ARTISTIC DIRECTION DIRECTION ARTISTIQUE
Artists, designers and intellectuals are invited to respond to Frédérique Mory’s precious collection of fashion drawings by the greatest designers of the 20th century, (published in Bloc-Mode, Editions de La Martinière 2008) such as: Barbara Bui ALBER ELBAZ GIANFRANCO FERRE Diane von Furstenberg Givenchy KENZO TAKADA Christian Lacroix Karl Lagerfeld MARTINE SITBON OLIVIER THEYSKENS VALENTINO ... The contemporary artists on the show are: Hubert Barrère Gael Davrinche Leslie Deere mounir fatmi Maro Michalakakos Frank Perrin Sabine Pigalle Matt Saunders Julien Serve Zoë Sheehan Saldaña Curated by : BARBARA POLLA & MAGDA DANYSZ
Artistes, créateurs et intellectuels invités autour de la précieuse collection de Frédérique Mory de dessins de mode des plus prestigieux créateurs du XXème siècle (publiés dans Bloc-Mode, Editions de La Martinière 2008) tels que : Barbara Bui ALBER ELBAZ GIANFRANCO FERRE Diane von Furstenberg Givenchy KENZO TAKADA Christian Lacroix Karl Lagerfeld MARTINE SITBON OLIVIER THEYSKENS VALENTINO ET BIEN D’AUTRES... Les artistes contemporains de l’exposition sont : Hubert Barrère Gael Davrinche Leslie Deere mounir fatmi Maro Michalakakos Frank Perrin Sabine Pigalle Matt Saunders Julien Serve Zoë Sheehan Saldaña Commissaires d’exposition : BARBARA POLLA & MAGDA DANYSZ
MARTINE SITBON croquis de mode
“The man who sees fashion as no more than fashion is a fool. Elegant living does not exclude either thought or science; it crowns them. It must learn not only to savour time, but also to use it in an extremely lofty order of ideas.” Honoré de Balzac
“L’homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot. La vie élégante n’exclut ni la pensée, ni la science : elle les consacre. Elle ne doit pas apprendre seulement à jouir du temps, mais à l’employer dans un ordre d’idées extrêmement élevé.” Honoré de Balzac
The threads linking Art and Fashion are constantly weaving new patterns as the two fields observe, reflect and represent each other, measure and conceptualize each other. The walls once raised between High Art and the minor arts – the “applied arts” as they are known – have become porous, as they were when artists were essentially artisans. Today, more than ever, in France and elsewhere, to be interested in the dialogue between art and fashion is to question hierarchies and the kind of judgement that is always ready to create new dichotomies and raise up new values. For ourselves, as lovers of the arts, it is all a matter of looking at the world, of accepting it in its totality, and working against all forms of segregation. For us, all creative forms are ways of fighting time, and all creators worthy of the name are “murderers of death” (Pascal Quignard), and all forms of beauty seek to make a stand, in one way or another, against “the shame of being a man” (Primo Levi). “Direction Artistique”? This is as much the direction we wish to take as where we want this exhibition to go. It is also the everyday reality of fashion designers, makers of the fashion we love, the fashion that liberates us from stereotypes, from the everyday, from our body, from social determinism: fashion that, like art, is a liberating power. “In the end, wearing clothes is an act of the imagination, an invention of self, a fiction.” So wrote Siri Hustvedt, on the subject of corsets. We love the corset, that art of intimate space, as we love the arts of public space. The words “Direction Artistique” link art and fashion as powerfully as our bodies do – our bodies, those objects of representation and de-corpo-reification, those fundamental instruments of life and art.
The exhibition “Direction Artistique” will thus be full of reflections on the body, on words, on literature, on music and on history. Because – said Balzac again – “Dressing is at once a science, an art, a habit and a feeling.”
Les liens entre Art et Mode n’en finissent pas de se tisser: les deux domaines s’observent, se réfléchissent, se représentent, se mesurent et se pensent, et les frontières autrefois dressées entre le grand Art et les arts mineurs – ceux dits “appliqués” - sont redevenues poreuses, comme elles l’étaient lorsque l’artiste était avant tout un artisan. Aujourd’hui plus que jamais, en France comme ailleurs, s’intéresser au dialogue entre art et mode c’est interroger les hiérarchies et le jugement toujours prêts à creuser de nouvelles dichotomies et ériger de nouvelles valeurs. Il s’agit pour nous, amantes des arts que nous sommes, de regarder le monde, de l'accepter dans sa totalité et de tendre à effacer toute forme de ségrégation. Pour nous, toutes les créations sont des formes de résistances au temps, tous les créateurs dignes de ce nom des “meurtriers de la mort” (Pascal Quignard) et toutes les formes de beauté cherchent à s’opposer, d’une manière ou d’une autre, à “la honte d’être un homme” (Primo Levi). “Direction Artistique” ? C’est autant la direction que nous voulons emprunter et celle que nous souhaitons donner à cette exposition. C’est aussi la réalité quotidienne des créateurs de mode – cette mode que nous aimons, celle qui nous libère des stéréotypes, du quotidien, de notre corps, des déterminismes sociaux : la mode quand elle est, comme l’art, puissance libératrice. “Le port de vêtements, écrit Siri Hustvedt (à propos du corset) est un acte de l’imagination, une invention de soi, une fiction.” Nous aimons le corset, cet art de l’espace intime, comme nous aimons les arts de l’espace public. “Direction Artistique”, encore ? Les mots lient art et mode aussi puissamment que le fait le corps, notre
corps, objet de représentation et de décor-ation, instrument fondamental de vie et de création. L’exposition “Direction Artistique” sera ainsi animée de réflexions sur le corps, sur les mots, la littérature, la performance, la musique, l’histoire. Parce que “La toilette est, tout à la fois, une science, un art, une habitude, un sentiment” – Balzac encore.
BLOC MODE CROQUIS DE LA COLLECTION FREDERIQUE MORY
CHRISTIAN LACROIX croquis de mode
GIVENCHY croquis de mode
GIANFRANCO FERRE croquis de mode
ARMANI croquis de mode
KARL LAGERFELD série de 10 dessins originaux retraçant l histoire de la mode
KARL LAGERFELD série de 10 dessins originaux retraçant l histoire de la mode
ALBER ELBAZ croquis de mode
MARTINE SITBON croquis de mode
PACO RABANNE croquis de mode
OSCAR DE LA RENTA croquis de mode
PIERRE CARDIN croquis de mode
OLIVIER THEYSKENS croquis de mode
VALENTINO croquis de mode
GIANFRANCO FERRE croquis de mode
HUBERT BARRERE
Il est de ceux qui façonnent, captent le geste, la manière, qui ajustent une épaule, affûtent une ligne. Le corps de la femme est son obsession. Il est de ceux qui le mettent en valeur sans l'emprisonner, qui accompagnent ses formes sans les entraver. Créateur, corsetier et brodeur, il a choisi le corset comme colonne vertébrale de son travail. Cet héritage du 17ème siècle, sanglant le buste féminin pour en libérer tous les charmes, est le leitmotiv du couturier et retrouve grâce à lui une seconde vie, une actualité. Car si Hubert Barrère cherche à donner à la femme de nouveaux atouts de séduction en réhabilitant cet objet de désir disparu, il n'en oublie pas qu'il doit également être un vêtement à vivre et non plus une armure contraignante. Ainsi, il part dans une quête mêlant maîtrise des gestes ancestraux et expérimentations sur de nouveaux matériaux pour faire évoluer «l'objet de torture» en «objet de plaisir». Il voit dans ce vêtement à la fois élégant et érotique, un merveilleux accessoire capable de pimenter ses créations.
HUBERT BARRERE Vierge de Sevres - Collaboration avec Sevres - Cité de la Céramique. Broderies Hurel.
En 1996, Hubert Barrère lance sa première collection pour laquelle il sera récompensé par le Grand Prix de la Mode de la Ville de Paris. Mais si le corset reste son fétiche, la base de son travail, Hubert Barrère ne souhaite pas se limiter à ce seul exercice. Aussi devient-il directeur artistique de la Maison Hurel en 1997, et crée des broderies pour les plus grandes maisons de luxe, Chanel, Vuitton, Dior, Valentino, Gucci...
Sa notoriété, qui franchit très rapidement les frontières, reçoit un écho particulier en Chine, où il est régulièrement invité depuis 2003. En 2008, il est le premier homme élu à la présidence du Fashion Group International de Paris.
Hubert Barrère prouve qu'il sait aussi bien jouer de douceur et de légèreté et, à l'image de ses créations, se libérer des En 2011, Hubert Barrère rejoint la Maison carcans pré-établis. Lesage comme directeur artistique. Pour François Lesage, "Hubert Barrère est un grand amoureux de nos métiers qu'il défend corps et âme. Il est selon moi, le meilleur choix pour continuer l'aventure créative de la Maison Lesage." Ses propres collections lui permettent d'exprimer son art de corsetier, elles lui offrent aussi la possibilité d'explorer de nouveaux horizons avec des créations de tulles et de mousselines maintenues par de simples baleines. La légitimité du travail d'Hubert Barrère s'exprime notamment au travers de l'excellence des métiers d'art avec lesquels il collabore. Bel ouvrage et créativité sont ses maîtres mots comme en témoigne sa création récente avec Sèvres-cité de la céramique.
HUBERT BARRERE Création en collaboration avec Sèvres Cité de la céramique autour du Bol Sein, objet mythique en porcelaine réalisé en 1778 pour Marie-Antoinette et qui, selon la légende aurait été moulé sur la poitrine de la Reine. Une nouvelle occasion pour le créateur de réaliser une pièce d’exception. Hubert Barrère puise ici ses inspirations dans la tradition picturale classique et particulièrement dans l’œuvre de Jean Fouquet «La Vierge de Melun» représentant Agnès Sorel maîtresse de Charles VII en Vierge à l’Enfant. Une œuvre qui illustre selon le créateur « l’image rêvée que j’avais d’une féminité rayonnante avec un sein merveilleusement offert sur un corset. »
GAEL DAVRINCHE
Gaël Davrinche se plaît à réinterpréter, les visages emblématiques, peints par les grands maîtres depuis la Renaissance à l'époque moderne : de Léonard de Vinci à Frida Khalo, en passant par Van Eyck, Rembrandt, Velasquez, Vermeer, Ingres ou Soutine. Il force le détail qui lui paraît essentiel, la peinture lui permettant d'accentuer certains traits ou certains accessoires qui relèguent parfois, déjà, les modèles au second plan, comme on le voit ensuite avec sa série des Portraits et accessoires. "En reprenant des oeuvres célèbres, je me dégage du sujet, afin de ne pas le laisser l'emporter sur la peinture, la mettant elle-même en jeu et la traitant ainsi à l'égal d'un médium. Les questions de la réincarnation dans l'espace et dans le temps sont alors posées".
GAEL DAVRINCHE Ambassadrice, 200x160 cm Huile sur toile
De retour à la figure humaine, Gaël Davrinche s'intéresse à ses contemporains affublés d'objets du quotidien, avec une rigueur et un réalisme exacerbés. L'artiste détourne et coiffe ses modèles d'accessoires dont la personnalité se trouve parasitée, effacée, une fois encore reléguée au second plan, ce qui lui permet d'interroger la légitimité d'un tel genre à l'aire du tout numérique, bien loin de l'époque du portrait de commande...
GAEL DAVRINCHE Dandy mode chinoise, 200x160 cm Huile sur toile
GAEL DAVRINCHE Papier gras, 100x90 cm Huile sur papier gras
GAEL DAVRINCHE Papier gras, 80x100 cm Huile sur papier gras
GAEL DAVRINCHE Papier gras, 100x90 cm Huile sur papier gras
GAEL DAVRINCHE Papier gras, 140x90 cm Huile sur papier gras
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
GAEL DAVRINCHE, Direction Artistique, 70x50 cm, technique mixte sur papier
MOUNIR FATMI
mounir fatmi Labyrinth 06, 101x101 cm collage avec tapis de prières sur toile
mounir fatmi est né en 1970 à Tanger, il vit et travaille entre Paris et Tanger. Artiste plasticien et vidéaste, il offre au public une vision du monde qu’il veut affranchie des conventions. Il participe à de nombreuses expositions, personnelles ou collectives, des plus prestigieuses (au Musée Picasso, à la Fondazione Collegio San Carlo de Modène, à la Fondation AK Bank d'Istanbul, au Museum Kunst Palast de Düsseldorf, au centre Pompidou, aux musées de Brooklyn, Tokyo, Jerusalem …). Son travail est très évocateur des conflits politico-religieux actuels qui bouleversent Orient et Occident mais mounir fatmi n’enferme jamais le « regardeur » dans un jugement simpliste et monolithique, bien au contraire. Si pour lui la seule dimension sacrée existante appartient à l’art, il aime à déconstruire tous les éléments formant le monde actuel, et par là nos ambiguïtés, nos doutes, nos peurs, nos désirs. Il use des codes et des symboles de notre société qu’il détourne dans des installations percutantes.
mounir fatmi Casablanca Circles (couleur 05), 20x30 cm, encadrĂŠe 43,5 x 55,5 cm impression jet d>encre pigmentaire sur barytĂŠ, encre
À propos de mounir fatmi, Margaret Sche, faiseuse d’opinion et de tendance, écrivait ,en 2011, lors de la présentation de ses premiers labyrinthes mais aussi de ses “skates” tous deux recouverts de tapis de prières musulmans, que d’une manière totalement singulière, l’artiste pourtant éminemment politique relie la mode à l’art. La même année, mounir fatmi participait à Paris à l’exposition de groupe intitulée “Art is Fashion”, organisée par Barbara Polla à Paris, en détournant les couvertures de magazines de mode et d’art pour mettre en valeur ces mêmes liens que Margaret Sche soulignait déjà. Pour “Direction Artistique”, mounir fatmi propose un Labyrinthe de tapis de prière. Comme dans un précédent “Labyrinthe”, mounir fatmi rend hommage à Sonia Delaunay. “Ce qui est intéressant, dit mounir fatmi, c'est le fait de détourner complètement un tapis de prière de sa fonction. Du monde religieux à celui de l'art.” L’artiste propose également un de ses “Casablanca Kisses” - une pièce unique dans laquelle les amants mythiques que sont Humphrey Bogart et Ingrid Bergman sont habillés non seulement de leur aura amoureuse, mais encore de couleurs qui ramène le baiser le plus long de l’histoire du cinéma dans le monde d’aujourd’hui – le vintage, à la mode. “This kiss is more than a kiss”...
MARO MICHALAKAKOS
Maro Michalakakos est née en 1967 à Athènes (Grèce). Elle vit et travaille à Athènes. Elle est Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d'Arts de Paris Cergy (France).
L’univers de Maro Michalakakos, notamment dans ses sculptures qui souvent, d’une manière ou d’une autre, ont un lien avec l’intérieur domestique, classiquement féminin, de par leurs formes ou plus encore leur matière, nous parlent d’angoisses profondes, devant le pouvoir, l’autonomie toujours à risque d’être cannibalisée, les inconnus du corps et son vieillissement, la mort, mais avec un calme que l’on serait tenté de dire olympien puisque l’artiste est grecque. Ses tapis et tapisseries de velours rouge ou carmin, sur lesquels elles « sculpte » au scalpel ou au cutter des images en relief perdu, contiennent de par leur forme la dualité même de l’artiste et ses mises en tension entre la douceur du velours et l’agressivité du cutter, mais aussi, de manière plus symbolique, le féminin et le masculin, la disparition et la trace, la mouvement et l’emprisonnement, les références culturelles passées et leur présence rémanente dans notre contemporanéité. Le rideau de velours rouge évoque aussi des réminiscences très fortes au théâtre: ce tissu des plus sensuel sépare, au théâtre, les acteurs des spectateurs. Entre les mains de Maro Michalakakos, le cutter cherche alors, d’une certaine manière, l’ouverture, la transparence, la possibilité de passer d’un côté à l’autre. Le serpent, référence à Athena qui s’en pare, a deux têtes, symbolisant aussi bien le refus de la dichotomie que l’hésitation fondamentale. Hésitation que l’artiste ressent chaque matin, elle qui estime que les vêtements, leur choix, les mélanges que nous en faisons, parlent souvent plus de nous que les mots. Le velours rouge nous parle donc de Maro Michalakakos et de cette « Violente Beauté » qui a donné son titre au catalogue que Paul Ardenne a consacré à l’artiste.
MARO MICHALAKAKOS installation in situ de velours rouge gratté et lampes LED (détail) 224x137 cm
FRANK PERRIN Défilé 015 (Alexander McQueen, Paris), 2004 Photographie, 100x150 cm, ed /5 + 2EA
FRANK PERRIN
Ainsi commence Défilés, le livre de Frank Perrin : "Bienvenue à "Connection City", Los Angeles, année 00. La ville sans piétons, ni flâneurs, ni dérives possibles. La rue a été vidée, le passant exproprié par les coulées silencieuses des voitures. " La dernière exposition en date du photographe, justement, repart de la rue. Section 2 de la série "Postcapitalisme", elle propose six panoramiques de rues commerciales, photographiées dans six grandes métropoles mondiales. On découvre ainsi la cinquième avenue de New York avec ses échapées sur la mer, un boulevard tokyoïte où cohabitent immeubles futuristes et jardin zen, où encore le bâtiment quasi-stalinien de la boutique Armani à Milan. Chaque image, collage de deux ou trois négatifs juxtaposés, symbolise ainsi l'imaginaire propre à la ville en question, et capte l'aura caracréristique de tel ou tel milieu urbain. Ce qui frappe, dans ces photographies, c'est aussi l'envahissement des centresville par d'innombrables boutiques, magasins, grandes surfaces. Perrin dépeint en couleurs, pixels ou grains la condition de l'homme des villes du 21ème siècle : de flâneur celui-ci est devenu shoppeur (avec son alter-ego, le joggeur qui fit l'objet d'un précédent travail). Ses rues sont saturées d'affiches publicitaires, enseignes tape-à-l'œil et logos de marques de luxe. Aux "passages" parisiens, décrits par Walter Benjamin (très cité par Perrin) comme fait urbain caractéristique de la modernité, succèdent les gigantesques avenues de Connection City.
Par un acccrochage intelligent, les photographies de Perrin dessinent l'espace carré, fermé sur lui-même, et quasi-carcéral de cette ville du futur : un énorme centre commercial chic, à l'américaine.
Bien qu'elles surfent sur l'air du temps, les œuvres de Perrin interrogent constamment l'histoire. Dans son texte Global walking, il cite autant Baudelaire, Breton et Debord que l'artiste contemporain Stanley Brouwn, pour son parcours d'une ville promu au rang d'œuvre d'art. Un grand écart entre le passé et le présent, ente le mieux d'hier (le flâneur) et le pire d'aujourd'hui (le shoppeur), que seule la photographie comme image dialectique, peut révéler. "Le vrai visage de l'histoire, écrivait Walter Benjamin, s'éloignait au galop. On ne retient le passé que comme une image qui, à l'instant où elle se laisse reconnaître, jette une lueur qui jamais ne se reverra."
En pensant à cette série "Postcapitalisme" consumériste, celle des "Camel toes" prend pour point de départ un fait divers aussi drôle que signifiant : la circulation sur le net de photos de sexe féminins moulés dans des jeans, sous-vêtements ou pantalons ultra-serrés, qui à y regarder de plus près, dessinent la forme d'un sabot de chameau. Des rues aux "Camel toes", Perrin reconstruit la scénographie d'une shoppeuse moderne. Celle-ci se rend dans le centre de sa ville, tente d'y flâner, Yann Perrau. se laisse séduire par des devantures de boutiques, y entre pour acheter tel ou tel vêtement, "s'expose", enfin, grâce à ces vêtements. Il s'agit de montrer comment cet "homo shoppus" , "à travers son corps, se fait autant produit qu'objet d'exposition", explique le photographe. paradoxe du postcapitalisme : ce qui appartenait autrefois à la sphère de l'intime, du privé, est désormais ce qui fait l'objet même de l'exhibition. Plus besoin de Gustave Courbet : il suffit de contempler les moulages ultra serrés des "Camel toes" et de constater le succès effarant de ce concept à travers le net, les chats de discussion, la culture ado. Au 21ème siècle, l'origine du monde n'est plus peinte mais photographiée par tout un chacun puis exposée sur le net.
FRANK PERRIN Défilé 026 (Dior, Tokyo), 2014 Photographie, 100x150 cm, ed /5 + 2EA
SABINE PIGALLE
Sabine Pigalle est née à Rouen en 1963, elle vit et travaille à Paris. Après des études de lettres à la Sorbonne, elle est attirée par le milieu de la photographie, elle a notamment travaillé aux côtés d’Helmut Newton pendant quatre ans. Débutant dans le milieu de la mode et de la beauté, elle s’est progressivement dirigée vers une recherche plus personnelle, et a évolué vers la photographie plasticienne. Sabine expose régulièrement, depuis 2002, en France et en Europe, aux USA, au Japon, en Chine. Elle a obtenu le prix du jury Ladurée pour son livre « Toxi-food » (éditions Intervalles). La série Paris-Tokyo est née d’une collaboration avec l’architecte et scénographe japonaise Leiko Oshima lors d’une l’exposition à Tokyo (parrainée par la maison Céline LVMH). Chaque photographie a été reproduite à l’échelle humaine sur un support translucide puis encastrée dans une table basse en acier. La table-caisson, éclairée de l’intérieur, présente des découpes latérales de haïkus, petits poèmes extraits de la littérature classique japonaise, au travers desquels la lumière filtre également. Les corps semblent ainsi flotter dans une atmosphère éthérée. Au final, on se retrouve face a des « gisants modernes », dont les «poèmes-épitaphes » renvoient à l’instant et à l’éternité, au travers d’une narration onirique tant sur le plan du texte que sur celui de l’image.
SABINE PIGALLE #34-After Giovanni Bellini (Le Doge), 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, contrecollage polycarbonate, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 140x120 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #55-After William Scrots, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, contrecollage polycarbonate, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 140x120 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #63-After Van Eyck, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE # 19 - After Jan van Eyck, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #33-After Rogier Van der Weyden, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #29-After Lucas Cranach the Elder, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #45-After Giovanni da Oriolo, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #36-After Leonardo da vinci, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #37-After Petrus Christus, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #37-After Petrus Christus, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #47-After Roger van der Weyden, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #47-After Roger van der Weyden, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #57-After Lucas Cranach , 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #29-After Lucas Cranach the Elder, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
SABINE PIGALLE #51-After Filippino Lippi, 2012 Tirage lambda sur papier metal Fujiflex, encadrement bois noir, verre musee anti reflet-anti UV 29 x 32 cm encadre Edition 3
MATT SAUNDERS
Matt Saunders est né 1975 à Tacoma (Washington, Etats-Unis). Il vit à Berlin et Cambridge (Massachusetts, EtatsUnis), où il est actuellement enseignant à l’université de Harvard. Il a étudié à Harvard et à Yale. En 2010, la Renaissance Society de Chicago lui a consacré une exposition monographique. Ses expositions de groupes récentes incluent : Plot for a Biennial, 10th Biennale de Sharjah, Émirats arabes unis (2011), The Anxiety of Photography, Aspen Art Museum, Colorado (2011), The more things change, San Francisco Museum of Modern Art (20102011-), Untitled (History Painting), University of Michigan Museum of Art, Ann Arbor (2009), Freeway Balconies, Deutsche Guggenheim, Berlin (2008), Blind Date Istanbul, Sabanci Museum, Istanbul (2007).
Au fil des ans, Matt Saunders a poursuivi une pratique plurielle alliant peinture, photographie et animation vidéo, jusqu'à effacer les frontières entre ces différentes techniques. Le travail « photographique » est réalisé sans caméra ; Saunders utilise le dessin et la peinture sur divers supports puis expose les images obtenues sur du papier photographique, retravaille le résultat, souvent, pour réaliser des « photos » – des images – qui sont à la fois de « simples » photographies et des formes picturales hybrides.
Dans « Direction Artistique », Matt Saunders montre neuf des vingt-deux portraits de modèles réalisés à l'automne 2009. Saunders s’était alors inspiré, pour ces portraits, des instantanés pris avant et pendant le dernier défilé Kris Van Assche « femme » pour dessiner, « en négatif », à l'encre sur mylar, ce qui redeviendra ensuite un tirage photographique. Saunders produit ainsi, entre confrontation et hésitation, des portraits photographiques à la fois rayonnants et inquiétants. Ces portraits ont été précédemment publiés dans le magazine Londerzeel puis exposés à la Galerie des Galeries (Galeries Lafayette à Paris).
Nous participons ainsi en quelque sorte à un défilé d’un style inhabituel, un défilé vu par un artiste qui « tire » le portrait de chacun des modèles, identifie et garde en mémoire les protagonistes de ce moment éphémère par excellence qu’est le défilé. Les portraits de Saunders portent le nom de leurs modèles qui entrent ainsi dans le panthéon de l’artiste, où Herta Thiele côtoie Hannah Shygullah. Puisant son inspiration dans leur individualité, Saunders rend hommage à chaque femme choisie pour incarner le vêtement pendant le défilé. Selon Paul Ardenne, il s’agit là d’un « compte rendu non déguisé de la face cachée de la création vestimentaire et de sa part d’ombre. Cet ensemble peut être abordé en fonction de différents registres, entre documentaire et entreprise d’esthétisation systématique, entre réflexion sur les vertus de l’image copiée et attachement indéfectible à la peinture, ce medium riche de ses vertus de phénix. Il résulte de cette remise à plat un effet troublant d’incarnation et de désincarnation mêlées. Les formes, à la fois s’ouvrent et se ferment sur elles-mêmes, sans livrer jamais ce que serait leur sens manifeste, déclinaison continuée du mystère de l’art et conjugaison de ses sortilèges ».
JULIEN SERVE
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
Les Doublures de Julien Serve « Une centaine de dessins des meilleurs couturiers, le tout courant du début des années 80 aux années 2000. Seul un idiot, dit Julien Serve, pouvait relever le défi de créer ce que l’artiste appellera ses “Doublures“. Idiot je le suis… et je suis aussi un inculte du coup de ciseaux : le milieu de la mode se résume pour moi à une liste de prénoms de jeunes filles déambulant sur des podiums et flirtant avec rock stars, footballeurs et présidents à gourmette. Je regarde les dessins déployés devant moi et ils sont très beaux. Ils me parlent d'un monde révolu, emprunt d'une certaine nostalgie à mes yeux. L'ensemble est puissant. Je tente d'en dessiner un. Voir ce que ma main en dit. Un autre. Un troisième. De pâles versions des originaux. Ils sont trop beaux en fait, ces originaux. J'enrage. Je ré-entame le processus. Autrement. Pour pouvoir me saisir de l’ensemble, me l'approprier, je déconstruis ce que je vois. Je détourne à l'aveugle. Je projette. C'est bancal, avec des accidents plus ou moins heureux. Je redécoupe les pièces de ce puzzle à ma guise, le redistribue ; j’y glisse des mains, des seins, des bites ; je joue du Hard Rock sur un numéro de claquettes. Mes dessins sont là. Ils parlent une autre langue, révèlent de nouvelles beautés. Dans leurs traits, leurs bêtises, ils se suffisent à eux mêmes. Ils sont drôlement moches, gentiment méchants, faussement misanthropes. Un peu désespérés. Je suis content. »
Le crayon de l’artiste – ses traits et ses mains miraculeuses aussi – révèlent à chaque fois un aspect différent du dessin original, un détail, une vérité reprise en mains. Les Doublures de Julien Serve sont, à maints égards, « plus vrais que nature », et nous font voir avec les yeux de la contemporanéité la plus pointue, entre désespérance, émerveillement, drôlerie et dérision, des réalités intemporelles : la séduction, l’élégance et la gaucherie, la témérité et l’élan, le désir et la réserve …
Julien Serve est né en 1976 à Paris, où il vit et travaille. Issu d’une formation orientée peinture et dessin à l’école des Beaux Arts de Paris Cergy, il se tourne ensuite vers d’autres médias, notamment la photographie. Julien Serve réussit ce paradoxe purement artistique d’une œuvre à la fois intimiste et altruiste : « Je cherche à mettre en valeur le point d’impact entre l’individu, l’intime, le souvenir et la société, l’actualité et l’histoire. Faire entrer une dépêche dans un journal intime, chercher les symptômes d’une guerre passée dans un banal décor de vacances, trouver le point d’accroche entre la revendication politique et la confession, la révolte et la mélancolie… » Afin d’atteindre cet auguste objectif Julien Serve travaille les images en profondeur, les fait se révéler et se confondre. Il est notamment connu pour son œuvre « 194 Flags », sélectionnée par le directeur artistique du Printemps de Septembre à Toulouse, représentant une fusion des drapeaux de tous les Etats membres de l’ONU ainsi que celui de la Palestine. Pour «Direction Artistique» Julien Serve s>est inspiré des croquis de mode de la collection de Frédérique Mory qui inclus les plus grands créateurs de mode du XXème siècle. Ainsi il a conçu une série de 300 dessins, de «doublons», qui sont autant de regards croisés entre le monde de l>art contemporain et l univers de julien Serve et la planète mode.
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Balmain (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Givenchy (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Gianfranco FerrĂŠ (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - A. Tarlazzi (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Karl Lagerfeld (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Karl Lagerfeld (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Karl Lagerfeld (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Chiristian Lacroix (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing - Olivier Theyskens (opp. page) Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
JULIEN SERVE Doublons de croquis de mode / Duplicate from fashion drawing Dessin sur papier 2015
Zoë Sheehan Saldaña
Julien Serve est né en 1976 à Paris, où il vit et travaille. Issu d’une formation orientée peinture et dessin à l’école des Beaux Arts de Paris Cergy, il se tourne ensuite vers d’autres médias, notamment la photographie. Julien Serve réussit ce paradoxe purement artistique d’une œuvre à la fois intimiste et altruiste : « Je cherche à mettre en valeur le point d’impact entre l’individu, l’intime, le souvenir et la société, l’actualité et l’histoire. Faire entrer une dépêche dans un journal intime, chercher les symptômes d’une guerre passée dans un banal décor de vacances, trouver le point d’accroche entre la revendication politique et la confession, la révolte et la mélancolie… » Afin d’atteindre cet auguste objectif Julien Serve travaille les images en profondeur, les fait se révéler et se confondre. Il est notamment connu pour son œuvre « 194 Flags », sélectionnée par le directeur artistique du Printemps de Septembre à Toulouse, représentant une fusion des drapeaux de tous les Etats membres de l’ONU ainsi que celui de la Palestine.
La démarche de Zoë Sheehan Saldaña, d’une efficacité redoutable, illustre la tension entre l’artiste et « le marché ». L’artiste pratique en effet le « shopdropping », une activité relevant de l’art de l’escamotage, de la contrefaçon et de la substitution. Celle-ci consiste, en trois temps consécutifs, à accomplir trois « gestes » : 1, acheter dans un magasin tel ou tel vêtement ou objet fabriqué en masse ; 2, le reproduire à l’identique, à la main, de manière entièrement artisanale ; 3, revenir déposer la copie, en l’occurrence œuvre d’art, là où l’on avait trouvé l’original. L’objet ou le vêtement dupliqués, que presque rien ou si peu ne différencie de son modèle, est alors remis en vente, à son prix originel, comme si de rien n’était. L’acheteur ne sait même pas qu’il achète en réalité une oeuvre d’art… une œuvre d’art que l’artiste « laisse aller ». Une goutte d’art dans la vie.
Zoë Sheehan Saldaña, à plusieurs reprises, exercera ses talents dans des magasins Wal-Mart, au rayon Vêtements, où elle « shopdroppe » chemises, chemisiers et pantalons. En toute discrétion, comme il se doit, et sans rien savoir de l’issue de son entreprise. De son travail, l’artiste ne conserve qu’une photographie, qui sera exposée en parallèle avec le vêtement original, dépourvu de son étiquette qu’elle aura recousu sur le vêtement « œuvre d’art », comme pour le banaliser encore. Cette œuvre de dissimulation peut sembler absurde, mais elle est surtout poétique… On relèvera l’importance de l’action clandestine (c’est excitant), le rôle de la furtivité (le secret permet une action illicite), la subtilité du parasitage (l’œuvre d’art vient prendre la place d’un objet quelconque), le caractère notoire du travail manuel requis de l’artiste pour réaliser ses copies, relevant de la confection artisanale et constituant au passage une véritable plus value, du fait de l’investissement humain consenti pour l’occasion. Plus ce constat : en le rendant invisible, en acceptant de le perdre, et de ne jamais le nommer, l’artiste semble dégrader son propre travail. Il n’y a plus ici de « transfiguration du banal », pour reprendre la fameuse formule d’Arthur Danto exprimée à propos du Pop art, mais une transformation du banal, plutôt, en ce sens : le banal demeure le banal, en dépit du travail transformateur de l’artiste et de l’art. La poétique, la création au sens strict, se dissimule plutôt qu’elle ne s’affirme. Si elle existe, c’est sans se déclarer comme telle. « La poésie vient de la transformation qui s’opère quand tu regardes quelque chose de très près » affirme Zoë Sheehan Saldaña, qui dit encore, à propos de son propre travail, qu’il est transformation, justement, réverbération, qu’il laisse la porte ouverte à ceux qui souhaitent apporter leur contribution personnelle au processus.
All Rights Reserved. This book, or parts thereof, may not be reproduced in any form without written permission of the publisher. Published by : MD Editions
Direction Artistique is a limited edition catalogue published by Magda Danysz Gallery (Paris / Shanghai) MD Editions on the occasion of the Direction Artistique show in Paris from January 10th until February 14th, 2015 info@magda-gallery.com www.magda-gallery.com
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