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Glossaire
from Queer(ing) Architecture, de l'espace queer à la queerisation de l'espace // Mahé Cordier-Jouanne
BALLROOM :
Nés à Harlem (New York) dans les années 1960, les ballrooms sont des lieux d’expression d’une sous-culture LGBT, principalement noire et latno, dans lesquels des personnes performent en compétton dans le but de faire remporter un trophée à leur « maison ». Les compéttons peuvent inclure de la danse, comme le voguing, ou des catégories de drag* imitant d’autres genres et classes sociales.
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BIO-POUVOIR :
Le bio-pouvoir (ou la bio-politque), théorisé par Michel Foucault, est une forme d’exercice du pouvoir qui porte sur la vie des individus d’un point de vue physique, politque et social. Cela passe, entre autres, par l’assignaton des corps à des rôles politques au sein de la société : les corps des femmes sont assignés à un rôle reproductf, etc. Il prend en charge la vie des individus, avec d’un côté le corps (pour le discipliner) et d’un côté la populaton (pour la contrôler). L’élément commun au corps et à la populaton est la norme. C’est elle qui fait en sorte que ce biopouvoir s’exerce, de
manière ratonnelle, à la fois sur un ensemble statstque (une collectvité) et sur un individu.
CISGENRE :
Les personnes cisgenres sont les personnes dont le sexe assigné à la naissance correspond à leur identté de genre*. Ce terme a été créé en oppositon au terme trans*, pour rappeler que les minorités ne sont pas seules à être «partculières » et par conséquent que les majorités (ou celles et ceux qui sont considéré·e·s comme « normaux·ales ») sont aussi une composante « partculière » de la société qu’il convient de nommer.
CRUISING :
Pratque de drague issue de la culture homosexuelle masculine qui consiste en une quête de partenaires sexuels occasionnels et anonymes.
DARKROOM / BACKROOM :
Espace sombre et plutôt à l’écart dans un bar, un événement ou une discothèque (généralement destnés aux hommes homosexuels) qui permet de pratquer un acte sexuel souvent rapide et anonyme sur place.
DÉTERRITORIALISATION :
La déterritorialisaton est un concept théorisé par Gilles Deleuze et Félix Guatari dans Capitalisme et schizophrénie, tome 1 : L’Ant-Œdipe (1972) qui consiste à quiter une habitude, une sédentarité, à échapper à une aliénaton, à des processus de subjectvisaton précis. Elle est suivi par la reterritorialisaton où la conscience retrouve son territoire mais sous de nouvelles modalités, jusqu’à la prochaine déterritorialisaton.
DISSONANCE COGNITIVE :
La dissonance cognitve désigne la tension qu’une personne
ressent lorsqu’un comportement entre en contradicton avec ses idées ou croyances. La rectfcaton des idées acquises est alors difcilement supportable, ce qui empêche l’acceptaton d’idées nouvelles pour lesquelles on ne possède pas encore l’expérience.
DISPOSITIF :
Dans le sens foucaldien, le dispositf instaure des rapports de pouvoir visant à contrôler, orienter, réglementer l’attude et le comportement dans un espace donné.
DRAG :
Pratque de travestssement performé par une personne qui construit une apparence féminine (drag-queen) ou masculine (drag-king) souvent stéréotypée et exagérée, de façon temporaire et souvent dans le cadre d’un spectacle.
EPISTEMOLOGIE :
Parte de la philosophie qui a pour objet l’étude critque des postulats, conclusions et méthodes d’une science partculière, considérée du point de vue de son évoluton, afn d’en déterminer l’origine logique, la valeur et la portée scientfque et philosophique.
ESPACE LISSE / ESPACE STRIÉ :
Concepts théorisés par Gilles Deleuze et Félix Guatari dans l’ouvrage Capitalisme et schizophrénie, tome 2 : Mille plateaux (1980). Espace de proximité, d’afects intenses, non polarisé et ouvert, non mesurable, anorganique et peuplé d’événements ou d’héccéités, l’espace lisse s’oppose à l’espace strié, c’est-à-dire métrique, extensif et hiérarchisé. Au premier sont associés le nomadisme, le devenir et l’art haptque, au second, le sédentarisme, la métaphysique de la subjectvité et l’art optque. L’espace strié est rapporté au modèle du tssu, avec sa structure (fls de trame, fls de chaîne et croisement perpendiculaire des deux), sa fnitude
(largeur du tssu défnie par le cadre de la chaîne et l’allerretour du fl de chaîne dans ce cadre fermé) et son ordre dynamique (les fls de chaîne s’écartent pour laisser passer le mouvement régulé des fls de trame), alors que l’espace lisse sera pensé sur le modèle du feutre, comme « anttssu » qui n’implique aucun dégagement des fls, aucun entrecroisement, mais seulement un enchevêtrement aléatoire des fbres, à la fois homogène (lisse), susceptble de croître en tous sens et infni en droit. L’espace lisse est un espace sans profondeur, un espace d’immédiateté et de contact, qui permet au regard de palper l’objet, de se laisser investr par lui et de s’y perdre. L’espace lisse, enté sur la noton de proximité, est aussi un espace aformel. Il ne content ni formes ni sujets, mais se peuple de forces et de fux, consttuant un espace fuide, mouvant, sans ancrage ni polarisaton, sans empreinte qui ne soit éphémère.
[déf. Mireille Buydens, « Espace lisse / Espace strié » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 130.]
GENRE :
Le genre est un concept utlisé en sciences sociales pour désigner les diférences non biologiques entre les femmes et les hommes. Alors que le type sexuel fait référence aux diférences biologiques, le genre réfère aux diférences sociales entre femmes et hommes. Ces diférences produisent des conséquences psychologiques, mentales, économiques, démographiques ou encore politques. Le genre peut être défni comme l’ensemble construit des rôles et responsabilités sociales assignés aux femmes et aux hommes à l’intérieur d’une culture donnée à un moment précis de l’histoire. Le genre n’est ni une donnée purement biologique, ni une évidence historique, ni même une norme fxe (socialement comme individuellement).
HÉTÉRONORMATIVITÉ :
Croyance selon laquelle tous les individus appartennent à l’un des deux genres distncts et complémentaires (homme et femme) possédant des rôles naturels dans la vie. Elle suppose que l’hétérosexualité est la seule orientaton sexuelle ou seule norme acceptable, ce qui implique un alignement entre le sexe biologique, la sexualité, l’identté et les rôles de genre. Dans La pensée straight (1992), Monique Witg énonce l’hétérosexualité comme un régime politque.
HÉTÉROTOPIE :
L’hétérotopie (du grec topos « lieu », et hétéro, « autre » : « lieu autre ») est un concept forgé par Michel Foucault lors d’une conférence inttulée « des espaces autres » donnée en 1967 au cercle d’études architecturales. Il y défnit les hétérotopies comme une localisaton physique de l’utopie (qui elle n’a pas de lieu réel). Ce sont des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire (théâtres), qui sont utlisés pour metre à l’écart (maisons de retraite, asiles, cimetères), ou de façon plus générale qui peuvent être défnis dans l’emploi d’espaces destnés à accueillir un type d’actvité précis (stades, lieux de culte, parcs d’atracton). Ce sont des lieux à l’intérieur d’une société qui obéissent à des règles qui sont autres, génèrent des diférences de comportements et des écarts à la norme. L’hétérotopie peut être éphémère, comme lorsqu’un événement change provisoirement les règles et les normes dans un espace donné. Michel Foucault dégage six principes permetant une descripton systématque des hétérotopies : elles sont présentes dans toute culture sous des formes variées, selon qu’il s’agisse de sociétés primitves ou modernes ; une même hétérotopie peut voir son fonctonnement se modifer dans le temps ; elle peut juxtaposer en un seul lieu plusieurs espaces eux-mêmes incompatbles dans l’espace réel ; au sein d’une hétérotopie existe une hétérochronie, à savoir une rupture avec le temps réel, soit, l’hétérotopie ateint
son plein potentel lorsque les personnes qui la font naître rompent avec la chronologie traditonnelle ; l’hétérotopie peut s’ouvrir et se fermer, ce qui à la fois l’isole, la rend accessible et pénétrable ; les hétérotopies ont une foncton par rapport aux autres espaces des sociétés : elles sont soit des espaces d’illusion soit des espaces de perfecton.
IDENTITÉ DE GENRE :
L’identté de genre fait référence à l’expérience intme et personnelle du genre profondément vécue par chacun·e, qu’elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance.
INTERSECTIONNALITÉ :
Concept visant à révéler la pluralité des discriminatons de classe, de sexe, de race, de handicap, d’orientaton sexuelle et désigne la situaton de personnes subissant simultanément plusieurs formes de dominaton ou de discriminaton dans une société.
LGBT, LGBTQ, LGBTQQIA+ :
Ce sont plusieurs acronymes utlisés pour parler de toutes les sexualités et identfcatons de genre non hétéronormatfs, qui se traduisent par Lesbienne, Gay, Bisexuel.le, Trans, Queer, en Questonnement, Intersexe, Asexuel.le, et « + » pour les autres termes qui se rajoutent parfois à l’acronyme (Alliés, Two-spirited, Autres…)
MAINSTREAM :
Massivement populaire, grand public, courant dominant suivi et accepté par la masse, voire conformiste.
MAJEUR / MINEUR :
D’après Deleuze et Guatari, ce qui défnit une situaton est une certaine distributon des possibles, le découpage spatotemporel de l’existence. Il ne s’agit pas tant de rituel que de la forme même, dichotomique, de la possibilité : ou bien
- ou bien, disjonctons exclusives de tous ordres (masculinféminin, adulte-enfant, humain-animal, intellectuel-manuel, travail-loisir, blanc-noir, hétérosexuel-homosexuel, etc.) qui strient d’avance la percepton, l’afectvité, la pensée, enfermant l’expérience dans des formes toutes faites, y compris de refus et de lute. Il y a de l’oppression en vertu de ce striage, comme on le voit à ces couples d’opposés qui tous enveloppent une hiérarchie : chaque disjoncton est au fond celle d’un majeur et d’un mineur.
[François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ed. Ellipses, 2003, p.40-41]
NON-BINARITÉ :
Dans le contexte des sciences sociales, les termes nonbinaire et genderqueer désignent les personnes dont l’identté de genre trouve dans le spectre du genre, c’est-àdire, qui ne sont ni hommes ni femmes, entre les deux ou un « mélange » des deux. La non-binarité s’oppose à la binarité sexuelle et à la hiérarchie des genres qui peut l’accompagner.
PARADIGME :
Un paradigme est une représentaton du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent du monde qui repose sur un fondement défni (matrice disciplinaire, modèle théorique, courant de pensée). Les révolutons scientfques induisent de nouveaux paradigmes, le nouveau modèle doit vaincre les obstacles épistémologiques* et être assez robuste pour remetre en cause le précédent. Les paradigmes étant fuctuants, la « vérité scientfque » à un moment donné ne peut représenter qu’un consensus temporaire. En sciences sociales, il décrit l’ensemble d’expériences, de croyances et de valeurs qui infuencent la façon dont un individu perçoit la réalité et réagit à cete percepton. Ce système de représentatons lui permet de défnir l’environnement, de communiquer à son propos,
voire d’essayer de le comprendre et de le prévoir.
PINK-WASHING :
Expression critque qui révèle une technique de communicaton par laquelle une entreprise, une entté politque ou une insttuton « lave » son image et se rachète une réputaton en s’afchant bienveillante envers les personnes LGBT, alors que les faits révèlent qu’il ne s’agit que d’une stratégie de relatons publiques sans véritables actons et investssements.
RHIZOME :
Concept théorisé par Gilles Deleuze et Félix Guatari dans l’ouvrage Capitalisme et schizophrénie, tome 2 : Mille plateaux (1980). Le rhizome est un système ouvert de « multplicités » sans racines, reliées entre elles de manière non arborescente. « À la diférence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très diférents et même des états de non-signes. Le rhizome ne se laisse ramener ni à l’Un ni au multple. Il n’est pas fait d’unités, mais de dimensions, ou plutôt de directons mouvantes. Il n’a pas de commencement ni de fn, mais toujours un milieu, par lequel il pousse et déborde. Il consttue des multplicités. » (p. 31)
STRAIGHT :
Droit, rectligne, hétérosexuel, voire hétéronormatf*.
TRANSHUMANISME :
Mouvement qui promeut l’utlisaton des découvertes scientfques et techniques pour l’amélioraton des performances humaines, qu’elles soient physiques ou mentales, via un usage avancé de nanotechnologies et de biotechnologies. Il peut s’agir de rendre la vue à une personne
non voyante, de faire marcher un homme paralysé avec des prothèses animées via un processeur ou encore de stmuler le cerveau pour luter contre la maladie de Parkinson. Les travaux se multplient dans de nombreux domaines pour améliorer les conditons de l’humain, pouvant même aller jusqu’à l’idée de s’extraire de cete conditon.