Magazine saumon 98

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MAGAZINE

SAUMON LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

TECHNIQUES DE PÊCHE Tout sur la mouche sèche

98

RIVIÈRE

Convention poste PUBLICATION - 40063917

7.00$ CAN / 5.00€

Volume 37 / No 1 Hiver 2014

La rivière du Gouffre

STATISTIQUES Statistiques officielles saison 2013


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2014-01-16 09:51


S OMMA I RE

SOMMAIRE Table des matières 3 LE MAGAZINE SAUMON

4

Message du président

5

From the president

6

Mot de l’éditeur

8

L’ABC de la pêche à la mouche sèche

14

Histoire de trophées de pêche

16

Mathieu Vanhoutte Portrait d’un guide réputé

20

La rivière du Gouffre

24

Portrait de Daniel Bradet

26

Statistiques officielles saison 2013

30

La mouche fétiche de Richard Bernier

32

Aux suivants !

34

Prélude au “déclubage”

38

Les frères Lord de Matane

42

Les Sentinelles de la Petitcodiac

47

Galerie photos

52

Portrait d’une administratrice de la FQSA

54

Babillard

Saumon Numero 98

Hiver 2014

Photo couverture: Fokus Outdoor

8

Techniques de pêche Tout sur la mouche sèche

16

Mathieu Vanhoutte Portrait d’un guide réputé

Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6

Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@fqsa.ca | www.fqsa.ca Éditeur et rédacteur en chef : Ghyslain Provençal Comité de rédaction : André A Bellemare, Bernard Beaudin, Gérard Bilodeau, Jean Boudreault, Yvon Côté, Pierre Manseau, Gilles Shooner et Richard Sirois. Publicité : Ghyslain Provençal Tirage : 2 500 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 15 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

SAUMON | WWW.FQSA.CA

20 Rivière

La rivière du Gouffre

26

Statistiques Statistiques officielles saison 2013

Le conseil des Gouverneurs Membres corporatifs : Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Membre individuel : M. John E. Houghton

Le conseil d’administration de la FQSA

Index des publicités

Président : Jean Boudreault Secrétaire : Michel Jean Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : David Saint-Laurent, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : Gilles L. Duhaime, Sylvie Tremblay Vice-président aux affaires autochtones : Jack Picard Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Paul M. LeBoutillier • Rive nord : Georges Gagnon et David Basile Représentant de la FPQ : Dominic Dugré Gestionnaires : Martin Lefrançois et 1 poste vacant Vice présidence aux finances et affaires corporatives : David Veilleux Délégués externes : • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Étienne Saint-Laurent • Améllie Thériault Directeur général : Frédéric Raymond Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Yvon Côté, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Air Médic Association de protection de la rivière Moisie Auberge de la Matapédia Avalon Camp Bonaventure Camp de la Haute Madeleine La Capitale Assurances générales Chalets du bout du monde Fondation de la Faune du Québec FQSA Hydro Québec Magasin Latulippe Parc national de la Jacques-Cartier PESCA Environnement Pierre Bahamas Pourvoirie Falls Gully Produits UNI Pronature, Rimouski Réserve faunique de Matane Rivière Mitis Salmon Lodge Salon expert chasse pêche et camping Université Laval Yves Laurent ZEC Cap-Chat

13 33 46 55 13 50 36 46 23 31 56 2 53 46 29 25 31 10 41 10 29 7 41 50 10


MESSAGE DU PRÉS IDEN T Photo : Marc-Antoine Jean

MESSAGE DU PRÉSIDENT 4 LE MAGAZINE SAUMON

Beaucoup d’action en 2014 !

Le président de la FQSA, Jean Boudreault

Inscription du saumon sur la liste des espèces en péril

B

onjour, chers amis! Que nous réserve 2014 ? Une année bien remplie, de nouveaux défis et de nombreux projets! L’équipe de la FQSA débute l’année en force avec la mise en ligne de notre nouveau site web qui incorpore maintenant un forum « pêche saumon », ainsi qu’une mine d’informations utiles pour la planification de vos voyages de pêche. La FQSA consacre également son énergie à la coordination de projets d’aménagement d’habitats sur la Côte-Nord, à l’organisation du mentorat 2014 en Gaspésie, au développement des soirées Séquences Saumon au Québec ainsi qu’à des activités pour la relève. Cette année, le monde du saumon bouge !

Le congrès annuel Au-delà de toutes ces activités, il y a notre congrès qui arrive à grands pas, les 29 et 30 mars prochains. Soyez au rendez-vous! Ce congrès est organisé pour vous, les membres. Parmi les sujets abordés, il sera question du nouveau plan de gestion du saumon au Québec. D’ailleurs, des tables de discussion vous permettront d’émettre vos commentaires et suggestions à propos de ce plan qui devrait être mis en vigueur en 2015. Votre participation est essentielle! Le congrès est un endroit privilégié pour bien s’informer et donner son opinion sur tout ce qui touche le saumon. Pour plus d’information, visitez notre site web (fqsa.ca), tous les détails y sont présentés. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Jusqu’à maintenant, ce dossier sous la responsabilité du ministre fédéral de l’Environnement progresse à petits pas. La FQSA suit de près les développements auprès des instances gouvernementales. Pour l’instant, aucun signal n’indique que le fédéral ira de l’avant rapidement dans ce dossier. Par ailleurs, la FQSA a expédié une lettre et fait des représentations auprès de certains ministres québécois sur cette question. De son côté, le gouvernement du Québec a produit un document à l’intention du gouvernement fédéral afin de faire connaître sa position sur ce sujet chaud. De façon très succincte, rappelons qu’au Québec, nous gérons le saumon, rivière par rivière, ce qui en fait un système de gestion unique au monde. Le gouvernement fédéral propose plutôt une gestion par grande unité administrative (tout le Québec et les provinces maritimes) en identifiant toutes les espèces menacées tout en précisant, comme solution, une réduction de certaines activités, dont sans doute la pêche.

L’élevage du saumon en mer Lors d’une réunion du conseil d’administration en 2013, il a été résolu de faire officiellement des pressions pour imposer un moratoire sur tout nouveau projet d’élevage des salmonidés en cage marine ainsi qu’exercer un meilleur contrôle sur les installations existantes. Bien qu’au Québec nous n’ayons pas de ce type d’élevage, cette activité est très présente dans les provinces maritimes, surtout à Terre-Neuve. À ce jour, nous n’avons pas de preuve scientifique que le saumon d’élevage contamine nos saumons sauvages, mais comme on dit : « La précaution vaut mieux que la correction ». Ainsi, une lettre a été adressée au ministre fédéral de l’Environnement pour leur faire part de notre position. De plus, des actions en concertation avec d’autres groupes, comme la Fédération du Saumon Atlantique (FSA), seront entreprises en 2014. Notez que, dernièrement, plus de 20 000 saumons se sont échappés de cages à Terre-Neuve; où vont ces saumons, pensez-vous? Comme je vous le disais, 2014 sera bien remplie. La FQSA a besoin de vous, de votre support. Nous avons maintenant plus de 1 100 membres et ce nombre augmente quotidiennement. Si vous croyez à la cause saumon et aux actions que pose votre fédération, je vous demande d’inciter d’autres pêcheurs à se joindre à la grande famille. Sur notre site WEB, l’adhésion en ligne a été revue afin d’être plus conviviale et accessible. Suivez-nous sur la toile, plein de nouvelles y seront annoncées dont une nouvelle section spécifiquement pour les membres. Au plaisir de vous rencontrer au congrès !


FROM THE PRESIDENT 5 LE MAGAZINE SAUMON

Lots of Action in 2014 ! Photo : Michel Jean

H

ello, dear friends! What’s in store for us in 2014? A busy year for sure, new challenges and numerous projects! The FQSA team started the year in force with the launch of our new website which now incorporates a “salmon fishing” forum as well as a wealth of useful information for planning your fishing trips. The FQSA will also devote its energy this year in coordinating habitat management projects on the CôteNord, organizing Mentoring 2014 in the Gaspé region, and developing the evening sessions of «Séquences saumon» in Québec, as well as activities for new recruits. This year, the world of salmon is on the move !

Annual congress In addition to all these activities, our annual congress on March 29-30, is fast approaching. Don’t miss this rendezvous! This congress is organized for you, its members. Among the topics to be discussed is the new salmon management plan for Québec. Moreover, discussion tables will allow you to voice your comments and suggestions on this plan which is slated to be implemented in 2015. Your participation is essential! The congress is a great place to become well informed and to express your opinion on everything related to salmon. For more detailed information about the congress, visit our website at fqsa.ca.

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Adding salmon to the list of wildlife species at risk Up to now, this issue under the responsibility of the federal Minister of the Environment has progressed rather slowly. The FQSA is nevertheless following developments very closely with government authorities. So far, nothing indicates that the federal government will move forward quickly on this issue. Moreover, the FQSA has sent a letter and has also made representations to certain Québec ministers on this matter. For its part the Québec Government has prepared a document, informing the federal government of its position on this controversial topic. Briefly, you will recall that in Québec, salmon is managed on a river by river basis, making it a unique management system in the world. The federal government proposes instead to manage by broad administrative units (all of Québec, with the Maritime Provinces), identifying threatened species therein and then, as a solution, curtailing certain activities which would, in the case of salmon, undoubtedly include sport fishing.

Marine salmon farming At a Board of directors meeting in 2013, it was resolved to formally advocate for a moratorium on all new projects of marine cage farming of salmonids, and for stricter controls on existing installations. Although this type of aquaculture does not occur in Québec, it is very present in the Maritime Provinces, especially in Newfoundland. To date, there is no hard scientific evidence that farmed salmon contaminates our wild populations, but as they say: «Precaution is better than correction». In this regard, a letter was addressed to the federal Minister of the Environment clearly stating our position on this issue. In addition, actions in consultation with other groups such as the Atlantic Salmon Federation (ASF) will also be undertaken in 2014. Note that recently, more than 20,000 farm salmon escaped from marine cages in Newfoundland, where do you think these salmon end up? As I have stated, 2014 will be a busy year. The FQSA needs you and your support. We now have more than 1100 memberships and this number is increasing daily. If you believe in the salmon cause and the actions taken by your Federation, I ask you to encourage other anglers to join our ranks. On our website, online enrollment has been updated to be more user-friendly and accessible. Follow us on the web, there will plenty of news presented, including a new section specifically for members. Looking forward to seeing you at the congress !


MOT DE L’ ÉDIT E UR Photo : Louise Poulin

MOT DE L’ÉDITEUR 6 LE MAGAZINE SAUMON

Merci pour votre appréciatiton !

À

la suite de la nouvelle présentation graphique de notre magazine en décembre dernier, nombreux sont ceux parmi vous qui ont exprimé des commentaires. Plusieurs ont mentionné leur satisfaction et plusieurs autres ont fait ressortir des points d’amélioration. Je tiens à vous remercier grandement pour vos propos fort constructifs. Notre but est de vous offrir un produit de grande qualité et c’est grâce à vos suggestions que nous ferons évoluer positivement le virage visuel de votre magazine.

Nous avons également reçu beaucoup de commentaires positifs concernant le choix des articles présentés, et ce tant pour leur qualité que pour leur variété. À ce sujet, je tiens à souligner le travail exceptionnel de tous les auteurs qui, de façon bénévole, contribuent largement à l’excellente réputation du magazine à l’égard de son contenu. Nous l’apprécions vraiment et nous les remercions très sincèrement ! Vous avez d’autres commentaires ou suggestions sur le magazine? Vous avez une bonne idée de sujet à traiter? Vous désirez écrire vous-mêmes un article ou exprimer une opinion? La porte est grande ouverte. Communiquez avec moi à l’adresse courriel suivante : ghyspro@videotron.ca. Dans ce numéro-ci, plusieurs articles intéressants vous sont proposés, dont celui de Christian Landry, pêcheur émérite, qui nous dévoile ses trucs et astuces pour la pêche à la mouche sèche. Vous avez déjà entendu parler de Matthieu Vanhoutte? Allez découvrir ce guide de haut niveau. Aussi, à lire absolument, l’article de Jaquis Gagnon sur la rivière du Gouffre. Enfin, nous vous présentons, les statistiques officielles fort attendues, rivière par rivière, de la saison de pêche au saumon 2013. Bonne lecture et merci encore pour votre implication à l’égard du magazine !

Erratum Erratum Dans le dernier numéro de décembre du magazine Saumon, il est mentionné aux photos publiées dans les pages 23, 25, 27, 28, 29, 56 et 58 que le crédit appartient à Gérald Bilodeau alors que nous aurions dû lire Gérard Bilodeau. Nous tenons à présenter nos plus sincères excuses à Gérard pour cette malencontreuse situation.

Photo : Lyne Fillion

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Sur présentation de ce coupon-rabais à la billetterie du Centre de foires d’ExpoCité, durant les heures d’ouverture des salons 2014. Ne peut être jumelée à aucune autre offre ou promotion. Aucune reproduction acceptée. Toutes taxes incluses. Non remboursable. Non monnayable.


T ECH NIQU ES DE PÊCHE

L’ABC DE LA PÊCHE

À LA MOUCHE SÈCHE 8 LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Christian Landry

A

h... la pêche à la sèche ! Aspect mythique de notre sport dont trop de gens se privent, croyant à tort qu’il s’agit d’une technique trop complexe. J’ai pris mon premier saumon à 12 ans, avec une mouche noyée, à la fosse Castor sur la Matane. Je pêchais alors avec une petite canne de six pieds et demi que mon père m’avait fait fabriquer par M. Georges Maul qui tenait une boutique d’articles de pêche et de fabrication de mouches à St-René, tout près de l’hôtel Métropole. Les anciens de la Matane se souviennent tous de ce monsieur. Au mois de juillet de l’année suivante, j’ai pris à la fosse Bouleau, toujours sur la Matane, mon deuxième saumon à vie et mon premier à la sèche. Il est d’abord venu sur ma mouche une première fois, mais je n’ai pas ferré, tellement j’étais subjugué par ce qui se passait sous mes yeux. Quelques minutes plus tard, je lui ai retourné la même mouche, puis il l’a saisie. Dès ce moment, je savais que c’était le début d’une grande passion. Bientôt 29 ans plus tard, je me surprends encore à avoir le genou qui tremble ou de la difficulté à insérer le monofilament dans l’œillet de la mouche lorsque je viens d’avoir de l’action sur ma mouche sèche. Réussir à déjouer un saumon pour lui faire prendre une mouche flottant en surface est vraiment ce que je préfère. Je me souviens d’une autre anecdote, toujours sur la Matane à la fosse Ruisseau Gagnon, il y a de cela une dizaine d’années. La veille, j’avais capturé à la sèche un grilse et un grand saumon à cet endroit. Pour ceux qui connaissent l’emplacement, je dois vous dire que je pêche toujours du côté opposé à la route. Dans le temps, on pouvait se placer en haut d’une petite falaise pour pêcher. Quand il y avait du saumon dans la partie de fosse qu’on appelle maintenant Marilyn, ça donnait tout un spectacle. Notre position en surplomb nous permettait de localiser les saumons et d’observer leurs réactions face aux mouches que nous leur présentions. Lors de mes captures, il y avait un groupe de pêcheurs américains qui s’activaient en face de moi et qui avaient été témoins de mes succès de la veille. Le lendemain, en arrivant dans le sentier, j’ai constaté que les mêmes pêcheurs s’y trouvaient SAUMON | WWW.FQSA.CA

toujours. En me voyant, l’un d’eux dit à ses collègues : « Here comes the Dry fly guy », qu’on peut traduire par « Le pêcheur de sèche arrive ». Cette remarque me fit sourire, car ceux qui me connaissent savent que « Pêcheur de sèche » est le surnom que j’ai choisi sur le forum de la FQSA hébergé par Québec Pêche. Ils venaient de me faire un drôle de clin d’œil… Maintenant, assez parlé de moi, revenons au sujet principal : la pêche au saumon à la mouche sèche. Le but de cet article est de vous expliquer en gros ma façon de voir les choses en cette matière. Nous couvrirons le sujet dans sa totalité, allant de l’approche et la manière d’aborder la fosse choisie jusqu’au ferrage et à la capture proprement dite. Pas question de refaire le monde ici par contre. Il ne s’agit par de méthodes miracles révolutionnaires, mais ce sont les bases de la philosophie que j’applique et, dans mon cas, elle m’apporte du succès.

L’approche de la fosse Nous verrons cet aspect en deux volets, car il y a quelques différences : 1 Comment aborder une fosse si vous êtes seul.

2 Comment aborder la rivière si vous devez partager la fosse choisie avec d’autres pêcheurs et pêcher en rotation. Lorsque nous arrivons sur une fosse et que nous avons la chance d’être seul, nous ne nous plaçons pas en amont de la fosse en faisant un lancer/un pas comme c’est le cas pour la pêche à la noyée. Comme la plupart des saumoniers aguerris, je préfère débuter à partir de l’aval. Je visualise mentalement des zones de pêche d’environ 5 m mesurés dans le sens d’écoulement de la rivière. Par la suite on doit déterminer environ 5-6 lignes imaginaires, parallèles à la rive, afin de faire des corridors pour séparer la zone de pêche. La distance entre les lignes parallèles variera entre 1 à 3 m selon le temps dont vous disposez, la largeur de la zone que vous désirez couvrir de même que vos capacités de lanceur. L’illustration 1 démontre la manière de bien quadriller la zone de pêche en tenant compte des lignes parallèles. Donc, on fait un premier lancer sur la première ligne à son point le plus en aval, ensuite au centre de la zone et finalement à son point le plus en amont. On répète ensuite la même chose avec la ligne suivante et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on atteigne le point le plus éloigné de la zone qu’on veut exploiter ou la distance de lancer maximale avec laquelle on se sent confortable. Une fois la première zone de pêche couverte, on se déplace vers l’amont de 5 m et on recommence le processus. Généralement, si un saumon est preneur dans la fosse que vous avez choisie, en effectuant ce genre de quadrillage systématique, vous réussirez à attirer son attention. Comme vous êtes seul, rien ne vous empêche d’insister un peu plus sur les endroits prometteurs…


Illustration 1

Rivière

sèche est plus courte en distance, nous n’avons pas la chance d’avoir une telle marge d’erreur.

Autre rive +/- 5 mètres

Un point souvent négligé aussi est le retrait de la mouche. Tout d’abord, si on pêche sur des saumons localisés, il est important d’attendre que la mouche soit sortie du champ de vision du saumon visé avant de la retirer. De plus, il faut tirer d’abord doucement pour combattre l’inertie de la soie et ensuite, enchaîner avec notre séquence de lancer normal. Cet élément est aussi vrai lorsqu’on pêche à l’aveuglette, sans voir les saumons. On dépose la mouche doucement et on la retire doucement. En effet, quel pêcheur voudrait effrayer les poissons avant même d’avoir eu la chance d’essayer de les capturer.

Sens du courant

15

14

13

12

11

10

9

8

7

9 Lignes parrallèles

LE MAGAZINE SAUMON

Quelle mouche utiliser

6

5

4

3

2

1 Ordre des lancés

Position du pêcheur

Sur une fosse en rotation, la technique est similaire sauf que nous pêchons les zones de 5 m l’une après l’autre de l’amont vers l’aval. La manière de faire le quadrillage et l’ordre des lancers est par contre identique. Comme il faut toujours faire preuve de courtoisie quand nous pêchons en rotation, on se doit d’adapter le nombre de lancers par zones afin de nous assurer d’une distance sécuritaire avec le pêcheur qui nous suit et celui qui nous précède. Nous ajustons à ce moment le quadrillage afin de couvrir la fosse le mieux possible, tout en respectant le code d’éthique. Dans une rotation lente, nous faisons le quadrillage plus serré et à l’inverse, dans une rotation rapide, celui-ci sera plus large.

L’importance de la présentation L’élément à retenir : la délicatesse. Il est primordial ici de bien respecter vos limites en tant que lanceur. On ne pêche pas pour épater la galerie, mais pour avoir de l’action avec les poissons. Dans le cas qui nous concerne, une mouche bien présentée à 12 mètres suscitera plus d’intérêt qu’une autre qui tombe brusquement à 30 mètres. La mouche doit être déposée délicatement à la surface. Sans faire de fracas. Bien que cet élément soit important à la noyée, à la sèche, il est primordial. Le contact de la mouche à la surface est l’élément déclencheur de l’attaque. Nous avons une seule chance de faire une bonne première impression. Il ne faut pas la gâcher. Si votre mouche tombe trop brusquement, votre succès dépendra plus de la chance que de vos qualités de pêcheur. À la noyée, si votre mouche ne tombe pas bien, elle aura moins d’intérêt des poissons situés près de l’endroit où vous l’avez déposée. Par contre, les saumons qui verront votre mouche au milieu de sa parade pourront quand même être intéressés, car ceux-ci n’auront pas eu conscience du manque de délicatesse de votre présentation. Comme la parade à la SAUMON | WWW.FQSA.CA

Il n’y a pas de mouche miracle. Heureusement! Chaque boîte de mouches sèches devrait contenir au moins des mouches de couleur blanche, badger, olive, verte forêt, bleue, brune et blanche, vert et jaune, crevette, entre autres. Quelques exemplaires de différentes grosseurs dans ces couleurs et vous serez prêts pour la majorité des situations. Ma préférée ces années-ci, est le bomber Aqua. Je n’arrive par contre pas à comprendre pourquoi elle obtient autant de succès. Est-ce que je prends beaucoup de saumons avec cette mouche simplement parce que je l’attache toujours à mon bas de ligne ou si à l’inverse la raison qui fait que je l’utilise si souvent c’est qu’elle me fait prendre beaucoup de saumons? Par une journée partiellement couverte avec de belles éclaircies, elle est mortelle cette mouche… ! N’hésitez pas aussi à aller à contre-courant pour ce qui est des grosseurs. Une grosse mouche numéro 2 sur une rivière en étiage au mois d’août fait souvent bouger les poissons, tout comme une petite numéro 10 lorsque les rivières sont plus grosses en début d’été. C’est souvent payant d’agir différemment.

Où lancer votre mouche Pour ce qui est de la distance à laquelle on doit placer notre mouche devant le saumon, personnellement, je me fie un peu à la profondeur d’eau dans lequel il se trouve. Par exemple, si le saumon est dans un mètre d’eau, je lance à environ un mètre devant. Dans deux mètres d’eau, deux mètres devant. Quand on lance trop en amont, il arrive parfois que le saumon monte vers la mouche, puis ne la saisisse pas. C’est comme s’il avait le temps d’y penser et qu’il changeait d’idée. Ce que je veux, c’est que le contact entre la mouche et la surface lui fasse prendre la décision de prendre ma mouche rapidement. À l’inverse, lancer trop près du saumon ne lui laissera pas assez de temps pour monter et prendre la mouche dans une trajectoire rectiligne. Certains vont se retourner pour suivre la mouche et la gober ensuite, mais pas toujours. Si vous ne pouvez pas voir les poissons dans la rivière »


T ECH NIQU ES DE PÊCHE

» que vous fréquentez, essayez de pêcher les tenues

potentielles de saumons. Viser les roches, les bandes de roc (ledges), les hauts-fonds ou tout autre emplacement susceptible d’abriter le saumon.

10 LE MAGAZINE SAUMON

Même si les secteurs en aval des fosses où sont situées les zones d’eaux plus calmes semblent tout indiqués pour présenter vos mouches sèches, il ne faut pas hésiter à tenter votre chance dans les rapides. Il y a souvent une zone plus calme le long du courant principal où l’eau circule moins rapidement. Il se forme parfois des « lisses » ou des « miroirs » dans cette zone. Ce sont des endroits privilégiés pour lancer vos mouches sèches. Les attaques sont parfois vigoureuses et spectaculaires à ces endroits, le saumon arrivant à toute vitesse sur votre mouche.

L’angle de lancer et la parade de la mouche Je préfère lancer mes mouches un peu vers l’amont par rapport à ma position. Lorsque le saumon attaque ma mouche, il se trouve donc environ face à moi. Au moment du ferrage, c’est la position idéale pour que le saumon ait la mouche dans le coin de sa gueule. C’est ce que je veux. J’aime que la mouche

dérive de manière libre et naturelle, sans faire de sillons. La soie ne doit pas exercer de traction sur la mouche. Elle ne doit pas par contre contenir trop de mou, car vous n’arriverez pas à bien ferrer le poisson qui vient de prendre votre mouche. La durée est importante aussi. Comme mentionné précédemment, je veux déclencher une réaction rapide. S’il la voit venir trop longtemps, je risque de perdre son intérêt et d’avoir un refus. Je laisse ma mouche environ 3 secondes en eau lente et 4 secondes en eau rapide. Pourquoi plus de temps en eau rapide? Et bien parce que comme la vitesse du courant est plus grande, ma mouche parcourra une distance plus longue et je veux que le saumon puisse avoir plus de temps pour s’y rendre.

L’importance de bien observer La qualité principale d’un bon pêcheur de sèche est d’avoir un bon sens de l’observation. En effet, il arrive très souvent que les saumons viennent voir notre mouche sans la prendre. On voit parfois des remous sous celle-ci. D’autres fois, c’est une queue qu’on voit passer en dessous. On aperçoit parfois aussi le reflet du soleil sur les flancs du saumon. On dit alors qu’on a vu un flash sous notre mouche. Si notre concentration n’est pas au maximum et qu’on manque ces évènements, il se pourrait bien qu’on passe par-dessus un preneur et qu’on manque notre capture du jour. Quand on pêche en rotation à plusieurs, il est certes agréable de jaser de la pluie et du beau temps, de sport ou de politique avec les autres

Rivière Mitis

Une rivière à découvrir! Information (418) 775 775--5151 www.rivieremitis.com

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pêcheurs. Par contre, il y a moyen de rentabiliser son temps de pêche même quand ce n’est pas à notre tour en observant les autres pêcheurs à l’œuvre. En effet, si on voit qu’un collègue a de l’action sur sa mouche, il est important de bien garder en mémoire l’emplacement approximatif du saumon intéressé. Comme cela, si le pêcheur précédent n’arrive pas à capitaliser, son saumon pourrait bien devenir le nôtre.

LE MAGAZINE SAUMON

Pour bien observer, de bons verres polarisés sont essentiels. Pour ma part, je porte des lunettes dans ma vie courante. Je me suis fait fabriquer des verres polarisés ajustés à ma vue spécifiquement pour la pêche. C’est sans aucun doute la pièce d’équipement dont je me passerais le moins. Je préfèrerais être privé de mes cannes haut de gamme et garder mes verres polarisés ajustés que l’inverse. Si vous devez porter des lunettes, pensez-y lorsque vous serez prêts à investir dans votre prochaine pièce d’équipement. Pour ma part, c’est un élément qui a eu un impact significatif sur mon taux de succès.

Une mouche sèche, c’est sec… Une des erreurs les plus flagrantes des pêcheurs moins expérimentés est de pêcher à la sèche «mouillée». Leur mouche est gorgée d’eau et se dépose à la surface avec la délicatesse d’un adolescent qui fait une bombe dans la piscine familiale. Encore là, cela ne veut pas dire que vous n’en prendrez pas, mais vos chances ne seront pas optimales. Je m’assure donc que ma mouche soit la plus sèche possible afin d’obtenir la meilleure des présentations. Pour la faire sécher, on fait plusieurs faux lancers rapides avec court de ligne. Si cela ne fonctionne pas, je change de mouche. Pour améliorer la flottabilité, j’utilise aussi un produit visqueux tel que le « Gink » ou son équivalent chez « Scientific Anglers ». À choisir, je préfère le deuxième, car le premier tend à devenir trop liquide lors des journées plus chaudes et on en gaspille beaucoup.

Photo : Dave Adams

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Comment réagir face à un refus? Un saumon monte sur votre mouche, mais la refuse au dernier moment. Qu’est-ce qu’on fait? Personnellement, j’attends quelques minutes avant de relancer avec la même mouche. On refait quelques lancers, mais pas plus d’une dizaine. S’il ne revient pas, on change la mouche puis on l’essaie à nouveau. Généralement si j’ai levé un saumon en sèche, je poursuis en sèche. Par contre, après 4 ou 5 modèles, s’il n’est pas revenu, j’essaie une noyée. Si je n’ai pas eu plus d’action, je reviens avec la première mouche pour laquelle il a démontré de l’intérêt. Si je suis sur une rivière moins achalandée, je prends note de l’emplacement du poisson et je reviens plus tard. Un simple changement de luminosité fait parfois la différence. Si nous sommes sur une fosse en rotation avec d’autres pêcheurs, c’est plus difficile à gérer. J’essaie au moins de ne pas relancer sur le poisson intéressé immédiatement. Je pêche ailleurs puis je relance dessus quelques minutes plus tard. S’il ne revient pas, le code d’éthique tolère un changement de mouche. S’il ne revient toujours pas, vous devez malheureusement laisser la chance au pêcheur qui vous suit… (ou à celui qui vous observe à partir de la table de pique-nique à l’arrière…).

« Je m’assure que ma mouche soit la plus sèche possible afin d’obtenir la meilleure des présentations. » Et le ferrage… Ça y est, vous avez repéré deux beaux saumons dans la partie aval d’une belle fosse tranquille. Après analyse, vous avez choisi le meilleur endroit pour vous installer afin de leur lancer une belle mouche que vous avez confectionnée la veille. Vous réalisez ce qui pourrait être votre plus beau lancer de la journée à quelques mètres devant les dibermarins puis, en un éclair, le plus dodu des deux monte vers votre mouche puis la saisit. Vous savez quoi? Pas question de crier mission accomplie. Maintenant, vous devez vous assurer de bien accrocher votre mouche dans la bouche de ce poisson. »


T ECH NIQU ES DE PÊCHE

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On ferre quand? Malheureusement, même si c’est une question simple, la réponse l’est beaucoup moins. Bien piquer un saumon à la mouche sèche est probablement l’élément le plus difficile à maîtriser. La vitesse à laquelle il faut tirer sur la soie dépend d’une panoplie de facteurs. La vitesse du saumon qui attaque votre mouche en est un; il faut attendre plus longuement si le poisson monte lentement alors que s’il vient avec vigueur, la simple résistance de la soie sur la surface pourra être suffisante pour qu’il se ferre tout seul. L’angle avec lequel le saumon attaque votre mouche sera aussi un facteur déterminant. En effet, un saumon qui attaque votre mouche en s’éloignant de vous pourra être piqué plus rapidement qu’un autre qui viendrait vers vous. La distance entre vous et le poisson aura aussi une importance capitale. Ainsi, vous aurez à tirer plus rapidement si le saumon est très éloigné de vous. Évidemment, nous n’avons pas le temps d’analyser tous ces facteurs dans la fraction de seconde où Salar a accepté notre offrande. Alors, pour revenir à notre question : « On ferre quand? » Pour éviter de me perdre dans de longues théories qui se valent toutes, je dirais : servez-vous encore une fois de votre sens de l’observation. Dès que vous ne voyez plus votre mouche, ferrez. Si vous voyez très bien le saumon se fermer la gueule sur votre mouche, ferrez. Un saumon a fait un bouillon sur votre mouche et vous ne voyez plus celle-ci à la surface, ferrez. Un remous sous votre mouche et celle-ci crève l’onde comme si elle était aspirée ou siphonnée par le dessous, ferrez encore. Si vous trouvez trop difficile de fixer votre mouche, j’ai autre chose à vous proposer. La prochaine fois qu’un saumon acceptera de gober votre mouche sèche, essayez d’attendre que l’action en surface soit terminée et tentez de voir si la mouche est toujours à la surface. Ce léger temps d’attente vous assurera que le saumon est à reprendre son emplacement dans la fosse avec votre mouche et vous assurera un ferrage efficace. Cette technique a aussi un autre avantage. En effet, en l’utilisant on peut remarquer que souvent, même si on a eu un marsouinage sur notre sèche, le saumon ne la prend pas toujours. On s’évite donc la frustration de penser qu’on a bousillé notre chance. Selon mes observations, je dirais que plus de 50 % des saumons que les pêcheurs pensent avoir manqués n’ont, en fait, tout simplement pas pris la mouche. Finalement, si cette technique vous semble encore trop difficile ou trop stressante, vous pouvez toujours vous concentrer sur l’extrémité de votre soie, lorsque celle-ci connait une hésitation c’est-à-dire qu’elle dévale plus lentement ou se déplace complètement à contre-courant, il s’agit d’un signe indéniable que le

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L’auteur graciant un saumon capturé à la mouche sèche Photo : Jean-Paul Landry

« Bien piquer un saumon à la mouche sèche est probablement l’élément le plus difficile à maîtriser » saumon qui vient de succomber à votre offrande l’a bel et bien saisie. Il faut ferrer dès qu’on s’aperçoit d’une telle situation. En somme, la pêche au saumon à la mouche sèche n’est pas nécessairement plus compliquée que la pêche à la noyée. Je dirais par contre qu’il faut établir une stratégie un peu plus élaborée que celle qui consiste à couvrir entièrement une fosse en pêchant à la mouche noyée à 45 degrés de l’amont vers l’aval. Oui, c’est plus technique et un peu plus difficile à maîtriser. Par contre, prendre un beau saumon à la mouche sèche est quant à moi le summum de la pêche sportive au Québec. Donc, l’été prochain, avant d’attacher une noyée à votre bas de ligne pour tenter votre chance sur votre fosse préférée, ouvrez votre boîte à mouches sèches et faites-vous plaisir!!! Bonne saison 2014 !


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UN PARADIS DU LANCER À VUE SUR LES RIVIÈRES À SAUMONS LES PLUS LIMPIDES QUI SOIENT Nous avons comme spécialité la pêche à vue au saumon atlantique sur les rivières sauvages que sont la Cascapédia, la Petite Cascapédia et la Bonaventure. Un hébergement luxueux, une cuisine exceptionnelle, des guides professionnels et un service impeccable sont le label de qualité d’un séjour au Camp Bonaventure.

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A RT ET CU LT U RE

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Bel exemple de saumon atlantique de 43 pouces sculpté par John et Dhuie Tully vers 1900 Photo : Robert Law, Angleterre

« VERS LES ANNÉES 1900, LES POISSONSTROPHÉES ÉTAIENT MAJORITAIREMENT DES SAUMONS DE L’ATLANTIQUE »

Plaque trophée de saumon atlantique mâle d’une douzaine de livres sculpté par l’auteur Yves Laurent Photo : Yves Laurent

HISTOIRE DES TROPHÉES DE PÊCHE Les premières œuvres Texte de

Yves Laurent

C

’est sous le règne du Roi George IV d’Angleterre (1820-1830) que la pêche à la mouche fut reconnue comme un sport à la mode tout comme un loisir paisible pour les classes aristocratiques supérieures et bien nanties de l’époque. Ces gens riches furent donc à la recherche de poissons sportifs intéressants comme les différents saumons, les truites brunes et arcen-ciel de taille « trophée ». Cet intérêt grandissant pour la pêche sportive, la pratique de conservation de ces trophées devint donc à la mode. La taxidermie de l’époque étant peu fiable pour la préservation à long terme, particulièrement pour les poissons à chair très grasse, et les moulages de plâtres de piètre qualité et fragiles, les artistes de l’époque se tournèrent alors vers le bois. Ainsi commença la tradition des trophées grandeur nature, en bois sculpté et peint.

« AINSI COMMENÇA LA TRADITION DES TROPHÉES GRANDEUR NATURE » SAUMON | WWW.FQSA.CA

Souvent ces pièces étaient commandées par le biais de compagnies d’appâts et d’articles de pêches réputées comme C. Farlows & cie, John Forrest & Co.’s, Holbrow & cie et Rowland Ward & Co.’s. Elles sous-traitaient ces œuvres d’art à différents artistes réputés de l’époque. Un des plus connus et réputés, et probablement un des premiers à œuvrer dans cette forme d’art selon certains historiens, fut John B. Russell (18191893) de l’Écosse. Cet homme qui était peintre et décorateur d’églises reçut un jour une lucrative demande du Duc du comté de Richmond et Gordon dans le Yorkshire en Angleterre. Il devait se rendre dans le village de Fochaber pour y sculpter et peindre les saumons d’une certaine taille qui étaient capturés dans la rivière Spey (ça vous dit quelque chose Spey ?). Russel déménagea donc dans le village de Fochaber et y débuta sa nouvelle carrière. Ses enfants s’impliquèrent également dans la création de trophées, notamment sa fille Dhuye qui épousa un des apprentis, John Tully. La qualité des ailerons, des queues et des nageoires finement sculptées de Tully, avec la peinture réaliste de Dhuie, ont fait de leurs sculptures les trophées les plus recherchés en Écosse et en Angleterre. Vers 1900, les Tullys créaient la plupart de tous les modèles de poissons des différents magasins d’attirail de Londres ci-haut mentionnés. Certaines pièces sculptées par Russel ou Tully atteignent actuellement des prix faramineux lors d’enchères publiques spécialisées. Il y eut également la compagnie d’appâts P.D. Malloch qui fabriqua de nombreux trophées en différentes époques et styles allant du début 1900 jusqu’à 1950 environ. Les noms des artistes travaillant pour cette compagnie ne furent jamais divulgués. Les modèles évoluèrent avec les années selon les différents artistes qui y travaillèrent.


Photo : Yves Laurent

Plus près de nous Aux États-Unis, on retrouve quelquefois des pièces sculptées par des artistes renommés surtout pour leurs appelants de chasse comme Shang Weeler, Elmer Crowell Ira Hudson ou George Gillet. Leurs œuvres peuvent atteindre des sommes importantes, dépassant souvent des centaines de milliers de dollars lors d’enchères spécialisés.

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Plaque trophée d’un saumon d’environ 32 livres sculpté par Yves Laurent en 2012

Fait intéressant, plus près de nous, au Québec, on retrouve beaucoup de silhouettes (‘’cut-out’’ en anglais) de poissons records notamment dans la région de la rivière Cascapédia, soit dans le village de St-Jules de Cascapédia. Une de ces œuvres les plus anciennes connues, et probablement la première au Canada, est une silhouette découpée d’un saumon de quarante livres capturé par la Princesse Louise d’Angleterre sur la Cascapédia en juin 1879. Cette pièce est toujours exposée au-dessus du foyer du salon du cottage ‘’Lorne’’ situé sur la rivière Grande Cascapédia

Silouhette d’un saumon capturé sur la Cascapédia en 1879 par la Princesse Louise, fille de la reine Victoria Photo : Musée de la Cascapédia, St-Jules-de-Cascapédia

L’évolution des styles Vers les années 1900, les poissons-trophées étaient majoritairement des saumons de l’Atlantique et étaient sculptés en moitié de section, presque toujours plate, avec la nageoire dorsale, l’adipose et l’anale sculptées à même la pièce de bois, les dorsales et ventrales étant rajoutées par après. C’est une méthode moins utilisée aujourd’hui, car trop fragile pour les dorsales, queues, adipose et anales. De nos jours, ces parties sont sculptées dans une autre pièce de bois, en suivant les veines du bois afin de solidifier ces petites pièces, puis collées sur la pièce maîtresse. Les queues et nageoires étaient finement ‘’peignées’’ afin de créer une illusion de mouvement et de grâce. Les yeux étaient généralement peints à plat sur la sculpture. Dans les années vingt, les formes s’arrondirent et les yeux furent sculptés en demi-relief. Aujourd’hui, la presque totalité des œuvres ont des yeux de vitre apportant un réalisme incroyable à ces sculptures. La peinture à l’huile de ces œuvres n’évolua guère durant toutes ces années. On retrouve majoritairement une palette de teinte gris-bleu, des têtes foncées et des dos allant du gris foncé descendant vers le ventre dans une couleur crème pâle. Les écailles étaient des rangées de petits croissants pâles peints en blanc très épais ou encore légèrement embossés afin de créer l’illusion d’un 3D. De nos jours, sur les pièces de collection de grande qualité, les écailles sont pyrogravées une à une, puis peintes une à la fois également. L’utilisation de nouvelles peintures modernes à l’acrylique ou à l’huile, de pigments purs et de vernis spéciaux créant des couleurs iridescentes plus vraies que nature donne aux œuvres contemporaines un réalisme époustouflant et en fait des œuvres d’art magnifiques recherchées par les collectionneurs et amateurs d’art avertis. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Au Canada, les œuvres de Tommy Brayshaw (18861967) sont très recherchées par les collectionneurs. Brayshaw fit également de petites sculptures allongées de poissons qui servaient à assommer et achever le poisson.

Œuvres contemporaines De nos jours, peu de sculpteurs se spécialisent dans la reproduction de poissons en 3D ou en plaque trophée. On peut en compter quelques-uns en Amérique du Nord et en Russie. On retrouve parmi les plus connus et réputés, Ellen McCaleb (États-Unis), Roger Brookes (Angleterre), Stephen R. Smith (États-Unis), Gene Bahr (États-Unis) et Nicholas Podolski (Russie) qui perpétuent cette tradition de créer des sculptures de poissons-trophées en bois. NDLR : Au Canada, on retrouve Yves Laurent et André Boucher qui produisent des œuvres de grande qualité pour les collectionneurs avertis.

Références Pour les intéressés ou amateurs d’art, le livre de Ronald S. Swanson « Fish Models, Plaques and Effigies » est la bible concernant les plaques trophées. Également le site web de M. Ron Bailey est extrêmement intéressant et éducatif. www.ronbaileyscarvings.com/history.htm Finalement, on se doit d’arrêter à St-Jules de Cascapédia en Gaspésie et visiter le Musée de la Rivière Cascapédia, rempli d’artéfacts anciens concernant la pêche au saumon. www.cascapedia.org


PORT RAIT D’ U N GUIDE RÉPUTÉ

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PORTRAIT D’UN GUIDE RÉPUTÉ

MATTHIEU VANHOUTTE

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Texte de

Ghyslain Provençal Photos de Mouche

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Un guide de haut niveau !

J

’ai souvent entendu parler de Matthieu Vanhoutte par-ci, Matthieu Vanhoutte parlà…! Tout le monde ayant pêché avec lui affirme qu’il est « tout un guide ». On le décrit comme un passionné de pêche au saumon, un enseignant hors du commun et on souligne par-dessus tout le grand respect qu’il porte envers le saumon. Il ne m’en fallait pas plus pour vouloir le connaître davantage. J’ai eu le grand plaisir de l’interviewer et de découvrir un personnage intense, généreux et passionné.

La pêche, comment ça a commencé pour toi ? MV: J’ai commencé à pêcher à la mouche à l’âge de huit ans, au moment où je résidais dans les Hautes-Laurentides. Je pêchais différentes espèces de poissons, mais particulièrement l’achigan. Je suis devenu tout de suite un passionné de la pêche à la mouche, à un point tel que je me suis également adonné au montage de mouches dès l’âge de huit ans. Par la suite, notre famille a déménagé près de Victoriaville. C’est dans cette région, lors de mon adolescence, que j’ai forgé mon expérience de pêcheur à la mouche en compagnie de mon grand ami Hugues Laroche.

Tes débuts à la pêche au saumon ? MV: Lorsque j’avais 16 ans, ma copine avait un oncle qui demeurait à Gaspé. Lors d’une visite chez lui, voyant que j’étais passionné par la pêche, ce dernier m’a offert d’aller voir une rivière à saumon. Évidemment, j’ai accepté et c’est aux Falls, sur la Dartmouth, que j’ai vu pour la première fois une fosse remplie de saumons dans une rivière aux eaux limpides. Cette visite a tout déclenché! Ça fait maintenant 16 ou 17 ans que je pêche le saumon et ma passion ne cesse de grandir.

Tu as d’autres passions ? MV: Oui, je suis passionné également par la chasse aux oiseaux migrateurs. Comme pour le saumon, j’ai beaucoup de respect envers ces oiseaux. Chasser les migrateurs, avec mon chien, pour moi, c’est être un témoin privilégié de la migration, d’en sentir le pouls. SAUMON | WWW.FQSA.CA


PORT RAIT D’ U N GUIDE RÉPUTÉ

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« J’adore que mes clients vivent des expériences formidables »

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Je suis habité d’une passion envahissante pour la chasse, particulièrement pour le canard noir (de mer) qui représente un défi hors du commun. Aussi, j’aime beaucoup chasser la bécasse qui est très précieuse pour moi. Ce type de chasse implique une immense coopération entre mon chien et moi. Les bécasses sont à la chasse aux migrateurs ce que le saumon est à la pêche. Je suis un gars de défi. J’aime observer, étudier, découvrir. La chasse, autant que la pêche, me comble à ce niveau.

De quelle façon as-tu appris le métier de guide ? MV: Pour moi, être guide ça ne s’apprend pas. On est guide dans l’âme. J’aime partager ma passion, enseigner, vivre avec les gens, les connaître, les comprendre, répondre à leurs besoins et attentes. Je suis autodidacte. Comme pour la chasse, j’ai appris la pêche au saumon et le métier de guide en observant et en étudiant. C’est vraiment un plaisir pour moi de faire découvrir mes apprentissages et de faire vivre des moments exaltants à mes clients.

Mis à part la capacité d’enseigner, quelles sont les autres qualités qu’un bon guide devrait avoir ? MV: Le travail de guide est très exigeant. On doit s’investir de douze à quatorze heures par jour, pendant plusieurs jours et même plusieurs semaines d’affilée. Lorsqu’un client a attendu de longs mois avant de concrétiser son voyage de pêche annuel, le guide, malgré parfois la fatigue accumulée, doit lui faire vivre les meilleurs moments possible.

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Au-delà de la pêche en tant que telle, le guide doit amener son client à être en communion avec l’environnement, la beauté des paysages et de l’eau qui coule. Chaque personne a un besoin particulier. Au guide de le découvrir et de rendre son client heureux et satisfait. Ce n’est pas au client de s’adapter au guide, mais bien au contraire cela revient au guide de s’ajuster, en fonction de l’expérience de pêche et des besoins du client. Oui, il est important que le guide ait de l’expérience comme pêcheur de saumons, mais il est encore plus important de découvrir et de satisfaire, dans la mesure du possible, les attentes du client. Ce dernier, qu’il ait capturé un saumon ou non, sera heureux s’il a le sentiment d’avoir été pris en charge en fonction de ses besoins.

De ton côté, as-tu des attentes envers les gens que tu guides ? MV: Bien entendu, les pêcheurs que j’accompagne souhaitent capturer un saumon. J’aime que les

« IL Y A MILLE ET UNE FAÇONS DE PÊCHER LE SAUMON »


19 LE MAGAZINE SAUMON

gens, expérimentés ou non, comprennent que je fais équipe avec eux. Quand on pêche à deux, on a plus de chances de capturer un saumon. Je connais parfaitement les rivières où je guide, la façon d’aborder les fosses, le choix des mouches et même le positionnement des saumons. Un jour, un de mes clients m’a déclaré : « Tu as été mes yeux. Je n’aurais pas pris ce saumon sans toi ». J’adore que mes clients vivent des expériences formidables. À eux d’écouter mes conseils et de pêcher en équipe avec moi.

Concernant les techniques de pêche, as-tu un ou des secrets pour nos lecteurs ? MV: Il y a une multitude de techniques en fonction de différentes situations, mais ce qui est important pour moi c’est d’abord et avant tout d’observer la fosse, la température, la nature et la vie qui la compose. La nature est sur le même rythme, il y a une forme de magie qui entre en action. Lorsque les oiseaux et les papillons bougent, c’est le temps de pêcher. De plus, il est important de sortir des techniques traditionnelles. Il y a mille et une façons de pêcher le saumon. Pourquoi ne pas diriger une noyée vers l’amont au lieu de vers l’aval? Ce qui s’avère très important, c’est la vitesse de la mouche dans le courant. C’est le pêcheur qui donne la vitesse idéale. Le courant est faible? N’hésitez pas à « stripper ».

Quelle est ta mouche fétiche ? MV: Comme mouche noyée, les muddlers blancs sont visibles et efficaces dans toutes les conditions d’eau. En sèche, j’aime les bombers bruns et bleus, mais mon préféré est le vert avec les ailes blanches et hackles bruns.

On m’a dit que tu respectais beaucoup le saumon, qu’en est-il exactement ? MV: Pour moi, le saumon a une valeur inestimable. Je porte un immense respect à son égard. C’est un poisson qui vit une grande

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migration en mer, avec toutes les difficultés ou embûches que cela peut comporter, et ce, suivi de son retour dans sa rivière natale pour se reproduire avec encore là d’autres embûches. La population de saumons est faible et je considère qu’il est pathétiquement triste de les tuer. Nous avons un rôle à jouer pour sa conservation. Après avoir capturé un saumon, nous devrions nous faire un cadeau en le remettant à l’eau. Des saumons, j’en ai remis une multitude à l’eau et ils survivent. Ça fonctionne très bien. La pêche au saumon devrait être strictement pour des fins de plaisir et non pour se nourrir. Pensons à nos enfants et à la relève. Matthieu participe également à des projets de tournage de vidéos de pêche au saumon avec l’entreprise « MOUCHE ». Il s’investit personnellement dans ce projet pour faire honneur au monde de la pêche à la mouche et du saumon, ce monde qui le fait vivre et palpiter. Matthieu travaille surtout sur la rivière Sainte-Anne. Il considère la vision à long terme des gestionnaires comme une référence en matière de stabilité de la ressource. Il est à l’emploi de la Pourvoirie Destination Chic-Chocs de Sainte-Anne-des-Monts. Vous pouvez le rejoindre chez son employeur au numéro 418-763-7633 ou sans frais au 1-888-783-2663 ou à l’adresse courriel : info@chicchocs.ca


PRÉSENTAT ION D’UN E RIVIÈRE

20 LE MAGAZINE SAUMON Fosse des Pointes, secteur des passerelles

LA RIVIÈRE DU GOUFFRE Texte de

Jaquis Gagnon Photos d’ Olivier Rochette

Q

uelques mois dans la vie d’une rivière qui donne le coup de foudre à quiconque a le bonheur heureusement renouvelable de la rencontrer. Enfin! Avril, l’aorte de Charlevoix Ouest se libère, elle termine sa longue hivernation, son repos annuel. Les neiges fondent, les lacs montagnards calent à tour de rôle. Les tumultes spectaculaires de l’amont à Notre-Dame-des-Monts, son secteur étroit au dénivelé vertigineux, donnent toute sa force à l’aval qui draine l’impressionnant relief de Saint-Urbain et de Baie-Saint-Paul avant d’aller déverser cette grande eau dans l’éternel gouffre laurentien, ce tourbillon qui terrifiait et terrifie toujours les marins les plus audacieux. La vie reprend partout. Y compris sous l’eau. Les artères s’ouvrent, la circulation reprend, la région respire. Le soleil somme la faune de s’éveiller, l’eau de se réchauffer, la neige d’achever sa fusion, les humains de sortir, les feuillus de verdir et, surtout, les saumons d’entamer leur périlleuse migration vers le bercail. La rivière du Gouffre accueille à la fin du mois

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ses premiers hôtes, quelques excités de la perche que l’hiver a encore une fois trop longtemps forcés à l’abstinence. Les plus patients, les plus chanceux et les plus téméraires prêts à s’aventurer en eau haute et glaciale s’en tirent avec quelques prises de truites arc-en-ciel et d’ombles de fontaine. Les maniaques qu’on croise dans la rivière à cette période ne sont pas ceux qui pêchent pour manger, ce sont ceux qui mangent pour pêcher. En mai, des centaines de saumoniers aux virulents désirs de tension font le planton comme chaque année. Tout se passe comme si l’on espérait secrètement et naïvement une saison où Téthys déciderait soudainement d’envoyer ses premières cohortes de saumons atlantiques un mois à l’avance… Eh non! Pas cette année. Patience. Il serait par contre mal avisé de ne pas profiter de cette période printanière faste. La truite arc-en-ciel se réveille, elle est présente dans tout le secteur du bas qui s’étend de la fosse à Antonien à l’embouchure. Des spécimens de plus de 65 cm sont capturés chaque année. La rivière s’éclaircit, les fosses regorgent d’eau et de nourriture. Les canetons apprennent partout la vie sous les yeux qui savent rester attentifs. Deux ou trois petits pygargues arrivent à déconcentrer le furtif pêcheur assez veinard pour les apercevoir. La prolifération des pissenlits et l’arrivée des papillons tigrés sont des indices saisonniers indiscutables que la pêche à la mouche peut commencer. Les salmonidés sont prêts. Les saumons sont proches. Juin, l’excitation est à son comble. L’été est là, à portée de canne. La rumeur court partout dans la région qu’« ils » ont commencé à rentrer. La splendeur des brumes aurorales mêlées à la verdure toute neuve de la montagne, l’espoir d’un combat épique et les premières rencontres de

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21 LE MAGAZINE SAUMON

la saison suffisent à faire oublier des doigts figés par la froidure matinale d’un printemps qui n’a pas dit son dernier mot. Le soleil a perdu l’envie de se coucher, les journées de pêche sont éternelles, et les poissons énormes et vigoureux comme jamais. Un peu avant quatre heures le matin du 15, le règlement québécois débarre la pêche au saumon dans la rivière du Gouffre. C’est parti. L’ouverture de la pêche au saumon est un rite de passage annuel, c’est le pas qui mène de l’attente au rendez-vous longuement préparé. On y croise invariablement Jacques et Jacques à la fosse à Yvan, Jean-Sébastien après fouetter Emmanuel, Jérôme autour de Lorenzo, Richard chez Auguste, Michel et Ghislain un peu plus bas, Dave déjà à la sèche au milieu de Marc, Jean marchant le long d’Oscar, Martine en spey à Pepper, Martial qui fait sa tournée, Jocelyn prospectant le Méandre, Christian les pieds dans Lucien, Philippe qui mouche le Pommier… Trois moucheurs à la Mine, Jean-Paul et Maurice au bord de Six arpents, deux autres s’initient dans Lionel et tutti quanti. Des sourires sont accrochés partout qui expriment joyeusement cet alliage d’emballement, de contentement et de soulagement. Une courte jasette par fosse au son des bruants et des quiscales déjà bronzés donne alors l’heure pas mal juste de l’activité dans la rivière. C’est l’esprit qui habite la Gouffre : convivialité, courtoisie, bonhommie et franche camaraderie. Entre la fosse à Auguste et la fosse à Emmanuel, il y a des saumons. Peut-être pas des centaines pour le moment, mais ils sont là, ils sont frais, argentés, ils sont preneurs, ils sont grands et ils sont forts. Les bénévoles de l’ACVG* se sont

assurés que l’identification des fosses et l’aménagement des chaises, des tables, des abris et des précieux porte-cannes sont comme chaque année irréprochables. Le confort et le bien-être des convives sont dès lors garantis pour l’été. Juillet, le fruit est mûr. Les saumons ont pris d’assaut les cinquante bonnes fosses non contingentées et les entre-fosses du Gouffre. L’eau est réchauffée par un soleil insomniaque. Dans l’insouciance la plus totale, comme le ferait un gamin avec un bimbelot sans importance, la rivière et la pluie jouent du yoyo avec son débit. Par eau basse, l’on peut voir des saumons «parqués» ici et là lorsqu’une forte luminosité l’autorise. C’est en juillet que sont généralement offerts ces magnifiques spectacles de grands hérons qui font du rase-mottes au-dessus des fosses. La faune et la flore charlevoisiennes sont luxuriantes. Ça cogne à la porte des passerelles. En effet, la mi-juillet invite les pêcheurs et les saumons à parcourir ce singulier secteur dont l’aspect à la fois sauvage et bucolique donne toujours à penser que personne n’est passé par là avant. On en eût dit que la pente y est tellement abrupte que l’eau se croit obligée de prendre des pauses au bas des chutes et des violents rapides, formant ainsi des fosses à saumon parfaites et formidablement bien définies. Les débutants comme les experts y trouvent leur compte à condition d’aimer la marche en nature et la tranquillité des épinettes. L’accès à cette douzaine de superbes fosses est permis par deux solides passerelles d’acier qui traversent la rivière. Les sentiers sinueux qui côtoient l’incontournable secteur des passerelles proposent aux insatiables épicuriens de passage, en plus d’un endroit de pêche à la mouche carrément paradisiaque, une variété de baies et de champignons sauvages manifestement conçus pour être cueillis et dégustés. Les pêcheurs-cueilleurs-marcheurs s’en donnent là à cœur joie tandis que ceux qui cherchent la conversation et la bonne compagnie trouvent le bonheur dans les coins plus achalandés tels que la fosse Six arpents et la fosse à Marc. On y est effectivement rarement seul en juillet. » Fosse des Tacons, secteur des passerelles

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PRÉSENTAT ION D’UN E RIVIÈRE

22 LE MAGAZINE SAUMON L’auteur à la fosse à Adélard, secteur des passerelles

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Août est imprévisible. Parfois coriace pour mille et une raisons aux yeux de l’un, parfois miraculeux après deux mois de disette pour l’autre. C’est un mois qui exige du moucheur enthousiaste d’avoir dans sa poche de veste plus de stratégies farfelues et d’approches secrètes que de matériel dernier cri ou même de mouches dites miracles. À cette période, les conditions d’eau et l’ensoleillement des fosses sont déterminants. Comme ailleurs, on privilégie dans la mesure du possible le matin tôt et le soir. C’est le temps de la saison où les siestes de mijournée reposent les braves qui ont tout donné durant les deux derniers mois. Tous les secteurs de cette rivière pêchable à gué de bout en bout offrent de très belles possibilités de captures à qui sait s’adapter. Des saumons commencent même à déployer leur enjolivure en vue du grand frisson d’automne qui les a poussés à revenir et qui, espérons-le, les poussera à revenir encore et encore. La pêche en haut de la fosse à Antonien ferme le 31 août. Septembre sent la fin. Il reste deux semaines pour se gâter. Mâles et femelles exhibent des atours aux couleurs qui, dit-on, charment davantage les saumoniers SAUMON | WWW.FQSA.CA

avides que les poissons. Une autre rumeur dit que les gros bucks se réveillent et ramassent volontiers, avec leur crochet buccal légendaire, des mouches d’automne parfaitement présentées. Les fosses principales sont habituellement assez bien peuplées, d’humains comme de saumons. C’est la convoitise du dernier de la saison qui rend dingues bien des pêcheurs qui se savent sous peu, encore une fois, confinés à l’hiver et à l’insoutenable abstinence halieutique qui lui est tristement corollaire. C’est alors un deuil qui attend les pêcheurs dans le stationnement à leur dernière sortie de la rivière, le soir du 15 septembre, au moment où le règlement national remet le verrou sur l’objet de passion qui anime le lecteur de ces mots. D’aucuns disent qu’on ne voit pas les saumons de la Gouffre. Possible. Ce à quoi les Gouffrois et les Gouffroises rétorquent avec toute la simplicité du monde que pour les voir il suffit de les prendre! Mais avec quelles mouches? Aucune idée…

*Association de conservation de la vallée du Gouffre


Altitude / Distance 220 Pointes

200

Passerelle amont

180

Éloi

Altitude en mètres

160 140 Passerelle aval / Fillion

120 100 80 60

6 arpents

40

Marc

Mine

20 Embouchure

Camping

0 0

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Emmanuel

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Yvon

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34

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38

40

Distance de l’embouchure (km)

Près de 75 millions $ investis pour connaître, protéger et aménager les habitats de faune dans toutes les régions du Québec, plus de 2 000 organismes promoteurs de projets soutenus.

Lorsque vous achetez votre permis de chasse, de pêche ou de trappage, une contribution est remise à la Fondation de la faune, qui l’investit dans des projets fauniques. Ensemble, nous unissons nos efforts pour une faune abondante et diversifiée, éléments essentiels de la biodiversité du Québec.

LA FAUNE

© MANON MALENFANT N 2006 / QC

NOTRE MISSION, NOTRE PASSION © DANIEL DAGENAIS/QC N 2011

AUX CHASSEURS, AUX PÊCHEURS ET AUX TRAPPEURS DU QUÉBEC !

GRÂCE À VOUS ET À NOS DONATEURS :

© CLARE WA DE

MERCI

DEPUIS 1987


PORT RAIT D’ U N PERS ONNAGE D’AUTREF OIS

PORTRAIT DE

LE MAGAZINE SAUMON

DANIEL BRADET Un visionnaire au 24 service de sa communauté

Texte de

Pierre Dulude

J

’ai un projet pour développer la rivière du Gouffre!» C’est ainsi que s’était présenté Daniel Bradet, un enseignant de la polyvalente de Baie-Saint-Paul à la fin de 1978. J’étais alors un jeune biologiste au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Les patrons n’étaient pas très chauds à l’idée de mettre des efforts sur une rivière de tenure quasi entièrement privée, la tâche sur les terres publiques étant déjà suffisamment importante pour les moyens disponibles. Le projet de la rivière du Gouffre comportait de nombreux défis. Mais convaincu et convaincant qu’il était, Daniel tenait à faire de ce bijou, connu de quelques habitués seulement, un moteur de développement pour sa région de Charlevoix. Il était, vous vous en doutez, un passionné de pêche et apprenait à ses étudiants à monter des mouches sur l’heure du midi. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait structurer la démarche et proposer un projet qui fasse la différence, de façon à rendre accessibles au public les fosses de la rivière. Homme rassembleur, au sourire communicatif, Daniel rallie alors l’enthousiasme d’un groupe de personnes dédiées croyant dans le potentiel de cette rivière, située à un peu plus d’une heure de Québec. Ensemble, ils forment, au début de 1979, l’Association de conservation de la Vallée du Gouffre (l’ACVG), élisent Daniel comme premier président de l’association et tiennent leur première assemblée générale à l’hôtel Belle-Plage de Baie-Saint-Paul. Daniel sait à ce moment que la seule solution pour développer la rivière et faire en sorte qu’elle puisse bénéficier d’aides techniques et financières, permettant ainsi de créer des emplois, est de conclure des ententes avec les propriétaires riverains, SAUMON | WWW.FQSA.CA

Daniel Bradet, automne 2008 Photo : Archives Hebdo Charlevoisien

garantissant l’accessibilité des pêcheurs à la rivière. Parmi ces propriétaires se trouve le Séminaire de Québec qui contrôle la majeure partie de la partie supérieure de la rivière. Le Séminaire se range rapidement à l’idée et se laisse gagner par l’enthousiasme contagieux de Daniel, offrant ainsi à l’ACVG un effet d’entrainement incroyable dans la négociation avec les autres propriétaires et le développement du projet, pour le moins inhabituel. En échange de l’accès aux terres et à la rivière, l’ACVG s’engage à émettre des droits d’accès aux pêcheurs, à faciliter l’aménagement des fosses (stationnements, clôtures pour sécuriser le bétail, aménagement de sentiers et d’escaliers, signalisation, etc.) et à partager entre l’ensemble des propriétaires les éventuels profits de l’ACVG. L’accessibilité ainsi assurée, l’ACVG a alors le vent dans les voiles pour obtenir les financements nécessaires au projet de mise en valeur de la rivière. Les actions de sensibilisation, de communication et d’information se multiplient pour bien expliquer le projet et rechercher les appuis. Récipiendaire de la médaille François-de-Beaulieu-Gourdeau de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) en 1984, Daniel Bradet était un leader à sa manière. En plus d’être un enseignant à temps plein et d’exercer la présidence de l’ACVG, il a été chroniqueur de chasse et pêche au journal Plein jour sur Charlevoix, instructeur du programme d’enseignement et de sécurité dans le maniement d’armes à feu et directeur de la section régionale de la Fédération québécoise de la faune. Il était de surcroît impliqué dans divers organismes communautaires. Pas surprenant qu’il soit devenu maire de Saint-Urbain en 1981, puis député de Charlevoix de 1985 à 1994. Difficile de trouver mieux comme implication! Les plus vieux lecteurs de la revue Saumon (Salmo salar à l’époque) se souviendront de la mouche qu’il avait créée, appelée La Gouffre, qui lui avait donné d’heureux résultats à la pêche du saumon sur la rivière. »


25 LE MAGAZINE SAUMON La Gouffre, une création de Daniel Bradet Photo : Jacques Bouchard

» Homme simple, dévoué et attentif aux autres,

Daniel Bradet était d’une race pour qui les concepts de démocratie et d’accessibilité à tous étaient plus que des mots. Mieux encore, Daniel n’a jamais cherché à s’octroyer quelque privilège que ce soit dans sa démarche, malgré tout le temps et les efforts qu’il a pu y consacrer durant toutes ces belles années. Malheureusement, Daniel est décédé trop jeune, à 64 ans à peine, en 2010, non sans avoir laissé une trace indélébile de son implication pour le mieux-être de sa communauté. Mais dans mon esprit et dans celui de celles et ceux qui l’ont côtoyé, il demeure bien présent et chaque fois que l’on s’approche de la rivière du Gouffre, on y sent toujours son empreinte.

Daniel Bradet, au début des années 80

projet jugé un peu fou au départ, mais qui fait qu’encore aujourd’hui la rivière du Gouffre est accessible aux pêcheurs. Plusieurs personnes ont appuyé et pris la relève de Daniel dans l’ACVG. Elles ont continué de porter ce projet qui a tenu ses promesses de devenir un moteur de développement régional, de favoriser la création d’emplois et les retombées économiques.

Le projet de développer la rivière du Gouffre lui a survécu grâce à l’implication continue de tous ceux qui ont pris la relève et investi les efforts nécessaires. Pub FR 13-01-25 10:04 AM Page 1 En 2014, l’ACVG célébrera le 35e anniversaire d’un

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STAT IST IQU ES DE PÊCHE 2 013

Statistiques de pêche 2013 Nom de la rivière

26

Captures rapportées

LE MAGAZINE SAUMON

Mad.

Red.

Total

Effort Jours-pêche

Bonaventure

186

0

186

6 399

Cascapédia

4

4

8

4 774

Causapscal

14

140

154

334

Kedgwick

11

28

39

268

Matapédia

Remise à l’eau

Succès ajusté(1)

0.03

1 064

0.20

0.00

2 036

0.43

0.46

21

0.52

0.15

6

0.17

417

952

1 369

8

0

8

8 179

0.17

234

0.20

424

0.02

11

0.04

Patapédia

37

38

Petite rivière Cascapédia

28

0

75

809

0.09

54

0.16

28

1168

0.02

234

0.22

Total Q1

705

1 162

1 867

22 355

0.08

3 660

0.25

Dartmouth

62

Du Grand Pabos

28

10

72

1 380

0,05

140

0,15

1

29

361

0,08

49

0,22

Du Grand Pabos Ouest Du Petit Pabos

33

0

33

283

0,12

38

0,25

8

0

8

248

0,03

68

0,31

Grande Rivière

68

0

68

727

0,09

124

0,26

Malbaie

0

0

0

30

0,00

28

0,93

15

0

15

166

0,09

22

0,22

Nouvelle

Succès cap./j-p)

Petite rivière Port-Daniel* Port-Daniel Nord Saint-Jean

76

49

125

1798

0,07

378

0,28

York

111

64

175

3934

0,04

174

0,09

Total Q2

401

124

525

8 927

0,06

1 021

0.17

Cap-Chat

48

0

48

987

0,05

91

0,14

De Mont-Louis* Madeleine

55

49

104

1 280

0,08

54

0,12

Matane

291

454

745

6 193

0,12

21

0,12

Mitis

171

168

339

2 200

0,15

43

0,17

Ouelle

11

18

29

316

0,09

0

0,09

Rimouski

59

0

59

916

0,06

106

0,18

Sainte-Anne

68

1

69

1905

0,04

291

0,19

Total Q3

703

690

1 393

13 797

0,10

606

0,14

Du Gouffre

47

0

47

1 861

0,03

167

0,11

Malbaie (Charlevoix)

36

0

36

1 302

0,03

120

0,12

Total Q5

83

0

83

3 163

0.03

287

0,12

À Mars

6

0

6

789

0,01

67

0,09

Petit Saguenay

6

0

6

404

0,01

42

0,12

Sainte-Marguerite

15

0

15

1 543

0,01

119

0,09

Sainte-Marguerite

14

0

14

411

0,03

100

0,28

Saint-Jean

6

1

7

638

0,01

60

0,11

Total Q6

47

1

48

3 785

0,01

388

0,12

38

27

65

872

0,07

127

0,22

De la Trinité

37

0

37

736

0,05

50

0,12

Des Escoumins

8

0

8

405

0,02

95

0,25

Sud-Ouest*

Jacques-Cartier*

Aux Anglais* Aux Rochers Betsiamites*

Du Calumet* 21 janvier 2014 SAUMON | WWW.FQSA.CA


Statistiques de pêche 2013 Nom de la rivière

Captures rapportées Mad.

Red.

Total

Effort Jours-pêche

Succès cap./j-p)

Remise à l’eau

Succès ajusté(1)

184

0,39

Franquelin*

27 LE MAGAZINE SAUMON

Godbout

40

0

40

570

0,07

Laval

0

13

13

292

0,04

4

0

4

50

0,08

127

40

167

2 925

0,06

456

0,21

Aguanus

8

38

46

291

0,16

0

0,16

Au Bouleau

0

0

0

De la Corneille

27

4

31

124

0,25

44

0,60

Jupitagon

4

1

5

30

0,17

1

0,20

Magpie

0

0

0

Moisie

2

195

197

2 586

0,08

456

0,25

Nabisipi

13

24

37

66

0,56

5

0,64

0

0

0

8

183

191

799

0,24

75

0,33

Total Q8

62

445

507

3 896

0,13

581

0,28

Brador Est

29

6

35

140

0,25

Chécatica

0

0

0

Coxipi

0

0

0

Du Gros Mécatina

76

7

83

89

0,93

72

1,74

Du ruisseau au Saumon

4

0

4

16

0,25

Du ruisseau des Belles Amours

2

0

2

8

0,25

Du Vieux Fort

2

3

45

150

0,30

176

1,47

Kécarpoui

2

0

2

15

0,13

14

1,07

Kégaska

10

7

17

96

0,18

6

0,24

Musquanousse

12

0

12

55

0,22

2

0,25

Musquaro

22

11

33

173

0,19

0

0,19

Napetipi

9

0

9

76

0,12

102

1,46

Saint-Paul

73

28

101

682

0,15

901

1,47

Véco

6

0

6

24

0,25

Washicoutai

26

16

42

84

0,50

0

0,50

Total Q9

313

78

391

1 608

0,24

1 273

Mistassini* Pentecôte Petite rivière de la Trinité* Total Q7

Mingan

Natashquan Petite rivière Watshishou Piashti Pigou Romaine* Saint-Jean (Moy. Côte-Nord) Sheldrake* Watshishou

Coacoachou

Du Petit Mécatina

Étamamiou

Nétagamiou Olomane Saint-Augustin Saint-Augustin Nord-Ouest

1,03 21 janvier 2014

SAUMON | WWW.FQSA.CA


STAT IST IQU ES DE PÊCHE 2 013

Statistiques de pêche 2013 Nom de la rivière

À la Loutre

28

Captures rapportées

LE MAGAZINE SAUMON

Mad.

Red.

Total

Effort Jours-pêche

Succès cap./j-p)

Remise à l’eau

Succès ajusté(1)

7

7

14

221

0,06

9

0,10

49

0

49

188

0,26

32

0,43

68

11

79

100

0,79

18

0,97

6

1

7

16

0,44

2

0,56

159

10

169

466

0,36

449

1,33

289

29

318

991

0,32

510

0,84

À la Patate* À l’Huile* Aux Cailloux* Aux Plats* Aux Saumons Bec-Scie* Bell* Chicotte* Dauphiné* De la Chaloupe Du Pavillon* Du Renard* Du ruisseau Box* Du ruisseau Martin* Ferrée Galiote* Jupiter Maccan* MacDonald* Petite rivière de la Chaloupe* Petite rivière de la Loutre* Sainte-Marie* Vauréal* Total Q10

À la Baleine Autres rivières Aux Feuilles

14

46

60

57

1,05

10

1,23

George

53

137

190

230

0,83

276

2,03

Koksoak

58

163

221

204

1,08

66

1,41

Total Q11

125

346

471

491

0,96

352

1,68

2 855

2 915

5 770

61 938

0,09

9 134

0,24

Total Québec

21 janvier 2014

Notes

* : Rivière fermée à la pêche au saumon. 1 : Le succès de pêche ajusté représente le nombre de poissons capturés auquel on ajoute ceux remis à l’eau vivants.

Source: MDDEFP

Étant donné que la remise à l’eau ne fait pas l’objet d’une déclaration obligatoire, les statistiques rapportées à cet effet demeurent un minimum et constituent donc une estimation.

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29 LE MAGAZINE SAUMON

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L A MOUC H E FÉTICHE

30 LA MOUCHE LE MAGAZINE SAUMON

FÉTICHE DE

RICHARD BERNIER Texte de

Richard Bernier

Richard en pleine action Photo : Gaia Images

NDLR: Richard Bernier est un saumonier reconnu de plus de trente années d’expérience. Il connaît très bien les rivières à saumons tributaires du Fjord Saguenay, particulièrement la Petit-Saguenay dont il est le directeur général depuis douze ans. Il voue à sa rivière et au saumon qui l’habite un immense respect. Il a d’ailleurs grandement contribué à l’élaboration innovatrice de la Charte protectrice du saumon atlantique de la Rivière Petit-Saguenay en étant le fondateur du programme.

La Dame en Bleue, cette Belle Connue !

L

orsque Ghyslain Provençal de la revue Saumon m’a sollicité pour rédiger un texte sur ma mouche fétiche, sa demande se lisait comme suit «Je m’adresse à vous non pas à titre de DG de la rivière Petit-Saguenay, mais à titre de pêcheur de saumon». Voilà une gracieuse invitation qui me ramène à mes nombreux souvenirs de pêche au saumon malgré que le thermomètre indique -25° C à l’extérieur. Mes premières expériences à la pêche au saumon se passaient avec deux saumoniers aguerris, c’est-àdire mon père Félix et son ami M. Xavier Lavoie. À l’époque, dans les années 70, la réglementation du Ministère n’encourageait guère l’apprentissage des techniques de pêche à la mouche pour un jeune de dix ans puisqu’aucun incitatif tarifaire ne pouvait être applicable. Par conséquent, l’acquisition de connaissances de cette activité s’assimilait par l’observation visuelle et l’écoute des conversations entre les pêcheurs. M Xavier était sans l’ombre d’un doute, la sommité dans le village en tant que saumonier; il fallait l’entendre raconter ses anecdotes et le voir SAUMON | WWW.FQSA.CA

présenter sa mouche sur le ciré de la fosse Poussière. C’était sans aucun doute plus spectaculaire qu’admirer P. K. Subban du Canadien lors d’un avantage numérique ! Tous deux utilisaient les mouches suivantes : black dose, silver rat, blue charm, black bear ou cosseboom, communément appelée par nos deux pêcheurs la « kazi-boom », celle-ci étant la plus vénérée d’entre toutes. Il est important de mentionner que leur coffre de mouches en renfermait un nombre et une variété plutôt restreints. Par le fait même, vous comprendrez que les mêmes mouches revenaient à tout moment de la journée, au bout de l’avançon, permettant ainsi de mesurer adéquatement leur rendement. Ce préambule est pour mieux vous expliquer mon parcours au fil du temps qui réfère à mes expériences personnelles de pêche en tant qu’accompagnateur, pêcheur ou guide et qui m’amène à vous dévoiler ma mouche fétiche. Évidemment, cette mouche doit prouver sa valeur à long terme (historique), son efficacité selon des paramètres précis, comme la luminosité du jour et la coloration de l’eau, tout en étant bonifiée par la confiance que le pêcheur lui attribue au moment opportun. Bien que mes coffres contiennent une panoplie de mouches, et un peu plus variées que mes prédécesseurs, celles mentionnées ci-haut sont des valeurs sûres particulièrement sur les rivières du Saguenay. Cependant, l’une d’entre elles retient particulièrement mon attention, et par le fait même celle du saumon en raison de son efficacité indéniable, c’est la :

«BLUE CHARM»

Cette mouche fut créée en Écosse par A.H.E. Wood et elle est reconnue depuis plus d’un siècle par les pêcheurs au saumon à travers le monde. Pour maximiser son effet attractif, bien vouloir l’utiliser à la pénombre, montée sur un seul hameçon low water, sans ardillon. Rappelez-vous que c’est un privilège d’être « connecté » avec le roi de nos rivières et que l’on devrait toujours respecter les paramètres de l’échelle de survie de salar, développée dans le cadre de la Charte protectrice du saumon atlantique de la Rivière Petit-Saguenay, pour une remise à l’eau dans les règles de l’art ! Bonne pêche 2014 !

Pour consulter l’échelle de survie de salar :


PARURE DE LA « BLUE CHARM »

31 LE MAGAZINE SAUMON

Ferret

»

Tinsel ovale argenté

Cul

»

Floss jaune or

Fraise

»

Autruche noire

Queue

»

Crête de faisan doré

Corps

»

Floss noire

Côtes

»

Tinsel ovale argenté

Ailes

»

Malard bronzé coiffé de sarcelle

Gorge

»

Hackle de coq bleu pâle

Coiffe

»

Crête de faisan dorée

Tête

»

Noire

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SAUMON | WWW.FQSA.CA


L A REL ÈV E

Mon père m’indique une roche située plus bas sur laquelle je serai en position de lancer ma mouche sèche dans « le pot noir ». J’y suis, je m’élance. En fait pas très loin, car je suis adossé au cap de pierres. Personne ne m’avait averti, mais j’étais sur le point d’être infecté par la « saumonite aiguë ». Cette maladie que seuls les pêcheurs de saumon connaissent. Ce matin-là, le saumon était bien présent, caché derrière sa roche, furtif, sournois. Tel un insouciant, je le défiais en lançant ma mouche où bon me semblait. Dans un éclair, il quitta sa roche, s’élança vers la surface et fendit l’eau qui éclaboussa devant moi. Aussi rapide soit-il, il manqua ma mouche que j’avais mise, malgré moi, en sécurité bien accrochée dans l’arbre derrière. Cependant, ce saumon n’avait pas manqué sa vraie cible, c’est-à-dire moi-même. Ça y’est, j’étais atteint de la saumonite aiguë.

32 LE MAGAZINE SAUMON Le père et sa fille Amélie Photo : Élise Dionne

AUX SUIVANTS ! Texte de

Alexandre Dionne

C

’est une nuit noire sans lune. Je suis assis en surplomb et j’observe attentivement deux faisceaux lumineux qui progressent dans cette noirceur intense. Deux hommes traversent la rivière, équipés de lampe frontale. Ces deux hommes partagent une passion commune, la pêche au saumon de l’Atlantique. Je les connais bien puisqu’il s’agit de mon père et de mon oncle. Nous sommes aux abords de la fosse La Fumeuse sur la Matane, le 24 juillet 1983. Il est 3 h 30 du matin et j’ai 11 ans.

Depuis cette belle matinée ensoleillée de 1985, je cherche à retrouver cette sensation tous les étés. Au fil des années, j’ai transmis cette passion à quelquesuns de mes amis et connaissances, comme mon grand-père l’a fait pour ses fils et que mon père et mon oncle l’ont fait pour les leurs. J’en ai bien une bonne dizaine d’infectée à ce jour. Aujourd’hui, je suis rendu à ma fille et j’espère sincèrement qu’elle sera aussi atteinte que moi. Si vous portez attention, vous constaterez que les jeunes pêcheurs sont rares sur le bord de nos rivières. Le travail ardu de nos prédécesseurs a fait en sorte que ce loisir est accessible à tous. Maintenant, il revient à nous, les pêcheurs de saumons, d’initier la relève qui assurera la pérennité de cette activité pour les décennies à venir. Essayez-le l’été prochain! Initiez un jeune et vous revivrez votre première attaque lorsque votre «Sport»* prendra son premier saumon selon vos bons conseils. Ça n’a pas de prix.

*Sobriquet donné par les guides d’antan à leur client

C’était la première fois que j’accompagnais mon père à la pêche au saumon. J’avais déjà quelques paniers de truites à mon actif, mais le saumon, je n’en avais jamais capturé. Je n’ai pas pêché cette journée-là, car j’étais accompagnateur. De toute façon, je n’avais pas réussi l’examen de lancer à la mouche la journée précédente, examen brillamment supervisé et noté par nul autre que mon père. Deux étés plus tard, je graduai finalement de « l’école » de lancer à la mouche de mon père. Enfin je vais pouvoir lancer une artificielle à l’eau et laisser de côté l’allumette pliée en deux qui me servait de mouche et que je balançais au bout de ma soie sur le gazon chez mon oncle! 7 h 30, nous partons pour la pêche, la « vraie ». La route n’est pas longue. Après avoir descendu l’entrée a pied, nous traversons la route 195 et devant nous, tout en bas se trouve la fosse La Bécateron de la Matane. SAUMON | WWW.FQSA.CA

« Si vous portez attention, vous constaterez que les jeunes pêcheurs sont rares sur le bord de nos rivières »


33 LE MAGAZINE SAUMON SAUMON | WWW.FQSA.CA


U N PEU D ’ H IST OIRE

34 LE MAGAZINE SAUMON Pavillon principal du Matamajaw salmon club Photo : Site de pêche Matamajaw

LA CRÉATION DE LA RÉSERVE DE LA RIVIÈRE MATAPÉDIA :

PRÉLUDE AU « DÉCLUBAGE » DES RIVIÈRES À SAUMON Texte de

Yvon Côté

NDLR: Certains lecteurs nous demandent à l’occasion d’aborder des sujets à connotation historique. À cette fin, le magazine SAUMON a demandé à M. Yvon Côté, président sortant de la FQSA, de nous relater certains épisodes de sa carrière de biologiste alors qu’il était à l’emploi des différents ministères responsables du secteur Faune au gouvernement du Québec. M. Côté retra-

À

la fin du printemps 1971, sous le gouvernement libéral de Jean Lesage, à la suite de négociations intervenues entre la Compagnie internationale de papier (CIP) et la ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche (MTCP) de l’époque, Claire KirklandCasgrain, annonçait le rapatriement de la rivière Matapédia dans le domaine public. Parallèlement à son intervention sur la rivière Matapédia, Mme Kirkland-Casgrain avait aussi procédé à l’abolition des clubs opérant sur les territoires aujourd’hui connus sous les noms de réserve de Mastigouche, Papineau-Labelle et Portneuf. Elle parachevait ainsi le travail initié en 1968 par Gabriel Loubier, ministre du Tourisme, de la Chasse et à la Pêche, sous le gouvernement de l’Union nationale alors dirigé par Jean-Jacques Bertrand.

cera au cours des trois prochains numéros certains évènements marquants qui ont mené au «déclubage» des rivières à saumon. Claire Kirkland-Casgrain

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Je me permets ici de faire référence à des partis politiques, non pas pour faire de la propagande partisane, bien entendu, mais plutôt pour montrer jusqu’à quel point, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, était «politisé » le dossier des clubs de chasse et pêche au Québec, notamment ceux établis sur les rivières à saumon. Tous les partis politiques d’alors s’y sont attaqués sans vraiment résoudre le »


»

35 LE MAGAZINE SAUMON

Signature de l’entente officialisant la gestion de la réserve faunique des rivières Matapédia et Patapédia à la Corporation de Gestion des Rivières Matapédia et Patapédia. En avant-plan Victor Tremblay, président à l’époque de la CGRMP, au centre le légendaire guide Richard Adams et le ministre Gaston Blackburn. Photo : CGRMP

« LE DÉCLUBAGE DÉFINITIF DES RIVIÈRES À SAUMON N’INTERVIENDRA QU’EN 1980 » »

problème, mais en contribuant néanmoins au cheminement du dossier. En effet, on sait que le «  déclubage » définitif des rivières à saumon n’interviendra qu’en 1980, sous le gouvernement du Parti québécois alors dirigé par René Lévesque, à la faveur d’une déclaration faite par le ministre Lucien Lessard à l’Assemblée nationale du Québec. J’aurai l’occasion de revenir en détail sur cet épisode dans un autre article de cette série.

L’origine des clubs privés À l’époque de son implantation à partir de 1885, le régime de location des terres publiques fut généralement bien accepté par les Québécois qui, il faut le dire, n’avaient pas encore adopté très largement la pratique de la pêche sportive. En outre, la location des terres et des eaux publiques était alors vue comme une source de revenus importante pour le gouvernement, comme un moyen de lutte de contre le braconnage vu la présence des gardiens de territoire employés par les clubs et comme un moteur économique par les emplois de gardiens, guides, préposés à l’entretien, personnel de chambre et cuisine. Bref, les clubs, en leur temps, ont bien servi la société québécoise et il convient d’analyser la politique d’affermage des terres publiques dans le contexte de son époque.

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Malgré ce qui précède, vers les années 1920 et davantage encore à partir des années 1950, cette politique était régulièrement remise en cause à l’Assemblée nationale du Québec. En effet, à l’après-guerre, les Québécois de la classe moyenne exerçaient des pressions politiques pour obtenir un plus large accès au territoire public de l’arrière-pays. La prospérité économique croissante et le mode de vie devenant de plus en plus urbain leur permettaient désormais d’adopter comme loisir la pratique de la chasse et de la pêche sportive. Par ailleurs, au milieu des années 1950, la ressource saumon en rivière commençait à se faire moins abondante et le braconnage de contestation sur les territoires concédés à bail à des clubs, de plus en plus fort. Cette double situation a incité un certain nombre de clubs de pêche à ne plus renouveler leurs baux à leur échéance, par exemple le club de la rivière Petit-Saguenay et celui des rivières Pabos. Dans le premier cas, on parlait localement du Club des Messieurs et, dans le second, du Club des Américains, deux dénominations qui reflètent l’image que projetaient ces clubs dans l’esprit des citoyens ordinaires. Il y eut d’autres abandons sur d’autres rivières, dont la Cap-Chat, la Ste-Anne, la Laval et les secteurs aval de la St-Jean (Gaspé) et de la Dartmouth. Il était, par ailleurs, impensable de laisser une rivière à saumon totalement libre d’accès. À l’époque, le système des Zecs n’avait pas encore été créé. Les gouvernements d’alors ont donc accordé le statut de «réserve de chasse et de pêche» à ces rivières redevenues publiques. Ces rivières s’ajoutaient les unes après les autres à un réseau déjà constitué des rivières Matane et Petite-Cascapédia qui, elles, étaient redevenues publiques au cours des années de la décennie de 1940.

»


U N PEU D ’ H IST OIRE

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36

Le réseau des réserves sur rivières à saumon

LE MAGAZINE SAUMON

À la suite de l’abolition du bail détenu par le Matamajaw salmon club et du rachat de leurs droits privés de pêche sur la rivière Matapédia, celle-ci fut désignée « réserve de chasse et de pêche » en 1974, un statut qui sera renommé « réserve faunique » plusieurs années plus tard. On confia la gestion de la pêche sur la rivière Matapédia à la Direction des Parcs et Réserves du MTCP. Vers la fin des années 1980, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP) successeur du MTCP, céda la gestion des réserves de rivières à saumon, dont celle de la Matapédia, à la SÉPAQ dans le but pressant de rentabiliser les opérations alors

déficitaires des réserves de chasse et de pêche, tout en maintenant la vocation publique de ces territoires. Finalement en 1993, le ministre libéral Gaston Blackburn prenait la décision de conférer la gestion des rivières à saumon à des organismes du milieu, tout comme l’étaient les Zecs implantées sur les rivières à saumon. La Corporation de gestion des rivières Matapédia et Patapédia (CGRMP) obtint ainsi, par délégation du gouvernement du Québec, la gestion de la pêche du saumon sur la réserve de la rivière Matapédia et celle de la Patapédia à des fins de protection de la ressource et d’accès public à la pêche du saumon. De nos jours, cette société gère avec brio l’une des plus importantes rivières à saumon du Québec. Dans le prochain numéro, j’aborderai, toujours dans le contexte du « déclubage », l’origine des sociétés de gestion dont celles de Baie-Trinité et des rivières de Gaspé.

« En 1993, le ministre libéral Gaston Blackburn prenait la décision de conférer la gestion des rivières à saumon à des organismes du milieu ».

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L A REL ÈV E

38 LE MAGAZINE SAUMON

SAUMON ET SUCRE À LA CRÈME

LES FRÈRES LORD DE MATANE SAUMON | WWW.FQSA.CA


Jean-Philippe Lord à gauche et Guillaume à droite

Texte de

Louis Champagne

39 LE MAGAZINE SAUMON

« Comme les Daltons »

L

a Matane est une de mes rivières favorites. La liberté du sans tirage, faire son plan de journée et improviser son parcours me charme encore. J’évite les fosses où il y a du monde et on réussit toujours à avoir de l’action. Quand on décide à l’improviste et avec nos horaires de fous de quitter Montréal pour quelques jours de saumons volés à la vie, c’est souvent notre plan A. J’aime Matane à cause des gens que j’ai rencontrés là-bas. Des gens qui sont devenus ma famille «Saumon». Une famille toujours plaisante à jaser, de tout et de rien, mais surtout à jaser de notre amour de la torpille argentée. Monsieur Bazin et son ancien hôtel le Métropole, les cousins St-Laurent à qui l’on fixe rendez-vous chaque année, mes beaux-frères JR et Pete la mèche que j’ai initiés et surtout, surtout, laissez-moi vous présenter... roulement de tambour : Guillaume et Jean-Philippe Lord. Comme les Daltons, ils ont leurs armes favorites toujours prêtes à dégainer, dans un tube à portée de main. Ils parcourent la rivière depuis qu’ils ont 6-7 ans. On n’a jamais retrouvé les photos des rois mages venus pour eux, mais la légende dit qu’ils sont nés dans la rivière. Tout jeunes, ils accompagnaient leur Saint père Denis, propriétaire des camps Tamagodi situés à Saint-René-de-Matane. Ce dernier étant un homme très occupé par son travail à temps plein de travailleur social et la location de ses chalets, les jeunes hommes trouvent rapidement des alliés dans la clientèle pouvant les trimballer avec eux (quand je les ai rencontrés, ils n’avaient pas l’âge de conduire). Ils changent de partenaires chaque jour sans le moindre remords. Tantôt avec des pêcheurs émérites, tantôt avec des débutants qu’ils initient. Le métier entre rapidement quand on passe de 40 à 60 jours de pêche par saison. C’est plus que peuvent en faire nos meilleurs retraités. »

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L A REL ÈV E

40 LE MAGAZINE SAUMON

« Ils parcourent la rivière depuis qu’ils ont 6-7 ans »

Jean-Philippe sur la rivière Matane Photo : Hooké

»

Plus ils vieillissent et plus ils comprennent comment ça marche la pêche au saumon sur la Matane et ils deviennent de « bons menteurs ». Ces joyeux lurons n’hésiteront pas à mentir pour sauvegarder leur « spot » préféré. Je me souviens de mes premières pêches avec eux. On les amenait avec nous et on leur disait que la glacière était pour tous. Servez-vous ! Erreur à éviter. Ce sont comme bien des jeunes hommes en croissance, des « broyeurs à déchets ». Un matin très tôt au « Grand Tam « ma belle-sœur nous avait fait une boîte de sucre à la crème pour le voyage, une quarantaine de beaux morceaux. Menoum ! Eh bien, pendant que nous pêchions, nos deux «guides» ont vidé la boîte. Leurs yeux baignaient dans le mou. Ça va les gars? Euh, ouais! On va s’étendre sur la table un peu… Soyez vigilants pour le vol, comme je vous disais. Aujourd’hui encore, ces jeunes hommes maintenant âgés de 18 et 20 ans guident plusieurs jours par été sur cette belle rivière. Jean-Philippe aime bien taquiner le saumon lorsque celui-ci est en vue. Il adore stripper une Muddler pour tenter de le faire bouger. Hâte de voir ce qu’il fera dans la vie avec son cerveau bouillant d’intelligence et sa passion de la vie.

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Guillaume, auxiliaire de la faune à ses heures, aime bien pêcher à la sèche. Il a un œil de lynx pour voir les bêtes. Pour nous les Montréalais, c’est notre référence quand on arrive. Pis Guillaume? On lui pose nos questions, on fait notre plan du lendemain, on le laisse espionner les autres clients des camps et, ensuite, on décide de quel côté on partira le lendemain. Vous désirez passer une belle journée ou simplement découvrir plus rapidement cette rivière ? Je vous recommande sans hésitation les deux frères Lord. Seule chose, laissez-nous les disponibles quand on viendra. Ce sont eux qui vont montrer à mes enfants comment pêcher le saumon et j’espère énormément qu’ils garderont leur grand « cœur saumon » malgré la vie et ses chemins de gravier. Si ça vous dit, je vous suggère d’aller à leur rencontre dans un court métrage réalisé par Hooké durant l’été 2013. Voici le lien : vimeo.com/72852015


NOS CERVEAUX NE SONT PAS SORTIS DU BOIS

41 LE MAGAZINE SAUMON Photo: Forêt Montmorency

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RESTAU RAT ION DE RIVIÈRE

42

Le président de Sentinelles Petitcodiac, Pierre Landry, remet un autocollant au surfeur Melvin Perez. Originaire du Costa Rica et maintenant résident de Moncton, monsieur Perez a descendu son 40e mascaret sur la vague de la rivière Petitcodiac le 5 décembre 2013.

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Les sentinelles de la Petitcodiac Texte de

Révision de

Photos de

Sentinelles Petitcodiac

Nathalie Landry

Charles LeGresley

Pierre Landry, président des Sentinelles Petitcodiac, se souvient des diverses étapes qui ont mené à la restauration de la rivière : « Six mois après la construction du pont-chaussée* en 1968, un quotidien local rapportait déjà que cette structure était un désastre écologique et une erreur monumentale. Initialement, les pêcheurs ont manifesté leur mécontentement et la longue bataille pour le démantèlement de la structure a débuté. Après quarante ans de lutte et une centaine d’études scientifiques, l’erreur persiste, et ce, malgré la volonté populaire de restaurer la rivière, véritable bijou dans l’unique centre urbain du sud-est du Nouveau-Brunswick. L’évolution des groupes écologiques en Amérique du Nord a inspiré les gens locaux à s’engager dans le mouvement pour sauver notre rivière. À la base, il y a toujours les fidèles : les pêcheurs, navigateurs, naturalistes… Puis, ce sont les étudiants universitaires, jeunes professionnels, artistes visuels et surtout les musiciens d’ici et ailleurs qui ont su faire vibrer la fibre écologique. En effet, le chanteur louisianais Zachary Richard a popularisé la chanson « Petitcodiac », composée par un groupe local, ayant ainsi fait connaître notre combat dans toute la francophonie. De plus, les visites de Robert Kennedy fils ont su faire passer le message avec un ton plus urgent auprès des instances gouvernementales et des médias nationaux. Mais, s’il existe un ange gardien pour notre rivière, il est sûrement adepte du surf ! L’arrivée de surfeurs à l’été 2013 a tout changé. Pour la première fois en plus de quarante ans, les citoyens sont venus en grand nombre voir leur rivière et son mascaret. Les foules ont assisté à un nouveau record mondial de la plus longue durée de surf sur une seule vague, un exploit qui a ravivé l’intérêt pour ce phénomène naturel. Cette effervescence est surtout liée au potentiel de développement économique que représente notre rivière, soudainement redevenue un attrait touristique incontournable. »

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F

ondé en 1999, l’organisme sans but lucratif Sentinelles Petitcodiac a pour mission de restaurer, protéger et promouvoir l’intégrité écologique des bassins versants des rivières Petitcodiac et Memramcook, ainsi que de l’estuaire de la baie de Shepody, au sud-est du Nouveau-Brunswick. Depuis plus de 40 ans, une lutte environnementale mobilise des groupes de citoyens au Nouveau-Brunswick concernés par les effets néfastes de la construction d’un pont-chaussée pour relier les villes de Moncton et Riverview. À la suite de nombreuses campagnes de sensibilisation visant la restauration de la rivière Petitcodiac, menées entre autres par le groupe Sentinelles Petitcodiac, les résultats de nouvelles études scientifiques ont finalement convaincu le gouvernement du Nouveau-Brunswick d’ordonner l’ouverture en permanence des vannes du pont-chaussée.


43 LE MAGAZINE SAUMON

À l’été 2013, des mordus du surf de la France, de la Californie et d’ici, avides de surfer la vague d’un mascaret nouvellement restauré, ont séduit des milliers de personnes rassemblées sur les berges du centre-ville. Plusieurs magazines de surf ont même nommé la Petitcodiac comme une nouvelle destination pour pratiquer ce sport extrême !

Ainsi, en avril 2010, dans le cadre de la première phase d’un projet de trois étapes conçu pour restaurer la rivière, la Petitcodiac coulait librement à nouveau

La Petitcodiac La rivière Petitcodiac se jette dans la baie de Shepody et draine un bassin versant d’environ 2 831 km carrés qui s’étend jusqu’aux confins de l’intérieur de la baie de Fundy. C’est la source de vie du plus important écosystème du sud-est du Nouveau-Brunswick. Son nom Mi’gmaq, Pet-Kout-Koy-ek,, signifie « rivière courbée comme un arc ». Deux fois par jour, des marées puissantes atteignant des vitesses de 13 km/h et transportant d’énormes volumes d’eau et de sédiments en suspension remontent la rivière. La concentration naturelle des sédiments en suspension dans la rivière compte parmi les plus élevées en Amérique du Nord, d’où ce sobriquet que l’on donne affectueusement à la rivière Petitcodiac, la « rivière Chocolat ».

Une ancienne voie navigable Autrefois navigable à marée haute, la rivière Petitcodiac a favorisé la création d’industries qui ont grandement contribué à la prospérité de la région. Des navires et des voiliers pouvaient monter la rivière par marée montante et débarquer du fret et des passagers aux divers quais le long de la rivière. Ils pouvaient ensuite naviguer sur la marée descendante vers les eaux profondes afin de s’approvisionner en produits frais et échanger des marchandises dans les divers ports proches et lointains. Le trafic riverain a commencé à ralentir au cours des années 1920 et a disparu complètement après la construction du pont-chaussée à la fin des années 1960.

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Une rivière menacée Au fil des ans, l’état général et la qualité de l’eau de la rivière Petitcodiac ont décliné graduellement en raison de l’expansion à la fois industrielle et résidentielle de la région. En fait, la rivière Petitcodiac a décroché le titre de la rivière la plus menacée au Canada. La construction en 1968 d’un pont-chaussée constitué d’un remblai de roches et de terre entre les villes de Moncton et Riverview a grandement contribué au problème. Construit pour prévenir l’inondation des terres agricoles en amont et servir de lien entre Moncton et Riverview, le pont-chaussée a restreint la migration des poissons et entraîné, jusqu’en 2010, l’accumulation de grandes quantités de boue.

Le mascaret de la Petitcodiac, une merveille naturelle Le mascaret de la rivière Petitcodiac fascine les visiteurs et les habitants de la région depuis l’époque des explorateurs et des premiers colons qui se sont établis le long de ses berges. Tout au long du 20e siècle, ce mascaret a été considéré comme l’un des phénomènes nord-américains et mondiaux de ce type les plus impressionnants de la planète, parallèlement à la rivière Quiantang en Chine, à la rivière Hooghly en Inde et à l’Amazone au Brésil. Grâce à l’ouverture des vannes du pont-chaussée en 2010, le mascaret retrouve lentement sa gloire d’antan. »


44 LE MAGAZINE SAUMON

Un mascaret se forme dans les régions du monde où l’amplitude des marées est forte, comme dans le cas de la région de la baie de Fundy. Le phénomène est créé et altéré par un certain nombre de facteurs, notamment la pente de la rivière, l’écoulement en aval, la taille et la forme du bassin hydrographique, les phases de la lune, les saisons et les vents.

« LES SENTINELLES PETITCODIAC TRAVAILLENT À S’ASSURER QUE LES PALIERS DE GOUVERNEMENT PROVINCIAL ET FÉDÉRAL RESPECTENT LEURS ENGAGEMENTS » Les espèces marines de la Petitcodiac

Conclusion

Historiquement, le bassin versant de la Petitcodiac et ses affluents était l’habitat d’une communauté diversifiée de poissons migrateurs, dont plusieurs milliers de saumons de l’Atlantique de l’intérieur de la baie de Fundy ainsi que l’alose savoureuse, une importante source de richesse pour les pêcheurs locaux. La construction d’un pont-chaussée en 1968 créa une obstruction au passage naturel du poisson, ayant pour résultat de modifier considérablement la communauté de poissons indigènes de la rivière. Les populations de plusieurs espèces ont par conséquent disparu en amont (l’alose savoureuse, le saumon de l’Atlantique, le poulamon atlantique et le bar rayé) et d’autres ont été fortement réduites (le gaspareau, l’alose d’été, l’éperlan arc-en-ciel et l’omble de fontaine).

Ainsi, à ce jour, presque quatre ans après l’ouverture des vannes, même si la largeur des vannes ouvertes du pont-chaussée ne représente qu’une petite portion de l’étendue originale de la rivière, l’écoulement de l’eau a eu un effet spectaculaire. La boue, soit des particules de sédiments accumulés dans le fond de la rivière et sur les berges depuis plus de 40 ans, a été soulevée et déplacée deux fois par jour, ce qui a eu pour effet d’élargir considérablement la rivière tout en ramenant progressivement le mascaret à sa splendeur d’autrefois.

Le recueil de données sur la restauration du passage naturel des poissons au cours des quatre années suivant l’ouverture des vannes du pont-chaussée a démontré la présence de plusieurs espèces anadromes indigènes dans le cours supérieur de la rivière, soit l’alose savoureuse, le bar rayé et le poulamon atlantique, qui étaient absentes depuis des décennies. Les deux dernières ont connu une croissance soutenue et progressive de leur population au fil des ans, alors que la population de l’achigan à petite bouche, envahissante et non indigène, a diminué.

La lutte n’est toutefois pas terminée, puisque les Sentinelles Petitcodiac travaillent à s’assurer que les paliers de gouvernement provincial et fédéral respectent leurs engagements de procéder aux autres phases du projet, dont le remplacement du pont-chaussée par un pont partiel, afin que la rivière coule sur une plus grande largeur.

Ainsi, il est clair à partir de ces résultats que, sous des conditions favorables, la communauté de poissons de la rivière Petitcodiac a la capacité de se rétablir, et que ce processus semble être sur le point de se réaliser SAUMON | WWW.FQSA.CA


45 LE MAGAZINE SAUMON

Afin de surveiller la présence et l’abondance relative des différentes espèces de poissons migrateurs, des cages de dénombrement ont été installées à plusieurs endroits en aval du pont-chaussée. Les données recueillies jusqu’à maintenant démontrent clairement qu’il existe un potentiel pour le rétablissement de la communauté de poissons indigènes de la rivière Petitcodiac.

Les Sentinelles Petitcodiac

Les saumons de l’intérieur de la baie de Fundy, qui autrefois venaient frayer dans la Petitcodiac, sont génétiquement distincts des autres saumons atlantiques dans le monde. Historiquement, leur territoire de fraie s’étendait sur plus de 32 rivières et ruisseaux coulant dans la baie de Fundy. Les populations de ce saumon unique à la baie de Fundy ont subi une chute spectaculaire de 90 pour cent et même davantage au cours des dernières années, de sorte qu’en 1999 on en comptait moins de 250 individus. L’espèce est en voie de disparition et est protégée en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. (Voir : http://www.registrelep.gc.ca.)

L’organisme agit comme porte-parole de ces cours d’eau et protège le droit collectif des citoyens à une eau propre et à un bassin hydrographique sain. Il accomplit sa mission de plusieurs façons, soit en sensibilisant la population aux divers enjeux sur son territoire tout en faisant la promotion de la valeur patrimoniale et culturelle des rivières. L’importance sociale et économique de ces cours d’eau est également mise en valeur par le biais de projets de restauration. De plus, le programme de patrouille, composé de membres des Sentinelles, assure une surveillance du bassin versant dans le but de repérer les sources de pollution et de faire respecter les lois sur l’environnement. Consultez notre site web. www.petitcodiac.org Abonnez-vous à notre page facebook www.facebook.com/SentinellesPetitcodiacRiverkeepers

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Guy Tremblay

Michaël d’Auteuil

Rivière

Rivière

Ste-Anne amont

Aux Rochers, fosse no.8

Photo

Matthieu Vanhoutte

Photo Mouche Francis d’Auteuil


PORT RAIT D’ U NE ADM IN IS TR ATRICE DE LA F Q SA Photo : Marc-Antoine Jean

PORTRAIT D’UNE ADMINISTRATRICE DE LA FQSA 52 LE MAGAZINE SAUMON

MARYSE ST-AMANT La dame au grand cœur…! Texte de

Ghyslain Provençal

NDLR: Voici le sixième article présentant un des 25 membres du conseil d’administration de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA). C’est un grand plaisir pour moi de vous présenter Maryse St-Amant, une des premières femmes à siéger comme administratrice à la FQSA.

C

’est en 2009 lors du souper-bénéfice de la FQSA que Maryse s’est sentie interpeller à devenir administratrice. Madame Nathalie Normandeau, alors ministre des Ressources naturelles et de la Faune, avait mentionné, lors de son discours, qu’il devrait y avoir des femmes au CA de la FQSA. Connaissant Maryse pour ses qualités de gestionnaire, le président du temps, Yvon Côté, lui a offert un poste d’administratrice au CA de la FQSA. Après une brève période de réflexion, elle accepta le défi. Michel Jean, le directeur général à l’époque, fut en quelque sorte son mentor. C’est donc en février 2010, lors de l’assemblée générale annuelle, que Maryse devint officiellement administratrice de la FQSA. Après s’être familiarisée avec les rouages du conseil d’administration, elle s’est impliquée dans différents comités de travail, dont ceux sur certaines techniques de pêche, l’embauche du nouveau directeur général et l’organisation du congrès annuel. Philanthrope de nature, elle est également reconnue pour son implication financière lors des encans du souper-bénéfice de la Fédération. En plus de promouvoir la pêche au saumon partout où elle va, elle s’occupe personnellement d’enseigner la pêche à la mouche à sa fille Elizabeth qui a 11 ans.

Elizabeth, fille de Maryse, en pleine action

Photo : Romain Tremblay

Son meilleur compagnon de pêche est son conjoint, Charles A. Couture et sa compagne de pêche est Sylvie Tremblay qu’elle a connue au sein du CA de la FQSA. Maryse aime bien dire à ses amis : « La pêche au saumon ce n’est pas juste des voyages de gars ».

« LA PÊCHE AU SAUMON CE N’EST PAS JUSTE DES VOYAGES DE GARS » SAUMON | WWW.FQSA.CA


«Elle souhaite que tous les saumoniers soient très conscients du grand privilège que nous avons de pratiquer ce sport» Son message La pêche au saumon étant pour elle une activité extraordinaire, elle souhaite que tous les saumoniers soient très conscients du grand privilège que nous avons de pratiquer ce sport et que nous ayons le maximum de plaisir lors de nos sorties de pêche. Il est également important pour elle de saisir l’opportunité de connaître d’autres gens, pêcheurs ou non, car il y a toujours quelque chose à apprendre de quelqu’un d’autre. Nous devons rester humbles et ouverts à la pêche, peu importe notre niveau d’expérience.

53 LE MAGAZINE SAUMON

Maryse est reconnue et appréciée par ses pairs au conseil d’administration pour sa convivialité, son empathie et son attention aux besoins des autres. La Fédération québécoise pour le saumon atlantique la remercie beaucoup et souhaite compter encore sur sa grande collaboration pendant de nombreuses années. Sylvie Tremblay et Maryse St-Amant, graciant un saumon sur la rivière des Escoumins Photo : Joëlle Bédard

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Veuillez noter à votre agenda le prochain congrès et l’assemblée générale annuelle de la FQSA qui auront lieu respectivement les 29 et 30 mars 2014, à l’hôtel Clarion de Québec. Les détails vous seront fournis ultérieurement. Pour toute information, veuillez communiquer au 418-847-9191, poste 6, ou par courriel à secretariat@fqsa.ca

Centre interuniversitaire de recherche sur le saumon atlantique (CIRSA) Le CIRSA tiendra son 17éme colloque les mardi 6 et mercredi 7 mai 2014. Les membres du CIRSA présenteront les résultats de leur recherche sur les projets en cours. Nous vous invitons à cette rencontre qui se tiendra à l’Auditorium Jean-Paul Tardif (local 1334) du pavillon La Laurentienne de l’Université Laval. L’horaire des présentations sera disponible d’ici la mimars sur le site internet du CIRSA (www.bio.ulaval. ca/CIRSA). Une mise jour régulière de cet horaire sera faite sur ce site.

FQSA, chapitre de Montréal et MPMM Brunch printanier 2014 Inscrire à votre agenda : le dimanche 6 avril, 9 h 30 à la Taverne Magnan (restaurant Marie-Ange), 2602 rue St-Patrick, Montréal. Métro: station Charlevoix. Programme: Brunch, ateliers, encan, tirage de prix de présence, etc. Rendez-vous à ne pas manquer. De plus amples détails suivront ultérieurement. Au plaisir de vous y retrouver!

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Forum Spey de Sherbrooke Le comité organisateur du Forum Spey de Sherbrooke vous convie à la cinquième édition de ce grand happening, les 17 et 18 mai 2014, au parc Lucien-Blanchard de Sherbrooke. Pour connaître tous les détails sur cet évènement entièrement consacré à la promotion du lancer Spey, consultez notre site Internet au : www.forumspeysherbrooke.com C’est une invitation !

Fondation de la faune du Québec Vous cherchez une nouvelle canne à pêche? Une destination pour votre prochain voyage de pêche? Visitez l’Encan faune et nature de la Fondation de la faune. En ligne jusqu’au 6 mars prochain, les amateurs de pêche pourront se faire plaisir. Plus de 160 produits de pêche, de plein air, et de chasse sont disponibles à des prix incomparables, et il n’y a aucune taxe à payer sur vos achats!

Pour les pêcheurs en herbe L’Encan faune et nature est réalisé par la Fondation de la faune du Québec, avec la collaboration des fédérations de faune du Québec, de la Sépaq, de RDS.ca, et de plusieurs commanditaires. Tous les bénéfices de cette activité seront investis dans des projets d’initiation à la pêche sportive pour les jeunes de 9 à 12 ans, dans le cadre du programme Pêche en herbe de la Fondation de la faune (200 000 jeunes formés depuis 1998). Visitez l’Encan régulièrement sur www.fondationdelafaune/encan et misez sur la relève !

Soirées Séquences saumon Des soirées de visionnement de vidéos de pêche auront lieu à Rimouski, Québec,Trois-Rivières, Montréal et à Saguenay (Chicoutimi). Surveillez les communications sur Facebook,Québec Pêche et Pêche Québec pour les détails.


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