Magazine Saumon 88

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LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

Saumons VOLUME 33, NUMÉRO 3 • AUTOMNE 2010

illimités 88

LES FEMMES SUR NOS RIVIÈRES

700$ / 5 €

Convention Poste-publications 40063917

Sortie mentorat 2010 en photos



Sommaire

Numéro 88 Photo couverture : Marc Antoine-Jean Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique et de la Fondation François de Beaulieu-Gourdeau, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@saumon-fqsa.qc.ca www.saumon-fqsa.qc.ca Éditeur : FQSA Coordonnateur : Marc-Antoine Jean, majean@saumon-fqsa.qc.ca Collaborateurs : Gérard Bilodeau, Pierre Manseau, Richard Sirois, Michel Jean, Gilles Shooner, Bernard Beaudin. Tirage : 4 000 copies Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : 40 $ (hors Canada ajouter 10 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

4 Mot du président

12 Sortie mentorat et découverte 2010

6 From the president 9 Editorial 10 25e souper-bénéfice de la FQSA

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA FQSA Président : Yvon Côté Secrétaire : André Baril Trésorier : Georges Malenfant Vice-présidence à la pêche sportive : Claude Hamel, V.P. • Bas-Saint-Laurent et Gaspésie : Dial Arsenault • Côte-Nord : Gilles Poirier • Montréal : François Chapados, Lyne Trudeau, Berchmans Rauzon • Québec et Saguenay : David Saint-Laurent, Sylvie Tremblay

22 Portrait d’une mordue

Vice-président aux affaires autochtones : Jean-Marie Picard Vice-présidence à la gestion des rivières : Michel Ouellet, V.P. • Rive sud : Marco Bellavance et Paul M. Leboutiller, administrateurs à l’Association des pêcheurs sportifs de saumon de la rivière Rimouski • Rive nord : Georges Gagnon, directeur général de la Société d’aménagement de Baie-Trinité poste Jacques Laroche, administrateur CGRSE

LES SECRETS DE SALMO 24 Descente de la rivière Nouvelle en apnée

Vice présidence aux finances et affaires corporatives : Jean-Claude Villeneuve Représentant de la FPQ : Dominic Dugré

ÉCHOS DE FRANCE

Gestionnaires : 2 postes vacants Délégués externes : • CIRSA : Gilles L. Duhaime • FSA : Charles Cusson • Maryse Saint-Amant • Améllie Thériault

26 Le saumon, hôte de la moule perlière

Directeur général : Michel Jean Présidents honoraires : Bernard Beaudin, Jean-Pierre Mailhot, Jean Racine, André Vézina

Index des publicités Camp Bonaventure .....................................29 Chalets du bout du monde ......................... 11 Chez Pierre, Bahamas .................................. 8 Le Coin du moucheur .................................. 11 Le Domaine de Raymond ..........................23 Fondation de la faune du Québec ............29 Hydro-Québec .............................................. 2 Produits UNI ..................................................45 Québec Pêche .............................................48 Salmon Lodge ................................................ 8

LE CONSEIL DES GOUVERNEURS 2010 MEMBRES CORPORATIFS Hydro-Québec Camp de pêche de la rivière Moisie inc. Corporation de pêche Sainte-Marguerite inc. Fondation Blairmore MEMBRE INDIVIDUEL M. John E. Houghton

LA RELÈVE HISTOIRES DE PÊCHE 34 La pêche au saumon noir 36 Sur la piste d’Amélie… 39 Mesdames, à vos mouches ! 42 Hommage à Bella Bérard

32 La pêche au féminin


Mot du président

Hommage à

Pierre Tremblay

C

e qui fait la force d’une organisation, bien plus que ses moyens financiers ou sa structure organisationnelle, ce sont avant tout les hommes et les femmes qui y consacrent leurs énergies avec dévouement. La FQSA vient de perdre l’une de ses figures dominantes des trente dernières années, Pierre Tremblay. Les lignes qui suivent veulent lui rendre hommage. Pierre Tremblay était un philanthrope et un homme des grandes causes sociales de la région de Québec. Un homme de cœur. Doté d’une énergie peu commune, il a prêté son concours à de très nombreuses œuvres caritatives. Généreux de sa personne, Pierre a rayonné comme un phare dans notre société. Il était animé d’une passion pour la pêche au saumon, passion qu’il a très tôt transformée en un engagement personnel envers la protection des rivières à saumon et la conservation de cette magnifique ressource naturelle. Au milieu des années 1980, il s’est investi dans la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA), dont il devint membre du Conseil d’administration et du comité exécutif. Grâce à son jugement nourri par ses expériences diversifiées de communicateur, il a contribué à faire évoluer les grands enjeux de la Fédération et à résoudre différentes situations problématiques contemporaines.

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Au fil des ans, Pierre est devenu le grand responsable de la cueillette de fonds à la FQSA. À cet égard, il a eu l’idée de créer le Conseil des Gouverneurs formé de représentants de la grande entreprise, d’hommes d’affaires et de mécènes. Tout d’abord, il les avait convaincus d’adhérer à l’idée de la conservation des rivières à saumon, puis de supporter financièrement les activités de la Fédération. Pendant la dizaine d’années durant laquelle il a assumé la direction de ce conseil, il aura réussi à accumuler plus d’un million de dollars pour soutenir les activités de notre organisation. Une marque qui ne sera jamais dépassée, j’en suis certain. Je l’avais d’ailleurs baptisé notre « One million dollar man ». L’expression lui avait plu. Elle le faisait sourire. Par la suite, son cheminement dans le monde du saumon l’aura amené à s’intéresser à la conservation de cette espèce à l’échelle canadienne, puisqu’on sait que les migrations du saumon dépassent largement les frontières du Québec. Pierre s’est ainsi rendu compte que pour assurer la sauvegarde du saumon au Québec, il devait aussi s’engager dans la Fédération du saumon atlantique (FSA), un organisme canado-américain, dont jusqu’à tout récemment il a été l’un des vice-présidents. Là aussi, il visait haut pour mieux intervenir. Enfin, la route du saumon l’a amené à l’échelle internationale, puisque de 1996 à 2004, il a été délégué


canadien, puis président de la Commission nord-américaine (CNA) dans le cadre de l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN). Cet organisme international regroupe une vingtaine de pays signataires d’un accord multilatéral visant la sauvegarde du saumon atlantique. Rares sont les bénévoles qui atteignent ce niveau de reconnaissance et ce pouvoir d’influence. Et Pierre l’a fait. C’est le moindre que l’on puisse dire des capacités qu’avait cet homme… En juin dernier, le hasard a voulu que l’OCSAN tienne ses assises annuelles à Québec. Malgré son état de santé très précaire, il a tenu à venir saluer brièvement ses anciens collègues et amis à l’occasion d’une réception sociale. Accompagné de son fils Pierre, il a pu faire ses adieux au monde international du saumon, montrant ainsi beaucoup d’attachement à cette cause et surtout toute la détermination dont il était capable. Pierre a laissé sa marque partout où il est passé. Les nombreuses distinctions qu’il a reçues en témoignent. Pour sa part, la FQSA lui a accordé en 2002 sa plus haute marque de reconnaissance, soit le Prix François de B. Gourdeau/Uitchitun. Ajoutons qu’en 2007, la FSA lui remettait le Prix T. B. « Happy » Frazer, également la plus haute distinction attribuée par cet organisme au sein duquel il a aussi œuvré. Sa contribution remarquable à la cause du

saumon pendant près de 30 ans lui valait amplement cette double reconnaissance. Pierre a été un grand du saumon parce qu’il voyait grand. Il avait compris que le saumon est d’abord et avant tout une ressource à caractère international : les Québécois doivent exercer leur responsabilité de fiduciaire avant même de pouvoir en profiter et de la partager avec tous ceux qui y ont un droit légitime.

Yvon Côté, président

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From the president

Homage to

Pierre Tremblay

T

he real strength of an organisation, much more than its financial means or its structural organisation, is above all, the men and women who dedicate their energy with great devotion. The FQSA recently lost one of its most dominant figures of the last thirty years, Pierre Tremblay. The following words wish to pay tribute to him. Pierre Tremblay was philanthropic, a man of great social causes in the Québec City region. A man of conviction. Endowed with uncommon energy, he was involved in many charitable causes. A generous, giving man, Pierre shone like a beacon in our society.

the idea of creating the Governors Council, composed of representatives of large enterprises, business men and patrons that he had convinced beforehand to adhere to the idea of salmon river conservation, and to financially supporting the activities of the Federation. During the decade he assumed the direction of this council, he managed to amass more than a million dollars in support of our organisations activities. A bench mark that I’m sure will never be surpassed. I had often referred to him as our « One million dollar man ». The expression pleased him and made him smile.

He was animated with a passion for salmon fishing, a passion which he transformed very early on into a personal commitment towards the protection of salmon rivers and the conservation of this magnificent natural resource. In the middle of the 1980`s he became involved in the Québec Atlantic Salmon Federation (FQSA) of which he eventually became a member of its Board of directors and its executive committee. Thanks to his judgement, nourished by his vast experiences as a communicator, he contributed in advancing the important issues of the Federation and in resolving different problematic situations of the time.

Later on, his progression in the world of salmon led him to develop an interest in this species conservation at the national Canadian level since, as we all know, salmon migrations extend far beyond the borders of Québec. Pierre realized that to safeguard salmon in Québec he also had to become involved in the Atlantic Salmon Federation (ASF), a Canado-american organisation, of which he was, until just recently, one of its vicepresidents. There too he aimed high to be able to intervene more effectively.

Over the years, Pierre became THE person responsible for fund raising in the FQSA. In this capacity he developed

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Finally the salmon road led him to the international level, and from 1996 to 2004 he was the Canadian delegate, then president of the North American Commission (NAC), within the North Atlantic Salmon Conservation Organisation


(NASCO). This international body is composed of twenty or more countries, signatories of a multilateral convention for the conservation of Atlantic salmon. Rare indeed are those volunteers who attain this level of acclaim and influence. Pierre did it, and it says volumes about the capacities of this great man. Last June, as chance would have it, NASCO held its annual meeting in Québec city. In spite of his very frail health, he insisted on briefly greeting his former colleagues and friends during a social reception. Accompanied by his son Pierre, he was able to bide his farewell to the international salmon community, another fine example of his immense devotion to this cause and, above all, to the sheer determination of which he was capable. Pierre left his mark everywhere he went. The numerous distinctions he received over the years bear witness to this. For its part, in 2002 the FQSA bestowed on him its most prestigious commendation, the Francois de B. Gourdeau /Uitchitun Award. Moreover, in 2007 the ASF, where he had worked, also honoured him with the T. B. « Happy » Frazer Award, again the highest distinction attributed by this organisation. His remarkable contribution to the salmon cause for nearly 30 years is more than enough for him to amply merit this double acknowledgement.

Pierre was a salmon giant because he thought big. He understood that salmon was, first and foremost an international resource for which Quebecers must assume an important fiduciary responsibility even before benefitting from it, and to share it with all those who have a legitimate right to it. I bid a final salute to a great salmon man.

Yvon Côté, president

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Les

femmes sur nos rivières Les femmes à la pêche. Voilà une avenue éditoriale qui me trottait dans la tête depuis bien des saisons déjà. Je crois en avoir eu un premier flash à l’hiver 2008 quand je me suis retrouvé à la clinique pour un problème articulaire. La médecin m’avait alors demandé : « Et que faites-vous dans la vie, monsieur Jean? » Ma réponse fut quand même vague : rédacteur en chef pour un magazine de pêche au saumon, magazine qu’elle reconnut aussitôt, me racontant qu’elle avait beaucoup pêché par le passé avec son mari, mais qu’elle avait cessé l’activité, jugeant qu’elle avait été plus souvent qu’à son tour victime de machisme sur les rivières. M’imaginant alors les pires scénarios, je ne pouvais qu’être désolé de la situation. Mais, avec le magazine et ses lecteurs comme arme, il était évident que je pouvais apporter ma contribution pour redonner à la gent féminine toute la place qui lui revient! Depuis quelque temps, on constate que la pêche du saumon atlantique s’est libérée du joug du machisme d’antan. On voit de plus en plus de pêcheuses seules sur les rivières, les femmes investissant de plus en plus d’argent dans leur propre équipement. D’ailleurs, leur nombre doit être assez important, puisque les fabricants lancent sur le marché nombre de nouveaux produits leur étant destinés. Les femmes ont également de dignes représentantes qui prennent maintenant une place prépondérante, que ce soit à travers les médias sociaux ou les publications traditionnelles. Nous n’avons qu’à penser aux April Vockey de ce monde, ou plus près de nous, aux saumonières qui ont su faire leur place par leur implication dans le monde

de la pêche au saumon : Jacqueline Lecomte, Bella Bérard, et bien d’autres! Pensons également à des dames comme Marie-Claude Landry, rien de moins que représentante pour G.Loomis, Sylvie Tremblay que vous avez pu lire à quelques reprises dans Saumons illimités, à des pêcheuses comme Geneviève Fournier de Gaspé, qui a participé comme guide à l’activité de mentorat de cette année – son enthousiasme débordant nous frappe à tout coup! Pensons aussi à des jeunes comme Sabrina, Johannie, et Selma de la maison des jeunes Point de Mire. Sans oublier des femmes d’affaires œuvrant dans le monde du saumon, comme le fait Ann Smith à Gaspé. Et ce ne sont là que quelques exemples parmi tellement d’autres… Mais ce n’est pas tout. À peu près à pareille date l’an dernier, la ministre Nathalie Normandeau lançait à la Fédération québécoise pour le saumon atlantique le défi d’inclure des femmes dans son conseil d’administration. Il ne fallait pas en dire davantage pour que cette volonté se réalise lors du dernier congrès tenu en avril dernier à Québec. La FQSA est très fière de compter sur des femmes telles Sylvie Tremblay, Maryse Saint-Amant, Amélie Thériault et Lyne Trudeau. Alors, à toutes ces femmes qui ont participé par le passé et qui le font encore aujourd’hui, pêcheuses, femmes d’affaires, gestionnaires, nous vous remercions du fond du cœur de faire partie de la magnifique aventure de la pêche au saumon atlantique au Québec. Marc-Antoine Jean Rédacteur en chef, Saumons illimités Saumons illimités 9


LE 25e SOUPER-BÉNÉFICE DE LA FQSA :

un franc succès d’équipe Par Marc-Antoine Jean | Photos : Patrick Beaumont

Le vendredi 29 octobre dernier avait lieu le 25e souper-bénéfice annuel de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique. L’événement s’est tenu au Théâtre Capitole sous la présidence d’honneur de monsieur Jean Simon, président de Rio Tinto Alcan métal primaire Amérique du Nord. Les fonds amassés au cours de cette soirée permettront à la FQSA de poursuivre sa mission de conservation du saumon atlantique et de son habitat ainsi que sa mise en valeur par le développement de sa pêche sportive. Comme par les années passées, c’est avec un immense travail d’équipe que l’événement a pu être réalisé. Pour une deuxième année consécutive, c’est monsieur David Saint-Laurent, administrateur à la FQSA, qui a présidé le comité organisateur du souper, essentiellement composé d’Yvon Côté, Michel Jean, Amélie Dussault, Marc-Antoine Jean, Geneviève Fontaine-Séguin, Geneviève Campagna, Gilles Duhaime, Gilles Shooner et Jean Racine. Ce sont plus de trois cent soixante convives qui ont assisté à la soirée, et la participation des nombreux collaborateurs, partenaires,

YVON CÔTÉ, PRÉSIDENT DE LA FQSA, EN COMPAGNIE DE JEAN SIMON, PRÉSIDENT DE RIO TINTO ALCAN MÉTAL PRIMAIRE AMÉRIQUE DU NORD.

PLUSIEURS TIRAGES ET ACTIVITÉS ONT PERMIS À LA FQSA DE RÉALISER L’UN DES PLUS IMPORTANTS SOUPERS DE SON HISTOIRE.

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commanditaires et convives a permis d’amasser plus de 180 000 $, ce qui fait du souper de 2010 l’un des plus importants de l’histoire de la Fédération. Les peintres de la Fondation la Norditude, qui soutiennent la Fédération depuis de nombreuses années, étaient pour la plupart présents. C’est d’ailleurs monsieur Louis Tremblay qui a offert la pièce maîtresse de l’événement, une magnifique huile sur toile intitulée La rivière Mingan. Des lithographies de cette œuvre, à tirage limité à 50, ont été imprimées et peuvent maintenant êtes achetées auprès de la FQSA. Tex Lecor, St-Gilles, Jacques Hébert et Louise Martineau étaient également présents. Nouveau venu cette année, l’artiste-peintre Raynald Leclerc était aussi présent. Il est essentiel de souligner la très forte représentation des Premières Nations à l’événement, témoignant de la qualité des liens unissant la FQSA aux nations autochtones du Québec. À tous les convives présents, à nos partenaires, commanditaires et donateurs, nous vous disons merci !

PIERRE GINGRAS, ANIMATEUR DE LA SOIRÉE.

LOUIS TREMBLAY, ARTISTE-PEINTRE, ET YVON CÔTÉ REMETTANT À JEAN SIMON LA LITHOGRAPHIE DE LA TOILE MAÎTRESSE DU 25e SOUPER-BÉNÉFICE.


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Mentorat

Sortie mentorat et découverte 2010

GÉRARD BILODEAU À LA FOSSE GROS-SAUMON SUR LA YORK, AVEC LUCIE POIRIER

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MATIN PAISIBLE AVANT LA PÊCHE POUR SIMON BONIN

Texte: Marc-Antoine Jean Photos : Marc-Antoine Jean et Gérard Bilodeau

BELIMAGE ET CÉLINE LECLERC DANS LA FOSSE BLUFF DE LA SAINT-JEAN

Les 4 et 5 septembre dernier, plusieurs pêcheurs de saumon ont envahi les rivières de Gaspé et celles de Chandler et Pabos. En effet, c’est ce weekend-là qu’a eu lieu la quatrième édition de l’activité annuelle Mentorat et découverte de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, en partenariat avec le portail Web Québec Pêche. Pas moins de cent pêcheurs, mentors, guides, initiés, néophytes, tant hommes que femmes, ont pris d’assaut les rivières Saint-Jean, Dartmouth, York, Petit Pabos, Grand Pabos Ouest et Grand Pabos Nord. Comme au cours des années antérieures, les pêcheurs étaient tous jumelés en groupes de deux, accompagnés d’un mentor dans le cas des néophytes (activité mentorat), ou d’un guide pour les pêcheurs avertis désireux de faire connaissance avec ce nouveau coin de pays (activité découverte). Ce dernier volet a pris naissance lors de la deuxième édition de l’événement qui s’était déroulé sur les rivières Rimouski et Mitis, et qui Saumons illimités 13


Mentorat

JACQUES FABVRE, UN MENTOR D’EXPÉRIENCE.

avait connu un succès retentissant. Cette année encore, l’événement comportait une troisième composante, soit le volet jeunesse, animé par les adolescents de la maison Point de Mire de Verdun. Ceux-ci guidaient leurs pairs du centre de jeunesse de Gaspé dans leurs premiers pas à la pêche du saumon atlantique. Le point de ralliement de tous les pêcheurs était l’auberge de Fort-Prével, un splendide établissement de la Sépaq situé entre Gaspé et Percé. Tous les participants, à l’exception de ceux qui étaient accueillis chez des amis de Gaspé, y étaient hébergés. Le soir venu, tous se retrouvaient à l’auberge pour partager un repas en groupe. C’est ainsi que lors du repas de samedi soir, Pierre Manseau a été honoré de la plaque « Tableau d’honneur » de la Fédération du saumon atlantique (FSA), décernée à un individu ou un organisme qui s’est distingué dans la conservation et la mise en valeur du saumon. La plaque lui a été remise par Charles Cusson de la FSA. Malgré le faible débit de l’eau au début de la pêche samedi, on ressentait beaucoup d’enthousiasme. Pour ma part, j’ai arpenté quelques fosses de la Saint-Jean pendant la matinée de samedi avec Charles, puis la York en après-midi. Partout nous y avons trouvé des pêcheurs 14 Saumons illimités

GENEVIÈVE FOURNIER, UNE MORDUE, TOUT SOURIRE MALGRÉ LE TEMPS GRIS.

JEAN-GUY BÉLIVEAU, CONNU SOUS LE PSEUDONYME BELIMAGE SUR QUÉBEC PÊCHE, EN TRAIN DE DONNER SES CONSIGNES AUX PÊCHEURS QU’IL GUIDAIT AU TOUT DÉBUT DU PREMIER JOUR DE PÊCHE.


CHARLES ET MOI AVONS ARPENTÉ PLUSIEURS FOSSES AFIN D’EN TIRER QUELQUES BONNES IMAGES.

fébriles à l’idée d’avoir la chance de prendre un saumon. Ces derniers étaient présents, on pouvait les voir facilement à condition d’avoir de bons verres polarisants, et dans mon cas, à travers un objectif d’appareil photo. Vers l’heure du dîner, la pluie a commencé à tomber légèrement, mais pas assez pour ralentir l’ardeur des pêcheurs. À ce moment-là, Charles et moi sommes allés à la fosse Gros-Saumon sur la York rencontrer Gérard Bilodeau, mentor et précieux collaborateur de Saumons illimités, ainsi que les deux pêcheurs à qui il enseignait. Pour moi, Gérard est la définition même du mentor : il est un pêcheur passionné et un saumonier redoutable qui pratique néanmoins l’activité pour le plaisir. Ce plaisir et cette passion, il sait d’ailleurs bien les communiquer aux pêcheurs qui l’entourent. C’est donc pour cette raison que nous tenions à avoir des images de lui avec ses apprentis pêcheurs sur la rivière. Ce jour-là, la chance nous a vraiment souri : il y avait sur la même fosse Annette Chiasson et Louise Gagnon se faisant guider par Geneviève Fournier. On avait de magnifiques images en perspective.

MICHEL ROY LORS DU REPAS DU MIDI SUR LA YORK.

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Mentorat

JEAN ROY, DIRECTEUR DE LA SOCIÉTÉ DE GESTION DES RIVIÈRES DE GASPÉ

LES FEMMES À LA PÊCHE! DE GAUCHE À DROITE : LUCIE, GENEVIÈVE, LOUISE ET ANNETTE.

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DIANE NOËL (À GAUCHE) ET RENÉE BERNATCHEZ (À DROITE), ACCOMPAGNÉES PAR LEUR GUIDE SUR LES RIVIÈRES PABOS, PASCAL RENÉ (AU CENTRE).


Les fortes pluies du samedi soir ont eu pour effet d’augmenter le débit des rivières durant la nuit suivante, une perspective loin de déplaire aux pêcheurs. Pour ma part, la journée du dimanche allait être passée sur les rivières Pabos en compagnie de ma collègue Amélie Dusseault. Nous avions rendez-vous en avant-midi avec René Giroux de la Zec Pabok pour aller sur la Petit Pabos, toujours en compagnie d’Annette et de Louise, qui seraient guidées, cette fois, par René. Durant l’après-midi, c’est la Grand-Pabos Nord qui nous attendait avec sa magnifique fosse 21. Il faut aussi souligner une participation de dernière minute à cet événement annuel. Il s’agit de Jacob-Martin Malhus, directeur au Ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Jacob en était à son « baptême » du saumon. Michel Jean, directeur de la FQSA a pris la responsabilité d’agir comme mentor de Jacob qui a bien su profiter des leçons du maître avec deux captures de saumons, ses deux premières à vie. Nous avons eu la chance cette année de voir plusieurs participants prendre leur saumon. En tout, près de 25 poissons ont été pêchés dans les rivières Saint-Jean, York, Dartmouth, Petit-Pabos, GrandPabos Nord et Grand Pabos Ouest. Fait à noter, à la recommandation de Pierre Manseau, l’initiateur de l’activité Mentorat, la grande majorité des captures ont été remises à l’eau. L’événement a pris fin avec le banquet du dimanche soir où tous ont pu se raconter leurs aventures de la fin de semaine et relater leurs captures toujours plus rocambolesques les unes que les autres. Les présidents des organismes de gestion des rivières ainsi que Yvon Côté ont été invités à s’adresser aux pêcheurs. C’est d’ailleurs à ce moment que monsieur Côté a fait l’annonce de la création du prix Jean-Paul Duguay par la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, qui sera remis annuellement à un individu ou un organisme en reconnaissance de ses actions dans le domaine de la conservation du saumon. Une telle activité n’aurait pu être réalisée sans la participation active des organismes de gestion des rivières. Nous tenons donc à remercier monsieur Jean Roy, directeur général de la Société de gestion des rivières de Gaspé inc., et monsieur René Giroux, du Regroupement pour la restauration des trois rivières

MATHIEU LACHANCE EN ACTION.

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DÉTAIL DU PREMIER SAUMON DE JACOB.

VUE DU SECTEUR 6 DE LA RIVIÈRE PETIT PABOS, AU PIED DU CAMP TAMARAK.

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DIANE NOËL EN ACTION À LA FOSSE 20 SUR LA GRAND PABOS NORD. ANNETTE CHIASSON ET LOUISE GAGNON SUR LA RIVIÈRE PETIT PABOS.

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JACOB MARTIN-MALUS DU MRNF A PRIS SON PREMIER SAUMON SUR LA GRANDE RIVIÈRE.

MARIO VIBOUX ET RENÉ GIROUX LORS DU BANQUET DU DIMANCHE SOIR À FORT PRÉVEL.

LORS DU REPAS DU SAMEDI, PIERRE MANSEAU A ÉTÉ INSCRIT AU TABLEAU D’HONNEUR DE LA FSA PAR CHARLES CUSSON.

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« R’GÂRD ! UN GROS POÉSSON ! » MARIO VIBOUX ET JOCELIN LEBLANC EN TRAIN DE S’AMUSER À LA FOSSE 19 DE LA PABOS NORD. LES GUIDES, UN DES ROUAGES IMPORTANTS DANS LA RÉUSSITE DE L’ÉVÉNEMENT.

Pabos. Il faut également souligner la participation de la Sépaq cette année, qui a su nous recevoir comme des princes à l’auberge de Fort-Prével. Mais avant tout, les pêcheurs, tant en mentorat qu’en découverte, se souviendront de l’accueil chaleureux et du dévouement des mentors et des guides qui sont au cœur du succès de l’événement. Merci beaucoup !

MONSIEUR JEAN-PAUL DUGUAY.

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Mentorat

Portrait mordue d’une

Par Geneviève Fournier

Tout a commencé à l’âge de douze ans lorsque j’ai capturé, non sans fierté, mon premier saumon, un Chinook d’une dizaine de livres. C’était au Yukon avec mon père et ce fut une expérience inoubliable. Mais je ne me doutais pas à cette époque de l’ampleur de la passion, de l’obsession qui m’attendait. Plus tard, la vie a mis sur mon chemin un guide de pêche au saumon : Dave Adams, mon conjoint depuis maintenant dix ans qui exerce le métier de son grand-père. C’est lui qui est en grande partie responsable de mon histoire d’amour avec Salmo Salar. Dave m’a fait prendre mon premier saumon à la mouche sur la Dartmouth à Gaspé, une des trois rivières de notre ville natale, ce qui explique aussi pourquoi cette petite rivière a toujours gardé une grande place dans mon cœur. Toute une chance de vivre entourée des rivières York, St-Jean et Dartmouth, qui comptent parmi les plus belles rivières à saumon! Elles sont toutes plus exceptionnelles et différentes les unes que les autres par leurs couleurs et la limpidité de leurs eaux. J’y apprends et dévore chaque saison l’art de la pêche à la mouche. 22 Saumons illimités


Photo : Gérard Bilodeau

Dave m’a fait prendre mon premier saumon à la mouche sur la Dartmouth à Gaspé, une des trois rivières de notre ville natale, ce qui explique aussi pourquoi cette petite rivière a toujours gardé une grande place dans mon cœur. Toute une chance de vivre entourée des rivières York, St-Jean et Dartmouth, qui comptent parmi les plus belles rivières à saumon! Elles sont toutes plus exceptionnelles et différentes les unes que les autres par leurs couleurs et la limpidité de leurs eaux. J’y apprends et dévore chaque saison l’art de la pêche à la mouche. Plusieurs raisons expliquent cet engouement, comme le simple fait de me retrouver dans la nature, de respirer l’air pur, de voir le soleil se lever, et découvrir la faune et la flore. L’unique geste de moucher les pieds dans une rivière me remplit d’une immense sensation de plaisir. Avoir la chance d’observer les saumons dans une eau claire comme du gin est exceptionnel, de les voir se métamorphoser au cours de leur montaison en passant de ronds comme un ballon, costauds et brillants, à très élancés aux couleurs fabuleuses. Et que dire du mâle de septembre avec son gros crochet et son air féroce... on veut tous finir sa saison avec un gros buck! Mais ce qui me captive par-dessus tout, c’est d’arriver à déjouer Salmo Salar, celui qui me fait vivre des sensations fortes et des aventures extraordinaires. Certains moments sont si intenses et remplis d’émotions que mon cœur semble s’enflammer. Ressentir l’adrénaline qui m’envahit lorsque ma ligne se tend et entendre mon moulinet crier zeeeeeee! En tenir un beau qui saute et sursaute avec une puissance démente,

UNE BELLE PRISE SUR LA YORK LORS DE LA FIN DE SEMAINE DE MENTORAT DE LA FQSA.

le voir donner d’incroyables coups de tête pour se décrocher, ou encore l’apercevoir soudainement fuir à la vitesse de la lumière pour sortir de la fosse en me faisant courir derrière lui… Sentir mon cœur battre si fort lors d’un tel combat, et se déchirer lorsque parfois ma ligne perd d’un seul coup toute sa tension après tant de patience et de persévérance… Et quand tout se passe bien, cette façon qu’il a de nous arroser, comme pour nous remercier de lui redonner sa liberté… Tout ça n’a pas de prix! Voilà tout un monde qui m’allume! Depuis le printemps dernier, Dave et moi habitons une maison que nous avons fait construire sur le bord de la rivière York. Nous prenons notre café le matin, éblouis par le scintillement de la rivière. Un rêve devenu réalité! Cet amour et ce grand respect que je voue au roi des rivières me font aussi m’interroger sur son avenir, entre autres sur les mesures de conservation et de protection de l’espèce et sur son environnement. Y aura-t-il toujours du saumon dans les rivières, dans dix, vingt, cinquante ans? C’est là une autre histoire...

POURVOIRIE DOMAINE DE RAYMOND

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Secrets de Salmo

EMBÂCLE SUR LA RIVIÈRE, UN ENCHEVÊTREMENT D’ARBRES RECHERCHÉ PAR LES PÊCHEURS.

LA DESCENTE DE LA RIVIÈRE NOUVELLE EN APNÉE, IMPRESSIONS D’UN BIOLOGISTE Par Gilles Ouellette (biologiste)

Il est 8 h du matin et la poussière de la route que soulèvent les camions transporteurs de bois, chargés à ras bord, se dissipe lentement pour nous laisser voir le soleil qui envahit la vallée de la rivière Nouvelle. Une longue descente de rivière en apnée nous attend, mon copain de plongée Serge Landry et moi. Cette mini mission scientifique a pour but d’estimer le nombre de reproducteurs d’Omble de fontaine anadrome (aussi appelé la truite de mer) présents dans la rivière. Quelques semaines plus tôt, nous avions scruté le cours principal de la rivière depuis la fosse 57 jusqu’à la fosse 7. Durant deux jours, des plongées en apnée nous avaient permis d’identifier les sites potentiels de repos et d’alimentation pour la truite de mer et d’effecteur le dénombrement visuel des individus présents en suivant une procédure préétablie. A tous les deux à trois cents mètres de descente, nous nous arrêtions pour comparer les résultats de nos observations respectives et convenir d’une estimation commune.

Une complice durant cette mission, l’agente de conservation auxiliaire Amélie Aspirot, nous attendait aux points de rendez-vous pour prendre note de nos observations de dénombrement de saumons et de truites de mer. Il faut dire que la transparence de l’eau de la Nouvelle est exceptionnelle. Un petit rappel technique. La transparence d’un cours d’eau peut être mesurée avec un instrument appelé « disque de Secchi », un disque plombé d’environ 20 cm de diamètre séparé en quadrants noirs et blancs. Sur la Nouvelle le disque de Secchi reste parfaitement visible même immergé au fond d’une fosse de 6 mètres de profondeur, on se croirait véritablement dans un aquarium! La transparence de l’eau présente l’avantage de permettre à la truite de mer de chasser à vue et d’attraper des proies qui

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Photo : Thibault Millet

SALEVELINUS FONTINALIS, PHOTO PRISE DANS LA PETITE CASCAPÉDIA


dévalent à quelques centimètres sous la surface. Elle fonce comme l’éclair, puis revient se camoufler dans l’ombre des arrachis d’arbres – une chose qu’a par ailleurs remarquée dès l’enfance mon ami Serge. Pour le biologiste, la transparence de l’eau signifie que l’on peut faire un dénombrement visuel des poissons présents dans la rivière. Descendre la Nouvelle, tantôt à pied sur les gros cailloux limoneux et glissants, tantôt la tête sous l’eau, le masque et le tuba bien en place, n’est pas une mince tâche quand l’on veut débusquer les très timides truites de mer. C’est une aventure palpitante que de scruter à la loupe une rivière qui depuis deux siècles est reconnue en Amérique du Nord, au Québec et dans la baie des Chaleurs comme un joyau pour la pêche à la truite de mer. Lors de la première descente, Serge et moi avions dénombré des saumons revenant perpétuer le cycle de l’espèce, et notre grande surprise fut de réaliser que le nombre de Salvelinus fontinalis de taille adulte (individus atteignant au moins 35 cm) dépassait à peine le nombre de saumons observés chaque année dans la Nouvelle depuis cinq ans. Stupéfiés, nous nous sommes inquiétés de cette faible abondance de truite – il n’y en avait que des dizaines, et non des centaines comme nous l’avions espéré. Après ces deux jours de recherche dans les secrets de la rivière, nous formulions donc l’hypothèse que la majorité des gros géniteurs était montée vers les aires de fraie. C’est donc dans la partie en amont du bassin de drainage – dans le secteur que les gens du coin appellent les « Branches de la petite rivière Nouvelle » – que nous allions reprendre le masque et le tuba. Complices de la rivière et de la truite de mer, nous voilà donc deux semaines plus tard pour, cette fois, scruter les aires de repos près des zones de fraie potentielles de la partie supérieure de la rivière que Serge connait bien. Il patauge et pêche dans cette rivière depuis son adolescence; chaque détour, chaque fosse, chaque bassin, il les connait mieux que quiconque dans le pays de la Nouvelle. Serge m’avait guidé lors de ma première descente, me devançant toujours d’une dizaine de mètres afin de me signaler les truites que je n’avais pas vues et, préoccupé par ma sécurité, pour m’éviter de me retrouver pris dans une branche dangereuse du bosquet d’arbres noyés sous l’eau. Serge disait qu’il « attendait son p’tit vieux en aval des bassins! »

Bien que je plonge depuis 1971, tout est différent en dénombrement visuel des truites, mis à part les vidages de masque et de tuba. Il faut retenir le nombre de poissons vus, estimer leur taille (petit, moyen et gros poissons) et constamment tenter de repérer ces poissons bien camouflés dans l’ombre des branches de peuplier arrachées, amoncelées ou enchevêtrées dans les courbes de rivière. Un dénombrement visuel des truites est une chasse sous-marine où il faut être alerte à tout moment, regarder de chaque côté et éviter les rochers qui arrivent droit devant à la vitesse du courant. C’est aussi tout un défi pour l’observateur de trouver les truites timides. Cela nous permet donc de comprendre comment et pourquoi elles préfèrent les zones où elles se reposent et se nourrissent encore même après s’être gavées de poissons marins dans leur voyage vers la mer et l’estuaire. Nous devons faire un avec la rivière en la respectant toujours dans les moments où elle est vivante et calme, mais aussi lorsqu’elle est fougueuse et brutale pour le plongeur. Elle vous livre des petits secrets bien gardés comme la vue d’un castor immobile au fond de l’eau, calmement installé dans son habitat : il vous regarde passer au-dessus de lui telle une grenouille géante tout emmitouflée de néoprène avec de drôles de lunettes. Puis, vous relevez la tête hors de l’eau et c’est un chevreuil qui tente d’abord de vous repérer avec son nez et ses grandes oreilles qui oscillent pour mieux capter les sons du danger, puis quitte la rivière en deux bonds. Vous verrez aussi des tacons de truites rapides comme l’éclair et bien camouflés sur le gravier ou entre les galets d’une petite mare d’eau d’à peine 10 cm de profondeur où coule un petit filet qui garde une température adéquate pour ces bébés truites de quelques mois. Descendre la rivière et évaluer sa population de truites deviendra une tâche scientifique récurrente (annuelle) pour deux passionnés de la Nouvelle comme Serge et moi. Nous reviendrons pour vous raconter nos projets d’aménagement et de gestion de l’Omble de fontaine anadrome de cette rivière, un véritable joyau dont les gens d’ici sont très fiers. SERGE LANDRY EN ACTION

PANORAMA DE LA FOSSE 42

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Échos de France

LE SAUMON, HÔTE DE LA

moule perlière

CE FOND SABLEUX ET GRAVELEUX PROVENANT DE L’ÉROSION DU GRANITE EST TOUT AUSSI FAVORABLE À LA MOULE PERLIÈRE QU’AUX SALMONIDÉS.

Texte de Gilbert Cochet, pour le Conservatoire national du Saumon sauvage

Parmi les bivalves des cours d’eau, le groupe des nayades (« moules d’eau douce ») rassemble deux familles : les unionidés et les margaritiféridés. La moule perlière (Margaritifera margaritifera) et la grande mulette (Pseudunio auricularius) sont les deux seuls représentants européens des margaritiféridés mais, dans le monde, il existe en tout quinze espèces, toutes présentes dans l’hémisphère nord. La famille des margaritiféridés est considérée comme la plus primitive des moules d’eau douce. La coquille de la moule perlière est allongée et peut atteindre une longueur de 15 à 16 cm dans les pays scandinaves, avec un maximum de 16,2 cm en Russie. En France, le maximum connu est de 13 cm.

UN INVERTÉBRÉ EMBLÉMATIQUE ET MYTHIQUE La moule perlière occupe l’esprit de l’homme depuis la nuit des temps, puisque des ramassages pour les perles et la nacre sont attestés dès l’ère néolithique. L’époque romaine

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LA MOULE PERLIÈRE A INSPIRÉ DE NOMBREUX ARTISTES.

puis le Moyen-âge ont apporté à leur tour des preuves de l’intérêt suscité par l’espèce et, depuis les premières études scientifiques, des milliers de publications à son sujet l’ont élevée au rang d’invertébré le plus étudié de la planète!


Le nom de genre, Margaritifera, donné par Linné en 1758, signifie « qui porte des perles ». La nomenclature scientifique n’a donc pas trahi le rêve de l’homme et de sa parure.

50 cm de profondeur dans le sédiment, les jeunes moules (2 à 3 cm) apparaissent sur le fond du cours d’eau. Elles ne se reproduiront pas avant l’âge de 12 à 20 ans.

UN CYCLE COMPLEXE

UNE SPÉCIFICITÉ D’HÔTES : TRUITES OU SAUMONS

Les sexes étant séparés, le mâle libère les spermatozoïdes directement dans le courant. Ils sont alors récupérés par une femelle située en aval, grâce à son système de filtration. Les millions d’ovules présents dans le manteau, entre les valves de la femelle, sont alors fécondés. Au bout de quelques semaines, les embryons sont transformés en larves minuscules appelées glochidies (50 à 80 microns). La présence d’un poisson-hôte à proximité déclenche la libération des larves qui doivent alors se fixer sur les branchies du poisson. Dans de bonnes conditions, la larve peut dériver jusqu’à 6 jours dans l’eau avant de se fixer. Après fixation, la glochidie se développe, tel un parasite, en s’enkystant en groupe sur les branchies d’un salmonidé. La durée de cette phase répond à deux stratégies : quelques semaines (20 à 60 jours) ou 7 à 9 mois. Pour les phases courtes, les jeunes moules sont libérées en fin d’été; pour les phases longues, après une période de repos hivernal dans le développement de la larve, les jeunes moules rejoignent le sédiment au printemps et au début de l’été de l’année suivant la reproduction. Ces deux stratégies existent conjointement dans une même population et semblent déterminées génétiquement. C’est le principe de la double chance! Après une vie de 2 à 4 ans enfouie jusqu’à

En Europe, la moule perlière ne peut se développer que sur deux espèces de poissons-hôtes : la truite fario (Salmo trutta) et le Saumon atlantique (Salmo salar). Pour la truite, le plus souvent, seules les jeunes truitelles (quelques mois à deux ans) peuvent être parasitées. Pour le saumon, même des individus de très grande taille peuvent héberger des larves. L’ombre commun ou la truite arc-en-ciel ne permettent pas le développement des glochidies. Par contre, en Amérique du Nord, sur la façade atlantique, l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis) joue aussi le rôle de poisson-hôte.

UNE STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT ET DE DISSÉMINATION Pendant la phase larvaire, les glochidies détournent une partie du métabolisme du poisson-hôte pour se développer et subir une véritable métamorphose. Au même moment, les déplacements du salmonidé vont permettre la dissémination de l’espèce, par ailleurs parfaitement sédentaire le reste de sa vie. Il s’agit donc bien d’une double stratégie adaptative qui explique en partie la très grande aire de répartition de la moule perlière.

LE TACON ET LA TRUITE FARIO SONT LES SEULS POISSONS-HÔTES DES RIVIÈRES EUROPÉENNES.

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Échos de France PARASITISME OU SYMBIOSE? Alors que tout semble indiquer une simple relation de parasitisme de la part des larves sur le poisson, une analyse plus poussée évoque plutôt une symbiose. En effet, la présence de glochidies améliore l’état général du salmonidé. Des expériences ont montré le rôle des sécrétions glochidiennes sur la disparition notamment de mycoses sur la truite et le saumon. De plus, lors de sa phase enfouie, la jeune moule se nourrit en « nettoyant » le substrat et même en supprimant les filaments mycéliens qui se développent sur les œufs des frayères. Enfin, par la stabilisation du sédiment et la filtration de l’eau (cinquante litres d’eau par jour pour une seule moule!) qui en supprime la turbidité, la moule perlière augmente très fortement la production des frayères à salmonidés.

UN BIO-INDICATEUR HISTORIQUE UNE ESPÈCE NATURELLEMENT EXIGEANTE Plusieurs caractéristiques biologiques rendent la moule perlière particulièrement sensible à la qualité de son milieu. Comme filtreur, elle ne peut supporter les pollutions chimiques même de faible ampleur. En effet, à long terme, la dose devient fatale en s’accumulant dans les tissus de la mulette. Par son cycle biologique, elle est directement liée à la bonne santé des salmonidés, eux-mêmes très sensibles aux perturbations du cours d’eau. Durant sa phase enfouie dans le sédiment qui dure jusqu’à quatre ans, la moule perlière ne supporte pas le colmatage du lit des rivières. Ne vivant que dans les cours d’eau oligotrophes, elle disparaît si la charge en calcium devient trop importante. Enfin, par sa grande longévité, elle a besoin d’une eau de qualité en permanence et n’a pas la possibilité, comme la plupart des autres invertébrés à vie courte, de recoloniser rapidement son milieu après un épisode fâcheux. Les scientifiques du Royaume-Uni, d’Allemagne, de Scandinavie et de Russie ont beaucoup étudié les exigences de la moule perlière, notamment par des analyses dans les cours d’eau, mais aussi par des expérimentations en aquarium. L’ensemble de ces données indépendantes constitue un fonds remarquable et indiscutable. Tous ces résultats, qui confirment les critères de très haute qualité exigés par l’espèce, ont été rassemblés lors d’une mise en commun au sein d’une commission du Conseil de l’Europe. Ainsi, la moule perlière ne peut plus se reproduire dans une eau dont la quantité de nitrate dépasse 1 mg par litre, soit 5 à 6 fois moins que la quantité présente dans un certain nombre de nos eaux minérales pourtant vantées pour leur pureté! Pour les phosphates, la dose à ne pas dépasser est 0,03 mg par litre. Le pH doit rester inférieur à 7,5 mais au-dessus de 6, la trop forte acidité lui étant fatale.

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DANS LE MASSIF CENTRAL, L’ANSE DU NORD PRÉSENTE UNE QUALITÉ COMPATIBLE AVEC LA SURVIE DE LA MOULE PERLIÈRE.

Ainsi, il apparaît que la moule perlière, pour ses conditions de vie, est beaucoup plus exigeante que les salmonidés, longtemps considérés comme les meilleurs indicateurs.

POUR LA QUALITÉ DE L’EAU : UN SYSTÈME GAGNANT-GAGNANT Bien que les conditions exigées par la moule perlière sont de très haut niveau, la qualité de l’eau qui en résulte est encore meilleure. En effet, une population naturelle, sur 10 km, filtre 125 millions de litres d’eau par jour! Plus de 90 % de la matière organique en suspension est alors supprimée et l’eau sera encore plus propre. Finalement, nous sommes en présence d’un véritable cercle vertueux de la qualité des rivières! L’absence actuelle de l’espèce dans des cours d’eau pourtant de très bonne qualité et où elle était anciennement présente s’explique souvent, après enquête, par un épisode de pollution. Inversement, la présence aujourd’hui dans une rivière d’une population de moules perlières se reproduisant normalement indique que la qualité de l’eau est restée excellente durant les siècles précédents!

LA RÉPARTITION DANS LE MONDE UNE AIRE DE RÉPARTITION TRÈS VASTE LIÉE EN PARTIE AU SAUMON La moule perlière est considérée comme le mollusque d’eau douce le plus largement répandu. Cette situation s’explique en partie par le caractère très ancien de cette espèce, dont des parents très proches existent depuis plus de 60 millions d’années, soit au tout début du Tertiaire. L’espèce est actuellement présente dans l’hémisphère nord, sur la façade


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Échos de France LA RÉPARTITION EN FRANCE LE TRIO GRANITE, SAUMON, MOULE PERLIÈRE RESPECTÉ

AIRE DE RÉPARTITION DE LA MOULE PERLIÈRE DANS LE MONDE.

Photo : Jacky Crozemarie

atlantique de l’Europe et de l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis). Cette séparation correspond probablement à l’ouverture de l’Atlantique Nord et se calque sur la répartition du saumon atlantique. Les populations les plus au nord-est de l’aire de répartition sont aussi liées à l’extension du saumon et ne dépassent pas les bassins des fleuves tributaires de la mer Blanche. Il faut signaler la présence de plusieurs rivières occupées sur le haut bassin du Danube, notamment en Autriche. Elles représentent les seules populations sans lien apparent avec la répartition du saumon. En fait, les bassins du Rhin et du Danube ont subi des échanges durant le Quaternaire, ce qui peut expliquer cette présence étonnante. Dans le sud, la moule perlière se retrouve jusqu’au Portugal, là encore, dans les dernières rivières à saumon.

En France, la moule perlière n’est présente que dans les massifs anciens sur des bassins occupés, au moins historiquement, par le saumon atlantique. Cette interdépendance entre un poisson, un mollusque et une roche n’est pas classique. Ainsi, la moule perlière est historiquement présente sur tous les cours d’eau du Massif armoricain, sur les rivières du bassin atlantique du Massif central et du Morvan, sur les contreforts gréseux des Vosges, et sur quelques cours d’eau descendant des massifs anciens des Pyrénées. Pour cette dernière montagne, il s’agit, avec son prolongement cantabrique, de la seule exception d’une chaîne de type alpin occupée par l’espèce. Cependant, ce sont les parties siliceuses qui sont, là encore, occupées. Dans certaines situations, cependant, la moule perlière peut se retrouver hors d’un massif ancien. Ainsi, sur l’Yonne, l’influence des sédiments morvandiaux se fait ressentir jusqu’aux confins du Bassin parisien et, ponctuellement, la moule perlière peut survivre dans son sable granitique roulant sur un substrat calcaire! Les nombreuses recherches effectuées sur l’ensemble de la France laissent apparaître clairement l’importance des bassins de la Loire et de l’ensemble Garonne et Dordogne qui draine le Massif central, le plus grand massif siliceux du pays.

L’ALLIER A LE PRIVILÈGE D’HÉBERGER LE SAUMON ET LA MOULE PERLIÈRE.

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retour de quelques individus. Sur la Loire, les anciens effectifs sont estimés à 50 000 saumons à chaque remontée contre quelques centaines actuellement. Pour la moule perlière, les chiffres donnent le vertige. Pour décorer de 40 000 perles la robe de Marie de Médicis, il a fallu ouvrir 40 millions de moules perlières! Les populations françaises étaient de l’ordre de plusieurs dizaines et plus certainement de centaines de millions d’individus.

LA RÉPARTITION PRÉSENTÉE PAR MASSIF DONNE LES VALEURS SUIVANTES : MASSIF ARMORICAIN : 18 COURS D’EAU MASSIF CENTRAL : 55 COURS D’EAU MORVAN : 6 COURS D’EAU VOSGES : 1 COURS D’EAU PYRÉNÉES : 2 COURS D’EAU

Le massif des Ardennes n’a pas été prospecté sur sa partie française et, bien qu’aucune donnée ancienne ne mentionne l’espèce, sa présence ne serait pas impossible. En effet, la moule perlière est toujours présente sur la partie belge et luxembourgeoise de ce massif. N’oublions pas cependant que cette répartition n’est que résiduelle et que des considérations sur les données anciennes disponibles permettent d’estimer à plus de deux cents le nombre de cours d’eau ayant hébergé l’espèce.

SAUMON ET MOULE PERLIÈRE : ABONDANCE, PÉNURIE, RENAISSANCE? En Russie, dans la péninsule de Kola, une rivière de 250 km de cours abrite 100 millions de moules perlières et, chaque année, environ 100 000 saumons remontent pour frayer. Cet exemple réel nous montre ce que notre imagination la plus fertile serait bien incapable de produire à partir des exemples français! En effet, cette abondance est pourtant la règle. Ces valeurs chiffrées étaient pourtant monnaie courante avant les interventions intempestives de l’homme. Il faut dire que peu d’outrages ont été épargnés à ce couple des rivières sauvages. Tout d’abord, les constructions de barrages ont empêché les remontées du poisson migrateur et ont noyé les milieux d’eaux courantes, indispensables pour l’établissement des frayères à saumons, mais aussi pour l’installation des moules perlières qui pavaient littéralement les fonds des cours d’eau. Ensuite, et plus récemment, la pollution liée aux nitrates et phosphates a eu des effets dévastateurs notamment sur les populations de moules perlières. Pour les deux espèces, le bilan est accablant. Alors qu’un million de saumons remontaient librement et gratuitement sur le bassin du Rhin avant son aménagement, il faut maintenant dépenser des sommes très importantes pour permettre le

SUR CETTE VALVE DE MOULE PERLIÈRE, DES PERLES, CONSERVÉES PAR LE MUSÉE DU PUY, TÉMOIGNENT DES ANCIENNES RECHERCHES EN HAUTE-LOIRE.

Aujourd’hui, de nombreux comptages sur les dernières rivières hébergeant l’espèce montrent que la population française se situe aux alentours de 100 000 individus. Une chute vertigineuse des effectifs, peut-être sans équivalent dans le monde des rivières. Retrouver des rivières de qualité suffisante pour héberger les deux espèces fait partie des défis les plus difficiles à relever. En effet, pour survivre, la moule perlière a besoin d’une eau de très grande qualité et de sédiments très propres, laissant circuler eau et oxygène. Il en est de même pour les frayères à saumons. Mais la palme de l’exigence revient à la moule perlière qui ne peut plus se reproduire si la teneur en nitrate dépasse 1 mg par litre. Étonnamment, la plupart de nos eaux minérales, payées si cher, sont beaucoup trop salées pour ce bio-indicateur hors catégorie! Quant au saumon, qui continue de se reproduire dans les eaux à forte teneur en nitrate des rivières bretonnes, il lui faut un libre parcours de la mer aux frayères. Si vous mettez en commun les deux exigences, seules une ou deux rivières de France ont le privilège d’héberger les deux espèces. Un programme de conservation est actuellement à l’étude au CNSS pour maintenir les populations du haut bassin de la Loire et de l’Allier. Les structures du conservatoire pourraient permettre la mise en contact artificielle entre les saumons et les glochidies puis une petite partie du grossissement de la moule perlière. En effet, dans l’attente de mesures de protection ou de restauration des biotopes, la conservation et le déversement de juvéniles peuvent pallier temporairement à la raréfaction ou à la disparition de l’espèce. Saumons illimités 31


Relève

SABRINA, JOANNIE, TANYA ET NOÉMIE EN BORDURE DE LA RIVIÈRE SKEENA EN COLOMBIE-BRITANNIQUE

La pêche à la mouche au féminin,

pas toujours rose... Par Joannie De Lasablonnière

En tant que coordonnatrice et pêcheuse à la mouche à la maison des jeunes Point de Mire, mon parcours se résume à cinq années d’animation et de pêche intensives avec mon collègue et ami Mario Viboux, qui m’a tout appris. À mes débuts, je me souviens que je l’écoutais attentivement pendant les soirées de montage ou lorsqu’il parlait du cycle de vie d’un éphémère, la bouche entrouverte pour avaler le plus d’information possible. Depuis, nous avons fait beaucoup de pratiques, de sorties et de voyages de pêche, et c’est grâce à tous ces événements que je suis devenue une vraie pêcheuse à la mouche. L’an dernier, au mentorat de la FQSA, j’ai dit à Marc-Antoine que je désirais m’impliquer davantage pour promouvoir la pêche à la mouche auprès des femmes. Quel bonheur d’entendre sa voix sur mon répondeur me disant que l’idée avait fait son bout de chemin et que le prochain numéro de Saumons illimités se consacrerait en partie à la pêche au féminin! Non seulement la revue parlerait des pêcheuses à la mouche, mais j’aurais même l’honneur de rédiger un article pour l’occasion! Depuis, j’ai porté une attention toute particulière à la présence des femmes sur le bord des rivières. S’il est vrai qu’elles y sont rares, nous en rencontrons heureusement de plus en plus. Lors de mon dernier voyage avec la Maison des jeunes, en Colombie-Britannique, François Blanchet, notre guide, me disait que sur les cinquante guides qui gravitent autour de Smithers (rivière Skeena et ses affluents), seulement deux 32 Saumons illimités

sont des femmes. Et sur les quelque cent cinquante pêcheurs rencontrés durant notre voyage, nous n’avons discuté qu’avec deux femmes, dont une qui venait d’Allemagne. Le fait qu’il y ait encore très peu de femmes qui pêchent à la mouche, ou le saumon, au Québec est peut-être dû au manque de modèles féminins dans le domaine. En ce qui me concerne, mes modèles sont Ann Smith et Selma Aïssiou que je respecte au plus haut point. L’an passé, Ann nous a accompagnés durant notre périple autour de la péninsule gaspésienne avec les jeunes, et je me rappelle d’un après-midi où elle racontait à Tanya, Nataniel et moi comment elle avait fait ses premières armes à titre de pêcheuse. Les difficultés auxquelles elle a dû faire face pour se tailler une place dans un monde d’hommes, les nombreuses fois où elle a dû prouver sa compétence devant des pêcheurs qui ne la prenaient pas au sérieux… Les mentalités ont beaucoup changé depuis et la place sur le bord des rivières n’est plus uniquement réservée aux hommes, heureusement. Par contre, il arrive encore que nous rencontrions des gens de la vieille époque… Pas plus tard que l’été dernier, en Colombie-Britannique, Mario, Franky, Tanya et moi nous étions levés très tôt pour aller pêcher sur la rivière Skeena tout près de notre camping. Il n’y avait encore personne dans la fosse quand nous sommes arrivés. Le temps que nous préparions tout et que chacun prenne sa place, il ne restait plus qu’à m’installer à mon tour. Frank me


JOANNIE AVEC SON PREMIER STEELHEAD CAPTURÉ SUR LA RIVIÈRE COPPER

AVEC SELMA POUR UNE PARTIE DE PÊCHE À LA TRUITE EN HIVER DANS LA RIVIÈRE YAMASKA.

conseillait d’aller en tête de fosse, mais au même moment, deux pêcheurs sont sortis de nulle part et se sont mis à marcher très vite pour aller s’installer à l’endroit précis où je me dirigeais. Ils savaient très bien que j’allais en tête de fosse puisque je marchais dans cette direction. Voyant qu’ils étaient dans un sprint endiablé pour arriver les premiers (il y en a même un qui est tombé), je les ai regardés faire, bouche bée. Ils faisaient peine à voir (pas une expression ça?)et comme je suis d’un naturel pacifique, qu’il était 5 h du matin et que je n’ai besoin que d’une canne et de mes deux pieds dans une rivière pour pêcher et être heureuse, j’ai viré de bord en leur laissant la place. Je suis bien d’accord avec mon collègue Mario quand il écrit dans son dernier livre, Le bonheur au bout de la ligne : « J’évite toujours les frictions à la pêche. S’il n’y a rien pour m’empêcher de pêcher, il n’y aura jamais personne pour scrapper mon plaisir. Se colleter avec la bêtise humaine n’apporte jamais rien de bon, sinon des frustrations et des emmerdements. » J’aimerais vraiment que le code d’éthique en vigueur sur les rivières à saumon du Québec soit connu de tous les pêcheurs à la mouche, sur toutes les rivières du monde (rivières à truite, à achigan, à Steelhead, etc.) – ce serait tellement plus simple et agréable! Voici une autre histoire qui m’est arrivée sur la rivière Saranac à Plattsburgh. J’étais avec trois jeunes et nous pêchions dans la Delta Mouth Pool. Nous étions enfin seuls et comme toujours, j’ai laissé les jeunes commencer la rotation. Nous descendions lentement la fosse quand tout à coup, deux hommes sont entrés dans la rivière et se sont positionnés exactement dans le « honey hole » (entre les deux gros arbres en queue de fosse). Sapristi! Sabrina, qui était la première de la rotation, était outrée (pour ne pas dire dégoûtée) et m’a demandé ce qu’elle devait faire. Je lui ai dit de continuer à descendre un pas à la fois en espérant qu’ils se rendraient compte que nous faisions une rotation, mais nos deux lascars ne bougeaient pas d’un poil et prenaient racine. Pour les mêmes raisons que j’ai évoquées plus tôt, je n’osais pas leur dire de sortir. Sabrina est alors sortie de l’eau toute déçue et est allée explorer la rivière un peu plus haut, où elle a rencontré Mario avec d’autres jeunes, et lui a raconté l’histoire. Oh, oh! Je n’avais encore jamais vu Mario

en furie… Il s’est posté tout près de nous en parlant très fort : « VOYONS DONC! CE N’EST PAS VRAI!?! C’EST QUOI ÇA?!? ILS VOUS ONT DEVANCÉS COMME SI VOUS ÉTIEZ DU VENT?!? POUR QUI ILS SE PRENNENT EUX AUTRES!!! » Finalement, nos chers amis sont sortis de la fosse et surprise, ils étaient francophones et venaient de la région de Montréal. Ils savaient très bien qu’ils nous avaient fait un sale coup, mais ils sont sortis seulement quand Mario est arrivé. Finalement, ils ont prétexté qu’ils ne connaissaient pas le système de rotation et nous leur avons laissé le bénéfice du doute. J’ai discuté de cette histoire avec Selma en rentrant à Montréal et j’ai bien aimé son analyse. Selon elle, la distinction entre les hommes, les femmes et les jeunes ne devrait pas exister sur le bord d’une rivière, au même titre que les classes sociales qui tombent une fois les pieds dans l’eau. Si elle avait un conseil à donner à toutes les femmes, ce serait bien d’oublier cette pseudo distinction dont on parle tant, d’avoir confiance en soi et surtout, de ne pas se gêner pour prendre sa place. Ces histoires m’ont fait réfléchir et j’espère avoir fait réfléchir d’autres pêcheurs (pêcheuses) aussi. Je me suis fait tasser et je me suis tue. Peut-être que j’écouterai le conseil de Selma la prochaine fois, peut-être que je me souviendrai aussi des histoires d’Ann Smith et que j’aurai, moi aussi, le courage de demander le respect. Pour terminer sur une note plus gaie, je profite de l’occasion pour souligner la présence remarquée de plusieurs femmes lors du dernier mentorat de la FQSA. C’est agréable de voir qu’il y a de nouvelles recrues qui font tourner de nombreuses têtes non seulement parce qu’elles sont jolies, mais aussi parce qu’elles sont de très bonnes pêcheuses à la mouche. Je pense par exemple à Geneviève Fournier et Amélie Thériault. La pêche à la mouche est tellement un sport passionnant : le montage de mouches, les lectures sur le sujet, les vidéos et, surtout, les sorties! Les deux pieds dans l’eau, ne plus penser au train-train quotidien, n’avoir qu’à choisir la bonne mouche, s’installer dans une fosse et observer le mouvement de sa soie, la faire danser dans le vent afin de déjouer notre ami Salar… Bonne pêche, les filles! Initiez vos amies et faites des sorties ensemble! Saumons illimités 33


Histoires de pêche

PÊCHE AU SAUMON NOIR :

un succès exceptionnel! Par Lyne Trudeau, en collaboration avec Marc Dancose

UN REPAS PRÉPARÉ SUR LA GRÈVE

Impatiente que la saison de pêche au saumon commence, je me retrouve déjà début mai sur les rivières Matapédia et Ristigouche pour tenter le saumon noir, cette période étant habituellement la meilleure de l’année. Je suis accompagnée de Hazel Maltais, Marc Dancose et Peter Ekerstofer, d’Autriche. Nous avons réservé les services de deux éminents guides de la région, Pierre D’Amours et René-Jean Richard. Nous logeons dans le petit camp de pêche, situé à flanc de montagne face à la Ristigouche, sur les terrains de Pierre d’Amours. Dès que les glaces débâclent des rivières, avant la vraie saison de pêche au saumon atlantique, c’est la course aux saumons noirs, auxquels nous présentons nos grosses mouches brillantes avec nos soies calantes. Cette année le printemps a été très hâtif, et le temps fort habituellement des captures, soit notre période du 5 au 10 mai, était déjà un peu dépassé. Nous avons donc eu un succès de pêche quelque peu diminué pour le « noir », mais nos chances de toucher à de gros saumons frais de l’année en étaient dès lors augmentées. C’est bien connu que les gros géniteurs remontent les premiers dans nos rivières à saumons. Forts de cet espoir et grâce à l’expérience et à notre connaissance de la rivière dans ces conditions, nous nous sommes lancés à la chasse aux « brights » avec nos super guides. Tous les matins, de bonne heure, pour nous garantir des fosses prometteuses, nos guides, aussi passionnés que nous, sont sur le pied d’alerte. N’oublions pas que ces premières sorties sont l’occasion de faire éclater notre énergie de pêcheur accumulée tout au long de l’hiver. D’ailleurs, c’est au moment d’une de ces multiples explosions d’hyperactivité que Marc m’a baptisé « Ritalyne », surnom qui m’est resté collé depuis. 34 Saumons illimités

Le premier matin, Peter fait littéralement surchauffer le poêle à bois. Marc qui avait choisi de coucher en haut du lit superposé se lève, tout en sueurs, et toujours en sous-vêtements fait semblant de vouloir s’envoler. Je lui crie alors ; « Non, non, non, tu n’es pas Superman, seulement Super Doc ! » Étant médecin de profession, le surnom lui restera. Lors de la première journée de pêche, Peter, le Viennois, pêche un saumon noir et un magnifique saumon frais d’environ 25 livres. L’excitation monte d’un cran et tous les autres se promettent d’égaler ou même de surpasser son fait d’armes. La pêche au noir est assurément au ralenti cette année, mais nous avons malgré tout la chance de remettre quelques beaux spécimens à l’eau. Il faut savoir que durant la saison haute, il arrive parfois que chaque pêcheur puisse prendre jusqu’à une dizaine de saumons noirs par jour. Mais cette année, nous en pêchions plutôt de deux à trois par jour. Tout de même, comme le veut la formule consacrée; « une journée de pêche, même difficile, est bien mieux qu’une journée passée au travail ». Le soir, après le souper, j’assemble des mouches, en essayant surtout de nouveaux modèles. Peter me présente la mouche que lui avait prêtée Pierre d’Amours, celle qui avait leurré son beau saumon frais de 25 livres, une mouche rose fuchsia et dotée d’une plume de marabout style « frou-frou ». N’ayant pas le matériel pour la reproduire exactement, j’ai créé un modèle semblable avec des couleurs orangées et rosées. Le lendemain, je suis jumelée avec Marc, et Pierre d’Amours est notre guide. En voyant ma création, il l’a baptisée la Suce Bizoune... Les histoires et les folies accompagnent toujours nos sorties de pêche et le rire est à l’honneur tout le temps. Nous


HAZEL MALTAIS AVEC UN MAGNIFIQUE SAUMON DE 40 LIVRES DANS LES BRAS.

avec Pierre. Après 1 h 45 et une descente de 2,5 km le long de la rivière Ristigouche, ils puisent finalement une belle femelle de 40 livres! Suivent les photos d’usage, en faisant très attention à ce noble saumon, puis Marc s’occupe de la gracier en la laissant récupérer au moins 15 minutes jusqu’à ce qu’elle montre sa vigueur au moyen de puissants coups de queue. Hazel avoue alors qu’il s’agissait son plus gros saumon à vie et aussi son plus long combat avec Salmo Salar. Elle est exténuée, plus affaiblie que le saumon qu’elle avait pris. Pouvait-on imaginer un meilleur scénario pour clôturer ce magnifique voyage de pêche printanier sur la Matapédia et la Ristigouche?

LA SUCE BIZOUNE, UNE MOUCHE PARTICULIÈRE

nous agaçons les uns les autres. Comme lorsque je mets mon rouge-à-lèvres pour me protéger du vent et que les gars croient que c’est pour attirer le saumon mâle. Le mercredi, les guides décident de nous faire un repas sur la grève. En entrée, la truite fumée de René-Jean Richard est superbe. En repas principal, Pierre nous sert du steak d’orignal cuit selon la préférence de chacun, accompagné de pommes de terre rissolées aux oignons caramélisés, le tout arrosé de vin rouge choisi par «Super Doc». Wow ! Blagues et boutades n’arrêtant pas, c’est le party fou, fou, fou ! Mars s’en est même roulé par terre. À notre cinquième et dernière journée de pêche, nous sommes toujours débordants d’énergie et d’espoir. Ce qui devait arriver arrive. Hazel, toute petite, mais grande pêcheuse de saumon, attrape un immense saumon frais. Elle fait équipe

MARC « SUPER DOC » DANCOSE, LES QUATRE FERS EN L’AIR

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Histoires de pêche

SUR LA PISTE

d’Amélie… Par Marc-Antoine Jean

Début juin, je suis seul au bureau. Je visionne les derniers échanges entre saumoniers sur Québec Pêche. Je constate que plusieurs fervents du groupe de discussion de la FQSA sur LE webzine de la pêche ont déjà pris la route du saumon. Qu’est-ce que je fais dans cette galère par une pareille journée, me dis-je ? Sur un coup de tête, ce matin-là, je planifie une escapade impromptue sur la Bonaventure pour la semaine du 28 juin. Le directeur de la Fédération ainsi que plusieurs pêcheurs très près de la Fédération allaient y être. Je devais m’y rendre un peu plus tard pour faire un reportage sur Amélie Thériault, saumonière et nouvellement membre du Conseil d’administration de la Fédération. Mais la fièvre du saumon était telle qu’il fallait que je parte. Je sentais que les astres allaient s’enligner en ma faveur. Je dois vous dire tout d’abord qu’Amélie est avant tout pour moi une amie, rencontrée, par hasard, l’année dernière dans ma vie parallèle de musicien. Ma rencontre avec elle n’est toutefois pas sans lien avec le saumon atlantique et le magazine Saumons illimités. Amélie est en effet l’amie du guitariste d’un groupe que j’ai eu le plaisir d’entendre à quelques reprises dans le passé. Un soir de spectacle, alors qu’elle était là j’’avais eue l’occasion de faire connaissance avec elle. Au fil de la conversation elle m’avait demandé ce que je faisais dans la vie : « Je suis rédacteur en chef d’un magazine sur la pêche au saumon, c’est très spécialisé et il y a de fortes chances que tu ne connaisses pas ça, mais c’est un beau magazine », lui dis-je. − Pas Saumons illimités? me dit-elle, l’air un peu étonné. − Heu... oui! répondis-je vraiment surpris. − Je suis une saumonière! Jamais je ne me serais attendu à parler de pêche le soir d’un spectacle des Cyclones (c’est le nom du groupe). La conversation tournait autour des gens que l’on connaissait; les Claude Hamel, Michel Jean, Pierre Manseau et Daniel Duval étaient tous des connaissances communes. De plus, elle pêchait beaucoup sur la Bonaventure que j’affectionne particulièrement depuis que j’y ai tourné un reportage sur Mario Viboux et la maison des jeunes Point de Mire l’année dernière. Cette fille, elle connaît bien la pêche du saumon, 36 Saumons illimités

me suis-je dis et un bon jour, il faudrait bien qu’elle écrive dans Saumons illimités. Alors, pour en revenir au propos initial, en ce merveilleux matin de juin, je décrochai le téléphone et j’ai décidé d’appeler ladite Amé : − Salut! C’est Marc-Antoine, j’ai regardé mes affaires et je serai à Bonaventure à la fin juin, probablement du 28 au 30, y seras-tu? − Ah, super! Oui, j’y serai avec la famille, tu vas pêcher? − Bien en fait, je suis en train de plancher sur le prochain numéro de Saumons illimités qui devrait parler essentiellement des femmes à la pêche, et j’en profiterais pour aller te voir, étant donné que tu es maintenant sur le conseil d’administration. Et je pourrais prendre quelques photos! − Eh bien, on ira pêcher, je te montrerai des trucs! Cette dernière phrase s’est répandue en moi comme une onde de choc. Amélie, si je me fie à ses propos, devait sûrement est une pêcheuse d’expérience. Et moi, bien que je sois maintenant impliqué depuis plus de quatre ans dans le domaine de la pêche du saumon atlantique, je suis encore bien débutant lorsque vient le temps de pratiquer le lancer à la mouche. Comme le dirait Charles Cusson de la Fédération du saumon atlantique, je fais de la « pêche italienne », ma soie tombant la plupart du temps devant moi comme un plat de spaghettis que l’on renverse sur le sol. Mon plan pour la fin du mois était donc réglé : rendezvous avec les saumoniers de la Bonaventure, rendez-vous avec Amé. En bref, un petit séjour bien sympathique dans la Baie des Chaleurs qui allait me faire le plus grand bien, tout en joignant vacances et travail. Deux journées de pêche, voilà ce que j’aurais le temps de faire lors de mon séjour. Dès mon arrivée au camping Beau-Bassin, je suis allé voir à la roulotte où logeaient Denis Thériault, Amélie, sa fille ainsi que tout le clan Thériault. Pas de chance, elle était toujours sur la rivière. J’appris que le lendemain elle serait dans le secteur B, ce qu’elle me confirma plus tard en soirée quand je la vis enfin. Le programme du lendemain était le suivant : une journée de pêche avec Michel Jean, le directeur de la Fédération


et de surcroît mon paternel. Et, si je trouvais le temps, j’irais faire un petit tour dans le B pour aller prendre des photos, ce qui ne se produisit pas. En fait, j’étais tellement absorbé par la lutte contre le vent pour moucher dans le sens du monde (je me suis même fait des ampoules dans la main), que Michel et moi avons décidé de remettre au lendemain cette rencontre dans le secteur B. Le soir venu, après avoir pris quelques clichés du coucher de soleil sur la baie, je suis allé voir Amé pour reporte le un autre rendez-vous au lendemain. Pas de chance, elle m’a avoué qu’elle voulait prendre une journée de repos. Bon, j’irais donc pêcher avec un autre des « abonnés » du camping de la Bonaventure. Nous convenons cependant d’un point de rencontre, sur la rivière, le surlendemain, dernière chance avant mon retour à Québec. Lors de ma deuxième journée de pêche, j’ai passé de bons moments avec Marc Sélesse et sa femme Hélène Frigon. J’ai pris le temps de prendre quelques bons clichés d’Hélène pendant qu’elle me racontait comment elle avait convaincu Marc de commencer la pêche du saumon il y a déjà de nombreuses années. Le proverbe ne dit-il pas : « Qui prend mari prend pays ». Mais dans le cas des Sélesse, c’est ce que « Femme veut Dieu le veut », du moins pour la pêche du saumon ! En fait, Marc et Hélène pratiquaient tous deux déjà la pêche à la mouche et c’est par le biais de Daniel Duval, un pêcheur et maître-monteur de mouches avec qui elle travaillait à l’époque, qu’ils ont tous deux été initiés aux plaisirs de la pêche de Salmo Salar. Nous voilà donc finalement en ce matin tant attendu du premier juillet, sur les abords de la fosse Green à Bonaventure. A cinq heures AM, l’air est un peu frais et la lumière vive. Tout le clan Thériault y est. Je peux enfin prendre des photos d’Amélie en pleine action et je décide de troquer la canne pour la caméra pour le reste de l’avant-midi. En fait, la décision n’a pas été difficile à prendre. J’avais la main et l’épaule en compote d’avoir mouché contre le vent pendant deux jours. Amélie semble visiblement un

AMÉLIE THÉRIAULT, SAUMONIÈRE

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peu intimidée de me voir continuellement autour d’elle, je m’efforce donc de me faire discret. En la regardant s’exécuter, avec élégance et précision, je comprends pourquoi tous les saumoniers qui la côtoyent, même les vétérans, sont impressionnés. A peine un ou deux faux lancers et la soie au complet sort avec toute l’aisance du monde, contrairement à moi et mes spaghettis ! Mais au lieu de m’en faire, j’en profite plutôt profité pour prendre des séries d’images en mouvement, ce qui laisse toujours plus de choix quand vient le temps de choisir LA bonne image à publier. Et c’est ainsi que ma pêche avec Amélie s’est terminée. Il était encore tôt dans la matinée, la lumière encore belle, j’en ai donc profité pour monter dans le secteur D à la fosse Première-Est. Je savais que c’était un endroit agréable pour faire des photos de pêche puisque j’y avais tourné un reportage l’année dernière avec les jeunes de la maison Point de Mire. Surprenant, il n’y avait qu’un pêcheur dans la fosse. En installant mon bric-à-brac, Michel Leblanc, celui-là même qui monte des mouches à en stupéfaire plus d’un, est arrivé dans la fosse. Une petite jasette avec lui et quelques bons clichés plus tard, je pouvais tout remettre dans le sac et repartir vers Québec avec une série de photographies pour un prochain numéro de Saumons illimités.

MARTIN POISSON ET DANIEL DUVAL, DES SAUMONIERS DE LA BONAVENTURE. IL SEMBLE QU’ON M’ATTENDAIT!

HÉLÈNE FRIGON : C’EST GRÂCE À ELLE SI SON MARI PÊCHE DÉSORMAIS LE SAUMON.

LA SOIE SORTAIT AVEC TOUTE L’AISANCE DU MONDE.

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Mesdames, à vos mouches !

Je mouche, tu mouches,

elles moucheront… Par Sylvie Tremblay Photos par Marc-Antoine Jean

Depuis toujours et de par le monde, les femmes pêchent. Pendant longtemps, ce fut une pêche de subsistance. Au début du vingtième siècle, des aristocrates, dont de riches Américaines, fréquentaient nos rivières; et grâce au déclubage et à la démocratisation de la pêche, des féministes et des professionnelles ont pris le relais. Aujourd’hui, les saumonières se font remarquer pour une tout autre raison : elles ont adopté la passion « couleur saumon »! Le 14 août dernier avait lieu sur la rivière Saint-Jean-Saguenay une journée de pêche consacrée aux femmes. Lors de la deuxième édition de cette initiative de la Corporation de gestion de la rivière Saint-Jean-Saguenay, plusieurs nouvelles saumonières ont envahi la rivière. Qui sont ces nouvelles saumonières?

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MARTINE GAUTHIER, CONSEILLÈRE MUNICIPALE À SAGUENAY, EN COMPAGNIE DE NATHALIE CAMDEN, SOUS-MINISTRE ADJOINTE AU MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES ET DE LA FAUNE.

MADAME LOUISE LAPARÉ EN COMPAGNIE DE MICHEL DESJARDINS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA CORPORATION DE GESTION DE LA RIVIÈRE SAINT-JEAN-SAGUENAY, LORS DE LA PAUSE DU DÎNER, AU BISTRO DE L’ANSE.

HÉLÈNE, MÈRE DE TROIS ENFANTS ET COORDONNATRICE ADMINISTRATIVE

parfaitement heureuse. On nous affecte à chacune un guide pour la journée et imaginez-vous donc que j’ai l’honneur d’avoir madame Louise Laparé… La rivière est basse, les galets vivants, il faut être bien chaussée. J’examine attentivement ma canne. Bon, la vieille canne que mon père m’a léguée il y a huit ans n’est pas idéale, mais elle me sert pour la deuxième fois. Jusqu’au crépuscule, j’ai pêché avec un intérêt accru. J’ai vu marsouiner des saumons, sauter des grisles, et se former des vagues en surface par le mouvement des poissons. Pas de prise! Pas de remise à l’eau! Je peux rêver, tranquille, à ma prochaine fois. Et sachez que vous avez démystifié ce qui pour moi est un nouvel art!

J’ai eu le privilège d’assister à une journée d’initiation à la pêche au saumon sur la rivière Saint-Jean à L’AnseSaint-Jean. Un 14 août mémorable. Copieux déjeuner à l’Islet de L’Anse-Saint-Jean, dîner au Bistrot et souper sur le bord de la rivière, des guides fantastiques et trois fosses époustouflantes; que demander de plus? À la pêche au saumon, on mouche, on mouche, et on mouche. Et parfois, hop! nos efforts sont récompensés. J’en ai un! Mais je le « ferre » trop vite et je le perds. J’ai donc fait la danse du saumon et j’ai eu la larme à l’œil… mais quelles sensations! Je ne suis pas retournée à la pêche, mais l’an prochain, j’ai promis à mes trois sœurs que nous irions partager cette activité. La rivière de Saint-Jean à l’Anse est un plan d’eau où il est très facile de s’initier et pêcher, car il y a beaucoup d’espace autour de nous et on ne craint pas de se prendre dans les arbres. Maintenant, la pêche au saumon fera partie de mes activités annuelles. Merci à la personne qui a eu cette merveilleuse idée d’organiser une Journée de la femme à la pêche au saumon!

ESTHER, ARTISTE J’aurai bientôt 56 ans et pour vivre de la culture dans ma région, j’ai dû occuper 56 métiers, presque tous dans le domaine des arts : décors, costumes, comédie, ateliers de bricolage, maquillage, clown… Quand j’ai entendu dire qu’il y avait une journée d’initiation pour femmes à la pêche au saumon sur la rivière Saint-Jean, j’ai cru rêver! Le jour s’annonce radieux, sans vent, l’atmosphère est exaltante, je ne sais pas si ma fébrilité est partagée, mais je ne réalise pas encore toute la chance que j’ai. On dit que le bonheur est dans l’instant et, à ce moment, je suis

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MIREILLE, UNE RETRAITÉE QUI PROFITE DE LA VIE… Si on m’avait demandé il y a quelques mois de donner mes impressions sur la pêche au saumon, j’aurais répondu que je ne vois pas le plaisir de passer une journée entière à marcher sur des roches en répétant toujours le même mouvement de va-et-vient dans l’espoir de prendre un poisson et peut-être devoir le remettre à l’eau. Quand j’ai su que je pouvais m’inscrire à une journée d’initiation à la pêche au saumon, je l’ai fait afin de comprendre ce qui pouvait bien intéresser mon mari ou tout pêcheur de saumon. Je dois dire que cette journée fût des plus agréable, car mon accompagnatrice a su nous communiquer de façon très simple les rudiments de la pêche à la mouche, des notions de base pour les nœuds et les différentes façons de balayer une fosse. Je pensais ne pas avoir la patience de répéter le même mouvement pendant une période prolongée et de plus, je craignais marcher le long de la rivière. Toutefois, j’ai refait le mouvement en le mémorisant et le visualisant tout en essayant de bien lancer, ce qui n’est vraiment pas facile à réaliser. Ma journée s’est


LES FEMMES, COULEUR « FQSA ».

MIREILLE ET MANON AU BISTRO DE L’ANSE.

passée dans le calme, en harmonie avec la nature et en aucun temps n’ai-je eu hâte qu’elle se termine. Je vais retourner à une journée de pêche encore une fois avec un guide pour éviter de former de mauvaises habitudes, et pour développer de bonnes façons de procéder afin de peut-être prendre mon premier saumon! Quel que soit notre âge ou notre style, nous étions venues d’horizons différents. Mais ensemble, nous constituons une part importante de la relève dans le monde de la pêche au saumon. Louise, Suzanne et Hirlse qui étaient déjà accompagnatrices dans la première édition, êtesvous partantes pour relever avec moi un nouveau défi : vivre une journée d’initiation 100 % au féminin, c’est-àdire exclusivement pour les femmes et par des femmes accompagnatrices? D’ici là, propageons la passion « couleur saumon »! REINE MORIN, SAUMONIÈRE D’EXPÉRIENCE

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Photo : Marc Robitaille

BELLA BÉRARD SUR LA RIVIÈRE CAP-CHAT

Bella Bérard : là où humilité et passion se côtoient

Parmi les saumoniers ayant fréquenté les rivières au cours des années 80, qui ne se souvient pas de Bella Bérard? Passionnée par la pêche, à l’époque cette femme de Dollard-des-Ormeaux a été très active sur les rivières à saumons. Au printemps dernier, à la rencontre semestrielle du comité de rédaction de la revue Saumons Illimités, elle a fait l’unanimité quant au choix de la personne à mettre en vedette dans le cadre d’un numéro consacré aux femmes dans le monde de la pêche du saumon. Nous voulions rappeler, au bénéfice de la mémoire collective, 42 Saumons illimités

l’influence que Bella a eue dans le monde de la pêche sportive à la mouche, et plus particulièrement à la pêche du saumon. Je lui ai donc téléphoné au début de l’été pour prendre rendez-vous en vue de réaliser une entrevue. Bella m’a immédiatement reconnu même si nous ne nous étions pas parlés depuis plus de vingt ans. Tout naturellement, nous avons engagé la conversation comme si nous nous étions laissés la veille. Au bout de quelques minutes, je n’avais aucun doute : Bella affichait toujours la même passion pour la pêche et les


activités de plein air. Elle m’a bien fait sourire quand elle m’a spontanément dit que son histoire n’intéresserait pas les lecteurs. Je reconnaissais chez elle un autre trait de caractère : sa grande humilité. Elle a exécuté ses premiers lancers dans la fosse Les Fourches sur la rivière Matapédia au début des années 80. Bella se souvient que les saumoniers la regardaient avec curiosité, peu habitués à voir une femme s’élancer ainsi dans la fosse. « C’était peut-être à cause de l’imperméable jaune que je portais », m’a dit tout bonnement Bella qui avait remarqué que les autres portaient des vêtements aux couleurs plus foncées. Bella se rappelle aussi les conseils judicieux que lui prodiguaient ceux alors présents. Elle avait rapidement compris qu’il se passait quelque chose de spécial sur le bord d’une fosse à saumons : l’existence d’une forme d’entraide et de camaraderie propre à la communauté des saumoniers. C’est sur la Matapédia qu’elle a capturé son premier saumon, « un beau dix livres », m’a dit Bella avec fierté. Par la suite, elle a eu l’occasion de pêcher avec Richard Adams dans le secteur Glen Emma : elle se souvient notamment d’un beau saumon de 20 livres qu’elle a capturé en sa compagnie. Les conseils de Richard lui avaient permis de le sauver même s’il combattait farouchement pour se débarrasser de la mouche. Me rappelant la grande sensibilité de Richard à l’égard des femmes, je peux facilement m’imaginer les efforts particuliers qu’il a déployés pour que Bella sauve son saumon… Bella me raconte que c’est un texte paru dans le quotidien La Presse portant sur le Congrès de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique qui l’a incitée à participer à cet événement. Ce fut une occasion pour elle d’étendre son réseau de contacts. Elle y a entre autres rencontré feu Roger Pelletier de Sainte-Anne-des-Monts et Clermont Grand’Maison de Gaspé, qui lui ont fait découvrir leurs rivières préférées : la SainteAnne et les rivières du Grand Gaspé. « Grâce à Roger Pelletier, j’ai pêché avec le guide Raymond Pelletier. Il a su me communiquer sa connaissance intime de la Sainte-Anne », m’a révélé Bella. Elle a poursuivi : « Avec Clermont, nous avons pêché les fosses de la York, de la SaintJean et de la Dartmouth… J’aimais beaucoup marcher d’une fosse à l’autre en forêt », témoignant par là son amour de la nature, son besoin de se retrouver en forêt. Car pour Bella, la pêche, que ce soit au saumon ou à n’importe quelle autre espèce, constitue une occasion d’être en contact avec la nature, loin du rythme effréné et du caractère impersonnel des grandes villes. Bella a aussi pêché quelques rivières de la Côte-Nord. Elle a particulièrement aimé la Mingan en raison du caractère sauvage de cette rivière, mais surtout parce qu’elle a côtoyé et pêché avec les Montagnais de Ekuanitshit (nom Montagnais de la réserve de Mingan), chez qui elle a retrouvé le même respect et le même amour qu’elle voue à la nature. Laissons Bella nous évoquer ses plus beaux souvenirs à la pêche du saumon : « C’est difficile pour moi d’en choisir un parce que je n’ai que de bons souvenirs… Toutefois, en y pensant bien, je te dirais qu’un saumon qui brise la surface de l’eau pour prendre une sèche représente pour moi un moment que je trouve très excitant… ou encore quand la mouche mouillée se déplace

dans le courant et qu’un saumon la saisit violemment, la soie et la canne qui se tendent tout d’un coup me procurent des sensations uniques. » Bella allait souvent seule à la pêche au saumon, comme à ses activités de canotage ou de camping sauvage, démontrant ainsi une indépendance d’esprit souvent rencontrée chez les passionnés de nature. Mais elle aimait aussi rencontrer des gens sur le bord des fosses et prendre le temps de jaser, ou tout simplement de les regarder pêcher le saumon. « À la pêche au saumon ou quand je me retrouve en pleine nature, chaque moment est précieux », me confie-t-elle avec sagesse. Je n’ai malheureusement jamais pêché le saumon avec Bella. En revanche, je l’ai souvent rencontrée lors d’événements tels le Colloque annuel de la FQSA ou encore le Forum de pêche à la mouche que la Confrérie des pêcheurs à la mouche organisait chaque année en Estrie. J’ai eu aussi la chance d’agir comme figurant avec Bella dans un film de pêche de la truite tourné en 1987 dans Charlevoix par l’équipe de Jean Rémillard intitulé Le temps d’une pêche. Durant les dix jours qu’a duré le tournage, j’ai passé de longues heures en sa compagnie au cours desquelles j’ai pu davantage apprécier non seulement ses connaissances de la nature en général, mais surtout l’immense respect qu’elle lui voue grâce au bien-être qu’elle lui procure. De même, une vidéo intitulée Bella, moucheuse de nature a été réalisée en 1987 par le ministère du Loisir, Chasse et Pêche. On y voit Bella en pleine action dans son canot, exécutant des lancers avec sa canne à moucher et témoignant de son amour et de sa passion pour ce type de pêche, car selon elle « la mouche fait partie de la nature ». Par ailleurs, Bella n’aimait pas être l’objet de toute cette attention médiatique, et comme elle le disait : « Je n’ai jamais couru après cela. » Cette humilité la rendait encore plus crédible, et c’est la raison pour laquelle elle a eu autant d’influence sur les pêcheurs qui l’ont connue. À l’époque, je me souviens que Bella me parlait de ses excursions de canot-camping. Elle partait seule durant plusieurs semaines en camping sauvage, parcourant les rivières et les lacs, se nourrissant de ses captures. Aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, elle réalise encore des excursions en pleine nature, se déplaçant avec son canot et dormant sous une tente la nuit venue. « Je ne suis malheureusement plus capable de portager mon canot comme je l’ai fait très souvent quand je partais en excursion, mais j’ai encore la possibilité de manœuvrer mon canot de seize pieds avec mon aviron et je compte le faire encore pendant de nombreuses années », m’a-t-elle dit avec beaucoup de détermination dans la voix. D’ailleurs, durant l’été 2010, elle a passé près de deux mois à faire du canot, du camping sauvage et de la pêche à la mouche. Même si aujourd’hui elle ne pratique plus la pêche du saumon, c’est avec beaucoup d’émotion qu’elle se rappelle et me partage ses souvenirs. Elle m’a aussi confié qu’elle parle souvent de la pêche du saumon à ses enfants et à ses amis. Nous connaissons tous des gens qui nous marqués, de qui on retient des enseignements précieux grâce à leur attitude et aux valeurs qu’ils transmettent. Bella Bérard fait partie de cette catégorie de personnes exceptionnelles que j’ai eu la chance de connaître et de côtoyer dans ma vie.


Événement

« Les mouches de l’espoir »

À la Fête de la pêche Par Lyne Trudeau

Par Lyne Trudeau

Sur une idée originale de notre instructeur et monteur émérite Jean Diamond, l’Association des Moucheurs du Montréal Métropolitain inc. s’est associée aux détaillants d’articles de chasse et pêche de la grande région de Montréal dans le cadre de l’événement « Les mouches de l’espoir » au profit de la Fondation du cancer du sein du Québec inc. L’activité consistait à fabriquer des mouches roses, couleur représentative du cancer du sein, et de les offrir aux gens en échange d’un don volontaire. La réussite de cette campagne sans précédent a été assurée par la motivation et l’organisation de notre directrice Manon Roussel, superbement épaulée par notre vice-présidente Lyne Trudeau. Le tout a débuté avec les portes ouvertes au mois de janvier 2010, moment où le projet a été présenté aux membres. Pour l’occasion, des exemples de mouches roses étaient en démonstration. La compagnie Produit Uni ainsi que la Boutique Salmo Nature, Classic Angler et la compagnie Mouche à l’eau, nous ont généreusement donné des matériaux tout en rose pour encourager la participation des monteurs des MMM à cet événement. Les MMM, dont le groupe de Saint-Constant, ont participé au montage afin de créer une réserve de mouches roses pour la grande journée du samedi 17 avril 2010. L’événement a été publicisé lors de notre participation au Forum Québec-Pêche de Granby. Par la suite, un bataillon de monteurs dévoués se sont succédés dans le Salon de la pourvoirie et le Salon expert plein air, chasse et pêche de Montréal. Enfin, le samedi 17 avril, chez nos partenaires BL Sports, Boutique Orvis Salmo Nature et sept magasins SAIL Baron, des équipes de monteurs étaient sur place. Ils fabriquaient des mouches roses et sensibilisaient les gens à la cause du cancer du sein. Monsieur Jean Pagé, personnage bien connu du monde de la chasse et de la pêche, était notre président d’honneur. Un immense merci à tous pour leur contribution exceptionnelle. C’est avec joie et fierté que l’Association des Moucheurs du Montréal Métropolitain inc. a récolté 2 914 $ pour la Fondation du cancer du sein du Québec! Merci de votre générosité… pour l’espoir! 44 Saumons illimités

MICHEL LEBLANC ENSEIGNANT L’ART DU MONTAGE DE MOUCHES AUX JEUNES

Cette année marquait la 18e édition de la Fête de la rivière l’Assomption à Joliette, tenue dans le cadre de la Fête de la pêche, du 11 au 13 juin dernier, où tous les Québécois ont pu pêcher sans permis sur les nombreux plans d’eau et ainsi découvrir les joies de cette activité en pleine nature. Cet événement est l’occasion d’initier les jeunes à la pêche et surtout au montage de mouches. À Joliette, la CARA (Corporation de l’aménagement de la rivière l’Assomption) organise depuis quelques années une activité destinée aux jeunes de 7 à 12 ans, d’où une occasion en or s’est présentée à moi : j’ai été invitée à participer comme monteuse bénévole à une matinée de montage pour les jeunes. Année après année, une centaine de jeunes y prennent part avec joie. Une fois inscrits, ils doivent assister à quatre ateliers : • Sécurité nautique • Biologie aquatique • Pêche en piscine • Atelier « Faire Mouche » Lorsqu’ils auront réussi les quatre ateliers, ils obtiendront un permis de pêche valide jusqu’à leur dix-huitième anniversaire. Pour une deuxième année, Les Produits UNI J.G. Côté Inc. animait l’Atelier « Faire Mouche ». J’ai eu la chance de faire partie des monteurs bénévoles avec Michel Leblanc, Daniel Paquette, Gaétan Poirier, Gervais Gosselin et Jean-Guy Lépine. La participation des jeunes fut énorme. Une fois que Martin Lépine a fait la présentation de la mouche à monter, nous nous sommes organisés pour que les jeunes puissent la faire et la terminent. Peu importe la complexité de la création ou la capacité du jeune monteur, ils sont tous partis avec leurs mouches finies et laquées. Les groupes se succédaient aux trente minutes. Cette journée-là, j’ai été témoin de l’enthousiasme et l’énergie des jeunes comme jamais auparavant. L’envie et la joie avec lesquelles ces jeunes passionnés montaient des mouches étaient un spectacle merveilleux. Fabriquer leurs propres mouches était pour eux un moment vraiment magique. Longue vie à la relève des jeunes monteurs et monteuses!


Les mouches roses au championnat de montage de mouches Par Lyne Trudeau

L’idée de créer une mouche en rose pour le championnat international m’est venue en janvier, alors que du matériel rose entourait mon bureau de montage. Je venais de terminer une trentaine de mouches roses pour déclencher la campagne de l’événement des mouches en roses aux portes ouvertes des MMM du 15 janvier 2010. L’objectif était de montrer aux membres et nouveaux membres de cette soirée, que oui, il était possible de monter des mouches en rose de tout genre : streamers, muddlers, nymphes, mouches sèches, etc. Ce fut toute une attraction et les membres ont montré beaucoup d’intérêt. Au mois de février, j’ai terminé la mouche « Pink Lady Amherst » encadrée avec du texte en rose que j’ai mise à l’encan silencieux à mon kiosque au Forum de Granby.

L’intérêt pour cette mouche rose, comme la quantité de questions à son sujet, fut énorme. « Pink Lady Amherst » est une mouche créée au mois de janvier 2010 par Lyne Trudeau dans le cadre du projet L’Événement de l’espoir!, lancé par les Moucheurs du Montréal Métropolitain, et en collaboration avec l’association des MMM et les boutiques de chasse et pêche participantes. De retour à Montréal, mon bureau de montage entouré de matériel en rose, j’ai décidé de créer une mouche spey pour le Championnat international de montage de mouches à saumon 2010 de la FQSA. J’ai utilisé les matériaux les plus


récents sur le marché, y compris un nouveau produit qui m’avait été donné par un fournisseur au Forum de Granby. C’est au cours d’une soirée de scribbling que le patron de la mouche l’Espoir a été inventé, inspiré par une brillante performance des Jeux olympiques de Vancouver. J’étais

motivée par la volonté de réussir une action d’éclat avec l’espoir de réussir à mon tour une brillante performance. Le lendemain soir, la mouche l’Espoir était montée. À ma grande surprise, parmi les trois mouches envoyées au concours, ce fut elle la médaillée!

MOUCHE L’ESPOIR

PARURE DE LA MOUCHE : Nouveau matériau utilisé pour le ferret et le bout : matériau multicolore micro tinsel 3/0 1X Pour la queue : plume de crête de Lady Amherst brun rougeâtre avec la pointe noire Demi-corps en laine rose et demi-corps avec nouveau matériel diamond braid tinsel Deux côtes : une côte plat or et une côte petit rond or Une plume spey blanche et une plume spey noire Sous-aile : plumes mariées roses et noires Toit (topping) : deux plumes de faisan argenté, demi-noires et demi-blanches

LES MOUCHES DE L’ESPOIR CHEZ SAIL BARON

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L’union fait la FORCE! Ensemble développons notre relève.

Au cours des dernières années, la FQSA a mis sur pied un programme de mentorat permettant de former une nouvelle relève de pêcheurs. Elle supporte également le programme éducatif Histoires de saumon dans plus de 40 écoles primaires du Québec. Pour maintenir ses actions auprès de la relève la FQSA a besoin de vous !

« DONNEZ-NOUS UN SOUTIEN DE POIDS, DONNEZ-NOUS VOTRE APPUI ! » En devenant membre vous recevrez gratuitement le magazine Saumons illimités, seule publication francophone sur le saumon atlantique. Vous recevrez également le Guide sur le réseau des rivières du Québec. Vous pourrez également bénéficier de nombreux avantages offerts par nos partenaires. Pour plus d’informations : $/33)%42/2!4 -%. www.saumon-fqsa.qc.ca CE À LA LA FRAN E SALAR ED D AR G ou appelez-nous au SAUVE 418 847-9191 NTIQ

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Photos (de gauche à droite) : Gérard Bilodeau, Éric Roy Charbonneau, Patrick Thibodeau, Geneviève Roy



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