M AG AZ INE
SAUMON LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE
SCIENCE
DES REFUGES POUR LE SAUMON ÉTUDE
LE CORMORAN À AIGRETTES EST-IL UN PRÉDATEUR DU SAUMON?
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Volume 39 / No 2 Été 2016
105
JUDICIEUX CONSEILS D’UN EXPERT EN PLACEMENT POUR FRANÇOIS
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ÉPICURIEN Desjardins Gestion de patrimoine Valeurs mobilières est un nom commercial utilisé par Valeurs mobilières Desjardins inc. Valeurs mobilières Desjardins inc. est membre de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).
S OMMA I RE
SOMMAIRE
Été 2016 Saumon Numéro 105 Crédit photo couverture : Henrik Mortenson (Camp Bonaventure)
Table des matières Message du président
5
Message from the president
6
Mot de l’éditrice
10
Des refuges pour le saumon
14
La pêche alimentaire du saumon au Groenland
20
À la conquête du saumon de la Haute Saint-Jean
24
Quand littérature et nature se rencontrent
26
Lucien Rolland, un homme habité par la pêche
30
Le cormoran à aigrettes est-il un prédateur du saumon atlantique?
38
Équipements
42
Relève
44
Monteurs de mouches
50
Louis Tremblay, une énergie et une joie de vivre incomparables
53
Galerie des membres
14
5
Gestion
La pêche alimentaire du saumon au Groenland
NUMÉRO 105
4
20 FPQ
À la conquête du saumon de la Haute Saint-Jean
30 Étude
Le cormoran à aigrettes est-il un prédateur du saumon atlantique?
50
Des artistes d’ici Louis Tremblay
Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6
Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@fqsa.ca | www.fqsa.ca Éditrice et rédactrice en chef : Josée Arsenault Comité de rédaction et collaborateurs : André A. Bellemare, Jean Boudreault, Pierre Gagné, Sylvie Tremblay, Yvon Côté, Pierre Manseau, Richard Sirois, Éric Domaine et Marie-Eve Gonthier. Publicité : Josée Arsenault Design : Fokus Outdoor Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 50 $ (hors Canada ajouter 15 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.
Le conseil d’administration de la FQSA
Index des publicités
Président : Jean Boudreault Secrétaire : Michel Jean Trésorier : Pierre Manseau Vice-présidence à la pêche sportive : David Saint-Laurent • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Paul Rompré, Christian Kirouac • Québec et Saguenay : Sylvie Tremblay et Gilles Duhaime Vice-présidence aux affaires autochtones : David Basile Vice-présidence à la gestion des rivières : Martin Lefrançois • Rive sud : Paul M. LeBoutillier, Marc-Antoine Allard et Marc Gauthier • Rive nord : Sylvain Gagnon, Georges Gagnon et Normand Bissonnette Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Michel Ouellet Représentant de la FPQ : Dominique Dugré Représentantes « Femmes » : Maryse St-Armand Représentante « Jeunesse » : Amélie Thériault Représentant FSA : Charles Cusson Présidents honoraires : Yvon Côté, Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina
Valeurs mobilières Desjardins : David Veilleux : LAX-À Angling Club : Canots Légaré : RBC : MFFP : Boutique Salmo Nature : ZEC de la rivière Matane : Avalon : Rivière Sainte-Marguerite : Audet Photo : Latulippe : Fondation de la faune du Québec : Camp Bonaventure : Musée de la Forêt et du Saumon : Air Médic : La Ouelle : Hydro Québec : Tourisme autochtone Québec : Gaspé Fly Co. : Micmac Camp : Sexton & Sexton Flyshop : La Capitale, assurances générales : Magazine Pêche à la mouche : Salmon Lodge : Chalets du bout du monde : La Fondation pour la conservation du saumon atlantique : Pure Fishing Canada :
Directeur général : Frédéric Raymond
C2 6 7 8 9 13 22 22 23 28 28 29 35 35 36 37 37 41 47 48 55 55 56 57 58 58 C3 C4
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M E SSAGE DU PRÉSIDE N T
MOT DU PRÉSIDENT 6 LE MAGAZINE SAUMON
Bonjour à toutes et à tous. Après un hiver long et froid qui n’en finissait plus, voici enfin arrivé le moment tant attendu : le début de la saison de pêche 2016!
Congrès 2016 Cette année, la FQSA a innové en réalisant un congrès conjoint avec la Fédération québécoise des gestionnaires de zecs. Plus de 300 personnes ont participé à cette activité! Certains ateliers étaient propres à chacune des fédérations alors que d’autres se sont déroulés conjointement (toutes les présentations seront disponibles sur le site Web de la FQSA à fqsa.ca). Ce regroupement a permis des rapprochements et des échanges entre les gestionnaires de rivières à saumon et les zecs, surtout en ce qui a trait à la protection, à la relève et à la gestion de territoires fauniques. Le ministre Lessard, qui était sur place, a pris un moment pour discuter avec les membres afin de prendre le pouls des principales préoccupations concernant le Plan de gestion déposé en mars dernier. Tous les partenaires fauniques de la Table faune nationale étaient sur place lors du banquet du samedi soir. Le dimanche, chacune des fédérations a tenu son assemblée générale annuelle. En ce qui concerne votre fédération, on a procédé à la modification des règlements généraux concernant les deux postes qui étaient dédiés à la Fédération des gestionnaires de rivières à saumon du Québec, qui ont été modifiés pour un poste de gestionnaire rive sud et un rive nord. Les élections ont permis de reconduire en poste, pour les deux prochaines années, Jean Boudreault, président, Michel Ouellet, vice-président Finances et Affaires corporatives ainsi que Michel Jean, secrétaire. Deux nouveaux gestionnaires se sont joints à la Fédération : Marc Gauthier, de la rivière Petite Cascapedia et Marc-Antoine Allard, de la rivière Grande Cascapédia.
Plan de gestion Le ministre Laurent Lessard a, comme prévu, déposé son plan de gestion du saumon qui couvrira une période de 10 ans, soit pratiquement deux cycles de vie du saumon. Nous espérons que les mesures imposées permettront d’accroître les populations de saumons au Québec. Cependant, pour être complet, ce plan devra comprendre plusieurs autres points. En effet, on devra s’attaquer à la protection du saumon et de ses habitats, caractériser les pêches autochtones afin de limiter les captures à d’autres fins que celle de la SAUMON | WWW.FQSA.CA
Jean Boudreault, Président de la FQSA Photo : Stéphane Audet
subsistance, valoriserdavantage la mise en valeur de la pêche en développant un plan de commercialisation de l’activité afin d’améliorer l’accessibilité et l’offre. L’ensemble de ces points a été présenté au ministre lors d’une rencontre statutaire qui a eu lieu en avril dernier. Le ministre a été très ouvert sur chacun de ces points et s’est engagé à mettre les spécialistes du Ministère à notre disponibilité pour des rencontres de travail. Notez qu’en raison de la délégation de pouvoirs entre les deux paliers gouvernementaux (fédéral et provincial), le ministre Lessard ne peut, pour 2016, modifier le permis à 7 étiquettes. Il s’est néanmoins engagé à prendre tous les moyens en son pouvoir pour qu’en 2017, le permis passe de 7 à 4 étiquettes, dont un grand saumon.
Fondation Comme je vous le mentionnais dans la parution précédente de notre magazine, une collecte de fonds a été officiellement lancée au souper-bénéfice de Québec à l’automne 2015. La Fondation arbore maintenant une toute nouvelle signature, sa mission et sa structure ont été révisées. La composition de son conseil d’administration est présentement en cours de révision. Notez que la Fondation et la FQSA sont deux organismes indépendants dont les missions se recoupent à l’exception de la mise en valeur de la pêche sportive qui n’est promue que par la Fédération, la Fondation Saumon se consacrant uniquement à la conservation, à la protection, à l’éducation et à la recherche sur le saumon atlantique.
Cocktail dînatoire à Montréal Ceux qui ont participé au cocktail dînatoire de la Fondation Saumon, qui a eu lieu le 12 mai dernier à Montréal, ont sûrement apprécié leur expérience tant gastronomique que comme passionné de la pêche au saumon. Plus de 300 convives étaient présents à ce premier cocktail au profit de la Fondation. Tous les participants ont été très généreux, en commençant par les chefs et restaurateurs, les maisons de vins et tous les gestionnaires qui ont si généreusement donné à la cause du saumon. Grâce à cette activité de financement, la Fondation pourra, dès cette année, contribuer à des projets de protection dans les rivières ainsi qu’à des projets de recherche. Dans le prochain numéro, je vous ferai état des projets sélectionnés. Je vous souhaite une excellente saison de pêche. Espérons que le saumon sera au rendez-vous ! Jean Boudreault
FROM THE PRESIDENT Hello to all,
7
Congress 2016 This year the FQSA innovated by holding a joint congress with the Federation of Quebec ZECS. More than 300 people participated in this event! Several workshops were specific to each federation, while others were held jointly (all presentations will be available on the FQSA website at fqsa.ca). This combined assembly fostered closer ties and exchanges between salmon river and ZEC managers, particularly with regard to issues concerning protection, membership of new recruits, and wildlife territory management. The Minister of Forests, Wildlife and Parks, Mr. Laurent Lessard, who was in attendance, took a moment to chat with members to measure the concerns about the new salmon management plan which was tabled last March. Furthermore, all the wildlife partners who participate on the National Wildlife Table were also on hand during the banquet Saturday night. On Sunday, each federation held its respective annual general meeting. Regarding our Federation, changes to the general rules were adopted, modifying the two posts that had been assigned to the FGRSQ, to new posts for a south shore and a north shore river manager. Afterward, election results renewed two-year mandates for Jean Boudreault, President; Michel Ouellet, Vice President-Finance and Corporate Affairs; and Michel Jean, Secretary. Also, of worthy note is that two new managers have joined our Federation: Marc Gauthier, Petite Cascapedia River and Marc-Antoine Allard, Grande Cascapedia River.
Salmon Management Plan Minister Lessard, as had been long expected, recently tabled the new salmon management plan which will cover a 10-year period, and which corresponds to practically two salmon life cycles. We hope that the new imposed measures will allow the salmon populations to increase in Quebec. However, to be truly comprehensive this plan should include several additional aspects. This plan should also address compelling issues concerning salmon and salmon habitat protection; the need to characterize First Nation fisheries, in order to limit captures other than for food, social and ceremonial purposes; and the need to elaborate an extensive
Photo : Michel Jean
marketing strategy to promote the sport fishery, improve and increase access to the resource and to develop and offer new products. These very issues were presented to the Minister during a recent meeting last April. The Minister was receptive to our concerns and promised to delegate the necessary specialists in his department to participate in follow-up discussions and meetings. Note that due to the different jurisdictions between the two levels of governments (federal and provincial) the Minister Mr. Lessard could not modify the 7-tag salmon license in time for the 2016 fishing season. He has nevertheless promised to take all the necessary measures to ensure that, by 2017, the salmon license will change from 7 to 4 tags, of which only one will be for a large salmon.
Salmon Foundation As I mentioned to you in the previous issue of our magazine, a fundraising campaign was officially launched at last autumn’s benefit dinner in Quebec City. The Foundation now sports a brand new signature; both its mission and structure have been revamped. The composition of its board of directors is also currently under revision. Note that the Foundation and the FQSA are two independent bodies whose missions overlap, with the exception of the development of sport fishery which is only promoted by the federation. The Salmon Foundation is dedicated solely to the conservation and protection of Atlantic salmon and to fostering and supporting research and education on this resource.
Cocktail reception in Montreal Those who attended the Salmon Foundation cocktail reception which took place last May in Montreal certainly enjoyed the experience, for both the delicious culinary delights and as passionate salmon angler aficionados. More than 300 guests were present at this premier cocktail event for the benefit of the Foundation. All participants were very generous, starting with the chefs, restaurateurs, and wine houses, as well as the distinguished patrons who donated so generously to the salmon cause. Through this fundraiser the Foundation will be able, beginning this year, to contribute and support several salmon river protection and research projects. In the next issue, I will inform you of the selected projects. I wish you all an excellent fishing season. Let’s hope the salmon will be at the rendezvous! Jean Boudreault
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NUMÉRO 105
After a long, cold and seemingly endless winter, finally the long awaited moment has arrived: the start of the 2016 fishing season!
MO T DE L’ ÉDIT RIC E
MOT DE L’ÉDITRICE 8
LECTURES RECOMMANDÉES POUR LA SAISON DE PÊCHE!
LE MAGAZINE SAUMON
Dans cette édition du Magazine Saumon, les articles présentés sont particulièrement riches et variés. Afin de débuter la saison de pêche du bon pied, nous vous présentons les nouveautés de marques reconnues, un nouveau modèle de lunettes pour la pêche ainsi que des avirons fabriqués au Québec! Plusieurs d’entre vous repenseront à leurs fosses favorites en lisant l’article de Myriam Bergeron sur les refuges thermiques pour les saumons. Aussi, dans une toute nouvelle chronique, Éléna Laliberté nous parle de romans, très appréciés et à découvrir, portant sur le sujet de la pêche. Vous remarquerez qu’il n’y a pas d’article portant sur les techniques de pêche dans cette parution. C’est l’été, et donc le moment d’échanger sur le terrain lors d’évènements d’initiation ou de perfectionnement des différentes techniques de lancer. La FQSA soutient d’ailleurs un bon nombre de ces activités sur les rivières du Québec. Il y a aussi plusieurs cliniques de lancer dans les régions urbaines avec des instructeurs certifiés. Pour avoir plus de détails sur ces journées de formation, je
Josée Arsenault, Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA Photo : Christian Auger
vous invite à vous abonner à notre infolettre mensuelle dès le début de cette saison! Pour ce faire, ajoutez votre courriel à l’endroit prévu à cet effet sur le site Web fqsa.ca. Chaque année, la FQSA organise un mentorat destiné aux personnes souhaitant s’initier aux plaisirs de la pêche au saumon. Ainsi, les 2,3 et 4 septembre prochains, plus de 70 personnes découvriront les fabuleux décors de la Côte-Nord en pêchant sur les rivières Trinité, Godbout et Aux Rochers. Il est encore possible de vous inscrire jusqu’au 17 juin via notre site Web ou en communiquant au 418 847-9191, poste 6.
14 octobre, au Capitole de Québec! Nous vous informons que la tenue de notre 32e souper-bénéfice au profit de la Fondation Saumon se fera le 14 octobre prochain, au Capitole de Québec. Nous serions heureux de vous soyez des nôtres lors de cette soirée gastronomique où vous accéderez à un encan des plus prestigieux! À très bientôt et bonne lecture!
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S C IENCE
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DES REFUGES POUR LE SAUMON
LE MAGAZINE SAUMON
Texte de
Myriam Bergeron Biologiste M. Sc. Chargée de projet, FQSA
Les salmonidés sont généralement les poissons les plus sensibles aux températures extrêmes de l’eau. Comme les températures estivales des rivières québécoises peuvent parfois atteindre des valeurs de plus de 25 °C, les saumons ont dû trouver des stratégies afin de survivre à ces canicules. La plus importante est sans aucun doute les refuges thermiques, des havres de fraîcheur où ils peuvent se terrer le temps que la température de la rivière revienne à un niveau plus confortable. Dans le contexte des changements climatiques et d’aménagement du territoire, ces refuges seront sans conteste des éléments cruciaux de la survie du saumon atlantique dans nos rivières. La température a de nombreux effets sur le saumon, à tous les stades de son cycle de vie. Comme ce sont des animaux poïkilothermes (à sang froid), la température ambiante a un effet direct sur leur métabolisme ; le froid le ralentit et la chaleur l’active, jusqu’à certains seuils où des dommages surviennent, et éventuellement la mort. Des recherches démontrent que la reproduction est particulièrement sensible, que ce soit pour le déclenchement de la fraie, la production des œufs ou la survie des embryons. Il est très difficile de définir des seuils universels de température où certains dommages sont causés au saumon étant donné que son niveau de tolérance est multifactoriel. Par exemple, la taille est importante, un grand saumon étant moins tolérant qu’un petit juvénile. L’état de santé général et la fatigue sont d’autres facteurs influant sur la tolérance d’un poisson à des températures élevées. Cependant, des études ont révélé que la température critique, à partir de laquelle le saumon vit un stress et qu’il y a des risques de dommages irréversibles et de mort, se situe autour de 23°C pour un saumon adulte et autour de 27°C pour un juvénile. La température létale, qui entraîne la mort en peu de temps, se SAUMON | WWW.FQSA.CA
situerait autour de 30 à 33°C pour les juvéniles, et autour de 27°C pour les adultes. On sait cependant que la température optimale pour la croissance des juvéniles se situe entre 16 et 20°C. Comme les adultes se nourrissent en mer, la température optimale pour leur croissance varie entre 4 et 10°C mais, en rivière, ils semblent préférer des températures entre 14 et 20°C, où ils sont plus actifs. En été, plusieurs rivières vivent des épisodes de température élevée, souvent associés à des conditions de faible niveau d’eau, ce qui accentue la difficulté de la situation pour le saumon. Pourtant, il est toujours là, fier sur nos rivières! Les refuges thermiques sont des secteurs convoités pendant ces périodes de canicule, car il s’agit de fosses alimentées par une source d’eau fraîche qui maintient la température à un niveau tolérable. Les saumons s’y rassemblent le temps que la canicule passe, pour ensuite reprendre leur migration dès que la température de la rivière revient à la normale. Il existe plusieurs types de refuges thermiques, qui peuvent être permanents ou sporadiques, dépendamment des mécanismes qui créent et maintiennent l’approvisionnement en eau fraîche du secteur (figure 1). En effet, il peut s’agir du panache d’un tributaire dont la température est basse qui refroidit un secteur de la rivière principale en mélangeant leurs eaux à la confluence (fig. 1a), ou d’un bras de rivière dont l’eau se refroidit au fil de son parcours séparé de la rivière et qui crée un refuge thermique lorsque les eaux se mélangent à nouveau (fig. 1b). Il peut aussi s’agir d’une source souterraine ou de surface (fig. 1c) qui alimente la rivière en eau fraîche. D’autres mécanismes peuvent entraîner la création d’un refuge thermique, comme le suintement d’eau dans le sol après une pluie importante, entre autres. Il peut aussi se créer des zones de remontées d’eau froide, par exemple lorsqu’un obstacle important, comme une île ou une grosse roche, permet à l’eau plus froide du fond de remonter à la surface, rafraîchissant ainsi toute la colonne d’eau. Dans les dernières années, plusieurs chercheurs, notamment de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), ont mené des études sur le territoire québécois. La rivière Ouelle, qui a fait l’objet de plusieurs recherches, est reconnue pour être l’une des rivières à saumon les plus chaudes au Canada, où la température estivale de l’eau dépasse souvent le seuil de 23°C. Des températures journalières maximales de 28°C et même davantage sont aussi parfois enregistrées. Grâce à un suivi rigoureux de la température de l’eau sur toute la rivière, le régime thermique et les refuges sont bien connus. Éventuellement, une modélisation du régime thermique de la rivière pourrait nous permettre de connaître en temps réel, grâce à une quantité minimale de données de température, tout le profil thermal de la rivière.
Figure 1. Types communs de refuge thermique Figure 1. Types communs de refuge thermique. Figure 1. Types communs de refuge thermique. R efugeTypes thermique R eference Schema Exemple d'image communs de Exempleoptique d’image
Panache de tributaire
R eference
Schéma Schema
optique Exemple d'image optique
Exemple d'image thermique Exemple d’image thermique Exemple d'image thermique
Panache deT orgersen et tributaire al., 2 01 2 T orgersen et («T ributary Panache de al., 2 01 2 1a confluence plume») («T ributary tributaire confluence plume»)
Suintement latéral
Bilby, 1 984
Suintement latéral
Bilby, 1 984
Chenal latéral Ebersole etEbersole al., 1b («L ateral seep») et al., («Lfroid ateral seep») 2 003a 2 003a
Stanford and Stanford and R uisseau R uisseau d’eau de d’eau de W ard, 1 993 W ard, 1 993 source d’eau Ruisseau 1c source de source Ebersole et al., («Springbrook») Ebersole et al., 2 003a («Springbrook») 2 003a Tiré de Dugdale, S. et coll., 2013
Chenal lateral froid
Ebersole et al.,
Ebersole et2 003a al., lateral froid une petite rivière aux atouts La Chenal rivière Ouelle, 2 003a surprenants!(«Cold side Stevens and («Cold side channel») DuPont, 2 01 1 Stevens and channel») Cette rivière de la région du Bas-Saint-Laurent, située à 137 DuPont, 2 01 1
km à l’est de Québec et à un peu moins de 65 km à l’ouest de Rivière-du-Loup, en fait une parfaite escapade pour les amateurs de pêche et de plein air de la région O zaki, 1 988 de la CapitaleAlcôve froide Nationale et des alentours. Cela étant dit, tous ceux qui passent Ebersole et al., dans une eau O zaki, 1 988 dans la région devraient s’y arrêter afin d’y pêcher Alcôve froide(«Cold alcove») 2 003a de qualité et d’y contempler des paysages magnifiques. Vous Ebersole etleal.,saumon atlantique, mais pourrez y pêcher non seulement («Cold alcove») aussi l’omble de fontaine2 003a indigène et, si vous êtes chanceux, Brunke and observer la plus la truite arc-en-ciel anadrome. Vous pourrez Gonser, 1 997 R esurgence importante frayère à éperlan arc-en-ciel de la rive sud de l’estuaire ainsi hyporhéique qu’une frayère à Poole bar rayé. and N’hésitez pas à Brunke and profiter de la foule d’autres activités pour toute la famille qu’offre la Berman, 2 001 R esurgence («H yporheicGonser, 1 997 région : camping, kayak sur le fleuve, vélo, randonnée. Vous hyporhéiqueupwelling») Burkholder et andpetite rivière! serez surpris des charmesPoole de cette al., 2 008
(«H yporheic
Berman, 2 001
Pour toutes demandes d’information ou de réservations, upwelling») et Ouelle au 418-856-2509 communiquez avec la Société deBurkholder gestion de la rivière Effluents de versant Peterson and ou visitez leur site Web au http://www.st-pacome.ca/societe-de-gestion-de-laal., 2 008 riviere-ouelle/. de vallée R eid, 1 984
(«W all-base
Ces connaissances sont un atout non seulement pour le saumon de la rivière Ouelle, en nous donnant plus d’informations pour assurer sa protection et sa perpétuation, mais aussi pour les gestionnaires et les pêcheurs. Le fait de mieux comprendre l’effet de la température sur le saumon et le régime thermique de la rivière pourrait permettre aux gestionnaires d’ajuster l’ouverture de la pêche sur certaines fosses dans des conditions précises, ou sur toute la rivière en cas extrême. Le seuil de 23°C pour la température de l’eau a plusieurs fois été identifié comme étant un bon outil de gestion, à cause du stress thermique subi par le saumon à partir de cette température. Les pêcheurs, quant à eux, peuvent améliorer leurs pratiques en ciblant mieux leurs efforts de pêche à de meilleurs endroits et de meilleurs moments, et en effectuant des remises à l’eau plus efficaces et moins risquées pour le poisson. Comme le saumon est très sensible à la température, il est plus facile pour lui de récupérer en eau plus froide après un bon combat avec le pêcheur. Parfois, il suffit de le remettre à l’eau un peu plus loin de la berge ou à l’ombre d’un arbre pour qu’il s’en remette encore plus rapidement!
T orgersen et
Effluents de versant channel») Peterson and al., 2 01 2 de vallée R eid, 1 984 («W all-base channel»)
T orgersen et al., 2 01 2
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refuge thermique R efuge thermique
S C IENCE
14 LE MAGAZINE SAUMON
À la lumière de toutes ces informations, les refuges thermiques sont indéniablement des secteurs à protéger dans l’aménagement du territoire, particulièrement dans le contexte de changements climatiques, où plusieurs rivières vivront davantage de périodes de chaleur et d’épisodes de températures extrêmes. Il est primordial que les bandes riveraines soient respectées autour des rivières à saumon, avec une attention spéciale pour les refuges thermiques, car le couvert végétal est la meilleure protection qu’une rivière puisse avoir. L’ombrage procuré offre évidemment une protection contre le réchauffement dû à l’ensoleillement, mais le couvert végétal protège aussi le sol, par lequel de très grandes quantités d’eau passent, et qui assure une bonne régulation de la température sur tout le bassin versant. Les bandes riveraines sont aussi les meilleurs remparts contre l’érosion et l’accumulation de sédiments dans de petits tributaires ou des sources, qui pourraient les détruire. Lorsque ces points d’intérêt sont bien identifiés sur le bassin versant, il devient plus aisé de concevoir les plans de développement et d’aménagement en évitant que la machinerie ou les routes forestières n’interfèrent avec leurs fonctions naturelles au sein de la rivière.
RÉFÉRENCES: Dugdale, S. J., Bergeron, N. E., St-Hilaire, A. (2013) Temporal variability of thermal refuges and water temperature patterns in an Atlantic salmon river. Remote Sensing of Environment. 136 : 358 – 373 Dugdale, S.J., Franssen, J., Corey, E., Bergeron, N. E., Lapointe, M., Cunjak, R. A. (2015) Main stem movement of Atlantic salmon parr in response to high river temperature. Ecology of Freshwater Fish. Doi : 10.1111/eff.12224 MAPAQ. Les températures de l’eau plus élevées peuvent-elles être mises en cause pour expliquer un mauvais succès dans la production d’œufs et d’alevins ? (2012) L’Aquicole. Février 2012. Secrétariat canadien de consultation scientifique. Pêches et Océans Canada. Seuils de température permettant de définir les stratégies de gestion pour la pêche au saumon (Salmo salar) dans des conditions environnementales difficiles. (2012) Avis scientifique 2012-019. Juillet 2012.
Photo : Alexandre Dionne
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DÉCLARATION DES REMISES À L’EAU
Déclarer TOUTES vos captures de saumon atlantique au gestionnaire du territoire fréquenté est essentiel pour assurer une saine gestion de la ressource et valoriser une pêche de qualité exceptionnelle.
Pensez-y! On compte sur vous!
faune.gouv.qc.ca/remise-eau-poisson
G E ST ION DU SAU MON
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LA PÊCHE ALIMENTAIRE DU SAUMON AU GROENLAND, PERCEPTIONS ET RÉALITÉS
LE MAGAZINE SAUMON
Texte de
Richard Nadeau Gestionnaire à la retraite et ex-Chef de la délégation canadienne sur l’OCSAN
Dans son excellent article de l’édition de décembre 2014 du Magazine Saumon intitulé ‘’Interception des saumons Atlantique d’origine québécoise lors de la migration marine’’, Julien April vulgarise en quelques pages la problématique transfrontalière plutôt complexe des pêcheries d’interception pratiquée au Groenland, ainsi qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il y décrit bien ce que sont ces pêches et livre une analyse sommaire, mais équilibrée, de la relation de cause à effet potentiel entre celles-ci et les résultats de montaison sur nos rivières en 2013 et 2014. Sur la base des études existantes, son constat à ce chapitre est que « les changements dans l’écosystème marin ont certainement joué un rôle beaucoup plus important que les pêcheries de type mixte sur les montaisons de saumons des dernières années ». Ce constat tend à se vérifier aussi pour la saison 2015, pendant laquelle la plupart des rivières du Québec et des provinces atlantiques ont connu de bonnes à excellentes montaisons, alors que pour la saison de pêche 2014, le Groenland déclarait ses plus gros débarquements depuis la fin des pêches commerciales avec 58 tonnes. Il n’est donc pas scientifiquement responsable d’établir une corrélation directe entre les succès annuels de montaison et les pêches d’interception, comme plusieurs personnes sont cependant portées à le faire. C’est d’ailleurs ainsi que, depuis des années, la pêche alimentaire du saumon pratiquée au Groenland est pointée du doigt, à tort ou à raison, comme étant l’un des principaux facteurs affectant les montaisons annuelles et limitant le rétablissement des populations. Dans notre réalité de gestion axée sur l’importance écologique, récréotouristique et économique du saumon, il est probablement justifiable d’utiliser ce genre d’arguments pour forcer la main aux décideurs. La réalité de gestion des Groenlandais est cependant bien différente. SAUMON | WWW.FQSA.CA
J’ai eu l’opportunité, au cours de cinq dernières années, de représenter le Canada à titre de Chef de délégation au sein de l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN). Cette fonction m’a permis de jouer un rôle de premier plan dans les discussions et négociations internationales devant mener à une plus grande responsabilisation du Groenland dans la gestion de sa pêche alimentaire au saumon. Je me permets donc de partager avec vous dans le présent texte certaines réflexions et observations sur les enjeux entourant cette pêche plutôt décriée.
Un peu de contexte Le Groenland compte un peu moins de 57 000 habitants, dont près de 90 % sont d’origine inuit. La population est répartie dans 73 villes, villages et hameaux parsemés sur ses quelque 2 000 000 de kilomètres carrés d’espaces côtiers habitables. La pêche est le principal secteur d’activité et de développement économique du Groenland et compte pour 95% de ses exportations. L’on dénombre au Groenland entre 2 000 et 3 000 pêcheurs côtiers et chasseurs professionnels. Ces derniers chassent le morse, la baleine, le phoque, les oiseaux de mer, l’ours polaire, le caribou et le bœuf musqué à des fins commerciales et alimentaires. Les pêcheurs côtiers, qui pratiquent la pêche à l’intérieur des eaux territoriales (limite des 12 milles marins), visent surtout le flétan, le sébaste, le loup de mer, le lompe et l’omble chevalier, espèces qui peuvent contribuer aux exportations, et le saumon atlantique, qui fait uniquement l’objet d’une pêche alimentaire. Pour beaucoup de gens soucieux de la conservation et engagés dans des initiatives de rétablissement de populations de saumons menacées au Canada et aux États-Unis, la gestion de la pêche alimentaire par le Groenland est une source d’inquiétude et la cible de critiques sévères. Des campagnes d’information (ou de désinformation) bien orchestrées ont d’ailleurs facilité la création du mythe ‘’de la pêche irresponsable sur les populations mixtes de saumons de la côte ouest du Groenland’’, qui a considérablement compliqué les discussions et négociations pour arriver à définir des mesures de gestion adaptées à la réalité du Groenland. Pour bien saisir ce qu’est cette réalité, il faut mieux comprendre ce qu’est la ressource saumon pour le Groenland, parce que s’il est vrai que les saumons capturés au Groenland proviennent majoritairement des rivières canadiennes, il est aussi vrai que nous partageons la responsabilité de l’état dans lequel les
Pour les besoins de gestion de l’OCSAN, l’Amérique du Nord compte sept régions ou regroupements de rivières, dont six au Canada, qui contribuent aux populations mixtes de la côte ouest du Groenland. Des six régions canadiennes, trois présentent des populations jugées menacées ou en voie de disparition. Dans la région englobant la côte est des États-Unis, les populations de saumons restantes sont toutes très vulnérables. Ce critère d’évaluation joue donc un rôle important dans les avis annuels du CIEM et rend difficile pour les pêcheurs du Groenland de comprendre pourquoi ils
devraient limiter ou même abandonner leurs pêches, surtout dans le contexte d’abondance qu’ils disent constater et qui les incite plutôt à presser leur gouvernement pour le retour des pêches commerciales.
Un peu d’histoire Le Groenland pêche le saumon à des fins alimentaires depuis des siècles, comme l’ont fait et le font toujours plusieurs peuples inuits et autochtones d’Amérique du Nord, mais aussi comme l’ont fait les nouveaux arrivants au cours des siècles de colonisation de notre continent. Il est d’ailleurs bien documenté qu’à l’époque de la colonisation, le saumon remontait jusqu’aux Grands Lacs et était très abondant dans les rivières canadiennes et américaines coulant dans l’Atlantique. Cela n’a toutefois pas duré. Au Groenland, il n’y avait pas de pêche commerciale au saumon avant le milieu du 20e siècle. Ce n’est que dans les années 50 que l’immense aire de croissance du saumon (populations mixtes) de la côte ouest du Groenland a été découverte, ouvrant la porte à une pêche commerciale intensive autour de 1960. Assez modestes au début, les débarquements de saumons ont atteint des sommets dans les années 70, dépassant les 2 000 tonnes par année même si cette pêche était réglementée par quotas, qui étaient de 1 100 tonnes/an au début des années 70, pour atteindre 1 200 tonnes alors que les stocks commençaient à décliner au début des années 80. Julien April décrit très bien cette période de l’histoire des pêches du saumon au Groenland dans son article, tout en faisant le parallèle avec ce qui se faisait au Canada dans ce domaine à la même
Le port de Nuuk, octobre 2014
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populations se trouvent. Alors que les pêcheurs groenlandais disent constater depuis quelques années une abondance de saumons dans leurs eaux, les avis scientifiques recommandent qu’aucune pêche ne soit effectuée sur ces populations mixtes. Ces avis scientifiques, produits par le Conseil international pour l’exploration des mers (CIEM), sont guidés par les critères d’évaluation établis par l’OCSAN et prennent en compte, entre autres choses, l’atteinte ou non des limites de conservation des rivières situées dans les régions concernées par l’avis, ainsi que le statut donné aux populations de certaines rivières ou régions par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en vertu de la Loi sur les espèces en péril.
G E ST ION DU SAU MON
époque. Il y décrit aussi les démarches entreprises au niveau international par l’OCSAN pour réglementer cette pêche. Nul besoin donc de m’étendre plus avant sur le sujet.
18 LE MAGAZINE SAUMON
Il est cependant important de répéter ces quelques faits d’un passé récent afin de mettre en perspective l’historique qualitatif, faute de données quantitatives, de ce que pouvaient être les populations de saumons dans l’Atlantique Nord-Ouest avant le milieu du siècle dernier. En bref, ces pêches intensives se sont pratiquées après et même pendant qu’au Canada beaucoup d’habitats de reproduction du saumon ont été détruits par la dégradation du milieu et la pollution, ou rendus inaccessibles par la construction de barrages et autres types d’infrastructures. Ceci est encore plus vrai pour la côte est américaine qui a vu disparaître la quasi-totalité de ses populations suite à la destruction de la capacité de production de pratiquement toutes ses rivières à saumon. Il n’est pas possible aujourd’hui de quantifier les impacts sur l’état des populations qu’ont pu avoir les pertes cumulatives de capacité de production des rivières au cours des 150 dernières années. Les informations existantes permettent cependant de présumer que la capacité de production résiduelle de celles-ci a permis de soutenir une pêche commerciale en mer de 1 000 à plus de 2 000 tonnes de saumons annuellement sur la côte ouest du Groenland pendant plus ou moins 20 ans, alors qu’à la même époque au Canada, nous pêchions des quantités comparables et même supérieures de saumons. Pour quelqu’un de familier avec la gestion moderne des pêches, le questionnement qui vient tout de suite à l’esprit en considérant ces informations est : quelle était la biomasse disponible en mer de saumons matures à cette époque et quel pourcentage de cette biomasse était capturé annuellement? L’information qui permettrait de répondre à ces questions n’existe pas, mais encore aujourd’hui, les captures de saumon issues des pêches de subsistance, alimentaires et sportives dans l’Atlantique Nord-Ouest (Groenland et Canada) représentent de 150 à 200 tonnes annuellement et nous ne disposons toujours pas de données sur la biomasse disponible en mer.
La pêche au saumon au Groenland d’hier à aujourd’hui Le Groenland ne possède qu’une seule rivière à saumon, la Kapisillit, située sur la côte ouest dans le fjord de Nuuk. Difficile d’accès, il s’y pratique un peu de pêche à la ligne, mais il n’existe que peu d’informations sur la qualité de cette pêche ou sur la productivité de la rivière. La protection du saumon de la Kapisillit devrait toutefois être au sommet des priorités de la Stratégie pour la protection de la diversité du Groenland qui est en développement. La pêche côtière au filet maillant représente donc la principale activité de pêche au saumon au Groenland. Des quelque 2 000 à 3 000 pêcheurs côtiers et chasseurs professionnels du Groenland, un peu plus de 300 possèdent une licence pour la pêche au saumon. Les conditions d’obtention d’une telle licence sont strictes : il faut être résident permanent du Groenland, avoir possédé une licence de pêche au saumon l’année précédente (plusieurs des licences sont renouvelées annuellement, mais non utilisées), faire la démonstration que plus de 50% de ses revenus proviennent de la pêche ou de la chasse et posséder une embarcation de moins de 42 pieds. En 1998, il fut établi par l’OCSAN que la pêche commerciale ne devait plus être autorisée sur la côte ouest du Groenland et que les activités de pêche au saumon soient limitées aux volumes correspondants aux besoins alimentaires internes du Groenland, qui avaient précédemment été estimés à 20 tonnes. Le Groenland a par la suite voté une loi bannissant l’exportation de saumon. De 2002 à 2011, le Groenland a plus ou moins respecté le contingent alimentaire de 20 tonnes. Pendant cette période, les pêcheurs professionnels étaient autorisés à vendre leurs captures à l’état frais aux institutions, aux marchés locaux et aux restaurants. La situation économique a toutefois amené le gouvernement du Groenland à changer les règles en 2012 en autorisant de nouveau les débarquements dans les usines de transformation et en établissant unilatéralement un contingent annuel d’usine de 35 tonnes, qui pouvaient ainsi transformer et congeler le saumon. Ces changements visaient, selon les autorités, à donner l’opportunité aux citoyens de consommer du saumon pendant toute l’année. Dans la réalité, elles visaient surtout à améliorer les revenus des pêcheurs et à prolonger la période d’emploi des travailleurs d’usine. Ces nouvelles règles ont été en place jusqu’en 2014, année pour laquelle le contingent d’usine a été abaissé à 30 tonnes. Au-delà du contingent d’usine, les pêcheurs et chasseurs professionnels pouvaient continuer à approvisionner en saumon frais les institutions, les marchés publics et les restaurants, et la pêche alimentaire est demeurée permise pour tous les résidents permanents du Groenland pour leur consommation personnelle. Les changements unilatéraux apportés en 2012, associés au fait que le Groenland a toujours eu de la difficulté à faire la démonstration que ses mesures de contrôle et de suivi des pêches permettaient d’établir avec confiance ses volumes de captures annuels, ont gé-
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Ces nouvelles mesures réglementaires, qui s’appliqueront de 2015 à 2017 inclusivement, seront mises en place de façon progressive par le Groenland et changeront de façon importante la gestion des pêches au saumon. Les mesures les plus significatives sont les suivantes : l’établissement d’un contingent annuel réconciliable de 45 tonnes (135 tonnes maximum sur trois ans) autorisant seulement les pêcheurs et les chasseurs professionnels détenant une licence à fournir du saumon aux communautés (il ne sera plus permis aux résidents de pêcher pour leur consommation personnelle); les pêcheurs pourront débarquer du saumon dans les usines de transformation autorisées qui auront l’obligation de déclarer tous les débarquements; et les pêcheurs et chasseurs auront l’obligation de déclarer leurs captures tout au long et à la fin de chaque saison. Le non-respect de cette dernière mesure résultera en la suspension de la licence pour l’année suivante. Ces nouvelles mesures réglementaires prévoient aussi un plan de communication afin de bien informer les pêcheurs, les chasseurs et les citoyens des nouvelles règles, l’amélioration des méthodes de rapport et de comptabilisation des captures, l’obligation pour les pêcheurs et les usines de faciliter le travail des échantillonneurs, la possibilité de retarder l’ouverture de la saison de pêche, ainsi que quelques autres mesures visant à améliorer la collecte d’informations.
soit dépassé pour cette première année de mise en œuvre. Si tel était le cas, le volume de captures excédant 45 tonnes devra être soustrait du contingent restant pour 2016 et 2017.
En conclusion Il est difficile de concevoir que le Groenland pourrait cesser un jour de pêcher le saumon. Il est évident que ce sont des impératifs de survie économique qui ont poussé le Groenland à augmenter ses captures au cours des dernières années, mais il n’en demeure pas moins que les impératifs alimentaires des communautés isolées sont réels. Les pêcheurs et chasseurs professionnels sont peu nombreux à pêcher le saumon et le font sur un immense espace marin dentelé de fjords et d’îles, à bord de petites embarcations. Si le saumon était rare, seraient-ils capables d’en capturer autant dans cette immensité pendant une saison relativement courte? Si le saumon est abondant, quel pourcentage de la biomasse disponible capturent-ils? Il y a beaucoup de questions qui pourraient être posées sur la dynamique des populations de saumons de la côte ouest du Groenland. Celle qui devrait nous intéresser le plus cependant est : que se passe-il entre la côte ouest du Groenland et nos rivières? En attendant des réponses, nous devons faire confiance aux Groenlandais dans la mise en œuvre des nouvelles mesures réglementaires et espérer que les chercheurs saisiront l’opportunité offerte par celles-ci pour développer et mettre en place un programme de recherche sur la biomasse de saumon de la côte ouest du Groenland.
Port de Ilulissat, juin 2011
Le contingent annuel de 45 tonnes, ou de 135 tonnes sur trois ans, a cependant été établi de façon unilatérale par le Groenland, ce qui ne fait pas l’unanimité au sein des membres de l’OCSAN et des groupes de conservation. Il s’agit quand même d’un progrès significatif dans le processus réglementaire du Groenland, qui ne s’était jamais imposé ses propres mesures auparavant. Au moment d’écrire ces lignes, les données officielles de captures pour la saison 2015 n’avaient pas encore été partagées par le Groenland. L’on peut s’attendre cependant à ce que le contingent de 45 tonnes pour l’année 2015
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néré beaucoup de pression sur le Groenland, mais aussi sur l’OCSAN, afin que soient mises en place des mesures réglementaires plus contraignantes. Une année de travail ponctuée de rencontres des membres de l’OCSAN concernés aura été nécessaire pour amener le Groenland à se définir de nouvelles mesures réglementaires et à les faire approuver par décret gouvernemental.
Souper-bénéfice au profit de la Fondation Saumon 31 e édition
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F É DÉRAT ION DES POURVOIRIES DU QUÉBEC
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À LA CONQUÊTE DU SAUMON DE LA HAUTE SAINT-JEAN
LE MAGAZINE SAUMON
Texte de
Simon Duchaine Responsable Web et aux communications, Fédération des pourvoiries du Québec Photos:
Fédération des pourvoiries du Québec
Au Québec, les pêcheurs désireux de vivre une expérience de pêche différente et particulière arrêtent leur choix sur l’une des 340 pourvoiries qui offrent à leurs clients de passer des moments inoubliables en grande nature. En choisissant une pourvoirie, on choisit la simplicité, l’authenticité et l’accompagnement… En quelque sorte, on ne choisit pas simplement une destination, un établissement ou une rivière, mais on arrête plutôt notre choix sur une « personnalité ». La pourvoirie de la Haute St-Jean n’y fait pas exception.
Pavillon St-Jean
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Cette pourvoirie, dans le village de Rivière-Saint-Jean, est située à 160 km à l’est de Sept-Îles sur la rive nord du fleuve SaintLaurent, à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. Sur ce territoire, la pêche au saumon est pratiquée depuis plus de 150 ans, notamment jusqu’en 1968 par des Américains venus acheter des terres le long de la rivière St-Jean pour se mesurer au grand saumon de l’Atlantique. Aujourd’hui, c’est l’Association pour la protection de la rivière Saint-Jean (APRSJ), un organisme à but non lucratif formé par les citoyens de la municipalité de Rivière-Saint-Jean, qui gère la pourvoirie de la Haute-Saint-Jean, un territoire où elle jouit des droits exclusifs de pêche sur une superficie de 34,2 km2. Les saumoniers peuvent s’y adonner à la pêche du 3 juin au 1er août, autant en plan américain qu’en plan européen. Tout dépendant du forfait choisi, les pêcheurs seront hébergés dans des pavillons différents qui sont répartis le long de la rivière. Ils sont accessibles par canot motorisé conduit par un guide à partir du bureau d’accueil de la pourvoirie, situé près du pont enjambant l’embouchure de la rivière Saint-Jean.
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Rivière Saint-Jean, Côte-Nord
Il faut dire que la pourvoirie de la Haute-SaintJean n’est pas seulement réputée pour sa pêche mémorable à partir de canots de 26 pieds de long dans lesquels prennent place un guide et deux pêcheurs, mais aussi pour ses pavillons et chalets très confortables et propices à la détente.
Le Pavillon Saint-Jean Le premier bâtiment, nommé le Pavillon SaintJean, est situé à environ 20 km de l’embouchure de la rivière. La saison pour le Pavillon Saint-Jean débute lors de la deuxième semaine de juin et prend fin à la mi-juillet. La section de rivière qui est associée au Pavillon comporte 14 fosses bien identifiées. Chaque chambre du bâtiment dispose de l’eau courante, de toilettes et d’une douche. On y trouve aussi un salon avec foyer et une salle à manger. Le Pavillon Saint-Jean offre une qualité de pêche exceptionnelle aux saumoniers. Plusieurs saumons de plus de 10 kg y ont été enregistrés au cours des dernières années. À cet endroit, la pourvoirie offre un forfait de quatre jours complets, à partir de 450 $ par jour par personne.
Le Pavillon des Chutes Le Pavillon des Chutes, quant à lui, est situé dans le secteur amont de la rivière Saint-Jean, à 16 km au nord du Pavillon Saint-Jean. Chaque chambre dispose de l’eau courante, de toilettes et d’une douche. On y trouve aussi un salon avec foyer et une salle à manger. Les saumoniers seront charmés par l’atmosphère chaleureuse de ce pavillon et par la beauté sauvage du secteur unique de la rivière.
Le Pavillon La Grosse Roche Situé à environ 10 km du Pavillon St-Jean, le Pavillon de la Grosse Roche se trouve à mi-chemin entre le Pavillon St-Jean et le Pavillon des Chutes. Les pêcheurs qui auront réservé un forfait en plan européen seront hébergés dans ce bâtiment. Ainsi, seuls l’hébergement et le service de guides avec canots sont inclus dans le forfait. Les pêcheurs doivent donc apporter leurs repas pour la durée du séjour. Le forfait d’une durée de quatre jours en plan européen est offert à partir de 250 $ par jour par personne.
La pêche à la pourvoirie de la Haute Saint-Jean Cette rivière offre une qualité de pêche exceptionnelle aux pêcheurs : dans certains secteurs, plusieurs saumons pesant plus de 10 kg ont été enregistrés au cours des dernières années. Chaque forfait à la pourvoirie inclut la pêche dans des canots de 26 pieds accueillant le guide et deux pêcheurs. Les pêcheurs peuvent également pêcher à gué s’ils le désirent, mais certaines fosses de la rivière se prêtent moins bien à cette pratique. Aussi, tous les jours, il y a une rotation des fosses, ce qui permet aux pêcheurs de vivre une expérience optimale et d’augmenter les chances pour chacun de capturer le roi des eaux. Les guides embauchés par l’Association pour la protection de la rivière Saint-Jean sont compétents et dévoués. Ils ont à cœur la satisfaction de la clientèle et sa sécurité. Aussi, les mouches ayant fait leurs preuves à multiples reprises sont disponibles à l’accueil de la pourvoirie. Pour effectuer une réservation ou plus d’informations au sujet de la Pourvoirie de la Haute Saint-Jean, vous pouvez consulter le site Web www.aprsj.com ou communiquer avec Charlene Inglis au 1 (418) 949-2457.
Tout comme pour le Pavillon Saint-Jean, le forfait de quatre jours est à 450 $ par jour.
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LI TT ÉRAT U RE
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QUAND LITTÉRATURE ET NATURE SE RENCONTRENT...
LE MAGAZINE SAUMON
Texte de
Éléna Laliberté Libraire, Librairie La Liberté
Le nature writing, vous connaissez? D’abord reconnu comme un genre littéraire à part entière aux États-Unis, il est maintenant admis de façon plutôt généralisée dans le monde francophone, particulièrement grâce au travail de la maison d’édition Gallmeister. Créée en 2006, elle fait du nature writing sa principale lignée éditoriale, se donnant comme mandat de faire découvrir les multiples facettes de la littérature américaine. De plus en plus riche, son catalogue est divisé en plusieurs collections, que vous pourrez découvrir en librairie ou au www.gallmeister.fr. Rapidement, vous constaterez que plusieurs auteurs vouent un culte évident à la pêche à la mouche, omniprésente dans leurs écrits. John Gierach, William G. Tapply et John D. Voelker sont de ceux-là. Amoureux des grands espaces, vous serez conquis...
Là-bas, les truites... John Gierach Collection Nature Writing, Éditions Gallmeister, 2012 On lit ce recueil de récits avec le sourire aux lèvres et on le referme avec le cœur léger. John Gierach nous emmène à la découverte de lieux et d’histoires de pêche qui lui ont laissé un souvenir particulier. Ainsi, il raconte sa première « vraie » sortie de pêche où, enfant, il s’est armé de courage pour s’enfoncer dans un territoire inconnu afin de vivre la pêche « comme un homme ». Il partage la découverte de certains coins secrets, sans pour autant révéler leur localisation exacte : « Le principe concernant les coins secrets pourrait s’énoncer comme suit : cache ton pick-up pendant que tu pêches, et ferme-la ensuite. N’hésite pas à mentir au besoin, même si cela doit t’interdire de frimer. […] Et ainsi suis-je aujourd’hui un modèle de discrétion. » (p.30) Il évoque aussi le sentiment parfois difficile qui accompagne le fait de rentrer bredouille, lorsque les conditions semblent pourtant idéales... Bien qu’anecdotiques, ces récits ouvrent la porte à l’introspection, la rêverie, la méditation.
Dérive sanglante William G. Tapply Collection Totem. Éditions Gallmeister, 2012 (pour la présente édition) Stoney Calhoun a perdu la mémoire il y a cinq ans dans un étrange accident en montagne. À sa sortie de l’hôpital, son instinct le pousse à aller refaire sa vie dans un petit village du Maine, entre rivières et forêts. Là-bas, il fait la rencontre de Kate, une femme magnifique qui a racheté depuis peu un magasin d’articles de pêche. Calhoun y est engagé comme commis et comme guide de pêche pour les touristes. Le jour où son meilleur ami disparaît sans laisser de traces, il se doute que les choses ont dû mal tourner pour lui. Habité par un flair qu’il ne savait pas posséder jusqu’alors, il décide de mener sa propre enquête. Au fil de ses découvertes, il renoue peu à peu avec l’homme qu’il semble avoir été dans le passé. William G. Tapply nous offre ici un excellent roman policier d’une qualité littéraire indéniable, où prennent forme les splendeurs sauvages et parfois bien gardées du Maine. Une lecture d’été captivante : vous en redemanderez!
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Vous aimerez aussi... 27 NUMÉRO 105
Itinéraire d’un pêcheur à la mouche John D. Voelker Collection Nature Writing, Éditions Gallmeister, 2006 John D. Voelker est surtout connu sous le nom de plume de Robert Traver. Il est l’auteur du best-seller mondial Autopsie d’un meurtre, adapté au cinéma en 1959. Son recueil de nouvelles, Itinéraire d’un pêcheur à la mouche, n’a toutefois rien à voir avec une intrigue policière. Il est considéré comme rien de moins qu’un livre culte, digne des plus grands classiques américains de la littérature des grands espaces. L’auteur y raconte différentes aventures, parfois loufoques et souvent amusantes, dont le fil conducteur est la pêche à la mouche, dans son aspect contemplatif, introspectif et en symbiose avec la nature. Ces histoires ont quelque chose d’universel et de tout simplement... humain. Je ne peux résister à vous offrir cet extrait de la préface qui, je le crois, permet de saisir le caractère presque philosophique de l’oeuvre.
« Un livre à savourer, une lecture que vous aurez envie de partager. » « Le pêcheur de truites est une sorte de toxicomane. Il habite un petit monde onirique bien à lui, et les hommes qui l’entourent et qu’il voit consacrer leur vie à courir sans réfléchir après l’argent et le pouvoir, l’intriguent authentiquement – sentiment sans nul doute parfaitement réciproque. Il se voit fièrement comme un être non corrompu. En cela, il n’est pas loin non plus d’être philosophe, et il lui arrive de pêcher non pas parce qu’il considère la pêche comme une activité de la plus haute importance, mais parce qu’il soupçonne les autres quêtes et soucis des hommes d’être tout aussi futiles. Son air souriant masque souvent un fond de mélancolie et de désillusion, une conscience – et une acceptation – paisible de l’impermanence de l’homme et de son entreprise. Quitte à poursuivre une chimère, il aime autant pêcher la truite. »
Éléna Laliberté est libraire depuis une dizaine d’années. Elle poursuit la tradition pour une troisième génération en s’impliquant dans la librairie familiale, ouverte depuis 1945 et située à Québec depuis 1965.
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HOMMAGE
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LUCIEN ROLLAND, UN HOMME HABITÉ PAR LA PÊCHE
LE MAGAZINE SAUMON
Texte d’Yvon Côté, Biologiste
Il y a cinq ou six ans, à l’occasion du souperbénéfice annuel de la Fédération du saumon atlantique à New York, John Houghton, ancien président du conseil d’administration de cet organisme, grand ami du Québec et de ses rivières à saumon, m’invite à sa table et me présente à Lucien Rolland. Je n’avais jamais eu l’occasion de côtoyer celui-ci, mais sa réputation de pêcheur émérite l’avait précédé. Bien entendu, entre saumoniers, il est toujours agréable de partager un bon repas. On a discuté de rivières, de secteurs de pêche, de mouches et de tout ce qui fait le plaisir de la pêche. Parvenu au dernier service du repas et le vin faisant son effet, j’ose une question anodine qui, mine de rien, changea la nature de nos rapports mutuels. « Monsieur Rolland, lui dis-je, avez-vous prévu plusieurs voyages de pêche pour l’été prochain? » Il me répond sur un ton un peu chagriné
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: « Ouais, quelques-uns ». Il poursuit : « Monsieur Côté, vous savez, je n’ai plus l’occasion d’aller à la pêche aussi souvent que je le souhaiterais. ». Secrètement, je pensai que son âge avancé ou son état de santé ne lui permettait peut-être plus de pêcher autant qu’autrefois. Que lui dire d’un peu sensé sans l’offusquer ou sans commettre d’indiscrétion? Le sachant financièrement à l’aise, je risque une taquinerie : « Ce n’est surement pas l’argent qui vous manque. » Sa réponse me vint du tic au tac : « Bien sûr que non, ce sont mes amis de pêche, ils m’ont tous quitté. J’ai moins d’invitations qu’autrefois. » Quel habile pêcheur! Il venait de me lancer une mouche. Comme un saumon qui accepte l’offrande du pêcheur, ma réponse fut aussi rapide que sa répartie. « Eh bien, Monsieur Rolland, si vous êtes d’accord, à partir de maintenant, à chaque année, nous ferons un voyage de pêche ensemble. » Cette fois-ci, aucune hésitation de sa part : « Il n’y a rien qui me ferait autant plaisir, Monsieur Côté. » À la fin du repas, nous inscrivions nos coordonnées à nos carnets de pêche et, pour le milieu de l’été, un voyage de pêche que j’avais mission d’organiser. En nous laissant ce soir-là, nous nous appelions Lucien et Yvon et nous nous tutoyions. Il n’y avait plus de barrière d’âge ou de quoi que ce soit. Simplement deux compagnons de pêche. Nous
nous
donnons
rendez-vous
à
la
fin
juillet
à
Baie-
Photo : François Barnaby Huet Lucien, au centre de la photo, heureux. Il vient de remettre à l’eau un saumon de 12 livres pêché sur le secteur 1 de la rivière Madeleine. À sa droite, le guide Pascal Barnaby Huet. À sa gauche, Yvon Côté.
Je savais qu’il avait pêché dans les clubs et les pourvoiries les plus sélects, alors quoi offrir de différent à Lucien? Je lui proposai de pêcher sur un secteur contingenté de la Zec de la rivière Madeleine, accompagné d’un guide amérindien, Pascal Barnaby Huet, un Micmac de la réserve Gesgapegiag qui habite maintenant le village de Madeleine, situé sur la pointe nord de la Gaspésie. En plus de nous amener à la pêche, le guide allait nous héberger à son chalet juché sur le haut d’une montagne. Sa conjointe, Bella, préparerait les repas. Nous serions en bonne compagnie. Cette proposition lui plut. «Vivre dans une ambiance familiale, ça me convient parfaitement», disait-il. Nous sommes retournés deux autres fois ensemble sur la rivière Madeleine. En 2015, il eut un ennui de santé, nous avons donc raté notre rendez-vous annuel. Cette année, en janvier, je lui envoie un courriel. N’étant pas certain de son état de santé, je lui demande s’il était encore partant pour la Madeleine. « Bien sûr que oui, Yvon! » Cette fois-ci, il n’était pas possible d’être accueilli au chalet de notre guide, Pascal. Je lui proposai de nous rendre à la pourvoirie du Camp Haute Madeleine, qui exploite le secteur 1 de la Zec de la rivière Madeleine. Lucien me dit : « Tu as le choix des dates, fais les réservations. » Je m’exécute. Le pourvoyeur m’informe qu’il avait des disponibilités vers le 10 juillet. Quelques jours plus tard, j’avise Lucien des dates que j’avais retenues. Il me répond par courriel. « J’ai un problème. Je viens de réserver à la Pourvoirie Moisie-Nipissis, chez Charles Langlois. » Bon ! Essai numéro 2. Je retourne au pourvoyeur et je réserve pour une semaine plus tard. Je contacte à nouveau Lucien. « Impossible Yvon, après la Moisie, je me dirige vers la rivière Watshishou. » Humm ! Pour un gars qui disait ne pas avoir trop d’occasions de pêcher, me dis-je !... Troisième essai. La mi-août. Nouveau retour à Lucien. Cette fois-ci, il me répond laconiquement : « C’est le jeu des trois cailloux, tu gagnes. » J’en déduis sans comprendre qu’il acquiesçait à ma proposition.
Sa réponse du jeu des trois cailloux m’intriguait, ne connaissant pas ce jeu. Après m’être informé, j’ai compris l’allégorie. Je lui réponds par courriel : « Lucien, tu m’étonneras toujours, j’ai appris quelque chose aujourd’hui. » Lucien aimait surprendre, ne pas faire les choses comme tout le monde et faire preuve d’esprit. C’était un fin raconteur d’histoires. Mon ami Lucien, quand j’irai sur la Madeleine à la mi-août, tu me manqueras.
Lucien en action sur le secteur 2. Il libérera un madeleineau capturé avec un tout petit bomber brun, sa mouche fétiche. Photo : Yvon Côté
Nous avons appris le décès de Lucien G. Rolland survenu le 19 avril dernier, à St-Jérôme, à l’âge de 99 ans. Lucien était une véritable légende parmi les pêcheurs de saumon. Encore l’an dernier, il a pêché sur quelques rivières de la Côte-Nord. Après une carrière fructueuse dans le monde des affaires à la tête de l’entreprise familiale Les Papiers Rolland, Lucien a passé une grande partie de son temps à pêcher à la mouche. On dit qu’il a capturé et relâché plus de 1 200 saumons au cours de sa vie. Il est le seul membre du club des 16-20 à avoir pu authentifier à trois reprises la capture d’un saumon de 20 livres avec une mouche no. 16. Il a pêché le saumon au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Russie. Il a également pêché le tarpon dans la région des Keys en Floride, le bonefish aux Bahamas, le sail fish au Costa Rica, la truite steelhead en Colombie-Britannique, le taimen (sorte de saumon) en Mongolie et la truite brune en Alaska, au Chili et en Nouvelle-Zélande. Ce texte a été rédigé d’après des informations fournies par Bill Taylor, président de la FSA.
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des-Sables, où demeure l’un de ses fils. J’arrive vers 13h. Il me présente à son fils, termine son repas de saumon fumé et me dit qu’il arrivait de Montréal via La Malbaie, au volant de sa voiture. Peut-on l’imaginer à plus de 90 ans, sans aucune hésitation à voyager seul? Rien ne l’arrêtait, c’est comme si le temps n’avait pas d’emprise sur lui, ou serait-ce plutôt qu’il ne voulait pas s’attarder à cette pensée? De Baie-des-Sables, nous filons ensemble vers la Gaspésie.
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LE CORMORAN À AIGRETTES EST-IL UN PRÉDATEUR DU SAUMON ATLANTIQUE DANS LE BASSIN VERSANT DE LA RIVIÈRE RESTIGOUCHE?
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Texte de Joanie Carrier Biologiste M. Sc.
Dans les années 50 à 70, la pollution et l’usage de pesticides comme le DDT, qui fragilisait la coquille de leurs œufs, ont engendré le déclin des populations nord-américaines de cormorans. Depuis la mise en place de réglementations et de restrictions pour ces produits, les populations se sont bien rétablies et sont en croissance dans certaines régions. D’autre part, le cormoran bénéficie de la présence de l’homme par les structures (ex. : quais, enrochements, brise-lames, etc.) et les industries (ex. : aquaculture ou pisciculture) qu’il met en place. Or, des conflits d’usage entre l’homme et le cormoran se manifestent à l’échelle mondiale. Certains sont fondés, d’autres non. Le cormoran a une image généralement négative chez les pêcheurs, tant sportifs que commerciaux: cette espèce a d’ailleurs souvent été persécutée par le passé. Des cormorans ont été abattus et des colonies décimées sous le prétexte qu’ils étaient à l’origine de la baisse de stocks de poissons alors qu’en vérité, la surpêche s’est souvent avérée être l’origine principale du problème.
Conflit dans les aires d’hivernage En Amérique du Nord, le cormoran est favorisé dans son aire d’hivernage, le lieu de résidence qu’il rejoint après sa migration de nos régions vers le sud. La présence d’aquaculture de la barbue de rivière dans la région du delta du Mississippi, dans Photo : Andrew Olive
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Le cormoran à aigrettes (Phalacrocorax auritus) est un oiseau migrateur, colonial et piscivore. Il est considéré comme un prédateur généraliste et opportuniste, ce qui signifie qu’il se nourrit de plusieurs espèces de poissons selon celles qui lui seront le plus aisément accessibles. En général, les proies choisies mesurent sous les 12 cm. Il niche idéalement dans des arbres feuillus ou au sol dans des espaces qui sont difficiles d’accès aux prédateurs terrestres. La mort de la végétation survient généralement avec le temps, lorsque la densité d’oiseaux est importante, en raison de l’accumulation de guano (excréments) très acide. Ils sont alors contraints de nicher au sol ou de changer de site de nidification.
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le sud-est des États-Unis, leur procure une nourriture abondante et facilement accessible. Les cormorans consomment donc des poissons d’élevage, ce qui amène des pertes monétaires importantes pour les producteurs. Il s’agit d’une source de conflit importante. De plus, des changements dans les patrons de migration des cormorans sont même observés. Ils favorisent des destinations offrant des activités d’aquaculture. La survie des oiseaux est donc facilitée par une industrie mise en place par l’homme. Les cormorans reviennent en bonne condition physique et encore plus nombreux sur leur site de nidification plus au nord, comme dans nos régions, le printemps venu.
Conflit au Québec Plus près de nous au Québec, le dossier des cormorans à aigrettes et de la population de perchaudes au lac Saint-Pierre constitue un autre bon exemple de confit. Des îlots rocheux servant au contrôle des glaces ont été rehaussés, ce qui fournit des sites parfaits pour les cormoran. De plus, la perchaude est une proie de la taille favorisée par ces oiseaux. En 2012, des essais d’abattage pour le contrôle de la population de cormoran, par le ministère dédié à la faune à l’époque, ont même été effectués. Effectivement, l’analyse des contenus stomacaux des cormorans abattus révèle que ceux-ci consomment la perchaude en quantité importante et qu’ils peuvent donc nuire au rétablissement de cette population de poissons. Il y a donc un conflit entre l’homme et le cormoran. Cependant, à l’origine, la perchaude a été victime de la surpêche et de la pollution par l’homme. Rappelons que celui-ci a également altéré le milieu, ce qui a favorisé en partie la présence du cormoran.
Projet de recherche Un projet de recherche est en cours de réalisation dans le cadre de ma maîtrise sous la direction du professeur Normand Bergeron, au Centre eau terre et environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS-ETE). Il s’effectue avec la collaboration SAUMON | WWW.FQSA.CA
du Conseil de gestion du bassin versant de la rivière Restigouche (CGBVRR) et de l’Atlantic Salmon Federation (ASF). L’étude en elle-même est financée par la Fondation pour la conservation du saumon atlantique (FCSA). Cette recherche vise à déterminer si le cormoran à aigrettes est un prédateur ayant un impact négatif sur la survie des saumoneaux ou smolts (jeunes saumons) lors de leur migration vers le nord de l’océan Atlantique. Plus spécifiquement, l’étude examine les smolts en dévalaison au moment où ils quittent le bassin versant interprovincial de la rivière Restigouche. La colonie de cormorans nichant sur Bonamy Rocks (ou rochers Bon Ami), une série d’îlots rocheux situés devant la ville de Dalhousie au Nouveau-Brunswick, dans l’embouchure de la rivière Restigouche, est l’objet de cette recherche. Il faut d’abord établir le régime alimentaire de ces oiseaux, ensuite déterminer le nombre de cormorans composant la colonie et, enfin, estimer le nombre de smolts produits par ce bassin versant.
Régime alimentaire des cormorans à aigrettes À la manière de différentes espèces d’oiseaux de proie, comme les hiboux par exemple, les cormorans produisent des pelotes de régurgitation. Elles sont composées d’éléments non digérés par l’oiseau. Dans notre cas, nous y retrouvons différentes parties du corps des poissons (arcs
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Nid et éclosions. Photo : Joanie Carrier
Colonie de cormorans vu d’un drone. Photo : CGBVRR
obtenir des images aériennes de haute résolution. Ainsi, nous avons effectué un décompte précis du nombre de nids. En 2015, la colonie comptait environ 1150 couples nicheurs.
branchiaux, opercules, arêtes, dents, cristallins, écailles, etc.), des coquilles de mollusques et des carapaces de crustacés, les éléments les plus résistants. Plus particulièrement, nous nous intéressons aux otolithes, soit les os de l’oreille interne des poissons. Tous les poissons-téléostéens possèdent trois paires d’otolithes : le lapillus, la sagitta et l’asteriscus. Ils sont situés dans une capsule de part et d’autre de la boîte crânienne et contribuent à la réception des signaux acoustiques et à la réponse aux forces d’inertie et de gravité. La sagitta est la plus volumineuse. La lecture de l’âge des poissons peut s’effectuer par dénombrement des anneaux de croissance qu’elle présente, sous le même principe que l’âge des arbres. Cette paire d’otolithes possède une forme caractéristique pour la plupart des espèces, ce qui permet de les identifier en l’absence d’autres références.
Production de smolts dans le bassin versant
En 2014 et 2015, lors des mois de mai et de juin, un minimum de 60 pelotes de régurgitation, chaque semaine, a été récolté sur la colonie de cormorans de Bonamy Rocks. Cette période correspond à la dévalaison printanière des smolts de saumon atlantique. La route de migration qu’ils empruntent coïncide avec le secteur d’alimentation des cormorans. Dans le but de vérifier la présence d’otolithes de saumon, tous les otolithes ont été retirés de chacune des pelotes de régurgitation. Afin de caractériser leur régime alimentaire, les otolithes de 30 pelotes par semaine ont été identifiés, c’est-àdire associés à la famille ou l’espèce de poisson à laquelle ils appartiennent. Ils ont aussi été dénombrés.
Les smolts capturés sont dénombrés, certains mesurés, d’autres sont aussi marqués et relâchés en amont de la trappe pour être utilisés dans une modélisation avec la technique de capture-marquage-recapture. C’est ainsi que le nombre de smolts produits annuellement est estimé. Il correspond donc au nombre de proies potentielles de saumon atlantique disponible pour la consommation des cormorans durant cette période.
Taille de la colonie de Bonamy Rocks
En connaissant l’importance quantitative des smolts dans le régime alimentaire du cormoran, il est possible d’estimer l’impact potentiel de cette prédation sur la production annuelle de smolts. En effet, la littérature scientifique met de l’avant qu’un cormoran à aigrettes produira, théoriquement,
Pour déterminer la taille d’une colonie d’oiseaux, il suffit de connaître le nombre de couples nicheurs. Nous utilisons le nombre de nids visibles sur les îlots de Bonamy Rocks comme indice du nombre d’adultes (1 nid = 1 couple nicheur = 2 adultes). Comme il s’agit d’un terrain à accessibilité réduite, nous avons fait appel à un drone pour
Pour estimer le nombre de smolts produits dans le bassin versant de la rivière Restigouche, chaque année, Pêches et Océans Canada (MPO), en collaboration avec des organismes locaux et les premières nations, opère des trappes rotatives : une sur la rivière Kedgwick, une sur la rivière Upsalquitch et deux sur la rivière Restigouche. En 2015, une cinquième trappe a été mise en place sur la rivière Matapédia par le CGBVRR en collaboration avec la Corporation de gestion des Rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP) et la communauté Mi’gmaq de Listuguj. Ces engins permettent de capturer les smolts vivants lors de leur dévalaison.
Utilisation des différentes données
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une pelote de régurgitation toutes les 24 heures. Ainsi, considérant que c’est le cas pour chaque adulte nichant sur la colonie, on peut extrapoler le nombre de smolts potentiellement consommés. Une modélisation permet d’obtenir le pourcentage, avec une précision statistique, de la production annuelle qui ne survivra pas en raison de la prédation par cette colonie de cormorans à aigrettes.
De la théorie à la réalité Évidemment, ces données possèdent toutes une incertitude qui leur est propre. De ce fait, mises en relation, la précision réelle de l’information résultante est diminuée. De plus, bien entendu, il doit y avoir des smolts dans les pelotes de régurgitation étudiées pour mettre en place le modèle bioénergétique exposé précédemment.
Résultats préliminaires Jusqu’à maintenant, les résultats préliminaires concernant le régime alimentaire des cormorans de Bonamy Rocks démontrent seulement une présence anecdotique d’otolithes appartenant à la famille des salmonidés, qui ont une forte probabilité de correspondre à des smolts de saumon atlantique. Les espèces de poissons dont ils se nourrissent principalement sont le poulamon, l’éperlan arc-en-ciel, la plie rouge, le capelan et différentes espèces de chaboisseaux et espèces serpentiformes dont la lompénie-serpent et la motelle à quatre barbillons. Le côté opportuniste de l’alimentation du cormoran à aigrettes est mis en évidence dans cette étude. En effet, il semble privilégier les espèces de poissons qui sont présentes dans son environnement à proximité de la colonie. Le nombre de poissons consommés pour certaines des espèces varie dans le temps, entre le début mai et la fin juin, en fonction de leur distribution saisonnière. Par exemple, c’est dans la période où le capelan fraie (roule sur les berges) que sa présence dans les pelotes de régurgitation est la plus importante. Cette étude démontre que, contrairement à la croyance populaire, le cormoran à aigrettes ne représente pas une menace pour la survie des smolts du bassin versant de la rivière, et ce, pendant leur
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migration alors qu’ils franchissent l’embouchure de la rivière Restigouche vers la baie des Chaleurs. Il est important de mentionner qu’il s’agit de résultats représentatifs exclusivement pour cette région. Le caractère opportuniste du cormoran, la présence brève des smolts dans leur zone d’alimentation et le synchronisme d’abondance d’autres espèces de poissons semblent être des facteurs qui, combinés, agissent à la manière d’un filtre protecteur contre la prédation.
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LA REL ÈVE
MA PREMIÈRE FLÈCHE D’ARGENT 44 LE MAGAZINE SAUMON
Texte de
Jade St-Laurent
D’aussi loin que je me souvienne, la pêche au saumon a été l’activité principale de mes vacances d’été en famille. Mes parents, surtout mon père, sont de grands... non pas amateurs, mais maniaques de pêche. Il va sans dire que je n’avais pas vraiment le choix de les accompagner! Cela m’a toutefois permis d’apprivoiser la nature, mais ça m’a aussi procuré la curiosité d’en apprendre davantage sur cette activité. Mes tous premiers lancers ont été faits sur la riviere Matane à l’âge de 6 ans. Mon père en était tellement fier, à l’époque, qu’il avait écrit un article sur la relève dans le Magazine Saumon (numéro 87, à la page 47). Peut-être vous rappellerez-vous de cette photo d’une petite fille en bottes roses? Cependant, ce n’est que l’an dernier que mes lancers ont été considérablement améliorés grâce aux précieux conseils de Joannie De Lasablonnière, instructrice certifiée IFFF, lors du Forum Spey tenu à Sherbrooke.
Alors voici ma grande rencontre avec le roi des rivières... Nous sommes au mois de juillet 2015, en route vers le secteur 6 de la Grande-Rivière, qui coule dans la baie des Chaleurs de la Gaspésie, près de la localité du même nom. Mes parents et moi étions accompagnés de nos amis de la France, Éric et Karine. Un long trajet de voiture, quarante-cinq minutes au moins, qui m’a paru deux heures, suivi d’une randonnée en forêt qui m’a paru encore plus longue. Enfin arrivée à la fosse, j’étais déjà totalement épuisée! Mais, vu l’engouement de mon père à me faire pêcher la première, il était hors de question que je me repose!
mouches que confectionne Daniel Duval. Je vous ai dit que j’avais amélioré ma technique... pas qu’elle était parfaite! Bien que mon père tienne particulièrement à ses attirails, la fierté de voir sa fille pêcher a vite fait de lui faire oublier les mouches brisées. Par la suite, son bras m’est venu en aide pour arrêter la canne afin qu’elle n’aille pas trop loin derrière moi. On a pu sauver le reste de sa boîte à mouche! Mon père m’installe une petite mouche orangée appelée Marie-Claude. Ma mère, déjà bien installée derrière la caméra, se garde bien de tout commentaire. Nos amis, bien en place à la table de pique-nique située un peu plus haut derrière nous, préparent leur appareil photo. C’est très excitant, car je vois les saumons par dizaines se promener dans une eau cristalline, et sautiller juste devant moi... mais rien d’autre ne se produit. Je perds mon adrénaline et le goût de continuer lorsque je me rends compte que ma soie passe dessus leur tête, plus loin. Je suis un peu tannée, et je veux rendre la canne à mon père. Curieusement, même en plein mois de juillet, il fait une température vraiment exécrable... j’ai froid. Mais il souhaite que je termine ma rotation et me dit : « J’en vois six plus loin! Continuons! » J’obtempère donc par orgueil, mais surtout pour l’amour de mon père qui, je le sais, serait aux anges si une belle flèche d’argent s’accrochait à l’hameçon. J’ai alors senti ma soie se raidir sous mes doigts glacés! Je n’ai pas eu le temps de réaliser ce qui m’arrivait que, déjà, mon père levait ma canne bien haut. En pêcheur expérimenté, mon père avait vu le saumon partir derrière ma mouche. J’ai lâché ma soie... et le combat a commencé!
Mon père me dit alors à l’oreille : « La première mouche du matin est souvent chanceuse! Alors, reste sur tes gardes et regarde toujours trois mètres environ plus loin que l’extrémité de ta soie. Et surtout, n’oublie pas de ferrer et, ensuite, de lâcher la soie. » Je crois me souvenir qu’en 10 lancers, j’ai brisé quelques « précieux », c’est-à-dire des fameuses SAUMON | WWW.FQSA.CA
Photo : Éric Fievre
Il n’est que 10h30 du matin et ma journée est vraiment terminée cette fois-ci! Je suis fière de ma première capture et mon père l’est davantage! Je m’assois près de lui pour visionner mon exploit sur l’écran de la caméra; c’est alors que celui-ci me dit avec émotion que nous avons quelque chose en commun, lui et moi. Pour la prise de notre premier saumon, nous avions le même âge, soit 12 ans… sauf que le saumon de mon père pesait le double de celui que je venais de gracier.
« Je garde un souvenir impérissable de cette belle journée. Je me promets de répéter l’expérience, ne serait-ce que pour voir encore la fierté dans les yeux de mon père. »
Photo : Éric Fievre WWW.FQSA.CA | SAUMON
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Je me souviens de m’être dit : « Ben voyons! Il est donc bien fort, lui! » Sous les NOMBREUX conseils de mon père, Salmo salar nous a fait sentir qu’il n’appréciait pas du tout d’être piqué, mais il nous a donné un beau spectacle. Un beau saumon de 12 livres! Après avoir laissé le saumon faire plusieurs sauts hors de l’eau et plusieurs va-et-vient dans la fosse, mon père le capture adroitement par la queue (car nous le remettrons à l’eau). Le temps de quelques photos rapides pour immortaliser ce beau moment et hop… on le remet à l’eau.
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MOUCHES D’EXCEPTION, 2E ÉDITION Hameçon : Daiichi 2051 Allec Jackson’s spey
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Fil :
UTC 70 D noir (fil noir)
Ferret :
Fil d’acier or
Queue :
Fibres de sabre de paon et flanc de mallard chartreuse
Cul :
Tinsel plat vert
Corps :
Trois fibres de paon
Côtes :
Tinsel plat holographique chartreuse et fil d’acier argent
Ailes :
Flanc de mallard chartreuse et faisan argenté bleu
Sous-ailes : Queue de renard chartreuse et temple dog vert foncé Collerette : Plume Spey noire Tête :
Fil noir 70 deniers
Mouche, Frank Spécial Françis Goyette-Giguère C’est un pêcheur local de la rivière du Gouffre qui a baptisé cette création de type Spey, qui a été très productive jusqu’à présent sur cette fabuleuse rivière. Ce n’est que quelques instants après que je lui ai remis cette mouche, que celle-ci a fait ses preuves sur l’une des fosses les plus réputées de la rivière. Cette création, datant d’il y a deux ans, se caractérise par des couleurs à la fois sombres et claires. D’ailleurs, ces couleurs sont des choix très avisés pour les rivières à saumon du Québec :
dans les eaux rougeâtres de la région de Charlevoix, dans les rivières plus foncées de la Côte-Nord et même les eaux plus limpides de la Gaspésie. Comme je pêche plus particulièrement sur une rivière où le débit est assez élevé, cette mouche pas trop chargée en matériaux nage très bien dans l’eau et est plus efficace lorsqu’elle est utilisée avec beaucoup d’angle en situation de pêche. Sur ce, bon montage et j’espère qu’elle vous apportera autant de succès que j’en ai eu avec elle!
Cul :
Soie Silver Oval Tinsel/ Chartreuse
(argent / chartreuse brilliant)
Queue :
Mélange renard arctique jaune
et orange/Deux pièces de Krystal Flash
Corps postérieur : Green Holographic Mylar (vert) Corps antérieur : Soie noire Côtes :
Silver Oval Tinsel (argent)
Ailes :
Renard Black Shadow (noir)
Collerette :
Perdrix jaune suivie de orange
Tête : Orange
Mouche, Green Butt Cascade Kevin Branch La Green Butt Cascade a toujours été une de mes mouches préférées pour pêcher sur la rivière Miramichi, autant en été qu’en automne. Ce type de mouche est habituellement plus utilisé en automne, mais plusieurs personnes m’ont dit
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qu’elles avaient un excellent succès quand l’eau est basse en été avec un petit hameçon simple (taille 8 – 10), ce que j’ai pu moimême observer. Les matériaux utilisés lui donnent son mouvement et sa couleur uniques dans l’eau. Je la recommande fortement à ceux qui veulent changer un peu de leurs modèles de base.
Queue :
Renard argent
Bout :
Fibre de paon
Corps :
Tinsel argent enroulé d’un hackle Grizzly
Collerette : Hackle de coq Grizzly Fil d’argent
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Tête :
Mouche, L’Argentée François Juliano Cette mouche sèche se veut un symbole de fierté chez les saumoniers québécois qui pratiquent leur sport dans les 118 rivières à saumon, dont plusieurs sont réputées parmi les plus belles au monde.
L’Argentée, qui a fait ses preuves en rivière, est la gagnante du concours initié en 2006 par la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Son créateur, M. François Juliano, lui a donné le nom L’Argentée, puisqu’elle représente bien les couleurs du saumon atlantique aux reflets argentés.
Ferret :
Tinsel oval Gold medium
Corps :
Micro Lucent chenille noir (Montana Fly )
Ailes :
3 à 4 brins de Krystal Flash Hot Orange sous une pincée de
Finn Racoon orange
Aile extérieure : 2 brins de Krinkle Mirror Flash Pearl de chaque côté Collerette :
Hackel de Blue Eared Pheasant naturel et un hackel
de faisan argenté
Joue :
Plume de coq de Sonnerat
Mouche, La Cordo Jacques Bouchard J’ai nommé cette mouche La Cordo en l’honneur de la fosse Cordonnier sur la Matapédia. 1er sept 2014 : fait vécu sur la Matapédia le lendemain du Mentorat de la FQSA. À la suite du mentorat de la FQSA 2014, je suis arrêté sur la rivière Matapédia sur le chemin du retour vers la maison. Arrivé à Causapscal vers 10h du matin pour me procurer mon droit d’accès et déposer mes guenilles au motel, j’enfile mes bottes de pêche et je me dirige vers la fosse du Cordonnier après avoir visité deux autres fosses. Je prends le temps de changer mon bas de ligne, je me dis
47
qu’à cet endroit, c’est du gros 12 livres test et j’attache une belle mouche qui ressemble à une Picasse orange, mais modifiée à mon goût. Contrairement à mes habitudes, je commence assez haut dans le rapide. À ce moment-là, je suis dans un genre de léthargie puisque je n’ai pas eu de saumon depuis quelques semaines, à l’exception d’un petit saumon sur la rivière Ste-Anne. Je me dis : « Amuse-toi et desserre la canne de tes mains. » Je sors de plus en plus de soie et puis, bang! La canne prend un méchant coup! J’en perds presque ma canne! Je ferre en ligne droite pour retenir la canne et lève après coup. Wow, c’est gros! Après 35 minutes de combat, j’ai dans les mains le plus gros saumon que j’ai pêché de ma vie! La remise à l’eau fut très émotive ! Depuis cet instant, la mouche est vite devenue ma préférée et, croyez-moi, elle est bonne partout.
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MONT EU RS DE MOUCHES
Hameçon :
48
Toute grosseur noir
Tag :
Tinsel gold holographique
Queue :
Poil de chèvre Nayta* orange
Corps :
Tinsel orange holographique
Côte :
Fil métallique argent
Gorge :
Même poil que la queue
Première aile : Poile de chèvre Nayat orange
LE MAGAZINE SAUMON
Deuxième aile : Poil de chèvre Nayat noir Troisième aile : Poil de chèvre Nayat jaune
Recouvrir les ailes de fibres de Krystal Flash Or
Tête :
La tête est recouverte de poli à ongle orange
Mouche, Possum Spécial Automne Lyne Trudeau Voici une mouche qui m’est de plus en plus demandée. La Possum Special est une mouche créée par Bryan Russell de l’Angleterre pour pêcher nos rivières à saumon de la Gaspésie, surtout du côté de la baie des Chaleurs où se trouvent les eaux cristallines. Vu le succès de
cette mouche, la Possum Special, j’ai créé une variation : la Possum Spécial Automne, à l’automne 2015. « Un must! » à essayer tard en saison, de l’été jusqu’à la fin de votre saison de pêche. Note : Le matériel poil de chèvre Nayat est remplacé par le poil d’ours polaire teint. Pour le poil noir, j’utilise du matériel craft car l’ours polaire teint noir n’existe pas.
Hameçon :
Partridge Bartleet #2
Fil de montage : Noir #8 Corps :
Swannundaze noir ou translucide
( avec soie floche de couleur en dessous )
Sous-corps :
Soie floche noire
Aile :
Poils de queue de chevreuil jaunes, poils de
renard argenté, Krystal Flash jaune ou noir (facultatif)
Gorge :
Héron noir ( subsitut : «Burnt Spey hackle» )
Collet :
Plume corps de faisan argenté Coq de Sonnerat
Tête :
Noire avec une bande jaune
Mouche, Picasse jaune Marc Leblanc Il y a plusieurs années, après avoir enseigné un cours de formation de guide pour la pêche au saumon, je me suis retrouvé un matin que je guidais en compagnie d’un de mes élèves qui m’accompagnait pour un stage pratique d’une semaine. Nous étions en juin et l’eau était très haute et brouillée, après avoir fait quelques « drops » avec mon canot de 28 pieds dans la fosse Mills Brook sur la Petite-Cascapédia et que rien ne s’était passé, j’ai dit à mon pêcheur : « J’ai monté une nouvelle mouche hier au soir et on va l’essayer. » La mouche était montée sur un très gros hameçon 3/0. Alors, j’attache la mouche au bas de ligne et mon pêcheur lance cette grosse mouche en aval dans le courant. Le jeune guide qui m’accompagnait, André Henri (aujourd’hui déSAUMON | WWW.FQSA.CA
cédé), s’exclama à la vue de la mouche frappant l’eau dans son éclaboussure dû à sa grosseur et son poids : « Ça tombé à l’eau comme une Picasse. » Et après quelques pieds de dérive, un gros saumon a pris la mouche, donné tout un combat pour finir dans l’épuisette. Lorsque le calme fut revenu, j’ai demandé à André: « C’est quoi une Picasse? » Il me répond : « C’est une ancre » dans son jargon. Peu de temps après cela, je tombe par hasard sur un petit livre sur les mots du vieux français, la langue bien sûr. Et je trouve le mot Picasse, qui était en fait une ancre faite d’une racine d’aulne dans laquelle on introduisait une très grosse roche et que l’on attachait pour en faire une ancre que l’on employait pour retenir les filets en mer pour la pêche côtière comme pour le hareng ou encore pour les cages à homard. Il y en a différents modèles. Donc, le nom est resté et la mouche en est une des plus populaires maintenant dans la pêche au saumon.
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DE S ART IST ES D ’ ICI
52 LE MAGAZINE SAUMON
LOUIS TREMBLAY UNE ÉNERGIE ET UNE JOIE DE VIVRE INCOMPARABLES
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Texte de Josée Arsenault, Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA
Son évolution dans le monde des arts Originaire de la fabuleuse région de Charlevoix, Louis Tremblay, dont le père fut un ami proche du peintre René Richard, a grandi dans un décor des plus inspirants. Fervent ambassadeur du parc des Grands-Jardins et premier de cordée de la collection La Norditude, cet artiste autodidacte a su représenter à merveille les montagnes et les rivières qui sillonnent cet endroit des plus convoités par les voyageurs au Québec. Interprète passionné de la nature, on dit de lui que c’est un coureur des bois au regard particulier, que le village côtier émeut. L’essence de la nature le fascine. Il confie :
« C’est un privilège
Au nord de la Baie-James, grandeur 30x36, huile sur toile, Œuvre de Louis Tremblay
unique que de pouvoir créer à partir du fondamental, la seule façon de l’apprécier c’est, à chaque fois, de se surpasser. » WWW.FQSA.CA | SAUMON
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La première fois que j’ai eu l’occasion de croiser Louis Tremblay, j’étais éreintée à la suite de plusieurs heures de route ponctuées de multiples arrêts pour me rendre en Gaspésie sur une magnifique rivière à saumon, la Madeleine. À mon arrivée à la pourvoirie, je me rappellerai toujours l’énergie débordante que Louis dégageait en me parlant de son art, de l’inspiration qu’il retrouve dans la nature et des multiples arrêts qu’il avait faits sur la route avec ses compagnons pour dessiner ses croquis. Sa passion pour les montagnes et les cours d’eau est palpable, mais son amour inconditionnel pour la pêche ne fait aussi aucun doute! Toujours partant pour lancer sa ligne à l’eau, debout à la première heure et dernier arrivé au camp de pêche, il nous surprendra toujours avec ses anecdotes de pêche. C’est toujours un réel plaisir d’échanger avec ce fin raconteur et cet amoureux de la nature!
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DE S ART IST ES D ’ ICI
54 LE MAGAZINE SAUMON
Une quarantaine d’expositions à travers le Canada ont vite fait d’imposer le peintre sur la scène artistique nationale. Membre respecté et choyé de l’Institut des arts figuratifs, il est fièrement représenté dans les grandes galeries du pays telles que la Galerie Iris à Baie St-Paul, Multi art à St-Lambert et la Galerie Internationale à Québec. On le choisit pour enrichir de prestigieuses collections dont celles de la Ville de Québec, d’Alcan Canada, de Pratt & Whitney, du Consulat général de France à Québec, du musée de la Monnaie royale canadienne à Ottawa et de la Power Corporation du Canada. Ayant un grand respect pour ses précurseurs et constamment à la recherche de nouvelles connaissances, il a consacré une partie de ses études universitaires à l’histoire de l’art, et plus particulièrement aux premiers peintres qui se sont inspirés de la région de Charlevoix. Il s’est aussi intéressé à divers aspects académiques de l’art tels que l’architecture, l’art graphique et la photolithographie. À travers toutes ses formations, il a fréquenté l’Université du Québec à Chicoutimi, l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Université du Québec à Montréal et l’Université Laval, lui permettant ainsi de côtoyer diverses lignes de pensée. Ses connaissances ont consolidé la conviction de cet artiste qu’il appartient à une race de grands maîtres qui ont, à tour de rôle, sillonné les coins et recoins les plus inspirants du pays.
Les plus beaux paysages scéniques du Québec! Louis Tremblay a développé une maîtrise personnelle et actualisée de la peinture figurative, qu’il pousse souvent à la limite de l’abstraction. Ses tableaux rendent hommage aux paysages sauvages et ruraux, de Terre-Neuve à l’Ile de Vancouver.
Louis Tremblay, peintre
Des honneurs pour un peintre d’exception Soulignons qu’en mai 2015, Louis Tremblay, en tant que membre du groupe d’artistes-peintres La Norditude, a reçu la médaille de l’Assemblée nationale afin de souligner leur généreuse contribution dans le domaine de la faune au Québec. C’est plus de 68 000$ que la collection La Norditude a remis à la Fondation de la faune du Québec au cours de la dernière année. Aussi, ces peintres comptent parmi les plus grands donateurs de la Fondation Saumon grâce à leurs œuvres réalisées spécialement pour notre souper-bénéfice organisé annuellement au Capitole de Québec. Pour célébrer les 50 ans de carrière de Louis, la Ville de Chicoutimi lui rendra hommage le 15 juin prochain dans le cadre du Symposium international de peinture et de sculpture de Saguenay-Lac-SaintJean. Par ailleurs, il a aussi été pressenti pour être le président d’honneur du très attendu Symposium de peinture figurative de L’Étang-duNord qui se déroulera du 1 au 7 août 2016. À l’occasion de ce symposium incontournable du circuit québécois, dix artistes de grande renommée se rassembleront aux Îles-de-la-Madeleine pendant une semaine afin d’immortaliser la beauté de l’archipel sous leurs spatules et coups de pinceau. Au cours de sa carrière, Louis a été apprécié dans plus d’une trentaine de symposiums dans le cadre desquels il a pu partager ses connaissances et sa vision de l’art avec d’autres passionnés. SAUMON | WWW.FQSA.CA
Louis, nous tenons à te remercier de contribuer, comme tu le fais depuis près d’une décennie, à la protection du saumon atlantique et à la mise en valeur de ses habitats, par ton appui à la Fondation Saumon.
GALERIE DES MEMBRES
À gagner
Envoyez-nous une photo de votre dernière aventure en identifiant :
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● le pêcheur ● la rivière ● le photographe Vous pourriez paraître dans le prochain numéro du Magazine Saumon !
Carte de membre de la FQSA
Boite de mouches à saumon
IMPORTANT 1
Envoyez-nous votre photo par courriel à communication@fqsa.ca
2
Envoyez la photo en format JPEG avec la plus grande résolution possible.
3
Le participant permet à la FQSA d’exploiter et d’utiliser à toutes fins chacune des photographies soumises.
Valeur de 150$
À la suite de la parution du dernier numéro, le gagnant est M. Julien Robitaille. Félicitations !
Pêcheur : Gabriel Grenier, Guillaume Grenier, Alain Grenier, Elliot et sa mère, Jennifer Brown. Rivière : Bonaventure
Photo : Elisabeth Brie
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56 LE MAGAZINE SAUMON Pêcheur : Rénald Bourque
Pêcheur : Éric Fievre
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Rivière : Ste-Anne
Rivière : Grande-Rivière
Photo : Julien Robitaille
Photo : Karine Cherouvrier
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La Fondation pour la conservation du saumon atlantique est un organisme de conservation bénévole et indépendant qui a été créé grâce à une subvention unique de 30 millions de dollars du gouvernement du Canada. Chaque année, entre le 1er avril et la mi-décembre, nous lançons un appel de propositions de financement pour des projets innovateurs et pratiques. Ces derniers sont réalisés par des groupes communautaires voués à la conservation des populations sauvages du saumon atlantique et de leurs habitats. Visitez notre site Web afin d’obtenir plus d’information sur la marche à suivre pour demander du financement.
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