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M AG AZ INE 3 LE MAGAZINE SAUMON

SAUMON LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

7.00$ CAN / 5.00€

Volume 38 / No 2 Été 2015

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PARLONS SAUMON

Convention poste PUBLICATION - 40063917

RETOUR SUR LE CONGRÈS ANNUEL

AVENTURE

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MESSAGE DU PRÉSIDENT

MANY ACTIONS IN THIS LAST TRIMESTER !

2015 Congress The Federation’s annual congress took place in March, and some of you attended the event. More than a hundred guests participated in the conferences and in the discussions pertaining to the catch and release of large salmons and to the number of tags allotted per permit. All of the stakeholders in the salmon community were there: anglers from all over Quebec, representatives from aboriginal communities, river managers, outfitters, and so on. The participants attended presentations on Atlantic’s commercial fisheries, and on salmon management in Quebec. The salmon management plan and its components were also presented (the presentations that were given that day are available to watch online at fqsa.ca). Then, discussion groups were convened in the afternoon. I am proud of this exchange of ideas, mainly because of the commitment of everyone present to the cause of salmon. The conversations were straightforward and constructive between all representatives.

2015 Fishing Season We are greatly disappointed in the new information we received from minister Lessard concerning the 2015 fishing season. After discussing both the catch and release of salmon and the salmon management plan, it seems that the minister made a wrong choice in announcing 16 catch and release rivers. In fact, 15 of these rivers are on the Côte-Nord, and most are inaccessible for fishing. Furthermore, these rivers have a very sparse salmon population and no inventory. How then, does the minister intend to oversee the upstream migration? In regard to the management plan, Mr. Lessard did not provide details on its content, nor did he talk about a deadline. The FQSA wants a

Photo : Michel Jean

guarantee that the plan will be ready and implemented for spring 2016. If conservation measures and promotion of sport fishing can be applied then, protection and regulation can be discussed subsequently. The FQSA will lay its position on the table concerning the next management plan to the MFFQ. This position revolves around the resource management and the promotion and reduction of the number of tags allotted per salmon fishing permit. The idea is also to protect the rivers, and to pinpoint the regulation that needs to be adjusted in order to standardize and simplify the access and reservation process. All of these measures will ensure that access is easier in the future.

Federal initiative On May 13th, 2015, the FQSA and other Quebec organizations participated in a meeting of the Comité consultatif ministériel sur le saumon de l’Atlantique. The minister of Fisheries and Oceans Canada, Ms. Gail Shea, created the committee, aiming to create an action plan to tackle the low return rates of Atlantic salmon on the east coast of Canada. Note that, in this process, the Maritime provinces were also consulted. During this meeting, I was able to broadly present the goals of the FQSA and I submitted a memoire detailing concise recommendations for this action plan. The members of the committee will hand in their final advice and proposals to the minister by June 30th, 2015. The FQSA memoire is available online at fqsa.ca. This is an issue to be followed.

Foundation As I mentioned in the last issue of the magazine, a fundraising campaign will begin in 2015. The Foundation will have a brand new baseline. Its mission and structure will be adjusted and the constitution of the board of directors will be reviewed. We will let you know when this campaign will start. I wish you a great fishing season. Let’s hope the salmon brings on the fun ! Jean Boudreault

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Now is the time we have been waiting for: the start of the 2015 fishing season, which will certainly bring friends and family together for moments of great excitement. That’s what salmon fishing is all about!

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MO T DE L’ ÉDIT RIC E

MOT DE L’ÉDITRICE 7 LE MAGAZINE SAUMON

EN ROUTE VERS LES RIVIÈRES À SAUMON ! Josée Arsenault, Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA Photo : Christian Auger

Que nous avions hâte à cette saison estivale! La gestion du saumon atlantique a fait énormément parler au cours des dernières semaines dans les médias et il est important pour nous de bien vous informer sur les actualités en lien avec la ressource. Afin d’améliorer la communication avec ses membres, la FQSA publiera mensuellement une infolettre qui sera transmise par courriel aux abonnés. Celle-ci présentera toute l’information sur les actions de la Fédération, les articles et publications scientifiques aux niveaux provincial, national et international ainsi que tout autre renseignement pertinent au sujet du saumon. Vous pourrez nous faire part de vos commentaires. Dans cette 102e édition du magazine, nous vous présentons une vue d’ensemble de toutes les activités de la FQSA qui ont eu lieu ces derniers mois telles que les soirées Action! Saumon, les représentations de l’International Fly Fishing Film Festival (IF4) et le congrès annuel de la FQSA. De plus, afin de répondre aux questionnements de nos lecteurs, nous avons un article très pertinent au sujet de l’étude, actuellement en cours, portant sur le bar rayé. Comme à l’habitude, ce magazine est

aussi composé d’histoires de pêche au saumon qui vous feront rêver ou penser à votre prochain voyage! D’ailleurs, je tiens à remercier toute l’équipe de rédaction de nous partager généreusement leurs expériences et leurs connaissances.

Des histoires de pêche Dernièrement, en faisant le tour dans nos archives, je suis tombée sur toutes les anciennes parutions des Magazine Saumon, des Saumons illimités ainsi que des Salmo Salar. J’ai complètement perdu la notion du temps en lisant des histoires de pêche incroyables! Puis, j’ai pensé à toutes les anecdotes dont on m’a fait part lors des activités et des salons en lien avec la pêche à la mouche. Vous êtes très riches en histoires et celles-ci méritent d’être partagées! Ainsi, pendant cette saison estivale, j’aimerais que vous pensiez à votre meilleur moment en situation de pêche! Puis, que ce soit en quelques lignes ou plusieurs paragraphes, je souhaite pouvoir transmettre votre histoire dans les pages du magazine ou par le biais de notre site Web. Je vous invite à me faire parvenir vos textes accompagnés de photos (300 dpi) à communication@fqsa.ca, d’ici la fin de la saison de pêche 2015.

Du nouveau dans l’équipe Je tiens à souligner l’arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe de la FQSA. M. Éric Poirier, directeur du marketing, sera en poste dans nos bureaux de Rimouski afin de mieux desservir nos clientèles, notamment celles des régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et de la Côte-Nord. Fort de plus de 20 ans d’expérience, il a su démontrer, de par ses actions, sa capacité à réaliser des mandats qui mettent en valeur la pêche à la mouche. De plus, nos valeurs communes — telles que le respect, la transparence et la rigueur — nous révèlent une association qui profitera à l’ensemble de l’industrie de la pêche au saumon atlantique pour le Québec. Les fonctions de M. Poirier l’amèneront principalement à accompagner nos membres gestionnaires de rivières à saumon du Québec dans le développement de leur mise en marché ainsi que dans la réalisation d’activités générant une relève pour la pêche au saumon.

Éric Poirier, Directeur Marketing

Bonne lecture !


LE S AC T UALI T É S DE L A F QSA

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE PÊCHE À LA MOUCHE

2015 FUT UN GRAND SUCCÈS !

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Texte de Marianne Drolet Photos de Fokus Outdoor

C’est en janvier dernier que la FQSA s’engageait dans un nouveau projet inspirant pour la saison 2015. Notre Fédération a eu le grand privilège d’organiser une série de trois représentations du Festival international du film de pêche à la mouche à travers la province de Québec.

Grâce à l’enthousiasme des amateurs de pêche, nous avons fait salle comble lors de chacune de nos soirées. Au total, un peu plus de 530 participants ont assisté aux trois présentations de l’IF4. Nous aimerions remercier tous les participants, car les profits récoltés lors des trois soirées ont été remis à la Fondation François-de-Beaulieu-Gourdeau.

En 2014, cet évènement, mieux connu sous le nom de l’International Fly Fishing Film Festival (IF4), a été présenté pour la première fois au Québec lors d’une unique projection à Montréal. Cette première québécoise fut un grand succès, et c’est pourquoi la FQSA a saisi l’occasion d’organiser l’évènement pour 2015.

De plus, en assistant à l’une des représentations, les participants ont eu la chance de visionner le premier film québécois sélectionné dans l’histoire de ce concours international. Nous avons également eu l’honneur d’avoir parmi nous le groupe Hooké, réalisateur de cet impressionnant film québécois. Le public a pu profiter de ces soirées pour échanger avec ce groupe de passionnés.

L’International Fly Fishing Film Festival est un concours de films organisé à Cranbrook en Colombie-Britannique. Depuis près de cinq ans, ce concours international permet aux réalisateurs amateurs et professionnels de partout de bénéficier d’une exposition à l’échelle mondiale. La série de films est présentée sur quelques continents : au Canada, aux États-Unis, en Australie, en Amérique du Sud ainsi qu’en Europe. Lors de chacune des représentations, les spectateurs sont encouragés à voter pour leur film préféré. À la fin de la saison, les gagnants sont dévoilés, et ces derniers reçoivent des prix en argent pour une valeur totale de 1000 $. L’organisation d’un tel évènement permettait à la FQSA d’encourager le sport de la pêche à la mouche et, par le fait même, de stimuler la pêche au saumon dans la province de Québec. Nous avons donc pris en charge l’organisation d’une première représentation au cinéma Beaubien de Montréal, et d’une seconde au cinéma Le Clap de Québec. La vente des billets s’est déroulée à une allure fulgurante, et cela a motivé notre équipe à organiser une troisième et dernière représentation pour la saison 2015, au cinéma Le Tapis Rouge de Trois-Rivières, pour laquelle les billets ont été vendus également très rapidement.

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Ce fut un vrai plaisir pour notre équipe de voir et d’entendre les réactions du public lors des soirées. Les commentaires ont été très positifs, l’auditoire était impressionné par la qualité des films et a apprécié le fait de se détacher de la réalité le temps d’une soirée. C’était une superbe manière de partager sa passion avec d’autres enthousiastes du sport et de patienter en vue du début de la saison. Toutefois, la réussite de ces évènements n’aurait pas été possible sans le soutien de nos commanditaires. Nous voulons donc remercier G. Loomis, partenaire principal de l’IF4, la Fondation de la faune du Québec, l’école de pêche Modulus (organisateur de l’évènement en 2014), Pure Fishing, Gaspé Fly Co., L’Ami du Moucheur, le Magasin Latulippe, Salmo Nature et la Microbrasserie Dieu du ciel! (qui a permis à chaque participant de déguster deux de ses excellentes bières). Nous remercions tout spécialement les membres du groupe Hooké qui ont partagé cette expérience avec nous. Pour tous ceux qui n’auraient pas eu la chance d’assister à l’une des trois représentations en 2015, il nous fait plaisir de vous annoncer que l’IF4 sera de retour dans la province de Québec en 2016. Nous prévoyons organiser quelques représentations supplémentaires l’an prochain afin de répondre à l’enthousiasme grandissant pour la pêche à la mouche du saumon atlantique. Nous retournerons donc certainement dans les grands centres urbains de Québec et de Montréal. Les dates et les lieux de la présentation des films en 2016 seront annoncés à la fin de 2015 sur le site Web de la FQSA. Merci infiniment à tous les participants, commanditaires et bénévoles qui ont contribué au grand succès des évènements et au plaisir de vous y revoir en 2016!

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LES ACT UAL IT ÉS DE LA F Q SA

LE CONGRÈS ANNUEL DE LA FQSA 9

PARLONS SAUMON

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Geneviève Ouellet-Cauchon Photos de

Stéphane Audet

Le congrès annuel de la FQSA qui avait lieu à Lévis, le 29 mars dernier, se déroulait sous le thème « Parlons saumon  ». L’édition 2015 du congrès était en grande partie dédiée à la réalisation d’une pré-consultation quant au futur plan de gestion du saumon atlantique élaboré par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), et elle s’est couronnée avec la participation du ministre M. Laurent Lessard.

Une nouvelle formule Le samedi avant-midi fut consacré à la présentation de trois conférences sur la situation du saumon atlantique et de sa gestion. Celles-ci avaient pour objectif de mettre à jour nos connaissances afin de mieux participer aux ateliers de discussion par la suite. Ceux-ci se voulaient la tribune idéale pour permettre aux participants d’échanger leurs opinions et leurs idées sur différentes modalités de gestion du saumon, telles que les modalités de remise à l’eau et le nombre d’étiquettes permettant de garder des saumons. Nous souhaitons d’ailleurs remercier les animateurs, Mme Marie-Jules Bergeron et M. Jean-Sébastien Bouchard d’En Mode Solutions, pour leur dynamisme et la qualité de leur animation tout au long du congrès.

Conférences La première conférence, présentée par M. Julien April, biologiste et coordonnateur des poissons migrateurs au Québec à la Direction de la faune aquatique du MFFP, a porté sur l’état des populations de saumon atlantique au Québec. M. April, représentant provincial à l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN), nous a confirmé que nous avons connu en 2014 la pire année d’abondance de saumons depuis 1984, principalement en ce qui concerne les grands saumons. Par rapport à la moyenne des cinq dernières années, il y a eu en 2014 une diminution de 28% des montaisons de saumons, équivalente à une diminution de 41% de grands saumons et de 7% de madeleineaux. Seulement 10 des SAUMON | WWW.FQSA.CA

Le ministre Laurent Lessard et M. Jean Boudreault

36 rivières étudiées ont atteint leur seuil de conservation. La seule exception cette année est la Basse-Côte-Nord, où les montaisons ont augmenté. La deuxième conférence, par M. Richard Nadeau, directeur général régional de la région du Québec de Pêches et Océans Canada, a porté sur la gestion internationale du saumon atlantique sauvage. M. Nadeau est l’un des trois représentants du Canada au conseil et aux commissions régionales de l’OCSAN depuis 2007. L’enjeu principal du saumon au Canada est la survie en mer, et les facteurs à considérer dans l’environnement marin sont les conditions climatiques et celles de l’écosystème, la prédation et les pêches. M. Nadeau a présenté les moyennes des captures des pêches internationales déclarées de 2008 à 2012 : 148 tonnes/an pour le Canada, puis seulement 30 tonnes/an pour l’ouest du Groenland et 3 tonnes/an pour St-Pierre et Miquelon. Le Canada exerce donc une pression de pêche bien supérieure à celle de ces deux pêcheries combinées. Par contre, les enjeux demeurent multiples. Au sein de l’OCSAN, le Canada travaille de façon bilatérale avec le Groenland pour réviser et mettre à jour la mesure réglementaire pour les pêches au saumon de la côte ouest du Groenland afin de refléter un niveau de captures correspondant aux besoins de subsistance. Le Canada travaille également à resserrer les mesures de suivi, de contrôle et de surveillance des pêches internationales. Il est également prioritaire d’améliorer la recherche sur la survie du saumon en mer afin de mieux comprendre les raisons du déclin continu des stocks, pour permettre de maintenir une prise de décision basée sur la meilleure information scientifique disponible et ainsi assurer la pérennité de la pêche.


Mot du ministre Après le dîner, le ministre Lessard s’est joint à nous dans le but de s’enquérir de l’expertise, de l’expérience et des conseils des participants afin de l’aider à évaluer les mesures de gestion à appliquer en 2015. Il souhaite développer l’activité économique générée par la pêche au saumon. Cependant, il estime qu’il faudra être conséquent avec nos préoccupations de l’année dernière concernant les faibles montaisons.

Ateliers sur les modalités de gestion Le ministre Lessard a prolongé sa présence pour participer activement aux ateliers dans l’optique de s’imprégner des discussions sur les enjeux et de partager quelques idées. Les ateliers se sont déroulés en une dizaine de tables rondes de discussion dont l’objectif était de débattre et d’arriver à des consensus sur différentes modalités qui pourraient faire partie du futur plan de gestion du saumon.

La grande majorité des participants se sont montrés en désaccord avec la remise à l’eau obligatoire des grands saumons sur toutes les rivières du Québec et ce, en tout temps. La grande majorité des participants étaient en accord avec la remise à l’eau des grands saumons en début de saison appliquée à l’ensemble des rivières du Québec, mais certains souhaitent inclure des exceptions, soit les rivières en très bonne condition et les rivières où le saumon est accessible seulement en début de saison. La grande majorité des participants étaient en désaccord avec la remise à l’eau intégrale sur toutes les rivières du Québec, et ce en tout temps, mesure jugée trop radicale. Cependant, les participants croient que cette mesure est pertinente dans le cas de certaines rivières dont les effectifs de saumon sont faibles ou lors d’une situation critique. Par ailleurs, la grande majorité des participants étaient en accord avec une limite quotidienne de remise à l’eau. La limite préconisée était de deux saumons. Presque tous les participants se sont entendus pour dire que l’on doit diminuer le nombre d’étiquettes qui permettent de conserver leurs prises. Un nombre d’étiquettes variant de 2 à 4 semble être favorisé. Presque tous les participants se sont également entendus pour dire que l’on doit diminuer le nombre d’étiquettes permettant de conserver des grands saumons. Un faible nombre d’étiquettes (1 ou 2 étiquettes) semble être préconisé. Pour terminer les ateliers, un remue-méninges d’idées sur les moyens à prioriser pour augmenter la relève de saumoniers a été effectué. Tous les groupes d’âge furent ciblés par les différents groupes de discussion et de nombreuses actions sont ressorties. À la suite de ces échanges et de la compilation des résultats des discussions, nous avons constaté que les personnes présentes sont prêtes à ce que nos pratiques de gestion soient ajustées dans le but d’assurer la pérennité de la ressource. En outre, ils attendent avec impatience que le Ministère s’engage dans cette avenue en produisant rapidement le plan de gestion attendu. Toutes les données ainsi que les résultats compilés serviront de base à une consultation de la FQSA sur un public plus large.

Conférenciers invités : M. Richard Nadeau, M. Julien April et M. Yvon Côté

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La dernière conférence, donnée par M. Yvon Côté, avait pour objectif de nous permettre de nous familiariser avec les concepts à la base d’un plan de gestion applicable au saumon atlantique et le contenu attendu d’un tel plan. Il a abordé les éléments de problématiques à prendre en compte dans un nouveau plan de gestion : les causes possibles de la diminution des stocks, les nouvelles connaissances de la caractérisation génétique des populations, les caractéristiques démographiques des pêcheurs de saumon, la santé financière des organismes de gestion, la pêche commerciale, etc. Il a également traité de la gestion historique et des concepts à la base de la gestion faunique. À la suite du congrès, nous avons rendu disponibles les présentations des conférenciers sur le site Web de la FQSA. Merci à nos conférenciers !


M. Rock Campion, M. Jean Boudreault et M. Albini Fournier

Reconnaissances En soirée, la remise des prix Salar et de la médaille François-de-Beaulieu-Gourdeau/Uitshitun a laissé place à des discours très émotifs et élogieux à l’égard des récipiendaires.

La médaille François-de-BeaulieuGourdeau/Uitshitun La médaille François-de-Beaulieu-Gourdeau/ Uitshitun représente la plus haute distinction décernée par la FQSA à une personne s’étant illustrée de façon remarquable pour la conservation et la mise en valeur du saumon. Pour l’ensemble de son œuvre, la FQSA était fière de remettre la médaille François-de-Beaulieu-Gourdeau/Uitshitun 2015 à M. Mario Viboux, directeur de la maison des jeunes de Verdun. En 1990, M. Viboux quitte le monde de la photographie professionnelle et adhère à une implication communautaire active comme directeur d’une maison de jeunes installée dans un des milieux les plus rudes de la région de Montréal. Le programme qu’il mettra en place permettra aux jeunes qui y adhèrent d’acquérir non seulement des connaissances en pêche à la mouche, des valeurs axées sur la connaissance et le respect du monde halieutique et faunique, mais aussi des valeurs de vie fondamentales. La participation au programme exige de chacun un engagement complet, tant en terme d’esprit de groupe que de participation aux différentes activités et événements de financement. Cette implication auprès des jeunes a notamment permis d’élargir le cercle des protecteurs de ressources telles que le saumon atlantique. Merci encore une fois, Mario Viboux, pour ton imSAUMON | WWW.FQSA.CA

plication dans la conservation de la faune et le développement de la pêche à la mouche.

Les trophées Salar M. Dial Arsenault s’est vu mériter le prix Salar Jean-Paul Dubé (catégorie éducation/information) pour son implication dans le domaine et pour ses qualités de guide de pêche. Il n’est pas avare de conseils ou commentaires et il saura efficacement amener son pêcheur, même le novice, à connaître la joie de capturer un saumon. Cette année, le Salar Pierre Tremblay (catégorie promotion de la pêche sportive) a été attribué à M. André Paradis. Au cours des trois dernières années, ce photographe professionnel s’est transformé en réalisateur de la série télévisuelle King of the River. Cette série d’émissions a été diffusée sur les réseaux Sportsman Channel, Wild TV et World Fishing Network et contribue à faire connaître le Québec et ses rivières à saumon. Le Salar Jean-Paul Duguay (catégorie de conservation de la ressource) a été décerné, cette année, à deux personnalités du milieu télévisuel qui ont contribué de longue date à la cause de la conservation des ressources. L’un est journaliste, l’autre réalisateur de l’émission La Semaine verte. Merci à M. Gilbert Bégin et à M. Bernard Laroche pour leur engagement soutenu à l’égard de la conservation des ressources naturelles et plus particulièrement pour leur excellent reportage sur le saumon atlantique intitulé Les Bergers du Saumon.

Le Makhila d’honneur Le Makhila d’honneur est une canne honorifique remise à un organisme de gestion d’une rivière ayant accompli un travail remarquable dans son milieu. Cette année, la canne a été remise à la Société de gestion de la rivière Madeleine. Nous souhaitons remercier MM. Rock Campion et Albini Fournier pour leur présence au congrès afin de recevoir leur prix.


M. André Paradis et M. Jean Boudreault

M. Jean Boudreault et M. Gilbert Bégin

M. Jean Boudreault et M. Dial Arsenault

M. Mario Viboux et sa conjointe, Selma Aïssiou


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David Veilleux Président


À L’ INT ERNAT IONAL

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LA RIVIÈRE UMBA DE RUSSIE REVIENT EN FORCE

LE MAGAZINE SAUMON

Texte et photos de

Jan Delaporte J’ai dirigé un camp de pêche en Russie aux abords de la rivière Umba, et j’y ai guidé des clients pendant de nombreuses années. Dans cet article, je vous présenterai l’historique de cet endroit idyllique. Quelque temps après la chute du rideau de fer, à la fin des années 80 et au début des années 90, la péninsule de Kola était un endroit sauvage. Sauvage, car encore inhabitée, comme à l’époque du Far West. L’endroit est vite devenu le terrain de jeu d’aventuriers de tout acabit, furent-ils voyagistes, gens de la pègre, fraudeurs, philanthropes ou encore pêcheurs de saumon. Le Danois Steffen Juhl, passionné de pêche, était un de ceux-ci, et en 1993, avec quelques Suédois, il avait signé une entente pour pêcher la rivière Stelna. C’est une petite rivière tumultueuse qui se jette dans la mer Blanche au sud du village de Varzuga, gérée par un

individu aux pratiques douteuses, dont celle d’avoir vendu les droits exclusifs à cinq voyagistes étrangers dans la même semaine. Du chaos qui s’en est suivi, Juhl s’est vu redirigé vers la rivière Umba par une personne d’influence dans la région, un Ukrainien charismatique du nom de Kalushin Svyatoslav Michailovich. Il est devenu tellement captivé par la rivière qu’il a simplement décidé de s’y établir après son voyage et de signer pour devenir le gérant du camp de pêche Loop. La rivière Umba est très différente des autres rivières de la péninsule de Kola. Pour la majeure partie, elle n’est pas située à proximité du milieu forestier. On peut y accéder par la route, donc ça ressemble beaucoup plus à la «  vraie  » Russie. Juste de l’autre côté du nouveau camp, qui a été terminé en 2000 par Kalushin, se trouve un petit village complet avec des datchas (résidences secondaires dans la campagne russe) ou des chalets d’été. Le cadre est très intime, entouré de grands pins et de bouleaux, et jouxtant la taïga russe dans toute sa mystérieuse et passionnante splendeur. Les rivières

Les fosses Golden Run and Golden Pool, section Krivetz de la rivière Umba

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de la toundra nordique de la péninsule de Kola, comme la Yokanga, Kharlovka et Ponoï coulent dans des aires plus dégagées et arides. L’interprétation des parcours de pêche de la Umba est aussi plus simple que sur des rivières plus importantes, fosses et rapides y étant bien définis. Un habile pêcheur adepte du lancer spey trouvera assurément des saumons preneurs en explorant les différentes fosses.

Pas étonnant que j’aie été fasciné par cette rivière légendaire. Autrefois, on faisait des prises incomparables tant au printemps qu’en automne. Les pêcheurs attrapaient entre 20 à 30 poissons par jour dont le poids moyen variait de 9,7 kg à 13,6kg (2030 livres). Une saison typique débute à la mi-mai et se poursuit jusqu’en octobre, voire novembre. Des documents d’époque, au début des années 2000, indiquent que le nombre des captures annuelles se situait entre 2 200 et 2 700. Malheureusement, la facilité d’accès à l’embouchure de cette rivière, favorisée par le développement des réseaux routiers, des services offerts dans le secteur et des moyens de communication, a donné aux braconniers une occasion d’intervention très lucrative dans cette région plutôt pauvre. Le contrôle était quasi inexistant, de sorte qu’en 2002, Loop et son gérant, Steffen Juhklm, décident de quitter la Umba. Ils projetaient se réinstaller sur une rivière plus isolée, telle la Ponoi. Kalushin Michailovich ainsi que d’autres Russes impliqués dans la promotion de la région d’Umba réalisent que si la situation ne s’améliore pas, la pêche sportive continuera à décliner, rendant l’attrait pour la Umba inexistant. En Russie, quand le chaos règne, c’est comme dans le Far West. Toutefois, la version de la cavalerie était bien différente sur la rivière Umba, elle s’est présentée sous forme d’officiers fortement armés. Ces patrouilles soutenues ont forcé les braconniers à se déplacer vers l’embouchure de la rivière.

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Toutefois, une randonnée au coeur des couleurs automnales des chemins forestiers sinueux qui longent la rivière Umba et la Krivetz, son tributaire principal, représente une expérience privilégiée, saisissante, inoubliable. Les pygargues à queue blanche survolent les forêts tandis que les pêcheurs fatigués apprécient une collation de bleuets et d’airelles. La rivière Umba, comme plusieurs autres cours d’eau du sud-est de la péninsule de Kola, est une rivière à saumon qui offre, en saison automnale, l’avantage indéniable d’une pêche sportive sur des poissons fraichement arrivés de l’eau salée.

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Steffen Juhl sur la rivière Umba

Afin d’établir une station d’observation, Kalushin a construit un hôtel additionnel afin d’augmenter la surveillance directement à l’embouchure de la rivière. Le braconnage a ainsi diminué de façon notable. Afin de contrer l’attrait des actes de braconnage, un groupe de pêcheurs russes a pris l’initiative d’une démarche originale en offrant, à prix modique, du saumon d’élevage provenant de Norvège. Cette démarche a permis un redressement des stocks soutenu depuis 2007, de sorte que la tendance au redressement se confirme maintenant d’année en année. Pratiquement inconnue en Russie avant l’arrivée de visiteurs étrangers, la pêche à la mouche a connu une explosion de popularité en ce pays. Une association de pêcheurs à la mouche a vu le jour à Murmansk. De plus, les pressions tant de l’externe que de l’interne ont entrainé une augmentation de la pratique de la remise à l’eau des saumons. Les visiteurs étrangers y sont d’ailleurs contraints. Ces nouvelles règlementations et pratiques permettent d’anticiper une amélioration encore plus importante des montaisons. Des pêches de dénombrement de juvéniles réalisées récemment par une équipe suédoise sur la Krivetz, tributaire de la Umba, ont permis de constater l’utilisation du plein potentiel de reproduction à des niveaux encore jamais vus auparavant. J’ai eu la chance de travailler en tant que gestionnaire de camp à Umba après que Steffen Juhl soit retourné en région et qu’il ait commencé à organiser des voyages à travers l’entreprise Salmon Junkies. J’ai pu constater, malgré le poids moyen des saumons, 9,7 kg (20 livres), qu’il est possible de capturer des prises impressionnantes. Mais, sans ignorer le fait de certaines prises exceptionnelles (tel ce spécimen de près de 26 kg, soit 57 livres, capturé récemment), il faut dire que les très gros spécimens sont relativement rares. On tombe facilement amoureux de la Umba, c’est ce qui m’est arrivé. La stratégie pour conserver un stock de saumons en santé et une bonne qualité de pêche est très simple. Si les pêcheurs continuent à venir, le gouvernement autant que les pourvoyeurs locaux et internationaux vont reconnaitre l’importance de protéger la rivière Umba WWW.FQSA.CA | SAUMON


Rivière Umba

du braconnage et de la pollution. Peut-être qu’une histoire personnelle d’un de mes séjours servira à illustrer les trésors que la rivière Umba peut offrir.

Voici donc cette histoire Ma situation comme gestionnaire d’un camp luxueux construit par Mikhaïlovitch (malheureusement ce « parrain » de la pêche à la mouche de la région est mort dans un accident de voiture tragique l’été dernier) me donne l’occasion de faire parfois des sorties de pêche, les jours de changement de groupe, le jour de fermeture de la saison et ainsi de suite. Pendant une de mes journées chanceuses vers la fin de la saison automnale, j’étais seul dans la fosse Lohkinga. La température était parfaite, ensoleillée et calme, l’air était frais, laissant présager l’hiver qui approchait. J’avais déjà pêché et relâché deux saumons frais dans un endroit qui avait donné du poisson toute la semaine aux pêcheurs que je guidais. Je m’étais assis sur les berges en méditant sur les significations profondes de l’existence et du bonheur. Peut-être que c’est justement cela : le fait d’être ici en ce moment même. La fièvre du saumon s’empare à nouveau de moi et je fais un lancer dans une échancrure profonde du bord de la rivière qui délimite naturellement la fosse Lohkinga de la

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prochaine fosse. Tout semblait se passer à perfection. Mon premier lancer est allé exactement là où je voulais l’envoyer. Il y avait cette sensation formidable de la mouche et de la soie qui se déplaçaient à perfection sur l’eau, cette nervosité et ce sentiment indéniable que quelque chose va arriver. Et c’est ce qui s’est passé. Juste là où le courant commence à balayer la soie plus rapidement, la mouche arrête instantanément son mouvement. Comme si elle avait frappé un mur, elle ne bouge plus. Je ferre. Pendant un instant comparable à une inquiétude profonde instantanée, à couper le souffle, c’est l’arrêt complet. Rien ne semble bouger. Puis, la réaction, comme une explosion, le saumon plonge dans l’eau creuse et lente juste derrière un rebord de remous. Pendant environ 10 minutes, nous sommes restés figés dans cette position. J’ai réussi à amener le poisson dans des eaux calmes où il s’est sauvé et a sauté plusieurs fois. Puis, dans un craquement sec, il a brisé ma canne. D’une manière ou d’une autre, j’ai réussi à le ramener puis à le relâcher. Il faisait certainement au-dessus d’une dizaine de kilos (plus de 20 livres), et je l’ai admiré quand il est reparti vers les eaux plus profondes. J’avais hâte de conter mon histoire aux guides russes du camp. Ils seraient certes attristés de savoir que j’avais brisé ma canne, mais contents par ailleurs, de réaliser qu’un autre gros poisson s’en allait en amont, vers les frayères, pour contribuer au retour de la Umba. Si vous souhaitez plus d’information sur cette rivière, consultez le site Web www.flyfish-jandelaporte.com


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AV E NT U RE

EXPÉDITION AU NUNAVIK 19 LE MAGAZINE SAUMON

Texte et photos

Claude Hamel

À la fin du mois d’aout 2014, j’ai fait un voyage de pêche au saumon inoubliable au Nunavik, nom inuit qui veut dire «  endroit où vivre ». Le voyage me fut proposé par François Bourboin, un ami saumonier à qui j’ai fait connaitre les rivières de la Gaspésie il y a quelques années. L’accompagnait, comme toujours, son grand ami Serge Bureau. Tous deux sont des entrepreneurs qui ont passé leur vie dans le bois et avec le bois. Des gaillards et des débrouillards. Notre plan consistait à amerrir sur les berges de la rivière du Gué pour y rejoindre un groupe de pêcheurs-villégiateurs déjà sur place, à utiliser leur camp pour une journée ou deux, puis à partir à l’aventure sur l’eau. Un périple de plus de 100 kilomètres en camping sauvage, et ce, sans guide. François et Serge avaient effectué une partie du parcours l’année précédente en compagnie de Martin Levac, directeur de la pourvoirie Safari Nordik.

François avec le plus gros saumon du voyage

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C’est un départ ! Nous quittons Montréal en direction de Kuujjuaq à bord d’un appareil de First Air, une compagnie aérienne qui sert encore de bons repas chauds en vol! À Kuujjuaq, il fait une chaleur aussi torride qu’étonnante pour l’endroit: +31 degrés Celsius! Arrivés au bureau de Safari Nordik, nous revêtons nos «  hardes  » de pêche et remplissons les glacières, sans glace. On part ensuite pour la base d’hydravions où nous attend avec impatience notre pilote, Johnny May. Après deux tentatives de décollage avortées, il nous annonce : «  We have to go back  .» Nous sommes consternés. Par bonheur, Johnny voulait dire: «  back  »... au fond du lac. Le vieux Beaver multicolore grogne un peu, mais finit par s’envoler avec une belle aisance. Le plan de vol est simple: nous survolerons d’abord le majestueux Koksoak vers le sud, puis nous bifurquerons vers la rivière aux Mélèzes qui forme le Koksoak en rejoignant la rivière Caniapiscau. De là, nous suivrons la Mélèzes, puis la du Gué. Après plus d’une heure de vol, nous apercevons enfin les tentes montées par nos prédécesseurs sur la plage. François et moi avons


Allons à la pêche ! Nous nous installons. Il fait chaud et la température de l’eau est très élevée (au toucher). Qu’importe, nous sommes affligés d’un p’tit gout de pêche et nous y allons. Nous décidons d’explorer d’abord la section d’eau vive pas très loin en amont du site de campement. François et Serge ont connu du succès à cet endroit l’année précédente. Par malheur, le site s’est beaucoup détérioré. Je vais explorer la zone de courant près de la berge adverse, pendant que François emmène Serge pêcher l’eau vive au centre de la rivière, à la traine, avec une soie à bout calant. J’ai une canne Spey de 13 pieds, montée avec une soie Scandi Compact. Je n’obtiens rien d’autre qu’une tirette sans lendemain. Serge aussi fait chou blanc. Sans plus tarder, nous nous rendons jusqu’à un lieu de tenue important et connu de la du Gué, environ deux kilomètres plus en amont. Un tributaire de la taille de la Petite Matane se jette dans la du Gué à cet endroit, créant une dynamique d’eau propice à l’arrêt du saumon et à sa pêche. Il s’agit de la rivière Guigas, que nous nommons plutôt « le ruisseau du barbu » (basé sur une histoire dont je fus le dindon de la farce!). Le tributaire crée une ligne de courant fort qui se prolonge dans le grand bassin d’eau calme de la du Gué. Nous pêchons jusqu’en fin de jour, mais nos résultats sont peu reluisants: un saumon échappé et quelques tirettes. La température de l’eau et les pêcheurs de la dernière semaine y sont surement pour quelque chose, mais notre maladresse aussi: nous nous sommes lancés tels des débutants trop fiévreux pour penser leur approche de façon organisée. Nous devons donc nous contenter de bouffe déshydratée pour notre premier souper. Ça vous dompte un pêcheur ça, monsieur! Le lendemain matin, nous retournons au site du «  ruisseau du barbu ». La confiance règne, car il y avait des saumons là le soir précédent. L’eau semble s’être rafraichie quelque peu durant la nuit. Mais la déception est complète. Pas une touche. On aurait

dit que le trou s’était vidé. Où sont les saumons alors? Certains ont pu remonter le tributaire, mais surement pas tous. Nous n’insistons pas et revenons au camp. Après un moment, nous transportons nos pénates environ huit kilomètres plus en aval du camp afin d’explorer un autre site majeur de pêche, connu de François et de Serge. Nous savons que personne n’y a pêché durant la semaine précédente. C’est comme un énorme pied de fosse en haut d’une très longue série de rapides très tumultueux. Mes compagnons ont déjà nommé l’endroit « le repos du guerrier ». L’eau est peu profonde, mais il y de belles grosses roches sur toute la largeur de la rivière qui créent des tenues potentielles. Il y a aussi une coulée profonde sur la droite, la plus productive l’année précédente. François m’envoie la couvrir pendant que lui commence en haut dans l’eau calme. Serge prend le zodiac et va explorer à la traine sur toute la largeur du site. Après quelques heures de pêche, François et Serge réussissent à capturer leur premier saumon, alors que je ne prends que saumoneau après saumoneau. Ceuxci sont étonnamment gros, mais ils ne sont pas ma quête. Finalement, je ferai ma première capture de l’autre côté de la rivière, en aval d’un petit ruisseau qui se déverse dans la du Gué. Je balaie l’eau excessivement lente une fois avec ma longue canne et je suis prêt à quitter les lieux lorsque la vue d’un bouillon ravive mes ardeurs. J’emprunte la canne à une main de François pour « stripper » avec plus d’aisance et un beau saumon tout frais et extrêmement combattif s’empare de ma Blue Charm Spey. On voit de nouveau d’autres bouillons sur l’eau et on continue. François sent plusieurs tirettes de suite, mais il ne ferre rien. On se pose des questions. Finalement, Serge résout l’énigme en capturant un grand corégone! Il a pris la mouche au moment du dépôt. Ce soir-là, on a du saumon au menu et nous dégustons deux bonnes bouteilles de vin pour fêter notre première prise du voyage. Tiens, une aurore...

Matin sous le brouillard, fosse «  Repos du guerrier  »

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la larme à l’œil en voyant le site de campement. Johnny May amerrit avec la délicatesse furtive d’un maringouin piqueur. « Lui y connaît ça », disait naguère Olivier Guimond. Les autres s’en vont et nous nous retrouvons seuls au monde dans cette immensité aussi belle que rude. Nous sommes bien petits dans cet univers, fragiles même. Devant nous, il y a un fleuve, pas une rivière. Le zodiac est là, la gazoline aussi, mais les tentes sont quelconques. Il y a un abri, mais nous le laisserons là. Les ours s’en chargeront, comme on l’apprendra!


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Vue panoramique de la fosse «  Ruisseau du Barbu  »

En route vers la Delay Jour trois du périple, et comme prévu, nous levons le camp pour remonter la du Gué jusqu’à la Delay, environ 40 kilomètres plus en amont. On passe par le « ruisseau du barbu » pour y pêcher un peu avant de filer. Heureux geste, car nous y capturons plusieurs beaux saumons très frais. On peut même voir encore les marques de puces de mer sur certains d’entre eux, alors que nous nous trouvons à 150 kilomètres de l’embouchure du Koksoak. Le gros coup d’eau de la semaine précédente et le réchauffement de l’eau y sont possiblement pour quelque chose. Fait à signaler, Serge capture son premier saumon au lancer à la mouche. Le voyage vers la rivière Delay est une fête pour les yeux. Les montagnes sont toutes plus belles les unes que les autres et il y a de la vie. On aperçoit des pistes de loups et on rencontre des « polar bears » (terme choisi par François pour me sécuriser!), de même que des caribous arborant des panaches royaux. L’eau est lente, placide même. Sur le fond sablonneux, on découvre des toiles composées par les courants et les crues. La nature en tableaux. On rencontre trois saumons en remontant, mais aucune tenue de saumon prometteuse pour la pêche à gué ou en zodiac. Nous entrons dans la rivière Delay vers la gauche, alors que la rivière du Gué continue sur la droite. La rivière change de caractère. On retrouve un fond rocheux, du courant et des rapides peu profonds. Ça sent le saumon. Nous érigeons notre camp sur une ile en haut d’un site de pêche où les saumons frayaient en 2013. François et moi pêchons aux endroits productifs de l’an dernier, mais nous ne prenons rien. Serge explore le site à la traine et finit par capturer un premier saumon. Cela m’encourage à examiner plus attentivement une tenue plus près de la berge observée pendant SAUMON | WWW.FQSA.CA

que je pêchais au milieu de la rivière. Il y a une grosse roche, une cavité sur ses abords et un courant qui s’accélère. Ça ne ment pas. On y capture trois beaux saumons de suite. La noirceur arrive et on doit aller à la soupe. On retourne pêcher le site le lendemain matin. Il a beaucoup plu et venté toute la nuit. Ça devrait être bon. Pourtant, on n’y capture que deux saumons. On s’en retourne sur la du Gué.

Destination rivière aux Mélèzes Le trajet est difficile, car il y a du vent et de grosses vagues. En arrivant au «  ruisseau du barbu  », on est heureux de voir que la glacière laissée sur la plage est intacte. Deux heures plus tard, une mère «  polar bear  » et son petit l’auraient trouvée. On décide de rester au «ruisseau du barbu» pour y faire la pêche du soir et du lendemain matin. Il vente trop fort sur la plage et on doit ériger notre camp plus loin dans la grande baie. Il fait très froid cette nuit-là et on doit faire un feu au petit matin pour dégeler nos bottes. La pêche du soir précédent fut très productive et c’est pareil pour celle du matin. Plusieurs saumons bien blancs encore une fois. Nous découvrons aussi qu’il s’arrête du saumon à la sortie d’un filet d’eau gros comme rien se jetant dans la rivière du Gué, entre notre campement et le «  ruisseau du barbu  ». Ils sont preneurs. En après-midi de ce cinquième jour, nous levons à nouveau le camp pour aller faire la pêche du soir au «  repos du guerrier ». Le vent tombe et les mouches noires sortent en hordes d’attaque. Elles sont insupportables et nous devons nous faire à souper sur l’eau, dans le zodiac. Heureusement, on capture quelques saumons à la tombée du jour pour oublier notre misère. Quelques autres saumons nous attendent aussi le lendemain matin, sous un brouillard à couper au couteau. J’y capture un «  buck  » de 14-15 livres avec un crochet, mon plus gros du voyage. Une fois le brouillard dissipé, on démonte le camp et on part en direction de la rivière aux Mélèzes. Nous avons 25 kilomètres de rapides tumultueux à parcourir pour la rejoindre, dont plusieurs de classe III et un de classe IV long de 600 mètres. Dans ce dernier, des murs d’eau ascendants de six pieds déferlent contre la proue du zodiac. Si nous avions chaviré, je n’aurais pas été en mesure d’écrire ces lignes! Nous ne rencontrons que trois sites de pêche sur la première tranche de dix kilomètres menant au classe IV. Un premier en bas d’un ruisseau


« M’aider-m’aider » ! Après une nuit froide au pied du rapide de classe IV, nous levons le camp et atteignons la rivière aux Mélèzes. Il vente très fort. On aperçoit au loin un vieux camp de chasse abandonné et jubilons à l’idée de nous protéger du vent et des éléments de plus en plus incléments. Hélas! les porcs-épics et les « polar bears » ont rendu l’endroit complètement inhospitalier et insalubre. On se résigne à camper sur la pointe à la confluence des deux rivières. On part ensuite explorer la Mélèzes et trouvons trois sites de tenue potentielle. Nous voyons un gros saumon sauter en aval d’une pointe rocheuse, mais il ne s’arrête pas. Plus haut, Serge pique un grilse en pêchant à la traine, mais le perd. Puis, il capture un gros brochet du Nord (que je me surprendrai à déguster le soir venu). On passera deux jours à attendre avec la plus grande impatience qu’un trou dans les nuages permette à Safari Nordiq de nous sortir et de nous transporter plus au nord pour une semaine de chasse au caribou. Nous sommes sur un ilot pour l’amerrissage. Le zodiac est démonté et nous n’avons plus de gazoline, ni de nourriture, ni de bois à couper. En plus, un gros « polar bear » tente de traverser la Mélèzes pour venir inspecter nos bagages! Un bel oiseau d’Air Inuit (Otter turbo) se pointe enfin. C’est l’allégresse.

Épilogue C’était mon troisième voyage de pêche dans le Nord, incluant une semaine à la mouchetée au Labrador et une autre au saumon atlantique dans la péninsule de Kola en Russie. Jamais encore je n’avais visité le Nord-du-Québec. C’est fait et de belle façon, avec des gars amoureux de la nordicité et impressionnants de débrouillardise. Sans ces gaillards, je ne me serais jamais lancé dans une contrée aussi éloignée et sauvage, surtout pas avec les bobos mécaniques qui affligent le sexagénaire avancé que je suis. Je me serais certes privé des rapides les plus menaçants, mais dois admettre que leur passage risqué et réussi aura

contribué à l’état durable d’exultation que j’ai ressenti au retour. Je peux mieux comprendre les épris de sports extrêmes. Les rivières du Nord sont quelque peu déconcertantes pour les pêcheurs du sud de la province. Plusieurs sont de véritables fleuves qui coulent parfois très calmement sur une longue distance. Le saumon ralentit peu et ne s’arrête que dans des endroits relativement petits par rapport à la taille du cours d’eau (pointe rocheuse, banc de sable, confluence d’un tributaire). Ils sont souvent difficiles à trouver. Sur les 75 kilomètres parcourus de la du Gué, nous n’avons guère trouvé plus de trois points de pêche à fort potentiel. Ailleurs, la rivière s’est présentée à nous comme un grand boulevard que les saumons empruntent en toute hâte pour atteindre les lieux anticipés de frai; ils ont 360 kilomètres à parcourir entre la baie d’Ungava et le grand lac Mortier en haut de la Delay. Un voyage réussi commence avec un plan et des attentes réalistes. Parfois, l’eau des rivières présente un niveau bas et froid, comme ce fut le cas pour François et Serge en 2013. Cette condition des rivières en fin de saison engendre la présence de saumons foncés prêts à frayer et plus concentrés. Lors de notre voyage en 2014, l’eau des rivières était plutôt haute et chaude. Les saumons étaient alors plus frais, mais plus fuyants. Un coffre garni de quelques sèches et surtout de mouches noyées de toutes les grosseurs est un atout. C’est ce que nous avions, essentiellement des Blue Charm et des Hot Orange Spey et quelques gros « s treamers » pour la traine. Pour les cannes, il faut prévoir des Spey pour l’eau haute ou les lancers de distance près de la berge. Aussi, il faut « s tripper » souvent pour augmenter la vitesse de la parade. Dans ce cas, les cannes de neuf ou dix pieds qu’avaient François et Serge sont beaucoup plus pratiques. Par contre, j’ai pu découvrir l’extrême utilité de la canne Switch de 11 pieds que j’avais apportée, surtout munie de la nouvelle soie Switch Chucker que m’avait donnée pour essai Claude Desrosiers, de l’Atelier du moucheur. Elle était vraiment excellente pour lancer dans le vent, en Spey ou « overhead ». Elle se pêchait très bien dans des endroits restreints comme la tête de la fosse du « ruisseau du barbu », car on peut récupérer la ligne en pêchant et la relancer beaucoup plus facilement qu’avec une soie munie d’une tête plus longue. Les rivières du Nord remettent aussi en question nos hypothèses de pêcheurs sur les caractéristiques et le cycle de vie du saumon atlantique. Elles témoignent de la rigueur du climat et des voies variées empruntées par l’évolution. On y retrouve des saumons picotés comme des ouananiches, des saumons estuariens qui côtoient des saumons qui font un plus long voyage en mer, des saumons qui frayent seulement l’année suivant leur remontée en rivière, des saumoneaux aussi gros que les mouchetées pêchées dans les lacs du centre de la province, des ouananiches qui migrent de bas en haut des rivières et même d’une rivière à une autre, des corégones, des brochets, des mouchetées ... Les plans d’eau recèlent donc toujours des surprises. Je retournerai dès 2016 au Nunavik, ce splendide « endroit où vivre ». Cette fois, la baie d’Ungava et ses ombles chevaliers seront dans ma mire. WWW.FQSA.CA | SAUMON

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qui se jette dans la du Gué. Nous y capturons un seul saumon, frais, et encore une fois des dizaines de gros saumoneaux argentés. On nomme l’endroit « le repos de Laurette » à la mémoire de ma maman décédée l’année précédente (je faisais le voyage en profitant d’un petit héritage de sa part). Les deux autres sites ne nous livrent rien, sauf une grosse mouchetée. Le dernier saumon du voyage est capturé dans la grosse fosse en bas du rapide de classe IV, à la traine, le plus gros du voyage. Dans le bas, il y a de la belle eau pour tenir des saumons, mais nous n’en trouvons pas.


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NO S RIV IÈRES

RESTAURATION DU SAUMON DE LA RIVIÈRE ROMAINE 25

UN PROJET D’ENVERGURE POUR LE SAUMON !

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Geneviève Ouellet-Cauchon Coordonnatrice des travaux

Frédéric Lévesque Directeur général, Société de la rivière Romaine

La Société saumon de la rivière Romaine (SSRR) est une organisation à but non lucratif qui a été créée en 2011 dans le contexte du projet d’aménagement du complexe hydroélectrique de la rivière Romaine. La mission de la SSRR vise à rétablir la population de saumon de cette rivière sur un horizon de 20 ans. Le conseil d’administration de la SSRR est constitué de huit administrateurs, soit quatre Innus de Mingan, deux résidents d’Havre-Saint-Pierre (Minganie) et deux employés d’Hydro-Québec. De plus, la SSRR a constitué un comité scientifique chargé de la conseiller sur les moyens à mettre en œuvre pour réaliser ses objectifs. Les services administratifs de la SSRR sont assurés par la FQSA. En 2001, approximativement 300 à 350 saumons ont remonté la rivière Romaine. Au cours des années 2000, les montaisons ont graduellement diminué, pour atteindre 275 saumons en 2013, selon un décompte tiré d’une immense barrière de comptage installée par Hydro-Québec. En 2014, malgré le fait que les montaisons n’ont pas été évaluées, les

observations suggèrent que la population était très faible et inférieure à l’année 2013. Le plan de restauration mis en œuvre par la SSRR vise à augmenter le nombre de saumons, et les impacts sur les effectifs de la population de la rivière Romaine devraient commencer à se faire sentir autour de 2020.

Plan de restauration Le plan de restauration de la SSRR vise à rétablir une population autonome de saumon dans la rivière Romaine. À cette fin, la SSRR, en collaboration avec les recommandations de son comité scientifique, s’est fixé comme objectif d’atteindre une montaison annuelle de 800 saumons, laquelle correspond approximativement au nombre de reproducteurs requis pour assurer une production optimale de saumons. Pour atteindre cet objectif, depuis 2012, la SSRR concentre son travail sur l’augmentation de la quantité d’œufs et la diminution de la mortalité en eau douce. Pour ce faire, elle privilégie deux stratégies qui visent deux phases critiques de la survie dans le cycle de vie du saumon, soit le stade de l’incubation des œufs et le stade de vie en mer. Éventuellement, en seconde priorité, la SSRR travaillera à l’amélioration des habitats du saumon. Ces travaux sont réalisés en étroite collaboration avec la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan) et la communauté minganoise de Havre-Saint-Pierre. Un suivi des résultats est également prévu au programme.

Photo : WSP Canada Inc.

Capture smolts SAUMON | WWW.FQSA.CA


Photo : Geneviève Ouellet-Cauchon

Plan de restauration - Volet adulte

Au printemps 2014, un site de garde en captivité des saumons a été aménagé sur les berges de la rivière Romaine et à proximité de la route 138. Ce site comprend deux bassins de pisciculture de 5 000 litres chacun où circule en continu l’eau de la rivière. La SSRR a procédé à l’été 2014 à la capture de saumons adultes reproducteurs de la rivière Romaine à l’aide d’une barrière de comptage installée près de l’embouchure de la rivière Puyjalon (principal affluent accessible au saumon dans le bassin de la Romaine) et de pêche scientifique à la mouche. Cette dernière a été pratiquée par les pêcheurs locaux assistés de techniciens de la faune. Ces activités ont permis de capturer un total de 15 saumons, mais aucun provenant de la pêche à la mouche. Ainsi, 9 femelles et 6 mâles pesant entre 1,7 et 13 kg (4 – 29 lb) ont été transportés et conservés au site de garde en captivité pendant 5 mois, jusqu’à la période de la reproduction.

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En rivière, seulement 5 à 20% des œufs naturellement déposés par la femelle dans les nids survivent généralement jusqu’à l’émergence des alevins1. Afin d’augmenter le taux de survie des œufs de saumons de la rivière Romaine, le premier volet du plan de restauration de la SSRR vise à capturer des adultes reproducteurs en rivière pour procéder à une fraie artificielle, incuber les œufs dans des incubateurs artificiels et, subséquemment, ensemencer les alevins dans la rivière. La reproduction artificielle permet de féconder un plus grand nombre d’œufs que ce que l’on retrouve en rivière avec une reproduction naturelle. De plus, l’incubation des œufs dans des dispositifs d’incubation déposés dans les frayères permet d’augmenter le taux de survie autour de 55 à 90%2,3, tandis que l’incubation des œufs dans des incubateurs verticaux à tiroirs assure un taux de survie avoisinant les 80%4.

Dispositif d’incubation, panier à gabions

à gabions (voir photos). Les 61 711 œufs produits à la station piscicole gouvernementale de Tadoussac ont dû être incubés à la station piscicole gouvernementale de Baldwin-Coaticook en Estrie plutôt que dans la rivière Romaine car, à ce moment, la glace commençait à se former dans la rivière Romaine et la plongée était jugée trop dangereuse. Ces œufs sont incubés dans des incubateurs verticaux à tiroirs qui sont d’utilisation courante en pisciculture. Présentement, tel que prévu au plan initial, les saumons acheminés à la station piscicole gouvernementale de Tadoussac sont reconditionnés en captivité et seront utilisés pour participer à une fraie artificielle deux autres fois au cours des prochaines années. Le reconditionnement consiste à alimenter les reproducteurs qui proviennent du milieu naturel pour qu’ils produisent à nouveau des œufs et de la laitance au cours des années subséquentes. Cette pratique permet de produire une grande quantité d’œufs tout en diminuant les prélèvements de reproducteurs des stocks naturels.

Plan de restauration - Volet smolt Les saumons ont été maintenus au site de captivité tant que le permettaient les conditions environnementales. Cependant, à la mi-novembre, lorsque les installations ont commencé à montrer une vulnérabilité au gel, seulement deux femelles avaient frayé. Les saumons ont donc dû être déplacés plus tôt que prévu à la station piscicole gouvernementale de Tadoussac pour procéder à la fraie artificielle des dernières femelles. Les 12 050 œufs produits par les deux femelles frayées au site de la rivière Romaine ont été enfouis par des plongeurs dans deux frayères aménagées par Hydro-Québec dans le cours principal de la rivière. Les œufs ont été placés dans deux types de dispositifs d’incubation pour en comparer l’efficacité, soit des boîtes d’incubation (Jordan Scotty) et des paniers

Le deuxième volet du plan de restauration de la SSRR consiste à capturer des smolts (saumons généralement âgés de 2 ou 3 ans prêts à migrer en mer) puis à les faire croître jusqu’au stade de reproducteurs. Contrairement aux conditions naturelles, où les taux de survie des smolts ayant quitté leur rivière natale jusqu’au stade reproducteur ne sont seulement que de 1 à 2 % au Québec, la survie des smolts en pisciculture se situe plutôt aux environs de 75-80%5. Cela constitue donc une méthode permettant d’obtenir un grand nombre de poissons reproducteurs provenant de la Romaine à faible coût, en dépit des stocks de reproducteurs actuellement très bas. La SSRR a donc procédé aux printemps 2013 et 2014 à la capture de smolts de la rivière Romaine lors de leur migration vers la mer (dévalaison) pour procéder à leur élevage et leur grossissement en pisciculture jusqu’au stade adulte, où ensuite sera effectuée la fraie artificielle. Les œufs issus de cette fraie seront déposés dans des incubateurs verticaux qui seront aménagés en 2015 par la SSRR aux abords de la Romaine et les alevins produits seront ensemencés dans la rivière au printemps suivant. WWW.FQSA.CA | SAUMON


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Lors des deux dernières années, environ 400 smolts ont été capturés à l’aide de filets-trappes et transportés de la rivière jusqu’à la pisciculture du Laboratoire de Recherche en Sciences Aquatiques (LARSA) de l’Université Laval à Québec pour leur élevage et leur grossissement. Les smolts y sont nourris à l’aide d’une formule spéciale de moulée enrobée de krill, pour une croissance optimale et grandissent dans des conditions de luminosité similaires à celles de la rivière Romaine et à une température de 10°C. À notre grande satisfaction, 348 smolts ont jusqu’à maintenant survécu, pour un taux de survie global de 86%. Ce taux est nettement supérieur à celui des smolts naturels du Québec qui est de l’ordre de 1 à 2 %. Selon les résultats actuels de croissance et de développement des smolts en élevage à l’Université Laval, on prévoit que les smolts récoltés en 2013 seront prêts à frayer à l’automne 2015.

Suivi des résultats d’ensemencement Dans le but d’effectuer un suivi du succès de la reproduction artificielle et de l’enfouissement des œufs et des ensemencements d’alevins effectués par la SSRR dans la rivière Romaine, une analyse génétique permettant d’obtenir la signature de chaque saumon adulte et de chaque smolt capturés a été complétée pour être en mesure d’effectuer le suivi de leur progéniture dans la rivière.

Perspectives Les travaux effectués par la SSRR entraînent des retombées économiques locales directes. Notamment, la SSRR a attribué des contrats à plusieurs entreprises locales permettant de créer de nombreux emplois saisonniers. Par ailleurs, les activités de la SSRR favorisent la sensibilisation de la population à la conservation du saumon. Au cours de l’année 2015, les travaux effectués en 2014 seront de nouveau réalisés (capture d’adultes reproducteurs et de smolts pour les ensemencements). De plus, afin de centraliser l’incubation de tous les œufs produits par la SSRR à proximité de la rivière Romaine, une installation comprenant des incubateurs à tiroirs sera aménagée à proximité du pont de la 138 enjambant la rivière. Au printemps 2015, un suivi de l’enfouissement des œufs dans les frayères sera effectué en plongée afin de vérifier l’état des dispositifs d’incubation dans le substrat après un hiver passé dans la rivière avec un débit régulé par la centrale Romaine 2. Parallèlement, dès l’émergence des alevins à la pisciculture de Baldwin-Coaticook en Estrie, ils seront transportés à la rivière Romaine où ils seront ensemencés. Par ailleurs, la première fraie provenant des smolts récoltés en 2013 et élevés au LARSA se déroulera à l’automne 2015 et produira une grande quantité d’œufs qui seront transportés et déposés dans les incubateurs aménagés le long de la Romaine. Pour évaluer le succès des ensemencements et comparer l’efficacité des deux types de dispositifs d’incubation enfouis dans les frayères de la rivière Romaine par rapport à l’incubation dans les incubateurs à tiroirs en pisciculture et en bordure de la Romaine, des analyses génétiques permettant d‘identifier la provenance des smolts en dévalaison seront pratiquées sur ces derniers lors des prochaines années.

Références 1

Lévesque F., Bourgeois G., Belzile L., Théberge C. et Boudreault A. (1995) Accroissement de la production salmonicole de la rivière Betsiamites. Rapport d’activités 1994. Rapport du Groupe Environnement Shooner inc. à la Vice-présidence Environnement, Hydro-Québec. 112p. et annexes.

2

Johnson J.H. (2003) Egg-to-Fry Survival of Two Strains of Atlantic Salmon (Salmo salar) in Stream Incubators under Laboratory Conditions. Journal of Freshwater Ecology. 18 : 499-500.

3

The Jordan-Scotty Salmonid Egg Incubator Users Guide. Scott Plastics Ltd. www.scotty.com. 8p.

4,5

Enfouissement des oeufs Photo : Gérald Poirier SAUMON | WWW.FQSA.CA

Turgeon, Yvan. Spécialiste en pisciculture, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Communication personnelle.


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DÉCOUVREZ NOS TERRITOIRES Les nouvelles aventures de la 4e saison sont diffusées au printemps 2015 sur TVA Sports. Visitez notre site Internet lecamp.tv pour visionner l’intégral des émissions. La série télévisée LeCamp en Pourvoirie est présentée par :

B O T T E - PA N TA L O N PAT H F I N D E R WWW. A LLE N CO MPA N Y. N E T A LLE N C O MPA NY

P O CHE TTE DE RA N G E ME N T P R AT I Q U E E T É TA N C H E SAUMON | WWW.FQSA.CA

BRE TE LLE S CO U SSI N É E S ET AÉRÉES POUR UN C O N F O R T U LT I M E

DE P UIS 1970

G E N O U X R ENFORCÉS D’UNE DOUBLE MEMBRANE P O U R U N E R É S I S TA N C E A C C R U E À L’ A B R A S S I O N



NO S RIV IÈRES

LA RIVIÈRE OUELLE 31

UNE DESTINATION À DÉCOUVRIR

LE MAGAZINE SAUMON

Texte et photos

Guy Langlais Secrétaire pour la Société de gestion de la rivière Ouelle (SGRO)

Située à 137 km à l’est de Québec, la rivière Ouelle serpente le plateau et le piémont appalachien sur une longueur de 75 kilomètres. Celle-ci prend sa source dans des lacs tourbeux de la région, ce qui lui donne une couleur sombre et rougeâtre, mais l’eau est d’excellente qualité. Outre le saumon atlantique, on y retrouve l’omble de fontaine indigène ainsi qu’occasionnellement la truite arc-en-ciel anadrome. Dans l’embouchure de la rivière, il est possible d’observer la plus importante frayère à éperlan arc-en-ciel de la rive sud de l’estuaire, et depuis récemment, une frayère à bar rayé. Des gorges étroites, des fosses sombres, des rochers et une vue panoramique s’offrent aux pêcheurs contemplatifs. C’est à sept minutes de chez moi que j’ai pêché mon premier saumon, et à ce moment précis, j’ai été « p   iqué »   par la saumonite aigüe ! Vous savez, cette maladie dont bon nombre de pêcheurs n’arrivent pas à se

Rivière Ouelle

SAUMON | WWW.FQSA.CA

défaire… Pour une troisième année, j’ai joint le conseil d’administration de la Société de gestion de la rivière Ouelle (SGRO), un organisme sans but lucratif dont la mission première est de promouvoir, encourager, favoriser la pratique de la pêche au saumon, l’aménagement et la protection de la ressource et de ses habitats. C’est la SGRO qui délivre les accès de pêche pour une quinzaine de fosses à saumon, dont deux seulement sont contingentées pour un total de huit perches. Comme pour tous les organismes qui gèrent les petites rivières, le financement constitue un défi de taille, voire vertigineux. Il faut penser aux salariés, aux frais administratifs (assurances, logement, télécommunications, etc.), et surtout, s’assurer que les visiteurs ont accès aux secteurs de pêche par des infrastructures sécuritaires. Tout est très lourd pour une petite équipe de bénévoles, surtout lorsque les conditions de pêche sont difficiles comme en 2014. C’est ainsi qu’avec le temps, les escaliers et les trottoirs de bois se sont détériorés au point de devenir dangereux pour les utilisateurs. De plus, il était clair que les pêcheurs locaux, une population vieillissante et décroissante, ne pouvaient à eux seuls soutenir financièrement la remise à neuf de ces installations.


Caisse populaire du Kamouraska, etc.), une collecte de fonds a permis de rénover la presque totalité des infrastructures désuètes. Au total, plus de 46 000 $ ont été investis sur deux ans pour remettre à neuf nos installations, permettant ainsi d’accueillir nos visiteurs de façon sécuritaire et d’assurer la pérennité de la pêche au saumon sur la rivière Ouelle.

Grâce à un partenariat établi avec l’organisme Bassin versant de la Ouelle, les municipalités de SaintPacôme, Rivière-Ouelle et Saint-Gabriel-Lalemant et les organismes de développement économique régional (CRÉ du Bas-Saint-Laurent, MRC, CLD,

Bien sûr, d’autres défis tels qu’assurer la relève demeurent prioritaires. C’est pourquoi plusieurs activités de financement comme le souper-bénéfice et les journées d’initiation à la pêche dédiées aux femmes, aux jeunes et aux gens d’affaires, reviennent chaque année. Cette année, tout particulièrement, grâce

Avant

Après

Avant

Après

32 NUMÉRO 102

Lorsque j’ai appris que les revenus des activités de pêche au saumon étaient estimés entre 100 000 $ et 120 000 $ pour notre région, j’ai compris combien la pêche au saumon était un atout récréotouristique majeur pour notre communauté. J’avais trouvé mon créneau d’action...


NO S RIV IÈRES

33

à un partenariat avec la FQSA et le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, une activité d’élevage d’alevins de Salmo salar avec une classe de deuxième et troisième secondaire nous permettra d’initier un groupe de jeunes à la fabrication de mouches et aux techniques de pêche au saumon.

LE MAGAZINE SAUMON

La rivière Ouelle est une des rares rivières à pouvoir être pêchée en sautant de rocher en rocher en espadrille ! Elle détient plusieurs secrets, dont sa mouche fétiche, la Ouelle. J’y ai vu plusieurs pêcheurs prendre leur tout premier saumon avec celle-ci.

la réalisation d’un plan de conservation du saumon atlantique (en concertation avec le MFFP) et l’accès à de nouveaux secteurs de pêche. La région offre une panoplie d’activités de famille : camping, golf, sortie en kayak sur le fleuve, vélo sur la route verte, baignade, etc. La rivière Ouelle n’est certes pas une « grosse  » rivière à saumon, mais à 70 minutes de route à l’est de Lévis, elle pourrait s’offrir à vous comme une escapade des plus surprenantes ! Pour toutes demandes d’information ou de réservations, vous pouvez nous joindre au 418-856-2509 ou encore visiter notre site Web à l’adresse suivante : www.st-pacome.ca/societe-de-gestion-de-lariviere-ouelle À tous nos membres bénévoles, je dis fièrement un GROS merci !

Pour les membres actifs de la SGRO, il reste encore plusieurs défis à relever, dont la remise en état de la fosse André Pelletier, une fosse à saumon au cœur de la municipalité de Saint-Pacôme (située juste à côté du club de golf), de même que

Note  : La remise à l’eau des grands saumons est maintenant obligatoire sur la rivière Ouelle.

La mouche fétiche de la rivière Ouelle

Par Jacques Pelletier, de Sainte-Anne-de-La-Pocatière, guide de pêche sur la Ouelle et monteur de mouches. La Ouelle est une mouche indispensable sur la rivière. On ne sait pas trop qui en est l’inventeur, mais pour les pêcheurs locaux, elle est « LA » mouche ! Voici son patron (vous pouvez également vous la procurer au poste d’accueil de la rivière Ouelle) :

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Hameçon :

Mustad no 6 ou 8

Queue :

Fibre de hackle orange

Corps :

Chenille lustrée grise

Côtes :

Tinsel oval argent large

Ailes :

Poils de renard argenté

Collerette :

Hackle de selle de poule orange

Fils de montage :

Blanc

Tête :

Noire


Vacances reposantes dans l’isolement et l’intimité d’une station balnéaire. Cuisine aux grands délices avec différentes tables d’hôte quotidiennes. Pêche au bonefish en mode autonome (DIY) à quelques pas seulement de votre balcon.

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www.chezpierrebahamas.com courriel : pierre@chezpierrebahamas.com | tél. : 242 357-1374 Publicité-ChassePeche_FINAL.pdf 1 2015-05-04 12:38


NO S RIV IÈRES

LA GESTION DES ZECS SAUMON 35

QUAND LES REVENUS DÉPENDENT DES MONTAISONS, COMMENT Y ARRIVER ?

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Sébastien Lavoie Biologiste M. Sc, Directeur général, Sogerm

Alexandre Dionne Biologiste B. Sc, Chargé de projet et administrateur, Zec de la rivière Mitis

La majorité des rivières à saumon du Québec possèdent une structure faunique. Les zones d’exploitation contrôlée de pêche au saumon (zecs saumon) font partie de ces différents types de territoires et 21 rivières à saumon au Québec fonctionnent sous ce mode d’opération. Fondées dans les années 80, les zecs avaient pour but de démocratiser les rivières par la participation des usagers et, en grande partie, de remplacer le défunt MLCP dans l’opération des rivières à saumon. Les zecs sont des organismes à but non lucratif (OBNL) qui se sont vus déléguer certains pouvoirs par les ministères de la Faune successifs. La gestion d’une zec est assez complexe. Quatre grands principes chapeautent les mandats dans lesquels les organismes gestionnaires doivent opérer. Les zecs doivent permettre l’accessibilité du territoire aux citoyens, permettre aux membres de participer aux décisions de gestion, conserver la faune et, surtout, s’autofinancer. Afin de baliser les décisions prises, chacune des organisations s’est dotée de règlements généraux lors de sa fondation. Pratiquement chaque modification à ces règlements doit être acceptée par le vote des deux tiers des membres présents lors d’assemblées générales. De plus, chacun des règlements des zecs doit se conformer à la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (LCMVF) ainsi qu’au Règlement provincial sur les zones d’exploitation contrôlée de pêche au saumon. En dernier lieu, les zecs doivent également respecter le protocole d’entente entre les zecs et le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP). Tout ce cadre règlementaire rigide cause souvent des maux de tête aux gestionnaires et administrateurs des zecs qui tentent par tous les moyens de rentabiliser leur organisation tout en respectant leur obligation d’autofinancement. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Coffre à outils des gestionnaires de zecs Les gestionnaires ont tout de même quelques cartes dans leur jeu pour tenter de rentabiliser leur territoire. Tout d’abord, ils peuvent s’attaquer aux dépenses, malgré qu’en tant qu’OBNL, les dépenses superflues sont souvent rares et peu de zecs peuvent se targuer de s’accorder du luxe dans leur organisation. D’une part, les zecs doivent assumer des dépenses fixes de frais d’exploitation et d’administration et, d’autre part, s’acquitter de certaines obligations comme celle d’effectuer de la protection faunique sur leur territoire, ce qui mobilise une grande partie des frais d’exploitation sans rapporter aucun revenu. La majeure partie des recettes des zecs provient des droits d’accès pour la pêche. Toutefois, la tarification est régie par le Règlement provincial des zecs saumon. Ceci fait en sorte que les zecs ne peuvent pas tarifer, pour 2015, un droit d’accès journalier à un résident d’un montant supérieur à 44,33 $ pour les secteurs non contingentés et de 95,21 $ dans les secteurs contingentés. La tarification pour devenir membre d’une zec est elle aussi plafonnée au montant de 30,00 $. Photo : Sogerm

Rivière Matane


La dernière option pour les zecs est l’utilisation des possibilités qu’offre l’autorisation de commerce que confère le protocole d’entente avec le MFFP. Parmi les commerces autorisés, notons la gestion de terrains de camping ou d’autres types d’hébergement, la réalisation de contrats professionnels ou de sous-traitance, la vente d’articles promotionnels, la location d’équipement ou encore les services de guidage. Les zecs peuvent aussi réaliser un plan de développement d’activités récréatives (PDAR) qui permettrait de tarifer et d’encadrer la pratique d’activités complémentaires à la pratique de pêche sportive. Toutefois, le développement de ces types de commerce demande des ressources matérielles, humaines et monétaires en plus de nécessiter d’importants investissements.

La zec de la rivière Matane : un changement historique pour la survie de l’organisation La zec de la rivière Matane a été fondée en 1990 par la Société de gestion de la rivière Matane (Sogerm). La Matane doit sa renommée au fait qu’elle est une rivière non contingentée, très facile

d’accès, qu’elle offre un rapport qualité-prix intéressant, sans oublier que la capture des grands saumons en début de saison a toujours été autorisée. Ces avantages, qui ont fait la réputation de la rivière Matane, sont ceux-là mêmes qui peuvent maintenant mener à la perte de la Sogerm. En effet, le nombre de pêcheurs fréquentant la rivière est directement proportionnel aux montaisons de saumons (figure a). Ainsi, lorsqu’une mauvaise saison en termes de conditions de pêche survient et que la remise à l’eau des grands saumons est imposée par le MFFP, les pêcheurs désertent la rivière et la Sogerm se retrouve avec un important manque à gagner. Comme pour la majorité des autres rivières, les montaisons de 2014 sur la Matane ont chuté drastiquement. La fréquentation sur la Matane a diminué de 43 %, alors qu’en moyenne, la baisse a été de 7 % pour le reste du Québec. Puisque les sources de revenus de l’organisation sont peu diversifiées et que le plan d’affaires est totalement dépendant du nombre de saumons dans la rivière, la Sogerm a réalisé la pire perte financière de son histoire. En une seule mauvaise saison, la 3e rivière à saumon la plus achalandée au Québec se retrouve acculée au pied du mur et sa survie est clairement menacée. Les administrateurs n’ont pas eu d’autre choix que de revoir leur mode de fonctionnement. Le conseil exécutif de la Sogerm a analysé toutes les solutions possibles et en est arrivé à la conclusion que la seule façon d’éviter le pire était de contingenter 25 % de la rivière pour stabiliser les revenus et diminuer la dépendance aux montaisons de saumons, qui, rappelons-le, seront plus qu’incertaines dans les années à venir. Les membres de la Sogerm ont compris l’urgence de la situation et ont largement accepté, lors d’une assemblée générale spéciale à la fin février, ce changement historique afin de protéger l’organisation. Les nouvelles modalités de pêche entreront en vigueur à la saison 2015. L’avenir de la Sogerm sera encore difficile pour quelques années. Les séquelles de la saison 2014 laisseront des cicatrices pour quelque temps. Par contre, les administrateurs ont désormais en main des outils pour travailler au développement de la rivière et espérer des jours meilleurs. Photo : ZEC de la rivière Mitis

Rivière Mitis

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Le contingentement de secteurs de rivière est la solution la plus utilisée pour rentabiliser les organisations et, du même coup, assurer une meilleure expérience de pêche à leurs clients. Il permet de stabiliser des revenus par la non-dépendance aux conditions de pêche, de pouvoir tarifer un montant supérieur au tarif maximal imposé pour les droits d’accès journaliers en secteur non contingenté et, finalement, d’aller chercher un revenu supplémentaire par les tirages au sort. Le contingentement procure également un contrôle sur la fréquentation d’un secteur donné, ce qui permet de mieux encadrer l’effort de pêche.


NO S RIV IÈRES

La zec Rivière Mitis : Rivière Mitis… et pourquoi pas la rivière Mistigougèche ?

Le faible bilan de la montaison du saumon a aussi touché la CGPSRM. En effet, 50% moins de grands saumons se sont présentés à la cage de capture comparativement à la moyenne des dernières années. Cette situation très préoccupante a affecté les revenus de la CGPSRM par la diminution de 42% de la fréquentation de la rivière (figure b). La vente des droits d’accès représente plus de la moi-

Le conseil d’administration a examiné la situation de plus près et a cherché des solutions à court et à moyen terme. Les principaux objectifs étaient de pallier la perte des revenus associée au non-renouvèlement du contrat et de maintenir une certaine stabilité des revenus futurs face aux changements imprévisibles des montaisons. Suite à des discussions, le contingentement d’un secteur sur la rivière Mitis s’est avéré un choix logique à court terme et l’idée a été proposée aux membres de la zec au début d’avril dernier. Le secteur ciblé se situe entre la partie en aval de la fosse Peuplier et la zone de pêche interdite de la confluence des rivières Mitis et Mistigougèche. Il est à noter qu’au moment d’écrire ces lignes, la décision des membres n’était toujours pas connue. Derrière ce projet, il y a une volonté de la part des administrateurs d’assurer la continuité des activités de conservation et de mise en valeur du territoire. Les administrateurs souhaitent donc à moyen terme accroitre l’indépendance des revenus de la zec aux conditions de pêche. Un second projet de contingentement de plus grande envergure sur la rivière Mistigougèche est en cours de préparation et sera éventuellement proposé aux membres. Les administrateurs sont conscients des impacts positifs que pourrait avoir ce projet sur les revenus et espèrent que celui-ci pourra prochainement devenir réalité et ainsi accueillir bon nombre de pêcheurs à cet endroit très peu exploré pour l’instant... Question de survie pour les zecs, qualité de pêche pour les usagers et conservation du saumon sont autant d’enjeux au cœur de ces changements !

Figure a

Figure b 1500

3300

7000

1300

2800

6000

2300

5000

1800

4000

3000

1300 2002

2004

2006

Montaisons Matane

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2008

2010

2012

2014

Jours-pêche Matane

2500

2000

1100 1500 900 1000 700

500

500 2002

2004

2006

Montaisons Mitis

2008

2010

2012

2014

Jours-pêche Mitis

Nombre de jours-pêches

8000

Nombre de saumons en montaison

3800

Nombre de jours-pêches

LE MAGAZINE SAUMON

L’année 2014 a été catastrophique pour les administrateurs de la CGPSRM. Il y a d’abord eu l’annonce du MFFP concernant l’abolition du contrat pour la montaison du saumon octroyé à la zec Rivière Mitis. Cette annonce implique que dès l’année 2016, la zec devra assumer un manque à gagner totalisant près de 15% de ses revenus annuels, un dur coup pour l’administration de la corporation.

Nombre de saumons en montaison

37

Depuis 1993, la Corporation de Gestion de la Pêche sportive de la Rivière Mitis (CGPSRM) assure la gestion et la conservation du saumon sur le territoire de la zec Rivière Mitis. Au fil des ans, le développement de cette rivière s’est grandement amélioré grâce à la contribution de partenaires financiers majeurs, mais aussi par l’accessibilité de la rivière Mitis et la qualité de pêche qu’elle offre aux saumoniers. Chaque année, plusieurs centaines de saumons se présentent à la cage de capture pour être transportés par camion en amont des deux barrages Mitis 1 et Mitis 2.

tié de l’apport financier total de l’organisation. Comme à la Sogerm, la dépendance aux montaisons fait en sorte que lorsqu’il y a peu de saumons, il y a peu de pêcheurs!


« Plus qu’une simple aventure de pêche ! »


À gagner

GALERIE DES MEMBRES Envoyez-nous une photo de votre dernière aventure en identifiant : ● le pêcheur ● la rivière ● le photographe Vous pourriez paraître dans le prochain numéro du Magazine Saumon !

Carte de membre de la FQSA

Boite de mouches à saumon

IMPORTANT 1

Envoyez-nous votre photo par courriel à communication@fqsa.ca

2

Envoyez la photo en format JPEG avec la plus grande résolution possible.

3

Le participant permet à la FQSA d’exploiter et d’utiliser à toutes fins chacune des photographies soumises.

Pêcheur : Christian Kirouac

Valeur de 100$

À la suite de la parution du dernier numéro de décembre, le gagnant est M. Alain Paré. Félicitations   !

Rivière : Petite-Cascapédia, Fosse Ruisseau du moulin (Mill Brook)

Photo : Léon Jackson


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Pêcheur : Charles Proulx

Rivière : Patapédia

Pêcheur : Denis Desrosiers

Rivière : Mitis

Photo : Alexis Pageau

Photo : Louis Lessard

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HOMMAGE À NOS SAUMONIERS

HOMMAGE À YVES VINCENT 41 LE MAGAZINE SAUMON

Le 17 avril dernier, j’ai perdu un être cher, un confident, un compagnon passionné lui aussi de la pêche au saumon : Yves Vincent. Certains d’entre vous le reconnaissent pour sa jovialité, son grand sens de l’humour ou encore pour sa grande joie de vivre. Il était le père de Jessica et de David à qui il aura transmis sa passion pour la pêche. Je ne sais pas par où commencer. Par la fin ou le début? Les bons souvenirs se bousculent dans ma tête tellement il y en a. Ton initiation à la pêche du Roi aura commencé avec le clan St-Laurent dans les années 80. Tu auras été un bon élève de la famille, même s’il t’aura fallu 35 jours de pêche et près de cinq ans pour capturer ta première flèche d’argent. Et quelle prise! Après trois heures et demie de combat, c’est un beau saumon de 41 livres de la Matapédia qui t’a fait cet honneur. Il sera ton premier, mais aussi ton plus gros en carrière. Nous partageons à ce jour la similitude d’avoir capturé notre plus gros saumon comme première prise. Pour ma part, il pesait 24 livres, mais c’est sur la même rivière et dans le même secteur paradisiaque de Glenn Emma. Par la suite, beaucoup d’évènements et de ressemblances ont fait grandir notre amitié. La restauration, le travail, nos cabanes à sucre respectives, l’amour de la nature et bien sûr la pêche au saumon.

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Depuis neuf ans nous organisions avec mon cousin Étienne nos traditionnels soupers au St-Hubert à Thetford pour y présenter nos vidéos amateurs de pêche, permettant ainsi d’y réunir une belle gang de passionnés en vue de se crinquer pour la nouvelle saison. Ces vidéos t’ont souvent mis en vedette. Et quel acteur tu étais! Nous avons souvent ri à tes dépens! Je nous voyais fêter ensemble nos dix ans de tradition. Tu y seras, je n’en ai aucun doute. Je ferai comme pour Jean Béliveau : je garderai ton siège vide et serai près de toi, mon ami, dans ton Centre Bell. Annie et moi voulons te remercier pour ces belles années et ces agréables journées passées en ta compagnie en tant qu’ami, mais aussi comme notre «  guide officiel ayant un canot  » pour la descente de la Causapscal. Plus rien ne sera pareil, même si une certaine fin est arrivée. Je garderai en moi ces moments privilégiés. Le premier saumon capturé cette année reprendra le chemin de la rivière à ta mémoire, espérant ainsi me convaincre que la vie domine la mort. En attente d’aller te rejoindre un jour, fais-moi une place près de toi dans ton canot. Tu me manqueras. Ton ami David St-Laurent


MÉMORANDUM

BELLA BOYER (BÉRARD) (1931-2015)

NUMÉRO 102

À tous les amis de Bella Boyer (Bérard), pêcheurs de saumon, à tous ceux qui l’ont véritablement accompagnée, aidée, conseillée et aimée lors de ses voyages de pêche dans les différentes régions du Québec, nous voulons vous transmettre nos remerciements. Elle avait un profond respect du saumon qu’elle ferrait au bout de sa ligne. Elle était en communion avec le milieu forestier qu’elle habitait jusqu’à tout récemment. Le film Bella, moucheuse de nature produit par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP-1987), celui de la soirée O’Keefe de 1988 et des articles rendant hommage à Bella, notamment dans la revue Saumons Illimités (volume 33, numéro 3, automne 2010, pages 42-43) illustrent bien cette grande dame passionnée de la nature et de la pêche, particulièrement du saumon atlantique dans nos belles rivières à protéger.

la pêche au saumon. Nous, ses enfants, sommes tout aussi attachés au milieu forestier. C’est d’ailleurs un de ses héritages et le milieu forestier demeure notre terrain de jeu et de recueillement. Cette femme passionnée et discrète vous salue toutes et tous et souhaite longue vie à la FQSA. «  Eau» plaisir de se croiser sur une rivière.

Nous sommes également fiers de voir que notre mère, récipiendaire d’un Salmo Salar en 1988, à titre de pêcheur sportif de saumon de l’année, a pu amener davantage de femmes déterminées à pratiquer

42

Texte de Luc Bérard (581-983-7205), Francine Bérard et Johanne Bérard

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RE NCONT RE AVEC DES ARTIS TES D’ICI

RAYNALD LECLERC 43

PÊCHEUR PASSIONNÉ, CHASSEUR EXPÉRIMENTÉ ET ARTISTE AUX COULEURS ÉPOUSTOUFLANTES !

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Josée Arsenault Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA

Empreint d’une grande authenticité et d’une joie de vivre inspirante, Raynald nous transmet sa passion pour la nature à travers son art depuis plus de 31 ans. Issu du domaine de l’architecture, ce peintre autodidacte a vite fait de choisir la spatule comme outil de travail, qu’il utilise avec une délicatesse remarquable. Il a d’ailleurs conservé la même depuis ses tout débuts et l’a solidifiée pour s’assurer qu’il l’utilisera encore plusieurs années. Natif de St-Michel-de-Bellechasse, Raynald représente bien les merveilles des paysages québécois et les richesses architecturales du Vieux-Québec par ses œuvres. Son gout pour l’aventure l’a amené à explorer différents sujets au cours des dernières années.

La Provence, délicieuse et fascinante Il y a deux ans, Raynald a été approché par M. Roger Jaar, propriétaire d’un prestigieux vignoble situé en Provence, afin de peindre en s’inspirant des

paysages fabuleux qui s’y trouvent. De sa visite au Domaine Souviou ont résulté de superbes tableaux, dont une création que l’on retrouve sur l’étiquette habillant la bouteille du Domaine Souviou, cuvée spéciale Bandol rouge 2010. Un vin exquis! Les oliviers, les vignes et les voiliers amarrés le long de la côte de Provence lui ont permis de créer des œuvres tout à fait enivrantes. Il transpose à merveille l’émotion et les éclats lumineux éblouissants qu’il a contemplés lors de sa visite en France. Plusieurs de ses tableaux sont d’ailleurs exposés au musée Marcel Pagnol. Présentées par des galeries d’art de grande réputation situées entre autres à Edmonton, Nice, Toronto, Québec et Vancouver, ses œuvres sont convoitées par plusieurs collectionneurs.

La fameuse « Raynaldo » Quiconque ayant déjà contemplé une rivière à la lueur de l’aurore, tout en s’apprêtant à lancer sa première mouche à l’eau, comprendra cet artiste de trouver une source d’inspiration inépuisable en cette paix d’esprit propre à la pêche. Il partage donc avec nous sa passion pour la nature tant par ses créations aux lumières insaisissables qu’à travers ses anecdotes de pêche et de chasse. D’ailleurs, certains saumoniers comprendront cette charmante habitude qu’il a de conserver soigneusement les mouches lui ayant permis de vivre l’émotion incomparable que procure un saumon au bout de sa ligne, et ce depuis ses premières expériences de pêche! À ses dires, s’il y a un poisson-preneur, il viendra chercher sa fameuse mouche « Raynaldo » qu’il aura confectionnée l’hiver. Puisqu’il est déjà conquis par bon nombre de rivières au Saguenay, en Gaspésie et au Bas-St-Laurent, vous aurez sans doute l’occasion de le croiser cet été en quête d’un salmo salar  ! Raynald Leclerc. Un homme qui a su m’inspirer dès mon plus jeune âge. Une personne d’un cœur tendre, toujours prêt à écouter et à conseiller sagement. Quelqu’un de passionné dans tout ce qu’il entreprend, mais surtout, celui qui a toujours persévéré pour pouvoir vivre de son talent et de sa passion, la peinture. Mon père, mon modèle. –Marie-Pier Leclerc

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44 NUMÉRO 102

Terre de Légende. Raynald Leclerc

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É T U DE

QU’EST-CE QUE ÇA MANGE «EN ÉTÉ», UN BAR RAYÉ AU SUD DE LA GASPÉSIE ?

45

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de

Valérie Bujold1 Michel Legault2 Photo de

Michel Legault

Comme plusieurs d’entre vous le savent déjà, une présence importante de bar rayé a été constatée au cours des dernières années au sud de la péninsule gaspésienne entre juin et septembre. Le principal objectif des bars rayés en visite en Gaspésie étant de s’y alimenter, leur présence suscite beaucoup de questions, particulièrement en ce qui concerne la composition de leur diète alimentaire. Afin de documenter l’impact potentiel de la présence du bar rayé au sud de la Gaspésie, notamment sur le saumon atlantique (Salmo salar), deux importantes études ont été amorcées conjointement par les biologistes et techniciens de la faune du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), du ministère des Pêches et des Océans Canada, région du Golfe (MPO-Golfe) et de la Fédération du saumon atlantique (FSA). La première étude porte sur les déplacements des bars rayés et des saumons juvéniles (smolts) dans les estuaires de rivières et en zone côtière de la Gaspésie et des provinces maritimes. La deuxième étude s’attarde au régime alimentaire des bars rayés lors de leur présence en Gaspésie ainsi que dans la rivière Miramichi lors de la fraie printanière. L’objet de cet article est de faire connaître les résultats préliminaires de ces études qui devraient se poursuivre à l’été 2015.

Qui sont ces bars rayés ? Tout d’abord, la répartition géographique du bar rayé (Morone saxatilis) s’étend du fleuve SaintLaurent à la Floride. Il s’agit d’une espèce anadrome, c’est-à-dire que sa reproduction s’effectue en eau douce. Au Canada, il existe présentement trois populations indigènes de bar rayé dans trois secteurs distincts, soit la population de la baie de Fundy, la population récemment réintroduite de l’estuaire du Saint-Laurent et la population du sud du golfe du Saint-Laurent. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Des travaux récents menés par le MFFP ont permis de déterminer que les bars rayés qui fréquentent le sud de la Gaspésie appartiennent à la population du sud du golfe du Saint-Laurent. L’aire de distribution de cette population s’étend de la pointe est de la péninsule gaspésienne jusqu’en Nouvelle-Écosse, incluant les provinces du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard. Un seul site de reproduction est confirmé pour cette population et il se situe dans la rivière Miramichi.

Présence des bars rayés au sud de la Gaspésie et dévalaison des smolts En ce qui concerne l’impact potentiel de la prédation des bars rayés sur les saumons juvéniles en migration, la première question à laquelle nous avions à répondre est : les bars rayés sont-ils présents au sud de la Gaspésie durant la dévalaison des saumoneaux dans les rivières de ce secteur ? Pour répondre à cette question, trois sources de données indépendantes ont été utilisées par le MFFP, soit la télémétrie, des campagnes de patrouille visuelle et de pêche aux filets maillants et un réseau de pêcheurs bénévoles. Tout d’abord, le retour des bars rayés munis d’émetteurs en 2013 était très attendu. Le déploiement des récepteurs le long des côtes a été effectué tôt en mai de façon à bien couvrir la période de migration des bars rayés et leur répartition a été planifiée afin de suivre leurs déplacements sur l’ensemble de l’aire de répartition de la population du sud du golfe Saint-Laurent (figure 1). Nous savions déjà que 38 des 40 bars rayés marqués en Gaspésie à l’été 2013 par le MFFP avaient été détectés en octobre dans l’estuaire de la rivière Miramichi. À ceux-ci s’ajoutaient 40 autres individus capturés dans la rivière Miramichi, qui avaient été munis d’un émetteur par le MPOGolfe à l’automne 2013. Après la fraie, c’est finalement 71 bars rayés marqués qui ont entrepris une migration vers le nord, le long de la côte du Nouveau-Brunswick, dont 59 se sont rendus jusqu’en

1 Biologiste, Direction de la gestion de la faune de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. 2 Biologiste, Direction de la faune aquatique, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.


À l’été 2014, plus de 300 contenus stomacaux ont été prélevés, à deux périodes différentes, dans cinq sites distribués au sud de la Gaspésie. Au printemps, l’échantillonnage a été effectué entre le 9 juin et le 2 juillet à proximité et dans les estuaires des rivières Cascapédia, Saint-Jean et Malbaie. La deuxième période d’échantillonnage s’est déroulée du 23 juillet au 11 septembre à proximité des estuaires des rivières Cascapédia, Malbaie et Bonaventure ainsi que dans le secteur de Carleton. Cette deuxième période a été rendue possible grâce à la collaboration de pêcheurs bénévoles qui ont préservé le contenu stomacal de leurs prises conservées légalement entre le 26 juillet et le 24 août, venant ainsi ajouter des informations supplémentaires à celles recueillies par le personnel du MFFP. Notre première constatation a été à l’effet que la proportion d’estomacs vides passe de 2 % au printemps à 34 % à la fin de l’été. De plus, le volume moyen du contenu stomacal à la fin de l’été représente seulement 16% du volume moyen observé au printemps, ce qui semble dire que les bars s’alimenteraient de façon plus active au printemps qu’à la fin de l’été.

Pendant ce temps, qu’advient-il de la dévalaison des saumoneaux dans les rivières du sud de la Gaspésie? Pour le savoir, les données de suivi de la dévalaison effectué dans la rivière Cascapédia, par la Société Cascapédia, et dans la rivière Saint-Jean, par le MFFP, ont été utilisées. Lorsqu’on associe le moment d’arrivée des bars rayés à la période de dévalaison des saumoneaux dans la rivière Cascapédia, l’on constate qu’à l’arrivée des bars rayés, soit au début du mois de juin, la majeure partie de la dévalaison est terminée. Même chose pour la rivière Saint-Jean, alors que le pic de la dévalaison est survenu au début juin comparativement à l’arrivée des premiers bars dans ce secteur qui a eu lieu autour du 20 juin. La poursuite du projet en 2015 nous permettra d’avoir une deuxième série de données et de valider ces informations. Comme le MFFP a marqué 60 bars rayés de plus à l’été 2014 en Gaspésie, c’est donc plusieurs poissons marqués qui pourraient revenir nous visiter en 2015.

Composition de la diète alimentaire En complémentarité du suivi télémétrique, le MFFP ainsi que le MPO-Golfe mènent une étude pour connaître l’alimentation des bars rayés, et notamment la prédation potentiellement exercée par le bar rayé sur les saumoneaux et sur les autres espèces présentes. Il est connu qu’au cours de leur première année de vie, les bars rayés s’alimentent principalement d’invertébrés, puis de poissons à mesure qu’ils gagnent en taille. Les espèces qu’on trouve dans les contenus stomacaux varient selon les endroits et les saisons. WWW.FQSA.CA | SAUMON

46 NUMÉRO 102

Gaspésie. Le premier bar rayé a été détecté le 7 juin dans le secteur de Carleton, soit seulement quelques jours après le début de la fraie dans la rivière Miramichi. Exactement au même moment, des pêcheurs bénévoles de notre réseau d’observation nous faisaient part de la première observation de bar rayé à Carleton. Deux jours plus tard, soit le 9 juin, un premier bar rayé était capturé dans les filets du MFFP dans le secteur de l’estuaire de la rivière Cascapédia. Ensuite, la succession des détections des bars rayés, par les récepteurs, nous a permis de constater que les bars rayés sont arrivés sur la côte gaspésienne à l’ouest de la Baie des chaleurs pour se déplacer par la suite vers la pointe est de la péninsule. La première détection d’un bar marqué dans le secteur de Gaspé a été faite le 20 juin, à proximité de l’estuaire de la rivière Saint-Jean.


É T U DE

47 LE MAGAZINE SAUMON

En ce qui concerne les espèces de proies les plus fréquemment observées dans les estomacs, il s’agit des épinoches (un petit poisson de quelques centimètres possédant des épines bien développées sur le dos et très commun dans les zones littorales), des gammares et des petites crevettes de sable, des lançons et des capelans. Ils sont respectivement présents dans 67 %, 59 %, 42 % et 29 % des estomacs pleins (tableau 1). D’autres espèces se trouvaient également dans les estomacs, mais de façon plus rare, voire exceptionnelle, comme le maquereau ou le poulamon dont un seul individu était contenu dans un estomac. Aucun saumoneau ou autre salmonidé n’a été retrouvé dans les contenus stomacaux analysés de même qu’aucun homard ou crabe.

individus de la population du sud du Golfe et cette rivière abrite également une population de saumon atlantique. Les résultats préliminaires de la campagne d’échantillonnage de 2013 sont maintenant disponibles (voir MPO. 2015. Prises de la pêche récréative, abondance de reproducteurs et caractéristiques biologiques du bar rayé (Morone saxatilis) du sud du golfe du Saint-Laurent en 2014. Secr. can. de consult. sci. du MPO, Rép. des Sci. 2015/011.). Les estomacs ont été prélevés entre le 1er mai et le 26 juin, soit durant la période de fraie des bars rayés et de la dévalaison des saumoneaux dans la rivière Miramichi. Tout d’abord, il a été constaté que 66 % des estomacs prélevés étaient vides. Dans les estomacs ayant un contenu, les espèces de proies les plus fréquemment observées étaient,

Au-delà de la présence des différentes espèces de proies dans les contenus stomacaux, l’on doit analyser leur importance respective dans la diète. Dans ce cas-ci, les poissons composent 94% du volume des contenus stomacaux. Toutefois, l’importance des différentes espèces de poissons varie d’une période d’échantillonnage à l’autre, et même d’un lieu d’échantillonnage à un autre. Au printemps, le capelan occupe 57 % du volume des contenus stomacaux, les épinoches 20 % et le lançon 5 % alors que les crustacés occupent seulement 3 %. Le capelan se retrouvait de façon plus importante dans l’estomac des bars capturés dans les estuaires des rivières Saint-Jean et Malbaie alors que l’épinoche était l’espèce la plus importante pour les bars prélevés dans le secteur de la rivière Cascapédia (tableau 1). Le portrait est différent à la fin de l’été alors que les lançons dominent avec 27 % du volume des contenus stomacaux, suivi de la sigouine de roche (16 %) et du capelan (11 %). Les gammares et les petites crevettes en occupent quant à eux 17 % (tableau 1). Plus spécifiquement, on observe que le lançon se retrouve de façon importante dans tous les estomacs des bars, peu importe le site d’échantillonnage. Cependant, les gammares et les petites crevettes dominent le bol alimentaire des bars prélevés à proximité de l’estuaire de la Cascapédia et la sigouine est principalement retrouvée dans les bars du secteur de la rivière Malbaie, alors que le capelan se retrouve principalement dans ceux prélevés à Carleton. Du côté de la rivière Miramichi, MPO-Golfe a documenté l’alimentation des bars rayés dans l’estuaire de la rivière au printemps. La rivière Miramichi est le seul lieu connu de reproduction des SAUMON | WWW.FQSA.CA

Figure 1. Localisation des récepteurs (VR2W) utilisés dans le cadre de l’étude sur les déplacements des bars rayés de la population du sud du golfe Saint-Laurent en 2014. Les points verts représentent les récepteurs appartenant au MPO, les points rouges sont ceux du MFFP et les points jaunes ceux de la FSA

dans l’ordre, l’éperlan (21 %) et le gaspareau (6 %). Au total, 20 saumoneaux et un tacon ont été identifiés dans les estomacs de 10 bars rayés échantillonnés entre le 10 mai et le 29 mai 2013. Parmi les 20 saumoneaux identifiés, 13 (65 %) provenaient de quatre bars rayés lors d’un seul événement de pêche à la ligne le 28 mai.

Conclusion En conclusion, les projets en cours nous ont permis de confirmer que les bars rayés qui fréquentent le sud de la Gaspésie proviennent de la rivière Miramichi. Un certain nombre de ces bars rayés quittent au printemps la rivière Miramichi, peu de temps après la reproduction, pour se diriger vers la côte sud de la Gaspésie afin de s’y alimenter. À l’automne, ils retournent au Nouveau-Brunswick pour hiverner dans la rivière Miramichi. Il est donc permis de croire que l’abondance des bars rayés au sud de la Gaspésie est directement reliée à l’augmentation de la population du sud du golfe du Saint-Laurent au cours des dernières années


et que les individus de cette population sont à la recherche de nourriture.

La poursuite des études nous permettra de valider les informations recueillies jusqu’à maintenant et de les compléter. Éventuellement, l’ensemble des

Le MFFP tient à souligner l’apport important des pêcheurs sportifs qui ont participé bénévolement à ces études. Leur collaboration a permis de bonifier les connaissances qui ont été acquises pour comprendre les déplacements des bars rayés au sud de la Gaspésie et connaître les espèces qui composent leur alimentation. À tous et à toutes, merci de votre collaboration et bonne saison de pêche 2015 !

Proportion du volume de la diète (%)

Type de proie/contenu

Occurrence (%) Printemps

Fin été

Epinoche sp.

67%

20%

3%

Crevettes sp.

59%

3%

17%

Lançon

42%

5%

27%

Capelan

29%

57%

11%

Insectes et vers

14%

0%

3%

Autres espèces de poissons (maquereau, poulamon, poissons plats, etc.)

12%

4%

5%

Morue de roche

9%

3%

3%

Sigouine de roche

4%

0%

16%

Gastéropode et bivalve

3%

0%

0%

Parties de poisson non-identifiables

60%

6%

13%

Autres (matière végétale, roche)

29%

1%

1%

100%

100%

Total

Tableau 1. Résumé des résultats préliminaires de l’étude sur la diète des bars rayés au sud de la Gaspésie en 2014. L’occurrence représente le nombre d’estomacs de bars rayés contenant la proie (ou type de contenu) par rapport au nombre total d’estomacs avec un contenu. Les résultats de la proportion du volume de la diète occupé par les différentes proies (ou type de contenu) dans les estomacs des bars rayés sont présentés en fonction de la période d’échantillonnage, soit le printemps (9 juin et le 2 juillet) et la fin de l’été (23 juillet au 11 septembre). Le terme Épinoche sp. regroupe toutes les espèces d’épinoches. Crevette sp regroupe les crevettes de sable, les gammares et les isopodes. Les résultats ont été arrondis au pourcentage près. WWW.FQSA.CA | SAUMON

48 NUMÉRO 102

Toutefois, selon les données disponibles actuellement, lorsque les bars rayés arrivent sur les côtes du sud de la Gaspésie au printemps, la grande majorité des saumoneaux ont déjà quitté les rivières pour leur migration en mer. Pour l’instant, aucun saumon, homard ou crabe n’a été retrouvé dans les contenus stomacaux de plus de 300 bars rayés échantillonnés entre juin et septembre, à différents endroits au sud de la Gaspésie.

connaissances sur les patrons de déplacements des bars rayés et des saumoneaux permettra de mieux connaître s’il existe des moments et des lieux où les deux espèces se côtoient. En jumelant ces connaissances aux études sur la composition de la diète alimentaire, nous devrions être en mesure de répondre aux interrogations quant à l’importance de la prédation potentielle exercée par le bar rayé sur les saumoneaux et sur les autres espèces.


49 LE MAGAZINE SAUMON

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T E C HNIQU E DE P Ê CH E

LA PÊCHE À LA NYMPHE 50 NUMÉRO 102

Texte et photo de

François Nadeau

Plusieurs saumoniers profitent, en complément de la pêche au saumon, du fait qu’il y a de la truite de mer ou arc-en-ciel dans leur rivière préférée pour les taquiner ou s’en régaler. François Nadeau est un guide réputé et fin connaisseur sur tout ce qui touche la pêche à la truite. Il nous livre ses connaissances sur une technique pour augmenter notre taux de succès. - La rédaction

En 1999, je débarquais à Québec en provenance d’Ucluelet (Colombie-Britannique), un village de pêcheurs de la côte ouest de l’ile de Vancouver, pour étudier la cartographie. Quelques lunes sont passées avant que je réussisse à oublier ces rivières que j’aimais tant. Pourtant, je ne m’étais jamais douté que j’allais retrouver cet amour grâce aux rivières d’ici. Mon premier coup de foudre a été pour la rivière Malbaie, à Clermont. Tout me plaisait d’elle, c’est-à-dire son profil large avec une pente faible, son eau qui arrive des montagnes, ses beaux saumons, ses truites arc-en-ciel énormes et ses ombles de fontaine anadromes. La pêche à la nymphe est mon arme de choix pour affronter les truites et les ombles. Il est possible de pêcher la truite à la nymphe dans les rivières à saumon du Québec en s’adaptant un peu, soit pour se faire un « shore lunch » soit pour passer le temps en milieu de journée ou bien donner une pause à nos bras en réduisant le format de notre canne à pêche! La pêche à la nymphe, bien que de plus en plus populaire, reste la grande méconnue parmi toutes les méthodes de pêche à la mouche pratiquées au Québec. Qui ne rêve pas de voir une truite venir chercher une mouche à la surface ou faire une attaque fulgurante sur un streamer? La pêche à la nymphe n’a rien de spectaculaire et, pourtant, elle est souvent la méthode la plus efficace, basée sur le principe que les truites se nourrissent 80 % du temps sous la surface de l’eau. Il est grand temps de démystifier cette approche technique et de présenter les différentes méthodes qui s’offrent à nous. Je vais m’attarder davantage sur les techniques en rivière, car c’est ce qui nous intéresse ici.

L’équipement du pêcheur à la nymphe À la nymphe, c’est la technique qui compte le plus. L’équipement joue un rôle de second plan. Il faut savoir qu’acheter le meilleur équipement nous facilitera la tâche, mais ne fera pas de nous des champions. Pour la pêche en nymphe rapprochée, peu importe la méthode, la soie est souvent accessoire et sert peu ou pas. On utilise la canne pour balancer les mouches en amont. Dans cette situation, une canne de 10 ou 11 pieds pour une soie 2 à 5 devient un outil incontournable. Une canne à la base rigide avec un bout d’action moyenne est souhaitable afin d’éviter de briser les bas de ligne et avançons fins lors du ferrage, du combat ou d’un accrochage. Les différentes compagnies nous offrent maintenant des soies spécifiquement conçues pour la pêche à la nymphe avec le bout d’une couleur voyante servant d’indicateur de touche. Celles qui sont plus lourdes, comme la Grand de Rio ou la GPX de Scientific Angler, permettent de lancer un ensemble de mouches et un flotteur convenablement alors que d’autres, plus fines, sont plutôt destinées aux méthodes dites européennes. Si vous préférez conserver le même ensemble sans rien changer, les bouts calants sont une excellente option. Ils se placent en un rien de temps au bout d’une soie flottante, en les joignant de boucle à boucle, et vous permettent de faire descendre une nymphe plus rapidement dans la colonne d’eau. Ils sont offerts en plusieurs densités. Plusieurs pêcheurs de saumon ont déjà ces bouts calants dans leur attirail et les utilisent surtout lorsque l’eau est haute en début de saison. Des bas de ligne fabriqués sur mesure vous donnent le plus d’options. Un bas de ligne typique pour la pêche à la nymphe est en fuseau et comprend une partie plus grosse reliée à la soie, une partie avec un fil indicateur (fluorescent ou haute visibilité) et un anneau de quelques millimètres. À partir de cet anneau, on fait varier la longueur de l’avançon (tippet) jusqu’aux mouches selon la profondeur de l’eau. Le fluorocarbone, qui est invisible dans l’eau, et le nylon sont les deux matériaux les plus utilisés.

Les trois techniques populaires En ce qui concerne les différentes méthodes de pêche, je vais vous expliquer les plus connues. Pour débuter, la méthode que je considère la plus facile à maitriser est celle du plomb fendu et du flotteur (indicateur de touche). On monte un ensemble avec un flotteur, un plomb, et une à trois mouches. On lance en amont, puis on laisse l’ensemble effectuer une dérive naturelle vers l’aval tout en surveillant l’indicateur au cas où nous aurions une touche. On peut installer un indicateur sur n’importe quel bas de ligne. Ensuite, il faut ajuster la WWW.FQSA.CA | SAUMON


TEC H NIQU E DE PÊC HE

51 LE MAGAZINE SAUMON

distance entre l’indicateur et la mouche lestée afin de pêcher près du fond. Une distance de 1 ½ à 2 fois la profondeur du cours d’eau est recommandée entre le flotteur et la mouche de pointe (la plus loin). Évidemment, cette méthode n’est pas toujours pratique, car la profondeur de l’eau change constamment selon les sections de rivière. Ensuite, les méthodes européennes à scion élevé sont devenues très populaires à partir des années 90, aussi connues sous le nom de pêche au fil, mais elles sont souvent boudées par les puristes. La méthode tchèque est souvent celle dont on parle le plus. Cette technique consiste à effectuer de très courts lancers et laisser les mouches lestées suivre une dérive naturelle près du fond, en maintenant un contact avec la mouche en ayant très peu ou pas de mou avec la pointe de la canne. La tension ainsi maintenue, il devient facile de détecter une touche. Des bas de ligne visibles sont utilisés avec cette technique. La dernière technique est la seule permise dans nos rivières à saumon. C’est la technique classique de

la mouche noyée lancée perpendiculairement au cours d’eau. Celleci s’apparente à la méthode utilisée pour la pêche au saumon, mais on lance à 90 degrés au lieu de 45 degrés. Après notre lancer, on suit le déplacement de la soie avec la canne et on effectue un amendement vers l’amont au besoin pour conserver une tension sur la soie pour garder le contact avec la mouche. On laisse la soie se détendre complètement en aval avant de la ramener. Il faut se préparer, car on aura souvent une attaque à cet instant précis. L’idéal pour les rivières à saumon ou pour les endroits avec règlementation à la mouche seulement est d’utiliser un bout calant ou une soie intermédiaire. Faites attention cependant, certaines rivières telles du Gouffre ou la Matane ne permettent que la pêche à la soie flottante en saison. En contrepartie, la rivière du Gouffre permet aux pêcheurs tous les types de pêche avant la période du saumon, donc les nymphes lestées sont autorisées. Il est important de bien vérifier la règlementation pour les dates et les secteurs précis de chaque rivière. Si on pêche à de plus longues distances, la soie et la technique de lancer peuvent devenir des facteurs déterminants. La maitrise des lancers tels que le lancer roulé et le lancer ovale nous permet d’éloigner les mouches du scion lors du mouvement de va-et-vient et le lancer rentré (tuck cast) nous permet de faire plonger les nymphes plus rapidement grâce à la force de gravité.

1 6 2 7 3 8 4

5

(1) Nymphe de libellule FN (2) Nymphe « red fox squirrel » à bille (3) La « Zug bug » (4) La nymphe tchèque (5) La « el secreto » (6) La « ett stonefly » (7) La « golden ribbed hare’s ear FN » naturelle non lestée

SAUMON | WWW.FQSA.CA

9

(8) La golden ribbed hare’s ear FN » olive non lestée (9) La « pheasant tail » non lestée. De manière générale, l’utilisation des mouches lestées est interdite sur les rivières à saumon du Québec, sauf quelques exceptions à valider avec le règlement en vigueur.


N’oubliez pas d’en retirer du plaisir ! J’espère sincèrement que vous aurez apprécié ces quelques conseils et que la pêche à la nymphe vous permettra de prendre gout à la pêche à la truite! Ce qu’il faut retenir, c’est que l’efficacité d’une technique tient souvent dans sa simplicité et sa pratique. Il n’est pas non plus nécessaire d’investir pour s’y initier, on peut très bien débuter avec une canne à truite normale munie d’une soie 5 ou 6. Le plus important, quand on va à la pêche, c’est de décrocher de la vie quotidienne et d’en profiter, alors faites-le avec le sourire!

52

Références Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir davantage, je vous recommande trois ouvrages récents : Nymph fishing rivers & streams, de Rick Hafele, Dynamic nymphing, de George Daniel et le dernier livre, qui est en français, La pêche en nymphe tchèque, de Karel Krivanec. Celui-ci est distribué par FMR pêche au Canada.

dePuis 1987 grâce à vous et à nos donateurs : g

ET AUx TRAPPEURS dU QUébEc !

g

Près de 80 millions $ investis pour connaître, protéger et aménager les habitats de faune dans toutes les régions du Québec, plus de 2 000 organismes promoteurs de projets soutenus.

Lorsque vous achetez votre permis de chasse, de pêche ou de trappage, une contribution est remise à la Fondation de la faune, qui l’investit dans des projets fauniques. Ensemble, nous unissons nos efforts pour une faune abondante et diversifiée, éléments essentiels de la biodiversité du Québec.

LA FAUNE

© Manon Malenfant / QCn 2006

NOTRE MISSION, NOTRE PASSION © Daniel Dagenais/QCn 2011

MERCI AUx chASSEURS, AUx PêchEURS

sera facile de reconnaitre rapidement les nymphes permises. La règlementation dans les rivières à saumon ou les rivières en pêche à la mouche seulement est claire, elle prohibe l’usage de nymphes lestées, soit avec du poids pour la faire couler, soit avec des yeux ou des têtes métalliques.

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Je suis un de ceux qui croient que la technique et la présentation sont plus importantes que le choix des mouches, mais avec des connaissances de base en entomologie, on élimine souvent le facteur chance de notre sortie. Quels sont donc les points importants pour imiter ce que l’on trouve dans nos cours d’eau? Dans l’ordre respectif, nous cherchons d’abord à reproduire la taille, puis la forme, ensuite la couleur et, finalement, le comportement de l’insecte. Afin de simplifier notre sélection, choisir des modèles classiques est un très bon point de départ, surtout que certaines de ces mouches existent depuis près d’une centaine d’années! Voici quelques options intéressantes : gold ribbed hare’s ear, pheasant tail, zug bug, prince, Copper John, Brook’s stonefly, brassie, Tellico ou 13A, les soft hackle et ma fameuse el secreto. Afin de respecter la règlementation, gardez vos nymphes non lestées dans une boite spécialement identifiée et, surtout, utilisez une couleur unique pour finir la tête des mouches lors du montage, soit du fil rouge ou du fil orange. Comme ça, il

© Clare WaDe

Le choix des mouches


LA C H RONIQU E D ’ YVON CÔ TÉ

53

RÉFLEXIONS D’APRÈS-CONGRÈS ET… D’AVANT-SAISON

LE MAGAZINE SAUMON

Texte de Yvon Côté, Biologiste retraité du gouvernement du Québec, spécialiste du saumon atlantique

Le thème du congrès de la FQSA fut une belle occasion de remue-méninges. Que nous soyons de ceux qui croient que les rivières sont à moitié vides ou à moitié pleines de saumons, les conférences du matin, les discussions en atelier en après-midi et les conversations de corridor ont permis de bons échanges d’idées. J’ai éprouvé le besoin de faire le point, d’abord pour moi-même, et j’ai pensé partager mes réflexions avec les lecteurs du magazine Saumon.

Quand on se regarde on se désole Les retours de saumons, année après année, ne sont pas à la hauteur de nos attentes, ni des mesures de conservation mises en place au Québec, dans les provinces de l’Est du Canada et au Groenland. Les pêches au filet sur les aires de pâturages marins ou sur les voies de migration des saumons vers leurs rivières natales ont été réduites à leur plus simple expression (voir la figure 1). Il en résulte cependant bien peu d’effets apparents sur les remontées en rivières.

On peut imaginer le scénario suivant. Tout se passe comme si pendant que les instances gouvernementales réduisaient, voire éliminaient, en plusieurs endroits, les prélèvements de saumons par les pêches au filet, l’écosystème marin subissait des changements occasionnant une augmentation de la mortalité naturelle des saumons. Les gains anticipés par la réduction presque totale des pêches au filet ont ainsi été annihilés par la diminution de la survie naturelle en mer.

Quand on se compare on se console L’année 2014 ne fut peut-être pas la catastrophe qu’on croyait, seul l’avenir le dira. Pour l’instant, on constate qu’il y a eu pire en 1968, en 1971 et, à un moindre degré, en 1979 et en 1983 : de mauvaises saisons de pêche et même des années de piètres retours de saumons en rivières. Pourtant, les années suivantes ont connu un redressement de la situation. De 1984 à aujourd’hui, les statistiques sur les remontées de saumons, sur les nombres de saumons laissés pour la reproduction et sur la déposition d’œufs montrent que les rivières de la Gaspésie et du Bas-St-Laurent affichent, en général, des résultats positifs. Par contre, ce constat est beaucoup moins vrai pour les rivières de Québec-Charlevoix, du Saguenay et de la Haute-CôteNord (voir la figure 2).

Est-ce à dire que toutes ces mesures n’ont rien produit de positif ? Certes non, sans elles, les populations de saumons seraient encore plus faibles. Où sont donc passés tous ces saumons qui devaient revenir en abondance ? Les biologistes estiment que, présentement, la cause de mortalité la plus grande se trouve dans les modifications du milieu océanique de l’Atlantique nord. Les mécanismes exacts par lesquels les modifications du milieu marin exercent un effet dépresseur sur les populations de saumon ne sont pas encore connus mais, déjà, on sait que la température de l’eau, la salinité et le plancton végétal et animal à la base de la chaîne alimentaire montrent des changements notables susceptibles d’affecter les populations de saumons.

SAUMON | WWW.FQSA.CA

Figure 1. Évolution des captures de saumons au Groenland de 1960 à 2014. Données obtenues par North Atlantic Salmon Conservation Organization (NASCO)


Reproducteurs disponibles

Montaison totale

% Oeufs déposés

175 150

20 000

125 15 000

100 75

10 000

% d’oeufs déposés

200

25 000

50 5 000

25 0 1984

1986

1988

1990

1992

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2000

2002

2006

2008

2010

2012

2014

Année

Montaison totale

% Oeufs déposés

16 000

160

14 000

140

12 000

120

10 000

100

8 000

80

6 000

60

4 000

40

2 000

20

% d’oeufs déposés

Nmbre saumons

Reproducteurs disponibles

0 1984

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1988

1990

1992

1994

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2000

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Année

Figure 2. Le graphique du haut s’applique à l’ensemble des rivières du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, celui du bas à celles de la région de Québec-Charlevoix, du Saguenay et de la Haute-Côte-Nord. La déposition d’œufs pour la totalité des rivières du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie dépasse régulièrement le seuil de conservation (SC). Les rivières du second groupe présentent une situation globale contraire. Dans cette région, très peu de rivières atteignent leur SC, certaines oscillent de part et d’autre de celui-ci et d’autres se situent sous le SC. Les deux groupes de rivières sont gérés selon le concept de gestion rivière par rivière. La plupart des rivières des deux régions sont assujetties à l’imposition totale ou partielle de la remise à l’eau des grands saumons, sauf quelques exceptions où la rétention des captures de grands saumons y est autorisée pour toute la durée de la saison. Les populations de saumons des deux groupes de rivières se distinguent les unes des autres par leurs caractéristiques biologiques et elles répondent sans doute à des contraintes écologiques différentes en milieu dulcicole et marin. Ces caractéristiques biologiques et ces contraintes écologiques semblent exercer un effet prépondérant sur l’abondance des populations de saumon à moyen terme. Les modalités annuelles de conservation demeurent cependant nécessaires pour que les populations de saumon maintiennent leur capacité de survivre avec succès aux variations des conditions du milieu. (Graphique original publié par CAUCHON, V. 2015. Bilan de l’exploitation du saumon au Québec en 2014, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Secteur de la faune, 298 p.) WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Donc tout n’est pas noir ou tout n’est pas blanc. Une bonne nouvelle : l’abondance des madeleineaux dans les captures sportives montre une légère augmentation en 2014, un bon présage pour l’abondance des saumons de deux ans de mer en 2015. Mais je n’ose plus faire de prédiction… Chacun peut faire son choix ou y aller de ses hypothèses.

La gestion québécoise, trop permissive ? Le congrès m’a permis d’échanger avec un collègue biologiste qui me faisait remarquer que le gouvernement du Québec utilise des normes de conservation inférieures à celles du ministère des Pêches et Océans (MPO) pour les rivières des provinces maritimes. Si on évaluait les rivières du Québec selon les normes du MPO, me disait-il, bien peu de rivières québécoises atteindraient le seuil de conservation. Vrai ou faux ? Je ne suis pas en mesure de faire les calculs détaillés par rivière, mais voici tout de même quelques remarques à cet égard qui démontrent que les écarts entre la méthode MPO et la méthode du Québec sont tout à fait explicables.

Le choix d’un modèle « stock-recrutement » La gestion des populations de saumons se fait généralement à l’aide de modèles « stock-recrutement » (SR) élaborés sur la base des résultats d’inventaires du nombre de saumons adultes en rivières et des évaluations de l’abondance des juvéniles en rivières. Les modèles traduisent, au moyen d’équations mathématiques, le lien qui existe entre les variations d’abondance des individus reproducteurs d’une population, c’est-à-dire la génération parentale et l’abondance de la générale filiale (les recrues) qui en résulte. Ils permettent ainsi de calculer le nombre de reproducteurs requis pour assurer le maintien des populations de saumons à un niveau déterminé (le seuil de conservation ou autre niveau choisi) et d’évaluer les niveaux de récolte admissible par la pêche sans nuire à la capacité de régénération des stocks. Il existe plusieurs types de modèles SR répondant à des situations variées de milieux et à des principes biologiques différents. Deux de ces modèles sont davantage utilisés en gestion des populations de saumons, soit le modèle de Ricker et celui de Beverton-Holt (voir la figure 3). Chacun de ces modèles possède ses forces et ses limites. Ces deux modèles montrent un lien proportionnel entre l’abondance des parents et celle des recrues lorsque le nombre de saumons reproducteurs est SAUMON | WWW.FQSA.CA

faible. Ils prédisent aussi qu’à partir d’un nombre plus élevé de parents, le taux d’augmentation des recrues diminue, ce qui entraîne le fléchissement des deux courbes. Par contre, ils se démarquent l’un de l’autre de la façon suivante. Le modèle de Ricker prédit qu’au-delà d’un certain nombre de parents, le nombre des recrues devient inférieur à celui des parents dont ils sont issus, allant jusqu’à causer une chute de la population. Pour sa part, le modèle de Beverton-Holt (BH) prévoit plutôt que le nombre de recrues augmente à l’infini, mais à un rythme très faible au-delà d’un certain point. Ce modèle ouvre une porte à la possibilité d’abondances passées plus fortes que celles qu’on observe maintenant. L’utilisation du modèle BH ne sera pas traitée dans cet article, puisque jusqu’à tout récemment, les biologistes du Québec et du gouvernement fédéral ont utilisé le modèle de Ricker pour la gestion des populations de saumons, une situation qui pourrait changer.

Le choix d’un point de référence sur la courbe de Ricker Jusqu’ici, le MPO a adopté, comme seuil de conservation (SC), le nombre de reproducteurs qui maximise la production de smolts émigrant vers la mer. Implicitement, sur une courbe de Ricker, un tel objectif devrait correspondre au point de référence Rmax. Ce choix de gestion s’accorde bien avec la pratique de la remise à l’eau des captures sportives puisque cela favorise le maintien d’un nombre maximum de saumons en rivière. Le Québec a plutôt choisi un SC correspondant à un nombre de reproducteurs obtenu à partir du point Ropt parce que l’objectif de gestion était de maximiser les possibilités de récolte de saumons par les pêcheurs sportifs. Le choix du Québec est moins exigeant en nombre de reproducteurs que le choix du MPO. Toutefois, le SC choisi par le Québec se situe bien au-delà du point d’effondrement d’une population et, de plus, il comporte une marge de sécurité (Ropt corrigé) pour tenir compte de la sous-évaluation possible de la vraie valeur numérique du point Ropt. De plus, le gouvernement encourage les gestionnaires locaux à choisir une cible de gestion qui se situe au-delà du SC. Pour des raisons de conservation et pour offrir un produit de qualité à leur clientèle, de nombreux gestionnaires adoptent une cible de gestion qui va au-delà du seuil de conservation. Les deux choix de points de référence correspondent à des intentions de gestion différentes et biologiquement acceptables. Ils présentent peu de risque d’effondrement démographique ou génétique et permettent le renouvellement de la population de saumons à un niveau élevé.

Le choix du taux de déposition d’œufs en rivière Pour généraliser les résultats obtenus avec la courbe de Ricker aux rivières qui, faute de données suffisantes, ne sont pas dotées d’une telle courbe, il faut déterminer un taux moyen de déposition d’œufs par unité de production et multiplier ce taux par la superficie totale d’habitat d’une rivière donnée. Le taux moyen de déposition d’œufs requis pour les rivières des provinces maritimes a été évalué à 2,4 œufs par m2 d’habitat de saumons juvéniles tandis que celui des rivières québécoises s’établit à 1,67. Ces taux appliqués à la superficie


totale d’habitat de chacune des rivières donne le nombre total d’œufs requis pour l’atteinte du SC selon l’option Rmax ou Ropt corrigé.

Le choix d’une méthode de calcul des superficies de production Le MPO estime que, dans les provinces maritimes, l’habitat du saumon juvénile correspond à la totalité de la superficie noyée du lit de la rivière en période estivale sans distinction de la qualité du substrat, de la durée de la saison de croissance et autres paramètres qui entrent normalement dans le calcul d’un indice de qualité d’habitat (IQH). Au Québec, les biologistes utilisent une méthode d’évaluation de l’habitat des tacons de saumon qui s’appuie sur la notion d’IQH. À titre d’exemple, 1 m2 d’habitat en rivière caillouteuse, à courant d’eau modérément rapide s’écoulant sur une faible profondeur possède un potentiel de production plus élevé que la même superficie d’habitat coulant sur fond de sable, en eau profonde et à écoulement très lent. En qualifiant l’habitat du saumon à l’aide de différents descripteurs du milieu fluviatile, on reflète probablement mieux la réalité biologique de chacune des rivières. Ainsi, pour une rivière donnée, la superficie totale des habitats considérés propices à la croissance des jeunes saumons sera nécessairement inférieure à la superficie noyée du lit de cette rivière, ce qui aura une conséquence directe sur la valeur calculée du SC. En théorie, parce qu’elle tient compte des caractéristiques spécifiques de chacune des rivières, l’approche québécoise basée sur les IQH semble donc plus précise que l’approche du MPO, même si elle produit des valeurs inférieures de SC.

Un autre collègue saumonier me disait avoir une confiance limitée dans les calculs du potentiel des rivières à saumon établis au moyen des modèles utilisés par les biologistes. À son avis, ces modèles sous-estiment la production potentielle réelle des rivières. En effet, les données historiques sur l’importance des captures de saumons faites autrefois par les pêches commerciales au filet à l’embouchure de rivières, comme la Ristigouche, la Moisie et bien d’autres, affichent des chiffres qui surpassent très largement les potentiels de production calculés par les modèles mathématiques. Et ceci, ajoutait-il, sans même tenir compte des captures faites par la pêche sportive ni des contingents de reproducteurs laissés sur les zones de reproduction. Je ne remets pas en cause la véracité des données historiques mais, pour l’instant, il me semble difficile de transposer les captures commerciales d’autrefois en potentiel de production et en normes de conservation applicables de nos jours. On ne peut pas tenir pour acquis que l’état des rivières et les conditions marines d’autrefois ont été les mêmes que maintenant. Dans plusieurs cas, l’habitat fluviatile du saumon a pu être modifié à la suite des interventions humaines en rivière, dans leur périphérie ou dans les limites des bassins versants. Quant aux conditions de l’environnement marin, on sait que ce milieu subit, en plus des variations annuelles, des fluctuations de grande ampleur qui peuvent s’effectuer à l’échelle des millénaires, des centenaires ou des décennies dont il est difficile d’estimer l’ampleur. En somme, l’utilisation à des fins scientifiques des captures faites par les pêches commerciales du passé requiert, au préalable, une étude historique rigoureuse pour valider ces données et en comprendre les limites d’application. De plus, il faut pouvoir associer ces données à d’autres données sur l’état des milieux dulcicole et marin de l’époque à laquelle ces informations ont été consignées.

Plan de match pour 2015 : une attitude prudente En terminant ces réflexions, j’entrevois l’avenir du saumon avec un optimisme modéré. Les remontées de saumons des deux ou trois prochaines années seront déterminantes et permettront de vérifier si la situation observée en 2014 correspond ou non à une nouvelle tendance à la baisse des populations de saumons après celle que nous avons observée au milieu des années 1990. Une telle situation serait fort inquiétante. Malgré tout, je rêve déjà à ma prochaine saison de pêche. La remise à l’eau des captures fera partie de mes choix de pêche selon le temps de la saison, l’abondance du saumon et mes compagnons de pêche. Ma saison commencera au début juin, sur la Moisie, accompagné d’un ami inconditionnel de la remise à l’eau. La Moisie : de gros saumons, mais moins nombreux qu’avant. Ma décision est faite, je m’ajuste à l’attitude de mon collègue de pêche d’autant plus qu’elle est biologiquement justifiée. Si je prends un saumon, quelle que soit sa taille, je le gracie.

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Il faut toutefois préciser que la méthodologie du MPO évalue l’atteinte du SC dans une rivière donnée sur la base du nombre de saumons présents à l’entrée de cette rivière, donc avant la mortalité intra-rivière par la pêche sportive, le braconnage et les causes naturelles. Le SC fixé pour les rivières du Québec s’applique au nombre de saumons requis un peu avant la fraie, donc après que la grande majorité des mortalités en rivière. En bout de piste, au moment de la reproduction, la méthode fédérale de calcul donne un résultat final qui tend à se rapprocher de celui obtenu par la méthode québécoise. En effet, l’application du taux de mortalité intra-rivière (estimé à 25 %) réduira le nombre de reproducteurs présents sur les frayères des rivières des provinces maritimes.

Taux de déposition d’œufs, courbe de Ricker, etc. Ça n’explique pas tout.


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Début aout, je pêche sur la rivière Madeleine avec l’un des saumoniers ainés du Québec. Il a 97 ans et fait encore ses huit-neuf heures de pêche par jour ! Il ne pêche qu’à la sèche, avec de petits bombers bruns. Lui, il remet à l’eau toutes ses prises, petits ou grands saumons. Il a pris sa part de saumons dans sa vie et il ne me jugera pas si j’en garde un. Je décide donc d’accorder la liberté aux grands saumons, si j’en prends un, mais je garderai un madeleineau si l’occasion s’y prête. Début septembre, ce sera la Matane. C’est la fin de saison, les saumons ont bien mérité d’accéder aux zones de fraie. Si je prends un saumon, madeleineau ou grand saumon, il aura la vie sauve. Voilà pour mon plan de match 2015. Si je tire les bons billets au loto Salmo, je conserverai pour l’ensemble de ma saison un grand saumon et un madeleineau ou deux madeleineaux, l’équivalent de la limite quotidienne là où c’est encore permis. Si je n’ai pas cette veine, je me compterai tout de

même chanceux d’avoir pêché avec d’agréables compagnons, dans de belles rivières, et d’avoir simplement pu tenter ma chance. Le but de la pêche sportive n’est-il pas de se recréer en pleine nature ? Le saumon, c’est une prime. Si la satisfaction ne venait qu’avec la prise d’un saumon, chaque année, 40 % des pêcheurs seraient déçus et finiraient par abandonner cette activité. Si le plaisir de la pêche est l’occasion de pêcher sachant qu’à tout moment un saumon peut prendre la mouche, alors 100 % des pêcheurs s’estiment chanceux quand ils ont les deux pieds dans l’eau, observant la dérive de leur mouche au fil du courant jusqu’à… BANG ! et c’est parti !

Droite de remplacement

Recrues matures

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Début-juillet, la Matapédia. J’y vais avec un autre ami, ardent chasseur et pêcheur, qui ne mange que de la viande du gibier qu’il abat ou du poisson qu’il pêche. Par surcroît, il est trappeur. En hiver, il porte un beau casque de poil ! Sur la Matapédia, on nous autorise, à moins d’avis contraire de dernière minute, à garder les grands saumons. Ma décision est prise : si je capture un saumon de moins de 14 livres ou un madeleineau, je le garde puisque l’état de cette population de saumons le permet. Je laisse les gros saumons de 15 livres et plus pour la rivière.

Beverton - Holt

Ropt Rmax

Ricker

Sc Qc Sc Maritimes

Parents

Figure 3. La courbe de Ricker passe par un maximum puis redescend. La courbe de Beverton-Holt atteint un quasi-plateau, mais ne chute pas. Sur les deux courbes, à droite de la diagonale, le rapport Recrues/Parent est inférieur à 1.

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Saumon

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Salon de pêche à la mouche de Trois-Rivières

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Dates : Samedi, le 28 novembre 2015 Dimanche, le 29 novembre 2015 Lieu : Bâtisse industrielle de Trois-Rivières

Vous êtes invités à participer au Salon de pêche à la mouche de Trois-Rivières. Cette activité sert à faire la promotion de la pêche sportive et des techniques de montage de mouches.

Une vingtaine d’associations et d’organismes sans but lucratif (OSBL) seront présents. Il y aura un bassin intérieur de 65 x 15 pieds pour pratiquer vos lancers et permettre aux commerçants de cannes de faire essayer leurs produits aux visiteurs. Il y aura des ateliers sur la pêche à la mouche présentés par des experts du milieu qui pourront vous donner leurs trucs pour plus de succès. Le prix d’entrée sera de 5$ pour les adultes et c’est gratuit pour les 18 ans et moins. Pour plus d’information, consultez le www. smpm.org, sous l’onglet salon.

Initiation à la pêche à la mouche par Denis Desrosiers Dates : Samedi, le 4 juillet 2015 Samedi, le 11 juillet 2015 Samedi, le 29 aout 2015 Samedi, le 5 septembre 2015 Lieu proposé : Sainte-Angèle-de-Mérici, rivière Mitis

Ce cours d’initiation à la pêche au saumon se réalise en situation de pêche à la rivière Mitis, près de Mont-Joli. D’une durée approximative de 8 heures, cette formation vous permettra entre autres d’en apprendre davantage sur les comportements du saumon et d’ainsi découvrir des stratégies de pêche qui vous permettront de le déjouer plus aisément. Le choix d’une mouche, l’équipement usuel et le code d’éthique qui permet à tous de profiter pleinement de ce beau sport seront aussi à l’ordre du jour. Pour plus d’information sur notre calendrier d’activités, visitez notre site Web : www.pechealamouche.net. Vous pouvez également communiquer directement avec Denis Desrosiers par courriel (denis@pechealamouche.net) ou par téléphone au 418-838-2506.

Rendez-vous Les Escoumins 2015 Dates : Samedi 29 aout 2015 Dimanche 30 aout 2015 Lieu : Rives de la Rivière Les Escoumins Les 29 et 30 aout, sur les rives de la rivière Les Escoumins, se tiendra une fin de semaine de formation de lancer à la mouche. Cette activité est chapeautée par l’International Federation of Fly Fishers (IFFF), en collaboration avec la Corporation de Gestion de la Rivière des Escoumins (CGRSE).

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À ce rassemblement, des ateliers de lancer à la mouche pour canne à une et à deux mains seront offerts gratuitement au public. Tous les ateliers de lancer seront donnés par des instructeurs certifiés de l’IFFF et s’adresseront autant aux débutants qu’aux experts, aux jeunes et moins jeunes. Il y aura également un volet culturel et des intervenants du milieu feront des présentations sur différents aspects de la pêche au saumon. Cinq aires de lancer seront aménagées pour permettre la présentation d’ateliers et, enfin, nous aurons accès à deux fosses afin d’enseigner différentes techniques de lancer en conditions réelles de pêche. Pour plus de détails sur l’activité : rendezvouslesescoumins2015. blogspot.ca.


OUVERT À TOUS

POUR DAMES SEULEMENT

Dates : 5-6-7 juin 2015 28-29-30 aout 2015

Dates : 12-13 juin 2015

Coût : 211,11$ (taxes incluses) Inclus : Moniteurs, accès, permis, notes de cours, équipements, journée de pêche avec guide et plus.

CAMP D’ÉTÉ « PÊCHE À LA MOUCHE » POUR JEUNES (12 À 15 ANS) Dates : 3 au 7 aout 2015 (5 jours) Coût : 50$ (taxes incluses) Inclus : Moniteurs, repas, hébergement en tente, accès, permis, équipements et plus.

Coût : 95$ (taxes incluses) Inclus : Monitrices, accès, permis, notes de cours, équipements, repas du samedi et plus.

Prenez note qu’en septembre 2015, les droits d’accès à la rivière Bonaventure pour les secteurs non contingentés (A-C-D) seront gratuits pour les membres et leurs invités. - Limite d’un invité par membre de l’APSB - Limite d’un droit d’accès gratuit par personne pour le mois de septembre - Les invités ne devront pas être membres de l’APSB - Permis de pêche sportive au saumon obligatoire Pour plus d’information, veuillez contacter M. Ronald Cormier, au (418) 534-1818 ou apsb@globetrotter.net .

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Activités relève sur la rivière Bonaventure par L’Association des pêcheurs sportifs de la Bonaventure inc. (APSB)


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LA REMISE À L’EAU : VOICI POURQUOI ! 61

État de fait

LE MAGAZINE SAUMON

On le sait : la situation du saumon atlantique qui remonte les rivières du Québec et de l’est du Canada est de plus en plus dramatique. Pour assurer la survie de l’espèce et permettre aux générations à venir de pratiquer cette activité sportive hors du commun, il nous faut agir rapidement et recourir aux moyens appropriés. La remise à l’eau des géniteurs est l’un de ces moyens. Nous devons désormais l’utiliser et prôner son utilisation sur l’ensemble du territoire du Québec. Voici pourquoi.

La situation actuelle On compte 45 rivières à saumon auxquelles les pêcheurs québécois ont un accès assez facile. Présentement, les pêcheurs sportifs ne peuvent conserver leurs prises que sur sept de ces rivières. Mais sept rivières, c’est déjà beaucoup trop! En effet, comment peut-on se permettre de prélever des grands saumons sur ces rivières alors que la situation de l’ensemble des rivières à saumon a été catastrophique au Québec en 2014 : on estime que, cette année, la majorité des rivières à saumon du Québec, y compris la légendaire rivière Matane, ont connu des montaisons se situant en-dessous des seuils minimaux de conservation; de plus, la baisse du retour en rivière des géniteurs a été de 49 % en 2014. Nous savons que la situation désastreuse du saumon atlantique dans nos rivières en 2014 est en partie due à la reprise de la pêche commerciale au Groenland et aux îles Saint-Pierre et Miquelon ainsi qu’aux pêches de subsistance au large du Labrador. En 2013-2014, on évalue à plus de cent tonnes la quantité de saumons atlantiques ainsi interceptés avant leur retour vers les rivières du Québec et de l’Est du Canada. Il nous faudra donc déployer beaucoup d’efforts pour convaincre ces pêcheurs commerciaux (dont les autochtones du Groenland) de renoncer à cette activité qui menace la survie même de l’espèce. Mais comment les convaincre si certains d’entre nous continuent, en pratiquant la pêche sportive, de conserver les géniteurs? Il faut dire les choses comme elles sont : nous ne serons pas crédibles dans ce dossier tant que nous ne renoncerons pas à conserver nos prises! Autre fait troublant : le Québec est actuellement le seul endroit en Amérique du Nord où il est encore permis aux pêcheurs sportifs de « tuer » des géniteurs. Pourquoi ne pas SAUMON | WWW.FQSA.CA

nous inspirer de la gestion des rivières à saumon atlantique en Islande? O n y trouve des rivières poissonneuses, des montaisons remarquables… la majorité des associations de rivière préconisent la remise à l’eau. La pratique de la remise à l’eau des géniteurs par les pêcheurs sportifs nous permettrait plus facilement de relancer le dialogue avec les communautés autochtones du Québec qui capturent chaque année leurs quotas de saumons atlantiques, pratique considérée comme une pêche de « subsistance ». Dernier élément à ajouter à ce portrait peu encourageant de la situation de notre saumon atlantique : alors que le « facteur de reproduction » des rivières à saumon du Québec était dans les années 80 de 1 saumon reproducteur pour 2 saumons qui revenaient en rivière, nous en sommes arrivés récemment à 1 saumon reproducteur pour 0,60 saumon 1 retournant en rivière. Ces chiffres sont alarmants et militent à eux seuls en faveur de la remise à l’eau! En d’autres mots, cela signifie que les rivières à saumon du Québec devront désormais compter sur les géniteurs revenant plus d’une fois dans leur rivière pour maintenir leur population.

Saine gestion des stocks ? Pour assurer la pérennité du saumon, tous les gestionnaires doivent collaborer, y compris ceux dont les rivières ont été moins affectées par les faibles retours des géniteurs. Devant la menace qui plane sur le saumon atlantique sauvage et compte tenu du fait qu’il s’agit d’un poisson migrateur, toutes les rivières sont concernées et chacune voit son sort étroitement relié à celui de sa voi-

« L’ultime défi pour la conscience de l’homme sera peut-être sa volonté de sacrifier quelque chose aujourd’hui pour les générations à venir dont nous n’entendrons jamais les mots de remerciement ! » – Gaylord Nelson


Par ailleurs, pour ce qui est des rivières qui ont choisi jusqu’à maintenant d’autoriser le prélèvement des géniteurs, il nous semble urgent de revoir les calculs permettant aux gestionnaires de décider s’il faut ou non imposer la remise à l’eau. Pour le moment, tout indique que l’on procède à l’inverse du bon sens  : on laisse les saumoniers conserver les géniteurs jusqu’au dénombrement qui se fait généralement à la fin de juillet… et l’on décide à ce moment-là si on décrète ou non la remise à l’eau des grands saumons. Logiquement, si on veut véritablement protéger la ressource, il faudrait attendre que les seuils minimaux de conservation (nombre de géniteurs arrivés en rivière) soient atteints avant d’autoriser ou non, plus tard en saison, la récolte des grands saumons. Sauf erreur, c’est déjà la formule qui existe, en gros, sur certaines rivières en Gaspésie, dont la SaintJean, la Dartmouth et la Bonaventure. Cela dit, nous maintenons que la situation actuelle devrait inciter tous les gestionnaires de rivières et les décideurs du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs à décréter la remise à l’eau sur l’ensemble du territoire québécois. À cet égard, il est pour le moins inquiétant de constater que des représentants du Ministère, lors du congrès de la FQSA de mars 2014, ont plutôt évoqué la possibilité de hausser de 20 % le seuil minimal de conservation établi pour chaque rivière! Faudra-t-il attendre que nos rivières à saumon soient vides pour que tout ce beau monde se décide enfin à protéger la ressource? Il sera de toute façon probablement trop tard à ce moment-là.

Des chiffres qui parlent La remise à l’eau des grands saumons par les pêcheurs sportifs au Québec nous semble l’un des moyens qui s’impose si on veut mettre un terme à la baisse constante des stocks de saumon atlantique sauvage. Notre saumon, faut-il le rappeler, est menacé de toutes parts : • Les pêcheurs autochtones du Groenland, selon le dernier rapport préliminaire de l’OSCAN (Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord), ont augmenté en 2014 le nombre d’usines servant à traiter leurs captures de saumons atlan-

tiques. Cette année, 7 usines étaient en opération, ce qui veut dire qu’elles pourraient avoir traité environ 100 tonnes de saumon, comparativement à 4 usines qui, en 2013, ont traité 57 tonnes de saumon. • Autres données inquiétantes : en 2013, l’ensemble des captures de saumons atlantiques dans l’Est du Canada équivalait à 136 2 tonnes, c’est-à-dire à 75.4 tonnes prélevées par les pêcheurs sportifs et à 58.6 tonnes par les autochtones; de plus, 2.1 tonnes de saumon ont été pêchées par les résidents du Labrador, chiffre auquel il faut ajouter 24 tonnes qui n’ont pas été déclarées pour 2013 (selon le rapport de The International Council for the Exploration of the Sea – ICES, rapport cité par l’AFS en mai 2014). Si l’on rajoute enfin à ces résultats les 65 tonnes prélevées en 2013 par les pêcheurs commerciaux du Groenland et de St-Pierre et Miquelon, cela signifie que près de 230 tonnes de saumons atlantiques sauvages provenant des rivières du Québec et des Maritimes sont interceptées par les pêcheurs commerciaux ou capturées par les pêcheurs sportifs. Ces chiffres donnent le vertige, surtout quand on sait que le saumon atlantique est, depuis 2010, sur la liste des espèces dont la situation est jugée « p réoccupante  », liste établie par le Comité sur la situation des espèces en voie de disparition (COSEPAC) du gouvernement du Canada. De plus, ce comité considère « e n péril » les populations de saumon des rivières de la Baie de Fundy et celles de l’Île d’Anticosti.

D’autres faits justifiant la remise à l’eau Tant que les pêcheurs sportifs et les autochtones auront le droit de capturer au Québec des quantités relativement importantes de saumons atlantiques, nous ne serons pas en mesure de demander aux autochtones du Groenland de cesser leur pêche commerciale. Les pêcheurs sportifs du Québec doivent donner l’exemple, discuter ensuite avec les Premières Nations qui pratiquent encore la pêche au saumon dite de subsistance et nous serons alors mieux outillés pour négocier l’arrêt des pêches commerciales de saumon au large du Groenland. Nous en avons déjà parlé ailleurs : les fermes d’élevage de saumon en mer ont sans doute les conséquences les plus néfastes sur la santé et la survie du saumon atlantique sauvage. Parmi ces conséquences, mentionnons les infestations de puces de mer qui pullulent aux abords des cages d’élevage, les fréquentes échappées en mer de saumons d’élevage qui se mêlent aux populations de saumons sauvages, menaçant ainsi l’intégrité du patrimoine génétique de ces derniers (cent quatre-vingt mille saumons d’élevage se sont échappés des fermes aquicoles dans l’Est du Canada dans les trois derniers mois de 2010)3; ajoutons à ce portrait la baisse importante des stocks de «  poissons-fourrage  »4 (capelans, éperlans, harengs, etc.) qui sont récoltés par les pêcheurs commerciaux du sud du Golfe du St-Laurent (4T) et vendus en partie aux propriétaires d’usines produisant la nourriture destinée aux fermes aquicoles. Ces poissons constituent la base de l’alimentation du saumon élevé en captivité… ce qui rend de plus en plus difficile la quête de nourriture pour leurs cousins « sauvages ». Cette nouvelle donne relative à la nourriture traditionnellement recherchée par le saumon sauvage expliquerait WWW.FQSA.CA | SAUMON

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sine. En effet, les filets des pêcheurs commerciaux ou autochtones, notamment ceux des pêcheurs du Groenland où vont se nourrir les saumons issus des rivières du Québec, ne font aucune distinction quant à la provenance des saumons. Face à cet épineux problème, tous les administrateurs doivent parler d’une seule voix.


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peut-être aussi pourquoi la taille des madeleineaux revenant dans leurs rivières natales aurait sensiblement diminué au cours des dernières années.

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L’inventaire des dangers et des menaces qui planent sur le saumon atlantique sauvage est impressionnant. Notre devoir, comme défenseur du saumon atlantique, est d’agir partout où nous le pouvons. Nous devons prêcher par l’exemple, convaincre nos partenaires et collègues de l’urgence de la situation et dénoncer des pratiques que nous jugeons dangereuses pour la survie du saumon. Bien sûr, certaines des causes de la réduction des populations de saumons sont difficiles à cerner. Mais celles que nous avons tenté de mettre en lumière dans ce texte sont, pour ainsi dire, à notre portée. Il est trop facile de parler du mys-

tère qui entoure le long périple en mer de nos saumons lorsqu’ils quittent leurs rivières natales pour aller se nourrir jusqu’au large du Groenland. Certains évoquent même une «  boîte noire » pour expliquer notre incapacité à comprendre ce qui menace notre saumon. Selon nous, cette fameuse «  boîte noire  » a le plus souvent deux bras, deux jambes et une tête… qui ne pense qu’à court terme !

Texte de François Chapados, Lyne Trudeau, Serge-Yvon Allard, Christian Kirouac, Jean-Guy Riendeau, Paul Rompré, Paul Senécal et Sacha Vrkic

AVIS : Les opinions émises dans la rubrique « Opinion du lecteur » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position de la FQSA.

1 Les ratios proviennent de l’ASF (Jonathan Carr, directeur de la recherche), présentation de l’état de la situation des grands saumons dans l’Est du Canada (New-York, novembre 2014). 2 Les chiffres viennent de l’OCSAN; on peut les traduire de la façon suivante : 57 t provenant du Groenland représentent 16,200 grands saumons; 136t capturées dans l’Est du Canada comprennent 12,960 grands saumons et 45,430 madeleineaux; enfin, les 24 tonnes non déclarées seraient composées de 2,280 grands saumons et 8,000 madeleineaux. http://0801.nccdn.net/1_5/3af/294/2c2/nasco-background2014-frv4.pdf 3 Plus de 180,000 saumons d’élevage se sont échappés des cages en mer dans les 3 derniers mois de 2010. http://www. livingoceans.org/initiatives/salmon-farming/issues/escapes-net-pens-are-poor-containment-structures-and-escaped 4 De 2010 à 2012, les captures de hareng dans le sud du golfe St-Laurent (4T) ont chuté de 149,000 à 113,000 tonnes métriques, selon les sources du MPO. Site : http://www.dfo-mpo.gc.ca/fm-gp/sustainable-durable/fisheries-peches/herring-hareng-fra.htm


AC T ION   ! SAUMON

BILAN ACTION ! SAUMON 2015 64 NUMÉRO 102

Texte

David Saint-Laurent Vice-président à la pêche sportive

Je suis sûr que si, aujourd’hui, je vous parle de l’hiver, vous aurez le gout de me tirer des roches ou bien de me lancer à l’eau. Mais non! Relaxons un peu et lisez bien ceci. Je veux vous parler de l’activité qui a fait courir les foules cet hiver et ce printemps, soit les soirées Action! Saumon. L’année 2015 aura permis de présenter six soirées Action! Saumon pour s’étendre de Thetford Mines à Montréal en passant par Trois-Rivières, Saguenay, Sherbrooke et finir la boucle à Québec devant une salle comble le 10 avril dernier. Pas moins de 425 passionnés de pêche ont pu visionner des vidéos amateurs de pêche au saumon dans un contexte de camaraderie. J’ai participé à quatre de ces soirées. Vous savez maintenant que, depuis neuf ans, j’organise ce genre d’activité dans mon patelin de Thetford Mines et que je veux étendre le réseau ailleurs au Québec. Je suis très heureux de l’accueil et de l’implication des équipes bénévoles en place avec qui j’ai travaillé depuis novembre dernier. Pour 2016, le son de cloche que je reçois de part et d’autre pour continuer et pour ajouter des soirées semble très positif aussi.

l’éthique d’un bon pêcheur tout en préconisant la remise à l’eau des grands saumons. Un onglet Action! Saumon verra le jour sous peu, si ce n’est déjà fait, sur le site Web de la FQSA. Des vidéos amateurs pourront être vus en ligne, ce qui devrait vous donner le gout de participer ou de présenter éventuellement votre propre vidéo dans une future soirée près de chez vous. À l’aube d’une nouvelle saison de pêche, n’hésitez pas à prendre des photos et des films, car en plus des soirées Action! Saumon, la Fédération est toujours à la recherche de belles images pour agrémenter son magazine et son site Web. Pour conclure, nous sommes toujours à la recherche de nouvelles organisations pour présenter une soirée Action ! Saumon dans votre région. Ne vous gênez pas! Le comité Action ! Saumon de la FQSA peut vous aider à démarrer votre activité dans tout ce qui touche l’organisation. Nous vous partagerons avec plaisir les idées, l’expérience des autres soirées, du matériel et même aussi des vidéos s’il vous en manque. En 2016, pourrons-nous avoir une soirée en Gaspésie, en Outaouais, sur la Côte-Nord ou ailleurs? Communiquez avec nous! C’est avec plaisir que nous travaillerons en équipe avec vous. Maintenant, à vos cannes, à vos caméras et Action ! Bonne saison de pêche 2015. Photo : Stéphane Audet

Les objectifs de ces soirées sont de rassembler la communauté de pêcheurs de saumon, de favoriser la relève en faisant connaitre la pêche à la mouche, de promouvoir la Fédération dans toutes les régions du Québec et d’augmenter ses adhésions. Étant donné que c’est une activité officielle de la Fédération, celle-ci est là pour supporter tous les comités organisateurs, tant pour l’organisation, la promotion via nos moyens de communication, l’inscription des participants si nécessaire, le prêt de matériel audio/vidéo, l’obtention de permis de boisson, les protections d’assurance, les commandites, etc. Par ailleurs, un comité Action! Saumon a vu le jour à la FQSA pour s’assurer également de la meilleure qualité possible de cette activité, notamment par la présentation de vidéos amateurs respectant

Soirée Action ! Saumon à Québec

WWW.FQSA.CA | SAUMON


Souper-bénéfice de la FQSA 30e édition Vendredi, le 16 octobre 2015 Au théâtre du Capitole de Québec

Sous la présidence d’honneur de M. Christian Bédard, vice-président services financiers commerciaux

Mentorat 2015 Les 4, 5 et 6 septembre 2015 Rivières Ste-Marguerite et Escoumins

• S’adresse aux pêcheurs à la mouche qui veulent s’initier à la pêche au saumon • Accompagné de mentors réputés • 1 mentor/2 pêcheurs • Formule tout inclus comprenant l’hébergement, les repas et les droits d’accès • Clinique de lancer le vendredi

Photo : Fokus Outdoor


L’UNION FAIT LA FORCE 40.00$

LA FQSA EN ACTION

En devenant membre de la FQSA, vous recevrez gratuitement le Magazine SAUMON (Unique publication francophone sur le saumon atlantique)

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Vous recevrez également le Guide sur les réseaux des rivières à saumon du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires.

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Production du Magazine Saumon (3 parutions/année)

Contribution au Fonds d’aide à la protection des rivières à saumon

En devenant membre de la FSA, vous recevrez le magazine Atlantic Salmon Journal,

Participation aux soirées Actions! Saumon

Site Web fqsa.ca et médias sociaux

Organisation du congrès annuel portant sur diverses thématiques du saumon

(Publié quatre fois par année)

Représentation auprès des différents paliers décisionnels gouvernementaux

Développement du programme éducatif : Histoires de saumon

Initiation aux techniques de pêche à la mouche par les activités Mentorat

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JE REJOINS LES RANGS ! 10.00$ Étudiant

Une personnes âgée de moins de 24 ans et titulaire d’une carte étudiante.

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