capitole ? \ Maylis Jean-Préau \

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culture expo

MAP’ ou pas cap ?

Se trouver à Toulouse en cette saison, c’est déjà le signe d’un printemps réussi, le début d’une saison de festivals en tout genre, dont certains font désormais figure d’incontournables. C’est le cas du MAP, ou Mise Au Point. Littéralement dédié à la photographie, le festival vieux de trois printemps revient chaque année avec la même débauche d’énergie. Parfois critiqué pour son manque de légitimité artistique, il reste malgré tout fidèle à son ambition de dépoussiérer la pratique photographique. Autre objectif affiché : présenter de jeunes talents sélectionnés sur concours au public toulousain. Au registre des initiatives, on retrouve avec curiosité le concept d’« un mètre de moins ». Le projet consiste à perdre en altitude ce que l’on gagne en spontanéité. Pour une fois, les boitiers ont donc été confiés à des enfants, pour que ceux-ci nous montrent les instantanés d’une vie de lutins. Les invités de marque se bousculent aussi dans le viseur ; le photographe Reza pour parrain, puis coup de projecteur sur les « regards croisés » de Mathieu Valverde et Clément Poitrenaud, pour vivre l’ambiance du vestiaire et l’intimité des athlètes. © Océane Moussé

\ Mon voisin, ce héros \

Après les sportifs, le travail de Pierre Elie de Pibrac nous emmène voir une autre forme de héros. Lui qui a tout, sauf le nom d’un « Musclor en collant », démontre l’utilité et la place du super-héros dans l’urbanité contemporaine. Outre les super héros, il y a simplement des gens à défendre et peut-être que les justiciers devrait jeter un œil à l’œuvre de Vladimir Vasilev. Les pauvres gens, ou plutôt les gens pauvres ; d’une Europe de l’Est délaissée, le photographe construit un hommage qui amuse ou surprend la réflexion du spectateur. Les clichés sont aussi riches que les modèles sont marqués. Pauvres de moyens, pauvres d’avenir, malgré les sourires.

Océane Moussé

\ A.F. \

Du 1er au 31.05, gratuit, 16 expositions et 10 ateliers dans 27 lieux différents, 05 61 52 67 08, www.map-photo.fr

Tout Flux, tout flamme ? Partie à Berlin pour respirer l’air créatif ambiant, Océane Mousse revient à Toulouse, sa ville natale, et envahit subtilement, la galerie GHP à la manière de ses personnages. Durant un mois et demi, l’exposition « Tout Flux » rassemble des dizaines d’illustrations noir et blanc, où vagabondent en file indienne des « migrants » sortis de terre. Et on se laisse facilement aller à toutes sortes d’interprétation. « Je ne dessine pas pour transmettre un message précis au spectateur » confie-t-elle. Elle donne naissance à des scènes « ouvertes », et prend un malin plaisir à capter les avis qui en découlent : « J’aime bien voir que mes œuvres ne laissent pas indifférent. Peu importe la manière, ce qui compte, c’est interroger le regard ». Pour ce faire, l’artiste s’attarde sur les notions de temps et d’espace, volontairement brouillées pour accentuer le mystère autour de la quête des personnages. Des personnages qu’elle estime avoir toujours dessiné « involontairement jeunes » et qu’elle s’applique depuis quelque temps à diversifier : « Je veux que l’on puisse facilement s’identifier à eux et se les approprier. Ils doivent sembler les plus naturels possible ».

Jusqu’au 21.05, à la Galerie GHP, 11 descente de la Halle aux poissons, Toulouse, 05 61 52 67 08, du lun. au ven. de 13 h à 19 h et le sam. de 14 h à 19 h.

\ Aurélien Ferreira \

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The Loveboat © Séb Nadaud

\ Dis-moi où tu es, je te dirais qui tu es \

À vrai dire, personne ne peut prétendre détenir la réponse à cette question, ni même savoir où s’arrête le périple de ces migrants. Et tenter de leur attribuer une identité précise revient à trahir l’intention première de leur créatrice. Contrairement à sa célèbre collection de « Pisseuses », Océane précise que « les migrants ne sont pas l’attrait principal de l’œuvre, le paysage l’est tout autant voire davantage ». D’ailleurs, la galerie GHP n’hésite pas à réinvestir ses lieux ; « est acté, le sol recouvert d’herbe et une sculpture en forme de bosses installée ». Du relief et de la texture, pour que le visiteur soit à son tour un migrant, le temps d’une errance artistique, au cœur du paysage monographique d’Océane Moussé.


Du Nil dans mes veines

Bird © courtesy Galerie Sollertis

C’est l’histoire d’un photographe, Denis Dailleux, tombé amoureux d’un pays, l’Égypte. Là, il découvre le luxe oriental et la fraîcheur des rives du Nil. Il rencontre des hommes dans le quartier populaire de la Gamaleya, des ouvriers qui peinent à la tâche dans les fonderies de métal, mais qui sourient dans la misère. Alors Denis Dailleux prend des clichés. Ses images illustrent les textes de l’écrivain égyptien Gilbert Sinoué dans leur ouvrage commun, Impressions d’Égypte. Loin de l’épique révolution de la place Tahir et de la magnificence de l’Égypte millénaire. Cette Égypte-là pourtant, impressionne. Du 11.05 au 8.05, Espace Saint Cyprien, Le Chapeau Rouge, 05 61 22 27 77

Urs Lüthi

En 1970, un jeune homme originaire de Suisse crée une œuvre photographique autour de lui-même. Urs Lüthi se met en scène, se déguise, se travestit et son corps devient le support et le sujet de son art. Finalement, on s’arrache l’image androgyne de cette figure

emblématique du body art ! Et puis son visage disparaît, laissant la place à des nus, des motifs ornementaux. En 2002, l’effigie d’Urs Lüthi réapparaît. Les années ont passé et c’est son crâne chauve qu’il donne à voir. Après une première expo en 1995 à la Galerie Sollertis, l’artiste revient présenter ses mises en scène de luimême, marquées par le temps qui passe. Jusqu’au 21.05, Galerie Sollertis, 05 61 55 43 32, www.sollertis.com

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© Denis Dailleux

En direct des galeries

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Electric Artyland Le rock ne s’exprime-t-il qu’à travers la musique ? Electric Artyland répond par une série d’expositions en tout genre. Les créations plastiques ou littéraires de David Bartholomé, Teuk Henri et François Régis Croisier investissent le musée des Abattoirs. Pendant ce temps, la médiathèque José-Cabanis habille ses murs d’illustrations, sérigraphies, affiches de concerts et autres fanzines. Même le Bikini en prend pour son grade ; l’histoire subjective du rock y est retracée au détour de quelques pochettes vinyles incontournables. D’autres merveilles restent à découvrir, dont une programmation cinématographique qui vient souligner l’influence qu’a le rock sur les plasticiens. Jusqu’au 9.07, de gratuit à 7 €, Médiathèque JoséCabanis, Musée des Abattoirs, Le Bikini… 05 61 63 39 72, www.electricartyland.com

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culture théâtre

Agathe Mélinand « Je suis tombée amoureuse du TNT »

© Polo Garat

Quand Agathe Mélinand nous reçoit dans son bureau, c’est un peu comme si l’on pénétrait dans son salon. Sur fond de musique classique, entre un bureau rempli de scénarios et son siège de directrice, erre son chien. Avant les premières représentations des Aventures de Sindbad le marin et à l’entame d’un nouveau mandat de trois ans aux côtés de Laurent Pelly, Agathe Mélinand savoure en toute simplicité son bonheur de diriger le TNT.

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« Travailler dans l’un des plus beaux théâtres de France est un vrai bonheur. »

les 13, 14 & 15 mai 2011 Chapitre 1 : Le Cassoulet est-il métissable ?

Comment est née l’idée de cette adaptation des Aventures de Sindbad le marin, votre seule création en duo avec Laurent Pelly de la saison ? Lorsque j’ai lu Sindbad le marin, il y a quatre ou cinq ans, cette histoire m’a mis dans un tel état de jubilation et d’amusement, que j’ai tout de suite eu envie d’en faire un spectacle. Ce récit dynamique, politiquement très incorrect, donne une pêche incroyable. Il fallait qu’on arrive, à travers l’écriture, à garder ce dynamisme. Comment s’est passé le travail d’écriture ? Il était primordial de garder l’idée des sept voyages, car le 7 est un chiffre mythique pour les Arabes. Je n’ai pas raconté une nouvelle histoire, j’ai juste changé la forme du récit. Ici, c’est Sindbad le marin qui raconte ses aventures à Sindbad le portefaix, héros d’un autre livre d’aventures (Sindbad le Terrien, ndlr). J’ai ainsi travaillé sur le double, la gémellité, il y a Sindbad le riche et Sindbad le pauvre. La mise en scène navigue entre le théâtre et le cirque, pourquoi un tel choix ? Outre les trois comédiens de la pièce (Karim Qayouh, Mounir Margoum, Sidney Ali Mehelleb), nous avons engagé quatre circassiens. Cette histoire est un conte et nous devions absolument travailler sur le fantastique, avec des acteurs capables de faire du mât à 12 mètres de hauteur et des acrobaties incroyables. Votre contrat à la tête du TNT vient d’être renouvelé pour trois ans, quel bilan faites-vous à l’entame de cette troisième saison ? C’est la première fois que nous assurons une direction en binôme avec Laurent Pelly et c’est une chance extraordinaire, parce que le TNT est une grosse maison. Et puis, au total nous sommes trois. Il y a aussi un directeur délégué, Jean-Laurent Paolini, nous formons un vrai triumvirat. Nous devons toujours être d’accord avant de prendre une décision ! Un bilan personnel ? Cela m’a permis de commencer à faire de la mise en scène, c’était un grand pas pour moi. Puis, travailler dans l’un des plus beaux théâtres de France est un vrai bonheur ! Je suis venue à Toulouse, parce que je suis tombée amoureuse de ce théâtre, et non pas par plan de carrière. À travers les expositions et le cinéma que vous accueillez, pensez-vous que l’éclectisme est le secret de la réussite du théâtre d’aujourd’hui ? C’est notre goût. Ni Laurent, ni moi, ne croyons aux corporatismes. On ne peut pas avoir un tel bâtiment et n’y montrer que du Tchekhov, du Marivaux ou du théâtre contemporain. Aujourd’hui, les gens sont habitués à baigner dans des sources d’information et de cultures si différentes, il est tout à fait normal qu’un théâtre en soit le reflet. Il très important d’ouvrir les théâtres, avec une gratuité pour les moins de 13 ans... C’est le public de demain ! Que répondriez-vous à ceux qui vous reprochent une baisse de régime ? Nous comptons 10 000 abonnés, dont 3 000 de plus que l’année dernière, alors je ne vois pas la baisse de régime ! Mais vous savez, les gens ont toujours quelque chose à dire… Tant mieux, c’est la preuve que nous sommes vivants ! \ Propos recueillis par Ariane Mélazzini-Déjean \

Les aventures de Sindbad le marin, écrit par Agathe Mélinand, mis en scène par Laurent Pelly. Du 17.05 au 10.06, Petit théâtre, TNT, Toulouse, 05 34 45 05 10, www.tnt-cite.com

Dégustations, musiques, librairie, conférences, vidéo... Trois journées gastronomiques, dix-huit chefs invités, et une foule de façons de déguster un plat finalement très exotique : le cassoulet... en partenariat avec : Librairie Ombres Blanches, Edition de l’Epure, Fromagerie Betty, ABC Location, ARTERRIS et le Domaine de Lagrezette

les 13 & 14 à 20h, le 15 à 19h

+ d’infos

www.theatregaronne.com avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Mairie de Toulouse, du Conseil Général de la Haute Garonne et de la Région Midi-Pyrénées.


culture théâtre

Sur les planches

© F. Stoll

© Elisabeth Carecchio

Un homme PRESSé

Opéra

Belshazzar La chute de l’empire babylonien, mise en musique par l’éminent compositeur allemand Georg Friedrich Haendel au XVIIe siècle. Un registre musical interprété à Toulouse par une distribution à dominante anglophone. Belshazzar a tout d’un opéra version « super production » ! Belshazzar est sans nul doute l’un des opéras à ne pas manquer en cette fin saison. D’abord pour son merveilleux casting. La pièce est mise en scène par l’Allemand Christof Nel et orchestrée par le le Belge René Jacobs, des pointures ! Ensuite, il y a l’histore. Outre son propos biblique, elle parle de la chute d’un empire. Enfin, cet opéra excelle par la force des personnages. Il y a Belshazzar, le roi renversé, mais aussi Nitocris, la mère éplorée qui assiste à l’assassinat de son fils et subit l’affront de voir ses ennemis s’en réjouir. On l’aura compris, le scénario se tient de bout en bout et aménage une tension dramatique prenante qui n’est pas sans rappeler l’actualité récente. Un tyran chassé par son peuple, ça ne vous rappelle rien ? Étonnant comme l’histoire de Belshazzar tisse du lien avec le présent ! Cette coïncidence nous rappelle que l’opéra et l’Histoire ont toujours été étroitement liés, les compositeurs y ont puisé de grands chefs d’œuvre, au risque parfois d’être interdits. Alors qu’Haendel a imaginé Belshazzar comme un oratorio, débarrassé des codes de l’opéra que sont les costumes et les décors, Christof Nel propose une version scénique en trois parties, aux accents baroques et à l’orientalisme stylisé. Dans le rôle du despote oriental, le ténor américain Kenneth Tarver, et la soprano Galloise Rosemary Joshua interprétant la mère, un duo de haute voltige au service d’une partition magistrale où se répondent airs et chœurs. Parmi eux, le contre-ténor américain Bejun Mehta, autre spécialiste de Haendel, et la mezzo suédoise Kristina Hammarström. Une distribution royale qui réunit également l’un des meilleurs chœurs de chambre au monde, le RIAS Kammerchor berlinois. Un grand Belshazzar ! \ A.M.-D. \

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Belshazzar 20, 22, 24 et 27.05, 20 h (ven 20, mar 24 et ven 27), 15 h (dim 22), Théâtre du Capitole Toulouse, 10 à 100 €, 05 61 22 31 31, www.theatre-du-capitole.fr

PRESS ? Préfixe de choix pour évoquer le malaise existentiel incarné par le danseur et chorégraphe toulousain Pierre Rigal. Dans sa boîte à danser, conçue par Frédéric Stoll, de 3,20 mètres d’ouverture sur 2,20 mètres de hauteur et de profondeur, tout est austère pour cet homme PRESSé, PRESSurisé, propice à la PRESSion, la déPRESSion, la comPRESSion... Ce spectacle solo, créé en 2008 à Londres, donne le vertige, tant par son écriture que par son interprétation. Dans un univers sonore minimal, composé par le guitariste Nihil Bordures, vêtu d’un simple costard noir et blanc, Rigal aborde la souffrance ordinaire avec l’élégance d’une chorégraphie sans artifices, à la plastique irréprochable. Press // du 17 au 21.05, 20 h, Théâtre Garonne, Toulouse, 12 à 21 €, 05 62 48 54 77, www.theatregaronne.com

© DR

Une souffrance nommée Vanda L’auteur de cette pièce, JeanPierre Siméon, ne fait pas dans la comédie. On se souvient du très intense « Stabat mater furiosa », joué la saison dernière à Toulouse, monologue d’une femme contre « l’homme de guerre ». En 2011, Franck Garric, le metteur en scène, et Céline Pique, la comédienne solo du Testament de Vanda, pilotent le dernier monologue

de Siméon. Le décor est planté : une femme au parcours cabossé, avec son bébé dans un centre de rétention. Fragile, dans l’impasse, elle décide d’en finir… Arrivée au bout de ses souffrances, elle tente de préserver son enfant, ultime part d’elle-même. Attention, âmes sensibles s’abstenir ! Une création Sorano, jouée à la Cave Poésie… Le testament de Vanda // du 10 au 21.05, 21 h 30, Cave Poésie, Toulouse, 8 à 12 €, 05 61 23 62 00, www.cave-poesie.com, www.theatresorano.com

© DR

Tempête de clowns C’est l’un des incontournables de l’année à Odyssud, qui accueille pour la troisième fois la troupe de cirque contemporain russe de Slava Polunin, celui que l’on surnomme le « meilleur clown du monde ». Avec plus de 4 000 représentations au compteur, le Slava’s Snowshow fait l’effet d’une tornade clownesque aussi surréaliste que magique, qui a déjà enf lammé des millions de spectateurs dans le monde. Aux manettes, un commando de clowns malicieux aux nez rouges, d’extraterrestres et de magiciens absurdes qui ressuscitent le clown avec un savoir-faire aussi traditionnel qu’avant-gardiste. Et puisqu’on en redemande, une représentation supplémentaire est prévue le dimanche 22 mai. Slava’s Snowshow du 17 au 22.05, 20 h (mar et dim), 21 h (mer, jeu, ven, sam), 15 h (mer, sam, dim), Odyssud, Blagnac, 16 à 27 €, 05 61 71 75 15, www.odyssud.com


© Reza / Design : Studio Apeloig / Licences spectacle 1 1015131 – 2 1015132 - 3 1015133

1 uin 7 m 20 ai 11 10 j

Écrit par Agathe Mélinand Mis en scène par Laurent Pelly Scénographie Juliette Blondelle Lumières Michel Le Borgne Son Joan Cambon Avec Karim Qayouh Mounir Margoum Sidney Ali Mehelleb Romain Delavoipière Julien Le Cuziat Baptiste Lhomme Sylvain Pascal Production Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées Direction Agathe Mélinand – Laurent Pelly

www.tnt-cite.com


J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi © DR

culture cinéma

Festival

Séquence Court-métrage : clap ! On le sait. Le court-métrage est à tort considéré comme le parent pauvre du long format. Tenu à l’écart des salles (seul Pixar fait aujourd’hui précéder ses films d’un court), il est pourtant un élément primordial du septième art. Nombreux sont les grands, qui, dans un premier temps, ont versé dans l’exercice, à l’image du collectif Kourtrajmé, mené par Kim Shapiron et Romain Gavras, ou de Tim Burton et Martin Scorsese. En mai à Toulouse, l’association Séquence présente sa 3e Présélection en vue du festival automnal Séquence Court-métrage (du 11 au 27 novembre prochain). Un défilé de bobines comme preuve de la belle vivacité d’un vivier de talents désormais incontournables. \ Festival de courts... \

La programmation se prépare dans un souci permanent de fraîcheur. Entre incontournables et exclusivités, Séquence offre, chaque année, un éclairage un peu plus vif au court-métrage. Cette 3e présélection affiche une forme éclatante avec pas moins de six films, dont J’aurais pu être une pute de Baya Kasmi (qui a co-signé le scénario césarisé du Nom des gens), Amsterdam (mention spéciale au Festival de Grenoble) ou encore Le Joueur de Citerne, avec l’ubuesque Jean Rochefort. Une affiche qui revendique la liberté d’expression et qui invite les passionnés comme les curieux à découvrir des productions méritantes. Mais aussi à voter pour élire ses films préférés, en vue du grand final de novembre. Car la force de ces séances, c’est aussi de faire participer le public, amené à donner son avis ou ses coups de cœur en fin de chaque présélection. Une belle manière de prendre part à cette grande aventure.

\ …aux idées longues \

Dans cette optique et pour faire découvrir le court-métrage à un large public, l’association Séquence propose, chaque année

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donc, son fameux festival. Animée par une passion évidente, Séquence veut agir dans le long terme. « Notre action se démarque par une présence régulière dans l’année, avec les quatre présélections, le festival automnal, Rio Loco ou la Semaine de l’étudiant », affirme Théodora Nikolitsopoulou, l’une des membres actives de l’association. D’ailleurs, quand on lui demande quel est le statut actuel du court-métrage, elle insiste sur : « l’importance du court comme tremplin vers le long, mais aussi en tant que discipline à part entière. Une discipline artistiquement plus libre ». Sans afficher une thématique précise, mais en insistant sur un esprit de convivialité et d’ouverture, le festival Séquence accueille une sélection de films en provenance du monde entier, dans des genres aussi différents que l’animation, la fiction ou le documentaire. Privilégiant la qualité des œuvres présentées, comme l’affirme Théodora Nikolitsopoulou, l’association, a pour vocation de : « rapprocher les artisans du cinéma de leur public ». « Notre objectif, souligne la chargée de communication, est que les films soient projetés et donc vus par le plus grand nombre, qu’ils gagnent des prix et que les réalisateurs continuent à exercer dans le court ou le long-métrage ». \ Gilles Rolland \

Festival Séquence Court-métrage Du 11 au 24.05, ABC, Cinémathèque, Cinémas en région (Ramonville, Auterive, Vic-en-Bigorre, Lavaur, Grenade, Foix), grat à 6 €, Pass 20 €, 05 61 62 92 46, www.sequence-court.com


Occitània / BEN / Tolosa mai 2011

Affichage public 27 avril > 11 mai Débat vendredi 6 mai à 14h

Cèrqui la vertat Auditorium musée les Abattoirs

Film vendredi 6 mai à 18h30 L’Occitanie qu’es aquò ? Centre culturel Bellegarde

Expositions 5 mai > 11 juin BEN / Nicolas PUYJALON

Pour changer le monde… à Toulouse Per cambiar le monde… a Tolosa Espace Croix-Baragnon / Ostal d’Occitània Jeudi 5 mai à 18h30 vernissage et «Passa-carrièra», place Esquirol


culture cinéma

D’art et d’essai La dame de Shanghai

d’Orson Welles - 1947 87 mn

© ARP Sélection

Apprendre que l’on va pouvoir re-re-revoir La dame de Shanghai sur grand écran, c’est d’abord une jubilation tant ce film hypnotique ne vous quitte plus. Tout ce qui intrigue et recèle une beauté singulière, on en recherche le trouble... En raconter l’histoire est inutile. Dire alors, que c’est le film d’adieu © DR d’Orson Welles à son épouse Rita Hayworth qui, lui sacrifiant sa chevelure f lamboyante, n’en est que plus fatale. > À l’Utopia Toulouse jusqu’au 10.05

Le petit fugitif

de Ray Ashley, Morris Engel, Ruth Orkin 1953 - 80 mn

Animal Kingdom Sang impur Bienvenue chez les Cody. Les liens du sang dans cette famille de Melbourne n’est pas une chose à prendre à la légère. Les Cody forment un clan bâti autour de trafics divers, de meurtres et d’initimidations. Tenu de main de fer par une mamie à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. C’est d’ailleurs ce que fait J, qui va devoir faire connaissance avec sa grand-mère et ses oncles après la mort de sa mère. Celle-ci l’avait toujours tenu à l’écart de cette minimafia. J va rapidement comprendre pourquoi. Animal Kingdom est un drôle de film, une version contemporaine et australienne du Parrain : les gangsters se baladent en short et chemise hawaïenne, sifflent des packs de bière, ont un accent à couper au couteau mais parlent la même langue que le classique de Coppola. Sous le soleil de plomb de Melbourne se joue le même drame shakespearien, à coups de trahisons, alliances dangereuses, damnations et bains de sang. Sortie le 27.04

De David Michôd. Avec Guy Pearce, James Frecheville, Jacki Weaver...

Référence majeure pour les cinéastes de la Nouvelle Vague. Un film écrit et réalisé par trois amis, caméra au poing, sur les traces de Joey, 7 ans, faux meurtrier en fuite à Coney Island et son monde de foire. Sans Le petit fugitif pas de 400 coups ni d’À bout de souff le, disait François Truffaut. > À la Cinémathèque le samedi 21.05 à 15 h et dimanche 5.06 à 15 h 30

© DR

\ Mémé vénéneuse \

J est donc un jeune Hamlet découvrant que le royaume de sa famille est sacrément pourri. Surtout quand il remet en cause malgré lui les règles du clan. Animal Kingdom n’est définitivement pas un polar comme les autres, David Michôd anoblissant par une mise en scène et un scénario dense ce qui n’aurait pu être qu’une histoire de pèquenots. Le jeune réalisateur les tire vers des personnages de conte moral et cruel, commettant le pire avec un glaçant sang froid. Il y a quelque chose de contaminé par le Mal dans l’atmosphère de cette saga criminelle et familiale. Particulièrement cet incroyable personnage de matriarche sans foi ni loi, si ce n’est celle de sa meute. Plus encore que James Frecheville, épatant en jeune homme perdant douloureusement son innocence, Jacki Weaver impressionne en reine du crime organisé, femme fatale - dans le vrai sens du terme - qui fait briller ce grand film noir de ses plus sombres éclats. \ Alex Masson \

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© DR

Les couleurs de la montagne de Carlos Cesar Arbelaez - 2010 – 88 mn

Ce film colombien a fait l’ouverture des dernières Rencontres Cinéma d’Amérique Latine. Nous sommes dans un village en Colombie pris entre deux feux. Ceux des paramilitaires et de la guérilla des Farcs. À ces affrontements, les enfants des paysans opposent leur passion pour le ballon rond. C’est simple, les gosses passent leur temps à jouer au foot jusqu’au jour où leur ballon échoue dans un champ de mines... > À l’ABC à partir du 27.04



© Elisa Bonnal

culture musique

Olivier Cussac l’enfant huître La première fois que l’on rencontre Olivier Cussac, il y a cinq ans, c’est dans une librairie. Il cherche La triste fin du petit enfant huître, écrit et illustré par Tim Burton. Un livre dont on a pu penser, depuis, qui lui ressemble. Olivier Cussac vient d’avoir quarante ans et le cadeau c’est à nous qu’il le fait, avec un disque épatant réunissant l’ensemble des musiques de films qu’il a composé depuis dix ans. À découvrir le 29 avril aussi la scène du Mandala. Ça a commencé comment la musique et vous ? À sept ans, j’ai vu un concert de Los Incas à la cathédrale d’Albi. Après le concert, j’ai écouté le disque avec une flûte à bec. Je voulais reproduire ce que j’entendais. Puis, il y a eu un concert d’Haendel, dans cette même cathédrale. À dix ans, j’ai voulu faire du violon. J’ai signé pour quinze ans de souffrance, mais j’ai gagné une oreille incomparable. À quinze ans, je me suis mis à la basse puis au clavier. Maintenant, je joue d’une dizaine d’instruments dont la trompette, mais c’est venu comme ça. La musique est là tout le temps, j’ai un petit carnet sur moi, je dessine les portées, les notes surgissent. J’écris la musique à table, le plus souvent sans piano, car on imagine plus loin quand on n’est pas assujetti à un instrument.

plus fait de scène avec votre musique. Les oranges bleues, c’était d’abord un projet de studio avec douze morceaux que j’avais composés, entre les Doors et Miles Davis, sur des paroles de Boris Vian, Lucienne Boyer, Serge Coujati ou Antonin Artaud. Le Mandala, c’est vrai, ce sera dix ans de musique et pour la jouer on sera douze musiciens sur scène.

Entre 1996 et 2001, vous avez donné une centaine de concerts avec votre groupe Les oranges bleues et, ensuite, vous n’avez

Pourquoi revenir sur ces dix ans de création ? Le premier film dont j’ai fait la musique, c’était L’ami Italien de

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Une musique de film, c’est quoi pour vous ? Une musique qui s’efface derrière les images. On se laisse charmer comme dans un songe, on se laisse embarquer. En même temps, la musique doit garder une qualité intrinsèque hors images. C’est Sarde qui dit « Il y a pas de musique de film. Il y a de la musique ». La musique acoustique, c’est un terreau.

Son actualité Le Mandala, le 29.04 à 21 h avec sur scène Jean-Luc Amestoy (accordéon), Marc Demereau (saxophone baryton), Pascal Portejoie (percussions), Olivier Seiwert (saxophone alto), Little Peter(guitare), JeanJacques Lelté (chant) qui ont enregistré la B.O. de l’album et en guest Maxime Delporte (contrebasse), Ferdinand Doumerc (saxophone baryton), Nicolas Gardel (trompette), Rémi Leclerc (claviers), Alex Piques (batterie) et à la guitare Olivier Cussac. Tous interprèteront ses musiques, composées pour L’ami Italien, John 32, La petite fille aux os brisés, Magic Kissa, Spike, Noir et La main noire. Un disque. Soixante-dix-sept minutes de musiques de films exhaustives d’une décennie de création (disponible au Laboratoire, rue de la Bourse).


« Pour un passionné de prises de sons comme moi, les sessions d’enregistrement sont des moments extraordinaires » Claude Ledû. Composer, c’est 80 % de mon activité, certains de mes proches ne le mesurent pas forcément. Avec ce disque, je veux affirmer que je suis musicien, que l’écriture musicale est mon activité première. Ce retour en arrière a-t-il été difficile ? La seule vraie difficulté a consisté à unifier et fluidifier une quantité de petits fragments musicaux. Car, il faut se rappeler que la musique de films, c’est parfois très morcelé : vingt-neuf secondes pour une scène. Tout ce travail de montage a été réalisé au Studio Condorcet. Je me d’ailleurs rappelé que cinq des sept B.O ont été enregistrées à Albi, chez mes parents. Car avant le Condorcet, il y a eu la débrouille et, comme l’a écrit mon ami David Vincent dans le livret de l’album « le système D permet l’impossible ». Et David en sait quelque chose, il travaille sur toutes les bandes son avec moi ! Stabat Akish, Dunst!... et d’autres, quel est votre rôle avec ces groupes qui viennent enregistrer au studio Condorcet ? Pour Stabat Akish ou Dunst!, je suis le producteur artistique. Les artistes arrivent avec leurs maquettes, je crée des arrangements, je joue parfois des parties musicales. Trois des musiciens de Stabat Akish joueront d’ailleurs au Mandala le 29 avril. On a fait deux albums ensemble, le premier, une musique entre Thélonious Monk et John Zorn, est sorti chez Tzadik. Pour le suivant, on est en train de chercher un label. Quant à l’album de Dunst!, il sort en ce moment. De la pop un peu baroque. Pour un passionné de prises de sons comme moi, les sessions d’enregistrement sont des moments extraordinaires. Il y a un côté bricolage dans le studio, avec sa cinquantaine d’instruments, un mélange d’intuition, de débrouille, là encore. Aux dernières sessions de Stabat Akish, il y avait une cabane pour la batterie, une autre pour la contrebasse, j’avais posé un grand miroir sur le mur latéral du studio pour que le bassiste voit le batteur. Vous composez aussi pour des documentaires ou des films de commande. Oui ! Notamment les musiques de communication d’Airbus. Ça représente une vingtaine de minutes de musique chaque année. On vient de terminer un film pour les Planétarium de la Cité de l’Espace. J’ai pu avoir un choeur de femmes, on a mixé sur place, et pour moi, ça reste de l’artisanat. On vous attend même au cinéma... Cet été, on enregistre à Budapest avec Laurent Petitgirard et l’orchestre de Budapest. Deux sessions en juillet pour le film des TAT Des nouvelles de la jungle. Un « cinquante minutes » pour France Télévision qui sera diffusé à Noël prochain avec vingt-cinq minutes de musiques et quarante-quatre musiciens. Et quand vous serez grand, vous voulez faire quoi ? Olivier Cussac ! C’est ça que je veux... oui... être moi-même. \ propos recueillis par Isabel Desesquelles \

Le repaire d’Olivier Cussac

Le studio Condorcet (Bayard). Il y a quarante-cinq ans, le Condorcet a été l’un des premiers studios d’enregistrement indépendant en dehors de Paris. Depuis quatre ans, Olivier Cussac y compose, enregistre et produit ses musiques, mais aussi nombre d’artistes dont Abberline, L’Artichaut Orkestra, etc.

Sa play list

La BO de Jerry Goldsmith pour le film Our man f lint, Musicology de Prince, Les sept paroles du christ en croix de Shütz Let England Shake de PJ Harvey, Americans de John Barry


culture musique s’amuse à chanter le ballet de personnages tous plus lugubres les uns que les autres. Les planches du Bikini n’ont qu’à trembler devant les croque-morts, les loups garous et les squelettes qui habitent ses nouveaux textes. Artiste de l’absurde et du décalé, il vient dorénavant accompagné de musiciens avertis, armés de guitare, basse, clavier et accordéon. Départ du cortège à 20 h, des surprises seront sans doute au rendez-vous.

Jesse Sykes & The Sweet Hereafter [folk]

7.05, 20 h, 33 e, Le Bikini, 05 34 31 10 00, www.box.fr

© C. Taylor

Festi’Couleurs

Ce qui surprend le plus, à la première écoute de Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, c’est la profondeur de la voix de la chanteuse. Sorte d’hippie de la baie de San Francisco croisée avec une cowgirl du Kansas, Jesse Sykes maîtrise un timbre de vieux sage indien, qui survole une musique où se mêlent ballades folk et guitares country. Un spleen abrupt où la lumière surgit des ténèbres.

[festival de la mixité] Depuis 5 ans, le Festi’Couleurs place l’évasion au cœur de la ville et de sa mixité. Mixité sociale d’une part, le festival s’adressant à toutes les couches de la population grâce aux efforts menés par l’Association Kirikou Événements. Mixité artistique également : arts visuels, spectacles de danse et de théâtre, concerts, tournois sportifs. Si le cœur de cet événement battra le 7 mai au Parc des Expositions, avec différents stands associatifs et un concert en soirée (un premier plateau hip-hop avec Bim Bam Prod, Madzkilla Saw et Droogz Brigade ; un deuxième électronique avec Le Lutin, Beasty Nasty…), les réjouissances commencent ce 27 avril par un tremplin musical aux Izards, puis le 30 avril à la Médiathèque Empalot pour une initiation à la calligraphie persane et un nouveau tremplin musical, le 4 mai sur la place du Capitole. 7.05, dès 11 h, entrée libre, Parc des Expos, 05 61 57 22 54, www.festicouleurs.com

La Nuit du Forró

[musique du monde] Musique au rythme chaloupé du Nordeste brésilien, cette région bordée par les plus belles et sauvages plages de tout le pays. Douceur du climat et décontraction du style de vie contribuent à faire apprécier la région et son forró. L’association Chèvrefeuille se propose ici de retranscrire l’ambiance de ces bals typiques. Pour cela, le bal transatlantique Forró da Lua, vient donner le tempo. Les artistes aussi bien français que brésiliens proposent de rapprocher les cultures populaires gasconnes et brésiliennes. Ce bal de danses à deux ou en cercle a déjà rencontré un vif succès au travers de manifestations internationales, avec toujours la même incitation à prendre le chemin de la piste pour s’évader quelques instants de l’autre côté de l’océan. 13.05, 21 h, 6/10 e, Salle des fêtes d’Escalquens, 05 62 19 06 06, www.chevrefeuille.org

Oncle Strongle

Festival Niglo

[swing garage]

[jazz manouche]

Bireli Lagrene © Ph. Etheldrede

3.05, 21 h, 8 e, Cri de la Mouette, 05 62 30 05 28, www.lecridelamouette.com

4.05, 20 h, 12/14 e, La Dynamo, www.ladynamo-toulouse.com

Arat Kilo

[éthio-jazz] Mélodies lancinantes, cuivres de velours : avec A night in Abyssinia, second album à sortir le 6 mai, le groupe Arat Kilo compose un road-movie nocturne au travers de l’Éthiopie. Le pays que voient ces cinq spécialistes de la world music, c’est avant tout celui du jazz, du milieu des années 60 aux années 70. Une période à laquelle Arat Kilo apporte ses influences. Reggae, dub ou funk, le groupe s’attache en premier lieu au groove, qui surgit parfois aux moments les plus inattendus – sans jamais perdre l’harmonie de l’ensemble. 6.05, 20 h, La Dynamo, www.ladynamo-toulouse.com

Thomas Fersen

[chanson] Habit noir et ukulélé suffisent à rendre savoureux les thèmes abordés par Thomas Fersen. Alors que dans ses précédentes interventions, le bestiaire fantastique était au rendez-vous, ici, il s’agit d’un tableau plus macabre mais toujours dépeint avec entrain. Celui que l’on dit « chatouillé par les vers »,

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Sweet & Destroy, le premier album d’Oncle Strongle sorti en 2008 annonçait la couleur. Ambré comme un whisky on the rocks pris au comptoir d’un bar, jazzy façon Nouvelle-Orléans, urgent comme un classique d’Iggy & The Stooges (Search and Destroy). Originaire d’Agen, ce sextet au swing fêtard a le bon goût de prôner une musique immédiate et sans fioritures. Cette énergie communicative trouve toute son ampleur sur scène, Oncle Strongle n’ayant pas son pareil pour entraîner dans la danse les foules les plus rétives. 12.05, 20 h, 8 e, La Dynamo, www.myspace.com/onclestrongle

Festival Turbulences

[festival éco-responsable] La mode est aux découvreurs de talents, et qui de mieux placé que des élèves toulousains, passionnés de musique, pour organiser leurs Turbulences dans la meilleure salle toulousaine. Pour sa deuxième édition, le jeune et dynamique festival affiche son ambition : devenir un rendez-vous de choix dans le paysage culturel et attirer le jeune public. Pour ce faire, l’affiche et le prix des billets sont plutôt attractifs. Ainsi HushPuppies, The Inspector Cluzo et la fraîcheur des québécois Misteur Valaire, tête d’affiche de la soirée, à découvrir aussi au Bolegason, la veille, seront présents face à un public qui avait répondu présent l’an dernier. Les organisateurs ont également invité des associations humanitaires et écologistes à se joindre à la fête pour tenter de sensibiliser les spectateurs. (verres consignés...) 12.05, 20 h 30, 8 e, Le Bikini, 05 62 24 09 50, http://turbulences-fest.fr

La scène des musiques du monde, La Mounède, continue sa programmation hors les murs avec la deuxième édition de son festival dédié au jazz manouche. Deux jours de musique aux Pradettes : Oihana quartet, lauréat du concours Niglo 2010, fera la première partie du trio virtuose de Bireli Lagrène, le 13 mai. Le lendemain, un plateau fourni (Costel Nitescu, Romane & Stochelo Rosenberg, Hadrien Vejsel) débutera avec un concours de jazz manouche ouvert aux ensembles de 3 à 5 musiciens. Outre un hommage à Django, les groupes pourront aussi présenter une ou deux compositions de leur choix. Le festival Niglo se poursuit par ailleurs avec des expositions à la Bibliothèque des Pradettes et au Centre Alban Minville. 13 et 14.05, dès 20 h et dès 14 h, 06 15 38 83 94, www.lamounede.com

Festival Inox Toulouse

Misteur Valaire © DR

[électro swing jazz] Découverte du Printemps de Bourges 2009, Lyre le Temps a bâti sa réputation de valeur sûre du live grâce à un sens du rythme qui fait mouche à chaque coup. Qu’il s’agisse de se laisser influencer par le reggae, la soul, le rap ou l’électro, le groupe en revient toujours à la condition sine qua non : il faut que ça swingue ! Lyre le Temps, ou un trio qui donne des fourmis dans les jambes.

© DR

Lyre Le Temps

[festival électro] Retour du grand raout électronique. Durant trois jours, les Dj’s superstars vont se succéder sur trois scènes. Si les incontournables Richie Hawtin, David Guetta, Martin Solveig et Miss Kittin seront bien derrière les platines, l’Inox laisse aussi s’exprimer les sensations montantes : Avicii, Umek ou Moonbeam. Avec un final dans la tradition de Carl Cox. Du 13 au 15.05, 22 h, 18 à 38 e ou pass 80 e, Club Rouge, 05 62 75 11 75,



culture musique

Progrès-Son, l’association qui a réconcilié Toulouse et la scène rock alternative, casse encore une fois les clivages musicaux. La soirée Toulouse in Bikini ose la programmation éclectique grâce, entre autres, au rock de Deportivo, au breakbeat/électro du Da Krew et au rap de La Canaille. Seul point d’orgue : la langue française. Dans une configuration inédite de la salle, la soirée promet d’être longue et tapageuse ; le cocktail est épicé et surtout bien mixé ; beaucoup d’underground et quelques classiques en têtes d’affiche.

Face-B © Moltisanti

Toulouse in Bikini : De La Street + La Canaille + Face-B + Deportivo + Da Krew + Electroluxe Family + Bim Bam Prod [rock hip-hop électro]

14.05, 20 h, 8/10 e, Le Bikini, 05 62 24 09 50, www.lebikini.com

Festival Flamenco de Toulouse

[le rdv du flamenco] L’association Peña Alma Flamenca fête les 10 ans de son festival de flamenco. Pour l’occasion, sont conviés les plus grands noms de la discipline. Encarna Anilla, Andres Hernandez, Rocio Marquez feront vibrer le Centre Culturel Henri-Desbals et l’Espace Croix-Baragnon. Spectacles, stages d’initiation, exposition et projection de films complètent un panorama vaste et pétillant.

Du 17 au 22.05, divers lieux, 05 34 25 81 21, www.musiquealhambra.com

Festival Visages d’Espagne

[festival entre tradition et modernité]

Les Passions et Los musicos de Su Alteza

[musique baroque] En 2009, l’orchestre baroque toulousain Les Passions avait reçu avec succès un ensemble de Valence. Pour la dernière de cette septième saison, le directeur musical Jean-Marc Andrieu renouvelle l’opération espagnole en invitant Los Musicos de Su Alteza. La formation de 12 musiciens, créée en 1992 par Luis Antonio Gonzales, plongera dans la musique préclassique du compositeur José de Nebra, auteur de deux œuvres énigmatiques : Miserere a dùo et El Diablo mudo. L’ensemble instrumental sera accompagné par deux voix soprano, Eugenia Enguita et Olalla Alemàn. 22.05, 16 h, 10 à 22 e, Église de SaintAubin, 05 63 22 19 78, www.les-passions.fr

Julie Doiron

[folk] Voyage le long des étendues canadiennes avec Julie Doiron. Bassiste de formation, elle s’est faite connaître du public français en assurant les premières parties de Herman Düne. Place ensuite au nouveau groupe de Paz Lenchantin, The Entrance Band et aux Américains de Moomaw.

core le tango du Gotan Project qui partage la scène avec l’électro pop toulousaine du groupe Yaa. N’ayez donc plus honte d’être curieux. Du 26 au 29.05, 19 h/20 h/23 h, 17 à 30 e, Le Bikini et le Port de Ramonville, 05 62 24 09 50, www.lebikini.com

Doolin’

[ciné-concert] Comme un air de Saint-Patrick flotte sur Toulouse depuis 2005, date de naissance du groupe Doolin’. Six musiciens bien de chez nous mais qui font vivre et revivre les airs traditionnels de l’Irlande. Le nom du groupe lui-même est un hommage à un village du sud-ouest de l’Irlande. Doolin’ a adapté son répertoire au film documentaire L’Homme d’Aran de Robert Flaherty, qui suit la vie quotidienne d’une famille de pêcheurs sur un archipel. Loin de proposer une simple illustration, le groupe cherche à retranscrire les émotions contenues dans les images. Un travail délicat à voir et entendre à la Cinémathèque.

27.05, 20 h, 3 à 12 e, Cinémathèque, 05 62 30 30 10, www.lacinemathequedetoulouse.com

Alors Chante ! [festival de chanson]

23.05, 20 h 30, 5 e, Saint des Seins, www.lesaintdesseins.com

Après avoir pris le pouls de l’Argentine, Cahors se tourne vers l’Espagne. Trois jours durant, la ville s’ouvrira à la culture de la péninsule ibérique en proposant des spectacles qui allieront tradition et modernité. Outre une rétrospective des films de Pedro Almodóvar dans les cinémas, une grande partie du programme se déroulera en plein air. Avec des concerts de Luz Casal et de Sergent Garcia, un village gastronomique et festif. Sans oublier le spectacle de flamenco avec la danseuse Ursula López. Un éventail de chorégraphies qui traverse tout le XXe siècle. 19 au 22.05, 5 à 30 e, 05 65 20 88 60, Cahors (46), www.mairie-cahors.fr

© DR

[électro rock] Considéré comme le groupe anglais le plus excitant du moment, Metronomy est tout sauf prévisible et figé dans une catégorie musicale. Le but affiché reste de faire bouger les têtes, même si le ton change à chaque nouvel EP. Littéralement pop, le nouvel album qu’ils viennent partager sur scène s’inspire très largement d’une funk emplie de soleil. Sorte d’hommage aux hommes forts des années 70, Stevie Wonder en tête. Joseph Mount, le leader, a imaginé une scène jeune et branchée qui jaillirait de sa région du sud-ouest de l’Angleterre ; à l’inverse de ce qu’elle est réellement. Le fruit d’une imagination débordante à laquelle le groupe doit sa renommée naissante. Le quatuor a l’ambition et la réputation d’offrir à chaque soir une saveur différente ; mêmes morceaux, mais interprétation au gré de l’ambiance, du public.

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25.05, 20 h 30, 18 et 20 e, Le Ramier, www.lachattealavoisine.net

Le Week-End des Curiosités

Metronomy

21.05, 20 h 30, 19/20 e, Le Bikini, 05 62 24 09 50, www.lebikini.com

[rock noise] Pixies, Nirvana ou PJ Harvey. Au vu de son CV, c’est peu dire que Steve Albini compte parmi les producteurs rock les plus importants des années 90. Mais le bonhomme, aujourd’hui dans la quarantaine bien tassée, représente surtout, pour les fans de noise-rock, un mythe. Shellac, groupe formé en 1992 avec deux complices également ingénieurs du son, a été l’un des précurseurs de la noise et du math-rock. Et si le groupe frappe fort, à coup de mélodies torturées (et tortueuses), c’est aussi par son intransigeance. Pas de plan de carrière, le groupe travaille sans souci de la rentabilité et s’offre des tournées comme on pose ses vacances. Sans pour autant venir comme des touristes : le trio est aussi exigeant avec lui-même qu’il l’est avec sa musique.

[festival pour curieux] Les soirées « Curiosités », c’est d’abord deux ans de découvertes musicales sur la scène du Bikini, mélange des genres et des disciplines mais toujours dans le tempo. Tous les styles y passent et se conjuguent sans se faire de tort. Cette année, et pour la première édition, l’association des « Curiosités » élargit sa présence autour de 3 scènes et plus de 30 groupes de renommée internationale ou locale. Pour l’occasion, la découverte s’applique aussi au choix d’un cadre inédit : le port technique du canal accueille pas moins de 3500 personnes sur 2 scènes. Le temps d’un grand weekend, Cocoon côtoie Gaëtan Roussel, Breakbot fait écho à Beat Torrent ou en-

Deportivo © www.myqua.com

Luz Cazal © Jean-Baptiste Mondino

Shellac

En 25 éditions, le festival de Montauban a démontré, si besoin était, que la chanson française dans toutes ses variantes se portait plutôt bien. Cette 26e session se présente sous la forme d’une édition spéciale Juliette : familière de Montauban, elle retrouvera la scène le 4 juin en compagnie d’invités sélectionnés par ses soins. Suite à quoi, ses musiciens la rejoindront pour présenter un tout nouveau spectacle : No parano. La nouveauté se situe également du côté de la programmation. Outre les irréductibles scènes Découverte, Théâtre (Manu Galure le 31.05, Art’Mengo le 3.06…), ou les têtes d’affiche (Soprano le 31.05, Bernard Lavilliers le 1er.06, Têtes Raides le 2.06, Stromae le 3.06), une nouvelle thématique a été ouverte sur la chanson francophone avec des soirée belges, suisses et canadiennes. Sans oublier les Mômes en zic, découverte des artistes pour les plus jeunes… Du 30.05 au 5.06, Montauban, 05 63 63 66 77, www.alorschante.com


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culture chroniques Musique

Les animaux sont-ils bêtes? La question méritait d’être posée et Alain Leygonie le fait avec une telle verve, une telle empathie, qu’on le suit derechef dans sa tentative réussie de rompre avec le douloureux silence des bêtes. Vous ouvrez ce livre et, aussi réfractaire, êtes-vous aux bestioles, vous serez surpris de les regarder autrement, ensuite. Et la bête devient profonde, énigmatique, assurément attachante. L’ouvrage est d’une bien belle facture et on engage le lecteur à lire le petit bestiaire des idées reçues, écrit à la manière d’un Flaubert et qui suscitera ce que l’on appellera un sourire... réfléchissant. Morceau choisi : « Laid comme un pou. On se contente de le supposer. Et encore c’est compter sans la beauté du laid louée par Aristote ». L’auteur né en Corrèze, élevé dans le Lot, a enseigné la philosophie à Toulouse et ne ménage pas son implication dans le Salon des Littératures Francophones de Balma. \ I.D. \ Les animaux sont-ils bêtes ?, d’Alain Leygonie, Éditions Klincksieck, 17 e

I’m from Barcelona Menée par Emanuel Lundgren depuis Jönköping, la tentaculaire formation suédoise I’m From Barcelona (29 membres au complet !) s’est imposée en 2006 avec Let Me Introduce My Friends, offrant une espèce de visage solaire à d’autres groupes comparables (Polyphonic Spree, Broken Social Scene). Troisième format long en date, Forever Today a été capturé lors de deux sessions aussi euphoriques que leurs légendaires prestations oscillant entre happening et célébration. Résultat : une dizaine de titres pop à souhait, troussés en une petite demi-heure, sonnant comme un fantasme de bande son de programme télévisé pour enfants. Débordant d’enthousiasme et de joie, un opus débordant de naïveté. Une belle vertu. \ Marc Bertin \ Forever Today, EMI, 16 e

Le poche du mois

Esprit es-tu là ?

S’il ne devait y en avoir qu’un à lire en ce début de printemps, ce serait celui-là. Pourtant, il fait glacial, là où le narrateur vit. Une île de la Baltique. C’est peu dire que l’homme est solitaire, réfractaire à un monde qu’il ne reconnaît pas comme le sien. Le Caravage, une fourmilière, un hydrocoptère sont autant de territoires que l’auteur explore. « Il faut parfois vouloir ce qui est impossible », peut on lire dans ce roman. Les solstices se suivent et ne se ressembleront pas et l’on est happé par le récit de cet homme visité par ses fantômes. Des femmes libres et indiscutablement fidèles, non pas à leur passé mais à leur espérance. Il y a une juste gravité dans ces pages. Achetez-en plusieurs exemplaires, vous ferez des heureux. \ I.D. \

Livre

Les chaussures italiennes, d’Henning Mankell, Éditions du Seuil, 10 e

Musique

Metronomy Trois ans après Nights Out, déjà excellent mais d’une qualité d’enregistrement moindre, la formation britannique signe ici l’album parfait. À la fois érudit et accessible, The English Riviera mélange electropop, Intelligent Dance Music, hymnes disco-funk (« The Bay ») et ballades ternaires (« Trouble »)... Bourré de tubes (« Everything Goes My Way, She Wants ») et homogène d’un bout à l’autre, ce petit bijou confirme le talent déjà bien établi du leader Joseph Mount. Les arrangements sont brillants (« We Broke Free »), les mélodies imparables (« The Look ») et les compositions d’une complexité ingénieusement dissimulée (« Corinne »). Comme ses prédécesseurs, ce troisième opus s’écoute en boucle avec la tête et les jambes. \ Cédric Delvallez \ The English Riviera, Because Music, 15 e

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Livre

Reflets inédits On s’était déjà régalé avec les ouvrages précédents Les Pyrénées en faces (2006) et Les Pyrénées en raquettes (2008). Laurent Lafforgue, randonneur, alpiniste et photographe infatigable, s’attaque cette fois-ci aux Lacs secrets des Pyrénées, à travers un ouvrage complet, à mi-chemin entre un topo hyper fourni et un beau livre, riche de belles photos sur la faune et flore pyrénéennes. Photos, cartes et textes se partagent ainsi 156 pages de qualité, et offrent au lecteur un panel de 25 itinéraires inédits. Des pistes étonnantes, qui privilégient les itinéraires sauvages aux sentiers battus, pour faire le plein de balades familiales ou de randonnées plus sportives. Et pour partir à la (re)découverte de notre cher et tendre massif. \ Carole Lafontan \ Lacs secrets des Pyrénées, de Laurent Lafforgue, éditions Version Originale, 156 p., 29 e

Musique

The Strokes Après cinq ans de silence et deux-trois projets annexes, The Strokes était attendu comme le Messie, mais au tournant. Armé du single de l’année (« Under Cover Of Darkness » stupéfiant de puissance maîtrisée) le brelan new-yorkais remonte tranquillement sur le toit du monde. De là-haut, il toise la plèbe et pioche dans les récentes avancées (Ratatat, le second MGMT) ou les classiques (New Order, Slade) pour concocter dix chansons façonnées par l’inspiration humaine (la chaleur brisée du timbre de Casablancas) et la technologie de pointe (autrefois chantre d’un son cradingue, The Strokes manie désormais le Pro-Tools à merveille). Sans annoncer les dix piges à venir (comme Is This It ? le fit en 2001), Angles est simplement parfait. \ Thibaut Allemand \ Angles, RCA/Sony Music, 14 e

Dvd

Graffiti, mon amour

Livre

Galerie baroque Des années que l’on attendait ça. Le doux moment où on allait enfin pouvoir, avachi dans son vieux canap’ et allumé de quelques bières pas fraîches -, découvrir avec Mimine sous le bras (tatoué, bien sûr !), le chihuahua adoré de belle-maman, les dessins d'Amandine Urruty, illustratrice sacrée devant l’éternel. Et waouh. Ce « recueil nono-graphique », comme l’écrit Thomas Bernard (Les Requins Marteaux), il en jette. À mesure que l’on pénètre le monde psyché-pop d’Amandine, l’on prend sa claque. Rassemblant des dessins réalisés entre 2008 et 2010, Robinet d’amour déverse une galerie de portraits déviants dans un décorum baroque fait de couleurs acidulées et d’animaux-hybrides insolites. Une bonne douche froide à tous les paresseux du crayon de couleur. « In Grouik we trust ». Amen. \ C.L. \ Robinet d’amour, d’Amandine Urruty, Éditions Requins Marteaux, 120 p., 28 €

Banksy, véritable icône du street-art devant l’éternel, dont (presque) tout le monde, aujourd’hui, connaît l’art subversif, mais dont personne n’a jamais vu le visage, n’arrête plus de faire parler de lui. Après avoir fait rire (jaune) des millions de téléspectacteurs en signant le générique d’un épisode des Simpsons, il sort, en décembre dernier, son premier film : Exit Through the Gift Shop. Ce vrai-faux documentaire, Faites le mur ! en VF, (ouais, pas terrible la traduction...) sort aujourd’hui en édition dvd, pour notre plus grand bonheur. Véritable fake jubilatoire, le film dépeint les absurdités et les dérives observées dans le milieu de l’art contemporain et à plus juste titre, dans le street art actuel, tout en offrant un regard acéré sur nos villes et nos sociétés. Du grand Bansky, quoi. Nominé aux Oscars 2011 (ben tiens), Faites le mur ! en version dvd, c’est aussi des scènes coupées, un extrait du fameux film de Mr Brainwash ou encore un pochoir inclus dans le packaging. Waouh. Foncez, il risque de ne pas en avoir pour tout le monde... \ C.L. \ Faites le mur !, France Télévisions Distribution, 19,99 €

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après l’école

Télé - 3 à 6 ans

Enfants de la balle Depuis décembre, la chaîne Tiji diffuse une émission qui met un sacré coup de vieux aux Télétubbies. Yo Gabba Gabba ! est un show de 26 minutes où Dj Lance Rock, l’animateur, plonge les enfants dans le monde de la musique. L’histoire de cette série commence dès 1999. Deux musiciens californiens, Christian Jacobs et Scott Schultz découvrent les joies de la paternité et veulent transmettre leur passion de la musique à leurs enfants. C’est face au manque patent de programmes musicaux destinés au jeune public qu’ils se lancent. Tourné artisanalement et diffusé sur le net, le pilote suffira à assurer leur succès : deux millions de visiteurs en une semaine. L’effet est immédiat et se pérennise sur la lucarne. Atypique, cette émission est entrée dans l’Hexagone sans trop souffrir à la frontière : les créations originales restent inchangées (mais sous-titrées) et les artistes français s’insèrent dans des séquencees bien senties. Connue pour son goût des expérimentations vocales, la chanteuse Camille y a apporté un parrainage de taille. \ Baptiste Ostré \

Danse - dès 3 ans

La compagnie Carré Blanc porte cette création de Michèle Dhallu et Catherine Zambon sur ce que la vieillesse peut avoir de mystérieux et de sublime. À temps, c’est une danse des corps qui s’entrechoquent, se fragilisent et se rencontrent avant de se détacher. Tout comme la chorégraphie et l’écriture se rencontrent dans ce spectacle où le texte ponctue l’émotion. Une danse de la vie qui rouille et qui s’efface. Une danse, justement, pour ne pas oublier. \ B.O. \ À temps. 14.05, 17 h, 5,50 €, C.Cult. Ramonville, 05 61 73 00 48, www.mairie-ramonville.fr

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Danse du temps

Concert - dès 3 ans

© Christophe Goussard

Yo Gabba Gabba ! à voir sur Tiji et sur www.tiji.fr, mar. et sam. à 18 h 30

Maxi festival pour mini kids

Festival - 0 à 6 ans

Rock Academy Tout nouveau festival créé par l’Université Toulouse 1 Capitole, Electric Artyland (nom emprunté au Electric Ladyland de Jimi Hendrix) sort les guitares et la rock’n’roll attitude pour explorer tous les versants de ce courant musical toujours aussi vivant et protéiforme. Loin d’être un festival réservé aux initiés, Artyland n’a pas oublié que le rock c’est une histoire qui se transmet de génération en génération, d’oreilles de parents à tympans d’enfants (qui feront à leur tour des enfants chevelus qui n’ont jamais envisagé l’idée que la musique s’écoute à volume raisonnable). Pour réinterpréter des standards mythiques (et tracer une ligne entre Ray Charles, les Beatles et Jack White), les Wackids sont allés se servir dans les chambres de leurs baby rockers. Une histoire du rock raconté aux plus petits, donc. Avec des jouets en guise d’instruments ! \ B.O. \

Festi Bout’chou. 22.05, dès 10 h, 5 €, Pechbonnieu, 05 34 27 20 50, www.festiboutchou.org

58 / Spirit # 39

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Le festival des 0/6 ans effectuera un huitième tour de piste le 22 mai. Traditionnellement situé à Pechbonnieu, à quinze minutes de Toulouse, le Festi Bout’chou propose une programmation toujours plus foisonnante et interactive. Une trentaine de spectacles se dérouleront le temps d’une journée. Des événements, des animations de rue et ateliers, adaptés à l’âge des enfants et couvrant un large spectre de la création jeune public. Musique, théâtre, marionnettes, cirque, conte… Trois villages accueilleront différentes thématiques : « cirque et magie », « fête foraine » et un « village merveilleux » spécialement conçu pour les tout-petits. \ B.O. \

The Wackids. 24.05, 17 h, Médiathèque J.-Cabanis, 05 62 27 40 00, www.electricartyland.com


L’association Art-maniac donne rendez-vous aux circassiens en herbe. Durant une semaine, les enfants pourront se former à la pratique de l’acrobatie, de la jongle, de l’équilibre sur objets, du trapèze fixe et des jeux théâtraux... Accompagnés par des artistes diplômés du Biac (Brevet d’Initiateur des Arts du Cirque), ils achèveront ce stage par une représentation, le vendredi 6 mai. \ B.O. \ Stage cirque. Du 2 au 6.05, 9 h 30 à 17 h, Chapiteau (Bazacle), 06 33 64 63 33

Stage - dès 6 ans

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Bêtes de cirque

Spectacle - dès 6 ans

Monstre et cie Un marchand trouve refuge dans le palais d’un monstre, mi-homme, mi-animal. Condamné à périr, il envoie Belle, une de ses trois filles, à sa place. L’histoire est connue. Et n’a rien perdu de son charme. Lauréat du prix Eolo en 2008, récompense la plus prestigieuse pour un spectacle jeune public, cette version italienne de La belle et la bête associe une parole forte (avé l’accent) à un travail chorégraphique inédit. Ce conte populaire, toujours aussi fascinant par son univers et son atmosphère, se pare par ailleurs d’une belle réflexion sur la bête tapie en chacun de nous. Une façon de regarder la nature humaine en face, sans édulcorer l’histoire, mais avec sensibilité et subtilité. \ B.O. \

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La belle et la bête. 28.05, 14 h 30 et 18 h, 6 à 9 €, Salle Nougaro, 05 61 93 79 40, www.sallenougaro.com

Cinéma - dès 3 ans

Ciné animé Dans le domaine de l’animation asiatique, on a tendance à uniquement considérer le Japon et ses mangas. Pourtant, jusque dans les années 50 et 60, la Chine a été à l’avant-garde du dessin-animé grâce à des réalisateurs issus des filières d’arts plastiques et aux techniques inspirées des arts traditionnels (gouache, collage…). Après avoir mis en lumière la période faste des Studios d’Art de Shangaï en avril, la Cinémathèque de Toulouse continue son exploration avec Les Trois moines, programme de trois courts-métrages datant des années 60 et 80. Trois illustrations de proverbes chinois dont la magie naïve et enfantine enchanteront les plus petits. Les plus grands ne seront pas en reste et pourront découvrir des techniques d’animation et de découpage inédites et inventives. \ B.O. \ Les Trois moines et autres histoires. 7 et 14.05, 15 h, 3 à 6 €, Cinémathèque, 05 62 30 30 10, www.lacinemathequedetoulouse.com


après l’école Escapade

Sur la planète cirque

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Dans Ea Eo, m², quatre jongleurs sur un parquet marquent leur territoire alors que ce dernier ne cesse de rétrécir. Cette fable circassienne sur l’intégration (et son pendant, l’expulsion), illustre bien la tonalité de cette Caravane de Cirques 2011. Des jeux du cirque, oui. Du pain et des jeux, non. La Grainerie, cette fabrique des arts du cirque et de l’itinérance, réfute cette maxime en choisissant des spectacles qui prennent le pouls du monde à travers l’art. La différence, le handicap, l’identité, le rapport à l’autre, la relation homme/femme, le déracinement, la rébellion, le réchauffement climatique sont au cœur de ce festival itinérant. Déployée sur 16 communes du Grand Toulouse, cette caravane cosmopolite (on y trouve des compagnies et des performers de toute l’Europe) a préféré ne pas choisir entre l’émotion et la réflexion. Elle a pris les deux. \ B.O. \ Caravane de Cirques. 20.05 au 12.06, Balma, Toulouse et Grand Toulouse, 8 à 13 €, 05 61 24 92 02, www.boxoffice.fr

Vacances nautiques

Festival

© Patrick Fabre

Le tourisme fluvial ne connaît pas la crise. C’est du moins ce que prétend l’entreprise Nicols, spécialiste de ce domaine. Ce constructeur-loueur de bateaux annonce une hausse de 20 % des réservations pour cette saison. Gestionnaire de plus de 20 bases de locations en Europe, cette entreprise se distingue par un fonctionnement inattendu. Inutile en effet d’obtenir son permis bateau pour embarquer enfants, parents ou grands-parents en croisière. Les vacances fluviales sont en effet sans permis. Mais si le rythme tout en lenteur promet de profiter de moments tranquilles, pas question pour autant de rester inactif. Aider à la navigation, pédaler le long des chemins de halage, taquiner le goujon… La famille passe en mode « équipage ». À découvrir les 14 et 15 mai lors de la Fête du Nautisme avec deux départs sur le Canal du Midi : port de Bram, non loin de Carcassonne ou via le port du Somail pour une traversée jusqu’aux portes de la Méditerranée. \ B.O. \ La Fête du Nautisme, 14 et 15.05, port de Bram (Canal du Midi)

Sortie

Le labyrinthe des merveilles Merville s’enorgueillit de son château de briques roses créé au XVIIIe siècle par le marquis Sénéchal. Mais ledit château revêt une particularité classée Monument Historique. Architecte dans l’âme, le Marquis a lui-même conçu et composé un labyrinthe de quatre hectares, bordé de murs de buis. Avec ses six kilomètres d’allées ombrées de vieux chênes, le Labyrinthe de Merville n’aurait pas dépareillé dans le Shining de Stanley Kubrick. Pas de danger toutefois de croiser un Jack Nicholson rendu furieux par la folie. Si le Labyrinthe de Merville est un appel à l’aventure, c’est du côté des héros et de la mythologie grecque qu’il faut chercher cette saison. Du 14 mai au 1er novembre, ce lieu, unique en Europe, installe des énigmes, obstacles et jeux au creux de ses allées. Le but ? Partir sur les traces d’Héraclès et d’Ulysse au fil de deux parcours. Point de repère pour ceux qui voudront déjouer les pièges des dieux grecs, la mascotte du labyrinthe prend les traits d’Icare pour aider enfants et parents à ne pas se perdre dans les dédales. Ou comment réconcilier nature et culture. \ B.O. \ Du 14.05 au 1er.11, sam, dim et fériés en juin, sept. et oct., tous les jours en juillet et août, de 10 h 30 à 19 h 30, grat à 9 €, www.labyrinthedemerville.com

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Festival

… Luluberlu est bien un festival pour les enfants ! La grande réunion de famille du printemps ! Pour la quatrième année consécutive, le festival conjugue, avec talent et qualité, tous les aspects de la création jeune-public. En salle ou en plein air, cette édition s’annonce pétillante. Des artistes brésiliens, italiens et toulousains se succèderont sur le fil de 6 spectacles pour petits et grands. Théâtre, marionnette, cirque ou chant : toute la palette des possibilités est conviée dans cette galaxie de spectacles jeune public. Allez faire un tour au village des enfants, du 27 au 29 mai. Autour du lac d’Odyssud, sur les chemins, une déambulation à la rencontre des ateliers, expositions, animations, jeux géants et spectacles de plein air. Réparti sur quatre sites à Blagnac et aux Sept Deniers, le festival a le bon goût de mettre les petits plats dans les grands. \ B.O. \

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Non, vous n’avez pas la berlu...

Luluberlu, du 24 au 29.05, 10 à 20 h, grat à 9 €, Odyssud, 05 61 71 75 10, www.festival-luluberlu.com


Espace Paul Éluard / Square Salvador Allende à Cugnaux

9 AVRIL > 4 JUIN 2011

Néo Cugnaux art et archéologie

c

Une histoire toulousaine vers 1500

Effet Rétro – Philippe Poupet La liberté ou les boules

Una istòria tolosana devèrs 1500 Las esculturas dels Recolèts

Photo : Daniel Martin.

Les sculptures des Récollets

DU 26 MARS AU 26 JUIN 2011

www.mairie-cugnaux.fr

HOMME NATURE ENVIRONNEMENT

35 allées Jules Guesde - 31000 Toulouse

www.museum.toulouse.fr

Q STUDIO PASTRE. ¢ Robert King/Fotolia.com

Je t’ai à l’œil !


plan rapproché

© Polo Garat - Odessa

« Mieux se déplacer dans la vie » : une signature qui résume la raison d’être de la société Lyberta mais qui dit aussi la richesse du parcours de son fondateur Patrick Givanovitch, un serial entrepreneur toujours à l’affût d’une idée novatrice.

Natural-born entrepreneur P

atrick Givanovitch est un homme très occupé. Et pour cause : avec sa société Lyberta, il est en train de préparer une petite révolution sur le macadam toulousain. À l’origine de ce bouleversement, un système de géolocalisation et d’information en temps réel destiné à améliorer le quotidien des automobilistes. La technologie développée par Lyberta utilise une sonde multi-capteurs issue de la recherche spatiale qui, adaptée aux besoins du grand public, permet à l’utilisateur de repérer les places de stationnement disponibles. « Il s’agit avant tout de rendre disponible une information utile à un déplacement qui deviendrait ainsi plus rentable en effets carbone et plus direct en temps de voyage », explique Patrick Givanovitch. « La densité du trafic restera importante quoi qu’il en soit car la prise du véhicule individuel ne se modifiera pas dans les toutes prochaines années. Il est donc utile de proposer aux usagers des solutions technologiques en accord avec leur mode de déplacement ».

Une innovation qui devrait faciliter la vie des conducteurs en leur évitant de chercher une place pendant de (très ou trop) longues minutes mais aussi en leur permettant de payer le temps de stationnement réellement consommé. Du côté des collectivités, la généralisation d’une telle technologie aurait un double avantage : une meilleure gestion des places mais aussi, à terme, une optimisation des flux de circulation puisqu’en fonction de l’information qui lui serait délivrée, l’utilisateur pourrait soit atteindre directement son lieu de stationnement soit opter, en cas de saturation trop importante, pour le métro, le bus ou la marche à pied. Testé en avantpremière à Toulouse, boulevard Lascrosses, d’abord, puis dans le quartier Compans-Caffarelli, le système mis au point par Lyberta intéresse désormais de nombreuses villes, parmi lesquelles Nice et même Paris. Avant peut-être de s’exporter à l’étranger et de s’imposer comme une solution de la ville et de la mobilité de demain – Lyberta prenant notamment part au projet expérimental autopartage@toulouse qui a pour objectif de promouvoir l’utilisation des véhicules en autopartage grâce à la téléphonie mobile. Les perspectives de développement dans ce domaine ne manquent pas et c’est sans aucun doute un des aspects qui ont le plus séduit Patrick Givanovitch quand il s’est lancé dans l’aventure en cofondant la société Lyberta en novembre 2009. Une société à

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la structure délibérément légère, entièrement tournée vers la recherche et le développement et qui correspond pleinement à la manière d’être et de travailler de cet entrepreneur insatiable, également directeur général de Véga France, société spécialisée dans l’affichage dynamique. « Je suis et resterai un homme de pilotage de projets, de leur origine à leur terme de succès », explique-t-il, avant de préciser : « De mon point de vue, il existe deux types de managers aujourd’hui : les « développeurs-chasseurs » qui conceptualisent et mettent en marchés et les « éleveurs-nourriciers » qui maintiennent la pression et encadrent les équipes pour épanouir les dossiers engagés. J’appartiens résolument à la première catégorie car je suis avant tout un amateur du projet de vie et non pas du projet de carrière ». À 51 ans, Patrick Givanovitch a travaillé dans des secteurs extrêmement variés. Chef de publicité à La Dépêche du Midi dans les années 80, il a successivement intégré les agences Publicis Conseil et Young & Rubicam avant de prendre la direction de la stratégie internationale et du marketing de la société de transport Extand. En 1997, il fonde l’Agence du Sport, agence de conseil en marketing spécialisée dans le domaine sportif, qu’il dirige jusqu’en 2007. Il occupe ensuite un poste de délégué général de l’Agence de Développement Économique France Afrique ERA (Entreprendre et Réussir en Afrique) qui participe à des programmes d’aide au développement et à la coopération. Plus récemment, il a aussi été directeur du développement et de la stratégie de Biotex, une entreprise locale qui commercialise des produits de literie. Des milieux très divers donc mais, en définitive, un même métier. « J’ai effectivement travaillé dans de nombreux univers mais toujours selon ma compétence marketing, c’est-à-dire toujours en développant les projets qui m’étaient confiés dans leur globalité ». Avec une préférence pour les défis qui donnent du sens à un parcours. « J’ai vraiment voulu ce que j’ai fait dans ma vie professionnelle ! », souligne Patrick Givanovitch. La soif de découverte et l’envie de défricher de nouveaux territoires ne semblent pas près de s’éteindre : entre le développement de Véga France et les possibilités offertes par le système Lyberta, « les perspectives sont enivrantes. J’ai réellement de belles et denses journées de labeur devant moi. Largement de quoi satisfaire ma soif d’entreprendre ». \ Cécile Maury \

Quelques chiffres

Chaque année, les Français perdent l’équivalent de 700 millions d’heures à chercher une place de parking « de surface ». Cette perte sèche représente une valeur théorique de 600 millions d’euros environ. Le « stationnement de surface » dégage chaque année aux alentours de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires. Près de 60 % de la pollution carbone directement liée à l’utilisation de la voiture est imputable à la recherche de stationnements et l’attente des véhicules derrière les livraisons. Chiffres CERTU (Centre des Études et Recherches sur le Transport Urbain) dépendant du Ministère des Transports www.lyberta.com



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127, av. des États-Unis TOULOUSE- 05 34 40 07 07

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