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Introduction
from Queer(ing) Architecture, de l'espace queer à la queerisation de l'espace // Mahé Cordier-Jouanne
Il paraît que dans le projet de diplôme c’est l’expérience qui est la plus importante, que c’est à ce moment-là que les étudiant·e·s ont l’opportunité d’explorer et d’approfondir les questonnements qui leur tennent à cœur, que chacun·e peut exprimer sa fragilité, développer son obsession, parfois s’identfer, voire s’impliquer trop personnellement dans un sujet de diplôme. Ce n’est qu’une étape dans la vie d’un·e architecte, mais la pression est grande et on pense souvent faire le projet de notre vie. Il faut à la fois « s’amuser une dernière fois » à faire un projet totalement libre avant les contraintes du milieu professionnel et par le même projet convaincre ce milieu qu’on est capable d’être professionnel·le.
Personnellement, mon « truc » ce sont les études de genre. J’ai longtemps cru que ça n’avait rien à voir avec l’architecture, que cela resterait un intérêt personnel séparé de ma pratque professionnelle. Et pour cause, les questons de genre et de sexualité sont généralement sources d’embarras, partculièrement en France, où beaucoup
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considèrent qu’elles appartennent exclusivement à la sociologie, à l’anthropologie, à l’histoire et à la politque, mais pas à l’architecture (comme si elle existait dans un univers à part déconnecté du monde). Progressivement, à force de lectures, d’expériences et de rencontres, j’ai compris que l’architecture était une constructon sociale comme une autre, qu’elle est le produit d’une société et qu’elle véhicule et reproduit les idéaux ancrés dans cete société.
Beaucoup m’ont mis·e en garde contre l’aspect « engagé » du sujet, par peur du caractère clivant de la problématque. C’est un risque que je prends, non pas que je pense pouvoir faire l’unanimité et éviter toute dissonance cognitve*, mais parce que je crois en cete approche et que je suis convaincu·e de ce qu’elle peut apporter à l’architecture.
Cete démarche c’est aussi la volonté d’être un sujet actf et non plus un sujet d’étude. C’est « permetre à ceux qui sont habituellement les objets des discours des experts, à ceux dont on parle et qui restent silencieux sur leur propre expérience, de parler en leur propre nom, de manière à ce qu’ils deviennent maîtres de la formulaton de leur besoin. Que les parlés parlent, qu’ils résistent à des efets de dominaton sociale et symbolique, que les objets de discours deviennent les sujets de leurs propres discours ». 1
Mon approche de l’architecture est construite, ou plutôt déconstruite par les outls du « queer ». Queer est à la fois un nom, un adjectf, un verbe. Queer est une personne, un qualifcatf, une acton. Aussi, il s’agira ici de montrer ce que peut être le queer, d’abord d’un point de vue identtaire, puis au niveau des
1 BOURCIER Sam, Queer Zones, Politique des identités et des savoirs (trilogie), éditions Amsterdam, 2001 et 2011
espaces qu’il produit pour fnalement en extraire une démarche de projet.
Volontairement ce mémoire ne donne pas d’informatons précises sur la forme du projet présenté à l’examen. Il exprime avant tout une démarche architecturale dont le projet sera une propositon de mise en pratque et une interprétaton partculière de la méthodologie.
Par ailleurs, la parte « références » en fn d’ouvrage propose une liste non exhaustve des principales œuvres qui m’ont inspiré·e, accompagné·e et nourri·e pendant cete réfexion, autant les ouvrages académiques que les essais, les romans, les bandes-dessinées, les flms et les pièces de théâtre.