Magazine saumon 95

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons Volume 36, numéro 1 • HIVER 2013

illimités 95

LA GRACIATION... Son effet sur la reproduction

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

RÉSULTATS DE PÊCHE 2012 Des statistiques fort attendues

MARCHER EN RIVIÈRE Faites-le en toute sécurité


L’union fait la force En devenant membre de la FQSA, vous recevrez gratuitement le magazine Saumons illimités, unique publication francophone sur le saumon atlantique. Vous recevrez également le Guide sur les réseau des rivières à saumon du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires. En devenant membre de la FSA, vous recevrez le magazine Atlantic Salmon Journal, publié quatre fois par année. Vous Photo : Jean-Guy Béliveau

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Numéro 95 Photo couverture : Fosse « Gros saumon », secteur 4, rivière York Photo de Jean-Guy Béliveau Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca | www.fqsa.ca

6 Mot de l’éditeur 8 Statistiques de pêche 2012

Éditeur et rédacteur en chef: Ghyslain Provençal Comité de rédaction : André A Bellemare, Bernard Beaudin, Gérard Bilodeau, Yvon Côté, Pierre Manseau, Gilles Shooner, Richard Sirois et Sylvie Tremblay. Publicité : Ghyslain Provençal Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 15 $)

10 Souper bénéfice 2012

• La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

20 La rivière Cap-Chat

Le conseil d’administration de la FQSA

24 Les meilleurs nœuds, partie 2

Président : Yvon Côté Secrétaire : David Veilleux Trésorier : Georges Malenfant

12 Pub à venir 14 Aller, traverser, pêcher et revenir

22 Hommages à Réal Soucy

Vice-présidence à la pêche sportive : David Saint-Laurent, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : Gilles L. Duhaime, Sylvie Tremblay

28 Portrait d’un administrateur de la FQSA... Georges Malenfant

Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie (Jack) Picard

30 La mouche fétiche de Gilles Aubert

Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Marco Bellavance et Paul M. Leboutiller • Rive nord : Georges Gagnon et David Basile

Sommaire

4 Mot du président

10

34 Impact de la remise à l’eau sur la reproduction du saumon

Représentant de la FPQ : Dominic Dugré

40 Gastronomie

Gestionnaires : 2 postes vacants Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean Boudreau Délégués externes : • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Étienne Saint-Laurent • Améllie Thériault

42 Un mot du Vice-président à la pêche sportive

Directeur général : Michel Jean

44 La rivière Petit-Saguenay

Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Index des publicités Air Médic................................................................................ 32 Auberge de la Matapédia........................................................ 55 Avalon.................................................................................... 23 Camp Bonaventure................................................................. 13

48 Deux pêcheurs sur une même canne 50 Le groupe « Nymphéas »

Chalets du bout du monde..................................................... 39 Fondation de la Faune du Québec.......................................... 13 FQSA-L’union fait la force......................................................... 2 Groupe Uniprix.......................................................................... 7 Hydro Québec........................................................................ 60 L’Atelier du moucheur............................................................. 49 La Capitale Assurances générales.......................................... 43 Magasin Latulippe..................................................................... 7 Mentorat 2013........................................................................ 29 Pierre Bahamas...................................................................... 39

54 Le livre gastronomique de Jacques Juneau 56 Opinion du lecteur 58 Babillard

Pourvoirie Corneille................................................................. 19 Pourvoirie Falls Gully............................................................... 33 Produits UNI........................................................................... 32 Rivière Cap-Chat.................................................................... 21 Rivière Mitis............................................................................ 41 Rivières du grand Gaspé......................................................... 37 Salmon Lodge........................................................................ 43 Salon expert Chasse et pêche................................................ 59 Torrent.................................................................................... 33

Le conseil des Gouverneurs 2011 Membres corporatifs Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Membre individuel M. John E. Houghton

34

14


Mot du président

Photo : Marcographie

Le saumon atlantique du Québec, en péril

L

e ministère des Pêches et Océans mène actuellement un sondage d’opinion sur l’opportunité d’inscrire ou non sur la Liste des espèces en péril du Canada les populations de saumons des différentes régions du Québec. Le saumon de l’île d’Anticosti serait désigné « en voie de disparition » tandis que les populations de toutes les autres régions salmonicoles du Québec seraient identifiées « en état préoccupant ». Le but de cette inscription est de contribuer au redressement des populations de saumons. Il est vrai que les populations de saumons du Québec sont actuellement à un niveau historiquement bas. Mais faut-il aller jusqu’à décréter que cette espèce doit être inscrite sur une liste d’espèces en péril? Judicieuse question! Il y a des pour et il y a des contre. L’inscription des populations de saumons du Québec sur la Liste des espèces en péril comporte un certain nombre d’implications. Parmi celles-ci, on retrouve par exemple, la réduction possible voire l’interdiction de la pêche tant récréative que commerciale, l’imposition de mesures pour protéger les habitats essentiels du saumon, ce qui conduirait éventuellement à des restrictions de certaines activités pouvant avoir un impact sur l’habitat du saumon, l’élaboration et la mise en vigueur d’un plan de rétablissement des populations de saumons. Voilà qui serait bien, si ce genre d’action n’était pas déjà en place. La principale menace qui pèse actuellement sur les populations de saumons est, de l’avis général des scientifiques, la mortalité naturelle en mer qui s’est accrue de façon très importante au cours des 20 à 30 dernières années. Pour l’instant, il est impossible de lutter contre ce phénomène qui pourrait être relié aux changements climatiques à l’échelle de l’Atlantique Nord. L’inscription des populations de saumons sur la Liste des espèces en péril ne changerait pas cet état de fait. Or, le gouvernement du Québec a déjà apporté des restrictions très sévères à la pêche sportive, tout en abolissant la

4 Saumons illimités

pêche commerciale le long des côtes de son territoire. Les populations de saumons du Québec sont gérées « rivière par rivière ». Selon ce principe, la pêche peut être soit ouverte, soit ouverte avec restriction, soit fermée, selon l’état des stocks de chaque rivière. Donc, la FQSA estime que le plan de gestion mis en place par le gouvernement du Québec répond adéquatement à la situation actuelle des populations de saumons du Québec. Si le gouvernement fédéral décidait d’inscrire le saumon sur la Liste des espèces en péril, il est à craindre que cela envoie un mauvais signal aux pêcheurs qui se diront qu’il vaut mieux cesser de pêcher plutôt que d’harceler un animal dont la survie est en péril. La désaffection des rivières qui s’ensuivrait possiblement pourrait entraîner une recrudescence du braconnage ou encore une diminution des fonds que les associations gestionnaires consentent à la protection des rivières. Qu’arriverait-il aux opérations « relève » que la FQSA et les gestionnaires entreprennent depuis quelques années pour favoriser l’émergence d’une nouvelle cohorte de saumoniers? Va-t-on favoriser le développement de la pêche sportive si l’espèce est en péril? Qu’arrivera-t-il aux pêcheurs étrangers qui viennent aussi bénéficier de la présence du saumon dans les rivières du Québec? Seront-ils tentés de poursuivre leurs activités de pêche dans des rivières dont les populations de saumons sont en déperdition? Bref, voilà un autre cas où il est nécessaire de bien soupeser les avantages et les inconvénients et d’envisager les solutions alternatives possibles. Je vous invite au congrès de la FQSA en avril prochain; on y discutera de ce dossier.

Yvon Côté, président


Quebec Atlantic Salmon, at risk

T

he Department of Fisheries and Oceans is currently conducting consultations on the opportunity to add the Atlantic salmon populations of the different regions in Quebec to the List of Wildlife Species at Risk of Canada. The Anticosti Island salmon population would be designated as « endangered », whereas all the other populations in the salmon regions would be identified as « of special concern ». The purpose of these listings is to provide for the recovery of the salmon populations. It is true that Quebec salmon populations are currently at historically low levels. But is it necessary to go as far as declaring that this species must be placed on the list of species at risk? Judicious question! There are evidently pro and cons to this issue. Placing the salmon populations of Quebec on the List of Species at Risk entails a certain number of implications. Amongst these, we find for example, the possible reduction, even the prohibition of commercial and recreation fishing; the imposition of measures to protect critical salmon habitats, which in turn would lead eventually to restrictions on certain activities that could have an impact on salmon habitat and the development and implementation of a salmon recovery plan. All this would be fine, if indeed such actions were not already in place. The major threat to salmon today, according to the general opinion of scientists, is from natural mortality occurring at sea, which has increased appreciably over the last 20 to 30 years. For the moment, it is impossible to fight his phenomena, which in fact may be linked to major climatic changes over the North Atlantic. The inscription of salmon populations on the List of Species at Risk will not change this situation. However, the Quebec government has already imposed very strict restrictions on the sport fishery, as well as abolishing commercial fishing along its territorial coasts. Salmon populations in Quebec are managed « river by

river ». Based on this principle, fishing may be either open, open with some restrictions, or closed based on the state of salmon stocks of each river. The FQSA therefore considers that the management plan already implemented by the Quebec government adequately addresses the current situation of the salmon populations in Quebec. If the federal government does decide to place salmon on the List of Species at Risk, it is feared that this would send a wrong signal to anglers who would conclude that it would be better to stop fishing completely rather than harass a species whose survival is at risk. The disaffection of rivers that would follow could result in more poaching or less funds available to manager associations for river protection. What about the « recruiting » campaign that the FQSA and river managers have undertaken over the last couple of years to support the emergence a new cohort of salmon anglers? Are we still going to promote the sport fishery if the species is at risk? What about non-resident anglers who also come to enjoy the experiences that Quebec salmon rivers offer? Will they still be tempted to continue their fishing activities in rivers where the salmon populations are considered to be in jeopardy? Briefly, here is another case where it is necessary to carefully weigh the pros and cons and to consider possible alternative solutions. I invite you to attend the upcoming FQSA congress in April; we can discuss this issue together.

Yvon Côté, president Saumons illimités 5


Mot de l’éditeur

Photo : Louise Poulin

On s’en souhaite une bonne...!

Au début de chaque année, la tradition est de se souhaiter « la bonne année ». Au moment où vous lirez ces lignes, nous serons déjà rendus au début mars et le printemps commencera à nous faire des clins d’œil. Comme il n’est jamais trop tard, je vous souhaite une année 2013 extraordinaire à tous les points de vue. De façon plus spécifique, je formule un souhait pour nous tous, après la difficile saison de pêche connue en 2012 où plusieurs pêcheurs (comme moi d’ailleurs) ont mangé leur pain noir. Ce vœu consiste, comme vous vous en doutez bien, à bénéficier de conditions plus favorables afin de vivre davantage de moments exaltants lors de nos sorties de pêche l’été prochain. Comme en 2011? Pourquoi pas!

à lire absolument porte sur le succès de la reproduction à la suite de la graciation du saumon. Pierre Dion nous présente la deuxième partie de son étude sur les meilleurs nœuds, un vrai travail de moine!

Fidèle à ses objectifs, Saumons illimités, vous présente des articles riches, variés et de qualité. Parmi ceux-ci, un article

Vos commentaires ou suggestions sont les bienvenus à l’adresse courriel suivante : ghyspro@videotron.ca

Par ailleurs, nous vous faisons connaître les très attendues statistiques officielles pour la saison de pêche 2012. Également, ne manquez pas de déguster la recette salivante du Chef Shooner... un régal! Bonne lecture! Ghyslain Provençal

Rivière Petit-Saguenay — Rectifications Dans le dernier numéro (94) de Saumons illimités paru en décembre 2012, un article présentait les résultats de pêche pour la dernière année. Concernant la rivière Petit-Saguenay, il est indiqué à la page 15 que la montaison s’est située à environ 80 saumons et qu’il y eut 30 captures. Ces données sont inexactes. Les résultats, à la fin de la saison, ont démontré une montaison se situant entre 175 et 200 saumons ainsi que 45 captures. Saumons illimités exprime ses regrets à L’Association de la Rivière Petit-Saguenay pour tout préjudice que cette situation pourrait lui causer. En vertu de leur Charte protectrice du saumon atlantique, les gestionnaires de la rivière Petit-Saguenay ont été les premiers au Saguenay à prendre la décision de fermer l’accès à la pêche entre le 1er et le 10 août en raison des conditions difficiles de l’été 2012. L’Association a pris toutes les mesures pour offrir une bonne qualité de pêche en 2013.

6 Saumons illimités


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Statistiques de pêche sportive Données fournies par le ministère des Ressources naturelles Nom de la rivière Bonaventure Cascapédia Causapscal Kedgwick Matapédia Nouvelle Patapédia Petite rivière Cascapédia

Mad.

Captures rapportées Réd. Total

297 9 26 7 376 6 45 16

0 0 88 13 512 0 21 0

Total Q1

782

634

297 9 114 20 888 6 66 16 1 416

Effort jours-pêche

Succès (cap./j-p)

6 561 4 794 341 183 7 519 399 765 1 007 21 569

Remises à l’eau

Succès Ajusté 1

0,05 0,00 0,33 0,11 0,12 0,02 0,09 0,02

843 1 547 15 0 154 6 25 140

0,17 0,32 0,38 0,11 0,14 0,03 0,12 0,15

0,07

2 730

0,19

Dartmouth 54 12 66 1 249 Du Grand Pabos 12 0 12 250 Du Grand Pabos Ouest 16 0 16 231 Du Petit Pabos 20 0 20 219 Grande Rivière 76 0 76 971 Malbaie 9 0 9 150 Petite rivière Port-Daniel* Port-Daniel Nord 4 0 4 153 Saint-Jean 81 2 83 1 909 York 111 269 380 4 642 Total Q2 383 283 666 9 774

0,05 0,05 0,07 0,09 0,08 0,06

27 20 28 134 32

0,16 0,16 0,22 0,22 0,27

0,03 0,04 0,08 0,07

1 349 81 672

0,03 0,23 0,10 0,14

Cap-Chat 51 27 78 1 022 De Mont-Louis* Madeleine 66 45 111 1 144 Matane 523 350 873 6 702 Mitis 177 140 317 1 628 Ouelle 10 5 15 160 Rimouski 93 0 93 741 Sainte-Anne 156 29 185 1 991 Sud-Ouest* Total Q3 1 076 596 1 672 13 388

0,08

Du Gouffre Jacques-Cartier* Malbaie (Charlevoix) Total Q5 À Mars Petit Saguenay Sainte-Marguerite Sainte-Marguerite Nord-Est Saint-Jean Total Q6 Aux Anglais* Aux Rochers Betsiamites* De la Trinité Des Escoumins Du Calumet* Franquelin* Godbout Laval Mistassini* Pentecôte Petite rivière de la Trinité* Total Q7 Aguanus Au Bouleau De la Corneille Jupitagon Magpie Matamec* Mingan Moisie Nabisipi Natashquan Petite rivière Watshishou Piashti Pigou Romaine* Saint-Jean (Moy. Côte-Nord) Sheldrake* Watshishou Total Q8

8 Saumons illimités

57 0,13

0,10 54 0,13 47 0,19 60 0,09 6 0,13 33 0,09 275

0,14 0,14 0,23 0,13 0,17 0,23

0,12

532

0,16

91

0

91

1 874

0,05

145

0,13

72 163

0 0

72 163

1 110 2 984

0,06 0,05

86 231

0,14 0,13

19 1 14 17 20 71

970 371 1 641 517 650 4 149

0,02 0,00 0,01 0,03 0,03 0,02

65 44 154 123 70 456

0,09 0,12 0,10 0,27 0,14 0,13

19 1 14 17 20 71

0 0 0 0 0 0

27

39

66

1 029

0,06

218

0,28

64 12

0 0

64 12

973 351

0,07 0,03

43 37

0,11 0,14

48 2

0 8

48 10

522 202

0,09 0,05

10

0

10

167

0,06

163

47

210

3 244

0,06

165

0,41

463

0,21

12 0 21 2 0

23 0 7 6 0

35 0 28 8 0

160

0,22

4

0,24

140 101

0,20 0,08

9 1

0,26 0,09

8 16 260 13 7 0

114 14 444 6 2 0

122 30 704 19 9 0

2 887 49 811 65 70

0,04 0,61 0,87 0,29 0,13

442 1 0 7 9

0,20 0,63 0,87 0,40 0,26

262

288

836

0,34

243

0,64

6 1 249

153 5 272

0,04 0,24

196 912

1,32 0,41

26 2 367

4 882


au saumon par rivière en 2012 Nom de la rivière

Mad.

Captures rapportées Réd. Total

Effort jours-pêche

Succès (cap./j-p)

Brador Est 20 2 22 63 Chécatica 0 0 0 Coacoachou Coxipi 0 0 0 Du Gros Mécatina 82 4 86 104 Du Petit Mécatina Du ruisseau au Saumon 11 2 13 37 Du ruisseau des Belles 13 1 14 40 Du Vieux Fort 50 1 51 148 Étamamiou 206 20 226 267 Kécarpoui 1 1 2 25 Kégaska 25 0 25 45 Musquanousse 7 1 8 41 Musquaro 22 2 24 45 Napetipi 0 0 0 146 Nétagamiou Olomane 226 25 251 281 Saint-Augustin Saint-Augustin Nord-Ouest Saint-Paul 35 6 41 693 Véco 2 2 4 11 Washicoutai 25 7 32 78 Total Q9 725 74 799 2 024

0,35

À la Loutre À la Patate* À l’Huile* Aux Cailloux* Aux Plats* Aux Saumons Bec-Scie* Bell* Chicotte* Dauphiné* De la Chaloupe Du Pavillon* Du Renard* Du ruisseau Box* Du ruisseau Martin* Ferrée Galiote* Jupiter Maccan* MacDonald* Petite rivière de la Chaloupe* Petite rivière de la Loutre* Sainte-Marie* Vauréal* Total Q10 À la Baleine Autres rivières Aux Feuilles George Koksoak Total Q11 Total Québec

0,83

Remises à l’eau

Succès Ajusté 1

74

1,54

0,35 0,35 0,34 312 0,85 106 0,08 10 0,56 5 0,20 1 0,53 0 0,00 254

2,45 1,24 0,48 0,67 0,22 0,53 1,74

0,89

120

1,32

0,06 0,36 0,41 0,39

829

1,26

15 1 726

0,60 1,25

26

2

28

194

0,14

1

0,15

38

0

38

154

0,25

11

0,32

53

0

53

141

0,38

12

0,46

4

0

4

32

0,13

1

0,16

203

0

203

527

0,39

147

0,66

324

2

326

1 048

0,31

172

0,48

0

0

0

106

0,00

166

1,57

3 143 136 388

1,33 0,89 1,89 1,00

3 200 157 526

2,33 2,29 3,04 2,36

0 89 112 201 4 255

4 38 145 187 2 705

4 127 257 388 6 960

63 840

0,11

8 420

0,24

* : Rivière fermée à la pêche au saumon. 1 : Le succès de pêche ajusté représente le nombre de poissons capturés auquel on ajoute ceux remis à l’eau vivants. Les rivières du Brick (Q10), depuis 1993, et au Tonnerre (Q8), depuis 1999, n’ont plus le statut de rivière à saumon, alors que les rivières Port-Daniel du Milieu et de l’Anse à la Barbe n’ont jamais eu ce statut. Étant donné que la remise à l’eau ne fait pas l’objet d’une déclaration obligatoire, les statistiques rapportées à cet effet demeurent un minimum et constituent donc une estimation. Depuis 2002, tous les saumons de 63 cm et plus (rédibermarin) doivent être remis à l’eau dans la zone Q10 (Île d’Anticosti). Toutefois, en se basant sur des lectures d’âge des années antérieures, on considère que les saumons de plus de 58 cm sont des rédibermarins dans cette zone, ce qui explique leur présence dans les captures sportives. En 2012, les données fournies pour les rivières à la Baleine et aux Feuilles sont incomplètes et n’ont pas été fournies pour la rivière Mingan.

Saumons illimités 9


Le 27e souper-bénéfice de la FQSA…

Encore un succès ! Texte de Ghyslain Provençal et photos de Marc-Antoine Jean

L

a Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) tenait son souper-bénéfice annuel le 26 octobre dernier, au Théâtre Capitole de Québec. L’événement, sous la présidence d’honneur de Monsieur Denis Forget, Vice-président exécutif du Groupe Uniprix, a connu un franc succès.

acquisitions intéressantes reliées à la pêche (équipement, forfait ou autres).

Cet événement constitue la principale source de financement de la FQSA. Les fonds recueillis permettent à la Fédération de poursuivre sa mission de conservation du saumon atlantique et de son habitat ainsi que le développement de sa pêche sportive.

L’activité de financement recueille ses fonds de deux façons. Premièrement, par le coût d’inscription comme tel, donc en lien direct avec le nombre de convives qui s’élevait à près de 300 cette année. Deuxièmement, par les profits tirés des divers encans et tirages auxquels les participants ont contribué. Cette deuxième source est disponible grâce à la générosité de nombreux collaborateurs, partenaires et commanditaires.

Consciente de l’importance du souper-bénéfice, la FQSA prend soin d’offrir un repas de grande qualité ainsi que des activités de financement divertissantes. Ainsi, les participants, en plus de « parler pêche » toute la soirée, ont l’occasion de soutenir une bonne cause, en s’amusant lors d’encans silencieux ou criés, de tirages, etc. Plusieurs repartent avec des 10 Saumons illimités

Concernant les résultats, les fonds recueillis ont atteint pas moins de 181 000 $, à la grande satisfaction du président d’honneur et de toute l’équipe d’organisateurs.

D’ailleurs, nous tenons à souligner la participation de plusieurs peintres réputés qui soutiennent la Fédération depuis de nombreuses années. Madame Louise Martineau


de Québec a offert la pièce maîtresse de l’événement, soit une huile sur toile intitulée « Beau temps pour étendre ». Des impressions numériques à tirage limité (10 exemplaires) ont été tirées de cette œuvre et sont disponibles auprès de la FQSA. Tex Lecor, St-Gilles, Jacques Hébert, Louis Tremblay, Raynald Leclerc et Marcel Fecteau étaient également présents. La FQSA remercie chaleureusement tous les participants et les commanditaires pour la réussite à tous les plans de cette belle soirée.

Madame Louise Martineau, artiste-peintre, présentant la pièce maîtresse de l’évènement. Elle est entourée à gauche du président d’honneur de la soirée, M. Denis Forget, Vice-président exécutif du Groupe Uniprix et à droite de M. Yvon Côté, président de la FQSA.

Un gros merci à nos commanditaires ! Agence Gravel Association de conservation de la Vallée du Gouffre Association de la rivière Ste-Marguerite Association de protection de la rivière aux Rochers Association de protection de la rivière Moisie Association des pêcheurs sportifs de la rivière Bonaventure Association des pêcheurs sportifs de la rivière Rimouski Auberge de la rivière Matapédia Avalon Cuban fishing center Aviatic Club Body Shop, Place Laurier Bushnell performance optics Camp Bonaventure Camp de la Haute-Madeleine Camp de pêche de la rivière Moisie Capitole de Québec Chez Magnan Chez Pierre Bahamas Claude Bernard Club de Golf Lorette Coin du moucheur Corporation de gestion de la pêche sportive de la rivière Mitis

Corporation de gestion de la rivière St-Jean Saguenay Corporation de pêche Ste-Marguerite Corporation de gestion et de restauration de la rivière Matapédia et Patapédia Création Garno-Joncas Croisière AML Dial Arsenault Donald Bouchard, Vignoble Isle de Bacchus Eau Boréal Spa Fairmont Manoir Richelieu Fédération des pourvoiries du Québec Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec Fédération du saumon altantique Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs Fondation Blairmore Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman Fondation de la faune Fondation pour la sauvegarde de la truite moucheté Formation pêche à la mouche Fourrures Yves Moussette François Juliano Gilles Côté G-Loomis Grizzly Groupe Dufour

Hôtel Belle-Plage Hôtel Clarion Hydro-Québec Jacques Gérôme Jacques Hébert Josée Fecteau La Capitale, assurance générales Latulippe Le Massif de Charlevoix Le temps des Cigales Louis Tremblay Louise Martineau Lyne Trudeau M. John E. Houghton Malenfant-Dallaire Marcel Fecteau Max Gros-Louis Middle Camp MSP Musique Paul Tex Lecor Pavillon St-Jean Pierre Martin, Édition du Sommet Pourvoirie Corneille Pourvoirie Hipou Pourvoirie Le Chasseur

Pourvoirie Moisie-Nipissis Québec sporting Raynald Leclerc RBC Dominion Restaurant La Sagamité Restaurant la Traite Restaurant Le Continental Restaurant Le Louis-Hébert Restaurant Trattoria La Scalla & Piccola Restigouche Salmon Club Rio Tinto Alcan Salmon Lodge SEPAQ Sexton & Sexton Siamois graphisme Société d’aménagement de la rivière Baie-Trinité Société de gestion de la rivière Madeleine Société de gestion de la rivière Matane Torrent Transcontinentale Uniprix Ville de Causapscal Yvon Côté Zec de la rivière Godbout et Mistassini Zec Pabok

Saumons illimités 11


Forum de Pêche à la Mouche Québec-Maritimes 2013

La Mention d’Honneur Paul Plante décernée à Yvon Côté Texte de Ghyslain Provençal et photo d’André-A. Bellemare

LA MENTION D’HONNEUR PAUL PLANTE REPRÉSENTE LE PRIX LE PLUS PRESTIGIEUX DANS LE DOMAINE DE LA PÊCHE À LA MOUCHE AU QUÉBEC.

C

e prix est attribué à une personne ayant apporté une contribution remarquable à l’avancement de la pêche à la mouche au Québec au cours des ans, surtout en matière d’éducation et de conservation.

Cette année, le Forum de Pêche à la Mouche Québec-Maritimes a décerné la Mention d’Honneur Paul Plante à Yvon Côté, président de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Ce prix lui a été attribué pour sa contribution remarquable et dévouée, depuis plusieurs années, à la protection du saumon atlantique et au développement de sa pêche sportive. Yvon Côté est le dix-neuvième récipiendaire de la prestigieuse Mention d’Honneur Paul Plante. Biologiste de formation, Yvon a été initié à la pêche sportive du saumon atlantique par feu François de Beaulieu Gourdeau. Au milieu des années 1970, il entreprenait sa carrière au ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec. Durant une vingtaine d’années, il a occupé divers postes reliés à la biologie du saumon atlantique, dont celui de biologiste en chef. Il occupe, depuis 2000, la présidence de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA). Il n’en est pas à sa première reconnaissance, ayant également reçu, en 1991, le prix de la Fondation François de Beaulieu Gourdeau et, en 2011, le prix Happy Fraser de la Fédération du Saumon Atlantique (FSA). Félicitations Yvon!

12 Saumons illimités

Yvon Côté recevant sa plaque honorifique des mains de Gilles Beaumont, coprésident du comité organisateur du Forum de Pêche à la Mouche Québec-Maritimes.


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Aller, traverser, pêcher

et revenir Texte et photos de Claude H. Bernard

Lors de la pratique de la pêche du saumon atlantique, la sécurité doit primer en tout temps. Aller, traverser, pêcher et revenir de façon sécuritaire est essentiel pour assurer le haut niveau de plaisir recherché! Claude H. Bernard

L

Pour augmenter le niveau de stabilité dans le sentier comme dans l’eau, servez-vous d’un bâton de rivière! Il vous permet de sonder le fond de rivière et il confirme ou modifie le passage choisi à l’œil.

Pour éviter les chutes durant une journée de pêche, il faut prendre son temps et se doter d’un bon équipement.

Il est facile de comprendre les jeunes de ne pas vouloir s’encombrer d’un tel accessoire. Mais, avec les années, à un moment imprévu et souvent très inopportun, la chute a lieu, la canne est brisée et pire encore, il y a blessure ou baignade forcée. C’est à chacun de peser le pour et le contre! Une compagnie de filtre à l’huile pour moteur avait comme slogan « Payez-moi tout de suite ou payez-moi plus tard ». J’ai commencé à me servir du bâton à l’âge de 40 ans, suite à quelques chutes. Les appareils photo des années 70 et 80 étaient affectés par la moindre goutte d’eau et avaient dû être mis au rancart.

a marche dans les sentiers, l’approche de la rivière, l’entrée dans l’eau, le positionnement, les déplacements pour pêcher et la traversée des cours d’eau sont des étapes extrêmement importantes lors d’une journée de pêche dans nos rivières à saumon. Être à la bonne place au bon moment est un dicton qui s’applique parfaitement à notre sport, mais encore faut-il s’y rendre sécuritairement!

L’équipement Un équipement bien ajusté est essentiel. Le pantalon imperméable parfaitement adapté à votre taille, muni d’une ceinture attachée, ainsi que les bottillons avec semelles antidérapantes de feutre dense de nouvelle génération ou de caoutchouc de type Vibram, munies de grappins métalliques ou non, offrant la mobilité et la traction nécessaires. Les modèles récents de bottillons assurent confort, support et stabilité. Utilisez la veste ou un sac à dos pour transporter avec soi tous les effets requis pour la pêche, sans oublier le lunch et les boissons. 14 Saumons illimités

Ayant une boucle d’attache à la ceinture du pantalon imperméable, le mousqueton du cordon du bâton s’y attache et s’enlève facilement. Le cordon du bâton doit être à peine plus long que le bras. L’attache à la ceinture peut être à droite ou à gauche, au choix de chacun. Durant la pêche, le bâton est lâche et libre dans le courant. Le cordon du bâton


peut aussi être porté au-dessus de l’épaule opposée à l’attache, le bâton tombant à l’arrière du pêcheur.

Types de bâtons de rivière La nature fait bien les choses. En effet, si vous avez oublié le vôtre, vous pourrez vous tirer d’embarras en ramassant un bâton sur la rive pour effectuer la traversée. Une fois rendu à destination, placez le bâton en vue et servez-vous en pour le retour. Il arrive souvent que des pêcheurs utilisent un ancien bâton de ski recyclé comme bâton de marche ou comme bâton de rivière. Dans le commerce, on retrouve les bâtons de métal. On peut aussi se procurer des bâtons de bois fabriqués de façon artisanale.

Le bâton de métal Il est constitué d’une poignée de liège et de courtes sections de tubes métalliques s’emboitant les unes dans les autres et retenues par un puissant élastique. Lorsque le pêcheur veut l’utiliser, il suffit de le sortir de son étui porté à la ceinture, le laisser s’allonger sous la tension de l’élastique et l’abouter, saisir la poignée de liège et entamer la traversée. Différents manufacturiers offrent ce type de bâton dans nos boutiques spécialisées de pêche à la mouche.

Ian D. Martin avec le bâton de ski recyclé et Larry McGratton avec un bâton à sections métalliques traversent allègrement la Bonaventure.

Trois pêcheurs expérimentés, André Boucher avec son magnifique bâton, le très solide Gérard Bilodeau sans bâton et Gérald Lefebvre muni d’un bâton trouvé sur la berge. Saumons illimités 15


Le bâton de bois

Déplacements dans l’eau

Il est fabriqué de façon artisanale en utilisant différentes essences de bois. Une simple branche choisie dans le décor, travaillée à la maison, munie d’une poignée confortable et d’un cordon d’attache est suffisante.

Plusieurs pêcheurs au moment de perdre l’équilibre et de tomber à l’eau sont portés instinctivement à vouloir protéger leur canne à mouche. Ils craignent de la briser dans la chute. Ceci est vrai sur la terre ferme, mais pas dans l’eau. Agiter la canne dans l’air ou la rabattre violemment sur la surface de la rivière peut rarement l’endommager. La canne peut servir à retrouver l’équilibre en la déposant avec force à la surface de l’eau. Durant cette courte période de temps avant que la canne s’enfonce, elle peut aider à retrouver cette stabilité temporairement perdue.

Celui que je fabrique est à faible conicité, finement sablé et recouvert de trois couches d’huile d’abrasin. Ce fini isole le bois de l’humidité et donne une belle apparence semilustrée. Le tout est complété d’une poignée faite de corde enroulée et d’un cordage d’attache muni d’un mousqueton français prêt pour l’attache à la boucle de la ceinture. La longueur d’un bâton varie selon le confort de chacun, soit de 46 à 56 pouces (117 à 142 cm). Pour ces bâtons, j’utilise le chêne, le frêne, l’érable, l’érable piqué, l’érable frisé et le cerisier d’automne.

Déposer rapidement la canne sur l’eau permet à Wayne Taylor de retrouver l’équilibre avant que celle-ci s’enfonce. Serge Racine s’apprête à utiliser le bâton de bois pour traverser la Bonaventure en amont de la fosse Smith.

Le bâton de bois a l’avantage d’être silencieux lorsque le bout entre en contact avec les cailloux du fond de rivière et en plus, il flotte. Très peu bruyant, il est toujours à la portée de main. Mon ami André Boucher fabrique de magnifiques bâtons de rivière décorés d’incrustations sculptées et munis d’une poignée recouverte d’un salmonidé enroulé. Un cordon d’attache et un mousqueton complètent ce bâton de très grande qualité. 16 Saumons illimités

Il est évidemment plus facile de marcher dans l’eau lente jusqu’à la taille que dans l’eau rapide au niveau des genoux. La vitesse du courant pousse les pieds jusqu’à les faire déraper et vous faire tomber. Lorsqu’il est possible de choisir, évitez le courant rapide.

Si vous êtes seul Pour traverser une section peu profonde et rapide, présentez le flanc de la jambe au courant, stabilisez chaque pied en les remuant dans le substrat, avancez et stabilisez le pied aval en sondant le fond pour repérer les gros blocs. Si vous utilisez


un bâton de rivière, celui-ci aura été avancé et ancré dans le fond avant le déplacement du pied aval. Avancez maintenant le pied amont. Répétez ce geste vers la berge opposée tout en suivant une trajectoire à angle vers l’aval. Chacun devrait choisir l’angle de la trajectoire à suivre en fonction de la vitesse de l’eau et de sa profondeur. Plus la vitesse est forte, plus l’angle de la trajectoire de traversée doit être orienté vers l’aval. La puissance du courant facilite alors le déplacement vers le bas de la rivière. Lorsque la limpidité de l’eau permet de choisir la trajectoire avant d’entamer la traversée, choisissez les endroits de gravier plutôt fin à l’aval de plus gros blocs où se forment des contre-courants neutres. Si la traversée doit se faire dans une section de gros blocs, vérifiez leur stabilité et la profondeur de l’eau à l’aval de chacun avant d’y déposer le pied. Il faut éviter de faire face au courant. Le pêcheur offre alors une grande surface de son corps et une perte de stabilité survient rapidement. Au moment du retour, déplacez-vous sur la berge vers l’amont, à un point permettant une traversée en direction du point d’arrivée choisi. Il faut se rappeler que la vitesse de l’eau et sa profondeur sont déterminantes dans le choix de la trajectoire sélectionnée. Il est impératif de traverser en direction de l’aval du point de départ. Il est conseillé de porter le vêtement de flottaison de votre choix pour vous sécuriser.

Lorsque vous êtes en sentier, il agit comme bâton de marche et, dans l’eau, comme stabilisateur pendant qu’un pied est avancé. Avec le bâton, il est permis de maintenir deux points d’appui en contact avec le sol, consolidant ainsi votre équilibre, donc votre sécurité. Lorsque le bâton est avancé, les deux pieds sont ancrés. Lorsqu’un pied est avancé, le deuxième pied et le bâton sont ancrés et ainsi de suite.

Si vous devez traverser en étant plus de deux pêcheurs Faites-le en groupe de deux à la fois. Voici les façons de faire : 1 Les deux pêcheurs présentent leur flanc plus costaud ou le guide étant à l’amont une bonne partie de la force de l’eau. se déplace ainsi en eau beaucoup plus contre-courant.

au courant, le pour absorber L’accompagné calme dans le

2 Les deux peuvent se tenir par la main. 3 Ils peuvent s’entrecroiser le bras, mais il faut bien synchroniser les pas.

Si vous êtes un adepte du bâton de rivière, vous avez maintenant un allié de taille! Celui-ci vous permet d’ajouter un troisième point d’appui lors de tous vos déplacements.

4 En eau rapide, ils peuvent croiser et tenir devant eux les deux cannes à l’horizontale, chacun ayant en main la poignée de sa canne et le scion de l’autre canne. Alors qu’un avance, l’autre agit comme pivot d’ancrage. Le premier devient alors le pivot pendant que le deuxième avance de deux grands pas. Si les cannes sont encore dans leurs tubes, tenez les tubes! J’ai maintes fois utilisé cette méthode et je peux vous assurer qu’il n’y a aucun danger de bris de canne. À cette même méthode, les deux peuvent en plus ajouter le bâton de rivière dans la main libre.

La canne et son tube aide ces deux pêcheurs à traverser en alternance.

Wayne Taylor et Dale Buzzel utilisent leurs cannes pour traverser en alternance. Saumons illimités 17


Étant plus âgé on a besoin d’un bâton et du pommeau de la canne d’un plus jeune.

5 Vous pouvez aider un pêcheur âgé et peu stable en lui offrant le bout de la poignée de votre canne alors qu’il utilise le bâton de rivière dans son autre main. 6 Un bâton de rivière peut servir à deux pêcheurs. Le titulaire du bâton le dépose dans le fond de la rivière, avance d’un pas et rend la poignée accessible à son compagnon qui s’y appuie pour avancer de deux pas. Il faut alors répéter la séquence jusqu’à la rive. 7 Le même bâton peut être tenu à l’horizontale par les deux pêcheurs. Pendant qu’un avance, l’autre agit comme pivot d’ancrage. Le premier devient alors le pivot pendant que le deuxième avance de deux grands pas.

Tourner dans le courant

sur le pied aval, relevez le pied amont et pivotez tout votre corps de 180 degrés. La force du courant et sa faible profondeur devraient vous aider à tourner. Le pied amont que vous avez levé est maintenant à l’aval et vous êtes face à la berge opposée. 2 Par contre, lorsque vous devez tourner dans un courant puissant alors que la profondeur de l’eau est plus qu’à la mi-cuisse, il faut faire différemment. Dans cette condition il est recommandé de ne pas tourner le dos au courant. Il faut faire plutôt face au courant et se pencher légèrement vers l’amont. Tournez lentement, glissez, placez et ancrez chaque pied solidement pour faire face à votre point de sortie. Pendant ces mouvements, bougez et ancrez le pied amont en premier.

En pêchant, il est facile de se laisser distraire et de se retrouver en eau un peu trop profonde. Cela vous est-il déjà arrivé? Attention, le danger vous guette!

3 Si jamais vous êtes en eau au-delà de la ceinture et qu’il n’est pas possible de vous retourner, vous devez alors faire dos au courant et entreprendre une série de pas lunaires en tentant de vous rapprocher de la berge.

Vous devez alors virer pour retourner en eau sécuritaire. Voici comment faire :

Perte de contrôle

1 Le niveau de l’eau est sous la mi-cuisse. Lorsque vous devez tourner dans un courant d’une profondeur égale ou inférieure à votre mi-cuisse, le geste est simple et sécuritaire. Présentez un flanc au courant, prenez appui

Si vous perdez pied et partez à la dérive, laissez-vous flotter sur le dos les pieds vers l’aval. Restez calme! Tout en flottant, tentez de vous diriger en eau peu profonde avec les bras et les mains jusqu’au point où les pieds toucheront le fond.

18 Saumons illimités


Plutôt que d’essayer de vous lever, rampez vers la berge. Une fois rendu en eau très peu profonde, en étant couché sur le dos, relevez les jambes très hautes une à une pour évacuer l’eau de votre pantalon imperméable. En pareille situation il est préférable de laisser aller votre canne à pêche. Il sera sans doute possible de tenter de la retrouver et de la récupérer plus tard.

Le saumon est sur votre ligne Plusieurs pêcheurs ont tendance à reculer aussitôt qu’un saumon prend leur mouche. Il y en a même qui semblent vouloir grimper dans le bois de reculons. Très mauvaise idée! En plus d’être dangereux, de tomber à la renverse et de se blesser, le pêcheur brise la première et la plus importante règle, soit de tenter de garder le saumon sur une courte ligne. Le pêcheur devrait essayer de garder le saumon sur la ligne la plus courte possible et de rester dans l’eau à la hauteur des genoux lorsque cela est possible. La maîtrise du saumon est beaucoup plus facile et rapide dans de l’eau entre 60 et 75 cm de profondeur. Le saumon est plus facilement approché et maîtrisé alors qu’il résiste dans de l’eau peu profonde. La prise à la main est très facile dans ce cas. Bien sûr que les conditions parfaites ne sont pas toujours disponibles. Dans ce cas, le pêcheur se tourne, comme décrit précédemment et fait face à la berge pour s’en approcher.

dans l’air. Il faut aussi se souvenir que l’ouïe du saumon atlantique est sensible aux bruits de basses fréquences de 30 à 400 Hz. L’oreille des poissons est très vive entre 10 et 1000 Hz. Sous l’eau, c’est un monde de basses fréquences. L’étendue de l’ouïe de l’homme se situe entre 10 et 20,000 Hz. Le bruit léger à l’extérieur de l’eau n’y entre pas; donc, parler n’affecte en rien le poisson. Le déplacement insouciant des pieds d’un pêcheur dans le gravier du fond de rivière, le cliquetis du bout d’un bâton de rivière à pointe métallique ou le grincement des grappins métalliques des bottillons, génèrent tous ces bruits à basse fréquence avertissant le saumon de notre approche éminente. Tout bruit généré sous l’eau est à fréquence plus basse que le même bruit généré sur les cailloux secs de la berge. Le pêcheur doit donc se déplacer avec précaution, silencieusement, mais surtout lentement.

Au saumon, nous prenons notre temps pour aller, traverser, pêcher et revenir, d’accord? Note : Autre article à ce sujet : John Gantner, «Felt Soles Up», de la revue FLY FUSION, hiver 2011. Voici les coordonnées : Fly Fusion Magazine: 100, 2250 – 162 Avenue SWPO, Box 24030, Calgary, Alberta, T2Y 0J9 www.flyfusionmag.com

Verres polarisés, ah oui! Pour ajouter encore plus de sécurité à l’activité, il s’avère avantageux de très bien voir le fond de l’eau. En effet, la lecture de la surface de l’eau est essentielle, mais l’information recueillie peut être insuffisante, à l’occasion, et mener directement dans un guet-apens malencontreux. La lunette polarisée commerciale ou de prescription élimine la très grande majorité des reflets de la lumière sur l’eau. Ces reflets étant éliminés, la vue améliorée à travers l’eau permet de scruter le fond et de bien choisir le trajet à emprunter avant et pendant la traversée. Avec l’utilisation de verres polarisés, l’appréciation de la nature du substrat, le choix de parcours et la façon de l’aborder rendront la traversée encore plus sécuritaire. Oui, oui, les verres polarisés sont quasiment essentiels pour s’assurer une traversée et une arrivée au sec !

Attention au bruit! Rappelons-nous que le son voyage très loin dans l’eau. Sans interférence, il peut franchir au-delà d’un kilomètre par seconde, soit 1493 m/s. Cela est cinq fois plus rapide que Saumons illimités 19


Deuxième article, d’une série de trois, sur l’une des rivières à saumon de la haute Gaspésie

La rivière

Cap-Chat Texte de Gaston Lemieux

La rivière Cap-Chat prend sa source dans le massif des Chic-Chocs, à partir du lac Joffre (Grand lac Cap-Chat), ainsi que dans plusieurs autres lacs qui se déversent dans le bassin versant de la rivière. Elle intercepte l’eau de nombreux ruisseaux qui dévalent les montagnes, ce qui garde la température de l’eau plus basse durant toute la saison et favorise le succès du taux de survie des saumons lors de la remise à l’eau. Gaston Lemieux Photo : François Lemieux

Les secteurs de pêche Reconnue pour son eau limpide, sa facilité d’accès et ses

• Secteur 3 : Il s’agit d’un secteur à truites seulement, d’une longueur de 6 km; il est contingenté à 2 perches/ jour et on y retrouve les fosses 43 à 52.

saumons de grande taille, la rivière Cap-Chat offre trois secteurs de pêche : • Secteur 1 : Près de la route 132 à partir du vieux pont, ce secteur non contingenté s’étend sur 16 km et il dénombre 13 fosses. • Secteur 2 : À partir de l’accueil L’Islet, ce secteur contingenté à 12 perches/jour s’étend sur 18 km et inclut les fosses 14 à 42. 20 Saumons illimités

Les amateurs de pêche peuvent s’adonner à leur sport du 15 juin au 30 septembre. La remise à l’eau obligatoire des grands saumons, dans les secteurs 1 et 2, s’étend du 15 juin au 31 juillet. Début août, après le comptage des saumons et lorsque le nombre de géniteurs le permet, le ministère des Ressources naturelles nous accorde la possibilité de garder un certain nombre de grands saumons dans ces deux secteurs. Lorsque le


La réputée fosse Cameron

Les eaux limpides de la fosse Magone

Photo : Gérard Bilodeau

Photo : Ghyslain Provençal

quota est atteint, on revient à la remise à l’eau obligatoire. Durant toute la saison, les pêcheurs peuvent conserver les saumons de moins de 63 cm, à raison de deux par jour.

Activités touristiques

Bien qu’il soit fréquent de prendre de belles truites de mer dans cette partie de la rivière (secteurs 1 et 2), c’est le secteur 3 qui est privilégié pour ce type de pêche. Aucun saumon ne peut être gardé dans le secteur 3.

Hébergement Pour un séjour reposant, imprégné par la nature, la Zec de la rivière Cap-Chat offre au pêcheur la possibilité de louer un des trois chalets complètement équipés et très confortables, situés à l’accueil L’Islet. Il y a aussi possibilité de camping avec roulotte ou en tente.

C’est à Cap-Chat que l’on peut observer la plus puissante et la plus haute éolienne à axe vertical au monde et visiter le parc éolien ÉOLE Cap-Chat. Au bas de la côte des Capucins, vous découvrirez le Centre d’interprétation de la Baie-desCapucins qui met en valeur la faune et la flore du marais salé ainsi que l’histoire de cette communauté. Vous pourrez aussi visiter une ancienne cache de contrebande d’alcool, le musée maritime et patrimonial, la brûlerie, des sentiers fleuris et un phare datant de 1909. Bon séjour à Cap-Chat et pour plus d’informations sur notre rivière à saumon, veuillez communiquer avec : Société de Gestion de la Rivière Cap-Chat C.P. 487, Cap-Chat (Québec) G0J 1E0 418-786-5255 sgrchat@globetrotter.net

Chalet tout équipé à proximité du poste d’accueil Photo : Ghyslain Provençal

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Réal Soucy…

Un homme de cœur et de confiance Par Marcel Bélanger et Pierre-Paul Turcotte respectivement président et ex-président de la Société de gestion de la rivière Matane

Réal Soucy n’est plus. La maladie aura pris le dessus. Aujourd’hui, il convient de rendre un hommage mérité à cet homme de cœur et de confiance, dont le souvenir demeurera longtemps dans l’esprit de ses proches et des habitués de la rivière Matane.

H

omme de cœur par son amour inspirant de la nature et des êtres humains. Homme de confiance par son influence positive sur toutes les décisions prises par les différents administrateurs de la Société de gestion de la rivière Matane (SOGERM), tout au long de sa carrière de directeur. Dédié au développement durable, Réal Soucy s’est impliqué dans des activités reliées à la sauvegarde du saumon atlantique, à la protection de ses habitats ainsi qu’à la promotion de bons comportements chez les pêcheurs sportifs. Dès le début des années 90, il a été membre du comité de valorisation de la rivière Matane qui a donné naissance à la Société de gestion de la rivière Matane (SOGERM). Réal Soucy

Lors de la création de la SOGERM, il s’en est vu confié la direction et ce, jusqu’à la fin de la saison 2011. À la barre de la corporation, il a su se démarquer grâce à ses habiletés de gestionnaire. Il était très respecté et apprécié de tous ses employés. Reconnu pour sa contribution significative, il a obtenu le Salar du Bas-Saint-Laurent de la FQSA, pour ses qualités

22 Saumons illimités

Photo : Romain Pelletier

de gestionnaire, mais surtout pour sa participation active à deux dossiers majeurs, soit l’élimination des soies calantes et la promotion du code d’éthique du pêcheur. Ces dossiers lui tenaient tellement à cœur… Merci Réal !



Les meilleurs

nœuds Texte de Pierre Dion

Partie 2 : Avec les divers matériaux d’avançon

Dans la dernière édition de Saumons illimités, je présentais un article sur la résistance des nœuds les plus connus, avec le fluorocarbone. On découvrait que certains nœuds n’offraient qu’une résistance de 60 % de la résistance ultime (résistance indiquée sur la bobine du fil). D’autres nœuds un peu plus élaborés offraient une résistance de 90 % à 99 %, mais ils étaient aussi un peu plus compliqués à réaliser. Pierre Dion

Comme certains points d’insatisfaction subsistaient dans mon esprit, j’étais curieux de poursuivre mes recherches dans la littérature et je désirais même tenter d’améliorer certains nœuds, si cela était possible. Dans le présent numéro, j’ai voulu étendre la recherche et les essais à tous les matériaux d’avançon en les testant avec les nouveaux nœuds les plus prometteurs, puis de vérifier encore leur résistance en action (avec des chocs plus ou moins brusques). Voici donc ce que cela a donné…

Le cas du Double Turle Le Double Turle était mon nœud préféré et il me fallait absolument trouver un truc simple pour l’améliorer. J’ai continué mes recherches sur Internet et c’est alors que je suis tombé sur les articles du fameux Knot War. Les découvertes faites grâce à cette compétition allaient me fournir les outils pour arriver à mes fins. Mais d’abord, voici les meilleurs nœuds développés dans les dernières années pour le fluorocarbone:

San Diego Jam

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Fish-n-Fool

Eye Crosser

Centauri


J’ai obtenu une résistance de 80 à 100 % avec le San Diego. Selon moi, ce qui contribue à sa force est le fait que les enroulements sont réalisés à l’inverse de ceux du Clinch. Ainsi, l’étranglement du premier enroulement est amorti par les suivants, tandis que c’est le contraire pour le Clinch. Pour ce dernier, le stress est entièrement concentré sur le premier enroulement, et c’est là que ça pète. De plus, les enroulements se resserrent sur deux brins dans le cas du San Diego, au lien d’un seul brin dans le cas du Clinch. Le fluorocarbone étant plus dur que le nylon, il tolère mal les concentrations de contrainte (stress riser); il vaut mieux répartir la tension sur plusieurs enroulements et sur plus d’un brin! J’ai obtenu de 90 à 100 % avec le Fish-n-Fool. Il possède les mêmes points forts que le San Diego, mais, en plus, le brin est d’abord enroulé deux fois autour de l’œillet. Cela réduit grandement la concentration de contrainte à cet endroit même. J’ai obtenu de 90 à 95 % avec le Eye Crosser. C’est semblable au Pitzen, mais plus fort à cause des deux tours dans l’œillet. Cela m’a donné l’idée d’aller plus loin! En faisant trois tours dans la boucle, j’ai alors obtenu de 95 à 100 %. Mais ça devenait un peu difficile à nouer… Au tour du Centauri, j’ai obtenu 70 % avec un tour dans l’œillet et trois tours devant. Comme c’est un nœud très semblable au Turle (à l’exception qu’il se termine devant), j’ai tenté d’améliorer sa résistance et j’ai obtenu 90 % en ajoutant un deuxième passage dans l’œillet! Ensuite, en faisant plus de tours devant, j’ai obtenu 95 % avec quatre tours, puis 100 % avec cinq tours!! Vous direz sans doute que ça commence à être compliqué, mais c’est facile à faire comme un Nœud du clou; j’utilise une grosse aiguille et c’est un jeu d’enfant!!! Un autre outil très utile pour ce nœud, ou pour les nœuds de type Chirurgien, Orvis, ou Seaguar, est l’aiguille à palette (disponible chez Fabricville). Un autre truc en passant, on peut aussi utiliser une pince hémostatique pour réaliser le Clinch ou le Seaguar.

Nœud du clou avec une aiguille de couture

Aiguille à palette (latch needle)

Nœud Clinch avec pince

Nœud Chirurgien avec pince

Tout cela pour revenir finalement au fameux nœud Double Turle. Rappelons que j’obtenais une résistance moyenne très décevante de 80 % avec ce nœud et le fluorocarbone. Mais, j’ai pu faire grimper ce résultat à 95 %, en faisant deux tours de boucle autour de la hampe derrière l’œillet. C’est relativement facile à obtenir. On forme un 8 dans la grande boucle, on rabat l’un sur l’autre les deux cercles du 8 et on ferme le tout sur la tête de la mouche, derrière l’œillet. Puis, je suis arrivé à 100 % en faisant cinq tours au lieu de deux devant la grande boucle (en utilisant une aiguille) et toujours en faisant deux tours autour de la hampe. Avec un peu de pratique, et grâce à l’aiguille, ça devient facile, rapide, et enfin très solide!!!

LES AUTRES MATÉRIAUX D’AVANÇON Après tous ces exercices, j’avais maintenant de gros doutes sur la solidité des mêmes nœuds avec les autres matériaux (nylon et copolymère). Je devais les dissiper, mais ça signifiait devoir faire encore des centaines d’essais!! Enfin, peu importe, je me suis attelé à la tâche et voici un tableau qui récapitule les résultats pour les nœuds les plus connus et les nœuds les plus solides dans les quatre catégories de nœuds et en fonction des trois types de matériau. Saumons illimités 25


CATÉGORIES DE NOEUDS

NYLON ou monofilament (Pour les tests, j’ai utilisé du Maxima Chameleon)

Boucle

Chirurgien double 91 %

Perfection 91 %

Tippets

Baril 100 %

Baril double 100 %

Devant mouche

Clinch 7 tours 90 %

Clinch amélioré 5 tours 80 %

Blood Bight (comme Seaguar mais 1 1/2 torsade seulement) 95 % Baril amélioré 100 %

Albright 60 %

Non slip mono loop 95 %

Albright double 95 %

Orvis 97 %

Eye Crosser 100 %

Double Turle 100 %

Derrière mouche

Seaguar (3 torsades) 100 %

Turle amélioré 100 %

FLUOROCARBONE (Pour les tests, j’ai utilisé du Seaguar GrandMax) Boucle

Chirurgien double 70 %

Chirurgien triple 80 %

Perfection 75 %

Figure 8 80 %

Orvis 90-100%

Seaguar 90-100%

Tippets

Baril 7 tours 80 %

Chirurgien double 75-80%

Chirurgien triple 85-95%

Albright 75 % Albright dble 95 %

Orvis 90-100%

Seaguar 90-100%

Devant mouche

Clinch 60 %

Davy 75 %

Palomar 80-95%

Orvis 95 %

Non slip mono loop 95 %

Centauri (2x œillet + 5 tours devant) 100 %

Derrière mouche

Turle simple 65 %

Double Turle 80 %

Turle amélioré 80 %

Double Turle barré ≈100 %

Double Turle + 2 tours autour de la hampe + 5 tours devant la boucle 100 %

COPOLYMÈRE ou supernylon (Pour les tests, j’ai utilisé du Scientific Angler Freshwater 0.009’’ dia) Non slip mono loop 95 %

Boucle Tippets

Baril 5 tours 70 %

Baril 6 tours 80 %

Devant mouche

Clinch 6 tours 70 %

Clinch 7 tours 90 %

Derrière mouche

Double Turle 80 %

Turle amélioré 90 %

Seaguar 95 %

Baril 7 tours 90 %

Palomar 90 %

Albright 60 %

Non slip 95 %

Albright double 95 %

Seaguar 95 %

Eye Crosser 90-100%

Centauri (2x œillet + 2 tours devant) 100 %

Double Turle + 2 tours autour de la hampe + 5 tours devant la boucle 100 %

Note 1 : Les encadrés de couleur verte indiquent mes nœuds préférés pour le matériel en particulier. Note 2 : Pour les illustrations des nœuds, voir l’article à la page 21 du numéro 94 de Saumons illimités.

Ce qu’en dit le très réputé Fly Fisherman Dans la dernière édition du célèbre magazine Fly Fisherman (Fly Fisherman 2012 tippet shoutout), les résultats d’une étude semblable à celle-ci viennent de paraître. Leurs résultats sont assez comparables avec les miens : • Les nœuds traditionnels conviennent mal pour le fluorocarbone, mais ils conviennent encore bien pour les copolymères (Stroft, Rio Powerflex, Froghair); • Les nouveaux nœuds que les pêcheurs ont développés pour le fluorocarbone (voir nœuds issus du Knot War) sont assez complexes à attacher; 26 Saumons illimités

• Le Davy est le plus faible (60 %), à la déception de bien des pêcheurs; • Il ne faut pas négliger la qualité de nos nœuds entre l’avançon et le bout fin; les tests montrent que ceux-là sont souvent plus faibles que les nœuds sur la mouche.

Mes commentaires sur l’étude de Fly Fisherman : • Selon Fly Fisherman, le J-Knot serait le meilleur nœud avançon/bout fin. Je l’ai testé plusieurs fois en comparaison avec le Seaguar; j’obtiens 80-90% pour


le J-Knot et 90-100% pour le Seaguar. Cela démontre que certains nœuds présentent des problèmes de consistance. Je le répète : « Pratiquez vos nœuds jusqu’à leur faire pleinement confiance »; • Selon Fly Fisherman, le San Diego Jam est le meilleur nœud sur la mouche, et le Eye Crosser serait le plus faible parmi ceux testés. D’après mes tests, le San Diego Jam fait 80 % à 100 % (inconsistant) alors que le Eye Crosser fait 95 % à 100 %. Encore ici, il y a des inconsistances entre les tests. Pour ma part, j’ai plus confiance au Eye Crosser car on passe le fil deux fois dans l’œillet, ce qui rend toujours un nœud plus fort (contre un passage seulement, pour le San Diego Jam); • Le Turle est excellent sur le Stroft, qui est un copolymère. Je rappelle que le Turle peut être amélioré très simplement et donner 100 % de résistance avec les fluorocarbones. C’est un nœud important pour moi, car il est noué derrière l’œillet; ça donne une meilleure présentation et une meilleure nage à la mouche.

Note pour ceux qui aiment le nœud Davy Suite à tous ces tests, j’ai tenté d’améliorer le Davy, parce ce que c’est le nœud préféré de plusieurs moucheurs. Rappelons que le nœud de base ne donne que 75 % de résistance lors de mes tests avec le fluorocarbone (60 % pour Fly Fisherman). En ajoutant un troisième échelon ou croisement, j’obtiens alors 90 %. En ajoutant un deuxième tour dans l’œillet, ça donne 87 %. En combinant les deux ajouts, on obtient alors 100 %.

ESSAIS DE RÉSISTANCE AUX CHOCS À bien y penser, un des critères les plus importants d’un bon nœud est la résistance aux chocs, comme lors du ferrage ou lors du combat. Nulle part, je n’ai trouvé de résultat concret sur ce point. Pour le besoin de la cause, j’ai encore réalisé une autre centaine de tests avec la méthodologie suivante. J’ai comparé la résistance de trois matériaux (fluorocarbone, nylon, copolymère) avec quatre nœuds (de très simple à plus élaboré) et deux types de chocs (ferrage contrôlé, c’està-dire de 0 à 100 % de tension en 1¼ seconde, et ferrage brusque, c’est-à-dire de 0 à 100 % de tension en ½ seconde). Quatre essais furent réalisés dans chaque cas. Les quatre nœuds testés étaient les suivants : 1. Double Turle standard (DT) 2. Double Turle + deux tours autour de la hampe derrière l’oeillet (DT+2 td) 3. Double Turle + cinq tours devant la grande boucle (DT+5 tb) 4. Double Turle + deux tours derrière l’œillet et cinq tours devant la grande boucle (DT+2 td+5 tb)

Les trois matériaux testés étaient : Maxima Chameleon (nylon), Scientific Angler Freshwater (copolymère) et Seaguar GMax (fluorocarbone)

NOEUD

FERRAGE CONTRÔLÉ

FERRAGE BRUSQUE

NYLON (Maxima Chameleon) Double Turle

95 %

80 %

Double Turle + 2 td

98 %

97 %

Double Turle + 5 tb

98 %

86 %

Double Turle + 2 td + 5 tb

100 %

100 %

COPOLYMÈRE (Scientific Angler Freshwater) Double Turle

50-70%

50-70%

Double Turle + 2 td

88 %

80 %

Double Turle + 5 tb

91 %

70 %

Double Turle + 2 td + 5 tb

93 %

83 %

FLUOROCARBONE (Seaguar GMax) Double Turle

75-90%

75 %

Double Turle + 2 td

100 %

80-90%

Double Turle + 5 tb

96 %

80-90%

Double Turle + 2 td + 5 tb

100 %

80-90%

Notes : • À la pêche au saumon, on ne répétera jamais assez souvent d’éviter le ferrage trop brusque... Avis aux débutants. • Le Chameleon est plus résilient que les autres matériaux, mais, même avec ce matériau, on a quand même avantage à étoffer un peu plus notre nœud pour s’assurer de la meilleure résistance possible au choc. • On peut aussi améliorer de beaucoup la résistance au choc d’un copolymère ou d’un fluorocarbone avec un nœud un peu plus étoffé. • Le copolymère apparait être moins résistant aux chocs que les deux autres, mais c’est relatif puisqu’il s’avère tout de même d’une résistance ultime plus élevée (de 10 % par rapport au fluorocarbone et de 50 % par rapport au Chameleon).

MOT DE LA FIN Ce fut encore un plaisir de faire ces recherches et ces essais, et de les partager avec vous. Tout ça m’a permis de découvrir de nouveaux nœuds, de les adapter à mon goût, et d’agrémenter encore ainsi ma saison avec des trucs techniques très intéressants. Et je peux enfin dire que j’ai confiance en mes nœuds!

Saumons illimités 27


Portrait d’un administrateur de la FQSA

Georges Malenfant...

le grand argentier! Par Ghyslain Provençal

Voici le troisième article présentant un des 25 membres du conseil d’administration de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. Il s’agit d’une personne qui travaille dans l’ombre, mais dont la contribution assure une gestion financière impeccable à la FQSA. Je vous le présente…

L

ors du souper-bénéfice de l’automne 2000, Georges Malenfant se retrouve à la même table que Jacques Miller, trésorier de la FQSA à cette époque. Le temps de faire connaissance et de constater la solide expertise de Georges, M. Miller lui propose de présenter sa candidature comme prochain trésorier. Après quelques instants de réflexion, Georges accepte avec enthousiasme ce nouveau défi. Georges devient donc officiellement administrateur lors de l’assemblée générale annuelle en 2001. Et, dès son arrivée, il porte le chapeau de trésorier au sein du comité exécutif de la FQSA.

Son premier défi À ses débuts, sa priorité était de connaître tous les rouages d’un organisme à but non lucratif comme la FQSA. Il devait se familiariser rapidement avec le monde de la faune afin de bien guider le conseil d’administration sur tout ce qui touche la situation financière de l’organisme. N’étant pas pêcheur de saumon à cette époque, il entrait dans un monde complètement inconnu pour lui. Qu’à cela ne tienne! « Georges en avait vu d’autres », comme on dit. Comptable agréé de formation et un des fondateurs du cabinet d’experts-comptables Malenfant Dallaire CA, S.E.N.C.R.L., Georges a occupé avant son arrivée à la FQSA, les postes de président de la Croix-Rouge, territoire Est-du-Québec ainsi 28 Saumons illimités

Georges Malenfant au travail à la FQSA Photo : Geneviève Fontaine Séguin

que président du YMCA de Québec. Sa formation et son expérience lui ont vite permis d’exercer son rôle de trésorier très efficacement.

Son rôle Georges, quand il s’implique... il s’implique! Pour lui, le poste de trésorier ne consiste pas seulement à présenter les états financiers lors de l’assemblée générale annuelle. Il a à cœur que tout le système comptable de la FQSA respecte parfaitement les normes comptables et légales. Il assume toutes ses responsabilités avec une très grande minutie.


Concrètement, il effectue chaque semaine la supervision de la tenue de livres. De plus, il prépare les états financiers trimestriels, il établit les états financiers prévisionnels et il s’assure que les états financiers annuels ainsi que les rapports de nature fiscale et réglementaire sont effectués correctement, dans les délais prescrits. Comme on dit : « Il se met les mains dedans!». Et non, ce n’est pas assez! Il souhaite s’investir davantage. Maintenant nouveau retraité, il veut, entre autres, rendre systématique la diffusion des états financiers prévisionnels au conseil d’administration. Enfin, il désire effectuer des analyses de rentabilité sur différents aspects, afin que la FQSA bénéficie d’une gestion financière hors pair.

Georges, pêchant le saumon sur la rivière Bonaventure. Photo : Dial Arsenault

Georges Malenfant, le pêcheur À force de côtoyer des pêcheurs de saumons, Georges est devenu au fil des ans un adepte de cette activité extraordinaire. Comme il le dit : « En pêchant avec des gars comme Claude Hamel, Dial Arsenault, Michel Ouellet, Yvon Côté et bien d’autres, comment ne pas devenir amoureux de la pêche au saumon? » Son implication à la FQSA lui a permis de connaître beaucoup de passionnés. Il aime ce milieu de gens qui travaillent à la protection du saumon atlantique. Il adore découvrir de nouvelles rivières et s’adonner à la pêche. Bref, pour lui, le monde du saumon est une source d’épanouissement. La Fédération québécoise pour le saumon atlantique le remercie énormément pour son travail, sa vigilance, sa rigueur, son intégrité et son esprit d’équipe.

Georges lors d’une partie de pêche sur la Sainte-Marguerite. Il est entouré de Pierre Tremblay à gauche et de Michel Ouellet à droite. Photo : Sylvie Tremblay

2013

Saumons illimités 29


La mouche fétiche de Gilles Aubert

Gilles Aubert graciant un saumon capturé à la fosse La Cavée sur la rivière Ouelle. Photo : Maxime Aubert

Gilles Aubert a plus de 35 ans d’expérience à la pêche au saumon et est un monteur émérite de mouches. Il est coauteur avec André A Bellemare et Gérard Bilodeau du réputé livre Saumon atlantique tout en étant chroniqueur au Magazine sentier CHASSEPÊCHE depuis plus de 25 années. Certains se rappelleront l’avoir vu pratiquer son art dans des émissions de télévision ainsi que dans le film Noblesse Oblige. Bref, il est reconnu comme un grand saumonier du Québec. Voici sa mouche fétiche : Gilles Aubert

« L’Inconnue »

T

out comme les alchimistes du Moyen Âge qui recherchaient la pierre philosophale capable de transformer les métaux en or, les saumoniers du monde entier tentent toujours de découvrir la mouche miracle. Heureusement qu’elle n’existe pas encore, car Salmo Salar aurait disparu de nos rivières. Il n’est donc pas facile de choisir l’artificielle qui saura l’inciter à attaquer cet agencement de poils et/ou de plumes ressemblant si peu aux insectes naturels. 30 Saumons illimités

Cependant, pour le pêcheur, un des aspects intéressants de la pêche du saumon, c’est le plaisir d’avoir un assortiment de mouches de toutes les couleurs et grosseurs. D’ailleurs, près d’une fosse, il n’est pas rare de le voir engager la conversation avec des confrères pêcheurs, leur montrer ses boîtes de mouches, discuter du choix de la mouche à utiliser. Toutefois, même si des suggestions lui sont présentées, il fixera presque toujours à son bas de ligne une des mouches qui lui ont rapporté le plus de succès, qui ont prouvé leur


efficacité dans plusieurs fosses de plusieurs rivières et ce, durant plusieurs années... celles en lesquelles il a confiance. Pour ma part, j’ai souvent employé une artificielle que m’a montré rapidement de loin un Gaspésien lors d’une excursion sur la rivière York en 1977. Que le temps passe vite... Je n’ai donc jamais eu le modèle original en main, car le saumonier qui venait de récolter un saumon ne voulait pas que je puisse noter les composantes de la mouche, me soulignant toutefois que Lee Wulff en était l’artisan. Était-il sérieux...? Celle que j’ai montée ultérieurement, étant le fruit de cette vue d’ensemble rapide, n’était fort probablement pas la copie conforme à l’original quant à ses matériaux et ses couleurs. J’ai fait des recherches durant quelques années pour retracer ladite mouche. J’ai même demandé aux lecteurs de la revue Salmo Salar de l’Association des Pêcheurs Sportifs de Saumons du Québec (APSSQ), volume 4, numéro 1 - janvier à mars 1980, dans la chronique Boîtes à mouches de me renseigner si possible. N’ayant jamais eu de réponses à mes interrogations, plus de trente années plus tard, elle porte toujours le nom que je lui ai donné en 1980 : « L’Inconnue ». Est-elle productive? Pour ma part, j’ai obtenu du succès dans la plupart des rivières fréquentées du Québec, du NouveauBrunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Labrador. Cependant, je dois vous avouer qu’elle s’est avérée davantage des plus productives dans les rivières dont les eaux sont cristallines, claires et limpides, souvent en période d’étiage, lorsque l’eau est basse, chaude et que la température extérieure est élevée. Il m’est aussi arrivé de prendre contact avec Salar, souvent après n’avoir obtenu aucune touche avec d’autres modèles. À propos, permettez-moi de vous signaler cette anecdote. Lors d’une saison de la décennie 1980-1990, présent durant cinq semaines sur la rivière Bonaventure, à titre d’expérience, je n’ai employé que « L’Inconnue » comme seul modèle de mouche noyée et ce, en eau haute, basse, lors de journées ensoleillées, par temps sombre, à l’aube, au crépuscule... et même en eaux légèrement teintées. Seuls sa grosseur (taille, dimension, pesanteur), le diamètre et la longueur du bas de ligne ont varié selon la hauteur de l’eau et la vitesse du courant. Et, croyez-moi, j’ai obtenu autant de succès que les années antérieures.

pesanteur) et ses composantes (quantité et qualité des matériaux). Et qu’en est-il de la couleur? Si elle a une importance capitale pour vous selon la rivière fréquentée, notez que « L’’Inconnue » renferme et harmonise les couleurs de plusieurs modèles de mouche qui ont prouvé leur efficacité dans plusieurs fosses de nombreuses rivières.

PARURE DE

« L’inconnue »

Photo : Gilles Aubert

Hameçon : À saumon simple ou double Fil : Noir 6/0 ou 8/0 Ferret : Fil lamé doré ovale étroit Bout : Soie jaune teinte vieil or Corps : Chenille de couleur vert irlandais Côtes : Fil lamé doré ovale Aile : Poils d’une queue d’écureuil gris teinte vert irlandais Coiffe : Plume de huppe de faisan doré Hackle : Plume de cou de poule teinte bleu foncé, en jabot Tête : Noire

Je suis toujours d’avis que le modèle de la mouche a moins d’importance que sa grosseur (taille, dimension, Saumons illimités 31


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Remise à l’eau d’un beau spécimen de la rivière des Escoumins Photo : Joëlle Bédard

Impact de la remise à l’eau sur la reproduction du saumon

une étude complétée avec succès! Par Antoine Richard1 Biologiste, Direction de l’expertise de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, ministère des Ressources naturelles (MRN)

Mélanie Dionne Biologiste-chercheure, Direction de la faune aquatique, ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP)

Louis Bernatchez Chaire de recherche du Canada en génomique et conservation des ressources aquatiques, chercheur-membre du CIRSA, Université Laval

Il y a deux ans déjà, nous avons publié dans le numéro 85 de cette revue un article faisant le bilan de la première année d’échantillonnage d’un projet de recherche visant à mesurer l’impact de la remise à l’eau sur le succès reproducteur du saumon atlantique. Plusieurs heures de terrain, de laboratoire et d’analyse plus tard, nous nous proposons ici de présenter les principaux résultats ressortant de cette étude. Ce texte se veut un résumé vulgarisé d’un article scientifique publié par les mêmes auteurs (Richard et al. 2013).

Introduction Malgré le statut préoccupant des stocks de saumon atlantique et l’avenir précaire de certaines populations, l’espèce demeure un poisson emblématique recherché par les pêcheurs sportifs du monde entier. Dans l’est du Canada comme au Québec, plusieurs rivières à saumon soutiennent 34 Saumons illimités

d’importantes activités de pêche sportive qui sont souvent au cœur même de l’économie des communautés riveraines. Selon une étude récente, les saumoniers injectent annuellement au moins 128 millions de dollars dans l’économie de l’est du pays (Fédération du Saumon Atlantique, 2012). C’est dans l’optique d’assurer la persistance des populations, tout en maintenant la pérennité des bénéfices sociaux et


économiques associés à la pêche au saumon, que la remise à l’eau obligatoire fut instaurée sur une majorité de rivières de l’est du Canada à partir de 1984. Si elle fut initialement contestée, la réglementation encadrant la remise à l’eau est aujourd’hui généralement bien acceptée et plusieurs pêcheurs relâchent de leur propre gré des saumons qu’ils auraient légalement pu conserver. C’est ainsi qu’en 2011, il est estimé que plus de la moitié (52 %) des saumons capturés au Québec à la pêche sportive ont été remis à l’eau (Dionne et al. 2012). L’efficacité de la remise à l’eau comme mesure de conservation repose sur la prémisse que les poissons l’ayant subie non seulement survivent, mais conservent également la capacité de se reproduire, assurant ainsi le maintien des populations exploitées. Ceci est particulièrement vrai pour le saumon atlantique puisqu’il migre de la mer vers l’amont des rivières pour se reproduire, et que, de par la limite de taille imposée par la réglementation, les individus remis à l’eau sont en majorité des femelles. À ce jour, nous avons certaines connaissances concernant l’impact de la remise à l’eau sur les chances de survie du saumon. En effet, lorsque pratiquée dans de bonnes conditions, la remise à l’eau semble avoir peu d’influence sur les chances de survie du saumon (jusqu’à 100 % de survie). Toutefois, plusieurs études rapportent que, lorsque la température de l’eau avoisine ou dépasse les 20 °C, le taux de

mortalité suivant la remise à l’eau augmente de façon importante (Thorstad et al. 2003). À l’inverse, nous n’avons aucune connaissance en ce qui a trait à l’impact de la remise à l’eau sur le succès reproducteur du saumon en milieu naturel, un aspect pourtant déterminant dans la persistance d’une population. Ces connaissances s’avèrent donc essentielles afin d’évaluer concrètement l’efficacité de cette approche de conservation. L’objectif de cette étude était conséquemment de documenter l’impact de la remise à l’eau et plus précisément l’impact des conditions environnementales ainsi que des techniques de pêche employées lors de celle-ci sur le succès reproducteur des géniteurs de saumon atlantique.

Méthodologie Afin d’atteindre cet objectif, nous devions être en mesure d’estimer le nombre d’alevins produits pour l’ensemble des saumons d’une rivière, tout en connaissant l’identité des saumons ayant été remis à l’eau. Pour y arriver, nous devions tout d’abord trouver une rivière regroupant les attributs suivants : passe migratoire située à l’entrée de la rivière permettant d’échantillonner tous les saumons se reproduisant dans la rivière, petite population dont une bonne proportion est annuellement remise à l’eau et surtout une association et une communauté de pêcheurs prêtes à participer au projet. Nous avons retrouvé l’ensemble de ces conditions sur la

Remise à l’eau par Antoine Richard, après la prise d’un échantillon Saumons illimités 35


Prise d’échantillon Photo : Antoine Richard

rivière des Escoumins sur la Côte-Nord et l’échantillonnage s’est déroulé durant les étés 2009 et 2010.

Été 2009 Lors de cette première campagne d’échantillonnage, la collaboration de la Corporation de gestion de la rivière à saumon des Escoumins (CGRSE) et des pêcheurs de la rivière des Escoumins fut indispensable. En effet, lors de leur enregistrement, les pêcheurs recevaient les informations et le matériel nécessaire pour récolter un petit échantillon de nageoire adipeuse sur chaque saumon qu’ils allaient remettre à l’eau. C’est ainsi que 42 des 46 saumons ayant été graciés en 2009 furent échantillonnés avec succès. En plus des échantillons de nageoire, les pêcheurs devaient consigner plusieurs informations sur les conditions de chaque graciation (temps de combat, temps d’exposition à l’air, type d’hameçon utilisé, présence de saignement, etc.), alors que des thermomètres électroniques répartis dans les fosses les plus achalandées nous permettaient de connaître la température de l’eau lors de ces événements. De plus, l’ensemble 36 Saumons illimités

des 268 saumons qui ont gravi la passe migratoire cet été-là a également été échantillonné. Des analyses en laboratoire ont ensuite permis de créer une « carte d’identité génétique » pour chaque saumon, gracié ou non pêché, se retrouvant dans la rivière lors de la saison de reproduction 2009.

Été 2010 L’été suivant, une équipe est retournée sur la rivière afin de capturer, par pêche électrique, une portion représentative des alevins issus de la fraie de 2009. Ces alevins ont été recueillis dans 94 sites d’alevinage bien répartis sur le tronçon principal ainsi que sur les tributaires accessibles au saumon. De retour au laboratoire, le profil génétique de chacun de ces alevins a pu être établi. Il était alors possible de réassigner chaque alevin à ses deux parents grâce à des analyses d’apparentement basées sur le profil d’ADN, selon les mêmes procédures utilisées pour les études chez l’homme. Une fois cet exercice complété, nous pouvions estimer le nombre d’alevins produits pour chaque saumon ayant frayé dans la rivière à l’automne 2009 (le succès


reproducteur relatif) et il était donc possible de comparer le succès reproducteur relatif des saumons remis à l’eau à celui des saumons non pêchés.

Résultats La grande majorité (38/42) des remises à l’eau pour lesquelles nous avons recueilli de l’information s’est déroulée dans la fosse nº 3, située juste en aval de la passe migratoire qui permet au saumon de franchir le barrage municipal et de rejoindre les sites de fraie (la section aval du barrage est soumise aux marées et ne compte conséquemment aucune frayère). En comparant le profil génétique des échantillons rapportés par les pêcheurs, nous nous sommes aperçus que ces 38 événements n’impliquaient en fait que 36 saumons différents. En effet, deux récidivistes se sont prêtés au jeu de la remise à l’eau à deux reprises et le laps de temps séparant les deux remises à l’eau de ces saumons était de trois et cinq jours. Ces remises à l’eau multiples ne semblent pas affecter le saumon outre mesure, puisque les deux individus ont par la suite frayé avec succès.

des alevins échantillonnés, une participation correspondant à leur abondance relative dans la population. En d’autres mots, les saumons remis à l’eau participent à l’établissement de la nouvelle génération au même titre que les saumons rédibermarins non pêchés. Lorsque l’on modélise le succès reproducteur des saumons selon leur taille et l’effet de la remise à l’eau, on observe que l’impact de la remise à l’eau dépend en partie de la taille du saumon. En effet, le succès reproducteur des plus petits spécimens n’est pas influencé par la remise à l’eau (ils semblent même avoir un succès reproducteur légèrement plus grand que les non pêchés),

Sur les 36 saumons remis à l’eau dans la fosse nº 3, 31 ont franchi avec succès la passe migratoire. Il serait hasardeux d’attribuer l’échec de migration des cinq autres individus au fait qu’ils aient été remis à l’eau. En effet, il est très probable qu’une proportion des saumons qui fréquentent l’estuaire de la rivière ne franchisse jamais la passe migratoire. Ces cinq individus n’ont donc pas été considérés dans les résultats présentés dans le paragraphe suivant, et ceux-ci doivent donc être interprétés en conséquence. Tous les saumons remis à l’eau étudiés étaient des rédibermarins et leur succès reproducteur a donc été comparé à celui des rédibermarins non pêchés. Les saumons remis à l’eau ont été identifiés comme l’un des parents de 22 % Saumons illimités 37


17

40 Remis à l'eau Non-pêché

35

Nombre d'alevins

Nombre d'alevins

16 15 14 13

0 seconde

30 25 20 15

1-10 secondes

10

>10 secondes

12 11 65

70

75

80

85

90

95

100

10

12

14

16

18

20

Température de l'eau (°C)

Longueur (cm) Figure 1. Impact de la remise à l’eau et de la taille du saumon sur le nombre d’alevins produits.

Figure 2. Impact de la température de l’eau et du temps d’exposition à l’air sur le nombre d’alevins produits par un saumon rédibermarin remis à l’eau.

alors que le succès reproducteur observé des grands spécimens est légèrement réduit par la remise à l’eau (fig. 1).

de l’eau observé dans cette étude, et considérant les résultats d’études précédentes sur le sujet, il serait judicieux d’éviter la remise à l’eau en période de canicule. Finalement, puisque les plus gros spécimens semblent les plus affectés par la remise à l’eau, les pêcheurs devraient prendre toutes les précautions nécessaires pour réduire le stress infligé à ces grands géniteurs. Par exemple, il est fondamental d’utiliser un équipement de pêche (ex. canne, avançon, épuisette) adapté à la pêche au saumon, ce qui permet de limiter le temps de combat et de minimiser les blessures au poisson.

Concernant l’influence des conditions de la remise à l’eau, on observe que le succès reproducteur des saumons remis à l’eau est influencé par la température de l’eau et le temps d’exposition à l’air. En effet, les résultats démontrent que le temps d’exposition à l’air réduit significativement le succès reproducteur aussitôt que le saumon est sorti de l’eau (>0 sec. d’exposition à l’air) et que cet effet est particulièrement marqué aux températures d’eau les plus froides testées (12 °C). À cette température, les résultats de modélisation suggèrent que le succès reproducteur est de deux à trois fois plus élevé pour les saumons non exposés à l’air comparativement à ceux exposés à l’air pour une période de 10 s et moins et ceux exposés à l’air pour plus de 10 s, respectivement. Également, chez les saumons non exposés à l’air, le succès reproducteur diminue lorsque la température de l’eau augmente, en accord avec les hypothèses postulées dans les études déjà publiées sur le sujet (fig. 2).

Conclusion et recommandations Cette étude confirme que la remise à l’eau effectuée dans de bonnes conditions représente un outil de gestion et de conservation efficace et approprié. En effet, nos résultats fournissent, pour la toute première fois, l’évidence que les saumons graciés conservent la capacité de se reproduire et participent au maintien de leur population. Certaines précautions doivent toutefois être prises par le pêcheur consciencieux de limiter l’impact de la remise à l’eau sur la reproduction future de sa prise. En effet, le saumon devrait être maintenu dans l’eau en tout temps et, si le pêcheur décide de sortir sa prise de l’eau, le temps d’exposition à l’air devrait être restreint au minimum. Également, vu l’impact de la température 38 Saumons illimités

Remerciements Nous remercions très sincèrement le personnel de la Corporation de Gestion de la Rivière des Escoumins pour leur support inconditionnel au projet de même que tous les pêcheurs qui ont participé à l’étude. L’intérêt et la généreuse participation de ces derniers ont rendu ce projet non seulement possible, mais agréable ! Ce projet a été réalisé dans le cadre des travaux du CIRSA et était financé par le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada et par le ministère des Ressources naturelles. 1. Les travaux présentés ici s’inscrivaient dans le projet de maîtrise en biologie du premier auteur, Antoine Richard, maîtrise complétée au département de biologie de l’Université Laval dans le cadre du CIRSA.

Bibliographie Dionne M, Skinner B, Cauchon V, Fournier D (2012) Status of Atlantic Salmon Stocks in Québec in 2011, ICES North Atlantic Salmon Working Group, Copenhagen, Denmark. Fédération du Saumon Atlantique, Economic value of wild Alantic salmon, consulté en ligne : http://www.asf.ca/freshwater-recreational-fisheries.html Richard A, Dionne M, Wang J, Bernatchez L (2013) Does catch and release affect the mating system and individual reproductive success of wild Atlantic salmon (Salmo salar L.)? Molecular Ecology, 22, 187-200 Thorstad EB, Naesje TF, Fiske P, Finstad B (2003) Effects of hook and release on Atlantic salmon in the River Alta, northern Norway. Fisheries Research, 60, 293-307


Vacances reposantes dans l’isolement et l’intimité d’une station balnéaire. Cuisine aux grands délices avec différentes tables d’hôte quotidiennes. Pêche au bonefish en mode autonome (DIY) à quelques pas seulement de votre balcon.

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Comment ne pas avoir l’eau à la bouche à la vue d’une telle assiette? Photo : Alain Hébert

Gastronomie Pavés de saumon ou escargots marinés et beurre blanc Par Gilles Shooner

Les pavés de saumon atlantique s’avèrent un passeport gastronomique accueilli favorablement par la majorité des gens qui ne souffrent pas d’allergie vis-à-vis ce type d’aliment. La disponibilité du produit frais, son « portionnage » facile à obtenir selon le nombre d’invités prévus et la multiplicité des traitements et des présentations culinaires que l’on peut en faire, demeurent des atouts majeurs pour tenter des expériences avec ce produit dont le succès est pratiquement assuré. Alors…, osez essayer la sauce suivante avec des pavés de saumon que vous Gilles, le Chef, Shooner

laissez mariner au préalable, une quinzaine d’heures, complètement recouverts d’huile d’olive. Par ailleurs, vous découvrirez, en plus, la vertu de cette sauce pouvant tout aussi bien accompagner une entrée d’escargots à l’ail dont vos amis se souviendront…

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PAVÉS DE SAUMON Préparatifs :

• Au plan pratique, utilisez un filet complet (ou une partie selon le nombre de convives). À l’aide d’un couteau très bien aiguisé, parez la pièce en la débarrassant des parties de gras excédentaire qui en borde les pourtours, puis de sa peau et des chairs brunes sous-jacentes. Calculez 250 g/personne. • Placez le saumon dans un plat de pyrex et recouvrez-le d’huile d’olive (pas besoin d’utiliser une huile dispendieuse). • Couvrez d’une pellicule de plastique, sans ajouter de sel ni de poivre, et laissez mariner pendant une quinzaine d’heures au frigo. • Retirez le filet du plat et essuyez-le légèrement avec du papier absorbant pour enlever le plus possible d’huile, sans toutefois l’assécher. • Préchauffez le four à 450 °F. • À l’aide d’un couteau à fine lame, tracez tout de suite les limites des portions à servir, de 4 à 5 cm de largeur, sans les détacher complètement à la base. • Huilez un peu le fond d’une lèchefrite. Placez-y le poisson. Enfournez sur la grille positionnée au centre du four, pendant environ sept minutes. Vérifiez la cuisson pour que la chair demeure rose au centre. Évitez de trop cuire. • Retirez la lèchefrite du four. Détaillez maintenant les portions et déposez les dans des assiettes chaudes (jetez l’huile ayant servi au marinage). • Nappez de la sauce au beurre blanc. Décorez de ciboulette hachée et accompagnez d’asperges al dente, de petites carottes glacées et d’une portion de pâtes aux œufs.

UNE SAUCE POUR DEUX OCCASIONS… Cette sauce s’apparente en texture à celle dite du beurre nantais, sauf qu’en réalité elle ne comporte aucun beurre! Donc, en principe, une sauce moins pénalisante en matière grasse. Apparemment, du moins… Elle peut servir autant pour accompagner le saumon, en plat principal, cuit au four, que pour des escargots servis en entrée.

Préparatifs :

• Dans un chaudron, versez le vin, le fumet et les échalotes. Portez à ébullition et réduire jusqu’à consistance d’un sirop, ce qui devrait prendre une vingtaine de minutes. • Retirez du feu et ajoutez la crème et l’estragon. Reportez à ébullition pendant cinq minutes. • Ajouter le jus de citron, puis assaisonnez. • Réservez au chaud. Il n’est pas toujours facile d’avoir du fumet déjà préparé. Par ailleurs, il n’est pas toujours agréable de le préparer, de façon traditionnelle, en partant de restes de poisson. On utilisera avec profit le fumet de poisson en poudre que l’on peut se procurer dans les supermarchés ou les épiceries fines.

ENTRÉE D’ESCARGOTS Pour une entrée mémorable, les amateurs d’escargots utiliseront la même sauce en substituant l’échalote à l’ail. Préparatifs :

• Remplacez d’abord le liquide de conservation des escargots par autant de vin blanc sec et laissez mariner une bonne heure. • Égouttez et plongez rapidement les escargots dans la sauce au beurre blanc en ébullition. Jetez la marinade. • Évitez de surchauffer, ce qui durcirait les escargots qui sont déjà cuits et tendres. • Servir dans des mini cocottes avec un croûton à l’ail. Un Sancerre ou un Barone MONTALTO frais accompagneront avec à-propos ces plats dont le succès est garanti. Dégustez!

Ingrédients pour 6 personnes :

• • • • • • • •

1 1/3 tasse de vin blanc sec 1/3 de tasse de fumet de poisson 1 cuillère à soupe de vinaigre de vin blanc 2 tasses de crème à cuisson 35 % 2 cuillères à soupe d’échalote grise finement émincée Une pincée d’estragon séché Sel et poivre Le jus d’environ 1/4 de citron

Rivière Mitis

Une rivière à découvrir! Information (418) 775775-5151 www.rivieremitis.com Saumons illimités 41


Un mot du vice-président à la pêche sportive :

S’impliquer...! Texte de David Saint-Laurent

Amateur passionné et dévoué à la cause du roi de nos eaux depuis plusieurs lunes, j’ai décidé de contribuer à cette cause de façon bien concrète. Ainsi, j’en suis à ma quatrième année au sein du conseil administration de la FQSA et à ma première au poste de vice-président à la pêche sportive. Membre en règle depuis une dizaine d’années, je m’implique au niveau du souper-bénéfice, du mentorat et du membership. J’organise aussi des soupers/vidéos de pêche, depuis sept ans, et j’agis occasionnellement comme auteur pour la revue Saumons illimités. David Saint-Laurent Photo : Jean-René Parenteau

J

e tiens à souligner la très bonne atmosphère qui règne depuis quelque temps au conseil d’administration. Quelques nouveaux visages ont fait leur apparition. Les connaissances et l’intérêt pour la cause saumon se sont élargis et de nouveaux comités sont en action pour faire avancer votre Fédération. Ça bouge et tant mieux, c’est ce que je souhaite! Dans cet article, je vous invite à faire bénéficier la FQSA et tous ses membres de votre énergie, de vos idées et de toute collaboration que vous pouvez imaginer. Il n’est pas nécessaire de faire partie du conseil d’administration pour collaborer à des activités, projets ou comités. Actuellement, il y a des membres qui s’impliquent dans des dossiers comme le magazine Saumons illimités, l’activité de mentorat, le souper-bénéfice, les soirées « séquences/saumons » et bien d’autres. Je crois que la Fédération profiterait grandement d’une participation accrue de ses membres. Trop souvent, tout repose sur les mêmes individus. Il faut en arriver à unir nos forces et faire face aux nombreux défis. Avec bientôt 1000 membres, plusieurs ont le dynamisme requis pour mettre en œuvre

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des projets ou participer à des activités de la FQSA. Même si vous demeurez en région, savez-vous tous que, dans chaque coin du Québec, il y a un membre du Conseil d’administration qui peut vous écouter, aider ou orienter vers la bonne ressource? Les membres auraient avantage à se présenter en plus grand nombre au congrès et à l’assemblée générale annuelle de la FQSA. Nous sommes dans une société démocratique où tout le monde a la chance de s’exprimer ou de faire valoir sa position. Il y a de la place pour de nouveaux visages. Vous voulez changer des choses? Et bien, c’est le temps de vous présenter lors de l’assemblée générale annuelle qui aura lieu à la mi-avril. Nous espérons vous y rencontrer. J’ai la conviction que chaque membre représente un atout précieux et qu’il peut apporter énormément à la Fédération. Vous avez une idée, un projet? N’hésitez pas à communiquer avec nous. Nous vous écouterons avec beaucoup d’ouverture. Dans le prochain numéro de Saumons illimités, j’aurai l’occasion de vous entretenir sur le membership.


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Nous avons comme spécialité la pêche à vue au saumon atlantique sur les rivières sauvages que sont la Cascapédia, la Petite Cascapédia et la Bonaventure. Un hébergement et une cuisine exceptionnels, des guides professionnels et un service impeccable sont le label de qualité d’un séjour au Salmon Lodge.

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La rivière Petit-Saguenay développe une charte protectrice du saumon atlantique

Texte de Chantale Bernier

Passionnée de la pêche et amoureuse de sa rivière natale, la Petit-Saguenay. Chantale Bernier

J

e pêche depuis que je suis toute jeune. D’aussi loin que je me souvienne, je partais le dimanche matin, à la pêche à la truite avec mon père sur sa vieille moto BSA. Les cannes, le panier à pêche et l’excitation, tout y était. Pour traverser les ruisseaux, mon père me transportait sur son dos et l’on pêchait pendant des heures et des heures. Et pour ce qui était du quota, c’était sacré, pas question de le dépasser pour « préserver la graine » qu’il disait. Il y a une trentaine d’années, j’ai fait le grand saut avec la pêche au saumon sur la plus belle des rivières, la rivière Petit-Saguenay. L’expérience m’a conquise et je suis maintenant une adepte de cette activité puisque la pêche à la mouche me passionne énormément. Nous savons tous que le retour de la ressource saumon à sa rivière natale varie d’une année à l’autre et que la santé de l’espèce est constamment remise en question. Cette réalité m’amène à vous parler d’un projet mis au monde sur ma rivière préférée, c’est-à-dire une Charte protectrice du saumon atlantique et qui pourrait faire 44 Saumons illimités

boule de neige sur les autres rivières à saumon du Québec et des autres provinces.

La Charte protectrice du saumon atlantique, c’est quoi? Au fil des ans, les remises à l’eau se sont multipliées chez les pêcheurs à la mouche, soucieux de conserver une qualité de pêche et d’assurer la ressource pour les générations futures. Malgré l’amélioration constante des techniques de graciation, nous remarquons quelquefois, après un combat avec salar, que celui-ci ne survit pas en raison d’un combat prolongé et/ou de la température élevée de l’eau et/ou par l’inexpérience de certains pêcheurs. À l’automne 2010, après un été de chaleurs extrêmes où plus d’une dizaine de saumons avaient trouvé la mort par suffocation sur la rivière Petit-Saguenay, les gestionnaires de la rivière Petit-Saguenay décident de mettre sur pied un projet


Saumons illimitĂŠs 45


visant à protéger sa ressource salmonicole des changements climatiques de plus en plus ressentis depuis quelques années. C’est à ce moment que La Charte protectrice du saumon atlantique nait d’une réflexion sur une pratique plus responsable de l’activité de la pêche sportive du saumon atlantique. Pour ce faire, l’Association de la Rivière Petit-Saguenay reçoit l’aide financière d’intervenants qui ont foi dans ce projet, c’est ainsi que la Fondation pour la conservation du saumon atlantique, le Domaine Laforest et la Municipalité de Petit-Saguenay décident de participer à ce beau projet au bénéfice du saumon atlantique de la rivière Petit-Saguenay. Le ministère des Ressources naturelles ainsi que M. Bruce Tufts de l’Université Queen’s contribuent également au projet avec leur expertise scientifique. Ainsi, une échelle de survie de salar sera développée afin de considérer en temps réel la durée du combat et la température de l’eau, deux données essentielles pour maximiser la récupération du saumon dans l’éventualité d’une remise à l’eau. Le côté sensibilisation et éducation sur la bonne manière d’effectuer une remise à l’eau est également disponible sur les panneaux informatifs situés sur les meilleures fosses de la rivière, sans oublier les épuisettes disposées à ces endroits pour limiter le temps de combat avec salar. Vraiment génial! La Charte protectrice du saumon atlantique est bonifiée par une certification où tous les intervenants (pêcheurs, commerçants, artisans, citoyens et le gestionnaire de la pêche) du territoire de la rivière Petit-Saguenay deviennent des partenaires, en adhérant à une démarche d’éthique et de conservation de la ressource saumon. Vous pouvez prendre connaissance de tous les enjeux des acteurs certifiés en visitant le site web de la rivière à www.petitsaguenay.com En somme, cette charte a pour objectifs ultimes de sensibiliser à l’importance de la conservation du saumon atlantique par le milieu et de promouvoir la pratique éducative de la pêche sportive. Moi, j’y ai adhéré, car le plaisir que l’on ressent d’avoir un saumon combatif au bout de sa ligne ne se compare en aucun cas à celui de le voir dans son assiette.

Une rivière à découvrir La rivière Petit-Saguenay est la moins achalandée au Saguenay bien qu’elle connaisse, bon an mal an, un très bon taux de succès. Le secteur non contingenté s’adresse davantage à ceux qui aiment la randonnée pédestre. Les déplacements entre les fosses no 10 et no 23 doivent se faire à pied sur 46 Saumons illimités

Un pêcheur bien « connecté » sur la fosse débarcadère Photo : Louise St-Pierre

une longueur de 3,5 km. La fosse no 24 (Les chutes), la plus convoitée, est contingentée à trois pêcheurs maximum par jour. Son haut taux de succès s’explique par le fait qu’elle est située à la fin de la trajectoire du saumon. Le droit d’accès pour cette fosse s’obtient par tirage au sort, sur Internet, 48 heures à l’avance Vous trouverez aussi aux abords de cette magnifique rivière, un site absolument exceptionnel qui comprend sept chalets dont cinq sont d’époque (début des années 1900), une yourte pouvant loger huit personnes (idéale pour un groupe de pêcheurs) ainsi qu’un terrain de camping avec ou sans électricité, avec accès gratuit à Internet Wi-Fi sur tout le site. Vous avez le goût de faire des activités? Pas de problème! Préparez votre boîte à lunch et votre sac à dos et partez en randonnée pédestre dans un petit sentier longeant la rivière sur 3,5 km. Plusieurs tables de pique-nique y sont installées, dans des endroits spécifiques pour admirer la beauté des paysages de même que les saumons. Ceux et celles qui préfèrent voir la nature luxuriante bordant la rivière, opteront pour la descente en canot, soit en famille ou entre amis, dans le secteur des eaux mortes (en amont des secteurs de pêche au saumon); laissez-vous bercer sur des eaux calmes et peu profondes sur une distance de 12 km. Vous pourrez en profiter pour vous prélasser sur de petites plages tout au long de votre parcours.


Site des chalets Photo : Richard Bernier

L’Association de la Rivière Petit-Saguenay, toujours avant-gardiste, a mis sur pied en 2007 une journée afin de faire connaître la pêche au saumon et d’initier la gent féminine à ce si beau loisir. Vers la mi-août de chaque année se tient une journée de rêve où les femmes sont vraiment privilégiées, étant au maximum 12 participantes accompagnées par 6 guides. Une formation sur le maniement de la canne à moucher est dispensée de même que les techniques de base pour la pêche au saumon. Un dîner est servi ainsi qu’une épluchette de blé d’Inde pour clôturer la journée. Je vous invite à vous inscrire pour la saison 2014 (2013, complet) au numéro suivant : 418 272-1169. Depuis 30 ans que je pêche le saumon, j’ai toujours rêvé d’inventer une mouche révolutionnaire pour le saumon atlantique. En 2006, l’Association de la Rivière Petit-Saguenay a instauré un concours, adressé aux monteurs de mouches. Le but était de fabriquer une mouche à saumon qui disposerait des meilleures couleurs pour provoquer le saumon de la rivière Petit-Saguenay. Étant monteuse de mouches depuis plusieurs années, j’ai participé et gagné ce concours en présentant une mouche dérivant du faisan mâle et de ses superbes plumes de couleur éclatante. Cette mouche portant le nom de « La Petit-Saguenay » est maintenant l’emblème de la rivière. Et qui plus est, elle devient l’une des meilleures mouches à saumon ayant fait ses preuves sur plusieurs rivières du Québec, autant pour le saumon atlantique que pour la ouananiche, et j’en suis très fière.

LA

« Petit-Saguenay »

Hameçon : Parthridge Ferret : Tinsel plat couleur argent Bout : Floche jaune or Queue : Plume de crête de faisan doré Corps : Tinsel plat couleur argent Côtes : Tinsel ovale fin de couleur de bronze Gorge : Hackle bleu de plumes de faisan (mâle)

Offrez-vous un séjour de pêche inoubliable en 2013, sur la rivière PetitSaguenay. Je suis assurée que vous l’adopterez! Bienvenue aux gens respectueux de la faune et de la flore!

Aile inférieure : Poils d’écureuil gris, sous deux sections de plumes de dinde mottelée Aile principale : Section de plume de sarcelle Coiffe : Plume de crête de faisan doré Joue : Plume de cou de faisan de Charlevoix mâle Tête : Noire et laque transparente

Pour de plus amples renseignements, visitez le site web au www.petitsaguenay.com

Aile extérieure : Plume de couleur brune de faisan mâle

Saumons illimités 47


Deux pêcheurs sur

une même canne Texte de Claude Couture et photos de Raymond Dussault

Par une splendide journée de fin d’été, pendant que le soleil joue à cache-cache avec les nuages, je déambule allègrement le long d’une fosse de la rivière Cap-Chat. Mon regard croise celui d’un garde-pêche et je lui pose cette question qui me hantait depuis quelque temps : « Est-ce légal de taquiner le saumon à deux pêcheurs sur une même canne ? ». Il se gratte la tête. Voyant que j’étais seul, il me demande de lui fournir plus de précisions sur ma technique peu orthodoxe.

J

e lui explique que, suite à un événement personnel marquant vécu au printemps, j’ai connu une expérience de pêche tout à fait « miraculeuse » à l’été 2010.

En effet, j’ai eu le privilège de faire parader mes mouches dans les eaux des rivières Cap-Chat, Sainte-Anne et Matane pendant une période totale de 14 jours et ce avec des résultats incroyables. Lors de notre premier voyage, l’eau de la rivière débordait d’énergie sur la Sainte-Anne. En compagnie de mon ami Raymond, nous avons exploré les fosses d’eau haute. La première journée fut peu fructueuse. Le lendemain, nous croisons un pêcheur local expérimenté et peu avare de renseignements pertinents : « À ce niveau d’eau, il faut prospecter complètement le bas des fosses ». Deux heures plus tard, mettant en application ses conseils judicieux, je fis la remise à l’eau d’une belle torpille argentée dans la fosse « Bouleau ». Peu après, nous traversons la rivière pour explorer la fosse « L’Islet ». Raymond choisit le rapide et je m’attarde dans la section aval. C’est exactement à la roche précisée par notre généreux informateur que le saumon vient gober férocement ma mouche noyée pour livrer un combat royal; il fut récompensé en retrouvant sa liberté.

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La journée suivante, nous lançons nos soies dans la Cap-Chat. Je fais la capture d’un jeune saumon malveillant. En le ramenant sur des crans submergés, il vient s’enrouler autour des bottes de Raymond qui tente désespérément de le capturer avec ses mains : tout un spectacle! Lors de notre deuxième voyage, au début d’août, nous commençons notre périple par la Cap-Chat. Le matin, je fis connaissance avec un vigoureux madeleineau à la fosse « Côté ». Puis notre choix s’arrête à la fosse « Petit Saut ». Vers 11 h, un dibermarin de 12 livres vient tendre ma ligne et nous le gracions après quelques minutes. Après la pause du midi, nous revenons dans le même secteur et j’ai le plaisir de relâcher un autre saumon leurré par l’action dandinante de ma trottinette. Les succès se poursuivront sur la rivière Sainte-Anne avec l’ajout de deux autres copains : trois captures en quatre jours. Peu à peu les couleurs automnales viennent teinter les paysages et nous attirer vers la rivière Matane. En ce matin un peu frisquet de septembre, vers 7 h, je fus attaqué par un petit saumon que j’ai conservé. Vingt minutes plus tard, en poursuivant ma rotation, c’est un spécimen de 10 livres qui gobe la mouche et qui met fin à cette fructueuse saison de pêche : 12 captures en 14 jours d’activité halieutique au saumon!


Mais le garde-pêche, attentif à mon récit, ne comprend toujours pas mon interrogation sur l’interprétation du règlement : pêcher deux personnes sur une même canne? Eh bien! En ce magnifique été 2010, j’avais l’impression que ma conjointe Suzette, décédée le 19 mai de ce même printemps, était celle qui était secrètement « partie prenante » avec moi sur ma perche et qui guidait mes lancers vers des saumons avides de sensations, tout au cours de cette saison particulière qui me laissera des souvenirs impérissables.

Saumon capturé et gracié par l’auteur sur la fosse « Petit Saut » de la rivière Cap-Chat.

Claude Couture en action sur la rive opposée de la fosse « Petit Saut » de la Cap-Chat.

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Saumons illimités 49


Martine Bouchard, rivière du Gouffre, août 2012

Texte et photos de Martine Bouchard

C’est en côtoyant les pêcheurs de la rivière du Gouffre à Saint-Urbain, dans son village natal, que Martine Bouchard, enseignante au primaire à la commission scolaire de Charlevoix a eu l’étincelle… et a mordu à la mouche!

À

l’été 2010, mes activités sportives matinales en bicyclette m’amenèrent soudainement à porter mon attention sur la découverte de différents secteurs de la rivière à saumon sur lesquels je ne m’étais, pour ainsi dire, jamais attardée auparavant. Je ne connaissais pas grand-chose à ce sujet à ce moment-là. C’est alors que, poussée par ma curiosité et dépourvue de tout équipement de pêche, je décidai un bon matin de laisser 50 Saumons illimités

mon vélo dans le fossé et de franchir les barrières donnant accès aux fosses à saumon de mon village. Me laissant guider pas à pas par le tracé des sentiers discrets, mouillés d’une fraîche rosée, je finis par croiser tour à tour Luc, Jérôme, Camil, Maurice, Marilyn, José, « les Jacques », Pierre, Denis et plusieurs autres pêcheurs qui ont su alimenter mon intérêt et me partager leur savoir d’aubes en crépuscules. L’étincelle était en train de prendre de la vigueur…


Sur mes élans matinaux, d’un coup de pédale à l’autre, poussant mon vélo du secteur de « La Mine » jusqu’à celui des « Six Arpents », en passant par les fosses du rang Saint-Jean-Baptiste, je décidai de me lancer dans la pêche au saumon. Ce serait tellement agréable de pêcher cette belle rivière pendant tout l’été, d’autant plus que j’habite à côté. J’aurai donc consacré un été complet à observer les pêcheurs du coin avant de me procurer l’équipement nécessaire, pour qu’enfin, l’été suivant, je me mette à décompter les jours du calendrier avec une telle impatience. J’attendais le 22 avril, journée d’ouverture officielle de la pêche sur la rivière du Gouffre.

Un projet stimulant pour les jeunes Impliquée activement dans le milieu scolaire depuis plus d’une dizaine d’années, je chérissais en parallèle, le désir de créer un projet novateur qui saurait susciter l’intérêt des jeunes, donner une « couleur » spéciale à notre école, tout en rejoignant mes passions. C’est donc à l’automne 2011 que je décidai de mettre sur pied un projet que je souhaitais durable et dans lequel les élèves apprendraient à découvrir leur environnement à travers des activités reliées à la pêche. Cela ne s’était jamais fait auparavant. L’idée me semblait gagnante pour rejoindre une clientèle de jeunes ayant des intérêts différents de ce qu’on propose habituellement comme activités parascolaires. Permettre à mes élèves issus d’un milieu précaire et à d’autres jeunes de la région de Charlevoix de s’approprier leur environnement, d’en découvrir les ressources, d’en devenir les ambassadeurs dans le futur, d’avoir le souci de devenir des protecteurs d’habitats fauniques, d’avoir la possibilité d’accéder à la rivière dont l’un des méandres coule à quelques pas de l’école furent là, déjà, de grandes motivations qui m’ont incitée à aller de l’avant. Il restait tout de même à considérer qu’ayant débuté moimême la pêche au saumon l’été précédent, je n’avais pas tant d’expérience que cela en la matière. De prime abord, le défi était de taille… J’ai donc pensé faire appel aux ressources locales, soit des pêcheurs et monteurs de mouches possédant une bonne expertise, et m’adjoindre ainsi une équipe de collaborateurs qui m’ont donné des ailes afin de vivre une première année extraordinaire, couronnée de sourires et de petits yeux brillants! Misant sur ma passion et sur la confiance des pêcheurs, je décidai de fonder NYMPHÉAS, notre groupe d’apprentis pêcheurs de Charlevoix. C’est donc le 4 décembre 2011 que s’est tenu le premier atelier de montage de mouches à l’École DominiqueSavio de Saint-Urbain, permettant à une dizaine de jeunes de

Des jeunes de Nymphéas en atelier de montage. De gauche à droite Samuel Henry, Thomas Lavoie, Vincent Collin, Julien Galarneau, Marie-Claude Simard, Dylan Tremblay, Éric Bergeron (monteur invité), Elliot Sirois.

s’initier à cet art, supervisé par Mme Marilyn Tremblay, une pêcheuse de la région. De fil en aiguille, plusieurs généreux monteurs bénévoles ont donné de leur temps et se sont succédé, offrant aux jeunes une expertise hors pair. Des Grizzly King, mouches Miracle à truite, Wolly Bugger, Black Bear Green Butt, entre autres, ont été créées par de petits doigts habiles et minutieux lors de dix ateliers de montage vécus en cours d’année.

Nos activités Au cours du printemps 2012, les jeunes ont participé à cinq salons à travers le Québec en tenant leur kiosque, afin d’offrir leurs ingénieux petits bracelets ajustables confectionnés à partir de soies à moucher recyclées… Nous avons fait acte de présence au Salon de l’entrepreneuriat jeunesse à Place Fleur de Lys, au salon de pêche à la mouche de Granby, au salon Expert Chasse-Pêche de Québec, au Forum SPEY de

Julien Galarneau, Elliot Sirois, Koryn Marier, Martine Bouchard, Patrick Campeau et Benoît Bayard au kiosque de Québec Pêche lors d’un salon. Saumons illimités 51


Marie-Claude Simard, Valentina Rodriguez et Krystina Raymond, au Forum Spey de Sherbrooke, mai 2012.

Sherbrooke ainsi qu’à Expo-Nature de Chicoutimi. Invités à animer le kiosque de Québec Pêche par M. Benoît Bayard lors de leur passage à Québec, les jeunes ont reçu une collaboration significative de M. Patrick Campeau, porteparole officiel du salon, qui a su leur offrir l’opportunité de promouvoir leur organisme et de mousser leurs activités de financement par la vente de ces fameux petits bracelets. Au cours de l’hiver, se lancer dans la création d’une microentreprise de fabrication de ces petits bracelets colorés fut l’un de nos défis. Cette initiative collective impliquant plusieurs jeunes de différentes écoles nous a notamment mérité le prix « Coup de Cœur » du Concours Entrepreneuriat Jeunesse 2012 pour la région de Charlevoix. Cette récompense est venue encourager les efforts soutenus des jeunes qui se sont investis avec enthousiasme pour créer ce produit original qui contribue au financement de leurs activités. NYMPHÉAS continue de récupérer les soies usagées que vous pouvez leur faire parvenir à l’adresse de l’école mentionnée à la fin de cet article. Passez le mot et envoyezleur vos soies usagées...

Bracelets confectionnés par les jeunes avec des soies recyclées.

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Le 3 février, NYMPHÉAS a organisé une excursion au Saguenay pour se rendre au plus grand village sur glace au monde, soit à La Baie, afin expérimenter la pêche blanche. Cinquante participants de tous les âges et provenant de cinq milieux scolaires sont montés à bord de l’autobus, pour d’abord faire escale au Musée du Fjord… Quelques notions d’entomologie, manipulation d’invertébrés marins vivant dans les eaux du fjord du Saguenay, aquarium géant présentant toute une variété d’espèces de poissons prélevés dans ce profond cours d’eau… une visite à ne pas manquer si vous passez par La Baie. Après avoir cassé la croûte, nous avions bien hâte de jeter la ligne dans les petites cabanes de pêche pour taquiner l’éperlan. Impressionnant de se retrouver dans ces villages éphémères de pêcheurs qui n’ont pas peur du froid! La journée a été marquée par l’accueil chaleureux de M. Rémi Aubin de l’Accommodation des Vingt-et-un, ainsi que par la présence de M. Éric Bergeron qui nous a offert son aide bénévole, se rendant disponible aux petits apprentis pêcheurs. Autre journée mémorable qui est passée trop vite! Quatre d’entre nous se sont rendus à Sherbrooke les 13-14 mai, pour le Forum SPEY. Marie-Claude, Krystina et Émile ont fait d’agréables rencontres, entre autres avec nos amis de la maison des Jeunes Point de Mire de Verdun ainsi qu’avec M. Christer Sjöberg et M. Thomas Ögren, respectivement fondateur et ingénieur de la compagnie LOOP de Suède. En début juin, NYMPHÉAS a également proposé une fin de semaine de cours de lancers SPEY à la rivière du Gouffre, grâce à la présence et à la générosité d’un instructeur de pêche professionnel, soit M. Neil Houlding d’Ontario. Offert autant aux jeunes qu’aux adultes désireux de parfaire ou de découvrir la technique de lancer à deux mains qui prend de plus en plus de popularité au Québec, l’événement a su rejoindre les attentes diverses de tous les participants, car les commentaires ont été unanimement positifs. L’ambiance au bord de la rivière était détendue et conviviale, d’autant plus que nos amis de l’option musique de la Polyvalente St-Aubin sont venus souligner l’anniversaire de notre instructeur invité, par quelques interprétations musicales, ce qui donnait une note artistique à notre journée. Nous comptons répéter l’exercice en mai 2013, toujours avec M. Houlding qui lui, a découvert la rivière avec grand intérêt. Avis aux intéressés… Le 9 juin, une sortie de pêche était au programme… Enfin! À l’occasion de la fête de la pêche, la SÉPAQ nous offrait une journée radieuse de pêche au Lac Turgeon ainsi qu’à la rivière Malbaie, accompagnés des guides du Château Beaumont et


Elliot Sirois en apprentissage avec le réputé Neil Houlding.

d’embarcations qui nous étaient destinées. Wow! Que de plaisirs, de découvertes, un pique-nique, de la pêche, la prise de belles truites, des éclats de rire, l’alternance à la barre des chaloupes… et PAS de moustiques! Bref, une super journée éducative dans le parc des Grands Jardins, à trente minutes de chez nous, dans un secteur reconnu comme un joyau du patrimoine mondial de la biosphère. Le 13 juin, M. Gaétan Girard, un précieux collaborateur de l’Association du Pied des Monts nous accueillait au Lac Boudreault pour une journée de pêche en herbe, à laquelle ont pris part plus d’une soixantaine de jeunes de Saint-Urbain et de Saint-Aimé-des-Lacs. Encore une fois, toute une équipe de partenaires bénévoles, dont notamment, les agents de la faune ont permis aux jeunes de recevoir beaucoup d’informations sur la réglementation. Ils ont reçu gratuitement un permis de pêche valide jusqu’à dix-huit ans et un équipement de lancer léger gratuit. Ils ont pu aussi aiguiser leur patience, s’entraider, affronter les vers de terre et retourner chez eux les joues rosies par le grand air, heureux et remplis de fierté en comparant leurs prises les uns avec les autres. Finalement, le 4 août dernier, nous nous sommes donné rendez-vous à la fosse du Méandre pour une journée d’initiation à la pêche au saumon pour les jeunes et les dames, accompagnés de Martial, Benoît et Remy, des collaborateurs de l’Association de Conservation de la Vallée du Gouffre. Les participants y ont appris à monter leur canne et à pratiquer les quelques mouvements de base qui, comme vous le savez, demandent énormément de pratique et d’habileté afin d’être maîtrisés.

Martine Bouchard, Vincent Collin, MarieClaude Simard, Gabrielle Bélanger, Roger Bélanger, Martial Girard et Andréa lors d’une première expérience de pêche au saumon.

Des ambassadeurs de leur milieu Procurant aux jeunes de Charlevoix âgés de 10 à 17 ans l’accès privilégié à toute une gamme d’activités reliées à la pêche, le groupe compte une vingtaine de membres actifs. NYMPHEAS bonifie l’offre de loisirs de la région, riche d’un milieu écologique envié par les nombreux adeptes de ce sport. Pouvant compter sur une équipe de nombreux bénévoles (18) désirant partager leur savoir et ainsi former une relève intéressée à la pêche, nous croyons que NYMPHEAS aidera aussi les jeunes à devenir des ambassadeurs de leur milieu, à développer un sentiment d’appartenance à Charlevoix, à découvrir des valeurs entrepreneuriales et sociales et à participer activement au dynamisme de notre collectivité. Si vous avez le goût de proposer une activité, de nous offrir du matériel de pêche, de faire un don quelconque, de passer nous voir à l’occasion d’une visite dans Charlevoix ou de nous offrir vos commentaires ou suggestions, n’hésitez pas à communiquer avec nous. NYMPHEAS existe grâce à l’implication des bénévoles qui désirent partager leur passion de la pêche et contribuent à l’émerveillement de jeunes intéressés par la découverte de leurs habiletés ! Nos portes sont toujours ouvertes aux nouvelles idées qui feront mouche! Le groupe NYMPHEAS tient à remercier ses partenaires pour la confiance et le support que vous nous accordez. Grâce à votre collaboration et parce que nous croyons à la formation de la relève en pêche à la mouche, nous poursuivrons avec enthousiasme nos activités de pêche auprès des jeunes de Charlevoix. Saumons illimités 53


Le livre Gastronomie & Saumon, de Jacques Juneau

Du saumon, de l’eau à la bouche... Texte d’André-A. Bellemare

Il n’est pas facile de définir Jacques Juneau, ce chef cuisinier et enseignant retraité demeurant dans le quartier Pointe-du-Lac de Trois-Rivières : parce qu’il est aussi pêcheur à la mouche, créateur et monteur de mouches, illustrateur, dessinateur, photographe, sculpteur, ébéniste, botaniste autodidacte, horticulteur, poète, conférencier... entre autres! André-A. Bellemare

J

acques Juneau, issu d’une famille mauricienne comptant des traiteurs, des chefs cuisiniers et des chefs pâtissiers, a lui-même rempli chacun de ces rôles en hôtellerie, en restauration et en institution avant d’enseigner la cuisine professionnelle. À la retraite depuis quelques années, il se consacre maintenant à toutes ses autres passions, dont l’écriture de livres de recettes spécialisées.

Photo : André-A. Bellemare

Lié à Les Éditions du Sommet inc., de Pierre Saint-Martin, de Québec et de Saint-Sauveur-des-Monts, Juneau a vu son premier livre publié durant l’automne 2011 : Gastronomie boréale, livre de grand format, luxueux et abondamment illustré, à couverture rigide renfermant 150 pages de papier glacé lourd, dans lequel il divulgue ses plus précieuses recettes. 54 Saumons illimités

Durant les derniers mois, l’éditeur Saint-Martin a publié le deuxième livre de Jacques Juneau dans sa Collection Cuisin’Art : Gastronomie & Saumon (145 pages, 29,95 $), toujours de grand format et à couverture rigide et à papier glacé, encore plus luxueux et plus illustré que le premier! Durant les prochaines semaines, Pierre Saint-Martin mettra en marché le troisième livre de Juneau — Gastronomie & Truite —, qui devrait nous surprendre plus que les deux premiers, nous dit-on! Lors du Gourmand World Cookbooks Awards de 2012 — concours mondial décernant des prix à des éditeurs de livres de recettes d’une foule de pays soumettant des centaines d’œuvres —, Gastronomie & Saumon a récolté le prix du meilleur ouvrage sur les poissons et les fruits de mer publié en français au Canada!


Le défi qu’a relevé Juneau pour réaliser Gastronomie & Saumon, ce fut de faire découvrir aux lecteurs, par ses photographies, neuf des plus belles et des plus productives rivières à saumon du Québec. Mais, aussi, de leur faire découvrir des personnages connus de la confrérie des saumoniers québécois, personnages liés aux rivières fréquentées. Les gens en question sont connus des membres de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) ainsi que des lecteurs de Saumons illimités. De plus, six artisans monteurs de mouches à saumons ont été sollicités par Juneau pour créer plus d’une trentaine de mouches illustrant son livre. Oui, mais est-ce bien un livre de recettes pour apprêter le saumon atlantique pour la dégustation? Bien sûr! Jacques Juneau vous offre ses secrets et ses trucs culinaires, et il n’est pas le seul à le faire : quatre chefs cuisiniers de ses amis, tous spécialisés dans la cuisine du saumon, ont accepté de dévoiler dans le livre, eux aussi, des recettes qui vous exciteront les papilles gustatives! Jacques Juneau ne cache pas qu’il a le goût d’innover et de surprendre. Mais les novices en cuisine gastronomique pourront reproduire les recettes qu’il propose, parce qu’elles sont précises et bien expliquées. C’est aussi le cas des recettes révélées par ses amis chefs cuisiniers. « La publication de mon livre Gastronomie & Saumon, c’est la réalisation de mon rêve d’écrire un livre jamais encore fait au Québec : je présente nos meilleurs talents québécois, en gastronomie, en pratique de la pêche du saumon atlantique à la mouche, ainsi qu’en montage de mouches à saumons. Cela, en exposant la beauté des rivières gaspésiennes et d’autres

Le Chef Jacques Juneau

cours d’eau. Je crois que les salmonidés du Québec sont les plus beaux et les meilleurs du monde! Comme chef cuisinier, j’ai voulu rendre hommage à ces précieuses ressources alimentaires naturelles renouvelables, en les apprêtant avec douceur et respect... », telle est la profession de foi que m’a faite Jacques Juneau durant nos entretiens. L’auteur ne ménage pas toute sa gratitude à l’égard des personnes qui ont accepté de participer à la réalisation de ce livre. Quant à moi, c’est à l’endroit de Jacques Juneau que j’exprime de la gratitude, car j’ai pu agir comme goûteur de certains des merveilleux plats qu’il a concoctés...

Saumons illimités 55


Opinion

du lecteur

À propos de la graciation (catch and release) du saumon atlantique Par Guy-Noël Chaumont

L

e « catch and release » (C&R), en français « relâcher après capture » est une invention des pêcheurs sportifs américains, qu’ils pratiquent de façon obligatoire dans leurs rivières à steelhead des états du nord-ouest, afin de préserver leur cheptel et évidemment maintenir au mieux les retombées économiques qui découlent du tourisme halieutique dans ces régions. Évidemment, cette « mode » a contaminé le Canada et en particulier le Québec où elle s’est trouvée justifiée par la préservation de la ressource menacée. Sur le plan éthique, le RELÂCHER participe d’une mode beaucoup plus dictée par un motif économique inavoué que par un souci écologique et, comme toutes modes, elle constitue un certain « snobisme », à dire «Voyez-vous, je gracie ce poisson et j’enseigne aux jeunes cette manière de faire », « Je préserve et je transmets donc cela me gratifie ». Il s’agit plus d’autosatisfaction que de réelle activité écologique. Car, qu’en est-il sur le plan écologique?

a au moins le courage de ses opinions! En conséquence de quoi les poissons dits de sport devraient être pêchés pour être consommés et non pour le simple amusement du pêcheur dit « sportif »? On peut admettre évidemment l’existence de quelques pondérations dans cette affirmation. Ce sont ces nuances qui vont être exposées ci-dessous. En ce qui concerne le saumon atlantique, il s’agit d’un poisson anadrome qui est programmé pour grossir en mer et faire toutes ses provisions énergétiques durant son séjour marin, lesquelles lui permettront de revenir dans sa rivière natale pour s’y reproduire. Durant cette période de plusieurs mois, il semble qu’il ne se nourrit pas ou peu (problème encore non élucidé et toujours discuté) et donc, qu’il vit exclusivement ou presque sur ses réserves. Il n’est que de voir les « saumons noirs » pêchés au Québec en mai, lorsqu’ils regagnent l’océan totalement maigres et efflanqués, ayant perdu la moitié de leur poids, pour s’en convaincre.

On ne pêche plus pour assurer sa subsistance, du moins l’affirmet-on, en dépit des pêches amérindiennes identifiées à tort de « SUBSISTANCE ». C’est pour cela que l’on a maintenant qualifié la pêche à la mouche de « sportive ». Néanmoins, on doit toujours considérer que pêcher, comme chasser d’ailleurs, est une activité totale qui consiste à attraper un poisson pour le mettre dans son assiette et avoir le plaisir de déguster un mets exceptionnel (j’entends par met exceptionnel un mets que généralement l’on ne peut se procurer dans le commerce, par exemple une bécasse que vous ne pourrez déguster que si vous l’avez tuée ou si vous avez un très bon ami chasseur qui vous l’offre !).

Il serait d’ailleurs extrêmement intéressant d’étudier cette perte de poids. De plus, le saumon atlantique, contrairement aux diverses espèces de saumons pacifique, n’est pas programmé pour mourir immédiatement après la fraye, mais pour regagner l’océan afin de se refaire une santé, grossir encore et revenir ainsi plusieurs fois de suite se reproduire en rivière, si toutefois il n’est pas dévoré par un prédateur ou pêché sur son chemin.

Le RELÂCHER ne se pose pas à la chasse au fusil ou à l’arc : on tire ou on ne tire pas, mais si l’on tire c’est, si possible, pour tuer à coup sûr, car telle est l’éthique de la chasse qui

A contrario, les salmonidés de rivière, y compris la truite de mer, se nourrissent en rivière qui est leur habitat normal et permanent, excepté pour la truite de mer.

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Le saumon pacifique sert de nourriture aux ours et, entré quasiment vivant en décomposition, devient engrais pour les systèmes écologiques bordant les rivières où il fraye.


De cette différence naît la nuance extrême qui concerne le RELÂCHER d’un salmonidé de rivière qui, après un long combat au bout d’une ligne, est libéré. Les toxines qu’il aura accumulées et l’énergie qu’il a dépensée pour assurer sa défense pourront probablement être rapidement réparées par l’alimentation de la même façon que pour tous les stress auquel ce poisson sera soumis durant sa vie. Tout différent sera le sort du saumon atlantique luttant au bout d’une ligne : pour peu que le combat s’éternise (et l’exemple de Lee Wulf qui s’ingéniait à prendre le plus gros saumon possible sur la ligne la plus fine possible, au prix d’un combat pouvant durer plusieurs heures avec une remise à l’eau finale, stigmatisé par Pete Dubé dans son ouvrage « Trésor volé » n’est certainement pas à encourager). Ce saumon, au cours du combat qu’il livrera, consommera une grosse partie de ses réserves énergétiques sans avoir la possibilité de les renouveler et, si l’accumulation des toxines consécutives à son combat est trop importante, il ne sera pas en mesure de récupérer et mourra rapidement. Par ailleurs, la perte énergétique non compensée ne lui permettra pas ultérieurement de résister à la durée de son séjour en rivière jusqu’à la fraye et à son retour en mer. Il se trouve exactement dans la même situation que le Coq de bruyère (grand tétras) qui hiverne, branché en moyenne montagne, après avoir fait ses réserves pour l’hiver. S’il est dérangé une ou plusieurs fois durant son hivernage, il dépensera une partie de ses réserves de sorte qu’il en manquera pour sortir vivant de l’hiver. Les nombreux saumons morts retrouvés dans les rivières québécoises où se pratique couramment le RELÂCHER attestent de cette conséquence. J’en ai trouvé moi-même à de nombreuses occasions durant ma longue activité de saumonier (73 ans). Il serait donc logique de ne plus encourager le RELÂCHER spécifique du saumon atlantique, car dans les rivières où il se pratique depuis plusieurs années déjà, il n’a en aucun cas contribué à la remontée des stocks de saumons dans cesdites rivières (statistiques à l’appui), contrairement à ce que prônent actuellement les instances protectrices du saumon. Il faut avoir le courage de ses opinions. On pêche le saumon pour le conserver et le consommer (plaisir non partageable) et non pour jouer avec, et l’on voit bien sur le bord des rivières que les pêcheurs gaspésiens de souche ne sacrifient pas à cette mode, contrairement aux pêcheurs non québécois, américains en général. Relâcher un madeleineau en particulier est tout à fait critiquable, compte tenu des facultés reproductives limitées de ces petits poissons.

Le permis de RELÂCHER devrait être supprimé et, surtout, il devrait être interdit de prendre un permis de RELÂCHER après avoir atteint son quota de saumons pris avec un permis normal. Pour autant que ce type de permis demeure, le pêcheur optant pour ce type de pêche devrait être doté de « tags » permettant de marquer le saumon pris et relâché, comme le font les pêcheurs des grands poissons marins, ce qui permettrait de suivre avec le maximum de précision le devenir de ces poissons « ’graciés. »’ Enfin, compte tenu du fait que les rivières gaspésiennes sont suffisamment bien surveillées en ce qui concerne le cheptel de poissons entrants, l’arrêt pur et simple de la pêche quand le quota de prédation par la pêche sportive atteint le niveau à ne pas dépasser devrait se substituer à la période de pêche avec le RELÂCHER. En tout état de causes à effets, la dépense énergétique d’un saumon en migration reste intimement liée à la longueur du parcours et à la géomorphologie de la rivière. Plus la rivière est longue et accidentée de chutes et de rapides et plus la dépense énergétique du saumon sera grande. Ainsi, une rivière courte comme l’Escoumins, moins de 40 kms, où une petite population de saumons (moins de 1 000) est pêchée pratiquement rendue sur ses frayères a de meilleures chances de survivre à un RELÂCHER qu’un saumon de la Matapédia avec ses 160 kms de bassins, lacs et affluents, barrés de 60 filets amérindiens dont la présence n’est pas de nature à encourager le RELÂCHER des sportifs-payeurs qui totalisent plus de 2 000 jours-pêches sur une population de 4 000 saumons. Et que dire de la Natashquan avec son bassin de 500 kms, sa multitude de chutes et de rapides, ses 180 filets indiens entre la première et la quatrième chute et 200 autres de propriétés indéterminées, posés dans l’estuaire? Dans de telles conditions, je ne vois pas très bien en quoi la « Graciation » pourrait améliorer une situation devenue incontrôlable, à part augmenter le nombre des victimes de ladite « Graciation ». Un mot qui fait allusion à l’Ancien Testament et à la Grâce que l’on accordait aux criminels-pêcheurs, il n’en fallait pas plus pour culpabiliser nos merveilleux saumons.

AVIS : Les opinions émises dans la rubrique « Opinion du lecteur » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la FQSA. Saumons illimités 57


Babillard Fondation de la Faune du Québec Encan faune et nature 2013 : des surprises et du plaisir !

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