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ACTIFS NUMÉRIQUES

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ACTIFS NUMÉRIQUES « Des compétences pour les cryptos »

Les plateformes d’échange de cryptomonnaies séduisent des profils d’investisseurs jeunes, par leur facilité d’accès et d’utilisation. Ceci ne devrait pourtant pas occulter la technicité et les risques de ce type d’investissement. Se former reste indispensable.

GRÉGORY GUILMIN Le cofondateur de GG Smile recommande un minimum de prudence vis-à-vis des cryptomonnaies.

« Il faut réaliser un mini audit pour comprendre l’implication d’acheter des cryptomonnaies et de les laisser sur une plateforme d’échange. »

Les investisseurs de la génération dite des millennials démontrent un penchant prononcé pour les cryptomonnaies, bien davantage que les générations précédentes, notait un document de travail de la Banque des règlements internationaux (BRI), en juillet 2021. Un constat confirmé par KPMG, qui, en février 2022, indiquait que 46 % des détenteurs de cryptomonnaies ont moins de 35 ans, et que 21 % appartiennent à la tranche d’âge allant de 25 à 44 ans.

L’écart significatif intergénérationnel dans l’adoption des cryptomonnaies peut s’expliquer par le temps passé par les plus jeunes sur les réseaux sociaux, analyse Grégory Guilmin, cofondateur de GG Smile, dont la mission consiste notamment à accompagner des particuliers en vue de gagner en autonomie dans la gestion de leur patrimoine. À cet égard, celui qui a aussi été managing partner d’un family office observe un changement. « J’ai tenu une conférence dans une école en Belgique devant 220 étudiants de 18 ans, dont la majorité investit dans des cryptomonnaies, relatetil, ajoutant : Certaines plateformes d’échange de cryptomonnaies font appel à des influenceurs. Ça parle aux jeunes. Il y a nettement moins d’influenceurs qui font de la pub pour des banques traditionnelles. »

Grégory Guilmin observe d’ailleurs une méfiance visàvis des banquiers classiques de la part de certains millennials, n’ayant pas le sentiment d’être compris. Ils se tournent donc vers des plateformes en ligne où ils peuvent investir dans des cryptomonnaies, et de façon simple. Cette tendance pourrait même s’accélérer dans les années à venir avec « le transfert de patrimoine intergénérationnel colossal » en cours.

L’éducation financière Si de nombreuses heures d’apprentissage sont indispensables pour décrypter le fonctionnement des valeurs boursières, deux fois plus de travail est nécessaire en ce qui concerne les cryptomonnaies, estime Grégory Guilmin. La complexité de la technologie, les niveaux de réglementation encore peu matures et la facilité d’investir en ligne constituent autant de facteurs de risque qui le poussent à adopter une approche prudente. « Si un de mes clients veut investir une partie de ses avoirs en cryptomonnaies, je vais avant tout lui conseiller de se former. » Une trentaine d’heures de formation à hauteur de deux heures par semaine ne sont qu’un minimum.

« C’est important d’avoir des compétences de base, car il faut investir uniquement dans ce qu’on comprend. C’est la première règle », souligne Grégory Guilmin. Ce dernier a d’ailleurs pour habitude d’envoyer à ses clients un email contenant une dizaine de questions visant à évaluer la robustesse de leur approche. Leurs motivations, leur niveau de connaissances, leur façon d’investir, leur stratégie et leur comportement en cas de gains ou de pertes sont ainsi analysés. Et ce n’est que la première étape.

Simon Verjus (archives)

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Aussitôt, l’investisseur potentiel obtient l’assurance de ses compétences et de sa démarche, il peut effectuer des recherches quant à la plateforme et aux cryptomonnaies qui l’intéressent. « Il faut réaliser un mini audit pour comprendre l’implication d’acheter des cryptomonnaies et de les laisser sur une plateforme d’échange », rappelle Grégory Guilmin. Cela consiste notamment à analyser à qui appartiennent légalement les cryptomonnaies achetées, mais stockées sur une plateforme en ligne. Mais aussi à identifier les conséquences potentielles en cas de hack de la plateforme ou de faillite.

Les défis de l’accès à l’information Poser des questions est une chose, obtenir des réponses en est une autre. Grégory Guilmin en a bien conscience. Afin de conseiller ses clients au mieux, il a envoyé un email à plusieurs plateformes d’échange de cryptomonnaies, mais n’est pas convaincu du résultat. Par exemple, « quand je demande un schéma explicatif sur leurs flux financiers liés au staking (une source de revenus passifs par l’immobilisation de cryptomonnaies, ndlr), impossible de recevoir quoi que ce soit », déploretil.

L’arrivée du règlement Mica en 2023 devrait, en revanche, créer un cadre pour l’émission et la fourniture de services liés aux cryptoactifs. Grégory Guilmin y voit une opportunité de transparence : « Si je fais un parallèle avec les produits financiers classiques, le règlement Mifid a permis aux investisseurs de comprendre dans quoi ils investissent, avec l’obligation pour les émetteurs de fournir de la transparence. » Les investisseurs devraient donc bénéficier d’une meilleure protection au fur et à mesure que le secteur des cryptomonnaies entre dans une phase de réglementation.

Auteur BENOÎT THEUNISSEN

9.898

En juillet 2022, le fournisseur de données CoinMarketCap avait recensé l’existence de 9.898 cryptomonnaies. Elles n’étaient encore qu’au nombre de 7 en 2013. Il en existerait cependant 20.268, mais une grande partie n’est plus active ou valorisée.

Protéger ses crypto-actifs

« Comment souhaitez-vous investir dans des cryptomonnaies ? » Cette question, Grégory Guilmin la réserve à tout client qui voudrait se lancer dans des investissements liés à la finance décentralisée. Simple en apparence, la question suscite pas mal de doutes, car s’il est relativement aisé d’ouvrir un compte sur une plateforme en ligne, il en va tout autrement lorsque l’investisseur souhaite conserver ses cryptomonnaies sur une clé physique sécurisée, communément appelée cold wallet. DES RISQUES La faillite de la plateforme FTX, amorcée en novembre 2022 à la suite de l’acquisition avortée par Binance, comme annoncé le 8 novembre 2022, risque de marquer une date-clé dans l’histoire des cryptomonnaies. La situation a conduit à ce que les transactions via la plateforme soient arrêtées du jour au lendemain, et que des clients ne sachent pas comment récupérer leurs sommes investies. Cet épisode s’ajoute aux nombreux hacks dont ont été victimes plusieurs plateformes au cours de la dernière décennie. Des investisseurs préfèrent donc conserver leurs actifs sur des clés physiques. LA SOLUTION IDÉALE ? Conserver soi-même des crypto-actifs sur une clé physique sécurisée par un chiffrement semble donc être la solution idéale pour prévenir tout risque de faillite ou d’attaques informatiques contre les plateformes. Si des risques sont évités, d’autres apparaissent. En effet, détenir un cold wallet nécessite un minimum de connaissances techniques afin non seulement d’être en mesure de choisir le dispositif le plus fiable, mais d’être aussi capable de l’utiliser. Il existe également toute une série de risques opérationnels, tels qu’oublier le code d’accès de sa clé, perdre l’objet ou se le faire voler. LA SÉCURITÉ AVANT TOUT Utiliser un cold wallet reste plus onéreux que les solutions en ligne, requiert des connaissances spécifiques et offre une expérience utilisateur peu favorable. Les personnes optant pour cette solution sont donc des investisseurs avertis. La sécurité a un prix, mais pas celui de la facilité.

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