Magazine Saumon 108

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M AG AZ INE

LA FÉDÉRATION QUÉBÉCOISE POUR LE SAUMON ATLANTIQUE

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Volume 40 / No 2 Été 2017

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FAIRE FACE À UN MONDE EN CHANGEMENT

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BAMBOU «MADE IN QUÉBEC»

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SAUMON

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S OMMA I RE

SOMMAIRE

Été 2017 Saumon Numéro 108 Crédit photo couverture : Hooké

Table des matières Message du président

6

Mot de l’éditrice

14

Actualités

26

Pourvoiries

30

Rivières

34

Équipements

40

Saumoniers

44

Techniques

50

Équipements

54

Artistes d’ici

56

Galerie des membres

14

3

Actualités Faire face à un monde en changement

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Actualités Des nouvelles de la Société saumon de la rivière Romaine

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Équipements Bambou «Made in Québec»

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Équipements Nouveautés 2017

Revue officielle de la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, dont le siège social et le secrétariat sont au 42-B, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6

Téléphone : 418 847-9191 • Télécopieur : 418 847-9279 secretariat@fqsa.ca | www.fqsa.ca Éditrice et rédactrice en chef : Josée Arsenault Comité de rédaction et collaborateurs : André A. Bellemare, Jean Boudreault, Pierre Gagné, Sylvie Tremblay, Pierre Manseau, Richard Sirois, Marie-Eve Gonthier et Stéphane Lafleur Publicité : Josée Arsenault Design : Fokus Outdoor Convention Poste-publications 40063917 RETOURNER TOUTE CORRESPONDANCE NE POUVANT ÊTRE LIVRÉE AU CANADA À : FQSA, 42-b, rue Racine, Québec (Québec) G2B 1C6 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec • Bibliothèque nationale du Canada Adhésion FQSA : À partir de 40$/an (hors Canada ajouter 15 $) • La Fédération ne s’engage pas à publier tous les écrits qu’elle reçoit. • Si cela est jugé pertinent, la Fédération se garde le droit de répondre à tout propos. • La Fédération ne publiera pas les propos qui sont jugés diffamatoires, qui contiennent des erreurs, qui sont fondés sur des opinions racistes ou qui pourraient inciter à la violence. • Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs. • Dans cette revue, la forme masculine n’est utilisée que pour alléger les textes.

Le conseil d’administration de la FQSA

Index des publicités

Président : Jean Boudreault Secrétaire : Michel Jean Trésorier : Vadim Siegel VP gestion de rivières : Christian Cyr VP dév. pêche : Ghyslain Provençal Présidents régionaux: Gaspésie : David Bourdages Saguenay-Lac-St-Jean : Michel Ouellet Région de Montréal : Selma Aïssiou Basse Côte-Nord et Nord-du-Québec : Marc Plourde Côte-Nord : Normand Bissonnette Centre-du-Québec : Maryse St-Amant Région de Québec : Pierre Manseau FSA : Alan Graham

Magasins Latulippe : Fondation de la Faune du Québec : Complexe hotelier Riotel : Magazine Beside : Rivière Ouelle : Zec Saumon Rimouski : Zec rivière des Escoumins : Contact Nature Rivière-à-Mars : Zec des rivières Godbout & Mistassini : Réserve faunique de Matane Mentorat FQSA Hooké Sentier Chasse-Pêche : Gaspé Fly : Avalon : Tourisme autochtone Québec : Magazine Pêche a la mouche Chalets du bout du monde : PESCA Environnement : Produits UNI : MFFP/ Déclaration des remises à l’eau : WestJet : Hydro-Québec : LAX-À Angling Club : Salmon Lodge : Camp Bonaventure : Air Médic : Livre Jacques Héroux : Devenez membre : Fondation de la conservation du saumon atlantique : Pure Fishing Canada :

Directeur général: Frédéric Raymond

C2 5 6 8 8 9 10 10 11 11 12 13 19 25 28 29 33 39 39 39 43 48 49 53 60 60 61 61 62 C3 C4

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M E SSAGE DU PRÉSIDE N T

MOT DU PRÉSIDENT Bonjour à tous,

4 LE MAGAZINE SAUMON

Comme vous le remarquerez dans les lignes qui suivent, il y a eu beaucoup d’action dans le monde du saumon depuis la parution du dernier magazine. La plus importante nouvelle est la fusion de la FQSA et de la FGRSQ qui marque un moment historique dans l’histoire du saumon au Québec.

Bilan des montaisons et de l’activité de pêche 2016 Au Québec, en 2016, 29 455 saumons adultes ont été dénombrés dans les 35 rivières à saumon pour lesquelles des décomptes ont été effectués. Les captures totales par la pêche sportive se chiffrent à 22 078 saumons, dont 15 091 saumons remis à l’eau (68 %) et 6 987 saumons récoltés. Parmi les saumons pris et gardés, 5 164 étaient des madeleineaux (74 %, dont 20 % capturés sur la Matane) et 1 823, des rédibermarins (26 %). 25 % des grands saumons ont été capturés sur la Natashquan (471). La fréquentation des rivières à saumon s’est chiffrée à 65 873 jours-pêche. Il s’agit d’une légère hausse par rapport à la moyenne quinquennale (3 %) et constitue la fréquentation la plus importante depuis 1994 si l’on exclut l’année 2011 (67 580 jours-pêche) qui s’était démarquée à plusieurs égards. Il s’est vendu, au Québec, 15 647 permis de pêche au saumon, tous permis confondus. On note ainsi une légère hausse des ventes.

Jean Boudreault, Président de la FQSA Photo : Stéphane Audet

du milieu et du saumon. La fusion des deux fédérations aidant, le premier ministre Couillard a consenti à un investissement de 10 M$ pour les cinq prochaines années. Le document déposé au gouvernement et intitulé Plan de développement économique du saumon 2017-2022 a servi de base à l’obtention de ce montant. En voici les grandes lignes :

Au niveau régional

• Développement de l’offre de pêche • Infrastructures d’accueil, d’accès et d’hébergement • Aménagement de l’habitat • Mise en valeur de la ressource • Protection • Décompte et connaissance des populations • Promotion

Plan de développement économique saumon 2017-2022 La filière saumon au Québec a souffert et souffre toujours d’un manque d’investissements pour supporter la gestion et l’activité de pêche. Il y a eu le premier PDES à la fin des années 90 mais, depuis, les délégataires gestionnaires ont été laissés à eux-mêmes. Résultat : sur la plupart des rivières, les infrastructures sont désuètes, la protection de la ressource est ardue et fragilisée par le manque de financement, les équipements de comptage sont peu efficaces, etc.

• Commercialisation et mise en marché de l’activité de pêche

Une démarche a donc été entreprise auprès du gouvernement du Québec pour obtenir un financement adéquat qui répondrait aux attentes

• Formation/éducation/main-d’œuvre

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Au niveau national

• Recherche (saumon, habitats et création d’une chaire sur le saumon) • Autochtones (pêches autochtones/ fermes piscicoles)


Refonte de la FQSA et fusion Au printemps 2016, le CA de la FQSA entamait une démarche de refonte de l’organisation sous l’angle de la régionalisation. Cette démarche a culminé en décembre par l’acceptation par le CA d’une nouvelle structure corporative accompagnée de nouveaux règlements. En parallèle, en septembre, des démarches de rapprochement entre les deux fédérations (FGRSQ et FQSA) ont aussi été amorcées. La fusion des deux organismes en un seul a permis de créer la nouvelle FQSA, celle qui, depuis l’acceptation des deux AGA le 18 mars dernier, est maintenant réa-

lité. Ainsi, tous les gestionnaires, les pêcheurs et les acteurs liés de près ou de loin au saumon sont regroupés dans la même fédération. Cette renaissance met fin à plus de 15 ans de discorde au Québec.

De nouveaux bureaux pour la FQSA La FQSA déménagera ses bureaux à la Base de plein air de SainteFoy au printemps 2019. Elle a établi un partenariat avec trois autres fédérations (la Fédération des pourvoiries du Québec, Zecs Québec et la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec) avec qui elle partagera ses nouveaux locaux, construits par la Ville de Québec. Toutes les dépenses de gestion seront regroupées, permettant ainsi des économies substantielles. Lors de la négociation avec la ville, les quatre fédérations ont obtenu la gestion des activités de la Base et ont créé, pour ce faire, un organisme nommé Groupe Plein Air Faune qui verra à la gestion des activités sur le site. Il va de soi que la pêche à la mouche y sera développée ainsi que différentes activités d’initiation à la pêche. Finalement, après ce rude hiver, voici enfin arrivée la belle saison de pêche. Profitez-en pour visiter les cinq régions salmonicoles du Québec : la Gaspésie, le Bas-St-Laurent, la grande région de Québec, le Saguenay et la Côte-Nord, où se trouvent plus de 100 rivières à saumon. Bonne saison de pêche à tous et bonne lecture!

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Ce plan de développement permettra de structurer la gestion de la pêche tout en offrant un produit de qualité pour les pêcheurs du Québec et d’ailleurs. Le programme comprend un volet important sur la recherche avec, entre autres, la création d’une chaire afin de former des chercheurs compétents qui assureront la conservation du saumon atlantique. La création de nouveaux habitats, le désenclavement de territoire et l’ensemencent assureront une ressource abondante afin de répondre à l’offre de pêche qui devrait s’accroitre grâce à une mise en marché ciblée et renouvelée.


MO T DE L’ ÉDIT RIC E

EXPLOREZ! 6 LE MAGAZINE SAUMON

Il y a trois ans déjà, la FQSA me confiait la responsabilité du Magazine Saumon et des communications au sein de l’organisation. J’étais loin de me douter que ce défi me ferait découvrir un nouveau sport, voire une véritable passion. Au fil des ans, la pêche à la mouche m’a permis de développer ma patience, ma détermination et, surtout, mon amour du paysage québécois et de sa diversité. Que ce soit au milieu de rivières qui sillonnent les imposantes montagnes de la Gaspésie, du côté sauvage et majestueux des rivières telles que la Madeleine ou la Godbout, ou même à travers l’ambiance amicale que l’on retrouve près de certaines fosses comme la Six Arpents sur la Gouffre ou la Baillargeon sur la York, chacune de ces destinations a une expérience des plus mémorables à offrir, poisson ou non au rendez-vous! Ainsi, à travers les avantages que la FQSA offre à ses membres pour la saison de pêche 2017, je vous invite à découvrir de nouvelles rivières à saumon

Josée Arsenault, Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA Photo : Christian Auger

que vous n’avez peut-être pas encore eu la chance d’explorer et d’apprécier! Chacune de ces rivières possède un charme et des couleurs particulières. D’autre part, lorsqu’ils réservent sur une nouvelle rivière, plusieurs pêcheurs me demandent si cela vaut la peine de solliciter les services d’un guide de pêche au saumon. Bien entendu, ceux-ci connaissent les rivières mieux que quiconque. Cependant, plusieurs facteurs peuvent influencer votre décision, que ce soit l’objectif de votre voyage, votre expérience de pêcheur ou même la rivière. Je suis bien heureuse que Jean-Sébastien, de Lendemain de Trôle, ait décidé de rédiger un article sur le sujet. J’espère que ce texte vous éclairera dans votre prise de décision d’être guidé ou non lors de vos prochains voyages de pêche. Bonne lecture!

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RABAIS EXCLUSIFS AUX MEMBRES DE LA FQSA

Pour la saison de pêche 2017, la FQSA, en collaboration avec les rivières à saumon participantes, est heureuse de vous offrir plus de 130$ de rabais exclusifs.

Rivières participantes : Rivière-à-Mars Petit-Saguenay Ouelle Rimouski Mitis

Nouvelle Trois Rivières Pabos Camps Mélançon (Petite-Cascapédia)

Madeleine

Cap-Chat Godbout Les Escoumins Ste-Marguerite

PLUS D E DE RAB 130$ A DÉCOU IS À PER !


B-SIDE est un magazine biannuel consacré à la nouvelle philosophie du plein air en Amérique du Nord. Le magazine propose un rapprochement entre une diversité de gens qui ont en commun une passion pour la nature, l’aventure et les modes de vie durables.

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Du bonheur à l’état pur

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www.rendezvouslesescoumins2017.blogspot.ca


• Hébergement sur 3 nuitées dans la «cabane au Canada» • Transport au site d’hébergement en 4x4 sur 5 km • Droit de pêche à la truite mouchetée sur 3 jours • Embarcation et équipement de pêche inclus

www.laccypres.ca

• Hébergement en tente « prêt-à-camper », sur 2 nuitées • Pêche au saumon atlantique sur 2 jours; canne à la mouche incluse • Découverte des chutes de la rivière Godbout • Visite de la passe migratoire pour la montaison des saumons • Visite du sentier de la rivière Mistassini

www.rivieregodbout.com

• Hébergement insolite

« en nichoir d’oiseau » (style « prêt-à-camper »), sur 2 nuitées • Visite guidée pour la découverte des écosystèmes et du jardin d’oiseaux, 2 h • Circuit d’interprétation guidé sur la culture innue: Wabush au pays des Innus, 2 h

www.parcnature.com


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Nouvelle saison présentée par

Mardi 19h00 hooke.ca WWW.FQSA.CA | SAUMON


AC TUA L IT ÉS

FAIRE FACE À UN MONDE EN CHANGEMENT : 14 LE MAGAZINE SAUMON

TOUT UN DÉFI POUR LE SAUMON

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Texte de

Myriam Bergeron Biologiste M. Sc. Chargée de projet, FQSA

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Les changements climatiques sont un sujet d’actualité depuis de nombreuses années. Les évidences démontrant que les activités humaines en sont la principale cause sont aujourd’hui indéniables. Des cycles naturels existent effectivement, causant des oscillations dans les températures et les cycles globaux, mais la vitesse et l’intensité des changements climatiques actuels ne peuvent être expliquées par ceux-ci. Au fil du temps, nos activités, notamment la production d’énergie, l’utilisation du pétrole et autres hydrocarbures, ainsi que la surconsommation de biens, ont fini par avoir un impact sur notre monde. On a longtemps parlé du «réchauffement climatique», une appellation un peu confondante puisqu’elle fait référence au fait que la température moyenne de toute la planète augmente plutôt qu’aux différentes réalités régionales qui peuvent être singulières et qui dépassent bien souvent la notion de température. En effet, le climat est modulé par d’innombrables facteurs et processus qui entrainent des effets à différentes échelles spatiales (locale, régionale, nationale, internationale). Nous perçons cependant de plus en plus les mystères de cette science complexe et nous nous dirigeons lentement vers une compréhension de plus en plus fine du fonctionnement des grands systèmes de la planète. Cela nous permet d’élaborer des prévisions et des modèles de plus en plus complets afin de mettre en place des stratégies d’adaptation pour la conservation des écosystèmes et le développement durable de nos activités. Ces stratégies peuvent passer par l’adoption de nouvelles mesures de gestion d’une ressource, la création d’aires protégées ou la mise en œuvre de projets de rétablissement d’une espèce comme des projets d’ensemencement pour le saumon atlantique dans nos rivières. Dans les dernières décennies, le concept de réchauffement planétaire a migré vers celui des «changements climatiques», un terme plus descriptif, mais faisant encore une fois surtout référence à la température et au climat. Dorénavant, on parle plus de «changements globaux», une appellation beaucoup plus générale et reflétant mieux les différents problèmes environnementaux auxquels nous devons faire face. En effet, outre les modifications de température, l’augmentation des extrêmes climatiques (tempêtes, sécheresses, etc.) ou d’autres problèmes associés au climat, il existe Photo : Stéphane Audet WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Les scientifiques étudient les variations du climat depuis des décennies, mais il est maintenant évident que notre planète vit des bouleversements importants. Ces changements ont des impacts considérables sur les écosystèmes et, par conséquent, sur notre mode de vie. Quoique certains scénarios soient plutôt alarmants, il faut éviter d’être fatalistes et réfléchir aujourd’hui aux façons de nous adapter aux changements présents et futurs, en visant un réel développement durable de nos activités.


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d’autres préoccupations environnementales importantes, comme la pollution et le statut précaire de nombreuses espèces animales.

Et le saumon dans tout ça?

16 LE MAGAZINE SAUMON

Le saumon atlantique, comme tous les salmonidés, est très sensible à la qualité de ses habitats. Comme il est un grand migrateur, il utilise plusieurs écosystèmes lors de son cycle de vie, ces derniers subissant les effets des changements climatiques chacun à leur manière.

Les rivières Comme vous le savez, les rivières sont les pouponnières des saumons, là où se déroulent la reproduction et le développement des juvéniles. Le réchauffement accentué de l’eau en été et la présence grandissante de températures extrêmes (aussi en hiver, car le froid trop intense peut mettre en péril le développement des œufs) représentent une situation préoccupante pour le saumon. Plusieurs petites rivières connaissent déjà des problématiques de températures dangereuses pour le saumon lors de canicules intenses, comme la rivière Ouelle et la Gouffre. On a d’ailleurs déjà parlé de l’impact des températures élevées sur la reproduction, les œufs et les juvéniles dans notre article sur les refuges thermiques du magazine d’été 2016 (numéro 105). Le saumon supporte plutôt mal les températures éle-

vées de l’eau (au-delà de 23°C). Par ailleurs, le signal principal qui indique aux saumons qu’il est temps de se reproduire est la température, donc une modification du régime thermique pourrait éventuellement avoir un impact sur le timing de la reproduction. Cela peut sembler anodin, mais des milliers d’années d’évolution et de synergie entre le cycle de vie des saumons et la nature conduisent à une synchronicité particulière qui assure leur survie. On n’a qu’à penser à l’alimentation : si les œufs éclosent plus tôt ou plus tard, cela peut causer un décalage entre le moment où les alevins auront besoin de se nourrir et la disponibilité de leurs proies. Si la prolifération du zooplancton (dont les alevins se nourrissent) ou l’éclosion des insectes favoris des tacons sont déjà passées, les juvéniles pourraient mourir de faim. Si elles sont trop hâtives par rapport à l’éclosion des œufs de saumon, des taux de mortalité plus importants pourraient être enregistrés puisque seuls les plus «enrobés» survivraient jusqu’à l’arrivée des proies. Ce décalage est possible parce que la reproduction et le développement des œufs sont principalement réglés par la température de l’eau tandis que la prolifération du zooplancton est aussi influencée par l’ensoleillement au printemps. Les rivières subissent aussi une pression énorme à cause des activités humaines qui peuvent altérer la qualité de l’eau. Nous avons besoin d’eau pour tout! Que ce soit pour notre consommation directe ou pour nos activités (production et transformation de biens, alimentation, etc.), nous rejetons des polluants dans l’environnement. Les rejets d’eaux usées et le lessivage du sol entrainent des polluants qui se rendent aux rivières à saumon. Certains secteurs d’activités sont mieux gérés, comme la foresterie en milieu public, mais il est très difficile de faire le suivi de tous les polluants que nous produisons, principalement ceux qui se retrouvent en faible concentration ou ceux issus du lessivage du sol (par exemple les routes ou les secteurs urbains). De plus, certains types de polluants, comme les molécules Photo : Simon Pineault

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Les voies migratoires et la mer Le fleuve et l’océan sont des écosystèmes immenses par rapport aux rivières. L’impact des changements globaux tels que la pollution y est donc très différent, touchant seulement la portion adulte du cycle de vie du saumon. Les saumons vont en mer pour s’engraisser et grandir, il est donc primordial qu’ils aient accès à une nourriture de qualité en quantité suffisante. De plus, ils doivent survivre à de nombreux prédateurs tout au long des voies migratoires qu’ils empruntent. Outre un réchauffement de l’eau en été accentué au fil des ans, on observe quelques phénomènes importants qui modifient les interactions dans le réseau trophique (ou la chaine alimentaire) où le saumon se trouve, donc son alimentation et ses prédateurs. Notons la fonte des glaciers, l’acidification des océans et la perturbation des oscillations climatiques. La fonte des glaciers est causée par l’augmentation de la température de l’eau et de l’air dans les régions polaires, entrainant un apport très important d’eau douce (l’eau qui constitue les glaciers) par rapport à la quantité d’eau salée déjà présente dans la mer. Les deux masses d’eau ne se mélangent pas instantanément, l’eau douce étant plus légère que l’eau salée. Il se crée ainsi une

«barrière» entre les deux couches d’eau. Cette barrière est normale, mais la fonte des glaciers peut l’accentuer, limitant les brassages naturels de la colonne d’eau. Ces brassages sont essentiels, car ils permettent entre autres de mélanger des éléments nutritifs du fond de l’eau vers la surface, les rendant disponibles pour les micro-organismes à la base de la chaine alimentaire, donc pour le saumon atlantique par ricochet. Dans certaines régions de l’océan, les modifications sont moins importantes tandis qu’ailleurs, elles entrainent une diminution de la quantité ou de la qualité de la nourriture pour les poissons. Dans tous les cas, les interactions entre les saumons, leurs proies et leurs prédateurs peuvent être perturbées. À une échelle plus grande, l’ajout d’eau douce dans la mer (provenant de la fonte des glaciers) pourrait altérer à différents degrés la circulation des grands courants océaniques (circulation thermohaline). Cette circulation mondiale régit une grande partie de la dynamique des océans et pourrait impacter le saumon atlantique de plusieurs façons lors de ses années en mer. Des changements de salinité et de température, par exemple, pourraient affecter le métabolisme ou la croissance du saumon ainsi que des espèces dont il se nourrit. Cependant, on ne connait pas précisément l’ampleur de l’effet que ce grand mécanisme pourrait avoir sur les populations de saumons. L’acidification des océans a un impact sur toutes les espèces qui ont des coquilles ou des squelettes contenant du calcium, notamment les espèces de crustacés et de zooplancton. Tout comme la fonte des glaciers, ce phénomène peut modifier la chaine alimentaire en diminuant la quantité de nourriture disponible ultimement pour les saumons, ou encore modifier les espèces présentes dans les aires d’alimentation du saumon, les forçant à modifier leurs habitudes alimentaires. Selon les secteurs, cela peut avoir un effet plus ou moins fort sur les populations de saumons. Les oscillations climatiques sont un autre facteur important dans la régulation des aires d’alimentation du saumon atlantique, principalement l’oscillation de l’Atlantique Nord (NAO). Les oscillations climatiques sont entrainées par des différences de pression atmosphérique entre différents endroits sur la Terre. Chaque oscillation est mesurée selon certains points précis. Par exemple, pour le NAO, on mesure la différence de pression entre l’Islande et les Açores, de petites iles au milieu de l’Atlantique Nord. Ces oscillations connaissent des cycles de plusieurs années et modifient les conditions climatiques, les courants, la température de l’eau et de nombreuses caractéristiques physiques de l’environnement. Pour le saumon, cela a pour effet, entre autres, de changer la dimension et la localisation des aires d’alimentation. Le chemin et la durée de la migration s’en trouvent donc aussi modifiés. Depuis les années 80, on assiste à une période d’indice élevé du NAO qui entraine une réduction des aires d’alimentation. Cela représente une difficulté supplémentaire pour les saumons, car ils doivent dépenser plus d’énergie pour se rendre à des aires d’alimentation moins productives, ce qui augmente la mortalité en mer. Avec tous les bouleversements que nous provoquons, des études suggèrent que les cycles naturels des oscillations seraient également altérés. Malheureusement pour le saumon, il semblerait que l’indice de l’oscillation NAO tende à demeurer élevé, conservant des conditions océaniques moins favorables pour sa croissance et sa préparation à la reproduction. Lorsque les conditions environnementales d’un écosystème sont WWW.FQSA.CA | SAUMON

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pharmaceutiques (anti-inflammatoires, hormones, anti-cancéreux, etc.), sont encore nouveaux et les méthodes de suivi ne sont pas encore au point. On connait peu de choses sur l’effet de polluants précis sur le saumon. On sait que certains composés chimiques sont des perturbateurs hormonaux importants qui ont un effet sur la reproduction et la sexualisation des poissons, et que certains engrais peuvent désorienter les saumons lors de leur migration. Par ailleurs, il est évident qu’un déversement accidentel d’eau contenant du cyanure concentré, et ce, directement dans une frayère, tuera les œufs qui s’y développent. Cependant, en dehors des accidents environnementaux, c’est plutôt l’accumulation des polluants dans le temps qui finit par altérer le milieu et avoir un impact sur l’espèce. Tout récemment, la Fondation Saumon s’est associée à un projet de recherche en finançant un volet d’étude sur l’effet de la contamination aux hydrocarbures sur le développement des saumons juvéniles. Le projet, piloté par le professeur-chercheur Normand Bergeron de l’Institut National de Recherche Scientifique (INRS), débute cette année pour une période de trois ans. Nous avons encore beaucoup à apprendre au sujet de l’effet des contaminants sur le saumon, mais cette recherche est très pertinente dans le contexte actuel de potentiel de développement de l’exploitation et du transport d’hydrocarbures au Québec. C’est à suivre!


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modifiées, que ce soit la température, la salinité de l’eau ou la force des courants, cela peut entrainer des changements dans la chaine alimentaire. Ces changements peuvent altérer le menu quotidien du saumon, mais ont également des effets sur tous les animaux d’un système, y compris les prédateurs du saumon. Il existe des inquiétudes en ce qui concerne les cormorans ou les phoques, qui sont des prédateurs plutôt opportunistes, comme d’autres. Mais la prédation est un phénomène tout à fait normal. Ce sont généralement les individus malades ou plus faibles qui se font manger, créant un équilibre naturel. Nous devons observer et suivre ce qui se passe tout au long de la migration du saumon en mer pour évaluer l’importance de certains prédateurs à différents endroits, mais surtout être éveillés aux changements qui surviennent dans les habitudes ou les densités des prédateurs. Ce n’est pas parce que, dans une région, le phoque est très abondant et se nourrit de saumon que c’est partout pareil! Dans une autre région, il peut s’agir d’un autre prédateur, ou d’un prédateur qui mange des saumoneaux plutôt que des adultes, ce qui a un impact différent sur la population de saumons en cause. Les problèmes de prédateurs sont souvent reliés à des conditions qui entrainent une explosion de la population du prédateur par rapport à la population de poissons; ils cherchent ainsi de nouvelles sources d’alimentation pour survivre eux aussi. Il faut donc plus souvent essayer de comprendre ce qui a entrainé cette situation pour tenter de la gérer à la base.

glements. La création de mesures de protection et de conservation pour la migration du saumon et ses séjours en mer devrait également être envisagée, même si cela requiert de nombreuses négociations entre les pays. Comme les taux de survie en mer sont bas et que les changements climatiques ne semblent pas favoriser des conditions optimales pour les saumons dans l’océan, nous devrons agir de concert afin de les protéger le long de leur migration. Dans certaines régions, cela pourrait signifier de faire de la régulation des populations de prédateurs; dans d’autres, cela pourrait vouloir dire d’interdire des bateaux de pêche commerciale afin de limiter au maximum les «prises accessoires» de saumon atlantique. En tant que pêcheurs sportifs en rivière, nous pouvons faire de bonnes remises à l’eau, favoriser des secteurs ombragés si le saumon est vraiment fatigué, limiter la durée des combats en canicule et appuyer des mesures pour fermer la pêche lors des températures trop élevées. Ce sont de petits gestes qui aident les saumons qui vont se reproduire et qui contribuent à la bonne condition des populations de saumons en rivière. Afin d’augmenter le nombre de saumons qui reviennent se reproduire en eau douce, la stratégie d’optimiser le potentiel salmonicole des rivières en aménageant des habitats ou en faisant des ensemencements est bonne à envisager lorsqu’il n’y a pas de contrindications (autres espèces à protéger incompatibles avec le saumon, patron de débit de la rivière, etc.). Finalement, la recherche est un incontournable pour comprendre ces phénomènes et leurs impacts sur le saumon, autant les contaminants que le climat. Les conclusions des études permettent d’orienter des politiques et des règlements, car elles sont un outil d’aide à la décision sans pareil. Nous devons donc poursuivre le suivi des phénomènes climatiques et de l’état des populations de saumons pour en comprendre les effets sur ce poisson et adapter nos mesures de gestion.

Comment s’adapter pour allier conservation et pêche? Tout d’abord, nous gagnons sur tous les fronts à revoir nos habitudes de consommation. En effet, consommer plus intelligemment nous amène à acheter des biens plus durables et répondant à nos besoins réels, mais aussi à réparer plutôt qu’à jeter. Nous vivons à une époque de surconsommation, ce qui est très polluant et contribue aux changements globaux. Nos modèles de prospérité sont basés sur une capacité de consommation et de production quasi infinie, ce qui ne représente pas la réalité. Dans plusieurs domaines, les mentalités changent et évoluent lentement, mais surement. Restons optimistes et continuons le bon travail, cela ne peut être que bénéfique pour nous, nos rivières, nos océans et notre ressource salmonicole. Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour mieux considérer l’habitat du saumon et le protéger dans le contexte des changements globaux: la protection des refuges thermiques, la présence de bandes riveraines et la considération du bassin versant dans son entièreté dans l’élaboration de plans d’aménagement ou de nouveaux rèPhoto : Simon Pineault SAUMON | WWW.FQSA.CA



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20 LE MAGAZINE SAUMON

DES NOUVELLES DE LA SOCIÉTÉ SAUMON DE LA RIVIÈRE ROMAINE

Photo : Jean-Philippe Paquette

Texte de

Myriam Bergeron Biologiste M. Sc. Chargée de projet, FQSA

Il y a deux ans, le Magazine Saumon (numéro 102, été 2015) publiait un article présentant les stratégies et les travaux de restauration de la population de saumons dans la rivière Romaine, en Minganie. Depuis ce temps, la Société saumon de la rivière Romaine (SSRR) a fait beaucoup de chemin. Nous avions envie de vous présenter les développements de ce projet d’envergure pour le saumon et de faire le bilan de notre premier plan quinquennal.

Romaine. Sa mission première est de restaurer la population de saumons de la rivière Romaine et de ses tributaires, dont le principal est la rivière Puyjalon. La SSRR accompagne et appuie Hydro-Québec dans la mise en œuvre d’études et de travaux de restauration du saumon. Nous collaborons étroitement afin que nos actions soient concertées et les plus efficaces possible. Notre conseil d’administration, composé de quatre représentants de la communauté innue d’Ekuanitshit, de deux représentants de la MRC de Minganie et de deux autres d’Hydro-Québec, a adopté et mis en œuvre son plan de restauration en s’appuyant sur les recommandations de notre comité scientifique.

La SSRR est une société à but non lucratif créée en 2011 à la suite des engagements pris par Hydro-Québec dans le cadre de la réalisation des travaux du complexe hydroélectrique de la rivière

Notre plan de restauration vise à rétablir la population de saumons afin que celle-ci soit en mesure de se perpétuer d’elle-même. La stratégie principale se concentre sur l’augmentation du nombre d’alevins produits (ensemencements) et la diminution de la mortalité en eau douce.

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Stratégies et apprentissages pour la production d’œufs

Le premier volet consistait à capturer des adultes reproducteurs dans la rivière pour procéder à la fraie artificielle. Les saumons utilisés peuvent être maintenus en captivité pour une période courte, aux abords de la rivière, pour être frayés peu après leur reproduction. Cela réduit les manipulations et évite d’avoir à transporter des saumons vers une pisciculture. De plus, les installations pour réaliser ce type de travaux sont souvent saisonnières et moins couteuses que des installations permanentes. Les résultats n’ont pas réussi à combler nos espérances. Dans un premier temps, il s’est avéré plus difficile que prévu de capturer des adultes reproducteurs, vu leur faible nombre dans la rivière. Dans un second temps, la garde en captivité a été

Le second volet du plan de restauration visait à capturer des smolts, puis à les faire croitre en pisciculture (Laboratoire de recherche en sciences aquatiques, LARSA, Université Laval) jusqu’au stade de reproducteurs. L’avantage de procéder de cette façon est qu’elle permet d’obtenir un grand nombre de poissons reproducteurs en provenance des rivières visées, en dépit des faibles stocks de saumons adultes. Cette technique novatrice est très peu utilisée et n’avait jamais été mise en place au Québec. Les défis ont été grands et nous avons dû travailler de concert avec le LARSA et d’autres experts afin de peaufiner nos protocoles, mais les résultats ont été au-delà de nos attentes. Un protocole d’élevage efficace et toujours amélioré a permis une meilleure croissance et une meilleure survie que ce qui était anticipé. Le taux de survie des smolts est effectivement de plus de 85 %. Au début 2016, 358 saumons élevés à partir des smolts capturés dans les rivières Romaine et Puyjalon en 2013, 2014 et 2015 étaient en captivité au LARSA. La capacité optimale des bassins d’élevage a même été atteinte au début de l’automne 2016, dû à la croissance impressionnante de nos saumons. En raison de son efficacité, nous avons décidé de nous concentrer sur cette stratégie de production d’œufs. Pour vous donner une idée, environ 30 000 œufs ont été produits en 2015, en plein « rodage » de nos protocoles, puis, en 2016, la dernière fraie a donné Photo : Jean-Philippe Paquette

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Deux volets au plan de restauration ont été mis en place afin de cibler la stratégie la plus efficace pour atteindre nos objectifs. Ces deux protocoles visaient la production d’œufs par fraie artificielle afin d’incuber les œufs en pisciculture et, subséquemment, ensemencer les alevins dans la rivière. La reproduction artificielle permet de féconder un plus grand nombre d’œufs qu’en nature puisque les conditions sont contrôlées et optimales. Dans le but de respecter la génétique propre aux rivières Romaine et Puyjalon, les reproducteurs utilisés devaient provenir de ces rivières, ce qui a entrainé son lot de défis et de contraintes.

plus complexe et le reconditionnement, peu efficace. Même si de nombreux œufs et alevins ont été produits et ensemencés grâce à ces reproducteurs, cette stratégie n’a pas été retenue et nous avons décidé de ne pas la poursuivre pour l’instant. Éventuellement, lorsque la population aura augmenté et que le nombre de reproducteurs sera plus important dans la rivière, cette technique pourra être utilisée de nouveau, dans des conditions qui assureront son succès.


AC TUA L IT ÉS

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plus de 330 000 œufs! De plus, le taux de reconditionnement des adultes après la fraie est presque de 100 %, c’est-à-dire que très peu de saumons sont morts après avoir frayé, une autre prouesse de l’équipe du LARSA. D’un autre côté, cette technique a été tellement efficace que nous nous sommes retrouvés avec « trop » de saumons dans nos bassins. Pour répondre aux exigences du Ministère en termes de génétique, chaque saumon peut être utilisé pour un maximum de trois fraies artificielles. De plus, le stock de reproducteurs doit être renouvelé en partie sur une base régulière, ce qui évite notamment que des maladies génétiques se développent. Puisque les saumons adultes utilisés doivent subir certains traitements durant leur captivité, ils ne peuvent être retournés en rivière. Cependant, pour éviter de sacrifier inutilement des saumons capables de se reproduire encore, nous en avons donné une certaine quantité à la pisciculture ministérielle de Tadoussac, qui servira dans le cadre d’autres projets de restauration sur la Côte-Nord ainsi que pour le programme éducatif de la FQSA, Histoire de saumon. En 2016, nous avons également débuté une expérience de conservation de sperme de saumon par cryopréservation, ce qui nous évitera de garder les mâles dans les bassins d’élevage pendant plusieurs années et permettra de renouveler une partie de SAUMON | WWW.FQSA.CA

notre stock. Le sperme de 37 mâles a été congelé et entreposé dans l’azote liquide, pouvant être conservé pour un temps indéterminé à une température de -196°C. Nous serons plus efficaces tant sur le plan de la reproduction que de la diversité génétique, tout en nous assurant des couts d’opération cohérents avec nos objectifs et notre capacité financière.

Construction de la station piscicole de la SSRR La principale réalisation de 2016 a sans aucun doute été l’aménagement de la station piscicole aux abords de la rivière Romaine, dont la première fonction a été de servir de site d’incubation pour les œufs. La station bénéficie aussi de bassins de stabulation afin de garder temporairement en captivité les smolts ou les saumons reproducteurs capturés dans la rivière. Ces bassins pourront aussi être adaptés pour accueillir pendant quelques jours les alevins avant leur ensemencement. Le plus grand avantage de la construction de cette station, outre le legs aux communautés innue et minganoise, est de pouvoir synchroniser le développement des œufs avec le régime thermique de la rivière. En effet, le développement des œufs est directement proportionnel à la température d’incubation. La rivière Romaine étant très froide (avoisinant les 0°C en hiver), l’éclosion naturelle des alevins est relativement tardive et l’incubation au LARSA (aux alentours de 2°C) entraine une éclosion trop hâtive pour un ensemencement rapide dans les rivières. De plus, l’incubation des œufs aux abords de la Romaine évitera de transporter des alevins (il est beaucoup plus facile et moins couteux de transporter des œufs) de Québec à Havre-Saint-Pierre, ce qui limite le stress aux alevins avant leur remise à l’eau. Nous mettons tout en place pour que les alevins produits aient les meilleures chances de survie possible.


Étude du microbiote

Ensemencements Les premiers ensemencements, plus de l’ordre de l’expérimentation, ont été réalisés en 2015 (des œufs ont été enfouis dans les frayères et des alevins issus de la reproduction de quelques adultes sauvages ont été ensemencés). En 2016, l’ense-

mencement était beaucoup plus important puisque les œufs produits provenaient de la première fraie des saumons élevés à partir de smolts au LARSA, remettant à l’eau environ 25 000 alevins. Si tout se déroule selon nos plans, nous estimons que nous ensemencerons dix fois plus d’alevins cette année, une progression et un succès qui nous rendent très fiers. Pour que ces alevins aient une bonne chance de survie, il faut les disperser aux endroits où ils pourront trouver un abri dans le gravier, dans des zones relativement peu profondes avec un courant relativement faible, sans sursaturer les sites ou mettre ces alevins en compétition avec les alevins sauvages sur les frayères utilisées par les reproducteurs en nature. Ces bons habitats sont peu abondants dans la Romaine et dans la Puyjalon, ce qui oblige un travail de dispersion imposant, une situation encore plus vraie avec le nombre important d’alevins à ensemencer cette année. C’est un beau défi en perspective, que nous nous réjouissons de relever! L’automne dernier, des saumons juvéniles ont été échantillonnés afin de voir si des alevins ensemencés en 2015 et 2016 avaient survécu en milieu naturel. L’analyse a confirmé que non seulement des alevins ensemencés au printemps 2016 avaient survécu jusqu’à l’automne, mais que certains ensemencés en 2015 avaient survécu à l’hiver et se retrouvaient maintenant au stade de tacons.

Photo : Jean-Philippe Paquette

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Toujours dans le but d’améliorer les chances de survie des alevins, la SSRR s’est jointe au projet de recherche du professeur Nicolas Delorme, de l’Université Laval à Québec, qui étudie le microbiote (parfois appelé flore microbienne) des poissons et son importance pour la survie en milieu naturel d’alevins ensemencés (le projet a été discuté dans le dernier Magazine Saumon numéro 106, octobre 2016, dans l’article « Vers des probiotiques pour les saumons ? »). Nous avons pris des échantillons sur des œufs, des alevins et des saumons adultes pour qu’une comparaison soit faite entre des données provenant d’individus élevés en pisciculture (LARSA et station piscicole de la SSRR) et des individus sauvages sur la Romaine et la Puyjalon. L’étude est toujours en cours et nous aurons des résultats dans les prochaines années.


Pêche de subsistance, pêche scientifique et pêche sportive

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La SSRR a également collaboré avec le Conseil des Innus de Ekuanitshit (le Conseil) à la mise en œuvre de son plan de gestion de la pêche, un élément très important dans la pérennité du projet de la SSRR puisque ce sont les générations futures qui, ultimement, profiteront des fruits de notre travail. Le comité de suivi de la pêche sur lequel siège la Société a produit un document qui rapporte que peu de saumons ont été capturés et que les règles édictées par le Conseil ont généralement été respectées. Depuis les dernières années, la SSRR profite également de ses travaux pour que des pêcheurs sportifs minganois pêchent conformément aux exigences de notre permis de pêche scientifique. Ils nous ont notamment aidés dans la capture d’adultes reproducteurs sauvages et dans le projet d’étude sur le microbiote des saumons.

Fière de son passé, tournée vers l’avenir Le désir de la SSRR est que les intervenants autour du saumon de la Romaine travaillent ensemble et se concertent pour que le projet soit une réussite. Pour perdurer dans le temps, un projet de cette envergure a besoin des efforts conjoints des organismes partenaires, que ce soit Hydro-Québec, le Conseil des Innus de Ekuanitshit, l’Association de chasse et pêche de HavreSaint-Pierre, les municipalités avoisinantes, la MRC de Minganie et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Le premier plan quinquennal 2012-2016 était axé sur la mise en œuvre du projet de restauration des populations de saumons de la Romaine et de ses tributaires. De nombreux défis ont été relevés avec brio, établissant les bases de notre grand projet. La SSRR prend maintenant un nouveau virage, avec des protocoles et des installations solides, et se concentrera sur l’atteinte de ses objectifs en termes de productivité et sur le suivi qui en découle. Même si notre échéancier prévoit que nos activités continueront pendant plusieurs années, nous commençons déjà à penser à l’après-SSRR et à mettre en place des stratégies pour que notre travail perdure dans le temps pour les générations à venir. C’est dans cette optique que nous nous impliquons dans plusieurs activités de sensibilisation et d’éducation en Minganie, notamment en parrainant des écoles primaires et secondaires dans le cadre du programme éducatif Histoire de saumon. Nous désirons ainsi sensibiliser les gens à l’importance du saumon, de ses habitats et d’une gestion durable et intégrée des ressources, car nous espérons évidemment que l’objectif d’augmenter la capacité de production salmonicole de ces rivières permette un jour aux amoureux du saumon de profiter de ce magnifique territoire.

La SSRR a mis en ligne son site Web www.societesaumon.ca ainsi que sa page Facebook, que nous vous invitons à visiter. Si vous désirez plus d’informations ou des détails sur nos activités récentes, les rapports annuels (de 2012 à 2016) et le rapport d’activités de 2012 à 2015 sont disponibles dans l’onglet « documentation » de notre site.

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LE PARTAGE ET LE RESPECT DES CULTURES 26 LE MAGAZINE SAUMON

AU CŒUR D’UNE RELATION D’AFFAIRES DURABLE Texte de

Jason Picard-Binet Tourisme Autochtone Québec Photo : Stéphane Audet

Laissez-moi vous résumer une véritable histoire d’amitié entre un allochtone et un autochtone, amitié qui a fait de grands pas et qui ne cesse de croitre. Le tout début Cette histoire se déroule au tout début des années 80 alors que la route 138 ne reliait pas encore Natashquan à la civilisation, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Robert Walsh fut invité à joindre un groupe de pêcheurs qui se rendait à la pourvoirie Hipou pour y pêcher le saumon atlantique. Déjà un grand pêcheur, Robert se faisait un plaisir et un devoir de perfectionner son art dans cette pourvoirie année après année. À chaque fois, il était guidé par le même Innu, M. Antoine Courtois, puis par son fils Mario. Satisfait et reconnaissant de cette chance d’être guidé par un autochtone ayant vécu le territoire innu depuis des générations, Robert a voulu en faire profiter son fils Éric et a ainsi perpétué sa traditionnelle pêche en l’invitant à se joindre à son groupe de pêcheurs émérites. Cette invitation demeure l’amorce d’une grande amitié et d’une relation d’affaires prometteuse. Chaque année, depuis l’an 2000, Éric et Robert retournent pêcher le saumon à Natashquan, toujours guidés par Mario. Durant les premières années, Éric et Mario avaient hâte à ce court séjour de pêche pour approfondir leur amitié. Durant des heures, Éric s’intéressait à la culture innue, questionnait Mario sans relâche sur les traditions, les techniques ancestrales de pêche, les techniques de montage de mouches, etc. Au fil des ans, ils ont

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forgé une relation fondée sur le respect de leurs cultures mutuelles, le partage des mêmes passions et, surtout, des mêmes valeurs. Depuis, ils ont participé à de nombreuses aventures interculturelles telles que des expéditions en motoneige jusqu’au Labrador, des aventures de chasse et de pêche d’un bout à l’autre de la 138 mais aussi, plus personnellement, à des cérémonies et des rites de mariage et de funérailles. C’est donc sur la base de cette amitié, de cette confiance et de cette authenticité que Mario et Éric se sont lancés récemment en affaires en fondant la pourvoirie Nabisipi UenapeuHipu.

La pourvoirie Nabisipi La pourvoirie Nabisipi se trouve 30 km à l’ouest de Natashquan. La rivière Nabisipi parcourt une distance d’environ 160 km et les chalets sont situés à son embouchure, le long de la plage, tout près d’Aguanish. Fort de son expérience des dix dernières années à la tête de la pourvoirie Lac La Galissonière, à 160 km au nord de Natashquan, et de ses 30 ans à la pourvoirie Hipou, Mario Courtois a proposé l’aventure de la pourvoirie Nabisipi à son ami. Ensemble, Mario et Éric ont vu une opportunité de développement économique pour les communautés environnantes. Dès la première année d’opération, Nabisipi a permis de créer sept emplois en plus de générer des retombées économiques indirectes comme l’approvisionnement local pour l’alimentation, l’achat de matériaux de rénovation, l’achat de bateaux et de moteurs en plus de permettre à d’autres travailleurs spécialisés de prendre part à ce projet par divers travaux d’entretien des matériels roulants, d’excavation et de défrichage. Le projet de la pourvoirie Nabisipi est un rêve et un projet de vie remarquable dont les profits servent exclusivement à développer les services et les infrastructures. Plusieurs phases de développement sont présentement envisagées pour diversifier les revenus de la pourvoirie, bonifier l’offre de services actuelle et accroitre le nombre d’emplois disponibles pour employés autochtones :


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Photo : Éric Walsh, Pourvoirie Nabisipi

• Reconstitution d’un village innu, installation et location de tentes pour touristes dans un contexte culturel immersif démontrant les coutumes et mœurs ancestrales des Innus de la Côte-Nord; • Construction d’un chalet familial longeant la plage vacante, offrant un lieu de villégiature dans un contexte innu; • Élaboration de forfaits nature offrant de la descente de rivière, des excursions de randonnée pédestre avec interprétation de la faune et de la flore, pique-nique de mets innus et sorties en mer. Finalement, c’est au fil des ans qu’une amitié forte s’est transformée en relation d’affaires stimulante qui vise d’abord et avant tout à promouvoir les échanges interculturels tout en stimulant l’économie locale de la région de Natashquan et les perspectives d’avenir pour les générations à venir. Éric et Mario, à travers leur projet, cherchent à valoriser le territoire, les traditions et, surtout, la fierté et l’identité innus.

Photo : Éric Walsh, Pourvoirie Nabisipi

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RI VIÈRES

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LES TROIS RIVIÈRES PABOS

Rivière Pabos Nord, fosse 19. Photo : Louis Fournier

Texte de

Daniel Huard Directeur général, Zec Pabok

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, l’histoire de la pêche au saumon sur les Trois Rivières Pabos remonte à plus de 100 ans. Elle aura bel et bien connu les périodes de grande abondance et de grands saumons, l’époque des clubs privés américains et canadiens. Or, c’est à partir des années 60 que ces rivières connaissent malheureusement un déclin excessivement marqué de leur population de saumons. Les clubs privés disparaissent et les rivières tombent rapidement aux mains des braconniers. À partir des années 80, le territoire est finalement fermé à la pêche sportive et les Trois Rivières Pabos, jadis excellentes, sont complètement laissées à l’abandon. SAUMON | WWW.FQSA.CA

LA MISSION En mars 1989, la caisse populaire de Chandler s’implique de belle façon dans un projet socio-économique des plus importants pour la région. Le directeur à l’époque remet alors aux représentants du mouvement bénévole, le Regroupement pour la Restauration des Trois Rivières Pabos (RRTRP), un chèque de 10 000$, soit la première tranche d’une aide globale de 50 000$. Le projet du RRTRP en est un en trois volets. Il vise, comme le nom l’indique, la restauration des rivières Grand Pabos Nord, Grand Pabos Ouest et de la Petit Pabos en ce qui concerne les populations de saumons, de manière à maximiser leur potentiel d’exploitation pour la pêche sportive. Ainsi, le premier volet consiste en la protection de la population actuelle par, entre autres, la lutte au braconnage. Le deuxième volet s’occupe de la


restauration des Trois Rivières grâce à des stratégies d’ensemencement importantes par la mise en rivière de quelque 60 000 saumoneaux et deux millions d’œufs répartis sur quelques années. En dernier lieu, le projet verra la mise en chantier des immobilisations nécessaires à l’exploitation des rivières pour la pêche sportive. Cet ambitieux projet, d’un cout total de 2M$, a l’appui incontesté des deux niveaux supérieurs de gouvernements fédéral et provincial.

LES RIVIÈRES La rivière du Petit Pabos La rivière Petit Pabos prend sa source dans les monts Notre-Dame à une altitude d’environ 450 mètres et, sur une pente moyenne de 7m/km, draine un bassin versant d’une superficie de 250 km2. Depuis son origine, elle coule sur un parcours sinueux de 55 km avant de se jeter dans le golfe à la hauteur de la municipalité de Chandler (Pabos). On peut actuellement pêcher sur les 20 premiers kilomètres, à gué, dans sept secteurs jalonnés de 63 fosses. L’eau de la rivière Petit Pabos est cristalline, voire émeraude, donc très limpide. Après une pluie, elle est d’apparence crémeuse et légèrement verdâtre. Sa température demeure froide à fraiche durant toute la saison étant donné son parcours sinueux dans les montagnes. Son débit est fort variable, rapide et changeant avec les pluies. Son niveau est élevé en début de saison, moyen en mi-saison et remonte en septembre. Comme la Grand Pabos Nord, elle est aussi enclavée, comportant un obstacle naturel, le Sault, où le saumon fait un arrêt pour pouvoir sauter l’obstacle à la mi-juillet. Ce qui la différencie des deux autres rivières, ce sont les nombreux méandres que l’on retrouve en amont, d’où la pluralité des fosses. Sur les abords de la rivière du Petit Pabos, le camp Tamarak domine les pentes et offre une vue imprenable tant en amont qu’en aval de la rivière, ex-

La rivière du Grand Pabos Nord La rivière Grand Pabos Nord est tributaire, comme la Petit Pabos et la Ouest, du golfe du St-Laurent. Elle prend sa source dans les hauts plateaux gaspésiens à une altitude de 425m. Elle coule sur un parcours sinueux de 42 km avant de se jeter dans le golfe à la hauteur de la ville de Chandler. On peut actuellement pêcher sur les 20 premiers kilomètres, à gué ou en canot, dans deux secteurs jalonnés de 22 fosses. Son eau est étonnamment cristalline, voire émeraude, d’une température qui demeure froide à fraiche durant toute la saison étant donné un parcours montagneux. La vitesse du courant est rapide et constante, mais le débit s’ajuste plus lentement aux fortes pluies et aux périodes d’étiage pour donner un niveau d’eau relativement élevé au début de saison, peut-être bas en mi-saison pour ensuite remonter en septembre. Le fond de la rivière est très clair et constitué de gravier de grande qualité et en quantité. La Grand Pabos Nord est particulièrement reconnue par ses «Grosses chutes» constituées d’une succession de trois chutes bordées d’imposants escarpements qui amplifient le côté spectaculaire du site. En terme d’infrastructures imposantes sur la rivière, le camp de la Nord se situe à 100m du site de pêche. Ce camp de dimension noble peut accueillir six personnes avec une cuisine fermée, deux salles de toilette, une salle à manger, un grand salon avec foyer, un sauna pour la détente et trois chambres à coucher. C’est très intéressant pour les utilisateurs, car il est situé tout près des fosses à saumon et d’un sentier pédestre digne des grandes destinations de plein air.

La Grand Pabos Ouest La Grand Pabos Ouest, la plus petite des Trois Rivières Pabos, est tributaire comme les deux autres du golfe du St-Laurent. Elle prend sa source elle aussi dans les hauts plateaux gaspésiens, mais surtout dans des lacs de tête. Elle coule sur un parcours sinueux de 30 km. On peut actuellement pêcher sur les premiers 10 kilomètres. Puisqu’elle est essentiellement nourrie par des lacs de tête, elle n’est pas aussi limpide que les deux autres. Après la pluie, elle devient brouillée et brunâtre. La température de son eau est influencée par les précipitations, passant de moyenne à fraiche. Son débit devient élevé en périodes de fortes précipitations et variable selon les étiages de la saison. Ayant une teinte foncée, son fond est constitué en partie de gravier et de pierres moyennes. Des Trois Rivières Pabos, c’est celle qui donne les plus beaux spécimens. Pour terminer, j’aimerais vous raconter une journée de pêche vécue sur la Grand Pabos Nord, article paru dans la revue Adventure fishing de Cuba (avril 2011).

«Avez-vous déjà songé à ce que ce serait de taquiner à la mouche le saumon de l’Atlantique dans de l’eau aussi claire que du gin? Aux papillons dans l’estomac lorsque vous le voyez surgir de l’eau et attraper la mouche de votre ligne et replonger en profondeur? Il existe une région sur WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Ce sera là l’aboutissement du travail acharné accompli depuis huit ans par un groupe de bénévoles, fous braques de la pêche au saumon, qui s’est donné la mission impossible de restaurer les Trois Pabos. L’objectif est atteint, les saumons sont de retour dans les Trois Rivières Pabos et une zec à gestion mixte y gère la pêche sportive, qui devient un outil important pour le développement économique régional. Le 15 juin 1997, grand évènement dans la région de Chandler : c’est le début officiel des activités de la nouvelle zec Pabok et la réouverture des Trois Rivières Pabos à la pêche sportive du saumon de l’Atlantique (Petit Pabos, Grand Pabos Nord et Grand Pabos Ouest). Le Territoire Retrouvé!

posant tous ses méandres. Ce chalet, d’architecture de type ancestral, a une capacité de six personnes et offre toutes les commodités nécessaires pour un séjour paisible. Il existe aussi le camp John Jim, d’une capacité d’accueil de deux personnes, situé dans le fond de la montagne près du secteur 7. La vue y est non seulement on ne peut plus belle, mais elle offre une autre perspective de l’environnement de la Petit Pabos.


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la planète où ceci est naturel. J’ai pêché sur plusieurs rivières en Gaspésie, mais un jour en particulier demeure dans ma mémoire.

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À notre arrivée, 60 saumons semblaient suspendus dans le courant et celui en tête de la fosse devait peser 30 livres. Nous étions sans voix. Dans un éclat de lumière, j’ai vu quelque chose ressemblant à un crocodile chassant la mouche au travers de la fosse, et la gueule gober l’appât. J’ai dû résister à ce moment à une envie de crier comme une fille. Un bouillonnement géant dans l’eau, ma ligne se tend brièvement et plus rien, les jambes flageolantes, j’entends des sons de désolation.

Déçu, je m’estimais quand même heureux d’avoir pêché dans un endroit aussi magnifique que celui-ci et d’avoir eu une touche de la taille de ce saumon. Je ne connais aucun endroit sur la planète où j’aurais pu vivre l’expérience de tenter d’attraper un saumon avec de si petites mouches et dans de l’eau claire et limpide comme du cristal. Le parcours nous ramenait à notre véhicule et vers nos foyers, fatigués mais heureux.» Les Trois Rivières Pabos sont des rivières en restauration, idéales pour établir une école de pêche au saumon vu qu’elles sont étroites et de petite taille, faciles d’accès, faciles à pêcher pour les débutants et où, c’est merveilleux, le saumon est très visible. À part les traits physiques des Rivières Pabos, il faut mettre en valeur l’environnement sauvage et tellement beau qu’elles nous offrent et développer ces attraits de façon structurée et durable.

Photo : Dominic Dugré

Rivière Petit Pabos, fosse “Le Sault”

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Disponible en kiosque à partir du

10 février 2017 WWW.FQSA.CA | SAUMON


É QU IPEMENT S

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BAMBOU «MADE IN QUÉBEC»

Michel Sylvestre en train de ligaturer un guide sur un talon en bambou. Photo : Michel Sylvestre

Texte de

Michel Sylvestre

Du bambou sur nos rivières (Première partie)​ Rivière Patapédia, 12 juillet 2016. C’est par un soleil radieux que je mis le nez dehors tout en humant un grand bol d’air. «Je sens que ce sera une journée spéciale aujourd’hui!» me dis-je en voyant deux de mes collègues pêcheurs s’étirer sur la galerie et sourire en sentant les arômes du bacon provenant du camp cuisine. Mon cousin Patrick était déjà à la tâche à préparer œufs, bacon, crêpes et tout le nécessaire pour bien démarrer la journée. Après un copieux déjeuner pris à la lueur des premiers rayons du soleil perçant à la pointe des épinettes, nous voilà déjà dans nos waders, mes cinq collègues et moi, prêts à affronter une nouvelle fosse pour essayer de déjouer ce saumon tant convoité. C’était notre troisième journée de pêche SAUMON | WWW.FQSA.CA

et un seul pêcheur du groupe, André Picard, avait joué de chance et de ruse avec la capture d’un petit grilse de 60 centimètres. L’honneur était sauf. Pour ma part, j’avais un autre objectif que de tenter d’attraper un saumon en cette belle journée d’été. Je fabrique des cannes à moucher en bambou et j’avais apporté mes deux premiers «chefs-d’œuvre» réalisés en 2015 et 2016. Je faisais partie d’un groupe de pêcheurs expérimentés et je voulais tester mes cannes entre les mains de ces experts de pêche à la mouche. C’est André Deslauriers qui exprima en premier le désir d’essayer mes cannes dans la fosse de la dernière chance du camp du 7e mille, juste au pied de notre chalet. Il y avait eu du mouvement la veille et André se disait qu’on avait peut-être une chance de sortir ce saumoneau avec une de mes cannes en bambou. C’était un matin parfait pour tester mes cannes à moucher; pas de vent, un calme serein que seul le chant d’un bruant à gorge blanche venait enjoliver. André sortit délicatement de son étui d’aluminium la canne de 8 pieds, soie #6. Pendant qu’il raccordait les viroles du talon et du scion, je préparai mon appareil photo vidéo pour capter ces instants que j’attendais depuis le jour où cette canne, qui sentait encore le vernis français fraichement appliqué, avait pris le chemin


de la sortie de mon atelier. Pour moi, c’était enfin la consécration de mon travail d’artisan ; un dur labeur d’apprentissage, des heures à raboter les brins de bambou encore et encore pour atteindre la dimension recherchée. Pendant que je regardais André s’approcher de la fosse avec ma canne entre les mains, je me revoyais ce matin d’aout 2015 alors que je faisais la rencontre de l’Américain Philip Kelley Baker, dans son atelier de Falsmouth dans l’État du Maine.

C’était un matin comme ce 12 juillet 2016. J’étais arrivé la veille par un temps brumeux à couper au couteau. Le lendemain matin, le brouillard s’était levé rapidement et avait dévoilé un soleil radieux ; une mise en scène parfaite pour aller à la rencontre de l’artisan américain et percer le mystère de la fabrication des cannes à moucher en bambou. Une semaine excitante s’annonçait. Après les présentations d’usage, Kelley me fit un portrait de la situation des fabricants de cannes à moucher en bambou aux États-Unis. J’appris plusieurs choses. Que ce travail artisanal de refendre le bambou Tonkin pour en faire des cannes à moucher existe depuis au moins 130 ans et qu’on retrouve environ 300 artisans fabriquant des cannes à moucher en bambou refendu aux États-Unis seulement, et encore bien d’autres ailleurs dans le monde. Que la célèbre compagnie Orvis possède toujours un atelier avec des artisans qui fabriquent de magnifiques cannes en bambou. Que c’est un Américain du nom de Everett Garrison, ingénieur en aéronautique, qui modifia les façons de faire et inventa de nouveaux outils au début du 20e siècle. Que les Américains possèdent ce savoir-faire qui sert maintenant de référence partout dans le monde. Voilà! La table était mise et j’allais enfin découvrir comment on fabrique ces petites merveilles convoitées par les pêcheurs à la mouche les plus exigeants et sensibles aux beaux objets. Il faut par ailleurs que j’admette que je ne m’aventurais pas avec monsieur Baker sans aucune connaissance dans le travail du bois. Dans mes jeunes années, alors que j’étais étudiant en musique, j’étais aussi luthier et je fabriquais des instruments de musique à cordes contemporains comme des violons et des guitares, et aussi des instruments des périodes baroque et médiévale comme des luths et des vielles à roue. J’avais complété mon apprentissage au milieu des années 80 au Royaume-Uni, à Londres, avec deux maitres luthiers. Or, me lancer dans la fabrication de cannes à moucher en bambou allait certainement réveiller en moi cette aisance manuelle que j’avais à l’époque où je fabriquais des instruments de musique. Ce fut le cas, car c’est avec habileté et sans trop de difficulté que je réussis à fabriquer

Bambou, mode d’emploi​ La fabrication des cannes à moucher en bambou, que ce soit pour pêcher la truite, le saumon ou d’autres espèces, comporte de nombreuses étapes. Le fendage des troncs de bambou Tonkin en lamelles, le dégrossissage et la mise au triangle des baguettes au rabot, le trempage à chaud des baguettes, le taillage définitif à l’aide du moule Garrison, le ligaturage, le collage des brins et le montage des cannes ne sont que quelques exemples des étapes qui doivent être exécutées pour chacune des cannes. On doit compter environ une quarantaine d’heures de travail pour réaliser une canne en bambou de façon artisanale. Chaque artisan y va de son style en ajoutant ceci ou cela selon les exigences des clients, que ce soit des guides ou des viroles d’un certain alliage, une poignée de liège portugais au style personnalisé ou encore un porte-moulinet incrusté d’un bois exotique ou des gravures artistiques sur les parties métalliques de la canne. Ces cannes en bambou ne sont pas que de beaux objets, elles ont fait leurs preuves sur le terrain depuis plus de 130 ans. Plusieurs qualités techniques définissent les cannes en bambou : capacité à propulser la soie sur une plus longue distance dû à sa charge, précision des lancers et des présentations, réduction de l’effort deman-

Des brins ligaturés prêts à passer au four. Photo : Michel Sylvestre WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Bambou «Made in USA»​

ma première canne à moucher en bambou, après une quarantaine d’heures de travail dans l’atelier de Falsmouth. Bien évidemment, Kelley Baker assurait un suivi constant de chacune des étapes que j’accomplissais, mais il s’avérait que j’étais un pas pire élève et que je réussis à m’en sortir sans trop de peine.


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dé après plusieurs heures à lancer puisque c’est la canne qui projette, ce qui donne du répit à votre bras propulseur. De plus, contrairement à ce qu’on raconte («Les cannes en bambou ont des actions lentes»), les cannes en bambou fabriquées de nos jours peuvent offrir toutes les actions possibles : lente, moyenne et rapide. Tout est une question de diamètre des baguettes hexagonales et de longueur des cannes. Les techniques de fabrication d’aujourd’hui et les produits utilisés donnent des cannes performantes, résistantes et d’une souplesse pouvant rivaliser avec les meilleures cannes de graphite et de fibre de verre sur le marché. La preuve ? Une compagnie renommée comme Orvis ne fabriquerait plus de cannes en bambou depuis longtemps si ça ne répondait pas aux exigences élevées de cette entreprise exportant ses produits partout dans le monde.

transmis et la tradition s’est peu à peu éteinte. En allant chercher ce savoir-faire et cette expertise aux États-Unis, c’est cette mission que j’aimerais réaliser : faire revivre au Québec cette tradition artisanale de fabrication de cannes à moucher en bambou, un produit noble, fait chez nous par des artisans québécois. Lorsque je suis revenu de ma formation aux États-Unis en 2015, je me suis empressé de faire une recherche et d’établir des contacts avec des fournisseurs en équipements et outils spécialisés, en matériel de fabrication et, bien sûr, avec un fournisseur pour ce fameux bambou Tonkin indispensable à la fabrication de ces cannes. Tout semble en place pour démarrer cette belle aventure.

Bambou vintage​

J’ai acheté tout récemment d’un Anglais du Surrey, au Royaume-Uni, une magnifique canne Spey de 12 pieds, faite de bambou de forme hexagonale. Cette canne en parfaite condition a été fabriquée dans les ateliers Hardy en 1917. Nul doute qu’au début du siècle, plusieurs pêcheurs ont tenté leur chance sur nos rivières à saumon avec ce type de cannes. J’ai aussi mis la main sur une canne de Joseph Boi-

Chez nous, au Québec, on a pêché à la mouche avec des cannes en bambou du 19e siècle jusqu’aux années 70. On a connu quelques bons artisans québécois comme Andy Barr et Michel Lajoie. Malheureusement, le savoir-faire ne s’est pas SAUMON | WWW.FQSA.CA

Depuis deux ans maintenant, je collectionne les vieilles cannes à moucher faites de bambou et autres matériaux. Je suis très intéressé d’observer comment on fabriquait les cannes aux 19e et 20e siècles. Ce sont des exemples et des modèles que j’aimerais reproduire, ou dont je voudrais m’en inspirer. Ce sont aussi de beaux morceaux de patrimoine qu’il faut préserver.


37 NUMÉRO 107 108 En avant-plan: une canne en lancewood de Joseph Boivin. En arrière-plan: deux cannes en bambou des ateliers Sylvestre. Photo : Michel Sylvestre

vin, achetée chez un antiquaire de Québec. Il était fabricant de cannes à moucher à Québec, dans le quartier Les Saules, au début du 20e siècle. Les cannes de Boivin étaient faites de lancewood, un bois exotique. Par contre, ce qui fait la particularité de Boivin, c’est qu’il fabriquait de magnifiques petits coffres de bois pour remiser les brins des cannes. J’ai aussi fait l’acquisition, lors du dernier salon de la pêche à la mouche de Trois-Rivières, de deux superbes cannes du fabricant Andy Barr. Ce Québécois des Cantons de l’Est créait des cannes de forme pentagonale en bambou refendu dans les années 50 à 70. Les cannes Barr sont très recherchées aujourd’hui sur les sites de revente de cannes en bambou vintage des États-Unis. Je possède donc ces belles pièces et d’autres encore tout aussi remarquables qui méritent qu’on s’y intéresse. Pour un projet d’atelier de fabrication de cannes à moucher comme le nôtre, c’est indispensable d’avoir accès à ces joyaux du passé. C’est inspirant et ça donne des idées pour pousser plus loin la recherche d’un produit novateur s’adressant aux passionné(e)s de pêche à la mouche du 21e siècle.

L’avenir du bambou au Québec Au fur et à mesure que je montais mon atelier, mon fils Gilbert m’observait du coin de l’œil, me posait des questions et s’intéressait de plus en plus aux cannes en bambou et à leur fabrication. En février 2016, j’ai commencé à lui donner une formation d’artisan-fabricant de cannes en bambou. Après un an, à raison de quelques heures par semaine, Gilbert a fabriqué une canne de 7 pieds, soie #4, modèle Payne 97, et il vient tout juste de terminer une magnifique canne saumon, une 9 pieds, soie #9, un modèle Nunley. Depuis, Gilbert est devenu mon partenaire de projet d’entreprise et nous travaillons ensemble à faire évoluer notre idée. À mon fils Gilbert s’est joint peu de temps après un autre jeune artisan que j’ai eu plaisir à former, Bruno Paquet. Bruno, c’est notre homme à tout faire, un ingénieux artisan qui se creuse la tête à inventer des outils et autres équipements pour nous faciliter la vie dans l’atelier. C’est lui qui a fabriqué notre four à trempage des baguettes, un four de 6 pieds de long chauffant à 350 degrés et pouvant recevoir les baguettes avant l’étape du rabotage final. Quelques mois plus tard, un autre jeune s’est ajouté au groupe, Laurent Lambert, un gars plein de talent qui se passionne pour la fabrication des cannes en bambou. Depuis un an, à raison de quelques heures par semaine, nous avons fabriqué sept prototypes, de la canne de 6 pieds à la canne de 9 pieds. Et ça ne s’arrêtera pas là. Depuis le 15 avril dernier, nous avons WWW.FQSA.CA | SAUMON


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déménagé l’atelier du sous-sol de ma maison vers un local inoccupé du Collège de Lévis, un projet de start up d’entreprise très prometteur. La direction du Collège de Lévis nous a offert cette opportunité en échange de quoi nous proposerons aux jeunes intéressés de secondaire 4 et 5 des formations de lancers à la mouche, de fabrication de mouches, de montage de cannes et l’organisation d’un voyage de pêche à la mouche à la fin de leur année scolaire. Nul doute que cette initiative fera jaser dans le milieu et sera très formatrice pour ces jeunes. Nous croyons à la relève pour ce sport et cela fait partie intégrante de notre philosophie d’entreprise. Les cannes à moucher Sylvestre deviendra un atelier innovant ; une entreprise de fabrication de cannes à moucher en bambou dans un premier temps, et de fabrication de cannes avec d’autres matériaux dans un deuxième temps. Nous avons participé, Gilbert et moi, à deux salons de pêche à la mouche de Trois-Rivières, en 2015 et 2016, et déjà la réponse fut excellente. Plusieurs visiteurs ont testé nos cannes dans le bassin central et les commentaires furent très positifs. Nous avons d’ailleurs reçu quelques précommandes de cannes en bambou malgré le fait que nous précisions ne pas en vendre encore étant donné que nous étions en phase de test de produits et de fabrication de prototypes. C’est très encourageant pour notre projet d’entreprise et pour notre jeune relève. Nous participerons aussi, à la fin mai, à l’évènement Canadian Cane en Ontario qui rassemble, le temps d’un week-end, les meilleurs fabricants de cannes à moucher en bambou du Canada et des ÉtatsUnis. Nous serons les fiers représentants du Québec. Finalement, en octobre, nous participerons à l’évènement The Big Bamboo & Glass Bash qui se tiendra en Pennsylvanie, une autre rencontre de fabricants de cannes à moucher qui risque d’être fort intéressante.

Posséder une canne à moucher en bambou faite par un artisan de chez nous, c’est posséder un morceau de patrimoine qui vous fera vivre de belles histoires de pêche que vous pourrez transmettre aux générations futures. C’est un objet noble, fait d’un matériau naturel qui respecte l’environnement. Le bambou Tonkin, qui pousse dans le Guangdong, en Chine, atteint sa maturité en moins de quatre ans, capte 30% plus de CO2 que tout autre arbre et libère 30% plus d’oxygène que les arbres feuillus. Sa croissance ne nécessite aucun engrais ou fertilisant chimiques. De plus, le bambou draine merveilleusement bien les sols, tout en restaurant les sols appauvris. Pour toutes ces raisons, utiliser ce matériau pour la fabrication de cannes à moucher est un choix écologique. Il m’a fallu un an pour trouver où m’approvisionner en bambou Tonkin de qualité. J’ai reçu ma première livraison de bambou nouveau à la mi-février de cette année. Nous avons maintenant tout en main pour démarrer une production de cannes à moucher en bambou de qualité. Je vous invite par ailleurs à consulter mon blogue pour toutes informations concernant la fabrication de nos cannes et les détails pour commander une canne à moucher en bambou de fabrication Sylvestre: sylvestrebamboo.com. Je vous invite aussi à visionner la courte capsule vidéo dans laquelle André Deslauriers nous commente son expérience de pêche à la mouche avec une canne en bambou Sylvestre sur la rivière Patapédia. C’est dans la chronique «Des cannes Sylvestre sur la Patapédia». Au plaisir de vous rencontrer prochainement sur l’une de nos belles rivières du Québec. Si vous me rencontrez, venez me voir et je vous ferai essayer avec plaisir l’une de nos cannes à moucher en bambou. C’est une belle expérience à vivre. Bon été à tous !

Du bambou sur nos rivières (Deuxième partie)​ À 10h20 le 12 juillet 2016, dans la fosse de la dernière chance sur la Patapédia, André Deslauriers exécute un faux-lancer pendant que je le filme avec ma caméra vidéo. André lance avec facilité et la soie #5 se déploie avec douceur plusieurs pieds en avant de lui. Il commente l’action de la canne tout en se concentrant sur ses lancers, en suivant du regard sa mouche dans le courant de la rivière. André est volubile. Il aime son expérience du bambou dans la Patapédia. Il souligne les qualités techniques de la canne Sylvestre; la facilité à trouver son rythme de lancer, une projection de la soie sur une distance d’au moins 40 pieds et la précision de la présentation de la mouche.

Gilbert Sylvestre au travail dans le nouvel atelier du Collège de Lévis. Photo : Michel Sylvestre

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ÊTRE GUIDÉ OU NE PAS ÊTRE GUIDÉ?

TELLE EST LA QUESTION!

Photo : François Lambert de Lendemain de trôle

Texte de

Jean-Sébastien Rousseau Lendemain de trôle

Pour apprendre et s’améliorer dans la vie, il n’y a généralement que peu à gagner de «la voie facile». Le travail acharné, la transformation de ses échecs en opportunités d’apprentissage, l’analyse de ses expériences de succès et la visualisation de ses réussites futures représentent, selon nous, autant d’outils favorisant l’atteinte d’objectifs ambitieux. Lorsqu’il s’agit d’une passion comme la pêche, les affirmations précédentes s’appliquent sans contredit. Néanmoins, en ce qui a trait à la pêche à la mouche, la capture responsable d’un saumon revêt un niveau de complexité considérable. Il existe un nombre faramineux de paramètres à observer. Il y a autant de techniques de lancers que de moucheurs, et encore plus d’opinions sur l’équipement, le type de mouches ou de nœuds à privilégier. Ces facteurs varient selon une foule de circonstances possibles. Pareillement, les tech-

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niques de remise à l’eau doivent être parfaites et adaptées à la fosse, au courant et au combat mené par un saumon ou un grilse si l’on veut s’assurer de la survie des rivières poissonneuses. Pour un moucheur débutant ou un initié qui tente sa chance sur une nouvelle rivière, le fait d’être guidé ne représente pas, selon nous, «la voie facile». Il s’agit plutôt d’une opportunité inouïe. Nous nous exprimons sur la question en fondant notre réponse sur nos modestes impressions personnelles, ainsi que sur nos dernières expériences guidées sur le lac Memphrémagog, le fleuve St-Laurent, le réservoir Gouin et, plus récemment, sur la rivière Cascapédia. Ce dernier voyage de pêche a permis à deux débutants et deux moucheurs aguerris de capturer et relâcher un total de 12 saumons en quatre journées et demie de pêche. Il n’en fallait pas moins pour donner la piqure du combat à nos deux débutants et attiser la passion et la saine dépendance des deux autres! Être guidé ne représente pas «la voie facile» ou une solution tout cuit dans le bec, et ce, pour une multitude de raisons. Une journée de pêche guidée devient autant, sinon plus formatrice qu’une dizaine


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Photo : François Lambert de Lendemain de trôle

De notre expérience, il est aussi vrai qu’un guide professionnel compétent assure : •

Votre sécurité par des prises de décision éclairées notamment lors de vos déplacements sur la rivière;

L’octroi de conseils, de rétroactions et de justifications du raisonnement qui soutient ses choix et ses consignes;

La vérification constante de l’intégrité de votre matériel, comme l’ajustement du frein du moulinet, l’état du bas de ligne, l’état de la mouche, etc.;

Une remise à l’eau sécuritaire et durable;

Et possiblement l’immortalisation d’un moment inoubliable en vous photographiant avec votre cellulaire intelligent!

Un choix approprié de mouches selon la fosse, la période de la journée et de l’année; Un plan de match probant pour la journée afin d’optimiser la possibilité d’une capture réussie;

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d’heures passées sur une même rivière. Déjà, le cout-bénéfice peut être rentable pour quelqu’un de l’Estrie, de la Capitale-Nationale ou de Montréal qui tente sa chance sur une rivière gaspésienne, ne serait-ce que pour le kilométrage impliqué. Mais ne vous inquiétez pas, notre réflexion et notre analyse vont plus loin qu’une simple présomption d’un hypothétique calcul «cout-bénéfice»! Cela ne représente pas «la voie facile», car bien que le recours à un guide augmente assurément ses chances de succès, il demeure qu’il n’y a jamais de garantie. Le recours à un guide assure cependant d’autres gains considérables. À la fin d’une journée de pêche guidée, il se forme une complicité entre le pêcheur et son guide, née depuis l’élaboration du plan de match la veille. Une complicité qui a grandi à travers les succès et les échecs de la journée et qui sera honorée chaque fois que le pêcheur réutilisera les apprentissages, les conseils et les rétroactions acquis de son guide. L’élaboration du plan de match inclut généralement l’heure et le lieu de rendez-vous idéal, la désignation des fosses qui seront travaillées, l’horaire

de la journée et, bien sûr, une recension plus ou moins exhaustive des derniers potins sur les plus belles prises de la rivière. Cela semble anodin, mais ce rituel peut donner un précieux surplus de confiance et d’optimisme en chaque lancer. Cet élément nous apparait fondamental au succès d’une journée de pêche, un succès qui ne se quantifie pas en nombre de poissons ou en poids de ceux-ci, mais qui se définit plutôt par la capacité ou non d’avoir tiré le maximum de ces moments passés dans la nature, l’esprit empli d’espoir, les sens aiguisés par l’adrénaline libérée dans nos veines à la simple vue du reflet d’un poisson dans une fosse. Vous aurez deviné que nous sommes d’ardents défenseurs de la pensée positive dans la vie en général, et particulièrement à la pêche. Un guide, par la nature de son rôle, représente donc un libérateur de votre pêcheur intérieur ou inconscient qui, avouons-le, a généralement plus de réussite que vous! Malgré le cout supplémentaire que représente une journée de pêche guidée, qui s’ajoute à de nombreuses autres dépenses inhérentes à notre passion, nous croyons qu’il s’agit d’un incontournable à un moment ou à un autre dans la carrière d’un pêcheur. Alors, à la question initiale, nous répondons que chaque pêcheur, débutant ou aguerri, devrait avoir la sagesse, au moins une fois, de s’offrir une journée de pêche guidée en cadeau.

Photo : François Lambert de Lendemain de trôle


DÉCLARATION DES REMISES À L’EAU

Déclarer TOUTES vos captures de saumon atlantique au gestionnaire du territoire fréquenté est essentiel pour assurer une saine gestion de la ressource et valoriser une pêche de qualité exceptionnelle.

Pensez-y! On compte sur vous!

faune.gouv.qc.ca/remise-eau-poisson


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PRÉVENTION DES BLESSURES À LA PÊCHE Texte de

Jean-Pierre Martin

Un article sur les blessures pourrait facilement devenir un exposé médical et un traité d’anatomie. Je vais m’abstenir de vous étourdir avec les termes médicaux liés aux blessures. Je ne vais pas non plus vous proposer les recettes habituelles de programmes d’exercices pour renforcer les muscles parce que, personnellement, cela m’a toujours ennuyé au plus haut point.

Je m’applique maintenant à intégrer les connaissances et l’expérience acquises au cours des quarante dernières années à l’apprentissage du mouvement, notamment au lancer à la mouche.

Autodidacte, je préfère que l’on me dresse un portrait de la situation en me donnant des pistes de recherche, afin de suivre ma propre démarche par la suite. J’ai donc choisi de vous informer des situations responsables des blessures afin que vous compreniez les causes réelles des douleurs liées au lancer. Je crois qu’il est préférable de connaitre l’origine du problème et d’intervenir à ce niveau plutôt que d’attendre et de réparer les dommages.

D’autres sources d’information sont beaucoup plus fiables: recherches universitaires ou scientifiques menées selon un protocole et des critères rigoureux. Je pense entre autres à celles faites à l’Université du Montana1 et au Fly Casting Institute2. Bien qu’ici encore on puisse démontrer une chose et son contraire selon les paramètres de recherche choisis, j’accorde plus de crédibilité à ce genre d’information et c’est sur celles-ci que je me suis basé pour écrire cet article, en prenant soin de bien lire le contexte et la démarche choisie.

Ma démarche Je me suis toujours intéressé à l’organisation corporelle dans le sport, portant une attention particulière aux blessures ou, plus exactement, à la prévention de celles-ci. Déjà, alors que j’étudiais en éducation physique à l’Université de Montréal, j’avais fait un travail de recherche sur les blessures dans les arts martiaux, activité que je pratiquais intensément à l’époque. À partir de 1985, mon intérêt pour le mouvement m’a ensuite amené à m’intéresser à l’éducation somatique et à la méthode Feldenkraismd. Ce domaine de recherche s’applique entre autres à comprendre le fonctionnement de la personne en lien avec le mouvement et la reprogrammation du système nerveux, ce qui signifie, en termes simples, l’apprentissage idéal de la façon d’apprendre et de bouger.

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Étant depuis longtemps à l’affut des informations sur les blessures engendrées par le lancer à la mouche, j’avais déjà une base de données mais, pour écrire cet article, j’ai passé plusieurs heures sur le Web à répertorier et analyser ce qu’on retrouve sur le sujet, articles et vidéos. Mon premier constat est que c’est la tour de Babel.

Voici donc mon point de vue sur les blessures, point de vue basé sur mes recherches, mes expériences d’enseignement et les centaines de pages d’information du site Web Sexyloops3.

Les causes des blessures 1. Le manque de préparation Beaucoup de pêcheurs occasionnels font leur voyage de pêche au saumon sans aucune préparation. Du jour au lendemain, ils se retrouvent en rivière à répéter le même mouvement pendant des heures. Le résultat est que, parfois, le voyage de pêche rêvé se transforme en voyage de villégiature avec de la glace sur le coude. Plusieurs sont assez sages pour suivre une formation avant leur voyage. Beaucoup d’autres viennent me voir à la suite d’une première sortie difficile. Même sans suivre de cours, il est toujours sage de se pratiquer à lancer avant de se retrouver dans le feu de l’action. Personne ne songerait à courir un marathon en se disant : « Je vais m’entrainer pendant la course. »


2. Une technique de lancer déficiente La première et la plus importante cause de blessure est une technique de lancer inadéquate. Directement ou indirectement, c’est l’origine de tous les problèmes.

À 20, 30 ou même 40 ans, on peut abuser de notre corps. On se croit invincible. On n’a pas totalement tort. Le problème est que lorsqu’on avance en âge, nos articulations ne peuvent plus supporter ce genre de traitement. C’est à ce moment que les problèmes surviennent : douleurs, blessures, etc. Je ne nommerai pas de noms, mais je connais une bonne liste de pêcheurs qui l’ont expérimenté. Le problème est qu’il n’est pas évident de changer radicalement sa façon de lancer après 10, 20 ou 30 ans de conditionnement.

Les types de blessures Je ne vais pas m’attarder ici sur les blessures d’ordre général comme les chutes. Les règles de sécurité élémentaires sont de mise lorsqu’on se retrouve en nature et sur l’eau: bâton de rivière, veste flottante, etc.

Être blessé par une mouche est un danger réel, surtout pour le pêcheur débutant. Les blessures aux yeux sont les plus sérieuses et sont assez fréquentes pour justifier plusieurs études sur le sujet aux États-Unis4-5. Je recommande toujours à mes étudiants d’écraser l’ardillon de la mouche. C’est plus prudent et, en plus, cela facilite la graciation du saumon. Le pêcheur expérimenté a généralement appris à se protéger de la mouche. Ce que j’ai constaté par contre, c’est que, très souvent, cela se fait au détriment d’une bonne technique de lancer. En élevant ou en éloignant le bras du corps pour éloigner la mouche, on règle peut-être en partie un problème, mais on risque d’en causer de plus sérieux aux articulations à long terme. La solution pour prévenir ce type d’accident est pourtant très simple : en plus de porter des lunettes protectrices en tout temps, il s’agit de toujours lancer pour avoir la mouche sous le vent. Cela implique d’utiliser le lancer de revers à l’occasion et de sortir du carcan du même lancer vertical.

Les articulations : poignet-coude-épaule Les blessures aux articulations sont très fréquentes. Ce sont généralement des blessures du type repetitive strain injury comme le tennis elbow (épicondilyte). Ce type de blessure est causé par un usage excessif ou inadéquat de l’articulation. Dans un mouvement idéal, peu importe le sport, une bonne gestuelle est celle où l’effort est réparti uniformément sur l’ensemble du corps. Les gros muscles participent à la puissance du mouvement et les petits, au contrôle du mouvement. Lorsque le mouvement est concentré dans une seule articulation, celle-ci peut être rapidement irritée. Lorsqu’on ne tient pas compte de cette alerte dès les premiers signes de difficulté ou d’inconfort, la blessure plus sérieuse arrive. Voici les erreurs techniques à l’origine de ces blessures, des fautes qui vont de pair avec un mauvais usage du corps.

Serrer la poignée de la canne C’est la première erreur technique du lancer, cause de blessures au poignet et au coude. Le seul moment dans un lancer où l’on doit serrer la poignée de façon nette est pour arrêter la canne dans le mouvement arrière ou avant si l’on désire une boucle très pointue. Et encore, cette action ne dure qu’une fraction de seconde. Ce n’est pourtant pas ce que l’on observe chez la majorité des lanceurs.

Photo 1

Lorsque l’on débute le lancer la canne haute, la main est serrée sur la poignée. Bien sûr, ce n’est pas toujours une contraction excessive, mais c’est l’addition de tous les efforts inutiles qui devient problématique. La façon idéale de débuter le lancer est d’appuyer le talon de la canne sur l’avant-bras. Dans cette position, la main peut être détendue tout en offrant un bon contrôle.

Tirer ou pousser?

Photo 2 Photos : Jean-Pierre Martin

La majorité des pêcheurs poussent sur la canne pour exécuter le lancer vers l’avant. C’est une technique très risquée. On devrait plutôt tirer sur la canne. Le mouvement de pousse étant moins efficace, on doit mettre beaucoup plus d’énergie dans le mouvement. On peut certes faire de beaux lancers en poussant, mais c’est au niveau des articulations qu’est le problème. Les photos 1 et 2 illustrent bien ce mouvement. WWW.FQSA.CA | SAUMON

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Le perfectionnement du lancer est difficile à vendre parce que, bien que cela soit utile en certaines circonstances, on n’a pas besoin d’être un bon lanceur pour prendre du saumon. Certes, on peut exécuter de bons lancers sans une technique parfaite, mais ceux-ci sont alors basés sur la force. Une technique inadéquate demandant plus de force pour lancer est, à court, moyen ou long terme, l’origine des problèmes. La technique idéale de lancer n’a rien à voir avec la force.

Être frappé par une mouche


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Pour pousser sur la canne, la main doit obligatoirement être serrée sur la poignée pour garder la canne en position, engendrant une contraction musculaire importante. Plier et déplier le coude à chaque lancer avec la main crispée sur la poignée est risqué, surtout si l’on fait de faux-lancers inutilement. De plus, la main étant déjà contractée sur la poignée, je ne peux pas la serrer plus pour faire un arrêt net et avoir une boucle plus performante.

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Le coude déplié dans un lancer est le signe que le pêcheur a poussé sur la canne, sauf lorsqu’il n’a que repositionné la canne en allongeant le bras après l’arrêt. Si je tire, la main peut être plus détendue et les bras restent plus près du tronc, ce qui est moins exigeant et plus confortable. Les images 3, 4 et 5 représentent la bonne technique expliquée dans ce paragraphe.

Photo 3

L’épaule On observe sur les photos 6 et 7 une position problématique. L’effort exigé des articulations y est énorme. Souvent, cette position est développée par des pêcheurs pour garder la soie haute afin de parer un obstacle ou une mouche. Cette position peut être évitée en faisant un lancer ovale dans le cas d’un obstacle, et en gardant la mouche sous le vent avec un revers lorsqu’on veut éviter d’être frappé par une mouche. Pour les besoins d’un lancer très long, on peut tenir la canne au même endroit, tout en ayant une bonne organisation corporelle. Observez la différence de position du corps entre les trois photos. Sur la photo 8, en plus de pouvoir utiliser la puissance du bassin, je tire sur la canne. Un autre geste problématique, que l’on remarque sur la photo 9, est de soulever le coude lors du lancer. Toutefois, pour être efficace, le coude devrait baisser et non monter. Encore une fois, une mauvaise compréhension de la technique explique ce mouvement utilisé par certains pêcheurs pour éviter de faire une boucle croisée à l’origine de nœuds dans le bas de ligne. Ainsi, on corrige un problème au détriment d’une bonne organisation corporelle. Il serait préférable d’éliminer la cause première, c’est-à-dire la raison pour laquelle la soie va se croiser.

Conclusion La première chose à faire lorsqu’apparaissent des douleurs aux articulations est de consulter un professionnel de la santé. Ce genre de blessures est assez long à guérir et doit être pris au sérieux. Les professionnels de la santé vont généralement proposer des exercices de réhabilitation et de musculation pour renforcer les articulations qui sont soumises à de grandes contraintes. SAUMON | WWW.FQSA.CA

Photo 4

Photo 5 Photos : Jean-Pierre Martin


Je ne peux pas être contre la vertu et dire que ces exercices ne sont pas bons mais, plutôt que de renforcer une articulation soumise à de grandes contraintes à cause d’une technique déficiente, je pense qu’il serait plus sage et efficace d’arrêter de mal utiliser ses articulations en suivant un cours de lancer avec un instructeur compétent tenant compte de l’organisation corporelle dans son enseignement.

• L’équipement (la longueur de la canne, son poids, son action) • Le mythe de balancer la canne • Le quoi? Le «Swingweight» • La prise de la canne Photo 7

• Les tractions • Les styles • Etc.

Pour conclure et résumer de façon simple, la meilleure façon de prévenir les blessures est d’apprendre à diminuer l’effort et varier ses lancers. Photo 8

Photo 9 Photos : Jean-Pierre Martin

Références : 1- Healthy Fishing. Research View, Summer 2006. The University of Montana, Missoula, MT. www.umt.edu/urelations/rview/summer06/fishing.htm 4. Upper Extremity Pain Seen With Fly-Casting Technique: A Survey of Fly-Casting Instructors. McCue, T.J., M.D., Guse, C.E.,M.S., Dempsey, R.L., M.D., M.S. Wilderness & Environmental Medicine, Vol. 15, No. 4, pp 267-273 (2004).

3- www.sexyloops.com

2- www.flycastinginstitute.com

5- Fishing Industry Safety. ©2000-2007, State Compensation Insurance Fund, California. www.scif.com/safety/safetymeeting/Article.asp?ArticleID=392

4- Fishing surpasses basketball as No. 1 for eye injuries. Bolton, M., Newhouse News Service, StarTribune.com, Minneapolis, St.Paul, MN. April 24, 2007. ©2007 Star Tribune. www.startribune.com/531/ story/1141910.html

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Évidemment, d’autres éléments du lancer sont liés aux causes de blessures de façon directe ou indirecte. Vous êtes invités à consulter la partie 2 de cet article sur le site Web www.fqsa.ca/jepechealamouche pour en prendre connaissance. Les sujets suivants y sont abordés:




É QU IPEMENT S

Guideline Elevate Cette nouvelle famille de cannes allant de 7’6’’ #3 à 14’8’’ #10/11 avec sa légèreté, ses composantes, son fini et son action font d’elle la meilleure canne jamais créée par Guideline à ce prix.

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www.guidelineflyfish.ca

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ÉQUIPEMENTS

NOUVEAUTÉS

2017 Moulinet Guideline Vosso

De loin le moulinet le plus performant de Guideline! Son système de frein 100% étanche et renforcé ainsi que sa solide structure permettent d’affronter toutes les conditions et espèces. Disponible en 4 différentes grosseurs. www.guidelineflyfish.ca

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Photo : Guideline

Guideline LPXe La série LPXe fait partie de l’ADN de la compagnie depuis plusieurs années, mais la série subit un rajeunissement majeur pour 2017. Tout en gardant leur style, l’action, les composantes et le fini de ces cannes sont le fruit de trois ans de recherche et développement qui voient enfin le jour. www.guidelineflyfish.ca

Sling Pack Orvis Le Sling Pack permet au pêcheur de porter son matériel sur une épaule, complètement hors de portée de l’eau, tout en permettant un accès rapide et facile aux engins. Dans ce nouveau modèle, Orvis a amélioré la courroie d’épaule avec une rembourrure en mousse pour un confort tout au long de la journée. La gaine sur l’épaule dispose d’une ancre magnétique pour un accès et une fixation faciles. Le système unique de fixation d’outils permet une intégration facile de votre outil préféré dans le pack, offrant un accès rapide à l’outil, tout en minimisant le risque de capture. Le Burly 410 deniers nylon possède un revêtement le long du paquet pour une résistance accrue à l’eau. www.orvis.com Photo : Orvis

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É QU IPEMENT S

Loop Dry Backpack 35 Un sac à dos à toute épeuve d’une capacité de 35L fait de welded heavy gauge PVC Tarp avec un dessous (fond) renforcé. Le système de transport a des bandouillères ajustables confortables pour les épaules et est muni de rembourrage au niveau du dos pour un confort optimal. Ce sac a une pochette plate non hydrofuge à l’avant, ainsi qu’une pochette zip intégrée à l’intérieur pour y ranger vos clés et votre téléphone. Il est possible d’y attacher jusqu’à quatre cannes à pêche ou quatre étuis à cannes à pêche grâce au système de support ajustable. Ce sac est 100% hydrofuge jusqu’à la fermeture Éclair, et semi-hydrofuge au-dessus de celle-ci. Nous utilisons uniquement les meilleures fermetures Éclair YKK et des boucles Duraflex.

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www.looptackle.com

Photo : Loop

Photo : Loop

Loop Stuff Sack Une sélection de quatre stuff sacks de haute qualité. Faits de nylon 320D et d’un fond PU, ces sacs sont offerts en capacitiés de 5, 13, 20 et 35 litres. Pouvant être utilisés comme sacs de rangement en soi ou insérés à l’intérieur de rucksacks, ces sacs pratiques protègent de l’humidité et de la moiteur. Une caractéristique spéciale est le logo unique PU dans la forme du L du logo LOOP qui facilite le repérage d’articles dans le sac. Les sacs sont munis d’une bande de Hypalon ainsi que des attaches Duraflex et des d-rings. Ces sacs sont 100% hydrofuges mais faits pour de courtes périodes de submersion. www.looptackle.com

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A RTIST ES D ’ ICI

TEX LECOR 54 LE MAGAZINE SAUMON

AUTHENTICITÉ ET DÉVOUEMENT Texte de

Josée Arsenault Éditrice du Magazine Saumon et responsable des communications, FQSA

Paul Tex Lecor a connu le succès dans plusieurs domaines du milieu artistique grâce à ses talents de chanteur, de conteur, d’humoriste, d’animateur et de peintre. Certains l’ont connu à l’époque où il animait Les insolences d’un téléphone, une émission de radio très populaire sur les ondes de CKAC. Il a aussi été l’hôte de centaines de milliers de spectateurs durant les six années de diffusion de l’émission Sous mon toit. Il s’est fait connaitre et apprécier du grand public québécois des années 60 et 70 par ses apparitions à la radio, à la télévision et en spectacle. Au-delà de son talent de conteur et d’humoriste, on retrouve en Tex un chanteur talentueux et attachant. Ses chansons telles que Frigidaire et Noël au camp ont été diffusées abondamment partout au Québec.

Depuis plus d’une décennie, Tex participe aux événements-bénéfices de la Fondation Saumon et de la Fondation de la Faune du Québec. Il nous a fait l’honneur de mettre à l’encan plusieurs de ses tableaux pour la protection et la conservation du saumon atlantique. Plusieurs saumoniers l’ont certainement croisé sur des rivières de la Côte-Nord ou de la Gaspésie où il a trouvé l’inspiration pour de nombreuses oeuvres.

C’est dans les années 80 que sa carrière prend un virage vers sa passion première, l’art. Son amour pour le dessin et la peinture a débuté très jeune. Au début des années 50, Tex avait déjà fait ses études à l’École des Beaux-arts de Montréal auprès de mentors tels que Jacques de Tonnancour et Stanley Cosgrove. Aujourd’hui, Paul Tex Lecor est l’un des peintres canadiens les mieux cotés. Ses personnages et ses scènes de rivières, de campagnes et de forêts, tout autant que ses chroniques visuelles des tavernes et de la camaraderie, sont présentes dans les plus grandes galeries d’art et au sein de collections importantes partout dans le monde. Photo : Josée Arsenault

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Tableau de Tex Lecor intitulé : «Marie! Un saumon» Format : 24’’ x 30’’

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GALERIE DES MEMBRES Envoyez-nous une photo de votre dernière aventure en identifiant le pêcheur, la rivière et le photographe. Vous pourriez paraitre dans le prochain numéro du Magazine Saumon !

À GAGNER

Carte de membre de la FQSA

Boite de mouches à saumon

IMPORTANT

1

Envoyez-nous votre photo par courriel à communication@fqsa.ca

2

Envoyez la photo en format JPEG avec la plus grande résolution possible.

3

Le participant permet à la FQSA d’exploiter et d’utiliser à toutes fins chacune des photographies soumises.

Consultez notre site Web et notre page Facebook pour connaitre le gagnant.


Pêcheuse : Geneviève Martin

|

Rivière : Ste-Anne

Pêcheur : Jean Colgan

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Rivière : Matapédia


58 LE MAGAZINE SAUMON Pêcheur : Alain Lamontagne, Kalamouche

Pêcheur : Jérome Marion SAUMON | WWW.FQSA.CA

|

Rivière : Ste-Anne

Pêcheur : Simon-Pier Lemelin

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Rivière : Matane

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Rivière : À-Mars


Pêcheur : Selma Aïssiou

Pêcheur : Guillaume Cloutier

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Rivière : Bonaventure

Pêcheur : Jean Bolduc

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Rivière : Laval

Rivière : Anticosti


ÉCHAPPEZVOUS AU SALMON LODGE HISTORIQUE ET VENEZ VIVRE 100 ANS DE TRADITION Nous avons comme spécialité la pêche à vue au saumon atlantique sur les rivières sauvages que sont la Cascapédia, la Petite Cascapédia et la Bonaventure. Un hébergement et une cuisine exceptionnels, des guides professionnels et un service impeccable sont le label de qualité d’un séjour au Salmon Lodge.

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Devenez membre 62 LE MAGAZINE SAUMON

La FQSA en action

L’union fait la force 50$

Production du Magazine Saumon (3 parutions/année)

Gestion du Fonds d’aide à la protection des rivières à saumon

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Organisation des soirées Action! Saumon et des représentations du Festival international du film de pêche à la mouche au Québec

Site Web fqsa.ca et médias sociaux

Organisation du congrès annuel portant sur diverses thématiques du saumon

Représentation auprès des différents paliers décisionnels gouvernementaux

Développement du programme éducatif Histoire de saumon

Initiation aux techniques de pêche à la mouche par les activités de mentorat

Jeunesse

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Pour que prospère le saumon sauvage 3 NUMÉRO 108

Unissons nos efforts! Institut national de la recherche scientifique. Photo : Valérie Maltais

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La Fondation pour la conservation du saumon atlantique est un organisme de conservation bénévole et indépendant qui a été créé grâce à une subvention unique de 30 millions de dollars du gouvernement du Canada. Chaque année, entre le 1er avril et la mi-novembre, nous lançons un appel de propositions de financement pour des projets innovateurs et pratiques. Ces derniers sont réalisés par des groupes communautaires voués à la conservation des populations sauvages du saumon atlantique et de leurs habitats. Visitez notre site Web afin d’obtenir plus d’information sur la marche à suivre pour demander du financement.

La Fondation pour la conservation du saumon atlantique

506 455 9900 480, rue Queen, bureau 200 Fredericton (N.-B.) E3B 1B6

www.conservationdusaumon.ca • www.salmonconservation.ca WWW.FQSA.CA | SAUMON


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