Magazine saumon 89

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons Volume 33, numéro 4 • HIVER 2011

illimités 89

Statistiques   de pêche pour 2010

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

Mentorat 2011 les détails

Causapscal : une ville « saumon »



Sommaire

Numéro 89 Photo couverture : Charles Cusson Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca www.saumon-fqsa.qc.ca Rédacteur en chef : Marc-Antoine Jean, majean@saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : Ghyslain Provençal Collaborateurs : Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Richard Sirois, Michel Jean, Gilles Shooner, Bernard Beaudin. Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes. Le conseil d’administration de la FQSA

4 Mot du président

14 La rivière Causapscal

6 From the president 10 Statistiques de captures du MRNF pour 2010 12 La FQSA s’adjoint un éditeur

Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : David Saint-Laurent, Sylvie Tremblay Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Marco Bellavance et Paul M. Leboutiller, administrateurs à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité Jacques Laroche, administrateur CGRSE Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Gestionnaires : 2 postes vacants Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Améllie Thériault

19 Causapscal UNE

ville saumon

19 Le site des Chutes et des Marais 26 Le Matamajaw Salmon Club 28 Le lancer : une approche nouvelle

36

36 Pêche au printemps à Gaspé

Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Index des publicités

Air Médic..............................................................................47 APRM.....................................................................................9 Auberge la Coulée Douce................................................ 17 Camp Bonaventure.......................................................... 35 CGRMP................................................................................ 17 Chez Pierre Bahamas....................................................... 46 CLD de la Matapédia......................................................... 17 Domaine de Raymond..................................................... 35 Fondation de la faune du Québec................................... 13 Gîte des Tilleuls .................................................................. 17 Hydro Québec .....................................................................2 L’Atelier du Moucheur...................................................... 33 La Capitale Assurances..................................................... 31 Latulippe............................................................................. 25 Le Coin du Moucheur....................................................... 55 Pourvoirie des lacs Robidoux.......................................... 49 Salmon Lodge .....................................................................8 Salon Expert Chasse et Pêche....................................... 56 Saumon Québec..................................................................8 Temple Fork Outfitters...................................................... 49 Torrent.................................................................................. 31 UNI....................................................................................... 25 Ville de Causapscal ........................................................... 17

Le conseil des Gouverneurs 2010 Membres corporatifs Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore Membre individuel M. John E. Houghton

38 MENTORAT 2011 40 La Rivière Trinité 42 La rivière Aux Rochers 44 Les truites de mer dans la rivière Nouvelle 50 Musée de pêche à la mouche de Montréal 40


Photo : Patrick Beaumont

Mot du président

Pour une véritable gestion écosystémique

L

es interventions réalisées sur l’ensemble du bassin versant d’une rivière influencent la qualité et la productivité des habitats du saumon en eau douce, c’est un fait bien connu. En matière de gestion des écosystèmes aquatiques le Ministère de l’Environnement, du Développement durable et des Parcs a fait de la gestion par bassin versant l’élément-clé de sa politique de l’eau. Pour sa part, le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune a récemment adopté les concepts de développement durable et de gestion écosystémique des forêts, dans la Loi sur l’aménagement durable des forêts. Gestion écosystémique, approche par bassin versant, développement durable des ressources en milieu forestier, le Gouvernement a donc bien saisi tous les concepts de l’écologie moderne. Mais voilà il y a un hic ! Je devrais plutôt dire, il y a plusieurs lacunes dans le document de Stratégie d’aménagement durable des forêts (SADF) et dans le projet de Règlement sur l’aménagement durable (RADF) actuellement soumis à la consultation publique. J’en prends pour preuve les trois exemples suivants. Tout d’abord la SADF ne prévoit pas de mécanisme d’intégration des plans d’exploitation forestière à l’ensemble des autres usages du territoire à l’échelle des bassins versants. C’est donc dire que l’impact cumulatif des opérations forestières sur des bassins versants déjà agressés par l’urbanisation, l’agriculture ou l’industrialisation ne seront pas pris en compte. Pourtant le saumon, dans son milieu de vie, subit nécessairement de façon intégrée et

4 Saumons illimités

cumulée toutes les modifications de son habitat provenant de différentes sources. Dans ces conditions peut-on vraiment parler de gestion par bassin versant ou même de gestion écosystémique ? Un second exemple. Le milieu riverain constitue en quelque sorte l’interface entre la forêt elle-même et le milieu aquatique et qui réagit à la fois aux perturbations de la pleine forêt et à l’influence du milieu aquatique. Le milieu riverain possède une configuration variable imposée par la topographie, par les dépôts de surface, par l’ampleur de la plaine inondable et par d’autres facteurs physiques de l’environnement. Le RADF réduit le milieu riverain à des bandes vertes de largeurs uniformes de quelques dizaines de mètres, 20 ou 60 m selon le cas, tout juste suffisantes pour empêcher l’érosion des rives, le réchauffement de l’eau et le ruissellement excessif de minéraux qui pourraient nuire à la vie aquatique. C’est déjà un pas dans la bonne direction, mais le RADF escamote néanmoins le fait que le milieu riverain en tant que sous-ensemble de l’écosystème forestier constitue l’espace géographique où la biodiversité forestière est la plus riche. Il devrait donc bénéficier d’un plus haut niveau de protection. Alors que la SADF annonce un virage écosystémique, la RADF vient en réduire la portée. Voilà donc de belles intentions qui, par une mauvaise compréhension de l’ensemble des composantes de l’écosystème forestier, ne se concrétisent pas dans les faits. Un troisième exemple. Afin d’atténuer l’impact des coupes forestières sur le régime hydrologique des rivières à


des forêts saumon, il est prévu que les taux de déboisement sur les bassins versants de 100 km2 et plus seront limités à 50%. De telles normes n’ont aucun sens au plan de la ressource salmonicole. D’une part, il est connu que les jeunes saumons peuvent occuper des bassins versants aussi petits que 20 km2. Donc si l’on doit appliquer une norme de déboisement à une superficie de bassin versant, une telle norme devrait tenir compte de la taille des plus petits bassins versants des cours d’eau fréquentés par le saumon. D’autre part, la norme de 50% de taux de déboisement admissible dépasse largement les normes admises à cet égard en Colombie-Britannique sur les rivières à saumon de cette province. En fait, sur la Côte ouest on considère qu’un taux de déboisement supérieur à 30% correspond à un risque élevé de modification du régime naturel d’écoulement des eaux d’une rivière. Le code forestier de cette province prévoit donc que le taux de 30% ne doit pas être dépassé sauf pour des considérations extraordinaires. Au Québec, les seules études établissant un lien entre l’habitat du saumon et les exploitations forestières ont été réalisées par le Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA), notamment sur le bassin hydrographique de la rivière Cascapédia. L’une de ces études mentionne que des modifications significatives à la section d’écoulement des cours d’eau fréquentés par les jeunes saumons et à la composition des communautés d’invertébrés, qui constitue la base alimentaire des jeunes saumons, se sont produites suite à des taux de déboisement de 29% des bassins versants. Voilà qui justifie la prudence démontrée par le code forestier de

la Colombie-Britannique. Que doit-on dire d’un taux de déboisement admissible de 50% ? En résumé, la Loi sur l’aménagement durable des forêts montre de bonnes intentions et le Gouvernement doit être félicité pour avoir pris le virage écosystémique. La SADF énumère un bon nombre de principes valables à ce sujet, mais la vision écosystémique qu’elle devrait refléter présente des lacunes évidentes. En effet, la SADF nous apparaît encore trop imprégnée de l’ancienne vision où la production de la matière ligneuse est l’élément dominant du milieu forestier auquel tout est subordonné. Quant au RADF, il faut revoir un certain nombre de normes qu’il édicte à l’égard du milieu riverain et à l’égard de la protection du milieu aquatique, notamment pour les rivières à saumon. Le véritable virage vert dans la gestion des forêts du Québec reste encore à venir. La FQSA a déposé un mémoire au Ministère des ressources naturelles et de la Faune pour se porter à la défense des rivières à saumon et demander des ajustements à la Stratégie d’aménagement durable des forêts du Québec. On verra bien si le geste suit la parole !

Yvon Côté, président

Saumons illimités 5


Photo : Patrick Beaumont

From the president

For a veritable ecosystemic management

I

nterventions carried out throughout a rivers watershed influence the quality and productivity of freshwater salmon habitats, it is a well-known fact. In matters pertaining to aquatic ecosystem management, the Ministry of the Environment, Sustainable Development and Parks, has made watershed management the key element of its policy on water use. For its part, the Ministry of Natural Resources and Wildlife recently adopted the concepts of sustainable development and ecosystematic forestry management as described in the Sustainable Management of Forests Act. Systematic management, watershed level planning, sustainable development of forest resources, the government seems to have indeed embraced all the concepts of modern ecology. However, there’s a glitch! Or I should rather say, there are several apparent gaps in the document on the Strategy on Sustainable Management of Forests (SADF), as well as in the proposed supporting document, the Regulations on Sustainable Management (RADF) that are presently the subject of public consultations. I cite the following examples as proof. First, the SADF does not provide for any integration mechanisms between forest exploitation plans and any other form of land use at the watershed level. This means that the cumulative impact of forest operations within watersheds already subjected to urbanisation, agriculture, or industrialisation, is not taken into account. Salmon however, are necessarily affected, in an integral

6 Saumons illimitĂŠs

and cumulative way, to all habitat disturbances from every different source. Can we really qualify this then as watershed or even ecosystemic management? The second example. The riparian zone constitutes an interface in a way, between the forest itself and the aquatic environment, and as such, reacts to disturbances occurring deeper within the forest, as well as also being influenced by the aquatic environment. The configuration of a riparian zone varies considerably, specific conditions being imposed by topography, surfaces deposits, the extent of the flood plain, as well as by many other physical environmental factors. The RADF however, reduces the riparian zone to an almost uniform linear green strip, 20 to 60 meters wide depending on the case, just sufficiently enough to prevent bank erosion, water temperature increases, and excessive run-off of minerals that could be harmful to aquatic life. For sure, this is a step in the right direction, but the RADF unfortunately minimises the fact that the riparian zone, as a component of the overall forest ecosystem, constitutes a geographical space where forest biodiversity is the greatest. The riparian zone should necessarily benefit from a higher level of protection. Whereas the SADF proclaims an ecosystematic turnabout, the RADF subsequently reduces its scope. Here we can see that good intentions, through a poor understanding of the forest ecosystem as a whole, simply do not crystallise into fact. The third example. In order to mitigate the impact of forest exploitation on the hydrological regime of salmon rivers, it


of forests is being proposed that the deforestation rate in watersheds of 100 km2 and more, be set at 50%. Such standards make no sense when dealing with salmon resources. First, it is well known that young salmon occupy river watersheds as small as 20 km2. Therefore, if we must establish a standard deforestation rate based on watershed area, then it should necessarily take into account the smallest watersheds occupied by salmon. Moreover, the proposed 50% admissible deforestation rate largely exceeds similar standards set for salmon rivers in British Columbia. In fact, on the West Coast it is considered that a deforestation rate in excess of 30% greatly increases the risk of modifying the natural flow regime of a river. The forestry code of this province stipulates that a 30% deforestation rate not be exceeded, except under extraordinary circumstances. In Quebec, the only studies establishing a link between salmon habitat and forest exploitation have been carried out by the Inter-University Research Center on Atlantic Salmon (CIRSA), notably in the Cascapedia River watershed. One of the studies shows that, in river sections inhabited by young salmon, significant changes occur in water flow, as well as in the composition of invertebrate communities that constitute the food base of young salmon, when deforestation in a watershed exceeds 29%. These results certainly give credence to the cautionary approach shown in the forestry code of British Columbia. What can be said about the proposed admissible deforestation rate of 50% ? In summary, the Sustainable Management of Forests Act demonstrates good intentions and the government should

be congratulated for finally adopting an ecosystematic approach. The SADF lists a fair number of valid principles in this regards, but the ecosystematic vision that should have been subsequently reflected has evident gaps. In fact, it would seem that the SADF is still well impregnated with an out-dated vision where timber production remains the dominant element in forestry management, to which everything else is subordinated. As for the RADF, a certain number of proposed standards in regards to the riparian environment and to the protection of the aquatic environment, notably for salmon rivers should be revised. A veritable green turnabout concerning forestry management in Quebec remains to be seen. The FQSA has submitted a brief to the Ministry of Natural Resources and Wildlife for the defense of salmon rivers and to request needed adjustments in the Strategy on Sustainable Management of Forests in Quebec. We shall soon see if actions follow the word !

Yvon CĂ´tĂŠ, president

Saumons illimitĂŠs 7


FGRSQ-14-7x_Saumonill_demiFR.qxd:DemiPage coul HIVER2010

12/15/09

3:46 PM

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Photo : rivière Bonaventure

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Nous avons comme spécialité la pêche à vue au saumon atlantique sur les rivières sauvages que sont la Cascapédia, la Petite Cascapédia et la Bonaventure. Un hébergement et une cuisine exceptionnels, des guides professionnels et un service impeccable sont le label de qualité d’un séjour au Salmon Lodge.

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Statistiques de pêche sportive au Données fournies par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune Nom de la rivière Bonaventure Cascapédia Causapscal Kedgwick Matapédia Nouvelle Patapédia Petite rivière Cascapédia Total Q1

Mad.

Captures rapportées Réd. Total

Effort jours-pêche

Succès (cap./j-p)

434 32 18 8 709 7 81 56 1 345

0 22 61 7 730 0 6 0 826

434 54 79 15 1 439 7 87 56 2 171

6 135 4 036 307 227 7 780 517 840 1 066 20 908

0,07 0,01 0,26 0,07 0,18 0,01 0,10 0,05 0,10

124

39

163

1 018

0,16

58 49 18 103 18

0 0 0 0 2

58 49 18 103 20

292 297 226 471 182

18 138 234 760

0 44 454 539

18 182 688 1 299

79

1

95 390 145 15 78 119

Dartmouth De l’Anse à la Barbe* Du Grand Pabos Du Grand Pabos Ouest Du Petit Pabos Grande Rivière Malbaie Petite rivière Port-Daniel* Port-Daniel du Milieu* Port-Daniel Nord Saint-Jean York Total Q2 Cap-Chat De Mont-Louis* Madeleine Matane Mitis Ouelle Rimouski Sainte-Anne Sud-Ouest* Total Q3

Remises à l’eau

Succès Ajusté 1

1 129 1 359 8 0 421 7 17 218 3 159

0,25 0,35 0,28 0,07 0,24 0,03 0,12 0,26 0,25

0,20 0,16 0,08 0,22 0,11

38 45 29 69 0

0,33 0,32 0,21 0,37 0,11

107 1 929 4 847 9 369

0,17 0,09 0,14 0,14

7 434 143 765

0,23 0,32 0,17 0,22

80

856

0,09

105

0,22

43 401 81 4 0 45

138 791 226 19 78 164

1 016 6 640 1 182 229 809 1 957

0,14 0,12 0,19 0,08 0,10 0,08

37 49 42 0 60 361

0,17 0,13 0,23 0,08 0,17 0,27

921

575

1 496

12 689

0,12

654

0,17

Du Gouffre Jacques-Cartier* Malbaie (Charlevoix) Total Q5

60

0

60

1 631

0,04

89

0,09

70 130

0 0

70 130

593 2 224

0,12 0,06

39 128

0,18 0,12

À Mars Petit Saguenay Sainte-Marguerite Sainte-Marguerite Nord-Est Saint-Jean Total Q6

24 17 47 65 32 185

0 0 0 0 0 0

24 17 47 65 32 185

333 325 1 697 431 618 3 404

0,07 0,05 0,03 0,15 0,05 0,05

22 18 64 50 21 175

0,14 0,11 0,07 0,27 0,09 0,11

106

28

134

1 065

0,13

118

0,24

101 19

4 0

105 19

681 444

0,15 0,04

18 28

0,18 0,11

64 0

0 1

64 1

455 123

0,14 0,01

119

0,40

21

0

21

92

0,23

311

33

344

2 860

0,12

283

0,22

4 0 13 9 0

20 0 3 8 0

24 0 16 17 0

153

0,16

0

0,16

112 53

0,14 0,32

38 6

0,48 0,43

8 2 35 174 24 14 0 5 59

76 140 26 416 1 2 0 16 153

84 142 61 590 25 16 0 21 212

102 2 809 78 729 47 51

0,82 0,05 0,78 0,81 0,53 0,31

45 471 30 0 15 15

1,26 0,22 1,17 0,81 0,85 0,61

47 686

0,45 0,31

108

0,47

7 354

12 873

19 1 227

153 5 020

0,12 0,24

249 977

1,75 0,44

Aux Anglais* Aux Rochers Betsiamites* De la Trinité Des Escoumins Du Calumet* Franquelin* Godbout Laval Mistassini* Pentecôte Petite rivière de la Trinité* Total Q7 Aguanus Au Bouleau De la Corneille Jupitagon Magpie Matamec* Mingan Moisie Nabisipi Natashquan Petite rivière Watshishou Piashti Pigou Romaine Saint-Jean (Moy. Côte-Nord) Sheldrake* Watshishou Total Q8

10 Saumons illimités


saumon par rivière en 2010 Nom de la rivière Brador Est Chécatica Coacoachou Coxipi Du Gros Mécatina Du Petit Mécatina Du ruisseau au Saumon Du ruisseau des Belles Du Vieux Fort Étamamiou Kécarpoui Kégaska Musquanousse Musquaro Napetipi Nétagamiou Olomane Saint-Augustin Saint-Augustin Nord-Ouest Saint-Paul Véco Washicoutai Total Q9 À la Loutre À la Patate* À l’Huile* Aux Cailloux* Aux Plats* Aux Saumons Bec-Scie* Bell* Chicotte* Dauphiné* De la Chaloupe Du Pavillon* Du Renard* Du ruisseau Box* Du ruisseau Martin* Ferrée Galiote* Jupiter Maccan* MacDonald* Petite rivière de la Chaloupe* Petite rivière de la Loutre* Sainte-Marie* Vauréal* Total Q10

Mad.

Captures rapportées Réd. Total

9 0

5 0

14 0

0 79

0 7

4 4 39 94 9 8 5 4 5

Effort jours-pêche

Succès (cap./j-p)

Remises à l’eau

Succès Ajusté 1

8

1,75

0 86

113

0,76

128

1,89

2 1 5 51 1 1 2 0 2

6 5 44 145 10 9 7 4 7

4 3 226 260 45 30 46 7 141

1,50 1,67 0,19 0,56 0,22 0,30 0,15 0,57 0,05

304 133 11 4 0 0 353

1,54 1,07 0,47 0,43 0,15 0,57 2,55

10

5

15

37

0,41

127 20 37 454

60 1 8 151

187 21 45 605

705 12 74 1 711

0,27 1,75 0,61 0,35

1 400

2,25

1 2 334

0,62 1,72

22

2

24

297

0,08

2

0,09

43

0

43

205

0,21

26

0,34

56

9

65

125

0,52

55

0,96

0

0

0

0

298

4

302

542

0,56

481

1,44

419

15

434

1 169

0,37

564

0,85

4 879

3 012

7 891

59 354

0,13

9 039

0,29

À la Baleine Autres rivières Aux Feuilles George Koksoak Total Q11 Total Québec

* : Rivière fermée à la pêche au saumon. 1 : Le succès de pêche ajusté représente le nombre de poissons capturés auquel on ajoute ceux remis à l’eau vivants. Les rivières du Brick (Q10), depuis 1993, et au Tonnerre (Q8), depuis 1999, n’ont plus le statut de rivière à saumon, de même Étant donné que la remise à l’eau ne fait pas l’objet d’une déclaration obligatoire, les statistiques rapportées à cet effet demeurent un minimum et constituent donc une estimation. Depuis 2002, tous les saumons de 63 cm et plus (rédibermarin) doivent être remis à l’eau dans la zone Q10 ( Île d’Anticosti). Toutefois, en se basant sur des lectures d’âge des années antérieures, on considère que les saumons de plus de 58 cm sont des rédibermarins dans cette zone, ce qui explique leur présence dans les captures sportives. En 2010, aucune donnée n’a été fournie pour la région de l’Ungava (Q.11).

Saumons illimités 11


La FQSA

s’adjoint un éditeur Par Yvon Côté, président Photos : Marc-Antoine Jean

Le magazine Saumons illimités s’avère un service très apprécié par les membres de la FQSA. Le magazine dédié aux saumoniers est reconnu pour la qualité et la variété de ses articles ainsi que de ses photos. Cette publication fait la fierté des administrateurs de la FQSA et nous avons à cœur que tous les lecteurs en soient fort satisfaits. Nous désirons que Saumons illimités se développe et s’améliore encore plus.

Ghyslain et MarcAntoine unissent leurs efforts pour amener le magazine à un niveau supérieur de qualité.

Une équipe solide et dynamique! Pour atteindre cet objectif, un éditeur se joint à l’équipe de rédaction et de production : monsieur Ghyslain Provençal. Grâce à son expérience en communication, en environnement (président du Comité de restauration de la rivière Etchemin) et comme pêcheur de saumon, il est le candidat idéal pour accomplir ce rôle. À titre de responsable du magazine, il a le mandat de veiller à ce que la qualité de la publication, autant sur le plan de la forme que du fond, soit au plus haut niveau possible. Ghyslain travaillera en étroite collaboration avec Marc-Antoine Jean, rédacteur en chef de Saumons illimités. Marc-Antoine s’occupera de la gestion des textes et des photos, de la vente d’espaces publicitaires, et il fera le lien avec nos fournisseurs externes en graphisme et en impression. Ils sont assistés dans leur travail par le comité de rédaction composé du président de la FQSA ainsi que de membres reconnus dans le domaine

de la pêche au saumon, soit : Bernard Beaudin, André-A. Bellemare, Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Gilles Shooner et Richard Sirois.

Aidez-nous! Pour nous aider à atteindre cet objectif d’amélioration continue, nous vous invitons à nous transmettre tous vos commentaires et suggestions à l’adresse indiquée plus bas. Nous accueillerons ceux-ci avec beaucoup d’ouverture et de respect.

majean@saumon-fqsa.qc.ca

Mot de l’éditeur Par Ghyslain Provençal C’est avec beaucoup d’enthousiasme et de fierté que je me joins à l’équipe de rédaction et de production de la revue Saumons illimités. Mon rôle d’éditeur consiste à vous présenter un magazine de qualité supérieure et à la hauteur de vos attentes. Il s’agit pour moi d’un défi fort stimulant. J’y vois également la chance de contribuer à la protection de la ressource et de ses habitats ainsi qu’au développement de la pêche sportive du saumon atlantique au Québec. Étant moi-même un pêcheur de saumon depuis une vingtaine d’années, j’ai à cœur que cette activité extraordinaire se perpétue. Vivre en pleine nature, observer les oiseaux et animaux sauvages, passer du bon temps avec son conjoint ou sa conjointe, et avec les amis, être aux prises avec ce poisson si puissant et combatif : voilà plusieurs facettes d’une activité 12 Saumons illimités

hors du commun qui mérite d’être développée au maximum. D’ailleurs, dans la poursuite de cet objectif, la FQSA met en place pour la cinquième année son activité de MENTORAT, qui aura lieu en 2011 dans la belle région de la Côte-Nord du Québec. Je vous invite à lire aux pages 38 à 43, un article présentant les détails de l’activité ainsi qu’une présentation de deux rivières qui accueilleront l’événement. Je souhaite sincèrement que de nombreux amateurs bénéficient de la riche expérience de nos mentors. Plus les pêcheurs augmenteront leur chance de capturer un saumon, plus ils seront en mesure de comprendre l’expression populaire : « Avoir la piqûre du saumon ». Bonne lecture!


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En collaboration avec RDS et l’Association des concessionnaires Chevrolet du Québec Cet espace a été offert par la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, partenaire de l’Encan faune et nature

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La Rivière Causapscal : petite rivière, petit coin de paradis, gros saumons! Texte et photos par Charles Cusson, Fédération du saumon atlantique

F

osse 23 du secteur 2 de la Causapscal, 24 juin 1998, vers 10 h 30. « Charles, lance ta sèche le plus en amont possible et laisse la dévaler jusqu’au pied de la fosse pour voir s’il y a quelque chose dans le trou… », me conseille judicieusement notre excellent guide Yves Leblanc. Quelques minutes plus tard… Mais attendez un instant, le temps de revenir à l’année 1994… Ma première visite dans la vallée de la Matapédia, qui remonte au 24 juin 1994, coïncide avec la réouverture du prolifique tributaire qu’est la rivière Causapscal. Nous rencontrons notre guide, le célèbre Jean-Paul Gauthier, au poste d’accueil qui se trouvait à l’époque en face de l’ancien club Matamajaw, sur la rue St-Jacques à Causapscal. Parce qu’il fait chaud, Jean-Paul s’empresse de placer nos gréements de pêche dans sa VW Westfalia munie d’un moteur très spécial… Lorsque nous descendons une côte, le moteur arrête et redémarre tout seul au bas de la pente : effet assez cocasse lorsque vous voyagez sur les chemins de bois! 14 Saumons illimités

Rendus à destination, soit au secteur de la fosse Bateau de la rivière Causapscal, Jean-Paul nous fait connaître une expression qu’il nous répète par la suite plusieurs fois pendant le voyage : « Au travail! » Il embarque mon père dans le canot afin de passer une mouche dans la fosse Bateau, et me regarde en disant : « T’es jeune toi! Monte un peu plus haut le long de la rivière et pêche dans la fosse Denise. Si tu piques, lâche-moi un cri et on viendra te sauver. » Ceux qui ont déjà pêché avec Jean-Paul peuvent témoigner de son sens de l’humour assez particulier. Alors que je m’engage sur le sentier vers la fosse Denise, il me lance : « Si tu tombes à l’eau et tu te noies, c’pas grave, y a des sports à tous les coins de rue. Un bon guide par contre, c’est rare et ça vaut son pesant d’or. » Après ces paroles d’encouragement, je continue ma marche jusqu’à la fosse. En arrivant, j’aperçois quatre « bélugas » (terme utilisé par Pierre Manseau, fondateur de l’évènement mentorat de la FQSA, qui est venu voir s’il y avait de l’action) qui se tiennent au pied de la fosse. Le temps de reprendre mon sang-froid, j’attache une Magog Smelt no 2 simple au bout de mon avançon. Quelques lancers plus tard, je suis « attelé » à quelque chose de sérieux. Quand Jean-Paul et mon père me rejoignent, le saumon a déjà plié l’hameçon et la mouche est expulsée


Un gros saumon du mois de mai, dans les premiers de la saison

hors de l’eau d’une façon bizarre en direction de ma tête. Jean-Paul me regarde alors en disant : « Voilà… Au travail! » Cet épisode a été l’aventure de la journée. Gare aux mouches de dépanneur!

toujours de belles pêches

Pendant les quatre années suivantes, à l’époque où les réservations se faisaient par téléphone, le 1er novembre, mon père et moi avons L’heure est grave été très chanceux de pouvoir réserver des séjours sur la Causap aux mêmes dates, soit du 23 au 26 juin. Nous avons toujours fait Le lendemain, nous faisons la descente en canot du secteur de belles pêches pendant cette période, même si nos confrères 2, en partant de la fosse Bateau pour terminer au Pont du nous disaient qu’il était trop tard dans la saison. Nous avons vécu 8 mille. Ne sachant pas à quoi m’attendre, j’aperçois mon Jean-Paul des émotions fortes chaque année dans plusieurs fosses telles Les avec son gilet de sauvetage bien attaché, vérifiant les cinq pôles Chutes, Mouchologue, Marie-Louise, Denise, Bateau, la 23 et au dans le canot. (En passant, lorsque vous apercevez votre guide Pont du 8 mille. Nous ne sommes pas à court d’anecdotes! qui porte son gilet de sauvetage, c’est que l’heure est grave!) Je m’informe alors auprès de lui pour savoir pourquoi il a autant Comme si c’était hier, je vois encore le saumon que le paternel d’outils dans le canot. avait sur sa ligne dans la fosse 23 : une pièce de 25 livres, si je ne m’abuse. Après une quinzaine de minutes de combat, le saumon Après un petit soupir, il me répond : « Tu vas voir ». Quelques avait décidé de se reposer pendant quelques secondes sur une kilomètres plus tard, il ne reste que deux pôles dans le canot et roche à fleur d’eau en plein milieu de la fosse, avant de succomnous ne sommes pas encore rendus à la première fosse. Afin de ber à la puise d’Yves Leblanc. naviguer ce tronçon de la rivière, il faut absolument avoir un professionnel à la barre. Pendant le trajet, l’une brise et deux restent Le ciel couvert venait tout juste de s’éclaircir à la fosse Marie Louise prises entre des roches en appliquant les freins. À cause du fort quand Jean-Paul Gauthier m’a conseillé de changer ma noyée. Je débit de la Causap et du fait que plusieurs pêcheurs qui ont fait lui ai demandé : « Une petite Silver Rat? » Excellent choix, m’a-t-il la descente avant nous ont passé leur temps dans l’eau ou à vider répondu. La mouche attachée à mon avançon, je m’attardais à le canot, cette descente a été abandonnée après la saison 1994. vouloir étendre un peu de ligne. Après avoir lancé quelques pieds de soie et mon avançon, j’ai tourné la tête une fraction de seconde Le voyage se termine quelques heures plus tard dans la fosse pour dire quelque chose à mon père, lorsque qu’un cri des plus Grand Remous avec un beau douze livres récolté par mon père, strident jaillit : « FERRE! » Les gens du village de Causapscal avaient et pour moi, par « un p’tit perdu » dans la fosse Dernière Chance. certainement entendu le cri aussi! Le temps de lever ma perche et C’est là que notre voyage prend fin, mais ce n’est certainement pas d’entendre mon moulinet produire un bruit d’enfer et j’étais déjà notre dernière visite dans la vallée! dans ma ligne de réserve. Je n’avais absolument rien vu! Nous Saumons illimités 15


La fosse 23

avons tous les deux sauté dans le canot en direction du pied de la fosse, où ma soie faisait le tour d’une ancienne « cabane » de castor submergée. Puis, j’ai aperçu une immense ombre partir avec mon bas de ligne… Après quelques instants de silence et des regards au ciel, Jean-Paul a haussé les épaules en disant : « C’était gros »… L’année suivante, j’ai piqué un saumon dans la même fosse. Cette fois par contre, j’ai affronté deux combats : celui du saumon et celui d’un billot de dix pieds enroulé dans ma soie. Visiblement, la chance ne me sourit guère dans cette fosse. De retour avec Yves Leblanc, nous pêchions dans la fosse du Mouchologue (en honneur de Pierre Tremblay, ancien propriétaire de la boutique Le Coin du Moucheur) quand il a décidé de faire passer une grosse mouche – une Lady Amherst. Pour ceux qui connaissent cette fosse, elle n’est pas grande, mais profonde et sombre. Yves a averti mon père : « Monsieur Cusson, s’il y a de quoi dans la fosse, ils vont venir faire un tour ». Avant que le premier lancer ne soit effectué, Yves s’est installé sur une branche d’arbre proche de la fosse afin d’être bien placé, juste au cas où... Et tranquillement, comme un sous-marin sortant des ténèbres, un monstre de plus de quatre pieds est venu jeter un coup d’œil. L’artificiel lui est passé directement sur le bout du nez. Yves est tombé presque dans la rivière en voyant ce spectacle et a hurlé en direction de mon père : « S’il prend la mouche, on vous ramasse dans le village ». L’un des immenses saumons de cette petite rivière nous a fait une petite visite pour ensuite redescendre au fond de la fosse, mais Salmo a refusé toute autre offrande par la suite. Lors d’un autre voyage, alors que nous étions à la fosse Denise, un saumon est monté treize fois consécutives aux mouches sèches présentées par Cusson sénior : notre guide, maître Leblanc, était au bout de ses émotions.

de retour en 1998 Et nous voici maintenant le 24 juin 1998 à la fosse 23 du secteur 2. Il vente à écorner les bœufs et plusieurs saumons se trouvent dans la fosse. Un scénario inouï s’apprête à passer à la postérité… Au bout de mon avançon, j’utilise un petit bomber vert et blanc que mon ami le regretté Bren Tilden m’avait donné pendant une excursion sur la Jacques Cartier l’année précédente. Il faut que je lance vers l’amont entre les bourrasques de vent. Tout d’un coup, le vent tombe de façon dramatique et Yves me crie : « Lance un peu plus haut et si possible, au centre de la fosse. Ça ne sera pas long. » Comme de fait, j’effectue mon lancer à l’endroit désiré, la mouche dévale quelques secondes et soudainement, la tornade explose avec un coup de mâchoire des plus agressif de la part d’un saumon enragé. Bien piqué, le saumon déguerpit vers le 16 Saumons illimités

bas de la fosse en voulant s’échapper par le rapide qu’Yves ne veut absolument pas enjamber. Tenant le filet comme un gardien de but, il effraye mon saumon qui rebrousse chemin vers le haut en un spectacle de sauts périlleux comme j’ai rarement vu pour un saumon de cette taille. Un combat classique : le saumon parcourt la fosse de fond en comble, coince la soie entre des roches (ce qui m’oblige à rentrer dans la fosse au-dessus de mes cuissardes), heurte presque le canot qui se trouve au bord de la fosse, et déjoue ensuite le gardien de but pour prendre le rapide vers la prochaine fosse. Trempés jusqu’au cou, nous suivons le saumon dans le rapide. Ma soie et une bonne partie de ma ligne de réserve sont sorties. Quelques instants plus tard, nous rattrapons le déchaîné. La bête boude dans le fond de la fosse en aval, là où nous avons commencé une vingtaine de minutes plus tôt. Pendant tout l’énervement de l’instant, mon père se découvre un talent de cinéaste : il filme le dernier lancer avant que le saumon ne gobe l’appât, sa réaction lorsqu’il goûte à l’hameçon, le spectacle dans la fosse, et notre course à toute épouvante quand le saumon donne l’impression de vouloir retourner aux Fourches sur la Matapédia. Quelques sueurs plus tard, j’arrive à maîtriser ma prise de 14 kg habilement puisée par mon ami Yves Leblanc. Je n’oublierai jamais ce qui, jusqu’à aujourd’hui, reste l’apogée de mes expériences de saumonier. Ce jour-là, j’ai pris la décision de gracier toutes mes prises. C’est donc le dernier saumon que je n’ai pas relâché.

félicitations à la cgrmp J’offre mes plus sincères félicitations et remerciements aux gestionnaires de la CGRMP (le regretté Victor Tremblay en grande partie) qui ont eu la vision de repeupler la Causapscal avec l’aide de Dame nature. Quand la décision de restaurer la rivière a été prise en 1984, la montaison se chiffrait à environ soixante-dix saumons, alors qu’aujourd’hui la rivière accueille entre cinq cents et sept cents saumons annuellement. Voilà un petit résumé des expériences et des émotions vécues dans ce petit coin de paradis. Ce sont là de précieux souvenirs que j’ai pu partager avec mon père. Même après toutes ces expéditions de pêche sur ma rivière préférée, jamais je n’ai été blasé par les fosses, les paysages, le premier éclat vert des arbres de mai, la couleur de l’eau, les différents parfums des arbres longeant le cours d’eau, les mouches noires en juin (il est fou ce Cusson!), les papillons glauques (Papilio Glaucus) au rendez-vous chaque année avec Salmo… J’habite loin de ma rivière préférée, mais très souvent, mes pensées me transportent là-bas, dans la vallée de la Matapédia et auprès des gens chaleureux qui y habitent. — C. C.


Venez capturez la Matapédia...

VENEZ TAQUINER LE SAUMON ! L’accessibilité et la qualité de pêche de la rivière Matapédia sont synonymes de succès. Nos divers produits de pêche au saumon sauront combler vos besoins. Pêcher le saumon sur la rivière Causapscal vous permet de vivre une expérience inoubliable sur un cours d’eau turbulent qui abrite de gros spécimens qui arrivent très tôt en saison. Engouffrée entre de magnifiques montagnes, la rivière Patapédia vous procure en quelques minutes une sensation de bien-être et de communion avec la nature.


L’Auberge La Coulée Douce fête ses 25 ans Par Vianney Morin Aubergiste-propriétaire

Établissement touristique d’hébergement et de restauration, l’Auberge a toujours eu comme mission d’offrir un accueil chaleureux, un hébergement confortable et une restauration de qualité qui repose principalement sur l’utilisation des produits régionaux. L’Auberge a su évoluer au rythme des besoins de sa clientèle en améliorant ses unités locatives, en ajoutant des chalets et en diversifiant son offre de service. Surplombant les rivières Matapédia et Causapscal, l’Auberge est devenue, au fils des ans, un havre privilégié pour les gens à la recherche d’une gamme d’activités qu’on retrouve dans la Vallée de la Matapédia. On y vient en toute saison pour la pêche, la chasse, le golf, le quad, la motoneige, le ski, la raquette, l’observation de la faune. On y vient également par affaires ou simplement se la couler douce au cœur d’une grande nature. Depuis 25 ans l’auberge accueille également avec fierté la clientèle de pêcheurs de saumon venus pratiquer leur sport sur les rivières Matapédia, Patapédia et Causapscal. En plus d’offrir l’hébergement en chambres et chalets ainsi que la restauration, nous offrons à notre clientèle de saumoniers le service de boîtes à lunch, une remise aménagée avec évier, comptoir etcongélateur afin de répondre aux besoins de cette clientèle présente et fidèle année après année. L’offre de ces produits nécessite des associations avec différents partenaires d’affaires et touristiques envers qui nous sommes très reconnaissants.

L’évolution et les réalisations de l’Auberge ont été reconnues par l’industrie touristique. Classée «3 étoiles» et certifiée Qualité Tourisme Gaspésie, La Coulée Douce est devenue une étape importante sur le circuit touristique gaspésien. Cette réussite est intimement liée au travail du personnel qui a su, au cours de toutes ces années, relever le défi d’offrir un service personnalisé et de qualité. Je suis fier de souligner ce 25e anniversaire et je remercie la clientèle que nous avons eu le plaisir d’accueillir et de servir depuis maintenant une quart de siècle. Vous recevoir est un privilège, vous accueillir est un plaisir.

Une mouche spéciale a été créée par le grand maître monteur de Causapscal Daniel Dufour afin de souligner les 25 ans de la Coulée Douce.

Photo : Marc-Antoine Jean

Une grande maison blanche à pignons de Causapscal est devenue, en 1984, l’Auberge La Coulée Douce.

QUÉBEC À L’ÉPOQUE DES PIONNIERS Il y a dans l’histoire des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer. Voici une belle occasion de vous procurer un livre exceptionnel, un bouquin étoffé de références dont vous ne pourrez vous détacher. L’auteur, Sylvain Gingras, nous revient avec une réédition de son dernier livre « Québec, l’épopée de la forêt ». Une nouvelle présentation, de nouveaux récits, notamment un chapitre sur l’agriculture, des images originales et un DVD comprenant encore plus de scènes inédites. L’auteur souhaite que le passé soit gravé à jamais dans nos mémoires. Se souvenir de nos racines, du labeur de nos ancêtres, voilà une extraordinaire partie de notre culture québécoise dont il faut se rappeler. Avec « QUÉBEC À L’ÉPOQUE DES PIONNIERS » l’auteur nous relate des faits véridiques qui méritent d’être connus par tous les descendants de ces valeureux défricheurs.

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Le site des

Chutes ET des Marais Par Richard Firth, directeur général CGRMP En collaboration avec : Éric Manseau, biologiste, TACH, Groupe AIM inc.

Un bref historique... Sis sur les berges de la rivière Causapscal dans la Vallée de la Matapédia, le site des Chutes et des Marais est un lieu paisible pour observer le saumon dans son milieu naturel. Pour ceux qui connaissent peu ce merveilleux site, en voici un bref historique.

Photo : Groupe AIM

Avant les années 1970, la pêche sportive au saumon sur la rivière Causapscal était réservée aux membres et invités du Matamajaw Salmon Club. À cette époque, les montaisons de saumon de la rivière Causapscal connaissaient un tel déclin que l’espèce tombait sous le seuil de conservation. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a donc décidé d’y interdire la pêche sportive dans l’espoir de renflouer les stocks. Après plus d’une vingtaine d’années, on a constaté que le nombre de saumons remontant la rivière n’avait guère augmenté.

Le bas de l’escalier aménagé AU site les Falls sur la rivière Causapscal.

On doit noter que la pêche dans les années 1960 n’était pas accessible à bien des Québécois. Le sentiment d’appartenance n’était pas encore développé, contrairement au braconnage, qui lui faisait pratiquement partie des mœurs. Saumons illimités 19


Photo : CGRMP

Le site de la fosse Les Marais sur la rivière Causapscal; on a opté pour la construction d’une barrière d’arrêt afin DE concentrer le saumon dans un seul endroit POUR mieux PROTÉGER la ressource.

Cette réalité est rapidement devenue l’un des facteurs limitant la restauration des stocks de la rivière Causapscal.

Les Marais, une simple question de protection?

Dans les années 1970, la rivière Causapscal est redevenue la propriété de l’État et l’interdiction d’y pêcher était toujours en vigueur. Au début des années 1980, le gouvernement a analysé différentes options dans le but de restaurer les montaisons de la rivière Causapscal. En 1983, le gouvernement, de concert avec les gens du milieu, a opté pour l’installation d’une barrière d’arrêt pour concentrer le saumon dans un seul endroit afin de mieux assurer la protection de cette ressource. Il fallait trouver une fosse dont les caractéristiques assureraient la survie d’un nombre maximal de saumons. La fosse retenue se trouvait à l’embouchure d’un ruisseau approvisionnant les saumons en eau froide et en lipides tout au long de la saison. Ce ruisseau se nommait Les Marais, appellation désignant également la fosse.

À l’été 1984, le site Les Marais a vu le jour. En effet, on a procédé à l’installation de la barrière d’arrêt en amont de la fosse Les Marais, ainsi qu’à une barrière de comptage dans la partie en aval. Comme il s’agit d’un endroit dont il faut assurer la protection vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, on y a construit un bâtiment pour héberger le personnel.

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Le dernier inventaire automnal réalisé avant l’installation de la barrière d’arrêt dénombrait environ soixante-dix spécimens. Ce chiffre était nettement inférieur au nombre de producteurs requis, soit environ cent soixante-quinze saumons. Les efforts de protection investis dans la barrière de protection n’ont pas tardé à donner des résultats. Au fil des


Photo : Gilbert Van Ryckevorsel

L’installation d’une caméra sous-marine permet désormais d’observer les saumons dans la fosse. Il s’agit ici d’une photo prise à l’emplacement exact de la caméra.

années, les montaisons de saumons de la rivière Causapscal n’ont cessé de croître. Aujourd’hui, entre cinq cents et sept cents géniteurs migreraient annuellement vers les sites de frai. Depuis que le site des Marais a vu le jour en 1984, plusieurs gestionnaires (FAUCUS et CERF) en ont assuré la gestion. À la fin de 1992, cette gestion a été transférée à la CGRMP en même temps que l’ont été les activités et services reliés à la pêche au saumon de la réserve faunique des rivières Matapédia-et-Patapédia. La raison d’être du site des Marais était de garantir la protection de la ressource salmonicole. Cependant, au fil des années, une nouvelle activité a vu le jour grâce aux gens visitant cet endroit pour y observer le saumon, ce qui a engendré la formulation de stratégies pour mettre en valeur la ressource.

En 2005, la CGRMP fait élaborer un plan de développement récréotouristique dont la réalisation sera étalée sur 5 ans (2005-2009). Plusieurs travaux seront réalisés, à savoir, la réfection du chalet des employés en centre d’interprétation, l’aménagement de route d’accès et de stationnements, la construction de trottoirs en bois, de promontoires, d’escaliers d’accès, de panneaux d’interprétation, de l’achat d’une caméra sous-marine et d’un mécanisme de flottaison pour la caméra.

Sensibiliser et éduquer pour s’assurer une relève bien informée À partir de ce joyau naturel, le concept du projet est de développer un lieu touristique complet s’ajoutant à l’offre actuelle de la vallée de la Matapédia, afin de créer un produit d’appel unique et consacré au saumon atlantique à Causapscal. La finalité recherchée est de créer un réseau harmonieux entre

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Photo : CGRMP

la pêche sportive, le site Matamajaw, le site des Chutes et des Marais, le Sentier international des Appalaches, les quadistes et les partenaires locaux (sites d’hébergement et de restauration). La stratégie de promotion touristique de la ville et de la région devrait s’articuler autour de la thématique du saumon, et tous les intervenants devraient adhérer à cette vision. Ainsi, les gens associeront automatiquement « saumon » à « Causapscal » et « Vallée de la Matapédia ». Le premier objectif du projet est de générer un achalandage accru dans la région, tant sur le plan du nombre de touristes que de la durée des séjours, en offrant de nouvelles activités non consommatrices dans une perspective de développement durable de la ressource. Les services bilingues, les activités et les produits du site seront axés sur l’interprétation et l’observation du saumon, de son comportement, de ses habitats et des phénomènes ou processus biologiques se déroulant en milieu naturel. L’approche thématique abordée priorisera une interaction 22 Saumons illimités

Photo : Groupe AIM

Le site des Marais avec le centre qui fut construit à l’époque pour le personnel ainsi que le mirador servant à l’observation des poissons dans la fosse.

Le bâtiment servant au personnel afin de surveiller le site depuis 1984 prend maintenant sa place à travers des activités proposées sur le site.

entre le visiteur, le guide-interprète et le saumon. Le contenu présenté se veut éducatif, formateur et sensibilisateur. Concrètement, le secteur de la fosse des Marais offrira quatre activités principales ou expositions auxquelles se grefferont diverses activités secondaires :

1 - Le saumon au naturel Cette activité sera la pièce maîtresse du site. La transmission en direct sur écran géant du comportement des trois cents à cinq cents saumons confinés dans la fosse en émerveillera plus d’un. Durant la projection, le guide-interprète décrira le comportement des saumons menant à l’établissement de la hiérarchie au sein du groupe, la compétition entre femelles, la présence et le rôle des tacons précoces, les types de saumons présents (madeleineaux, dibermarins, tribermarins, multifrayeurs), les adaptations physiologiques


Photo : Gilbert Van Ryckevorsel

Ici deux géniteurs sur le site.

(crochet, couleur, etc.), les étapes et le déroulement du frai. Le contenu éducatif portera aussi sur l’importance pour le saumon adulte de la disponibilité d’une diversité de microhabitats en rivière : la fosse, le rapide et le seuil. L’effet de la pêche sportive et commerciale sur la ressource ainsi que l’état des stocks de saumons à l’échelle mondiale seront également abordés. Par la suite, les visiteurs apprendront à déterminer le type de saumon et son âge à partir des écailles à l’aide d’une loupe stéréoscopique munie d’un rétroprojecteur qui diffusera l’image agrandie d’une écaille de chaque type de saumon. Ainsi, après sa visite, le participant saura déterminer l’âge d’un saumon par ses écailles.

2 - Si petit et maître à bord! Portant ce nom des plus original, la seconde exposition instaurée au chalet du gardien est orientée sur la présentation (description morphologique, explications sur le

fonctionnement des systèmes sensitifs du poisson, adaptations à la température, critères d’identification, etc.) et la manipulation des premiers stades de vie du saumon atlantique. Conséquemment, l’accent est mis sur le cycle vital du saumon qui, d’un petit alevin à peine plus gros qu’une tête d’épingle, deviendra ultimement un des plus imposants poissons d’eau douce au monde et le maître incontesté de nos rivières septentrionales. Durant l’exposé du guideinterprète, les participants pourront manipuler quatre bioplastiques aux stades « œufs », « œufs œillés », « alevins vésicules » et « alevins ». Viendront s’ajouter des spécimens de tacons et de saumoneaux conservés dans des bocaux en verre ou présentés sur d’autres supports média. De plus, le tout sera présenté sur un meuble adapté (éclairé) muni d’écrans interactifs et d’écouteurs afin que le contenu éducatif soit accessible en dehors des périodes prévues avec un guide-interprète. Les autodidactes en seront ravis. Saumons illimités 23


3 - Le jeune saumon et la rivière québécoise

2 - Les espèces compagnes, leurs mœurs et leur habitat

Ici sera recréée en miniature une rivière permettant l’observation et la manipulation de spécimens vivants, où figureront les descriptions des types d’habitats et leur utilisation par le jeune saumon en fonction de son stade de développement, du rôle et de l’importance des habitats dans l’écologie du saumon, du régime alimentaire, etc.

Cette série d’activités sur le site est orientée vers l’observation de phénomènes naturels diversifiés. On pense, à juste titre, mettre l’accent sur l’anguille d’Amérique, très présente au site des Chutes lors de la montaison des juvéniles. L’activité spéciale envisagée est l’observation nocturne guidée des petites anguilles qui rampent sur les parois humides en bordure des chutes. Une attention particulière sera aussi accordée à la lamproie marine en raison de l’extrême richesse morphologique et évolutive de cette vieille espèce. Les différents panneaux d’interprétation présents sur le site comprendront aussi les informations suivantes : −− Principales espèces de poissons fréquentant les mêmes habitats que le saumon (gaspareaux, ombles, meuniers, cyprinidés, etc.), particulièrement l’anguille d’Amérique et la lamproie marine; −− Mœurs, cycle de vie et particularités physiologiques et évolutives des espèces compagnes piscicoles, particulièrement l’anguille d’Amérique et la lamproie marine; −− Interactions des espèces compagnes piscicoles et répercussions sur la ressource salmonicole; −− Compétition, partage et utilisation de l’habitat par les espèces compagnes piscicoles; −− Principaux prédateurs des premiers stades de vie du saumon (aigle pêcheur, harle, loutre, vison, etc.).

4 - Que faire pour sauver Salmo salar? Il y aura différents exposés sur les méthodes et techniques d’aménagement récentes et les moyens de gestion de la ressource, sur l’état de la situation des populations de saumons à l’échelle mondiale, en plus d’une interprétation guidée, des démonstrations pratiques en petit groupe avec du matériel scientifique et quelques applications sur le terrain.

Pour sa part, le secteur des Chutes offrira trois activités principales : 1 - Le saumon, maître de l’acrobatie! Qui ne connait pas le fameux site des Falls sur la rivière Causapscal? On peut y observer le saumon directement à la chute depuis deux belvédères et le légendaire escalier comptant quelque cent soixante marches! De plus, des panneaux d’interprétation traitant des adaptations pour le saut, la natation et la migration chez le saumon complèteront votre visite.

3 - Les sentiers du savoir Ces parcours interactifs décrivent les habitats, la faune et la flore connexes et interdépendantes du milieu aquatique. L’interprétation est présentée sous forme de stations le long du sentier, agrémentant la randonnée pédestre autonome ou guidée. Chaque station offre une petite activité interactive stimulante et enrichissante directement liée aux connaissances acquises lors de la visite du site. Une boutique d’articles promotionnels complète le portrait des services et produits qu’offrira le site lors de ses premières années d’opération. Bien entendu, afin de s’ajuster à la demande, de nouvelles activités et expositions viendront se greffer au fil des ans. À cet effet, la CGRMP doit veiller elle-même à gérer et développer le site. À ce jour, la CGRMP, en collaboration avec le milieu, a investi plus de 500 000 $ dans ce projet. Le site devrait être opérationnel à compter de 2011 et pourra alors accueillir les visiteurs. Alors, si vous désirez observer entre trois cents à cinq cents saumons directement dans leur milieu naturel, le rendez-vous à ne pas manquer pour 2011 est sur la rivière Causapscal, au site des Chutes et des Marais! — R. F.

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Le Matamajaw

Salmon Club Par Sylvain Gingras Photos de Louis-Philippe Cusson

L

e Matamajaw Salmon Club de Causapscal a été enregistré officiellement le 9 mai 1905. Quelques mois auparavant, les membres fondateurs s’étaient réunis à New York et avaient décidé de se porter acquéreurs des actifs du Restigouche Salmon Club sur la rivière Matapédia pour un montant de

20 000 $. Ces installations avaient appartenu au Montréalais George Stephen, qui les avait ensuite cédées au club Restigouche.

À ses débuts, le Matamajaw comptait les membres suivants : John Caswell, Charles A. Peters, J. Howard Wainwright, W.W. Caswell, Richard T. Wainwright et Howard Willets, tous associés de l’International Paper Company. La souscription de départ était de 4 000 $ par membre afin de permettre l’achat des propriétés et les frais d’incorporation se chiffraient à 6 000 $, soit 1 000 $ par membre.

le camp principal du site historique Matamajaw à partir de la route 132 à Causapscal.

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L’achat incluait plusieurs lots et les droits riverains s’y rattachant, et d’autres lots furent annexés par la suite. En 1907, on acheta le terrain où sont construits les bâtiments de la zone Glen Emma. Deux ans plus tard, le Matamajaw concéda certains droits au gouvernement sur la rivière Matapédia et ses tributaires, les rivières Humqui et Causapscal, pour une période de cinq ans, moyennant une somme de 650 $ annuellement. Les membres descendaient la rivière en canot de Causapscal jusqu’à Glen Emma pour y pêcher et le lendemain matin, ils remontaient ensuite au club Matamajaw. Quant aux guides, ils revenaient au club à bord de charrettes à chevaux, chargées des canots et autres équipements.

Pour contrer le braconnage, le Matamajaw Salmon Club fit construire des camps de gardiens un peu partout sur le territoire, mais l’Affaire Dacquaire vint diviser la population de Causapscal : l’un des gardiens, un dénommé Dacquaire, se proposait de mater les braconniers de plus en plus nombreux sur la rivière. Sa lutte fut fatale, car il fut atteint mortellement par un groupe de braconniers. Dès lors, une partie de la population, frustrée par les actes des braconniers, se rangea du côté des pêcheurs américains, y voyant également un apport économique important. Par après, les destinées des clubs Matamajaw et Casault se sont unies. Au début des années 1950, le club délaissa son pavillon de Causapscal pour y loger ses membres au club Casault, On préférait ce site, plus tranquille que celui du village qui était traversé par la route. Au même moment, le club cédait à certains de ses membres les droits de propriété en aval sur la rivière Matapédia. Ces derniers formèrent le Glen Emma Salmon Club.

À la fin des années 1950, la population locale, n’ayant pas dit son dernier mot, mit sur pied une association de chasse et de pêche, dont le principal objectif était de faire la lutte aux clubs privés en multipliant les pressions sur le gouvernement et en sensibilisant le milieu à leur cause. Malgré cet épisode, le club Matamajaw a tout de même réussi à renouveler son bail pour une période de neuf ans, au bonheur de plusieurs puisque La maison du gardien regroupe maintenant deux boutiques, un salon de thé ainsi que le club était un employeur important dans la la boutique du site historique Matamajaw. région. En effet, la somme des salaires versés L’arrivée massive de ces Américains dans la vallée de la aux habitants de la région par les clubs Matamajaw, Casault et Matapédia ne convenait pas à tous. Comme ils avaient les droits Glen Emma se chiffraient à 183 854 $ en 1967, sur un budget de pêche sur les rivières Matapédia, Causapscal et Humqui, total de 240 000 $. Toutes ces dépenses pour cent soixante-sept les citoyens se trouvaient ainsi dépossédés de toute possibilité captures, soit un coût de 1 364 $ par saumon, représentaient un de pêche au saumon et de toute forme d’exploitation sur luxe que seuls les gens très fortunés pouvaient se permettre. ces trois cours d’eau. Dès 1905, la population du village de Causapscal dénonçait la mainmise américaine sur les rivières, Comme c’était le cas pour plusieurs clubs, le côté sportif du qui les empêchaient même de construire un moulin à farine Matamajaw se doublait d’un côté plus mercantile; argument sur les rives. Une requête fut envoyée sans succès au ministre dont les cadres de l’International Paper Company se servaient de la Colonisation, et ce n’est que vingt ans plus tard que le au moment de négocier des contrats, ou encore pour remercier moulin a été érigé. Un sentiment d’injustice régnait dans la les clients avec lesquels ils faisaient déjà affaire. vallée à tel point que le 3 janvier 1922, le conseil municipal de Causapscal a demandé la résiliation, malheureusement Le club fut acheté par le gouvernement du Québec en 1974. sans succès, des baux des Américains et le libre usage des Le site est aujourd’hui un bien culturel classé depuis 1984 et, rivières Matapédia et Causapscal. Le conseil a réitéré sa depuis 2001 le site est reconnu comme institution muséale par demande l’année suivante, de nouveau refusée, puisqu’un le ministère de la Culture et des Communications, impliquant bail de huit ans fut à nouveau accordé au club, pour une donc un financement important des gouvernements ce qui a somme de 1 560 $ annuellement. Or au fil des années, on vit permis une restauration des bâtiments du site. On y retrouve poindre la crise économique et les protestations populaires aujourd’hui un centre d’interprétation ainsi qu’une exposition permanente. — S. G. s’estompèrent. Saumons illimités 27


LE LANCER : une nouvelle approche Par Jean-Pierre Martin Photos par Marc-Antoine Jean

Éléments fondamentaux du lancer à la mouche En 2004, j’ai écrit un article sur les principes du lancer à la mouche. À cette époque, c’était nouveau au Québec de parler du lancer de cette façon. Plutôt que de simplement dire ce qu’il faut faire et décrire le mouvement, j’expliquais les règles générales qui font qu’un lancer fonctionne ou non. Depuis un certain temps, je désirais reprendre ce texte afin d’y apporter quelques modifications et mises à jour. Je n’ai pas découvert ces principes moi-même, j’en avais pris connaissance quelques années plus tôt dans le livre de Ed Jaworowski The Cast. J’en ai fait la base de mon enseignement du lancer. Rapidement, j’ai modifié ces quatre principes originaux, non dans leur contenu, mais dans leur formulation afin de les détailler et de les compléter. Les trois premiers n’ont pas subi de modifications importantes, mais le quatrième est maintenant très différent. Il me laissait insatisfait parce qu’il y avait des aspects importants qui n’étaient pas inclus. Après dix années d’expérimentation, j’en suis venu à une version qui, pour l’instant, me satisfait. J’y ai ajouté deux nouveaux éléments que j’ai nommés GBS pour Gros Bon Sens. Ce ne sont pas des principes de base, parce que l’on peut exécuter un beau lancer sans en tenir compte. Mais comme leur nom l’indique, il serait très sage et utile de les appliquer pour se simplifier la vie et ne pas dépenser de l’énergie inutilement.

Les principes du lancer L’intérêt d’expliquer le lancer à la mouche à partir de ces principes, est qu’en plus de s’appliquer à toutes les situations de pêche, tous les styles de lancer et à tous les genres d’équipements, ils permettent de comprendre ce qui cause des difficultés et par conséquent, de pouvoir y remédier. 28 Saumons illimités


Photo : Jacques Gagnon


La soie doit être sous tension avant et pendant le lancer Pour exécuter un bon lancer, la soie doit être sous tension avant et pendant le lancer. La première partie du lancer sert à mettre la soie sous tension : c’est l’amorce du mouvement ou « arraché ». Ce geste doit se faire lentement, jusqu’à ce que la mouche sur l’eau se mette à bouger. On ne doit pas mettre d’énergie dans le mouvement tant que l’on n’a pas établi ce contact direct avec la mouche. La principale erreur du débutant et de beaucoup d’habitués est de débuter le lancer la canne haute. Dès le départ, il faut récupérer le mou dans la soie sinon, lorsque la tension sur la ligne est établie, la canne se retrouve en position verticale sans qu’elle soit suffisamment fléchie pour pouvoir propulser la soie efficacement. Le résultat est que le lanceur finit son geste trop loin à l’arrière et la mouche frappe le sol à cause de la trajectoire descendante de la soie (troisième principe). Dans ce cas il est totalement inutile de répéter de ne pas fléchir le poignet. Premièrement parce que c’est un geste réflexe et, deuxièmement, parce que ce n’est pas la cause du problème, mais le résultat d’un mauvais départ. Dans la majorité des cas, le fait de récupérer le mou dans la soie et de commencer le lancer bas corrige automatiquement le problème du poignet et de la trajectoire. Il y a plusieurs façons de lancer en partant la canne haute, mais il faut toujours commencer par mettre la soie sous tension. Pour exécuter un lancer efficace, il faut aussi maintenir la tension sur la soie pendant le lancer. Un bon exemple de perte de tension pendant le lancer est lorsque la soie fait une courbe entre le premier anneau de la canne et la main qui la tient. La soie doit rester tendue entre ce premier anneau et la main et cette longueur doit rester la même tout le long du lancer. Clarifions le rôle des deux mains. Un droitier tient et contrôle l’action de la canne avec sa main droite pendant que la gauche tient et contrôle la tension sur la soie. Cela semble évident et un peu simpliste, mais tant que la main gauche ne peut maintenir une tension constante sur la soie pendant le lancer et la main droite manipuler adéquatement la canne, il est prématuré de pratiquer des mouvements plus complexes, comme la double traction. Désolé. Une autre situation de lancer inefficace est lorsque la main qui tient la soie fait un mouvement trop ample, souvent dans la mauvaise direction. Là encore, nous sommes en présence d’un geste réflexe. Sans tension sur la soie, on ne sent rien et la main gauche réagit alors de façon exagérée pour tenter de reprendre le contrôle du lancer. Enfin, très fréquemment la tension sur la soie est réduite par un lancer avant qui démarre trop tôt. Toute perte de tension sur la soie représente une perte de contrôle équivalente. C’est le premier point à regarder lorsqu’on veut améliorer son lancer.

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Le mouvement désiré est une accélération progressive suivi d’un arrêt net Une façon très simple de faire un bon lancer est de mettre la soie sous tension et d’accélérer doucement pour retirer la ligne sans troubler l’eau. Non seulement cela évite d’alerter le poisson, mais cela amorce le lancer de la façon souhaitée car, si on démarre trop brusquement, la succion de la soie dans l’eau fait fléchir la canne trop rapidement. Lorsque la soie quitte l’eau, la résistance diminue soudainement et la canne perd sa flexion tout en provoquant une série de mouvements parasites dans la soie qui perd sa tension. La canne agit comme un bras de levier mais aussi comme un ressort. La flexion maximale doit être à la fin du mouvement et l’arrêt le plus net possible. La faute la plus commune consiste à faire un geste trop rapide au départ et ralentir ensuite, tout en continuant sur son élan initial. Le résultat est que la canne, très fléchie au début, se redresse pendant le lancer et termine sa course droite, perdant ainsi toute son énergie. Non seulement la puissance de la canne disparaît, mais le scion suit une trajectoire concave produisant ainsi une boucle croisée (tailing loop). C’est le cause principale des nœuds dans les bas de ligne (wind knots), lesquels ne sont pas causés directement par le vent, mais par le fait que lorsqu’il vente, le lanceur force son mouvement, ce qui augmente la probabilité de faire des boucles croisées. Dans le vent, il ne faut pas lancer plus fort, il faut lancer mieux! Une étape extrêmement importante est l’arrêt de la canne à la fin du mouvement, alors que l’énergie emmagasinée dans la flexion de la canne est libérée lorsque la canne se redresse. Se manifeste alors toute la puissance de la canne: un arrêt flou gaspille cette énergie. Pour faire un arrêt net, il faut serrer la poignée à la fin du lancer : c’est le seul moment où l’on doit mettre l’énergie de façon ferme dans un lancer. Cette action dure une fraction de seconde et doit être suivie d’un relâchement immédiat de la pression sur la poignée, ce qui produit deux effets. Premièrement, cela absorbe les vibrations de la canne après sa brusque détente, mais surtout cela nous ramène à l’état initial décontracté que nous recherchons. Tout au long du lancer, on tient la canne sans serrer la poignée: cela évite de se fatiguer mais, surtout, pour pouvoir serrer la poignée au bon moment, il faut d’abord l’avoir relâchée. Une autre raison pour relâcher la pression sur la poignée après l’arrêt, surtout après le lancer arrière, est qu’il est à peu près impossible de donner un coup vers l’avant au départ, cause de boucles croisées, si votre main est décontractée au début du mouvement.


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La soie va reproduire la trajectoire du bout de la canne avant, pendant et après l’arrêt Comme mentionné plus haut, la canne agit à la fois comme un bras de levier et comme un ressort. C’est la subtile combinaison de ces deux composantes qui va déterminer la trajectoire du bout de la canne. Dans certaines situations, c’est une trajectoire en ligne droite qui est désirée, dans d’autres, c’est une trajectoire courbe qui est préférable. Si l’objectif visé est la distance et la performance, la trajectoire rectiligne doit être priorisée. Lorsqu’une présentation particulière doit être utilisée, la deuxième option doit être considérée, surtout en présence d’obstacles. Qu’ils soient exécutés de façon volontaire ou non, tous les lancers possibles entrent dans ces deux catégories. En regardant la forme de la boucle, on peut savoir exactement comment le mouvement a été exécuté. La partie supérieure de la boucle représente la trajectoire du bout de la canne avant l’arrêt et la partie inférieure de la boucle ce qui s’est passé après l’arrêt. Pendant l’arrêt?! Eh oui! L’avant de la boucle représente l’arrêt lui-même. Cette action qui se déroule en approximativement 1/10ième de seconde, selon l’action de la canne, va déterminer si nous avons un avant de boucle rond ou pointu. Cette dernière est la solution idéale pour lancer dans le vent. Or, pour obtenir cette pointe, il faut arrêter la canne de façon nette en serrant la poignée.

Générer et utiliser l’énergie juste, et ce de façon optimale Voici le principe qui a subi le plus de modifications. Au départ, Ed Jaworowski expliquait que pour faire un petit lancer, je n’ai besoin que d’un petit mouvement. Plus la distance désirée augmente, plus je dois augmenter l’amplitude de mon geste. Cette plus grande amplitude favorise une meilleure répartition de l’effort. Introduire la notion d’utilisation de l’énergie dans le lancer est une innovation qui a le mérite d’envoyer à la poubelle les heures et le cadran souvent utiliser dans l’explication du lancer. Pour une longueur de soie donnée, utiliser l’énergie juste signifie transmettre à la soie uniquement l’énergie qu’il faut pour qu’elle se déploie, ou plus ou moins d’énergie afin quelle réagisse différemment. La soie va se comporter de façon prévisible, ce dosage permet donc d’exécuter toute une variété de lancers. Peu de pêcheurs accordent de l’attention à cet aspect du lancer. La règle étant généralement de mettre le maximum de puissance. Le deuxième volet de cet énoncé est de générer cette énergie de façon optimale. On peut faire un lancer en utilisant seulement le poignet, seulement l’avant-bras ou le bras, mais le lancer idéal, est celui où l’effort est réparti sur l’ensemble du corps. Les gros muscles (Jambes, bassin et tronc) fournissent la puissance et plus les muscles sont petits (bras, avant-bras et main), plus leur rôle en est un de contrôle et de finition du lancer. 32 Saumons illimités

En général, tout le monde est d’accord avec cet énoncé, mais concrètement comment faire cela? L’habileté à répartir cet effort sur l’ensemble du corps constitue une caractéristique importante d’une bonne organisation corporelle. Les douleurs qui apparaissent dans les articulations lors de lancers sont généralement un signe qu’il y a une défaillance à ce niveau. C’est ici que le choix de la technique de lancer devient important parce qu’elles ne sont pas toutes égales en efficacité. La maîtrise de ces deux notions : apprendre à utiliser l’énergie juste et surtout être en mesure de fournir cette puissance de façon idéale; fait la différence entre un lanceur ordinaire et un lanceur de haut niveau.

Éléments de GBS 1 - Lancer de façon à ce que la mouche soit sous le vent Les lecteurs familiers avec les termes de voile auront compris qu’il s’agit de toujours lancer pour que le vent éloigne la mouche de nous. Pour un lanceur droitier, si le vent vient de la gauche, la soie et la mouche sont du bon côté, à droite. Mais si le vent vient de la droite, il y a un risque d’être frappé par la mouche avec les conséquences désagréables que cela signifie. Il faut dans ce cas utiliser le lancer du revers. Il est alors impossible d’être blessé parce que le vent éloigne la mouche de nous. Dans le cas d’un vent arrière, l’option G.B.S. est… le lancer roulé! Plus le vent est fort, plus c’est efficace. Vous pouvez atteindre ainsi des distances surprenantes et le tout sans effort. Pour ce qui est du vent de face, la même phrase s’applique bien que le sens soit complètement différent. Il s’agit de lancer littéralement « sous le vent », c’est-à-dire au ras de l’eau. Le vent étant beaucoup moins fort près du sol. Dans tous les cas, il ne s’agit pas d’une solution unique, mais surtout dans les deux dernières situations, additionnée à d’autres options de lancer comme une traction bien placée et une boucle étroite et pointue, la contrainte du vent n’est plus aussi importante.

2 - Utiliser la longueur de soie optimale Voici un autre point qui peut être considéré comme un « détail », mais considérant sa simplicité d’application par rapport aux avantages qu’il apporte, il serait dommage de s’en priver. Si forcer inutilement dans un lancer ne vous dérange pas, vous n’avez pas besoin d’en tenir compte, mais si vous désirez conserver vos énergies pour des usages plus utiles, je vous invite à expérimenter la situation suivante. Indépendamment de votre niveau d’habileté, déterminez une distance de lancer que vous considérez comme intermédiaire. Faites quelques lancers sans tractions sur la soie ni faux-lancers, en portant attention à l’effort déployé. Raccourcissez maintenant la longueur de soie sortie de 10 pieds (trois mètres) et refaites le même lancer à partir de cette longueur en laissant sortir la soie après l’arrêt. Vous allez lancer à la même distance et possiblement plus loin avec beaucoup plus de facilité.


La plupart des pêcheurs amorcent leur lancer avec une quantité de soie sortie inutilement longue. Ce surplus de poids n’apporte rien à la performance et représente une contrainte et une fatigue supplémentaires. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, ce n’est pas la soie qui fait fléchir la canne, mais bien notre mouvement. La longueur de soie optimale correspond au poids idéal qui permet de faire fléchir la canne efficacement et sans effort. Je recommande de faire une marque de couleur sur la soie à cet endroit afin d’en faciliter le repérage.

1 Séquence de mouvement

Tirer ou pousser?

illustrant la

Voilà un sujet plutôt délicat. À peu près tout le monde pousse sur la canne, incluant plusieurs instructeurs et de bons lanceurs. Techniquement, l’efficacité de la canne est due en grande partie à l’accélération et à l’arrêt. Or, cette accélération et cet arrêt sont beaucoup plus efficaces en tirant sur la canne plutôt qu’en poussant sur elle.

sur la canne, de façon à maximiser l’énergie employée.

3 moins efficace, mais surtout, les variations que l’on peut y apporter sont très limitées. Pax exemple, personne ne va faire un lancer du revers en poussant, cela ne fonctionne tout simplement pas. Se priver de la possibilité d’utiliser ce revers lorsque nécessaire, est une contrainte qui réduit nos habiletés de pêcheur.

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Photo - Pierre Manseau

Je suis d’accord que l’action de pousser peut générer des lancers impressionnants en performance. Le problème est qu’étant techniquement inférieure en efficacité, elle exige physiquement beaucoup plus d’énergie que l’action de tirer pour obtenir le même résultat. De plus, non seulement le rendement est inférieur, mais cette technique ne respecte pas les principes d’une organisation corporelle équilibrée. De nombreuses douleurs et blessures plus sérieuses découlent directement de cette technique de pousser sur la canne. Les photos expliquent la différence entre les mouvements de tirer ou de pousser sur la canne. La première série de photos démontre la technique de tirer. En plus d’être plus performante, cette technique respecte les principes d’une bonne organisation corporelle et permet une infinité de variations. La deuxième séquence de photos présente l’action de pousser. Voyez la main à la hauteur de l’épaule. À partir de cette position, la seule action possible est d’aller vers l’avant en poussant sur la canne. Cette façon de lancer est

2

façon de tirer

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1 L’action de pousser sur la canne, ici décomposée en séquence, représente la

2

Le balancement de la canne est une raison supplémentaire pour amorcer le lancer de cette façon. Les manufacturiers dépensent des sommes considérables en recherche afin de produire les cannes les plus légères possible. Il est donc aberrant que l’on vous propose un moulinet plus lourd pour balancer une canne pour lancer avec beaucoup de soie sortie. En plus du fait que cela ne tienne pas compte de la longueur de soie optimale, lorsque le talon de la canne est appuyé sur l’avant bras, la canne est toujours balancée peu importe la longueur de soie sortie. Bien sûr, on peu toujours opter pour une prise plus commune. Mais, la main étant nécessairement serrée sur la poignée de la canne au départ, l’arrêt sera moins efficace et il y aura ainsi une dépense inutile d’énergie durant le lancer.

façon opposée à tirer sur la canne.

3 Une prise en main moins efficace.

Position de départ

Conclusion

Pour obtenir la meilleure performance, il est essentiel de débuter le lancer de la bonne façon.

Beaucoup de pêcheurs ont du succès même avec une prise en main plus commune et un lancer en poussée. Mais, pour ceux qui désirent s’améliorer, et surtout pour ceux qui débutent, se baser sur les connaissances les plus récentes en lancer, va leur permettre de progresser plus rapidement qu’avec une méthode d’essais et d’erreurs.

L’action la plus importante, mais aussi la plus difficile à intégrer, est d’appuyer le talon de la canne sur l’avant-bras avant de commencer le lancer. Ce simple geste va déterminer la qualité d’exécution de tout le lancer. En plus d’abaisser le scion de la canne au niveau de l’eau, il permet d’avoir la main décontractée. C’est difficile à intégrer parce que cela implique un relâchement musculaire au niveau de l’avant-bras et ça c’est inhabituel. C’est d’autant plus important puisque c’est ce même relâchement de la main qui va permettre un arrêt plus net de la canne.

Il y a un décalage important entre l’importance que l’on accorde au matériel et celle que l’on donne à la bonne façon de s’en servir. Il est souhaitable d’avoir le meilleur équipement possible, mais ce dernier ne pourra jamais pallier à une technique déficiente. En expliquant le lancer toujours avec les même mots et de la même façon, on arrive logiquement toujours aux mêmes résultats. La plus grosse difficulté qui se présente lorsque l’on désire améliorer ses lancers est d’accepter de sortir de sa zone de confort et d’expérimenter autre chose. Les informations sont disponibles et lorsque l’on découvre quelque chose de mieux, on revient rarement en arrière. — J.-P. M.

Un exemple de prISE EN MAIN plus efficace de la canne à moucher, le talon appuyé sur l’avant-bras.

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Début juin sur la rivière Saint-Jean, les saumons sont d’une magnifique couleur argentée.

La pêche au printemps sur les rivières de

Gaspé Texte et photos Geneviève Fournier et Dave Adams

Gaspé, 25 mai 2010 Il est magnifique, fort, brillant, gonflé à bloc, animé d’une énergie extraordinaire. Il mérite notre respect. Le roi des rivières arrive et c’est une vraie torpille! Après avoir passé d’une à trois années en moyenne dans l’océan Atlantique, surtout au large de Terre-Neuve et dans la mer du Labrador, Salmo Salar revient à la rivière qui l’a vu naître. Les tribermarins (saumons de mer de trois ans, de vingt livres et plus), premiers à faire leur apparition dans l’eau douce, posent un vrai défi à tout saumonier, même le plus averti! Il faut donc se préparer, mais pas tout à fait comme en saison estivale. 36 Saumons illimités

Premièrement, notre matériel doit être plus gros : une canne plus résistante et puissante, une ligne plus pesante et un bas de ligne plus gros, des mouches plus imposantes et contrastées, et une bonne paire de bas! La raison n’a rien à voir avec la grosseur du saumon, mais plutôt avec une multitude de facteurs comme la force et l’ampleur de nos cours d’eau en saison printanière, le vent et le froid. Souvent, l’utilisation d’une soie avec un bout calant est très utile, car cela permet, selon le degré de calage (pouce par seconde) d’enfoncer un peu la mouche dans une eau plus rapide. Cependant, il ne faut pas trop faire caler la


Un magnifique saumon frais et vigoureux, comme on en capture en début de saison.

mouche, notre but étant de subir une attaque de la part de Salar, et non de lui imposer notre artificielle. Plusieurs rivières gaspésiennes, telles que la Cascapédia, la York, la Saint-Jean et la Dartmouth, sont reconnues pour leur montaison hâtive, mais Salmo Salar n’est pas si facile à déjouer tôt en saison. Prendre un gros saumon en début de saison est sans aucun doute un des moments les plus intenses dans la vie d’un saumonier. Voici donc quelques techniques ou astuces qui peuvent être très utiles. - Il importe d’observer les conditions de pêche environnantes (grande marée et température de l’eau). - Il faut savoir quand se déplacer et quand changer de fosse, et essayer d’être au bon endroit au bon moment, selon la luminosité et la position du soleil. - Il ne faut surtout pas négliger les entre-fosses. Tôt en saison, les saumons ont moins tendance à se regrouper. Ils se retrouvent souvent plus bas dans les fosses, à des endroits inhabituels, souvent plus calmes. - Autant que possible, il est primordial de réaliser la meilleure lecture de la rivière qui soit, et ce, malgré le haut niveau de l’eau. - Essayez de ralentir la dérive de la mouche en amendant la soie vers l’amont ou en changeant quelque peu l’angle du lancer lorsque le courant est très rapide. - La discrétion est de mise avec Salar, il faut donc savoir quand ne pas trop s’avancer dans l’eau. - Avoir un bon lancer roulé est un bon atout au printemps, d’où l’utilisation d’une Spey qui peut s’avérer des plus utile lors de situations difficiles, par exemple près des arbres. - Pour finir, il ne faut rien tenir pour acquis. La chance (ou malchance) joue un rôle important dans tout type de pêche.

une question d’attitude Après l’équipement et la technique vient sans aucun doute l’attitude! En ce sens, le meilleur des saumoniers n’est pas celui qui capture le plus de saumons, mais plutôt celui qui éprouve un réel plaisir et une satisfaction à pratiquer son activité préférée et qui le fait en regard de chacun des éléments constitutifs

Les eaux sont plutôt hautes en ce début de saison sur les rivières de Gaspé. En début de saison il n’est pas rare que l’on retrouve encore des puces de mer sur les saumons. Les puces de mer peuvent survivre en moyenne 48 heures en eau douce. Il s’agit donc d’un saumon fraîchement entré dans la rivière.

de la pêche du saumon atlantique. Au printemps, la graciation étant obligatoire, on doit connaître parfaitement les règles de l’art et les mettre en pratique avec beaucoup de précautions. Idéalement, il faut faire en sorte d’écourter le combat un peu et de manipuler le saumon le moins possible en prenant soin de le laisser dans l’eau, toujours à l’horizontale. Ne l’amenez jamais sur la berge et ne remuez pas trop le fond de l’eau! Enfin, il faut le garder face au courant et le laisser repartir accomplir sa mission. De nos jours, et pour de jeunes pêcheurs comme nous, « se faire une bonne journée de pêche » signifie simplement passer une belle journée en plein air suivie d’une bonne bouffe entre amis, et non pas ramener du « steak » à la maison. Sur les rivières de la région de Gaspé, la pêche au mois de mai et début juin offre un spectacle superbe pour tous les saumoniers. Un bref arrêt au pont Baillargeon pour se rincer l’œil et l’envie nous prend immédiatement! Le seul remède possible : une journée de pêche… dans les plus brefs délais! Alors voilà, sans prétention, l’idée que nous avons de la pêche au printemps. Si la mouche sèche fonctionnait mieux à cette période de l’année, ce serait le summum, mais on ne peut pas tout avoir… Nous vous souhaitons à tous, saumoniers et saumonières, une saison 2011 remplie d’aventures fabuleuses sur les magnifiques rivières à saumons du Québec! — G. F., D. A. Saumons illimités 37


Photo : Marc-Antoine Jean

Sortie Mentorat et Découverte FQSA/Québec Pêche 2011 En collaboration avec : - La Fédération du Saumon Atlantique (FSA) - La Fondation de la Faune du Québec - Québec Pêche.com - La Maison des Jeunes Point de Mire - La Société d’Aménagement de Baie-Trinité - L’Association de Protection de la Rivière aux Rochers - Le Comité de Développement Économique et Touristique -

de Godbout Sépaq

Dates : 2, 3,4 et 5 Septembre 2011

Lieu : Les rivières Godbout, Grande-Trinité et Aux Rochers Note : L’hébergement et les rassemblements pour certains petits déjeuners et soupers seront centralisés à Baie-Trinité

Nombre limité d’inscription : - En « mentorat » : 24 participants - En « découverte » : 24 participants - Volet jeunesse: 10 participants qui seront déterminés par

les Maisons des jeunes de Godbout, Baie-Trinité et PortCartier, en collaboration avec la Maison des jeunes Point de mire de Verdun

Les pêcheurs en « mentorat » doivent obligatoirement avoir une expérience de moins de 3 saisons de pêche et/ ou un total de 10 jours de pêche (selon la première des 2 éventualités). De plus, quiconque ayant déjà participé au volet mentorat n’est plus éligible à ce volet. Il est fortement recommandé aux débutants de suivre une formation de lancer à la mouche AVANT la tenue de l’activité. Les pêcheurs « En découverte » sont des pêcheurs possédant déjà une expérience de pêche au saumon ou ayant déjà participés au programme de mentorat, mais désireux d’être accompagnés par un guide/accompagnateur pour la découverte de deux (2) des trois (3) rivières impliquées. 38 Saumons illimités

Nouveauté : Pré-mentorat : Afin de permettre aux participants d’améliorer leur technique de lancer avant la tenue de l’activité, il sera possible de tenir une journée exclusivement dédiée à une clinique de perfectionnement de lancer si le nombre d’inscrits le justifie (minimum 6 participants).

Hébergement : L’hébergement sera attribué par l’organisation de l’activité parmi les différents sites de Baie Trinité, soit; - Les Chalets de la Baie - Le Gite du Vieux Phare (Pointe des Monts) - L’Hôtel St-Laurent - Le Gite du Capitaine

Modalités d’inscription : Par téléphone seulement, au bureau de la FQSAà compter du samedi 19 Mars 2011 à 8 : 30, au 418 847-9191 poste 6. Le nombre d’inscriptions est limité, de sorte que les places seront attribuées seront la règle du premier arrivé - premier servi. Il ne sera pas permis de réserver plus de 2 places par appel.

Coût d’inscription : - Forfait 1 : Mentorat/Découverte avec hébergement – en

occupation double- (3, 4 et 5 Septembre 2011) : 385$/pers.

- Forfait 2 : Mentorat/Découverte avec pré-mentorat : Avec hébergement – en occupation double (2, 3, 4 et 5 Septembre 2011) : 535 $/pers.

- Forfait 3 : Mentorat/ Découverte Sans hébergement : 260 $ par personne

- Forfait 4 : Accompagnateurs (forfait complet sans droits d’accès ni dîners) : 300 $ pour 2 jrs/ 3nuits


Le coût d’inscription inclus : Forfait 1 – tout compris : - L’hébergement pour les nuits des 2, 3, 4 septembre 2011, occupation double, s.v.p. préciser avec qui vous désirez être jumelé. - Les droits d’accès sur 2 rivières différentes les 3 et 4 septembre (attribution aléatoire par l’organisation) - Les petits déjeuners des 3,4 et 5 septembre 2011 - Les dîners des 3 et 4 septembre 2011 - Le souper du 3 septembre et le banquet du 4 septembre - L’accompagnement en rivière par un mentor ou un guide accompagnateur selon la formule retenue - Les pourboires et frais de service pour tous les repas sont inclus

7 : 00 – Départ pour la pêche (8 : 00 pour Godbout et Port-Cartier) 12 : 30 – Diner, site à confirmer 20 : 00 – Banquet, Salle municipale de Baie-Trinité Lundi 7 : 30 – Petit déjeuner, Salle municipale de Baie-Trinité Cet événement est rendu possible grâce à la participation de nos guides, mentors et jeunes mentors bénévoles, à l’implication de nos partenaires, et au soutien de nos commanditaires, dont;

Forfait 2 – tout compris: - Tout ce qui est inclut au forfait 1 plus la nuit du 1er septembre, les 3 repas du 2 septembre, la clinique de perfectionnement de lancer à la mouche avec un moniteur qualifié Forfait 3 – sans hébergement : - Tout ce qui est inclus dans le forfait 1, sauf l’hébergement Forfait 3 – Accompagnateur : - Tout ce qui est inclus dans le forfait 1 sauf les droits d’accès pour la pêche et les dîners.

Et la participation des commanditaires suivants :

Modalités de paiement : Les coûts d’inscription sont payables par carte de crédit à raison de 35% lors de la réservation, le solde prélevé le 1er août 2011. En cas d’annulation avant le 1er août, les frais déjà payés seront remboursables si les places laissées vacantes sont revendues. Après le 1er août, les frais ne sont pas remboursables.

Horaire du week-end : Vendredi le 2 septembre : 7 : 30 – Petit déjeuner, (lieu à confirmer) 8 : 30 à 11 : 30 Clinique de perfectionnement de lancer 12 : 00 – Diner 13 : 00 à 16 : 30 – Clinique de perfectionnement de lancer 18 : 00 Souper (lieu à confirmer) Samedi : 6 : 00 – Petit déjeuner général et briefing de départ, Salle municipale de Baie-Trinité 7 : 00 – Départ pour la journée de pêche 12 : 30 – Dîner, site à confirmer 20 : 00 – Souper de groupe pour les participants et mentors, Salle municipale de Baie-Trinité Dimanche : 6 : 00 - Petit déjeuner, Salle municipale de Baie-Trinité, et 2 autres restos à déterminer à Godbout et Port Cartier (7 : 00)

Pour toute question, s.v.p. vous adresser par courriel à : mentorat@quebecpeche.com ou au bureau de la FQSA, au 418-847-9191 poste 6 Saumons illimités 39


La Trinité,

un repos bien mérité! Texte et photos par Jocelin LeBlanc

L’

une des meilleures choses que réserve la vie de pêcheur globetrotteur est sûrement la pêche aux espèces anadromes, par exemple le saumon atlantique et l’omble de fontaine (truite de mer). Le duo Fatica, formé de Laurence, le père, dentiste en Pennsylvanie, et Richard, son fils, néphrologue en Ohio, désiraient tous deux un mélange de sensations fortes et de repos, question de s’évader du quotidien et du travail.

que le cristal flash orange chenille lui avait inspiré confiance. J’ai vérifié le bout de sa ligne et me suis rendu compte qu’il cassait facilement. Le reste de sa ligne me paraissant bien, je lui ai refait son nœud en lui expliquant qu’il faut toujours vérifier son nœud et son bout de ligne quand un saumon monte sur notre mouche : mieux vaut mettre un maximum de chances de son côté plutôt que de perdre son premier saumon à cause de la faiblesse d’un nœud.

Tôt cette journée-là, Laurence et moi étions installés en haut de la berge de la fosse du 9 mille pour que je lui pointe du doigt où se situaient habituellement les saumons. Pendant que Richard se préparait à faire sa première passe, le père m’a confessé que son fils méritait vraiment de belles vacances et que rien ne lui plairait plus que de le voir pris en plein combat avec Salar. J’ai tout de suite vu dans ses yeux à quel point il y tenait et j’allais donc faire de mon mieux pour montrer la base de la pêche au saumon à Richard, qui comme la plupart des pêcheurs urbains, n’avait jamais vraiment pêché à la mouche, et encore moins le saumon atlantique.

J’ai rembobiné environ un mètre de la soie dans son moulinet et me suis assuré que son frein était bien ajusté. Puis, je lui ai expliqué dans quel angle il était préférable de lancer sa mouche pour lui donner plus de vitesse, sans oublier de rallonger sa ligne de dix centimètres à chaque lancer jusqu’à ce que sa mouche se retrouve au même endroit que le saumon. Au premier lancer, je voyais très bien sa mouche nager à quelques centimètres sous la surface, la vitesse était idéale, la présentation était parfaite, le soleil était caché depuis dix minutes par de gros nuages sombres… Que dire de plus? Une scène parfaite pour un saumonier! En prime, un beau saumon semblait preneur à quelque dizaine de mètres de nous. Puis un deuxième lancer… Cette fois, la soie plus longue approchait la mouche de plus en plus près de son but. Et finalement le troisième lancer… Mon cœur s’est mis à battre plus rapidement, j’espérais vraiment que le prochain lancer soit le bon. J’ai averti Richard de tenir bon et de laisser le saumon prendre la mouche : « Lorsque tu sentiras une pression, lève la canne, pas trop brusquement quand même, pour ne pas lui enlever la mouche de la bouche. » Richard m’a fait signe d’un coup de tête pour dire qu’il avait tout compris et qu’il était prêt. La mouche est tombée où elle le devait, puis Salar est remonté comme un sous-marin à une vitesse normale, prendre la mouche en tournant, et Richard comme un pro a levé la canne et ferré le saumon. Étant plus

Ça ne s’annonçait toutefois pas facile pour le néophyte. Nous étions en période d’étiage et vivions des chaleurs dépassant les 25 °C. Soudainement, à ma droite, à la tête de la fosse, Richard a crié : « Joe, Joe, viens vite, il y en a un qui vient de monter sur ma mouche! Il devait peser 6 kg. » Surpris par mon nouveau sportif, je me suis vite rendu à ses côtés pour lui demander de voir sa mouche avant qu’il rembobine sa ligne afin de savoir à quelle distance se trouvait son saumon, et mieux lui présenter la mouche lors de la prochaine passe. Sa mouche dans les mains, j’ai rapidement réalisé qu’il s’agissait de l’un de mes patrons personnels, la Sparkle Whore. Quand je lui ai demandé où il l’avait prise, il m’a indiqué qu’elle trainait sur ma veste de pêche en arrière de mon camion et 40 Saumons illimités


malin que nous deux, le saumon a vite remonté le courant en notre direction d’un saut des plus spectaculaires, puis est tombé à quelques mètres de nous pour aussitôt retourner vers le bas de la fosse. La mouche a décroché de sa bouche et d’un dernier saut, il est disparu pour de bon dans la noirceur de la fosse. Laurence, sur le bord de la fosse, avait sa caméra éteinte dans les mains – tout s’est passé si vite qu’il n’a même pas eu le temps d’appuyer sur le bouton pour l’allumer. Nous étions en haut de la fosse, surpris et déçus de ce qui venait d’arriver, mais Richard avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles, silencieux, mais visiblement heureux. Je lui ai demandé s’il voulait essayer à nouveau, mais il m’a répondu qu’il devait reprendre son souffle : « Je suis trop énervé! Ce saumon m’a fait peur, je pensais qu’il allait me sauter dessus! »

Jour 2 Lors de cette première journée, nous avions manqué un saumon et capturé quelques truites de mer. Lors de la seconde, je me sentais confiant de réaliser le souhait de Laurence et faire en sorte que Richard capture et relâche son premier saumon. En direction de l’un de mes spots préférés, à mi-chemin vers le secteur 2 se trouve une petite fosse située à 1,5 km de la route forestière. Cet endroit était à mon avis la fosse parfaite pour passer notre deuxième matin - en espérant que les lieux ne soient pas déjà occupés. Arrivés sur les lieux : aucune voiture, aucune trace de quad. La chance continuait décidément à nous sourire en ce matin frais, voire un peu frisquet, quelques nuages dans le ciel à cause de la pluie de la veille. Bref, Dame nature avait tout mis en place pour nous assurer un matin des plus productif. À la fosse que les locaux nomment Rouge Gorge, une petite brume flottait encore à la surface de l’eau. Le soleil était encore caché derrière les rochers, il n’y avait pas de vent, mais des petites mésanges et des pic-bois qui perçaient le silence paisible. Laurence m’a regardé et avec un visage

Remise à l’eau d’un saumon à la fosse Rouge Gorge en août 2010.

rassurant, a lancé : « Que demander de mieux! Voilà… Nous avons trouvé Shangri-La en pleine Côte-Nord. » De son côté, le fils ne tardait pas à préparer sa canne et m’a demandé quelle mouche il devait attacher au bout de son avançon. Comme il s’était bien débrouillé la veille, pourquoi ne pas réessayer la même mouche! Tranquillement, il a attaché sa mouche et vérifié chacun des nœuds de son avançon. Je l’ai ensuite amené vers le pied de la fosse, cette fois-ci en laissant la tête de la fosse à son père. Une fois là, je lui ai d’abord pointé quelques roches de petite et moyenne tailles dans seulement soixante-quinze centimètres d’eau, puis quelques saumons qui se tenaient dans le coin. Je lui ai rappelé de ne pas perdre de temps plus bas parce qu’il n’y avait à peine plus de dix centimètres d’eau, et lorsque le soleil éclairerait la fosse, les saumons remonteraient pour être plus en sécurité. Richard s’est placé en amont des saumons, la position idéale pour leur offrir la noyée de façon traditionnelle. Je lui ai rappelé d’amender la soie pour faire accélérer la mouche, ce qu’il a fait immédiatement. J’ai regardé la mouche nager à un mètre des amas de roches où se trouvaient les saumons. « Aucune réaction », m’a-t-il demandé? Je lui ai répondu qu’il n’était pas encore dans la zone, mais que d’ici quelques lancers, il le serait. Deux lancers. Trois lancers. Au quatrième lancer, j’ai remarqué Richard avec son petit sourire qui déjouait son air sérieux, comme s’il savait que cette fois était la bonne. La mouche pénétrait dans l’eau, l’amendement parfait, la vitesse adéquate… Il ne restait à Salar qu’à faire son bout de chemin, ce qui est sans conteste le plus compliqué à réaliser ou prédire. La mouche orange low water reflétait les premiers rayons de soleil et tentait par tous les moyens d’éclairer la fosse pour nous en livrer les moindres secrets. Il a ensuite entrepris sa trajectoire courbe et le moment de vérité est arrivé, tout était en place, il ne restait que quelques minutes avant que le soleil ne vienne tout gâcher. ZZZZZzzzzzzzz. Le moulinet s’est mis à dérouler! Le néophyte est devenu un véritable saumonier en seulement quelques jours de pêche! Le saumon a sauté, une, deux, trois fois. Et chaque fois, le maître de la canne a fait tous les mouvements nécessaires pour ne pas mettre fin à ce combat des plus spectaculaire. Il faut bien appliquer la tension sur le saumon pour qu’il ne parte pas en aval. Richard a appliqué une pression de côté avec sa canne pour mieux contrôler le vilain combattant au bout sa ligne. Le combat a pris fin huit minutes plus tard, et le saumon était finalement dans mes mains. La mouche s’est vite retirée, le temps de quelques photos, et hop! remise à l’eau parfaite. La rivière Trinité est l’un des nombreux bijoux de la CôteNord, se démarquant par son accessibilité tout le long du parcours du secteur 1 jusqu’au pont du 22 mille. On y trouve le saumon atlantique et un nombre impressionnant de fosses, sans oublier les quatre mille ombles de fontaine anadromes qui la remontent chaque année. Endroit idéal pour marier repos et plaisir, elle dispose d’un avantage indéniable sur les rivières de la rive nord du Québec. La Trinité sera une excellence rivière pour le mentorat de la FQSA en 2011 — J. L. Saumons illimités 41


Rivière aux Rochers :

de l’action à revendre! Par Pascal Paquette Photos de Jocelin LeBlanc

S

ituée sur la Côté-Nord, à la frontière du 50e parallèle dans la magnifique ville de Port-Cartier, se trouve la rivière aux Rochers. Après plus de douze heures de route au départ de Montréal, nous y sommes enfin : un séjour de pêche au saumon pour trois amis saumoniers et moi-même. Marc Therrien et moi en sommes à notre première expérience sur cette rivière, tandis que Stéphane Lalande et Éric Paradis sont des habitués qui n’ont pas arrêté de nous en vanter les mérites pendant nos longs mois de préparation. Dès notre arrivée, nous avons été charmés par cette petite ville, les gens sont courtois, très accueillants et ils sont très fiers de leur richesse qui coule en plein centre-ville. Première escale : le poste d’accueil. Situé à quelques mètres de la rivière, il donne directement sur les fosses 1 et 2 du secteur contingenté. Nous prenons quelques minutes pour admirer la vue et par là même, y observer quelques saumons marsouiner en surface. Il ne nous en fallait pas plus pour nous faire rêver… Cette rivière comporte cinq secteurs, un libre, un contingenté et trois non contingentés. Avant de poursuivre, allons-y de quelques précisions sur la gestion de ces fosses. Le secteur contingenté comporte douze fosses jumelées par groupe de deux, par exemple les 8 et 11, la première étant excellente en eau basse et la seconde, en eau haute. Deux pêcheurs se retrouvent sur la fosse prometteuse et deux sur l’autre, puis en milieu de journée ils échangent. L’allocation des fosses est faite par tirage au sort au poste d’accueil, tous les pêcheurs s’y retrouvant la veille à 19 h pour connaître le résultat.

Sonie Poulin aux prises avec un saumon sur la fosse #3 dans le secteur contingenté de la rivière Aux Rochers, juillet 2010.

42 Saumons illimités


Pascal Paquette prenant Marc Thérrien en photo avec son saumon sur la fosse #8 dans le secteur contingenté, juin 2010.

Le poste d’accueil n’a rien des petites cabanes qu’on peut retrouver sur certaines rivières. Il est très moderne et chaleureux, et on y retrouve tout le nécessaire, des toilettes et breuvages, et surtout un personnel hors pair qui a su nous accommoder et nous aider tout au long de notre séjour. Le temps d’acquitter nos droits d’accès, il est pratiquement déjà l’heure du tirage! Plusieurs saumoniers sont présents et l’ambiance est formidable. Résultat? Stéphane et moi nous retrouvons avec les fosses 2 et 6 et Éric et Marc, les 9 et 5.

De l’action en quantité Après une bonne nuit de sommeil et un café au Tim Horton se trouvant à deux pas de la rivière, nous sommes prêts! Et il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour avoir un peu d’action : à sa deuxième passe, avec un Muddler Minnow, Stéphane prend un beau petit grilse. C’est d’ailleurs la seule prise que nous avons eue dans la matinée, même si les saumons nous ont montré leur présence à plusieurs reprises. Cette rivière possède du saumon en grande quantité et celui-ci est très actif! De leur coté, Éric et Marc ont chacun eu une attaque sur leur noyée, mais rien de plus. Comme nos deux fosses d’après-midi se trouvent côte à côte, quoi de mieux qu’un bon « shore lunch » tout en contemplant la rivière et en dégustant une bonne bouteille de Porto… Nous terminons notre journée au paradis! Le lendemain, seulement Marc et moi pêchons, aux fosses 8 et 11. Fait intéressant concernant la première des deux : elle est en plein milieu de la rivière, de sorte qu’il faut s’y rendre en canot. Ce n’est pas une fosse facile et nous devons nous tenir sur de grosses roches, mais l’action est au rendez-vous. Les Bombers olive semblent être la clé du succès, car à trois reprises, le mien se fait caler sans que je puisse en tirer profit! C’est maintenant au tour de Marc. Nous laissons le saumon se reposer quelques minutes avant de repasser un gros Bomber exactement au même endroit. Quelques instants plus tard, le voilà connecté à un grand saumon qu’il ramènera sans trop l’épuiser. Le temps d’une photo, nous l’avons déjà remis à l’eau. Moins de quinze minutes plus tard, c’est à mon tour. Sur une noyée Black Dose, l’attaque est violente. À cause du grand taux d’oxygène de cette rivière, les saumons y sont en plus grande forme et de ce fait très agressifs, ce que j’ai pu constater moi-même après plus de dix minutes de combat et un fil cassé. Dommage… Mais cette bataille et le premier saumon de Marc ont suffi pour nous coller un sourire au visage pour le reste du voyage!

Le troisième jour nous accorde un petit congé, puisque Marc et moi ne sommes pas sortis au tirage du 48 heures. Nous passons tout de même la journée sur la rivière avec Stéphane et Éric, qui sont sur la fosse 1 en matinée et la 5 en soirée. C’est d’ailleurs sur cette dernière fosse qu’Éric prendra son premier saumon du voyage. Quelques instants plus tard, Stéphane sera aussi connecté, mais c’est le saumon qui l’emportera cette fois-là. Pour notre dernière journée de pêche, je me retrouve encore sur la fosse 8. Nous avions tout d’abord pigé la fosse 2, mais nous avons bien voulu l’échanger à la demande d’un monsieur se disant trop vieux pour s’y rendre en canot. Eric et moi passons donc l’avant-midi sur la 8, alors que Stéphane et Marc ont droit à la 11. Marc s’en tirera avec un beau grilse. De notre côte, l’action n’a pas manqué : à ma première passe, je vois mon fil s’étirer sous mes yeux. Le combat est engagé encore une fois sur une Black Dose de taille 8. Mais une fois de plus, après deux magnifiques bonds hors de l’eau, Salmo Salar se décroche, à ma plus grande déception. À sa première passe, Éric y va à la sèche. On venait justement de voir marsouiner un peu plus haut dans la fosse, et au deuxième lancer, le Bomber est pris! Et cette fois-ci c’est du gros! Il passe tout juste devant moi, pour ensuite bondir hors de l’eau complètement de l’autre côté de la fosse. Ce saumon doit peser près de 30 livres, un vrai monstre! Bien installé sur une roche, notre ami Éric combat ce mastodonte pendant plus de vingt minutes avant que ce dernier ne se décroche. Nous sommes découragés. Éric aura toutefois la chance de se reprendre peu après alors que sur le même Bomber et pratiquement au même endroit, il se connecte à nouveau à un saumon de 15 livres qu’il ramènera avec succès. Nous prenons quelques photos sous-marines, puis nous le relâchons. C’est ainsi que se termine notre périple. Nos résultats de pêche sont plus que satisfaisants! Au total : huit saumons piqués en trois jours de pêche. Super! Il ne nous reste qu’une nuit à Port-Cartier et quoi de mieux qu’un bon souper pour se remémorer les beaux moments de notre séjour! J’ai d’ailleurs oublié de mentionner qu’on mange très bien à Port-Cartier, que vous ayez envie d’un sandwich rapide ou de vous arrêter le temps d’un bon dîner. Port-Cartier offre en effet un choix surprenant et vous y serez accueillis comme des rois. Bref, c’est une destination qu’il faut essayer pour ceux qui n’ont pas peur de l’action! Effectivement, beaucoup d’action à prévoir pour les participants du mentorat 2011. — P. P. Saumons illimités 43


une vision biologique Par Gilles Ouellette (biologiste)

G

aspésien de souche, mes ancêtres, les Madigan, sont de la municipalité de Maria et ma mère, une Martin bien acadienne, y a vu le jour. J’aurai pourtant mis quarante ans pour revenir vivre dans cette généreuse Baie

des Chaleurs. Entre-temps, ma carrière de biologiste en gestion des pêches m’a amené jusqu’au pays des Inuits, dans la région nordique du Québec appelée Nunavik, qui en Inuktitut signifie « notre pays ». Les Premières nations du pays de mes ancêtres gaspésiens, les Micmacs, appellent leur pays Gespegeoag. Là-bas, j’ai pu prendre un recul scientifique pour mieux comprendre l’écologie et l’anadromie de la truite de mer, l’omble chevalier et le saumon atlantique. Les autochtones connaissaient sans doute le pays de l’Escuminac et de la rivière Nouvelle, deux rivières voisines généreuses et abondantes en poissons, mais ces premiers pêcheurs de truites et de saumons n’ont pas laissé d’écrits. Jacques Cartier, lui, décrivait dans ses récits de voyage lors de son arrivée en Amérique « une mer remplie de morues ». C’est après quatre cents ans de pêche de subsistance et d’abus sur la côte atlantique canadienne et québécoise que les gens ont été confrontés à une nouvelle réalité : le déclin de la morue. 44 Saumons illimités

En novembre dernier, mon ami Bernard Laroche nous dressait un portrait attristant de ces abus dans son documentaire pour La semaine verte à Radio-Canada. Il nous racontait une histoire que personne n’aurait osé croire en 1970 sur les causes du déclin et de la disparition de la ressource. Et pourtant, les biologistes et chercheurs en parlaient depuis un demi-siècle au Québec. Depuis la grande protestation contre l’utilisation des bulldozers pour améliorer le passage des « billots » en 1974, les

Photo: Gilles Ouellette

L’abondance et la perspective de la truite de mer et du saumon dans la rivière Nouvelle :


Photo: Gilles Ouellette

Alevin d’omble de fontaine anadrome

dans cette analyse que l’omble de fontaine anadrome (la truite de mer) était une ressource exploitable intéressante, mais impossible à quantifier.

uvelle

Rivière No Rivière à Mars

Un million et demi de dollars investis plus tard, le mandataire officiel du gouvernement du Québec désigné pour gérer la pêche dans la toute nouvelle ZEC (Zone d’exploitation contrôlée) actualise le plan de mise en valeur et les prédictions de retour dans son rapport de 1999. Les résultats des pêches expérimentales à l’électricité réalisées en 1998 par les biologistes du gouvernement du Québec afin de mesurer l’abondance des alevins et tacons de saumon produits par la rivière s’avèrent décevants et indiquent peu de reproduction naturelle.

Localisations géographiques de la rivière Nouvelle et la rivière à Mars

gens d’ici se sont mobilisés pour protéger les habitats de la Nouvelle en la désignant comme rivière à saumon. Un geste noble et visionnaire pour protéger cette rivière à truite de mer contre l’insensibilité environnementale et les pratiques douteuses des forestières. Cependant, cet engouement était basé sur des chiffres hypothétiques de production salmonicole, des calculs théoriques de prédictions des retours de saumons introduits à grands frais par l’État. Dans le rapport final du Plan de mise en valeur du potentiel salmonicole de la rivière Nouvelle (PDES avril 1992), on estimait alors à 2 058 saumons la capacité théorique de production de la rivière. De cet estimé théorique, on prédisait la récolte de 1 057 saumons, grands et madeleineaux. Il était également précisé

Truites de mer dans leur environnement au Saguenay Photo: Alain Lapointe

Saumons illimités 45


1 700 géniteurs dans la passe migratoire, chiffres donnés par Marc Valentine, biologiste com. pers. Nous avons dressé un tableau comparatif des caractéristiques de ces deux rivières et nous sommes confiants de voir la Nouvelle faire beaucoup mieux que ses 90 truites de mer dénombrées en juillet-août 2010. Mais les questions demeurent encore nombreuses. Combien de temps cela prendra-t-il pour rétablir l’abondance d’antan? Comment doit-on s’y prendre pour redorer son blason et lui redonner ses lettres de noblesse?

Gilles Ouellet aux abords de la rivière Nouvelle en octobre 2010

Selon une nouvelle approche scientifique, on recalcule alors la production théorique en saumon pour la Nouvelle. On estime qu’une montaison de 346 femelles saumon est nécessaire pour venir y déposer annuellement les quelques deux millions d’œufs requis dans le gravier des frayères de la rivière. En théorie, ce calcul estime qu’il faudrait 155 madeleineaux et 190 grands saumons pour bien faire rouler la population du saumon. Les biologistes et aménagistes du saumon nomment cette valeur de deux millions d’œufs « le seuil de conservation » du saumon dans la rivière, un objectif à atteindre si l’on veut se démarquer comme rivière à saumon. Dans l’actualisation des prédictions de retour des saumons, ce rapport signale de nouveau que la truite de mer y est toujours intensivement exploitée sans pour autant avoir défini les paramètres biologiques d’une gestion prudente et du suivi de son exploitation. Au moment d’écrire ces lignes, l’évaluation de la dernière montaison de saumon de la rivière dénombrait entre 60 et 100 saumons qui n’étaient d’ailleurs pas tous des femelles porteuses d’œufs à déposer durant l’automne 2010. Après près de vingt ans d’efforts soutenus d’ensemencement (alevins et saumoneaux produits par l’état) et de protection contre la pêche illégale, la rivière est très loin d’avoir atteint son plein potentiel. Peut-être que la vraie nature de la rivière est bien différente de ce que prévoyaient les aménagistes du saumon? Quoi qu’il en soit, elle aura toujours le dernier mot en matière de capacité à produire des saumons. Regrettablement, nous n’avons toujours pas une idée très précise de la capacité de la rivière Nouvelle à produire des truites de mer. Les gens d’ici se souviennent et parlent de l’abondance d’antan avec une certaine nostalgie, tout comme pour la morue. Nous devons et pouvons cependant demeurer optimistes, et nous inspirer du success-story de la rivière à Mars qui se jette dans le Saguenay à la hauteur de la ville de La Baie, victime de la mémorable inondation de 1996. En 2010, soit sept ans après les premiers aménagements de frayères et les ensemencements de truites de mer, on dénombrait 46 Saumons illimités

D’une part, il nous faut comprendre et admettre que les gros géniteurs de truite de mer de la Nouvelle ont plus de succès reproducteur quand ils accèdent à des frayères et ne sont pas pêchés. De l’autre, il nous faut gérer la pêche avec une plus grande prudence et favoriser une remise à l’eau efficace des poissons de plus de 40 centimètres (16 pouces et plus) durant les saisons de pêche. De plus, il nous faut mieux comprendre l’habitat de la truite de mer et la technique de développement des aires de frai appropriées comme il a été fait au début du programme sur la rivière à Mars. Il nous faut également développer des indicateurs biologiques qui témoigneront du progrès du rétablissement de la population de truites de mer, affaiblie par la trop grande pression de la pêche et par une récolte que nous estimons excessive. Rivière Nouvelle

Rivière à Mars

Bassin de Drainage

1 196 km2

663 km2

Longueur du bassin

71 km

95 km

± 90

1700

± 60-100

262

Caractéristiques

Montaison de truite de mer adulte en 2010 Montaison de saumon en 2010

Il existe des approches de gestion faunique et de mise en valeur intelligentes qui permettront de compenser le manque à gagner en revenus de la pêche à court terme dans la Nouvelle : aménagement de frayères, promotion du changement dans les habitudes de pêche, modifications réglementaires de contingents, graciation obligatoire. Un plan d’action cohérent visant la planification d’ensemencements ciblés, une gestion intégrée des ressources et des aménagements fauniques bénéfiques doit être élaboré de concert avec les gens du milieu, les biologistes du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (le MRNF) et la FQSA. Nous nous devons d’en débattre ensemble publiquement et mettre l’épaule à la roue d’une manière éclairée pour promouvoir une gestion durable de cette ressource importante qui était jadis le fleuron de la rivière Nouvelle. Je vous invite à demander à la direction des communications du MRNF-Lac-Saint-Jean une copie de l’excellent documentaire vidéo de la reproduction de la truite de mer dans la rivière à Mars par Marc Valentine et son équipe. — G. O.


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Des

mouches, cannes à pêche... des

et un musée! Par Louise Bérubé

« Une belle prise! Voilà tout naturellement l’expression qui me vient à l’esprit et qui traduit bien mon sentiment face au travail de muséologie réalisé pour cette très belle exposition. Il s’agit d’une présentation soignée et bien articulée. »

C

’est ainsi que s’est exprimé monsieur Christian Denis, conservateur au Musée de la civilisation de Québec, après sa visite de l’exposition Des mouches, des cannes à pêche et autres curiosités, première activité officielle du Musée de la pêche à la mouche de Montréal.

Au printemps de 1994, juste avant une nouvelle saison de pêche, l’idée de fonder un musée de pêche à la mouche à Montréal avait germé dans la tête de quelques irréductibles, dont Marie-Claude Daigle et Jean-Guy Riendeau, qui se côtoyaient lors d’activités de la Fédération québécoise des pêcheurs à la mouche. Ces passionnés, souvent fils, filles et même petits-fils et petites-filles de pêcheurs tout aussi férus de pêche à la mouche, partageaient la description de leurs trésors personnels, objets rappelant une pléthore de merveilleux souvenirs et dignes de faire partie des artefacts de la collection d’un musée. Un premier événement à caractère muséal eut lieu en 1996. Pour commémorer le 500e anniversaire de la publication du livre Treatyse of Fysshynge wyth an Angle de la légendaire dame Juliana Berners, le Salon de la pêche à la mouche avait demandé à Jacqueline Lecomte de souligner l’apport de la 50 Saumons illimités

Photo: Robert Lalonde

Repères historiques

Boîte à mouche avec quatre panneaux amovibles contenant 225 mouches artificielles à plume. Don de monsieur Gary Anderson.

femme dans ce sport qui a la réputation d’être une chasse gardée masculine. À la demande de madame Lecomte, j’avais participé à l’élaboration de l’aspect visuel de cette présentation. Lorsque des négociations pour un projet muséal ont été entamées à l’hiver 2003, il n’était donc pas surprenant de retrouver dans l’équipe Jacqueline Lecomte, Jean-Guy Riendeau et Mario Comeau, dont la réputation de collectionneur n’était pas à faire.


Photo: Archives Mario Comeau

J.E. Comeau, guide de pêche sur la rivière godbout, autour de 1910.

Notre projet muséal Il nous faudra attendre le mois d’octobre 2005 pour passer à l’action et véritablement mettre en œuvre notre projet. Une année plus tard, soit le 16 octobre 2006, le Musée de la pêche à la mouche de Montréal était incorporé grâce au travail de maître François Chapados. Calqués sur les activités liées au champ muséal, les objectifs du musée sont la recherche, la conservation, le classement et la mise en valeur des objets qui touchent de près ou de loin le domaine de la pêche à la mouche. Le projet était ambitieux pour une équipe sans domicile fixe, avec un maigre budget et sans formation en muséologie. Qu’à cela ne tienne, nous avions plein de bonne volonté et une foule de connaissances à partager. Dans un premier temps, notre objectif fut d’établir un inventaire normalisé de nos artefacts en utilisant préférablement la terminologie française et de documenter ces objets afin de les exposer dans un espace public. Parallèlement à ce travail de recherche, nous explorions les orientations et les formes nouvelles que notre musée pourrait éventuellement adopter. Toutes les idées étaient recevables, sauf celles à gros budget : d’un musée itinérant à une collection virtuelle, avec ou sans aide des institutions déjà en place, tout était sur la table.

Première manifestation officielle À peine amorcée la structure de notre organisme, l’équipe se voit offrir par l’arrondissement et le musée de Lachine, une plage d’exposition d’une année, soit du 4 avril 2008 au 29 mars 2009, résultat d’une négociation de monsieur René Houde. Pour un musée qui n’avait pas encore pignon sur rue, la proposition était alléchante. Une visite des lieux nous a convaincus d’accepter. Mais pour moi, qui devenais la commissaire par défaut, le défi relevait d’une course contre

la montre. Sans inventaire complet de notre collection à ma disposition, j’ai choisi de développer un concept d’exposition à partir du titre : Des mouches, des cannes à pêche et autres curiosités… Je voulais que le visiteur occasionnel tout comme le spécialiste à la recherche de l’objet rare y trouvent leur compte. J’ai attribué un thème à chacune des dix-sept vitrines du sous-sol de l’entrepôt de Lachine dont voici quelques exemples : · La mémoire des MMM, qui souligne l’apport de ce regroupement montréalais de pêcheurs à la mouche. · Gary Anderson, dont le contenu représente une infime partie de sa collection personnelle qu’il a cédée au musée par l’entremise de monsieur Marc Dancose. · La pêche de père en fils puise dans la collection de la famille Comeau. · 500 (+11) ans de pêche au féminin, un clin d’œil au travail de recherche de madame Jacqueline Lecomte qui venait tout juste de décéder. · Des trophées, entre autres, trois certificats du Club des seize-vingt attribués à Lee Wulff, Lucien Rolland et Alain Préfontaine et fournis par monsieur Paul Leblanc. · Toutes espèces confondues, qui témoigne de la présence d’une pisciculture à Lachine, ville hôte de notre musée. Grâce à de nombreux et fidèles collaborateurs, nous avions donc complété le choix des artefacts pour cette exposition. Sous forme de dons ou de prêts, plus de deux cent trente items se retrouvent dans ces vitrines. Le vendredi 4 avril 2008 et sous la présidence d’honneur de madame Hélène-Andrée Bizier, auteure du livre La Pêche à la Mouche au Québec, nous étions fiers de présenter au public la première activité proposée par le musée. D’une paire de boutons de manchette ornés de mouches à une boîte contenant deux cent vingt-cinq artificielles à plume, le parcours de cette exposition avait de quoi étonner. Saumons illimités 51


Photo: Robert Lalonde

Photo: Paul Leblanc

monsieur Christian Denis devant la mouche de Benoit Lavigne. Cette mouche artificielle surdimensionnée avait été fabriquée pour être fixée sur des panneaux publicitaires extérieurs.

cette vitrine parmi les dix-huit de notre exposition à Lachine rend hommage aux Moucheurs du Montréal Métropolitain.

Au printemps 2009, alors que nous nous préparions à démonter l’exposition, une prolongation d’une durée indéterminée nous a été offerte. Nous en avons profité pour faire quelques modifications. Grâce à un prêt provenant de la collection personnelle de monsieur Guy Aird, nous avons créé une nouvelle vitrine dont le titre est Autour de Riopelle... Voici un extrait du texte qui l’accompagne : « En août 1993, Jean-Paul Riopelle rencontre son ami Paul Marier à son atelier de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Marier fut champion canadien de pêche à la mouche en 1936 et champion québécois de lancer lourd en 1954. Au moment de cette rencontre, il était passé maître dans le montage de mouches artificielles pour la pêche et occasionnellement, il nommait ses créations du nom de ses amis et de ses idoles. C’est ainsi que furent créées la Riopelle, la Vigneault, la Jack Rabbit et la Mae West. » Ces mouches artificielles sont exposées dans la vitrine qui a également servi à la promotion du Musée de la pêche à la mouche de Montréal. Elle nous a valu un achalandage record lors de la Journée des musées de 2009.

Exposition à St-Alexis-des-Monts En 2010, lorsque le conseil d’administration du musée accepta l’offre de la municipalité de Saint-Alexis-des-Monts d’y exposer notre collection, sans compter les multiples prolongations de l’exposition à Lachine, nous envisagions de puiser dans l’ensemble de nos artefacts. La bibliothèque Léopold-Bellemare de Saint-Alexis devenait ainsi une extension de l’exposition de Lachine : Des mouches, des cannes à pêche et autres curiosités… Il nous fallait donc élaborer un nouveau concept à partir des artefacts encore en réserve et de nos nouvelles acquisitions, dont un coupe-fil datant de 1896 et une canne à pêche ayant appartenu à l’honorable Louis Saint-Laurent. Par sa thématique et ses activités connexes ainsi que par l’intégration d’éléments provenant de collections locales, ce nouveau volet d’exposition respectait le lieu, la bibliothèque de cette municipalité, grâce à la complicité de madame Line McMurray, auteure originaire de la région. 52 Saumons illimités

Entre la mi-juin et la mi-septembre 2010, nous avons donc présenté aux Alexismontais comme aux visiteurs de passage au pays des pourvoiries, la Mauricie, la nouvelle collection du Musée de la pêche à la mouche de Montréal. En cette période de carence de l’enseignement de l’histoire dans les écoles du Québec, des admirateurs d’une belle canne en bambou se souviendront peut-être que Louis Saint-Laurent fut aussi premier ministre du Canada – méthode ludique pour s’approprier notre héritage collectif et mission accomplie pour notre musée!

L’avenir de notre musée À quoi rêvent les membres de notre conseil d’administration? Bien entendu, de se doter d’une équipe de professionnels et des services nécessaires à la gestion d’une collection en pleine croissance, et de posséder un local permanent avec des installations spécialisées pour ce type de fonction. Utopique, nous direz-vous? Selon nous, c’est plausible. Pour le moment, nous poursuivrons la mise en forme de projets d’exposition en collaboration avec des institutions déjà en place. La présentation régulière de notre collection, non seulement à Montréal, mais en région, permet de nous faire connaître tout en renforçant la crédibilité de notre organisme et de son équipe. Un jour, notre collection se retrouvera au bon endroit et devant les bonnes personnes qui deviendront les axes fédérateurs du développement de notre Musée. Notre mission procède d’un consensus pour protéger un patrimoine à la mémoire de ceux et celles qui ont fait l’histoire de ce sport au Québec. Elle veut aussi rappeler à tous que nous devons cet extraordinaire héritage à la quantité de plans d’eau riches en ressources halieutiques sur notre territoire : la conservation de l’un ne va pas sans la protection de l’autre. — L. B.

Notes: Monsieur Christian Denis est conservateur et coordonnateur du programme « Le Patrimoine à domicile » pour le Musée de la civilisation et le Musée de l’Amérique française. Louise Bérubé, auteure de l’article, est artiste plasticienne. Elle a enseigné au Collège Jeande-Brébeuf à Montréal et fait partie du conseil d’administration du musée. http://www.mpmm-mffm.com


Opinion d’un membre :

EXPLOITATION ET CONSERVATION par Guy-Noël Chaumont

Deux mots qui riment mais qui ne s’accordent pas lorsqu’il s’agit de la gestion des ressources naturelles renouvelables.

C

omment peut-on gérer, avec précision et équitablement, une ressource telle que celle du saumon atlantique lorsque seulement une partie de ses exploitants sont soumis à une déclaration obligatoire de leurs captures (pêcheurs sportifs), tandis qu’une autre partie (les autochtones) avec des moyens plus destructeurs opèrent des prélèvements illimités totalement inconnus et sans le moindre contrôle….? Quelles sont les conséquences biologiques, économiques et sociales d’une telle situation? Ces conséquences sont à la fois considérables et désastreuses dans tous les domaines. La prédation des filets amérindiens s’exerce massivement en début de saison sur les cohortes de gros saumons (trois ans de mer et plus) ce qui provoque une brusque interruption des arrivés de poissons dans la zone de pêche sportive (En 2009 et 2010 on a observé une longue période sans capture après quelques prises les deux premiers jours de l’ouverture). Cette prédation massive sur les saumons à montée hâtive prive la reproduction des caractéristiques génétiques de leur catégorie et favorise la présence majoritaire des sujets à montée tardive sur les rivières, ce qui a pour conséquence immédiate de modifier le cycle saisonnier des migrations. Nous assistons depuis deux ans à des arrivées

importantes de saumons (+ de 30% en 2010 en fin de saison au cours des mois d’août et septembre), poissons chargés d’œufs matures, qui ne mordent plus aux lignes dans les eaux basses et chaudes. Ceci est le cas pour les rivières Ristigouche et Matapédia. Cette situation néfaste est d’autant plus inacceptable pour les pêcheurs québécois qui paient et participent activement à la protection de la ressource. Ces problèmes, inhérent à une gestion inappropriée, ont été évités en ColombieBritanique où les jours de pêche et de non-pêche sont intercalés et modulés en fonction de l’importance quantitative des cohortes de saumons se présentant à l’entrée des rivières. Ainsi, le patrimoine génétique de l’ensemble des populations de saumons est sauvegardé et un partage équitable de la ressource devient possible. Pour ce faire, nous devons lever le voile obscur des pêches amérindiennes. Il devient primordial de savoir combien de filets sont posés dans les rivières, d’imposer des dates de pose et de relève de ces filets, d’imposer des quotas de capture, de les contrôler et de les faire respecter en tout temps. Ces dispositions indispensables nous permettront de comparer le nombre de jour-pêche des pêcheurs sportifs avec le résultat des pêches amérindiennes pour une gestion précise et logique donnant satisfaction à tous. — G-N. C.

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Babillard Entre le 16 février et le 16 mars 2011, naviguez sur l’Encan faune et nature Chevrolet de la Fondation de la faune du Québec (www.fondationdelafaune.qc.ca/encan La Corporation de gestion de la rivière Malbaie tiendra son souper bénéfice le 26 mars prochain au Faimont lel Manoir Richelieu. Pour information et réservation : 418 439-0672

La FQSA tiendra son Congrès annuel des saumoniers les 9 et 10 avril prochains. L’évènement, dont le thème sera « Sciences, technologies, et éthique de la pêche au saumon » aura lieu à l’hôtel Le Clarion de Québec, situé au 3125, boul. Hochelaga à Québec. Pour plus d’informations, contactez Amélie Dussault au 418 847-9191, poste 6 ou secretariat@saumon-fqsa.qc.ca Le congrès de la Fédération des gestionnaires de rivières à saumon du Québec (FGRSQ) se tiendra à Québec, les 30 avril et 1er mai 2011 à l’Hôtel Québec. Pour vous informer ou vous inscrire, visitez le site www.fgrsq.com ou composez le 1 877 734-2525.

L’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski inc (APSSRR) tiendra son dixseptième souper bénéfice le 7 mai 2011 au chalet du Club de Golf l’Empress dans l’arrondissement de Pointeau-Père. Le prix du billet est de 60 $ par personne. Pour informations : 418 722-6453 ou apssrr@globetrotter.net Le 7 mai prochain la Corporation de gestion de la rivière Saint-jean-Saguenay tiendra son souper bénéfice au Centre touristique Mont-Édouard. Les billets sont au coût de 70 $ par personne. Pour information et réservation : 418 272-2199. La Fondation de la faune du Québec tiendra sa prochaine soirée-bénéfice annuelle à Montréal le 19 mai prochain, à la Taverne Magnan, sous la présidence d’honneur de M. Pierre Laporte, Associé, Leader, Groupe restructuration d’entreprises Amériques chez Samson Bélair/Deloitte & Touche. L’Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure inc. des cours s’adressant à toutes personnes, avec ou sans expérience, désirant apprendre les techniques de pêche à la mouche, ou désirant s’améliorer. Les cours auront lieux les 3-4-5 juin 2011 ainsi que les 26-27-28 août 2011. Pour informations 418 534-1818 ou apsb@globetrotter.net

Des saumoniers et d’autres moucheux de Thetford Mines se font des « veillées » en hiver Par André-A. BELLEMARE

À la mi-janvier, dans la Rôtisserie Saint-Hubert de Thetford Mines appartenant à Yves Vincent, plus de soixante-quinze saumoniers et d’autres moucheux de la région se sont réunis pour leur 5e veillée amicale annuelle, organisée par le facteur David Saint-Laurent et son cousin Étienne Saint-Laurent, ingénieur. Au début de l’hiver, lorsque toutes les festivités familiales sont terminées et alors que la saison est plutôt morte pour les adeptes de la pêche à la mouche, David et Étienne ont l’habitude de réunir leur gang de chums de pêche pour se remémorer les anecdotes des excursions de l’année précédente et pour regarder de courtes vidéos, tant comiques que sérieuses, tournées lors de ces excursions. Mais, à mesure que la gang de chums a pris de l’ampleur, on a constaté que le salon d’une maison familiale ne suffisait plus à contenir tout ce beau monde : c’est pourquoi l’un d’entre eux, Yves Vincent, a proposé sa Rôtisserie Saint-Hubert pour une soirée. Soixante-dix pour cent des participants à la veillée — parmi David Saint-Laurent et Yves Vincent lors lesquels on remarque de plus en plus de femmes — sont membres de la FQSA; les autres de la soirée de saumoniers au Saintle deviennent habituellement durant les semaines et les mois suivants. À part la présentation Hubert de Thetford Mines des vidéos — lesquelles suscitent l’émerveillement ou le fou rire des spectateurs —, cette soirée accueille un conférencier. Cette année, ce fut Gérard Bilodeau, de Lévis, fort connu des saumoniers et des pêcheurs à la mouche du Québec, qui a parlé de la survie des salmonidés remis vivants à l’eau par les pêcheurs. David Saint-Laurent, membre du conseil d’administration de la FQSA, continuera d’organiser ces veillées durant encore de très nombreuses années à Thetford Mines, et souhaite que de telles soirées hivernales amicales et fraternelles soient aussi organisées ailleurs dans la province par des saumoniers et des moucheux passionnés!

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