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CONVERSATION JILL ROOTSAERT

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FORECAST

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« L’investissement durable, tendance majeure des ETF »

Au cours d’une année 2022 troublée, où la volatilité des marchés a été marquée, de nombreux investisseurs se sont repositionnés sur les ETF. Selon Jill Rootsaert, head of ETF Benelux au sein de J.P. Morgan Asset Management, les ETF ESG ont par ailleurs le vent en poupe. Interview QUENTIN DEUXANT Photo JÉRÉMIE SOUTEYRAT

Selon Jill Rootsaert, head of ETF Benelux chez J.P. Morgan AM, les ETF ESG connaissent une forte croissance.

2022 a été une année compliquée sur les marchés financiers. Comment s’en sont sortis les ETF ? Peu importe la position géographique, les ETF ou Exchange Traded Funds (stratégies d’investissement actives ou passives répliquant principalement la performance d’indices) sont des véhicules de choix, dont les flux croissent chaque année. Le marché américain des ETF s’impose depuis 30 ans. Les ETF actifs ont notamment séduit les investisseurs, provoquant une croissance des actifs sous gestion de 60 % en cinq ans. En Europe aussi, le marché des ETF a connu une belle évolution, et cette région est devenue un précurseur en ce qui concerne les ETF obligataires et surtout les ETF ESG. Les questions ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) sont au cœur des différents secteurs, marchés, organisations et, par conséquent, les ETF ESG affichent aujourd’hui l’une des plus importantes croissances observées sur le marché. Depuis la crise financière de 2008, le marché européen maintient une croissance annuelle moyenne du volume d’actifs de 20 %. Cette année, le flux d’actifs en ETF a même dépassé celui des mutual funds, ce qui constitue un véritable changement structurel. La tendance ne devrait pas s’arrêter là. Il y a une forte dynamique en termes d’offre, avec le lancement de nouveaux supports pour répondre à une demande croissante.

Qu’est-ce qui explique cette attractivité dans un contexte pourtant difficile ? L’année 2022 a été bouleversée par plusieurs évènements majeurs. Les marchés ont été chamboulés par le retour d’une inflation haute, la hausse des taux directeurs et une épidémie de Covid-19 toujours présente. Sur un plan géopolitique, le conflit en Ukraine cause une grande incertitude et nous percevons encore difficilement les conséquences économiques à long terme de cette guerre. Dans un monde en rapide évolution, les facteurs ESG constituent une préoccupation majeure pour de nombreux investisseurs, qui poursuivent un double objectif : générer de la performance tout en respectant un certain nombre de paramètres extrafinanciers. Au cœur de cette période incertaine, le niveau de transparence, la grande liquidité et l’accessibilité des ETF ont permis aux investisseurs de saisir des opportunités et de développer leur portefeuille à des prix compétitifs, tout en restant dans un cadre environnemental, social et de gouvernance solide.

Vous évoquez la transition des ETF vers l’ESG. S’agit-il d’une révolution déjà bien entamée ou seulement du début d’une nouvelle tendance ? Les ETF ESG constituent une gamme de solutions d’investissement prisée depuis plusieurs années. Nous proposons des Ucits ETF depuis cinq ans et nos encours représentent 10 milliards de dollars. 60 % d’entre eux sont classifiés « article 8 » ou « 9 » du règlement SFDR. Nous ne parlons plus d’une nouvelle tendance, mais d’un changement structurel. En 2021, la moitié des ETF achetés étaient ESG ; un an plus tard, les flux ETF ESG représentent 62 % des achats. Les critères ESG peuvent désormais affecter la performance des investissements, et leur intégration dans le processus de décision contribue à la performance financière à long terme. Dans les prochaines années, les ETF durables – classés « article 8 » ou « 9 » de SFDR – continueront à se développer. À mon sens, nous devrions assister à une forme de segmentation de ces actifs, avec un développement accru des aspects sociaux et de gouvernance.

L’incertitude ambiante se traduit aussi par une demande accrue de maîtrise de la part des investisseurs. Comment répondre à ce besoin avec les ETF qui, par définition, suivent l’évolution d’un indice boursier ? Nous prônons la gestion d’ETF actifs, actions et obligataires, avec une approche d’investissement qui cherche à offrir une surperformance régulière en maintenant un faible tracking error et un alpha consistant dans le temps. Nous sommes en mesure de répliquer les indices efficacement et d’offrir un accès abordable à de nouvelles opportunités grâce à des méthodes actives, stratégiques et indicielles innovantes.

« Nos encours en Ucits ETF atteignent 10 milliards de dollars, avec plus de 60 % d’ETF

ESG.»

1.400 MILLIARDS EN EUROPE

Au milieu de l’année 2022, les ETF (Exchange Traded Funds) sur le marché européen comptaient pas moins de 1.400 milliards de dollars sous gestion. C’est moins que ce que pèsent les ETF américains (6.800 milliards de dollars), mais l’Europe reste tout de même le deuxième marché au monde en la matière. Le succès de ce véhicule, depuis sa création en 1990, s’explique certainement par la démocratisation de l’accès aux investissements qu’il permet : en une seule transaction, avec un seul produit, on peut avoir accès à une grande variété de valeurs, ce qui réduit considérablement les frais.

Macroéconomie

Gilles Moëc, chief economist du Groupe AXA et directeur de la recherche chez AXA IM.

Marchés financiers : des perspectives délicates

Contenu sponsorisé par AXA IM

Conséquence d’une année 2022 troublée, le durcissement des politiques monétaires annonce des mois difficiles pour les acteurs des marchés financiers.

Fournir un conseil pertinent aux investisseurs implique de disposer d’un grand nombre de données et d’une capacité à les décrypter de façon cohérente. C’est une des missions qui incombent, au quotidien, au département recherche d’AXA Investment Managers (AXA IM). « Notre travail combine à la fois des analyses macroéconomiques et des recherches microéconomiques sur certaines sociétés, explique Gilles Moëc, chief economist du Groupe AXA et directeur de la recherche chez AXA IM. Pour réaliser ces tâches, nous récupérons et traitons un certain nombre de données, issues de sources fiables, et qui portent tant sur des critères économiques que sur des facteurs non financiers, comme l’ESG. Sur cette base, nous pouvons donner des perspectives plus claires sur l’évolution des marchés financiers tant à nos clients qu’à nos collaborateurs. » 2022, annus horribilis? Grâce à une équipe de recherche de 45 personnes, AXA IM dispose d’une vision très fine des enjeux actuels, ainsi que d’une solide capacité à établir un bilan des mois écoulés. À cet égard, il est peu dire que 2022 fut une année difficile pour les marchés financiers. « La guerre en Ukraine a joué un rôle dans cette situation, mais la réaction des marchés va bien au-delà de ce seul événement, estime Gilles Moëc.

Eva Krins (Maison Moderne) Photo

On assiste surtout à un véritable changement d’époque, avec des banques centrales qui durcissent leur politique monétaire, et ce de façon très rapide. Le choc est d’autant plus violent que nous sortons de 15 années de grande bienveillance de la part de ces mêmes institutions. »

D’après l’expert d’AXA IM, ce changement de politique monétaire devrait durer. L’inflation que nous connaissons aujourd’hui, et contre laquelle les banques centrales tentent de lutter, n’est en effet pas uniquement due à la guerre en Ukraine et à ses conséquences sur le prix de l’énergie. « Aux États-Unis, on voit par exemple que la hausse du coût de la vie, qui dépend moins de l’augmentation du prix de l’énergie que de la pénurie de main-d’œuvre, a désormais tendance à s’auto-entretenir, ce qui ne s’était plus produit depuis très longtemps », détaille l’économiste.

Vers une grande volatilité La question que doivent désormais se poser les

HAUSSE DU TAUX DIRECTEUR

En quelques mois, le taux directeur de la BCE a été relevé à plusieurs reprises en 2022.

2 %

1,5 %

1 %

0,5 %

« D’ici à ce qu’on atteigne un nouvel équilibre, il faut s’attendre à 5 ou 6 mois très difficiles. »

Gilles Moëc

Chief economist du Groupe AXA et directeur de la recherche chez AXA IM

investisseurs est de savoir quand les banques centrales s’inscriront dans une dynamique de normalisation monétaire, avec une stabilisation des taux directeurs. S’il est évidemment difficile d’établir une date précise à laquelle cela se produira, Gilles Moëc pointe, au mieux, le printemps 2023. « Jusque-là, les marchés vont être particulièrement volatils, relève-t-il. D’ici à ce qu’on atteigne le point d’équilibre, il faut donc s’attendre à 5 ou 6 mois très difficiles, au cours desquels il sera complexe pour les acteurs du marché de prendre de grandes décisions stratégiques. » Un autre élément cristallise l’inquiétude de l’analyste d’AXA IM : l’effondrement de la demande. « Les entreprises sont jusqu’ici parvenues à intégrer l’augmentation de leurs coûts dans le prix de leurs produits sans que cela ait des conséquences sur leurs ventes, la demande restant soutenue, explique-t-il. Mais ce n’est désormais plus le cas. »

Autre changement majeur lié à la situation actuelle : le retour au premier plan du « cash ». La hausse des taux d’intérêt a en effet pour conséquence de permettre aux liquidités de rapporter de l’argent, ce qui n’était plus le cas depuis au moins 20 ans. « Par contre, les actifs peu balisés, comme les cryptomonnaies, souffrent énormément. Du côté d’AXA IM, nous avons toujours considéré que l’engouement pour ce type de produit était purement spéculatif et que ce système courrait à la catastrophe  1 . On voit aujourd’hui que notre analyse était correcte », commente Gilles Moëc.

Pour conclure sur une dernière tendance plus positive, il est difficile de ne pas évoquer l’engouement pour l’investissement durable. « L’Union européenne a abattu un travail formidable avec sa Taxonomie et des réglementations comme SFDR 2. Elle dispose désormais d’un écosystème complet dédié à l’investissement durable. La difficulté est liée au fait que toutes les régions du monde ne lui ont pas emboîté le pas, ce qui est problématique pour certains acteurs globaux. En outre, si certains États américains, par exemple, ‘punissent’ les asset managers dont les politiques par rapport aux énergies fossiles vont à l’encontre de leurs intérêts, cela va poser un souci de compétitivité », conclut Gilles Moëc.

1 Les fonds d’AXA IM ne sont pas exposés au cryptomonnaies. 2 La règlementation SFDR dote les gérants d’actifs comme AXA IM d’un cadre leur permettant de rendre compte de l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), tant au niveau de l’entreprise que des fonds. AXA IM EN QUELQUES CHIFFRES

817

Fin septembre 2022, AXA IM gérait 817 milliards d’euros d’actifs pour le compte de clients institutionnels et particuliers.

563

Leader sur le marché de l’investissement durable, AXA IM gère 563 milliards d’euros d’actifs intégrant des critères ESG, durablesou à impact (selon les chiffres de fin décembre 2021).

2.460

AXA IM compte 2.460 collaborateurs dans le monde. 45 personnes font partie du département Recherche, dont le rôle est d’analyser le marché.

18

AXA IM est implanté dans 18 pays et compte 23 bureaux dans le monde.

Pour en savoir plus sur AXA IM, rendez-vous sur www.axa-im.lu

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