Street Generation(s) 40 ans d’art urbain 40 Years of Street Art Une exposition avec 50 artistes internationaux An exhibition with 50 international artists
André, A-One, Ash, Banksy, Tarek Benaoum, Stephane Bisseuil, Blek le Rat, C215, Crash, Dface, Dondi, Dran, Faile, Shepard Fairey (Obey), Futura, Keith Haring, Jay, Jef Aerosol, JonOne, JR, Katre, L'Atlas, Ludo, Barry Mc Gee, Miss. Tic, Mode 2, Steve More, Nasty, Yoshi Omori, Os Gemeos, Psy, Quik, Ramellezee, Remi Rough, Rero, Seen, Skki, Space Invader, Sten Lex, Swoon, Tanc, Vhils, Jacques Villeglé, Nick Walker, West, YZ, Zevs, Zhang Dali, Zlotykamien Commissaire d’exposition / Curator: Magda Danysz Assistée de / Assisted by: Clémence Wolff Sous la direction de / Director: Jean-Christophe Levassor (La Condition Publique) Production : Marthe Mutte (La Condition Publique) Construction : Sylvain Laval (La Condition Publique) Communication : Giulia Franchino (La Condition Publique) Presse / Press: Julien Diers (Jigsaw)
Depuis les grottes de Lascaux jusqu’à Pompéi, où les candidats à une élection peignaient leur nom sur les murs de la ville, le terme de graphie et de graffiti revient sans cesse. Ainsi, de tout temps la conscience du graffiti a été inhérente au besoin inné de l’homme de s’exprimer. Que l’on parle de graffiti, art urbain ou street art, une réalité artistique a fait jour ces dernières décennies. Au rythme de villes aussi variée que Rio, New York, Paris ou Sydney, s’est construite une culture visuelle mondiale. Cette culture s’est propagée à travers le monde et renouvelée constamment. Inspiré par leur environnement les jadis jeunes graffeurs ont continué leurs efforts pour devenir de véritables artistes et inspirer des générations entières. Ces nouvelles générations ont-elles-mêmes ensuite repoussé les limites de cet art, inventant de nouvelles variantes. L’exposition Street Generation(s) se penche sur les raisons qui font des artistes de ce mouvement de véritables talents et montre en quoi leurs pratiques variées s’inscrivent résolument dans l’Histoire de l’art.
La genèse du mouvement Le street art tel que nous l’entendons aujourd’hui charrie donc une riche histoire. Il ne s’agit en aucune mesure d’un fait artistique isolé et anecdotique. Dès les années 30, le photographe BRASSAÏ s’intéresse aux graffiti et s’attache à les inventorier en photo. Cet intérêt pour ce qui émane de la ville est aussi porté, dans les années 1950 et 60, par des artistes clés, aujourd’hui reconnus comme de grands artistes d’art moderne et exposés en tant que tels à travers le monde, comme par exemple Jacques VILLEGLE, Raymond HAINS, Gérard ZLOTYKAMIEN et Ernest PIGNON-ERNEST.
A la même époque, Gérard ZLOTYKAMIEN (né en 1940 à Paris), qui commence à peindre en 1955, sort rapidement des carcans classiques de la toile. En 1963, il réalise ses premières interventions en extérieur et investit la rue. Il peint des silhouettes noires vacillantes à la bombe de peinture. Il s’agit juste d’un trait noir assorti de rouge, à main levée, qu’il appelle des « éphémères ». Les années suivantes, il continue à peindre ses silhouettes fantomatiques par exemple dans le quartier en construction des Halles à Paris. Employé aux Galeries Lafayette le jour, peintre la nuit, il est parmi ses premiers artistes qui revendiquent de faire de la rue leur propre espace d’exposition. Dans les années 50, Jacques VILLEGLE (né en 1926 à Quimper), accompagné de Raymond HAINS, travaille le matériau urbain en collectant dans la rue des affiches lacérées. L’artiste extrait littéralement la substance de son contexte d’origine pour ensuite le remettre en scène au musée. Ce comportement appropriatif est plus proche du Ready Made d’un Marcel Duchamp que de ce qui deviendra le Street Art. Pourtant pour nombre d’artistes de la nouvelle génération, VILLEGLE pose déjà des bases. En outre, à l’orée des années 70, VILLEGLE imagine aussi un « alphabet sociopolitique ». Sous sa main, chaque caractère de notre alphabet romain est agrémenté de détails qui rendent chacune des lettres plus signifiantes. Une lettre peut même avoir plusieurs sens. Par exemple, le S peut être tour à tour un pernicieux et menaçant serpent, ou le sigle du dollar américain, symbole d’un monde capitaliste. A sa manière, VILLEGLE poursuit des recherches proches du lettrage du graffiti moderne. Cette invention s’opère en complète indépendance du graffiti, mais n’est pas isolée. Quelques années plus tard, tout comme lui les graffeurs veulent donner au lettrage un sens plus large, un impact plus grand.
Gérard ZLOTYKAMIEN
Les premiers tags A la fin des années 1960, ce n’est pas à New York que le graffiti trouve ses racines mais d’abord à Philadelphie. Celui qui dit avoir été le premier de tous les « writers » (écrivains) est CORNBREAD qui veut à l’époque impressionner une fille. Comme une traînée de poudre, une sous-culture embrase Philadelphie. Cependant, le stade relativement réduit du réseau ferré y empêche la propagation du phénomène. Le mouvement s’essouffle à Philadelphie et reprend ensuite à New York dès 1969. Le métro aide à l’explosion du phénomène. JULIO 204 est parmi les premiers à tagguer New York. Il commence à poser son tag où il peut et devient connu comme étant le premier à avoir ajouté son numéro de rue à sa signature, principe qui restera fondateur dans le tag new yorkais. Mais c’est TAKI 183 qui le premier devient célèbre au-delà de son quartier en taguant tous les endroits de la métropole. En effet, employé comme coursier il traverse New York toute la journée, ce qui lui permet de poser son tag partout. Rapidement la ville, les trains du métro, sont recouverts par ces writers. En quelques mois seulement, dehors comme dedans, les wagons sont totalement bardés de ces écritures.
Les premiers éléments de style Au début des années 70, des écritures recouvrent les trains de New York et leurs auteurs cherchent à se distinguer. De cette émulation, dopée à l’adrénaline de l’illégalité, germent les premiers styles. STAY HIGH 149, 18 ans et déjà une star, est parmi les premiers à ajouter des éléments graphiques à sa signature. Par exemple, selon un procédé que tous les professionnels du design graphique connaissent, il double son tag en apposant d’abord la signature en blanc, puis repasse une seconde fois dessus à la bombe de couleur pour mieux le faire ressortir. Les autres taggueurs ajoutent aussi des ornements : étoiles, flèches, couronnes, marquent la suprématie rêvée de chacun. Dès lors, la lettre se transforme. Ce ne sont plus de simples majuscules en bloc, mais des styles tous différents. PHASE 2 par exemple est créditée pour avoir inventé nombre de styles aujourd’hui devenus légendaires. La nuance peut sembler faible à y regarder trop vite, pourtant c’est bien à ce tournant, en 1972, que nait la partie artistique du graffiti qui aurait pu en rester au simple tag.
CRASH, 1981 Collection privĂŠe
Les précurseurs du graffiti La fin des années 70 est marquée par la course à l'innovation stylistique. Tous les codes visuels – encore en vigueur 40 ans plus tard – sont définis. SEEN, « The Godfather of Graffiti » (Le Parrain du Graffiti) ou BLADE sont considérés comme des maîtres. Leur enseignement, informel mais intense, est transmis depuis de
génération en génération. Le vétéran du graffiti New-Yorkais WEST rappelle qu’il « faut d’abord apprendre son alphabet pour ensuite trouver son style » (First you have to learn your ABC and then find your style). Pour l’œil aguerri il est aisé de voir ceux qui maitrisent leur art : aplats parfaits, lettrages fluides, dégradés de couleurs maîtrisés, subtiles ou contrastés… Ce graffiti, « Old School » (vieille école), des années 70 et 80 est reconnaissable entre tous. Ces précurseurs ont depuis trouvé des héritiers qui perpétuent les enseignements de la première heure et renouvèlent le genre. En parallèle des expériences faite en extérieur, ces talents nourrissent leur inspiration de toutes les façons possibles. En plus du métro, avant même de migrer (du fait de la répression) vers les murs, certains, comme SEEN dès 1978, s’essayent à la toile, assumant leur carrière naissante d’artiste.
Crash Spraypaint sur toile
SEEN Spraypaint sur toile
SEEN Deep Blue (quadriptyque), 2010 acrylique sur toile 88 x 67 cm Pièce unique
SEEN (né en 1961 dans le Bronx) commence à utiliser la bombe aérosol dès l’âge de 9 ans et peint à 11 ans son premier train. L’année suivante, il trouve son pseudonyme SEEN. Peignant sans relâche des wagons de trains entiers, il accède à la notoriété grâce à sa dextérité. Il n’a pas froid aux yeux et réalise un grand nombre de pièces de façon illégale. Ses graffiti sont de taille impressionnante et le nombre important de styles qu’il créé contribuent à sa gloire. Inspirant des générations entières, il a ainsi posé des bases stylistiques fondamentales. SEEN est souvent décrit comme « l'homme qui a inventé le graffiti moderne », il répond le plus souvent alors qu’il travaille encore, 40 ans plus tard, de sa passion que « le graffiti a toujours été, est, et sera toujours ma vie! ». Ses œuvres sont le reflet des années 1980 avec des couleurs éclatantes, de forts contrastes et de grands aplats de peinture à la réalisation parfaite. A ce jour il est encore admiré des apprentis graffeurs, et faire ses classes implique de connaître ses styles et de savoir aussi en jouer.
CRASH (né en 1961 dans le Bronx) fait du graffiti classique teinté de références pop art. Après son premier succès dans la galerie Fashion Moda, il connaît une carrière artistique florissante, exposant partout à travers le monde. Son style est inspiré de l’environnement visuel dans lequel il a grandi : l’Amérique des années 60 et 70, avec son pop art et son langage publicitaire omniprésents. Patchworks de l’imagerie du temps (logos, gros plans de visages, etc.), les œuvres de CRASH sont en écho avec l’art en vogue de son époque.
CRASH DETOUR, 2012 Peinture en spray sur toile 182 cm x 304 cm Pièce unique
« Le graffiti était une des plus belles choses que je n’ai jamais vues. Les gamins qui en étaient les auteurs étaient très jeunes et le fait qu’ils aient cette incroyable maîtrise du dessin m'a totalement bluffé. La seule technique de dessin à la bombe aérosol est étonnante, parce que c’est incroyablement difficile à faire. Et la fluidité de la ligne, l'échelle, et toujours cette ligne noire qui liait tout cela ensemble ! C’est cette ligne qui m’obsédait depuis l'enfance! » - Keith Haring, 1980
Artistes à l’œuvre Émulation, adrénaline et répression, font beaucoup pour l’énergie et le caractère unique de cet art. Au-delà du support métro, mur ou toile, c’est sa technique qui en fait l’originalité. A force d’entraînement, celui qui maîtrise la bombe aérosol peut réaliser une multitude d’effets : dégradés, brumes, traits épais ou fins et fragiles... Les artistes répètent inlassablement leurs gestes de peintre dans leurs blackbooks, avec pour but de réaliser leur pièce en grand le jour J. D’autres travaillent de façon complémentaire sur toile ou des supports inspirants. Très tôt, ils assument la partie artistique et le jeu des expositions. Loin d’être une mode récente, ces talents font l’objet d’articles dont le prestigieux Art Forum, de films comme Style Wars. Ils collaborent avec des stars en faisant leurs tournées, leurs pochettes de disque ou leurs clips. Les lieux d’art les plus en vue les exposent comme PS1. Plus tard, alors qu’à New York les autorités les chassent, cette première lignée de graffeurs rencontre le succès en Europe. Entre 1980 et 89, BLADE, SEEN, CRASH et FUTURA sont les vedettes de près de 200 expositions : au Boymans-van Beuningen Museum Rotterdam, au Groninger Museum, à la Biennale de Venise ou à la Dokumenta de Kassel.
New York Graffiti, Photos Stephane Bisseuil
Dondi, 1984 Collection privée
L’artiste DONDI WHITE (né en 1961 à Brooklyn), qui commence à graffer en 1975, affectionne les dégradés et les couleurs sourdes allant des bleus clairs aux marrons et ocres, sans jamais tomber dans des compositions criardes. Se démarquant des autres graffeurs de l’époque, il va jusqu’à abandonner le sacro-saint contour de la lettre pour peindre les siennes comme si il s’agissait d’éléments en trois dimensions ou abstraits qui se confondent entre eux. Il peint des œuvres monumentales avec à la fois des lettrages, des dégradés de couleurs et des personnages expressifs. Comme il a abandonné les contours, ses lettres semblent flotter. Comme d’autres, il passe assez tôt aussi à la toile. Son écriture visuelle sur toile est en opposition avec les graffiti aux couleurs éclatantes réalisés sur les trains et sur les murs extérieurs.
A-One, 1985 Collection privĂŠe
A-ONE (né en 1964 à Manhattan), est un talent précoce. Il fait son apprentissage artistique dans la rue, comme beaucoup d'autodidactes. A-ONE décide ne peint pas de trains mais plutôt des murs et des toiles. A-ONE se distingue par un style particulièrement expressif, ou des silhouettes aux regards exorbités peintes à la bombe se mélangent. Dans ses compositions s’entrechoquent aussi multitudes d’objets et de phrases, tout en se confondant dans des volutes de fumées illicites. Denses, à la limite de l’illisible, ses œuvres incarnent le paroxysme de l’esthétique graffiti. Elles reflètent la quête d'une symbiose entre la culture américaine et de celle de ses racines africaines. A-ONE prêche une certaine mythologie urbaine, émaillant ses œuvres de références mystiques spirituelles et rasta, mettant en exergue une certaine pluralité culturelle à l’instar de Basquiat, son ami et conseiller. L’artiste, décédé en 2001 à Paris, laisse derrière lui une œuvre et un parcours, qui bien que souvent cryptiques, sont déterminants pour le mouvement.
BLADE (né en 1958 dans le Bronx) a seulement 15 ans quand il fonde son groupe le Crazy Five Crew (l’Equipée Des Cinq Fous), le crew étant fondamental dans la culture graffiti. BLADE est connu pour être le « king of whole cars » (roi des wagons entiers) qui règne sur les lignes 2 et 5 du métro new-yorkais de 1975 à 1980. C’est aussi une
Blade, 1983
légende du graffiti. Il aurait recouvert de peinture plus de 5000 wagons de métro. Le style de BLADE reflète bien les préoccupations de l’époque. Il ne s’agit plus là d’écrire juste son nom en grand. Toute la composition autour compte. Les couleurs sont savamment choisies, des objets ou des symboles sont ajoutés, créant un univers en soi. BLADE nourrit un goût particulier pour la perspective et la géométrie que l’on retrouve dans nombre de ses œuvres. Déjà certains crient au scandale disant qu’il ne s’agit plus là de graffiti au sens pur du terme.
Très tôt la star incontestée FUTURA (né en 1955 à New York) revendique un graffiti plus abstrait et qu’il dit futuriste. FUTURA commence en effet à peindre les métros new-yorka L’artiste DONDI WHITE (né en 1961 à Brooklyn), qui commence à graffer en 1975, affectionne les dégradés et les couleurs sourdes allant des bleus clairs aux marrons et ocres, sans jamais tomber dans des compositions criardes. Se démarquant des autres graffeurs de l’époque, il va jusqu’à abandonner le sacro-saint contour de la lettre pour peindre les siennes comme si il s’agissait d’éléments en trois dimensions ou abstraits qui se confondent entre eux. Il peint des œuvres monumentales avec à la fois des lettrages, des dégradés de couleurs et des personnages expressifs. Comme il a abandonné les contours, ses lettres semblent flotter.
Comme d’autres, il passe assez tôt aussi à la toile. Son écriture visuelle sur toile est en opposition avec les graffiti aux couleurs éclatantes réalisés sur les trains et sur les murs extérieurs. is dès les années 70. Dès le début il ne suit pas la voie du lettrage et s’attache plutôt à rendre visible le mouvement et la vitesse. C’est dans sa façon de jouer avec la bombe aérosol qu’il excelle. Atomes, poussières d’étoiles, zébrures et éclairs subtils font partie de son vocabulaire. Il crée ainsi des ambiances, des mondes aériens pleins de symboles évanescents en développant tout un langage qui lui est propre. Il mélange explosion de couleurs et pureté des lignes.
Futura, 1982 Collection privĂŠe
JayOne, 1981
Quik, 1984 Collection privĂŠe
Photos Yoshi Omori
La scène française Les premiers pas du graffiti à Paris sont retranchés sur les quais de Seine avec BANDO et le crew de la FORCE ALPHA. Entre le Pont Neuf et celui de la Concorde, s’écrivent les premières lignes françaises du mouvement. En 1983, le graffiti ne concerne encore qu’une poignée de personnes. Ils se connaissent tous, échangent leurs idées et leur passion. Tous se souviennent de l’émulation qui est à l’œuvre alors. Ils sont fascinés par leur différence de styles et passent un temps infini à peaufiner une seule lettre. A partir de là, le graffiti se repend partout et notamment dans les lieux abandonnés, les terrains vagues où les graffeurs peuvent se rencontrer. Alors que les Quais de Seine sont de plus en plus prisés des graffeurs, l’endroit en devient aussi plus surveillé par les autorités. Certains se déplacent alors vers le chantier du Louvre. PSYKOZE parle «d’un bonheur avec des palissades partout». PSYKOZE, BANDO, MODE2, mais aussi le groupe des BBC, peignent de grandes pièces.
MODE 2 Sanguine sur papier
Graffeur de la première heure QUIK, (né en 1958 dans le Queens), intègre dans son œuvre des interrogations sociales. Il peint sur un train Hitler ou des membres du Ku Klux Klan en signe de protestation. A sa manière il est un des premiers à revendiquer un graffiti porteur de sens profond. QUIK interroge cette société américaine enivrée à la consommation et à une esthétique pop art bien-pensante. Il résume sa position en partageant : « Je ne peux pas chanter, je ne peux pas jouer d'un instrument, alors je peins le blues. » Il n’est pas le seul à se pencher sur la question de l’intégration des afro-américains dans la société. N’oublions pas que cette génération née dans l’Amérique ségrégationniste des années 60. A Paris, le premier à être identifié comme graffeur est sans conteste BANDO (né en 1965 à Paris). En 1981-82, c’est à New York qu’il rencontre le graffiti. Un jour qu’il était dans le studio du photographe Henry Chalfant, auteur, avec Martha Cooper, de Subway Art, ce nouveau mode d’expression le fascine. De retour à Paris, il importe de graffiti. La première année, en 1982, il est encore relativement isolé dans son activité. Rare étaient les gens qui faisaient de la peinture urbaine à part des pochoiristes comme BLEK LE RAT ou Jerôme Mesnager et ses silhouettes blanches disséminées dans la ville.
Quelques personnes en Angleterre découvrent le graffiti newyorkais et s’y essayent. Parmi eux MODE 2 (né en 1967 à l'Ile Maurice). Il part en 1985 à Paris à la rencontre des fameux français. Ils peignent alors ensemble des œuvres collaboratives sur les murs de la capitale et se distinguent comme étant les premiers européens avec un style que ne soit pas strictement américain. Alors que BANDO et MODE 2, les deux ténors anglais et français, travaillent ensemble sur les quais de Seine, le néerlandais SHOE (né en 1967 à Amsterdam), une des figures d’Amsterdam vient aussi à Paris et découvre les peintures des deux autres. Il ne peut s’empêcher de leur montrer son style en peignant lui aussi sur les quais. La rencontre est déterminante. De là commencent des échanges intenses. Les uns et les autres passent l’été 85 à voyager ensemble à travers l’Europe. Ils deviennent les ambassadeurs européens de cette nouveauté appelée graffiti. Rapidement, une école européenne se distingue. Les lettrages sont différents des lettrages newyorkais. Et même si BANDO est influencé par ce qu’il a vu à New York, en particulier DONDI, il apporte sa propre touche pour créer quelque chose de nouveau.
L’expansion mondiale Ce sont très précisément les étés 1983 et 1984 qui marquent l’ouverture d’un dialogue artistique intense entre les Etas Unis et l’Europe. En plus des collectionneurs ou responsables d’institutions artistiques, nombre de jeunes Européens attirés par l’Amérique font le voyage vers New York et découvrent eux aussi à l’occasion une ville recouverte de graffiti. Rencontres et amitiés se nouent, exportant sur le vieux continent la pratique qui se répand comme une trainée de poudre. A leur tour, les Américains trouvent un ballon d’oxygène et une belle reconnaissance en venant présenter leur travail en Europe. Des livres clés comme Subway Art sont aussi publiés en Europe galvanisant les fans en très peu de temps. Quel adolescent n’a pas couru acquérir son exemplaire, faisant de ce livre de photos de trains new-yorkais graffés un livre culte parmi les plus vendus au monde dans les livres d’art. Dans ce paysage, la France en particulier prend un rôle central et devient une des capitales du graffiti.
Les BBC (Bad Boys Crew) est un groupe composé à l’origine par ASH, JAYONE et SKKI. Toujours à l’affut de nouveaux défis, c’est ASH, qui migre le premier vers le terrain vague de Stalingrad à Paris. ASH le débroussaille et y est rejoint par SKKI et JAYONE. Très rapidement de nombreux autres graffeurs y viennent. Ce terrain devient un des Hall of Fame des plus importants du graffiti européen des années 80. Tous y viennent pour confronter leurs inspirations, leurs innovations artistiques et partager leur passion. En 1986, Henry Chalfant, connu pour son premier livre, immortalise des murs peints par les BBC et les publie ensuite dans le livre Spraycan Art qui lui aussi deviendra culte. Au sein de cette école à la française, deux styles se confrontent : ceux qui privilégient lettre et lisibilité et ceux qui, comme les BBC, sont plus dans l’abstraction, privilégiant la forme dans son ensemble. Les graffitis de ces derniers deviennent de plus en plus illisible aux yeux du profane, et une certaine aspiration artistique se fait jour. A la fin des années 80 d’ailleurs ces graffeurs démarrent leur carrière en galerie et exposent en France comme à l’étranger. Au début des années 90 les BBC traversent l’Europe d’expositions en expositions.
Ash Rayons, 1993 Spray paint and acrylic on canvas 175 x 150 cm
Le graffeur américain JONONE (né en 1963 à Harlem) débute le graffiti à la fin des années 1970. A cette époque il rencontre AONE, ami de Basquiat, dont il dit: « AONE était le lien entre la rue et le monde de l’art. Il voyageait en Europe et revenait avec beaucoup d’argent, simplement grâce à son art. J’écoutais ses récits de voyages et mes yeux brillaient d’envie ». En 1984, il fonde son crew, les 156 All Starz, du numéro de sa rue. Il devient alors JON156 puis JONONE. En 1985, il commence à peindre sur toile l’élément fondateur de son style : la vision d’une rame de métro graffée engendrant des traînées de couleurs avec la vitesse. Ce qui distingue JONONE des autres artistes graffiti est précisément son attention apportée à l’agitation et au mouvement de la couleur plutôt qu’au lettrage et à la figuration. Lors de leur rencontre, BANDO lui montre des photos de ce qui se fait à Paris. De là nait aussi une amitié qui fait venir à Paris JONONE, qui rejoint le Bad Boys Crew (BBC), et y déploie sa carrière artistique. Il finit même par s’y installer de façon définitive.
JonOne dancing with wolves, 2015 Acrylique sur toile 205 x 320 cm Pièce unique
NASTY est une référence incontournable du graffiti parisien. Il commence en 1988 et se distingue rapidement en peignant des fresques en couleur sur les métros, voire même de strains entiers peint à l’époque où cela était encore nouveau en France. Dans ses expositions, il met en scène les fameuses plaques en émail de la RATP dont il s'empare depuis près de 20 ans. Il utilise aussi les plans du métro et perpétue ainsi l'esprit originel du graffiti.
Nasty Sans titre - Plaque de métro, 2012
Les années 90 apportent une profondeur à l’expression des artistes urbains. La signature faite de lettres évolue vers une signature plus conceptuelle, faite d’icônes ou de logotypes. Certains la remplacent par un visage. OBEY aux Etats-Unis ou Zhang Dali en Chine marquent les murs de figures qui deviennent leur signe. Symbole du renouveau, il devient difficile de considérer ces artistes juste comme des graffeurs. Grâce à eux que le mouvement ne se renferme pas sur le seul graffiti classique, il devient plus intéressant encore. Enrichis de la culture graffiti qui a ouvert le chemin de l’omniprésence de l’art sur les murs, ils se nourrissent aussi d’autres contextes, la culture skate ou la mutation urbaine en Chine. Leurs démarches sont réfléchies, profondes.
Invader Collection privée
En 1990, Shepard Fairey clame dans son manifeste que le message est clé dans la façon d’opérer (The Medium is the Message). Ce qui commence à s’appeler plus art urbain que graffiti prend une nouvelle ampleur, consolidant la pérennité d’un mouvement que certains donnaient déjà pour mort. Les sujets de société deviennent centraux et les interventions porteuses de messages forts. Ces artistes cherchent à éveiller les consciences.
Shepard Fairey Universal Personhood (1), 2015 Your Eyes Here - Malaga Sérigraphie et média mixte collage sur papier, HPM 99,5 x 73 cm
Shepard Fairey Universal Personhood (2), 2015 Your Eyes Here - Malaga Sérigraphie et média mixte collage sur papier, HPM 99,5 x 73 cm
Shepard Fairey Universal Personhood (3), 2015 Your Eyes Here - Malaga SĂŠrigraphie et mĂŠdia mixte collage sur papier, HPM 99,5 x 73 cm
Shepard Fairey, alias OBEY (né en 1970, en Caroline du Sud aux USA) est peu exposé à la culture graffiti jeune, il lui préfère le skateboard et la musique punk. A la Rhode Island School of Design il s’initie à la sérigraphie et au Sticker Art. Encore étudiant, en 1989, il crée son icône, André le Géant, qui l’accompagnera toute sa carrière. Au début, il en fait un autocollant qu’il distribue à ses amis, les appelant à la « désobéissance visuelle » en le collant partout. Par la suite, il le colle sous forme d’affiches monumentales. Chacun de ses collages a pour but de faire prendre conscience que les images (affiches, publicités, etc.) que l’on nous donne à voir sont porteuses de sens et qu’il faut apprendre à les déchiffrer. Il colle des affiches de tailles impressionnantes dans les endroits les inattendus, dans la droite ligne d’une tradition issue du graffiti. Il réalise dans ce même style des œuvres complexes en atelier.
Shepard Fairey I'm Gonna Kick Your Ass Peinture aérosol, collage et sérigraphie sur papier 106,6 x 73,6 cm
Barry Mc Gee Collection privĂŠe
Zevs Liquidated MCDonald's, 2006 Enseigne lumineuse et peinture 100 x 100 x 20 cm
Pour ZEVS (né en 1977 dans l'Est de la France), la saturation de l’espace visuel par la publicité l’incite à défendre les espaces de liberté visuelle. ZEVS, dont le nom d’artiste est celui d’une rame de train de RER qui en 1992 a failli le renverser alors qu’il faisait du graffiti, est un des premiers à faire de son tag une sorte de logo. À la fin des années 90, ZEVS s’attaque aux codes urbains comme le mobilier. Il réalise ses Ombres Urbaines. Il peint sur les trottoirs à la peinture blanche les ombres de mobilier urbain. Pour sa série suivante Attaque visuelle, en 2001, il cible d’immenses affiches publicitaires et, selon ses propres termes, « assassine » les mannequins dessus à la peinture aérosol rouge. En 2006, la série Liquidated Logos détourne des logos connus en les liquéfiant littéralement. Son art se situe entre art éphémère et action politique. Les approches en vogue si elles suivent les principes fondateurs du mouvement (trouver sa voix, envahir la ville sans autorisation, faire toujours plus grand, …) sont de plus en plus conceptuelles. Familier et aguerri aux codes de la publicité omniprésente, il se plait à en détourner sciemment les codes, pour mieux la dénoncer.
Invader , 2005 Collection privĂŠe
SPACE INVADER (né en 1969, à Paris) est parmi les premiers à remettre en cause la bombe aérosol tout en gardant une logique d’invasion par la signature visuelle. A la place du tag il choisit l’iconique Space Invader issu du jeu vidéo pour le réaliser en mosaïque (en référence au pixel) et le coller partout. SPACE INVADER pose sa première mosaïque, telle une sentinelle, en 1996. La propagation devient ensuite massive, ses mosaïques pullulent dans le monde. Non signées, énigmatiques, elles créent le buzz de Londres à Los Angeles, Tokyo, New York, Bangkok, etc. La démarche artistique de SPACE INVADER s’appuie sur la combinaison de mosaïques et de pixels. Ses réflexions sur l'art et son potentiel intrusif, alimentent ce qui aujourd’hui est une des démarches de l’art urbain parmi les plus efficaces. A chacune des villes qu’il envahit de mosaïques, SPACE INVADER établit une carte de son invasion. Comme dans un jeu vidéo l’artiste s’attribue des points à chaque pose de mosaïque en fonction de sa complexité. Entre envahisseur et joueur de jeu vidéo à l’échelle mondiale, Space Invader, se joue des tous les codes et fait de la planète entière son musée.
Space Invader Rubik Actarus, 2013 Rubik cubes sur plexiglas 97 x 74 cm Pièce unique
Planète pochoir
Le pochoir est l'exemple parfait de ces ramificatio Art qui n’ont pas pris racine à New York et qui exist dehors du graffiti. Pourtant cette technique conce tant l’énergie de la rue et partage une histoire c France, mais aussi à travers le monde, le pochoi associé aux slogans ou images reproduites sur les but le plus souvent contestataire et politique. Humo images choc, les pochoirs fleurissent sur les murs. Découpées dans un support rigide, comme du cart d’un pochoir ressemble à une dentelle et peut être nombreuses fois pour peindre la forme ou les mots Forme de signature urbaine, le pochoir rappelle l’inv au tag. Dans le contexte de guérilla ambiante, le p tout son sens. Ainsi, l’inévitable rencontre entre le g nées 70 et 80 et les tenants du pochoir donne lieu à chapitre du street art.
Les premiers acteurs MISS. TIC, BLEK LE RAT, Je vilégient au départ des découpes simples et une s qui vont ensuite se complexifier et s’accumuler a velles générations de pochoiristes dont C215.
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Nick Walker Intervention in situ
D Face
Assez tôt dans l’histoire du pochoir Jef Aérosol (né en 1957 à Nantes) complexifie la manière la technique en utilisant plusieurs couches et des dégradés allant du noir au blanc en passant par différents gris. Jef Aérosol crée souvent des portraits de personnalités comme Elvis Presley, Lennon, Hendrix, etc. Ce jeu de jukebox artistique est inspiré par les pochettes de vinyle que très tôt déjà il collectionne. Une autre partie du travail de Jef Aérosol est consacrée aux anonymes de la rue: musiciens, passants, mendiants, enfants, animaux familiers... Ces thèmes sont fréquents chez nombre de pochoiristes.
Jer Aérosol
Miss Tic J'ai le mal de taire, 1989 Pochoir et collage sur bois 117 x 89 x 3 cm Pièce unique
BLEK LE RAT (né en 1951 à Boulogne-Billancourt) découvre très tôt le graffiti lors d’un voyage à New York durant l’été 1971. Insatisfait de ses propres tentatives en matière de graffiti, il adopte plutôt la technique du pochoir pour reproduire ce rat et qui deviendra sa signature.
Blek Le Rat Untitled, 2009 Pochoir et acrylique sur toile 162 cm x 114 cm Pièce unique
C215 singes, 2013 Pochoir sur bois 120 x 80 cm Pièce unique
Le travail du pochoir s’est avec le temps étoffée et a investi l’espace urbain tout comme le graffiti, devenant un chapitre à part entière du Street Art. L’apport de la couleur chez un C215 (né en 1973) rapproche formellement le pochoir du graffiti de la première heure. C215 a contribué depuis 2006 à affiner la pratique du pochoir en y ajoutant l’énergie et les couleurs propres au graffiti. C215 a laissé sa trace pleine d’émotion et de poésie sur les murs du monde entier. Du fait d’un cursus universitaire d’historien d’art son œuvre comporte de nombreux clins d’œil aux tableaux de la Renaissance. Il mentionne volontiers comme source d’inspiration Le Caravage pour « sa lumière, la subversion inhérente à son œuvre », Botticelli « l’illustrateur ultime », Véronèse et sa « maîtrise parfaite, académisme, classicisme absolu », les portraits de Dürer. Dans le cas de C215, supplanté donc l’emploi du simple noir et blanc, le pochoiriste n’hésite pas à accroitre le niveau de détail, cumuler les couleurs et réaliser des pochoirs de plus en plus grands dans l’environnement urbain.
C215 Nina, 2013 Pochoir sur bois 120 x 80 cm Pièce unique
Jef Aerosol Scarified, 2016 Pochoir sur carton 120 x 120 cm Pièce unique
Jef Aerosol Lines, 2016 Pochoir sur carton 120 x 120 cm Pièce unique
Jef Aerosol Noodles, Noodles, 2016 Pochoir et Aérosol sur Bois 103 cm x 62 cm Pièce unique
Jef Aerosol Sittin' Kid and Butterflies, 2016 Pochoir sur carton 131x108 cm Pièce unique
Seth Porte 2, 2014 Shanghai Acrylique et bombe aérosol sur porte en bois 77 x 196 cm Pièce unique
Dans les années 90 que le procédé du pochoir reprend place sur le devant de la scène. En effet le britannique BANKSY, toujours dans le plus grand anonymat, revient à la base du pochoir. Il peint des scènes simples mais toujours caustiques. La star BANKSY use de son ton sarcastique pour dénoncer les travers du monde qui l’entoure. Le phénomène BANKSY étonne, déroute et prend par surprise le monde du street art. Rapidement il se hisse à la tête des artistes les plus connus et recherchés. Chacune des apparitions de ses œuvres dans une ville est vécue comme un événement pour celui qui se réclame de la plus pure tradition du pochoir, celle d’un BLEK LE RAT par exemple.
Banksy
L'Atlas Marble L'Atlas, 2016 Laque et aérosol sur toile 185 x 195 cm Pièce unique
Ecritures du monde L’histoire de l’art urbain s’enrichie à travers le temps. Les artistes le pratiquant aujourd’hui se revendiquent de cette culture collective, ou tout au moins de bases initiatiques communes qui leur ont ouvert les portes de l’expression artistique. Mais avec le temps un grand nombre d’écritures différentes émergent. Parler de notre monde, c’est aussi inventer de nouveaux langages. La richesse du street art tient aussi aux recherches plus abstraites de certains de ses intervenants. Le street artiste et théoricien POESIA désigne ces démarches comme du Graffuturism, terme aujourd’hui largement accepté par ses pratiquants comme l’anglais Remi Rough. Selon POESIA même si l’on est déjà loin du graffiti de la première heure, il s’agit du même mouvement artistique : un « fil commun qui nous réunit, nous, artistes et peintre du graffiti ». Au tournant des années 2000, de nouveaux intervenants créent leur propre typographie et s’attèlent ainsi à construire des démarches qui leur soient propre. L’ATLAS (1978) étudie la calligraphie kufi. TANC (1979) verse quant à lui dans l’écriture automatique à la bombe. Tarek Benaoum (1978) et EL SEED (1981) explorent les liens avec la calligraphie arabe.
L'Atlas commence le graffiti dans les années 1990. Fasciné par l'histoire de l'écriture, il étudie la calligraphie dans plusieurs pays et dessine sa propre typographie. Il intervient de plus en plus fréquemment dans l'espace public et devient une figure majeure du Street Art. Il développe parallèlement un univers pictural, conduisant méthodiquement l'écriture vers l'abstraction. Il vit et travaille à Paris.
L'Atlas Punition, 2013 Acrylique sur bois 96 x 100 cm Pièce unique
LUDO mélange une imagerie organique avec des éléments technologiques, l’artiste souligne d’un vert qui lui est propre ses collages de grande taille. Dans son monde végétalo-robotiques LUDO développe une esthétique singulière. Il allie avec habileté et minutie éléments mécaniques et végétaux afin de les métamorphoser en des créatures animales hybrides. L’artiste, comme ses ainés, se nourrit de l’énergie de la rue. Son inspiration est plus liée à des sujets brulants, des tabous ou des scandales sociaux. Sans concessions il pose le débat sur la table et questionne notre monde.
Ludo We are all dust in the wind, 2015 Shanghai Dust Graphite, peinture à l'huile, bombe aérosole 183 x 147,5 cm
Steve More est un artiste basé à Edimbourg travaillant avec des matériaux couramment trouvés dans l'environnement urbain. Affiches déchiquetées, bois et béton sont typiques des média qu'il utilise pour explorer nos attitudes à l'égard du temps et du lieu à l'ère numérique. Il emploie une esthétique minimaliste en utilisant des techniques telles que l'abrasion et décollage pour créer des œuvres qui occupent un espace entre la peinture et la sculpture. Steve More a commencé comme graffeur au milieu des années 1980 avant de passer à un travail en atelier en 2005. Il présente ses 20 ans d'expérience comme un travail vernaculaire urbain et fondateur de son travail actuel. A ce titre, il est un parfait exemple des ramifications originales actuelles du mouvement.
Steve More Untitled (Vestibule), 2016 peinture sur bois sculpté Pièce unique
YZ Women from another century LIX, 2014 Women from another century encre sur bois 200 x 100 cm Pièce unique
L’artiste YZ, à prononcer « Eyes » (née en 1975 en France) démarre sa carrière avec sa série de collages intitulée « Open your eyes » (ouvrez les yeux). Elle peint des visages géants noir et blanc qui nous interpellent. Peu à peu, son travail devient de plus en plus subtil et elle se penche sur la réalisation de portraits de femmes d’un autre temps, peintes à l’encre de Chine dans les recoins de la ville. Elle prépare consciencieusement sur papier les personnages peints qu’elle va coller sur les murs des villes. L’artiste partage : « J’aime que le classicisme accompagne une pratique très urbaine. Je suis très attachée à la démarche d’Ernest Pignon Ernest, pour qui le lieu est très important. La poésie, l’émotion très forte des personnages de Giacometti me touchent aussi beaucoup. Ce qui me plaît, c’est de m’imprégner d’un lieu ». Chacun à travers des esthétiques intemporelles et des messages forts, cherche à faire parler les murs au-delà du temps.
Dran
Remi Rough est l'un des principaux artistes "post-graffiti" du Royaume-Uni. Remi Rough a commencé comme graffeur "old school", en peignant des lettres sur les murs publics et les trains dans le sud de Londres en 1984. Aujourd´hui, l'artiste est passé des murs à la toile et expose régulièrement. Avec son style très abstrait et architecturé, son travail est comparé à des haïkus visuels. L'artiste a réussi à harmoniser la peinture à l'extérieur et en atelier sans perdre son style.
Remi Rough Metamorphosise 01, 2017 Graphite and spray paint on herringbone linen 100 x 100 cm Pièce unique
L’avènement du contexte Faire de la rue le lieu d’exposition de façon organisée devient une réalité pour nombre des artistes travaillant dans le contexte urbain. De nombreuses démarches renouvellent le genre du Street Art faisant à chaque fois preuve d’une grande inventivité. Ainsi, l’époque la plus récente du Street Art est celle où s’impose de nouvelles techniques et la démesure. Parmi les techniques privilégiées, le collage permet de créer des œuvres monumentales de plusieurs étages. C’est une nouvelle façon de montrer de l’art à un public très vaste. Cette forme d’art invite à une réflexion sur l’impact de l’image. Ce qui frappe c’est que chaque artiste est désormais unique en son genre. De plus en plus, les artistes du mouvement s’intéressent à ceux qui les entourent Désormais dans le mouvement chaque artiste est en quête de sa marque de fabrique, de sa technique. De ce fait les différentes démarches qui se distinguent misent sur des procédés à chaque fois renouvelés.
Faile Eastern skies, 2017 Acrylique et bombe aerosole sur papier, montÊ sur bois 944,88 x 330 Pièce unique
Le duo de Brooklyn FAILE travaille le mélange des références. Ce mix ou sampling visuel, fait de peintures, pochoirs, collages, etc., offre de nombreuses interprétations. Dans l’environnement urbain, que cela soit sur des murs ou des devantures de magasins FAILE développe une relation ludique avec le regardeur. Pourtant derrière une patte très poétique, FAILE interroge aussi directement le monde qui nous entoure
Vhils
VHILS (né en 1987 au Portugal) à peine adolescent commence par le graffiti traditionnel dans les rues de son quartier, à la fin des années 90. Il prend rapidement goût au pochoir et à des techniques de plus en plus originales. Talent précoce VHILS a aussi très tôt connu la reconnaissance. Il est repéré par BANKSY en 2008 pour participer au Cans Festival de Londres où sa série Scratching the Surface est exposée et acclamée alors qu’il n’a que 21 ans. VHILS travaille dans la rue, qui est son support et son inspiration. Il se sert des murs ou des croutes d’affiches récupérées pour graver ou buriner des visages, des paysages ou des lettres. Il donne un sens nouveau à des surfaces souvent délaissées. Ici aussi, le contexte fait partie intégrante de l’œuvre, la faisant résonner tant esthétiquement que dans son sens plus profond. Restant fidèle à ses racines il avoue « tout cela a évidemment découlé de mon travail de la première heure, le graffiti pur, que j’apprécie encore beaucoup ».
Vhils Lancetar 16, 2016 Composition de bois sculpté 227 x 228 cm Pièce unique
Tournée vers l’humain, SWOON (née en 1978 dans le Connecticut) commence sa carrière en faisant ses collages dans les rues de New York. Elle mélange la technique de la gravure classique de façon inventive et renouvelée sur de nombreux supports de récupération. Ses inspirations artistiques sont nombreuses, mais c’est surtout son lien avec la ville qui prédomine. Elle témoigne « Je me devais d’être à New York parce que c’est la ville la plus grande, la plus forte, la plus intense ». Elle dépeint des personnes le plus souvent inconnues mais symboles de sa vision humaniste et très engagée.
Swoon Irina Gravure originale sur mylar découpé à la main et sérigraphie encadrés entre deux plaques de verre 208 cm x 106 cm Pièce unique
Ludo
Psyckoze
C215
C215
Jef Aérosol
Remi Rough
Tarek Benaoum
Vhils