Les écrivains et l'occupation

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inédit thomas mann son pamphlet contre le nazisme

Entretien avec michael cunningham « Je ne parviendrai pas à écrire le grand livre dont je rêve »

M 02049 - 516 - F: 6,00 E

DOM 6,50 € - BEL 6,50 € - CH 12,00 FS - CAN 8,30 $ CAN - ALL 6,90 € - ITL 6,60 € - ESP 6,60 € - GB 5 £ - AUT 6.70 € - GR 6,60 € - PORT CONT 6,60 € - MAR 60 DH - LUX 6,60 € - TUN 7,3 TND - TOM /S 850 CFP - TOM/A 1350 CFP - MAY 6,50 €

Le Magazine Littéraire - N° 516 - février 2012 - 6 €

Dossier : Les écrivains et l’occupation

enquête à quoi bon des poètes en France ?

www.magazine-litteraire.com - Février 2012

Brasillach Drieu la Rochelle Céline, Cocteau Sartre, Aragon Malraux, Colette Lévi-Strauss…

Les écrivains et l’occupation


Éditorial

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Le goût de Dieu Par Joseph Macé-Scaron

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Elle lui a légué cette aptin est toujours seul face au Seul. Les tude à s’enflammer comme voix du Seigneur sont impénétrables de l’étoupe au contact à notre entendement et les voies d’une étincelle divine. d’accès qui mènent à Lui sont innomDans ce récit qui évite les brables. Le prophète Élie qui chercha écueils de la profession de Dieu dans le tonnerre, la foudre, les volcans, finit par foi, le lecteur est invité à se le trouver dans le silence qui succède à la tempête. Autant de chrétiens, autant de christianismes. Celui frotter à saint François d’Asde Franz-Olivier Giesbert se ceint de la ceinture d’Iris sise, à la philosophe Simone Weil, sans oublier Julien puisque l’auteur a su faire son miel de toutes ses rencontres. Il est franciscain, mystique, Green, saint Anselme, Mani, panthéiste, oriental, ésotérique… « Je Empédocle, Derrida, SchoGiesbert trouve choisis tout ! », proclame-t-il à la fin de penhauer, Giordano Bruno, une formule juste son livre, Dieu, ma mère et moi (1). Plutarque ou Norman qui nous donne Voilà bien un drôle d’animal qui se Mailer, mais également Plol’irrésistible envie de moque des ricanements de ceux que tin, si lointain et si proche nous replonger Bernanos appelait les « petits mufles à la fois, et sainte Thérèse dans les Textes. réalistes ». C’est parce qu’il prend des de Lisieux (« Ton amour est risques que Giesbert a compris, avant mon seul martyre/ Plus je le les autres, qu’un être n’est singulier que lorsqu’il est sens brûler en moi/ Et plus mon âme te désire »)… pluriel. L’Innommé est réfractaire à notre souci de Quelle sainte famille ! On comprend les frémisseranger, de classifier, d’étiqueter. ments de la mère de l’auteur qui vouait un culte à ’agit-il ici d’une confession ? Non. De La Descartes. Pour chacun, Giesbert trouve une forSouille au Huitième Prophète en passant par mule juste qui marque une véritable familiarité avec Sieur Dieu ou Le Vieil Homme et la mort, ces grandes figures et nous donne l’irrésistible envie Giesbert traque les étoiles qui peuplent notre nuit. de nous replonger dans les Textes. Dans une époque pourtant riche en génuflexions, il es lieux sont aussi propices à cette quête n’est pas très bien vu de se recueillir devant un autel. d’un Dieu qui ne s’est pas enfui mais que Imagine-t-on, au passage, aujourd’hui, un Maurice nous ne voyons plus : la Provence, l’Algérie, Clavel confier les « progrès » dans son entreprise de Edfou sur la rive gauche du Nil, un temple de Pagan conversion d’un Michel Foucault ? Impossible. Tout en Birmanie… Les lieux et les êtres : car l’écrivain cela nous semble si loin… Et ne parlons pas de la parle aussi bien à ses contemporains qu’aux dispadisputatio ! L’erreur est de considérer, aujourd’hui, rus, il s’entretient avec les animaux, les pierres, les que notre monde est malade d’un trop-plein de relimeubles. Il nous livre ainsi gion alors qu’il s’est mis en danger pour avoir abannon pas un traité du gai savoir donné le champ religieux aux vaticinations des prémais de la foi joyeuse. Giesdicateurs et des bateleurs de foire. La religion est bert, fol en Dieu. une chose trop sérieuse pour être confiée aux théoj.macescaron@yahoo.fr logiens. Et c’est là le principal charme de ce livre qui (1) Dieu, ma mère et moi, est, d’abord, le portrait d’une femme – la mère de Franz-Olivier Giesbert, l’auteur –, professeur, catholique, qui avait le goût éd. Gallimard, 188 p., 16,90 €. de l’engagement et des controverses intellectuelles. Hannah/Opale

Directeur de la rédaction Joseph Macé-Scaron (13 85) j.macescaron@yahoo.fr Rédacteur en chef Laurent Nunez (10 70) lnunez@magazine-litteraire.com Rédacteur en chef adjoint Hervé Aubron (13 87) haubron@magazine-litteraire.com Chef de rubrique « La vie des lettres » Alexis Brocas (13 93) Conception couverture A noir Conception maquette Blandine Perrois Directrice artistique  Blandine Perrois (13 89) blandine@magazine-litteraire.com Responsable photo  Michel Bénichou (13 90) mbenichou@magazine-litteraire.com SR/éditrice web  Enrica Sartori (13 95) enrica@magazine-litteraire.com Correctrice Valérie Cabridens (13 88) vcabridens@magazine-litteraire.com Fabrication Christophe Perrusson (13 78) Directrice administrative et financière Dounia Ammor (13 73) Directrice commerciale et marketing  Virginie Marliac (54 49)

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Sommaire

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Cinq figures russes

À l’occasion de l’Année « France-Russie 2012 », l’universitaire Nicolas Six dresse le portrait de cinq personnages tutélaires de la littérature russe : Raskolnikov (Dostoïevski), Levine (Tolstoï), Griniov (Pouchkine), Akaki (Gogol) et Van Veen (Nabokov).

En complément du dossier

Comment, sous l’Occupation, Jacques Schiffrin, l’inventeur de la Bibliothèque de La Pléiade, fut abandonné à son sort de réprouvé.

olivier roller/fedephoto - tal/Rue des archives - Marc Melki pour Le Magazine Littéraire

Sur www.magazine-litteraire.com

Chaque mois, des critiques inédites exclusivement accessibles en ligne.

Ce numéro comporte 4 encarts : 1 encart abonnement sur les exemplaires kiosque, 1 encart abonnement Quo Vadis, 1 encart Edigroup sur exemplaires kiosque de Suisse et Belgique et 1 encart Le Monde diplomatique sur une sélection d’abonnés.

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Cécile Gambini pour le magazine littéraire

Enquête La poésie, une passion française.

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Février 2012

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Critique : Genette par Compagnon

Le cercle critique

n° 516

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Dossier : Les écrivains et l’Occupation

L’actualité 3 L’éditorial de Joseph Macé-Scaron 6 Contributeurs 8 Enquête La poésie, une passion française 14 La vie des lettres Édition, festivals,

spectacles… Les rendez-vous du mois

24 Le feuilleton de Charles Dantzig

Le cahier critique Fiction 26 Dominique Fernandez, Maylis de Kerangal,

Danièle Sallenave, variations transsibériennes Lutz Bassmann, Danse avec Nathan Golshem Alain Defossé, On ne tue pas les gens Jean-Yves Cendrey, Mélancolie vandale Bernard du Boucheron, Mauvais signe Chloé Delaume, Une femme avec personne dedans 31 Anne Wiazemsky, Une année studieuse 32 Carl de Souza, En chute libre 33 Alain Julien Rudefoucauld, Le Dernier Contingent 34 J.-P. Enthoven, L’Hypothèse des sentiments 36 Antonio Muñoz Molina, Dans la grande nuit des temps, 37 Patrik Ourednik, Classé sans suite 38 Thomas McGuane, Sur les jantes 39 Raúl Ruiz, L’Esprit de l’escalier 40 A. S. Byatt, Le Livre des enfants Poésie 42 Philippe Delaveau, Ce que disent les vents Non-fiction 44 Gérard Genette, Apostille 45 Luc Boltanski, Énigmes et complots 46 J. M. Coetzee, De la lecture à l’écriture 47 Jean-François Louette, Chiens de plume 48 Hartmut Rosa, Aliénation et accélération 50 Oliver Sacks, L’Œil de l’esprit 52 Marie Gil, Roland Barthes. Au lieu de la vie 28 29 29 30 31

Grand entretien : Michael Cunningham

Le dossier 54 Les écrivains 54 56 58 59 61 62 64 66 68 74 76 78 79 80 80 82 83 84 85 86 88 88 90

et l’Occupation

d ossier coordonné par Maxime Rovere Entretien avec Claire Paulhan Paris à la veille de la guerre, par A. Betz Offices de la haine et maquis de la pensée, par Gisèle Sapiro Lourmarin, loin de Weimar, par C. Paulhan Exilés en Amérique, par Laurent Jeanpierre Lévi-Strauss, par Emmanuelle Loyer Drieu la Rochelle, par Hélène Baty-Delalande Joutes par chevaliers interposés entre Aragon et Drieu, par Olivier Barbarant Parcours : Giono, Guitry, Colette, Mauriac, Péret, Jouhandeau, Cocteau, Joë Bousquet, Céline, Bernanos, Sartre La Nouvelle Revue rancie, par O. Cariguel Ramon Fernandez, par Dominique Fernandez Robert Brasillach, par David Alliot Raymond Aron, par Iain Stewart Les Éditions de Minuit, par Anne Simonin Jean Guéhenno, par Jean-Kely Paulhan Les imprimeries clandestines, par J.-Y. Mollier Bibliographie, par O. Cariguel Les prix littéraires, par Gisèle Sapiro Maurice Blanchot, par Jérémie Majorel L’épuration, par Gisèle Sapiro Roger Nimier, par Marc Dambre Antoine Blondin, par Alain Cresciucci André Malraux, par Pierre Assouline

Le magazine des écrivains 92 Grand entretien avec Michael Cunningham 98 Visite privée « Exhibitions, l’invention

du sauvage », par Carole Martinez

00 Inédit Cette guerre, de Thomas Mann 1 104 Le premier mot Et Proust se leva,

par Laurent Nunez

106 Le dernier mot, par Alain Rey

En couverture : Robert Brasillach durant son procès en 1945. © TAL/RUE DES ARCHIVES.

© ADAGP-Paris 2012 pour les œuvres de ses membres reproduites à l'intérieur de ce numéro.

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Prochain numéro en vente le 29 février

Dossier : Le Japon, invité du Salon du livre


Enquête

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La poésie, une passion française

Si sa diffusion en librairie demeure restreinte, elle peut toujours compter sur de nombreux amateurs, dont l’ardeur est relayée par des festivals florissants et des sites web très actifs. Par Alain-Jacques Lacot, illustrations Cécile Gambini

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border l’univers de la poésie en France, c’est entrer dans un monde de paradoxes. Qu’on en juge : plus de 100 000 personnes s’adonnent à l’écriture de la poésie, mais le tirage moyen des recueils édités est de moins de 300 exemplaires. Sauf exception, les « grands » éditeurs ont abandonné le domaine de la poésie, mais environ 530 structures éditoriales existent, sans compter les structures d’autoédition. La poésie est quasi absente des grands médias, mais des événements poétiques fleurissent en France, et pas seulement au printemps, parmi lesquels certains réunissent des dizaines de milliers de personnes. Elle a une image parfois passéiste et élitiste, mais une certaine jeunesse s’en empare et pratique le slam. Alors que, par le passé, elle a souvent été dominée par certains courants, elle n’a jamais été aussi diverse et plurielle qu’aujourd’hui. Donc, si la poésie est en crise, vive la crise ! Si la poésie est morte, vive la poésie !

La poésie est bien vivante Aux dires des éditeurs, la poésie se vend peu. C’est une donnée qui se vérifie si l’on en juge par le tirage moyen d’un recueil de poésie. Mais en était-il autrement quand Rimbaud édita à l’Alliance typographique à Bruxelles, en 1873, le recueil Une saison en enfer ? Il est également vrai que, Le temps n’est pas venu sur les 1 200 librairies en où l’homme ne se posera plus France, rares sont celles qui proposent un rayon de questions sur le sens de poésie contempode sa présence, ici et maintenant. raine présentant un éventail de la production. Ils sont environ 130 libraires, tant en province qu’à Paris, des passionnés forcément, des militants même, à dédier des mètres de linéaire à la production poétique contemporaine. Ce sont les mêmes qui organisent des lectures-dédicaces où les

poètes peuvent aller à la rencontre du public… Parmi les éditeurs les plus renommés, bien peu développent un fonds dévolu au genre. à côté de Gallimard et de sa célèbre collection, dirigée par André Velter, qui poursuit, par ailleurs, une politique d’édition de ­poésie contemporaine, ils se comptent sur les doigts de la main : Actes Sud, Flammarion, Le Mercure de France, Le Seuil. Viennent ensuite une dizaine de maisons d’édition ayant une production de plus de dix recueils par an. Ce sont Arfuyen, Bruno Doucey, Cheyne, José Corti, La Différence, Le Nouvel Athanor, P.O.L, Le Temps des cerises, Verdier et Le Castor astral – qui vient de voir sa constance récompensée par

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l’attribution à Tomas Tranströmer du prix Nobel de littérature et à Jean-Claude Pirotte du prix Apollinaire. Ceux-là font vraiment le métier d’éditeur de poésie, remplissant leur rôle de découvreurs de talents qu’ils accompagnent et encouragent. En dehors de ces éditeurs qui ont une activité écono­ mique significative, environ 500 structures, souvent associatives, dispersées sur l’ensemble du territoire, publient de la poésie. Généralement animées par des éditeurs eux-mêmes poètes – parmi lesquels Alain Breton à la Librairie-galerie Racine, Jacques Brémond, Cécile Ordatchenko et les éditions des Vanneaux, Mérédith Le Dez et MLD, Dominique Daguet et les

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Cahiers bleus –, ces structures cooptent par affinité les auteurs. Car l’édition poétique est vivante et bien vivante, même si elle n’est guère visible et se diffuse pour ainsi dire par capillarité. Le vrai problème de l’édition poétique est, en effet, celui de sa diffusion en librairie. L’économie fragile de ces structures éditoriales les empêche d’accéder aux services des sociétés de diffusion importantes, ce qui les condamne le plus souvent à l’autodiffusion et restreint leur visibilité en librairie. Jean-Michel Place, lui-même éditeur, l’un des acteurs engagés depuis plus de trente ans dans la promotion de la poésie, publiait en 1984 sa deuxième enquête


La vie des lettres

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Paris (8e) Du 11 au 14 février

PFB/agence rue des archives

Le 14 février, les dessins d’écrivains de la collection Belfond seront proposés aux enchères : 135 œuvres signées Apollinaire, Rimbaud, Cocteau, Baudelaire ou Musset, qui seront exposées deux jours avant la vente.

PFB/agence rue des archives

vente D’un crayon l’autre

PFB/agence rue des archives

Sentiment religieux, collage de Jacques Prévert, 1973. Dessin avec légende de Proust, adressé à Reynaldo Hahn. (En haut) La Vierge au g. c. (grand cœur), Cocteau, album de 21 dessins, 1931.

« À voir

Dessins d’écrivains. Collection Pierre et Franca Belfond : vente chez Artcurial, le 14 février à 14 h 30, à l’hôtel Marcel-Dassault, 7, rond-point des Champs-Élysées, Paris 8e. Exposition publique des dessins du 11 au 13 février.

À lire

Collection Pierre et Franca Belfond, 14 février, catalogue de vente établie par Alain Nicolas, Artcurial, disponible en ligne.

Dessins d’écrivains, préface de Pierre Belfond, éd. du Chêne, 174 p., 20 €.

L’un pour l’autre. Les écrivains dessinent, catalogue d’exposition, éd. Buchet-Chastel/Imec, « Les Cahiers dessinés », 176 p., 39,50 €.

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ue va faire le poète chez le peintre ? Se placardé en grand format lors du centenaire de la rafraîchir les idées ! », expliquait Geor- célèbre marque de pneumatiques. ges Perros dans Papiers collés II. Apol- À l’image de ce dessin humoristique, ces pièces linaire, Cocteau, Char, Hugo, Musset, particulières posent bien des difficultés d’appréRimbaud, Verlaine, ainsi que Proust, hension. Faut-il y voir les produits de passe-temps, Saint-Exupéry, Henry Miller, et même Paul Morand ou des œuvres à part entière ? Comment interpréont pratiqué ces escapades vivifiantes dans les arts ter cette composition automatique de Tzara graphiques, faisant le bonheur de certains collec- ­juxtaposant portraits, animaux fantastiques, corps hybrides ? Le dadaïste a bien l’air tionneurs. Tels Pierre et Franca Faut-il voir dans ces de l’avoir créé comme il créait Belfond, dont la collection sera pièces particulières ses poèmes. dispersée le 14 février par la maides produits son d’enchères Artcurial. Les dessins réalisés par Alfred de de passe-temps Cette collection avait été inauMusset relèvent d’un art compléou bien des œuvres gurée en 1971 par l’achat de mentaire, même si celui-ci approfondit davantage notre deux dessins de Proust adressés à part entière ? connaissance de l’homme que à Reynaldo Hahn. Pastichant le style du caricaturiste Caran d’Ache, Proust dessina de son œuvre. Ses talents avaient d’ailleurs été au trait deux personnes en voiture – qui rappel- reconnus par Delacroix, comme le rappelle George lent d’ailleurs fort une célèbre photo montrant Sand, qui nota dans son journal intime que le peinl’auteur en automobile. S’y ajoute une malicieuse tre lui avait confié « vouloir copier les petits crolégende manuscrite : « Avec les pneus Michelin quis de l’album d’Alfred ». Lesquels se révèlent l’intrépide sportman et sa frêle épouse peuvent savoureux puisque, comme l’explique l’expert de faire du 50 à l’heure en gardant la position éten- la vente, Alain Nicolas, auteur du catalogue aux due, telle qu’on la pratique aujourd’hui dans les notices très fouillées, l’amant de George Sand ne sanatoriums. » Elle valut au dessin de se retrouver se représentait qu’à travers des autoportraits-­

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événements International Toute l’année

Dickens, Twist again La pérennité d’un écrivain se mesure aussi aux célébrations qu’il suscite : pour célébrer les 200 ans de Charles Dickens, le 7 février, la Grande-Bretagne prépare une foule de manifestations. Expositions (sur Dickens et le surnaturel, à la British Library de Londres ; sur les artistes qu’il a inspirés, à la National Portrait Gallery…), émissions de radio et de télévision, lectures, pièces de théâtre… Les festivités, dont l’épicentre se situera dans la maison natale de Dickens, à Portsmouth, déborderont les frontières britanniques. Ainsi, entre autres, le musée Strauhof de Zurich s’intéressera aux mystères biographiques du romancier anglais. www.dickens2012.org/ Paris (8e) Du 27 janvier au 11 mars

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Aux couleurs de Tagore

Autoportrait en cavalier masqué décapité, Apollinaire, 1916.

charges irrévérencieux pour ses sentiments. Autre pièce de la collection Belfond, le portrait de Jeanne Duval par son amant Baudelaire trahit, par ses traits réalistes et fantasmatiques, la dualité divine et bestiale diagnostiquée par Banville chez cette « reine pleine d’une grâce farouche ». Enfin, parmi les œuvres proposées à la vente, quatre dessins en couleurs exceptionnels ­d’Apollinaire réalisés vers 1916 témoignent de l’influence de l’avant-garde russe ou du cubisme. Son

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Autoportrait en cavalier masqué décapité semble une transposition graphique de son arrière-pays mental. Des spécialistes ont relevé des correspondances entre ce dessin et deux poèmes de Calligrammes. Notamment le « Chant de l’horizon en Champagne » : « Les masques n’ont pas tressailli/ Mais quel fou rire sous le masque ». Parangon de bipolarité artistique, Henri Michaux n’assurait-il pas que, par le dessin, « on retrouve le monde par une autre fenêtre » ? Olivier Cariguel

Coïncidence : quelques jours avant la vente de la collection Belfond, le Petit Palais exposera, sous l’intitulé « La dernière moisson », 85 des peintures que l’Indien Rabindranath Tagore réalisa vers la fin de sa vie. Des œuvres qui rejoignent – par leur luminosité et leur stylisation – la prose et la poésie du prix Nobel 1913. www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/ rabindranath-tagore-1861-1941/ Paris (1er) Du 21 février au 11 juin

Confluences avec Debussy Les inclinations du compositeur Claude Debussy pour les avant-gardes picturales et poétiques de son temps feront l’objet d’une exposition au musée de l’Orangerie. Aux côtés des œuvres de Degas, Camille Claudel ou Gauguin, on trouvera des lettres manuscrites et des éditions originales de Gide, Louÿs, Valéry… www.musee-orangerie.fr/


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Critique  Fiction

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Le Transsibérien, trois Sibir, Danièle Sallenave, éd. Gallimard, 320 p., 19,25 €. Transsibérien, Dominique Fernandez, éd. Grasset, 304 p., 21,50 €. Tangente vers l’est, Maylis de Kerangal, éd. Verticales, 128 p., 11,50 €. Par Thomas Stélandre

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e Transsibérien n’est pas un train, c’est une voie ferrée ; la plus longue du monde, qui relie Moscou à Vladi­ vostok sur 9 288 kilomètres de plaines, de forêts, de fleuves, jusqu’aux confins de l’Europe ; elle traverse sept fuseaux horaires, 990 gares, avec un arrêt dans neuf villes. Son premier rail fut posé en 1891 par le tsarévitch Nicolas (futur Nicolas II) suivant la volonté d’Alexandre III d’augmenter l’in­ fluence politique, militaire et commerciale de la Russie sur la Chine et de développer l’économie de la Sibérie. Chantier gigantesque, à la démesure de l’ambition, ligne bientôt mythique que les fantasmes redessinent, invoquant les déplacements d’avant les rails de Dostoïe­ vski, Tolstoï ou Tchekhov, épousant plus tard les vraies vies des Guinz­ bourg, Grossman, Soljenitsyne. Les enfants du pays, ceux d’ailleurs aussi, géants français en tête : pensons à l’Alexandre Dumas du Maître d’armes (1840) ou au Jules Verne de Michel Strogoff (1876). Non que leurs œuvres évoquent le Transsibérien lui-même (sa construction ne s’acheva qu’en 1916), mais les décors étaient là, déjà, steppe et taïga, goût de l’ailleurs, aventure, la machine à fiction pré­ cédant la vapeur. Si Dumas et Verne viennent à la mémoire au pre­ mier tour de roue, c’est dans le train « Blaise Cendrars » que quatorze de nos auteurs montèrent en 2010 (ainsi baptisé en référence à un vers du poète où apparaît le mot « Transsibérien »), dans le « Train des écrivains français ». Fanfare et drapeaux, en route vers l’est. Organisée dans le cadre de l’année d’échanges France-Russie, l’odys­ sée dura trois semaines. Trois semaines pendant lesquelles les auteurs, invités par Culturesfrance (depuis remplacé par l’Institut français) et le gouvernement russe, ont enchaîné, en plus d’une semaine dans le train, conférences de presse et tables rondes, visites

touristiques et rencontres officielles – le tout rallongeant donc le périple de deux semaines, au service de la promotion de notre lit­ térature. Il est permis de parler de voyage organisé, de s’interroger sur la forme, d’admettre les artifices ; surtout quand on sait que, quelques mois plus tard, chacun ou presque était gentiment poussé à rendre sa copie. L’œuvre contre le circuit tous frais payés, diront les médisants, pendant que les autres se réjouiront plus simplement de lire des livres, de commande certes, mais surtout de bons livres, étant entendu que les écrivains conviés à vivre l’expérience ne comptaient pas parmi nos plus médiocres représentants : citons, entre autres, Jean échenoz, Patrick Deville, Guy Goffette, Sylvie Ger­ main, Mathias Énard, Olivier Rolin. Ces trois derniers ont publié leurs moutures l’an dernier (respectivement Le Monde sans vous chez Albin Michel, L’Alcool et la Nostalgie chez Inculte et Bric et broc chez Verdier) ; place aux suivants, trois encore, comme si les camarades devaient rester groupés. La nouvelle salve fait se croiser les regards de Danièle Sallenave, de Dominique Fernandez (tous deux membres de l’Académie française) et de Maylis de Kerangal. Deux récits de voyage d’un côté, un court roman de l’autre ; la Rus­ sie comme thème, le train comme motif traversant. La ressemblance entre le Sibir de Sallenave et le Transsibérien de Fernandez n’est pas un hasard : plus que des collègues de Coupole, ils sont amis de longue date. Ils ont vécu l’aventure ensemble, en­semble ils publient ; un journal, recueil d’impressions au quoti­ dien, chacun le sien. Des propositions qui pourraient se chevaucher, elles se complètent plutôt. Dans les deux cas, il s’agit de raconter le monde post-soviétique au fil des paysages qui se succèdent, migra­ tion conduisant les intellectuels à refaire l’histoire en se remémorant leur vécu (Danièle Sallenave en était à son cinquième séjour en Rus­ sie) et leurs lectures. Car, ici et là, il est d’abord question d’un retour sur soi, d’un souvenir ranimé, d’une pensée qui cherche à compren­ dre l’aujourd’hui par l’hier. La dictature stalinienne, le communisme, maintenant la mondialisation, les affiches publicitaires, les jeux vidéo. Ce n’est pas qu’on regrette l’âme russe – du reste qu’est-ce que c’est ? –, on se contente de noter, pour plus tard, comme si l’on pro­ jetait d’écrire quelque chose de plus achevé : « […] il faut engranger,

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voix possibles

photos : ferrante ferranti

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De gauche à droite : Dominique Fernandez et Danièle Sallenave, puis Maylis de Kerangal à bord du Transsibérien (dernière photo : passagers jouant aux cartes dans l’un des wagons).

engranger, même si tu ne comprends pas », affirme la romancière et Peut-être, après Naissance d’un pont (éd. Verticales), pouvions-nous essayiste. De même on photographie, autre tentative de mettre tout l’attendre aux origines du Transsibérien, quand, à la fin du xixe siècle, cela (rues, monuments, visages) dans une forme, un instantané. Sibir des centaines d’hommes bravèrent froid et maladie pour construire compte ainsi quelques clichés d’une Danièle Sallenave un peu tou- ce chemin de fer. Pourtant non, pas d’aventure collective dans Tanriste, touchants, inoffensifs, la voilà dans le train en autoportrait, plus gente vers l’est, mais la petite histoire d’une rencontre entre deux loin au pied de l’énorme tête de Lénine à Oulan-Oude. Transsibérien personnages, deux solitudes, dans notre train. Aliocha est russe, il a rassemble aussi des images, mais d’une autre ampleur, celles du pho- 20 ans, il part faire son service militaire ; Hélène en a quinze de plus, tographe Ferrante Ferranti, qui fut durant française, elle quitte un homme et la Sibérie. quinze ans le compagnon de Fernandez. Le premier veut fuir l’armée, la seconde va Extrait Liés par l’écriture, Danièle Sallenave et Domil’y aider. C’est un face-à-face fugitif, urgent, « l faut sauver tout ça. » Ça, quoi ? nique Fernandez le sont aussi maritalement qui explore les possibilités narratives de la depuis leur union dans la steppe bouriate. machine en mouvement, depuis les étroites La Russie ? Mais c’est quoi, la « C’était un jeu, indique l’écrivain, mais en couchettes de la troisième classe jusqu’aux Russie ? Je ne suis même pas sûre, même temps la reproduction, très exacte et compartiments spacieux. La romancière à ce moment-là de mon voyage, très sérieuse, d’une cérémonie de mariage. » brosse cadres et portraits par saccades, tout je l’ai dit, de pouvoir répondre à On imagine la scène qui, à la lecture compase modèle dans l’esprit. Bel incipit : « Ceux-là la question : la Russie fait-elle rée des ouvrages, leur ressemble assez : tanviennent de Moscou et ne savent pas où ils partie de l’Europe ? Si oui, dis que Danièle s’applique à jouer un jeu qui vont. Ils sont nombreux, plus d’une cenjusqu’où ? L’Oural ? Au-delà ? Je ne induit promiscuité avec le groupe et rigidité taine, des gars jeunes, blancs, pâles même, crois pas à la Russie éternelle, du programme, on sent Dominique souvent hâves et tondus, les bras veineux, le regard encore moins à la sainte Russie, mal à l’aise avec le principe du « Train des qui piétine, le torse encagé dans un marcel et pas bien davantage à l’âme écrivains », où il faut accepter de dormir dans kaki, futes camouflages et slips kangourous, russe. Mais l’évidence est là, dans un hôtel « vétuste », manger « gras » et, surla chaînette religieuse qui joue sur le poitrail, les rues, sur les visages, c’est tout, suivre un guide. Hors les rails, il nous des gars en guise de parois dans les sas et les comme un appel auquel il n’est emmène à l’« École de musique spéciale de couloirs, des gars assis, debout, allongés sur pas question de se soustraire. Novossibirsk », réputée dans le monde les couchettes. » Sibir, Danièle Sallenave entier, puis au siège de l’orchestre symphoCette troisième classe, l’envers du décor, est nique de la ville, le troisième de Russie. mentionnée dans Sibir et Transsibérien. Si les deux académiciens ont effectué le trajet de bout en bout, ce Dominique Fernandez résume : « Atmosphère, odeur, brutalité d’un n’est pas le cas de tous les écrivains invités. Certains descendirent en wagon à bestiaux. » Engager la conversation avec ces gens n’était pas chemin, d’autres prirent l’expédition en cours de route. Ainsi de May- envisageable, « faute d’une langue commune », alors les Français lis de Kerangal, qui a voyagé de Novossibirsk à Vladivostok, comme rejoignaient vite la première classe. On suppose le texte de Maylis Sylvie Germain – qui disait aussi « je » dans Le Monde sans vous, récit de Kerangal motivé par la frustration, honte légère. Il s’achève par où le deuil de sa mère, morte peu avant son départ du quai, venait la description d’une photographie sur laquelle, étrange décèlement, se mêler à l’expérience de la Sibérie. Maylis de Kerangal, elle, s’ex- Aliocha et Hélène se ressemblent, « ont les mêmes visages ». Abolir prime en fictions, à la troisième personne ; elle a opté pour le roman. les frontières, c’était un des enjeux.

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Dossier

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« Ces voix qui montent

Les écrivains et

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Dossier coordonné par Maxime Rovere , avec Claire Paulhan

L’Occupation est un moment charnière pour l’histoire de France en général, mais aussi pour l’histoire littéraire en particulier. Quel rôle les écrivains ont-ils joué pendant ces cinq années ? Claire Paulhan.

olivier roller

Bien qu’occulté par les stratégies des hommes politiques et des militaires, leur rôle se révèle décisif pendant l’Occupation : car il s’est aussi agi d’une guerre in­ tellectuelle, d’un affrontement des ­cultures, dont les écrivains, les poètes et les philo­ sophes, les journalistes, les imprimeurs, les directeurs de revue et les éditeurs furent les premiers relais et les témoins engagés. Ce dont témoignent leurs articles et livres imprimés, mais aussi la grande masse de leurs ­archives inédites. Les autorités d’occupation voulaient tout maîtriser, y compris la littérature et la poésie. Se disant férus de culture française, Otto Abetz, ambassadeur de l’Allemagne, Karl

Epting, directeur de l’Institut allemand, et Gerhard Heller, de la Propaganda Abteilung, comptaient s’approprier La NRF, qui leur semblait être le pivot du laboratoire intellectuel français et parisien : imprimée par ­Gaston Gallimard à plus de 11 000 exem­ plaires, la revue dirigée par Jean Paulhan avait certes une grande audience et encore plus d’influence. Les nazis placèrent à sa tête un écrivain favorable à leur idéologie ­national-socialiste, Pierre Drieu la Rochelle, et c’est ainsi que cette revue, dont Gallimard dut céder la direction pour pouvoir maintenir sa maison d’édition en activité, devint l’un des vecteurs de la collaboration intellectuelle française. Qu’ils aient été collaborateurs, attentistes, résistants de la première ou de la dernière heure, en exil ou dans la clandestinité, déportés ou prisonniers, qu’ils aient décidé de ne pas publier, comme Jean Guéhenno, ou au contraire de publier à visage découvert ou sous pseudonyme, les intellectuels français se sont servis de la première de leurs armes : les mots. « Ces voix qui montent du désastre » (Aragon) sont devenues poèmes, tracts, ­lettres, articles, revues, brochures, romans, essais, et même des maisons d’édition, comme les éditions de Minuit. Comment s’est traduite la volonté nazie de mainmise sur les esprits français, planifiée bien longtemps avant l’invasion de la France ?

Dès juin 1940, l’occupant met en place à Paris une Propaganda Staffel, bientôt supplantée par une Propaganda Abteilung qui, dépendant directement du ministre de la Propagande nazie Joseph Goebbels, exerce d’emblée un contrôle très contraignant sur toutes les activités des métiers du livre français, représentés par René Philippon, président du Syndicat des éditeurs. Cet appareil de contrainte est complété par l’Institut allemand, rattaché à l’ambassade du Reich à Paris, et par l’Amt Schrifttum de l’Office Rosenberg, qui a pour vocation la « décontamination de la littérature ». Une première

selva/leemage

Que devient la littérature lorsqu’elle se trouve placée dans une situation extrême ? Tandis que le monde affronte l’une des grandes ­crises économiques de son histoire, il semble indispensable de poser la question. En France, l’Occupation est sans conteste la période qui offre le meilleur terrain d’étude et de méditation. Comment les écrivains ont-ils réagi ? Claire Paulhan a accepté de réfléchir avec nous et de nous guider parmi les ar­ chives, où se reflète la complexité des options. La petite-fille de Jean Paulhan, à son tour éditrice, co-commissaire, avec Olivier Corpet et Robert O. Paxton, de l’exposition « Archives de la vie littéraire sous l’Occupation », présentée successivement à la New York Library et à l’hôtel de ville de Paris en 2011, a ainsi apporté son expérience et ses lumières pour éclairer l’une des périodes les plus contrastées de l’histoire littéraire.

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du désastre »

l’Occupation

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Pierre Drieu la Rochelle c orrigeant les épreuves de La NRF, en 1942.


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