Trente ans d'écriture - Volume 2

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PATRICK SCHLOUCH

Trente ans d’écriture Volume 2 1995 - 1999

Mahana - Les Éditions du Soleil Tahiti



Trente ans d’écriture Volume 2 (1995 - 1999)

Puis, il y eut Polynésie Éco. Au moment où la Polynésie française se cherchait un avenir économique, je trouvais absurde et dommage qu’elle ne disposât pas d’une information spécialisée digne de ce nom, capable d’apporter un éclairage intéressant sur l’évolution de la situation du pays. Dès le mois d’avril 1994, je soumettais à mon ex patron, le directeur général du groupe France - Antilles (Hersant) en Polynésie française, Jérôme Pourtau, l’idée de produire un support d’information économique. Cette idée lui plut et nous convînmes d’un concept de magazine annuel. Il s’agissait d’une revue d’environ deux cents pages (et jusqu’à plus de trois cents dans les dernières éditions) au format classique A4, imprimée entièrement en quadrichromie et sur papier glacé. Elle était structurée en cinq parties principales : d’abord, un bilan de la situation économique de la Polynésie française par secteur d’activité, suivi d’une galerie de portraits d’une vingtaine de Polynésiennes et Polynésiens talentueux, avec la nomination d’un “homme (ou femme) économique de l’année”. On trouvait ensuite un dossier complet sur un sujet particulier. La quatrième partie contenait une série de reportages variés et, enfin, cinquième partie, des chiffres-clés et des données statistiques classés par secteur d’activité et présentés sous forme d’infographies illustrées, une première en Polynésie française. Pourtau me passa commande de Polynésie Éco en juillet 1994. Je décidai alors de créer une véritable agence de communication et d’édition qui prit le nom de Media Conseil Pacifique (MCP), réunissant autour de moi une équipe compétente. Le premier numéro de Polynésie Éco fut publié dès le mois de février 1995. Au même moment, Michel Buillard, candidat aux élections municipales à Papeete, me demandait de m’occuper de la communication de sa campagne électorale. Ce fut le début d’une collaboration qui se prolonge encore aujourd’hui. La seconde convention Polynésie Éco fut signée dès le mois de mars. En outre, plusieurs contrats renforcèrent les fondations de MCP. Ils furent conclus notamment avec le service de l'Équipement, le service de l’Artisanat, le GIE Tahiti Tourisme, Air New Zealand et, à nouveau, avec le groupe Hersant pour le Trouvtou, un guide pratique de la Polynésie française imaginé et créé par un routard des mers pour ses coreligionnaires. Pourtau l’avait racheté dans l’intention de le faire évoluer en véritable


guide grand public. MCP poursuivit son développement dans la seconde moitié de la décennie 1990. En 1998, je proposai au groupe Hersant la production d’un troisième magazine annuel et Polynésie Habitat naquit en septembre 1999. P.S.

© Trente ans d’écriture - Volume 2 Tous droits réservés - Janvier 2016

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SOMMAIRE

1995 •

DISCOURS DE DIDIER SIBANI, PDG DE SIBANI PERLES

13

5 janvier - Premier prix de l’exportation artisanale au concours Fondexpa •

L’ARNAQUE NIGÉRIANE DE PLUS EN PLUS DURE

15

18 janvier - Article de presse •

L’ÂME DU PAYS

17

1er février - Éditorial Polynésie Éco n° 1 •

HUBERT VIARIS DE LESEGNO, HOMME ÉCONOMIQUE DE L’ANNÉE

20

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

CHICHONG, DE LA BARAKA À LA BACCARA

22

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

JEAN-MARC MOCELLIN, LA PASSION DU MÉTIER

24

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

GEORGES PUCHON, L’ÉCONOMIE EN MUTATION

26

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

BERNARD POIRINE, LE SKURFEUR DE L’ÉCONOMIE

29

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

CHRISTIAN VERNAUDON, L’ÉMINENCE GRISE

30

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

DIDIER SIBANI, L’AVENTURE DU LUXE

32

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1

…/… !3


PIERRE FRÉBAULT

35

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 1 •

CULTURE ET DÉVELOPPEMENT, LE DÉBAT DU CŒUR ET LE CŒUR DU DÉBAT

37

1er février - Dossier Polynésie Éco n° 1 •

MOTIVATIONS OCCIDENTALES, TRADITIONS LOCALES, LE FOSSÉ SE CREUSE

39

1er février - Dossier Polynésie Éco n° 1 •

PACTE DE PROGRÈS, LE PARTAGE OU LE GOUFFRE

40

1er février - Reportage Polynésie Éco n° 1 •

RECHERCHE SCIENTIFIQUE, BEAUCOUP D’ATOUTS MAIS...

42

1er février - Reportage Polynésie Éco n° 1 •

CONCOURS DES TROPHÉES DE L’EXPORTATION

45

15 septembre - Rapport de candidature Sibani Perles •

COMMERCIALISATION DE LA PERLE DE TAHITI

55

16 novembre - Analyse et propositions de Didier Sibani

1996 •

VIVE LA CONCURRENCE !

69

1er janvier - Éditorial Polynésie Éco 2 •

MATE GALENON, LA VISION DE L’AVENIR

71

1er janvier - Portrait Polynésie Éco n° 2 •

ROBERT WAN, LE RÊVE CRÉATEUR

75

1er janvier - Portrait Polynésie Éco n° 2 •

MICHEL TRACQUI, D’UN CONTINENT À L’AUTRE

79

1er janvier - Portrait Polynésie Éco n° 2

…/… !4


GILLES COHEN, CHANCE BUSINESS

83

1er janvier - Portrait Polynésie Éco n° 2 •

DANIELLE LIVINE, MAKE UP

85

1er janvier - Portrait Polynésie Éco n° 2 •

LES PILIERS DE L’ÉCONOMIE LOCALE SOUS INFLUENCE JAPONAISE

87

1er janvier - Reportage Polynésie Éco n° 2 •

ÉNERGIE, L’IMPOSSIBLE INDÉPENDANCE

93

1er janvier - Reportage Polynésie Éco n° 2 •

DISCOURS DE DIDIER SIBANI, PDG DE SIBANI PERLES

99

16 février - Assemblée générale de l’association des membres de l’Ordre du Mérite •

POSSIBILITÉS DE DÉVELOPPEMENT DU COMMERCE DE LA PERLE

109

1er mai - Rapport pour les Nations-Unies •

DÉCOUVREZ LE PACIFIQUE SUD AVEC AIR NEW ZEALAND

139

1er octobre - Publireportage

1997 •

AIR NEW ZEALAND, 45 ANS DE FIDÉLITÉ À LA POLYNÉSIE FRANÇAISE

145

8 janvier - Publireportage •

ON SOUFFLE UN PEU, D’ACCORD ?

149

1er février - Éditorial de Polynésie Éco n° 3 •

DU HAMBURGER SUR LA PLANCHE

150

1er février - Bilan Polynésie Éco n° 3 •

OLIVIER LOYANT, VOUS EN AVEZ RÊVÉ, IL L’A FAIT

152

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 3

…/…

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ALFRED MONTARON, PROMOUVOIR LE CESC

154

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 3 •

AMINE ALINE, EN ROUGE ET NOIR

156

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 3 •

JEAN-PIERRE FOURCADE, SOUS UNE BONNE ÉTOILE

158

1er février - Portrait Polynésie Éco n° 3 •

PERLE 96, STABILISATION DES PRIX ET DIVERSIFICATION DES MARCHÉS

160

1er février - Reportage Polynésie Éco n° 3

DISCOURS DE DIDIER SIBANI, PDG DE SIBANI PERLES

164

3 juillet - Fermeture du magasin Le Bamboutier à Fautaua •

DISCOURS DE RICHARD HALL, DIRECTEUR D’AIR NEW ZEALAND TAHITI

169

13 août - Conférence de presse Pactes pour l’an 2000

DÉVELOPPEMENT

177

2 décembre - Chronique hebdomadaire RFO Radio •

BANQUES, LA FRANCE SE RETIRE

179

23 décembre - Chronique hebdomadaire RFO Radio •

LE BOOM DU NONO

181

30 décembre - Chronique hebdomadaire RFO Radio

1998 •

EMBOUTEILLAGES

185

13 janvier - Chronique hebdomadaire RFO Radio •

PETITS PAYS

187

20 janvier - Chronique hebdomadaire RFO Radio

UN MONDE BRANCHÉ

189

27 janvier - Chronique hebdomadaire RFO Radio

…/… !6


PRÊTS POUR L’AN 2000

193

1er mars - Éditorial de Polynésie Éco n° 4

INTERVIEW DE GEORGES PUCHON, MINISTRE DE L’ÉCONOMIE 1er

197

mars - Polynésie Éco n° 4

EDOUARD TUAIRAU, NONO BUSINESS

201

1er mars - Portrait Polynésie Éco n° 4 •

JACQUES LEICHLÉ, AU CŒUR DE L’APRÈS CEP

205

1er mars - Portrait Polynésie Éco n° 4

TÉLÉCOM, FACE À LA CONCURRENCE 1er

207

mars - Reportage Polynésie Éco n° 4

RENCONTRE AVEC DIDIER SIBANI

215

1er mars - Publireportage Polynésie Éco n° 4

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GIE TAHITI TOURISME, MARCEL GALENON

219

21 octobre - 7e conférence annuelle des représentants extérieurs

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT, GASTON FLOSSE

223

21 octobre - 7e conférence annuelle des représentants extérieurs du GIE Tahiti Tourisme

IMAGE TOURISTIQUE DE TAHITI & SES ÎLES

239

4 novembre - Étude sur une stratégie de communication du GIE Tahiti Tourisme

1999 •

ORGANISATION ET SUIVI DES VOYAGES DE PRESSE

247

23 janvier - Mémo à l’attention de Brigitte Vanizette, directeur du GIE Tahiti Tourisme

ÉDITORIAL DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME

253

18 février - Data Mag

COLLABORATION GIE TAHITI TOURISME - MEDIA CONSEIL PACIFIQUE

255

18 mars - Compte rendu de séance de travail

…/… !7


GENS QUI RIENT, GENS QUI PLEURENT

261

1er avril - Éditorial de Polynésie Éco n° 5

BILAN 1998 1er

265

avril - Éditorial de Polynésie Éco n° 5

ENQUÊTES

267

1er avril - Éditorial de Polynésie Éco n° 5

COMMUNICATION DES PLANS DE GESTION DES ESPACES MARITIMES (PGEM)

269

6 mai - Rapport d’expertise commandé par le service des Ressources marines •

DISCOURS DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME 6 mai -

15e

277

Congrès des communes de Polynésie française, Bora Bora

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GIE TAHITI TOURISME, MARCEL GALENON

285

24 juin - Assemblée générale

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT, GASTON FLOSSE

293

24 juin - Assemblée générale

ÉDITORIAL DE PASCAL HEEMS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE FRANCE-ANTILLES

309

1er septembre - Polynésie Habitat n° 1 •

INTERVIEW DU MINISTRE DU LOGEMENT, JEAN-CHRISTOPHE BOUISSOU

311

1er septembre - Polynésie Habitat n° 1 •

INTERVIEW DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME

315

10r septembre - Dixit 2000 •

DISCOURS DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME

319

29 septembre - Séminaire d’information, Tokyo, Japon (agents de voyages)

DISCOURS DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME

331

29 septembre - Séminaire d’information, Tokyo, Japon (tours opérateurs)

DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GIE TAHITI TOURISME, MARCEL GALENON 28 octobre -

8e

343

Conférence annuelle des représentants extérieurs

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DISCOURS DU PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT, GASTON FLOSSE

351

28 octobre - 8e Conférence annuelle des représentants extérieurs du GIE Tahiti Tourisme

DISCOURS DE BRIGITTE VANIZETTE, DIRECTEUR DU GIE TAHITI TOURISME 1er

novembre - Mission aux Iles Marquises, Nuku Hiva

DISCOURS DE DIDIER SIBANI, PDG DE SIBANI PERLES 14 décembre - Soirée de prestige Casa Damiani

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1995



Papeete, le 5 janvier 1995

PRIX DE L'EXPORTATION ARTISANALE DISCOURS DE DIDIER SIBANI Monsieur le Ministre, Monsieur le Délégué, Mesdames et Messieurs, Inutile de vous dire quelle est ma fierté et ma joie de vous voir tous réunis pour célébrer le prix qui vient d'être décerné à la société Sibani Perles. Je vous rappelle que ce prix est attribué par la Fondation pour l'Exportation artisanale et la Chambre syndicale des Ateliers d'Art de France dans le cadre de leur 12ème concours annuel. Cette récompense vient couronner plusieurs années d'efforts intenses sur le plan financier et humain dans le domaine de l'export. Je voudrais d'ailleurs profiter de cette occasion pour rendre hommage à mes collaborateurs et collaboratrices sans le dévouement et l'enthousiasme desquels nous n'aurions jamais pu obtenir de tels résultats. Mais je voudrais surtout que le prestige de cette distinction nationale rejaillisse sur la Polynésie tout entière. C'est pourquoi j'ai absolument tenu à associer à cette célébration M. Georges Puchon, ministre de l'Économie, dont le dynamisme et les compétences sont partout reconnus et dont le travail porte peu à peu ses fruits dans un contexte pourtant difficile. Je suis également très heureux d'associer à cette fête M. Hervé Robert, Délégué pour le Commerce extérieur, qui nous a parrainés pour ce concours et qui, en quelques mois, a su s'imposer comme un partenaire incontournable des entreprises exportatrices locales. Je les remercie très sincèrement tous les deux pour leur soutien. Les exportations, nous le savons tous désormais, sont la seule alternative possible à la diminution de nos ressources extérieures, provoquée par le départ du CEP. Je suis extrêmement flatté d'apporter à notre pays une distinction nationale dans ce domaine. Cela prouve, en tout cas, que tous les espoirs nous sont permis pourvu que nous fassions preuve de rigueur et de persévérance. La cérémonie officielle de remise des prix de ce concours de la Fondexpa aura lieu le 16 janvier prochain au siège du Centre français du Commerce extérieur. Les récompenses seront en principe remises par le ministre des Entreprises, chargé du Commerce et de l'Artisanat, Monsieur Alain Madelin. Mon épouse et moi-même seront naturellement très honorés d'y représenter la Polynésie française. Je vous remercie de votre présence et vous adresse à tous mes meilleurs vœux pour 1995 en souhaitant que cette année soit celle du retour de la confiance et d'un nouveau départ pour notre Territoire.



18 janvier 1995 L'arnaque nigériane de plus en plus dure Née dans les années 80, l'arnaque nigériane semble plus en forme que jamais et les riches crédules feraient bien de se méfier. Certains d'entre eux à Tahiti y ont déjà laissé de précieuses plumes. On parle même de voyages sur place à Lagos se transformant en cauchemar. L'arnaque, désormais connue mondialement sous le nom d'«Arnaque 419» (c'est l'article du Code pénal nigérien qui traite de ce type de fraudes), a connu en 1994 un développement spectaculaire en Europe et dans le monde entier. Des dizaines de gogos y ont perdu des sommes phénoménales. La «419» est également devenue beaucoup plus dure. L'escroquerie, rappelons-le s'effectue par correspondance. La lettre-type (certains chefs d'entreprise à Tahiti en ont reçu plusieurs dizaines) porte l'entête d'un organisme officiel nigérian (le plus souvent la Nigerian National Petroleum Corporation). Un soidisant responsable de cet organisme prétend avoir détourné d'énormes quantités de fonds publics (plusieurs milliards de Fcfp) et cherche le moyen de faire passer cet argent d'urgence à l'étranger. Il offre 30 % de la somme en échange d'un «coup de main», c'est-àdire d'un transit sur le compte bancaire du pigeon. La lettre sollicite tout simplement l'envoi d'informations bancaires, quelques fausses factures et du papier à entête présigné. Naturellement, le secret le plus absolu est exigé sur toute l'affaire. Alléchées par la somme fabuleuse qu'il semble possible d'empocher sans trop de mal, les victimes ne se comptent plus dans le monde entier. Dès qu'il a mordu à l'hamecon, le gogo apprend que pour faire sortir les milliards du Nigeria, il faut d'abord payer quelques commissions ou taxes par ci-par là. Elles peuvent aller de 500 000 Fcfp à plusieurs dizaines de millions. Dès qu'il a commencé à payer, de nouvelles demandes arrivent. Soit pour plus d'argent soit pour des biens en nature. On réclame une montre de grande marque ou le paiement d'un séjour dans un hôtel de luxe à l'étranger ; un Américain s'est même vu demander un costume croisé (de grande taille). De nouvelles versions de l'arnaque 419 ont récemment fait leur apparition. Certaines personnalités locales en ont du reste fait la douloureuse expérience. La victime est invitée à se rendre personnellement au Nigeria. Elle a généralement accepté de garder le plus grand secret sur son voyage. On l'a également convaincue de ne pas solliciter de visa officiel. Les escrocs paient des agents de l'immigration pour qu'il la laissent entrer sans problème dans le pays. Seul dans un pays où il est entré illégalement (un crime selon la loi locale) le gogo se retrouve alors particulièrement vulnérable. À l'aéroport des voitures équipées de girophare viennent le chercher pour le conduire à une réunion avec les prétendus «officiels» devant procéder au versment des fonds espérés. Les victimes racontent que ces réunions ont effectivement lieu dans des bâtiments officiels probablement loués pour l'occasion par les escrocs. C'est alors qu'on leur demande encore plus d'argent. Les ambassades reçoivent de plus en plus d'apple de détresse de la part de ces personnes. Elles s'arrangent alors pour récupérer leur ressortissant et le placer en sécurité jusqu'à ce qu'il puisse quitter le pays après avoir été escorté juqu'à l'aéroport par des hommes armés. Il est certes surprenant qu'une magouille connue désormais de toutes les polices du monde et dont les méfaits ont été maintes fois relatés dans la presse, continue de faire des victimes. C'est d'autant plus étonnat que les lettres qui servent d'appât sont le plus souvent rédigées de façon très «artisanale». Elles sont fréquemment bourrées de fautes, écrites entièrement en lettre majuscules, utilisent des logos farfelus. La police est malheureusement désarmée face à de telles opérations. les plaintes sont rares. Les hommes d'affaires ne sont pas très enclins à reconnaître qu'ils sont cupides au point d'accepter de participer à une escroquerie et stupides au point d'en être les victimes.


Néanmoins, le gouvernement américain fournit à ses ressortissants souhaitant se rendre au Nigeria, une brochure les mettant en garde contre l'arnaque 419. Celle-ci s'étend d'ailleurs désormais à l'Afrique du Sud comme la police de ce pays l'a récemment annoncé. La célébre Scotland Yard, la police anglaise a mis toute une équipe sur l'affaire et un procès est sur le point de s'ouvrir en Angleterre. Au Nigeria même, il n'existe pour le moment aucune preuve que des fonctionnaires de la NNPC, de la Banque centrale nigériane ou d'autres services publics soient effectivement impliqués. Les autorités ont fait publier des annonces dans la presse étrangère pour alerter les lecteurs sur l'arnaque 419. Le général Sani Abacha, chef de la junte militraire qui dirige le pays a même créé un comité inter-ministériel chargé de coordonner la lutte contre les réseaux de trafic de drogue avec lesquels l'arnaque 419 semble étroitement liée. Plus de 1 000 suspects ont déjà été interrogés mais aucun n'a été arrêté pour le moment. Les escrocs eux-mêmes ne semblent guère soucieux de prudence. L'un d'eux, appelé de Londres par téléphone a expliqué sans détour les détails de l'opération sans vérifier si sa «victime» qui était en réalité un journaliste, était bien ce qu'elle prétendait être. Les Nigérians n'ont aucune sympathie pour les victimes. Certains pensent même qu'elles devraient être poursuivies en justice. Après tout, ne sont-elles pas des escrocs en puissance elles-memes en ayant accepté de participer à un détournement de fonds publics. Certains arnaqueurs 419 sont même devenus des héros dans leur pays. Le plus connu, Fred Ajudua, actuellement poursuivi par la justice nigériane, avait l'habitude de se promener dans la capiatle lagos escorté par la police. Il se compare à un «Robin des Bois africain» punissant les Blancs pour l'esclavage et le colonialisme.

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EDITORIAL POLYNÉSIE ÉCO N° 1 - 1995

L’âme du pays Où va la Polynésie française ? Vers quel futur se dirige-t-elle ? Cette question, chacun se la pose désormais. Le fonctionnaire peut se demander s’il pourra, longtemps encore, compter sur son traitement, sa sécurité et même sa retraite. Le salarié tremble à l’idée de perdre son emploi. L’investisseur hésite face aux incertitudes économiques, politiques ou même monétaires. L’entrepreneur s’interroge dur le bien-fondé d’un projet à long terme. Quant aux jeunes, ils pensent souvent qu’il n’y a pas de futur du tout. Bref ! La confiance a mis la clé sous la porte. À phénomène universel, réaction naturelle. Le monde change deplus en plus vite et l’adaptation s’avère difficile. Elle l’est d’autant plus en Polynésie française où l’on a la chance d’être préservé des grands maux de la terre. La guerre, la famine, les épidémies, le terrorisme, nous les voyons sur nos écrans de télévision, mais, grâce à Dieu et à la distance, leurs effets nous parviennent très atténués. En réalité, la crise est surtout psychologique et la morosité ambiante reflète plus souvent la crainte d’un avenir cruel qu’une souffrance actuelle. Certes, les prises de conscience se multiplient sur les difficultés de notre société, mais, fort heureusement, celles-ci restent encore maîtrisables. L’évolution du monde l’est moins que nous devrons bien prendre en compte bon gré, mal gré. L’époque de l’insouciance est probablement révolue. Il s’agit maintenant de s’ouvrir à un extérieur de plus en plus rude et sans pitié, mais dont notre avenir dépend ? Le tableau n’est sans doute pas tout rose. Néanmoins, pour ce combat, la Polynésie possède des armes efficaces. Elles sont naturelles (tourisme, mer…), mais aussi, et surtout, humaines. La société polynésienne est formée de caractères bien trempés ayant toujours su s’adapter aux circonstances nouvelles. Polynésiens, Chinois ou Européens ont tous, bien qu’à des époques différentes, abordé les îles sans peur, poussés par un même esprit pionnier, une même soif d’aventure et de découverte. Les hommes et les femmes que nous avons choisi de vous présenter dans ce premier numéro de Polynésie Éco montrent tous, quelle que soit leur origine, cette volonté de réussir doublée d’une conscience professionnelle sans faille. En Polynésie française, contrairement à ce que certains comportements pourraient


laisser croire, la médiocrité n’est pas une fatalité. Les progrès – social, humain, technique – s’effectuent malgré elle, tandis que les exigences de la nouvelle donne laisseront de moins en moins de chances aux tièdes. La Polynésie doit et peut s’en sortir. Encore faut-il qu’elle le veuille vraiment. Là est le véritable cœur du débat. Or, l’incompréhension s’installe et le refus des réalités est tout aussi manifeste chez les « accros » du modernisme que parmi les nostalgiques d’un passé idéalisé. Ouvrons les yeux et acceptons le défi tel qu’il se présente, en essayant de préserver l’essentiel : l’âme du pays. C’est sur elle que reposent toutes les opportunités et tous les espoirs. Patrick Schlouch

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accède à sôn premier poste de ditecteur

aénéral Shaneri-La lui confie ie Fjil vn.amlo tout Près de Iaéroport de Nadi c€st 1à qu'il s€ra rcpéré deux ans plustard parPhjhppe Brovell! qul lui offti_

H

ra de prendrc sa succ€ssion à la direction dù Tahti Beachcomber Parkroyal Lhôtel construLt en I974. dispose de 180 chanrbres et de 32 bun€alows

Proprjété du eroupe japonajs ElE il est eéré par la chaîne austÉlienne Southem Pacific Hotels qui lavalt créé En 1993 le Beâchcomber a bénéficié d une extension

représentani ùn investissement de 7t0 millions de Fcfp qui 1ùi a donné une nouvelle envergure alec notamnent un restaùrant sur le laeon et ùne piscineà vous

Lhôtel ernploie 200 personn€s soit environ ùn employé par chari!bre le même ratjoqu en Europe No(jdLons,rxûzntt àilf,tuu'\ à Qtutet t1u pe1aû d k'dl p\l attd pat kas né114s l€erette lean_Nlarc Mocellin C$r frdi4k ilrn dif(ib t1e t'autut u" senll irrcptr.hûbk nahs roi ii.j Pdkrrint uhe kis tûtéqû dù sdh .1ûns &!jr. hs

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A Pol4nisirhs j0J1t ûn ie nor nriiltrÉ dto llrt prtndu leur s\tun? ks andttioh de scltat qentilse et teur spaûaùéitl.a pelvnt larqt ne t kuts t'diblesses pftflt iohnelles tl t'auànit

PALMOLIVE - CADUM

lùunnes sut tt poihl de ndiiir ù kur foutnit Ls Wtits eùs leut p{heltt\ t d di' .édù à la uaqk Polq Sk ne Sur la polit iqùe tourist ique. en dehors

i famù ks

Iean-N4arc Mocellin a qÙelqÙes idées bien aû'Âtées ll rnslste notàmment sur la nécessité de préseruer Iimêge de

tellerie

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netne en ga e .ontre uhe tendona à tivr la Aes' Le nonbn de t'u' rirdriôn tttr ir rds . Aln tu tssentirlle une est aturcIletueht isks e pas détui? le nathe Pal ais attention

dit-ll

et te tdtseueû Aes tunfs hôtelLets il r. pas s étanner si la P1ltt étie est toujaws pÙ'

ûln : t'aut

ûnne ure destinûtia (hèE notanfterl i ûue d un laibk tdP7o qualité'Pnt Le ieune drrecteur du Tahii çM

Beachcornber Palkroval confirme que l: tourisme est sans aucun doute IalenirdT€nitoirc "Eh.0re fdut_il pécise-t'il hiù à0 net les natte s et fdne ks effal| qui liûra

à

aLlleuÉ il souhaite une remise en valeur de lîle de Tahiii qui na pas bonne Éputation 'Taliiri tst d.renue M sinple li,u de ttdnit au iiepatt û au rctaut dt5 ilA consta_

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ûde Aadapter e de netve d.s rhvrsrisvntnls rrop rAlri.lifet plaæ w1t tûlle palitique ài tLtotian aw ÉnÙva'

!/9rrr i€commande't_i!

Enf

!n col1cernani la sur€nchèrc svndi

cale. lean-Marc Môc€llin déplorc que les réalités économrques ne soi€ni pas suffi-

samment pris€s en considération Ndç pafteùairci sadal1. dit r1 tre /ldl6tnl pds 1?s

ûhséll{as tttitttl

dt .?tte sutcnûaa sur hatu conp!'

thternatiohale et sur

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te-t-il A propos du parc hôtelier leân_N4arc Llocellin soùljgne sa vétusté "11 dttie{t

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hôd tùplaie 5a'L de perat'ktl e plus paut tt! nasg talatidk 50 % plus tédui'te. sa s ûètt ,dlerde lÀu Ainsi olgÉ la baisse des tdnl:

de la néc€ssité de sensibilis€r lâ population et de r€valoriser les métieB de l'hô_

marque de la Poly^ésie te ue pemets

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Geotges Puchon : léconomie en mutation Libérâ|, lejeun€ ministre de l'Économie et deg

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poùrrant un prolofd désir d aventure .t reft Le prés dent quj en aussi minist d:l::':'-:'l inattendu chs ce ieune d€ rÉconomre' *"r *,-""brc tee7, Geory;s Pu.hofi de .orqrêt€ ::l!"ll: ceor! clr.|lenr (bien oùaùe foms Les charge r.pports) et tous soùs asln; homme é $ette,. rûpftsenti.onme a4û parmLeux Éns le sêvoir oi Puchon est déclder tout vie vont en prcaluits hasards de La qu,il .es æt eonne esice à dire sonde dL"rèlement onIobserue Puis' dig aqéné qu;, de la sfl\Lte dlst'irrtio, autrenrent président L'invrre ct luj prôpose une m : ta ses cLienG à En le8ô I un de tdlnt it .5t issul eensis olf|lr ta qultité prcidre sion précise rnetire en .€uvre une irc prôpose la dLrecde banqre lui slns le sut@ûtt d'we n\ryte ? rr a ev',t

d.n6rc du sourc

e-

apponeetouteasunsanqt?uftiond'(lnform.tiqÙederrance'unetiqLrederedvnamisationdudévelopr: h;lasse diûqeaûe l,cale et senbte entr€prjse en grandc diff cuLté Ll nhés(e ment économiqu€ du Territolre s;: défi puvart sur le secteur privé Ceore ttélig.et,àpl sie;re é\atls,.ette nut'et pas lonetcmps €t dé.Lde de relever lepairs pourquo + PKhon compFnd ses de ie ;;néntlo de dtt.ide;ls plus teûntetens en déprt des avertissemeirti .alors desacrfieru: il a choisL I ansptustôr .ns de rrava Après deui Fàri qutr poutiques sur taqueui be\u.oup foieasné acharné tnformariqùe de Frafce esr à conforabt. .âiiière bancarr€ et. s:à"nt de sà"a" *poii. ..uv€a! sur les hésite laccepte rârls Ceorges Depuis trente ans léconomLe pol!r dans

Puchon déllé

d€

cngage

slenne repose €ssentiellement sùr

rransferts

de I État et la

deman

nients rêle a ors publique Latrêt des essâis nucléalres 1992 a m.rqùé La fin de cett€ péri d Amériqùe ll part pour New Certes l. France est iouiouE là solLdai: Yôrk oii il â un mais Les ressourc€s publiques fond.

frère avec I in tandis que les besoins se multLplLent . teftion dappro secteul du BTP grand consommateur ' fôndir ses crédits publics. est le premier toùcl

cornaissances

iVais la Po ynésje le rappe le et le plan avorte On

en eestion

IpopJô.èrô fois la direction de (Raimanu lndustries'.

une

Lactjvilé nest poufiant pas flgée m:

qli onl

surinvesti pend les années d eLrphone. ont des char fjnancières trop lourdes En l99ll. Ceorges Pu.hon est le les enlreprises

P1 ^'é Ê^l.r'n chargé de lÉconornie TortefoLs

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grands secteù6 prcduclifs locaux ltour me perle. pèche a€riculturel lui é.h; pent et Les obseûateùrs s interrogent s

spécialL qéedàislâfabr!- lLrtilté réelle de ce poltefeuille .atlon de crèmes n,n6lir. .n â Id t'as teni1l û glacées Ceorgcs exphque Ceorees Pùchon ll.5l ùrTi.dll. sôciété

N1

Ll restera .ctte

en l rep

d€ùx

rise

Er 1990 c cst lui ctui srggère à ses

La Tropic ] h]J]elmalché de la côte-ejt qui vient .lêtre placé er lrqLr datLon t!dici.rre avec plus d un nrLlLiârd de Fclp de passif \oÙyeau défi noUvelle !lcto]Ie L€s rctionnair€r repr se de

Ceolges Prrchon est |é le 8 tévrjer rqru : natatea dans une famijle cltj !jne

chr.oise ses étu.les durànî lesqueLles

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falt lapplent]ssJge de la resP..QbilLté

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@|t.lindtio et de sault lndéniablement la présence du ieu minNùe d€ l Éconornie a inie.té Lrn sê neuf dans le microcosme politique ]l est cees d orieine chjnoi5e' avec ] qualités que cela sùppose mals réfute rôle de représentant ou de rassembl€ d une communauté 1,.s.u6 Nd\l'la|l pi issioh àe

nérhodes bien peFonneLles de ceorges hdri.r dit-il Nol/.sofllté.rt !ltili.. f pùchoi fonr mcrvejlte unefoisdeptus nous àûan| tuut nata er au pt\|tès du pr m:îlricê ès sc enc* de cÊsrtof obrenue En quelques mois le centre de srande .at aesl noIrc iûtérît ean u cest h. .onnr d$eht bt At1létl(ai à tunjversité d€ pantDauphLne eri 1980 distribùtion reprend vje sous le .orn de malnstream. pa|kulil De rerôlr à Tahirj Ll entre à l;r Bênque Trôpi. Api €t devient une affàire rentabl€ Nodç auo 5 .,id.ùn nolrc anqi e paser qîhétal pa|t al dott que àu les chas n6ts I i tlftt de TahLrj en qùalité datraché de dLrec- cest à ce moment là ll'Ùl Flosse le repèrlôn tlne carière sôuvre devant lui seurs de iêt€ de Caston

pre, a-t 1ar.o"",." a"s Étr,li"nts "" ml,ii",,s r.rrr le mène.r jlsquà ùne


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Bernard Poirine: Le skudeur de l'économie olléconomi€ conditlonne toLlt'. Tel est le credo de ca Zmlnent profess€ur amoureux du soleil et de la mer

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o.talqhue de l'ézoque slo^elte àe

ax stunàes rcspi|atlo'ts Bema Pofin. a su sÛder

eoitestatio^ et

uûlvetsltabes, dê ette oëliode d.

.ettain' dLconne sil

orsanrsaron hlmàrne En 1q75. voll; donc nôrre homme utula rc non seulement d un diplôme d€ Scences poliques màrs au55i .lun DES d econom e prëparc simullan&

quelqu. lato.atolrc tos'

m€nt à ia Sorbonne sous 1éminente dÙec_ tlon clu p.ofesseur cuitton N'est-il pâs alÔrc

ta viz

',.r'.e

hnæ p; npport "ux,aosls &ndlait eÆ senïlablet 41 tnveÊ dun '.ii,tot

ope, depuls

Mais ce qui lintéresse surtoÙt cest la làçon dont € le se s tue aL (ceLr de route

ne

considèrc cette brève expérlence com paft1cùlièrement bénéfique llldis /i t\ent dans le bïin, âcat'te t'\l et i ai pu

onû1eût ks thos?s e Parent Qûûèknt . ê+ ensuLte l€ retour deirnrlif à I seignement Public cette fois au

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Gauguin puis au Centre universltaire Pirae de 1988 à 1989 En 1990 il est t larisé comme professeur acré€é à l'U âvânt de sout€nir une thése de sut tE oMnie de la Pol,t esiet'nnçai\e'D. re te ataûiqft au développenent Pas mat

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500 pages de réflexions chlffres tableaux Ce travail - dont il tit€ra

de

ouvrages publiés entre 1992 €t 1994 -

.live6 afticles qu'il Publie

dans ai scientifiques rcvues ù n ivelsitaircs €t que se5 €conomiques poul "papl€rs" mensuel localTdhrri Pdttr4rcont fè t de léconomiste le Plus connu et le

écouié de Polvnésie hançalse

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tout luste d€ tetminet un quatrièmevol

me'sur

les économies insulaires - qui

prêt à sortir

Ses écrlts irès igoureux ne iâmais inaccessibles ll a su clai démônter les mécanismes de lécono

reflets eniôleurs et le mot (campus' pro-

whu àldhiti pour I iûdexatia'1 nu sataire r)es faû1ionnai?s je M saûis nA e pds4rc.elddirt i!" râconte Bernard Poûine

k he

avec

.lônr

suts pas

lâ pointe d'humour

il

noncé avec I accent améIicaln prenâit une

sisniflcation mâgique. Bref I

anclo-saxon

assaisonne volontiers son dis-

dtmportan(ea.€surdouëpourqurIacti vite Lntellectuell€ est Lrn beçotn vila et dont la Iiste des diplômes unlversitaircs ne cesse de s'alloncel au fil des ans Ce qul Ia séduit à Tahiti ? La mer, d'âbod. Les s6nds espac€s bleus lui sont devenus aussi indispensables que Iaû qùil respire Et puis Plus tard

La mer Dans sa ieunesse

Bernard né en

décemble lg50dansle l4èrneâffondisse_ ment de Paris au sein dune famrlle de rnodestes fonctionnaires Au hasard des

affectations maiernelles il fait routefois ses études secondaùes aù lvcée Claude Bemaid en plein l6ème èrondissement

.rir

à

s.,ences Po Leconomre l€ passion-

cEP

pêsse IeCAPES€n 1984

et dans la foùlée.

lèeree.ron en lo85 Pouatant une nou_ veite to s. t aventure rnre lectuelle le sâluit A la demande dÙ minisire de

Cest encore ce milieu prlvilégré qÙil côtoi€ _ et obseNe 'à luniveÉité de

Ouatre ans Plus iard muni de son prem,erparchem'n Bernald Porrne s inç

niennes va-t'il enfin rcntler à Pais et se raneer ? Pas encore Aù bo.d de locéan

noùveaux fourmillements Loccasion se présente d€ passer des vacances à Tahiti Ily débarque en l9?9 pour deux mois et,' n en est plus rcpartj ll est aulourdhui le plemiel maitre de conférences en économie de l'Unive$ité fÊnçais€ dù Paclfique sÛd Lenseienement lulva comme un gant Il v retiouve cette ambiance studieuse et jeune chèrc à son côeur et proflte de loisûs sufflsants pour s'adonner tant à ses chères recherches qu à sa passron de a mer ce sont d abord quelques rernplèce' ments dans te privé Puis Bemard Poûine

Poiine en a longtemps évé Il est

Paris-Dauphine où Ù prépare €'iuite un€ maiirise d éco.omle aPPl'quée

cesse de fusticer Iaveuclement des deurs et Iabsudité des situations ''La plupatt des ,te s n tnt pas ekeare Ianpteut du bauleretse,ntnt so.ial de Iap

immense Bernard Poir'ne ressent de

Paymonde son epotse depurs lqSl une ,ôlie Lnçrrruùrce chinoice qui Lui a 0onne

'

tiers provocateur. Bernard Poirine

Voici lâ réalité où Diego Bemard Poirine à San sulpasse ses esPéIances

Àu terme de s€s étlrdes califor

couls. Le confod matériel semble de peu

polynéslenne et mettle en évidence blôcages Larcement idéâliste et

lEconomje et des Finances de lépoq're ùn cenain Patrick Peaucellier ' il obtient ll u ne d isponrbilité et entreà son cabinet

r

l

resierâ slx mois a!a.t de devenir charcé ér,ides à IllsTAT Le professeur Poirlne

.

remarque4-il "Mrs ilulidtlts

ercnple. ,e s eh re de t absolunent Pas M?ne eh cas de rEnse, peu ptoh'tble des hu.léanes la rente ata ique estbie toti. épaque est Évolue et il lûut l1ssaiftftent une altemntit)e éto anique

vi

Benald Poirine €n voit trois

ter, exporter et . . exponer


x(lllllllll))x({lllllllll))x(llllltlllf)x(lllllllllf)x((tlllllllll)x({tllllllll))xr

Christian Vernaudon I Uéminence grise

HÏ*,**ry*diq:î*iï.*ï

nc': étofloûiqtg octobr' l9ô0 à Pans Ses par'rrls leèn nent oblenu ; serze ans avec vernàu' (bLei' Clrristr:r lc ie!" lernaÙdon et làrquc|re EÛard v fFr' et so.lal Atvpiqve,ch/istiÙfiv.luilo'lleseld.âjcntalor.LcÙrséludesLcsVenraudonpassêdeuxên.ée9aUL'cée]anso.] sonsdo!t.dÙl$cett.anin.l|teril'emblée'sonta(j!és.nPoiynésiedans|esannée!sai|]renclas.eprép.LratolrcaÙxetu.: Palgonieuwâged'A6old-il'aque74]86achijnlenestlerdepÔrtcr]uides.omn]er.ial€sccpendantH[cne p* * r"r-" *ti,tt a" rorns tcs pliis cônnus à tu]rLri Au reste la réus:jL pas ll €ntr. dof. à LSSEC : . ^,ii ^ài" "i, Ù$!Ûiueletd'arc'e||lka.eauservteedesolllamille.ompteé.omémentpoU'lUjlinfoltbonlaIe(lellèmelTlÔ!sans.F.: c'cst vraL mals sufioul ê! en 1982 r etl"'lue son servrce mLLt;' tant que po!s. '!an Matsquelessontdotl.lesamtiriotrs.le se'spiusétroird lermeo'd-êvrnecr*' :l'rÏ::::::1.:l-::.::l:i.1^1":L Poiqnésie frun]atse

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.c.!pée pr. de. dossier: mpe.c;b emeni rafeé5 sur !n-.eùtre t;blc et là.e d a!1r.s dossier. toui aussi bien clrssé. Et sur les mLrr: aùssr des élagère5 et

doss €'s encorc Christian Venrrudo. d toùt lù. au môins une fo's Dan5 .e bur€èu po nt de Protonds fauteulls .n curr D€s

dÊs

.h.is.s ef bors de foine str.tc. air dossi€i raide Ambran.e stùdieLrse et prejq!. mon.stique

chnst ri vernàudoi a .erie. ùnc vje bie. réslée ll

l.L<;. fr.l-.merl tenter par quelqùe :.,.r.re Soi ac.ue let (orr sourireiavcnt

r!.. ttr re o!bler i ilu5tér]Lé de sor efvi..rr.TÈf .t I ;i!.étrsme de son àpp.ren_ , . ...i.j. ce .hdme DatlculL.r q!

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Doonr qur lul a donré dcux ILls Marc et Paul €lle e* a!i centre môme de t.ul€ sa lie Son épouse est aLrss! sd secrétaire ll aiûre à conduire lul_môme son fils aiié è lécol. Ses m.illeLrr. moments de dét..'

te cest chez lùi .jumlreudcssiensqÙil

!-'eftica.lé de Clrrist ên Veiiraudon repose cn grafde panie sLrr cet ÉquLLibre

tanil al h r{1riii. a,ltroùù ,nd6 i.i t'i ,1, .!/lr.(ni d.roDr,,.rlfa' i,r{r avoLre t-il

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Côù.!ré iôt le!é tit ChnstLai fe rc:;irde .es l. télé!isi.ni sa pession c e.i sor tra

tourisrne d€ transports et d é.on.sesirois domain-"s de pr-;d le.tion er: de

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Didier Sibani : [aventure du luxe un espdt d'enbeprise au service de lâ ped€ de Tahiti. son objedif : elle doh conquérir le monde

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lion de sud loil|'talns, Didie. qultté la

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.e

s|ûa''l

Diffùsion,

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en souvenirs

ap pbt'sud.

tot|'t d2 pe esIaÉe& blloutler aûou.Ié. tl'.ois b^os dhui 6Ie^ .o ûu de Ia pla.e de PLpeete est uû Ae .es hot'tl/,?5 do,|t o peut dlrc q

'11

C est âlors qu'il le Brnroulisr un magasi.

Lattire

mobllier e1 d obiets i exotiqùes Le lir,i rr r.

ttu. bs néIietsb, deux àéûoûindtews ns I la oéatio et la

pasitian à

besoin

ascen hypetsactivité est vita-

Ieà c€t homme Pas quest'on d (enfile. d€s perl€s> quand on est à ce n'dr parlet. J0

ianais pns de a)orave;' à proprene t confi€-t-il Mair dd,rs ,1d uie àe waaqes.t de nauwuent pemahtnt je su! tauiours u peu tû En effet la descnption du (seii rd,ar,rs nade'businessna , senitirexacte sâns une

I

pÉclsion lhomme

ccl

Sibani ? L€spritd'entr€p: nâturellement mais al

n'â pas méiité son

polnt impliqué dans sa prôfession

avehtute expl:

ou'est ce qul fait

d'entreprises N4ajs ne croyez sudoutpas que DidierSibanj L

hùnne d allaûes d

à

Dldier commence alors: quête inteiminâble dæ d a et de meubl€s an qur se proloncerè plusi ânnées dans toute IAsie

uâutodidacte paiti de den est auiourd huj à la tête d ùn confortable eroùpe

sion

cade;

.ùrios Mâis il a des four dans les iâmbes Lho

a <lalt

aw. eo n

Pac

socLété

pressé se double à l'âme

d'un découvreur passionné,

Et I'aventure durc depuis déjà vin€tsept ans Invité au voyaee à dix-huit ans. DLdier Siban i qu itte Paris et sôn agitation en mar 6E Sac au dos. il ne sâit pas encore que la nationale 7 le mèn€ra si loin. Direcrion Màrseille puis. comme barmân surun cargo la Guadeloupe IAmérique . et p€ut être Noùmeâ et le boom dù nic' L€ destin après qùelques péripéties, en décldeia autrement En loute ve6 les

kel

Marquises. son bàieau I€ TdftjlPn. prend feu et peut tout jùste reeacner les côtes

Ouelque temps après son aifivée rêrârdée à Tahiti Dldier Sibêni est attiÉ

par l€s îles cest ainsi

quil

devient

pêcheur d€ requins dans les Tuamotu oir il rencontre Coco Chaze. Premier contact avec lâ perle noire qui balbutie encore et que seuls queiques pionniers tenaces Jacharnent à crltivet "^ llpoque oh Aait

rcû

e

ani

panout, se souvl€n!-il T0!l

l.

lâmôur des beaux ob' Seç preleres ceux qu I pour lui ? Slia0ul d6 bù6 s.ulptés. I ddn rdue lls ,0ifi ça neûtônbft pala6 p

vî dmi jauûis t Le Bdnro(tier prospèrê Àvec un€

ne lîs

il décline les mati véeétales nobles en meubles et ments mu.âux I epoque, seul le club àé.ù dans le nqle hea. de Maofta arat uhe ^ sôùvienr Didier Sibani On d r/dil taine douvriels.

t

nonde panaqeait le peu qu tl avatt Les qeks des iles arûLe t pas eanpns b pou|at de larqent avaie t pu: pehiu bw pureté de sehtine B

ne

L€s Marquises. ensuite exerc€.t leur séductlon sur lamoureux des îles un ernplor de sadien de prison à Taiohae puis lês .equins leurs dents leur peau et leuls âilerôns rapportent de quoi vivrc surtoutqùand on a la chancede rcmonter un monstre de 6 rn comme cest arrivé une fois. Citdir le plu, arcs quale ianais p?chë sn l le. an n .n rcwnait pas

besô1n

Retour à Tahiti. Didler Sibâni se Iânce réêllement dârs les affaûes avec la créa

P€rles Creatiôn

tk

tu

tous

ks qranàs

tfotnet u,l

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ls

OueI banh.t,

bloe de bétun eh bel

Perpétuelle remlse

e drcit:qu

en

perman€nid explorer de n ? En 1979 âlorsque le Bdn simpose Dldier Sibani se lance da horizons

sculpture

s!r.urr

puLs Clée ( Les

réunis, aù centie Vaima oir il vend premreG bjjoùx ainsiqu une câlede

(l

Arr stes réùnist Six ans plus tard Didjer Sibanl

-.s

sa prernièrc dvrâie' biloulede, (Ot

centeb En 1990

(Sibâni) âpparaît pourla premièIe

le




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Pierre Frébault : ..Pas de développementt sans pdse en compte du monde salarial !"

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tust te sqnàiût Lorsl"a ze ans, I? tet ddi tec3, it LusArP irdrr i]au adtpa 1i 9: !.t.,.1 lli',-1i^ l-llllll' pÀru de aùquer sêrtache une forre ,econ.;:. tlltqa. àa r iAdni4,ir/dtiak -a""^ili,;ài-*iii"r^i a" rusArp-Fo. cesocrare rctamment €Mas de{ri: ib;-iiiii"a w^'q"err,e ti connu. .hoisir atk lo,atiaû tamflti:n d: arr! des svndicais i;;t;;;::;;:;;;i:;1;;;,iii'"iila, tt LUSATP-Fo (uiionporvnéeens aux 1:ji1::::":l dirigeênis por :i l. comprendre Force ;;;;;;" dét;;;;;;-1;-;;ilipÀ i**, t't" de t,avairreurs qu'il de prendrc le mond': au ru,ttolr". cittesta pat

",r,nàxA taiûs, détesté pLr il'autres, Ple

eer-

eFé6ault

ouvrièrel est ùne conré.IératLon blênt une hentaine

rass€m-

cst t€rnps

w'À*r,,"^" t u,t d.' a.tpu' a" "" *rfl "ii.,^.r so.io-e.ono iques les olus lnn"tounablcs ô rorioô \l]4 r'! rl pays. Crt1t li!ûhths@nltè thàustula nuti' ddn5 ld ltrj5i aùr idi .ù l.

nùk dr Nlrrddid

Pattout Pj€rre

dit fièr€ment

FÉbarlt C€tte

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dûlir" se soùv -"nt Pierre FrébaLr t Il étàit qu€*Lon de la alors cn premiire au côllÈge Lamennais représenlà1iv té esL du ren€ au cGurdu et l'évérement piovoqua chez lur uf trê! metLsme qùi dé. da de soi .neagement débaL slndi'al C cst elle notarn lrscte lè lefi.r.e s élart pês.ée ment q!L 'ondi sr;ri hr::.ires dans ù.e I;nLlle de soucle i o'r' le n"tèrt

socral

r.1..5r. lolLr à -.r.1.

Fr.ê:t.

!.r:.:l.rsi

irLit

irr : :ù!'é:a:€Le .Lr

S. nare à\dii

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ùnÊ gôélette

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p,rDlrqus quÊ rece_ \rè chaque ccntrale

Tous les èns

publi.atio. d€s palt chifires ollicjels :.olariié sérieuse Àpiès Le bac il

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.".,a.","""--ÀdeslenilchoLsltplovoqueLimanqUablementdescontes-dalen.Ônsidérationdanstoule: perprcran oir il n y a arun étu.iLant tahi- tations de la part des mouvements s€stl éfl€xions sur le développement Sespriorrtés poul.'*?: Slt!t pmant inlustement lésés "Lt rqnÈne dsr pfrr'rii'.." ue-t_lL llv

t'"" t Ar. "xplrq.on ptat'lu. aiort.Ë a a"ces "ÀiL"'r" ***:, r"r,itr con.ou,. .ll;i*,* pir'-.",,"i,ei,";;.h"i;;

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Pi€ûe svndicalisme de manière à ce que sdrÀfûisdrr' estime pour sa *t:.^d" Frébaurt ù @nliiti0n taublots qu! tes

l ::

:: l"':: dun sraiut l"-1:':de",:'1\]:ra Io-: seruicedesAifaircséconomjquesoi]ile+ksnoqehsfuknùtrcl|, æuvft,pubLiqÙeîênitolia]el.llil.0,ll[lj tlécr du p\won d aûal d.j.t'a 4rcknan6 ali nommé contrôl€ur des prrx spécjalisé L;rsq! en 1993. Teraiefa chan1 assez curieu il tlla mrqadser. daaneûI2t. ntttt :: a"". t", p,.a*,i.* loiates Èn rsor de de passer ta mêin cest br pouriat simple ,p,a, ,n" -*ar" formâtion cle haut s€ment Pi€tre Frébault ".k il ,'l*:,,".!:t:"i.'-:'::::: : .ontibuabb pal-uhater ait a(è: t\u e^\.::1 par membre du bureau sans responsabitité ^p"hl:

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]oiî,","ii,

niveau en métropole il esr remaqué

saxht ftswetûs et

'ùl': ail t'adoption qw r't$peûian auI|atair

ie prtsrOot r-aontieir qui lùi d€mande partlculière que l'on choisit a:oieanrso, te

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Irnstirut teL

..,iliÏ" r".J",..À",L. i;a);;,

comme

secrétai,e cénérar Immédiatemeni

il

disÙnsue sa mérhode €st mode,n€

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et

pr*a. un an ptrs têd .omme efficace Elte Jappuie sùr cinq pincipes wrdt dt ûve astu'|l Ia .""'"lir"i".L"q*: *".abinct. cfarsé pan dan he Pa:, pttsts de da9io' ârr pld'des ttanrpaftû.t de ' la polit,que des prix Frébault a en Pierre qa|u. délîqut û 1". p," .*t *".f-,"vaL de baiaLlle

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.e sùjet des idées outr€ mis en pla.e un système de com_ spe.tre et spère lémergen- d u':1 bie.nètéesLAj4ndi.dl5ne'1')nljana'munication]nternetrèsperfolmant.vellecénélatjondedécLdeurspo: mrri; rlrs riir Cttt pounakt qrâ.t à Iû pali' I6tatt rÙ aqul que htlead.n Plid6dvon' plusouvets tr'" ndl explique-t-il Ldnr rr .i!f .lr'j ,tr ilitj lr treftiird rL tssili que 12 petit Muniquaîht :r,ir,:ir. rrn'il remarque ril tout en rtn4!.idrni5t'nploenep(rnttdeQn{Iràt ::_.rda.aft qûe la line de ces prodùits elit Lo trantÛissioh des ût$'4$ tl de ltrÉ Fieûe F;ébarlt a sur

qu'en métropole le mouvement ::: :. i...;r! Ê1.! temrse à iour Ld lirl ^lors en Polvnésie française svndicalsaffaitilit €ncoreconnaît'il ii!n!i.,rt,ùi !i::,: 'i_: pleine torme LÙne des raisons ,':ji.,:rrr::'r ù,r rdi dllù lmr uls r/dt !l €st en i;'ii lii ilri L,ii lù rotdrliorr dd de cette situlriion est que les svndicats pol!nésiens limposeitconme Lnterlocu_ .;.., .,4r', i:ii ri:..it il/]!rl)j r,irol,.r i_ ':: :::..:'::1.o:..1-..1ÊFiene teurs des pouvoiE publLcs sur tous les

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Culture et développement : Le débat du ceur ei le ceur du débat

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ribené que re proeiès nousadônnés.

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temenrqù ilprendra du r€mps polll nerdes ré.ùltârs concr€ts BeâucoL que ees inte otutèl temps " ,' 'rtd'ft dsven.re tdespîftenaiftsàwlehttèrc.:

le ie élevé ta 'ati,,i, i,r, q^, rmrru h.îst qu.un ihs. préhension voi.e I hostitué. s insratlent dne à6 rew\entûnts atîe kquets bs glo'trschéna plôlisibb nuftenl te praqès nesl qu'ul1 ihslruenl L. enlre les pafiisans d,un développement sol|l oryanisées ptus te procrès nous apporrera ptus proqas lcono^iqui pou, ta patqnqie. pot b turnt à .écanù te libérlle, prix sera ll nen resre pâs moins que t.incomi:i,itl",^t it^a te bûne d.<éclnlnie de

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en tout ces Assis€s ont re;ommée inrernationale. lnvité du les grands proi€rs économlqûes se h€ùF conseildesEmployeulsd€Polynésiet€ntàlâlésistancedecesdelniersaumettreenév]denceuncertainnoml pôints essentiels pârml à I issue des 5èm

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entre tes entrepreneurs p;tynésiens et forc-"s popularres qu1, dune manière

tes

!-I\E !l l:l

tre

point qu aucun d.enrre eux n a pu voir

tt est touiours doutoureux -de

le

-ù/T- ler. chaneer s€s;abùudes Ça lest d'autant déjà existante plus iorsqueces habitudes sont

lioratiÔn de la ommuni

Des contradictions- er paradoxes.ont aussi,été

re discours des

forme de dévelôPPem€: particurieD De même <rourledialocuemars reconnêissance de ra

!

de la majonté,

rlest éljdent. comme Ia souli so.man. que la si€niflcatjon de'' n est pas la même pour (Développement" n év€ilt€nt pas les mêmes imase: les esprits

nesecontentajt Nous avons en tÔrit cas la réâlisalion d'un pro âpporter notie contibÙtion au

on sâttâquart à une infrastftlcture

devotr

;;;;"

I

âcoûùp,one,'

démoclatie mâis contrc

déchets Tamalaa nÙi On

plus dempêcher

sentânts associâtifs.

représentativité) et

ou jour Rivnac opunohÙ Tupai. restent dans les mémoiles comme autant de vic_ réticences e*pti..nt leurs a'un" "uire toires des opposants aÙ progrès Lepoint écofomrque fêce à un développement culminant a éré atteint en 1994 avec ta er de;t;udeùr asressif iusé ferneture de lÙsine d€ trâitement des tous L€ prix dù progrès

de la population et de ses

iîliï""il1i"i"i!;li"i

à,

Traditiofl et moilentté:Ia re^Éo

de ]environnement le

d:n'

çf,

la nécessité

ter contle lexclusion le d" fomation lâ pani des entrerrses à la

destradi_

sc

cÔnsâcrant Ùn dossler spécial à c€ qui nous pamlt central Nous Maco Tevane €t Danv cêrlson,po!' éflexiÔns quiapportent un éclâi

Pâradoxes tlon. uni".tr"t", sur lesquelles repose ricÙlièrement lntéressant Nous peuple LépoqÙe mème dun lldentité danslaque|lenousvivonsestàc€téga,cestdur€stecequiasensibiliséleégalemenlvoÙlumontrercom potynésÈns décid€nl pantcLrlièrement crue e Les chanee- président du conseit des Ernployeurs leunes prendie en charce pmùvanr ainsi c fait et lui a Lesegno Hubert viaris de L"nt. aun. _tr" "" q-tidienne sontie ptus €n ptus rapides et prcfonds À ce prendre conscjence de I uGence d oùvrir possjble de €acner sa di€nité sans rythme nous n; pounons bientôt plus le d ia loeùe sous perne de blocaee p'olon son âme consen€r qù une seule habrtude c€lle de gé du svstème Son courage et sa lucidité n en

avoiraucune

dans cettea{falre crucjale pour l'avenir du

on peùt.etes pleurer la dlsparitLon pavs expliquent en crande partie que

(homme des repères et des laleu.s quL o.l bâlisé nous lêvons désjgné comme la vie de nos parents el de nos à.cèt.es économique de lannée' Hùb€rt Viâris a eu en effet le mérite Cest poufiant le prix quil à iallu pa)€r un processÙs dont ilsaltparfaidencacer pour la santé léducâlion leconfofieila



x(llililil))x(lllll lll))x(rllll ltlll ))x((llll llll ))x(t tllllLil )x{l3ill lll

)

l

Motivations occidentales, traditions locales : Lelossé se creuse any ca/lson ' nest pas ne Pastio' nddo. Cettes. eII. mlllle oout la p/otertion

h naturc, oir so aûe Pn^.i!al' est laenple et son ûh6at se loqe twtout darc Ie. gestes d'n e ei. quotidie^ne de

e p/einte de ee ehame polyn&le dlspatu àe otrc erlste^.e .ltadlne. M. lourdain

[aisait de la prce sarc Ie s!\tolh on se denande sl Ddnv c^ son .st tout à fatt cots.iente de Ia ?oésle quelle tnplre !;a ûnhi,utio" à @ dûssie/ 6t à nadittr-

Palqn*tent relueht souw t àe PQndrc det teç ,ansabilites dûhs I eni?p se. temarquei-elle lk aftnt. ou oublie I't dinensi1, Lonnu' hauhne de lo. rie palan\tenhe Le Palqnétitù pt :N par ex.nple. que Eatu proea' q enit uhe .oupue dw s$ enblabks Pot

t

it

n|ntet

ailllws

ses

aspin ant à Ia rc*ahsabilitë

dqà lûrqeûent satÉfdites dars

ses

saht

att:tritls extra'

prclettian ellès. rro/tives 0û dijo,idliues Cet aspect souvent nésligé est essentiel pour

wù un pnkt tnnobiliet au l,untûqu: ,nïis d une .athink ? C en Poù la n: " sak que la populatia de Maatea a rclt:: plontûtiaù d un qalf et d un hôtul à Oputl:' fruan.lie aioute't-elle ie suis pe^uctt1:.

' :

pnnoteuts ja,0nais. da t Ia .ukure tua Ie est en orc ttès rivante a\)aienI canpns

:

: nîil

du lieu et laûieht oeurîE Selon DanyCarlson. ilest de mettrc en place les PCA (Plan! i raux d aména€ement des comr Mais 1l faut pour cela t€nir con-rpt: réparttion tradLtionnelle de I espa:: sdk@

torrck"

Malgré Les d ffi.ùltés DanY C: r€st€ optirnlste Elle a for en la le: doni certains éléments ont dé à :chemin des îles pour y retrouver "'. mjeux adaptée Elle estrme toutef. : le rnaintien définitif des populatio.: les archipels dép€nd ess€nh€l::

dune êmélioÊtion dù système Le deve ofp.menr harmôn

eu >

sage au moi s éLémenta re de l: : maohi pâr lÈs iluropéens souhêit::'

sen-rble

not:-

Ndrn.ull!tr.jr iorlt. lrrii..l r(n.

tl\é.Tar|tque orcfiepre

dtofis pas rctte en compte, ûous ûous ttonpenns de dA'eloppefie t>.

<Tout est intlfieme

Précieur le témoiefage de cette t-"une lernme élevÉe à mi ch.min des cul-

tures polynésicnne et o.cidental€ et qui .onnaît lesarcanes de I une€1 autreave. une vls of aLeuè de ce quj les empê.he parfois de se.onpr€ndre Une conlersètion avec Dany Catlson est .omm€ un baum€ poù. lâme Toùt dâns ses parolc! nspire nalùrellement la

parx a beaùté et le plaislr de

vLvre à

Iahrtr De so. iepère protécé sur Lcs hau teùrs de Pàpeete elle ptoiette un reeard lLcrCe sur lc3 probLèmes à.tuels de lzr

-ù!r

Dary Ca.lson, .eux_ci v ennent

.:i..,iÉli.mefL du fôssé qui se creuse :_:.: j.: 1.j: \.i ons o.cide.tales et les Ltr nrentalrté occiden-

::. :!: ': du:lirte exPlique_t_eLle '. .:a: :r: : :éL:trte Der.onnelle dans I ::: . :. :-:'.:: ....i1: L3 culture d en i::.. i:.:::-: -'-'r..i .rrrrslrLLte 3ur ce : i..:.:: tétrirc. de ren d.r.ii .-,.,::. ._.;:' :t..nê.i étrê.eè.e: à : r:.:: :: .: ,iÉi:..e Lij

t.r ù nù

ftalité

rets

u

îlrj Iirrlrrptka,td,'rkifi:

dûdapp!ûlrt

odùûe ha%olt :

.omprendre es dilncultés que les palrofs

rencontre.t avec leur personnel polyné si€n T( rdir conlie-t-elLe n0(r 4i?inon5 pdr hj 4r s pAs Naus les iuqtùns ihéUqahts AuLre é!émcnt fondamental que les décrdeùrs lgnorent ou oublient le fondement mênre de la démocratie cest_à dirc lâ Lol de Lê marorité va à Iercoitre de la

mentalité pôlynési€nne tradilionnelle Lharmônrc des petLtes commùnautés !nsrlalres a touiours reposé sur le cons€nsu5 Cest La fameus€ !pacific

way'. une méthode pemettant d éviter la

.assùre de la soc été en deux camps Lattachement océanief à la

te(e

au

PS

i,i rl!n"rir ùr1.1 ll1' l! ùrr t a . Èûr,:l/! r,ili,tr i' tl.ad r,;,o, L,LJ. 1r1Àri \ttr Rùr . li trrl ,!r r rirJ tr .ltrf'/4r\,,r'isi.rûtur,ù,.j1cPsH : l,,ltrnr,rdf Ls7!, l,lir A/;i ftrirr',rii _

Lvrk,f

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rùl

t4r: ar!\ rr. tt ttwlltt t\!

.l6|ln ïeii rrrris bj rûù4tr,4rs/A rikrr ,/trù, ù,lr klllrn.rh 5.ikùrjn ir /r 4i,t' I r /fr) 1., {rr/rj krrj P.l!trinù: !r!i ktt,1lùts h lt ( qnd i . 4hirtuon, aù

'i"qk'

t,

I.n d cncorc une

ùnùù na1

habita,tts he lart 4rrn aflirme-t'elle Culluft wakhffi L turft'ptûPlr laul esl

Drr! aarlsi 6r ltrfun.r ,rti/rnÙ i; i] e.rrr riùdû r tlrkrfu n/ir & eb!,i h?tt bû .rtrr n' û trnùlint

dimensLon mâL évaluée par les Occidenlaux Pour Dany Carlson. la T€r€ est un être vivant. Ard Lietlrds

tnti!

!ûù11li Taû que

ielù iahé

e

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ût pkhàrc s pat

.aùpte ro(r rorr troripr/or5 d.

dtlappcneû Qsdait-ôr. pù

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Polyiélje fraiçaise Passe. à son; : ui elfôrt d€ compréh€nsLon des r:' rés eth.iques respe.tjves Ui aD.:

en Polynésie Lui

ll

1

J I


X(lllllllll))X(lllllllll))X(lllllllll))X(lllllllll))X(ltillLil)X{ltillllilr Pacte de progrès : Le partage ou le gouffre l-â Polynésie françôise â les moyeng de réusslr son développem€nt économique

€t d'éviter ainsi une catastrophe soclale. pour cela Mais elle doi! , accePld de rciotm.t ion systèm€ de réPaftltlon des ichesses

(TI

I out repose sur lâ notlotr de I

Par-

tagê'. Le to, prosàs ne fiut'na p(t, selo chtlttlan Venauào ,sansme qaqenent total et urc solidaité sant ful e Ae ijl,,'s IeÊ Pols'éti.ns. ce nessase s'tdre..e à est aloffié. Le Pa.te de

eeu, qti ot't le plus

laryerne^t ptofité

tle te û s de lent. ttucléalrc et, en parti.dier, à .eûx qei ilétleme t la .lé de h téussite . les îûnctlo'a'tai.6 (vaut'll mleux composer oû tout pe.drê ?b s'intenoge le conselllet é.oet so.ial qrl ansidèle .e cholx ^odique con e essentlel et wgent. iles

ouand le pèys tout e.tier est en proie à la morosité et à linquiétude.

progÉmme I N,{ais comment chan_ mentalité qui met systématique' une €er ment. depùis ircnte ans lâ charue du plaisir individuel avant les b€ufs du besoin collectil ? Unique éponse posJoli

sible

, la

nécesslté Partaser ou tout

peidre, telle€st la seu le alt€inâtive qu i se présente désomals à ceux quiont profité le plus de la manne nucléaire

du

car enfin esi'il nomalque le secreur BTP soit qùasi-sinjstré dans un pavs

qùi manque à ce point de loutes de ports de logements d'éiablissements scolaires d hôpltaux. de sttatéCie de pro

iectjôn de lenlironnement ? Oùso t passés let tùilliutds àe la roûrt ?' entend_t_on dire icL €t 1à En réalité dans d€s équipe-

Chrinian vemaudon pète de la Chafte de Développenent et êrchite.te du

ments collecllG terlLtoiiaùx plus qu on ne le pense Lexceptionnelle defsité d aéro_ drom€s aux Tuàmotu ou les réseaux de iélé.ommunications dans les archip€1s.

ment et des chiffres de nature à soute nir les plus sérleur espoirs ll q a asz d anteht dans e paqs . ll t'ttut

pâr exemple. sont là poui en témoi€ne. Ên revânche il existe de réels besoins dans ceftains secteuls 1âssêinissement €n paniculier, âinsr qu un vlai problème dentrctien de ces équipements Ouant aux infrastruciùres commonales. elles sônt tout simplement indigentes (à I ex-

optimis' me que Ion prendrait pour d€ la car deùr s'il ne s appuyait sur un raisonne Pêcte de progrès conserve un

euleneht ûtew

Irliliçe/, Iemarqûe

M

vernaudon pour qul la clé du succès est la capacité de certains à rshon,sr ù u,r

to$ahnatio

na

èreàt'iûaner des apërdlo sàtntétîIqé éralet de pa4a' qù eh faw[ de tt qui a t tkû pèudeleut

LEs

de

ception. naturcllement. de ces (mairiespâlais' dont le faste se reflète sur les innombrables et poronds nids-de-poule

Boûlev€Ér les habltudes Les moyens de cette redistribu: a llocâtions famillale-< protection sociale. Mais, avedit Ch. Lâ flsG lité. les

vemâùdon "Éuilrns 5&doki l'asiisldrd: t'out ja ois àohftt daryent sa s caû Pâr conséquent pas de RMI à la pt sienne ni d allocâtion-chômaee conseiller économ ique et socialreic le credo de5 employeuls ma s I aux revendications de certains synd

L-"s fonctionnaiies

sont.

chdstian veinâudon. l élément clé. de la iéussite du Pacte de

Pro€e

acceprant une Élutiùn ptogrcss\r'' è. pouvoir d'âchat de 2 % Par an (soii en dixans), parexemple i1s perm ainsjau reste de la population devc rcvenus auementer dans les même:

c est donc un bouleversement

plet des hâbitudes des comPonei et des mentalùés qui donnera: Polynésie frânçaise la Possibili:: s

adapter à l'apIès-CEP

"Nôûs atons à.

k

soar,rs" rappelle

rcssaurce

ù

aus a\ro,1s

chlistian Vernaudo.

Ioptimisme se fonde sur des cc:

concrets

et chllkés

particul

de voirles inqualif iables).

oBJEcflFs DU PAcrE À fHoRtzoN 9003.

% RESSOURCES PROPRES 21,5

%

26,t % 27,4 % tO,8

%

34 %

9t,5

%

73

,6

%

tA,A

% 4t,t


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. rr .r!ù!n ,t rL iDùrrùdùd.t rs snoloi ,r; ana at rroi rllri,.lj 0a raano 4d8atrù r:li ijlli flrrd,t ndlrlùrrrv ùopn€ur.^ jft êurlsè 4rrjid nnorrol : t:

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tèuuorlntrrsu rr!ê^E

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t!op !.1!t Èl rns èûùêr5?!riod^uJuortÈl -n.lo.l pl tuptln5ùor u. srol .uuoq nr. uoilentrs et rirlreP rp s.iuril !!d tsà | tr s rJpu,pùèp ês !rN:L ie p trùd uo :rÈlùo eu.lsrruep!èdlp!r uortErrp!r^Jr .!n nb u.rsr€d (Loq.l sPrr un snld .lnopèr I às!rlto.llrt rt rr èun t!âtrjL.r^ sF.l rû Ê| êu !opneurJ^ !êrlsuqt IPU!è19p r!êuê.ldoP^!p àp uel.l Jr.p sE!Ë it luJUrlt.rnteu trer -!uuo! tEtf I np suitsuerl s.p 9lrLÈtol ! ùuunt Ln tuPlt.u ui ùr!Êrl rsÈnb Pl

Fl lJ nrsllltod er JrtuJ Dro^Lp !0 rleDos t. ê lê!ùôrtnlr:sur sê qrssod s.ur3 -ùô Ynip tLro s I r.Ltr. p sJnlrsrr srt rêurts.srui secl tuepuùdlr tnEt ùri ,l

sêp LrortPtLr;LrÊnP p i.,r lal ê ls.Dl êtrL)or êrrFIo{èrd

!

stênbsàl rno.l sè)rÀj.s srt :-: nr tird Èt ùrùè!ir -

rni lr.rnt

n0uorqi+ s.t strodsuerl sêi j , suo |.1r. .l r.Àrp strtèp jsir : ârrâùuor èl suEp isnJuo Ê :i èl suPp êsrP^nP0 <êr.L .ùè::-: ê ê è.ilul(lrô)i u. rÊnrrs r. : r :

r.d\-: iêp tè àùsxnot np tùrir n-F DlrB nr.uùÈrou Drtr ... ::

:

-l!u tt nrrdr.^rtr.drJr rJ1! : ?rn !np 1!o slrrrrLqo !rr iro s:rnè rntxè -uê. :p i'f ! It r.s .iPl è. :: tô. : : tr êp

ènLjrP nuè^ài un 96

!lrnod n!,iontrd a66t ù. rtqEr:

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èrstùIiod El èp sàrdord sùrr -. èruFs.ro. àp ùFld .r ùtrtEi_:: êr rèuxll!ô) tuè quês sèr:: -:

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Jor:npiè êurûroù s e!\

tLrêrxêddo a^?p èr'

d,ruldê

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strot èp tuÊrjlo lêqred ê!êi : sêu!à sêû,{ od sêssê'Pr sè1,:. : ued9p àp nÊê^ru ètqrÈl np iù:r:

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ràsuè.luor;p tsà ',toOa uozxù- : âp èrrPd np ànbruouorti nrlJ. atquês!ê I êp :! ,a tuê

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Êtrod{ê sit erlèl -!ês5ê) âr ot!ê1. .p sèr.lora

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sèl !lJUê lènbrlqnd è àp E r: ôp9;1 ruoPir:arlrerJ I rps L : -sàl (drt np rùàrPu!^or.i ,r.. 'l ùè l.rot np 1i Éa tuâr€ruri:-:: sârrPtrl

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Recherche scientifique : Beaucoup d'atouts mais peu d'ambition politique Treize orsônismes poursuivent des trèYaux de recherche dan5 l€ Teritoire.

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C'est un secteur pdoritâire, mâlheureus€ment peu prisé par l€s décideurs

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I ".,, n. 0""- ptit(ipates o.rion, d. t ptoposies ou t'tois d. idndéwlopp.n.

L-nrs.r!e( enrrr.. J -". de leur PNB V,ei..rt ..sùrc I ÀllenrdCn. 2 t rr,.t la ar.i..2] ilrtriCCDE) )! i;rl d. : rn!L::Dli. ié de. sial!ts

wndit .n ontiène positioa.

d.;.1IV.É o.errlsn,e. de r..herclre prÉ:erts d;f! l. T.lrtojre d! f. t aus;i itu. ..1rrne! .e.her.res -! sorl elie.luÉe! drf, le cirdre d. proiels olr. lirr!es rL elt d ffr.rLc d. sav!:r quelL. pèfi d. so. llB là Po !rÉ,re ..r.â... au Ralr : re i.rt Dâs.Liblr.r.oi plus :e! r.v.stis5.

liet t99f pat la PoIa ési. f/aaçaise dahs Ie .adte à( Pd.t. de ptuqùs, ls teLhekh.

cest {tr se.t.!r iûpo ant à àoubl. tit/.. Dune patl, l tê.t.tch. appliq ée doil pennettrc d nhtéIiow les pe4onna res ée ùtki|u.s t1u lenitoite. Ddut/e pan,

elui-.i soûaite toit .o solidi sot file de cenlrc dë rcdprche bn.naliokol àa s .er

-- .:.. ,ri :: ! . ..rlrlrra. La . .r .i. :- . .rr...i n: i..r.!frqLei r rÉf: .- r |ù.1 ; .i, ,.,.. - . -::ir. -..r .r.lr. l:' .r i i :::_: si j.i:.i: a

!rni t: lrrt,: !:nr_r.i1f._ q, r i!::r ii:: : = | .i- - i: il rii ,iriri ,'rl_, 2 i rr.!lrrri r,t .: .r: :.:: S i.l. r ! r --: - ,::_ :i .: :!l!

n.|ls de! er'turpr s.; p.!Ée5 !!i re!ré :.rft.rt u.. jiJrL L'ès mpôrta.te de le. :eû b e der b!dEcts de lrl'D d;i. l.s gr:id; i:rs ildLstriùl 5és cct â:De.L .!i....,re llrj dff .1. à .erer ef tin. itrLdc e Élé Lonrrâfdac par les aL:..ft!- le :rôrièl.s à Ee.n.rd lro I r-.

D:.i.::crr dé.or,,ni. à I Uijversllé Li, (: se dLr PacrtrqLe oi.s 1., btt d.b

:.nir des Lfformah.l! plu': Dr.s I étar a.hr.l dÊs.troses . e. efi.l q!. se lilrer ) des ..: Io.oées s!r lê. brde.ts .ies . . fisn.. on.. dé.lu t n!.ll:i : er Rêl) en P.llnésre i.d.çdLsÈ . d.utc asscz lrrseûre.r Nfér:.:_: du Plts eort

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cliés i. p.hte rrl. e i P.lL:

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re peut.s:ér.r exF!rlç_ reft.ble.t durable qùe .iÈi : f.r. v:r.rir r .rrrée Analor:- .rqùes de pr(xlLr.t.n irarJàr.: . deiIriod!iÎr tror!e. de,.r!.:: rrchc. sorl d.r. d.s ac:Loi: er pi.ntarrc3 q!. r,-q!iè:.i: çaLse

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rè sêlÈuolrj:r iê)rnossàr sâl arllEUÙor

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.q)rêLtrêr èp sLÊ:uÈrJ lnlusull rêÛèrjl.l ral: uorreroqellor uè sèÙuEjFord sêl rèuuoproctr ap 9ÊrÊq. rse rnb ls.uiluÈÛ rè sêlorenbe stlr^qre sêp uorlEsuole^

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Le mystère

Une approche en laboÉtoire a d TakêPotc

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Er l98t

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êtÉ éaLisé ei

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borâlion entrc 1État et le Teûitoirc sôus la coordifation de lEvaam Oi icnore quêsime.i tolt de ia nacrc perlière La pe kultute a débuté dafs les

ainées 70 sur des bases totaleme.t empi riques ll était pâr cofséquent !reent de r€cueillird€s lnfolmations sérieuses sur cet anjmâl qui procurc aù lelritolre ses prlnci' pales ressources à l'exportatiôn Au mjlieu d€ cette ienorance €éfé€lisée. l'lfremer dlsposait de quelque expéacqujse en métropol€ sur la capacité a alim€r-rtairc des bassiis osiÉicoles donc propôsé d étLrdler ce même lyp€ de problème sur Pirrlûdd narqd illtrrx Elficacjté administrative oblise l€s r ence

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Trophées de l'exportation 1995 -

Nantes

RAPPORT DE CANDIDATURE

La perle de Tahiti doit conquérir le monde

Papeete - 15 septembre 1995


Sommaire

Introduction

3

Pourquoi exportons-nous ?

4

Les raisons de la réussite de Sibani Perles à l'export Le contexte économique et social

5

La démarche export de Sibani Perles

6

La clientèle touristique, important débouché export pour la perle

7

Un chemin difficile - Le tourisme polynésien sinistré

8

Les orientations futures du groupe Sibani Perles

9

Perspectives de développement Fruits et leçons de l'expérience export

10

2


Parrainé par la Délégation régionale pour le commerce extérieur en Polynésie française, Sibani Perles a décidé de présenter sa candidature au concours des Trophées de l'Exportation dans l'espoir d'obtenir un soutien médiatique et marketing important dans son effort de promotion de la perle de Tahiti sur les marchés mondiaux non seulement pour l'entreprise elle-même, mais également au profit de la Polynésie française en général. En effet, les événements ayant suivi l'annonce de la reprise des essais nucléaires à Moruroa et, surtout, la perspective de la prochaine fermeture définitive du Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP) sur lequel reposait depuis trente ans l'économie du Territoire, font peser de graves menaces sur l'avenir de celle-ci. L'activité de Sibani Perles repose presqu'entièrement sur l'exportation puisque, outre ses activités directes à l'étranger, ses ventes de bijoux au détail en Polynésie française s'adressent, pour plus de 90%, à une clientèle touristique venue du monde entier laquelle, bien entendu, “exporte” ensuite les produits achetés à Tahiti. “La perle de Tahiti doit conquérir le monde”, telle est la devise de Didier Sibani, président directeur général du groupe Sibani Perles, qui a tout misé depuis plus de dix ans sur un produit de qualité exceptionnelle auquel il croit profondément. La perle de Tahiti est un produit de luxe qui, en tant que tel, doit s'appuyer au maximum sur la grande tradition joaillière française et son image, dans le but de gagner ses véritables lettres de noblesse, en particulier en Europe.

POURQUOI EXPORTONS-NOUS ?

3


La perle de Tahiti est un produit encore largement méconnu dans de nombreuses parties du monde. C'est une richesse sur laquelle la Polynésie française compte énormément pour son développement économique et social futur. Certes, les exportations de perles de Tahiti n'ont pas cessé de progresser depuis le milieu des années 80. Pourtant, la valeur de ces exportations n'augmente pas au même rythme que leur volume. Loin de là. Le cours moyen de la perle de Tahiti n'a cessé de diminuer depuis 1989 et accusait en 1994 une chute de plus de 40% (cf. rapport de M. Sibani joint au présent dossier “Propositions pour la réorganisation du négoce et du marketing de la perle de Tahiti”). Il est impératif de lui redonner l'image de produit de luxe qu'elle mérite. Par ailleurs, le marché local de la perle de Tahiti et de la bijouterie en perle de Tahiti est très étroit et désormais saturé. C'est pourquoi, outre ses activités exportatrices proprement dites, le groupe Sibani Perles travaille surtout (plus de 90% de son CA local) avec la clientèle touristique, ce qui est également une forme d'exportation. Toutefois, Didier Sibani souhaite aller beaucoup plus loin et s'attacher à ce que la perle de Tahiti, et surtout la bijouterie en perle de Tahiti, soit peu à peu reconnue dans le monde entier à sa juste valeur.

LES RAISONS DE LA RÉUSSITE DE SIBANI PERLES À L'EXPORT Dynamisme, motivation, compétence et, de plus en plus, expérience sont les qualités et les atouts sur lesquels reposent essentiellement la réussite du groupe Sibani Perles à l'export. Sur le marché difficile d'un produit mal connu et trop souvent présenté comme d'origine japonaise par les grandes maisons nippones qui achètent traditionellement 80% de la production polynésienne de perles de culture, il n'est pas possible de s'imposer sans une volonté sans faille, des efforts constants, une qualité de service irréprochable. Sibani Perles a fait la preuve de ces trois qualités désormais servies par une expérience encore incomplète, certes, mais qui s'enrichit sans cesse aussi bien en ce qui concerne le produit lui-même, que les circuits commerciaux et les hommes.

LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET COMMERCIAL La perle de Tahiti est actuellement exportée essentiellement en tant que matière première. En 1994, la valeur des exportations de perles de culture polynésiennes a atteint 12 milliards de Fcfp (660 millions de FF) et le Japon absorbe près de 80% de ces exportations. On peut donc dire que ce pays contrôle l'industrie perlière polynésienne. Il la contrôle à tel point, qu'après avoir valorisé les perles achetées en Polynésie française, celles-ci sont ensuite redistribuées dans le monde sous le label “perles du Japon”. Il n'est évidemment pas question de bouleverser d'un coup cet équilibre commercial. Les Japonais, il faut le reconnaître, ont permis l'essor de l'industrie perlière polynésienne 4


au cours des vingt dernières années et, autant qu'il leur est possible, ils la soutiennent encore aujourd'hui dans une conjoncture pourtant difficile. Didier Sibani est toutefois persuadé qu'il est possible de sortir progressivement de cette situation en développant de nouveaux marchés grâce, notamment : - à une meilleure valorisation du produit sur place en Polynésie française - à une amélioration de l'image de la perle de Tahiti Valorisation, cela signifie mise en place d'une véritable classification officielle des perles de Tahiti en fonction de leurs caractéristiques principales (forme, taille, couleur, lustre, ...) et création d'un label d'origine garanti par le gouvernement territorial. Cela passe ensuite par la mise en œuvre, au moins partielle, des opérations de tri et de sélection des perles à Tahiti même, de manière à pouvoir répondre directement aux besoins spécifiques des bijoutiers internationaux lesquels, actuellement, sont le plus souvent contraints de s'adresser aux maisons de commerce japonaises. M. Sibani estime que si la valorisation de la perle (par la création de petites structures de fabrication de bijoux, par exemple) était effectuée en Polynésie même, la valeur totale des exportations pourrait être multipliée par quatre soit 48 milliards de Fcfp. Ces mesures, associées à un effort de marketing mondial, devraient permettre d'améliorer l'image du produit tant auprès des professionnels que du public. La perle de Tahiti, selon Didier Sibani, doit absolument être perçue à la fois comme un produit de rêve, naturel, exotique, issu des merveilleux lagons polynésiens et comme un produit de grande classe, à la qualité et à la crédibilité garanties par la tradition joaillière française.

LA DÉMARCHE “EXPORT” DU GROUPE SIBANI PERLES Après une réflexion très élaborée sur les conditions du défi telles qu'elles ont été résumées plus haut, la première étape a consisté à créer, au mois de septembre 1992, un service export au sein du groupe. L'objectif principal était de démontrer aux professionnels de la bijouterie ce qu'est la perle de Tahiti et ce qu'il est possible de faire avec ce produit. En 1993 et 1994, l'effort a surtout porté sur les salons internationaux. Sibani Perles a ainsi participé aux plus grandes manifestations mondiales, prenant de précieux contacts et s'enrichissant d'une expérience unique en Polynésie française. Aucun autre bijoutier local n'a en effet consenti d'effort financier et humain comparable. La participation à un salon international depuis Tahiti représente au départ un coût considérable dont la rentabilisation est très incertaine. Cet engagement a été soutenu, il faut leur rendre hommage, par la Coface, le Centre français du Commerce extérieur et les Postes français d'expansion économique concernés. Sibani Perles a ainsi participé aux salons internationaux de : Bâle (Suisse) (3 fois) Tokyo (Japon) Hawaii (USA) Las Vegas (USA) (2 fois) Los Angeles (USA) Hong Kong (3 fois) Tahiti (3 fois)

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En juillet 1994, le ministre territorial de l'Economie, M. Georges Puchon, et celui de la Mer, M. Edouard Fritch, inauguraient ensemble officiellement à Papeete le Bureau d'expertise et d'évaluation de la perle (BEEP) créé à l'initiative de M. Didier Sibani. L'objectif de cette nouvelle structure était de participer à l'assainissement et à la rationalisation des circuits de distribution des perles de Tahiti, produites en petites quantités par des centaines d'exploitations perlicoles familiales. Beaucoup d'entre elles, en effet, font face à de grosses difficultés dans ce domaine et sont trop souvent les victimes d'acheteurs étrangers agissant directement dans les îles. Après deux années de travail intensif, Didier Sibani a pu affiner sa stratégie et sélectionner les salons les plus intéressants et les plus productifs. Il s'agit de Bâle, Las Vegas et Hong Kong auxquels M. Sibani a décidé de participer régulièrement. Ainsi, naturellement, que Tahiti dont les Journées internationales de la Perle prennent chaque année davantage d'ampleur.

LA CLIENTÈLE TOURISTIQUE IMPORTANT DÉBOUCHÉ EXPORT POUR LES PERLES DE TAHITI L'année 1995 a vu le passage à une nouvelle étape. Parallèlement à cette présence sur les salons internationaux, le groupe Sibani Perles a considérablement développé son réseau commercial dans les îles polynésiennes. Didier Sibani a été le premier bijoutier polynésien à prendre conscience de la rapide saturation du marché local de la bijouterie en perle de Tahiti et, en revanche, du potentiel représenté par la clientèle touristique. Comprenant l'évolution du tourisme en Polynésie française et notamment l'importance croissante des îles où les touristes passent désormais plus de 80% de leur temps contre 20% seulement à Tahiti, Sibani Perles a été le premier à ouvrir une véritable bijouterie haut de gamme à Bora Bora en janvier 1994. Jusque là, dans les îles, la perle de Tahiti n'était proposée aux touristes que parmi d'autres articles de souvenirs ou de “curios”, une situation très dommageable pour son image. Le succès immédiat de cette nouvelle boutique incita M. Sibani à développer encore son réseau commercial dans les îles et, en 1995, fut finalisé l'achat par le groupe Sibani Perles de six nouveaux points de vente à Bora Bora et surtout à Moorea, les deux îles les plus fréquentées par les touristes. Les nouvelles boutiques sont actuellement en cours de mise à niveau pour correspondre aux critères de présentation, de service et de choix exigés par Didier Sibani. Cet investissement, qui a permis de créer de nouveaux emplois dans les îles, a permis au groupe Sibani Perles de s'affirmer désormais comme le leader incontesté de la bijouterie en perle de Tahiti avec au total dix boutiques auxquels il faut ajouter plusieurs “corners” ou vitrines stratégiquement placés dans les hôtels ou certains bateaux de croisière.

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UN CHEMIN DIFFICILE - LE TOURISME POLYNÉSIEN SINISTRÉ Les principales difficultés rencontrées au cours des dernières années dans le développement d'une activité export du groupe Sibani Perles ont été essentiellement d'ordre financier. L'organisation d'un salon international est une opération lourde. Le coût des voyages depuis la Polynésie est élevé. En outre, les formalités locales en matière d'exportation sont peu adaptées. Nous l'avons déjà mentionné, Sibani Perles a pu bénéficier du soutien de la Coface, du CFCE et aussi, très directement, de la Délégation pour le Commerce extérieur installée depuis 1993 en Polynésie française. En ce qui concerne les exportations “indirectes” que représentent les ventes de bijoux aux touristes visitant le Territoire, la situation était en voie d'amélioration. En 1994, le record absolu de la fréquentation touristique avait été dépassé avec près de 170 000 touristes soit 15% de plus qu'en 1993. Le premier semestre 1995 était tout aussi prometteur avec une nouvelle progression de 18 % par rapport à la même période de 1994. En outre, cette progression concernait les marchés offrant le meilleur potentiel en matière de vente de bijouterie - Amérique du Nord (+ 24%), Japon (+ 20%), France (+17%). Hélas, l'annonce, au mois de juin dernier, de la reprise des essais nucléaires en Polynésie française a provoqué une cascade d'annulations fortement aggravée par les émeutes qui se sont produites à Papeete à la suite du premier tir effectué le 5 septembre. On peut dire aujourd'hui que le tourisme polynésien, pilier de son économie et principal espoir de développement après la fermeture prévue du Centre d'expérimentations du Pacifique (CEP) en mai 1996, est sinistré ainsi, bien évidemment, que les activités qui lui sont associées. Une entreprise telle que Sibani Perles, ayant pratiquement tout misé sur le tourisme, voit aujourd'hui ses efforts sérieusement compromis et aura besoin de toute son énergie pour rétablir l'image de ses produits à partir du printemps 1996.

LES ORIENTATIONS FUTURES DU GROUPE SIBANI PERLES

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Compte tenu de ce qui vient d'être expliqué, l'objectif de Sibani Perles est d'abord de gérer la crise en limitant les dégâts le mieux possible. Il s'agira ensuite de travailler au rétablissement de l'image internationale de nos produits. Au reste, c'est une des principales raisons pour lesquelles Sibani Perles a décidé de présenter sa candidature au concours des Trophées de l'Exportation. En effet, tout élément susceptible de soutenir la Polynésie française en général et Sibani Perles en particulier dans leurs efforts de redressement économique auront leur importance, notamment sur le plan du marketing et de l'image. Ceci dit, Sibani Perles compte maintenir le cap de sa stratégie de développement en : - intensifiant la fabrication de bijoux et leur exportation sur les marchés les plus porteurs ; - confirmant et pérennisant ses relations commerciales par le biais de contrats de partenariat de manière à stabiliser ses échanges avec ses clients actuels ; - insistant sur les contacts directs avec les acheteurs.

LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DE SIBANI PERLES Nous espérons pouvoir distribuer nos produits dans les grandes capitales mondiales du luxe soit en partenariat avec des bijoutiers locaux soit en ouvrant nos propres boutiques. En termes d'emploi L'entreprise emploie actuellement 27 personnes. Il est prévu la création de 18 nouveaux emplois dans les mois qui viennent : - 3 personnes au service achats et expertise pour alimenter la demande export - 3 vendeurs export - 4 bijoutiers pour accroître la production - 3 employés au service administratif - 3 employés au service commercial - 2 employés au service marketing En termes de C.A export + 50% l'an En termes d'investissements - stock de matières premières (métaux précieux et perles) - extension de notre atelier de fabrication Soit au total 8,10 millions de FF

FRUITS ET LEÇONS DE L'EXPÉRIENCE EXPORT Nous l'avons dit, le marché local de la perle de Tahiti est en voie de saturation. L'exportation nous a permis de trouver de nouveaux débouchés à notre produit et de prendre conscience du potentiel que cela représente. Sibani Perles a pu acquérir une 8


meilleure connaissance du marché international de la perle et profiter de contacts professionnels à tous les niveaux à l'occasion des salons. Sur le plan personnel M. Sibani ressent une grande fierté de pouvoir représenter la Polynésie et son produit phare, ainsi que la France, sur les marchés mondiaux, asiatiques notamment. Ses efforts ont du reste été couronnés puisqu'il a été récemment nommé conseiller du commerce extérieur de la France Sur le plan de l'entreprise Cette expérience a contraint Sibani Perles à une plus grande rigueur dans sa gestion et l'a conduit à développer un nouvel esprit d'entreprise. L'exportation a entraîné un développement de celle-ci dans tous les domaines économique, commercial, humain.

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Conseil du Commerce extérieur de la France POLYNÉSIE FRANÇAISE

LA COMMERCIALISATION DE LA PERLE DE TAHITI _______

Analyse et propositions

par Didier Sibani

Tahiti - 16 novembre 1995


En dépit de l'exclusivité mondiale presque entière dont la Polynésie française bénéficie sur la perle noire, celle-ci est dans une situation critique. Depuis 1987, les cours n'ont pas cessé de baisser, le prix moyen du gramme chutant de 9 584 Fcfp en 1986 à 3 167 Fcfp (2 851 Fcfp seulement, en francs constants) pour les huit premiers mois de 1995 (source : service des Douanes et service de la Mer). - Comment expliquer une telle dégringolade ? - Celle-ci va-t-elle se poursuivre ? - Comment l'empêcher et stabiliser le marché ?

C'est à ces trois questions que je vais essayer d'apporter des réponses dans mon exposé qui s'articulera selon le plan suivant :

1 - Les raisons de la chute des cours 1.1 - Le monopole japonais 1.2 - L'anarchie du négoce 1.3 - Les faiblesses du marketing

2 - Les facteurs d'aggravation de la déflation 2.1 - Les stocks japonais 2.2 - La concurrence 2.3 - L'endettement des perliculteurs 2.4 - La qualité du produit

3 - Comment redresser la situation ? 3.1 - Renégocier avec le Japon 3.2 - Diversifier les marchés 3.3 - Organiser la filière 3.4 - Revoir les stratégies de promotion

Annexe Analyse des résultats de la 18ème vente internationale du GIE Poe Rava Nui

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1 - Les raisons de la chute des cours 1.1 - Le monopole japonais La perliculture est née au Japon au début du siècle. Depuis lors, les Japonais ont exercé sur la production et le marché mondial de la perle, un pouvoir absolu qui n'a commencé à être contesté que depuis quelques années seulement. La tradition associée à un système extrêmement rigide et cloisonné permettaient aux Japonais de conserver d'une part le monopole des techniques de production, la greffe notamment, et, d'autre part, d'exercer un contrôle étroit sur le négoce international. Lorsque la perliculture a commencé à se développer en Polynésie française, dans les années 80, ses produits ont tout naturellement été destinés au Japon qui ne souhaitait pas voir s'installer la moindre concurrence. Les gros acheteurs japonais ont donc systématiquement absorbé la quasi totalité de la production polynésienne de perles. Le fait qu'ils n'aient jamais (ou très peu) investi dans la production de perle noire en Polynésie montre bien qu'ils n'étaient pas réellement intéressés au développement de cette industrie mais qu'ils visaient plutôt à en neutraliser les effets en contrôlant le marché. En 1994, 84,6% de la production perlière locale a été vendue au Japon soit 2,457 tonnes pour une valeur de 10,05 milliards de Fcfp au prix moyen de 4 090 Fcfp le gramme. Depuis le véritable démarrage de la perliculture, en 1987, la Polynésie française a produit au total 9,16 tonnes de perles noires pour une valeur de 40,7 milliards de Fcfp (au prix moyen de 4 440 Fcfp le gramme). Le Japon en a acheté plus de 7,3 tonnes. (source : service de la Mer) La mainmise japonaise sur notre industrie perlière est évidente. Elle est accentuée par le fait que les Japonais conservent encore aujourd'hui le quasi-monopole de la greffe. 95 greffeurs japonais exercent leur métier en Polynésie française et, en dépit de l'arrivée récente de quelques greffeurs chinois ou la formation de greffeurs locaux, ils restent les plus recherchés malgré le coût élevé de leurs services. Il faut enfin noter que la chute des cours de la perle de Tahiti aurait pu être beaucoup plus brutale sans une forte hausse parallèle du yen qui a permis, dans une certaine mesure, d'amortir le phénomène*. 1.2 - L'anarchie du négoce A l'occasion de la récente vente de perles organisée comme chaque année par le GIE Poe Rava Nui, la presse locale a, pour la première fois, braqué son projecteur sur les pratiques de certains perliculteurs, pas toujours petits du reste comme on le pense généralement, ayant perturbé le bon déroulement de la vente.

Le taux de change moyen du yen est passé de 75,67 Fcfp (pour 100 yens) en 1987 à 98,78 Fcfp en 1994 soit une hausse de 30% environ. La monnaie japonaise a même dépassé le cap des 100 Fcfp - 106,7 en juin 1995 - mais elle est en forte baisse depuis le mois d'août. Elle se situe actuellement aux environs de 90 Fcfp. Au cas où cette tendance à la baisse se confirmerait, il est clair qu'elle accentuerait le mouvement de chute des cours de la perle de Tahiti. *

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Nul besoin d'insister sur le fait qu'à qualité égale, un acheteur choisira toujours les produits les moins chers. Or, les acheteurs venus à Tahiti pour participer à la vente du GIE se voyaient offrir dans les couloirs de l'hôtel Tahiti Beachcomber des lots de perles à des prix défiant toute concurrence. Il est faux, en l'occurrence, de parler de marché noir. On ne pourrait utiliser l'expression que dans la mesure où une réglementation serait violée. Ce n'est pas le cas. Aucun texte n'interdit aux producteurs de perles de Tahiti de vendre directement leurs produits à l'endroit et au prix qu'ils jugent bon. On peut tout au plus évoquer un marché parallèle quoique cette expression ne soit pas, elle non plus, représentative de la situation. En réalité, il n'y a qu'un seul marché de la perle noire et celui-ci est totalement anarchique. Les cours se fixent plus par rapport aux besoins de liquidités à court terme des perliculteurs, pour faire face à leurs échéances, qu'en fonction des coûts de production réels. Une concurrence sauvage oppose des producteurs prêts à tout pour écouler leurs perles sur un marché déjà largement saturé. 1.3 - Les faiblesses du marketing Il faut ajouter enfin que la Polynésie française n'a jamais vraiment réfléchi à une stratégie de marketing pour ses perles. Celles-ci sont le plus souvent exportées en vrac, comme de la matière première brute. En outre, la perle noire est positionnée sur un mauvais créneau commercial ; il n'existe toujours pas de classification officielle des produits ; aucune étude de fond n'a été effectuée sur le marketing de la perle de Tahiti ; enfin, les budgets de promotion sont ridicules (à peine quelques dizaines de millions de Fcfp par an contre près d'un milliard pour le tourisme).

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2 - Les facteurs d'aggravation de la déflation Si rien n'est fait, la situation, telle que je viens de la décrire, risque de s'aggraver dans les prochaines années. Il y a plusieurs raisons à cela. J'en évoquerai quatre principales. 2.1 - Les stocks japonais J'ai eu moi-même l'opportunité de le constater sur place : les négociants japonais possèdent des stocks considérables de perles de Tahiti, en particulier de perles de qualité moyenne ou inférieure, celles qui posent le plus gros problème de commercialisation. On l'a bien vu lors de la vente du GIE, les perles de grande qualité ont été vendues très correctement, mais, malheureusement, les autres, les plus nombreuses, trouvent difficilement preneur. (v. Annexe - Résultats de la 18ème vente internationale du GIE Poe Rava Nui) La présence de ces stocks (qui s'accroissent sans cesse, à moindre coût, des ventes "sauvages" effectuées par les perliculteurs) laisse à penser que la demande restera faible sur ce type de produit pendant pas mal de temps, du moins tant qu'un marketing adapté ne sera pas mis en œuvre. Dans ce domaine, le Japon ne semble pas vouloir s'engager davantage (il a au contraire tenté d'obtenir de la Polynésie française une participation financière accrue pour l'organisation de campagnes promotionnelles). 2.2 - La concurrence Depuis le début des années 1990, la perle de Tahiti a une concurrente directe : la perle des Cook. Heureusement, pour diverses raisons parmi lesquelles le manque de sites adaptés notamment, cet archipel ne semble pas en mesure de développer une industrie capable de réellement menacer la perliculture polynésienne sur une grande échelle. Ni en qualité ni en quantité, la perle des Cook n'est actuellement en mesure de rivaliser avec la perle de Tahiti. Il ne faudrait pas en conclure que nous sommes à l'abri de la concurrence. Au contraire. Du fait de la méconnaissance du produit perle noire et de sa marginalité par rapport à la perle blanche, le consommateur témoigne avec persistance d'une préférence marquée pour cette dernière. Or, de plus en plus, apparaissent sur le marché des perles blanches de très haute qualité et de taille comparable à celle de nos perles noires. C'est le cas de la South Sea Pearl produite en Australie et en Indonésie. En fait, la menace ne vient pas vraiment du premier de ces pays, qui gère sa production avec beaucoup de soin, mais du second. Archipel constitué de milliers d'îles, l'Indonésie dispose d'un gigantesque potentiel de production et pourrait inonder le marché en quelques années. Fort heureusement pour nous, au cours des dernières années, les perliculteurs indonésiens ont eu à subir des catastrophes naturelles répétées (cyclones, inondations...) et n'ont pas encore pu atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés. Ils finiront pourtant bien par y parvenir et les effets sur notre perle de Tahiti risquent d'être dévastateurs.

2.3 - L'endettement des perliculteurs

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Pour des raisons socio-économiques tout à fait respectables et aussi, il faut bien le dire, pour des raisons politiques qui le sont parfois un peu moins, le gouvernement territorial a fortement encouragé le développement de la perliculture aux Tuamotu. Cette stratégie s'est toutefois effectuée dans un contexte anarchique, une fois de plus, sans structure et, le plus souvent, sans formation des hommes (ni technique, ni économique). Il s'ensuit que des centaines de petits perliculteurs se sont lancés dans une aventure qu'ils étaient incapables de mener à son terme dans de bonnes conditions. Ils ont généralement investi en se fondant sur des calculs fantaisistes et doivent aujourd'hui rembourser leurs emprunts alors que les cours de la perle sont au plus bas. Conséquence : on vend à n'importe quel prix participant ainsi soi-même à la spirale infernale de la déflation. 2.4 - La qualité des produits Je l'ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises, la perle de qualité supérieure se vend bien, même si les prix sont actuellement assez modestes. En revanche, la perle de qualité moyenne ou inférieure, trouve de plus en plus difficilement acquéreur. Or, elle constitue la plus grosse partie de la production, notamment celle des petits perliculteurs qui n'ont pas les moyens techniques ni financiers de veiller à la qualité de leurs produits au divers stades de la production (élevage, greffe, maturation). On estime généralement que le taux de production de perles de grande qualité se situe aux alentours de 3 à 5% seulement dans les petites fermes alors qu'il atteint 20% dans les grosses exploitations. L'urgence des échéances financières pousse en outre certains producteurs à abréger le temps de grossissement et à mettre sur le marché des perles immatures achevant ainsi de saper la confiance des acheteurs. Cependant, il faut souligner que les nouvelles techniques de surgreffe permettent désormais d'obtenir des produits de plus grosse taille et de qualité supérieure mieux à même de trouver des débouchés commerciaux.

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3 - Comment redresser la situation ? J'ai beaucoup réfléchi à ces problèmes de commercialisation de la perle de Tahiti. J'ai sur le sujet des idées très précises que je ne cesse de répéter depuis plusieurs années. Ces idées sont détaillées dans un rapport rédigé en juillet 1994 à l'intention du ministre de la Mer, M. Édouard Fritch. Ce document, dont vous avez tous un exemplaire sous les yeux, a été ensuite communiqué à de nombreuses personnalités locales et internationales concernées par le sort de la perle de Tahiti. Dans mon exposé d'aujourd'hui, j'évoquerai quatre points qui me semblent les plus importants et les plus urgents. 3.1 - Renégocier avec le Japon Nous l'avons vu, notre industrie perlière dépend presque en totalité du marché japonais. Celui-ci se réduit du reste, pour la grande majorité de nos exportations, à quelques gros acheteurs réguliers, ceux-là même qui ont fondé en octobre 1994 à Kobe la Japan Black Pearl Association (JBPA). Même s'il faut tout faire pour tenter de diversifier nos débouchés, il n'est naturellement pas envisageable de tourner brutalement le dos aux clients qui ont fait vivre notre industrie depuis vingt ans. En revanche, nous devons travailler avec eux sur de nouvelles bases, nous devons renégocier nos rapports commerciaux avec le Japon. La période est favorable pour cela. Certes, notre industrie est en piteux état, mais le Japon lui-même connaît actuellement une crise profonde qui le rend plus souple vis-àvis de ses partenaires commerciaux. Parallèlement, le monopole absolu qu'il exerçait sur le marché mondial de la perle est battu en brèche. De nombreux pays producteurs, la Chine surtout et bientôt l'Indonésie, viennent le concurrencer sur son propre terrain de la perle blanche. Quant à l'aspect commercial, le Japon ne le maîtrise plus comme par le passé et Hong Kong pourrait bientôt supplanter Kobe au titre de capitale mondiale de la perle. En 1994, à Hawaii, quelques Américains ont tenté de rompre le monopole nippon en créant une association mondiale de la perle dans laquelle tous les partenaires de la filière pouvaient se réunir et communiquer. Un véritable sacrilège pour les maisons de commerce japonaises qui ont pesé de tout leur poids pour tuer le projet dans l'œuf. Mais le mal était fait, la splendeur japonaise est désormais ternie. C'est donc le bon moment pour tenter d'obtenir quelques concessions. Nous avons des atouts pour cela. En particulier, notre économie, largement soutenue par la France, n'est pas (encore) entièrement dépendante de nos échanges extérieurs. En outre, notre produit est exclusif et commence à se faire connaître sur de nouveaux marchés comme nous le verrons plus loin. Il serait possible, à mon sens, de proposer à nos acheteurs japonais des arrangements destinés à nous permettre de mieux valoriser notre produit tout en leur ménageant une certaine exclusivité, au moins sur des secteurs bien déterminés de la production.

3.2 - Diversifier les marchés On le constate douloureusement avec le tourisme, actuellement sinistré par la désertion japonaise, le contrôle du Japon constitue pour notre industrie perlière une épée de Damoclès dont on ne pourra se défaire qu'en diversifiant nos débouchés. Toutefois, nous

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venons de le voir, ceci devra se faire progressivement et en bonne intelligence avec nos partenaires traditionnels. Depuis le début de l'année 1995, un certain frémissement se fait sentir sur les marchés. Entre janvier et août, la part de nos exportations de perles à destination du Japon n'a été que de 63,4%. Cette contraction s'est notamment faite au profit du marché américain qui passe de 8,6% en 1994, à 18% pour les huit premiers mois de 1995. Elle profite également au marché de Hong Kong (12% contre seulement 1,1% l'an passé) grâce, en particulier, à la création de liaisons commerciales permanentes avec Tahiti. La part du marché français est multipliée par 5 mais reste marginale en valeur absolue (elle passe de 0,4 à 2,1%), de même que celle du marché australien qui a pratiquement doublé (1 et 1,8%). (Source GIE Perles de Tahiti). La tendance est apparemment positive mais elle demande à être confirmée. Ces chiffres, en particulier, ne prennent pas en compte la vente du GIE Poe Rava Nui fréquentée essentiellement par des acheteurs japonais. Ils doivent donc être maniés avec prudence. 3.3 - Organiser la filière La presse locale vient tout juste d'annoncer la création d'un nouveau GIE de perliculteurs. Il s'agirait plutôt d'une bonne nouvelle, comme l'a du reste publiquement reconnu Alfred Martin, le directeur du GIE Poe Rava Nui. Cette création va, en effet, dans le sens d'une meilleure organisation de la profession de perliculteur. Le GIE Poe Rava Nui fédère moins de 10% des fermiers et l'apparition d'une seconde structure marquerait un recul de l'individualisme dans un secteur où il a déjà fait pas mal de dégâts. Ceci étant, nous savons tous que l'essentiel de la production perlière polynésienne est le fait de quelques gros perliculteurs. A lui seul, le groupe Tahiti Perles de Robert Wan assure environ 60 % de la production totale. Ce groupe travaille depuis le début de ses activités, il y a une vingtaine d'années, avec quatre ou cinq gros acheteurs japonais. Il vend également en Amérique par l'intermédiaire de son acheteur exclusif dans ce pays, M. Salvador Assaël et, depuis un an environ, écoulerait une partie de sa production à Hong Kong (ce qui expliquerait du reste le récent “boom” de ce marché). Par conséquent, la grande majorité des perles de Tahiti sont produites par une seule entreprise et cédées à un petit nombre d'acheteurs. Il est donc évident que ce circuit commercial, très privé, exerce la plus haute influence sur le niveau des cours et qu'aucune réforme sérieuse ne pourra être effectuée tant que les personnes concernées n'y auront pas intérêt.

Officiellement, Tahiti Perles affirme que sa part de marché diminue et qu'il souffre lui aussi de la baisse des cours. C'est vrai, le nombre de fermes perlières ne cesse d'augmenter et la production s'accroit rapidement en volume ce qui a peut-être pour effet de réduire la part de marché relative de M. Wan. Quant à la baisse insistante des cours, elle pourrait finir par avoir de graves conséquences même sur une entreprise aussi solide que Tahiti Perles. Le niveau de ses investissements et de ses frais d'exploitation est tel que, malgré les quantités énormes de perles produites et vendues, ce groupe aurait, lui aussi, des soucis à se faire si la tendance à la déflation se poursuivait.

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La réorganisation de la filière perle, que j'appelle de mes vœux, passe essentiellement par une structuration du négoce. Produire des perles est un métier, les promouvoir et les commercialiser en est un autre. On l'a bien vu pendant la vente du GIE Poe Rava Nui, l'anarchie la plus totale règne actuellement dans ce domaine. N'importe quel producteur peut vendre ses perles comme il l'entend, au prix qu'il juge satisfaisant. Je ne suis pas contre la concurrence. Mais celle qui nous préoccupe n'est pas saine. J'ai déjà évoqué le cercle vicieux dans lequel les producteurs se trouvent piégés. Ce phénomène est extrêmement dangereux car il est en train de détruire un équilibre socioéconomique très sensible et fragile. Il est également en train de ruiner l'image de notre perle, une image sur laquelle repose l'essentiel de sa valeur. Dans le rapport que j'ai rédigé en 1994 et auquel je vous invite à vous reporter pour plus de détails, j'ai envisagé une structuration de la filière perle en Polynésie française. qui s'appuierait essentiellement sur : - l'organisation de la profession de négociant : Un nombre raisonnable de maisons de commerce agréées seraient les interlocutrices exclusives des producteurs. Elles auraient seules le droit de vendre des perles à des acheteurs étrangers (après tout c'est un tel système qui existe au Japon). En contrepartie, elles devraient faire preuve de leur compétence et assurer la classification des produits en fonction d'une hiérarchie codifiée et reconnue par tous. Ceci de manière à offrir aux clients les perles dont ils ont réellement besoin. M. Fritch a annoncé l'entrée en vigueur d'une réglementation de la profession de négociant pour le mois de janvier 1996 sans que l'on puisse encore en connaître les détails. - la création d'un organisme professionnel rassemblant tous les intervenants de la filière à ses divers stades (producteurs, négociants, bijoutiers) sur le modèle du GIE Tahiti Tourisme, par exemple. Le Territoire pourrait être associé à cet organisme. Le GIE Perles de Tahiti, qui est pour le moment le seul organe représentatif, ne réunit en son sein que le Territoire et les producteurs. Il pêche en outre par un grave défaut de rétention d'information. Il est impératif d'associer tous les partenaires concernés, les bijoutiers en particulier, qui sont après tout, in fine, les seuls destinataires du produit et d'assurer une meilleure circulation des informations. - la valorisation du produit en Polynésie française : Ici se situe l'un des problèmes les plus cruciaux. Actuellement, la perle de Tahiti est considérée comme une simple matière première vendue essentiellement en vrac. La valorisation (tri, classification, ouvrage) de la perle est effectuée au Japon.

Très souvent, les Japonais revendent du reste notre perle en la faisant passer pour un produit d'origine japonaise. Ils gagnent ainsi sur tous les tableaux. Si nous pouvions simplement assurer cette opération de valorisation, au moins en partie, en Polynésie française, nous pourrions déjà facilement doubler nos revenus. Il est en outre intéressant d'envisager le développement d'une véritable industrie bijoutière locale, créatrice d'emplois et de valeur ajoutée. 3.4 - Revoir les stratégies de promotion La réorganisation que je viens d'évoquer brièvement, doit absolument s'accompagner d'une révision en profondeur de nos stratégies de promotion. Je vous le rappelle, nous consacrons près d'un milliard de Fcfp chaque année à la promotion de notre tourisme (notre première ressource avec environ 22 milliards de Fcfp de revenus en 1994) alors que la promotion de la perle de Tahiti (seconde ressource du 9


Territoire avec 12 milliards de Fcfp) ne mobilise que quelques dizaines de millions de Fcfp seulement. Il y a là un déséquilibre qu'il faut absolument corriger. Je considère que le budget promotionnel que la Polynésie française consacre à sa perle ne devrait pas être inférieur à 500 millions de Fcfp par an, soit environ 4% du chiffre d'affaires du secteur alors qu'il est aujourd'hui inférieur à 1%. Ceci dit, ces nouveaux moyens (qui devront être dégagés, comme dans le cas du tourisme, essentiellement par l'ensemble des professionnels du secteur sous la forme d'une taxe spécifique et dans le cadre de l'organisation générale de la filière) devront être utilisés selon des critères bien définis. Il faudra d'abord repositionner notre perle sur le créneau qui lui convient c'est-à-dire celui du luxe et de la rareté. L'analyse, à laquelle je me suis livré, des résultats de la vente du GIE Poe Rava Nui d'octobre dernier, confirme totalement les réflexions contenues dans mon rapport. La perle de grande qualité est recherchée. Elle se vend bien et à un prix tout à fait satisfaisant. Mon souhait consiste à redonner à la perle de Tahiti l'image d'un produit haut de gamme, objet de luxe, rare et exclusif. Nous devons pour cela fixer de façon très stricte les critères auxquels une perle devra répondre pour bénéficier d'un label que j'appellerai “haute joaillerie”. L'objectif est de classer sous cette appellation les perles noires dont la Polynésie a l'exclusivité mondiale (parce que nous sommes les seuls à savoir les produire). Environ 20% de notre production peut prétendre à ce label de qualité. Le reste de la production, de qualité moindre, serait classifié sous une autre appellation de manière à bien faire la différence entre les produits (à la manière de ce qui existe pour le vin par exemple). Ce système permettrait d'éviter l'image actuellement associée à la perle de Tahiti d'un produit très inégal en qualité et ayant tendance à être “tiré vers le bas”. Au contraire, l'image de luxe et de rareté associée aux 20% de perles de qualité supérieure, vendues très cher, permettrait de faciliter la commercialisation des autres produits sur des créneaux différents en les faisant profiter de cette image. Pensons, par exemple, selon un schéma similaire dans un domaine différent, à la haute couture et au prêt-à-porter, l'une étant en quelque sorte, la “locomotive” commerciale de l'autre.

Conclusion Pour conclure, je voudrais simplement résumer la situation en quelques mots : - La perle de Tahiti est en crise - Cette crise provient de l'inadaptation croissante des structures du marché avec la réalité économique et sociale de la perliculture polynésienne. - Elle doit être rapidement résolue si nous voulons que la perle demeure une ressource d'avenir pour le Territoire, sur laquelle nous pourrons fonder une part importante de notre développement futur aux côtés du tourisme. Dans ce but, il faut absolument et rapidement : - diversifier nos débouchés - valoriser notre perle nous-mêmes autant que possible - consacrer les moyens nécessaires à sa promotion - et lui redonner très rapidement l'image qu'elle mérite.

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Vive la concurrence ! Comme prévu, l'année économique 1995 a été surtout... politique. Deux élections majeures en moins de trois mois, précédant de peu des territoriales dont chacun s'accorde à reconnaître l'importance, ont, une fois de plus, soumis la vie de notre pays à l'une des ces expectatives auxquelles nous nous sommes, depuis longtemps, résignés. Nous assistons, haletants mais impuissants, à ce va et vient entre Papeete et Paris dont notre sort dépend sans en comprendre toujours les subtiles règles, ni même les vrais objectifs. Le président Flosse a certes obtenu une promesse de soutien de la France pour les dix prochaines années. Mais après ? “En route vers quel futur ?” s'interrogeait déjà Polynésie Éco n°1 dans ce climat de flou si peu propice à la confiance. Et pourtant, nous souhaitions alors mettre en évidence comment, par delà les blocages de toute origine que chacun connaît et déplore, la Polynésie française était en train de vivre une révolution silencieuse mais profonde. Des avancées technologiques spectaculaires transforment rapidement notre vie quotidienne. L'initiative économique, l'esprit d'entreprise se développent avec opiniâtreté en dépit des protections et des scléroses, des arrière-pensées et de la mauvaise foi. Dans un tel contexte, un élément nouveau se présente. Avec le départ du CEP prend fin l'ère des monopoles. La concurrence fait irruption sur le marché. C'est sans aucun doute son développement qui, outre l'influence du politique, a le plus marqué l'économie polynésienne en 1995. Vive la concurrence ! Elle est désormais partout, acharnée, comme dans l'audiovisuel, les transports maritimes, la location de voitures, la vente d'eau en bouteille, la grande distribution, le BTP... Même dans les entreprises jouissant encore, pour un temps, d'un monopole de fait, les managers les plus fins pensent et agissent comme en situation de concurrence. Ils savent que leur sursis est limité et se préparent. Naturellement, le coup est rude pour la Polynésie des sinécures, les douillets du 5.5 et les pantouflards de comptoir tropical. Mais les consommateurs, eux, c'est-à-dire nous, y trouvent leur compte. Meilleur prix, meilleur choix, meilleur service. Tels sont les trois vœux exaucés par la fée concurrence. La libéralisation de l'économie polynésienne, mission à risques dont notre jeune ministre se sort plutôt bien, est en train de se concrétiser peu à peu. Les hommes ni les entreprises ne se battent sans nécessité. La concurrence est cet aiguillon qui leur permet de se surpasser, tout comme l'excitation de la course éperonne les rameurs polynésiens que nous avons choisis comme symboles de cette volonté de vaincre dont nous avons tant besoin. Patrick Schlouch



Homme économique de l'année Mate Galenon : La vision de l'avenir ! Aux commandes d'Air Tahiti, Mate Galenon, directeur général depuis 1986, a fait de la compagnie aérienne locale une entreprise moderne, rentable et soucieuse d'améliorer à la fois ses tarifs et la qualité de son service. Le monopole de fait dont Air Tahiti bénéficie n'a pas endormi la vigilance de Mate Galenon. Il n'y voit qu'un privilège fragile et incite son personnel à faire le maximum pour satisfaire une clientèle parmi laquelle les touristes prennent de plus en plus d'importance. C'est sur eux que repose le futur développement d'Air Tahiti. Mate Galenon est également PDG d'Air Moorea et, depuis octobre 1994, président du GIE Tahiti Tourisme. Aîné d'une famille de cinq frères, Mate Galenon est né à Papeete le 4 décembre 1943. Fils de Paul Galenon, sous-officier dans l'armée de terre, et de Marie Bordes, il quitte Tahiti dès l'âge de trois ans pour suivre ses parents dans leurs diverses affectations. À onze ans, c'est décidé, il sera militaire comme papa. Il entre donc à l'École d'Aix en Provence. En 1964, il se présente au concours de St Cyr et devient le premier - et jusqu'à aujourd'hui le seul - Tahitien admis à Coëtquidan. Mate entame ensuite une brillante carrière militaire, d'abord dans l'artillerie puis dans l'aviation légère de l'armée de terre, les hélicoptères plus précisément. En 1974, on le retrouve en Allemagne, à la tête d'une escadrille d'une vingtaine d'appareils. De 1976 à 1979, Mate Galenon fait un bref séjour à Tahiti. A l'état-major du Taaone, il est entre autres chargé des relations avec les autorités locales. Ensuite, nouveau départ pour Baden Baden, à l'état-major du 2ème corps d'armée avant une mutation à Pau. Sa carrière militaire prendra fin à Noël 1984 avec son retour au fenua. À la même époque, la Nouvelle Calédonie, en proie à de graves difficultés, doit renoncer à organiser le Festival des Arts du Pacifique prévu pour juillet 1985 à Noumea. C'est alors que Gaston Flosse, tout nouveau président du premier gouvernement polynésien autonome, relève le défi et confie pour mission à Mate Galenon de mettre sur pied à Tahiti, en cinq mois à peine, une manifestation normalement organisée en quatre ans. «J'ai demandé à réfléchir. Le président m'a donné deux heures. Il faut être un peu inconscient pour accepter un tel pari», raconte Mate, toujours modeste mais organisateur hors pair et qui fit de ce Festival des Arts un événement régional mémorable. La fête à peine terminée, Gaston Flosse recherche les cadres de la nouvelle administration territoriale. Mate Galenon, qui a si brillamment démontré ses capacités, est tout désigné. Il part s'installer à Raiatea. Il n'y restera pourtant que quelques mois. Christian Vernaudon vient alors d'être nommé PDG d'Air Polynésie (future Air Tahiti). Séduit par Mate qu'il avait côtoyé pendant la préparation du Festival des Arts, il lui demande de prendre la direction de la compagnie. Mate Galenon accepte. Il a des méthodes bien à lui et commence par resserrer le budget de la compagnie territoriale. Cela lui permet, dès la première année, de redresser une situation financière fortement dégradée. Sa vision de l'avenir, son flair, sa parfaite complémentarité avec Christian Vernaudon et la qualité de l'équipe qui l'entoure lui ont permis de faire d'Air Tahiti, progressivement privatisée, une entreprise moderne, saine et rentable. Ainsi, en 1994, Plus de 402 000 passagers ont été transportés pour un coefficient moyen de remplissage de 63,4%. La flotte, essentiellement composée d'ATR 42 et 72, est particulièrement bien adaptée à la nature du service. Parallèlement, Mate Galenon est PDG d'Air Moorea, le pont aérien reliant Tahiti et l'île soeur dont Air Tahiti est actionnaire à 76%. Il est également, depuis le 13 octobre 1994, président du GIE Tahiti Tourisme. Ces activités sont parfaitement complémentaires puisque le tourisme constitue pour Mate Galenon le seul moyen de développer le transport aérien intérieur en Polynésie française. «Le marché local grandit régulièrement de 3% par an, explique-t-il, mais seul le tourisme peut amener un


véritable développement. Le gros problème, c'est le manque de chambres». Pour y remédier, Air Tahiti investit directement dans l'hôtellerie, le Manihi Pearl Resort ou l'Eden Beach à Tikehau ont été sauvés par la compagnie aérienne. Mate Galenon croit en l'avenir de la Polynésie et notamment en son tourisme. «Il faut d'abord accroître nos capacités hôtelières haut-de-gamme, dit-il. Cela ne signifie pas forcément construire des palaces à la hawaïenne, souligne-t-il. Une pension de famille peut très bien être un produit hautde-gamme. Il faut surtout améliorer la qualité de notre service. Cela permettra ensuite de mieux exploiter le logement chez l'habitant». «On ne peut guère, en Polynésie, se battre sur le front des prix, affirme Mate Galenon, le marché est trop étroit et les contraintes trop fortes». C'est pourtant bien ce qu'il fait depuis son arrivée à la direction d'Air Tahiti et aucune opportunité ne lui échappe. Résultat, les tarifs d'Air Tahiti (en moyenne et en francs constants) ont baissé de 12% entre 1986 et 1994 et moins de 50% des passagers paient plein tarif. Patrick Schlouch Contact Tel : 86 40 04 - Fax : 86 40 09

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Un manager exemplaire Pourquoi avoir nommé Mate Galenon “Homme économique de l'année 1995 en Polynésie française” ? D'abord, parce qu'il occupe une position particulièrement éminente dans deux des principaux secteurs de l'économie polynésienne : le transport aérien et le tourisme. Depuis 1986 directeur général d'Air Tahiti, principal employeur privé du Territoire (600 employés) et président directeur général d'Air Moorea, son action a été déterminante pour le développement de ces deux entreprises. Les excellents résultats 1994-95 d'Air Tahiti ont été unanimement salués par la presse locale. Mate Galenon a également accepté, en octobre 1994, de présider le GIE Tahiti Tourisme dont la principale mission est de définir la stratégie promotionnelle de la Polynésie française en matière de tourisme. Il n'hésite d'ailleurs pas à s'impliquer directement dans ce travail de promotion. On l'a ainsi vu accompagner le président Gaston Flosse à New York en février 1995 à l'occasion de l'ouverture du bureau local du GIE Tahiti Tourisme. Il était aussi au Japon au mois de juillet pour la désignation de la “Tahiti Person of the Year”. Mais nous avons surtout choisi Mate Galenon parce que la façon dont il conçoit le management de son entreprise est exemplaire à plus d'un titre. De nombreuses sociétés polynésiennes ont longtemps profité d'un monopole leur assurant une rente de situation. Ce temps n'est pas totalement révolu. Il existe encore de nombreux monopoles de fait en Polynésie et le transport aérien interinsulaire en fait partie. Mais certains chefs d'entreprise, et Mate Galenon est l'un des plus brillants d'entre eux, ont compris qu'il faut désormais considérer les choses autrement. Pour survivre et prospérer dans de bonnes conditions, l'entreprise polynésienne, même en position de monopole, doit aujourd'hui être capable de prendre en compte la satisfaction de ses clients, tant au point de vue des prix qu'à celui de la qualité du service ou des produits. Elle doit se soucier de son image et de sa communication auprès de l'opinion publique mais aussi de ses propres employés dont les performances sont étroitement liées à leur degré de motivation. Elle doit être attentive à sa relation avec l'environnement. Bref, l'entreprise polynésienne doit devenir “citoyenne” en respectant la communauté dans laquelle elle opère et en participant au développement humain de celle-ci. Les méthodes de management de Mate Galenon suivent cette direction. Polynésie Éco a donc souhaité récompenser son action et, peut-être, encourager ainsi d'autres dirigeants à suivre son exemple.

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Robert Wan : Le rêve créateur Parti de rien, comme de nombreux enfants d'émigrés chinois, Robert Wan est aujourd'hui à la tête d'un véritable empire. Plus de la moitié de la production perlière polynésienne provient de ses fermes aux Tuamotu-Gambier et il s'apprête à mettre en chantier le plus grand centre commercial du pays. Moteur avoué de ce succès phénoménal : le rêve.... Le Beechcraft tout neuf de la compagnie Wan Air annonce son approche vers l'aérodrome de Totegegie aux Gambier. Parti de Papeete la veille, il a déjà fait deux escales : Nego Nego et Marutea sud, deux atolls appartenant à Robert Wan sur lesquels celui-ci a installé plusieurs fermes perlières. Vol de routine, que les deux pilotes de la compagnie effectuent à tour de rôle pratiquement chaque semaine. Pourtant, cette fois, le “patron” est là. Non seulement pour une de ces visites qu'il tient à faire très régulièrement, et dont il savoure chaque instant, mais parce que, 21 ans après son installation, un différend foncier vient d'éclater avec son “voisin” sur l'île d'Aukena qu'ils se partagent dans l'immense lagon des Gambier. Enchanteurs Gambier. L'appareil vire sur l'aile et entame un survol de l'archipel. La surface de l'eau est constellée de flotteurs indiquant les stations de nacres perlières. Au milieu du lagon, de nombreux bungalows sur pilotis témoignent de l'importance de cette aquaculture. La ferme de Robert Wan est, bien sûr, la plus développée, la plus imposante avec, à quelques mètres, sa tour de surveillance pour dissuader les indélicats. L'aventure a commencé là en 1974. La nature sauvage, l'isolement, l'absence, à l'époque, de pratiquement tout moyen de communication : on imagine la difficulté de ces premiers balbutiements, quand Robert Wan décida de réaliser son rêve de perle en rachetant la ferme créée quelques années plus tôt par William Reed. «Je rêve beaucoup, commente-t-il. Il faut rêver, avoir des idées». Cette propension au rêve, à la créativité, il la doit à son père, un artiste peintre chinois, dont il était le dixième enfant et qui “oublia” de déclarer sa naissance pendant deux jours. Mais Robert Wan est avant tout un homme d'action. Le signe de la Balance sous lequel il est né, le 1er octobre 1934, outre le charme sous lequel tombent tous ceux (et surtout celles) qui le connaissent, lui apporte sans doute cet équilibre entre réflexion et action, indispensable à toute création humaine. «Je suis très lent à démarrer, explique-t-il, mais quand je démarre, je fonce !» C'est à dix-huit ans que Robert Wan a commencé à “foncer”. «Après six années à l'École centrale (devenue aujourd'hui le Lycée Gauguin), je me suis dit, ça suffit !» Il débute alors sa carrière comme employé dans un cabinet-comptable. Mais un an seulement après, sa chance - car, cela va de soi, il a aussi de la chance - se manifeste sous les traits d'Alfred Poroi, un important négociant qui deviendra plus tard maire de Papeete et sénateur. «J'ai commencé tout en bas», raconte Robert. Mais il s'entend très bien avec son nouveau patron qui lui fait confiance. «Nous avons importé les premiers vélomoteurs, poursuit-il. Je suis ensuite devenu partenaire de l'entreprise et gérant. C'est moi qui ai introduit les voitures Fiat et les camions MAN dans le territoire». L'association Wan-Poroi se prolonge jusqu'en 1968. Entre-temps, Robert Wan se lance dans la vie nocturne. «J'ai monté le Puooro Plage, une boîte de nuit qui rassemblait les foules à Arue, évoque-til avec nostalgie. Mais j'ai revendu trois ans après, c'était trop dur». Il est déjà dans un autre rêve : avoir sa propre affaire. Comme à son habitude, il prend son temps. «J'ai mis un an pour me décider, dit-il, et puis j'ai créé la COMAT (Compagnie agricole de Tahiti)». Son projet : traiter et valoriser les produits agricoles locaux. Il se heurte toutefois au problème chronique de l'agriculture polynésienne : le manque de fiabilité des approvisionnements. Robert Wan change donc de cap et se lance dans l'ice-cream. Cette fois, le succès est rapide grâce, notamment, à la franchise Yoplait que la COMAT obtient et à la confiance des banquiers. «Le pays est petit, rappelle Robert, la réputation et l'image de marque y sont d'une extrême importance». L'entreprise diversifie


ses productions et lance le premier corned-beef local, d'abord en partenariat avec une marque néozélandaise, puis seule. 1974 est l'année magique de Robert Wan, celle ou sa vie va se jouer. «J'avais un projet hôtelier avec Mitsui, un grand groupe japonais, raconte-t-il. L'affaire était déjà bien avancée et j'y avais investi pas mal d'argent quand, soudain, le gouvernement japonais interdit les investissements considérés comme non productifs dont l'hôtellerie faisait partie». Le choc est rude mais bénéfique car c'est alors que l'idée lui vient de se reconvertir dans la perle. Et le destin s'en mêle. Au même moment, Robert Wan apprend que Tahiti Perles, l'entreprise de William Reed aux Gambier, est à vendre. Puis, nouvelle coïncidence, ses ex-partenaires japonais dont il avait sollicité l'assistance, lui présentent le vieux professeur Sato qui se révèle être un ami personnel du célèbre perlier japonais Mikimoto. Sur intervention de Sato, et après étude, Mikimoto s'engage finalement à lui acheter ses futures perles. Tout est prêt pour démarrer. Un empire, cela ne se construit pas aisément. «J'ai failli cent fois abandonner tellement c'était difficile, se souvient Robert. Les banques ne suivaient pas. Puis, en 1977, j'ai eu ma première récolte et Mikimoto a tenu sa promesse. L'affaire était intéressante, la perle valait en moyenne 25 000 Fcfp». Pourtant, l'année suivante, les choses se gâtent. Mikimoto tente de faire baisser les prix. «Ils ont été très durs, poursuit-il, alors j'ai rompu. J'ai rencontré d'autres maisons et finalement j'ai continué avec quatre très gros clients». Ensuite, les événements s'enchaînent : 1984, Robert Wan rachète Polynésie Perles, la ferme de JeanClaude Brouillet à Marutea sud. En 1990, il acquiert l'atoll de Nego Nego où il construit un aérodrome et y établit une ferme. En 1993, il s'installe à Fakarava et, plus récemment, «pour faire plaisir à un ami», reprend une ferme à Katiu. Même s'il en est secrètement flatté, Robert Wan affirme ne pas mériter le titre d'“empereur de la perle noire” que la presse lui a décerné. Il connaît bien les usages et les mentalités polynésiennes et reste particulièrement soucieux de son “image de marque”. Il n'en reste pas moins qu'à l'échelle locale, son groupe pèse d'un poids économique considérable. Il emploie plus de 500 personnes dont 350 dans les activités perlières - c'est le second employeur privé du territoire après Air Tahiti - ; ses huit fermes produisent plus de la moitié de la production polynésienne de perles de culture pour une valeur d'environ 7 milliards de Fcfp. En outre, le groupe Wan est présent dans les secteurs de l'agroalimentaire (la COMAT est dirigée par le frère de Robert, Louis Wan) de la bijouterie, du commerce duty-free mais également, et plus récemment, dans celui de la communication avec d'importantes participations minoritaires dans Tikiphone, la nouvelle compagnie de téléphone mobile, CanalPolynésie, la filiale locale de la chaîne de télévision Canal Plus et avec, aussi, la prise de contrôle de la société d'édition musicale et de vidéo-production, Océane Production. Mais actuellement, le grand projet du groupe Wan, pour lequel il a obtenu l'aval du gouvernement au mois de septembre, c'est la construction à Punaauia, dans les deux années à venir, du plus grand centre commercial polynésien à l'enseigne de Casino. Le projet a naturellement provoqué une forte émotion parmi les petits commerçants déjà choqués en 1986 par l'ouverture d'Euromarché (Continent), le premier hypermarché tahitien et, déclenché de vives réactions à la direction de ce dernier qui considère comme une véritable “déclaration de guerre” l'installation d'un concurrent dans son arrièrecour. Le visage de Robert Wan s'éclaire d'un large sourire à l'évocation de ces réactions qu'il juge excessives. «Premièrement, nous ne sommes pas de nouveaux venus dans la distribution. C'était déjà notre domaine d'activité bien avant l'arrivée de ceux qui se plaignent aujourd'hui, dit-il. Ce projet est une suite et un développement logiques. Ensuite, il y a de la place pour tous. La concurrence est un excellent aiguillon pour accroître la qualité des produits et du service et faire baisser les prix. Ce ne sont pas les consommateurs qui s'en plaindront. Enfin, on ne peut pas, à la fois, pousser les hommes d'affaires locaux à investir dans le territoire et, en même temps, le leur reprocher lorsqu'ils le font». A 61 ans, après tant d'efforts et tant de récompenses, qu'est-ce qui fait encore courir Robert Wan ? Qu'est-ce qui le pousse dans les avions, à la recherche de quel objectif ? C'est pour la famille, bien sûr, pour les enfants, pour assurer leur avenir. Mais c'est surtout parce qu'il aime ça. L'homme d'action

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n'avoue aucune passion. Tout juste reconnaît-il aimer faire la cuisine pour ses amis (qui sont nombreux). Alors, ce qui motive profondément Robert Wan ? Sans doute la sensation de vivre pleinement son destin, le plaisir de converser chaque jour avec le monde entier, l'excitation sans cesse renouvelée de s'envoler vers de nouveaux projets, vers de nouveaux visages... vers de nouveaux rêves. Patrick Schlouch Contact Tel. 50 53 10 / Fax. 43 49 01 Noms propres Air Tahiti, 28 Brouillet Jean-Claude, 28 Canal Plus, 28 Canal Polynésie, 28 Compagnie agricole de Tahiti (COMAT), 28 Continent (Hypermarché), 28 Polynésie Perles, 28 Poroi Alfred, 28 Reed William, 28 Tahiti Perles, 28 Tikiphone, 28 Wan Air, 28 Wan Robert, 28 Matières Commerce, 30, 31 Communication, 31 Distribution, 31 Perliculture, 30, 31

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Michel Tracqui : D'un Continent à l'autre En introduisant le scooter vers la fin des années 40, son père avait imprimé sa marque à la Polynésie française. Quarante ans plus tard, Michel Tracqui révolutionne à son tour le paysage économique local avec la grande distribution. Sur son bureau, un coffret en bois sur lequel on peut lire «Pour celui qui a tout», tendre témoignage de la frustration de choisir un cadeau pour cet homme à succès. Athlétique, séduisant mais toujours modeste, à 51 ans, Michel Tracqui est le modèle parfait de l'enfant du pays qui a réussi. Certes, il a bénéficié du travail de son grand-père puis de celui son père et de son oncle dont il a hérité une affaire déjà très florissante. Son mérite est d'avoir brillamment élargi l'envergure de celle-ci à l'échelle du territoire et même de la région. Lorsqu'en 1936, Jean-Baptiste Tracqui débarque avec sa famille à Tahiti, ce n'est rien moins qu'au paradis qu'il a décidé de vivre. Chef d'une petite entreprise de chaudronnerie à Philippeville dans les environs d'Alger, sa situation n'était pas à plaindre. Il a néanmoins tout abandonné sans hésitation, émerveillé par le récit d'un ami après un voyage de rêve dans le Pacifique sud. Mais c'est bientôt la guerre. Les quatre fils Tracqui sont tous volontaires et s'engagent dans le Bataillon du Pacifique. En 1945, à leur retour, Jean-Baptiste crée les Établissements Tracqui & Fils. Un an plus tôt, le 12 août 1944 voyait la naissance de son plus célèbre petit-fils, Michel, fils de Jean et de Suzanne Uuru Tetauira, une belle jeune femme polynésienne des Iles sous le Vent, fille de James Deane, figure connue de Raiatea. Les études n'excitent pas vraiment Michel Tracqui. Ce qui le branche, c'est l'électricité. Pas question, alors, de travailler avec papa. En 1965, il est recruté à l'Orstom, au service des sismographes qui vient d'être créé. Nous sommes à la naissance du Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) qu'il rejoint du reste peu après. Il y travaillera quatre ans. Ce n'est qu'en 1970, il a 26 ans, que Michel Tracqui se décide à rallier l'entreprise familiale. D'abord simple comptoir, vendant un peu de tout, les Ets Tracqui se sont peu à peu spécialisés dans l'électroménager. Mais c'est l'introduction du scooter, à partir de 1948, qui va faire la fortune des Tracqui en bouleversant du même coup la vie quotidienne des Polynésiens. L'histoire est savoureuse et mérite d'être contée. Jean Tracqui, le père de Michel, découvre le scooter sur la Côte d'Azur au hasard d'un de ses voyages. Il décide d'en commander trois. À Tahiti, les rutilantes machines suscitent les convoitises, mais personne n'ose se lancer. Au même moment, la belle Eline Cowan, future maman de Quito Braun-Ortega, craque pour un scooter qu'elle rapporte de France. Publicité vivante dans les rues de Papeete, elle provoque alors l'achat des trois scooters Tracqui dans la même semaine. Des milliers d'engins ont été vendus depuis. C'est donc un fructueux commerce, dirigé par son père et son oncle, auquel Michel s'attache. Quelques années pour grimper les échelons et, à 31 ans, la direction de l'entreprise lui est confiée. Jusqu'en 1983, il se contente de suivre la voie tracée et les choses auraient pu en rester là. Mais Michel, comme son grand-père, comme son père, est un fonceur, un gagnant qui sait saisir la chance. Lorsqu'elle se présente, il n'hésite pas


et rachète la concession Fiat que Jean Bréaud a mis sur le marché à la suite du drame dont son fils fut la victime. «C'est cela qui m'a mis le pied à l'étrier», raconte Michel. Outre ses atouts personnels, Michel Tracqui possède une grande qualité : il sait particulièrement bien s'entourer, nourrit des rapports d'amitié avec ses proches collaborateurs et profite des conseils qu'ils lui prodiguent. Depuis sa terrasse sur la colline du Lotus, il lorgne depuis quelque temps ce terrain en friche, en bord de mer. «Quel potentiel formidable !» pense-t-il. Lorsqu'il soumet son idée à son ami Georges Tapare et à son conseiller financier, Yves Buhagiar, ceux-ci l'encouragent vivement et lui apportent leur soutien. Le terrain appartient au notaire Marcel Lejeune qui accepte le principe de la vente. Mais le prix est élevé et il faut du temps pour réunir la somme. Hélas, quand c'est fait, le délai est dépassé et... Me Lejeune a changé d'avis. Le terrain n'est plus à vendre. Un immeuble résidentiel de standing - la Marina Lotus - et un centre commercial côté montagne y verront bientôt le jour. Un projet très semblable au sien, constate Michel. Tiens, tiens !.... Est-ce un malheur, est-ce un bonheur ? Michel est contrarié, mais son intérêt se déplace alors vers un autre terrain, situé non loin du précédent, beaucoup plus grand et... moins cher. C'est Bernard Tapie qui a eu le premier l'idée de l'hypermarché. Le célèbre homme d'affaires était à l'époque à Tahiti pour négocier l'achat de Club Méditerranée, le quatremâts d'Alain Colas, qui deviendra plus tard le Phocea. Cela fait “tilt“ chez Yves Buhagiar et Michel Tracqui, et les choses iront vite. Le premier hypermarché tahitien ouvre ses portes le 12 novembre 1986 à l'enseigne d'Euromarché (Continent depuis 1991). Investissement initial : 1,5 milliard de Fcfp. «Nous ne connaissions rien à la grande distribution, rappelle Michel Tracqui. C'est pourquoi, nous avons d'abord proposé notre projet aux importateurs et commerçants de Tahiti. Pas un seul n'y a cru. Finalement, nous avons signé un contrat avec une grande chaîne française». Le réveil est brutal pour les petits commerçants, d'origine chinoise pour la plupart. Persuadés de la force des habitudes commerciales locales (le crédit, en particulier, qu'ils accordaient traditionnellement à leur clientèle polynésienne), ils vivent le succès immédiat de l'hypermarché comme un cyclone. Le choix, le parking facile et surtout les prix qui baissent jusqu'à 25%, entraînent les foules au détriment des échoppes de quartier et des petits “supermarchés”. Furieux d'une telle défaite, le lobby du commerce local se lance alors dans une bataille juridique pour tenter d'empêcher la réalisation de la seconde phase du projet Tracqui : l'ouverture d'un second hypermarché à l'est de Papeete. Malgré tout, celui-ci voit le jour à Arue, mais, aujourd'hui encore, le différend n'est pas réglé. Entre-temps, Michel Tracqui et Yves Buhagiar ont participé, en partenariat avec des associés locaux, à la création du premier hypermarché calédonien dans la banlieue de Noumea. «Nous n'avons jamais démarré de travaux sans disposer des autorisations nécessaires», affirme Michel Tracqui. Blessé, déçu, «Je n'avais plus envie de rien faire» confie-t-il. Mais, comme de nombreux hommes d'affaires polynésiens, ce passionné de western et de grands espaces est séduit par le Chili. Toujours en équipe avec ses “copains” et d'autres partenaires du territoire, Michel Tracqui participe aujourd'hui à une aventure de grande envergure dont Yves Buhagiar est l'inititateur et le maître d'œuvre. Il s'agit d'un projet à long terme (10 à 15 ans de travaux) et d'un investissement très important avec, 2


pour objectif, le développement d'une station balnéaire sur une magnifique plage située au nord de Santiago, à Quintay, très exactement, près de Valparaiso. Cependant, malgré ses déboires, Michel Tracqui n'a ni baissé les bras, ni abandonné son pays. Il continue à s'y investir et se prépare à affronter la féroce concurrence qui s'annonce dans la grande distribution tahitienne. Patrick Schlouch Contact Tel : 50 59 00 - Fax : 43 46 22

Index Noms propres Braun-Ortega Quito, 48 Bréaud Jean, 48 3



GILLES COHEN : Chance business Après des débuts difficiles, la Pacifique des Jeux dont il est le patron a su s'implanter en Polynésie française. Avec un CA de 3,5 milliards de Fcfp, elle fait désormais partie du paysage économique et social local. Les Polynésiens ont de la chance. En trois ans, quinze d'entre eux ont trouvé les six bons numéros du loto (meilleur rapport : 216 millions de Fcfp). Un score exceptionnel. Depuis son démarrage en avril 1992, la Pacifique des Jeux (PDJ) est un élément incontournable de la vie quotidienne du territoire. Le ”Fare Loto”, son siège, idéalement situé au cœur de Papeete, ne désemplit pas, non plus que les 170 points de vente répartis sur Tahiti, Moorea, les Iles-sous-le-Vent et, plus récemment, aux Marquises. Avec actuellement cinq “produits” sur le marché (Loto, Millionnaire, Poker, Black Jack et Jackpot), la PDJ qui emploie directement 20 personnes dont deux métropolitains, a permis la création d'environ 60 autres emplois et réalise un chiffre d'affaires annuel de 3,5 milliards de Fcfp. Tout a commencé en 1990. Le président du gouvernement, Alexandre Léontieff, avait sollicité la Française des Jeux (FDJ) pour un projet d'implantation en Polynésie. Héritière de l'antique Loterie nationale, c'est une société d'économie mixte placée sous la tutelle du ministère du Budget. Son capital est détenu à 72% par l'État et à 20% par les associations d'anciens combattants. Le reste est partagé entre employés et courtiers. «On ne va pas démarcher un pays pour s'y installer, explique Gilles Cohen, on y va lorsqu'on y est invité par les autorités locales». Cet élégant quadragénaire, choisi pour tenter l'aventure, est né en Algérie en 1948 avant de passer son enfance à Belfort et de faire ses études de droit à Marseille. «Tout en travaillant pour préserver ma liberté», confie-t-il. Sa maîtrise dans la poche, il se lance pendant trois ans dans le commerce international et voyage beaucoup. Sa situation est enviable mais une série de mesures protectionnistes prises par le président Giscard d'Estaing y met un terme soudain. La publicité l'attire - il en gardera un souci permanent de la communication - mais elle ne le retient pas. En 1980, répondant à une petite annonce, il entre dans l'univers de la FDJ. Brillante progression au sein de l'entreprise puis, en mai 1990, c'est le premier contact avec Tahiti dans le cadre des négociations préalables. Il s'installera en avril 1991. Certains le disent froid et peu communicatif. Il cache seulement une certaine timidité, beaucoup de pudeur et une grande rigueur dans le travail. Son premier souci, éviter l'écueil du jeu importé. Ce que veut Gilles Cohen, c'est comprendre le pays, ses habitants, leurs goûts, leurs rêves, leurs habitudes et, naturellement, leurs superstitions. Il veut absolument adapter les produits qu'il est chargé de promouvoir en leur donnant une couleur locale. «J'ai fait le tour de l'île plus de trente fois, se souvient-il. Je voulais toucher la Polynésie du doigt. Je voulais savoir comment les gens vivent». Seulement voilà, un mois plus tôt, les élections territoriales ont changé la donne. Gaston Flosse reprend son fauteuil de président occupé depuis trois ans par Alexandre Léontieff et la méfiance est de mise. La convention Territoire-PDJ est contestée. «J'ai vécu sans doute la pire période de ma vie professionnelle» reconnaît Gilles Cohen à propos de ces huit mois d'inactivité forcée.


Le nouveau gouvernement est exigeant. Il souhaite des retombées plus conséquentes dans les caisses du Territoire. Finalement, c'est grâce à la médiation de David Bitton (Davidécors, Conforama, l'immeuble du pont de l'Est), pied-noir comme Gilles Cohen et proche du président Flosse, que le vrai démarrage peut se faire en avril 1992. Les accords sont un peu complexes et diffèrent selon les jeux. Pour le Loto, par exemple, sur 110 Fcfp misés, 53 F seront redistribués aux joueurs sous forme de lots, 25 F iront au Territoire, 16 F à la PDJ, 2 F au courtier (David Bitton, chargé de la logistique et de la gestion des points de vente), 5 F au détaillant, 5 F à l'État et 4 F à la FDJ. Pour les autres jeux, sur 100 F, 50 F sont redistribués, 25 F prélevés par le Territoire, 15 F par la PDJ, 4,15 F vont au courtier et 5 F au détaillant. Gilles Cohen peut être satisfait. Le principal objectif de la FDJ, exporter son savoirfaire à l'autre bout de la terre, est atteint. Toutes proportions gardées, l'impact financier de l'opération est en effet minime puisque le CA de la PDJ représente moins de 1% de celui de la FDJ. En revanche, en Polynésie, tout le monde y trouve son compte. les joueurs d'abord, qui ont désormais accès à un véritable univers de rêve, mais aussi le budget du Territoire qui s'enrichit bon an mal an de presque 1 milliard de Fcfp de royalties. Patrick Schlouch Noms propres Bitton David, 52 Cohen Gilles, 52 Conforama, 52 Flosse Gaston, 52 Française des Jeux, 52 Léontieff Alexandre, 52 Pacifique des Jeux, 52 Matières Jeux, 54 Loto, 54

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DANIELLE LIVINE : MAKE UP ! Son rêve : fonder un centre de thalassothérapie à Moorea. Danielle Livine, pionnière de l'esthétique en Polynésie française, regrette le manque de réglementation de la profession mais se passionne pour une activité qui fut pour elle une véritable vocation. «A 13 ans je maquillais mes copines à l'école». Danielle Livine a tout de suite su ce qu'elle voulait faire dans la vie. Et elle l'a fait. Première esthéticienne diplômée polynésienne, elle dirige depuis 1974 l'établissement spécialisé le plus connu du Territoire, l'institut de beauté Lancaster à Mamao. Née à Papeete en 1953 dans une famille chinoise - ses parents tenaient un restaurant dans le quartier de la mairie -, la jeune Danielle reçoit une éducation stricte. Attachée à ses traditions, elle les a transmises à ses trois filles qu'elle élève seule depuis son veuvage en 1989 et qui étudient toutes le mandarin. Après de sérieuses études au collège Anne-Marie Javouhey, Danielle s'envole pour Paris à l'âge de 18 ans pour s'inscrire à la “Faculté des soins esthétiques” tout près des Champs Élysées. «A l'époque, se souvient-elle, il n'y avait pas de vrais instituts d'esthétique à Tahiti. On trouvait surtout des salons de massage. Et puis, en lisant des magazines, j'ai découvert qu'il existait un métier, celui d'esthéticienne et c'est cela que je voulais faire». Deux ans d'études plus tard et son CAP en poche, Danielle reste un an à Paris où elle effectue des stages dans les plus grandes maisons. Puis, en 1974, c'est le retour à Tahiti. Elle ouvre son premier salon sur le front de mer. «Tout le monde essayait de me décourager, raconte-t-elle. On me disait : le maquillage à Tahiti, ça ne peut pas marcher. Il fait trop chaud, et puis, ici, les femmes ne se maquillent pas !». C'est vrai, au début elle a surtout une clientèle de popa'a et de touristes. Mais, très vite, les femmes polynésiennes se passionnent pour cette nouveauté et l'institut fonctionne à plein régime. A tel point qu'il devient vite trop petit. En 1979, il s'installe à Mamao où il se trouve encore aujourd'hui. Une spécialité va faire connaître et apprécier Danielle Livine : le maquillage des “miss”. Avant chaque élection, de Miss Tahiti ou de Miss Dragon en particulier, c'est le défilé rituel à l'institut. Les candidates jugent le goût et le coup de main de Danielle irremplaçables. A présent, l'institut Lancaster offre un service complet avec six cabines pour les soins du corps et du visage et balnéothérapie (massages, bains d'algues). Il emploie trois personnes à plein temps et la clientèle est fidèle. «Certaines clientes viennent à l'institut depuis 20 ans», confie Danielle. La fréquentation est régulière, mensuelle le plus souvent. Les femmes en constituent naturellement l'essentiel mais une minorité d'hommes d'affaires stressés en quête de relaxation et de meilleur “look” fréquente également l'institut. Principal problème d'esthétique en Polynésie française ? Le soleil ! «Nous incitons nos clientes à se protéger, explique Danielle Livine, et je dois reconnaître qu'elles font de plus en plus attention. C'est une éducation progressive». Danielle Livine est esthéticienne. mais elle se considère surtout comme une visagiste. Ses maquillages sont célèbres : «Il ne s'agit pas de tricher, comme on me le reproche


parfois, mais de mettre en valeur». Depuis une dizaine d'années, elle s'est en outre spécialisée dans le tatouage esthétique, celui des paupières notamment. Elle est également venue peu à peu au prêt à porter avec, surtout, la célèbre marque Chacok qu'elle représente avec bonheur en Polynésie française. On ne peut enfin pas évoquer Danielle Livine sans parler de son engagement citoyen. Elle est désormais conseillère municipale au sein de l'équipe de Michel Buillard qu'elle soutient depuis 1987. C'est un grand “ouf !” de soulagement qu'elle a poussé le 18 juin dernier lors de l'élection. «J'étais vraiment très triste de voir dans quel état est notre ville» commente-t-elle. Un regret : le manque de réglementation de sa profession. «Sur une vingtaine d'instituts, trois ou quatre seulement sont vraiment sérieux, déplore-t-elle. N'importe qui peut se bombarder esthéticienne du jour au lendemain. Ce n'est ni bon ni sérieux». Son rêve : ouvrir un institut de thalassothérapie à Moorea avec hébergement, suivi médical et restauration diététique. «On ne peut pas parler de thalassothérapie au sens strict du terme en Polynésie française. L'océan Pacifique n'est pas suffisamment iodé pour cela. Mais le concept évolue. On va désormais en “thalasso” pour se remettre en forme, se relaxer, lutter contre le stress. Pour cela, Moorea est parfaite». Avis aux investisseurs ! Si vous cherchez un bon projet, vous pouvez comptez sur Danielle Livine, elle a fait ses preuves. Patrick Schlouch Contact Tel : 42 55 53 - Fax : Index noms propres Buillard Michel, 54 Institut de beauté Lancaster, 54 Livine Danielle, 54 Matières Beauté, 56 Esthétique, 56 Prêt-à-porter, 56 Maquillage, 56

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ÉCHANGES EXTÉRIEURS : Les piliers de l'économie locale sous influence japonaise L'avenir économique de la Polynésie française repose essentiellement sur son tourisme et ses perles. Or, en 1994, le Japon était destinataire de 84,6% des exportations polynésiennes de perles (en valeur) et conditionnait largement le développement du tourisme territorial. Le parc hôtelier polynésien est constitué à 17,3% de propriétés japonaises (52,3% de la catégorie “luxe”) et le Japon, troisième marché touristique émetteur (12%), est déjà le premier en valeur (+ de 25%). Notre économie est-elle sous contrôle japonais ? Faut-il craindre cette situation ou s'en féliciter ? Analyse et éléments de réponse… Octobre 1995. Les appareils d'Air France en provenance de Tokyo atterrissent quasiment vides à Tahiti-Faa'a. Le boom touristique japonais attendu après la mise en service d'une seconde fréquence hebdomadaire par la compagnie nationale, n'a pas eu lieu. Pis, l'opération se termine en débâcle. Pourtant, en juillet 1995, l'optimisme était encore de rigueur : 2 500 Japonais débarquaient à Tahiti contre 1 600 seulement en juillet 1994. En septembre, ils n'étaient déjà plus qu'un millier. Pour octobre, on évoquait le chiffre de quelques centaines à peine. Au même moment, la vente de perles de Tahiti organisée, comme chaque année, par le GIE Poe Rava Nui était loin d'obtenir le même succès que les années précédentes. Les Japonais s'étaient sont déplacés, certes, mais moins nombreux qu'à l'habitude et ils ont souvent préféré les offres de couloir du marché parallèle, beaucoup plus alléchantes, aux lots de la vente officielle. La moitié de ces derniers n'ont, du reste, pas trouvé preneur. Les professionnels du tourisme font grise mine et une tension sociale intense se manifeste dans le secteur. Les perliers sont moroses et s'inquiètent d'une chute des cours qui se confirme. Le Japon nous échappe et tout s'écroule. Que s'est-il donc passé ? Takahashi Flash back sur 1988. A Tahiti, Alexandre Léontieff est depuis quelques mois le président d'un gouvernement de coalition essentiellement soutenu par le Here Ai'a de Jean Juventin, lui-même président de l'Assemblée territoriale. C'est le moment où le tourisme polynésien va se mettre à l'heure japonaise. A l'époque, pas de liaison aérienne directe entre le Japon et Tahiti. Par conséquent, un marché nippon régulier mais réduit (4 895 Japonais, soit 3,6% seulement de la fréquentation touristique totale en 1988) qui ne semble pas d'un intérêt primordial. C'est alors qu'apparaît un homme dont on entendra bientôt parler dans le monde entier : Hanurori Takahashi, 43 ans, président directeur général de Electronic Industrial Enterprises (EIE), à l'origine une petite affaire de pièces détachées électroniques fondée par son oncle, qu'il reprend dans les années 70 et dont il va faire un empire. Au Japon, c'est l'euphorie économique. Le capital coule comme miel. Les banques prêtent à tout va. Elles accordent des financements sur des durées inimaginables, jusqu'à cent ans pour un investissement immobilier. Le ministère des Finances encourage fortement les placements à l'étranger et les Japonais partent à la conquête


financière du monde. L'Europe, les États-Unis sont leurs cibles privilégiées mais certains lorgnent aussi sur la région Asie-Pacifique. C'est le cas de H. Takahashi qui a obtenu de ses banquiers des crédits quasi illimités et a commencé son petit de jeu de monopoly dans cette partie du monde. Il achète d'abord l'hôtel Regent de Sydney avant de le revendre un an après… le double. Puis, les opérations se succèdent, avec la prise de contrôle de l'ensemble de la chaîne Regent, des investissements en Nouvelle Zélande, en Australie, à Fidji, au Vietnam, en Indonésie, en Thaïlande, à Hong Kong, en Nouvelle Calédonie, en Europe, aux États-Unis, au Japon et en Polynésie française. Pour cette dernière, le contact a été pris par Adrian Zecha, homme d'affaires indonésio-hollandais, basé à Hong Kong, qui avait acheté l'hôtel Tahara'a à son fondateur, l'Américain Joe Lang et négociait simultanément avec la société South Pacific Hotels Corporation (SPHC) l'achat du Tahiti Beachcomber. Quand Hanurori Takahashi arrive à Tahiti, il a déjà son plan : faire du Pacifique sud un vaste parc touristique pour riches Japonais amateurs d'exotisme et de golf. C'est ainsi qu'à la fin de 1988, EIE décide d'acquérir le Tahara'a, le Tahiti Beachcomber et le Moorea Beachcomber, construit par le groupe Siu et placé en liquidation judiciaire. Le tout représente un investissement de 78 millions de dollars US (9,75 milliards de Fcfp au taux de l'époque) auxquels EIE va ajouter 2,8 milliards pour les travaux de réfection ou d'agrandissement. Parallèlement, M. Takahashi fonde Southern Pacific, un club extrêmement privé (l'inscription coûte 10 millions de Fcfp) dont les adhérents pourront séjourner à leur gré dans les hôtels de la région. Idée de génie ! En réalité, 20% seulement des membres de ce club utilisent les possibilités qui leur sont offertes. C'est Southern Pacific qui, en 1990, achète pour 1 milliard de Fcfp l'hôtel Moana Beach construit par Claude Bru à Bora Bora. Rejet S'il est le plus célèbre des investisseurs japonais dans le tourisme polynésien, Hanurori Takahashi n'est pas le seul. A la fin des années 80, les Nippons se bousculent pour placer des fonds dans les îles. Leurs compatriotes commencent sérieusement à avoir la bougeotte et ils sont chaque année plus nombreux à découvrir le monde. Le terrain de l'ancien hôtel Tahiti Village, à Punaauia, devient ainsi propriété japonaise, de même que l'hôtel Kia Ora à Rangiroa acheté par le richissime représentant de Coca Cola au Japon. Plus tard, l'industriel Tadanori Nara, tombé amoureux de la Polynésie, investit 6 milliards de Fcfp dans la construction du Bora Bora Lagoon Resort, un hôtel de 80 bungalows dont 50 sur le lagon. Toutefois, pour quelques opérations réussies, combien avortent ? Retentissant, l'échec du projet Tupai, l'atoll du notaire Marcel Lejeune, que des Japonais voulaient transformer en resort de grand luxe. Plus médiatique encore, le fiasco, sur fond de corruption politique, du golf d'Opunohu à Moorea, projet du Japonais Nishikawa et de son groupe DOH Pacific motivés par des ambitions régionales semblables à celles de EIE. Pourquoi ces échecs ? Essentiellement parce que les Polynésiens ont peur. Tout va soudain beaucoup trop vite. Les Japonais semblent être prêts à tout acheter : le pays, ses habitants... et peut-être aussi leur âme, par dessus le marché. C'est sans doute un peu 2


trop. Un référendum populaire organisé en 1991 à Moorea met une fin brutale aux grands projets polynésiens des Nippons, d'autant plus facilement qu'au Japon, l'heure du réveil a sonné… et il est douloureux. Flop La croissance japonaise est stoppée net en 1990. La chute est dramatique. La bourse de Tokyo s'effondre et la fameuse “bulle” économique explose. C'est la déflation ; les prix ne cessent de baisser et l'on estime à près de 1 000 milliards de dollars (100 000 milliards de Fcfp !!!) les créances douteuses des banques. Volte face du ministère des Finances qui ferme le robinet du crédit. Les investisseurs japonais sont contraints de liquider leurs avoirs à l'étranger (à perte) pour payer leurs dettes. H. Takahashi est particulièrement touché par la crise. Les banques, selon l'habitude japonaise, prennent ses affaires sous contrôle. Il doit renoncer à plusieurs projets (comme à Fidji) et vendre de nombreux actifs. EIE déclare pourtant que les hôtels polynésiens du groupe ne seront pas vendus. En 1990, ils représentent 588 unités soit 65% de la capacité hôtelière haut de gamme du territoire. Pourtant, la pression se fait si forte qu'en 1994, EIE finit par vendre l'hôtel Hyatt Regency Tahara'a. L'affaire est loin d'être brillante. Elle se fait en plein programme de rénovation et a lieu en deux temps. EIE revend d'abord l'hôtel à une autre société japonaise dont le dirigeant est un ami de H. Takahashi. Quelque temps plus tard, dans les premiers mois de 1995, l'hôtel est ensuite acquis par un investisseur local, la société Pacific Resort dont les actionnaires sont MM. Robert Bernut et Reginald Flosse. C'est une aubaine pour ces derniers qui reprennent l'établissement pour moins d'un milliard de Fcfp, c'est à dire un montant inférieur à la transaction de 1988 et alors que 800 millions de Fcfp supplémentaires avaient été engagés pour la réhabilitation de l'hôtel. Aujourd'hui, les banques ont entièrement repris l'administration d'EIE et de ses actifs hôteliers. Quant à Hanurori Takahashi, acteur principal de l'un des plus grands scandales financiers japonais de tous les temps, il est désormais sous contrôle judiciaire. Atomisé Malgré cette crise, le marché japonais reste le plus prometteur pour le tourisme polynésien. Les Japonais n'étaient que 4 895 à visiter le territoire en 1988 mais, déjà, 9 500 en 1989 puis 14 000 en 1990 et 16 100 en 1993. En 1994, ils étaient près de 20 000 et devenaient le troisième marché émetteur de la Polynésie française derrière les ÉtatsUnis et la France. Une seconde fréquence hebdomadaire Air France entre Tokyo et Papeete devait permettre de porter à plus de 30 000 le nombre de Japonais transportés en 1995. Hélas ! La reprise des essais nucléaires et, surtout, les émeutes qui l'ont suivie, ont tari en quelques semaines le flux de visiteurs en provenance de l'empire du soleil levant. Panique dans le secteur du tourisme polynésien. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce marché, troisième par le nombre est le premier en valeur. Les Japonais dépensent beaucoup plus que les autres touristes. Ils réalisent à eux seuls plus du quart du chiffre d'affaires total du tourisme polynésien soit environ 4 milliards de Fcfp. 65% des Japonais visitant la Polynésie sont des honeymooners, des jeunes gens en voyage de noces. Ils regardent d'autant 3moins à la dépense que celle-ci est


généralement prise en charge par leurs parents. Perles, cadeaux, restaurants de luxe, bungalows sur l'eau à 50 000 Fcfp la nuit, les Japonais achètent tout sans compter, D'autant plus que leur monnaie, le yen, a connu au cours de dernières années une hausse considérable leur donnant un surcroît de pouvoir d'achat à l'étranger. Mais voilà, les Japonais, les parents surtout, qui ont de cruels souvenirs, n'apprécient pas l'atome. Les jeunes mariés ont déserté nos plages ; il sera long et difficile de les y attirer à nouveau. La perle sous contrôle L'intérêt japonais pour les perles noires de Tahiti a commencé à se manifester à la même époque où M. Takahashi décidait de s'offrir un collier d'hôtels dans la région. En 1987, les exportations polynésiennes de perles étaient soudain multipliées par quatre en poids (407 kg), mais par seulement 2,2 en valeur (2,2 milliards de Fcfp). Au cours des années suivantes, ces exportations n'ont pas cessé de croître à un rythme rapide, en poids, mais bien plus lent en valeur, pour atteindre, en 1994, respectivement 2,9 tonnes et 11,9 milliards de Fcfp. Le sursaut de 1987 s'est accompagné d'une brutale baisse des cours qui chutaient de près de 50% par rapport à 1986, après n'avoir jamais cessé de progresser depuis 1975. Le prix moyen du gramme de perle est ensuite légèrement remonté avant de s'écrouler à nouveau, de 30%, entre 1992 et 1994 (la tendance s'aggravait en 1995). Il est ainsi passé de 9 584 Fcfp en 1986 à 4 104 en 1994 et à 3 167 Fcfp pour les huit premiers mois de 1995. Or, la quasi-totalité des perles de Tahiti sont exportées au Japon. Ce marché, à lui seul, représentait 84,6% des ventes de perles polynésiennes à l'étranger en 1994. Le marché local de la perle étant relativement négligeable, il est possible de considérer que la totalité de la production perlière du territoire est exportée. Au total, la Polynésie française a produit 9,16 tonnes de perles depuis 1987 pour une valeur de 40, 7 milliards de Fcfp (au prix moyen de 4 440 Fcfp le gramme). Sur ces 9,16 tonnes, le Japon en a donc acheté au moins 7,3. Il est parfaitement clair, à l'exposé de ces chiffres, que l'industrie perlière polynésienne est entièrement soumise au contrôle japonais. Elle l'est d'autant plus que ceux-ci ont la haute main sur l'opération clé de la perliculture, la greffe. En effet, malgré l'arrivée récente de quelques greffeurs chinois et la formation de greffeurs polynésiens, les spécialistes japonais demeurent les plus recherchés. Ils sont coûteux (leur salaire se situe aux alentours de 1 million de Fcfp par mois auxquels s'ajoutent de nombreux avantages en nature) et leur intervention représente parfois la moitié des investissements du perliculteur, mais ils sont les plus efficaces. Louer leurs services, c'est s'assurer la qualité et la fiabilité qui séduiront les clients nippons. En octobre 1995, 95 greffeurs japonais officiaient en Polynésie française. Ce contrôle, très strict, du Japon sur la perle polynésienne, s'est naturellement accompagné d'une chute régulière des cours (celle-ci eût pu du reste être beaucoup plus dure, si elle n'avait été compensée par une forte hausse parallèle du yen au cours de la période). Il s'agit là d'une situation très fâcheuse pour les perliculteurs, les petits, notamment, dont les retours sur investissement sont insuffisants pour faire face aux remboursements bancaires. Ils sont alors prêts à vendre à n'importe quel prix, participant ainsi eux-mêmes à la 4déflation qui les asphyxie.


Les Japonais, qui commercialisent le plus souvent la perle de Tahiti dans le monde entier en la faisant passer pour un produit japonais, sont très jaloux de leur pouvoir absolu sur la perle. Les Polynésiens en ont parfaitement conscience qui craignent de froisser leurs acheteurs nippons en regardant ailleurs. Signes de faiblesse Les premiers signes de faiblesse se sont néanmoins mainifestés. Le Japon connaît, depuis 1990, une profonde crise économique, sociale et, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, politique. Contrecoup des euphoriques années 80, l'époque est à la remise en cause. La catastrophe de Kobe et les attentats meurtriers du métro de Tokyo sont venus aggraver cette ambiance lourde. Dans un tel contexte, le Japon perd peu à peu le pouvoir absolu qu'il exerçait sur la perle depuis près d'un siècle. D'autres pays producteurs le concurrencent désormais sur son propre terrain : la perle blanche akoya (même si les investisseurs y sont souvent japonais). Mais le Japon avait, jusqu'à présent, su garder le contrôle du négoce. Plus pour longtemps. Hong Kong (qui sera chinoise dans deux ans) est en passe de supplanter Kobe comme capitale mondiale de la perle. En mai 1994, quelques Américains inconnus avaient le culot d'organiser, la première conférence mondiale exclusivement consacrée à la perle où tous les intervenants de la filière pouvaient, pour la première fois, communiquer directement. Les Japonais sont choqués. Tellement, qu'ils réussiront à faire capoter l'entreprise. Une brèche est néanmoins ouverte dans leur système. Autre signe, plus local, de leur désarroi. Lors de la vente de perles du GIE Poe Rava Nui, en octobre 1994, la Japan Black Pearl Association (JBPA), créée à l'initiative de puissants acheteurs japonais de perles de Tahiti, faisait lourdement pression, sans succès, sur le ministre de la Mer, M. Édouard Fritch, pour obtenir une exclusivité sur cette vente. La Polynésie française est l'un des pays les plus exposés aux volontés nippones de sauver ce qui peut l'être encore de cette mainmise mondiale sur la perle, aujourd'hui si contestée. Vis à vis de son principal client, le territoire est en position délicate. Néanmoins, un frémissement apparaît. Le gouvernement territorial, poussé par des motivations politiques et sociales, se montre de plus en plus ferme à l'égard du Japon. Preuve : après avoir désamorcé l'OPA japonaise sur la vente du GIE Poe Rava Nui, M. Fritch, en 1995, se permettait d'opposer une fin de non-recevoir à son homologue japonais qui sollicitait une réactivation des accords de pêche en sommeil depuis trois ans. Il a en outre promis une réglementation de la profession de négociant en perles à compter du 1er janvier 1996. Par ailleurs, les bijoutiers polynésiens offrent de plus en plus de produits de qualité. Ils ont été soutenus dans cette voie, par les grands joailliers français qui, en 1995, ont enfin accordé un peu d'intérêt à la perle noire et ont ainsi permis de mieux la faire connaître en Europe. Les chiffres, eux aussi, semblent indiquer une diversification notable du marché. Selon le GIE Perles de Tahiti, pendant les huit premiers mois de l'année 1995, les parts japonaises auraient ainsi diminué de 84,6% à 63,4% au profit des marchés américain et de Hongkong notamment. Des chiffres qui demandent toutefois à être confirmés. Nippon ni mauvais

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Les échanges entre le Japon et la Polynésie française ne s'arrêtent pas à la perle et au tourisme. En 1994, la part du Japon dans les exportations de produits locaux polynésiens en direction du Japon se chiffrait à 74,6% soit 10,2 milliards de Fcfp sur un total de 15,9 milliards. Certes, la Polynésie importe aussi des produits japonais (des automobiles en particulier - 20% des parts de marché dans ce secteur) mais la balance est nettement excédentaire, le taux de couverture des exportations par les importations étant de 18,3% seulement. Au Japon, la Polynésie vend des nacres et exporte, en petite quantité, des produits agricoles, des fleurs coupées par exemple, ou du poisson (47 tonnes pour les huit premiers mois de 1995). Mais, elle ambitionne beaucoup plus. L'objectif du gouvernement territorial pour 1997 est d'exporter 1 000 tonnes de poisson. Le marché japonais est forcément une cible de choix dans cette perspective. Alors, faut-il craindre une trop grande présence japonaise ou bien, au contraire, appeler de ses voeux et œuvrer pour une plus forte participation nippone à l'économie locale ? Sans doute ni l'un, ni l'autre, comme toujours. Le Japon est, et restera, un élément incontournable de notre développement. Mais celui-ci ne peut s'appuyer entièrement sur les opportunités qu'un seul pays consent à lui offrir. Les produits polynésiens doivent mieux diversifier leurs débouchés et se valoriser davantage avant de s'exporter. C'est notamment le cas de la perle. Le nouveau statut d'autonomie de la Polynésie va donner les coudées plus franches au gouvernement territorial dans le domaine économique. Cette liberté toute neuve doit être utilisée à bon escient. La richesse du Japon fait certes rêver, mais c'est un géant avec lequel il est préférable de jouer prudemment. Patrick Schlouch

Noms propres Air France, 90 Bernut Robert, 90 Bru Claude, 90 DOH Pacific, 90 Electronic Industrial Enterprises (EIE), 90 Flosse Reginald, 90 Fritch Édouard, 90 GIE Perles de Tahiti, 90 GIE Poe Rava Nui, 90 Here Ai'a, 90 Hotel Moana Beach, 90 Hôtel Bora Bora Lagoon Resort, 90 Hôtel Hyatt Regency Tahara'a, 90 Hôtel Kia Ora, 90 6


Énergie : l'impossible indépendance Cadeau de Noël ou rêve de miracle dans l'euphorie des premières années de l'autonomie interne ? La Charte relative à la production, au transport et à la distribution de l'énergie sur l'île de Tahiti, plus simplement Charte de l'Energie, était signée le 24 décembre 1986 pour une durée de dix ans tacitement renouvelable. C'est ce contrat, entre le Territoire et cinq opérateurs, qui définit la politique énergétique de la Polynésie française avec, pour principal objectif, la réduction de sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Perdu au milieu de l'océan Pacifique, le territoire est en effet extrêmement dépendant de ses importations d'hydrocarbures. La Charte de l'énergie, signée le 24 décembre 1986, visait à réduire, autant que possible, cette dépendance par le développement d'une production locale d'électricité d'origine hydraulique et, dans une moindre mesure, solaire. Neuf ans après, cette dépendance dépasse encore largement les 90%. En effet, en 1994 moins de 19% des importations polynésiennes d'hydrocarbures servaient à la production d'électricité. Pour le reste, à l'exception de quelques expériences, intéressantes mais encore anecdotiques, de fonctionnement de moteurs diesel à l'huile de coprah, il n'existe localement à l'heure actuelle aucun substitut sérieux du pétrole susceptible de permettre une réelle diminution de la dépendance énergétique du territoire. «L'objectif du Territoire, à l'échéance de 1995, peut-on lire dans le préambule de la Charte de l'Energie, est de tendre vers la couverture d'environ 50 % de la consommation globale (d'électricité) de l'île de Tahiti par l'exploitation optimale des sites hydroélectriques, visant à moyen ou long terme une stabilisation, voire une baisse des coûts». Les rédacteurs du texte ont bien fait d'être prudents dans le choix des termes. Si l'on “tend” en effet à atteindre cet objectif des 50% en 1995, on en est encore assez éloigné (28,4% seulement en 1994). Seul l'aménagement de la “moyenne” Papenoo (altitude 85 à 25m sur la côte est de Tahiti) dont le lancement était prévu pour le second semestre 1995, pourrait permettre de s'en approcher. Malheureusement, il a fallu revoir à la baisse ce programme de grande envergure en raison des réticences provoquées parmi la population de la vallée et certaines associations de défense de la Nature. Il verra tout de même le jour compte tenu du rôle clé qu'il doit jouer dans la réalisation des objectifs de la Charte de l'Energie à l'échéance de décembre 1996. Néanmoins ses dimensions seront considérablement réduites. Le cahier des charges du programme a été publié en août 1995. Il s'agit de la construction d'une centrale de 8 Mw. Quant à la stabilisation, voire la baisse, des coûts, elle est loin d'être à l'ordre du jour. L'importance des investissements, que ce soit pour la production ou le transport d'électricité hydraulique (respectivement 14,3 - hors moyenne Papenoo - et 8,133 milliards de Fcfp entre 1981 et 1997) a au contraire provoqué (provisoirement assure-ton) un accroissement de la facture au consommateur et l'électricité polynésienne conserve la mauvaise réputation d'être “la plus chère du monde”.


Un objectif forcément provisoire En tout état de cause, le fameux objectif des 50% ne pourra être atteint, s'il l'est jamais, qu'à titre provisoire. En effet, la consommation d'électricité ne cesse de progresser depuis trente ans en Polynésie française sous la double influence du progrès économique et de la démographie. Elle est passée de 6 millions de kwh en 1960 à 295 millions en 1994. Bien que cette progression ait nettement ralenti (l'année 1994 a été de ce point de vue la plus mauvaise de l'histoire d'Electricité de Tahiti - EDT), les responsables prévoient à moyen terme une augmentation annuelle d'environ 3%. Or, les capacités hydroélectriques de Tahiti sont limitées et sa pluviométrie capricieuse. Certains pensent que le programme de la moyenne Papenoo mettra un point final à l'aménagement de l'île. D'autres au contraire, comme Dominique Auroy, directeur général de la société Marama Nui et pionnier de l'hydroélectricité polynésienne, estiment qu'il est encore possible d'installer quelques captages et ainsi de reculer l'échéance. De toute façon, celle-ci ne dépassera pas, au mieux, les années 2 010 - 2 015. Au delà, la part de l'hydroélectricité ne cessera plus de diminuer. Pour plus de 70 % à Tahiti et pratiquement 100% dans les îles (à l'exception de quelques installations solaires dans les Tuamotu et hydroélectriques aux Marquises), l'électricité en 1995 est donc d'origine thermique en Polynésie française. Vers une troisième centrale à Tahiti A Tahiti, EDT est le seul producteur d'électricité de ce type avec 101 Mw de puissance installée répartie sur deux sites : le centre ville de Papeete (45 Mw) et la vallée de la Punaruu sur la côte ouest de Tahiti (56 Mw). La centrale de Vairaatoa, exploitée depuis 1962 dans la ville de Papeete, a longtemps constitué la seule unité de production électrique à Tahiti. Depuis 1989, EDT a ouvert le site de la Punaruu, sur la côte ouest et a effectué des travaux d'aménagement à Vairaatoa pour réduire les nuisances (sonores et vibratoires) de sa centrale urbaine. Punaruu dispose désormais, depuis février 1995, de quatre groupes (pour des impératifs d'entretien, trois seulement fonctionnent en permanence). Un cinquième groupe devrait compléter l'équipement de la centrale avant l'an 2 000 (à propos des centrales de l'EDT voir également le portrait de Gérard Martin, p.26). Au delà, EDT prévoit l'ouverture d'une troisième centrale qui serait située aux environs de Taravao dans l'hypothèse où cette région, et en particulier le port de Faratea, connaîtrait un véritable développement. Dans le cas contraire, elle serait vraisemblablement installée à Papenoo. Aucune indication plus précise sur l'emplacement exact de cette future centrale n'est disponible actuellement. L'énergie au service du tourisme et de la culture L'électricité hydraulique est essentiellement produite à Tahiti par la Compagnie de Développement des Énergies renouvelables Marama Nui créée en 1980. Son capital est notamment détenu à 34% par le Territoire, 30,3% par EDT et 18% par le groupe Auroy. En 1994, Marama Nui a produit 95,2 millions de kwh à partir de ses douze centrales construites entre 1981 et 1993 sur des 2rivières situées sur les versants sud (Vaihiria,


Vaite, Titaaviri), et est de Tahiti (Hitiaa, Papenoo). L'installation de ces centrales a nécessité d'importants travaux d'infrastructure qui ont peu a peu transformé l'intérieur de l'île. Des pistes d'accès ont été construites, permettant désormais la traversée de Tahiti ; des aménagements culturels (marae, sites archéologiques) et touristiques (hôtel) ont été ensuite réalisés, convaincant ainsi peu à peu les adversaires de ces grands travaux de leur aspect positif dans tous les domaines. La société privée Centrale hydroélectrique de Papeete-Papara fournit une production beaucoup plus modeste (1,2 million de kwh par an). Enfin, aux Marquises, la CGEE a installé des équipements hydroélectriques de faible puissance (1,53 million de kwh en 1994). Enfin, en ce qui concerne la distribution d'électricité, elle est entièrement assurée par EDT. Celle-ci est en effet détentrice, d'une part, d'une concession territoriale de trente ans accordée en 1960 et renouvelée en 1990 dont l'étendue géographique, d'abord limitée à la ville de Papeete, s'est progressivement élargie jusqu'à Papara (côte ouest) et Hitiaa O Te Ra (côte est) ; d'autre part, depuis le 1er janvier 1989, EDT détient pour 25 ans la concession intercommunale du Syndicat pour l'électrification des communes du Sud de Tahiti (Sécosud) qui recouvre depuis 1976 le sud de Tahiti et la presqu'île, de Papara à Taiarapu-Est. Enfin, EDT gère la concession de distribution détenue par Marama Nui sur la côte est entre les communes de Hitiaa O Te Ra et Taiarapu-Est. Dans les îles Dans les îles, la production d'électricité est presqu'exclusivement thermique. Les communes en ont organisé l'exploitation de plusieurs façons. Soit en régie, la commune assurant directement la gestion du réseau ; soit par la création de sociétés d'économie concessionnaires gérant le réseau ou le sous-traitant ; soit, enfin, en concédant la gestion du réseau à une société privée. Outre les producteurs autonomes, (certaines communes ou hôtels) deux sociétés assurent à plus grande échelle la production d'électricité dans les îles. C'est surtout Electra, filiale d'EDT qui assure la gestion de l'exploitation grâce à des moyens de production mis à sa disposition par les concessionnaires à Moorea, Huahine, Bora-Bora, Maupiti, Taputapuatea, Tumaraa, Rangiroa, Tahaa et Tubuai. La CGEE Polynésie, filiale de la Compagnie générale d'Electricité, opère pour sa part aux îles Marquises (Nuku-Hiva, Ua Pou, Tahuata), aux Tuamotu (Anaa) et aux Australes (Rimatara). On reste naturellement très éloigné d'une quelconque indépendance énergétique en Polynésie française. D'autant plus que les caprices de la pluviométrie locale rendent les performances des centrales hydroélectriques très aléatoires. EDT est du reste tenue de répondre à tout moment à l'ensemble de la demande d'électricité dans l'île de Tahiti et ainsi de prendre immédiatement le relais de Marama Nui en cas de défaillance. Néanmoins, il faut souligner le fait que Tahiti dispose désormais localement d'équipements et de ressources énergétiques théoriquement suffisants pour satisfaire ses besoins les plus essentiels (services de santé en particulier) en cas de crise. De ce point de vue, on peut dire que l'objectif de la Charte de l'Energie a été partiellement atteint. Patrick Schlouch 3


Le marché des hydrocarbures Tous produits confondus, la Polynésie française a importé 352 416 m3 d'hydrocarbures en 1994. Trois compagnies pétrolières internationales se partagent ce marché : Mobil, Total et Shell. Dans les années 50, Mobil USA s'est d'abord installée, remplacée depuis par Mobil Australie. Cette compagnie opère dans le Territoire par l'intermédiaire d'un agent, la société Service Mobil qui fait partie du groupe Siu. Mobil Oil of Australia a également des activités directes en Polynésie dans le secteur du carburant avion. Avec l'arrivée du CEP dans les années 60, l'armée, pour des raisons évidentes, fit appel à Total, une compagnie française qui créa une filiale locale, Total Polynésie, dont elle détient 100% des parts. Enfin, dans le milieu des années 80, on vit s'implanter Shell-Australie en joint-venture avec un partenaire local. La société Polypétroles & Shell est dirigée par M. Albert Moux. On parle beaucoup de l'arrivée éventuelle d'une quatrième compagnie. Il pourrait s'agir du groupe français Elf. Des études ont été réalisées mais, dans le contexte actuel de faible rentabilité et d'étroitesse du marché, cette hypothèse s'avère assez peu réaliste. Vive concurrence dans la distribution L'essentiel des hydrocarbures importés en Polynésie provient d'Australie. Seul le fioul destiné à l'EDT est acheté à Hawaii. Pour faciliter l'approvisionnement et réduire les coûts, les quatre sociétés pétrolières ont passé un accord en 1988 pour regrouper leurs importations sur un même navire. Le Captain Martin est un tanker de 40 000 tonnes appartenant à Total. Il effectue une livraison tous les 40 jours environ. Le marché est désormais stabilisé et les trois compagnies se le partagent à parts sensiblement égales. Les forces armées restent naturellement le principal client de Total et Shell a remporté l'appel d'offres de l'EDT. Pour ce qui est de la distribution, la concurrence est vive. Le réseau Total est le plus développé avec 28 stations-service. Vient ensuite Mobil, 25 stations, puis Shell, 5 stations. On peut considérer que le secteur des hydrocarbures emploie environ 500 personnes en Polynésie française. Deux mois de stocks La réglementation contraint les compagnies pétrolières à stocker l'équivalent de 20% de la consommation annuelle. Les capacités actuelles permettraient d'aller au-delà puisqu'elle sont de 114 000 m3. Elles appartiennent à Total pour 44%. Mobil et Shell disposent de 28% chacune. Les problèmes de sécurité qui ont pu se poser vers la fin des années 80 sont désormais résolus en grande partie. Il n'y a plus que des hydrocarbures lourds à Fare Ute. Les essences ont été éloignées vers les nouvelles installations de la digue de Taunoa.


Dans les îles Il reste un problème de stockage dans les îles. A l'exception des installations du CEP à Moruroa et Hao, il n'existe pas de véritable dépôt d'hydrocarbures dans les archipels. Seules les centrales électriques disposent de cuves destinées à leur garantir un minimum d'autonomie. Le système actuel repose sur un ravitaillement par les goélettes qui transportent le gasoil dans leurs propres réservoirs et les autres produits en fûts ou en containers. Ce transport représente environ 400 millions de Fcfp de CA que les armateurs souhaitent bien conserver. Toutefois, à la demande des communes et du Territoire, un plan d'installation de stockages dans les îles a été étudié à la fin des années 80. Il prévoyait sept sites aux Marquises, à Rangiroa, Raiatea, Bora-Bora, Moorea et Tubuai. Il s'agissait de garantir une autonomie minimum d'un mois. L'investissement est lourd et entraînera inévitablement un surcoût qui sera répercuté sur le consommateur final, celui de Tahiti en particulier en vertu du principe de péréquation visant à l'égalité des prix à Tahiti et dans les îles. Les négociations entre le Territoire et les pétroliers se poursuivent mais le projet sera probablement revu à la baisse.

Encadré Le Chiffre 75,4 F C'est le montant de la fiscalité prélevée par le Territoire sur chaque litre de super payé 110 F à la pompe. Le pétrolier et le gérant de station service se partagent 15 F, tandis que le litre de carburant livré à Papeete ne coûte que 19,6 F Index Captain Martin, 83 Electricité de Tahiti (EDT), 83 Mobil Oil of Australia, 83 Moux Albert, 83 Polypétroles et Shell, 83 Service Mobil, 83 Siu (groupe), 83 Total Polynésie, 83 Matières Energie Hydrocarbures 2



ASSOCIATION NATIONALE DES MEMBRES DE L'ORDRE NATIONAL DU MÉRITE SECTION DE POLYNÉSIE FRANÇAISE

La perle de Tahiti à la croisée des chemins

Par Didier Sibani Conseiller du Commerce extérieur de la France

Allocution prononcée à l'occasion de l'Assemblée générale annuelle du 16 février 1996


Mesdames et Messieurs, Merci de m'accueillir ce soir dans une assemblée aussi distinguée. Je suis extrêmement sensible à l'honneur que vous me faites. Permettez moi d'adresser un remerciement tout spécial au président Aline pour la confiance qu'il me témoigne en m'invitant à vous parler d'un sujet considéré comme crucial pour l'avenir de notre pays : la perle de Tahiti. Je dois vous l'avouer, j'ai longuement hésité sur la façon de traiter un tel sujet. Après tout, vous êtes réunis pour une soirée amicale. Nous sommes vendredi soir et vous avez sans doute envie et besoin de vous détendre, d'oublier un peu vos soucis et ceux de la Polynésie. J'aurais donc pu, et j'y ai d'abord songé, essayer de vous faire rêver en évoquant une fois de plus ce que l'on a coutume désormais d'appeler "la magie de la perle noire". Il est vrai que la perle de Tahiti véhicule une part importante du rêve polynésien. Il se trouve cependant que ce rêve tourne aujourd'hui au mauvais rêve et que la perle de Tahiti est dans une situation très difficile. Il m'a semblé que, sur un sujet aussi important pour notre avenir, vous aviez droit à une information aussi complète que possible. C'est pourquoi, en accord avec votre président, j'ai pris le parti de vous décrire la situation sans fard.

* Je vois en tout cas avec plaisir, dans l'assistance, beaucoup de jolies femmes parées de bijoux en perles de Tahiti. La perle est devenue, en quelques années, un élément fondamental de notre culture. Elle a pris une place grandissante dans notre vie quotidienne. Les médias s'y intéressent de très près. Les touristes la considèrent comme la spécialité locale la plus prestigieuse. La perle est en train de devenir le symbole de notre Territoire.

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Il est vrai qu'elle y joue un rôle particulièrement important. Ce rôle est d'abord économique. Aux alentours de 10 milliards de Fcfp par an (12 en 1994, 9,4 en 1995), c'est la seconde source de revenus de la Polynésie française après le tourisme. Mais, ce rôle est aussi social et, comme je le disais, culturel. 5 000 personnes vivent de la perle en Polynésie française. La perliculture a permis le retour dans les îles ou le maintien sur place de milliers d'insulaires dans d'excellentes conditions. De formidables espoirs ont été fondés sur cette nouvelle industrie. Et, pendant une décennie, la réalité a dépassé la fiction. Malheureusement, depuis deux ans, tous ces espoirs se sont transformés en craintes et, pour beaucoup, le réveil est cruel. Que s'est-il passé ? Où en est le secteur de la perle aujourd'hui ? Quelles sont les évolutions souhaitables pour l'avenir ?

Voici les trois questions auxquelles je vais tenter de répondre pour vous permettre de comprendre les enjeux qui se présentent. La situation est très complexe. Je vais néanmoins essayer d'être aussi bref et clair que possible. Pardonnez-moi, mais je dois commencer par citer quelques chiffres pour vous aider à bien fixer vos idées. Depuis la naissance de la perliculture en Polynésie française, dans les années 70, la production et les exportations de perles ont constamment augmenté pour atteindre 3,24 tonnes en 1995.

3


En revanche, le prix moyen de la perle, n'a pratiquement pas cessé de chuter depuis 1987, l'année où cette activité a véritablement pris son essor. Il était alors de 9 600 Fcfp le gramme. En 1995, il n'était plus que de 2 900 Fcfp soit une baisse de 70 % (et même de 73 % si l'on tient compte de l'inflation). En 8 ans, la perle de Tahiti a donc perdu près des trois-quarts de sa valeur marchande. Que s'est-il donc passé ? Eh bien, tout simplement, si j'ose dire, nous avons mis tous nos œufs dans le même panier et ce panier s'est percé. Depuis toujours, le Japon exerce un monopole sur nos perles. En 1994, par exemple, 86 % de nos exportations de perles prenaient la direction du Japon. Les 14 % restants étaient si éparpillés parmi tant de pays que l'on peut considérer le Japon comme un marché unique. Pendant toutes ces années, les Japonais nous ont acheté pratiquement toutes nos perles. Leur pays s'enrichissait très vite. Toute une classe moyenne accédait au luxe. Le yen ne cessait de grimper (il est passé de 75 Fcfp - pour 100 yens - en 1987, à près de 107 Fcfp à la mi 95). Le Japon pouvait donc très facilement absorber notre production. D'autant plus facilement que, naturellement, plus la production augmentait, plus les prix baissaient. Et pour compenser cette baisse, les perliculteurs produisaient plus. Simple, Mais le cercle vicieux était établi. De toute façon, les revenus générés par les exportations au Japon restaient très confortables et l'on ne se souciait guère de l'avenir. Nous avions totalement remis le sort de notre produit entre les mains des acheteurs japonais.

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Seulement voilà, les perliculteurs se sont multipliés. Souvent mal formés, mal informés, mal préparés. La production a augmenté dans des proportions insupportables par le marché et, ceci, au détriment de la qualité du produit.

Accroissement rapide et constant de la production + Baisse de la qualité + Faiblesse de la demande

= Chute des cours et Nouvel accroissement de la production destiné à compenser cette chute

Cette formule résume bien le cercle vicieux de la production perlière en Polynésie française.

Côté japonais, les difficultés s'accumulaient. En 1990 - 1991, le Japon est entré dans une crise que les médias internationaux s'accordent à considérer comme la plus profonde et la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sont venus s'y ajouter plus récemment des événements dramatiques comme les attentats terroristes dans le métro de Tokyo et, surtout, le tremblement de terre de Kobe (la capitale mondiale de la perle justement). On comprend, dans ces conditions, que les Japonaises aient d'autres préoccupations que d'acheter des bijoux.

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Dans quelle situation sommes-nous actuellement ? En 1995, la physionomie du marché de la perle de Tahiti a relativement évolué. Les prix ont continué leur chute libre ( - 30,6 % entre 1994 et 1995), mais on a heureusement constaté l'émergence de nouveaux débouchés. Les États-Unis et Hong Kong semblent se positionner comme des acheteurs potentiels fort intéressants. La part du Japon dans nos exportations est revenue à 68 % seulement (contre 86 % en 1994 je vous le rappelle). En Europe, on sent un très net frémissement de la demande, surtout en France, bien que ce marché reste encore marginal. À souligner tout de même l'effort fait l'an passé par les grands joailliers internationaux, et notamment français, pour promouvoir la perle de Tahiti. Un très joli livre a été édité sur ce sujet avec le soutien du GIE Perles de Tahiti. Ce début de diversification de nos débouchés, n'est pas le fruit du hasard. Il est en grande partie le résultat des efforts de certains négociants qui, poussés par la nécessité, ont prospecté de nouveaux marchés plus activement. Je dirai donc que la crise a, d'une certaine manière, des effets bénéfiques. Néanmoins, il serait vain de se voiler la face. De nombreux perliculteurs sont appelés à disparaître. La baisse des cours ne leur laisse plus assez de marge de manœuvre pour faire face à leurs dettes. Le secteur de la production perlière en Polynésie française va donc s'assainir de lui-même, mais à quel prix ? Quel coût social, notre pays devra-t-il payer pour ce rééquilibrage ? Sommes-nous prêts à assumer cette charge ?

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En ce qui me concerne, je ne considère pas ce scénario comme une fatalité. Il y a, j'en suis certain, des moyens de redonner vie à notre perliculture, de sauver les emplois (en tout cas une grande partie d'entre eux) et, sans doute même, d'en créer de nouveaux en exploitant mieux l'ensemble de la filière perle. Pour en arriver là, il faudra toutefois accepter de changer radicalement notre approche du problème et notre stratégie. Jusqu'à présent, la perle de Tahiti a été produite et exportée comme une simple matière première. On sait quel sort est fait aux matières premières depuis quelques années sur les marchés mondiaux. Leurs prix sont en baisse constante et, comme nous le voyons, la perle de Tahiti n'échappe pas au phénomène. La perle de Tahiti, sachez-le Mesdames et Messieurs, est essentiellement vendue en vrac, au poids, en conteneurs, comme de vulgaires bananes, du blé ou du minerai. Ce sont nos acheteurs qui lui confèrent ensuite sa vraie valeur en la triant, en la travaillant et en la distribuant (sans se gêner, du reste, pour la présenter souvent comme un produit d'origine japonaise). Si nous voulons sauver notre industrie perlière, nous devons absolument, et en priorité, reprendre le contrôle de notre produit et procéder nous-mêmes à sa valorisation. Deux conditions à cela : - Ceci doit se faire dans le cadre d'une négociation avec notre acheteur principal, le Japon. Nous ne pourrons pas nous passer de lui du jour au lendemain, c'est clair ! - Nous devrons parallèlement développer de nouveaux débouchés pour absorber, à la fois, l'accroissement constant de la production et la baisse de la demande japonaise. Dans ce but :

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- Pour stimuler la demande internationale, une stratégie de marketing et de communication plus efficace et beaucoup plus ambitieuse est indispensable. Il faut absolument consacrer des moyens suffisants à cette promotion. Je vous rappelle que la promotion du tourisme en Polynésie française, bénéficie d'un budget annuel d'environ 1 milliard de Fcfp, alors que la perle, qui offre pourtant un potentiel comparable, ne mobilisait que 180 millions en 1995. La somme de 300 millions proposée cette année au conseil d'administration du GIE Perles de Tahiti a, pour le moment, été rejetée comme excessive. - Pour soutenir une telle stratégie promotionnelle, nous devons améliorer l'image de la perle de Tahiti en acceptant de mieux nous structurer et d'offrir un véritable service à nos clients. Pour y parvenir : 1 - Il faut d'abord, officialiser très rapidement une classification très stricte du produit. En 1994, dans un rapport que j'avais remis au ministre de la Mer M. Édouard Fritch, je proposais une différentiation très marquée des perles en fonction de leur qualité. Pourquoi ne pas réserver l'appellation prestigieuse de "perle de Tahiti" aux perles de grande qualité, lesquelles ne rencontrent aucun problème de commercialisation ? Pourquoi ne pas distribuer les perles de qualité moyenne et inférieure, les plus difficiles à écouler, sur un créneau totalement différent et sous un autre nom ? Pourrait-on imaginer deux vins, ordinaire et grand cru classé, vendus sous la même appellation générique ?

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La perle de Tahiti, la vraie, celle que les acheteurs recherchent, doit être présentée, promue, vendue et considérée par la clientèle comme un produit de grand luxe. Elle doit devenir un élément principal du rêve polynésien. Alors, tout comme la haute couture entraîne le prêt-à-porter dans son sillage, la perle de Tahiti haut de gamme facilitera la commercialisation de nos autres produits moins prestigieux. 2 - Il faut en même temps assainir le négoce de la perle de Tahiti, en organisant la profession et en structurant la filière. A chacun son métier. Que le perliculteur produise, que le négociant valorise la perle et la commercialise, que le bijoutier la travaille et la transforme. Ceci étant, il serait alors possible de procéder sur place, en Polynésie française, à la valorisation puis, progressivement, à la transformation du produit perle. Rares, encore, sont ceux qui procèdent, à Tahiti, au tri et au calibrage des perles pour les vendre en lots homogènes. Le GIE Poe Rava Nui, qui procède ainsi lors de sa vente aux enchères annuelle, obtient des prix au gramme nettement supérieurs à la moyenne territoriale. On peut encore citer la société Tahiti Promo Perles de Jean-François Dilhan et Jean-Marc Domby, et le Bureau d'Expertise et d'Evaluation de la Perle que j'ai moi-même créé en 1994. La généralisation de ces opérations de valorisation en Polynésie française serait pourtant de nature à créer rapidement, j'en suis convaincu, plusieurs dizaines d'emplois qualifiés et de multiplier par deux les revenus de la perle. Pour ce qui est de la transformation du produit, les choses sont un peu plus compliquées. Il est toutefois parfaitement possible d'envisager la création d'une école de bijouterie et, à terme, d'une (petite) industrie du bijou dans le Territoire. Les produits finis étant, pour l'immense majorité d'entre eux, destinés à l'exportation (soit directement, soit sous forme de vente aux touristes),

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les pierres et métaux précieux indispensables à leur fabrication pourraient être importés en transit temporaire. Leur prix resterait par conséquent compétitif au niveau international. La perle serait naturellement beaucoup moins chère que partout ailleurs. Quant à la main d'œuvre, forcément hautement qualifiée, son coût ne serait guère différent de ce qui se pratique dans les pays industrialisés. Les bijoux "made in Tahiti" pourraient ainsi être vendus à des prix très raisonnables et en tout cas compétitifs sur le marché mondial. D'autant plus que les produits fabriqués en Polynésie française bénéficient (on l'oublie trop souvent) de privilèges fiscaux très importants sur les principaux marchés mondiaux, en particulier en Europe et aux États-Unis. * On le voit, des solutions existent et tous les espoirs nous sont permis. La perle de Tahiti est un joyau unique capable de faire rêver le monde entier et de procurer à notre pays une ressource durable. Il suffit pour cela de s'organiser et de s'en donner les moyens. Pensons un peu plus en termes d'intérêt général et adaptons nous aux réalités du marché plutôt que de vouloir préserver à tout prix des situations désormais intenables et des méthodes dépassées. La perle de Tahiti doit conquérir le monde. C'est mon leitmotiv depuis plusieurs années et nous devons nous battre pour qu'il devienne une réalité. Nous pourrons alors sérieusement compter sur la perle pour assurer une grande partie des ressources et des emplois de l'après-CEP. Mesdames et Messieurs, si vous le désirez, je serai heureux de répondre à vos questions. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite une excellente soirée. Mauruuru

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à la demande de

L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES COMMISSION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE POUR L'ASIE ET LE PACIFIQUE (CESAP) Division de l'analyse des politiques et recherches en développement en coopération avec le Centre des Opérations du Pacifique (CESAP/COP)

Possibilités de développement du commerce de la perle de Tahiti entre la Polynésie française et les pays d'Asie

Auteurs : Didier SIBANI

Patrick SCHLOUCH

Directeur général de la Maison Sibani Perles Conseiller du Commerce extérieur de la France

Journaliste - Consultant Directeur de l'agence de communication Media Conseil Pacifique

Tahiti - mai 1996


SOMMAIRE

A - DONNÉES POUR UNE PRÉ-ÉTUDE DE FAISABILITÉ Possibilités d'expansion du commerce de la perle de culture

1

de Tahiti entre la Polynésie française et les pays d'Asie

A. 1 - Identification du produit A. 2 - Production et exportations A. 3 - Produits dérivés

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A. 4 - Technologie

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A. 5 - Investissement A. 6 - Joint-ventures

4

A. 7 - Marchés à développer, partenaires, marketing A. 8 - La production et la commercialisation de la perle sont-elles influencées par le gouvernement local ? B - OBSTACLES ÉVENTUELS À UN ACCROISSEMENT DE LA PRODUCTION ET DES EXPORTATIONS

5

7

B. 1 - Contraintes de production B. 1. 1 - Foncier B. 1. 2 - Investissement B. 1. 3 - Contacts avec d'éventuels investisseurs étrangers

8 9

B. 1. 4 - Fourniture d'eau et d'électricité B. 1. 5 - Salaires B. 1. 6 - Disponibilité en personnel qualifié B. 1. 7 - Compréhension des pratiques et principes commerciaux

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10


B. 2 - Contraintes commerciales B. 2. 1 - Infrastructures

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B. 2. 2 - Contrôle de la qualité, emballage B. 2. 3 - Connaissances et techniques modernes du marketing B. 2. 4 - Adaptabilité aux changements

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C - MESURES DESTINÉES À SURMONTER LES OBSTACLES

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C. 1 - Possibilités offertes aux producteurs/exportateurs C. 1. 1 - Études de faisabilité C. 1. 2 - Fourniture d'information à des investisseurs potentiels C. 1. 3 - Possibilités de formation

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C. 1. 4 - Observation des tendances du marché au travers des médias C. 1. 5 - Exploration des possibilités de développement par joint-venture et utilisation de nouvelles techniques de production

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C. 2 - Que peut faire le gouvernement pour favoriser le développement de l'industrie perlière ? C. 2. 1 - Mesures d'incitation possibles C. 2. 2 - Faciliter l'accès à l'investissement

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C. 2. 3 - Repérage et développement de nouveaux marchés C. 2. 4 - Développement des ressources humaines - Formation

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C. 2. 5 - Développement des infrastructures C. 2. 6 - Contrôle de la qualité - Emballage - Marketing C. 2. 7 - Incitations à la participation du secteur privé - Joint-ventures C. 2. 8 - Réformes salariales C. 2. 9 - Réformes foncières

ANNEXES 1 - Définition et classification des perles de culture de Tahiti et de leurs produits dérivés 2 - Répartition des exportations de perles de Tahiti par pays en 1995 3 - Les concessions maritimes en Polynésie française 4 - Montant de l'investissement pour la création d'une petite ferme perlière

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A - DONNÉES POUR UNE PRÉ-ÉTUDE DE FAISABILITÉ Possibilités d'expansion du commerce de la perle de Tahiti entre la Polynésie française et les pays d'Asie

A. 1 - Identification du produit De tout temps, les plongeurs polynésiens ont trouvé des perles fines dans leurs lagons. Il s'agissait de perles dites "noires", par opposition à la perle blanche classique. En réalité, elles offraient une palette de couleurs très complète du plus clair au plus foncé avec des reflets bleus, roses ou verts. Dans les années 60, il était devenu exceptionnel de découvrir de telles perles fines. C'est alors que quelques pionniers ont tenté d'appliquer à la nacre polynésienne - pinctada margaritifera - les techniques de greffe mises au point par les Japonais pour leur perle akoya. Après quelques difficultés, les résultats ont commencé à être très satisfaisants au début des années 70. On a obtenu une perle de culture de grande qualité aujourd'hui dénommée "perle de culture de Tahiti" et définie (encore officieusement à ce jour) selon des critères de taille (généralement comprise entre 8 et 13 mm, plus rarement jusqu'à 16 mm et même, exceptionnellement, 18 mm), de forme (ronde, demi-ronde, poire, baroque, etc.), de surface et de lustre. (pour plus de détails v. Annexe 1)

A. 2 - Production et exportations La production et surtout les exportations de perles de culture de Tahiti à l'échelle industrielle ont vraiment commencé en 1987. La production se confond en fait avec les exportations car les ventes de perles sur le marché local sont comparativement négligeables. En 1987, la Polynésie française avait exporté 407 kg de perles pour une valeur totale de 2 milliards de XPF (21.05 millions de USD - 1 USD/mai 1996 = 95 XPF). En 1995, les exportations polynésiennes atteignaient 3.24 tonnes pour une valeur de 9.4 milliards de XPF (98.95 millions de USD). En neuf ans la quantité de perles exportées a été multipliée par 8.1. Mais, dans le même temps, leur valeur globale n'était multipliée que par 4.7.

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Pendant toute cette période, le Japon a été pratiquement le seul importateur de perles de Tahiti. En 1994, ce pays achetait encore 84.6 % de la production perlière polynésienne. Mais la crise économique qui le frappe depuis 1991 (aggravée en 1995 par le tremblement de terre de Kobe, capitale de la perle) et l'accroissement rapide de la production de perles de Tahiti ont provoqué depuis quelques années une forte chute des cours. Les exportateurs polynésiens ont par conséquent essayé de développer de nouveaux marchés. Un début de diversification a pu être constaté en 1995, année durant laquelle les achats japonais n'ont représenté que 76 % du total des exportations de perles de Tahiti en poids et 72 % en valeur. Cette diversification a surtout bénéficié aux États-Unis mais également à l'Asie avec une forte croissance des exportations vers Hong Kong, la Corée du Sud, Singapour et la Thaïlande. D'autres pays d'Asie, comme les Philippines, Taiwan et la Malaisie constituent des cibles intéressantes. On trouvera en annexe 1, un récapitulatif complet des exportations de perles de Tahiti par pays en 1995 (source GIE Perles de Tahiti). La perle de Tahiti est surtout produite dans l'archipel des Tuamotu-Gambier et, un peu, dans l'archipel de la Société (Iles sous le Vent). Cette activité fait vivre 5 000 personnes environ en Polynésie française, mais la moitié de la production est contrôlée par une seule, M. Robert Wan. L'autre moitié se répartit entre une dizaine de producteurs "moyens" et plusieurs centaines de "petits" perliculteurs.

A. 3 - Produits dérivés La perle de Tahiti est essentiellement produite et exportée comme une matière première brute. Les perles sont en grande majorité expédiées en vrac sur les marchés étrangers où elle sont ensuite triées et valorisées pour une utilisation en bijouterie-joaillerie (colliers, pendentifs, bagues, bracelets, boucles d'oreilles, etc.). La Polynésie française exporte aussi des keshis (petites perles de forme irrégulière), des mabe (demi-perles incluses dans les coquilles de nacre) et des nacres (utilisées pour la fabrication d'accessoires vestimentaires (bijoux et boutons en particulier). La valeur et le volume de ces produits sont de très loin inférieurs à ceux des perles de culture brutes.

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A. 4 - Technologie La perle de culture de Tahiti est obtenue à partir de la nacre à lèvres noires, pinctada margaritifera. Celle-ci est greffée par insertion d'un nucleus sphérique fabriqué à partir de la coquille d'une moule d'eau douce provenant essentiellement des États-Unis. La greffe est une opération chirurgicale très délicate qui doit être effectuée par des spécialistes. Les greffeurs japonais restent encore aujourd'hui les meilleurs et les plus recherchés. Pendant les dix-huit mois (environ) de maturation dans l'eau d'un lagon, la nacre va sécréter des couches successives de nacre autour du nucleus pour former la perle de culture. La qualité de la perle, qui dépend de multiples paramètres très difficiles à maîtriser, sera très variable. On estime généralement que, en moyenne, sur 100 perles récoltées, 20 sont de très bonne qualité, 60 de qualité moyenne et 20 sont invendables. À noter que, ces dernières années, par l'application d'une technique de "surgreffe", c'est-àdire de la greffe d'une nacre venant déjà tout juste de produire une perle avec un nucleus plus gros, on obtient des perles de taille supérieure et, par conséquent, souvent de plus grande valeur. La perliculture est pratiquée dans des fermes perlières construites en bordure des lagons ou même parfois sur pilotis dans les lagons. Officiellement, 1 218 fermes de ce type ont été autorisées en Polynésie française mais, de source tout aussi officielle, environ 500 seulement, seraient en activité. (v. annexe 2 - Les concessions maritimes)

A. 5 - Investissement L'investissement minimum pour l'établissement d'une ferme perlière digne de ce nom est d'environ 2.5 millions de USD. (v. Annexe 3) Il est d'abord nécessaire d'obtenir une concession maritime du gouvernement local sur une portion de lagon. Ces concessions ne coûtent presque rien (les loyers annuels sont dérisoires), mais elles sont accordées de plus en plus difficilement compte tenu du nombre de demandes et jamais à des personnes ou entreprises non originaires de l'île concernée ou, au moins, du Territoire de Polynésie française. Il faudra ensuite construire les bâtiments, acquérir le matériel de plongée, de stockage des nacres, les bateaux, etc. Lorsque tout est prêt, il faut acheter des nacres à greffer.

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Une partie très importante de l'investissement (jusqu'à 50 % parfois) est consacrée à la greffe des nacres. Il faut également prévoir le fonctionnement de l'entreprise pendant les trois années qui précèdent la première récolte de perles.

A. 6 - Joint-ventures Les habitants des îles Tuamotu-Gambier, titulaires de concessions maritimes disposent très rarement des moyens financiers nécessaires à un tel investissement. Ils parviennent parfois à emprunter aux banques mais celles-ci sont de plus en plus méfiantes. L'alternative consiste à créer une joint-venture avec un partenaire qui apportera les moyens financiers et techniques pour l'exploitation de la concession. Ces partenaires sont presque toujours polynésiens eux-mêmes, en tout cas français. Les investissements étrangers dans la perle de Tahiti sont, jusqu'à aujourd'hui, pratiquement inexistants.

A. 7 - Marchés à développer, partenaires, marketing Jusqu'en 1995, la destination de presque toutes les perles produites à Tahiti était le Japon. Auparavant, très peu d'efforts étaient faits en matière de marketing puisque de toute manière, toute la production était systématiquement achetée. Cet état de fait s'est accompagné d'une baisse des cours inversement proportionnelle à l'accroissement régulier de la production. Les choses ont commencé à bouger à partir de 1994. Une association créée à Kobe cette année là par les principaux acheteurs de perle de culture de Tahiti (4 ou 5 importateurs tout au plus), la Japan Black Pearl Association (JBPA), avait exigé, et obtenu, de la Polynésie française qu'elle participe pour moitié au financement de la promotion de sa perle au Japon. Les principaux producteurs de perles associés au gouvernement territorial créèrent alors un groupement d'intérêt économique, le GIE Perles de Tahiti (GIE PdT), dont la première mission est d'assurer et de financer la promotion de la perle de Tahiti dans le monde. En 1995 et en 1996, une somme de 1.05 million de USD a été affectée à la JBPA qui contrôle totalement l'utilisation de ces fonds.

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Avec la crise du marché japonais et la nécessité de diversifier les marchés, le rôle du GIE PdT s'affirme. Son budget est essentiellement alimenté par une subvention du gouvernement territorial. Cette subvention est égale à 45 % du montant total du rendement de la taxe instituée sur l'exportation des perles de Tahiti. Depuis 1994, de manière à encourager l'exportation de perles de qualité, cette taxe est calculée au poids. Son montant est de 1,62 USD par gramme de perle exportée. Grâce à l'accroissement constant du volume et du poids des exportations, ce système s'est révélé très rentable. Le budget du GIE PdT a pu ainsi s'accroître rapidement. Il a augmenté de 22 % en 1996 par rapport à 1995 passant de 2 505 200 à 3 063 200 USD. Avec ces moyens accrus, le GIE PdT a pu lancer cette année des opérations ambitieuses aux États-Unis, en Europe et, dans une moindre mesure, en Asie (210 000 USD seront consacrés à ce marché en 1996. 1,26 million de USD si l'on inclut le Japon). Traditionnellement, les importateurs de perles de Tahiti sont des grossistes qui valorisent la perle en la triant, en la sélectionnant avant de la revendre aux bijoutiers. Désormais, pour diversifier les marchés, il va falloir de plus en plus valoriser les perles sur place à Tahiti, de manière à pouvoir servir directement les bijoutiers. Les marchés à développer en Asie se trouvent par conséquent partout où une industrie de la bijouterie existe, c'est-à-dire dans presque tous les pays. Hong Kong, Singapour, Thaïlande, Malaisie et Philippines semblent toutefois se monter les plus prometteurs.

A. 8 - La production et la commercialisation de la perle sont elles influencées par la politique gouvernementale locale ? On a déjà vu que le gouvernement détient la clé de la production puisque c'est lui qui accorde ou non les concessions maritimes nécessaires à la pratique de la perliculture. C'est également lui qui fixe les taxes à l'exportation dont le montant, calculé sur le poids (v. plus haut), prend de plus en plus d'importance par rapport au prix total de la perle qui ne cesse de baisser depuis plusieurs années. Lorsque l'on étudie le rythme d'attribution des concessions maritimes au cours des dernières années, il est clair que la politique du gouvernement est d'encourager la production (v. Annexe 3)

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En ce qui concerne la commercialisation de la perle de Tahiti, le gouvernement a laissé faire. Il n'existe aucune règle en la matière (à l'exception des déclarations en douanes pour les exportations et le paiement de la taxe). N'importe qui peut vendre n'importe quoi, n'importe comment et n'importe où à n'importe qui et au prix qu'il veut. On assiste ainsi à des pratiques particulièrement néfastes pour l'image du produit dans lesquelles de petits perliculteurs souvent pris à la gorge par les échéances bancaires, bradent leurs lots de perles à des prix ridicules soit à des acheteurs étrangers venus sur place soit en se déplaçant eux-mêmes sur les marchés. On évoque depuis plusieurs années l'organisation du négoce de la perle et une classification officielle de celle-ci. Aucune n'a encore vu le jour.

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B - OBSTACLES ÉVENTUELS À UN ACCROISSEMENT DE LA PRODUCTION ET DES EXPORTATIONS

B. 1 - Contraintes de production B. 1 . 1 - Foncier La perliculture se pratique essentiellement en milieu lagunaire. Or, le statut juridique des lagons polynésiens est resté assez flou jusqu'à l'adoption, en avril 1996, du nouveau statut d'autonomie de la Polynésie française qui reconnaît l'appartenance des lagons au domaine public du Territoire. Néanmoins, ce dernier se comportait déjà en propriétaire des lagons depuis 1984 en accordant ou en refusant les autorisations d'occupation sollicitées par les particuliers ou les sociétés. La situation est donc désormais éclaircie et officialisée. Les exploitations perlières disposent de concessions maritimes variant d'un hectare (superficie considérée comme minimale) à 230 hectares de lagon. Les concessions ont été largement distribuées dans le passé. En 1994, le gouvernement territorial a annoncé une politique plus restrictive en matière d'accès à la ressource, notamment dans un souci de protection écologique. Mais, sous la pression des Paumotu (les habitants des Tuamotu, dont le poids politique est très fort en raison de la "sur-représentation" des îles à l'Assemblée territoriale ou parlement local) il a en réalité poursuivi une politique assez laxiste dans ce domaine. L'obtention d'une concession n'est pas affaire d'argent. Le loyer d'une portion de lagon moyenne se situe entre 500 et 1 000 USD par an. Même sans moyens financiers, tous les habitants des Tuamotu possédant un terrain en bord de lagon peuvent donc très facilement obtenir un droit d'exploitation. Les concessions sont accordées à long terme. Depuis le début des années 90, un grand programme de recherche mettant en œuvre le satellite français Spot, a permis une meilleure connaissance des lagons polynésiens et ainsi d'améliorer leur gestion.

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On peut considérer qu'il existe de grandes réserves d'espace lagunaire encore disponibles pour la perliculture. La Polynésie compte plus d'une centaine d'atolls et d'îles hautes avec des lagons de grande superficie et l'on est encore très loin d'avoir occupé tous les endroits favorables à la perliculture. On estime que le potentiel maximum de production perlière de la Polynésie française se situe approximativement à 7 tonnes par an soit le double de la production de l'année 1995. Au-delà, les risques écologiques seraient semble-t-il trop importants. B. 1. 2 - Investissement Jusqu'en 1993-1994, l'accès au crédit pour investir dans la perliculture en Polynésie française était très facile. Pour des raisons à la fois politiques, sociales et économiques, le gouvernement a fortement encouragé la création de fermes perlières dans les atolls des Tuamotu et, plus récemment, aux Iles sous le Vent. Il souhaitait en cela favoriser le retour dans les îles de centaines de familles ayant émigré vers Tahiti depuis l'installation en Polynésie française du Centre d'Expérimentation du Pacifique (CEP) dans les années 60. La perliculture s'est développée dans l'euphorie. D'énormes fortunes ont été réalisées en relativement peu de temps et l'on a assisté à une véritable "ruée vers la perle". Cependant, les perliculteurs n'avaient le plus souvent aucune formation dans leur nouveau métier et encore moins de connaissances en gestion d'une entreprise. Avec la chute des cours, les difficultés ont commencé. Pour faire face aux échéances bancaires, les petits perliculteurs ont alors vendu leurs perles à n'importe quel prix, nourrissant ainsi eux-mêmes le processus de déflation qui les étranglait. Depuis quelques années, les banques sont beaucoup plus frileuses et n'accordent plus à la perliculture le même crédit que dans le passé. Les détenteurs de concessions maritimes éprouvent donc souvent les plus grande difficultés à investir dans le développement de leur ferme perlière. La tendance actuelle est par conséquent à la concentration des investissements et au rachat des exploitations en difficulté par les perliculteurs les plus importants. Cette tendance est naturellement contraire à l'objectif social du gouvernement qui souhaite maintenir un niveau d'emploi aussi élevé que possible dans les îles. Il pourrait par conséquent accueillir assez favorablement la constitution de joint-ventures entre détenteurs de concessions maritimes et investisseurs extérieurs.

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B. 1. 3 - Contacts avec d'éventuels investisseurs étrangers Il est clair que ces contacts sont très difficiles. Les Paumotu, possesseurs de concessions maritimes sont le plus souvent des personnes peu éduquées, parlant assez mal le français et encore moins l'anglais. Ils sont totalement désarmés dans la recherche d'un partenaire financier. L'idée même de ce type de démarche, outre-mer de surcroît, leur est le plus souvent totalement étrangère. Depuis plusieurs années, le gouvernement de la Polynésie française encourage la venue d'investisseurs extérieurs dans le Territoire. La perliculture fait partie de la liste des secteurs d'activité éligibles à l'agrément au Code des Investissements (avantages et procédures incitatives à l'investissement). Néanmoins, jusqu'à présent, nous l'avons déjà évoqué, les investissements étrangers dans la perliculture polynésienne sont pratiquement inexistants. B. 1. 4 - Fourniture d'eau et d'électricité Dans les atolls des Tuamotu, il n'y a ni rivières ni nappes d'eau douce. Les habitants doivent stocker l'eau de pluie dans des cuves. Heureusement, les précipitations sont généralement abondantes et l'on ne note pas de problème particulier dans ce domaine. En outre, avec l'accroissement de la richesse grâce aux perles, les Paumotu importent de plus en plus d'eau en bouteille, une tendance du reste générale dans toute la Polynésie française où l'eau du robinet n'est réellement potable que dans deux communes sur quarante-huit (Papeete et Bora Bora où le service de distribution de l'eau a été privatisé). En ce qui concerne l'électricité, elle est fournie par des groupes électrogènes à moteur. Dans les années 80, la plupart des atolls ont été gratuitement équipés d'installations solaires par l'État français. Malheureusement, faute d'entretien minimum, ces installations se sont peu à peu détériorées et l'on revient progressivement dans toutes les îles à la petite centrale thermique ou au groupe électrogène familial. B. 1. 5 - Salaires Le salaire minimum légal en Polynésie française est de 895 USD par mois. Ce chiffre est indexé sur l'indice des prix à la consommation. Il est automatiquement corrigé chaque fois que la hausse des prix dépasse 2 % (depuis 1988, le taux d'inflation annuel en Polynésie française a été en moyenne de 1.5 %).

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À ce salaire, il faut ajouter les charges sociales obligatoires soit 14.62 % à la charge de l'employeur (le salarié paie de son côté 9.56 %). Par mois, le coût total minimum d'un salarié est donc de 1 026 USD. La loi prévoit en outre deux jours ouvrables par mois de congés payés. B. 1. 6 - Disponibilité en personnel qualifié La perliculture exige à la fois du personnel très qualifié (encadrement, greffeurs, plongeurs) et du personnel sans qualification particulière pour les travaux courants sur les nacres. Il n'y a pas actuellement de réel problème de disponibilité de personnel qualifié sauf pour l'encadrement (mais c'est une règle générale en Polynésie française dans tous les secteurs d'activité). Il pourrait toutefois s'en présenter en cas de fort développement du secteur. En ce qui concerne les greffeurs, ce sont encore les spécialistes japonais, en dépit du coût élevé de leurs prestations, qui sont les plus recherchés par les perliculteurs car ce sont eux qui obtiennent, de très loin, les meilleurs résultats. On a pu néanmoins constater, ces derniers temps, de la part du gouvernement, une tendance au protectionnisme par le refus de permis de travail pour des greffeurs japonais. Ce comportement pourrait être évidemment un obstacle important au bon développement de l'industrie. Quant aux petits perliculteurs, faute de moyens, ils font de plus en plus appel à des greffeurs chinois, moins chers, ou locaux. Ils greffent même désormais leurs nacres euxmêmes dans de nombreux cas. Une école de greffe a été ouverte par le gouvernement local à Rangiroa, le plus important atoll des Tuamotu. Pour ce qui est des plongeurs, le problème est très différent. Il y a énormément de candidats à cette profession mais certains vides juridiques et un laisser faire systématique des autorités, pour des raisons essentiellement économiques, ont entraîné le recrutement de nombreux plongeurs ne possédant pas les certificats de qualification requis. Il s'en est suivi un certain nombre d'accidents, parfois mortels. Ces problèmes font actuellement l'objet d'un débat dans le pays. Il faut tout de même remarquer que le gouvernement, par le biais de ses services spécialisés, organise régulièrement des sessions de formation à la plongée et aux métiers de la perliculture.

B. 1. 7 - Compréhension des pratiques et des principes commerciaux 10


Il y a évidemment dans ce domaine un frein au développement des échanges commerciaux. Jusqu'à présent, nous l'avons déjà dit, l'anarchie la plus totale règne sur le marché de la perle de Tahiti. Plusieurs systèmes de commercialisation des perles coexistent. Plus de la moitié de la production est systématiquement exportée au Japon, en vrac, par un seul gros producteur (le groupe Wan). Le reste est vendu selon des méthodes très variables. Quelques dizaines de petits producteurs réunis en groupement d'intérêt économique (le GIE Poe Rava Nui) bénéficient de l'organisation d'une vente aux enchères annuelle. Ces dernières années ce groupement a toutefois beaucoup perdu de son influence. Au début de l'année 1995, un nouveau GIE (Tahiti Pearl Producers - GIE TPP) a vu le jour dans le but de rassembler les producteurs de taille "moyenne". Ce nouveau GIE a organisé avec succès sa première vente aux enchères au mois d'avril. En réalité, ces ventes aux enchères ne concernent qu'une partie infime de la production polynésienne. À titre d'exemple, la vente du GIE TPP n'a rapporté que 3,9 millions de USD environ (à comparer avec les 98,95 millions de USD des exportations de 1995). Les petits perliculteurs sont le plus souvent démarchés par des acheteurs étrangers qui se déplacent dans les îles. Parfois, lorsqu'ils ont un urgent besoin de trésorerie, il leur arrive de se rendre eux-mêmes sur les marchés étrangers pour essayer d'écouler quelques lots de perles, souvent passés en fraude à la douane et généralement à des prix cassés. Toutes ces pratiques sont dénoncées depuis des années et le gouvernement promet une réglementation du négoce qui n'a toujours pas vu le jour. Des possibilités de meilleure formation à la gestion et aux affaires existent en Polynésie française offertes soit par l'Administration soit par des organismes privés.

B. 2 - Contraintes commerciales B. 2. 1 - Infrastructures

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Ce point particulier n'est pas un obstacle au développement des échanges. Les perles ne constituent pas un produit très volumineux. Elles voyagent par avion depuis les sites de production dans les îles jusqu'à Tahiti d'où elles sont exportées. Presque tous les atolls où la perliculture est pratiquée disposent d'une piste d'aviation. B. 2. 2 - Contrôle de la qualité, emballage Aucun problème concernant l'emballage puisque les perles sont en très grande majorité exportées soit en vrac, en grande quantité, soit en lots sous sachets plastiques. Le contrôle de la qualité, en revanche, n'est pas assuré comme il faudrait pour garantir une confiance absolue des importateurs. Il n'existe à ce jour encore aucune classification officielle des perles. Cette classification a été promise par le gouvernement et le GIE PdT pour cette année 1996, mais son entrée en vigueur se heurte à de nombreux intérêts particuliers et habitudes acquises. Un projet de texte devrait néanmoins être adopté très prochainement par l'ensemble des organisations professionnelles de producteurs et par le gouvernement territorial (v. ce texte en Annexe 1). Actuellement, chaque perliculteur et chaque négociant applique sa propre classification. Cela crée une confusion très préjudiciable à l'image du produit. Les perles sont généralement classées (en fonction de leur taille, de leur forme, de leur couleur, de leur surface et de leur lustre) en catégories A, B, C et D auxquelles on ajoute un chiffre A1, A2, etc. de manière à préciser le niveau de qualité. Malheureusement, en l'absence de contrôle officiel reconnu, cette méthode n'apporte aucune garantie à l'acheteur. B. 2. 3 - Connaissances et techniques modernes du marketing Encore mal connue dans le monde, la perle de Tahiti rencontre des difficultés à se positionner sur les marchés en tant que produit.

Ce problème vient d'abord du fait que les perles sont très diverses en qualité. De la perle ronde, de gros diamètre, de couleur et de lustre parfaits, à la perle de qualité médiocre, sans forme, petite et terne, toutes les perles ont la même appellation, sont régies par la même réglementation, la même fiscalité, etc. Il s'ensuit une confusion particulièrement dommageable à l'image "haut de gamme" que le gouvernement, les producteurs et tous les intervenants de la filière souhaiteraient pour la perle de Tahiti. 12


La recherche de nouveaux débouchés pour la production perlière est à la fois effectuée par les producteurs et les négociants eux-mêmes et par le gouvernement en association avec le GIE PdT auquel est reversée, dans ce but, une partie importante de la fiscalité perlière à l'exportation. B. 2. 4 - Adaptabilité aux changements On ne peut pas dire que la Polynésie française, d'un point de vue économique, s'adapte très facilement aux changements. La filière perle n'échappe pas à cette règle générale. Le poids des habitudes y est très fort. Néanmoins, avec la fin de l'ère nucléaire et le départ du CEP, les Polynésiens prennent peu à peu conscience de la nécessité de mieux s'adapter aux contraintes économiques et commerciales. Le phénomène est néanmoins très récent et il faudra encore du temps pour que les bons réflexes entrent dans les mœurs économiques locales.

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C - MESURES DESTINÉES À SURMONTER LES OBSTACLES

C. 1 - Possibilités offertes aux producteurs/exportateurs C. 1. 1 - Études de faisabilité Aucune étude statistique sérieuse n'a jamais été menée sur la perle de culture de Tahiti. L'industrie s'est développée dans le flou le plus total. Certes, à l'origine, le besoin de telles études ne se faisait pas sentir puisque, de toute façon, la quasi-totalité de la production était systématiquement vendue à prix intéressant aux acheteurs japonais. Avec l'accroissement constant de la production, la chute parallèle des cours et la crise du marché japonais, cette question vient à l'ordre du jour. Mais les études sont chères. En outre, le recours à ces méthodes ne fait pas encore partie de la culture économique locale. On attend généralement que de telles initiatives soient prises par l'Administration. On peut donc imaginer que seuls les gros exportateurs sont à même de mener des études de faisabilité sérieuses dans l'optique d'un accroissement de leur production. Pour ce qui est des petits fermiers, les GIE qui les regroupent pourraient éventuellement financer des opérations de ce type. Néanmoins, d'après les informations dont nous disposons, il ne semble pas que les producteurs de perle de Tahiti considèrent le lancement d'études comme une priorité. C. 1. 2 - Fourniture d'information à des investisseurs potentiels Le secteur de la perle est traditionnellement très secret. Ce n'est que depuis quelques années seulement qu'il s'ouvre peu à peu et que les intervenants de la filière prennent conscience de l'importance d'une bonne information. La Polynésie française n'échappe pas à cette règle. Aucune information réellement fiable, à l'exception des statistiques officielles du service des Douanes et du service de la Mer, n'était disponible jusqu'à un passé très récent. Même les médias locaux ne disposaient pas de données fiables sur la filière perle.

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Depuis le début de l'année 1996, le GIE PdT a créé deux lettres d'information bimestrielles - Tahiti Pearl News et Perles de Tahiti News - dans lesquelles il diffuse enfin une information claire et vérifiable. La première de ces lettres, rédigée en anglais, est diffusée à destination des partenaires économiques et commerciaux des producteurs de perle de culture de Tahiti dans le monde. La seconde, en français celle-ci, s'adresse plus particulièrement aux intervenants de la filière perle en Polynésie française. C. 1. 3 - Possibilités de formation Le gouvernement local de Polynésie française accorde une importance extrême au secteur de la perle considéré comme l'une des principales ressources du pays destinées à remplacer progressivement les transferts financiers de l'État français à la suite de l'arrêt de essais nucléaires. Depuis plusieurs années déjà, le gouvernement a pris conscience de la nécessité d'assurer une meilleure formation aux perliculteurs. Néanmoins, cette formation se limite aux techniques professionnelles. C'est ainsi qu'une École des métiers de la perliculture a été ouverte à Rangiroa, chef-lieu des Tuamotu. Des stages d'initiation ou de recyclage sont aussi régulièrement organisés chaque année. Du point de vue de la gestion, de la comptabilité, du commerce et de la création d'entreprises, on n'en est qu'au début. Nous pensons que ce type de formation va tendre à se développer dans le pays. Il existe déjà des instituts privés spécialisés dans ces domaines mais les perliculteurs paumotu ne les fréquentent guère (problèmes de langue, de déplacement à Tahiti, d'information, etc.) C. 1. 4 - Observation des tendances du marché au travers des médias Une fois encore, ce type d'attitude ne fait pas encore partie de la culture locale. Seuls les gros producteurs qui sont le plus souvent des Chinois ou des "Demis" (métis) éduqués suivent très soigneusement les évolutions économiques et commerciales. Aux Tuamotu, les petits fermiers reçoivent la télévision et la radio locales, les journaux également dans certains atolls, mais l'information concernant leur activité professionnelle y est rare et peu fiable.

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C. 1. 5 - Exploration des possibilités de développement par joint-venture et utilisation de nouvelles techniques de production Nous l'avons déjà signalé, la joint-venture est encore assez peu répandue dans le domaine de la production perlière et encore moins avec des partenaires étrangers. Néanmoins, la conjoncture est assez favorable à un développement de ces joint-ventures. Cela nécessite toutefois beaucoup de prudence et d'attention de la part des investisseurs étrangers potentiels. Il est nécessaire de prendre de bonnes informations préalables sur la qualité de leur partenaire local. Surtout, sous peine d'échec, il faudra absolument prendre en compte l'aspect culturel de l'investissement, intégrer les populations locales dans le projet, faire un gros effort d'information et d'explication. En revanche, nous pouvons dire que certains perliculteurs seront de plus en plus intéressés par ce type d'opération et feront preuve de grand sérieux. Quant aux nouvelles techniques, les producteurs y sont relativement ouverts à condition d'obtenir la bonne information, ce qui, nous l'avons vu, n'est pas évident.

C. 2 - Que peut faire le gouvernement pour favoriser le développement de l'industrie perlière ? C. 2. 1 - Mesures d'incitation possibles La perliculture figure sur la liste des activités éligibles au Code des Investissements en Polynésie française. Ce code est actuellement la pièce maîtresse du gouvernement en matière d'incitation à l'investissement. Il permet d'obtenir des exonérations fiscales sur les dépenses d'infrastructure, d'aménagement de l'environnement, d'équipement, de mobilier, d'outillage et de frais divers annexes. Par le biais du GIE PdT dont il est membre en association avec les principaux producteurs de perles, le gouvernement participe aux opérations de promotion de la perle de culture de Tahiti dans le monde. Le GIE organise des manifestations telles que les Journées internationales de la perle de Tahiti au mois de juin à Papeete. Il ouvre un stand à la disposition des Polynésiens dans les grandes foires internationales (Bâle, Las Vegas, Hongkong, ...). Il finance des campagnes publicitaires et des opérations de relations publiques. Tous ces types d'action sont susceptibles d'être développés. En revanche, sauf à les remplacer par d'autres prélèvements obligatoires, il ne nous semble pas réaliste d'envisager une réduction des taxes à l'exportation.

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C'est en effet cette taxe (d'un montant, rappelons-le, de 1,62 USD par gramme de perle exportée) qui constitue le principal des recettes du GIE. Le gouvernement reverse 45 % de cette taxe, soit 0,73 USD par gramme, au GIE PdT. Par conséquent, plus la Polynésie exporte de perles, plus le GIE PdT dispose de moyens pour financer la promotion. Néanmoins, le montant de la taxe étant fixe, avec la forte baisse du prix moyen de la perle, l'incidence de la fiscalité ne cesse de croître. C. 2. 2 - Faciliter l'accès à l'investissement Dans les années 80, l'accès à l'investissement perlier était particulièrement aisé. Sur instructions des autorités, la banque SOCREDO (Société de Crédit et de Développement Outremer), la banque de développement polynésienne, prêtait très facilement à des taux intéressants. Elle fut très vite suivie sur cette voie par les banques privées impressionnées par les réussites fulgurantes de quelques pionniers et sécurisées par la volonté politique du gouvernement d'inciter les Paumotu à retourner vivre dans leurs îles grâce à cette nouvelle activité. Toutefois, s'il y eut quelques fortunes spectaculaires, les établissements financiers eurent à souffrir depuis la fin des années 80 des difficultés de dizaines de petits fermiers pris à la gorge par des coûts de production dont personne ne les avait réellement informés et par la brutale chute des cours de la perle. Aujourd'hui, les temps sont à la prudence et les crédits beaucoup plus difficiles à obtenir. Néanmoins, avec la baisse générale des taux d'intérêt, l'investissement reste raisonnablement accessible. C. 2. 3 - Repérage et développement de nouveaux marchés Le gouvernement n'agit pas directement dans le domaine de la promotion de la perliculture et de la perle de Tahiti. Ce rôle, nous l'avons vu, est celui du GIE PdT. En 1996, celui-ci va consacrer plus de 3 millions de USD à des opérations de marketing, de publicité et de promotion notamment au Japon (1,05 million de USD), aux États-Unis (630 000 USD), en Europe et en Asie (hors Japon) (210 000 USD chacune). C'est un effort important. On peut toutefois remarquer que le budget promotionnel de la perle de Tahiti ne représente que 3 % du chiffre d'affaires de l'industrie perlière polynésienne. En outre, rappelons-le, sur ces 3 %, 1 % est versé directement à la Japan Black Pearl Association (JBPA) tandis qu'une autre part, moins importante, revient à la Tahiti Pearl Association (TPA), partenaire du GIE aux États-Unis.

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Cela signifie que près de la moitié du budget de promotion de la perle de Tahiti échappe en réalité aux Polynésiens. Ces fonds sont confiés aux deux associations partenaires qui les gèrent à leur guise. Par comparaison, la Polynésie française consacre chaque année environ 10 millions de USD à la promotion de sa première industrie : le tourisme. Il est donc clair que le gouvernement polynésien pourrait, en partenariat avec la profession, améliorer notablement la promotion de la perle de Tahiti sur les marchés mondiaux. Le chiffre de 5 % du chiffre d'affaires global du secteur (soit actuellement 5 millions de USD) nous paraît un objectif à la fois souhaitable et raisonnable (les industries du luxe consacrent généralement jusqu'à 12 % et plus de leur chiffre d'affaires à la publicité et au marketing, mais la perle de Tahiti n'est pas encore, et c'est dommage, suffisamment positionnée comme un véritable produit de luxe). C. 2. 4 - Développement des ressources humaines - Formation C'est naturellement un domaine où il y a fort à faire. Il est nécessaire d'améliorer la formation des plongeurs ainsi que la réglementation de leur activité de manière à en finir avec les multiples accidents qui surviennent chaque année dans les lagons. Il faut former les perliculteurs aux techniques de production de manière à sauvegarder la qualité du produit et enrayer la chute des cours. Il faut surtout les entraîner à la gestion de leur entreprise. Le gouvernement agit mais encore trop timidement. Il existe un Centre des métiers de la nacre et de la perliculture (CMNP) situé à Rangiroa. Antenne du service territorial de la Mer et de l'Aquaculture, ce centre a pour mission d'assurer la formation des futurs perliculteurs. L'enseignement dispensé porte sur l'accès à la ressource (navigation et plongée), l'exploitation (collectage, élevage, greffe) et la gestion d'une entreprise perlière. Toutefois, les demandes d'inscription dépassent largement les capacités d'accueil de ce centre. C. 2. 5 - Développement des infrastructures Les infrastructures nécessaires à la perliculture sont assez réduites. Quelques bungalows en planche sur le bord d'un lagon suffisent généralement.

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En revanche, les installations cruciales pour le développement de l'industrie perlière, dont le gouvernement territorial est responsable, sont les aérodromes et les télécommunications. Sur ces deux points, les atolls des Tuamotu sont particulièrement bien lotis. Presque tous sont équipés d'une piste et d'une station terrienne capable de distribuer les services du téléphone, de la télécopie, de la télévision et même de l'Internet. C. 2. 6 - Contrôle de la qualité - Emballage - Marketing Le gouvernement a pour souci le développement de la perliculture en Polynésie française. C'est une activité très rentable, très bien adaptée aux populations locales et qui a toutes les chances de les fixer dans les îles voire même d'inciter ceux qui les ont quittées à retourner y vivre. Cependant, cette volonté politique est freinée par la contradiction des intérêts en présence. Il est difficile de favoriser l'accroissement du nombre des fermes perlières sans nuire en même temps aux intérêts des gros producteurs qui assurent tout de même actuellement environ 75 % du chiffre d'affaires de la filière. Il est aussi difficile de protéger trop ouvertement ces grosses sociétés dont la logique va dans le sens d'une concentration toujours plus grande des moyens de production, compte tenu notamment de l'importance des investissements consentis. (les centres de production du principal acteur de la filière, M. Robert Wan, répartis sur cinq îles différentes, représentent un investissement approximatif de plus de 30 millions de USD). Or, jusqu'à ces deux dernières années, les intérêts des gros producteurs étaient entièrement liés à ceux de leurs acheteurs grossistes japonais. La nécessité de diversifier les débouchés, en raison de la crise japonaise, a mis en évidence l'importance d'une révolution dans les mentalités. Là où il suffisait d'expédier des tonnes de perles en vrac à un prix fixé d'avance par accord annuel, il faudra désormais valoriser le produit, veiller à sa qualité, à sa présentation, à son image. Tout ce travail est en principe celui du GIE PdT, mais celui-ci représentant avant tout le gouvernement et les gros producteurs, il n'est pas réellement en mesure de protéger les intérêts ni des petits perliculteurs, ni des négociants, ni surtout ceux des bijoutiers qui sont totalement exclus du système. Nous pensons que la solution de ce problème passe soit par la création d'une nouvelle structure rassemblant tous les intervenants de la filière perle en Polynésie française, soit par l'ouverture du GIE PdT à tous ceux qui n'y ont actuellement pas leur place.

C. 2. 7 - Incitations à la participation du secteur privé - Joint-ventures

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Nous avons déjà largement évoqué cet aspect des choses (cf. notamment § A.6 - B. 1. 3 - C. 1. 5) C. 2. 8 - Réformes salariales La Polynésie française vit sous le régime français du salaire minimum (SMIG). Ce salaire, nous l'avons vu, est actuellement de 885 USD par mois + charges sociales soit environ 1 000 USD au total. À moins d'une rupture avec la France, qui n'est pas encore d'actualité, il semble peu probable que le principe de ce salaire minimum soit abandonné. On tend au contraire à accroître son montant (automatiquement revalorisé chaque fois que l'indice des prix à la consommation dépasse 2 %). De toute manière, la perliculture fait surtout travailler du personnel qualifié dont les salaires sont largement supérieurs au SMIG. La greffe des nacres, en particulier, est effectuée par des spécialistes dont les salaires peuvent représenter jusqu'à 50 % de l'investissement total d'une ferme perlière. C. 2. 9 - Réformes foncières Le foncier est en Polynésie française comme dans tous les pays du Pacifique sud, un domaine extrêmement sensible. En ce qui concerne la perliculture, il a deux aspects : celui des terres proprement dites et celui des concessions maritimes. La terre est très souvent placée sous le régime de l'indivision. Cela peut parfois poser des problèmes mais, dans l'ensemble, les Polynésiens des îles vivent assez bien dans ce contexte. Pour ce qui est des concessions maritimes on pourra se référer à l'annexe 3. Il n'est à notre avis ni envisageable, ni même souhaitable, que le système foncier soit profondément réformé dans un avenir proche en Polynésie française.

Nous remercions le service territorial de la Mer et de l'Aquaculture (et en particulier son département "statistiques") ainsi que le GIE Perles de Tahiti pour les informations qu'ils nous ont aimablement fournies.

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Annexe 1 DÉFINITION ET CLASSIFICATION DES PERLES DE CULTURE DE TAHITI ET DE LEURS PRODUITS DÉRIVÉS

Qu'est-ce-qu'une perle de Tahiti ? La définition officielle d'une perle de culture de Tahiti est la suivante : "concrétion perlière sécrétée à l'intérieur de l'huître perlière Pinctada Margaritifera var. Cumingui et cultivée en Polynésie française". La partie externe de ces perles de culture est constituée de couches concentriques de substances organiques (une scléroprotéine appelée conchyoline) et de carbonate de calcium sous forme d'aragonite, qui doivent recouvrir au moins 80 % de sa surface et ne pas faire apparaître soit le nucleus, soit l'emplacement du nucleus. La sécrétion de ces couches perlières résulte de l'insertion d'un noyau solide (nucleus) et d'un implant organique (greffon). Toute marchandise ne répondant pas à cette définition sera considérée comme un rebut (cas en particulier des perles de calcite, des perles organiques et des perles dont le nucleus est visible à l'œil nu).

Produits dérivés Le mabe Tahiti ou demi-perle de culture de Tahiti, résulte d'une sécrétion nacrière autour d'un demi-noyau synthétique collé à la surface interne de la coquille d'une huître perlière d'élevage de Polynésie française appartenant à l'espèce Pinctada margaritifera var. Cumingui et d'un processus de fabrication se décomposant en quatre phases : découpage du mabe, extraction du demi-noyau, remplissage puis occultation par un morceau de nacre polie. Les dépôts nacriers recouvrant ce demi-noyau ont un agencement lamellaire identique à ceux de la coquille nacrière. Le keshi Tahiti est une concrétion perlière sécrétée par un implant organique, morceau d'épithélium du manteau de l'huître perlière Pinctada margaritifera var. Cumingui au sein d'une huître perlière de la même espèce, cultivée en Polynésie française. La nacre Tahiti correspond à la sécrétion coquillière de l'huître perlière Pinctada margaritifera var. Cumingui, originaire des eaux de Polynésie française. Ces sécrétions coquillières, déposées sous forme lamellaire se subdivisent en trois couches : externe organique, intermédiaire prismatique et interne nacrière.

Critères de classification Trois critères de base ont été retenus pour la classification des perles de culture de Tahiti : le diamètre, la forme et la qualité.

Le diamètre des perles dépend de celui du nucleus et de l'épaisseur des sécrétions perlières déposées autour. L'épaisseur et la régularité de ces dépôts résulte de la


croissance de l'huître porteuse, de la qualité de l'implant organique, des techniques d'élevage et de greffe et des conditions d'environnement. Le diamètre de la perle de culture de Tahiti varie en général de 8 à 18 mm. il s'établit de 0,5 en 0,5 mm et se mesure à travers un crible. On considère que, toutes choses étant égales par ailleurs, plus le diamètre est important, plus la valeur de la perle s'accroît. La forme des perles dépend de l'évolution de la biominéralisation réalisée par l'huître perlière en fonction de la qualité du nucleus, des techniques de greffe et d'élevage ainsi que des conditions environnementales. On distingue cinq formes de base : Les rondes sont des sphères parfaites ou assimilées, c'est-à-dire dont le diamètre ne varie pas de plus de 2%. (ex. pour un diamètre de 8,5 mm la variation ne doit pas dépasser 0,17 mm et 0,30 mm pour un diamètre de 15 mm) Les semi-rondes sont des sphères légèrement déformées acceptant une variation de leur diamètre comprise entre 2 et 5 % (entre 0,18 et 0,42 mm pour une perle de 8,5 mm). Les semi-baroques sont des perles présentant au moins un axe de rotation. Elles sont classées au besoin selon différentes formes pouvant les mettre en valeur (poire, ovale, boutons, semi-baroques - stricto sensu). Les cerclées sont des perles présentant un axe de rotation et caractérisées par un ou plusieurs cercles ou anneaux concentriques situés jusqu'au delà du tiers supérieur de la perle. Lorsque les cercles ne sont que sur le tiers supérieur de la perle, celle-ci est classée sans en tenir compte. Il en est de même en cas de cercles diamétralement opposés et occupant au total moins du tiers de la surface de la perle. Les perles ayant des anneaux de couleur ne sont pas considérées comme cerclées. Les baroques sont des perles de forme irrégulière ne rentrant dans aucune des catégories précitées.

Qualité : surface et lustre La qualité d'une perle, est déterminée à partir de la combinaison de deux caractéristiques physiques : l'état de sa surface et son lustre. Il existe de multiples imperfections de la surface d'une perle (piqûres, rayures, stries, creux, taches, bosses, etc.). Quant au lustre (ou éclat ou brillance) de la perle, il correspond à la réflexion plus ou moins parfaite de la lumière sur le poli de la surface. Il dépend de la régularité, de l'épaisseur et de l'agencement des couches perlières. En fonction de ces deux critères appréciés à l'œil nu, la perle de Tahiti sera classée dans l'une des quatre catégories suivantes : A, B, C et D. Les perles A présentent au plus une imperfection ou un groupe localisé d'imperfections concentrées sur moins de 10 % de leur surface et possèdent un très bon lustre. Les perles B présentent quelques imperfections visibles sur moins du tiers de la surface ainsi qu'un lustre bon ou moyen. Les perles C présentent des imperfections sur plus du tiers et moins des deux tiers de leur surface ainsi qu'un lustre bon ou moyen. Les perles D présentent des imperfections visibles sur plus des deux tiers de leur surface, peu importe le lustre.

Remarques La couleur de base et les nuances de couleur des perles de culture de Tahiti ne sont pas considérées par les producteurs comme des critères de classification d'une récolte dans la mesure où ces deux facteurs n'ont une influence sur l'évaluation d'une perle qu'en fonction de la mode, du goût des consommateurs et de l'intérêt des créateurs bijoutiers. L'orient, à ne pas confondre avec le lustre, correspond à l'effet de décomposition de la lumière à travers les cristaux d'aragonite. Les perles de Tahiti présentant peu d'orient mais 2


beaucoup de lustre, c'est cette dernière caractéristique qui a été retenue par les producteurs dans la détermination de la qualité des perles. Le poids, autre caractéristique d'une perle, est souvent utilisé pour l'évaluation d'une récolte. Il se mesure en grammes en Polynésie française mais de plus en plus en unité japonaise, le mommé (3,75 g).

3


Annexe 2 RÉPARTITION DES EXPORTATIONS DE PERLES DE TAHITI PAR PAYS (Année 1995 - sources : GIE Perles de Tahiti - Service des Douanes)

PAYS

VALEUR (XPF)

Prix moyen/gr

ARUBA ANTILLES NÉERL. CHINE BAHREIN CHILI

POIDS (en gr.) 2 455 306 325 187 287 734 18 582 42 137 34 218 27 232 16 655 5 437 4 373 9 436 3 466 2 087 1 031 2 106 378 1 331 1 209 986 141 61 344 33 43 54 23 80 68 7

6 753 488 361 1 160 442 059 809 766 277 136 577 420 130 567 880 127 977 450 106 799 890 44 263 819 27 126 820 26 610 960 21 117 400 12 773 050 9 121 600 6 312 630 5 500 000 3 360 777 3 358 520 2 370 850 2 238 720 1 008 780 727 874 679 626 534 720 393 210 280 000 141 800 140 000 16 100 15 250

2 750,57 3 568,54 2 814,29 7 349,98 3 098,65 3 740,06 3 921,85 2 657,69 4 989,30 6 085,29 2 237,96 3 685,24 4 370,68 6 122,82 2 611,59 8 890,94 2 523,31 1 961,00 2 270,51 7 154,47 11 932,36 1 975,66 16 203,64 9 144,42 5 185,19 6 165,22 1 750,00 236,76 2 178,57

TOTAL 1995

3 239,745

9 393 711 843

2 899,52

JAPON USA HONG KONG CORÉE DU SUD AUSTRALIE FRANCE SINGAPOUR ALLEMAGNE THAÎLANDE Nlle ZÉLANDE Nlle CALÉDONIE SUISSE TAIWAN PHILIPPINES OCÉANIE US ITALIE MALAISIE BELGIQUE Pays NDA (Divers) TCHÉCOSLOVAQUIE AUTRICHE CANADA BALÉARES ÉMIRATS ARABES UNIS


Annexe 3 LES CONCESSIONS MARITIMES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE

Depuis 1977, date du premier statut d'autonomie de la Polynésie française, les concessions maritimes (portions de lagon à exploiter) sont accordées par les autorités locales. Toutefois, plusieurs décisions du tribunal administratif de Papeete avaient remis en cause cette compétence du gouvernement territorial en estimant que les lagons faisaient partie du domaine public de l'État français. Le nouveau statut d'autonomie étendue d'avril 1996 clarifie la situation en reconnaissant officiellement l'appartenance des lagons au domaine public territorial. Nombre de concessions accordées : Entre le 1er janvier 1970 et le 31 décembre 1995, les autorités ont attribué 2 702 concessions maritimes à vocation perlière. Sur ce total 1 484 concessions sont destinées à l'élevage des nacres et 1 218 à l'établissement de fermes perlières proprement dites, c'est-à-dire à la greffe des nacres et à la récolte des perles. Néanmoins, de nombreuses concessions ne sont pas exploitées. Un recensement commencé en 1993 et portant aujourd'hui sur 62 % du total des concessions révèle que 410 d'entre elles sont réellement en activité. Ce recensement doit se poursuivre jusqu'en 1997 mais on estime déjà que le total ne dépasse pas 500. Il existe par conséquent un fort potentiel d'accroissement de la production. Il faut enfin ajouter les quelque 1 700 autorisations de collectage du naissain de nacre accordées par les autorités locales souvent à des détenteurs de concession maritime. Ces autorisations portent sur l'ensemble d'un lagon dans lequel le collectage peut s'effectuer à différents endroits selon les circonstances climatiques ou écologiques. Taille des concessions : Le gouvernement accorde des concessions parfois minuscules (moins de 100 m2). Pour être rentable, une exploitation perlière doit cependant disposer d'un minimum d'un hectare de lagon. En fait, une bonne ferme perlière exploite 10 hectares. La moyenne des exploitations polynésiennes se situe entre 20 et 30 hectares. Quant à la plus grande concession, elle atteint 230 hectares (une même entreprise peut du reste disposer de plusieurs concessions de cette importance).

1


Rythme d'attribution depuis 1986 : Bien que le tableau ci-dessous reproduise des statistiques officielles, on constate cependant certaines incohérences dues à une mauvaise gestion des données dans les années 80 et au début des années 90. En 1993, un gros travail de correction a été effectué ce qui explique la baisse du nombre total de concessions inscrite sur le tableau qui apporte tout de même de précieuses indications. À noter que les chiffres de 1995 n'ont pas encore été officiellement publiés. Il ne s'agit donc ici que d'une estimation.

ANNÉE

TOTAL ANNÉE

CUMUL DEPUIS 1977

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995

n.a n.a n.a 315 526 916 1198 323 438 162

673 n.a n.a 1601 2127 3043 4241

(source : service de la Mer et de l'Aquaculture)

2

3802 (données corrigées) 4240 4402


Annexe 4 MONTANT DE L'INVESTISSEMENT (en USD) (Estimation sur trois ans s'appliquant à une concession d'environ 10 hectares de lagon pour l'exploitation de 30 000 nacres greffées par an)

Achat de nacres : Pour obtenir 30 000 nacres greffées, il faut en acheter 60 000 car, pour diverses raisons, en moyenne 50 % des nacres ne sont pas greffables. Soit, au prix de 1,60 USD la nacre, sur trois ans 180 000 x 1,60 = 288 000 Greffe : La greffe d'une nacre coûte environ 3,70 USD Soit, pour 90 000 nacres

333 000

Nuclei : Un nucleus de qualité et taille moyennes coûte 0,85 USD Soit pour 90 000 nuclei

76 500

Main-d'œuvre + frais de fonctionnement : Pour 10 personnes sur trois à raison de 42 000 USD par mois Soit pour 36 mois

1 512 000

Immobilier + matériel professionnel : Estimé à

Soit au total

316 000

USD 2 525 500


Découvrez le Pacifique sud avec Air New Zealand Un séjour en Polynésie française est l'occasion rêvée pour découvrir une région que l'on choisit rarement comme destination de vacances depuis la France en raison de son éloignement. Elle offre pourtant des trésors dans tous les domaines Le Pacifique sud, l'Océanie comme on disait naguère, est une partie du monde que les Français connaissent peu. Très variée, elle est pourtant la source d'émerveillements et de souvenirs extraordinaires pour le visiteur. Des îles Cook à la Nouvelle Zélande en passant par Fidji, AIR NEW ZEALAND constitue le moyen le plus pratique et le plus agréable de vous transporter dans un monde nouveau. Elle est en effet la plus importante compagnie internationale à desservir les îles. Sa vocation à être la compagnie aérienne régionale s'affirme chaque année davantage. Les îles Cook Situées à moins de deux heures de vol de Tahiti, les îles Cook sont l'endroit idéal pour un bref séjour hors de la Polynésie française. C'est un petit archipel peuplé d'environ 20 000 habitants dont l'île principale, Rarotonga, ne fait pas plus de 32 km de circonférence (la même que Bora Bora). Territoire autonome associé à la Nouvelle Zélande, on y parle anglais. La langue locale est extrêmement proche du tahitien. La monnaie est le dollar cook dont la parité est fixe par rapport au dollar néo-zélandais (environ 65 Fcfp). Les paysages ressemblent à ceux de la Polynésie française avec un climat très agréable. On y trouve toutefois ce style anglo-saxon qui apporte son charme particulier et garantit le dépaysement. Pour se loger, le choix est varié. Hôtel, motel ou pension, la qualité est irréprochable et les prix très intéressants. Magnifiques plongées pour les amateurs et excursions à Aitutaki, dans le nord de l'archipel pour retrouver, rassemblés sur une même île, le charme de Bora Bora et celui d'un atoll des Tuamotu. Attention ! Un permis de conduire local est obligatoire pour se servir de tout véhicule sur place, même les vélomoteurs de location. Il vous sera délivré sur présentation de votre propre permis de conduire moyennant la modique somme de 5 $. Si vous n'avez pas votre permis avec vous, vous devrez repasser l'examen (coût : 10 $). Une expérience à vivre dans la bonne humeur (comptez une heure à la gendarmerie) et un document très original (mais tout à fait officiel) à montrer à vos amis. AIR NEW ZEALAND propose deux vols par semaine vers Rarotonga (le mercredi et le samedi) et des forfaits très attractifs. Séjour de quatre jours comprenant le voyage aller et retour, les transferts et le logement, à partir de 40 000 Fcfp par personne en chambre double. Fidji Si les îles Cook permettent, à peu de frais, de s'échapper brièvement de Tahiti, avec Fidji, l'exotisme est total. L'archipel fidjien est constitué de plus de 300 îles dont deux principales : Viti Levu (10 000 m2, soit dix fois la superficie de Tahiti) et Vanua Levu (cinq fois Tahiti). Le premier choc pour un visiteur en provenance de Polynésie française, c'est l'espace. Il y en a bien d'autres ensuite. La population (800 000 habitants au total) est constituée pour moitié environ de Fidjiens de souche. L'autre moitié est une forte communauté indienne, immigrée au siècle dernier à l'initiative des Anglais pour cultiver la canne à sucre. Cette dernière modèle du reste les paysages de l'ouest du pays qui est aussi la partie la plus touristique de Fidji. Cette communauté indienne qui a conservé ses modes de vie et, en


grande partie, ses habitudes vestimentaires traditionnelles (les femmes portent encore le sari) confère à Fidji un caractère tout à fait unique dans la région. La capitale, Suva, se situe à l'extrême est de l'île principale, à 200 km de l'aéroport international de Nandi. Bien que la balade (deux heures de voiture environ) soit très agréable, peu de visiteurs s'y rendent. Les touristes (300 000 par an) restent le plus souvent dans l'ouest. C'est là, en effet, que l'on trouve les meilleurs hôtels et c'est aussi de là que l'on peut s'embarquer (en bateau ou en hydravion) pour une multitude de petites îles toutes plus jolies les unes que les autres. L'hébergement y est facile à des prix très variés. Fidji est sans doute l'archipel océanien où le choix, dans ce domaine, est le plus large. Du dortoir pour jeune globe-trotter à 500 Fcfp la nuit au palace cinq étoiles. On appréciera les poissons et crustacés à prix très raisonnables (d'une manière générale, les prix sont trois fois moins élevés qu'à Tahiti) ainsi que les currys indiens (attention ils sont nettement plus relevés qu'en Polynésie). AIR NEW ZEALAND offre un service hebdomadaire entre Papeete et Nandi. Départ le mercredi et retour le mardi. Tarif : 79 000 Fcfp (21 jours maximum) La Nouvelle Zélande La Nouvelle Zélande est sans aucun doute l'un des derniers paradis sur terre. Quatre millions d'habitants seulement se répartissent sur une superficie égale à la moitié de la France. Le pays est composé de deux îles : l'île du nord où se trouvent Auckland, la plus grande ville néo-zélandaise (1 million d'habitants environ) et, au sud, Wellington, la capitale politique et administrative (300 000 habitants). L'île du sud, un peu plus vaste et moins peuplée, offre des paysages particulièrement spectaculaires et variés. De l'extrême nord à l'extrême sud, on rencontre tous les climats du subtropical au tempéré froid. On cultive des oranges dans le nord et l'on peut admirer des fjords comme en Norvège dans le sud. Depuis une dizaine d'années, la Nouvelle Zélande s'est résolument tournée vers le tourisme. Plus d'un million de personnes visitent le pays chaque année et l'objectif est d'accueillir trois millions de touristes en l'an 2000. Spécialités : l'aventure et l'écologie. La Nouvelle Zélande est le berceau du saut en élastique (benji jumping) et du jet-boat sur torrent de montagne. On y pratique tous les sports d'aventure du rafting au parapente en passant par le surf sur glacier. Dans une nature préservée (les Néo-zélandais sont des maniaques de la propreté et de l'environnement) on peut aussi goûter à des joies plus calmes. Le pays est un vrai paradis pour les golfeurs. Il compte au moins 400 terrains de golf souvent situés à des endroits magnifiques. Bien entretenus, leur accès est particulièrement bon marché (de 300 Fcfp pour les plus modestes à 2 500 Fcfp pour les plus chics). On peut également marcher, escalader, monter à cheval, faire de la voile, du tennis, du ski, nager, prendre des photos ou ... risquer quelques billets sur les tables des casinos d'Auckland et de Christchurch. On peut aussi apprendre à connaître les vins néo-zélandais. Le vin est en effet devenu un véritable phénomène de société en Nouvelle Zélande. Les vignobles se sont multipliés au cours des dernières années et il règne parmi les viticulteurs une saine concurrence qui fait progresser à grande allure la qualité des vins que l'on peut déguster dans les bars à vin qui s'ouvrent un peu partout ou dans les restaurants dont certains (attention) ne possèdent pas de licence d'alcool mais où l'on se fera un plaisir de vous déboucher et de vous servir la bouteille que vous aurez apportée avec vous. La nourriture, naguère décriée - avec raison - pour son style britannique, s'améliore sans cesse, de même que le service. Avec des produits d'une qualité et d'une fraîcheur irréprochables, il est difficile de ne pas satisfaire même les plus exigeants. A ne pas manquer : le saumon fumé, l'agneau, les poissons et crustacés, non plus que les fruits. Il est possible de se loger très facilement partout en Nouvelle Zélande. Soit en hôtel, soit en motel, soit en pension de famille. Les établissements, quel que soit leur standing, sont toujours très propres et bien équipés. Les prix sont particulièrement attractifs. On peut 2


également choisir la solution du camping-car, une spécialité du pays extrêmement populaire (il vaut mieux s'y prendre à l'avance pour réserver). La saison de ski s'étend de juillet à septembre aussi bien dans l'île du sud que dans celle du nord. Ambiance très familiale et sympathique. Prix modérés. AIR NEW ZEALAND assure 3 vols par semaine (4 en période de vacances de Noël) à destination de la Nouvelle Zélande. De là, il vous sera également possible de saisir une correspondance pour Noumea (à 2h de vol seulement), l'Australie (à 3h) ou l'Asie. La compagnie kiwi assure de nombreux vols directs à destination de Bali, Singapour, Bangkok, Taipei, Hong Kong, Tokyo ou Osaka. ENCADRÉ

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1997



Air New Zealand : 45 ans de fidélité à la Polynésie française Le 27 décembre 1951, le premier "bateau volant" (Catalina) de la Tasman Empire Airways Ltd (TEAL) amerrissait sur le lagon de Faa'a en provenance d'Auckland via Suva (Fidji) et Aitutaki (Iles Cook). La première desserte aérienne régulière de Tahiti était ouverte. A partir de mai 1952, ce service connu sous le nom de "Coral Route" (la Route du Corail) est assuré tous les quinze jours. La TEAL était une société privée dans le capital de laquelle la Nouvelle Zélande participait à hauteur de 50%, l'Australie 30% et le Royaume Uni 20%. En 1953, les Britanniques se retirent, les gouvernements néo-zélandais et australien deviennent actionnaires égalitaires de la compagnie Air New Zealand. En 1960, le 22 octobre, le premier DC 6 d'Air New Zealand roule sur la piste toute neuve de l'aéroport de Faa'a et, en janvier 1961, la compagnie ouvre sa première représentation à Papeete. A partir du 24 mars 1961, le service vers Tahiti est assuré par un bimoteur Electra. Au mois d'avril de la même année, le gouvernement néo-zélandais annonce qu'il a racheté la moitié des parts australiennes d'Air New Zealand. Deux ans plus tard, en janvier 1963, Air New Zealand ouvre son premier bureau d'information et de vente à Papeete, mais, en 1964, les liaisons Auckland-Papeete s'interrompent avec l'expiration des droits de trafic. Le dernier vol a lieu le 10 février. Le service ne reprendra que le 5 novembre 1967 avec les jets DC 8 qui mettent Tahiti à 5 heures d'Auckland (contre 20 h de vol et 50 h de voyage avec les vieux Catalina). La liaison Auckland-Papeete devient le premier tronçon de la nouvelle ligne Auckland-Los Angeles. A partir du 28 octobre 1968, cette ligne est assurée par les nouveaux DC 10 de la compagnie. Le 4 décembre de la même année a lieu le vol inaugural sur DC8 de la nouvelle Route de Corail entre Auckland et Papeete via Nandi (Fidji), Pago Pago (Samoa américain) et Rarotonga (Cook). Aujourd'hui, 45 ans après la première liaison, Air New Zealand est toujours à Tahiti, plus fidèle et dynamique que jamais. Sur les huit compagnies internationales desservant actuellement la Polynésie française, la compagnie kiwi est celle qui assure le plus de vols hebdomadaires (6 en tout en direction de Auckland, Rarotonga et Los Angeles) et celle qui connaît la plus forte croissance. 1996 a été une année particulièrement importante pour Air New Zealand. C'est en 1996 que la compagnie a dévoilé son visage de l'an 2000 (nouvelle image, nouveau logo, modernisation de sa flotte, etc.). Cette même année Air New Zealand est devenu actionnaire majoritaire de la compagnie Ansett Australia et a noué des alliances avec Lan Chile et United Airlines. Ce type d'alliance devrait du reste se poursuivre en 1997. Enfin, suprême succès, 1996 est l'année qui a vu Air New Zealand dépasser pour la première fois Air France en nombre de passagers transportés vers la Polynésie française, devenant ainsi la première compagnie aérienne desservant le Territoire avec une présence forte et active sur dix de ses douze principaux marchés touristiques.



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.e1le du cotnmerçanr chinois et les jeunes des quarders de Papcere loùs ùùis daDs la mômc adontion. On y rcnarque

De quoi sédùnt quelqùes lûùisres erobs eD mal de !eç tiges edùrogmphiqùes, mais sûremenr pas la loùle desjeùnes (ci des ûonrs jcuncs) Pol)nésicns poùr .tui l a.ri!éc de IIc p è'p .c I cnr;ê dF ê,,, p.tr\ drr. Do',.Id Tdl'i

'

toù1es

lerlarianks d\n€ hùhàrité hétéro.lite verue

là pour

sacrifier aù ûrême rirùel. Nulle ironie dans I emphâse âppârènle de nôs prôpos. vésesdmer U. Donald senir mal le connaitre. La chaine de ÉsauratioD npidc la plus cêlèbre du monde possède ou, plùs vùerl, gère er frar.his€ plùs de l8 000 .estaurànts daDs 101 paF (1â Polynésie i.ançaise érair jLsremenr le 101èmc). II icn créc un roùics les six h€ùres. On y délore pa. nn,r \t,i.Lcmrnr li mim. n.,tr,ts

),1liol

", Don\rllc. OD pcù1mêmc dirc qu ell. iuùsre perbement l2 lp\;ê dê-, ,h,pc I u, ;iirF,u,r. Lq.rcllc 1., Pul)l.;\ic, rJir agréableneDr -ennùietlée . dans ccllc snrpeur consiculilc à un gavag. trcntenairc aù Fclp. C es1. pouûait{u di.e, là preniè.e ùa.ife$àinû .on.rète el popùlai.e de I aùtonônie de h Pol,vDésie liancaise.

Un parfum d Amériquê

rous li rnèn,e lo,!,e. a\e. Eour ibsolumenr rdcnrque,

ue.

!r

t.'idée peur sembler audacieu'

s.. Nors lc conccvons. Commcnl

que I on soil à Papcele ou à New brk, à Tol)o ôu à Liùà, à Péknl

linverture d uD rimple restauràù1 dans le cenfe lille dc Papeetc scrair-cllc porteùsc d\,n lel ùessage ? Ap.ès tort, ilya plu

ou à Ma6ei1le. Des millions d'"adeptes' se précipitent

.haqùejour dans.es remples de la nodernité dont le sigle serait, selon les érudes etlè.r'ées $'r là

sieurs d;aines dc rrsraurant\ eù

ville er ce.tâns, depùis qùelqùe

srmboliquc populairc. nicùx (onn,, ..ar le public ftondiàlquc la .roix chréti€me elle ûrême.

remps, se sont moDrrés moderDes,

drnamiqucs, inveùtiÊ et nêmc, .ela nons chatge ùn peu,

NIc Donald a été.jalousé,

cnlié,

iùité,.àlomnié, ùais jamais per sonne n'a pù encore faire chan' celer cer édific€ qui représenre

Mais Mc DoDald n csr pas un

siùple reslàurârl.

Ar.ù

aùre

ù rtrire à rour srappes dc jeuDcs seDs. asshrlinés coùne des abeilles $tr ûe ûrche ; ccs longucs tilcs dc loi rures rutilantes p.êles à patienter âutant qù'il Ie fâudû daDs un cmboutcillagc d. t\Dc aliûcnrai.c

désrmais, probablcmenr mieux €ncore que co.â colà, l'Anérique er sa cuhure, en un

; àr.un aùi.e ne rassernbl€ .ette

mot note lûtu. Le su..ès de Mc Donald dans le rnonde ender er pà.iiculiè.emenl à Tâhiti où ce succès a été à I'image du pays, c eslàdne énorme mais bon

populârion qui vieùt rour enrière, d.Ds sa dilersilé crhnique cr so.ialc, se réunir dàns le Sanrt des Saints. Aux meilleures heures. on

qu

r€.confè, pêle nêle, l€ .hefde servi.e arec sa famille .ôtorini

enlànt (on a w des débordemenls eD tlurope de l'Es1 par exèrnple), li€nljùstemert du fait

y

tyûbole dê I'apÈiCEP ? t0

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image si de l'Amérique. que ûànser ses Bis

nrdmement à

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. est .ômmùnier d'une certaiDe manière avec.e pâys. Pouvoir presque le lou.her, ie vire, s'y projeter en esprit après aloir p€utétre longtemps rêvé d'y

Chez Mc Donald on affirme que, ôùlre lâ rigueur, tà qua

Mac ou ses Mc NuggeLt,

ii

D

alle'

lité dù produit et du *rvi.e, la propreié el les prix, le succès Jàppùie sur ùn cinquième élôment i la fànsparet.e. Pout vérifier ce d€mier pôint, il laudrâ a..endre encore un pcu.

ou,dù ônûâi'ê,roulon \enr'rcn(4,rd ân(iênneiémG

rions havaienncs ou dlifôrni€nn€s.

(

Dynamismè àustrâlièn

Un ccêur pour Pap€|.}t€r

Et arÈidant, PolJn^ie Eco a soùhàité rendre hommâ8e à M. Olivier Loyant en le nônmanr Homme économiqùe dc l'ànrée, à la fôis pour sàluer son succès pcrsonnel €l celui de son équipe dans l'owcnure du premier r€slaurâni Mc Do.ald à Tàhiti, poùr l€s €ncoumger daDs leur aventure ûais

Les cômpagnies aériennes dojvent-elles s'inquiérer ? AprÀr ,our. \i Ion d Ame inu. ,hc/ "oi. pourquo' .e déplacer ? Boutâdê | Elles n onr sùremcn! aucun motifde préoccupâtion à nourrir, bien àu confâire. Pâs plus du reste que les restaùranG er aùtres commerces du .enfe ville pour lê.quel.l impldnrâlr'n dc,ê (eur cq une \etirablc aubaine. Il manquâit en eftèt un pôle d attrà.tiôr populaire âu cenrre de Papeete. Maiûtenant il existe el l équipe muniaprle i.n fel,' ,,(. . c{ un appo' I p'ê( ieui dans la réalisalbt du prcjet du maire, Michel Buillard, de fâire de Papeere un lieu de ue en tirÀnr la ville de ta toF pcur dans laquelle elle Jentise depuis si longtemps. Certâins âuraient sans doute préféré un cadre plus huppé, phN culturel. Ils ônt tort de faire la fine bouche et devraient plutalt s'inspire. des techniques Mac n-.1-nr I.

ausi souhaiter qu€ b€aucoup de chefs d enrreprises s

locales

inspirentde méthodes dont l'efiicacité estmise €n évidet.€

N*olre bui était austi de soulign€r I importance d'un tel événemert, attendù et espéré depuis des ânnées par des mjlliers de Polynésiens, survenùjustehent (nâis la conrcidenc€ est-eue réellement fortuite?) l'année même où lc CEP plic ba8ages. Rien que dc 1rès normal et logiqtre au fond. Sans secrels militaires à prôÉger, l érau p€ùt ètre de$erré. Il es1 enfin posible d€ .oDcrériser le dhcoure officiel entendu depui. pluqdêdix drs\dn\.ITe,\ roùhl.. /en,d qui,on,cr n€ la Polynésie en toùr cas) : il Iàùt intégrer les Terriroires fiancais du Pacifique dans leur enviromement régional.

Après les prouess€s diplonàliqu€s de Garton Flose dans la région rout au long de l'Ànnée 1996, l'oulcrture d! Mc Donald-Tahili est sans aucun doùte la plus parfaite illustrâtion écononiqùe de la nise en pràdque de c€rre doclrine. En effer, dans lc Pacifique srd, de.rièrc le sigle et le nom Mc Donald é\oquant l'Amériqùc profonde et l()intâi.e, il y a en réàli1é Mc DoDâld-Ausrralie. beaùcoup plus moti!é quc la maison-nère à étoffer soD .éseau dàns cettc région du

Très dynamiqùc, Mc

Donald-

Ausralie a déjà .onquis la Noulelle c,lé.]ônie. Samo2 er Tzhiti. Comme la banque ausralieùe Westpac

qui

esr

partoot son inrerlocùr€ùr er son consul laDr, il veùt être préscnl dans cbaque M.tiv.tion du pêÉonnêl êt pâtagê du tavail : un èxempl. à .siwe archipel océanien et. est l{}gique. Il n y à àu.ure mison pour que les insulaires que nous rcmmes et quililons chaquejoùr lesdésàgréùe.ts rrccès est éclàtârt dâns les rrois principaux secteurs de de la modernité, sôient pri!és pour toùjouN de ss æpec1s t entreprise : finances, eûploi et communicâtion. Posons nous la quesiion : Comment M. Donald a til hs ertreprises polynésiennes ont en revanchc dc formi réussi à nobiliscr plus de 1 000 .andida6 et candidates à dablê' rai.onq de \'inquiprer et clle. dui,'nt .< pripar er i ,. moins de 100 emplois plutôr difficiles, parfois hêûè detniet Pobnésie qui les attend. vtrr la Cordrtte !ûr^n l pénibles, .onraignanrs et plutôt peu rémunérateurs, dâns ^n L,d2pou, n.Irdên lumiere la nouveuedonneeionomrque un pays doDt on alit partoùt que sàjeune$e méprise le tralocale, plusdynamiquc, dont le con$ûmateu. est le premi€r vail? Seule l Adrnnrisrarion alai.jNqu'ici, grâ.e àses déli bénéfi ciàire. Cette con.uûence est désormais iDternationale. .ieux atrrâirs, réalisé un tel miràcle. La réponse esr claire. il faut le savoii L'éconoftie polyrésienne esr de plùs en plus Le géart àméricain est cétèbre pour sa culture d enfepri lirée à ellemême, elle esrde moiNen moins prolégée. Sculs se rrès tone, marquée pàr une grande cohésion du pcrles meiueurs survi{ont et rêu$iront. sonnel, un pn)fônd délouemenr e. une fork nnidàrité des Soyons honnêtes et .ohérenrs a!e. noùsmêmes. Le toùcadres. Entrer .hez Mc Do ccst .omme enrrer chez risme est notre âvenir, il faur p consêqueni s'accou!!,ûer à Drsncr Coca Cola, Sonr l)u aù chb Med. c'est adhére. à .aisonner alec le plâisir et là satisfacdon des clienG comme un groupe, à une famillc, adopter ses habitudes vesriseuh objecdfs. C'est exactemcnt ce que fàit M. Douldmcntaires ou de largàg€ , c esi âcceptcr ses règles. Chez Il y à du hamburg€r sur la plaDche.... Mac Do, cellclci sont plutart sri.tes, mais on les respcctc avec fierté. Cialaie pour tour le monde, vrurire de.igueur ùême au pire coup dc fcu, proprèté iùpe..âble à toute heùre et dcs pnx si ajuslés qtr il faudrÀ prendre désorman

I'habitude d àloir de la monnâie dans la poche. Pôur

.égler une âddirion dc moins de miue frâncs, le chéquier ett inopportur quand lnrgt peNoDnes siimPàtientent de.

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Olivier Loyant : Vous en avez rêvé ? Il l'a fait Combien d'entre nous n'ont-ils pas, au moins une fois, rêvé de l'implantation d'un restaurant Mc Donald à Tahiti. Soit parce que les hamburgers du célèbre “fastfoodiste” américain sont leur péché mignon en matière de gourmandise, soit parce qu'ils estimaient déjà le succès commercial probable d'une telle entreprise dans un pays où la jeunesse (52% de la population) se passionne pour tout ce qui la fait vibrer au diapason US. Depuis des années, l'ouverture d'un “Mac Do” à Papeete était régulièrement à la “une” de la rumeur publique. Autant de pétards mouillés jusqu'à ce qu'un jeune homme entreprenant, courageux et confiant dans l'avenir du pays, sache profiter d'un concours de circonstances favorables pour se lancer dans une aventure qui, en quelques mois, l'a déjà propulsé à l'avant de la scène économique locale. Olivier Loyant est arrivé à Tahiti en 1981 pour y effectuer son service militaire en qualité de VAT et se rapprocher de ses parents, enseignants. A 23 ans, fraîchement émoulu de “Sup de Co” Bordeaux, il va d'abord se frotter aux réalités polynésiennes en travaillant pendant trois ans au service des Affaires économiques sous la direction de Louis Savoie. Il y sera en particulier l'un des artisans du système d'appel d'offres pour les produits de première nécessité qui perdure aujourd'hui encore. Repéré par Michel Tracqui, il est bombardé, en 1984, directeur général du groupe qui va, deux ans plus tard, bouleverser le commerce local en créant les premiers hypermarchés. Jusqu'en 1996, Olivier Loyant va se consacrer au développement des entreprises du groupe Tracqui. Il y acquerra une solide expérience et fera la preuve de ses qualités de sérieux et de compétence mais aussi de discrétion et de loyauté. Parallèlement à ces fonctions auprès de Michel Tracqui, Olivier Loyant se lance déjà dans la restauration. En collaboration avec sa sœur, .............., il crée les snacks Chocolatine dans les galeries marchandes des hypermarchés Continent. Avec l'épouse de son frère Bruno, avocat au barreau de Papeete, il fonde le snack Oasis, place de la Cathédrale à Papeete. Ces expériences et ces qualités lui seront particulièrement précieuses dans la course à la franchise Mc Donald. L'épreuve l'attend en 1994. Jusque là, les responsables de la plus fameuse chaîne américaine de restaurants fast-food, dont le siège social est dans la banlieue de Chicago, se sont désintéressés de ce petit marché tahitien considéré comme trop cher et trop compliqué. Mais le Pacifique sud sort peu à peu de sa léthargie. Les Territoires français se libèrent progressivement de l'étau économique imposé par Paris. La Nouvelle Calédonie est la première à appliquer la doctrine officielle de l'ouverture à l'environnement régional et le premier Mac Do ouvre à Noumea en 1994 à l'initiative de Mc Donald Australie. C'est le déclic ! La même année, les Australiens se déplacent à Tahiti pour une mission de prospection. Tout naturellement, ils se rapprochent de la Westpac, banque australienne installée dans le pays depuis les années 80. On leur propose une liste d'investisseurs locaux potentiels. Olivier Loyant en fait partie. L'aventure le tente. En outre, l'avenir de ses propres investissements dans la restauration lui semble menacé. L'ouverture annoncée d'un nouvel hypermarché Casino et des cafétérias qui lui sont immanquablement associées, plus modernes et mieux situées, laisse présager des jours difficiles. La reconversion est à l'ordre du jour. Olivier Loyant travaille son dossier comme un professionnel. Et lorsque les Australiens reviennent en avril 1994 faire passer leur oral à la dizaine de candidats retenus, il est confiant. Il l'est d'autant plus que, outre son profil idéal, il est prêt, contrairement à d'autres, à franchir les obstacles qui le séparent du but et, notamment, à effectuer un stage de neuf mois sur le terrain, en Australie, pour un apprentissage à tous - absolument tous les stades de la gestion et du fonctionnement d'un Mac Do.


Ce n'est pas facile. Le jeune homme est plongé dans un monde inconnu, dans des conditions de confort des plus sommaires. Mais Olivier Loyant découvre l'univers Mc Donald et, finalement, s'y plaît. « Je viens d'une famille de pédagogues, explique-t-il. Elle compte trente deux professeurs. C'est dire si je connais le monde de la formation à la française. La méthode Mc Donald m'a fortement impressionné. Le niveau univeristaire n'a que peu d'importance, ce qui compte le plus ce sont les qualités personnelles. On travaille énormément la communication. On apprend à s'accepter, à se tolérer, à mieux travailler ensemble. La reconnaissance du travail des collaborateurs est un élément clé de cette méthode. Elle permet de motiver les gens et de leur faire donner le meilleur d'eux-mêmes dans une ambiance ouverte et détendue ». Olivier Loyant a passé avec succès toutes les épreuves. Encore fallait-il assurer l'intendance. Mc Donald ne possède que 30% des quelques 18 000 restaurants ouverts à son enseigne dans 101 pays (la Polynésie française, considérée comme une pays à part entière, est justement le 101ème). Les autres sont gérés en franchise par des investisseurs locaux - Mc Donald fournissant seulement le savoir-faire et l'assistance - le tout dans des conditions très strictes, en fonction d'un cahier des charges draconien. Montant de l'investissement du Mac Do - Papeete : 200 millions de Fcfp hors foncier (soit environ le double avec le terrain de 2 000 m2 en plein centre ville). Une belle preuve de confiance de la part d'Olivier Loyant qui escompte amortir cet investissement sur quinze ans. « Tahiti se “normalise” d'un point de vue économique, estime-t-il. Le temps est fini des investissements récupérés en cinq ans voire trois. Les marges sont désormais limitées par la concurrence et les durées d'amortissement s'allongent. Tahiti fait aujourd'hui partie du monde moderne ». L'ouverture du Mac Do est une bouffée d'oxygène pour l'emploi des jeunes. Certes, en quantité, les 110 employés - tous à temps partiel - et les 12 cadres recrutés par Olivier Loyant et formés en Australie, ne pèsent pas très lourd face à la masse des chômeurs. Plus de mille candidatures ont été reçues et 600 dossiers déposés. Mais, l'opération est un symbole. Elle a prouvé que beaucoup de jeunes Polynésiens ont la volonté et la capacité de s'adapter à des contraintes fortes, contrairement aux idées généralement reçues. « On entend sans cesse parler de partage du travail et de flexibilité, commente M. Loyant. Nous mettons ces concepts en pratique ici et maintenant. Dans l'intérêt de tous. L'entreprise y trouve naturellement son compte grâce à la souplesse que ce système génère. Les employés aussi, qui peuvent organiser leur vie plus facilement et souvent avoir des activités annexes comme poursuivre des études par exemple. C'est enfin l'intérêt du Territoire, lorsque le chômage recule, et qu'un mouvement est initié dans le bon sens, celui du partage et de la motivation ». Le pain Mac Do est fourni localement par la boulangerie Moutet, qui a consenti un investissement de 20 millions de Fcfp pour se mettre aux normes et les salades par Michel Cholet. Le reste des fournitures (la viande et les frites notamment) est importé d'Australie. Le succès phénoménal de l'ouverture du Mac Do - Papeete au mois de décembre 1996 a constitué un événement. Mais que fera Olivier Loyant lorsque tout sera rôdé et roulera par soi-même ? « Cela n'arrivera pas, affirme-t-il. La place d'un responsable de restaurant Mc Donald est sur le terrain, au milieu de ses troupes, quoiqu'il arrive ». Patrick Schlouch Index noms propres Banque Westpac Chocolatine (snacks) Cholet Michel Continent (hypermarchés) Loyant ....... Loyant Bruno Loyant Olivier


Alfred Montaron : Promouvoir le CESC « La vie est passionnante, mais l'on n'est pas maître de son destin ». Le ton est donné d'emblée. Il y a du bon sens et de la sagesse dans cet homme là. Il est surpris et intimidé, mais en même temps flatté, d'être là, dans ce bureau vernis de l'antichambre du pouvoir. « J'étais à l'école des Sœurs et des Frères avec Gaston Flosse » me révèle-t-il, avec un sourire complice, pour que je comprenne bien que l'oreille de la présidence lui sera, en principe, ouverte sans protocole superflu. Car Alfred Montaron n'est pas dupe. Il ne se fait aucune illusion sur l'importance politique de sa nouvelle position de président du Conseil économique, social et culturel (CESC) pour un an. Il sait que nul pouvoir ne s'y attache et que l'institution n'est que consultative. Son rôle se limite normalement à donner son avis quand on le lui demande. Or, en 1990, après l'avoir longtemps réclamé, le CESC a obtenu le droit d'autosaisine, expression savante signifiant simplement qu'il peut désormais donner son avis même quand on ne le lui demande pas. Ceux que l'on appelle les “forces vives” du pays et qui composent le CESC, c'est-à-dire les entrepreneurs, les salariés, les associations, ont ainsi gagné le droit de s'exprimer. Seulement voilà, personne ne les écoute. Et si personne n'écoute, pourquoi le pouvoir s'embarrasserait-il de le faire ? Alfred Montaron a parfaitement compris la situation. C'est sa plus grande force. Il précise alors sa stratégie : concentrer les efforts du CESC sur des objectifs bien ciblés pendant le peu de temps dont il dispose. Il veut certes « faire avancer les dossiers en cours : après-CEP, tourisme, pêche, agriculture, horticulture, foncier... » Mais son but principal, c'est promouvoir l'institution, élargir son audience. « Le CESC n'est pas un “machin”, déclare-t-il, soudain un peu plus solennel, vantant les capacités de la nouvelle équipe de conseillers et les performances des permanents. On ne tient pas assez compte de nos avis. » Un an c'est très court, Alfred Montaron en est conscient. Aussi, il ne perd pas une minute et, le soir même de son élection, le nouveau président annonce la couleur sur les écrans de RFO. Le verbe est direct, le ton mesuré, le message clair, ... Ça porte. L'éphémère patron de la troisième institution de la Polynésie française sait que les médias lui sont indispensables et peuvent être ses meilleurs alliés. « Il y a un problème de la jeunesse dans notre pays » répète-t-il sans se lasser. C'est son cheval de bataille. Cette jeunesse que tout le monde se renvoie comme une balle, il l'attrape au vol et déclare : « Les jeunes ne sont pas responsables de la situation. NOUS sommes responsables. NOUS devons faire quelque chose avant que le mal ne soit trop profond ». Et il propose du concret. Il n'énonce pas d'idées fumeuses mais, en parfait homme d'affaires, se fixe des objectifs précis et raisonnables. Entre autres, celui de voir, avant l'an 2000, un Polynésien diriger l'un des grands hôtels du pays. « Les compétences existent, insiste-t-il, il faudrait seulement que nos jeunes se décident à sortir de leur cocon familial et acceptent de s'expatrier temporairement pour apprendre. » La tâche est ardue, mais il peut réussir. Il possède pour cela de solides atouts. Son succès exige d'abord un réseau de relations hors pair. Il l'a. Alfred Montaron, né le 19 juin 1928 à Papeete, fils de Philibert Montaron, morvandiau arrivé sans un sou à Tahiti en 1906 et de Anne-Marie Zinguerlet, juive-alsacienne par son père et maohi (de Tahaa) par sa mère, élevée jusqu'à sa majorité par les sœurs de Saint-Joseph de Cluny, est l'un de ces nombreux “cocktails bioethniques” ayant si bien réussi dans la Polynésie du milieu du siècle. Le brassage des cultures les a servis. Ils ont le plus souvent fondé des familles prospères, honorables et influentes. De son père morvandiau, il a reçu, au travers d'une éducation stricte, l'amour de la France et du travail bien fait, la résistance à l'effort et aux situations difficiles mais aussi le goût du bien vivre et des pieds solidement fixés au sol.


Sa mère lui a légué le sens des affaires et la diplomatie du grand père ashkénaze, équilibrés par la simplicité, l'insouciance et la bonne humeur maohi de la grand mère de Tahaa. Le parcours professionnel d'Alfred Montaron est celui d'un jeune comptable entré au sein du groupe Martin en 1956 et qui ne le quittera que vingt ans plus tard en 1976, pour s'associer avec son beau-frère, Lérie Rey, dans l'aventure touristique et hôtelière. Entre temps, il était devenu directeur commercial de la Brasserie de Tahiti puis administrateur du groupe. Il avait aussi épousé Andrée, fille d'André Blouin, gros armateur originaire du nord de la France, et de Régina Holozet, qui lui donnera une fille, Marie-Hélène, aujourd'hui Madame Bruggmann, et un fils, Manutea. Depuis sa retraite en 1989, Alfred Montaron se contente de gérer, avec son jeune frère Philibert, le patrimoine familial qui est conséquent, surtout du côté du quartier de Fariipiti à Papeete et à Paea. Il a tout de même conservé la présidence de l'Union Polynésienne de l'Hôtellerie (UPHO) qu'il occupe depuis 1986 et prouve sa confiance en l'avenir du Territoire en lançant de grands investissements immobiliers. Au total, plus d'un milliard de Fcfp. Alfred Montaron est effectivement un sage, d'une sagesse glanée au fil de 68 ans d'une existence riche en expérience mais aussi de lectures soigneusement choisies. « Romain Rolland, me dit-il, écrivait que le pessimisme est le propre de l'intellectuel, l'optimisme est le propre de celui qui travaille et qui a confiance. » Pour Alfred Montaron, le mot clé est “respect”. Respect de l'autre, des lois, de la Nature, de soi-même. « Alors, conclut-il avec un grand sourire, on pourra parler d'une autre autonomie. » Patrick Schlouch Index noms propres Blouin André Bruggmann Marie-Hélène Conseil Économique Social et Culturel (CESC) Flosse Gaston Holozet Régina Montaron Alfred Montaron Manutea Montaron Philibert Rey Lérie Union Polynésienne de l'Hôtellerie (UPHO) Zinguerlet Anne-Marie Mots clés Institutions de la PF


Amine Aline : En rouge et noir Il est l'exemple même de la réussite professionnelle et sociale. Légion d'honneur, Ordre du Mérite, éminent conseiller du commerce extérieur de la France, lui, le fils d'immigré chinois parti de rien, a reçu les distinctions françaises les plus prestigieuses. Il est l'intégration faite homme, à la croisée d'une culture chinoise qu'il chérit et d'une culture occidentale qu'il a su parfaitement assimiler et faire sienne. Sans oublier, naturellement, un art de vivre typiquement polynésien. Les plus grands le consultent, recherchent ses avis. A tout le moins, ils apprécient sa cuisine et l'accueil toujours chaleureux qu'il réserve à ses nombreux amis souvent très influents. A tel point que son carnet d'adresses est sûrement son bien le plus précieux. Hyacinthe Aline pour l'état-civil français, de son nom de naissance, Amine Yau, vit aujourd'hui, à 71 ans, ce qu'il appelle une “retraite active”. Car il a le sens aigu des formules. Celles qui font mouche et résument une situation en un mot, souvent avec ironie, avec clairvoyance toujours. Sa fierté, une brillante carrière qui ne doit rien aux longues études universitaires. Avec l'humour incisif qui le caractérise, il ne se reconnaît que deux diplômes : le certificat d'études “locales” et H.E.C ... pour “hautes études culinaires”. La carrière d'Amine, tout le monde la connaît. Il a été interviewé cent fois, il a participé à d'innombrables émissions. L'école qu'il quitte à 15 ans pour se lancer dans un tourbillon de travail et de créativité qui le mènera, quelques épreuves et beaucoup d'entêtement plus tard, à la tête d'un groupe de sociétés de dimension régionale. Tout cela a été raconté maintes fois. Mais l'écouter parler est toujours un plaisir. « Si nous avions seulement mis de côté 5 % de ce que la France nous a donné depuis trente ans, tu te rends compte ? » me lance-t-il dans un soupir, avec cette malice et ce bon sens qui furent les piliers de son succès. Dans ce pays de cigales, la fourmi doit s'adapter. Et la petite fourmi Amine s'est particulièrement bien adaptée. Président du groupe Aline international qu'il a fondé en 1948 et qui distribue une trentaine de marques françaises, dont l'Oréal, dans tout le Pacifique français et génère un chiffre d'affaires annuel avoué de 4,5 milliards de Fcfp ; administrateur d'autres sociétés ; président ou viceprésident de nombreux organismes très sérieux et honorables... le parcours vaut le détour. « Ma grande force, c'est de pouvoir dire ce que je pense ». Et il ne s'en prive pas. Sur l'avenir du pays, sa religion est faite. Le soutien de la France est indispensable pour éviter de grosses difficultés. Les ressources espérées de l'après-CEP (tourisme, perle, pêche), ne pourront jamais, selon lui, garantir à elles seules un niveau de vie équivalent, surtout dans le contexte démographique ambiant ... Ce qui préoccupe le plus Amine Aline : l'éducation et la formation des jeunes. Il a accepté une mission de conseiller pédagogique en technologie auprès du vice-rectorat. Lui, l'autodidacte, entrouvre la porte et distille aux jeunes une expérience et un savoir directement puisés aux sources de la réalité. Les paroles sont une chose .... Mais Amine agit et prouve sa confiance en recentrant ses activités en Polynésie française. Il s'enflamme comme un jeune homme pour un projet de restructuration du quartier de Fare Ute, avec construction d'une grande surface ultramoderne de 3 000 m2, spécialisée dans la construction, l'habitat et la décoration, un investissement prévu de plus de 200 millions de Fcfp. Et s'il envisage néanmoins l'éventualité d'une sécession politique, "Après tout, la politique n'est pas figée et si les Polynésiens choisissent l'indépendance...", il tempère ses craintes avec une boutade en se disant que « la vie ne va pas s'arrêter et que l'on aura toujours besoin de shampooing et de savon...». L'introduction de la TVA lui semble l'événement important de l'année 1997. Elle modernisera la fiscalité de ce pays, reconnaît Amine Aline qui estime toutefois


indispensable un gros effort d'information et d'éducation de la population dont l'incompréhension est grande. « C'est face à l'adversité que je suis le meilleur » me confie-t-il. Mais l'adversité, ils sont deux à l'affronter. « Ma femme, c'est mon trois-quarts » ajoute-t-il enfin, malicieux, avouant ainsi la place méritée que Theresa tient dans son cœur et dans sa vie. Autant que la cuisine du mari, c'est le sourire et l'accueil de l'épouse qui séduisent les invités et les amis lorsqu'ils pénètrent l'univers “impérial” d'Amine, un univers en rouge et noir. Rouge comme la passion qu'il met dans tout ce qu'il entreprend et noir comme la profondeur de la sagesse qu'il recherche. Patrick Schlouch

Index noms propres Aline Hyacinthe dit Amine Aline Theresa Tahiti Quincaillerie


JEAN-PIERRE FOURCADE : SOUS UNE BONNE ÉTOILE Deuxième producteur de perles de Tahiti, il préside aussi l'un des plus puissants groupes économiques du pays. Son influence est aussi grande que sa discrétion et sa simplicité. Depuis trois ans déjà, Polynésie Éco souhaitait le faire découvrir à un public dont il est méconnu. Il a finalement accepté cette année de dévoiler un peu de son personnage. Qui êtes vous Jean-Pierre Fourcade ? Les trépidantes années 70 s'achèvent. Après une décennie de perfusion CEP à haute dose, la Polynésie française est en pleine euphorie économique. Aux Tuamotu, un petit avion chargé de poisson frais survole une étroite bande de terre, verte et blanche, posée comme une couronne sur l'océan. Le jeune pilote ne sait pas que le destin a choisi de la lui offrir. Aratika ! À 1h30 de vol à l'est de Tahiti, l'atoll est pratiquement désert, à l'exception d'un « embryon » de ferme perlière que Jean-Pierre Fourcade rachète en 1979. Le jeune homme est entreprenant et ouvert. Sa réussite est complète. Dix-huit ans après, l'exploitation perlière de Jean-Pierre Fourcade est la seconde en Polynésie française derrière celle de Robert Wan. Sa production équivaut à 40% de celle de l'“empereur de la perle”, soit à peu près 20% du total des exportations polynésiennes. Sur sa jeunesse toute proche - il n'a que 42 ans - Jean-Pierre Fourcade glisse avec l'habileté d'un surfeur. Une première année de vie passée à Noumea où il est né le 1er décembre 1954 de Freddy Fourcade, administrateur d'État en Nouvelle Calédonie, et de Frida Martin, fille d'Emile Martin, fondateur du groupe du même nom ; en 1955 retour à Tahiti où son père va prendre la direction de ce groupe jusqu'à la fin des années 60 ; et scolarité aux collèges La Mennais et Pomare. C'est tout ! Nous n'en saurons pas plus cette fois. On le retrouve pilote privé, associé à Mario Nouveau et Gilbert Lety dans une affaire de transport de poisson, InterFly. Il a 22 ans, c'est son premier contact avec les Tuamotu, il ne les quittera plus. Depuis l'arrivée de Jean-Pierre Fourcade, Aratika revit. L'île compte désormais 80 habitants avec lesquels il entretient les meilleurs rapports. Pour faciliter le retour des familles, il a mis gracieusement des bâtiments à leur disposition pour y créer une petite école, permettant ainsi la scolarisation ddes enfants. Par ailleurs, il a su judicieusement les impliquer dans son activité : « Je leur laisse entièrement le collectage » m'explique ce perfectionniste, sans cesse à l'affût de nouveautés susceptibles d'améliorer la qualité de ses perles et les conditions de travail de ses 60 employés. Sa ferme est automatisée, c'est-à-dire que le nettoyage mensuel des nacres, tâche principale d'un perliculteur, est aujourd'hui mécanisé. Avantage majeur : les plongées sont pratiquement inutiles et limitées au maximum. Les risques d'accident sont par conséquent extrêmement réduits. Tout le travail se fait depuis un type de bateau spécialement conçu au Japon. Même s'il compte aussi en son sein des perliculteurs relativement modestes, le Syndicat des Producteurs de Perles Professionnels (SPPP) est considéré comme rassemblant les “gros” perliculteurs polynésiens, alors que le Syndicat des Producteurs de Perles de Tahiti et ses Iles (SPPTI) de Temauri Foster, réunit les perliculteurs “moyens” et que le GIE Poe Rava Nui de Pierrot Lehartel, représente les “petits”. Jean-Pierre Fourcade préside le SPPP depuis 1994 « Ma stratégie n'est pas de produire plus, mais de produire mieux. Il n'est pas question d'étendre l'exploitation indéfiniment. La perliculture doit rester accessible à tous ». Il est heureux de m'apprendre que, grâce aux soins particuliers qu'il accorde à tous les stades de sa production, celle-ci compte déjà 50% de perles de qualité (contre à peine 10% dans la plupart des petites exploitations). « Je tiens à rester producteur », insiste ce passionné qui nous fait penser au viticulteur travaillant sans relâche à la sublimation de son produit. Il y aurait du reste d'étranges similitudes entre les


deux métiers. « Nous avons des millésimes pour la perle comme pour le vin, illustre-t-il. 1995 était une année excellente en qualité, 1996 a été une bonne année » . Comme tout le monde dans le milieu perlier polynésien, le président du SPPP a quelques inquiétudes. Il voit trois explications à la chute des cours qui se prolonge : la forte baisse du yen, qui a réduit le pouvoir d'achat de notre principal client (le Japon absorbe plus de 80% des exportations de perles de Tahiti), l'anarchie du négoce, qui brouille les marchés et donne une image pitoyable de la Polynésie à l'extérieur et, enfin, une surproduction de perles de qualité médiocre qui dévalorise le produit. Pour Jean-Pierre Fourcade, la perle de Tahiti reste néanmoins un atout essentiel de l'après-CEP. A condition toutefois que les perliculteurs et les pouvoirs publics travaillent en concertation pour harmoniser et planifier le développement de la production tout en accentuant d'une manière efficace la promotion du produit à travers le monde. En ce qui concerne l'avenir du pays, Jean-Pierre Fourcade croit surtout à la bonne étoile qui a toujours protégé les Polynésiens. « Nous avons dix ans de sursis. Je suis certain que nous allons trouver et développer de nouvelles activités et d'autres ressources pour remplacer le CEP » conclut-il avec un sourire lumineux. Patrick Schlouch

Encadré LE GROUPE MARTIN A CONFIANCE : 1 MILLIARD D'INVESTISSEMENT PAR AN Créé par Emile Martin, le groupe Martin est l'un des plus anciens groupes économiques de Polynésie française dont le développement s'est fondé sur l'énergie (Electricité de Tahiti) et l'agro-alimentaire (Brasserie de Tahiti) Après la vente de l'EDT à la Lyonnaise des Eaux en 1986, la Brasserie de Tahiti fabricant des bières Hinano, Heineken et Hei Lager ainsi que des produits Coca Cola, Orangina et Schweppes - devient le vaisseau amiral du groupe. Celui-ci comprend également Plastiserd, une unité de transformation du plastique (des emballages notamment et, plus récemment, des bouées pour la perliculture) ; la Société de Distribution Automatique qui commercialise à l'américaine l'eau de source Premium Water sous forme de fontaines et de bonbonnes ; l'imprimerie STP-Multipress, la plus importante en Polynésie française. Ajoutez à cela diverses participations au capital de nombreuses sociétés dans la banque, l'assurance, l'immobilier, l'agro-alimentaire, l'acconage et le transport aérien. Total : 10 milliards de Fcfp de chiffre d'affaires annuel et 450 employés. Depuis 1986, l'activité du groupe Martin s'est recentrée sur l'agro-alimentaire et les boissons (bières, sodas, eau, jus de fruits). Jean-Pierre Fourcade en est le président depuis 1992. « Nous sommes fortement axés sur la qualité des produits que nous fabriquons mais aussi des équipements que nous utilisons et du service que nous devons apporter à nos clients » souligne-til, insistant sur la confiance que le groupe Martin accorde à la Polynésie française en y investissant bon an mal an 1 milliard de Fcfp. Jean-Pierre Fourcade a également des activités « à titre personnel ». Dans le cadre de sa société Pro Tech Distribution, il commercialise les marques Kodak, Canon (photo), et Bombardier (nautisme). Les magasins QSS et le laboratoire photo Tahiti Labo Kolor, c'est également lui. Mais ce n'est pas fini. Cet homme dont les journées font sans doute, miraculeusement, 48 h au lieu de 24 pour le commun des mortels, est aussi consul de Finlande. Jean-Pierre Fourcade est marié à une très charmante Polynésienne, Lucienne Trin, qui lui a donné deux magnifiques enfants : Teva, 18 ans, actuellement étudiant aux États-Unis et Beverly, 15 ans, lycéenne.


PERLE 96 STABILISATION DES PRIX ET DIVERSIFICATION DES MARCHES Avtc

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.t .lérelt':

Pe. c.n. dcùuùrlc noù\ell. liu.lrx r.rr.lr. uùc p.rle a: ,neilleu.e qnihé, lx \akniiiutrnr quc Po\sihle en Po.rtrasn, la p(ntoûloi' iDrcù.nmr,tr da.s 1e nùnrdc .nrid r às{r.r .i ùos .lierls ur trii: nnpc.càl)lr drns lâ plL's prri.i::

Èùrenr l. da{cloppen,ent d Lue rôril^blÊ llliè,è pede allanr dc li

odu.tnm à la \enrc d. bijo,x. er pi$anl Prr ùD nago.e réelle ùeDt pùtè$nrnrel et ure for marn'r sérieuse iux dilcr ûréû1\.1. h p. c. !.on,pns 1à bij(n,rerie.

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\lais il r' à un ,n.n. L'rmbiintr dù goù!.Drcnrcnr se hcrrrc ri ,ùr làn.erù d n,ÉÉls (.ù ippare,,Le) dne,!.ents. Yal il ,u, ponn coùùnùn cn{rc un pctir rc,mi{r pa,motr prcdui

\rnr I 000 pedet par aù doùt. ill.z, srons générèùx. 100 sont de boD.equahé-eI tel gros p.F li.ùheur qtri cxporte à la ruDè cr brrssc des nillia.ds ? N. \ireDtih pou anr prs rous d{rx $ull du mêùre pnxlL,it :

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CONFÉRENCE DE PRESSE Pourquoi "Le Bamboutier" ferme-t-il ses portes ? MESSAGE DE M. DIDIER SIBANI directeur - fondateur (Conseiller du Commerce extérieur de la France)

Papeete - Jeudi 3 juillet 1997

Mesdames et Messieurs, Je suis bien conscient qu'il n'est pas vraiment habituel d'organiser une conférence de presse à l'occasion de la disparition d'un magasin. C'est pourquoi je vous remercie tout particulièrement d'avoir répondu à notre invitation et, pour la dernière fois, malheureusement, je vous souhaite la bienvenue au Bamboutier qui fermera définitivement ses portes dans quelques jours. J'ai souhaité cette conférence de presse pour deux raisons : D'abord, je viens de vous le dire, pour vous annoncer officiellement la fermeture du Bamboutier, un commerce de meubles et objets de décoration exotiques, créé il y a seize ans, en 1981. Je tiens à ce que l'on sache que cette fermeture n'est absolument pas due à des difficultés économiques. Certes, la conjoncture de l'après-CEP étant ce qu'elle est, ce n'est plus l'âge d'or pour un magasin comme le Bamboutier. Néanmoins, cette affaire marchait encore très convenablement et, surtout, le volume de travail permettait de préserver l'emploi des 4 personnes qui faisaient fonctionner le magasin. .../...


Si j'ai finalement accepté de renoncer au Bamboutier, avec les sacrifices que cela suppose, notamment en ce qui concerne la situation des employés et de leurs familles, c'est essentiellement parce que l'on a su me convaincre en haut lieu que cette décision allait dans le sens de l'intérêt général du Territoire. En effet, vous n'ignorez pas qu'il existe un ambitieux projet immobilier pour le terrain sur lequel est actuellement implanté le Bamboutier. Certains de vos confrères ont déjà évoqué cette opération dont le promoteur est M. David Bitton. Ce n'est pas un secret, nous avons eu avec lui, un différend à propos de l'évaluation de l'indemnité qu'il devra nous verser pour compenser, autant que possible, la perte que la maison Sibani consent et, surtout, pour contribuer à indemniser le personnel. Ce différend était déjà entre les mains de la justice. Il aurait pu durer des années et, sans doute, retarder considérablement la réalisation du projet immobilier de M. Bitton. J'ai finalement cédé. Mais uniquement sur la foi qu'il y aurait bientôt, icimême, un immeuble représentant un investissement de plus de 800 millions de Francs Pacifique et dont la construction donnerait du travail à de nombreux Polynésiens. Je tenais à prendre date. J'ai aussi accepté cette solution extrême, parce que j'ai compris qu'il est temps à présent, pour la maison Sibani, de se consacrer totalement à son activité principale : la bijouterie en perles de Tahiti. Et j'en viens ainsi à la seconde raison pour laquelle j'ai souhaité votre présence aujourd'hui. Il me semble en effet que tout ce qui concerne l'économie locale est devenu essentiel pour l'avenir de notre pays. Souvenons-nous, la Polynésie française est entrée dans l'après-CEP. C'est devenu un lieu commun de le dire, mais c'est avant tout une réalité dont on ne mesure peut-être pas toujours très bien les implications concrètes. Pour ce qui me concerne, je note simplement que le Pacte de progrès a fixé des objectifs précis. .../...

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La Polynésie française devra atteindre une autonomie économique de 50% à l'horizon 2006. En clair, cela signifie tout simplement qu'à cette date les entreprises polynésiennes devront produire la moitié des richesses du pays, Rappelons nous qu'elles n'en produisent actuellement que le quart environ. Croyez-moi, pour parvenir à un tel résultat, en si peu de temps, il va falloir sérieusement accélérer le rythme et accroître la productivité. Sans oublier que ces mêmes entreprises locales, celles qui existent déjà comme celles qui sont encore à naître, devront, en même temps, créer les milliers d'emplois nécessaires. La responsabilité des entrepreneurs polynésiens, notre responsabilité, est donc énorme. Nous serons aidés sans doute, espérons-le, mais de toute manière, c'est sur nos épaules que repose le succès de l'autonomie et du type de développement que le président du gouvernement a proposés aux Polynésiens. Je pense qu'il est important que ceux-ci sachent comment les choses évoluent et où ils en sont réellement d'un point de vue économique. Voilà pourquoi j'estime que les entreprises devront communiquer de plus en plus avec le public et mieux l'informer. C'est en tout cas l'intention de la maison Sibani. On y a tout intérêt. Si l'on communiquait un peu plus, si l'on informait un peu mieux, cela pourrait nous éviter bien des soucis et bien des difficultés. J'ai toujours été partisan d'une bonne communication d'entreprise et je ressens le besoin d'une bonne information économique. Je vous rappelle que la maison Sibani parraine le magazine économique annuel Polynésie Eco depuis sa création en 1995. .../... Il me semble que nous devons et que nous pouvons désormais progresser dans ce domaine.

3


J'espère que les médias, que vous représentez, accepteront de nous suivre dans cette évolution et c'est aussi pourquoi je vous ai demandé de venir ce matin. Je voudrais en effet profiter de l'occasion qui m'est offerte pour vous donner quelques informations sur la maison Sibani et sur la manière dont nous avons abordé cet après-CEP. Avec 16 points de vente en Polynésie française, répartis sur 4 îles et une activité internationale en développement constant, le tout générant un chiffre d'affaires approchant le milliard de Francs Pacifique, la maison Sibani est aujourd'hui leader dans le secteur de la bijouterie en perles de Tahiti. Cette performance est le fruit d'une stratégie, d'une organisation et d'un travail, celui d'une équipe à qui je rends publiquement hommage parce qu'elle croit à ce qu'elle fait et qu'elle le fait bien. Après dix ans d'efforts, c'est un résultat dont je suis fier. Mais, nous voulons aller plus loin. Nous souhaitons faire connaître et apprécier la bijouterie en perle de Tahiti au monde entier. M. Flosse ne s'est pas contenté de lancer un défi, il nous a mis en main toutes les cartes dont nous avions besoin pour gagner. Il a très bien préparé le terrain (même si, récemment, certains éléments importants de sa construction semblent menacés : la loi Pons, en particulier, dont nous avons pourtant un besoin crucial en Polynésie). C'est à nous, maintenant, les entrepreneurs, de faire de notre mieux pour suivre la voie tracée. Vous savez, j'observe attentivement, et de l'intérieur, l'évolution de l'économie polynésienne depuis près de trente ans. La plupart des repères socio-économiques dont nous avions l'habitude n'existent plus ou sont appelés à disparaître assez vite. Nous devons nous préparer et nous adapter. Cela dit, pour peu que nous ne tardions pas trop à faire cette révolution dans nos mentalités, je suis optimiste pour l'avenir de notre pays. On ne peut pas tout faire et le faire parfaitement. Recentrer ses activités, concentrer son énergie sur des objectifs précis, c'est un moyen efficace pour une entreprise d'améliorer ses performances et c'est exactement ce que la maison Sibani va faire.

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Voilà, précisément, les raisons pour lesquelles, j'ai accepté de mettre un terme à cette grande aventure que fut la création et l'existence du Bamboutier. Pour conclure, je tiens à dire que je ferai tout ce qu'il est possible pour préserver les emplois. D'ailleurs, peut-être que ce magasin ne disparaîtra pas totalement si nous réussissons, comme je l'espère, à conserver une certaine activité au niveau de la vente en gros. Je souhaite,en tout cas, ne pas avoir à regretter ma décision. J'espère que les promesses de M. Bitton seront effectivement tenues et qu'il lancera rapidement les travaux de cet immeuble comme il s'y est engagé. Je vous remercie.

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CONFÉRENCE DE PRESSE AIR NEW ZEALAND

Pactes pour l'an 2000 Communication de Monsieur Richard Hall Directeur régional d'Air New Zealand en Polynésie française Hôtel Tahiti Beachcomber Parkroyal - 13 août 1997

Mesdames et Messieurs, Il y a un peu plus de quarante cinq ans, le premier hydravion Catalina de la Tasman Empire Airways Ltd (la TEAL), qui allait plus tard devenir la compagnie Air New Zealand, amerrissait sur le lagon de Faa'a, reliant ainsi, pour la première fois, la Nouvelle Zélande et Tahiti. Depuis près d'un demi siècle, Air New Zealand est restée fidèle à la Polynésie française. .../...


Mais les technologies ont évolué, le transport aérien régional aussi. Le parfum d'aventure des années 50 a cédé la place à la loi du marché. C'est aujourd'hui le règne de la concurrence et la course à l'amélioration du service. En cette fin de siècle, le transport aérien international connaît des transformations qui sont de véritables révolutions. La compétition y est très dure, mais elle a provoqué, depuis quelques années, une restructuration profonde du secteur. La tendance y est au regroupement. Aucun transporteur ne peut plus désormais faire face aux enjeux tout seul.

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Les compagnies ont compris que leur intérêt est de s'allier entre elles, de manière à s'impliquer dans des réseaux mondiaux dépassant leurs capacités individuelles. En l'an 2000, la quasi totalité des compagnies aériennes internationales feront partie de l'un des deux ou trois grands groupes actuellement en cours de création. C'est essentiellement pour vous informer aussi clairement que possible de la stratégie d'Air New Zealand dans ce contexte global, que nous vous avons invités cet après-midi. Je vous remercie d'avoir répondu à cette invitation et je suis très heureux de vous accueillir.

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Vous trouverez des informations détaillées concernant la politique d'alliances internationales d'Air New Zealand dans le dossier que nous vous avons préparé. Permettez-moi seulement de vous rappeler les principaux objectifs de cette stratégie. C'est d'abord de placer Air New Zealand en bonne position dans un des principaux réseaux mondiaux du transport aérien international dans la perspective du siècle prochain. Cela permettra d'étendre l'activité et l'influence de notre compagnie bien au-delà de notre zone d'activité de base qui est le Pacifique sud. Cela permettra en même temps de donner à notre région un rayonnement d'une portée plus grande. 4


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Il s'agit ensuite de profiter de cette intégration à un tel réseau pour confirmer notre dynamisme auprès de notre clientèle et d'améliorer sans cesse la qualité de notre service. Le processus est engagé depuis environ deux ans. Nous avons procédé à une refonte complète de l'image de la compagnie. Un investissement de 50 millions de dollars NZ (environ 3,5 milliards de Fcfp). En 1996, Air New Zealand a passé des accords commerciaux avec la compagnie Lan Chile et avec le géant américain United Airlines. Nous avons également pu acquérir la moitié du capital d'Ansett Australie et d'Ansett International. 5


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Cette année, nous nous allions à Air Canada et, surtout, à Singapour International Airlines. Nous avons également passé des acoords commerciaux avec Lufthansa. Ces rapprochements vont entraîner de nombreux avantages pour les voyageurs. (Vous en trouverez le détail dans votre dossier de presse). Mais il vont également participer de manière importante au développement du transport aérien et, par conséquent du tourisme dans le Pacifique sud. Je dirai, en particulier à Tahiti. N'oublions pas que l'an 2000 dans le Pacifique sud sera marquée par trois événements d'importance mondiale : 6


Sydney accueillera les Jeux Olympiques. La Nouvelle Zélande sera le théâtre de la Coupe de l'America.

Rappelons nous aussi que notre région sera la première à entrer dans l'an 2000. Ces événements vont drainer des flux importants de visiteurs dans notre région. Ce pourrait être le départ d'une ère nouvelle pour le tourisme régional. Air New Zealand s'y prépare très sérieusement et investit beaucoup dans ce sens. Nous vous avons également communiqué quelques données relatives à la position d'Air New Zealand en Polynésie française.

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Vous verrez que notre compagnie assure le plus grand nombre de vols internationaux à l'arrivée et au départ de Tahiti. Vous constaterez également que nous sommes en seconde position, juste derrière Air France pour le nombre de passagers transportés. …/… Voilà, encore merci de votre présence. Nous allons maintenant vous projeter une courte cassette vidéo. L'essentiel de son commentaire est traduit dans votre dossier de presse. Vous pourrez ensuite poser les questions que vous souhaitez sur ces deux sujets principaux : - la stratégie commerciale internationale d'Air New Zealand - et sa situation en Polynésie française.

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2 décembre 1997

Développement Il fut un temps où, en Polynésie française, on ne jurait que par la politique. Ce temps n'est pas entièrement révolu mais, aujourd'hui, l'économie prend de plus en plus de place dans la vie polynésienne. En réalité, cette place a toujours été très importante et, comme le bourgeois gentilhomme de Molière faisait de la prose sans le savoir, nous faisons tous de l'économie, sans en être toujours bien conscients. L'économie polynésienne est dans une phase de bouleversement profond. Après l'économie traditionnelle de l'avant CEP, après la rente nucléaire des années CEP, notre économie se restructure et se modernise. Le Territoire et l'État ont défini un objectif. Il s'agit de parvenir à plus d'autonomie, à plus de responsabilité. On espère ainsi pouvoir, en 2006, être capable de produire au moins la moitié de la richesse dont nous aurons besoin pour préserver notre niveau de vie. On compte essentiellement pour cela sur le développement du tourisme, de la perliculture et de la pêche. Pouvons nous relever ce défi, c'est-à-dire passer de 30 à 50% de ressources propres en dix ans ? Là est toute la question. Nous avons des atouts et des faiblesses, mais ce sont souvent les deux faces d'une même réalité. Ainsi notre environnement est magnifique, mais il est très fragile. Notre pays est isolé au milieu de l'océan.


C'est un handicap mais c'est aussi une force.

La Nature est parfois cruelle. Mais n'est-elle pas si généreuse ? Notre principale faiblesse, au fond, ne serait-ce pas nous-mêmes, une mentalité collective amollie par trente ans de rente nucléaire ? Le développement, c'est surtout un état d'esprit.


Chronique économique hebdomadaire Patrick Schlouch 23 décembre 1997

BANQUES : LA FRANCE SE RETIRE Le paysage bancaire polynésien se transforme rapidement. Il y a seulement dix ans, les cinq banques du Territoire étaient toutes françaises. A la fin des années 80, la Westpac rachetait les branches polynésienne et calédonienne d'Indosuez. En 1995, la Bank of Hawaï devenait actionnaire majoritaire de la Banque de Tahiti. Elle a annoncé la semaine dernière qu'elle prendra bientôt le contrôle de Paribas Pacifique à Nouméa et de sa filiale Paribas Polynésie. La disparition de l'enseigne Paribas ne provoquera sûrement pas de révolution à Tahiti. Elle gérait en effet moins de 3% des quelque 250 000 comptes ouverts en Polynésie. Elle nous interpelle toutefois sur le retrait des banques françaises de la région. A l'exception de la Socredo, dont la situation est particulière puisque son capital est public, partagé à égalité entre le Territoire et la Caisse française de développement, c'est-à-dire l'Etat, il ne reste plus aujourd'hui en Polynésie qu'une seule banque privée française : la Banque de Polynésie, filiale de la Société générale. Pour combien de temps ? La construction européenne et la mondialisation de l'économie, provoquent d'énormes concentrations financières. Dans ce contexte, les banques françaises, souvent trop petites, souscapitalisées, sont des proies faciles, très convoitées par les géants étrangers.


Leur première réaction pour éviter de disparaître tout à fait est de recentrer leurs activités et de se débarrasser de leurs filiales à l'étranger et outre-mer. L'évolution à laquelle nous assistons est la conséquence directe de ces phénomènes. Le Pacifique sud est désormais la chasse gardée de deux banques anglosaxonnes : une australienne, la Westpac, et une américaine, la Bank of Hawaii, toutes deux implantées dans la quasi totalité des états et territoires océaniens. C'est un exemple significatif des bouleversements profonds de notre environnement économique et financier, pas toujours sensibles immédiatement pour le Polynésien moyen, mais qui témoignent du passage à une ère totalement nouvelle.

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RFO - Radio CHRONIQUE ÉCONOMIQUE HEBDOMADAIRE Patrick Schlouch 30 décembre 1997

NONO Je voudrais d’abord souhaiter une très bonne et heureuse année aux auditeurs de RFO radio. Des choses importantes se sont passées sur le plan économique en 1997. Mais la plus spectaculaire est, sans aucun doute, le succès phénoménal du jus de nono. Ce produit, connu des Polynésiens depuis toujours, est en train de conquérir l’Amérique, et le monde bientôt, grâce à un marketing extrêmement bien étudié et à un réseau de vente en pyramide ayant fait ses preuves notamment pour ce type de produits naturels. Ce fruit aux vertus miracle, selon ses promoteurs, est devenu en un an seulement un espoir fabuleux pour l’économie polynésienne. Son exploitation n’a commencé qu’à la fin de 1995 et quelques tonnes seulement ont été exportées en 1996. Mais, en 1997, 400 tonnes partaient chaque mois vers les États-Unis et l’on espère passer bientôt à 1 000 tonnes. Le nono procure déjà des revenus à 2 500 Polynésiens et l’on en est encore qu’à la cueillette. Les gros investisseurs locaux s’y intéressent. Ils achètent des terrains pour y créer des plantations. Les grands groupes, comme la Brasserie de Tahiti, se lancent dans l’aventure.


Le boom du nono s’explique par deux facteurs : d’une part, l’existence, dans les pays développés, et surtout en Amérique, d’un gigantesque marché pour les plantes médicinales et les produits naturels. Le second facteur, c’est le mythe tahitien et sa force. A condition d’être bien géré, et ce fut le cas, le mélange de ces deux ingrédients ne pouvait que donner des résultats formidables. Au delà de son cas particulier, le succès du nono nous enseigne deux choses : - la Polynésie prouve une fois de plus qu’elle est bénie des dieux et que ses ressources dépassent l’imagination (en tout cas celle des rédacteurs du Pacte de progrès). - la seconde leçon est que l’agriculture polynésienne doit se spécialiser pour réussir. Comme toutes les activités économiques locales, elle peut et doit s’appuyer sur l’image mythique de Tahiti pour réussir sa reconversion.


1998



Chronique économique hebdomadaire - RFO Radio Patrick Schlouch 13 janvier 1998

EMBOUTEILLAGES Elles sont toujours plus belles, plus confortables, plus sûres et plus rapides mais elles sont surtout toujours plus nombreuses. Environ 42 000 voitures particulières circulent sur les 120 km du tour de l’île de Tahiti. Il faut naturellement y ajouter les milliers de camionnettes, poids lourds, transports en commun et engins de tout acabit, sans oublier les deux roues. Malgré des prix exorbitants, le coût des carburants, celui de l’entretien et des assurances et surtout malgré les contraintes imposées par le manque d’espace, la voiture, en Polynésie, reste encore un rêve synonyme de liberté. On se demande bien pourquoi ? Chaque année, 4 à 5 000 véhicules supplémentaires sont mis sur la route. Il n’est pas rare, désormais, de passer deux heures dans sa voiture le matin et autant le soir. Le temps perdu dans les encombrements représente une charge énorme pour les ménages et pour la collectivité. Sans oublier la pollution, l’espace sacrifié, ni bien sûr les accidents. Depuis quinze ans le réseau routier local est figé. Il faudrait au moins doubler la capacité des voies sur la côte ouest entre Papeete et Taravao, mais on attend toujours les cinq malheureux kilomètres de la mythique route des Plaines. Cela dit, construire de nouvelles routes, c’est sûrement nécessaire mais le remède a ses limites. Il coûte très cher et détruit l’environnement. Quant aux transports en commun, les divisions et la sclérose du secteur font obstacle à toute réforme susceptible de proposer une réelle alternative.


Alors quoi faire ? La Polynésie française n’est évidemment pas la seule à connaître ce genre de difficultés. Tous les pays recherchent des solutions et la tendance, pour les années à venir, il faut le savoir, sera à la taxation. Le droit de circuler, surtout dans certaines zones très encombrées, devra se payer. C’est déjà le cas, avec succès, à Singapour où il faut acheter une autorisation spéciale pour rouler au centre ville. Des expériences sont menées en Europe et aux Etats-Unis où, grâce à des capteurs informatiques placés sur les voitures, le compte en banque de leurs propriétaires est automatiquement débité lorsqu’ils pénètrent dans certaines zones. Mais, pour nous, tout cela, c’est de la science fiction. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous armer de patience. Il faudra en avoir de plus en plus.


Chronique économique hebdomadaire - RFO Radio Patrick Schlouch 20 janvier 1998

PETITS PAYS Les petit pays, comme la Polynésie française, peuvent-ils réussir leur indépendance économique et s’en sortir seuls ? Des travaux récents, publiés aux Etats-Unis, apportent un nouvel éclairage sur cette question qui est au cœur du débat politique entre indépendance et autonomie... et entre appartenance, ou non, à l’Union européenne. Depuis le début du 20ème siècle, le nombre de pays ne fait qu’augmenter. En 1914, il n’y avait sur terre que 62 états indépendants. En 1946, il y en avait 74 et l’on en compte aujourd’hui 193 parmi lesquels 35 ont moins de 500 000 habitants. La principale cause de cette évolution, c’est la décolonisation. Dans le Pacifique sud, une quinzaine de nouveaux Etats sont nés depuis les années 60. Puis il y eut l’éclatement de l’empire soviétique. Le nombre d’Etats sur le continent européen est ainsi passé de 32 à 48. Les grands pays sont souvent puissants, mais ils ne sont pas toujours les plus riches, loin de là. Sur les 10 pays dont la population dépasse 100 millions d’habitants, seuls les Etats-Unis et le Japon sont prospères. Beaucoup de petits pays sont pauvres. Les micro-états insulaires du Pacifique sud le sont presque tous. Mais d’autres, comme l’Islande, Singapour ou le Luxembourg, sont proportionnellement très riches.


Etre un petit pays n’est plus, semble-t-il, un handicap aussi insurmontable de nos jours. Et cela pour trois raisons : La taille et la puissance sont une garantie de sécurité pour les états. Or, le monde d’aujourd’hui est globalement en paix et l’on recherche surtout la prospérité. La seconde raison est que les échanges internationaux se libèrent. Les frontières n’ont plus la même importance et les petits pays sont ceux qui en profitent proportionnellement le plus. Enfin, troisième raison, les nouvelles technologies permettent de gommer les distances et font baisser le coût des communications. La conclusion des chercheurs américains est que le succès économique d’un petit état dépend essentiellement de la qualité de ses habitants, des capacités de ses dirigeants et de son ouverture vers l’extérieur. L’avenir est à la décentralisation mais doublée d’une tendance aux associations internationales. L’autonomie de la Polynésie, qui devra probablement être encore améliorée, pourrait en être une excellente préfiguration. Tout dépendra des bases, sur lesquelles, son association avec l’Europe évoluera.


Chronique économique hebdomadaire - RFO Radio Patrick Schlouch 27 janvier 1998

UN MONDE BRANCHÉ La révolution des télécommunications va bouleverser la vie de l’humanité en général et la nôtre en particulier. Le mariage entre le téléphone et l’ordinateur, au cœur de cette révolution, a déjà entraîné des innovations technologiques extraordinaires. Il a notamment permis la naissance du télé-travail, pratiqué par des dizaines de millions de personnes dans le monde. Le téléphone transportera de plus en plus de données. Parmi elles, la voix humaine bien sûr, mais également des images, de l’information. Des services comme le télé-enseignement, la télé-médecine, le télé-achat, la télévision à la carte et, naturellement, Internet seront facilement accessibles partout. Inutile d’insister sur l’intérêt de telles techniques dans un pays comme le nôtre. Grâce à la multiplication des satellites, le téléphone sera aussi de plus en plus mobile. Dans cinq ans, près d’un appareil sur trois le sera. En Polynésie française, le marché du téléphone mobile est encore réservé à la société Tikiphone qui commercialise le réseau Vini. Créée en juin 1995 par Alcatel, Tikiphone est depuis 1997 une filiale à part entière de l’OPT qui possède désormais 86% de son capital. Succès spectaculaire. Le produit est pourtant cher et le relief polynésien assez peu favorable à son fonctionnement. Mais les prix baissent et le réseau s’améliore tandis que de nouveaux services sont régulièrement offerts aux abonnés. Ils étaient 2 800 en 1996 et déjà 5 300 en 1997 pour un chiffre d’affaires de 900 millions de Fcfp.


Cette révolution, comparable en importance à l’apparition de l’électricité dont on était tout aussi incapable, au siècle dernier, de prévoir les infinies applications - va également entraîner un bouleversement de l’économie des télécommunications. Depuis le 1er janvier de cette année, les monopoles ont presque entièrement disparu. Après l’an 2000, il n’en restera pratiquement aucun. N’importe qui pourra s’il le souhaite se lancer n’importe où dans le business du téléphone. La concurrence va faire baisser le prix des communications dans des proportions incroyables. Sous la pression du call-back, le prix de la minute vers la France par exemple, a déjà chuté de 70% en trois ans et la tendance va se confirmer tandis que les services vont se multiplier. Quant à la distance, principal handicap d’un archipel isolé tel que la Polynésie française, elle aura de moins en moins d’impact dans le calcul des coûts jusqu’à probablement disparaître tout à fait dans un avenir relativement proche.


Bilans

chifftes graphiques analyses



Prêts pour l’an 2000 ? L’an 2000, c’est dans moins de deux ans. Quand j’étais enfant, et même bien après, l’événement m’apparaissait considérable. Il m’arrivait souvent de calculer quel âge serait le mien au moment du passage... pour estimer le temps qui me resterait alors à vivre et à goûter toutes ces merveilles que le progrès humain nous promettait. Sans compromis, André Malraux nous prédisait un 21ème siècle spirituel ou inexistant. Kubrick, le magicien, nous faisait rêver de mystérieux futurs sur des valses viennoises. Chaque jour, une découverte, un exploit, relayés par des médias déjà omniprésents, confirmaient la soif de connaissance de l’Homme et les capacités infinies de son intelligence à mieux connaître le monde et à le rendre plus confortable. Nous avons été élevés dans le culte de l’an 2000. La fin du millénaire serait forcément l’entrée dans un monde totalement nouveau, le début d’un nouvel âge d’or. On ne nous a pas totalement trompés. La vie de nos enfants et de leurs enfants sera aussi différente de la nôtre aujourd’hui, que celle-ci est elle-même différente de celle de nos aïeux au siècle dernier. Nous nous habituons si bien aux améliorations de notre situation que nous les oublions aussitôt. Mais la science et la technique ont déjà bouleversé notre cadre de vie dans des proportions inouïes. Il y a peu, les hommes étaient privés d'équipements aussi communs pour nous qu’une salle de bains, une automobile, un réfrigérateur, une télévision et tout ce qui fait aujourd’hui notre quotidien. Ils étaient frappés de maladies contre lesquelles leur médecine était le plus souvent impuissante. Les transports et les communications étaient rares, lents et très chers... C’est une découverte de la fin du 19ème siècle qui a conditionné la vie des hommes du 20ème : l’électricité, dont on ne pouvait imaginer alors les innombrables applications. Au siècle prochain, la vie des hommes sera bouleversée plus encore par une découverte de notre temps : l’informatique et son mariage avec le téléphone. Même si l’on n’en est pas toujours très conscient, notre vie de tous les jours a déjà été complètement transformée par les ordinateurs. Mais leur association avec le téléphone est en train d’induire une révolution dont l’ampleur nous échappe encore largement. De ce point de vue, l’an 2000 tient ses promesses ! Le prix du progrès Le problème, c’est que ces progrès ont un prix. Et il est colossal ! Pollution de la nature et de l’environnement, bruit, encombrements, atmosphère irrespirable, déchets en quantité toujours plus grande ; bouleversement du monde du travail, chômage, précarité, délinquance et violence en tout genre. Nous vivons plus longtemps, certes, mais comment financer ces années supplémentaires ? Nous sommes en meilleure santé et mieux soignés, mais de nouvelles maladies apparaissent et les dépenses sociales provoquent des déficits publics alarmants. Plus grave encore, la fracture de la société. Le progrès, malheureusement, n’est pas également réparti. Pour beaucoup, qui n’ont pas pu ou pas su prendre le train, il est très difficile à présent de s’y accrocher tant sa vitesse est déjà grande. Le fossé, on peut le craindre, risque de se creuser rapidement. Bref, le mal s’est finalement accru dans les mêmes proportions que le bien. Et même si, partout dans le monde, on prépare de grandes festivités en son honneur, vu de près, l’an 2000 n’est plus aussi glamour. Pourtant, a-t-on d’autre choix que de s’y préparer au mieux ? Les Polynésiens l’ont compris, semble-t-il. Depuis sept ans, dans leur majorité, ils soutiennent en effet un homme, Gaston Flosse, et son équipe, dont la politique consiste justement à permettre à la Polynésie, jusqu’ici protégée dans un cocon doré mais un peu étouffant, de s’intégrer à son époque et de vivre au rythme du monde extérieur dans les meilleures conditions


possibles. C’est un pari formidable mais, en dépit du fabuleux pouvoir d’adaptation du peuple maohi, il n’est pas gagné d’avance. Le président a le soutien de Paris. Les socialistes ont jusqu’ici tenu leurs promesses de respecter les engagements du Pacte de progrès. Il a donc des moyens. Mais le temps presse (la garantie financière métropolitaine ne va pas au delà de 2005 et la loi Pons est limitée à 2001). Quant aux besoins, ils sont gigantesques car les retards dans de nombreux domaines sont considérables. En 1997, seulement deux communes polynésiennes sur quarante huit distribuaient de l’eau potable à leurs habitants. Alors, il faut aller vite et mener tous les chantiers de front. Pour beaucoup, cela va trop vite. Cette mutation est pour eux une épreuve cruelle que l’on tente d’adoucir par une exceptionnelle générosité publique. L’efficacité de notre protection sociale est comparable à celle de l’Allemagne ; les programmes de logements sociaux sont très ambitieux et prioritaires. Mais un tel système, dont le financement explose, pourrait-il perdurer sans la solidarité nationale ? 35 milliards de Fcfp (l’équivalent d’un tiers du budget du Territoire) sont investis chaque année, essentiellement par l’État, dans l’éducation et la formation des jeunes. Les résultats sont loin d’être à la hauteur et l’on s’inquiète. En outre, ce plan est fragile. Il repose essentiellement sur les épaules d’un seul homme, le président du gouvernement Gaston Flosse, qui a engagé toute sa crédibilité politique dans cette aventure. Lui seul possède le charisme et l’autorité nécessaires pour convaincre les Polynésiens que l’avenir qu’il leur propose est le meilleur pour leurs enfants, bien qu’il soit souvent si étranger au mode de vie traditionnel. Le président possède une telle énergie et incarne tellement l’autonomie polynésienne que beaucoup se demandent qui pourra poursuivre son œuvre. Sur la bonne voie ? La Polynésie française se prépare donc à l’an 2000 : sera-t-elle prête ? C’est le thème que nous avons choisi d’étudier dans ce quatrième numéro de Polynésie Éco. Il en est le fil conducteur. Mais être prêt pour l’an 2000, qu’est-ce que cela signifie au juste ? Très sommairement, disons que ce serait être capable de profiter au mieux des avantages de la modernité tout en souffrant le moins possible de ses aspects négatifs. Pour un pays, c’est par conséquent maîtriser sa démographie, protéger son environnement et savoir exploiter ses ressources avec intelligence et prévoyance. C’est éduquer sa jeunesse et former ses élites, en contrôlant la délinquance à un niveau tolérable. C’est maintenir sa population en bonne santé à un coût supportable et l’aider à s’adapter rapidement aux changements collectifs ou individuels. Un pays moderne doit être doté d’une fiscalité adaptée aux flux économiques et commerciaux de notre temps. Il doit naturellement être équipé des infrastructures publiques de communication et de transports indispensables. Il doit posséder un réseau de télécommunications performant et bon marché. Un pays moderne est forcément démocratique. Cette forme de gouvernement, qui a certes ses faiblesses, a tout de même démontré qu’elle est la seule à permettre un réel développement économique, social et culturel. Posons nous la question : fera-t-il toujours aussi bon vivre à Tahiti en l’an 2000 et dans les décennies suivantes ? La Polynésie française est-elle sur la bonne voie de sa reconversion ? Est-elle prête à affronter le nouveau millénaire ? La réponse pourrait être oui à condition que Gaston Flosse gagne son pari : que le territoire réussisse son indépendance économique et qu’il se donne ainsi les moyens de son développement social et culturel. Si petit, isolé au milieu de l’océan, notre pays a-t-il réellement une chance ? « Oui nous affirme Georges Puchon, ministre de l’Économie, nous avons les meilleures chances de réussir. » Oui nous disent aussi d’éminents professeurs américains dont les travaux ont été publiés à la fin de 1997. A les croire, jamais depuis des siècles il n’a été aussi facile pour un


petit pays, de s’en sortir seul. Dans un monde de libre échange, globalement en paix, les frontières ont de moins en moins d’importance et les avantages des grands s’estompent, à la condition toutefois de savoir s’associer à un puissant club international. Quant à la distance, elle est de plus en plus gommée par les nouvelles technologies. Rester soi-même Ce qui nous menace le plus, en réalité, c’est nous-mêmes. Les Polynésiens sauteront ils dans le train de la modernité avec motivation ou s’y laisseront-ils traîner sans enthousiasme ? Au moment de devoir être plus solidaires, sauront-ils partager ? Aurontils suffisamment conscience de la communauté de leurs intérêts dans la diversité de leurs origines ? Ou les démons de la xénophobie et du racisme briseront-ils l’harmonie sociale comme certains signes le laissaient craindre en ce début d’année 1998 ? Des deux forces du rassemblement ou de la division, laquelle l’emportera dans cette année du Tigre dont on nous dit qu’elle sera celle de tous les rebondissements ? La réussite d’un petit pays, affirment encore nos éminents professeurs américains, repose essentiellement sur les talents et la motivation de ses habitants, sur les capacités et la qualité de leurs dirigeants et, surtout, sur son ouverture vers l’extérieur. Si elle le veut vraiment, la Polynésie française restera une oasis de rêve et un phare de culture dans l’océan, c’est possible. À condition de rester elle-même, unie et accueillante, en dépit de tous les bouleversements. Patrick Schlouch



Georges Puchon, ministre de l'Économie : « Notre territoire aborde le nouveau millénaire avec toutes les chances de réussite » Il est le premier ministre de l'Économie du gouvernement autonome de la Polynésie française. Issu du secteur privé, il a été nommé par le président Flosse en novembre 1993 pour préparer la mutation de l'économie polynésienne. Dans cet interview-bilan, il souligne le retour de la confiance et affirme son optimisme. Comment l’économie polynésienne a-t-elle évolué depuis votre arrivée au gouvernement en 1993, comment se porte-t-elle aujourd'hui ? La santé d'une économie se manifeste d’abord par son Produit Intérieur Brut (PIB) c’està-dire la somme des richesses qu’elle génère. Entre 1993 et 1996, le PIB de la Polynésie française a progressé de 344 à 372 milliards de Fcfp (+ 8%). Après un tassement en 1994, le taux de croissance a été de l’ordre de 1,5% en 1995 et 1996, ce qui traduit un redémarrage. La bonne santé économique se reflète aussi dans l'indice des prix. En Polynésie française, le taux d’inflation qui était de 2,1% en 1993, a baissé à 1,5% en 1996 et en 1997. Ce taux est d’autant plus remarquable qu’il est inférieur à celui de la plupart des grands pays (Australie, Nouvelle Zélande, États-Unis, France). La santé économique d’un pays se jauge encore à la situation de l’emploi. De 1993 à 1996, le nombre d’emplois déclarés à la CPS est passé de 42 938 à 45 323 (+ 5,5%). Le développement des entreprises est un indicateur fondamental. En 1996, on a recensé 2 423 nouvelles structures. De 1993 à 1996, le taux de croissance net du nombre d'entreprises (comparaison entre les inscriptions et les radiations au registre du commerce) est passé de 25% à plus de 34%. Enfin, le montant des exportations polynésiennes, au premier rang desquelles la perle, a doublé en quatre ans, passant de 7,7 milliards de Fcfp en 1993 à 15,5 milliards en 1996. Le taux de couverture de nos importations par nos exportations se situait à 16,4% en 1996. Une partie de ces bons résultats trouve son origine dans les mesures prises par notre gouvernement, notamment pour maintenir les prix, mais aussi pour soutenir les créations et le développement des entreprises et des emplois. Nous sommes à deux ans de l’an 2000. C’est le symbole de passage à une ère nouvelle faite de modernité et d'amélioration des conditions de vie et de formation. Avez-vous le sentiment que la Polynésie française est prête pour ce passage et, sinon, que lui manque-t-il encore ? Notre pays va entrer dans l’an 2000 en ayant déjà engagé depuis quelques années sa transition vers une économie moins dépendante des transfert extérieurs. Cette reconversion est l’objectif essentiel de la mise en place du premier contrat de développement État-Territoire 1994-1998 dont les opérations portent sur un montant initial de crédits de 52,7 milliards de Fcfp et dont l’exécution se prolongera en 1999. L’entrée dans l’an 2000 coïncidera donc avec le démarrage d’un nouveau contrat de développement de cinq ans actuellement en cours de préparation. Les résultats obtenus sont positifs et justifient les efforts engagés dans le cadre du Pacte de Progrès. Ainsi, les ressources propres du Territoire continuent de croître plus rapidement que les transferts de l'État. En 1996, leur part progressait encore d’un point pour atteindre 33% (29% en 1993). Nous pensons que ce développement se poursuivra après l’an 2000 conformément à nos objectifs. C'est également en 2000 que le programme stratégique pour le renforcement de l’autonomie économique de la Polynésie atteindra son plein régime (estimé à environ 18 milliards de Fcfp par an). Avec ces objectifs et ces moyens financiers, notre Territoire aborde le nouveau millénaire avec toutes les chances de réussite.


Dans le premier numéro de Polynésie Éco, en 1995, vous regrettiez le manque de confiance dans les milieux économiques. Trois ans après, cette confiance est-elle retrouvée ? La confiance ne se décrète pas. Elle se mesure à travers un certain nombre d’indices. C'est d'abord le niveau de l'investissement. En 1996, 63 projets ont été agréés au code des investissements du Territoire pour un total de près de 22 milliards de Fcfp, soit 2,8 fois plus qu’en 1995. La même année, la Polynésie française est arrivée pour la première fois en tête des Dom-Tom pour les investissements loi Pons avec plus de 23 milliards de Fcfp. Ces chiffres parlent d’eux mêmes : les investisseurs ont confiance dans l’avenir de notre territoire. L’Institut d'Émission d'Outre-mer (IEOM), observateur impartial et attentif de notre économie, a observé en outre un « retour à l’optimisme » et estimait que : « l’année 97 commence dans un véritable climat de confiance dans tous les secteurs, même si pour les hôteliers la reprise apparaît lente. » Mais le préalable à la confiance, c’est la stabilité institutionnelle, politique et sociale. A cet égard, les différentes échéances électorales de ces dernières années ont confirmé la confiance des Polynésiens dans la politique conduite par le gouvernement présidé par M. Gaston Flosse. Selon les chiffres officiels, sur les 2 800 jeunes arrivant chaque année sur le marché du travail, plus de la moitié ne parviennent pas à trouver un emploi. Le gouvernement multiplie les aides mais n'est-ce-pas un pis-aller très coûteux qui ne pourra durer éternellement ? Pensez-vous que l’économie polynésienne pourra faire face à ce défi et comment ? Il est exact que près de 2800 jeunes entrent chaque année sur le marché du travail. Or, notre économie, en l’état actuel des choses ne génère que 1500 emplois par an. Comme vous le savez, le Territoire, dans un souci de bonne gestion, a limité les recrutements dans l'administration. Les seuls véritables gisements d’emplois se trouvent dans le secteur privé. C’est pourquoi le gouvernement encourage la création et le développement des entreprises à travers différents dispositifs d’aides, de même qu’il encourage les investissements lourds, créateurs d’emplois durables. Les dispositifs d’insertion des jeunes et d’incitation à la création d’emplois ne sont pas des « pis-aller coûteux ». Ce sont des mesures d’accompagnement indispensables pour favoriser l’insertion des jeunes dans le monde du travail au sein des entreprises et pour augmenter l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Un retour progressif à la croissance par les programmes d’investissements publics et privés permettra de générer à terme plus d’emplois. La TVA vient de se mettre en place. En quoi, selon vous, cette réforme sera-t-elle bénéfique à l’économie polynésienne ? Parmi les arguments avancés en faveur de la TVA, vous avez maintes fois entendu que ce serait un impôt plus moderne. C’est là son principal intérêt économique. Les entreprises vont devoir réagir comme celles des 100 autres pays ayant adopté la TVA : elles vont vivre hors droits et taxes. Leurs investissements, les matières premières dont elles ont besoin, leurs exportations seront réalisées hors droits et taxes (les deux plus lourdes que sont la TNPS et le DFE) sans avoir à obtenir le bénéfice du code des investissements ou des exonérations. Cette exonération se fera de droit à l’exportation, quelle que soit la taille de l’entreprise, le montant de l’investissement ou des achats. L’activité des entreprises, quelle qu'elle soit, devrait donc être dopée. Pensez-vous que les mentalités locales sont désormais suffisamment ouvertes au développement et à l’économie de marché. Pensez-vous en particulier que le problème foncier pourra être résolu d’une matière satisfaisante pour tous ? Les Polynésiens ont pris conscience qu’une page de l’histoire de notre pays se tournait. Mais on n'efface pas trente années de 2CEP aussi facilement. La Polynésie française


doit assurer le développement de ses ressources propres : tourisme, ressources de la mer, agriculture, artisanat, exportations. Nous encourageons le développement des entreprises. La plupart des observateurs avisés constatent une évolution dans les mentalités. En effet, beaucoup de demandeurs d’emplois ont pu voir les limites de la capacité de recrutement du secteur public et se tournent progressivement vers le privé. Ceux qui ont compris qu’ils ont un atout entre leurs mains en termes de qualification ou de débrouillardise, s'orientent vers la création d’entreprises souvent individuelles. Les actions que nous avons mises en place pour permettre cette transition de mentalité et les aider dans cette nouvelle démarche sont les services offerts par nos administrations techniques en terme d’assistance à la création d’entreprises ainsi que les montages de financements et aides publiques. Certains prônent le repli sur nous mêmes. Ce n'est pas ainsi que nous progresserons. J'ai confiance dans le changement des mentalités car le Polynésien a toujours montré de formidables capacités d’adaptation. Propos recueillis par Patrick Schlouch Noms propres Puchon Georges Mots clés Economie TVA PIB Emploi

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HOMME ÉCONOMIQUE DE L’ANNÉE

ÉDOUARD TUAIRAU ou COMMENT GAGNER UN CONCOURS... DE CIRCONSTANCES Édouard Tuairau et sa femme Danielle, vivent une aventure tenant du conte de fées. En 1995, le destin les a placés sur la route des promoteurs du jus de nono tahitien (noni en marquisien), ce nouveau produit que les Américains s’arrachent depuis peu pour ses vertus médicinales. Grâce à leurs qualités et leur travail, ils ont su transformer cette chance en ressource durable non seulement pour leur famille mais aussi pour leur pays. Le succès a été si fulgurant et son impact sur l’emploi et le développement économique polynésiens si spectaculaire, que le nom d’Édouard Tuairau s’est naturellement imposé au comité de rédaction de Polynésie Éco dans son choix de l’Homme économique de l’année 1997 (en associant Danielle à cette nomination, tant sa contribution au succès de l’entreprise fut importante). Méfiez-vous, disent les sceptiques (et aussi les jaloux). Le nono, c’est une mode. Le soufflé retombera aussi vite qu’il est monté ! C’est possible. En attendant, la taille du soufflé est impressionnante et ses retombées plutôt juteuses ! C’est l’histoire d’un heureux concours de circonstances. Les personnages possédaient les qualités requises ; ils étaient là, au bon endroit, au bon moment ; et ils ont su gérer cette chance avec patience et habileté. En 1995, le nono n’était encore connu que des adeptes de la médecine traditionnelle maohi. Deux ans plus tard, on en exportait 400 tonnes par mois. Ce fruit très commun en Polynésie française et dans tout le Pacifique sud, est paraît-il souverain contre tout un tas de souffrances diverses. Jadis, et naguère encore, pas un foyer polynésien qui ne conservât un bocal du précieux jus à l’odeur nauséabonde et au goût putride. L’huile de foie de morue maohi, en quelque sorte. John Wadsworth est américain ; il est chercheur en biologie dans un laboratoire à SaintGeorges dans l’Utah. John Wadsworth est mormon, comme de très nombreux habitants de cet état. Il connaît le secret du nono. La chance le lui a offert en 1993, pendant ces vacances merveilleuses à Tahiti. Il a testé le fruit dans son laboratoire, il l’a fait examiner par des confrères. Les conclusions sont formelles... et explosives : non seulement le nono possède bien les pouvoirs que les anciens lui attribuaient mais il en a, en plus, un autre : il pourrait ralentir le vieillissement des cellules humaines et, en tout cas, réduire les souffrances de l’âge. Une espèce d’élixir de Jouvence et, pour tout dire, la fortune ! Néanmoins, John Wadsworth a un problème. Il ne parle ni le français, ni le tahitien. Il a donc besoin d’aide pour poursuivre ses recherches. Mais à qui confier une mission aussi délicate ? Tout naturellement, il s’adresse à l’un de ses frères en religion. « J’étais évêque à la paroisse mormone de Fariipiti, raconte Édouard Tuairau. C’était une activité religieuse bénévole. Mon métier, c’était chef du service d'entretien et de gestion (de l’Église mormone). M. Wadsworth venait à l’église de la paroisse le dimanche. Un jour, il s’est présenté à moi ; c’est comme cela que tout a commencé. » A 42 ans, Édouard Tuairau est un homme dynamique. Quand on a une famille de cinq enfants, cela vaut mieux. Outre son métier de bâtisseur et ses fonctions religieuses, il a quelque expérience de l’import-export auquel il consacre ses rares loisirs. Il est tahitien, connaît bien les îles et, le fin du fin, il parle anglais : bref, il est l’homme de la situation ! De surcroît, il a un autre atout : sa femme, Danielle. Institutrice réfléchie, c’est l’éminence grise du foyer Tuairau. La tête sur les épaules et les pieds bien sur terre, elle a su résister au tourbillon du succès et gérer celui-ci sur la durée.


Il a d’abord fallu faire ses preuves. Édouard sert de guide et d’interprète. Avec lui, le chercheur américain peut enfin pénétrer à l’intérieur du peuple polynésien, interroger les plus âgés, ceux qui savent... Puis, très vite, c’est le premier test commercial : mai 1995, une commande de 17 tonnes de purée de nono parvient à Édouard Tuairau ; il faut les livrer avant le mois d’août... Où trouver la marchandise ? Certes, le nono pousse généreusement à l’état sauvage un peu partout en Polynésie française mais, à l’exception de quelques adeptes de la médecine traditionnelle qui continuent à prélever quelques fruits ici ou là, personne ne s’y intéresse, personne ne le récolte. Fort heureusement, la confrérie mormone fait merveille. A la demande d’Édouard, les Mormons de Talas à Huahine parviennent à rassembler deux tonnes du cher fruit dans les délais. Ce sera tout pour cette fois, mais suffisant. Dès octobre 1995, on en expédie 8 tonnes, puis 12 en décembre. Entre-temps, un événement considérable s’était produit. John Wadsworth avait mis en évidence les qualités du nono, mais il n’avait pas les capitaux nécessaires à la création d’une filière industrielle et commerciale. Le chercheur rencontre alors Kerry Asay, milliardaire mormon inactif à l’époque, et lui propose l’affaire. C’est le coup de foudre : la société anonyme Morinda (du nom scientifique du nono) est née. Dès le départ, l’objectif d’Édouard Tuairau est clair. Il souhaite faire partie intégrante du système. Rien ne se serait produit sans ses connaissances, ses contacts, ses efforts et ceux de toute sa famille. Il refuse par conséquent le statut de simple salarié qu’on lui propose et insiste pour obtenir une part du capital de Morinda. Sa patience et sa ténacité sont finalement récompensées mais Édouard Tuairau n’a renoncé définitivement à son emploi qu’en mars 1997 pour se consacrer à sa nouvelle vie. Son exemple de prudence et de volonté est précieux pour la Polynésie qui devra savoir, elle aussi, gérer cette nouvelle ressource inespérée au mieux de ses intérêts à long terme. Patrick Schlouch Noms propres Asay Kerry Morinda Inc. Tuairau Danielle Tuairau Edouard Wadsworth John Mots clés Agriculture Nono (noni) Plantes médicinales


Un fruit miraculeux + un promoteur génial = le jackpot ! Selon la médecine traditionnelle maohi et de nombreux témoignages d’utilisateurs américains, le jus de nono traiterait de manière efficace et spectaculaire des problèmes de santé très variés. Les promoteurs de Morinda affirment en outre qu’il ralentit le vieillissement des cellules, les régénère et permet ainsi de rééquilibrer un organisme affaibli ou âgé. Le plus important, au fond, c’est que les Américains y croient... et ils y croient. Des centaines de milliers de litres sont vendus aux États-Unis et au Canada (50 $ environ ou 5 000 Fcfp). Les chiffres laissent rêveur : déjà plus de 2 500 familles polynésiennes perçoivent des revenus du nono (payé 60 Fcfp le kilo à la production) dont 60% aux Marquises qui trouvent là un moyen de revitalisation extraordinaire. La société Morinda, qui détient actuellement le monopole mondial de l’importation, de la transformation et de la commercialisation du nono tahitien, emploie 13 personnes à Tahiti et fait travailler 12 entreprises locales. 1 000 tonnes de purée de nono seront exportées chaque mois en 1998. Et l’on en est encore qu’à la cueillette ! Morinda projette une plantation de 1 000 ha à Raiatea. De gros investisseurs locaux s’intéressent au phénomène et font des réserves foncières. Les Polynésiens retournent vivre dans leurs îles exploiter les terres familiales. Une étude du service du Développement rural (SDR) estime qu’un hectare de nono peut rapporter près de 5 millions de Fcfp par an. D’autres calculs évoquent même le double. Networking Morinda ne transforme pas elle-même la purée de nono en jus prêt à boire (fort heureusement parfumé à la myrtille ou au fruits tropicaux). Le travail est confié à des entreprises spécialisées installées à Los Angeles. Le coup de génie de Kerry Asay, PDG de Morinda, c’est non seulement d’avoir compris le potentiel commercial du produit mais surtout d’avoir su organiser une filière parfaite de l’agriculteur polynésien au consommateur américain. Le jus de nono n’est pas distribué en magasin de façon classique. Il est commercialisé en réseau - networking (ou en pyramide). Chaque consommateur est encouragé à devenir lui même distributeur en trouvant dans son entourage de nouveaux consommateurs qui, à leur tour, deviendront distributeurs, etc. A chaque niveau, des commissions sont reversées en fonction d’un barème très précis. Cette méthode de vente se développe rapidement dans le monde depuis une quinzaine d’années, à partir des États-Unis. Le réseau Morinda comptait plus de 110 000 distributeurs en décembre 1997. Tous les deux mois, les 60 meilleurs d’entre eux sont invités à visiter la Polynésie française, tous frais payés naturellement. Ils peuvent ainsi mieux connaître le contexte et les origines de leur produit et se motiver encore plus. En outre, généralement éblouis par ce séjour enchanteur et gratuit, ils deviennent aussi d’excellents promoteurs du tourisme polynésien. A tel point que Morinda prévoit déjà la construction d’un hôtel à Moorea. Durable ? Le progrès économique des agriculteurs polynésiens qui trouvent dans le nono une ressource saine et durable, est un argument de vente pour Morinda. En est-ce vraiment un ? Jusqu’à présent, aucun doute. Les effets positifs de l’exploitation du nono sont manifestes dans le territoire. Mais à plus longue échéance ? La concurrence risque de se faire sentir très vite car le nono est partout dans le Pacifique sud où l’on pourra probablement le fournir à moindre coût. Cela inquiète certains responsables qui craignent de voir les agriculteurs polynésiens lâcher les activités traditionnelles comme le coprah ou les plantations vivrières, pour tout miser sur le nono sans véritable garantie pour l’avenir. Morinda a abandonné le marché - très marginal - de la Polynésie française et, éventuellement du Pacifique sud, à son partenaire local, Édouard Tuairau. La


transformation en jus se fera dans l’usine Teva de Taravao qui doit être rachetée en 1998 et la mise en bouteilles sera assurée par la Brasserie de Tahiti. Et ce n’est pas fini ! Les recherches semblent montrer que les autres parties de la plante (écorce, fleurs, racines, feuilles) ont également leurs propriétés spécifiques. P.S Noms propres Asay Kerry Brasserie de Tahiti Morinda Inc. Service du Développement rural (SDR) Teva (jus de fruits) Tuairau Édouard Mots clés Agriculture Nono (noni) Plantes médicinales Graphique Exportations de nono (vers les États-Unis à 100% - en tonnes) 22 1995

? 1996

? 1997

12 000 1998 (prévisions)


Jacques Leïchlé : au cœur de l'après-CEP Sa spécialité : le développement. Sa mission : animer le fonds de reconversion économique de la Polynésie française. Délégué au développement économique et social, Jacques Leïchlé est au cœur même de l'après-CEP. On se souvient qu'en échange d'une loyauté sans faille dans les douloureux moments de la reprise des essais nucléaires en 1995, le président Flosse avait obtenu du président Chirac une garantie financière destinée à compenser le départ du Centre d'Expérimentation du Pacifique (CEP) pendant dix ans, tout en contribuant au développement économique, social et culturel du Territoire. Cette promesse s'est concrétisée, en août 1996, par la signature d'une convention ÉtatTerritoire. Il s'agissait de créer un fonds alimenté par les crédits promis ; d'en cadrer les objectifs et d'en définir les procédures de gestion. Les crédits tout d'abord. Les experts ont évalué le total des flux financiers générés par le CEP en 1995 en faveur de la Polynésie française à 4 milliards de recettes douanières et fiscales - qui continuent à être versées au budget territorial - et 14 milliards de dépenses - dont la disparition sera compensée par le fonds de reconversion. Un total de 18 milliards de Fcfp désormais garanti par la France chaque année pendant dix ans. Mais ce n'est pas si simple. Après trente ans d'activités intenses, le CEP ne disparaît pas soudainement. Ses activités diminuent progressivement. Elles ne cesseront tout à fait qu'aux alentours de l'an 2000. D'ici là, le fonds de reconversion ne recevra chaque année que la différence entre le maximum prévu de 14 milliards et les flux encore générés par le reliquat d'activité du CEP. Pour 1996, cette différence n'était que de 191 millions de Fcfp. A quoi sert ce fonds ? À financer des projets utiles au développement du fenua. « Il a pour objet de créer les conditions du développement économique et social en adaptant l'environnement matériel polynésien aux nécessités des entreprises et des investisseurs, explique Jacques Leïchlé. Ils ont besoin de terrains, de communications, d'énergie, de personnel compétent… » En ce qui concerne le fonctionnement du système : « Le fonds est géré par un comité de douze membres - six pour l'État et six pour le Territoire - coprésidé par le président du gouvernement et le haut-commissaire. Un conseil technique de dix-huit membres - six pour l'État, six pour le Territoire, trois membres du CESC et trois maires - est consulté par le comité de gestion sur tous les projets à l'exception des grands dossiers d'équipement publics territoriaux. » C'est cette machine, schématiquement décrite, plutôt lourde mais très sensible à la fois, que Jacques Leïchlé a, depuis le 14 juillet 1997, la tâche délicate de faire fonctionner le mieux possible en qualité de délégué au développement économique et social de la Polynésie française. À 37 ans, Jacques Leïchlé possède une solide expérience de la reconversion économique. Sa formation d'ingénieur de l'armement, spécialité mécanique, ne le prédisposait pourtant guère à ce genre de mission. Ses premières armes, il les fourbit sur le char Leclerc à l'élaboration duquel il participe au sein du bureau d'études de GIAT Industries. Mais, en 1992, sa carrière bifurque : il est nommé à la DATAR (Délégation à l'Aménagement du Territoire). A Charleville-Mézières, entouré d'une équipe de quatre personnes, il contribue pendant cinq ans à la reconversion économique des Ardennes dont l'activité traditionnelle principale, la métallurgie, est à bout de souffle. « Ce n'est pas comparable, reconnaît Jacques Leïchlé, nous ne sommes pas du tout dans le même contexte. La Polynésie est très différente ; ses institutions sont originales ; elle a ses spécificités économiques. » Mais le défi le passionne. Cadre de travail ? Le programme stratégique établi par le Territoire et approuvé par l'État. Priorité ? Mettre en place les conditions d'une véritable autonomie économique de la Polynésie française. C'est-à-dire : « régler le problème foncier ; améliorer la compétitivité des entreprises ; assurer la formation des


hommes ; réduire les coûts de production et développer les filières économiques les plus prometteuses. » Le rôle du délégué n'est pas facile. Entre État et Territoire, il s'agit de huiler des rapports parfois tendus par une vision différente des enjeux ; il faut évaluer les projets et instruire les dossiers en leur apportant l'éclairage suffisant pour faciliter les décisions. Jacques Leïchlé semble avoir les qualités de l'emploi. Outre sa précieuse expérience, c'est un homme patient, courtois et ouvert, qui sait écouter et observer. « Notre travail consiste à créer un environnement favorable à l'investissement. Nous devons amorcer la pompe, souligne-til, avant de lancer : « J'ai besoin du secteur privé. J'ai besoin de ses avis. Sans lui, il n'y a pas de développement possible. » Patrick Schlouch Noms propres Chirac Jacques Flosse Gaston Fonds pour la reconversion économique de la Polynésie française (FREPF) Leïchlé Jacques Mots clés Après-CEP Développement Économie Reconversion économique


TÉLÉCOMMUNICATIONS : Face à la concurrence « Notre objectif est d’être prêts pour l’an 2000 » déclare Édouard Fritch, ministre territorial des télécommunications, reconnaissant ainsi qu’on ne l’est pas encore. Prêts pour quoi ? Le retard n’est pas technique. Les programmes d’investissement de la dernière décennie ont doté la Polynésie d’un réseau moderne et performant. Non ! Le problème est commercial. La concurrence, ouverte dans le monde entier depuis le 1er janvier 1998, menace l’équilibre de l’Office des Postes & des Télécommunications (OPT). Encore une minute, Monsieur le bourreau ! C’est en quelque sorte le message du gouvernement, relayé à l’Assemblée nationale par le député Michel Buillard vers la fin de l’année 1997. Pourquoi ? Parce que le 1er janvier 1998 était en principe la date imposée par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour la déréglementation des télécommunications, en clair la fin des monopoles et l’ouverture à la concurrence. C’est justement là où cela fait très mal. Le naguère puissant et florissant OPT, englué dans les pesanteurs sociales et les mentalités d’un autre temps, souffre, depuis quelques années déjà, de la rivalité féroce, et jugée déloyale par ses responsables, des officines de call-back (v. encadré). L’application d’une déréglementation totale et généralisée aurait pu, dans le contexte actuel, lui donner le coup de grâce en provoquant une véritable débâcle sociale. Voilà pourquoi, le gouvernement a sollicité un sursis de deux ans avant de mettre fin au monopole de l’OPT. Il apparaît toutefois que la Polynésie française n’est finalement pas liée par les engagements de la France auprès de l’OMC. Un courrier du ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, à Gaston Flosse le confirmait au mois de décembre 1997. Le Territoire ne pourra cependant pas rester éternellement à l’écart. Édouard Fritch le sait bien qui s’est fixé pour objectif de préparer l’OPT à la concurrence pour l’an 2000. Il reste donc deux ans, cela suffira-t-il ? La fin d’un monde Le statut d’autonomie de la Polynésie française d’avril 1996 accorde au Territoire une compétence générale sur les télécommunications (à l’exception toutefois de ce qui concerne la sécurité et la défense). Hérité d’une longue tradition administrative, l’OPT est né en 1957. « Son exploitation a toujours été considérée comme celle d’un patrimoine de l’État puis du Territoire » peut-on lire dans l’introduction d’une étude remarquable de lucidité rédigée en 1995 sur l’Office et sa situation par Geffry Salmon, son directeur général. Territorial depuis 1984, mais toujours maintenu sous une protection absolue par l’interdiction de toute concurrence, l’OPT prospérait rapidement. Son chiffre d’affaires a presque doublé entre 1988 et 1994 pour dépasser les 10 milliards de Fcfp. Néanmoins, à partir de 1991, les recettes ont commencé à fléchir. En 1994, leur taux de progression était divisé par trois. Dans le même temps, les coûts de production augmentaient rapidement, en particulier les frais de personnel. En outre, l’Office, qui était des Postes avant d’être des Télécommunications, voyait son activité postale fondre comme neige au soleil. En 1994, le département “courrier” était fortement déficitaire (-582 millions de Fcfp). Aujourd’hui, les télécommunications représentent 90% du chiffre d’affaires de l’OPT, soit environ 10 milliards de Fcfp. Cette masse financière est au cœur du problème. Elle permet, en effet, de payer plus de 800 cadres et employés, fortement syndicalisés, attachés à leurs privilèges et “droits acquis”. Outre leurs salaires de niveau “administratif” (5 milliards de Fcfp par an, soit en moyenne plus de 520 000 Fcfp par agent, charges sociales comprises), les postiers polynésiens bénéficient de plus de 140 types de primes ou indemnités différentes.


L’OPT est stratégique pour le Territoire. Pendant les années fastes, il était tout à la fois un réservoir d’emplois, souvent politiques, et de crédits souplement utilisables en cas d’urgence quand le budget territorial ne pouvait faire face à certaines dépenses. Mais la source se tarit très rapidement. Depuis 1995, en tournant habilement le monopole, les call-back ont cruellement mordu la cheville du colosse lui arrachant chaque année de 500 à 800 millions de Fcfp et l’obligeant à baisser ses tarifs. Celui de la minute de téléphone vers la France (65% du trafic extérieur) a chuté de 70% passant de 450 Fcfp en 1994 à 135 Fcfp en 1998. Et cela ne fait que commencer. La concurrence est aux portes du pays. Elle frappera bien sûr là où l’activité de l’OPT reste encore rentable. Se battre ! Casse-tête pour les dirigeants et les politiques : comment gérer l’ingérable ? En jeu, l’emploi et la situation de 800 agents et de leurs familles, largement inconscients de ce qui les attend malgré les avertissements de la direction et qui, souvent, participent sans le savoir à leur propre perte en réclamant toujours plus. Un conflit social a encore été évité de justesse au mois d’octobre 1997. Alors que faire ? « Il faut nous battre ! » martèle avec force Geffry Salmon, directeur général de l’OPT (v. portrait p. 26). Il a pris ses fonctions en 1994, au moment où la situation financière de l’Office quittait la position beau fixe. Depuis, il n’a pas cessé de tirer la sonnette d’alarme. Sans grand succès jusqu’à l’an dernier. Mais à présent le temps presse. Quoiqu’en pensent peut-être encore certains, la compétition tout azimut est désormais inévitable. Des réformes profondes, probablement douloureuses, sont indispensables et urgentes. Comment ? « En choisissant d’être polynésiens au service de la Polynésie, répond Geffry Salmon. (...) En retrouvant une unité perdue, en cassant les cloisonnements, en faisant travailler par projets, en équipes intégrées, les financiers, les commerciaux, les gens de la production. (...)» Dans son étude de 1995, le directeur de l’Office proposait déjà un plan de sauvetage et de relance dont l’actualité reste entière. Ce plan tient en quatre points principaux. Pour Geffry Salmon, il faut d’abord faire évoluer les mentalités. L’usager est un client dont la satisfaction doit être primordiale. Ensuite, les responsabilités doivent être déléguées pour mieux coller à la réalité du terrain. Les structures et la hiérarchie doivent être assouplies. Il faut également simplifier et restructurer l’organisation du personnel et sa rémunération. Ce chantier est déjà avancé puisque depuis 1993 l’effectif de l’OPT est tombé de 1 065 à 817 et que les recrutements sont suspendus. Le plan de la direction prévoyait enfin une évolution des statuts de l’entreprise. Là aussi les choses ont considérablement évolué. Depuis 1996, le Territoire exerce une compétence sans partage sur les télécommunications. Cela a permis, dans le courant de l’année 1997, la création d’un nouveau service des P&T dont la mission essentielle est la rédaction d’un Code des P&T destiné, selon le ministre Édouard Fritch, « à organiser la concurrence ». Tout bouge désormais très vite. Au moment où cette enquête était rédigée (janvier 1998), des négociations étaient en cours pour la prise de contrôle par le Territoire de France Câbles Radio (FCR), société d’État chargée de faire communiquer la Polynésie avec l’extérieur, en liaison avec les réseaux satellites notamment. La prestation de FCR représente une part considérable (40%) dans le prix public des communications téléphoniques. D’où l’intérêt urgent de contrôler ce maillon de la chaîne. Parallèlement, M. Fritch révèle des pourparlers pour une (petite) prise de participation financière de l’OPT dans le capital d’Intelsat, gigantesque groupe multinational contrôlant les satellites dont dépendent les télécommunications polynésiennes. L’opération devrait aboutir en 1998. Se rapprocher des sources de l’information et des centres de décision est indispensable, mais nul autre objectif dans toutes ces actions que de se donner les moyens de baisser les tarifs pour rester compétitif. Il viennent de l’être de manière significative en décembre 1997 et le seront à nouveau bientôt. « De 20 à 30% » promet le ministre.


Sauver les emplois des postiers, c’est parfaitement louable. Permettre aux Polynésiens et à l’économie locale de rompre leur isolement et de se développer en réduisant le coût des communications, voilà le véritable enjeu. Patrick Schlouch Noms propres Buillard Michel Flosse Gaston France Câbles Radio (FCR) Fritch Édouard Intelsat Office des Postes & des Télécommunications (OPT) Salmon Geffry Service des Postes & des Télécommunications (SPT) Védrine Hubert Mots clés Call-back Télécommunications Téléphone


Depuis le 1er janvier 1998, les pays membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont la France, ont supprimé les monopoles d’État en matière de télécommunications. C’est ce qu’on appelle la déréglementation. Le secteur privé peut donc désormais entrer en concurrence avec les établissements publics. Toutefois, la Polynésie française, qui possède depuis 1996 une compétence générale sur les télécommunications, n’est pas liée par les décisions de l’OMC. Le gouvernement territorial s’est encore donné deux ans, jusqu’à l’an 2000, pour ouvrir le marché local des télécommunications à la concurrence.


UN MONDE BRANCHÉ La révolution des télécommunications va bouleverser la vie de l’humanité en général et la nôtre en particulier. On ignore encore de quelle manière exactement. Le mariage entre le téléphone et l’ordinateur, au cœur de cette révolution, a déjà entraîné des innovations technologiques extraordinaires. Il a notamment permis la naissance du télétravail déjà pratiqué par des dizaines de millions de personnes dans le monde. Le téléphone transportera de plus en plus de données. Parmi elles, la voix humaine bien sûr, mais également des images, de l’information. Des services comme le téléenseignement, la télé-médecine, le télé-achat, la télévision à la carte et, naturellement, Internet seront facilement accessibles partout. Inutile d’insister sur l’intérêt de telles techniques dans un pays comme le nôtre. Grâce à la multiplication des satellites, le téléphone sera aussi de plus en plus mobile. Dans cinq ans, près d’un appareil sur trois le sera. En Polynésie française, le marché du téléphone mobile est occupé par la société Tikiphone qui commercialise le réseau Vini. Créée en juin 1995 par Alcatel, Tikiphone est depuis 1997 une filiale à part entière de l’OPT qui possède désormais 86% de son capital (pour 12% à Robert Wan). Succès spectaculaire. Le produit est pourtant cher et le relief polynésien pas très favorable à son fonctionnement. Mais les prix baissent et le réseau s’améliore tandis que de nouveaux services sont régulièrement offerts aux abonnés. Ils étaient 2 800 fin 1996 et déjà 5 300 fin 1997 pour un chiffre d’affaires de 900 millions de Fcfp. Mais cette révolution, comparable en importance à l’apparition de l’électricité - dont on était tout aussi incapable, à l’époque, de prévoir les infinies applications - va également entraîner un bouleversement de l’économie des télécommunications. La concurrence fera baisser les prix dans des proportions à peine croyables. La distance, principal handicap d’un archipel isolé tel que la Polynésie française, aura de moins en moins d’impact dans le calcul des coûts jusqu’à probablement disparaître tout à fait. Noms propres Alcatel Office des Postes & des Télécommunications (OPT) Tikiphone S.A Vini (téléphone mobile) Wan Robert Mots clés Télécommunications Téléphone


Le problème des archipels Les soucis de l’OPT en matière de rentabilité et d’emploi face à la compétition qui se profile à l’horizon 2000, sont d’autant plus aigus qu’il doit remplir une mission de service public à laquelle ses concurrents ne seront en principe pas tenus : assurer l’installation et la maintenance d’un réseau dans les zones isolées et peu peuplées du pays. Le cadre juridique de la future concurrence est encore à l’étude au sein du nouveau service des P & T. On imagine mal toutefois que les opérateurs privés puissent être contraints d’assurer des services très déficitaires. Comment, dans ces conditions garantir l’équilibre du marché ? Faudra-t-il prévoir un système fiscal de solidarité territoriale pour assurer, dans les archipels, le développement d’un réseau fatalement non rentable mais absolument indispensable au maintien des habitants dans leurs îles et à leur désenclavement ? A moins bien sûr que les nouvelles technologies, comme l’accès direct du téléphone personnel au satellite, ne rendent obsolètes, à terme, les lourdes et coûteuses infrastructures à terre.


Internet et Polynésie.net : la distance abolie A l'écart de toutes les routes, et pourtant si convoitée, la Polynésie a enfin trouvé le lien technologique qui lui permettra d'abolir les distances : Internet. Ce gigantesque réseau mondial s'ouvre en effet aux entreprises polynésiennes. Seul frein à son développement local : le coût de la communication. Aux États-Unis, la moitié des entreprises de plus de 100 employés possède un site Internet : pour informer leurs clients, mais également pour vendre ou offrir certains services tels les réservations ou les prévisualisations de produits. La Polynésie se dote elle aussi de sites commerciaux : la perle de Tahiti, certaines activités touristiques, la vanille et la philatélie polynésiennes sont sur Internet. L'intérêt est énorme dans un pays isolé. Très bientôt, il ne sera même plus nécessaire de posséder un ordinateur pour se brancher puisque l'on pourra le faire directement sur son poste de télévision. Mais la révolution Internet a lieu aussi en Polynésie même. Depuis mai 1997, Polynésie.net fournit en effet à toute personne disposant d'un modem connecté à son ordinateur des services d’information dans de nombreux domaines. Nul n'est besoin de prendre un abonnement - encore trop cher - à Internet, le coût de la communication est celui d'un simple appel local et les délais de transmission sont immédiats. Les services de Polynésie.net sont encore peu nombreux (réservations d'hôtel, de restaurant, d'avion, commandes de produits...) mais vont rapidement s'étoffer dans les mois à venir. Des services de consultation de documents administratifs sont également à l'étude. Par ailleurs, une adaptation de ce site, plus spécialement destinée aux clients étrangers, est également disponible sur Internet, en français et en anglais. Chacun de ces deux sites propose ainsi d'héberger les entreprises polynésiennes souhaitant proposer leurs services. Ces entreprises, encore frileuses, auraient tort de se priver de ce nouveau moyen de contact car le potentiel commercial est fabuleux. Noms propres Polynésie.net Mots clés Internet Télécommunications


Call-back : encore 20 à 25% moins cher Depuis 1993, le call-back est la seule concurrence à laquelle l’OPT soit soumis. Elle l’a contraint de baisser ses tarifs de plus de 70% en quatre ans. Offrant une économie de 60% à ses débuts, le call-back reste néanmoins de 20 à 25% moins cher que l’OPT en moyenne, ce qui a permis aux callbackers polynésiens de conserver leur clientèle. Il existe actuellement quatre agences de call-back en Polynésie : Golden Line Tech. (groupe Aline), Pacific Services, Leva Com et Global Com Int. qui regroupent environ 6 000 clients pour un chiffre d’affaires annuel estimé entre 500 et 600 millions de Fcfp. Les baisses de tarif annoncées par l’OPT à l’horizon 2000, de l’ordre de 20 à 30%, pourraient toutefois leur retirer le pain de la bouche, surtout si le dollar US, monnaie dans laquelle le call-back est facturé, continue son ascension. A moins que les callbackers puissent eux aussi baisser leur tarifs d’ici là. C’est déjà techniquement possible dans une certaine mesure grâce à Internet. En passant par ce réseau, il serait possible de diminuer de 50% le prix des communications internationales. Malheureusement, cela nécessite l’autorisation et la coopération de l’OPT qui monopolise encore l’accès à Internet. Le call-back est un système simple. Il suffit de composer un numéro aux États-Unis. Dès la première sonnerie, on raccroche et un ordinateur central vous rappelle. Vous pouvez alors composer le numéro de votre correspondant. Le prix des communications est payé par prélèvement bancaire ou, plus généralement, par carte bancaire. Noms propres Aline (groupe) Global Com Int. Golden line Tech. Leva Com Office des Postes & des Télécommunications (OPT) Pacific Services Mots clés Call-back Internet Télécommunications


Titre A peine finalisée l'ouverture d'une bijouterie vous préparez l'implantation d'une autre. Qu'est-ce qui justifie un tel rythme ? Pour tout vous dire, je me suis fixé comme objectif de proposer à notre clientèle un nouveau point de vente tous les cent jours. Plus qu'une simple motivation, la notion de challenge impose une remise en question permanente. Les contraintes et les difficultés à mener à bien un projet sont le lot quotidien de tout chef d'entreprise. Ne dit-on pas également, que l'adversité accompagne toutes réussite? PE : Cependant, croyez-vous que la création d'une entreprise soit à la portée de tous ? DS : Pour entreprendre avec succès, il faut avoir des rêves mais pas des chimères. La première des illusions est de croire que c'est facile ! Dire à un chef d'entreprise qu'il doit s'attendre aux pires difficultés n'est pas pour le décourager, mais bien pour lui rendre service. PE : Quelles sont vos intentions de développement en France et à l'étranger ? Allez-vous favoriser l'implantation de boutiques en propre ou plûtôt vous appuyer sur une distribution à travers le réseau traditionnel HBJO (Horlogerie Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie) ? DS : Plusieurs marchés spécifiques, comme ceux du bassin Asie-Pacifique, sont propices à l'implantation de boutiques en propre. En revanche certaines zones économiques nécessitent de s'appuyer effectivement sur un réseau de distribution préétabli. En métropole par exemple, je privilégie les magasins disposant d'une image de qualité pour représenter nos produits. PE : Les bijouteries de la Maison SIBANI proposent régulièrement de nouvelles collections à la clientèle. Quelle importance donnez-vous à l'aspect créatif dans le choix de vos nouvelles collections ? DS : Notre objectif est de répondre bien entendu aux attentes de la clientèle. Dans cette perspective, nos collections s'inscrivent naturellement dans une logistique marketing. Cependant, il est important, voir vital, de conserver la notion artistique sans se soucier d'impératifs économiques. Je dirai que le métier de Bijoutier-Joaillier est avant tout un métier d'art. PE : Didier SIBANI, comment percevez-vous l'évolution du marché de la perle ? DS : L'année 1997 devrait marquer un record des ventes des perles brutes à l'exportation. Les chiffres de 1996 étaient déjà très prometteurs avec plus de 14 milliards de Francs Cfp exportés pour un poids total supérieur à 5 millions de grammes. La courbe des exportations des dix dernières années reflète un marché en pleine croissance. En revanche, le graphique relatif au prix moyen de la perle par grammes sur la même période de référence nous invite à rester prudent. Vous connaissez ma position concernant la nécessité absolue de donner à la perle de culture de Tahiti, l'image d'un produit de luxe avant tout. Il est en effet indispensable de conserver cette image de gemme de qualité, rare et précieux, et au contraire dangeureux de vouloir inonder les marchés de produits de mauvaise qualité. Je crois tout simplement que l'avenir de la perle de Tahiti dépendra de notre sagesse. La perle est aujourd'hui un des fleurons de l'économie polynésienne, il ne faudrait pas que cette activité devienne également son talon d'Achille.


MAISON SIBANI : VOYAGE AU COEUR D'UNE PASSION Toute rencontre doit être un plaisir. C'est depuis toujours la philosophie profonde de la Maison SIBANI. Comment pourrait-il en être autrement. L'éclat de l'or et des métaux nobles, comme celui des perles et des pierres précieuses, nous parle de beauté, de sérénité, de lumière et de rayonnement ... Sentiments du pureté auxquels il faut encore ajouter le bonheur de l'amour et le plaisir d'offrir. Tant de rencontres se sont faites sur le velours d'un plateau de joaillier, entre une main et sa bague, un décolleté et son collier. Initiateur de ces rencontres, le Joaillier en est le personnage clef. Responsable des ateliers de la Maison SIBANI , diplômé d'honneur aux 33èmes Olympiades Internationales des métiers en Bijouterie Joailleire, Jea-François Bibet met tout son art au service de la femme. Méthodique et rêveur, il insuffle de nouvelles émotions aux différentes collections. Esprit cartésien et poète à la fois, c'est avec talent qu'il allie rigueur et imagination. Ses sources d'inspirations sont nombreuses. Cependant, la curiosité naturelle de l'artiste nourrit bien souvent sa passion. De nombreuses heures de travail sont alors nécessaires à la recherche d'une parfaite harmonie, entre le dessin de base et le bijou fini. Une sélection rigoureuse des différentes esquisses est ensuite opérée, et seules quelques-unes verront le jour. De cet espace plan, le dessinateur devient sculpteur dans un univers à trois dimensions. Moulage, travail de la cire, fonte, nettoyage et polissage sont les différents stades de la fabrication. Dans une alchimie de formes et de couleurs, la perle dévoile toute sa beauté pour s'unir harmonieusement au bijou. Cette étape, ultime, est la plus émouvante et la plus saisissante pour le Joaillier qui donne enfin vie à son oeuvre. L'esprit créatif ne doit pas faire oublier que ce long processus de fabrication est soumis à des contrôles stricts qui font l'objet d'une attention toute particulière. Chacun des bijoux exposé dans les vitrines des magasins du groupe est travaillé avec un seul et unique objectif : l'excellence. Lors de la préparation des alliages, de la sélection rigoureuse des perles et des pierres précieuses, du montage et du sertissage, quatre contrôles bien distincts sont systématiquement exécutés au fur et à mesure que le bijou prend vie. Entre les mains expertes du professionnel, la nature s'est soumise quelques instants aux exigences de l'Homme. Placé délicatement dans son écrin, le bijou devient séduction et plaisir, messager du coeur ou compagnon intime. Véritable Genèse, la création d'un bijou s'apparente à la naissance de la vie.


LA PASSION A SES RAISONS "LA PERLE PYGMALION"

Roi légendaire de Chypre et sculpteur réputé, Pygmalion est tombé amoureux d'une statue de jeune fille dont il était l'auteur. Il supplia Aphrodite de lui procurer une femme qui ressemblât à son oeuvre. La déesse anima la statue et Pygmalion put épouser Galatéa, qu'il avait, en quelque sorte créée. Compositeur, elle se transforme en clef de sol sur fond de partition perlée. Végétale, elle se fait fleur et dessine une arabesque. Onirique et insaisissable, elle devient comète et n'est plus de ce monde. De retour sur terre, elle transcende notre quotidien et le rend sublime. La perle dans tous ses éclats dépasse mes rêves les plus fous. Elle fait miroiter son orient sans m'en déchiffrer l'énigme. Dans ce labyrinthe de couleurs et de formes sensuelles, je me noie dans ses mystères, je suis pris à son piège. C'est le comble de la création, car c'est la perle qui nous invente, nous crée, et nous dessine. La perle noire ne tolère que l'exceptionnelle. J'accepte le défi. Je suis à son service. Cette perle Pygmalion me façonne à son idéal et insuffle la vie au créateur qui est en moi. Je n'ai plu qu'à m'incliner devant sa splendeur, et attendre qu'elle veuille bien me livrer ses secrets du fond des lagons pour mieux la servir, pour pouvoir exister.


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GIE TAHITI TOURISME 7ème conférence annuelle des représentants extérieurs Papeete - 21 octobre 1998

Allocution de Monsieur Marcel Galenon président du Conseil d’Administration

Monsieur le Président du gouvernement, Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie, Monsieur le Président du Comité économique, social et culturel Mesdames et Messieurs,

Bienvenue à tous. Nous sommes réunis aujourd’hui à l’occasion de la 7ème conférence annuelle de nos représentants extérieurs et je voudrais dès à présent remercier Messieurs Roméo Le Gayic et Patrick Teriierooiterai d’avoir bien voulu nous accueillir et de mettre les salles de l’école Tai Moana à notre disposition. …/…


En effet, nous avons décidé cette année de modifier quelque peu la formule de nos travaux et nous avions besoin, pour cela, de locaux mieux adaptés. Nous souhaitons, en particulier, impliquer au maximum les professionnels du tourisme polynésien dans les discussions préparatoires à l’élaboration de la stratégie de Tahiti Tourisme. Nos représentants extérieurs nous ont fait parvenir leurs propositions pour 1999 en fonction des critères propres à leurs marchés respectifs. Mais elles ne seront avalisées qu’après avoir été examinées en ateliers pendant toute la journée. Les textes définitifs devront tenir compte des observations et des critiques émises pendant la conférence. Vous avez pu constater, à la lecture des documents qui vous ont été remis, l’absence de la Corée du Sud. …/…


Je vous confirme que nous avons décidé de fermer notre représentation dans ce pays pour des raisons stratégiques et budgétaires. Il faut apprendre à s’adapter rapidement aux évolutions du marché. C’est ainsi que nous gérerons au mieux les moyens dont nous disposons. Je voudrais à ce propos saluer une nouvelle fois l’arrivée de Brigitte Vanizette à la direction de notre GIE. Depuis sa nomination, le 31 août dernier, elle fait preuve d’une motivation et d’un dynamisme dont le GIE a grandement besoin. Elle a notamment engagé la direction générale dans un processus de réorganisation et de meilleure répartition de nos ressources, qui sont, certes, importantes mais limitées. Nous sommes à ses côtés, elle peut compter sur notre soutien total. …/…


Je voudrais vous remercier tous pour le travail que vous effectuez, chacun dans votre domaine, pour le développement de notre industrie touristique. Je remercie tout particulièrement Monsieur le Président du gouvernement, Gaston Flosse, ministre du Tourisme. La participation financière publique reste essentielle pour notre action. Il faut aussi souligner les efforts consentis par le gouvernement dans la préparation de la Polynésie française à devenir véritablement un pays à vocation touristique. Notre tourisme est sur la voie du progrès mais la situation reste encore difficile. Puissent nos travaux et nos réflexions contribuer à consolider cette activité appelée à devenir le pilier central de notre économie au siècle prochain. J’ai maintenant l’honneur et le plaisir de céder la parole à Monsieur Gaston Flosse.


GIE TAHITI TOURISME 7ème conférence annuelle des représentants extérieurs Papeete - 21 octobre 1998

Discours de Monsieur le Président Gaston Flosse

Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie, Monsieur le Président du Comité économique, social et culturel Mesdames et Messieurs les Ministres Monsieur le Président de Tahiti Tourisme Monsieur le Président de Tahiti Manava, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, Madame la Directrice générale de Tahiti Tourisme, Mesdames et Messieurs les représentants extérieurs, Mesdames et Messieurs, Merci de votre présence ce matin et bienvenue à vous tous qui portez la bonne parole de notre tourisme aux quatre coins du monde. Cette 7ème conférence annuelle de nos représentants extérieurs aura sans aucun doute une importance toute particulière. …/…


Notre industrie touristique traverse en effet une période de transition qui requiert une vigilance et des efforts accrus si nous voulons atteindre nos objectifs. Est-il nécessaire de le rappeler ? : le tourisme est au cœur de notre reconversion. Une récente étude, menée par l’Institut territorial de la Statistique, montre que le tourisme rapportait déjà à la Polynésie française 32,6 milliards de francs en 1995 soit les trois quarts de nos ressources propres. C’est le principal moteur de notre économie, avec des effets directs, notamment en termes d’emploi et de devises, mais aussi des effets induits, sur le développement de la pêche, de l’agriculture ou de l’industrie. Il a aussi des retombées sociales et culturelles en encourageant la musique, la danse, l’artisanat... le renouveau des traditions… …/…

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Mais pour qu’il joue véritablement le rôle que nous en attendons, nous devrons convaincre chaque année davantage de touristes de venir en Polynésie française, afin d’atteindre progressivement notre objectif de L’Organisation Mondiale du Tourisme évaluait à 615 millions, environ, le nombre total de touristes dans le monde en 1997. Elle estime qu’ils seront 937 millions en 2010. Nous ne visons par conséquent qu’une part extrêmement modeste de ce gigantesque marché. Pour une destination comme la nôtre, qui fait rêver la planète entière, et qui a choisi de faire du tourisme la clé de voûte de son développement, je ne pense pas que la barre ait été placée trop haut. Encore faut-il faire le nécessaire, et même sûrement beaucoup plus, pour que la concurrence internationale, très vive dans ce secteur, ne vienne nous mettre quelques bâtons dans les roues. … /… À cet égard, 3


1998 restera comme une année exceptionnelle. Dans tous les domaines, moyens et structures sont mis en place pour relever le défi. Partout, à Tahiti et dans les îles, de nouvelles unités hôtelières voient le jour. Notre capacité, dès la fin de cette année, sera de 4 218 chambres soit un accroissement de 36 % par rapport à 1997. Et de nombreux projets sont encore à venir. À ce propos, j’aimerais à nouveau souligner l’efficacité de notre dispositif d’incitations fiscales constitué de la loi Pons, du code des investissements et des textes connus sous le nom de “loi Flosse”. Ce triptyque a parfaitement fonctionné. …/…

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Il faut pourtant bien constater que la loi Pons ne semble plus aussi performante que par le passé. La Direction générale des Impôts ne délivre désormais les agréments qu’avec parcimonie. C’est très regrettable, mais je rappelle que cette loi reste en vigueur au moins jusqu’en 2001. Elle doit absolument jouer son rôle aussi longtemps et aussi pleinement que possible. Nous souhaitons disposer de 6 000 chambres en 2005. Cela représente un nouvel élargissement du parc de 42% sur 7 ans, soit environ 250 unités par an. Je suis confiant... nous atteindrons cet objectif ! …/…

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Et puis, il y a les croisières... Là aussi, les choses évoluent très vite. Certes, nous avons perdu le Wind Song et le Club Med 2 en début d’année. Et l’installation du Paul Gauguin dans le port de Papeete, - malgré son succès mais avec seulement 160 cabines, n’a pas permis de compenser totalement ces départs. Mais ce n’est que provisoire ! Dès l’année prochaine, deux paquebots Renaissance, d’une capacité de 690 passagers chacun, viendront renforcer la flottille locale de navires de croisière. …/…

Avec le lancement du projet Gauguin 2, 6


prévu pour 160 cabines, et qui pourrait se concrétiser en l’an 2000, nous pourrions disposer, dans deux ans, d’un réceptif croisière capable d’accueillir 2 000 passagers chaque semaine soit 105 000 par an. Pendant de longues années, les experts du tourisme nous ont répété que notre capacité d’hébergement était beaucoup trop faible pour intéresser les grands tour-opérateurs. Ce n’est plus le cas. Un verrou très important est donc en train de sauter. Il en est un autre, c’est celui du transport aérien. Là encore, 1998 verra une grande première : la naissance d’une compagnie aérienne internationale polynésienne. …/…

Dès le mois prochain, 7


Air Tahiti Nui effectuera son premier vol. Elle offrira trois liaisons hebdomadaires supplémentaires sur Los Angeles et deux sur le Japon. Il est également question d’une nouvelle liaison Lan Chile sur l’Amérique du Sud. Nous savons parfaitement ce que nous devons aux compagnies aériennes présentes dans notre pays, souvent depuis très longtemps. Elles nous assurent un service indispensable et précieux. Je voudrais leur rendre hommage. Je sais qu’elles ressentent parfois l’arrivée de cette nouvelle compagnie comme une menace sur un marché où la concurrence est déjà aiguë. Je comprends leurs craintes, mais je crois finalement qu’elles ne doivent pas s’inquiéter outre mesure. …/…

Considérons plutôt cette nouvelle compagnie comme un élément dynamisant 8


sur des secteurs de marché dont le potentiel est encore énorme. Le développement de notre tourisme profitera à tous. La mise en service de moyens de transport supplémentaires ne peut être que de nature à faciliter ce processus. En matière d’hébergement comme international tout se met donc en place.

de

transport

Quant aux statistiques, elles sont encourageantes. Au cours des neuf premiers mois de cette année, en dépit d’un contexte international défavorable, la fréquentation touristique a augmenté de près de 5% et les nuitées hôtelières de plus de 3%. Tous ces éléments nous donnent les plus sérieux motifs de nous montrer optimistes. …/…

Cela dit, nous avons aussi, 9


malheureusement, d’importants sujets de préoccupation. Comme je vous le rappelais, la conjoncture économique ne nous sourit guère. La crise asiatique a déjà de fâcheuses conséquences sur des marchés pourtant prometteurs. Le Japon, notre principal client dans cette partie du monde, est dans une situation très délicate et nul ne sait encore quand il parviendra à sortir du marasme où il se trouve actuellement. L’économie mondiale est fragile. Les marchés financiers se sont effondrés. Le dollar s’affaiblit. Tout cela est mauvais pour nous et les effets ont du reste été immédiats sur une saison touristique mitigée. Mais il y a pire ! …/… On constate, depuis 1996, 10


une chute brutale de l’indice de satisfaction des touristes américains ayant visité la Polynésie française. Notre pays, classé 14ème, il y a deux ans, sur 73 destinations étudiées, n’est plus aujourd’hui que... 49ème. Pour quelles raisons, plus de sept touristes américains sur dix se déclarent-ils déçus de leur voyage à Tahiti ? Il faut regarder la situation en face et trouver des réponses. Une étude, en cours de réalisation, devrait prochainement nous fournir des informations plus précises sur les causes de ce phénomène très mal venu. Toujours est-il que nous devons, le plus rapidement possible, tirer les enseignements de cette mauvaise performance. …/…

Il nous faut réagir, sans précipitation mais sans retard, avant que l’image de notre pays, notre principal atout de promotion, 11


déjà très affectée par les événements de 1995, ne subisse de trop graves dommages. Je crains fort que l’étude en cours ne nous apprenne guère plus que ce que nous savons déjà. Elle invoquera probablement la cherté du produit, l’amateurisme de l’accueil ou du service, le manque d’information ou d’activités, des problèmes d’environnement... Nous connaissons nos faiblesses. Tout cela n’est pas nouveau et chacun y a sa part de responsabilité. Le gouvernement, pour ce qui le concerne, a fait des efforts considérables. Il y a les mesures fiscales, dont je rappelais tantôt l’importance cruciale pour les gros investissements immobiliers ou de transport... …/… mais il y a aussi l’aménagement des sites, l’amélioration des infrastructures, les aides à la formation professionnelle, le traitement des déchets... 12


Je sais bien que vous tous, partenaires du tourisme en Polynésie française, faites aussi de votre mieux, chacun sur votre terrain, pour que notre destination prenne vraiment son essor. Mais nous devrons faire encore plus... Encore mieux ! Nous devrons mieux cibler notre promotion sur chacun de nos marchés. Cette promotion devra être plus dynamique, plus créative, et mieux adaptée. Mais nous devrons surtout améliorer le rapport qualité-prix de notre produit. …/…

Tous comptes faits, je reste fondamentalement optimiste. D’abord, 13


parce que la crise financière ne durera pas toujours... Ensuite, parce que j’ai confiance dans la capacité des Polynésiens à offrir des prestations de qualité. Ils ont pour cela le courage, la gentillesse, et le souci de bien faire. Seule la manière, parfois, leur fait peut-être un peu défaut. Mais soyons indulgents et patients. N’oublions pas que notre tourisme est nouveau-né. L’hospitalité est certes une qualité naturelle de notre peuple, mais nous n’avons pas de vieilles traditions de service. …/…

Il nous faut donc travailler, apprendre... Je fais confiance aux professionnels pour innover, 14


pour faire preuve d’imagination. Et je fais confiance à Brigitte Vanizette, qui vient tout juste de prendre ses fonctions à la direction générale de votre GIE. Sa responsabilité est grande, mais elle possède toutes les compétences et toutes les qualités requises pour cette mission. Nous t’adressons, Brigitte, ainsi qu’à ton équipe, nos plus sincères encouragements. Ne baissons pas les bras ! De nombreux pays dans le monde vivent du tourisme, et ils en vivent très bien. Le tourisme est en passe de devenir la première industrie mondiale. …/…

Nous avons tous les atouts en main. Nous allons réussir !

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Merci de votre attention. Je vous souhaite des travaux fructueux, et à nos représentants extérieurs, un excellent séjour parmi nous. Merci à tous

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Réflexions sur l’image du produit touristique

Tahiti et ses îles Étude sur une stratégie de communication

Principe : S’appuyer sur le mythe et travailler sur une construction à long terme plutôt que sur des “coups”, insuffisamment cohérents et ne reposant sur rien de concret (leur seule justification étant une prétendue “tendance” du marché plus ou moins bien ressentie à travers des “études” – dans le meilleur des cas - ou tout simplement au pifomètre de publicitaires ignorant tout de notre pays et de ses enjeux). Par exemple, que signifie réellement l’expression “Where love lives” ? Est-ce un fantasme, un rêve que l’on cherche à placer dans l’esprit du client ? Cela peut éventuellement marcher, mais combien de temps ? Une fois sur place, la réalité est-elle à la hauteur du rêve ? L’image d’un pays comme celle d’un produit ou d’une personne doit se construire sur des réalités (certains aspects du mythe sont réels), pas sur des délires publicitaires. C’est seulement ainsi que l’on pourra faire rêver les touristes sans craindre qu’ils ne repartent déçus de leur voyage (la pire chose qui puisse arriver). Or, malheureusement, il semble bien, si l’on en croit Al Keahi, représentant du GIE Tahiti Tourisme aux Etats-Unis, que l’indice de satisfaction des visiteurs de la destination Tahiti soit en chute libre. Il nous révèle que, pour 1998, Plog, le spécialiste américain des statistiques touristiques, ne classe Tahiti qu’à la 49ème place sur 69 destinations étudiées en fonction du taux de personnes satisfaites de leur séjour. Tahiti était pourtant 14ème sur 73 en 1996 et encore 23ème sur 68 en 1997. 27% seulement des touristes ayant séjourné à Tahiti en 1998, se sont déclarés satisfaits. Quelles sont les causes de cette dégringolade ? …/…


Une étude en cours devrait prochainement les préciser mais, de toute manière, un tel “accident”, survenant de surcroît au moment même où la destination cherche véritablement à se développer, fera des dégâts qu’il sera long, difficile et coûteux de réparer. Mais les faiblesses de la destination sont bien connues et, sans même attendre les résultats de l'étude, nous pouvons déjà lister quelques-unes des causes probables du désenchantement américain sur lesquelles il sera nécessaire de faire porter les efforts en priorité : -

cherté du produit ou plutôt rapport qualité-prix peu intéressant

-

manque de professionnalisme ambiant

-

environnement souvent dégradé manque de communication et d'information

• MON CONSEIL Il y a deux priorités : 1 - en aucun cas réduire les budgets ; ce n’est pas le moment ; il faut au contraire disposer du maximum de moyens pour communiquer (dans le but d’atténuer l’impact négatif sur l’image de la destination) ; à tout le moins, maintenir les moyens à leur niveau. (méfiance, on va exiger de toi des miracles - cf. les objectifs - avec des moyens réduits, bats-toi là-dessus, ne te laisse surtout pas faire). 2 - revoir la stratégie de communication en la faisant reposer sur les intérêts réels de la destination : la Polynésie française possède suffisamment d’atouts pour servir de supports à une communication intelligente. L’image doit correspondre le plus fidèlement possible à la réalité ; on doit réduire au minimum les risques de tromperie sur la marchandise. Jusqu’à présent, la politique a toujours été fondée sur un calcul simpliste : nous avons besoin de 300 000, allez, disons 500 000 touristes par an pour atteindre nos objectifs d'autonomie économique. Ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des centaines de millions de touristes voyageant chaque année dans le monde ; …/…

2


avec un investissement promotionnel annuel de près d'un milliard et demi de Fcfp, on parviendra toujours à en attirer un nombre aussi modeste et tant pis s’ils ne sont pas contents et ne reviennent jamais, le marché potentiel est pratiquement inépuisable... Un tel raisonnement est non seulement à courte vue - quand on méprise le client, il le sent... et il le dit ! – mais en outre il ne fonctionne pas. Il faut garder à l'esprit que, malgré les sommes investies, la fréquentation n'a pratiquement pas évolué au cours des douze dernières années (186 000 en 1986 - 180 400 en 1997). Si la Polynésie française veut vraiment construire son développement autour du tourisme, elle doit se créer un public, une clientèle fidèle, un noyau de plus en plus important de personnes qui aimeront revenir, qui reviendront ou qui conseilleront à leur parents et amis de venir en Polynésie. Ce public aimera le pays et le peuple polynésien, pas parce qu’on lui a rebattu les oreilles avec des fantasmes, mais parce qu’il les aime comme ils sont réellement, avec leurs caractères propres, leurs bons côtés et leurs plus mauvais... C’est ce public qui soutiendra le travail de promotion du GIE Tahiti Tourisme par son bouche à oreille (la plus efficace de toutes les communications).

• A SUIVRE Le nom du produit Polynésie française ou Tahiti ? cf. l'embarras, à ce propos, de la présentatrice du produit Tahiti et ses îles aux agents de voyage américains travaillant pour le tour opérateur Pleasant Holidays le 29 octobre 1998 à l'hôtel Méridien Tahiti. Après avoir d'abord évoqué la Polynésie française, elle a aussitôt rectifié expliquant qu'il s'agit d'un terme “administratif” et que le produit est plutôt connu sous le nom de Tahiti et ses îles. Il est probablement urgent de sortir de cette situation. Comment promouvoir un produit si son nom n'est pas clairement défini ? C'est la base même. Bien identifier l'émetteur des messages est la première étape de toute tentative sérieuse de communication. Qui s'adresse à moi ? Nous pourrions “officialiser” le lapsus de la jeune présentatrice et décider une fois pour toutes que le pays s'appelle bien la Polynésie française, mais que le produit touristique, lui, sera promu sous le nom de Tahiti et ses îles. Le produit n'étant évidemment pas assimilable au pays. …/…

3


Il faudrait dans ce cas définir clairement ce qu'est le produit Tahiti et ses îles, ce que cette appellation recouvre (la définition pourrait du reste s'affiner et s'enrichir avec le temps). Une règle de cohérence aussi rigoureuse que possible devrait être ensuite définie et respectée de manière à ce que le produit Tahiti et ses îles et l'appellation du même nom, soient bien une seule et même réalité.

Le produit Qu'est-ce-que le produit Tahiti et ses îles ? Quelle réalité se cache derrière ce nom de rêve, est-elle à la hauteur ? Tout le monde sait que c'est très cher et très loin. Cela vaut-il la peine de dépenser autant et de subir l'épreuve d'un si long voyage ? En aurai-je pour mon argent ? Le rapport qualité-prix est un élément essentiel. Etc.

La cible Il ne semble pas, à première vue, que la promotion de Tahiti soit particulièrement ciblée (une étude plus poussée des dossiers pourrait peut-être me faire changer d'avis, mais j'en doute). En tout état de cause, il serait préjudiciable de poursuivre plus avant une stratégie de promotion tous publics. Tahiti et ses îles a son public, je l'évoquais plus haut. Quel est-il ? Quelle est l'image de ce produit auprès de ces amoureux de Tahiti. Comment les toucher mieux, plus souvent ? Comment les inciter à travailler pour nous ? Comment créer un réseau Tahiti et ses îles ? (cf. Internet). Etc.

La promotion du produit Le produit touristique Tahiti et ses îles est promu sur les marchés extérieurs non seulement par des campagnes et opérations menées dans les pays émetteurs, mais aussi sur place, en Polynésie française, par l'accueil de professionnels du tourisme, de journalistes ou de personnalités à qui l'on souhaite présenter le produit en vraie grandeur. …/…

4


Le développement du tourisme doit en outre être un élément de mieux en mieux assimilé par la population polynésienne qui participe de l'image de la destination, d'où l'importance du traitement des relations avec les médias locaux. J'ignore le détail des moyens employés par les représentants extérieurs du GIE pour remplir leur mission (un rapport clair et complet sur ce sujet serait un document de travail indispensable). J'ai pu en revanche, sur ton invitation et je t'en remercie, assister jeudi 29 octobre à une séance de présentation locale à l'hôtel Méridien. Vivant à Tahiti depuis vingt-deux ans, je m'attendais au pire. Ce que j'ai vu et entendu a surpassé mes craintes. La fraîcheur et la spontanéité sont naturellement des qualités bienvenues dans le secteur du tourisme et surtout dans les îles. Cela ne doit cependant pas aller jusqu'à l'amateurisme voire même le mépris du client. Ces jeunes gens sont formidables, ils sont plein de bonne volonté et font du mieux qu'ils peuvent. Mais ils ne sont pas formés pour la tâche qu'ils ont à remplir. Je trouve absolument ahurissant que le principal produit d'exportation de notre pays, celui sur lequel nous comptons pour assurer près de 30% de nos revenus en 2005 (c'est bientôt), soit présenté de cette manière aussi peu professionnelle à un (d'après tes informations) très important grossiste américain courtisé depuis plusieurs années. D'accord, les représentants de ce grossiste ont pu tester certains aspects du produit (ont-ils choisi eux-mêmes ou bien leur a-t-on imposé un programme ?) . Ils ont ainsi pu se faire leur propre opinion. Celles qui étaient à ma table semblaient du reste ravies de leur séjour. Mais attention, ces gens voient tout, enregistrent tout. Ils sont bien élevés et indulgents, c'est vrai. S'ils pouvaient néanmoins constater un réel effort, je suis certain qu'ils l'apprécieraient d'autant plus. Déjà le choix du Méridien... était-il bien utile de leur montrer cet hôtel vide ? Une salle magnifique, certes, mais un son piteux, un écran minable et un matériel de projection poussif à peine dignes d'une mairie de campagne. Une présentatrice adorable, mais à l'anglais beaucoup trop hésitant pour une spécialiste du marché américain. Le jeune homme était, il est vrai, un peu plus à l'aise. (prévoir au moins un marqueur laser pour le présentateur) …/…

Cartes illisibles, photos moyennes, souvent floues (je crois que cela venait du projecteur) et mal choisies. Nous avons eu droit, entre autres, à trois diapos 5


successives du catamaran Aremiti précédant une autre tout du Ono Ono. Est-il bien judicieux de commencer la présentation de l'hôtel Bali Hai à Huahine par une vue des bicyclettes à louer ? L'ensemble

donne

une

impression

gênante

d'amateurisme,

de

laborieux,

d'improvisé, de manque de préparation... Il est à mon avis très urgent de revoir entièrement la procédure et surtout de produire une démonstration prête à l'emploi, moderne, professionnelle, en plusieurs langues et donc exportable. Il faudra naturellement prévoir un budget pour cela mais c'est un investissement de base. Il est particulièrement étonnant que le GIE ne dispose pas encore de cet outil. En ce qui concerne les journalistes, leur comportement (ils ont déjeuné puis sont partis dès le début de la présentation) et les papiers sortis le lendemain dans les quotidiens sont assez révélateurs. Nous avons de la chance qu'ils ne soient pas très critiques mais leur contribution est loin d'être optimale. Il y a beaucoup à dire sur les dossiers de presse et tout un système à bâtir dans ce domaine crucial des relations médias. Avez-vous des revues de presse dignes de ce nom (classées, disponibles, analysées) ? Disposez-vous d'archives utilisables facilement et de dossiers sur les journalistes invités ? Je pense pour conclure qu'il faut sans cesse garder à l'esprit l'ampleur des objectifs 350 000 touristes en 2005 (dans six ans seulement). Aucun détail ne doit par conséquent être laissé au hasard. Patrick Schlouch – Media Conseil Pacifique Papeete – 3 novembre 1998

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1999



Madame Brigitte Vanizette Directeur général GIE Tahiti Tourisme

Papeete, le 23 janvier 1999

Sujet : Procédure et information pour l'organisation et le suivi des voyages de presse pris en charge par le GIE Chère Brigitte, Comme suite à ta demande, voici quelques réflexions relatives à l'établissement d'une procédure et d'un document d'information pour l'organisation et à la prise en charge de voyages de presse par le GIE. Il ne me semble pas inutile d'insister tout d'abord sur l'importance d'une telle procédure et d'un tel document d'information. Il est essentiel de disposer des meilleures informations possibles sur les personnes en qui le GIE va investir son argent et son énergie, sur les media qui leur serviront de support et sur la qualité et l'audience des messages qu'ils pourront délivrer à propos de la destination. Je te fais, un peu plus loin quelques remarques sur le fond mais je voudrais aussi appeler ton attention sur la forme. Le monde des médias apprécie la précision et le professionnalisme d'une organisation mais cette rigueur doit également être équilibrée par une grande convivialité (surtout en matière d'accueil et de tourisme). Les journalistes invités doivent sentir qu'ils ont été sélectionnés avec soin. Ensuite, ils doivent être reçus et accueillis avec tous les égards que l'on doit à des visiteurs de marque. Mais, avant tout, ils doivent être informés de manière claire et professionnelle en fonction des sujets qui les intéressent et du message que l'on souhaite faire passer. Il ne s'agit pas de “contrôler” mais d'apporter au journaliste ce dont il a besoin pour travailler de la manière la plus confortable et donc la plus efficace, en lui facilitant toujours la tâche. Il faut savoir, par exemple, lui montrer ce qu'il y a de positif et de beau dans un artisanat, dans un art de vivre... D'où l'importance d'une escorte qualifiée à la disposition souple des journalistes. Il est enfin impératif de définir une stratégie médiatique privilégiant le soutien à tel ou tel type de média, journaliste ou sujet, en fonction des objectifs fixés en amont par le Conseil d'Administration en matière de public, de promotion de telle ou telle hôtellerie, activité, période, etc.


En ce qui concerne la fiche de renseignements, elle est déjà très bien. Voici en quoi elle pourrait, à mon sens, être encore améliorée :

TITRE GIE TAHITI TOURISME

VOYAGES DE PRESSE PROPOSITION DE PRISE EN CHARGE (les informations contenues dans ce document sont exclusivement réservées à l'usage interne du GIE ; elles sont utiles à l'amélioration des services rendus aux médias et à l'efficacité des relations publiques du GIE )

JOURNALISTE 1. Nom - Prénom - Pseudonyme 2. Regrouper Adresse, Tél. / Fax dans une sous rubrique “Contact” où l'on n'oubliera ni l'adresse e-mail ni, le cas échéant, le site Web. 3. Statut          

Directeur de la rédaction Rédacteur en chef Rédacteur en chef adjoint Grand reporter Chef de rubrique Rédacteur salarié permanent Reporter - Photographe Pigiste permanent Pigiste occasionnel (free lance journalist) Autre

4. Spécialité   

Presse écrite Audiovisuelle On Line

…/…

2


5. Rubrique habituelle        

Tourisme Plongée Voile Surf Autre sport (préciser) Loisirs en général Economie Sans

6. Séjours précédents   

Dates Lieux Personne responsable du suivi

7. Reportages précédents  

 

Supports, Sujets traités • Thèmes • Mode de traitement (reportage photo, interview, enquête, etc.) • Nombre de pages ou durée des émissions • Couleur Retombées - Public Observations du responsable du suivi

MEDIA 8. Type    

Presse écrite Télévision Radio On line

9. Nom (ou Titre) 10. Groupe propriétaire 11. Nom du directeur de la rédaction 12. Nom du rédacteur en chef 13. Nom du chef de rubrique …/…

3


14. Périodicité    

Quotidien Hebdomadaire Mensuel Autre

15. Tirage ; diffusion 16. Audience ; public 17. Contacts (cf. plus haut)     

Adresse Téléphone Fax E-mail Site web

PROJET DE VOYAGE DE PRESSE 18. Définition ; concept 19. Souhaits particuliers 20. Concours demandés       

Transport international Transport domestique Hébergement Repas (à titre exceptionnel) Activités Contacts Assistance

21. Observations et visa du représentant 22. Avis du Délégué de la Polynésie française à Paris

A JOINDRE IMPERATIVEMENT 

Accréditation du media sur papier à entête signée par le responsable de la rédaction (directeur ou rédacteur en chef)

Les journalistes free - lance peuvent être dispensés de la production de cette pièce en fonction du sérieux et de la qualité de leur projet et des retombées estimées au bénéfice de Tahiti & ses Iles. Il serait toutefois bon qu'ils soient munis de recommandations écrites signées de responsables de rédaction ou d'agences. …/…

4


Il ne s'agit là que d'une première approche, qu'il faudra affiner et améliorer en permanence en fonction des besoins et des réalités. Bien à toi amicalement,

Patrick Schlouch

5



Le 18 février 1999

à l'attention de madame Brigitte Vanizette Projet Texte DATA mag n° 3 Nous sommes en vue de l'an 2000. Pour chacun d'entre nous, c'est une promesse, un espoir, parfois une crainte. Pour les informaticiens et tous ceux qui utilisent cet outil si précieux qu'est l'ordinateur, ce peut-être ce fameux bug qui semble inquiéter pas mal de gens sur la planète. Mais pour moi, qui suis, depuis peu, responsable de la promotion de notre tourisme, l'an 2000, c'est avant tout des objectifs. Tout se met en place, les hôtels, les avions, les bateaux de croisière… Il s'agit à présent de faire fonctionner tout cela et donc de convaincre le public… mais pas seulement de le convaincre de venir jusqu'à nous, il faut surtout le convaincre que cela en valait la peine. Et pour cela, j'ai un mot, presque banal, mais qui ne sera jamais galvaudé et qui me servira toujours de devise, et ce mot c'est QUALITÉ. Nous ne réussirons, notre destination ne vivra vraiment, que si nous sommes capables d'offrir à nos visiteurs le meilleur de nous mêmes. C'est du reste tout à fait dans la tradition, n'est-ce pas justement la qualité de l'accueil polynésien qui a créé le mythe de Tahiti ? Chaque Polynésien, qu'il soit pêcheur ou chef d'entreprise, doit prendre conscience, le plus rapidement possible, qu'il peut, et doit, à son niveau, améliorer l'image de notre pays et participer au succès de notre principale industrie. C'est notre avenir qui en dépend. Merci de m'avoir proposé de m'exprimer dans votre DATA mag, je le trouve très sympathique, original et lui souhaite longue vie. Brigitte Vanizette Directeur général - Tahiti Tourisme



Papeete, le 18 mars 1999

Collaboration GIE Tahiti Tourisme - Media Conseil Pacifique

COMPTE RENDU DE LA SÉANCE DE TRAVAIL DU 17 MARS 1999

Brigitte Vanizette (directeur général GIE Tahiti Tourisme) Patrick Schlouch (directeur général Media Conseil Pacifique)

VE'A TAHITI TOURISME (VTT) Édition d'avril 1999 Conformément à la convention d'édition liant les deux parties, le comité de rédaction de VTT s'est réuni à la direction générale du GIE Tahiti Tourisme pour définir le sommaire de la prochaine édition. Page 1 Le logo et la têtière de la publication restent inchangés pour le moment. La partie éditoriale sera composée : - d'un article principal portant sur la stratégie promotionnelle du GIE en 1999 accompagné d'un gros titre, d'une photo (restant à choisir) et d'une infographie (si l'espace le permet) - d'un éditorial du directeur général accompagné de sa photo (remise à MCP) - s'il reste de l'espace, d'une ou deux nouvelles brèves d'importance (statistiques touristiques des deux premiers mois de l'année 1999) …/…


Pages 2 & 3 Elles seront consacrées aux actions spécifiques des représentations extérieures du GIE (au nombre de six : Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe, Japon, Australie, et Nouvelle-Zélande). Les articles seront rédigés à partir des rapports d'activité de ces représentations pour les mois de janvier et février 1999. Les illustrations seront remises à MCP ultérieurement Page 4 Cette dernière page sera composée d'informations générales sur le tourisme ou sur l'activité du GIE en Polynésie française présentées en bref ou sous forme de petits encadrés. Sujets à traiter (en fonction de l'espace disponible) : -

Les nouveaux hôtels Te Tiare à Huahine et Te Nape à Raiatea (photos) Hôtels Méridien : changement de direction générale Hôtel Outrigger Tahiti (ouverture prochaine - photo) Visite d'une journaliste américaine (photo) Promotion des randonnées pédestres Transports aériens (Swissair-AOM, accroissment de l'offre de sièges sur le tronçon France - LAX par les compagnies françaises) Revue de presse Récapitulatif des visites de marque auprès du GIE en ajnvier et février Calendrier des salons touristiques internationaux (mai et juin)

Les informations et les illustrations relatives à tous ces sujets seront remises ultérieurement à MCP pour traitement.

VISITE DE M. MARKUS SCHAUMLOEFFEL - JOURNALISTE ALLEMAND Le projet de visite de ce journaliste allemand au mois d'août 1999 a été évoqué. Il semble a priori intéressé par les sujets suivants : -

Revitalisation des archipels Tourisme en général Sport

Une liste d'une dizaine de personnes susceptibles d'être interviewées sera proposée au GIE par MCP. Un projet d'itinéraire sera établi par le GIE structuré sur la base d'une semaine à Tahiti, le reste du séjour (trois semaines) partagé entre les Marquises (Archipels Croisières), Huahine et Rangiroa.

…/…

2


CONGRÈS DES MAIRES (1 AU 7 MAI 1999) Madame Vanizette a été sollicitée pour prononcer un discours le jeudi 6 mai à l'occasion de ce congrès. Monsieur Schlouch se chargera de la préparation de ce texte d'une durée de lecture maximale de 15 minutes sur le thème de la promotion touristique.

Visa du GIE Tahiti Tourisme

Visa de MCP

Brigitte Vanizette

Patrick Schlouch

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GENS QUI RIENT, GENS QUI PLEURENT On nous promettait une année agitée. Nous avons été servis ! Le Tigre devait, selon les prévisions de l'astrologie asiatique, déployer une puissante énergie laquelle se révélerait positive ou négative, créatrice ou destructrice selon que l'on se montrerait capable, ou non, de la canaliser. C'est ce qui s'est passé en Polynésie française en 1998. Les colères du ciel ont frappé violemment et profondément à plusieurs reprises. Elles ont endeuillé de nombreuses familles polynésiennes et plongé beaucoup d'autres dans le besoin. Dans le cyclone financier qui faisait trembler les marchés mondiaux, les jeunes industries exportatrices locales ont fait bien pâle figure. Les trois activités sur lesquelles l'avenir économique du pays est en principe fondé, ont du mal à s'imposer sur une scène internationale où les chocs sont rudes. Perle : les cours n'ont jamais été aussi bas et l'on commence à s'inquiéter sérieusement. Pêche : les exportations ont chuté d'un tiers et ne représentent plus que 10 % du total de la production. Tourisme : le produit résiste bien (+ 4,7 % en fréquentation). Il se développe même deux fois plus vite que la moyenne mondiale de l'industrie touristique (2,4 %) mais c'est très loin des objectifs du Pacte de Progrès. Sans doute faudrait-il revoir ceux-ci sur des bases plus réalistes ? Malades du modernisme Les dépenses de santé ont encore explosé en 1998. Depuis 1995, la Protection Sociale Généralisée (PSG) ouvre l'accès aux soins à tous. C'est une avancée énorme, d'une générosité exemplaire, dont peu de pays au monde peuvent se prévaloir. Mais un Polynésien sur quatre bénéficie de cette solidarité à titre gratuit. La charge est d'autant plus lourde que le modernisme mal adapté fait des ravages. Les Polynésiens souffrent de maladies non-transmissibles (diabète, hypertension, maladies vasculaires, obésité, cancer…) dans des proportions alarmantes. Ces affections, dont le coût social est considérable, sont le plus souvent liées à de mauvaises habitudes, alimentaires notamment. Sous la pression des syndicats et des entreprises, le gouvernement n'a pas cédé à la tentation d'augmenter les cotisations sociales. Il a préféré fixer une limite à la consommation de santé : pas plus de 10 % du PIB. La responsabilité d'un éventuel dépassement repose désormais sur les médecins qui seraient sanctionnés à titre collectif. Furieux, considérant qu'ils sont traités en boucs émissaires, les praticiens portent l'affaire en justice. La prévention, à laquelle on ne consacre que 4 % des dépenses de santé, est en réalité la seule à pouvoir ralentir l'hémorragie. Elle passe par l'éducation et l'information du public, bien entendu, mais aussi par des mesures politiques urgentes. Euphorie Tout allait donc si mal en 1998 ? On serait tenté de le croire. D'autant plus que le grave problème des déchets et de la protection de l'environnement est resté sans solution. L'aménagement du CET de Taravao a été interrompu par décision judiciaire. Les décharges sauvages explosent un peu partout, tandis que les lagons subissent des atteintes peut-être irréversibles. Les listes d'attente pour un logement social se sont allongées, une grande partie des crédits disponibles au Fonds de reconversion de l'après-CEP a dû être consacrée à ce secteur prioritaire. À l'Université et dans les lycées, les résultats aux examens ne se sont pas améliorés. Cinquante-deux personnes ont trouvé la mort (ce qui correspondrait à plus


de 18 000 en France dont les routes sont déjà considérées comme les plus dangereuses d'Europe avec 8 000 tués en 1998) et sept cent quarante huit autres ont été blessées, souvent handicapées à vie, ont vécu le drame de l'accident sur un réseau routier en mauvais état, inadapté, livré aux chauffards et aux inconscients. On a même assisté à la fin d'un rêve : la séparation d'un groupe de danse beau et éphémère comme un rayon de soleil. Son succès foudroyant aura été fatal à O'Tahiti E, disloqué en quelques semaines par les rivalités internes. Et pourtant, 1998 restera dans les mémoires comme une année plutôt heureuse. Les Polynésiens dans leur ensemble ont aimé cette année du Tigre qui les a sortis de leur routine. Ils se sont même sentis si bien qu'ils ont été pris d'une véritable frénésie d'achat. Conséquence : des importations civiles et des crédits à la consommation respectivement en hausse de 21 % et de 18,4 % dans une ambiance euphorique. Fragilité Défiscalisation, logement social, grands travaux, demande soutenue, le bâtiment est en plein boom. Tant mieux, car les besoins sont gigantesques. Les ventes d'automobiles n'avaient jamais atteint de tels sommets avec près de 6 000 véhicules distribués dans l'année. L'informatique, les jeux vidéos, la bureautique, l'Internet sont pris d'assaut par les Polynésiens qui s'équipent. Des Polynésiens qui veulent vivre avec leur temps, sortir de leur isolement. Ils ont repris confiance. Ils investissent et, surtout, ils consomment. Il est intéressant à noter que cette embellie survient au moment même où la fiscalité locale subit sa révolution en douceur, avec une mise en orbite parfaitement réussie de la TVA… Pourvu que ça dure. Des Polynésiens ont pleuré, des Polynésiens ont ri en 1998. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'énergie du Tigre est venue nous rappeler notre fragilité et notre dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Nez qui coule, gorge qui brûle, oreilles bouchées, fièvre... Des milliers de personnes à Tahiti et dans les îles ont attrapé la grippe en ce début d'année 1999. Le même virus qu'à Paris, dit-on. Quel progrès ! Il en va désormais pour les maladies contagieuses comme pour le cinéma, les magazines ou la mode, nous les avons à Tahiti en même temps qu'en France. Il se passe en fait que plus nous devenons polynésiens et autonomes, et plus nous devenons français et dépendants dans la réalité de notre vie quotidienne. C'est évidemment le cas d'un point de vue culturel et social. Programmes de télévision, information, cinéma, Internet, voyages plus faciles et fréquents, téléphone de moins en moins coûteux… Tahiti n'est plus une île et la modernité envahit tout, avec ses bons et ses mauvais côtés. La Polynésie française demeure surtout dépendante d'un point de vue économique et c'est cela qui importe le plus : l'État a tenu parole et, malgré l'arrêt définitif des essais nucléaires en 1996, la perfusion parisienne n'a jamais tari. Bien au contraire ! Les dépenses de l'État en Polynésie française avoisineront probablement les 150 milliards de Fcfp en 1999. Nous ne créons nous-mêmes qu'un tiers environ des richesses que nous consommons. L'objectif principal du Pacte de Progrès pour l'après-CEP est de porter cette part à 50 %. De ce point de vue, 1998 n'aura pas été une bonne année. Confiance Les Polynésiens ne se précipitent pas seulement dans les supermarchés, ils investissent aussi dans le logement, dans l'automobile, ils se mettent à l'informatique et à Internet. Ce sont des consommateurs de plus en plus vigilants et avertis. Ils sont de plus en plus nombreux à occuper un emploi salarié. Et comme cela ne suffit pas à résoudre le problème du chômage, ils jouent le jeu de la création d'entreprise avec les encouragements et le soutien actif du gouvernement.


Des dizaines de micro-unités de production et surtout de service voient le jour. Beaucoup ne tiennent pas le coup, mais celles qui savent répondre à un besoin et s'adapter à la demande ne s'en sortent pas trop mal. Le système des patentes se révèle comme une soupape formidable et une source d'emplois irremplaçable. Le gouvernement devra toutefois revoir leur classification et leur mode de calcul souvent injuste et contre-productif. La désormais puissante CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) a fait de cette réforme, jugée indispensable au développement, une de ses principales revendications. Les Polynésiens reprennent confiance. Celle, en tout cas, qu'ils accordent au président Flosse est extraordinaire. Ils ne comprennent pas toujours où il les conduit (un sondage publié à ce propos par La Dépêche de Tahiti en février 1999, montrait à quel point les populations sont ignorantes des institutions de l'autonomie polynésienne et de leur évolution). Ils le suivent néanmoins sans broncher dans un tourbillon institutionnel dont la dernière rafale portait notamment sur la création d'une citoyenneté polynésienne. La principale justification de cette demande, dont la satisfaction suppose une réforme de la Constitution française, est la protection de l'emploi local. Ce fut un des principaux sujets de conversation et de débat en 1998. Naturellement, tout le monde est pour protéger les emplois locaux. Il faut absolument éviter les tensions sociales qui pourraient compromettre l'équilibre du bel édifice aprèsCEP en pleine construction. Il ne faut pourtant pas oublier que la mise sur pied d'une économie exige des entreprises dynamiques, performantes, ayant à leur disposition de la main d'œuvre non seulement qualifiée, mais surtout motivée, à la fois capable et désireuse de faire un travail compétitif sur le marché mondial. L'année 1999 est celle du Lapin de Terre. Elle est annoncée comme plutôt calme et favorable aux bonnes affaires. Acceptons-en l'augure. Rappelons-nous toutefois que la dernière année du Lapin, de Feu celui-là il est vrai, avait été celle de l'incendie de Papeete par des émeutiers en colère au mois d'octobre 1987. Patrick Schlouch


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1998, année exceptionnelle à bien des égards en Polynésie française. Pour le meilleur et pour le pire. Dramatiques, les calamités naturelles ayant endeuillé la Polynésie française à plusieurs reprises et provoqué plus de huit milliards de Fcfp de dégâts. Inquiétante, la situation de la perle, première ressource naturelle du pays, frappée par la crise asiatique et dont les cours, comme ceux de la plupart des matières premières, ne cessent de sombrer. Préoccupante encore, la stagnation du tourisme avec une fréquentation en faible évolution et une image de la destination qui se dégrade auprès des Américains, pourtant désormais le principal réservoir de développement. Le parc hôtelier se renouvelle, mais sa capacité, du fait de la fermeture de nombreux établissements, reste encore très éloignée des objectifs du gouvernement. Le tourisme de croisière est prêt au démarrage, 1998 n'a cependant été qu'une année de transition entre le départ des deux voiliers, Club Med II et Windsong, et l'arrivée des deux Renaissance. Stagnation également dans le domaine de la pêche avec une production en croissance mais des exportations qui régressent sérieusement. Des motifs de se réjouir en 1998, néanmoins, avec un fonds de reconversion économique qui monte en régime ; un secteur du bâtiment et des travaux publics euphorique après plusieurs années de galère ; un commerce florissant ; des finances publiques en pleine santé et un nouveau système fiscal qui se met progressivement en place sans heurts et à la satisfaction de (presque) tous. Les défis de l'après-CEP sont encore loin d'être gagnés. La Polynésie française découvre soudain qu'elle est aussi, malgré sa petite taille et son isolement géographique, au cœur de la mondialisation. Elle prend conscience de la fragilité de ses équilibres sociaux, économiques, politiques, naturels. Il faudra beaucoup de courage, de ténacité et de motivation aux Polynésiens pour réussir ; ils en ont cependant les moyens, notamment grâce au soutien de l'État qui ne se dément pas autour de 125 milliards de Fcfp l'an (hors défiscalisation).


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Poursuivant notre exploration de l'économie polynésienne, nous vous proposons cette année une plongée au cœur des “marchés qui montent” (p. 98). Avec l'après-CEP et l'arrivée massive d'images et d'informations en provenance du monde extérieur, les comportements, les besoins et les envies des Polynésiens se transforment, ils évoluent à un rythme rapide. Cela se reflète dans les mouvements de l'économie locale. Avec une confiance retrouvée, les Polynésiens ont beaucoup consommé en 1998 ; tous les principaux secteurs du marché intérieur, du commerce au bâtiment en passant par l'automobile, l'électroménager, la téléphonie, la bureautique et les services, ont profité de cette frénésie d'achat. Nous avons choisi de vous présenter six marchés ayant tout particulièrement le vent en poupe. Les messageries vocales (le téléphone rose), Internet, le bricolage, le recyclage des déchets, les messageries rapides et les deux roues. Certaines de ces activités sont nouvelles, d'autres plus anciennes mais elles ont bénéficié d'un essor tout particulier en 1998. Nous avons également enquêté sur quelques tendances ou événements ayant marqué l'année : - La perle de Tahiti perd de son lustre, pourquoi ? - L'autonomie polynésienne possède son symbole aérien, Air Tahiti Nui. - Papeete renaît après deux décennies d'abandon, elle brigue désormais le statut de capitale touristique régionale. - Les banques fuient-elles la Polynésie française ? Elles étaient cinq au début de 1998, elles ne sont déjà plus que trois. Faut-il s'en inquiéter ? Et pourquoi l'argent est-il si cher dans le Territoire ? - Bug de l'an 2000, il est, semble-t-il, encore temps de se protéger. - Les associations forment la trame du tissu social polynésien. Leur rôle est essentiel dans le déroulement harmonieux de l'après-CEP. - Et vous apprendrez finalement que les couvertures chauffantes aux Tuamotu, c'est de l'histoire ancienne ! Le consommateur polynésien est de plus en plus vigilant.


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Papeete, le 6 mai 1999

AVIS sur la communication entreprise auprès du public dans le cadre du futur établissement des Plans de Gestion des Espaces Maritimes (PGEM) en Polynésie française.

À l'invitation du service des Ressources marines (SRM), je me suis rendu à Bora-Bora, le 21 avril 1999, pour assister à une réunion de la Commission locale de l'espace maritime (CLEM), organisée par l'Instance Technique Collégiale (ITC). Cette ITC, créée en 1995 par délibération de l'Assemblée territoriale, réunit les trois ministères territoriaux impliqués dans la procédure de mise en place des PGEM, à savoir : -

le ministère de l'Urbanisme, qui pilote l'opération le ministère de l'Environnement le ministère de la Mer

Chaque ministre a désigné son représentant choisi au sein des services administratifs relevant de sa compétence : •

pour l'Urbanisme, il s'agit de Mme Annie Aubanel-Savoie, du service de l'Urbanisme, responsable de la coordination de l'ITC ;

pour l'Environnement, de Mme Miri Tatarata de la délégation à l'Environnement ;

pour la Mer, de M. Claude Dauphin du service des Ressources marines. …/…


LA RÉUNION •

Elle était organisée le mercredi 21 avril 1999, dans la salle des mariages de la mairie de Vaitape ;

Il s'agissait de la quatrième réunion de la CLEM de Bora-Bora depuis sa création en janvier 1999 ;

Prévue à seize heures, elle a débuté à seize heures trente environ ;

Elle était présidée par M. Gaston Tong Sang, maire de Bora-Bora, ministre de l'Urbanisme, président de la CLEM ; il était entouré :

à sa droite, de Claude Dauphin, représentant l''ITC, organisatrice de la réunion

et à sa gauche, du professeur René Galzin, éminent biologiste, spécialiste des poissons mondialement connu ; directeur de l'École Pratique des Hautes Études à l'Université de Perpignan ; le professeur Galzin dirige une équipe de recherche en ichtyologie au sein du Laboratoire de biologie et d'écologie tropicales et méditerranéennes. Au mois d'avril 1999, il a pris la succession du professeur Salvat à la direction du CRIOBE (Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l'Environnement) de Moorea (Pao Pao).

Le professeur Galzin était le personnage clé de cette réunion puisqu'on lui avait demandé de faire un exposé d'une heure et demie sur la diminution des ressources en poisson du lagon de Bora-Bora et ses causes.

Mmes Aubanel-Savoie et Tatarata, les deux autres membres de l'ITC, n'étaient pas à la table officielle. Elles étaient installées dans le public, au premier rang.

-

L'assistance était nombreuse. Une soixantaine de personnes. Cela dépassait les espérances des organisateurs puisque la salle se révélait trop étroite.

-

La salle n'était pas climatisée ; il y régnait une forte chaleur ; les rideaux étaient en outre tirés pour tenter d'obtenir le noir propice à la projection de documents (plutôt difficile compte tenu de la luminosité extrême à Vaitape à cette heure de l'après-midi).

Cette assistance était caractérisée par : -

sa diversité, ethnique, sociale et de générations ;

-

elle ne comptait pratiquement pas de femmes ;

-

son calme et sa patience. …/…

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On notait la présence de personnalités de la commune particulièrement soucieuses du devenir du lagon et dont l'opinion peut avoir beaucoup d'influence. Parmi celles que j'ai pu remarquer et reconnaître : -

Mme Pauline Yussef, hôtelière très active et reconnue dans le secteur du tourisme ;

-

M. Teva Victor, fils du célèbre ethnologue Paul-Emile Victor, animateur d'une émission largement diffusée à la télévision française et qui gère lui aussi une petite unité hôtelière sur le motu dont il est propriétaire ;

-

M. Jacky Brillant, enseignant, opposant de longue date à la politique du maire, écologiste, candidat aux élections européennes de juin 1999 sur la liste des Verts menée par Daniel Cohn-Bendit ;

-

M. Noël Leverd, propriétaire foncier et gérant d'une fameuse pension de famille sur la pointe Matira ;

-

le représentant du syndicat des Prestataires de services ;

-

les correspondants des deux quotidiens locaux La Dépêche et Les Nouvelles.

On notait surtout la présence de nombreux pêcheurs, directement concernés par le sujet du jour.

Après une courte présentation du maire, M. Tong Sang, le professeur Galzin a fait son exposé. Il parlait vite, en français, avec un fort accent méridional. Son sujet était relativement technique, même s'il avait pris soin de le simplifier autant que possible. Je m'étais intentionnellement placé au fond de la salle, au dernier rang du public, dans la position la plus défavorable. Le son était encore acceptable, mais on avait du mal à suivre de quoi il s'agissait. Le professeur, qui a quelque habitude des conférences publiques, a dû le sentir puisqu'il a demandé s'il ne parlait pas trop vite. Personne n'osant s'exprimer, je me suis permis de lui répondre très respectueusement que, en effet, s'il ralentissait le rythme de son exposé, tout le monde en profiterait. Il a également compris que le niveau scientifique de son intervention était encore trop élevé (notamment pour tous ceux dont le français n'était pas la langue maternelle). Il s'est donc concentré sur les éléments les plus essentiels du sujet.

Le professeur Galzin possède une grande expérience en matière de gestion des ressources marines et de création de réserves protégées. Sa conclusion fut que la diminution de la quantité de poisson dans les eaux du lagon de Bora-Bora était principalement due à une surexploitation et, à titre accessoire, aux bouleversements écologiques du milieu lagonaire par les activités humaines (extractions de corail notamment).

Il est donc, selon lui, impératif de créer des zones de réserve protégées et réglementées où les espèces de poisson menacées pourront se développer à nouveau. Le professeur Galzin estime que, pour être efficaces, ces réserves doivent occuper environ un tiers du lagon. …/… 3


Après cet exposé d'une heure, environ, et sans réelle transition, la parole était donnée à M. Laurent Ballesta, volontaire de l'aide technique (VAT), spécialiste en aquaculture et pisciculture. M. Ballesta a essayé, avec beaucoup de conviction, de faire partager son enthousiasme pour les nouvelles opportunités scientifiques en matière de captage de larves de poissons et d'élevage dans les lagons (pour la consommation alimentaire ou l'aquariophilie). Il appuyait ses propos par une projection de diapositives dont il assurait lui-même la manipulation.

A la suite des deux exposés, le débat s'est ouvert. Il a eu lieu en reo maohi et en français. Certaines questions et certaines réponses étaient traduites dans l'autre langue.

Les questions montrent que la plupart des personnes concernées comprennent l'intérêt de créer des réserves lagonaires et sont favorables au principe ; le débat porte donc essentiellement sur le choix du site de ces réserves et leur délimitation.

La réunion s'est achevée vers dix-neuf heures trente. …/…

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CONSTATS RELATIFS À LA COMMUNICATION 1. Points positifs : •

Un projet de réunion a été étudié, organisé et s'est concrétisé ;

L'assistance était nombreuse et de qualité. C'était la première fois qu'une réunion de la CLEM bénéficiait d'autant d'audience à Bora-Bora. Les trois précédentes, organisées dans les mêmes conditions, n'avaient rassemblé que quelques personnes. Pourquoi ? ;

Le système d'information et de convocation à la réunion repose essentiellement sur le traditionnel bouche à oreille par le biais de divers réseaux (associatifs ou professionnels par exemple). Ce système semble fonctionner correctement puisque le public était présent ;

En dépit des conditions difficiles décrites plus haut, environ la moitié de l'assistance est restée jusqu'au terme des débats ; à dix-huit heures trente, après deux heures de réunion, un tiers seulement du public avait quitté les lieux. Cela témoigne d'un réel intérêt de la population ;

Cet intérêt s'est confirmé par la richesse et la durée du débat ayant suivi les exposés.

2. Points faibles : •

Les horaires et les conditions des réunions ne sont sans doute pas les plus favorables. Alors que je les interrogeais sur les motifs de l'absentéisme constaté lors des premières réunions de la CLEM, plusieurs personnes m'ont répondu que les gens travaillent encore à seize heures et ne peuvent par conséquent pas se libérer. Cette réponse n'est cependant pas totalement satisfaisante puisque, le 21 avril, cette réunion, pourtant organisée à la même heure, a attiré un public nombreux.

On note un très net défaut d'identification de l'émetteur du message. Qui est véritablement à l'origine de ce message : Est-ce la mairie ; le Territoire ; la CLEM ; l'ITC ? Laquelle des personnes présentes à cette réunion savait ce qu'est l'ITC et quels sont ses objectifs ? L'ITC ne s'est du reste pas présentée au public en tant que telle ; elle offrait au contraire une image manquant de cohésion et d'unité. La crédibilité de la communication peut souffrir de cette situation.

…/…

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Le système d'information et de convocation aux réunions fonctionne relativement bien, comme nous l'avons noté plus haut. Toutefois, ses faiblesses sont évidentes. Les personnes présentes, dans leur majorité, ignoraient de quoi il allait être précisément question. En entendant l'exposé très spécialisé du professeur Galzin, suivi d'un autre exposé, encore plus technique, sur les nouvelles possibilités de captage de larves et d'élevage de poissons, tous ceux qui n'étaient pas pêcheurs (et même peut-être les pêcheurs eux-mêmes) ont eu des difficultés à se sentir concernés. Plusieurs personnes ont quitté la salle prématurément, probablement déçus. Teva Victor a du reste résumé ce sentiment en interrompant l'exposé de M. Laurent Ballesta pour demander quel était l'intérêt direct de ses propos pour les personnes présentes. « Nous sommes venus pour entendre parler des PGEM et de l'avenir du lagon », a-t-il lancé à l'orateur. Beaucoup, comme lui, semblaient se demander où l'on voulait en venir.

Il s'agissait de la quatrième réunion de la CLEM à Bora-Bora. On a donc sans doute pensé qu'il était superflu de répéter une nouvelle fois les informations relatives aux PGEM. C'est une erreur ! Les trois premières réunions avaient été largement boudées par la population ; il y avait là, par conséquent, de nombreuses personnes ignorant totalement de quoi il était question.

On sentait une certaine précipitation dans l'organisation de cette réunion. Certes, il me fut expliqué que le prochain départ du professeur Galzin en métropole pour six mois, imposait une initiative très rapide. Cela étant, la précipitation est toujours de nature à nuire à l'efficacité et à la crédibilité de la communication.

La diversité du public n'était pas suffisamment prise en compte. Du point de vue du langage notamment. Ce public était composé de certaines personnes ne comprenant que la langue française, d'autres la comprenant difficilement (et notamment ses aspects scientifiques et techniques), quelques-unes seulement étaient capables de suivre le débat et d'y participer dans les deux langues français et reo mao'hi.

Lors de son exposé, Laurent Ballesta s'occupait en même temps de la manipulation du projecteur diapos. Cela l'obligeait à tourner en permanence le dos à la moitié de l'assistance (parmi laquelle le maire de Bora-Bora, président de séance) qui se trouvait donc dans l'impossibilité de suivre son discours.

Enfin, malgré la présence des correspondants des deux quotidiens à la réunion, celle-ci n'a bénéficié d'aucune retombée médiatique dans la presse locale*. J'ai pu lire, durant la même période, deux articles relatifs à des réunions organisées à Moorea, mais rien sur Bora-Bora. (* un article a finalement été publié dans La Dépêche de Tahiti en date du 6 mai, soit quinze jours après la réunion ; il résumait l'essentiel des interventions des deux scientifiques invités mais n'apportait rien sur la connaissance des PGEM)

…/…

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CONCLUSIONS - RECOMMANDATIONS •

Identification de l'émetteur du message - Qui est à l'origine de la communication ?

Un travail doit être effectué pour permettre une meilleure identification de l'émetteur du message, en l'occurrence l'ITC (ou tout autre entité que l'on souhaiterit mettre en avant) par les personnes à qui il est adressé. •

Image de l'émetteur

Il serait également souhaitable d'améliorer l'image de l'émetteur du message. La crédibilité de celui-ci en dépend. Une meilleure cohésion, une meilleure cohérence sont absolument indispensables. •

Organisation des réunions d'information -

Le système de convocation aux réunions doit être amélioré. Il serait intéressant d'adjoindre au bouche à oreille traditionnel un support écrit précisant qui organise la réunion (v. plus haut Identification…), date, heure, lieu et sujet précis, le tout présenté de manière à susciter l'intérêt de la population.

-

Les horaires des réunions doivent être étudiés de manière à offrir au plus grand nombre la possibilité d'y assister.

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Le matériel audiovisuel utilisé lors des réunions doit être adapté aux besoins et manipulé par une personne responsable et formée.

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Une attention toute particulière doit être apportée à la traduction des débats en français et en reo mao'hi. Les exposés et, surtout, les questions-réponses doivent être systématiquement traduits de façon claire par une personne bilingue, spécialement chargée de ce travail.

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Des supports d'information écrits sur les PGEM doivent être mis à la disposition du public lors des réunions, de manière à permettre, notamment, aux nouveaux venus de comprendre rapidement de quoi il est question.

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Cela n'empêche pas l'utilité et même la nécessité de faire un rappel, bref mais précis et clair, de l'essentiel au début de chaque réunion.

Suivi après réunions

Les réunions constituent la pièce maîtresse du dispositif de communication (du moins jusqu'à présent). Il est néanmoins indispensable de prévoir un suivi de ces réunions et, d'une manière plus générale, une communication extra-réunion. -

Les personnes assistant aux réunions doivent pouvoir recevoir un support écrit résumant l'essentiel de ce qui a été dit, notamment lorsqu'il y a des exposés

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techniques. Ce support écrit peut-être remis lors de la réunion ou adressé plus tard (occasion supplémentaire de sensibilisation). …/… -

Les femmes assistant apparemment très peu aux réunions, un travail d'information spécifique doit être entrepris auprès d'elles (de même pour la sensibilisation des jeunes).

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Les relations avec les médias doivent être améliorées de manière à pouvoir obtenir des retombées utiles dans la presse écrite et audiovisuelle.

Enfin, il faudrait prévoir, en fonction des budgets disponibles, d'autres moyens de communication, comme un numéro vert, par exemple. Il serait surtout souhaitable d'élaborer une véritable stratégie de communication fondée sur les éléments spécifiques de l'opération à mener à bien. Cela passe d'abord par une étude plus poussée des réactions et des besoins du public. Des sondages d'opinion au moins sur les personnes ayant assisté aux réunions seraient très utiles pour améliorer l'organisation et l'efficacité de celles-ci.

Patrick Schlouch Conseiller en communication

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15ème CONGRÈS DES MAIRES DE POLYNÉSIE FRANÇAISE Bora Bora - 4 / 7 mai 1999

LE MAIRE ET LE TOURISME Présentation de Brigitte Vanizette Directeur général du GIE Tahiti Tourisme

Monsieur le Président du Syndicat pour la Promotion des Communes, Mesdames et Messieurs les Maires de Polynésie française, Mesdames et Messieurs les Adjoints aux Maires, Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux, Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi d'abord de vous saluer au nom du GIE Tahiti Tourisme. Merci de m'avoir invitée à vous présenter cet outil de promotion de notre pays dans le monde. Le GIE Tahiti Tourisme, que j'ai l'honneur de diriger depuis le mois de septembre 1998, est en effet l'organisme chargé de promouvoir la destination Tahiti & ses îles sur les marchés touristiques extérieurs. En d'autres termes, et pour parler simplement, notre mission consiste à convaincre les touristes, directement ou indirectement, de prendre leurs vacances ici, chez nous, en Polynésie française. Je rappellerai très brièvement que le GIE a été créé en 1992. C'est un organisme de droit privé, administré par un conseil de trente deux membres parmi lesquels une majorité de professionnels du tourisme hôteliers, compagnies aériennes, agences de voyages, charters nauitiques, etc.


Sont également représentées les institutions et l'administration territoriales, ainsi que les communes (votre syndicat est du reste administrateur du GIE Tahiti Tourisme). Notre budget pour 1999, s'élève à environ un milliard cent quatre vingt dix millions de francs Pacifique. Pour plus de la moitié, (six cent soixante-quinze millions de francs en 1999) cette somme est financée par des fonds publics sous la forme d'une subvention territoriale. Le reste (cinq cent dix millions environ) provient essentiellement d'une redevance de promotion touristique payée par les touristes eux-mêmes. 87 % de ces crédits sont consacrés à des actions de promotion. Mais avant de vous expliquer de quelle manière nous sommes organisés et en quoi consistent nos actions, je voudrais vous dire à quel point, nous nous félicitons de l'intérêt que vous, les élus municipaux, c'est-à-dire la population polynésienne, manifestez pour notre travail. En effet, comment pourrions nous promouvoir l'image touristique d'un pays et d'un peuple qui ne se sentiraient pas eux-mêmes concernés par le tourisme, fer de lance de notre développement ? Le choix du thème de votre congrès et la qualité de vos travaux montrent que ce n'est bien sûr pas le cas. C'est très réconfortant pour nous ! Car, votre rôle dans le développement du tourisme est absolument crucial. C'est pourquoi votre soutien nous est indispensable. Nous l'apprécions et nous vous en remercions. Depuis déjà deux jours, vous êtes plongés dans un bain de tourisme. Vous avez été largement informés sur la situation de ce secteur d'activité. Vous pouvez désormais mieux apprécier l'importance du tourisme pour l'avenir, …la place qu'il occupera dans la vie de nos enfants. Grâce aux ateliers auxquels vous avez participé hier, vous avez pu étudier cette activité de plus près. Vous avez sans doute pu vous rendre compte que notre destination possède des qualités mais qu'elle a aussi ses faiblesses. …/…

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Nous devons tenir compte des unes et des autres dans notre travail de présentation. Nos visiteurs se rendent très vite compte de ce qu'on pourrait leur avoir caché. Je voudrais maintenant essayer de vous aider à mieux comprendre de quelle manière nous nous y prenons pour communiquer avec les touristes, et tenter de les convaincre de venir en vacances à Tahiti et dans les îles. Le tourisme est devenu la principale industrie mondiale. Les gens voyagent de plus en plus, mais ils sont aussi de plus en plus exigeants… et ils ont le choix. Imaginez un gigantesque marché, les produits que vous pouvez y acheter, ce sont toutes les destinations possibles pour vos vacances. Et elles sont nombreuses. Notre destination, Tahiti et ses îles, est l'une d'entre elles, Pour un touriste, c'est un produit parmi d'autres. Pour ne parler que du Pacifique tropical, il a le choix entre Hawaï, Guam, Fidji, la Nouvelle Calédonie et une bonne dizaine d'archipels tous plus exotiques les uns que les autres. Notre rôle consiste à convaincre les touristes de nous choisir de préférence à nos concurrents. Mais pour cela, il faut d'abord que nous soyons visibles sur le marché. Nous devons donc travailler avec les tour-opérateurs, qui sont les grossistes du tourisme, de manière à ce qu'ils proposent notre destination à leurs réseaux d'agences de voyages. Notre chance, c'est l'image extraordinaire dont notre pays bénéficie encore dans le monde. Elle évoque le rêve, la pureté, le soleil, une vie différente, plus simple, un art de vivre authentique,… tout ce que recherchent de nombreux vacanciers. Malheureusement, cette image idyllique ne correspond pas toujours à la réalité. Nous devons nous battre sur tous les fronts pour que nos visiteurs soient heureux de leur séjour. …/…

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Car, même en l'an 2000, la publicité la plus efficace reste le bouche à oreille. Nous pouvons produire les meilleures campagnes de publicité du monde, mais si nos visiteurs rentrent chez eux insatisfaits, leurs critiques auront une grande influence et notre travail sera d'autant moins fructueux. Pour bien connaître la clientèle et travailler directement avec elle, le GIE Tahiti Tourisme est installé au cœur des principaux marchés. Nous disposons ainsi de six représentations extérieures : en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Europe (dont la France), au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ces représentations reçoivent chacune un budget leur permettant de mettre en œuvre la stratégie élaborée par la direction générale et les représentants en concertation avec les professionnels - puis approuvée par le conseil d'administration. Pour atteindre nos objectifs, nous disposons de multiples moyens de communication avec le public ou avec les professionnels. Leur choix dépend des marchés et des catégories de touristes que l'on vise plus particulièrement. Ainsi, nous finançons des campagnes de publicité dans les médias nationaux et étrangers ; nous invitons des agents de voyages à visiter Tahiti et ses îles, nous les formons et nous en faisons des experts passionnés par notre destination ; nous invitons aussi des journalistes, leurs reportages sont ensuite largement diffusés dans la presse ou à la télévision ; nous publions des documents d'information ; nous participons à des salons internationaux et événements spécialisés ; et, surtout, nous entretenons d'étroites relations avec les professionnels. Nos choix et l'importance des moyens que nous utilisons dépendent des budgets disponibles. Mais cela n'est pas seulement une affaire d'argent ! …/… 4


Il faut naturellement un investissement minimum et, de ce point de vue, je considère que le budget consacré à la promotion de Tahiti et ses îles est raisonnable. Mais ensuite, ce qui compte surtout, à mon sens, c'est la manière d'utiliser cet argent, et l'enthousiasme qu'il va permettre de véhiculer et de communiquer. Votre congrès nous offre une formidable opportunité de dialogue et d'information mutuelle entre les professionnels du tourisme et les élus municipaux. Nous avons besoin de l'adhésion de tous et tout particulièrement de la vôtre. Nous souhaitons que le touriste puisse se sentir en toute confiance, détendu et heureux. C'est pour cela qu'il vient jusqu'ici, je vous le rappelle. Nous comptons beaucoup sur vous pour que les communes de Polynésie française soient aussi sûres, propres et accueillantes que possible. Les taxes de séjour que les principales communes touristiques perçoivent déjà, ou sont sur le point de percevoir, devraient pouvoir vous aider de manière significative à y parvenir. De votre côté, vous pouvez aussi compter sur notre soutien. Nous pouvons, en particulier, vous aider à sensibiliser vos populations par une meilleure connaissance de nos activités et de ce qu'elles peuvent leur apporter. On constate encore, ici ou là, et c'est regrettable, quelques réactions épidermiques. Le touriste peut parfois servir de bouc émissaire idéal pour toute une série de problèmes. Il faut lutter contre une telle attitude ! Nous devons veiller à entretenir dans la population un sentiment d'ouverture au monde et d'acceptation de la différence. Car le tourisme doit avant tout être un échange. …/…

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Le visiteur nous apporte plus que ses dollars, ses yens, ou ses euros… il nous apporte sa personnalité, son amitié, sa vision de nous-mêmes et de notre pays ; ce regard extérieur nous permet de nous améliorer sans cesse en tant que communauté. Pour réussir notre pari et faire du tourisme notre première ressource économique, nous devons apprendre que s'ouvrir au tourisme, ce n'est pas se dénaturer, au contraire, c'est renforcer notre identité et accueillir nos visiteurs avec ce que nous avons de plus original et authentique. Ainsi, le tourisme, loin d'être destructeur de la culture et des coutumes locales, comme on le présente parfois à tort, est bien souvent, en réalité, le sauveur de cette culture et de ces coutumes. Chants et danses traditionnels, artisanat, pêche, gastronomie, environnement, … toutes les facettes de l'art de vivre local peuvent être revivifiées grâce au tourisme. Je suis prête à envisager l'organisation d'actions de communication et de formation auprès de vos personnels municipaux, et même du grand public dans vos communes respectives, notamment celles qui ont les plus fréquents contacts avec nos visiteurs. Avant de conclure et de répondre à vos éventuelles questions, je voudrais simplement vous rappeler nos principaux objectifs pour 1999. Nous ferons tout notre possible pour dépasser enfin le cap des deux cent mille (200 000) touristes. Nous espérons ainsi atteindre un total de deux cent deux mille (202 000), soit environ 7 % d'augmentation. Mais la fréquentation n'est pas le seul chiffre à retenir. Deux autres indicateurs sont d'une importance capitale pour l'économie du Territoire. Il s'agit, d'une part, des nuitées hôtelières, c'est-à-dire du volume de l'activité des pensions de famille, de la petite et moyenne hôtellerie, de la grande hôtellerie, des charters nautiques et des paquebots de croisières ; et, d'autre part, des recettes touristiques, c'est-à-dire de l'ensemble des dépenses des touristes dans le Territoire. En ce qui concerne les nuitées hôtelières, nous visons un accroissement de 4% qui nous permettrait de dépasser le million et demi de nuitées. …/…

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Et si nos prévisions se confirment, le chiffre d'affaires du tourisme devrait avoisiner les trente neuf milliards et demi (39,4) de francs Pacifique en 1999. Voilà, je voudrais simplement terminer par un appel à l'union de toutes les énergies. Le tourisme ne pourra réellement se développer en Polynésie française que s'il devient l'affaire de tous. Ce n'est qu'ensemble que nous réussirons ! Je vous remercie de votre attention.

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU GIE TAHITI TOURISME 24 juin 1999 Hôtel Sofitel Maeva Beach - Punaauia

DISCOURS DE MONSIEUR MARCEL GALENON Président du Conseil d'administration

Monsieur le Président du gouvernement, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, Madame le Directeur général, C'est un président heureux qui a le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette Assemblée générale de notre groupement. Heureux, parce que notre mission est bien remplie ! Elle consiste à promouvoir notre destination touristique sur nos marchés extérieurs. Notre rôle est de convaincre les touristes de choisir Tahiti & ses îles de préférence à des dizaines d'autres produits concurrents.


Il n'est pas de meilleure estimation de nos performances, ni plus objective, que l'évolution des indicateurs statistiques régulièrement publiés par le ministère du Tourisme. De ce point de vue, 1998 a été une année relativement satisfaisante, surtout en ce qui concerne la fréquentation. Je vous rappelle que celle-ci a progressé de 4,7 %, soit pratiquement le double de la moyenne mondiale. Un peu moins de satisfaction toutefois pour ce qui est des nuitées hôtelières, qui n'ont progressé que de 2,5 %. En revanche, depuis le début de 1999, nous avons tous le bonheur de constater que nos résultats, tant du point de vue de la fréquentation que des nuitées hôtelières, s'inscrivent dans le cadre des objectifs raisonnablement ambitieux que nous nous sommes fixés. Je vous rappelle que nous visons : - 7 % de fréquentation en plus, soit un total de 202 000 visiteurs ; - et une croissance des nuitées hôtelières de 4,2 % nous permettant de franchir le cap du million et demi.

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Les derniers chiffres dont nous disposons portent sur les cinq premiers mois de cette année. Ils indiquent une poussée de 6,6 % de la fréquentation touristique sur cette période. Quant aux nuitées hôtelières, elles ont augmenté de 6,65 %. (?) à vérifier Il est, en outre, intéressant à noter que nos deux principaux marchés augmentent, respectivement, de 14,3 % pour l'Amérique du Nord (15 % pour les seuls Etats-Unis avec un pic de 25 % au mois de mai) et de 7,8 % pour l'Europe (7,9 % pour la France et près de 20 % pour l'Allemagne, un marché qui repart après avoir été durement touché en 1995). Mieux encore, cette croissance se manifeste à la saison traditionnellement la plus calme de l'année. On peut donc se réjouir et s'attendre à voir ces excellents résultats se confirmer, et même s'amplifier, jusqu'à la fin de 1999.

Cela

d'autant

plus

que

les

deux

paquebots

Renaissance seront en principe en activité d'ici là, de même que de nouveaux établissements hôteliers.

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Nous sommes très fiers aujourd'hui de pouvoir vous présenter un tel bilan, Monsieur le Président. Il est naturellement le fruit d'un travail collectif. Nous savons à quel point, dans le cadre de sa stratégie de reconversion économique, le Territoire s'est investi dans l'aménagement de notre destination, avec l'aide de l'État et des communes. Dans le secteur privé, les professionnels se chargent de toute leur part de ce travail. Leur intérêt au développement du tourisme est immédiat et ils font, eux aussi, le maximum. Notre produit s'améliore et sa promotion en est par conséquent facilitée, c'est évident ! Néanmoins, dans un environnement économique aussi concurrentiel que le nôtre, c'est justement ce travail de promotion qui fait toute la différence.

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En première ligne auprès de la clientèle, notre GIE a un rôle crucial : celui de relayer les efforts de toute la chaîne du tourisme polynésien dans les meilleures conditions et avec les meilleures retombées possibles. Cela exige une amélioration constante de nos méthodes, de notre professionnalisme et de notre productivité. Vous avez pu constater quelques évolutions au sein du GIE depuis le mois de septembre 1998 avec la nomination de Madame Vanizette à notre direction générale. Une rénovation de notre démarche stratégique a été entreprise. Elle s'appuie sur : - une meilleure adaptation aux rapides évolutions du marché touristique international ; - une concertation élargie avec les professionnels ; - un effort tout particulier sur les marchés les plus porteurs, sans négliger toutefois les marchés émergents ; - un renforcement de nos alliances avec les partenaires majeurs du tourisme polynésien, qu'ils soient locaux ou extérieurs ; - et enfin, une volonté de transparence et d'information doublée d'un souci de suivi des actions.

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En 1998, nous avons ainsi jeté les bases de la modernisation de notre structure. Nous souhaitons donner de celle-ci une image dynamique et professionnelle, sans pour cela perdre ce qui fait notre spécificité polynésienne. Je suis certain de me faire votre porte-parole à tous en félicitant Brigitte Vanizette pour ses choix, ses initiatives et pour les premiers résultats obtenus par son équipe. Je voudrais aussi bien sûr remercier le Territoire pour le soutien qu'il apporte à notre budget à hauteur de six cent soixante-quinze millions de francs (675) soit plus de la moitié. Je vous rappelle en effet que nos ressources pour 1999 s'élèvent à un milliard cent quatre vingt dix millions de francs (1,190 milliard) dont 87 % sont investis en actions de promotion. Je vous remercie de votre présence, de votre participation et de votre confiance.

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Avant de vous céder la parole, Monsieur le Président, je voudrais remercier Monsieur Jean-Louis Vivaldi, délégué du

groupe

Accor

en

Polynésie

française,

qui

met

gracieusement la salle de réunion de l'hôtel Maeva Beach à notre disposition. Merci à tous et bonne assemblée générale.

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU GIE TAHITI TOURISME 24 juin 1999 Hôtel Sofitel Maeva Beach - Punaauia

DISCOURS DE MONSIEUR GASTON FLOSSE Sénateur - Président du Gouvernement Ministre du Tourisme

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Administrateurs, Madame le Directeur général, Merci de votre accueil à l'occasion de cette Assemblée générale. Au mois d'octobre dernier, lors de la conférence de vos représentants

extérieurs,

en

dépit

d'une

conjoncture

mondiale très volatile, je m'étais montré résolument optimiste pour le développement de notre tourisme. Le bilan positif que vous venez de tracer de l'activité de votre GIE et les chiffres que vous venez de citer confortent mon jugement et je suis heureux de vous transmettre les félicitations du gouvernement pour ces excellents résultats.


Mon analyse se fondait en partie sur l'espoir que la crise financière mondiale serait brève et qu'elle n'affecterait pas outre mesure nos principaux marchés. C'est heureusement ce qui s'est passé. Après une chute brutale en septembre 1998, le contexte financier international a rapidement évolué. Les marchés sont repartis à la hausse, notamment en Amérique du Nord et en Europe d'où proviennent désormais près des trois quarts de notre clientèle touristique. La nouvelle fermeté du dollar a également contribué à la forte progression de la fréquentation américaine. Naturellement, la bonne santé économique de nos clients n'explique pas à elle seule nos excellentes performances de ce début d'année 1999. Nous évoluons dans un univers de plus en plus concurrentiel et nos clients potentiels n'ont vraiment que l'embarras du choix en matière de destination. Mon optimisme s'appuyait surtout sur la certitude de voir bientôt germer les graines semées depuis quelques années et de récolter les fruits de nos actions.

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Dans tous les domaines, le gouvernement, votre GIE et tous les acteurs du tourisme dans notre pays ont fait des efforts considérables pour jeter les bases d'une industrie touristique adaptée à nos besoins économiques, sociaux et culturels :

Le Territoire a beaucoup investi dans la modernisation et le développement de nos infrastructures d'accueil et de communication, notamment à Papeete, Moorea, Raiatea et Bora Bora. Nous allons poursuivre sur cette voie.

Notre parc hôtelier se rénove et s'agrandit à un rythme soutenu. L'année 1998 a été à cet égard exceptionnelle avec l'ouverture au public de plusieurs établissements de grand standing international. Cela n'a d'ailleurs pas manqué de poser quelques problèmes commerciaux, à Bora

Bora,

notamment,

avec

l'ouverture

presque

simultanée de plusieurs établissements haut de gamme, entraînant le triplement de la capacité dans cette catégorie. Mais la situation devrait rapidement évoluer de manière favorable, sous réserve toutefois d'une pause jusqu'à ce que les nouveaux établissements aient atteint leur rythme de croisière. Pour 1999, sont prévues la création ou la rénovation de plusieurs centaines d'unités. Au total, notre capacité

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d'accueil devrait en principe s'accroître de 13 % cette année. Je voudrais souligner l'intérêt particulier de l'ouverture prochaine d'un hôtel moderne et fonctionnel de deux cents chambres à proximité du centre ville et de l'aéroport. Notre capitale avait réellement besoin d'un établissement d'une telle capacité et d'une telle qualité.

Parallèlement, nous constatons un accroissement de l'offre de sièges d'avion qui devrait globalement se situer aux alentours de 20 % en 1999, ce qui est tout à fait satisfaisant.

1999 sera l'année de la croisière en Polynésie française. Avec l'arrivée des deux paquebots Renaissance, ce secteur va

connaître

un

boom

extraordinaire

avec

un

accroissement de plus de 400 % de la capacité d'accueil. Nous y sommes préparés !

Tous ces développements entraînent une demande accrue de main d'œuvre. Des centaines d'emplois sont créés en relation directe ou indirecte avec l'essor du tourisme. Nous investissons énormément (près de deux cents millions de francs en

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1998) dans la formation professionnelle, pour l'hôtellerie, notamment, qui a un urgent besoin de personnel qualifié, mais également dans les services. Nous tenons beaucoup, en particulier, à ce que nos visiteurs puissent être guidés par de jeunes Polynésiens, formés, professionnels, connaissant parfaitement leur environnement et leur culture et capables de les aider, dans leur langue, à profiter pleinement de leur bref séjour à Tahiti et dans les îles. La qualité de l'accueil polynésien est fameuse dans le monde entier. C'est une base solide sur laquelle nous devons construire. Je pense qu'il est important d'insuffler dans l'esprit de ces jeunes gens, le sentiment d'appartenir à un corps d'élite, ayant l'honneur de remplir une mission prioritaire et indispensable : contribuer à renforcer et à dynamiser l'image de notre pays.

Dans le contexte concurrentiel que j'évoquais tantôt, les actions de promotion menées par votre GIE sont essentielles pour le bon développement de notre tourisme. Sans sacrifier les qualités spécifiques et la spontanéité qui font le renom de notre destination, vous faites preuve

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d'ouverture et de dialogue, d'une analyse lucide des situations, d'initiatives rapides et efficaces, de rigueur et de professionnalisme… je vous félicite au nom du gouvernement et au nom des Polynésiens pour la qualité de votre travail.

Je voudrais enfin rendre hommage aux professionnels du tourisme dans notre pays et à tous ceux qui contribuent à l'essor de ce secteur économique crucial pour notre avenir.

Cela dit, les bons résultats de 1998 et surtout, de ce début d'année 1999, ne doivent surtout pas nous faire oublier les difficultés ni les obstacles et encore moins le chemin qu'il nous reste à parcourir. Au contraire ! Nous venons justement de voir que le moindre succès ne peut être que directement proportionnel aux efforts consentis. Au mois d'octobre dernier, je m'inquiétais de la dégradation de l'image de notre destination auprès de nos visiteurs américains.

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Je vous rappelle que, classée quatorzième en 1996 sur soixante-treize destinations étudiées, Tahiti et ses îles n’était plus que... quarante neuvième deux ans plus tard. Certes, le marché américain est probablement le plus exigeant de tous dans de nombreux domaines. Mais, outre le fait qu'il fournit déjà plus du quart de notre clientèle actuelle, il est sans aucun doute celui qui offre le plus fort potentiel de croissance. Il est par conséquent capital pour l'avenir. De surcroît, ce qui sera considéré comme un motif d'insatisfaction par les Américains, le sera probablement aussi, à des degrés divers, par les touristes de toute origine. Il est de la plus haute importance que nous connaissions parfaitement l'opinion de nos visiteurs sur notre destination et que nous fassions tout pour faire disparaître aussi vite et autant que possible ce qui pourrait ternir son image qui reste globalement excellente. Cette image est notre principal capital. Nous devons la protéger à tout prix, la restaurer lorsque c'est nécessaire et tout faire pour qu'elle reste rayonnante et forte dans l'esprit de nos visiteurs.

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L'étude menée à la demande de votre GIE par un cabinet américain sur les trois derniers mois de 1998, nous apporte de précieuses informations sur les forces et les faiblesses de notre produit. Des confirmations surtout, car cette étude ne contient rien, à proprement parler, que nous ne sachions déjà de manière informelle. Point très positif, les personnes interrogées affirment toutes avoir vécu une expérience unique et inoubliable à Tahiti et ses îles. Elles apprécient surtout :

la beauté et le charme de la destination ;

la gentillesse et l'accueil des populations ;

la vivacité de la culture locale ;

le calme et l'isolement des îles.

Elles regrettent toutefois, notamment : •

un environnement trop souvent souillé ou dégradé

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des

infrastructures

insuffisamment

et

des

performantes,

communications notamment

encore

dans

le

domaine des transports et des services ; •

et, d'une manière générale, un rapport qualité - prix de la destination peu satisfaisant…

Je voudrais d'abord rappeler que les Etats-Unis ne sont pas, eux-mêmes un pays uniformément propre. De nombreux lieux, y compris dans des sites prestigieux, y sont même franchement pires que le pire de ce que l'on peut voir ici chez nous. Les Américains le savent très bien. Leur réaction signifie donc qu'ils attendent de nous un effort particulier. Ils espèrent trouver à Tahiti et dans les îles un environnement humain à la hauteur de l'environnement naturel dont il avaient rêvé et qui ne les a pas déçus. Le visiteur doit sentir partout et toujours qu'il est le bienvenu dans notre pays. Cela concerne naturellement la propreté générale et notamment celle des sites touristiques, des lagons et des plages.

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Mais cela s'applique tout autant à nos relations avec les touristes, à notre courtoisie à leur égard, à notre façon de les considérer et même à notre look, comme on dit à présent, c'est-à-dire à notre allure générale en tant que peuple. Tous ces éléments, et bien d'autres encore, participent en permanence

à

la

construction

ou,

au

contraire,

malheureusement, à la détérioration de l'image de notre destination. C'est dire le chemin que nous avons encore à parcourir pour convaincre les Polynésiens que leur avenir est dans le tourisme et que le succès dépendra de la prise de conscience de chacun. Une étape importante sur ce chemin a été franchie le mois dernier avec, pour la première fois, le choix du tourisme comme thème annuel du Congrès des Maires de Polynésie française. Je salue cette heureuse initiative du Syndicat pour la Promotion des Communes et de son président, Monsieur Gaston Tong Sang. Ce fut une occasion précieuse et réussie de sensibiliser les élus, et par conséquent les Polynésiens,

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sur l'importance de leur rôle, à titre collectif ou individuel, dans le développement du tourisme. Les élus municipaux se sont déclarés prêts à participer. Ils ont montré beaucoup d'intérêt et sont demandeurs d'information. Je vous encourage vivement à réfléchir sur la manière dont votre GIE pourrait contribuer à répondre à ces attentes. Satisfaire nos hôtes et les aider à se forger d'agréables souvenirs de leur séjour dans notre pays, cela ne signifie pourtant pas que chacun d'entre nous doive se tenir prêt, le balai à la main, en arborant un sourire commercial, pour accueillir le touriste dans un pays artificiellement “mis aux normes américaines”. Ce serait certainement la pire des erreurs. Il ne faut surtout pas perdre l'authenticité, la spontanéité et le naturel qui sont nos meilleures cartes. Là réside du reste toute la difficulté de trouver un équilibre harmonieux et attractif entre des exigences souvent difficiles à concilier. Il est tout de même essentiel, à tout point de vue, de développer le secteur des services aux touristes. C'est pourquoi nous souhaitons voir se créer rapidement des

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entreprises offrant à nos visiteurs de plus en plus de produits, d'opportunités et d'activités conçus localement. Je vous rappelle que nous venons de créer une société de financement des petites entreprises capable, nous l'espérons, de contribuer de manière significative à la poursuite de cet objectif. Je voudrais conclure mon intervention en rappelant que faire venir des touristes à Tahiti et dans les îles n'est pas une fin en soi. Il s'agit avant tout d'une activité économique dont les retombées doivent nous permettre de financer en grande partie notre autonomie. Voilà pourquoi, parmi les indicateurs statistiques, nous attachons une importance particulière au nombre des nuitées hôtelières et au montant des recettes générées par le tourisme. Selon l'Institut d'Emission d'Outre-mer, celles-ci ont frôlé les quarante milliards de francs CFP en 1998, soit environ deux cent dix mille francs par touriste. C'est un niveau excellent puisque la dépense moyenne d'un touriste ne dépasse pas quarante-cinq mille francs CFP par séjour en France et cent soixante mille francs aux Etats-Unis.

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La Polynésie française a accueilli 0,03 % des 625 millions de touristes recensés dans le monde en 1998. On estime qu'ils seront près d'un milliard en 2010. Notre objectif d'environ 300 000 touristes à cet horizon correspond donc à une préservation de notre part de marché. Ne nous y trompons pas, c'est un défi pour lequel nous devons mobiliser toute notre énergie et notre créativité. Rappelons nous néanmoins que ce défi est une course de fond. Notre objectif consiste à construire une industrie capable d'assurer suffisamment de revenus à notre pays mais cela de manière durable et sans nuisances excessives. Le tourisme doit profiter à tous. Sa contribution à la création d'emplois est élevée, car c'est un secteur fortement producteur de main d'œuvre à tous les niveaux de qualification. Il stimule également les activités de plusieurs secteurs économiques comme les transports, la construction, l'agriculture,

l'artisanat,

le

commerce

ou

l'industrie

alimentaire.

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À ce propos, je vous demande dans le cadre de vos actions de promotion, d'insister et de mettre en valeur, chaque fois que vous le pourrez, les activités et les productions locales, qu'elles soient à caractère traditionnel ou non. Mais nous savons aussi qu'un développement incontrôlé ou trop rapide, surtout dans un cadre et un environnement aussi fragiles que les nôtres, pourrait engendrer des dommages susceptibles de remettre en cause toute notre stratégie. Le tourisme est appelé à connaître une très forte croissance dans les prochaines décennies. Nous comptons beaucoup sur lui, mais il importe de veiller à ce qu'il puisse se développer dans des conditions telles qu'il contribue tout aussi durablement et harmonieusement à l'essor social et culturel

de

notre

peuple

qu'à

son

développement

économique. Je vous remercie de votre attention.

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Polynésie Habitat : l'habitat polynésien a son magazine Pourquoi un magazine sur l'habitat en Polynésie française ? Tout simplement parce que les Polynésiens témoignent de plus en plus d'intérêt pour leur logement. Qu'il s'agisse de construction ou d'aménagement, nous disposons désormais dans notre pays d'un choix impressionnant des techniques les plus efficaces et des matériaux les plus modernes. Avec sa formidable capacité d'adaptation, la société polynésienne, tout en affirmant de plus en plus sa personnalité, se branche sur le courant de l'an 2000 dans tous les domaines et en particulier dans celui de l'habitat. Il y a là une évolution très intéressante, caractérisée par une demande croissante d'information directement et très concrètement utile. Nous devions y répondre, comme nous le faisions déjà, depuis 1995, pour l'économie avec Polynésie Éco, dont Polynésie Habitat décline le concept de magazine annuel de qualité internationale. L'objectif de Polynésie Habitat est d'abord d'enquêter pour vous sur tous les sujets relatifs à l'habitat en Polynésie française. Du choix de votre terrain ou de votre type de construction, à la décoration de votre chambre en passant par votre sécurité, l'aménagement de votre cuisine ou la forme de votre piscine, nous vous proposons des idées, des adresses et une foule de renseignements pratiques. Polynésie Habitat a aussi pour ambition de promouvoir une image harmonieuse et positive de l'habitat polynésien sans toutefois occulter les problèmes ou les difficultés particulièrement en matière de foncier, d'urbanisme ou de logement social. Enfin, Polynésie Habitat constitue un support de promotion idéal pour les professionnels de l'habitat en Polynésie française. Ceux-ci disposent désormais d'un média spécifique, destiné à un public motivé auprès duquel ils peuvent mieux faire connaître leurs produits et leurs services dans un environnement où la concurrence est plutôt vive et une bonne communication essentielle. Au nom de toute l'équipe de production du magazine, je remercie les nombreux annonceurs qui nous ont fait confiance dès ce premier numéro. Merci également à tous ceux qui nous ont aidés à le préparer pour vous. Bonne lecture à tous… Pascal Heems



Jena-Christophe Bouissou, ministre du Logement : « Nous apporterons une réponse en quatre ans aux 2 600 demandes de logement social en attente » Le logement est une priorité du gouvernement local. Notamment sous son aspect social. Objectif : 700 logements par an, soit environ deux par jour, un défi qui suppose des moyens financiers considérables. Pour les autres, le niveau des taux d’intérêt en Polynésie française reste décourageant. Toutefois, le ministre prévoit une évolution favorable du marché de l’immobilier… Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de la politique du gouvernement en matière de logement et quels sont les budgets consacrés à la mise en œuvre de cette politique par le Territoire et par l’État ? La famille est au centre de notre politique en matière de logement. Chaque ménage polynésien, quelle que soit sa situation sociale ou économique, doit avoir un foyer au sein duquel il peut s’épanouir et élever ses enfants dans de bonnes conditions. Il est évident que l’intervention du Territoire est, “ par nature ”, très largement orientée vers les familles les plus modestes. Pour elles, le président a négocié avec l’État la mise en place de financements très importants au travers du Contrat de développement (10 327 millions de Fcfp pour les années 1994-1998), de la Convention pour l’après-CEP (6 000 millions de Fcfp pour les années 1996-1998) et d’une enveloppe exceptionnelle appelée “ Crédits Chirac ” d’un milliard de Fcfp (1997). À ces financements contractualisés avec l’État, s’ajoute le Fonds Social pour l’Habitat (FSH), le “ 1 % patronal ” qui dégage chaque année environ 500 millions de Fcfp. En tout, environ 19 milliards de Fcfp ont été consacrés à la construction de logements sociaux de 1994 à 1998. Il s’agit d’un effort financier sans précédent que le gouvernement entend maintenir, notamment en prenant appui sur la convention pour l’après-CEP et le deuxième contrat de développement. Aujourd’hui, nous ouvrons un nouvel axe d’intervention : celui du logement “ intermédiaire ”. Cela répond à une demande forte des Polynésiens, notamment des jeunes ménages qui participent activement au développement économique du pays. Il nous a semblé juste et important de répondre à leur attente par des mesures concrètes. Notre dispositif va permettre aux familles concernées d’économiser près de 30 % sur l’acquisition de leur logement. Il semble que l’on soit toujours confronté à l’urgence dans le domaine du logement en Polynésie française. La demande de logement social augmente sans cesse et, malgré les efforts consentis dans ce domaine, les besoins restent énormes. Comment expliquezvous les retards pris dans le passé et pensez-vous qu’il soit possible de régler ce problème dans des délais raisonnables ? Le logement social n’est pas le “ tonneau des Danaïdes ” comme on l’imagine souvent. Les besoins sont certes importants, mais les moyens mis en œuvre le sont également et la liste des demandeurs n’est pas sans fin. La demande de logements sociaux a suivi la croissance démographique. Or, cette croissance a été très forte durant les trente dernières années. Ainsi, de 1988 à 1996, la population a augmenté de plus de 30 700 personnes. Malheureusement, durant cette période, la demande de logements sociaux a augmenté plus vite que la production. Faute de moyens financiers conséquents, on a dû se contenter d’intervenir “ en urgence ”, là où les besoins étaient les plus criants. La situation est tout à fait différente aujourd’hui : 1) la croissance démographique s’est ralentie ; 2) les besoins de logement sociaux sont bien définis ;


3) des financements très importants sont disponibles. Nous avons donc pu mettre en place de véritables programmes pluriannuels avec pour objectif la réalisation de 700 logements chaque année. Le “ carnet de commandes ” de l’OTHS prévoit la livraison de 500 logements par an sur les Iles du Vent ; celui du Fonds d’Entraide aux Iles en prévoit 200 par an. C’est ainsi que nous apporterons une réponse, en quatre ans, aux 2 600 dossiers de demande de logement qui sont encore dans nos cartons. A chaque calamité naturelle sont mis en évidence de nombreux manquements à la réglementation en vigueur, notamment en matière de permis de construire et de terrassements dangereux ; par ailleurs, on évoque des dérapages comme, par exemple, la sous-location de fare MTR en principe attribués à des familles sinistrées. Est-ce un souci pour le ministre que vous êtes et comment y remédier ? Les récentes calamités naturelles ont aussi mis en évidence les qualités para-cycloniques des fare MTR. Par contre, il est vrai que nous avons constaté qu’un certain nombre d’habitations détruites n’avaient pas fait l’objet de permis de construire et c’est évidemment un souci que je partage avec mon collègue de l’Urbanisme. Ceci dit, la mise en œuvre de notre programme de reconstruction permet souvent d’assainir la situation. En effet, comme nous exigeons la présentation d’un permis de construire par le sinistré et que nous faisons appel à des professionnels, les fare sont livrés en conformité avec les normes de sécurité. Je crois que les Polynésiens comprennent bien maintenant que le permis de construire et le certificat de conformité sont moins des contraintes administratives que des garanties. Le service de l’Urbanisme a d’ailleurs enregistré une très nette augmentation du nombre de demandes de permis de construire en 1998 et 1999. En ce qui concerne les “ rumeurs ” et les “ évocations ” d’éventuels dérapages ou de sous-location de fare MTR attribués à des sinistrés, je vous dirai qu’on ne gouverne pas sur des “ on dit ”. Depuis mon entrée en fonction, j’ai été saisi d’un seul et unique cas de tentative de sous-location. Nous sommes intervenus immédiatement et avons fait savoir qu’en cas de sous-location, le bénéficiaire devrait payer la totalité du fare. Finalement l’attributaire a préféré occuper lui-même son logement et l’affaire n’a pas été plus loin. Priorité au logement social individuel ; pensez-vous qu’il sera possible de maintenir longtemps cette politique eu égard à la rareté du foncier et à la croissance constante des besoins ? Le logement individuel correspond bien aux aspirations et au mode de vie des Polynésiens. Je crois profondément qu’en permettant de maintenir les habitants dans leur commune d’origine nous participons au maintien du tissu familial, social et culturel. Il faut respecter ces liens et les préserver. Notre politique dans ce domaine est très largement partagée par la population et les maires. Pour l’heure, nous avons encore une forte demande de fare en bois ou en dur émanant de familles possédant un terrain. En fait, le problème se pose pour les familles n’ayant pas les moyens de financer l’acquisition d’un terrain, sa viabilisation et la construction d’un fare. C’est pour ces familles que le gouvernement a engagé une politique volontaire d’acquisition et de viabilisation de terrains. C’est au profit de ces familles-là que mon ministère est chargé de valoriser et de redistribuer des terres domaniales. Elles seront les premières bénéficiaires de nos projets de parcellisation et d’aménagement : Bonnefin à Faa’a, Amoe à Mahina, Paparoa à Hitiaa ou Utuofai à Faaone par exemple. La réponse à la question de la rareté du foncier se trouve, en grande partie, dans l’aménagement du Territoire. Évidemment, les constructions nouvelles obligent les communes à améliorer leurs réseaux et infrastructures. C’est pourquoi le Territoire les aide dans des domaines importants tels que l’eau, l’électrification, l’assainissement ou le traitement des déchets.


Le crédit est très cher en Polynésie française et la durée des remboursements demeure limitée ; le gouvernement vient de prendre des mesures en faveur des revenus moyens (jusqu'à 5.5 smig par mois), a-t-il des projets pour faciliter l’accès à la propriété des ménages n’entrant pas dans cette catégorie mais pour lesquels la propriété reste inaccessible ? Pour répondre à cette question il me semble nécessaire de rappeler brièvement l’ensemble des aides au logement mises en place par le Gouvernement. Les aides en matériaux sont ouvertes aux familles dont les revenus cumulés n’excèdent pas 2,5 smig. Les fare en bois (fare MTR) sont ouverts aux familles dont les revenus cumulés n’excèdent pas 3 smig. Les fare en dur sont ouverts aux familles dont les revenus cumulés n’excèdent pas 4 smig. Dans le secteur de l’habitat groupé : les logements en location sont ouverts aux familles dont les revenus cumulés n’excèdent pas 1,5 smig ; les logements en location-vente sont ouverts aux familles dont les revenus cumulés sont compris entre 1,5 et 2,75 smig ; les logements en accession directe à la propriété sont ouverts aux familles dont les revenus cumulés sont compris entre 2,75 et 4 smig. À ces aides relevant du secteur social, il faut ajouter le nouveau dispositif en faveur du logement intermédiaire dont je vous ai parlé tout à l’heure et qui va permettre à des familles dont les revenus mensuels sont inférieurs à 550 000 Fcfp, d’acquérir un logement à des prix vraiment très intéressants. Comme vous le voyez, le gouvernement a mis en place une panoplie de dispositifs qui permet d’aider directement ou indirectement toutes les familles polynésiennes qui ont des revenus inférieurs à 550 000 Fcfp par mois. C’est l’écrasante majorité des Polynésiens. Il n’en reste pas moins, et vous le soulignez avec justesse, que le coût de l’emprunt peut être, parfois, un frein à l’acquisition d’un logement pour une famille. Même si des négociations individuelles, au cas par cas, permettent à certains d’obtenir un crédit immobilier aux alentours de 6 % sur 20 ans, il est vrai que les emprunts peuvent être difficiles à obtenir. Il ne m’appartient pas de dévoiler la teneur des négociations en cours entre le Gouvernement et certaines institutions de crédits mais, j’ai bon espoir que, par le biais d’une bonification des taux, on puisse offrir dans un délai raisonnable des taux de crédit immobilier plus proches de 6 que de 8 % pour les logements intermédiaires. On parle beaucoup depuis plusieurs années de l’extension du PEL (plan épargne logement) en Polynésie française, mais rien de concret ne s’est encore manifesté ; le projet est-il abandonné ? Nous travaillons effectivement depuis plusieurs années avec l’État sur l’extension du régime de l’épargne logement à la Polynésie française. En juillet 1998, une ordonnance (ordonnance n° 98-521 du 24 juin 1998 ; JOPF du 16 juillet 1998) a étendu le régime de l’épargne logement à la Polynésie française, mais son application concrète est suspendue dans l’attente d’une convention État - Territoire qui viendrait préciser les modalités de répartition et de versement de la prime d’épargne. En début d’année 1999, le gouvernement a demandé à l’État que la convention précise notamment que le Territoire ne verse aucune prime si l’épargnant décide de construire hors du territoire. Depuis lors, nous attendons la position de l’État. Voilà très exactement où nous en sommes sur ce dossier qui est loin d’être abandonné par le Gouvernement, bien au contraire. Votre portefeuille ministériel vient de s’enrichir d’une nouvelle compétence : la Politique de la Ville. Que recouvre cette appellation ? Le portefeuille de la Politique de la Ville est né avec la mise en œuvre du contrat de développement. En 1994, lors de l’élaboration de celui-ci, l’Etat et le Territoire sont


convenus de mettre en place un “ contrat de Ville ” pour l’agglomération de Papeete. Il s’agissait de rapprocher l’État, le Territoire et les Communes afin de favoriser une démarche cohérente de lutte contre l’exclusion sociale dans l’agglomération de Papeete. En tant que ministre chargé de la Politique de la Ville, il m’appartient de favoriser un travail interministériel entre les différents ministères qui luttent contre les exclusions (solidarité, emploi, jeunesse, notamment) ; il m’appartient également de représenter le Gouvernement dans les instances tripartites (Etat - Territoire - Communes) mises en place pour harmoniser les interventions publiques de lutte contre les exclusions. Marché de l’immobilier, comment voyez-vous son évolution à court et à moyen termes ? Le nombre de logements mis sur le marché va augmenter de manière significative à court et moyen termes, ne serait ce que par l’intervention du Territoire. Nous allons construire directement 700 logements sociaux neufs par an et favoriser la construction de logements intermédiaires. Vous verrez bientôt qu’il s’agira d’une production importante. Il y aura donc bientôt sur le marché un nombre important de logements neufs dont les prix de vente ou de location seront plafonnés, inférieurs à ceux du marché et donc accessibles à tous. Par exemple, pour les logements intermédiaires, le prix de vente maximum sera de 125 000 Fcfp/m2 et le prix de location mensuel maximum sera de 1 000 Fcfp/m2. L’augmentation de l’offre de logement à des prix modérés devrait avoir une incidence positive sur les prix pratiqués sur le marché privé de l’immobilier. Par incidence positive, j’entends bien sûr une baisse des prix de vente et de location.


QUESTIONNAIRE DIXIT 2000 Évolution des mentalités Le passage d'une société traditionnelle à une société de consommation a profondément modifié les mentalités des Polynésiens. -

Ce qui est perdu ou acquis l'est-il définitivement ? Quelles attitudes profondes pourraient être conservées ? En quoi le Polynésien du 21ème siècle sera “différent” du Polynésien du 20ème siècle et des hommes d'autres nations

Je ne suis pas vraiment certaine que les mentalités des Polynésiens aient été tellement modifiées en profondeur par l'avènement de ce que vous appelez une “société de consommation”. D'abord, il faut se rappeler qu’en l'an 2000, de nombreux Polynésiens n'ont toujours pas véritablement accès à la consommation telle que nous l'entendons généralement. Ensuite, à mon sens, la nature des êtres est loin de se réduire à leurs comportements de consommation. Il me semble plus intéressant de parler du passage inexorable d'un mode de vie rural à tendance collective, à un mode de vie urbain dans lequel l'individu prend plus d'importance. C'est sans doute ce qui caractérise le plus l'évolution de la société polynésienne à la fin du 20ème siècle. Il s'agit là d'un phénomène mondial que la Polynésie française a connu assez tardivement et de manière relativement brutale. En dehors de cette spécificité, partagée du reste par bien d'autres peuples de par le monde, les Polynésiens vivent à peu près ce que toute l'humanité ou presque connaît actuellement. Mais ils vivent la mondialisation à leur manière, à leur rythme, en fonction de leurs besoins et selon leurs habitudes. J'ignore bien évidemment ce que sera le Polynésien du 21ème siècle mais il est bien sûr évident qu'il sera différent de celui du 20ème. Tout comme ce dernier fut déjà différent du Polynésien du 19ème siècle… Ce que je peux dire, en ma qualité de responsable de la promotion du tourisme dans notre pays, c'est que nous devrons prendre conscience très vite que notre avenir repose sur le développement de cette activité. Si nous souhaitons que les conditions de vie de nos enfants soient aussi bonnes que celles dont nous avons eu la chance de bénéficier nousmêmes, notre pays doit devenir une véritable destination touristique. Toute la construction de l'après-CEP repose sur ce pilier central, il ne faut pas l'oublier. Cela entraînera naturellement des contraintes et des besoins d'organisation auxquels de nombreux Polynésiens ne sont pas habitués. Cela dit, notre faculté d'adaptation est légendaire. Je suis persuadée qu'il existe une Polynésie éternelle, inscrite dans les gènes des habitants de ce pays et qu'ils sauront préserver quoi qu'il arrive parce que c'est leur patrimoine le plus précieux. L'identité et le nationalisme polynésien Alors que la Polynésie marche vers son autonomie/indépendance, avez-vous le sentiment qu'elle forme une nation ? Peut-on être français ou chinois d'origine et faire partie de la nation polynésienne ? Je crois que l'autonomie telle que la conçoit le président Flosse est souvent mal comprise. Elle part en tout cas d'une connaissance approfondie de la Polynésie et de la France et d'un


grand amour pour les deux pays. Les Polynésiens dans leur majorité sont fiers d'être français et d'appartenir à cette grande nation. Mais ils veulent que leur différence soit acceptée, leur façon de vivre, leur identité et leur dignité reconnues. Quoi de plus légitime ? L’autonomie polynésienne, telle qu’elle a été préparée et conçue depuis une quinzaine d’années, constitue une expérience quasiment unique au monde. C’est une grande chance pour notre pays. Je crois que la rupture des liens avec la France telle que l’idéologie indépendantiste la pose en hypothèse, serait un drame pour les Polynésiens et probablement surtout pour les plus fragiles d’entre nous. Peut-on être Français d'origine arabe, Australien d'origine grecque ou Américain d'origine italienne ? Évolution du sentiment religieux « L'âme polynésienne est religieuse », dit Bruno Saura. La religion en Polynésie tient une place prépondérante, qui dépasse le rapport de l'homme au sacré ; elle est présente dans la vie associative, le secteur éducatif et même la politique. Pressentez-vous une évolution du sentiment religieux en Polynésie à l'image de ce qui se passe dans les pays occidentalisés ? Il est vrai que la religion joue un rôle essentiel dans la société polynésienne et que l’on ressent son influence partout dans la vie quotidienne. Ce n'est pas un phénomène unique loin de là. La religion prend de plus en plus d'importance dans le monde. Ce qui compte surtout, c'est de savoir si ce sentiment religieux porte à l'enfermement sur soi-même et à la régression humaine, comme on le constate malheureusement dans de nombreux pays placés sous le joug des intégristes de tout poil. Ou, au contraire, s'il incite à l'ouverture et à la compassion. Le formidable développement du tourisme, n'a jamais fait disparaître ni le sentiment ni les pratiques religieuses très ferventes des Balinais par exemple. Isolement géographique, chance ou inconvénient ? La Polynésie, par sa position géographique au milieu de l'Océan Pacifique, est le pays le plus isolé au monde. Le développement des communications via l'Internet peut-il selon vous réduire cet isolement. Quels sont les aspects positifs de cet isolement, faut-il d'une certaine façon le préserver ? La Polynésie française est-elle réellement le pays le plus isolé au monde ? Si l'on s'en tient seulement à sa situation géographique, certes. Mais c'est loin d'être le seul facteur à prendre en compte. Notre pays est très bien desservi par plusieurs compagnies aériennes et maritimes. Nous recevons en permanence des images du monde entier. Le téléphone, le fax et désormais l'Internet, comme vous le faites remarquer, nous permettent de communiquer facilement avec n'importe quel autre point du globe. Là encore nous avons affaire à un phénomène généralisé et qui ira en s'accentuant. Il n'est sûrement ni réaliste ni souhaitable de vouloir l'empêcher. Comment pourrait-on à la fois compter sur le tourisme et les exportations pour asseoir notre avenir économique et nous refermer sur nous-mêmes ? Cela dit, notre isolement géographique qui était un handicap certain avant l'arrivée des nouvelles technologies de la communication, peut aujourd'hui révéler tous ses aspects positifs. Il nous protège de nombreux fléaux ou en tout cas adoucit considérablement leurs effets.


Statut de la femme On parle souvent de matriarcat, est-ce un mythe ou une réalité culturelle ? La notion de matriarcat correspond à règles de vie sociale très précises. Je ne sais pas si la société polynésienne est vraiment organisée sur ces bases. Quant à savoir si le rôle de la femme est important dans cette société polynésienne, c'est évident. C'est encore plus évident dans le tourisme où les femmes occupent la quasi totalité des emplois. Si cette tendance persiste, on pourrait du reste au début du siècle prochain, avoir un pays dont l'économie repose sur un tourisme en plein essor et par conséquent presque entièrement porté par les épaules des femmes.



GIE TAHITI TOURISME

SÉMINAIRE D'INFORMATION TAHITI & SES ILES 29 septembre 1999 Tokyo - Japon

PRÉSENTATION DE MADAME BRIGITTE VANIZETTE Directeur général MATIN - SÉMINAIRE AGENTS DE VOYAGES

Mesdames et Messieurs, Je vous salue au nom de Tahiti Tourisme, l'organisme de promotion de Tahiti & ses îles, que je dirige depuis le mois de septembre 1998. Je voudrais vous saluer aussi au nom des professionnels du tourisme polynésien avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration, et qui font de gros efforts pour accueillir vos clients dans les meilleures conditions possibles. …/…


Mon plaisir d'être ici, avec vous, est d'autant plus grand que j'aime beaucoup votre pays. C'est ma première visite au Japon depuis ma nomination, mais j'y étais déjà venue cinq fois auparavant. Et si je ne vivais pas à Tahiti, je crois que j'aimerais vivre au Japon. Je m'y sens en sécurité. Je trouve vos traditions admirables. Le respect d'autrui et des engagements est quelque chose que j'admire tout particulièrement dans votre culture. Vous avez su vous adapter à la modernité et à ses contraintes économiques et sociales, sans jamais rien perdre de votre identité ni de votre art de vivre. De ce point de vue, le peuple japonais peut être un exemple pour le peuple polynésien. • …/…

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Je vous remercie de votre aimable présence et suis très heureuse de vous accueillir, avec Monsieur Toshi Hashimoto, notre représentant basé au Japon, pour ce séminaire d'information sur notre destination Tahiti & ses îles. Notre produit est superbe… et unique. Son image reste parmi les meilleures auprès du public japonais. Il y a d'abord la Nature. Nos lagons et nos couchers de soleil sont aussi beaux que dans vos rêves. Mais nous avons, en plus, l'art de vivre polynésien et la tradition la plus belle et la plus vivante du Pacifique sud. …/…

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Nulle part dans les archipels océaniens, les danses ni la musique ne sont plus émouvantes, plus spectaculaires. Nulle part, les jeunes gens ne sont plus intéressés et ne participent ainsi par milliers, avec enthousiasme, à toutes les manifestations culturelles qu'on leur propose. Le Heiva I Tahiti Nui est la principale de ces grandes fêtes populaires traditionnelles. Elle dure tout le mois de juillet, et même un peu plus. Chaque année, les filles et les garçons polynésiens sont de plus en plus nombreux à s'entraîner à la danse ou à la pirogue pour s'inscrire aux différents concours. La Polynésie française est en train de vivre une véritable renaissance. Notre pays se transforme rapidement. Politiquement, il devient de plus en plus autonome. …/…

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La réforme des institutions, actuellement en cours de pourparlers avec l'Etat français, va permettre à la Polynésie française, de se gérer librement elle-même, tout en bénéficiant de la protection, de la solidarité économique et du cadre de droit garantis par l'appartenance à la grande nation démocratique qu'est la France. En échange de cette autonomie élargie, la Polynésie française s'est engagée à développer son économie de manière à parvenir, en 2005, à produire par elle-même 50 % des ressources dont elle a besoin. (contre seulement 30 % environ en 1998). Le tourisme sera le principal support de ce développement. Depuis 1992, notre gouvernement a beaucoup investi dans la mise en place des conditions d'un nouvel essor du tourisme. Il fallait des infrastructures publiques de transport et d'accueil : de grands chantiers ont été lancés partout à Tahiti et dans les îles. …/…

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Il fallait former nos jeunes aux métiers du tourisme. Un très gros effort a été fait dans ce domaine et c'est une de nos priorités. Notre capacité hôtelière était insuffisante. Des mesures d'incitation fiscale très efficaces ont permis le lancement de nombreux projets de construction ou d'extension. Notre parc est en voie de renouvellement complet et je crois que vous disposez d'un excellent argument de vente en informant vos clients qu'ils bénéficieront la plupart du temps de chambres et d'installations flambant neuves à Tahiti & ses îles. Tahiti & ses îles disposait de 3 021 unités hôtelières à la fin de 1998. Nous en aurons 3 437 un an plus tard, soit une augmentation de près de 14 %. …/…

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Et nous prévoyons 3 629 unités pour la fin de l'an 2000. Nous tenons naturellement à votre disposition le détail chiffré de l'évolution du parc hôtelier, île par île. En plus des chaînes hôtelières Parkroyal, Sofitel et, plus récemment,

Méridien,

je

voudrais

vous

signaler

l'implantation, non seulement à Tahiti mais prochainement à Moorea, Huahine et Bora Bora, de la chaîne hawaïenne Outrigger, très connue au Japon. Je voudrais aussi vous dire un mot de nos pensions de famille, dont je sais qu'elles intéressent de plus en plus vos clients. Elles offrent en effet une vision très authentique de Tahiti & ses îles. Le niveau de qualité de ces produits est en amélioration rapide et constante. Les pensions se sont regroupées, elles organisent désormais un salon à Papeete, que certains d'entre vous connaissent. …/…

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Une charte de qualité, garantissant des normes de service, doit être adoptée dans les tout prochains mois. Je pense qu'une combinaison de nuitées à l'hôtel et en pension de famille, selon les endroits visités, est une solution idéale pour passer un agréable séjour à Tahiti & ses îles. L'amélioration de notre desserte aérienne a suivi celle de nos capacités d'accueil. Les compagnies jouent le jeu ; je les en remercie, et tout spécialement, Air Tahiti Nui, en coopération avec Air France, Hawaïan Air, Lan Chile et Air New Zealand qui travaillent avec nous sur le Japon. Nos élus et notre population sont de plus en plus sensibilisés à la protection de l'environnement. Et je dois dire que c'est largement grâce au tourisme. …/…

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Le besoin d'offrir à nos visiteurs étrangers une destination propre et préservée est, en effet, un argument de poids pour influencer les décisions des pouvoirs publics ou le comportement de la population. J'aimerais souligner enfin que notre destination Tahiti & ses îles offre une diversité de facettes qui, malheureusement, échappe le plus souvent aux touristes japonais. Nous comptons sur vous pour les aider à découvrir aussi des trésors moins connus que Bora Bora. Tout près d'elle, et aussi attirantes, il y a les autres Iles sous le Vent : Raiatea - la sacrée, Tahaa - l'île vanille, Huahine, Maupiti. Comme nos perles de culture, si appréciées dans votre pays, elles sont à la fois semblables et toutes uniques, avec à chacune sa couleur et sa personnalité.

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Et puis, il faut connaître les atolls des Tuamotu, dont les plus connus sont Rangiroa et Manihi, avec leurs sites de plongée fameux dans le monde entier, la pêche, les perles, la lumière des Tropiques sur le sable blanc, le calme, le silence et l'alizé qui souffle sur un immense lagon. Les îles Marquises sont tout à fait à l'opposé. Montagnes luxuriante,

abruptes, chevaux

vallées sauvages,

encaissées, tradition

végétation et

artisanat

absolument fabuleux et… des langoustes délicieuses. Au Sud, l'air est plus frais, plus doux. Les îles Australes, offrent encore l'image d'une Polynésie traditionnelle. On peut y côtoyer, dans des paysages splendides

et

variés,

une

population

généreuse

et

accueillante. • Le marché japonais ne représente que 7 à 8 % de notre fréquentation touristique. …/…

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Mais il est très important pour nous. C'est notre premier marché asiatique et nous voulons le développer. Je crois que les conditions sont à présent réunies. Sur les quelque 16 millions de Japonais ayant voyagé à l'étranger en 1998, Tahiti et ses îles n'en a reçu que 13 489 soit une part de marché de moins de 0,1 %. Cette part peut s'accroître rapidement. Nos visiteurs japonais sont actuellement à 85 % des jeunes mariés. Ils vivent une lune de miel formidable à Tahiti. Mais je souhaiterais qu'ils aient envie d'y revenir, plus tard, pour d'autres raisons et qu'ils incitent aussi leurs familles, leurs amis, leurs connaissances à découvrir notre destination. …/…

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Je viens d'évoquer l'évolution rapide de notre produit. Nous savons que les comportements des touristes japonais évoluent également. Je pense qu'il y a par conséquent de plus en plus d'opportunités sur d'autres segments de marché : j'évoquais tout à l'heure la plongée, mais il y a aussi le surf, la voile, la pêche au gros ou les randonnées en montagne… Je voudrais vous exprimer notre reconnaissance pour le travail que vous faites et vos efforts pour convaincre le public japonais de visiter Tahiti & ses îles. En espérant que cette journée d'information vous apportera encore plus d'arguments et de motivation. Nous savons que nous pouvons compter sur vous car vous êtes nos liens privilégiés avec la clientèle et nous vous en remercions infiniment. Merci de votre aimable attention Mauruuru Arigato kosaïmas

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GIE TAHITI TOURISME

SÉMINAIRE D'INFORMATION TAHITI & SES ILES 29 septembre 1999 Tokyo - Japon

PRÉSENTATION DE MADAME BRIGITTE VANIZETTE Directeur général SOIR - COCKTAIL TOUR OPÉRATEURS

Mesdames et Messieurs, Je vous salue au nom de Tahiti Tourisme, l'organisme de promotion de Tahiti & ses îles, que je dirige depuis le mois de septembre 1998. Je voudrais vous saluer aussi au nom des professionnels du tourisme polynésien avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration, et qui font de gros efforts pour accueillir vos clients dans les meilleures conditions possibles. …/…


Mon plaisir d'être ici, avec vous, est d'autant plus grand que j'aime beaucoup votre pays. C'est ma première visite au Japon depuis ma nomination, mais j'y étais déjà venue cinq fois auparavant. Et si je ne vivais pas à Tahiti, je crois que j'aimerais vivre au Japon. Je m'y sens en sécurité. Je trouve vos traditions admirables. Le respect d'autrui et des engagements est quelque chose que j'admire tout particulièrement dans votre culture. Vous avez su vous adapter à la modernité et à ses contraintes économiques et sociales, sans jamais rien perdre de votre identité ni de votre art de vivre. De ce point de vue, le peuple japonais peut être un exemple pour le peuple polynésien. • …/…

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Je vous remercie de votre aimable présence et suis très heureuse de vous accueillir ce soir, avec Monsieur Toshi Hashimoto, notre représentant basé au Japon, Beaucoup d'entre vous connaissent déjà notre destination, Tahiti et ses îles. Mais je voudrais vous dire que les choses progressent très vite et que ce produit évolue. Il est superbe… et unique. Son image reste parmi les meilleures auprès du public japonais. Il y a d'abord la Nature. Nos lagons et nos couchers de soleil sont aussi beaux que dans vos rêves. Mais nous avons, en plus, l'art de vivre polynésien et la tradition la plus belle et la plus vivante du Pacifique sud. …/…

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Nulle part dans les archipels océaniens, les danses ni la musique ne sont plus émouvantes, plus spectaculaires. Nulle part, les jeunes gens ne sont plus intéressés et ne participent ainsi par milliers, avec enthousiasme, à toutes les manifestations culturelles qu'on leur propose. Le Heiva I Tahiti Nui est la principale de ces grandes fêtes populaires traditionnelles. Elle dure tout le mois de juillet, et même un peu plus. Chaque année, les filles et les garçons polynésiens sont de plus en plus nombreux à s'entraîner à la danse ou à la pirogue pour s'inscrire aux différents concours. La Polynésie française est en train de vivre une véritable renaissance. Notre pays se transforme rapidement. Politiquement, il devient de plus en plus autonome. …/…

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La réforme des institutions, actuellement en cours de pourparlers avec l'Etat français, va permettre à la Polynésie française, de se gérer librement elle-même, tout en bénéficiant de la protection, de la solidarité économique et du cadre de droit garantis par l'appartenance à la grande nation démocratique qu'est la France. En échange de cette autonomie élargie, la Polynésie française s'est engagée à développer son économie de manière à parvenir, en 2005, à produire par elle-même 50 % des ressources dont elle a besoin. (contre seulement 30 % environ en 1998). Le tourisme sera le principal support de ce développement. Depuis 1992, notre gouvernement a beaucoup investi dans la mise en place des conditions d'un nouvel essor du tourisme. Il fallait des infrastructures publiques de transport et d'accueil : de grands chantiers ont été lancés partout à Tahiti et dans les îles. …/…

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Il fallait former nos jeunes aux métiers du tourisme. Un très gros effort a été fait dans ce domaine et c'est une de nos priorités. Notre capacité hôtelière était insuffisante. Des mesures d'incitation fiscale très efficaces ont permis le lancement de nombreux projets de construction ou d'extension. Notre parc est en voie de renouvellement complet et, désormais, nos visiteurs bénéficient la plupart du temps de chambres et d'installations flambant neuves à Tahiti & ses îles. Notre destination disposait de 3 021 unités hôtelières à la fin de 1998. Nous en aurons 3 437 un an plus tard, soit une augmentation de près de 14 %. …/…

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Et nous prévoyons 3 629 unités pour la fin de l'an 2000. Nous tenons naturellement à votre disposition le détail chiffré de l'évolution du parc hôtelier, île par île. En plus des chaînes hôtelières Parkroyal, Sofitel et, plus récemment,

Méridien,

je

voudrais

vous

signaler

l'implantation, non seulement à Tahiti mais prochainement à Moorea, Huahine et Bora Bora, de la chaîne hawaïenne Outrigger, très connue au Japon. Je voudrais aussi vous dire un mot de nos pensions de famille. Elles offrent en effet une vision très authentique de Tahiti & ses îles. Le niveau de qualité de ces produits est en amélioration rapide et constante. Les pensions se sont regroupées, elles organisent désormais un salon à Papeete, que certains d'entre vous connaissent. …/…

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Une charte de qualité, garantissant des normes de service, doit être adoptée dans les tout prochains mois. Je pense qu'une combinaison de nuitées à l'hôtel et en pension de famille, selon les endroits visités, est une solution idéale pour passer un agréable séjour à Tahiti & ses îles. L'amélioration de notre desserte aérienne a suivi celle de nos capacités d'accueil. Les compagnies jouent le jeu ; je les en remercie, et tout spécialement, Air Tahiti Nui, en coopération avec Air France, Hawaïan Air, Lan Chile et Air New Zealand qui travaillent avec nous sur le Japon. Nos élus et notre population sont de plus en plus sensibilisés à la protection de l'environnement. Et je dois dire que c'est largement grâce au tourisme. …/…

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Le besoin d'offrir à nos visiteurs étrangers une destination propre et préservée est, en effet, un argument de poids pour influencer les décisions des pouvoirs publics ou le comportement de la population. J'aimerais souligner enfin que notre destination Tahiti & ses îles offre une diversité de facettes qui, malheureusement, échappe le plus souvent aux touristes japonais. Nous souhaitons les aider à découvrir des trésors moins connus que Bora Bora. Tout près d'elle, et aussi attirantes, il y a les autres Iles sous le Vent : Raiatea - la sacrée, Tahaa - l'île vanille, Huahine, Maupiti. Comme nos perles de culture, si appréciées dans votre pays, elles sont à la fois semblables et toutes uniques, avec à chacune sa couleur et sa personnalité.

…/…

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Et puis, il faut connaître les atolls des Tuamotu, dont les plus connus sont Rangiroa et Manihi, avec leurs sites de plongée fameux dans le monde entier, la pêche, les perles, la lumière des Tropiques sur le sable blanc, le calme, le silence et l'alizé qui souffle sur un immense lagon. Les îles Marquises sont tout à fait à l'opposé. Montagnes luxuriante,

abruptes, chevaux

vallées sauvages,

encaissées, tradition

végétation et

artisanat

absolument fabuleux et… des langoustes délicieuses. Au Sud, l'air est plus frais, plus doux. Les îles Australes, offrent encore l'image d'une Polynésie traditionnelle. On peut y côtoyer, dans des paysages splendides

et

variés,

une

population

généreuse

et

accueillante. • Le marché japonais ne représente que 7 à 8 % de notre fréquentation touristique. …/…

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Mais il est très important pour nous. C'est notre premier marché asiatique et nous voulons le développer. Je crois que les conditions sont à présent réunies. Sur les quelque 16 millions de Japonais ayant voyagé à l'étranger en 1998, Tahiti et ses îles n'en a reçu que 13 489 soit une part de marché de moins de 0,1 %. Cette part peut s'accroître rapidement. Nos visiteurs japonais sont actuellement à 85 % des jeunes mariés. Ils vivent une lune de miel formidable à Tahiti. Mais je souhaiterais qu'ils aient envie d'y revenir, plus tard, pour d'autres raisons et qu'ils incitent aussi leurs familles, leurs amis, leurs connaissances à découvrir notre destination. …/…

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Je viens d'évoquer l'évolution rapide de notre produit. Nous savons que les comportements des touristes japonais évoluent également. Je pense qu'il y a par conséquent de plus en plus d'opportunités sur d'autres segments de marché : j'évoquais tout à l'heure la plongée, mais il y a aussi le surf, la voile, la pêche au gros ou les randonnées en montagne… Nous comptons beaucoup sur vous, car nous savons que vous êtes les personnes clés de l'essor du marché japonais à Tahiti et ses îles. Merci de votre aimable attention Mauruuru Arigato kosaïmas

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GIE TAHITI TOURISME 8ème conférence annuelle des représentants extérieurs Hôtel Sofitel Maeva Beach - Punaauia - 28 octobre 1999

Présentation de Monsieur Marcel Galenon président du Conseil d’Administration

Monsieur le Président du gouvernement, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi d'abord de souhaiter la bienvenue à nos représentants extérieurs dont c'est aujourd'hui la 8ème conférence annuelle. Au nom du conseil d'administration, je les félicite ainsi que toute l'équipe de Tahiti Tourisme et en particulier, son directeur général, Madame Brigitte Vanizette, pour les résultats très positifs obtenus au cours de notre saison touristique et, d'une manière générale, depuis le début de l'année. … /…


Une gestion rigoureuse des ressources du GIE, avec l'optimisation des investissements pour objectif principal, une présence constante et une grande disponibilité, des méthodes professionnelles et une excellente communication avec ses interlocuteurs, je crois avoir résumé les qualités dont notre directeur général a fait preuve et dont les premiers résultats ne se sont pas fait attendre. Sur tous les marchés, l'équipe de la direction centrale de Papeete est allée soutenir nos représentants extérieurs et participe plus directement au travail de promotion que par le passé. Nous insistons désormais tout particulièrement sur la visibilité de notre destination dans un secteur d’activité où la concurrence est de plus en plus vive. Voilà pourquoi les voyages de presse ont été intensifiés sur nos principaux marchés mais également sur les marchés émergents. Nous n'avions jamais fait venir autant de télévisions étrangères que cette année. A elle seule, la RAI, première chaîne de télévision italienne, a diffusé trois émissions de 45 minutes chacune sur Tahiti et ses îles. Nous avons également eu la télévision allemande et même tchèque. …/… 2


Nous travaillons aussi beaucoup sur la motivation de ceux qui commercialisent nos produits. Pour cela, nous avons mis en place des programmes de formation des agents de voyages. Il s'agit de séminaires d'information et de présentation de la destination, spécialement conçus à leur intention. Et les tours opérateurs ne sont pas oubliés non plus. Une plus grande synergie s'est établie entre le GIE et les professionnels du tourisme, qu'ils soient extérieurs ou locaux, il faut s'en féliciter. En outre, nos équipes ont su profiter d'une conjoncture économique mondiale restaurée, avec un dollar fort et une Europe en pleine croissance. Enfin, notre destination a bien sûr recueilli les fruits de ses investissements hôteliers et de l'amélioration de sa desserte aérienne. Résultat de tous ces efforts : depuis le début de l'année, le tourisme polynésien connaît une progression record. Le mois de juillet, en particulier a été tout à fait exceptionnel. …/…

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La période dont il s'agit couvre les sept premiers mois de 1999. Elle est assez représentative de ce que sera l'année complète, car le dernier semestre est d’habitude meilleur que le premier. De janvier à juillet, 114 101 touristes ont visité Tahiti et ses îles, soit une progression de 8,5 % par rapport à la même période de 1998. Le nombre des nuitées hôtelières a augmenté de 10 %. Le nombre des passagers de croisières est en hausse de 73 %. La durée moyenne du séjour est restée stable. En ce qui concerne le mode d'hébergement, le nombre de touristes à l'hôtel a augmenté de 9 %. A remarquer que notre clientèle se féminise. Le nombre de femmes augmente de 10 %, contre seulement 7 % pour les hommes. Les deux tiers de nos visiteurs ont moins de 45 ans. Et leur pouvoir d'achat est assez élevé. Il s'agit surtout de cadres supérieurs, de professions libérales, d'employés, de chefs d'entreprises, de commerçants. …/… 4


Pourtant, la destination semble se démocratiser un peu. Bien que le nombre d'ouvriers soit encore très faible, on note une augmentation de plus de 23 % dans cette catégorie et de près de 15 % dans celle des techniciens et cadres moyens. Par marché, la progression la plus spectaculaire est celle des Etats-Unis avec 20,5 %. Elle a même atteint 40,6 % au mois juillet. Un record absolu. Ce marché américain constitue notre principale cible, c'est évident. Il représente déjà près de 28 % de notre clientèle, tout juste derrière la France (29,7 %) laquelle ne progresse que de 8,7 %. L'Europe est notre second espoir. Hors France, notre clientèle européenne progresse de 10 %. C'est encourageant, mais nous devons absolument développer davantage ce marché très porteur qui n'est pas encore à la hauteur ni de nos attentes, ni de ses potentialités. …/…

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La part du Japon diminue légèrement, bien qu'il progresse tout de même de 3,5 %. La Nouvelle-Zélande est en revanche en retrait. Ainsi que l'Australie qui a néanmoins redressé la tête au mois de juillet. C'est un marché difficile, notamment à cause du manque de sièges d'avion, une situation que nous espérons provisoire. Sans être alarmante, la conjoncture dans le Pacifique sud est un peu préoccupante, car ces deux grands pays, avec la Nouvelle Calédonie, les îles Cook et les autres archipels régionaux représentent tout de même 11,5 % de notre clientèle. Enfin, l'Amérique du Sud souffre encore de la crise économique de l'an dernier et de la brutale dévaluation des monnaies. Elle recule de 9,5 % mais pour une part de marché encore assez réduite. Voilà, c'est dans ce contexte nettement favorable que nous avons organisé cette 8ème conférence des représentants extérieurs. Comme l'an dernier, nous souhaitons impliquer au maximum les professionnels du tourisme polynésien dans les discussions préparatoires à l’élaboration de notre stratégie. …/… 6


Nous voulons bâtir ensemble et créer un véritable partenariat sur le terrain. Voilà pourquoi, les décisions finales tiendront compte de vos observations et de vos critiques constructives. Soyez tous remerciés pour votre contribution développement de notre industrie touristique.

au

Je remercie tout particulièrement le gouvernement, et son président pour toutes les actions entreprises en faveur de ce développement, ainsi que pour la participation financière territoriale qui reste essentielle pour notre action. J’ai maintenant l’honneur et le plaisir de céder la parole à Monsieur Gaston Flosse. Merci à tous et bonne conférence.

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GIE TAHITI TOURISME 8ème conférence annuelle des représentants extérieurs Hôtel Sofitel Maeva Beach - Papeete - 28 octobre 1999

Discours de Monsieur Gaston Flosse Président du Gouvernement - Ministre du Tourisme

Monsieur le Président de Tahiti Tourisme Mesdames et Messieurs les Administrateurs, Madame le Directeur général, Mesdames et Messieurs les Représentants extérieurs, Mesdames et Messieurs les Professionnels du tourisme, Chers amis, Merci de votre accueil et de votre présence. C'est un président du gouvernement et un ministre du Tourisme satisfait que vous avez devant vous ce matin. Le président de votre conseil d'administration l'a bien expliqué dans son intervention, nous venons de vivre une saison touristique exceptionnelle. Certains d'entre vous l'ont même qualifiée d'été du siècle. Il était temps. N'est-ce pas ?


Depuis tant d'années déjà que nous nous battons pour développer le tourisme dans ce pays, après tant de difficultés et d'obstacles, nous constatons enfin les prémices du succès. L'an dernier, presque jour pour jour, dans une conjoncture beaucoup moins favorable, je vous transmettais un message d'optimisme et de confiance. Ce n'était pas une simple parade verbale. Mon opinion se fondait sur une analyse, qui reste d'ailleurs valable aujourd'hui. Je continue de penser que notre succès dépend essentiellement de nous mêmes. Il dépend de notre volonté, de notre union dans le travail, de notre capacité d'imagination, et de nos qualités relationnelles en tant que peuple. Car c'est toujours un peuple que l'on visite lorsqu'on voyage. Certes, le décor est important, et nous possédons l'un des plus spectaculaires au monde. Mais ce n'est qu'un décor. …/…

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Nos visiteurs ne pourront réellement l'apprécier que si nous leur en offrons la possibilité dans les meilleures conditions. Les passes des atolls des Tuamotu sont certainement l'un des plus fascinants spectacles sous-marins qui soient. Et pourtant, que seraient nos lagons sans des services permettant à ceux qui le souhaitent, de plonger pour les admirer en toute sécurité et à un prix raisonnable ? Cela est vrai pour bien d'autres choses - je pense au tourisme vert en particulier et je crois qu'il suffit d'un peu d'imagination pour créer les activités qui nous permettront de satisfaire pleinement les attentes et la curiosité de nos visiteurs. Mon gouvernement fait vraiment tout ce qu'il peut pour favoriser la naissance de prestations de service dans notre pays et, notamment, dans le secteur touristique. Je rappelle à ce propos la création récente de la SOFIDEP, société de financement dont la mission est justement de donner un coup de pouce aux micro-initiatives privées. …/…

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L'industrie touristique a ceci de particulier qu'elle produit du bonheur. Que ce soit le repos, la détente, les amusements, la gastronomie, la rencontre et la découverte de nouveaux horizons humains et culturels, tout cela, au final, doit se transformer en plaisirs et en joie. N'est-ce pas pour les professionnels que vous êtes une motivation formidable ? C'est en tout cas ce que les vacanciers recherchent et, bien évidemment, ils veulent en avoir pour leur argent. Quoi de plus normal ? La qualité d'un produit touristique se mesure essentiellement à la quantité de bonheur qu'il apporte relativement à son coût. Voilà pourquoi, je voudrais une fois encore insister aujourd'hui auprès de vous sur la nécessité absolue d'améliorer le rapport qualité - prix de notre destination. Une récente étude du TCSP, le Conseil du Tourisme dans le Pacifique sud, montre que Tahiti et ses îles est encore considérée comme une destination chère par rapport à ses concurrentes. …/… 4


Nous faisons des efforts pour faire baisser nos coûts mais c'est encore insuffisant. Le gouvernement a pris des mesures de détaxation sur les importations de produits alimentaires par exemple. Et, pourtant, les tarifs de la restauration ne cessent d'augmenter. Cela dit, je demeure persuadé que notre marge de progression est bien plus ouverte du côté de la qualité de nos prestations. Le décor est une chose, le service voilà l'essentiel. C'est lui qui décidera de plus en plus du succès ou de l'échec d'une destination. Notre produit est excellent, mais nous devrons sans cesse l'améliorer pour rester compétitifs. Nous investissons beaucoup dans la formation des jeunes. Dans moins de deux ans, nous disposerons d'un lycée hôtelier ultra moderne, situé en pleine zone touristique à Punaauia.

…/…

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Toute la population polynésienne est impliquée, plus ou moins directement, dans l'amélioration de la qualité de Tahiti et ses îles. Chacun d'entre nous avons notre part de responsabilité dans le jugement qui sera porté par nos visiteurs. Ce jugement, nous avons tous ensemble décidé qu'il doit absolument être favorable, car notre avenir économique en dépend, c'est aussi simple que cela. Peu à peu notre pays se fait à l'idée de cette mutation. La présence de nos visiteurs sera un extraordinaire facteur de dynamisme pour l'évolution de notre société. Les yeux des touristes sont des miroirs dans lesquels nous voulons nous voir plus beaux, plus heureux, plus dignes et plus fiers d'être Polynésiens. Ils nous incitent, à la fois, à renouer avec notre personnalité profonde en tant que peuple, avec sa culture unique (car c'est cela même que nos visiteurs sont venus chercher), et à nous ouvrir au monde extérieur. …/…

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L'avenir de notre pays, nous le savons tous, repose sur nos capacités à maintenir la paix et l'harmonie au sein de notre société si variée dans ses origines. Le tourisme va nous y aider fortement. Il est une manière douce et non provocante de comprendre et de s'habituer à l'autre, à ses différences, à ses manies parfois… Dans cette nouvelle organisation de notre société qui se met en place peu à peu, le rôle de votre GIE est essentiel. C'est vous qui transmettez l'image de notre destination auprès de nos publics potentiels. C'est vous qui avez la charge de la rendre visible et attirante au milieu des centaines de ses concurrentes. Tout en soulignant nos principaux atouts, cette image doit toujours refléter la réalité. Elle ne doit jamais promettre ce qu'elle ne pourrait pas tenir. Du reste, le ciel a eu la grâce de bénir notre pays et notre peuple de suffisamment de merveilles, pour qu'il ne soit jamais nécessaire de tricher pour faire rêver les touristes du monde entier. …/…

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Vos résultats, et nous sommes encore loin de la fin de l'année, sont largement à la hauteur de nos espérances. Nous vous félicitons et nous vous remercions pour votre dévouement à la cause de notre tourisme et pour la qualité professionnelle de votre travail. Nous vous renouvelons notre plein et entier soutien dans votre mission. Je ne referai pas l'analyse des chiffres de cette saison qualifiée aujourd'hui d'exceptionnelle. Je voudrais simplement souligner l'envolée, que nous souhaitions depuis longtemps, du nombre de passagers de croisières qui augmente de plus de… 73 % et la croissance de près de 10 % du nombre des nuitées hôtelières sur les sept premiers mois de l'année. Il est heureux de constater que le taux de remplissage de nos grands hôtels a bien profité de cette croissance puisqu'il s’établit à 76,4 % entre janvier et septembre 1999, contre seulement 70 % sur la même période de 1998. Je tiens à rendre un très chaleureux hommage aux sociétés exploitantes des navires de croisière basés en Polynésie française : Renaissance 3 - et bientôt Renaissance 4, et Paul Gauguin, peut-être Gauguin 2, un peu plus tard. …/… 8


Les campagnes de publicité et de promotion financées par ces sociétés représentent, à notre échelle, un investissement colossal. Ainsi, Renaissance Cruises a consacré cette année pas moins d'un milliard et demi de francs Pacifique au seul marché américain, un chiffre supérieur au budget total du GIE qui est d'un milliard deux cent millions. Et tout cet argent est dépensé dans un seul but : convaincre les Américains de choisir Tahiti et ses îles comme prochain lieu de vacances. Que demander de mieux ? Si notre destination s'améliore, et si nos résultats sont bons, les hôteliers y sont pour beaucoup. Il faut mettre l'accent sur le développement de notre capacité d'hébergement, en qualité d'abord, mais aussi en volume, les deux étant absolument indissociables et indispensables. Je saisis d'ailleurs l'occasion de rappeler une nouvelle fois toute l'importance de la défiscalisation pour les investissements hôteliers dans notre pays. …/…

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C'est très clair, sans défiscalisation, cet investissement n'existerait pas. Et j'insiste sur le fait qu'il est absolument crucial de bénéficier encore de ces mesures jusqu'à ce que nous puissions atteindre notre objectif de 6 000 unités environ à l'horizon 2006. Grâce à cette défiscalisation, nous avons désormais des hôtels modernes, de standing irréprochable et il s'en crée sans cesse de nouveaux. Pour 1999, nous aurons notamment célébré la naissance de l'hôtel Tahiti Outrigger, celle du Sofitel Marara Motu à Bora Bora, du Tiare Beach Resort à Huahine et le développement de plusieurs hôtels à Tahiti et dans les îles. A la fin de cette année, Tahiti et ses îles offrira un total de 3 437 unités d'hébergement, soit une augmentation de près de 14 % par rapport à 1998. Ce dynamisme peut du reste provoquer parfois quelques désagréments. Ce fut le cas en début d'année à Bora Bora où la croissance du nombre de chambres en hôtels de luxe a triplé, passant de 106 à 339 unités en quelques mois seulement. …/…

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Il faut un peu de temps pour que le système se mette bien en place et que les marchés répondent à notre nouvelle offre. Pour cela, une seconde condition est nécessaire : une desserte aérienne capable de faire face. Les transporteurs aériens ont également un rôle essentiel et ils ont bien entendu leur part de mérite dans le succès de cette saison touristique. Je voudrais aussi les remercier pour le travail qu'ils font et qui n'est pas facile. Car Tahiti et ses îles est une destination à la fois modeste par sa taille et ses équipements, comparée à d'autres, mais en même temps très exigeante, car lointaine et isolée. Malgré ces deux handicaps, la régularité de notre trafic aérien international et intérieur est exemplaire. Pour remplir nos hôtels, il faudra plus de vols. Je constate et je me réjouis que plusieurs compagnies ont déjà anticipé et que les fréquences s'accélèrent. Hawaïan Airlines ouvre une deuxième liaison hebdomadaire entre Honolulu et Papeete, ce qui nous intéresse beaucoup pour le marché japonais. …/… 11


Air New Zealand annonce un quatrième vol entre Auckland et Papeete à partir du mois prochain. Air France pourrait bientôt lancer un cinquième service entre Paris et Papeete. Ce serait une bonne nouvelle pour le marché français et surtout européen qui ne demande qu'à croître. Air Tahiti Nui, nous l'espérons, desservira Osaka à compter du mois d'avril prochain. Ce deuxième vol hebdomadaire pourrait donner un nouveau souffle au marché japonais. A quelques semaines seulement de la mythique année 2000, et conforté par les résultats record du début de l'année, je suis confiant et plus optimiste que jamais. L'industrie touristique internationale est en plein essor. Le nombre total de touristes dans le monde atteindra selon les experts 632 millions en l'an 2000. C'est maintenant ! Ils en prévoient 964 millions en 2010, soit une croissance de plus de 50 % en dix ans. Quant aux dépenses de ces touristes, elles croîtront encore plus vite passant de 516 à 922 milliards de dollars. …/… 12


De tels chiffres donnent le vertige. Mais rappelons nous que nous n'avons besoin que d'une part infime de ce marché gigantesque pour atteindre nos objectifs économiques et sociaux. Moins de 0,1 % en termes de recettes et à peine 0,04 % en termes de fréquentation. A nous de tenir le rythme et de proposer à notre clientèle toujours plus nombreuse et variée, une destination toujours plus attrayante et diverse, aux facettes aussi multiples que ses îles et ses habitants. J'ai l'honneur d'ouvrir officiellement la 8ème conférence annuelle des représentants extérieurs du GIE Tahiti Tourisme Merci à tous et puissent vos travaux être fructueux.

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GIE TAHITI TOURISME

MISSION AUX ILES MARQUISES 1er novembre 1999 Nuku Hiva

PRÉSENTATION DE MADAME BRIGITTE VANIZETTE Directeur général

Monsieur l'Administrateur, Monsieur le Conseiller - maire, Mesdames et Messieurs les professionnels du tourisme Chers amis, Kaoha ! Bonsoir à tous. Je suis très heureuse de nous voir réunis ici ce soir et je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation. …/…


Je n'avais encore jamais visité vos îles. Mais, depuis ma nomination à la direction générale de Tahiti Tourisme, il y a un peu plus d'un an, j'espérais que l'occasion s'en présenterait rapidement. En effet, ayant la responsabilité de la promotion du tourisme polynésien, mon premier souci est de connaître aussi bien que possible les produits que nous proposons à nos visiteurs. Les quelques jours que je viens de passer au Henua Enana ont été naturellement bien trop courts pour vraiment connaître toute la richesse de vos paysages et de votre culture. Ce bref séjour et la qualité de votre accueil ont néanmoins suffi à me confirmer à quel point votre archipel possède un puissant potentiel. Je sais qu'il n'est pas facile de développer une destination aussi isolée que la vôtre.

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Mais cet isolement peut être en même temps un atout de premier ordre. Il fait des archipels polynésiens, et tout spécialement des Marquises, un but de voyage absolument exceptionnel. On ne vient pas aux Marquises par hasard. On ne fait pas au hasard 22 heures d'avion jusqu'à Tahiti, puis encore quatre heures jusqu'à Terre Déserte, avant de repartir pour quatre heures de 4x4, sans même parfois savoir si l'on trouvera un hébergement convenable. On ne fait pas un tel chemin initiatique sans une raison sérieuse. Le voyage aux Marquises reste encore une aventure pour un public averti et particulièrement motivé. On vient jusqu'ici pour admirer votre nature sauvage et intacte, pour savourer les fruits de votre océan si pur, pour s'imprégner du calme et de la paix de votre mode de vie.

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Depuis ma prise de fonction, j'ai tenu à ce que les archipels fassent l'objet d'une meilleure promotion. Auparavant, on insistait surtout sur Tahiti, Moorea et surtout Bora Bora. Il y avait quelques rares îles dites “touristiques” comme certaines Iles sous le Vent, ou Rangiroa et Manihi aux Tuamotu. On ne parlait pas des autres, tout simplement, parce que l'on ne fait pas la promotion d'une île ou d'un pays, si beaux et attirants soient-ils. On ne peut promouvoir qu'une destination. C'est-à-dire, un ensemble de produits et de services permettant au touriste de visiter cette île ou ce pays dans des conditions qui lui conviennent. Plus ces conditions sont confortables, pratiques et sûres, plus la clientèle s'élargit.

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Or, dans un passé encore récent, les seules îles réellement capables d'accueillir une clientèle touristique étaient celle que j'ai citées tantôt. Cette situation est en train de changer rapidement, grâce notamment à la multiplication des pensions de famille et à l'amélioration de leur qualité. Mais également, grâce au dynamisme de certaines sociétés hôtelières qui ont fait le pari du développement touristique dans les îles. Je pense bien sûr à South Pacific Management qui gère deux hôtels neufs ici même aux Marquises, et d'autres établissements aux Tuamotu. Je les remercie et en particulier bien sûr leur directeur général, Monsieur Laurent Bessou, pour leur aide dans l'organisation de notre mission. Il ne faut pas oublier non plus l'amélioration du transport aérien intérieur et la création de nouvelles activités de prestation de services dans de nombreux domaines.

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Tahiti et ses îles est une destination offrant une multitude de facettes qu'il convient de promouvoir de manière spécifique, car elles s'adressent à des publics dont les attentes sont très différentes Les Marquises ont une clientèle potentielle considérable dans le monde entier. Sur tous les grands marchés, des touristes recherchent des endroits préservés du tapage et des pollutions du monde moderne. Je pense à l'Europe surtout, où l'on s'intéresse de plus en plus aux cultures du Pacifique sud. Le grand festival que vous organisez pour l'an 2000 est un événement dont le succès pourrait dépasser vos espérances et peut-être même vous causer quelques soucis du point de vue de l'hébergement. En tout cas, partout, lors de mes missions à l'étranger, j'ai voulu mettre en lumière les merveilles plus discrètes de notre destination Tahiti & ses îles. Au Canada, au Mexique, et tout dernièrement au Japon et en Europe, j'ai tout particulièrement évoqué les îles Marquises et leur festival des arts.

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Si vous me le permettez, je terminerai en vous disant d'abord de ne pas hésiter à améliorer votre communication et votre visibilité de prestataires de services sur le marché local en priorité. Il y a en Polynésie française sans doute l'un des plus forts potentiels de développement de votre destination. Et je vous encouragerai à toujours rester vous-mêmes. Préservez l'équilibre de votre peuple. Ne risquez pas de déplaire à votre public privilégié, celui que j'évoquais tantôt, celui des passionnés, peu exigeants sur les conditions matérielles, mais intransigeants sur l'esprit. C'est cet esprit, de communion et d'amitié, que j'ai rencontré jusque sur l'Internet en préparant cette mission. On parle des Marquises sur Internet et l'on en parle avec beaucoup d'amour et d'émotion.

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Notamment sur un site qui s'appelle “les compagnons de l'Aranui” et qui me permet de rendre un hommage tout particulier à ce navire mythique. Vous le voyez, votre culture ancestrale fait excellent ménage avec la modernité la plus extrême. Persévérez dans vos efforts en faveur du développement durable d'un tourisme harmonieusement pensé. Nous serons toujours à vos côtés pour vous apporter les informations et le soutien dont vous pourriez avoir besoin. Merci de votre attention et très bonne soirée

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MILLENIUM DISCOURS SOIREE " SIBANI – DAMIANI ".

DUREE 8 mn.

PAPEETE, Le 14 décembre 1999.

SOIREE DE PRESTIGE Maison SIBANI - Casa DAMIANI ALLOCUTION DE M. DIDIER SIBANI Mesdames et Messieurs, Chers amis, Merci de votre présence et bienvenue. Je suis très honoré et heureux de vous accueillir ce soir sur cette Plazza Poe Rava du Centre Vaima, illuminée une fois encore pour marquer le franchissement d’une nouvelle étape dans le développement de la Maison Sibani Perles. Cette étape est double : nous célébrons à la fois l’ouverture de notre nouvel écrin : la bijouterie « TAHITIAN NATIVE JEWELRY », même concept et nouvelle présentation, mais aussi la concrétisation de notre partenariat avec la Casa Damiani, l’un des représentants les plus prestigieux de l’orfèvrerie mondiale contemporaine. Pour cette occasion exceptionnelle de l’an 2000, nos deux sociétés ont travaillé ensemble sur la création des collections que nous vous présentons ce soir en avant-première. Nous devons ces merveilles à l’inspiration du dessinateur, qui élabore les formes, à l’expérience du gemmologiste, qui choisit les meilleures pierres et les plus belles perles, et au savoir-faire du maître orfèvre qui sculpte, moule et donne vie aux bijoux. De notre collaboration, animée d’un même amour et d’un même respect du bel ouvrage, sont nées ces pièces empreintes d’une émotion intense et complice. L’émotion de créer un chef-d’œuvre, un objet d’art réalisé exclusivement pour vous. Nous espérons que vous apprécierez ces splendides joyaux et que, tout comme nous, vous tomberez sous leur charme.


Je voudrais profiter également de votre présence pour faire avec vous un bref retour sur les dix dernières années, ô combien intenses, qui viennent de s’écouler pour notre Maison. Au cours de cette décennie, le développement de la Maison Sibani a été considérable. En Polynésie française, nous ne possédions qu’une seule boutique en 1990, nous en avons aujourd’hui 26. Dans de nombreux pays, nous avons tissé d’importants partenariats avec les plus grands noms de la joaillerie mondiale, participé à plus de 50 salons professionnels et organisé de très nombreuses expositions dans les plus grandes capitales mondiales du luxe. Nous avons eu la joie de participer, en qualité de sponsor, à l’élection de deux Miss France : Mareva Georges en 1992, et Mareva Galanter cette année. Nous avons également à notre palmarès une miss Intercontinental : Timeri Baudry, en 19.. et de nombreuses autres beautés polynésiennes ayant brillé de leur grâce, de leur naturel et de leur gentillesse aux quatre coins du monde. Inutile de vous dire quelle a été également notre satisfaction, en 1995 à Paris, capitale mondiale du luxe, de recevoir de Monsieur Alain Madelin, alors ministre de l’Exportation et de l’Artisanat, en présence de M. Gaston Flosse et de nombreuses personnalités du Territoire, le Grand Prix de l’Exportation dans la catégorie des Métiers d’art. Cette récompense est venue couronner plusieurs années d’efforts intenses dans le domaine de la création et de l’export et nous étions fiers que le prestige de cette distinction nationale rejaillisse sur la Polynésie française toute entière. Les exportations, nous le savons tous désormais, sont la seule alternative possible à la diminution de nos ressources extérieures, provoquée par le départ du CEP. Notre perle est, de très loin, la première de ces exportations et possède encore un fabuleux potentiel. Devenue à maints égards «le» symbole de notre pays, elle a connu ces dernières années des évolutions nombreuses et positives. Cette merveille de la nature est désormais reconnue et appréciée par les plus grands noms de la joaillerie mondiale.


En 1994, nous avons ouvert pour l’ensemble de la profession, un instrument de travail qui me tenait à cœur depuis déjà longtemps : le Bureau d’Expertise et d’Evaluation de la Perle. Au fil des années, le BEEP a conquis ses lettres de noblesse. Il a produit des milliers de certificats d’analyse gemmologique afin de garantir la qualité des perles achetées. Nous pouvons dire qu’à présent, notre perle de Tahiti est sur la bonne voie. Et pourtant, nous n’en sommes encore, soyons en conscients, qu'à la phase de démarrage de notre économie polynésienne. Il nous faut aller encore plus loin, exploiter de nouveaux créneaux, prendre les risques et relever les défis qui s’imposent, car c’est à ce prix que se construira la Polynésie de demain. Le nouveau millénaire nous attend. Nous devons maintenant passer à une nouvelle phase de l’exploitation de cette ressource extraordinaire. Il est temps, et c’est notre devoir aux yeux des générations futures, de cesser d’exporter notre trésor comme une simple matière première. Nous devons lui apporter la valeur ajoutée nécessaire pour que nos compétences et notre savoir-faire soient reconnus de par le monde. En serons-nous capables ? Choisirons-nous la solution de facilité consistant à nous contenter d’exporter nos perles brutes, comme aujourd’hui, ou allons nous relever le défi de la compétence, du professionnalisme et du courage ? Pour Sibani, c’est très clair : nous allons poursuivre sur le chemin du développement en créant sur notre Territoire une véritable industrie de la bijouterie. Les exportations de perle de Tahiti brute rapportent environ 15 milliards de francs par an. Le travail de ces perles dans le cadre d’une véritable industrie de la bijouterie en Polynésie française permettrait de doubler ce chiffre, tout en créant plusieurs centaines d’emplois pour nos jeunes.


En outre, la maîtrise d’une telle activité aiderait la Polynésie à consolider l’image de qualité nécessaire au développement de son économie et de son tourisme en particulier. Vous savez, le luxe a une âme. Il est le support et le vecteur d’une industrie de prestige. Il est également le plus séduisant des exportateurs et constitue une excellente locomotive commerciale. Réduire notre dépendance économique, développer nos ressources et valoriser notre pays, tels sont les objectifs de la Polynésie française. Posséder la maîtrise de la fabrication des bijoux qui mettront en valeur notre perle, telle est l’ambition de la Maison Sibani. Certes, ce ne sera pas de tout repos. De nombreuses difficultés nous attendent, mais je sais que les bonnes volontés ne manqueront pas pour nous aider. C’est en tout cas une nécessité pour notre pays. Ce sera le nouveau défi de toute l’équipe de la Maison Sibani pour ce prochain millenium. Un grand merci encore à tous et à toutes pour votre présence ce soir et je vous invite à passer une excellente soirée. J’ai maintenant le grand plaisir de céder la parole à Mademoiselle Valeria Repossi, venue spécialement d’Italie pour nous faire l’honneur de représenter l’une des maisons les plus renommées de la haute joaillerie mondiale : la Casa Damiani.


Trente ans d’écriture Volume 2 - 1995-1999 Mahana - Les Editions du Soleil © 2016 tahiti.ecriture@gmail.com


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