3 minute read

Héritage féministe et militant

UN HÉRITAGE FÉMINISTE ET MILITANT

Ces recherches autour de la théorie queer s’inscrivent dans la contnuité des travaux de nombreux·ses théoricien·ne·s féministes et des études de genre qui ont inité depuis bien longtemps le processus de déconstructon des codes genrés. Les mouvements féministes ont permis de redéfnir les modèles et la place des femmes, ce qui permetra notamment à la théorie queer de prendre en compte la pluralité des modèles de genre et de remetre en queston l’existence même de ces catégories.

Advertisement

Je me pose ici directement dans un contexte théorique post-identtaire 7 qui met en évidence l’entté « humain »

7 « La post-identité : identité non essentialiste. Une post-identité est une identité stratégique et contingente qui s’articule à la pratique politique du sujet, elle-même articulée au contexte politique global dans lequel cette pratique s’insère. La notion de vérité et d’authenticité du sujet est évacuée. Les individus se défnissent eux même selon leurs ambitions et la lecture qu’ils font de leurs constructions sociales. » CERVULLE Maxime, Réception et traduction culturelle du queer en France, Doctorat en Études Culturelles sous la direction de J.M Berthelot, Paris La Sorbonne, 2005.

plutôt que « homme » ou « femme ». Dans ce contexte de remise en queston des identtés de genre, certain·e·s théoricien·ne·s comme Judith Butler, pionnière de la théorie queer 8 , prennent leurs distances avec le féminisme de la diférence sexuelle. Mais il ne s’agit pas de nier les apports et les combats féministes de déconstructon des rôles de genre encore valables aujourd’hui. Si la théorie queer existe au-delà de ces catégories, elle ne nie pas leur existence dans la vie quotdienne et vise justement à les déconstruire. Pour Monique Witg, « femme » est une catégorie sociale qui appartent au système politque straight 9 , donc d’après elle, les catégories homme et femme deviennent obsolètes dès lors que l’on s’échappe de ce modèle (encore faut-il réussir à en sortr).

Depuis le début du XX ème siècle, les approches féministes du rapport à l’espace (domestque et public) partcipent à la remise en queston des normes patriarcales, hétéronormatves et reproductves. Virginia Woolf et Simone de Beauvoir en sont les pionnières avec Une chambre à soi (1929) et Le deuxième sexe (1949). Le travail de Charlote Perriand et celui d’Eileen Gray sont aussi évocateurs de la positon de ces femmes qui peinent à s’imposer dans le monde masculin de l’architecture. On remarque notamment un travail important sur l’architecture éphémère et sur les intérieurs, ce qui interroge la monumentalité de l’architecture et montre qu’une positon marginalisée ou moins favorisée permet aussi d’expérimenter une autre architecture. On peut aussi noter le travail de Dolores Hayden et de Beatriz

8 Notamment avec l’ouvrage de référence : BUTLER Judith, Trouble dans le genre, pour un féminisme de la subversion, éd. La Découverte, Paris, 2005 (parution originale : Gender Trouble, Feminism and the Subversion of Identity, Routledge, New York, 1990) 9 WITTIG Monique, La pensée Straight, éditions Amsterdam, Paris, 2013 (parution originale : Straight Mind, Beacon Press, 1992)

Colomina, ainsi que certaines architectures modernes qui semblent aussi amorcer une déconstructon des limites traditonnelles entre intérieur et extérieur (notamment la Glass House de Philippe Johnson et la Farnsworth House de Mies van der Rohe qui proposent des mises en scène alternatves de l’expression du genre et de la sexualité avec une nouvelle compréhension de l’intmité et du privé).

Dans un autre registre, à partr des années 1950, on commence à observer quelques exemples de déconstructon des codes traditonnels masculins. Notamment, l’univers du magazine Playboy, décrypté par Paul B. Preciado dans Pornotopie 10 , véhicule une nouvelle vision de l’homme célibataire moderne, homme d’intérieur émancipé de la structure familiale. L’idéal domestque alternatf et l’esthétque revendiquée comme virile véhiculés par Playboy théâtralise la masculinité et l’hétérosexualité. Mais ces représentatons sont si caricaturales qu’elles en deviennent un bon exemple pour metre en évidence le rapport genré porté par l’architecture.

Progressivement les normes sociétales et spatales sont remises en queston, les « sphères séparées » 11 et l’« impératf hétérosexuel » 12 sont condamnés. Elles metent en évidence les rapports entre genre et espace, et surtout le rôle de l’architecture dans la reproducton de ce biopouvoir* foucaldien.

10 PRECIADO Paul B. (Beatriz), Pornotopie : Playboy et l’invention de la sexualité multimédia, éd. Climats, 2011 11 Théorie des « Sphères séparées » dans DAVIDSON Cathy, HATCHER Jessamyn, No More Separate Spheres!: A Next Wave American Studies Reader, Durham & London : Duke University Press, 2002 12 RICH Adrienne, “Compulsory Heterosexuality and Lesbian Existence”, dans Signs, vol. 5, n. 4, 1980, p.631-660

This article is from: