paperJam economie & finances mars 2013

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ÉDITO

Succession story 1 Benji Kontz (Arnold Kontz Group) 2 Laurent Decker (Decker-Ries) 3 Isabelle Lentz (Brasserie Nationale)

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4 Antoine Clasen (Bernard-Massard)

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5 Jean Muller (Moulins de Kleinbettingen) 6 Timothé Fuchs (Fuchs & Associés Finance) 7 Paul Elvinger (Elth) 8 Lynn Grosbusch (Marcel Grosbusch & Fils) 9 Christophe Thiry (Karp-Kneip) 10 Goy Grosbusch (Marcel Grosbusch & Fils) 11 Laura Ferber (Ferber Hair & Style)

MARS 2013

par Jean-Michel Gaudron, directeur de la rédaction, rédacteur en chef – paperJam

E D O I PÉ R n ces temps économiquement compliqués, la certitude est à l’avenir ce que le cheval est à la lasagne au bœuf : une anomalie. Très peu d’entreprises sont, aujourd’hui, capables d’élaborer des stratégies sur le long terme. De même, très peu d’hommes politiques semblent vraiment capables de se projeter au-delà de la prochaine échéance électorale de 2014. Pourtant, l’avenir d’une entreprise et, à plus forte raison, celui d’un pays doivent se préparer. Et le plus à l’avance possible. Ce n’est pas à six mois de la retraite qu’un dirigeant doit commencer à y penser. Ce n’est pas à quelques mois du jugement des urnes que la classe politique doit s’y mettre. Laisser aux générations futures une entreprise / un pays en bon état doit, a priori, être la base de toute action dirigeante ou politique à la mode « bon père de famille ». Mais entre les belles intentions et la réalité du terrain, il y a parfois un gouffre. La thématique de la succession, comme en témoigne notre coverstory de ce

E

S E N U DE J E

mois-ci, intéresse de plus en plus les entrepreneurs, accompagnés en cela par des armées de banquiers, fiscalistes et autres juristes. Il en va de la pérennité de sociétés, parfois élevées au rang d’institutions nationales, sur un piédestal fort de nombreuses années. À l’échelle de la classe politique, si le régime démocratique ne se prête guère aux manœuvres de succession familiale, la pérennité du pays ne doit pas moins rester une priorité absolue. À la tête d’une entreprise, un dirigeant peut légitimement prétendre à la valorisation de sa propre personne. Mais à partir du moment où il est question d’un pays, l’intérêt national doit prévaloir sur les intérêts personnels, sans aucune réserve ni exception pouvant confirmer la règle. Les initiatives « citoyennes » se multiplient pour se pencher au chevet d’un pays qui n’est certes pas encore à l’agonie, mais dont la santé va se fragilisant. « 2030.lu », qui sera officiellement présentée le 20 mars, se profile comme une boîte à idées géante, qui compilera quelques autres de ces ini-

tiatives, avec pour ambition de susciter, chez les dirigeants politiques, une réelle prise en mains dans quelques-uns des dossiers les plus « chauds » pour l’avenir du pays. En ayant aussi en tête qu’en 2030, ce sera au tour de la « jeune » génération d’aujourd’hui de s’inquiéter de ce qu’elle laissera à sa propre relève. Le mouvement se doit d’être perpétuel. Préserver au mieux l’existant tout en développant de nouvelles approches : voilà la quadrature du cercle à laquelle sont confrontés tous ceux qui se consacrent à ce sujet. La nouvelle génération d’entrepreneurs l’a, en grande partie, déjà bien compris. La nouvelle génération politique aussi. Le problème est qu’elle a beaucoup plus de mal à percer sur un terrain déjà bien occupé par les « anciens ». Alors que commence le carême, cette période de jeûne de 40 jours qui précède la fête de Pâques, le pays serait peutêtre bien inspiré de se lancer (pour 40 ans ?) dans une vraie période de jeunes, avant que les choses ne clochent de trop. Mars 2013 —

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Getting the right structure calls for expert analysis Deloitte Luxembourg’s app is


SOMMAIRE

03/ SOMMAIRE 2013 www.paperjam.lu

ON EN PARLE

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12 GROS PLAN

Bettel, l’inclassable

Plongée au cœur de la « Bettelmania », un phénomène qui ne dit pas toujours son nom… « Je suis comme je suis », répond l’intéressé… E & POLITIQU ÉCONOMIE

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28 INFRASTRUCTURES

Grands travaux, moyens réduits Les efforts budgétaires du gouvernement concernent aussi les travaux publics. Parmi les priorités : Belval, Gasperich et les infrastructures scolaires.

36 2030.LU

44

Ni punk attitude, ni conservatisme

Citoyens et associations se bousculent au chevet du pays. Les initiatives veulent, sans tabou ni révolution, lui donner un nouvel horizon.

40 DIALOGUE SOCIAL

Entre monologue et cacophonie

Le projet de loi portant réforme du dialogue social en entreprise existe. Les commentaires ne manquent pas, surtout en coulisse.

COVERS

TORY

46 HISTOIRES D’ENTREPRENEURS

aires de famille 44 ENTREPRISES FAMILIALES Aff Soit leur nom est une marque, soit ils contribuent à donner

SUCCESSION STORY

Au Luxembourg, 70 % des entreprises sont dites « familiales ». Et elles représentent 60 % du produit national brut. Cela les rend incontournables. Elles sont parfois discrètes, parfois très médiatiques. Les fratries qui en tiennent les rênes sont du même acabit, tantôt plutôt dans l’ombre, tantôt captant la lumière. Et dans tous les cas, cela confère un côté fascinant à cet ensemble. Il était donc a priori intéressant de se pencher sur ces affaires de famille, dans la mesure où elles s’apparentent à un modèle très fort, voire structuré, à l’échelle du pays et de son tissu économique. De manière un peu aléatoire, paperJam a rassemblé une bonne dizaine de ces (parfois très) jeunes entrepreneurs, appelés à prendre le relais. Leurs parcours sont faits d’expériences, d’immersion totale, d’implication dans le projet, de perspectives…

de l’éclat à une entreprise dirigée par un de leurs parents. Quand parcours de vie et business vont de pair.

56 VUES D’ENTREPRENEURS

Succession rime avec vision

Ils ont planté les jalons qui les mènent vers la reprise de l’affaire familiale. L’objectif de la jeune génération est le même que celui de leurs aînés : maintenir la pérennité de l’entreprise.

60 PATRIMOINE

Le casse-tête de la reprise

Céder ou reprendre une entreprise familiale implique son lot de complications. Des réformes structurelles aideraient à maintenir ce pan primordial de l’économie luxembourgeoise.

Mars 2013 —

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SOMMAIRE

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03/ SOMMAIRE 2013

78

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121

82 E N T R E PR

ISES

82 START-UP

La communication locale

66 EN BREF dans les nuages

L’actu

Communiqués, brèves, chiffres… Le choix de la rédaction.

74

MANAGEMENT

Comment tenir la baguette ?

L’expression « mener à la baguette » n’a pas le même sens que l’on soit face à un orchestre ou à ses employés. Cependant, les analogies entre la direction d’entreprise et la direction musicale sont nombreuses. Ces deux univers ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre.

78 PME-PMI

Offrir aux PME les moyens de communiquer dans différentes langues et via un maximum de canaux. L’idée de Jeeni a convaincu les réseaux soutenant l’entrepreneuriat luxembourgeois. Reste à faire tourner le modèle économique. USSI... À LIRE A

10 AGENDA

À suivre... Événements et invitations, à toutes fins utiles.

Gestion de faillites 121 OPINION et failles de gestion Pour quel droit de vote De petites entreprises souffrent, voire disparaissent. La législation s’adapte. Les acteurs de terrain ont besoin au Luxembourg ?

de davantage de prévention et d’expertise, mais il faut aussi une remise en cause de certaines habitudes...

Par Joëlle Letsch

Mars 2013 —


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SOMMAIRE

03/ SOMMAIRE 2013

108

96

112

PLACE

F

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IÈRE I NA N C

90 FISCALITÉ

Tectonique de place

L’instauration de l’impôt minimum sur les sociétés, le remplacement du célèbre préposé Marius Kohl et d’autres aménagements fiscaux discutables laissent croire à une divergence d’intérêts entre le gouvernement luxembourgeois et les professionnels du secteur financier. Ce ne serait que transitoire.

DÉ S I R S

102 CULTURE

Pour ne rien manquer 96 BANQUES

La reculade des allemandes

Les Landesbanken quittent une à une le Grand-Duché. Les pressions exercées sur le système bancaire allemand se font de plus en plus sentir de ce côté-ci de la Moselle. À surveiller.

100 LES DIX VÉRITÉS DE…

Marc Saluzzi

Les personnalités qui font l’actualité, les rendez-vous à ne pas rater, les films et les expositions à voir…

108 NOUVEAUTÉS

Pour ne manquer de rien Les nouvelles boutiques, les gadgets (pas si) indispensables, les restaurants incontournables, le look à adopter, les fautes de goût à ne pas commettre…

Le président de l’Alfi, en interview sur paperJam.TV.

112 INTERVIEW Tosples5plus lus

cle vier des arti m.lu du 23 jan a J r e p 13 a sur p vrier 20 au 20 fé

z RBC tifs che

’effec ction d fois lu 3.126 voyait itial pré plan in de postes n u : C s n io 2/ RB ss ppre ga fois 500 su ans Me lu 2.879 tcom d Kim Do e d ié c sso rg r Buck a lu 2.315 fois embou 3/ Xavie am Lux learstre C z e h c fois r éparts lu 1.984 ur Glass Cente 4/ 125 d ncée po o n ro p e fois 5/ Faillit lu 1.873 1/ Rédu

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Les matériaux ont un caractère

Depuis une dizaine d’années, la designer luxembourgeoise Dunja Weber est installée à Milan. Elle y a ouvert son propre studio et nous présente sa façon de travailler.

114 DELANO’S GREEN PARTY

Style watch

Un événement passé à la loupe des chasseurs de style.

Mars 2013 —


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AGENDA

À suivre CONFÉRENCES

Les mardis de la propriété intellectuelle Initié le 26 février avec les notions de base des droits de propriété intellectuelle, le cycle de conférences des mardis de la propriété intellectuelle proposera, en mars, trois autres rendez-vous : « Stratégie de protection du design », avec Diter Wuytens (Benelux Office for Intellectual Property) ; « Les principes du droit d’auteur », avec Jean-Luc Putz (juge au tribunal d’arrondissement de Luxembourg) et « Stratégie de protection des logiciels), avec Matthieu Farcot (Smile). Lieu : Centre de conférences de la Chambre de commerce Infos et inscriptions : www.luxinnovation.lu

3 06/10 7h00 de 30 à 19h

SEMINAR

Photo : Jessica Theis (archives)

Islamic Banking

3 14/10 8h30

CONFERENCE

de h00 à 20

Regional and urban development 6th part of the conference cycle, organised by the Sacred Heart University. In this part, the topics will be “Urban and regional development”, with Markus Hesse (University of Luxembourg) and Paul Helminger (former Mayor of Luxembourg City); “Luxembourg: The epicenter of the Grande Région”, with Claude Gengler (Forum EUROPA Foundation, Luxembourg) and “The long-term competitive position of Luxembourg”, with Lionel Fontagné (Université Paris I, Panthéon Sorbonne, in picture). Location: European Investment Bank Information & registration: http://www.media-awards.lu/

133 14/0

h30 de 18 h30 à 20

3 18/10 8h30

de h30 à 20

SÉMINAIRE

CONFÉRENCE

Expatriation fiscale pour les Français

Associés pour le meilleur…

À l’heure où certains « exilés fiscaux » français font la une de l’actualité, Academy & Finance s’intéresse aux stratégies de transfert de résidence, voire de changements de nationalité, en fonction de sa situation patrimoniale. Les deux jours de conférence proposeront notamment un comparatif fiscalité / confidentialité entre la Belgique, la Suisse et le Luxembourg. Lieu : Hôtel Le Royal Infos et inscriptions : www.academyfinance.ch

Dans le cadre de son programme Business mentoring, la Chambre de commerce organise une conférence intitulée « Bien gérer sa relation d’associés pour durer », animée par Marie-Laure Voisard et Dominique Amblard, deux spécialistes de la thématique, eux-mêmes associés depuis plus de 11 ans. La conférence s’articulera autour de cas pratiques tirés de leur propre expérience, issue de leurs interventions en coaching d’entreprise auprès de nombreux dirigeants, associés et managers. Lieu : Chambre de commerce Infos et inscriptions : www.businessmentoring.lu/inscription

3 14/h030 19

Market and business opportunities: unmet demand from muslim clients and interest from non-muslim ones. How can Islamic Finance professionals address both types of clients in retail banking ? Jean-Luc Karleskind (Luxembourg School for Commerce) will talk about the impact of Islamic Finance. Then, a panel with IFPA’S founders, with, among others, Germain Birgen (RBC Investor Services, in picture) will share different experiences. Location: Auditorium BGL BNP Paribas, 27 avenue Monterey Info and registration: www.ifpa.lu

— Mars 2013

LUNCH-CONFERENCE th

24 Midi de la microfinance Impact investing is the new kid on the investment block. The term is brand new, but the practice it refers to has been around for a long time. The guest speaker, Professor Dr Harry Hummels, will focus on the importance of impact measurement from the viewpoint of a forwardlooking investor. He will also comment on the future of microfinance as an impact investment branch. Location: Auditorium de la Banque de Luxembourg Info and registration: http://midi.microfinance.lu

19 3 20/0

3 20/0h30

de 8 00 à 18h

CONGRÈS

La gestion de projet Photo : David Laurent (archives)

h30 de 18 h30 à 20

Photo : David Laurent (archives)

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Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg. Séminaires, conférences, séances académiques…

Pour la 7e fois, le CRP Henri Tudor organise le grand rassemblement annuel des professionnels de la gestion de projet, pour le plus grand événement du genre dans la Grande Région. Conférences, ateliersformations, retours d’expériences : ce congrès propose un panel de présentations représentatives dans les secteurs de la banque, de l’industrie, des transports et des administrations publiques. Lieu : Chambre de commerce Infos et inscriptions : pm-congress@tudor.lu

FONDS D’INVESTISSEMENT

Conférence de printemps d’Alfi L’un des deux rendez-vous incontournables organisés par l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement réunira encore plusieurs centaines de professionnels venus du monde entier. Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures, sera un des intervenants de cette conférence. Lieu : Centre de conférences du Kirchberg Infos et inscriptions : www.alfi.lu

3 20/0 CONFÉRENCE

Lancement du projet 2030.lu « L’avenir du Luxembourg nous concerne tous ». Tel est le leitmotiv de l’initiative 2030.lu, dont un coin du voile a déjà été levé (lire l’article en page 32), mais qui sera officiellement présentée à la Chambre de commerce en présence de nombreuses personnalités. Lieu : Chambre de commerce Inscriptions : www.2030.lu


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR

Le bain de foule : un exercice dans lequel Xavier Bettel excelle. Pour le bourgmestre-député de Luxembourg-ville, nouveau chef de file du DP, le contact rapproché et la communication à outrance font partie de son ADN. Pas étonnant, dès lors, qu’il soit devenu, cet automne, le politicien le plus populaire du pays, devant Jean-Claude Juncker.

Bettel, l’inclassable Gros plan

Brillant politicien pour les uns, grand brasseur de vent pour les autres : le nouveau président du DP détonne dans le paysage politique et sociétal luxembourgeois. Plongée au cœur de la « Bettelmania », un phénomène qui ne dit pas toujours son nom. Texte Jean-Michel Gaudron

— Mars 2013


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

te e haut g a m i e Une couleur un ’ n d e einte ment r p em lonne t l boui rmanen e p

E

ntrer dans le bureau de Xavier Bettel, au 1er étage de l’Hôtel de Ville, c’est s’offrir un voyage en dehors du temps et de l’espace. Tableaux multicolores, bibelots en tous genres et photos personnelles se disputent la place, au point que l’on peut presque se demander s’il est encore possible d’en rajouter. « Je m’y sens comme chez moi », explique l’intéressé. Haute en couleur et empreinte d’une impression de bouillonnement permanent : l’image du lieu de travail du bourgmestre de Luxembourg-ville colle en effet parfaitement à celle de son locataire. À l’aube de ses 40 ans, qu’il aura le 3 mars prochain, Xavier Bettel affiche un parcours politique pour le moins vertigineux, qui lui a déjà occupé plus de la moitié de sa vie. À 18 ans, il est élu vice-président des jeunesses démocratiques libérales, puis président à 21 ans. À 26 ans, il fait son entrée à la Chambre des députés, devient échevin de la Ville de Luxembourg à 32 ans, président de la fraction parlementaire du parti libéral (DP) à 36 ans, bourgmestre de la capitale à 38 ans, président du parti à 39 ans et 11 mois… On imagine que la liste est loin d’être exhaustive quand on connaît la longévité potentielle des politiciens. « Phénomène ». Le mot revient régulièrement à la bouche de ceux – alliés ou opposants – qui observent son ascension fulgurante. La seule lecture du dernier résultat du PolitMonitor Lëtzebuerg semestriel réalisé par TNS-Ilres permet de se faire une idée de son ampleur : Xavier Bettel détrône Jean-Claude Juncker en tant qu’homme politique le plus sympathique dans le « c œur » des Luxembourgeois : 83 % contre 78 %, alors que l’écart était inverse six mois plus tôt (79 % contre 85 % pour le Premier ministre), mais sans commune mesure avec le gouffre qui séparait les deux hommes à l’automne 2011 (59 % contre 84 %). « Xavier Bettel fonctionne par paliers, observe Charles Margue, directeur des études de l’institut de sondage TNS-Ilres. Après les élections de 2009, il a gagné 10 points. Après être devenu bourgmestre, en 2011, il a fait un bond de 20 points… Et il se maintient. Et ce qui est intéressant, c’est qu’il est perçu par les Luxembourgeois comme aussi sympathique que compétent, alors qu’il y a un écart plus grand entre ces deux critères pour Juncker. J’avoue que moi-

HOMOSEXUALITÉ

Pas un porte-drapeau Xavier Bettel n’a jamais caché son homosexualité, même si son « outing » officiel ne date que de juin 2008, lors d’une interview sur RTL. Si cela ne lui a pas valu que des mots gentils de la part de certains adversaires politiques, cela lui a évidemment valu aussi beaucoup de sympathie de la part de citoyens soulagés de pouvoir compter sur une oreille attentive. « Je me rappelle d’une mère de famille qui, à la suite de l’interview sur RTL, m’avait contacté, car elle vivait très mal l’homosexualité de son fils et était même prête à le mettre à la porte. Cela l’a libérée et nous sommes devenus, depuis, de très bons amis et son fils est très heureux, toujours avec le même compagnon. » La communauté homosexuelle du Luxembourg, elle, se réjouit évidemment de cet éclairage médiatique conséquent, mais ne cherche pas pour autant à en tirer le moindre avantage. Gabriele Schneider, la présidente de l’association Rosa Lëtzebuerg, qui milite contre toute forme de discrimination envers la population LGBT (lesbien, gay, bi-, trans-), ne cache pas sa très haute considération pour le personnage. « C’est un homme très professionnel et un très bon avocat, qui a suivi son chemin politique. C’est aussi un homme de très grande tolérance, ce qui est essentiel pour suivre les évolutions de la société dans sa modernité. Le fait qu’il réussisse reste évidemment très important pour nous, car cela s’inscrit dans un contexte de plus grande tolérance que l’on observe dans le pays ces dernières années. Il y a 30 ans, cela aurait été sans doute beaucoup plus difficile. Clairement, la présence d’un tel homme dans sa position pourra nous aider à faire passer certains messages et sensibiliser la population à certaines thématiques. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons en abuser. » J.-M. G.

même, au commencement, je pensais que Xavier Bettel était plus sympathique que compétent. » La prochaine livraison du PolitMonitor, en avril prochain, sera évidemment très intéressante sur ce plan-là. « Franchement, je ne sais pas du tout à quoi il faut s’attendre, commente M. Margue. C’est un phénomène qui nous échappe. » Mais quels que soient les chiffres, ils ne constitueront qu’une simple indication ponctuelle, non dénuée, certes, d’une certaine symbolique. Surtout à un an des prochaines élections législatives, où l’on commence à se demander dans quelle mesure le DP ne pourrait pas effectuer un certain retour en force sur l’échiquier politique après avoir plongé en 2004 et touché le fond en 2009. L’aura de son nouveau président lui servira-t-elle de tremplin ? Romain Hilgert, un des plus grands spécialistes politiques du pays et rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land, émet quelques réserves. « Quand on entend un discours de Bettel, on l’entend surtout parler de luimême. Il est difficile de vraiment cerner ses positions politiques. Sans doute même en change-t-il en fonction de son public. Il est plutôt adepte d’une politique clientéliste comme Lydie Polfer ou d’autres politiciens communaux qui seraient prêts à venir réparer eux-mêmes un trottoir défectueux devant la maison d’un de leurs électeurs. Je pense qu’il a surtout du succès grâce à sa personnalité et non pas par ses positions politiques. Ce sera peut-être différent maintenant qu’il est président. Avant, il était un peu un électron libre au sein du parti et il menait sa propre politique, sans s’exprimer, au moins publiquement, sur les débats internes au DP. A-t-il seulement envie de vraiment diriger le parti, au-delà de l’action de le représenter ? En réalité, il évite toute occasion de devenir impopulaire. Dans des situations conflictuelles, il ne veut pas se mouiller, ni aller au charbon. » Heureux qui communique…

Ainsi le personnage Bettel ne serait-il qu’illusion et façade ? L’intéressé s’en défend, évidemment (lire l’interview en pages suivantes). Son nouveau premier viceprésident, Charles Goerens, plaide aussi pour son parcours passé. « C’est vrai que c’est un génie de la communication, mais il a tout de même quelques étapes politiques derrière lui. Cela fait Mars 2013 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

PROGRESSION

DP-Bettel : destins croisés Depuis 1994, le parti démocratique (DP) a connu des fortunes diverses au Luxembourg. Xavier Bettel, lui, n’a pas cessé de flamber. Retour sur huit dates clés.

Mars 1994 Élection en tant que président national de la JDL. Le DP obtient 12 sièges après les élections de 1994, mais reste dans l’opposition.

Octobre 2005 Entrée au collège échevinal de la Ville de Luxembourg. Paul Helminger est réélu bourgmestre avec 16.181 voix et Xavier Bettel sort en 4e position, avec 11.031 suffrages, un millier de plus que François Bausch, tête de liste du nouveau parti de la coalition, Déi Gréng.

Octobre 1999 Entrée au conseil communal de la Ville de Luxembourg. Paul Helminger est élu bourgmestre avec 14.602 voix. Xavier Bettel sort en 6e position, avec 9.355 suffrages, soit plus que les autres principales têtes de liste, Jeannot Krecké (LSAP, 9.173 voix) et Jacques Santer (CSV, 7.981).

Juin 1999 Élection à la Chambre des députés, en 10e position de la liste Centre du DP (6.126 voix). Le DP obtient 15 sièges et fait son retour au sein de la coalition gouvernementale qu’il avait quittée en 1984.

Juin 2004 Réélection à la Chambre des députés, en 4e position de la liste Centre du DP (5.862 voix). Mais le DP replonge dans l’opposition, avec seulement 10 sièges obtenus.

tout de même 14 ans qu’il est député. Savoir communiquer avec une intensité allant crescendo, c’est phénoménal, car s’il n’y a rien à communiquer, les gens finissent par s’en lasser, ce qui n’est pas le cas. Via les réseaux sociaux, il marque clairement de son empreinte cette génération. » Frustré par l’impossibilité de vraiment s’épancher en 140 caractères sur Twitter, c’est surtout sur Facebook que Xavier Bettel est particulièrement présent. Avec un premier compte, « ouvert depuis longtemps », limité à 5.000 « amis », puis un second, qui affichait 8.361 « amis » le 15 février dernier, à 11 h 1 2… « Quand j’ai envie de mettre quelque chose, je le fais, comme la semaine dernière où j’étais fier d’avoir fait 10 km de course à pied », explique-t-il, sans arrière-pensée d’exploiter cet outil pour en faire une arme politique en vue de sa campagne. « Si le parti veut développer un site ou un tel réseau, qu’il le fasse. » Le réseau Linkedin serait, en théorie, plus adapté à ce genre de démarche, mais même s’il y possède un compte, avec plus de 1.500 contacts, il avoue ne pas y être très assidu, comme en témoigne le millier de messages et de demandes — Mars 2013

Juin 2009 Réélection à la Chambre des députés, en 1re position de la liste Centre du DP (8.495 voix). Nomination en tant que président du groupe parlementaire DP, qui perd encore un siège à la Chambre et ne compte plus que 9 députés, son plus faible total depuis 1964 (6 sièges).

Octobre 2011 Élection en tant que bourgmestre de Luxembourg-ville. À la surprise générale, Xavier Bettel (13.928 voix) devance Paul Helminger (13.414) de plus de 500 voix.

Janvier 2013 Élection en tant que président du DP.

de connexions encore non traitées. Il s’amuse également d’y voir que 67 personnes ont « approuvé » ses compétences en matière de « relations publiques », 37 en matière de « réseaux sociaux », mais 15 seulement sur le plan « politique » … « Des gens que je ne connais même pas pour la plupart », note-t-il avec détachement. La pertinence scientifique et statistique de ces chiffres est, certes, proche du zéro absolu, mais ceux-ci s’inscrivent néanmoins dans cette tendance déjà clairement prononcée. Ils ne sont, finalement, que le logique retour des choses dans une façon d’être et de paraître totalement assumée. Ce qui, dans les milieux politiques, n’est pas courant. « Ce n’est certainement pas la majorité des hommes politiques qui se sont autant approprié les outils digitaux, constate Emmanuel Vivier, expert en marketing digital, cofondateur de l’agence Vanksen, aujourd’hui reparti développer d’autres aventures numériques sur Paris. Xavier Bettel illustre bien la rupture entre un modèle pyramidal et une structure en réseaux. Jusqu’à présent, il y a dans la politique, un grand respect dû à l’âge, à l’expertise. On respecte davantage le


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statut et la position. Lui a compris que la force, ce n’est pas de garder le savoir et l’information cachés, mais de les partager auprès d’un maximum de personnes. Cela étant, il ne faut pas se limiter qu’à ce type de communication. Il y aura toujours des gens à aller chercher le samedi matin sur les marchés. » Il n’en reste pas moins vrai qu’en dépoussiérant certains codes établis du système politique, Xavier Bettel incarne une nouvelle façon de vivre la politique. Un peu comme, dans un autre camp, Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, lui aussi un « ancien » en politique, malgré son jeune âge (42 ans depuis un mois). Il n’est par conséquent pas étonnant que les deux hommes se connaissent depuis longtemps et s’apprécient mutuellement. « Je me souviens lui avoir donné un petit tuyau lorsqu’il est entré au Parlement : celui de se faire expert dans deux ou trois dossiers, pour être sûr que la presse le contacte régulièrement. Il l’a très bien fait avec les sujets sur la Justice ou les prisons », sourit Étienne Schneider, plutôt ravi du francparler de son ami adversaire politique et néanmoins ami, qui fut l’un des premiers à lui adresser un SMS de félicitations lors de son adoubement en tant que futur ministre de l’Économie. « Les gens en ont marre de la langue de bois parlée par tous ces politiciens. Nous avons une classe politique qui fonctionne toujours de la même façon. Or, les gens préfèrent qu’on leur dise ouvertement les choses, même si cela ne leur fait pas forcément plaisir. Ce n’est pas très répandu dans le milieu politique, et là, Xavier Bettel excelle. »

De même, l’annonce faite de ne pas briguer de portefeuille ministériel si d’aventure, le DP faisait de nouveau son entrée au gouvernement, laisse le ministre de l’Économie pour le moins perplexe. « Il commet à mon avis une erreur politique et je lui ai déjà dit. J’ai des doutes sur le fait qu’en tant que président du parti, il puisse influencer l’action des membres du gouvernement. La politique de tous les jours n’est pas menée par le président d’un parti. » L’impression « d’erreur politique », mise en exergue par une observation peu flatteuse des ministres du gouvernement (« Quand je vois la tête qu’ils font à la sortie du Conseil de gouvernement, cela ne me donne pas envie », avait déclaré en substance Xavier Bettel) est également partagée par Charles Margue (TNS-Ilres). « Ça ne se fait pas. Les gens disent que l’électeur va oublier ça et ne lui en tiendra pas rigueur… Mais on a quand même vu beaucoup de cas, nationaux ou surtout communaux, où les politiciens élus, mais qui n’ont pas honoré le mandat pour lesquels ils ont été élus, ont connu ensuite un gros revers. Les électeurs ne comprennent plus… » Romain Hilgert (d’Lëtzebuerger Land), lui, y voit davantage un gros risque qu’une faute réelle. « Comment le DP va-t-il réagir si Xavier Bettel est élu avec une grosse marge de voix par rapport aux autres membres du parti ? De plus, au cours de la campagne, les autres partis auront raison de remettre le sujet sur le tapis. Mais peut-être trouvera-t-il une bonne excuse, au final, pour quand même devenir ministre ? » La position de Charles Goerens, désormais premier viceprésident du parti, est évidemment toute autre. « On attend Un an pour convaincre des acteurs politiques qu’ils disent ce qu’ils veulent faire. Et quand ils le font, on leur en fait le reproche. En tant que président du Dans son genre, Étienne Schneider n’est pas mal non plus, parti, il pourra réellement donner une impulsion politique et même s’il est moins « people » que son jeune rival qu’il jouer le chef d’orchestre, aussi bien pour le Parlement que pour, n’hésite pas, du reste, à « tacler » sur certains sujets. « Je lui éventuellement, le gouvernement. » reproche de parfois critiquer l’action du gouvernement sans Aujourd’hui en première ligne sur tous les fronts, connaître le détail des sujets ou bien en sachant Xavier Bettel, pour le moins serein dans la pertinemment que nous n’avions pas d’autre choix que gestion de « sa » ville, a un peu plus d’un an « Xavier Bettel celui qui a été retenu. Il parle de faire preuve de pour prouver qu’il est l’homme de la parle surtout davantage de bon sens, mais je peux vous dire que situation que le DP attendait depuis si ça ne suffit pas toujours. Et au-delà des critiques longtemps. de lui-même. » adressées au gouvernement, le parti libéral me De là à se mettre dans la peau de l’homme Romain Hilgert déçoit dans l’ensemble, car il ne propose pas de la situation que le pays attend, il y a (d’Lëtzebuerger Land) d’alternative ni de concept. Je l’invite en tous les cas à encore un fossé que seuls les électeurs seront aller un peu plus dans la profondeur des sujets pour en mesure de combler. Le compte à rebours a proposer et discuter d’alternatives. » commencé. — Mars 2013


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Photo : David L aurent / Wili (archives)

N ON ELE PAR

« Je suis comme je suis » Xavier Bettel

— Mars 2013

Le « style » du nouveau président du DP est assez atypique, porté par une façon de communiquer hors-norme qui détonne dans un paysage politique généralement aseptisé. L’intéressé se défend du moindre calcul politicien, revendiquant ouvertement une démarche naturelle qui l’a toujours accompagné depuis 20 ans qu’il est engagé dans la politique nationale. Interview Jean-Michel Gaudron


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M

onsieur Bettel, vous avez été élu député à 26 ans, bourgmestre à 38 et vous prenez, à bientôt 40 ans, la tête du parti. Qu’est-ce qui vous arrêtera ? « Je ne sais pas ! J’ai la chance d’avoir eu des mandats confiés par des électeurs très tôt. C’est une énorme satisfaction de voir que le travail que je fais semble trouver satisfaction auprès d’eux. Vous savez, les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables. Je suis conscient que je peux être remplacé très rapidement… Pour l’instant, j’ai un mandat qui m’a été confié jusqu’en 2017. Je ne me projette pas au-delà. Ce parcours était-il, d’une certaine façon, programmé lorsque vous étiez encore étudiant ? « Il paraît qu’à 10 ans, j’ai dit à ma mère que je voulais être avocat et faire de la politique. J’aurais aussi voulu être diplomate, mais j’ai été élu avant que je n’aille jusqu’au bout. J’ai toujours été délégué de classe et engagé syndicalement à la fac. C’est une passion. J’aime le contact avec les gens. J’ai toujours voulu être avocat et j’y suis parvenu. J’aime beaucoup aller au tribunal, m’occuper des problèmes des gens, plaider. Aujourd’hui aussi je m’occupe des problèmes des gens, mais autrement. Avocat, c’est vraiment une profession que j’ai adorée et que j’adore. Et je n’exclus pas un jour d’y retourner… Est-ce que c’est cette passion qui vous a fait aussi étudier le droit ecclésiastique ?« L à, c’est par opportunité, alors que j’étais en Grèce, que j’ai étudié des matières que je n’aurais pas pu faire ici. J’ai fait aussi du droit maritime. Le droit est une chose, et la culture générale en est une autre. D’avoir pu suivre de telles matières avec des professeurs extraordinaires m’a permis de découvrir des choses. Et la découverte des choses fait partie de la vie. Dans le dernier sondage PolitMonitor, vous apparaissez comme l’homme politique le plus populaire devant Jean-Claude Juncker. Cela vous parle-t-il ? « Mes premières pensées vont à Jean-Claude Juncker qui n’a pas eu l’habitude que quelqu’un le dépasse ces 15 dernières années… Ce sondage me fait évidemment plaisir et me conforte dans les choix que j’ai pu faire. Mais il ne faut pas se reposer dessus. Au contraire, d’avoir de tels résultats doit permettre de prendre des décisions qui ne sont pas nécessairement populaires. C’est le problème que l’on a aujourd’hui au Luxembourg : on ne prend pas de décision délicate si on a le sentiment que cela coûtera des points dans les sondages. Je ne fonctionne pas comme ça et je préfère être moins populaire pour avoir pris des décisions qui sont bonnes pour le pays et pour les citoyens.

Ce capital sympathie, vous l’entretenez grâce à un mode de communication assez peu répandu dans le monde politique. Quelle est la part de naturel et la part de calcul politicien justement ? « Il n’y a pas de calcul. Je suis comme je suis. Cela fait 14 ans que je suis député et cela fait 14 ans qu’on me dit de changer. Je ne peux pas changer ! Si je ne veux pas quelque chose, je ne le fais pas. Si je ne veux pas aller quelque part, je n’y vais pas. C’est comme ça. Ça plaît ou ça ne plaît pas. Les gens qui jouent un rôle, ça ne sert à rien. Et le jour où ça ne passera plus, et bien ça ne passera plus. Il y aura toujours des gens qui auront envie de faire à ma place ce que j’ai à faire.

« Le parti, c’est nous et je fais partie de ce ‘nous’. »

Même lorsque vous avez révélé publiquement votre homosexualité, en 2008, sur RTL ? Ce n’était pas calculé ? « Pas du tout. Je ne me suis de toute façon jamais caché de cela. Ma famille était au courant depuis une dizaine d’années. Dans cette interview, on m’avait prévenu qu’on me poserait des questions sur ma vie privée. Je n’avais pas prévu à l’avance comment j’allais y répondre. C’est venu comme ça. Quand je suis sorti, je me sentais bien. J’en ai pleuré en me demandant ce que j’avais fait. Mais ça m’a soulagé d’un fardeau. Aujourd’hui encore, je ne revendique rien par rapport à cela. Ce n’est pas parce que je suis homo que je fais de la politique ou que j’ai été élu. C’est ma vie, un point c’est tout. N’avez-vous pas peur parfois que la forme efface le fond ? Votre message politique n’est-il pas parfois masqué par votre personnalité propre ? « Ça me fait rire ! Cela fait 14 ans que je fais partie de la direction du parti libéral. Cela fait 20 ans que je participe à toutes les décisions prises au sein du parti. La moitié de ma vie ! Même si je ne suis pas en première ligne lors des conférences de presse, j’ai participé à la rédaction de tous les programmes. J’ai été chef de groupe, je suis bourgmestre… Je suis à la tête du DP, mais je n’ai pas l’arrogance de dire que je suis le DP. Le programme du DP, ce n’est pas le programme de Bettel. Le parti, c’est nous et je fais partie de ce ‘nous’… Quand on prend à 40 ans les rênes d’un parti tel que le DP, quels sont ses objectifs, ses ambitions, son programme ? « Notre but est d’être une alternative à la politique actuelle et montrer aux gens les challenges de demain. Montrer le bon exemple en disant où il est possible de faire des économies dans le fonctionnement de l’État plutôt que de faire payer plus d’impôts aux autres. Mars 2013 —

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Au CSV, il y a Juncker d’un côté, et Wolter et Frieden de l’autre. Au LSAP, il y a Schneider d’un côté et Lux de l’autre. Cela fait déjà quatre courants différents au sein de la même coalition. Ça ne peut que bloquer. Et ce sont les jeunes familles et les classes moyennes qui en sont les victimes. Ils gagnent trop pour toucher des aides, mais pas assez pour vivre correctement. Nous ne voulons pas opposer privé contre public, étrangers contre Luxembourgeois, jeunes contre vieux. Tout le monde doit faire des efforts. Et encore une fois, je préfère perdre de la popularité, mais prendre des mesures nécessaires plutôt que de laisser un désert pour les générations futures, comme cela se profile maintenant. L’approche ‘après moi, le déluge’, ce n’est pas ce que l’on veut faire. Depuis sa déroute de 2004, le DP n’a jamais vraiment redressé la tête. Que faudrait-il au parti pour rebondir, 10 ans après ? « En 1999, le bon résultat du DP avait été dû au vote des fonctionnaires qui avaient plébiscité le parti. Ce fut une chance pour le parti, à ce moment-là, mais à terme, cela a quelque peu effrayé l’un ou l’autre des électeurs qui n’avaient pas l’habitude des libéraux. C’est pour cela qu’on est passé de 15 sièges à 10 en 2004, puis à neuf en 2009. Cela ne voulait pas forcément dire que nous étions moins bien, mais les gens, en situation de crise, ont voulu renforcer le CSV et suivre le ‘chemin sûr’ (le slogan de campagne du CSV en 2009, ndlr). Aujourd’hui, ils le regrettent. La situation de crise a servi la coalition en 2009, mais va la desservir en 2014. Elle a prouvé qu’elle n’était pas capable de gérer les problèmes de la crise…

en 2017 et je serai alors de nouveau candidat à la Ville de Luxembourg. Maintenant, si nous avons la chance d’entrer au gouvernement en 2014, en tant que président de parti, j’aurais certainement la possibilité d’apporter plus d’input en étant à l’extérieur du gouvernement qu’au cœur même de la coalition. Voter Bettel, c’est voter pour le DP. Si cela doit arriver, mon influence sur le gouvernement sera omniprésente. Avez-vous hâte de vous lancer dans la campagne électorale ? « L a politique est un travail au quotidien. Je ne suis pas de ceux que l’on ne voit pas pendant quatre ans et demi et qui n’existent qu’à l’approche des élections. Je n’ai pas peur d’afficher mes opinions et de les défendre. Pourtant, on reproche souvent au DP de critiquer, ce qui est son rôle en tant que parti d’opposition, mais de ne rien proposer en contrepartie. « Il y a quelques années, nous avions présenté 33 points pour relancer l’économie du pays. Juncker les a balayés d’un revers de manche. Souvent, la politique sociale est faite pour que les gens arrivent à survivre, mais pas pour qu’ils s’en sortent. La politique sociale doit être un tremplin. Il y a évidemment des gens qui ont besoin d’une aide urgente, mais il ne faut pas se contenter de vouloir qu’une personne reste pauvre. Il faut aussi éviter une bonne fois pour toutes qu’il y ait des sujets tabous. J’en ai marre qu’à chaque grand débat, on fasse d’abord la liste de tous les sujets dont on ne peut pas discuter.

L’un des sujets de moins en moins tabou, en ce moment, c’est celui de l’intégration des Votre parti en sera-t-il capable ? « Il s’agit avant tout d’être résidents étrangers et de la possibilité de leur honnête. Si les générations d’aujourd’hui veulent continuer donner le droit de vote. Eu égard à vos ascendants, à préparer une génération à crédit, il ne faudra pas voter on imagine que le sujet vous concerne d’autant plus… pour nous… Mais si elles sont prêtes à prendre leurs res« C’est vrai que par mes parents et grands-parents, ponsabilités et assurer l’avenir, alors cela sera différent… j’ai des origines russes, polonaises, françaises et Plus on traîne pour faire des efforts et plus ces efforts luxembourgeoises ; juives, orthodoxes, catholiques et seront lourds. Si on avait commencé à les faire depuis athées. Je suis un vrai quatre-quarts ! Doit-on ouvrir cinq ans, nous n’aurions pas besoin de prévoir une le droit de vote aux résidents étrangers pour les législatives ? tronçonneuse dans deux ans. Je suis ouvert à toute discussion sur le sujet, en posant la question de savoir si l’une des pistes n’est pas aussi Vous avez déclaré que vous ne souhaitez pas être de faciliter parallèlement l’obtention de la double ministre, ce qui peut paraître paradoxal alors nationalité, en réduisant, par exemple, que vous êtes président du parti. Certains le délai de résidence. Une vraie intégration, « Je serai parlent même de faute politique et d’une réussie, c’est celle où l’on sollicite le démarche qui serait susceptible de passeport du pays où l’on réside, sans de nouveau brouiller le message auprès des éleccandidat à la Ville pour autant perdre celui de son pays teurs… « Non ! Ce qui aurait pu brouiller les d’origine. Doit-on accorder des droits en 2017. » choses, c’est de ne rien dire ou de dire ‘on de vote similaires pour des résidents Xavier Bettel verra après’. Je n’avais pas été candidat en qui ne feraient pas l’effort de vouloir s’inté2011 pour être bourgmestre et on m’a confié grer ? Cela mérite débat, sans pour autant ce mandat. Je présenterai le bilan aux électeurs mettre le pays à feu et à sang. » — Mars 2013


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ÉCONOMIE & POLITIQUE

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E-BOOKS

Direction la Cour de justice

Photo : David Laurent / Wili (archives)

La Commission européenne a décidé de mettre ses menaces à exécution à propos de la TVA réduite pratiquée par le Luxembourg (3 %) et la France (7 %) sur les livres numériques. Bruxelles va ainsi traduire les deux pays devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour les obliger à revenir à un taux « normal », à savoir 15 % au Luxembourg et 19,6 % en France. L’année dernière, la Commission avait averti les deux pays à plusieurs reprises, arguant que les e-books ne figurent pas sur la liste des biens et services à même de bénéficier d’un tel taux réduit. Néanmoins, la France et le Luxembourg ont l’intention de conduire la bataille jusqu’au bout. « Notre position est d’essayer d’obtenir de la Commission européenne qu’elle procède à une modification de la directive, a indiqué Jacques Toubon, délégué de la France pour la fiscalité des biens et services culturels, en visite au Luxembourg le 19 février. Les deux pays sont sur la même ligne. »

Un nouvel ambassadeur pour l’Italie : Stefano Maria Cacciaguerra Ranghieri.

SH

Diplomate depuis 1978, il a rejoint le Luxembourg le 30 janvier dernier. | 44 entreprises ont introduit une demande d’octroi de chômage partiel en janvier. | Douze nouveaux sites touristiques luxembourgeois (ils sont désormais 71) ont reçu, début février, le label « EureWelcome » en récompense de la qualité de l’accessibilité et de leurs services.

CANADA

Denis Robert, ambassadeur Denis Robert, nouvel ambassadeur du Canada en Belgique et au Luxembourg, vient de remettre ses lettres de créance au Grand-Duc. Il souhaite développer les échanges de jeunes avec le Luxembourg, notamment dans le cadre du programme « vacances-travail », et faciliter les rapprochements entre l’Université du Luxembourg et les universités canadiennes.

AIDES AUX ÉTUDES SUPÉRIEURES

Entre clause de résidence et conflit d’intérêts L’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne, Paolo Mengozzi, estime que « le Luxembourg peut soumettre à la condition de résidence le versement de l’aide pour les études supérieures aux enfants de travailleurs frontaliers ». La décision finale appartient à la Cour, rappellent tant le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, François Biltgen, que les défenseurs des frontaliers. Ceux-ci accusent le coup, mais ne baissent pas les bras. Entre-temps se pose la question d’un éventuel conflit d’intérêts concernant ce même Paolo Mengozzi : il a en effet siégé au conseil de gouvernance de l’Université du Luxembourg et a reçu une distinction des mains mêmes du ministre Biltgen…

Photo : Christian Wilmes (archives)

FRE

« Le zonage va dépasser le territoire communal pour aller vers le régional. » Claude Wiseler, ministre du Développement durable et des Infrastructures, à propos de la réforme des taxis.

Mars 2013—


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IMPÔTS ET COTISATIONS

Automobile

Toujours plus haut

37

%

L’Autofestival résiste

Selon le Statec, le taux de prélèvement obligatoire – impôts, cotisations sociales salariés et employeurs – est passé d’un « rendement » de 28 % du produit intérieur brut au Luxembourg dans les années 60 à 37 % aujourd’hui. La moyenne OCDE est de 34 %.

PRESSE

Toujours plus libre

4

e

Le Luxembourg figure au 4 rang du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays progresse de trois places par rapport à l’an dernier et de 11 par rapport à 2010. e

IMMOBILIER

Toujours plus cher

%

+7,1

Selon Eurostat, le taux d’augmentation annuel des prix de l’immobilier luxembourgeois au troisième trimestre 2012 a été de 7, 1 %. Il s’agit de la deuxième plus forte hausse de toute l’Union européenne après l’Estonie.

— Mars 2013

Photo : Autofestival

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Les garagistes participant à la 49e édition de l’Autofestival, véritable marqueur du marché, affichaient un léger sourire. Si la fréquentation n’a pas connu de baisse significative sur les deux week-ends que comptait l’événement, la vente de voitures connaît globalement une stagnation. Les clients, mieux informés et préparés via Internet, se sont montrés exigeants lors des négociations. Reste que le segment premium ne semble pas trop souffrir. Les clients qui se

2014

Élections avancées ? Les élections européennes de 2014 pourraient être avancées au dimanche 25 mai 2014, soit deux semaines plus tôt que la date du 8 juin initialement prévue. Il s’agirait de donner le temps au nouveau Parlement de préparer l’élection du président de la future Commission européenne dès juillet. Conséquence directe : les élections législatives luxembourgeoises, qui sont traditionnellement organisées à la même date, pourraient donc elles aussi être avancées.

tournent encore vers le haut de gamme continuent de se faire plaisir, non sans bénéficier des évolutions technologiques permettant de choisir un moteur plus petit, mais offrant des performances identiques. Il faudra cependant encore attendre un voire deux ans pour que le parc de citadines se renouvelle. Celles-ci avaient en effet été prisées en 2009 et 2010 en raison de l’instauration de la prime à la casse.

CINÉMA

Les coproductions luxembourgeoises à l’honneur Début février, à l’occasion de la 3e cérémonie des Magritte du cinéma belge, les membres de l’Académie André Delvaux ont récompensé à sept reprises des coproductions luxembourgeoises. Quatre prix (meilleurs film, réalisateur, actrice et montage) sont allés au seul À perdre la raison, coproduit par Samsa ; deux ont été remis à Mobile Home, coproduit par Tarantula (meilleurs espoir féminin et musique originale) et un (meilleur décor) pour Dead man talking, coproduit par Bidibul Productions.


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La voie de circulation parallèle devrait être mise en service en 2014.

Chantier

Le pont Adolphe bis sur les rails 110 ans après son inauguration, le pont Adolphe entre dans une phase de chantier en vue de sa réfection. Ainsi, les travaux de construction du pont parallèle provisoire qui va permettre de dévier la circulation ont-ils débuté. Livraison prévue dans un an, date à laquelle pourra commencer la réfection du Nei Bréck, prévue de durer jusqu’en 2016. Le coût total du chantier a été établi à quelque 86 millions d’euros.

« Nous avons encore les moyens de relever les défis, mais on en perd chaque année un peu plus. » Jeannot Krecké, ancien ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, modérateur d’une table ronde lors des Journées de l’Économie, le 6 février dernier.

ÉCOUTES ET COMPAGNIE

SREL : suite et pas fin

JACQUES SANTER

— Mars 2013

La Commission d’enquête parlementaire et les procédures judiciaires autour du SREL n’en finissent plus. On apprenait le 29 janvier que le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur avait fait l’objet d’une perquisition qui concernait un ancien membre du Service de renseignement de l’État luxembourgeois passé au ministère. Il aurait détenu des documents importants pour les examens en cours. Le ministère de l’Économie s’est révélé impliqué à un autre niveau dans cette tourmente. La radio 100,7 annonçait qu’une mission économique aurait été menée en Irak en 2007, sous l’égide du SREL, à l’époque du mandat de Jeannot Krecké. L’actuel ministre, Étienne Schneider, a indiqué qu’il se passerait à l’avenir du SREL pour des missions économiques, disposant de sa propre cellule de « renseignements »

visant à mieux connaître le profil de partenaires potentiels en amont de prospections à l’étranger. Sur le front des auditions de la Commission d’enquête parlementaire, plusieurs personnalités ont répondu aux députés, dont deux Premiers ministres, Jean-Claude Juncker et Jacques Santer. L’audition des chefs du SREL (anciens et actuel) a été bouclée avec le passage de Charles Hoffmann, officiant à l’époque de M. Santer. Autant de questions et de réponses qui conduisent à une image floue des services secrets luxembourgeois. Mais devait-on s’attendre à davantage de transparence ? Pas forcément, selon Jacques Santer qui a rappelé lors de son audition que telle n’était pas sa mission. Entre temps, la Commission d’enquête parlementaire a enterré une partie du dossier, prononçant la prescription pour l’enregistrement illégal de Jean-Claude Juncker réalisé par l’ancien directeur du SREL, Marco Mille.


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CES

Gary Kneip pour la relance

Compétitivité

L’industrie a son haut comité

« Nous sommes plus que jamais attachés au dialogue social. »

Le Conseil économique et social (CES) compte un nouveau président – pour un mandat de deux ans – en la personne de Gary Kneip, représentant de la branche « patrons ». GARY KNEIP Également président de la Confédération luxembourgeoise du commerce, ce multi-entrepreneur de 58 ans entend bien relancer le dialogue social tripartite, au point mort au Luxembourg depuis deux ans. « Nous y sommes plus que jamais attachés, a-t-il expliqué à paperJam.lu. Nous ferons tout notre possible pour y revenir, sans faire de promesses qui ne seraient pas tenables. »

INFLATION

Photo : Étienne Delorme (archives)

Poussée des services publics

Le ministre de l’Économie Étienne Schneider avait lancé l’idée d’un tel haut comité dès sa prise de fonction.

C’était une proposition d’Étienne Schneider, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Elle a été validée par le gouvernement, le 18 février. Un Haut comité pour le soutien, le développement et la promotion de l’industrie au Luxembourg va donc être mis en place, sur le modèle du Haut comité pour la place financière, cher à Luc Frieden. « Le nouveau comité devra donner un nouvel élan à l’industrie et sera appelé à piloter et mieux coordonner les choix et actions du gouvernement affectant ce secteur », explique le gouvernement. Ce haut comité sera composé, à sa tête, du ministre de l’Économie – en tant que ministre ayant l’industrie dans ses attributions – et de

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Luc Frieden, en sa qualité de ministre des Finances. Il sera complété par « des représentants du secteur industriel, invités sur base de leurs compétences et expériences ». Des groupes de travail thématiques seront alors organisés. Ils auront notamment pour objectif d’identifier, évaluer et soutenir les secteurs porteurs et niches potentielles futures de l’industrie luxembourgeoise, de soutenir la compétitivité des entreprises industrielles ou encore de coordonner les actions et mesures décidées entre ministères et de se concerter afin de défendre la position luxembourgeoise face aux initiatives législatives européennes ayant un impact sur l’industrie.

En janvier, l’indice des prix à la consommation, calculé par le Statec, a reculé de 0,9 % par rapport au mois précédent, en raison des soldes. Mais hors soldes, l’indice grimpe de 0,5 %, en raison de la poussée des services publics, qui ont augmenté de 1 %. Le poste le plus touché est celui de la « garde d’enfant », les tarifs des crèches ayant augmenté de 4,1 % suite à une réforme du système des chèques services accueil. Depuis l’été dernier, les parents doivent débourser en moyenne 16,9 % de plus qu’en janvier 2012 pour la garde de leurs enfants.

AIDES AUX INVESTISSEMENTS

1.882 nouveaux emplois potentiels Selon le bilan présenté par le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, 437 projets d’investissement ont été « facilités » avec 251 millions d’euros d’aides, entre 2008 et 2012. « Ces projets représentent une dépense totale des entreprises estimée à plus de 1,060 milliard d’euros », a indiqué le ministre de l’Économie Étienne Schneider. Plusieurs régimes d’aides ont été mis en place depuis quatre ans, notamment en faveur de la promotion de la recherche, du développement et de l’innovation (RDI). En cas de réalisation de tous ces projets d’investissement, et sous condition d’une économie dynamique, ces entreprises estiment pouvoir créer jusqu’à 1.882 nouveaux emplois dans les années à venir. « La plupart de ces emplois ont déjà été créés », assure d’ailleurs Étienne Schneider .

Mars 2013—


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GRANDS TRAVAUX Infrastructures

MOYENS RÉDUITS

Les efforts budgétaires du gouvernement concernent aussi les travaux publics. Des priorités ont été fixées pour 2013, avec un accent sur Belval, Gasperich et les infrastructures scolaires. Le gouvernement entend aussi poursuivre des aménagements en faveur de la mobilité.

Le site de Belval est appelé à poursuivre sa mue en 2013.

Texte Thierry Raizer

S

’il garde le sourire, le ministre du Développement durable et des Infrastructures est en proie à un exercice difficile : poursuivre de grands chantiers avec des moyens plus limités. « Nous entendons gérer les surcoûts éventuels de façon continuelle pour réagir le cas échéant », déclare Claude Wiseler (CSV), en nous présentant la feuille de route actualisée régulièrement par ses services, reprenant les budgets des travaux en cours. « Je fournis un résumé de ce document tous les six mois à la Chambre des députés pour donner des explications si besoin. » Un suivi qui se justifie d’autant plus que le montant alloué pour les dépenses en capital de l’ensemble des départements relevant de son ministère est en baisse de 5,28 % par rapport à 2012, soit 303.789.000 euros. Le poste le plus touché est celui des travaux publics, qui passe d’une dotation de 273.955.000 euros en 2012 à 256.071.000 euros pour 2013. D’où la nécessité pour le gouvernement de prioriser les investissements à l’échelle de son programme — Mars 2013

pluriannuel (2012-2016). Neuf projets – rénovations ou constructions neuves – ont été choisis pour cette année dans le champ de l’Administration des travaux publics. Huit autres chantiers concernent l’Administration des ponts et chaussées. Belval et Gasperich

Pour mener ces différents chantiers, l’État s’appuie sur des moyens complémentaires au budget annuel, rassemblés dans les fonds spéciaux et les établissements publics. Le Fonds Belval est celui qui connaît l’augmentation la plus importante en termes de dépenses, passant de 69.000.000 euros en 2012 à 103.096.000 euros pour 2013. « Nous souhaitons construire cette année plusieurs unités de l’université qui devra ouvrir ses portes en septembre 2014 2014, précise Claude Wiseler. Nous mettons tout en œuvre pour permettre cette ouverture dans un délai approprié. » Cet événement se réalisera en deux temps, selon

le Fonds Belval. Les Maisons de l’Innovation, du Savoir et des Sciences humaines seront accessibles d’ici 2014. Un an plus tard, la Maison du Nombre et la bibliothèque universitaire devraient sortir de terre. Actuellement, la future université présente d’ores et déjà son bâtiment principal : la tour de la Maison du savoir, dont la fin était annoncée pour janvier dernier. Mais les conditions climatiques hivernales ont engendré un retard de quelques semaines. Le démarrage de la Maison de l’Innovation, qui accueillera plusieurs départements des CRP, Luxinnovation, ainsi que le Centre de formation professionnelle continue Dr Robert Widong est prévu cette année. La pose de la première pierre de la Maison du Nombre, destinée aux unités de mathématique et d’informatique de l’université, se déroulera le 15 mars prochain. Une autre « maison », des arts et étudiants, qui accueillera des espaces socioculturels pour la vie estudiantine, devrait aussi sortir de terre progressivement durant


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© Fonds Belval

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l’année. Au même titre que la bibliothèque universitaire, des laboratoires et un hall pour ingénieurs. Belval se voit par ailleurs dotée au fur et à mesure des infrastructures de transport nécessaires. La liaison routière avec Micheville devrait entrer dans sa dernière phase (coût budgété : 138 millions d’euros) dès mi-2013 pour se terminer à l’horizon 2016-2017. L’autre zone de développement urbanistique au centre de l’actualité cette année est le Ban de Gasperich. À défaut d’avoir finalisé les négociations autour d’un terrain qui permettrait de mettre en place les boulevards Raiffeisen et Kockelscheuer, les travaux débuteront par le lot 2 autour de voiries et d’infrastructures diverses entre la rue Raiffeisen et l’autoroute A6, près de la Croix de Gasperich. Les opérations seront prises en charge par l’État et la Ville. Cette dernière vient d’ailleurs de dévoiler le 19 février dernier les plans de l’une des pièces maîtresses de l’architecture du Ban : son château d’eau (voir page 30). D’une hauteur

de 60 mètres, il jouxtera le futur pont enjambant l’A6. L’ensemble, rappelant un donjon, a été imaginé par l’architecte luxembourgeois Jim Clemes. Investir dans la matière grise

Parmi les huit projets prioritaires en matière de bâtiments publics, cinq sont de nature scolaire. « Les choix en matière de bâtiments publics se sont faits d’une part sur les infrastructures scolaires, et d’autre part sur les projets considérés comme économiquement et socialement importants », ajoute Claude Wiseler. Le Centre de logopédie de Strassen prenant en charge les enfants présentant des déficiences auditives et des troubles de la parole et du langage fait partie de ces dossiers. L’État a, dans ce cas, opté pour la construction d’un nouveau bâtiment au vu des coûts qu’auraient engendrés une mise en conformité et / ou un assainissement des lieux. Le futur Centre (23 millions d’euros budgétés), qui disposera

de 25 salles pour 250 élèves, présentera des aménagements acoustiques spécifiques et sortira de terre dès mi-2013. La poursuite de la rénovation de l’Athénée de Luxembourg est quant à elle prévue jusqu’en 2015. Sur le plan des projets culturels, l’État limite l’ouverture de chantiers importants à celui de la nouvelle bibliothèque nationale qui sera située au lieu-dit « Bricherhaff » au Kirchberg. « Le projet de loi a été déposé et deux réunions en commissions parlementaires ont permis d’expliquer dossier détaille Claude Wiseler. Dès que le ce dossier, Conseil d’État aura donné son avis, nous pourrons procéder au vote de la loi et démarrer le projet en 2014. » Le Conseil de gouvernement du 15 février a par ailleurs avalisé le 10e programme quinquennal d’équipement sportif courant jusque fin 2017. Il couvre différentes infrastructures sportives qui recevront l’aide de l’État via une enveloppe globale de 100 millions d’euros émanant du Fonds d’équipement sportif national. Un fonds qui dépend du ministère de l’ l’Éducation nationale et de la Formation Mars 2013 —


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© Tatiana Fabeck Architecte

© Ville de Luxembourg / Jim Clemes atelier d’architecture et de design

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professionnelle. À l’intersection de ce ministère, de celui des Infrastructures et des Sports, un nouveau bâtiment du Sportlycée vient d’être inauguré ce 22 février pour accueillir 450 élèves poursuivant un cycle de sport-études. Nom de code : MODU

Sur le terrain de la mobilité, un nom de code suffit à résumer les prochains aménagements : « MODU » (stratégie globale pour une mobilité durable). « Tous les projets qui ne sont pas dans le MODU ne sont pas priorisés », précise Claude Wiseler. Le ministre espère voir ce plan, à l’ambition grande régionale, se perpétuer quelle que soit l’issue des prochaines élections. L’un des derniers éléments concernant ce MODU est la signature d’un nouveau « SMOT » avec les autorités belges, le 22 janvier dernier. À l’instar de celui conclu avec la France en 2009, dont a notamment découlé la ligne ferroviaire Thionville-Belval-Longwy. Mais le défi reste entier du côté belge, tant il faut convaincre plusieurs niveaux décisionnels dont la Société nationale des chemins de fer (SNCB), qui n’était pas autour de la table lors de cette signature. « Il faut résoudre un certain nombre de problèmes, comme le fait que la réalisation de P&R en Belgique doit aller de pair avec une harmonisation des différentes politiques tarifaires », ajoute Claude Wiseler. Le problème est le même avec le projet, souvent reporté, « Eurocaprail » de modernisation de la ligne 162 Bruxelles-Luxembourg se prolongeant avec l’axe vers Starsbourg. Ce projet devrait voir le jour pour 2018, du point de vue des autorités luxembourgeoises. « À partir de 2013, nous allons débuter les travaux de l’Eurocaprail pour lequel le premier projet de loi a été voté sur 42 millions d’euros pour la construction des nouveaux postes directeurs, ajoute Claude Wiseler. Une deuxième étape consistera dans une nouvelle électrification de — Mars 2013

Un château d’eau au Ban et un lycée à Ettelbruck : deux projets ambitieux et novateurs.

AGENDA 2013

Les bâtiments prioritaires ●

Nouveau Laboratoire national de santé à Dudelange Cour de Justice de l’Union européenne : mise à niveau des annexes A, B, C Nouveau dépôt des ponts & chaussées à Mersch Nouveau Foyer Don Bosco au Limpertsberg Nouveau Lycée technique des professions de santé à Ettelbruck Rénovation de l’Athénée de Luxembourg Réaménagement du Lycée Hubert Clément à Esch/Alzette Nouveau Centre de logopédie à Luxembourg Nouvelles installations du Lycée technique Michel Lucius à Limpertsberg

Les infrastructures prioritaires ●

● ●

Ban de Gasperich : début des travaux Pont frontalier de Grevenmacher : début des travaux Mise en place du pont provisoire à côté du pont Adolphe Début des travaux de l’échangeur à Burange Création d’un viaduc à Mersch Dernière phase de la liaison Belval-Micheville Fin des travaux d’un pont à Lultzhausen et construction d’un pont à Insenborn Viaduc du contournement de Junglinster

la ligne via un projet de loi en cours à la Chambre  (65 millions d’euros. » Il restera à convaincre la SNCB de reconsidérer son plan d’investissement 2013-2025 qui classe la ligne 162 en catégorie B, pour laquelle « les investissements et l’entretien ne sont plus garantis au-delà de cinq ans ». Les CFL quant à eux devraient apporter les derniers détails à la mise à double voie de la ligne de Pétange. Deux autres projets ferroviaires sont prioritaires pour 2013 dont la poursuite des travaux au nord de la gare de Luxembourg (23,7 millions d’euros pour cette année) qui devrait déboucher, d’ici 2016, sur un nouveau viaduc longeant l’actuel Pulvermühle. L’aménagement d’un réseau radio mobile numérique intégrant les communications vocales et la transmission de données ferroviaires est aussi à l’ordre du jour. Il faudra en revanche attendre que l’achat de terrains ad hoc soit bouclé pour la mise à quatre voies de la ligne de Bettembourg. Route du Nord : objectif 2015

Si la voiture est appelée à être utilisée de façon plus raisonnable, les infrastructures routières continuent à être rénovées, construites ou finalisées. Le début du réaménagement de l’échangeur de Burange (entre l’A13 et l’A3) a pour objectif de doter la future zone d’activité logistique et le prochain Laboratoire national de santé au nord de Dudelange des conditions de circulation adéquates. La fin de la route du Nord, tendant à relier la capitale à Ettelbruck par autoroute, serait perceptible. Ce chantier colossal a souvent été critiqué en raison de son coût, notamment par le Conseil d’État, qui avait émis des réserves l’an dernier quant à une deuxième rallonge budgétaire de 58,1 millions d’euros. L’instance avait estimé, à l’époque, que la facture finale


ADVERTORIAL

Olivier Vanderdeelen Directeur Général CLE

Patrick Van Craen Administrateur Délégué CLE

Q : Comment pourriez-vous positionner CLE sur le marché de la construction luxembourgeois ? PVC : CLE est active sur le marché luxembourgeois depuis plus de 40 ans. Elle a participé activement au développement de la ville de Luxembourg, au plateau du Kirchberg où elle a construit plusieurs bâtiments phare comme la BGL, l’une des tours de la Porte de l’Europe, la Chambre de Commerce, la BEI, la Cour des Comptes, à la Cloche d’or où elle a construit les ensembles de bureaux Drosbach et Vertigo. CLE est structurée pour intervenir en entreprise générale, elle dispose d’équipes performantes qui ont les compétences pour gérer efficacement tous les corps d’état tant le gros-œuvre avec ses propres ressources que l’encadrement et la coordination des lots de façades, des techniques et des parachèvements. Q : CLE est-elle active dans d’autres domaines que les immeubles de bureaux ? OVD : CLE fait partie du groupe international CFE côté sur l’Euronext avec Vinci comme actionnaire de référence. Elle dispose à ce titre du savoir-faire du groupe dans les domaines des bâtiments, bureaux, logements, constructions industrielles et du génie civil, mais aussi de la promotion immobilière, des concessions, des PPP, du multi technique, épuration des eaux, éolien, photovoltaïque, des métiers du rail et de la route. Écoles, logements, bâtiments industriels comme le Tri Postal de Bettembourg, mais aussi en génie civil, le pont d’Alsace ou le viaduc de Pulvermühle font partie de nos réalisations. Q : Vous citez la promotion immobilière, quelle est votre activité dans ce domaine AR : Au travers de sa filiale CLi, la société est active sur plusieurs projets tant de bureaux que de logements. Le projet Greenhill de 170 appartements à Dommeldange est en cours

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Arnaud Regout Directeur adjoint CLI

de réalisation. CLi lance le projet Edengreen de résidence services seniors de 72 unités a Bettembourg et redéveloppe le site de G4S. Par ailleurs, nous venons d’acquérir la Galerie Kons face à la gare de Luxembourg qui abritera le futur siège d’ING. Q : Comment voyez-vous l’avenir du secteur de la construction au Grand-Duché et de CLE en particulier? PVC : Nous avons connu une période très difficile ces trois dernières années. Le coup d’arrêt consécutif à la crise financière nous a contraint à affronter une réduction drastique de notre chiffre d’affaire et nous a amené à nous restructurer et à nous diversifier. Suite aux efforts de chacun, nous y sommes parvenus sans casse sociale. De grands projets restent dans les cartons, les besoins en logements restent réels, la modernisation du parc immobilier des bureaux sont une nécessité. Aussi aujourd’hui, nous sommes confiants dans la reprise du marché, sinon spectaculaire, en tout cas réelle. Grâce au repositionnement de notre outil et grâce au support de notre filiale immobilière CLi, nous avons tous les atouts qui nous permettent de donner les bonnes réponses aux besoins du marché.

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22/02/13 18:52


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TROIS QUESTIONS À TATIANA FABECK, ARCHITECTE

« Il faut compter l’un sur l’autre » Madame Fabeck, vous êtes l’architecte en charge de la construction du futur Lycée technique pour professions de santé à Ettelbruck, pouvez-vous nous expliquer la philosophie du projet qui se veut novateur sur le plan énergétique ? « Il s’agit d’un projet pilote de l’Administration des bâtiments publics qui vise à devenir le premier bâtiment en structure bois recevant la certification énergétique suisse Minergie-Eco. Ce projet suscite une large interaction entre les différentes parties prenantes, comparativement à un projet dit classique. Le calcul des besoins énergétiques est ainsi très poussé et encadré par l’administration, notamment concernant l’énergie grise qui sera nécessaire pour concevoir le bâtiment. Comment se présente le projet du Centre de premier accueil pour demandeurs d’asile Don Bosco dont vous assurez également la conception ? « Le bâtiment, qui présente des caractéristiques plus traditionnelles en termes de matériaux et de structure, devrait voir le jour d’ici 2015, avec un début des travaux dans les prochains mois. Nous attendons la fin de la phase d’autorisation. Le foyer est destiné à être flexible dans la mesure où il pourrait être adapté dans le futur pour créer des logements d’étudiants. Vous travaillez régulièrement pour le compte de l’État luxembourgeois, comment se passe la relation avec ce maître d’ouvrage ? « La différence par rapport à des promoteurs privés se marque notamment au niveau du processus décisionnel qui est plus long. Mais ces deux projets ainsi que celui de Maison des Sciences humaines à Belval dont nous avons aussi la charge, montrent que l’État est un maître d’ouvrage exigeant et impliqué via, par exemple, les avis réguliers de spécialistes et d’ingénieurs du Fonds Belval ou de l’Administration des bâtiments publics. Cela permet de travailler en équipe. Chacun a ses devoirs, mais il faut avant tout compter l’un sur l’autre. » T. R.

— Mars 2013

dépasserait 850 millions d’euros contre les 366,8 millions d’euros votés en 1997. Le budget 2013 de l’État présente un chiffre plus élevé : 1.031.076.031 euros. « Nous finirons la route du Nord en 2014, estime Claude Wiseler. Après une phase de test de six mois, nous pouvons tabler sur une ouverture 2015. Ce sont des dates stabilisées, car les grands marchés que nous avons dû mener sont tous bouclés. » Jeter des ponts

L’agenda 2013 du ministère concerne aussi plusieurs ponts, dont celui de Grevenmacher effectuant la frontière avec l’Allemagne. Le début des travaux, programmés initialement l’an dernier, donnera naissance à un nouvel ouvrage et impliquera une prise en charge par les deux États. Vingt-deux millions d’euros sont budgétés du côté luxembourgeois. Effectuant le lien entre le plateau Bourbon et la ville haute dans la capitale, le pont Adolphe a besoin d’une cure de jouvence, d’où une rénovation qui va débuter dans les prochains mois. Les opérations, qui ont été précédées par le déménagement temporaire de 12 arbres vers la pépinière du Kirchberg, pourront débuter lorsqu’un pont provisoire sera construit (coût estimé : 23 millions d’euros). « Nous espérons que les fondations seront terminées pour le printemps, déclare Marc Ries, ingénieur inspecteur au sein de la Division des ouvrages d’art de l’Administration des ponts et chaussées. La structure métallique sera ensuite placée dès cet été. Elle se compose de différents éléments préfabriqués qui seront assemblés sur place. » La facture de l’ensemble du projet, présenté dans un pavillon d’exposition accessible au public sur le boulevard Roosevelt, est estimée à 94.150.000 euros. « Les travaux du nouveau pont n’ont pas encore été adjugés, note M. Ries. Les phases les plus compliquées seront le renforcement des arcs et le démontage de l’ancien tablier du pont, phase après phase et de façon symétrique, pour ne pas déséquilibrer ces arcs. » Comme lors d’une réalisation d’un bâtiment privé, l’agenda des travaux publics nécessite une gestion du temps et de nombreux paramètres, dont la délicate question des terrains. Et la question de la spéculation immobilière de refaire surface. Le ministre préfère donc

rester discret sur les nouveaux plans sectoriels qui seront déposés dans les prochains mois dans le sillage de la nouvelle loi sur l’aménagement du territoire. Ces plans, dont devront tenir compte les communes dans leurs plans d’aménagement, définiront les implantations de zones d’activités que l’État entend créer pour développer l’économie. Le secteur de la construction devait en être le premier bénéficiaire . Un secteur dont le ministère du Développement durable et des Infrastructures compte parmi les clients les plus importants.

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Sine die La lecture du budget 2013 de l’État nous indique que certains travaux sont projetés, mais suspendus pour l’instant. Citons notamment la mise à 2x2 voies entre Ettelbruck et Erpeldange ; une partie des tronçons concernés par la mise à 2x3 voies des A3 et A6. Les rénovations du château de Berg, résidence du GrandDuc, sont elles aussi ajournées. La rigueur passe donc par tous les échelons de l’État. T. R.

TRAM

En attendant la loi Le tram figure toujours à l’ordre du jour des travaux de mobilité. Le ministre Wiseler espère déposer un projet de loi ad hoc cette année pour débuter les travaux en 2014. Le gouvernement vient de reconfirmer la prise en charge des travaux à hauteur de 50 %. T. R.


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Droit de vote

Huit avis « citoyens » Ils sont Luxembourgeois, mais aussi Belge et Français. De la fonction publique ou du secteur privé. Leur point commun ? Ils résident tous au Grand-Duché et plaident (presque) tous pour une réforme du droit de vote pour les étrangers. Verbatim.

Jean-Claude Reding ( L-président de la Chambre des salariés ) « Aux dernières élections sociales, 17 % des élus étaient non-Luxembourgeois ou frontaliers. Sur les électeurs, le constat est que les Luxembourgeois votent, les frontaliers votent peu et pour les résidents étrangers, cela dépend des nationalités. »

Laurent Mosar ( L-président de la Chambre des députés ) « Pour élargir le droit de vote, il faudrait modifier la Constitution. C’est susceptible de referendum. Et ce serait souhaitable. »

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Michèle Detaille ( B-directrice générale, Groupe Alipa ) « La diversité est un atout. Il peut y avoir des difficultés apparentes de cohabitation, qui relèvent surtout d’interprétations différentes, liées aux habitudes culturelles. Alors l’implicite n’a pas sa place. Tout doit être dit, clairement. »

Emile Haag ( L-président de la Chambre des fonctionnaires et employés publics ) « La question du droit de vote étranger se pose ailleurs. Mais le Luxembourg a une situation atypique. Une solution européenne serait sans doute préférable. Je constate qu’il n’y a aucune pression extérieure, mais une agitation faite maison par certains milieux luxembourgeois. »


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Marc Saluzzi ( F-président de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement ) « Il faut inventer, ici, une gouvernance politique qui n’existe pas ailleurs et qui pourrait à nouveau faire du Luxembourg un modèle qui serait inspirant pour un grand nombre de pays qui nous entourent. »

Pierre Gramegna ( L-directeur de la Chambre de commerce ) « Le français est la première langue de l’économie. La langue luxembourgeoise doit être un pont, pas une barrière. »

Joëlle Letsch ( L-managing partner de ADT-Center ) « Si les responsables politiques ont leur rôle à jouer pour susciter l’intérêt des non-Luxembourgeois à la politique locale et nationale, les étrangers résidents doivent aussi changer leur manière de penser et s’intéresser davantage à la vie politique du pays. »

Laura Zuccoli ( L-coordinatrice à l’Association de soutien aux travailleurs immigrés ) « Pour le droit de vote, un étranger doit attendre deux, cinq ou sept ans selon les avis. Il paie pourtant des impôts tout de suite. Derrière la nationalité, il y a une communauté de destin. Derrière le vote, il y a une communauté d’intérêts. Les deux logiques sont différentes mais elles sont complémentaires. »

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2030.lu

Ni punk attitude, ni conservatisme Citoyens et associations se bousculent au chevet du pays. Les initiatives veulent, sans tabou ni révolution, lui donner un nouvel horizon. Pour bâtir l’utopie de 2030, le capital intellectuel prend une valeur ajoutée.

Photo : Charles Caratini

Photo : archives paperJam

Photo : Olivier Minaire (archives)

Texte Alain Ducat

etite expérience : tapons « future » + « Luxembourg » dans un moteur de recherche Internet. La toile délivre instantanément des dizaines de milliers d’occurrences. En tête, on retrouve des renvois sur Luxembourg for Business, qui souligne que la capitale est désignée parmi les villes et régions d’Europe du futur (29 février 2012), ou sur l’ABBL qui se posait la question (en décembre 2011) du devenir du private banking. Dans ce hit-parade virtuel, on trouve encore, par exemple, PwC Luxembourg éclairant le futur des data centres en Europe, une réflexion sur celui des fonds d’investissement ou l’indice de bien-vivre au Luxembourg mesuré par l’OCDE. Pour un peu, on serait enclin à dire que, si la devise clamée par les plus déjantés des années Thatcher était « No Future », le Grand-Duché, loin de la punk attitude, mais

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— Mars 2013

de moins en moins tenté par le conservatisme, ne manque pas d’angles pour s’inventer un avenir. Encore faut-il s’entendre sur les angles et sur l’horizon… Désormais « The Future of Luxembourg » passe aussi par une plateforme, poussée par quelques esprits libres et brillants, et ouverte au plus grand nombre, baptisée 2030.lu. L’initiative sera officiellement vivante le 20 mars. Le site www.2030.lu se contente pour l’instant d’un compte à rebours et du slogan : « L’avenir du Luxembourg nous concerne tous ». Mais, cette vision d’avenir, on en parle depuis un certain temps, et ses porte-parole sont bien connus. En réalité, 2030.lu a démarré en 2012. « Nous avons réalisé environ 200 interviews avec des personnalités, de manière relativement discrète », explique Carlo Thelen, économiste à la Chambre

de commerce, un des initiateurs de la démarche qui se veut citoyenne et rassemble donc les avis à titre individuel, plutôt que pour les titres et qualités de chacun. « Nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose après l’échec de la Tripartite. Il n’y a plus de forum pour parler des problèmes du pays. Or, nous pensons que, pour maintenir son niveau de vie, le Luxembourg doit totalement se réinventer. L’idée est d’organiser le débat pour identifier des solutions pour l’avenir. » Personnages en quête de hauteur

L’initiative se pose donc en démarche de territoire, prospective, démocratique, ouverte, ciblée, censée imaginer le Luxembourg de demain, pour tous ceux qui y vivent, qui y travaillent ou qui y passent, ces catégories s’avérant volontiers décloisonnées dans la réalité.


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Photo : Olivier Minaire (archives)

Le Luxembourg, pays bon pour les affaires et où il fait bon vivre. C’est l’utopie parfaite qu’entend faire devenir réalité la plateforme qui se tourne vers l’horizon 2030. Pour que Luxembourg soit, dans tous les cas, « the place to be ».

Mais derrière Luxembourg 2030 et cette plateforme web, qui trouve-t-on ? Beaucoup de monde et d’associations, dont des personnages bien ancrés dans le paysage économique national, qui s’entrecroisent par ailleurs. Mais on ne doit pas y voir, assure-t-on, une initiative patronale qui ne dit pas son nom. Au demeurant, ces « personnages » souhaitent apporter leur expertise, en dehors de leur cercle de confort ou d’influence habituel. Par exemple, Carlo Thelen s’exprime déjà sur son blog, en parallèle à sa fonction première. Cet exercice du blogging à titre individuel, Serge Allegrezza s’y est également lancé, fin 2012, et il figure aussi parmi les personnalités qui poussent le mouvement. L’homme au nœud pap’, à la direction du Statec et de l’Observatoire de la Compétitivité, se trouvait déjà en tête de liste des membres

très actifs de la Solep. La Société luxembourgeoise de l’évaluation et de la prospective, association sans but lucratif créée en 2009 par l’Observatoire, a pour mission « de contribuer à la qualité des prises de décision en recourant aux méthodologies de l’évaluation et de prospective », et de promouvoir l’utilisation de la prospective  ces techniques dans les organisations publiques et privées. L’aide à la décision politique est un objectif assumé de ce groupe de quelque 80 participants bénévoles, personnes physiques ou morales. Parmi ces dernières, on retrouve notamment le ministère de l’Économie, la Chambre de commerce, le CRP Henri Tudor, Luxinnovation, le réseau Objectif Plein Emploi (un peu en proie aux affres du présent) ou des sociétés adhérant à la démarche, comme les Big Four de la Place… La Solep organise colloques ou sessions de formation, mais,

depuis 2011, l’essentiel de ses actions se tourne vers l’exercice de prospective grandeur nature « Luxembourg 2030 ». L’héritage du Cepros

2030.lu est jugée complémentaire à d’autres démarches, comme celle du collectif « 5 vir 12 », rassemblant des entrepreneurs aussi indépendants qu’emblématiques. Celui-ci était d’ailleurs associé à la grande table ronde – au Cercle Cité, le 6 février dernier – qui a mis sur la place publique le débat menant vers ce fameux horizon 2030. La Ville de Luxembourg a accordé son parrainage discret à cette manifestation. Parmi ceux qui y conviaient, se trouvait également une autre « association de volontaires », NexPros. NexPros est, également, un groupe informel, dont les membres ont Mars 2013 —

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Photo : David Laurent / Wili (archives)

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L’initiative se pose en démarche de territoire, censée imaginer le Luxembourg de demain, pour tous, ceux qui y vivent, y travaillent ou y passent.

pour la plupart contribué aux projets du Cepros. Asbl créée en 1996 – qui fait donc figure de précurseur de ce mouvement aujourd’hui amplifié par quantité d’échos – le Centre d’études prospectives de Luxembourg, porté par feu Edmond Israël, avait pour objet de mener des études et des réflexions dans les domaines sociaux, politiques, économiques ou scientifiques, pouvant servir de base d’action pour les décideurs économiques et politiques. On y retrouvait des figures toujours bien en place aujourd’hui, comme Norbert Becker, Yves Mersch, François Tesch, Frank Wagener ou Michel Wurth. Le Cepros (son héritage patrimonial a été légué à l’Université du Luxembourg et à la Sacred Heart University, dont ce même Norbert Becker préside d’ailleurs le conseil de gouvernance), plutôt visionnaire, avait publié des études sur les forces et faiblesses du Luxembourg dans la société globale de l’information, une réflexion de fond sur le rôle de l’État dans l’économie – en partenariat avec paperJam – ou encore une analyse sur les perspectives du système hospitalier de la Grande Région à l’horizon… 2015. Le groupe NexPros a également dans ses cartons un rapport sur le capital intellectuel, dans une vision du futur du Grand-Duché. Tout se tient, d’autant plus que NexPros compte aussi en son sein des membres actifs du New Club of Paris (NCP – une organisation internationale pour la promotion du capital intellectuel) basés à Luxembourg. Et que ces membres du NCP ont fondé LuxIC (Luxembourg association for intellectual capital), une association à but non lucratif — Mars 2013

dont la première sortie officielle aura été de coorganiser la conférence « The Future of Luxembourg ». Rassembler hors du cénacle

« Pour maintenir son niveau de vie, le Luxembourg doit totalement se réinventer. » Carlo Thelen (2030.lu)

La boucle est, ainsi, pratiquement bouclée. Et démontre que le cercle de réflexion tourne bien. En circuit fermé, pour ne pas dire en rond ? Non, si l’on s’en réfère à la volonté d’élargir le rayon. L’enjeu est, clairement, de faire bouger la réflexion hors du cénacle. C’est le moment, dans la perspective des élections législatives en 2014. « Les choses s’améliorent un peu au niveau conjoncturel, mais nous sommes toujours dans la crise. Les problèmes structurels restent restent, observe Carlo Thelen. Nous devons vraiment nous poser la question de savoir quel pays nous voulons avoir. Il faut maintenant des plateformes aussi larges que possible, pour que tous les citoyens puissent participer et contribuer au débat. débat. » 2030.lu et son réceptacle web devront faire œuvre d’initiative participative, interactive, pour rassembler toute la société, sans oublier de toucher les jeunes. Dans une démarche à l’échelle du futur d’un territoire, c’est primordial. C’est sans doute le plus difficile, si l’on veut atteindre un niveau de réflexion qui touche non seulement le business, mais aussi la qualité de vie tout entière d’un pays, pour une population cosmopolite, intégrée et responsabilisée. Mais le jeu en vaut la chandelle : ceux qui atteindront l’âge du droit de vote en 2014 auront la trentaine accomplie en 2030…


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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/future06022013 CONFÉRENCE

The Future of Luxembourg Les débats ont réuni, le 6 février, au Cercle Cité, un panel autour de plusieurs associations militant pour une vision à long terme pour le pays. L’occasion de planter le décor de l’initiative 2030.lu. Photos Charles Caratini

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01. Claude Arend (Commune de Frisange) et Hedda PahlsonMoller (Chameleon Invest)

04. Jean-Marie Nau (Nau) et Claudine Schmitt (Well Being at Work)

02. Jean-Jacques Mertens (Edge)

05. Philippe Worré (Manatee) et Benoit Mariscal (Catella Bank)

03. Gary Kneip (CLC) et Marc Feider (Allen & Overy)

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Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu/eco06022013 CONFÉRENCES

Journées de l’Économie

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Le traditionnel rendez-vous organisé par le ministère de l’Économie et du Commerce extérieur s’est tenu les 6 et 7 février à la Chambre de commerce, en présence de plusieurs centaines d’invités. Photos Jessica Theis 01. Françoise Hetto-Gaasch (ministre des Classes moyennes), Pierre Gramegna (Chambre de commerce), Didier Mouget (PwC) et Marja Letho (ambassadeur de Finlande)

03. Jeannot Krecké (ancien ministre de l’Économie)

02. Étienne Reuter (ministère des Finances), Charles-Louis Ackermann (Accumalux) et Jean-Lou Kremer (Resultance)

05. Gery Mayers (Adem)

04. Serge Allegrezza (Statec), Luc Henzig (PwC) et Carlo Thelen (Chambre de commerce)

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Dialogue social

Entre monologue et cacophonie Le projet de loi portant réforme du dialogue social en entreprise existe. Les commentaires ne manquent pas, surtout en coulisse. Entre proches élections sociales et pas si lointaines législatives, les échos rebondissent sur la compétitivité, la crise, l’efficacité et le coût des nouvelles mesures. Texte Alain Ducat

Photo : David Laurent / Wili (archives)

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e 7 février dernier, les rédactions recevaient un communiqué indiquant que « le Conseil de gouvernement a marqué son accord avec le projet de loi portant réforme du dialogue social à l’intérieur des entreprises ». Un projet de loi sensible, attendu depuis longtemps et touchant un sujet délicat, qui passe la barre de l’approbation au Conseil de gouvernement quelques jours avant qu’une bonne partie des forces vives du pays se mette entre parenthèses pour le congé de carnaval : on pouvait s’attendre, au retour des protagonistes, à voir enfler un débat tendu. Curieusement, le texte n’a pas vraiment déclenché de levées de boucliers ou de satisfecit. Très peu de réactions officielles, pour ne pas dire une quasi-absence : chacun semble peaufiner sa relecture du texte, à moins qu’il s’agisse d’activer discrètement les réseaux d’influence… Cela peut paraître curieux car l’envoi, juste avant une période de vacances – méthode devenue classique –, ne fait, en général, qu’attiser, a posteriori, le feu qui couvait entre les pros et les antis. Cependant, le cas présent est un peu spécial. — Mars 2013

Bien sûr, chacune des parties concernées doit digérer le texte, pour en tirer le suc et en faire son miel, ou son fiel. On peut aussi considérer que chacun a eu tout le temps de mûrir ses réflexions et de diffuser ses positions officielles. Une ligne politique

Onze années, si l’on considère que l’origine de la question actuelle se place à la directive européenne 2002/14/CE (11 mars 2002), que le législateur luxembourgeois essaie aujourd’hui de transposer dans le paysage national. Ce n’est, au demeurant, pas la première tentative. Le projet de loi, à présent entré dans le parcours législatif, a eu d’autres moutures. Les partenaires sociaux avaient été saisis, fin 2004, d’un avant-projet à l’objet similaire. Les réactions, à l’époque, avaient été nombreuses, et passablement tranchées. Le monde patronal avait sorti les barricades. « Formaliser davantage ne signifie pas automatiquement renforcer qualitativement le dialogue social en entreprise », disait à l’époque l’UEL. Cette position


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Dans les réunions de décideurs ou au cœur des entreprises, le nouveau dialogue social est un objet de discussion, encore feutrée, mais appelé à revenir de manière lancinante.

reste, a priori, inchangée aujourd’hui, malgré des avancées du texte : mêmes causes, mêmes effets. Les syndicats, de leur côté, plaidaient davantage, on s’en doute, pour un renforcement des prérogatives des représentants du personnel, avec des enjeux différents selon la taille des entreprises, l’importance des délégations, voire la présence (ou pas) d’un syndicat officiel dans l’entreprise. Ce dernier élément n’est pas neutre, dans une année d’élections sociales… D’ailleurs, les deux principales forces, OGBL et LCGB, n’ont pas nécessairement la même vision des définitions et règles à appliquer. Il se dit même, dans les coulisses, que le texte politique sur la table est, aussi, le fruit d’un compromis, d’une forme de recentrage ou d’arbitrage entre une ligne sociale dure – de gauche, proche des visées de l’OGBL – tenue par le ministre de l’Emploi et du Travail, Nicolas Schmit (LSAP) et une ligne plus « conciliante » (plus au centre, plus proche du LCGB), personnifiée par le ministre de la Justice, François Biltgen (CSV). Organe unique, frais multiples ?

Cet élément politique ne peut pas être neutre non plus, dans la perspective des futures élections législatives de 2014, dont les thèmes se construisent aujourd’hui et où la capacité à donner de la place à l’emploi, à l’économie compétitive et au citoyen, semble se profiler comme un « must have ». La légère – imperceptible ? – discordance des voix majoritaires d’aujourd’hui sur le dialogue social, l’influence des lignes syndicales sur les partis proches de leur philosophie, l’impact qu’aura dans ce débat l’éclairage que lui apportera l’opposition – et particulièrement le DP, naturellement plus proche du monde de l’entreprise –, tout cela aura sûrement un intérêt politique, dépassant le cadre de l’économie et de ses rouages. C’est d’ailleurs une des craintes : que l’objet concret, à savoir le bon fonctionnement des entreprises, cède le pas devant des considérations annexes… Soit. Le texte a été approuvé par le Conseil de gouvernement et va vers les étapes suivantes. Mais en l’état, que dit-il ? En substance, voici les grandes lignes. « Ce projet de loi vise notamment à placer la délégation du personnel au centre du dialogue social en l’élevant au rang de véritable représentant des salariés et d’interlocuteur de l’employeur dans l’entreprise », développe l’abstract officiel tel que communiqué sur le site du gouvernement. « En conséquence, le comité mixte est abrogé, et ses missions

en matière d’information, de consultation et de codécision sont transférées aux délégations du personnel. » La délégation devient ainsi l’unique organe représentant les intérêts des salariés. C’est là que tout devrait se jouer ! Et tout, dans le texte, s’organise autour des prérogatives de cette délégation. Entre autres, le projet de loi prévoit « que les délégués élus pour la première fois bénéficieront de 16 heures de formation supplémentaires pendant la 1re année ». Il assure aussi que la protection du délégué sera également renforcée, « notamment en cas de faute grave ». La préservation des droits du délégué passe par exemple par « le maintien automatique de son salaire pendant une période de trois mois. » Le droit de chaque délégation de recourir sous certaines conditions à des conseillers externes est également renforcé. Le projet de loi stipule aussi que « les droits d’information et de consultation des délégués sur la vie de l’entreprise sont étendus à des domaines supplémentaires », comme la formation professionnelle initiale, la politique de prévention du harcèlement et de la violence au travail, l’organisation du temps de travail, les plans de formation professionnelle continue, la gestion des âges, la mise en œuvre des reclassements internes, la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle… Évidemment, on n’est ici que dans le résumé d’un projet, qui a encore tout un parcours à accomplir et sans doute quelques fourches caudines sous lesquelles passer, tout cela étant susceptible d’amendements à la marge. Mais l’esprit est là, tout entier. Et il fait parler, dans tous les sens. À ce stade, on relèvera que les prises de parole officielles et publiques sont rares. En revanche, les commentaires abondent, dans les réunions de décideurs, les workshops de ressources humaines ou les cercles de lobbyistes. Bon nombre de professionnels des ressources humaines s’inquiètent, avec leur patron, des conséquences sur l’efficacité de l’entreprise. Il y a une lourdeur des choses, potentiellement induite par la présence possible, aux côtés des délégués, de conseillers syndicaux et / ou juridiques. Il y aurait un coût aussi si, de fait, l’entreprise était tenue de prendre à sa charge les frais occasionnés par le recours à des professionnels – les avocats et leurs émoluments sont craints par-dessus tout ! – extérieurs à la société. Il y a sept ans déjà, dans sa note sur « la réforme nécessaire du dialogue social au niveau des entreprises », l’UEL donnait une évaluation des charges Mars 2013 —

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Photo : Luc Deflorenne (archives)

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Depuis que la Tripartite a fini d’être efficace, le dialogue a pris d’autres contours.

administratives et des heures de travail perdues. « En ne prenant en compte que les seules heures des représentants des salariés, le nombre d’heures de travail consacrées au dialogue social par une entreprise disposant d’un comité mixte varie entre 10 heures et 4,5 heures, par salarié et par an ! » Même en éliminant le comité mixte pour mettre sur le pavois la délégation d’entreprise (une piste qu’évoquait l’UEL d’ailleurs), le discours patronal risque de se retrancher derrière les coûts.

clairement appuyé sur « l’importance du dialogue social non institutionnalisé », d’autant plus vrai pour les petites et moyennes entreprises (autant dire pour l’énorme majorité du tissu du pays) « où le dialogue social se présente souvent sous la forme d’un dialogue direct et personnel ». En gros, resserrer le cadre législatif reviendrait, dans cette optique, à rendre compliqué ce qui était simple auparavant. Dans les grandes structures, on ne se réjouit pas davantage. « Si on doit arriver à un système où la décision est censée se prendre dans Beaucoup de bruit pour rien ? une salle où il faut un quorum élargi de délégués du personnel, flanqués de conseillers selon la matière, on n’arrivera jamais à une unanimité des C’est sans doute d’autant plus vrai que le texte de loi prévoit vues, pour autant qu’on arrive à rassembler tout le monde déjà, dans aussi une meilleure formation des délégués, afin que ceux-ci un lieu commun et selon un agenda unique », persifle ce DRH, actif soient mieux à même de remplir leur mission, en meilleure dans une multinationale bien installée au Grand-Duché. Pour connaissance des rouages économiques. La formation ad hoc un de ses collègues, « on arrivait toujours à un accord, à un sera répercutée dans les charges de l’entreprise. Un prix à compromis intelligent, sans aller au conflit. Nous discutions à quelquespayer pour rencontrer ce que disait, aussi, l’UEL en 2005 : « Il uns, le message passait vers la base et vers le sommet de façon est vrai que la qualité du dialogue social en entreprises souffre concomitante et on revenait à la table avec quelque chose de concret, souvent d’un manque de compétences dans le chef des délégués assez facilement. Si je décode bien ce que le projet nous propose, du personnel » … les aller-retour devraient être moins longs, mais les réunions, Ce dialogue social new-look aura-t-il plus d’effet ? qui ne seront pas faciles à mettre en place, risquent en C’est au fond la vraie question. Dans un revanche de durer, voire de se durcir, avec la pression « Le comité colloque sur le dialogue social au du résultat à faire sortir. Je ne suis pas sûr du tout mixte est abrogé et Luxembourg, organisé en février 2011 par que le dialogue sera plus efficace. Et donc que l’Institut Pierre Werner, sous l’égide du ses missions en matière cela servira la compétitivité. » ministre du Travail, Nicolas Schmit, et Pour l’instant, le bruit, même feutré, d’information, en présence de quelques sommités assourdit un peu les avancées du de consultation et de nationales, Thierry Schuman (BGL projet. Peut-être pour rien : le texte, par codécision sont BNP Paribas) et Marc Kieffer (Fedil) son contenu, autant que par son transférées aux délégations contexte économique, social et avaient approché le côté pragmadu personnel. » tique. Leur intervention, résumée politique, aura encore un chemin à faire dans les actes du colloque, soulignait et des obstacles à vaincre, avant d’avoir (Communiqué du gouvernement que « le renouveau du dialogue social s’inscrit force de loi. Comme il n’y a plus guère de xxx sur le projet de loi portant réforme du dialogue social xxxxxxxxxxxxx désormais dans une démarche innovante, tripartite, le dialogue derrière le dialogue à l’intérieur des entreprises) parfois en dehors du cadre légal, pour déterminer social pourrait avoir des airs de cacophonie, ou ce qui augmente la qualité de vie des gens ». L’UEL a de monologue. Pour un résultat analogue ? — Mars 2013


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Entreprises familiales

Succession Story

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Textes Alain Ducat, Jean-Michel Gaudron, Thierry Raizer, Pierre Sorlut Photos Julien Becker

Souvent, on entend des responsables du pays y déplorer un certain manque d’esprit d’entreprendre. Pourtant, il y a des familles qui semblent avoir cet esprit ancré en elles, sur plusieurs générations. Au Luxembourg, 70 % des entreprises sont dites « familiales ». Et elles représentent 60 % du produit national brut. Cela les rend incontournables. Elles sont parfois discrètes, parfois très médiatiques. Les fratries qui en tiennent les rênes sont du même acabit, tantôt plutôt dans l’ombre, tantôt captant la lumière. Dans tous les cas, cela confère un côté fascinant à cet ensemble. Il était donc a priori intéressant de se pencher sur ces affaires de famille, dans la mesure où elles s’apparentent à un modèle très fort, voire structuré, à l’échelle du pays et de son tissu économique. Le Grand-Duché a produit quelques belles histoires, toujours en cours. Il y a, dans chaque scénario, une racine emblématique à l’arbre généalogique, un pionnier nourri aux bonnes idées et dur au labeur, un contexte, une part de folie ou de chance. Derrière, il y a celles ou ceux qui reprennent le flambeau. Des enfants de la balle, qui peuvent jongler, à leur tour. Des fils et filles de ? Des gens nés avec une marque en guise de patronyme et qui n’ont plus qu’à se façonner un prénom ? Pas nécessairement : si rien ne se crée ni ne se perd, tout se transforme. Et les histoires d’entreprises familiales, d’hier et d’aujourd’hui, témoignent de l’évolution que peuvent apporter les jeunes pousses au tronc soigné par leurs aînés. De manière un peu aléatoire, paperJam a rassemblé une bonne dizaine de ces (parfois très) jeunes entrepreneurs, appelés à prendre le relais. Leurs parcours sont faits d’expériences, d’immersion totale, d’implication dans le projet, de perspectives… Et dans tous les cas, d’un profond respect pour la voie ouverte, ce qui n’empêche pas d’avoir ses propres idées pour la suite, afin de prolonger le succès au moment de la succession. Mais rien n’est jamais acquis. Et tout ne se transmet pas aisément. Un patrimoine d’entreprise, cela se gère, jusque dans la prévision de la fin d’une fratrie, d’une non-reprise par les enfants, d’une éventuelle bisbille entre héritiers, ou d’un possible rachat par d’autres investisseurs. Il y a, pour tout cela, des professionnels avisés et des outils que le Luxembourg, concerné par le modèle spécifique, a su mettre en place.

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Histoires d’entrepreneurs

AFFAIRES DE FAMILLE Soit leur nom est une marque, soit ils contribuent à donner de l’éclat à une entreprise dirigée par un de leurs parents. Les jeunes entrepreneurs d’hier ou de demain font partie intégrante du tissu économique national qui peut s’exporter, se développer, se transformer et se transmettre. Quand parcours de vie et business vont de pair.

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TEXTE ALAIN DUCAT

histoire économique du Luxembourg se confond souvent avec des histoires de famille. À se demander, parfois, s’il n’existe pas un gène de l’entreprise, quelque part dans la chaîne ADN de certaines fratries, qui pourrait être en plus favorisé par le climat grand-ducal. Si l’on regarde parmi les entreprises emblématiques d’aujourd’hui, les exemples sont légion. Et, souvent, il y a ce petit plus qui fait les belles histoires. 230 bus de ligne, 32 cars touristiques et 70 minibus, selon son décompte : Sales-Lentz est devenue une grosse société spécialisée, d’une part, dans les transports – publics et privés – en autocars et bus – et, d’autre part, dans les activités de voyagiste. La société grand-ducale a essaimé, au fil de rachats d’entreprises, notamment en Wallonie. Elle s’est développée en faisant croître des activités à la fois différentes et intimement liées. Comme peuvent l’être des frères, sans doute. Et ce n’est pas un hasard… Jos et Marc Sales, quand ils sont entrés dans la maison familiale, ont chacun développé un pan de ses activités, jouant de la complémentarité naturelle et contribuant à donner des airs de marque forte à l’entreprise née dans un village du sud du pays… aux bords d’un terrain de football. L’anecdote – savoureuse et fleurant bon le terroir dans un passé pourtant pas si lointain – fait partie du mythe officiel de l’entreprise…

Juste après la Seconde Guerre mondiale, Jos Lentz, marchand de blé et fervent supporter du Progrès Niederkorn, assurait le transport de ses condisciples, pour aller voir les matchs aux quatre coins du pays, avec son vieux camion. Hors saison de foot, il se mit à organiser des excursions à la côte belge, pour la famille, les amis, avec le Dodge aménagé qui faisait aussi couchette... Vint le premier bus Bedford, en 1948, pour amener les ouvriers de la « Schmelz » entre Sanem et Differdange. Un an plus tard, ce trajet devenait la première ligne officielle de bus dans la région sud. La vocation était là, le business model à développer aussi. En 1961, la fille de Jos Lentz, Agnès, et son mari Henri Sales créèrent l’entreprise Voyages Henri Sales-Lentz. Suivirent, par étapes, les nouveaux bus, une première agence de voyages à Bascharage, le premier catalogue, les premiers pas dans la capitale, les premières acquisitions d’autres entreprises… La success story est toujours en cours, et la succession a su faire jouer ses atouts.

Le siècle du digital Un autre exemple, parmi tant d’autres, montre que l’on peut reprendre une société paternelle et la transcender, même sous des airs de détricotage, pour entrer dans une nouvelle ère, puis créer des horizons complètement nouveaux. Nicolas Buck


COVERSTORY

BENJI KONTZ

« Avoir une expérience professionnelle en dehors de l’entreprise familiale permet d’apprendre d’autres façons de penser, d’autres schémas de travail, de s’enrichir des méthodes d’autres entreprises. » Antoine Clasen (Bernard-Massard)

l’a fait. Désigné entrepreneur de l’année en 2004, quatre ans après le lancement de VBS (Victor Buck Services, spécialisée dans le traitement de données financières, que l’intéressé laisse aujourd’hui dans le giron des P&T pour se lancer dans l’aventure de Seqvoia), il avait alors derrière lui près de 10 ans de gestion de l’imprimerie familiale. En 1995, il avait pris la tête de l’imprimerie Victor Buck, vieille de 150 ans. A-t-il commis un crime de lèse-aïeul en rebaptisant la société en Qatena, en 2008 ? Puis en délocalisant une partie des activités en Slovaquie, en 2009, avant de devoir fermer le site de Leudelange ? Ou alors a-t-il apporté une nouvelle dimension, comme pour mieux faire resurgir la marque patronyme ? La suite du parcours plaide pour cette vision…

La suite du père, à la maison mère Quand Nicolas Buck a repris les rênes, à 27 ans, il était diplômé en sciences économiques et ingénieur industriel, spécialisé en imprimerie. Son père, Francis, avait pour sa part été impliqué dans l’entreprise en tant que bâtisseur (la construction des locaux à Leudelange en 2000), sans être imprimeur de formation. Mais c’est aussi à ce moment charnière de l’entrée dans le 21e siècle – qui à n’en pas douter allait être digital ou ne serait

pas –, que naissait VBS, rapidement devenue leader sur le marché lié à la place financière et premier prestataire de services PSF du pays en 2003. « VBS est un exemple type de ce que peut être une success story au Grand-Duché », soulignait Nicolas Buck dans une longue interview à paperJam en 2004. Il appuyait en outre sur le partenariat noué avec l’associé fondateur, le Belge Renaud Jamar de Bolsée. « À partir du moment où l’on s’ouvre à l’étranger, il faut savoir s’entourer de gens de nationalités différentes qui comprennent les cultures de ces pays vers lesquels nous allons », ajoutait M. Buck. On ne dira certainement pas le contraire à l’ombre des caves de Bernard-Massard. Soutenu financièrement par une poignée de passionnés luxembourgeois et belges, Jean Bernard-Massard a créé l’entreprise en 1921. À l’époque, le but était d’élaborer des vins mousseux de qualité au Luxembourg et de capitaliser sur l’opportunité de marchés ouverts par la création de l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL). Le marché belge est devenu le plus grand débouché de Bernard-Massard. Et c’est de Bruxelles qu’observe, pour l’heure, le prochain « patron », Antoine Clasen. Car, après le décès (en 1937) du fondateur ayant laissé son nom aux caves et aux vins, les destinées de l’entreprise ont été prises en main par la famille Clasen. D’abord sous la

32 ans Administrateur délégué d’Arnold Kontz Group Activité : concession automobile, marques BMW, Mini, Land Rover, Aston Martin Chiffres clés : 220 employés ; C.A. non communiqué ; 4.000 voitures vendues en 2012 Titulaire d’une maîtrise en droit international – droit des affaires (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) en 2004 Fils de Tom Kontz, gérant du groupe créé en 1917, il est entré au sein de la direction en 2005 et avait en tête, depuis la fin de ses études secondaires, d’intégrer l’entreprise familiale pour, à terme, la reprendre. Il est membre du conseil d’administration de l’Adal (Association des distributeurs automobiles luxembourgeois). « Il n’y a pas de rupture brusque lorsque la génération suivante reprend… Les changements ne sont pas si importants et l’essentiel reste de gérer l’entreprise dans le respect des salariés. C’était déjà le cas pour mon père. »

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LAURENT DECKER

28 ans Directeur général adjoint du Baucenter Decker-Ries

« On a vendu à une autre entreprise familiale, mais qui avait de gros arguments. » Denis Van den Abbeel (DPS)

Activité : centre commercial intégré (20.000 m²), dédié au secteur de la construction et l’habitat Chiffres clés : 120 employés ; C.A. 2012 : 15 millions d’euros Titulaire d’un master Grande École en management (spécialisation entrepreneuriat et stratégies d’entreprises) de HEC à Montréal et EM Strasbourg Fils de Marc F. Decker-Demoullin, dirigeant de la 4e génération de l’entreprise fondée en 1899, il est entré au sein de la structure en 2009 directement au poste de directeur général adjoint. Il y est responsable finances et administration, et responsable stratégie et développement. Il a, depuis, également accédé à plusieurs fonctions d’administrateur dans diverses sociétés, actives notamment dans le domaine de la construction. Il est, en outre, membre de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, d’Euro-Mat, de la Fédération luxembourgeoise des négociants en matériaux de construction et de la Fédération des entreprises de carrelages. « Aujourd’hui, le Luxembourg manque incontestablement d’entrepreneurs, à force de se baser sur des acquis éphémères et de développer une peur de l’échec. Or, pendant mes études, j’ai pu faire connaissance avec l’esprit entrepreneurial nord-américain. Ça vous enflamme. »

présidence de Bernard, avocat au Luxembourg, puis de Joseph (frère de Bernard), André et Carlo (fils de Joseph), Hubert (fils de Carlo) et bientôt, donc, Antoine (fils de Hubert)… « Actuellement, je m’occupe principalement de la marque en Belgique où je travaille avec notre importateur (Vasco), dit le jeune brand manager, à peine trentenaire. Mais à partir du 1er juillet, je rejoindrai le siège de Bernard-Massard à Grevenmacher. » Il y épaulera son père dans différentes fonctions, avant de prendre la suite, dans quelques années. Il était senior advisor en corporate finance chez PwC Luxembourg quand il a opté pour l’entrée dans la société familiale. « Nous avions souvent discuté avec mon père de la possibilité d’intégrer le groupe, mais j’attendais le moment propice. Je voulais absolument avoir une expérience significative avant de rejoindre la société. J’imaginais passer au moins cinq ans en dehors. Pour moi, avoir une expérience professionnelle en dehors de l’entreprise familiale était plus qu’un atout, c’était une nécessité à mes yeux. Cela permet d’apprendre d’autres façons de penser, d’autres schémas de travail, de s’enrichir des méthodes d’autres entreprises. »

Une histoire de frères et de sœurs La décision est arrivée plus vite que prévu. « Notre nouvel importateur en Belgique était à la recherche d’une personne pour s’occuper de la marque et j’ai sauté sur l’occasion. C’était la porte d’entrée idéale  : je travaillerais pour Bernard-

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Massard, à l’étranger, en collaboration avec la maison mère.  » De la maison mère à la filiation directe, n’y aurait-il qu’un pas tout naturel ? Nicolas Buck, pour sa part, n’est pas un adepte à tout crin de la théorie du « fils de » qui reprendra forcément et se fera un prénom. « Le but n’est pas de faire entrer les enfants dans la société. Et puis les enfants d’entrepreneurs sont rarement entrepreneurs eux-mêmes... » Il y a, quand même, de véritables sagas familiales. Celle de la famille Wickler n’est pas la moins spectaculairement tentaculaire. Cette saga commence chichement, en 1955, avec la carrière de Mathias Wickler : son premier camion tourna pour l’évacuation des terres du chantier du futur aéroport du Findel à Luxembourg. Mais ce chantier était une mine d’or, pour qui savait se retrousser les manches… Ses frères, Léon, Fernand et Albert le rejoignirent peu à peu. Ensemble, ils créèrent, en 1964, Wickler Frères, entreprise de génie civil. Trois ans plus tard, l’entreprise avait un premier pied en Belgique, puis sa propre centrale à béton, puis une deuxième, près d’Arlon. En 1982, Georges Wickler, fils de Mathias, rejoignait le groupe en plein boom, présent en Allemagne, en Belgique, avec une filière de travaux publics bien intégrée. La même année, la fille de Mathias, Christiane, construisait du solide. Une station-service à Oberpallen. Un modeste point de vente stratégique, frontalier. Et qui posait ainsi les jalons de ce qui


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ISABELLE LENTZ

34 ans Manager des enseignes « DrinX by Munhowen » et du secteur des dépositaires au sein de Munhowen-Brasserie Nationale

ANTOINE CLASEN

À se demander, parfois, s’il n’existe pas un gène de l’entreprise, quelque part dans la chaîne ADN de certaines fratries.

Activité : production de bière, distribution de boissons Chiffres clés : 263 employés ; C.A. du groupe Bofferding-Munhowen (hors accises) : plus de 66 millions d’euros en 2012 Titulaire d’un bachelor à l’École Hôtelière de Lausanne (EHL) Fille de Georges Lentz Jr., administrateur délégué de Bofferding, elle a rejoint l’entreprise en septembre 2011 après cinq années en tant que gérante propriétaire de l’Hôtel Le Châtelet à Luxembourg. Son père est lui-même le fils du repreneur de la Brasserie Funck-Bricher (1949), devenue en 1975 Brasserie Nationale après la fusion avec la Brasserie Bofferding. Elle est aussi la présidente de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise. « Alors qu’être indépendante est très sympa, travailler dans une entreprise où on est entouré de gens professionnels permet d’apprendre plus rapidement le métier de fond en comble. »

allait devenir, d’extensions en diversifications, le groupe Pall Center, avec ses centres commerciaux de proximité, son offre horeca, une station multiservice pour routiers, une entreprise de nettoyage… Et en 1986, c’est sa sœur Mariette qui entrait dans la danse, avec une nouvelle activité : Asport était sur les rails, d’abord à Ingeldorf puis à Wickrange. Difficile, évidemment, de ne pas déceler comme une prédisposition à l’entreprise dans cette famille, dont les repas de retrouvailles pourraient vite prendre des allures de business lunch, si le travail ne faisait pas, tout simplement, partie des valeurs à l’éducation… Il serait d’ailleurs étonnant qu’à la génération suivante, il ne se trouve pas l’un ou l’autre rejeton entreprenant pour suivre la lignée. Il y en a d’autres, bien entendu, aux quatre coins du pays, de ces fratries prodigues. Elles ont toutes une histoire, une ligne du temps, une référence, un premier de cordée. Et toutes ne sont pas médiatisées. Certaines familles n’ont pas moins bien réussi, sans pour autant passer le cap d’une identification forte, le plus souvent à dessein d’ailleurs.

Les pionniers de la Route 66 Un exemple ? À Rombach, on vit de l’attrait de Martelange, localité frontière à moitié sur la Belgique, mais dont seul le versant luxembourgeois est doté d’une riche activité commerciale. La N4 y fait figure de Route 66 ! Et on y vient de loin, parfois par autocars entiers, pour pratiquer, notamment, le célèbre « tourisme à la pompe ». Arthur Van den Abbeel, un entrepre-

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30 ans Brand manager de Bernard-Massard (Vasco), à Bruxelles Activité : production et exploitation viticole. Siège à Grevenmacher, filiale à Trèves, actionnaire du Château Fontesteau à Bordeaux Chiffres clés : 150 employés (85 au Luxembourg) ; C.A. de 30 millions d’euros (dont 17 millions au Luxembourg) ; exportations dans près de 20 pays (principaux : Belgique, Finlande, Canada) Titulaire d’un master en science financière (HEC Paris) Fils de Hubert Clasen, issu d’une lignée familiale qui préside aux destinées de Bernard-Massard depuis 1937 (l’enseigne ayant été fondée en 1921, par Jean Bernard-Massard), il a rejoint l’entreprise en janvier 2011, après un passage chez Pictet à Genève et PwC Luxembourg. Actuellement, il s’occupe principalement du marketing de la marque en Belgique où il travaille avec la société Vasco, l’importateur de Bernard-Massard, mais s’apprête à rentrer au bercail (lire en page 48) où il en profitera pour rejoindre une association sectorielle et / ou patronale. « C’est d’une importance vitale pour notre réseau d’entreprises familiales. » « Plus on commence à connaître une société et un marché, plus on se pose de questions qui entraînent des réglages à apporter au cap. C’est essentiel et rien ne sert de foncer la tête baissée sans se poser de questions. Un grand avantage, cependant, c’est de bien s’entourer pour recevoir des avis objectifs, que ce soit au sein de l’entreprise, de la famille ou de l’extérieur. »


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JEAN MULLER

31 ans Deputy CEO chez Moulins de Kleinbettingen Activité : activité meunière ; production de farines et de semoules, activités meunières Chiffres clés : 45 employés, C.A. : 41 millions d’euros ; 100.000 tonnes de blé écrasées par an Titulaire d’un master en entrepreneurship & technology management (HEC à Lausanne)

De la maison mère à la filiation directe, n’y aurait-il qu’un pas tout naturel ? En tout cas, il faut se faire un prénom.

Fils d’Edmond Muller, descendant de la famille Muller, propriétaire des infrastructures meunières depuis quatre générations au sein de l’entreprise fondée en 1894, il a rejoint l’entreprise en septembre 2010 après avoir été analyste chez Valartis Banque (pendant un an), puis consultant chez Helbling Corporate Finance, en Suisse. « Mon expérience en corporate finance, couplée à une formation de meunier en Suisse, me permet d’aborder l’activité tant sous l’angle stratégique que sous ses aspects opérationnels. »

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neur du cru, y a installé une station-service en 1979. Son fils Philippe a repris le flambeau. En 1982, le paternel prolongeait son activité par une surface de gros et détail particulièrement dotée en tabacs, alcools, vins et spiritueux. Supermarket DPS s’appuyait discrètement sur les initiales des prénoms des trois fils Van den Abbeel (dans l’ordre alphabétique et de naissance du même coup) : Denis, Philippe et Stephan (41, 40 et 39 ans). Arthur a encore amélioré un peu son parc immobilier sur Rombach avant de céder les rênes. Philippe a gardé la station, et ne manque jamais de faire le buzz pour se distinguer de ses voisins et doper ses ventes. Denis et Stephan ont développé les outils et multiplié les marchés : Tabagro pour le commerce de (très) gros volumes en tabacs, Alcogro pour les alcools (les entrepôts sécurisés ont atteint 5.000 mètres carrés), Lux-Vending pour les automates à cigarettes, Tabagro-reload pour gérer des terminaux de recharge téléphonique… Les Van den Abbeel ont revendu leur groupe Tabagro en 2012 (à Fixmer, la filiale de Landewyck Group). « On a vendu à une autre entreprise familiale, mais qui avait de gros arguments », clignent les frères vendeurs. Et, ayant gardé de solides atouts, ils réinvestissent le fruit de cette belle affaire. À Rombach toujours, le berceau familial, où ils restent incontournables : ils y ont aussi, avec la société DPS et son « supermarket », cinq stations-

services (de quatre marques différentes) le long de la nationale, un restaurant, une taverne, un salon de coiffure-parfumerie, une supérette, une vinothèque, un détaillant en cigares de luxe… Et plein de projets. « Il reste des locaux dans des bâtiments rachetés ces derniers temps, on a des plans de construction et d’aménagement, pour la circulation, le parking, la sécurité aussi », glisse Denis Van den Abbeel. DPS comprend encore une cinquantaine d’employés. Et entretient des perspectives durables, avec plus de 3 millions d’euros d’investissements programmés en 2013. Les frères Van den Abbeel ont quelques contrats dans les tiroirs, pour implanter, dans ce coin de frontière luxembourgeoise, de nouvelles enseignes internationales attirées par l’effet Martelange… On pourrait ainsi multiplier les exemples et les parcours, dont le pays ne manque pas (voir aussi l’interview de Marianne et Viviane Welter – Transports Arthur Welter, en page 10 du cahier « Management »). Les entreprises familiales poussent volontiers dans le creuset luxembourgeois, de toute évidence. Entre idée de génie, coup de pouce du destin, évolution ciblée et passage de témoins, les histoires de patronyme qui devient une marque, ou d’image de marque avec laquelle il faut se faire un prénom, font partie du paysage. La notion d’affaires de famille y prend sans doute un sens tout particulier.


ENTREPRENEURS : SUCCESS STORIES Mercredi 20 mars 2013

1 soirée, 10 experts, 6 minutes par orateur ÉVÉNEMENT SOUS LE PARRAINAGE DE : Mme FRANÇOISE HETTO-GAASCH, MINISTRE DES CLASSES MOYENNES ET DU TOURISME

Jean-Luc Dourson Laboratoires d’analyses médicales Ketterthill

Georges Lentz Munhowen / Brasserie Nationale

Les créateurs d’entreprise portent la croissance de demain et font bouger les lignes.

Eva Ferranti Eva Ferranti

Béatrice Martin KidsCare

Robert Goeres Goeres Horlogerie

Marc Neuen Emresa

René Grosbusch Marcel Grosbusch & Fils

Katia Scheidecker MNKS

Bob Kneip Kneip

Marco Sgreccia Tracol

Découvrez leurs témoignages, leurs parcours respectifs et les étapes qu’ils ont eu à franchir pour réussir dans leur entreprise. Des exemples à suivre pour les entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain.

Restaurant Namur (Luxembourg-Hamm) Programme : 18 : 30 Accueil et cocktail 19 : 00 Mots de bienvenue 19 : 10 Début du 10x6 20 : 15 Cocktail de clôture

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FILS & FILLES DE...

« Nous en avons souvent discuté avec mon père, mais j’attendais le moment propice, voulant absolument avoir une expérience significative avant de rejoindre la société. »

« Je crois jouir d’un bon mentor en la personne de mon père. » Timothé Fuchs (Fuchs & Associés Finance)

Antoine Clasen (Bernard-Massard)

« Les affaires ont toujours été bien séparées de la vie privée. Pas question d’en parler autour de la table. » Laurent Decker (Decker-Ries)

« Travailler ici n’allait pas forcément de soi. Mais je savais que si je voulais rejoindre l’entreprise, j’étais le bienvenu. » Benji Kontz (Arnold Kontz Group)

« Ma marque de fabrique sera certainement celle d’une gestion féminine, dans un monde d’hommes. » Isabelle Lentz (Brasserie Nationale)

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« Il faut faire chaque jour un peu mieux, en tenant compte de ses erreurs pour ne pas les répéter. » Jean Muller (Moulins de Kleinbettingen)


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« Les enfants sont toujours plus honnêtes avec les parents que peuvent l’être les employés. » Paul Elvinger (Elth)

« Il ne faut pas grandir trop vite. » Lynn Grosbusch (Marcel Grosbusch & Fils)

« L’expérience à l’étranger m’ a permis de disposer d’un solide bagage à mon retour il y a trois ans.» Christophe Thiry (Karp-Kneip)

« Cela ne fait que six mois que je travaille dans l’entreprise. Le premier objectif, c’est de trouver ma place. » Laura Ferber (Ferber Hair & Style)

« Il est important de savoir exactement quelles tâches font les employés, en les faisant moi-même. » Goy Grosbusch (Marcel Grosbusch & Fils)

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Vues d’entrepreneurs

QUAND SUCCESSION RIME AVEC VISION

E

Ils ont planté les jalons qui les mènent vers la reprise de l’affaire familiale. Un parcours fait d’apprentissage et d’innovation. L’objectif de la jeune génération est le même que celui de leurs aînés : maintenir la pérennité de l’entreprise. TEXTE THIERRY RAIZER

st-ce que cela veut dire que nous devons partir ? » L’étonnement, non dénué de malice, du père d’un des entrepreneurs rencontrés dans le cadre de ce dossier, laisse transpirer une réalité pour les entreprises familiales : la passation de témoin est une étape progressive. Les jeunes entrepreneurs comptent donc sur le précieux soutien et les conseils réguliers de leurs prédécesseurs. « Mon père joue le rôle de mentor, déclare Paul Elvinger, administrateur de Elth, entreprise spécialisée dans la production de thermostats, de sondes ou de capteurs pour l’industrie automobile et l’électroménager. L’échange est très important si on veut un jour assurer une bonne transmission d’entreprise. » Cette complicité avec le référent stimule l’apport de nouvelles idées – dont les successeurs ne manquent pas – qui ont été glanées au fur et à mesure du cursus scolaire. « Outre la construction d’un nouveau silo, d’autres projets connexes nous occupent, déclare Jean Muller, deputy CEO des Moulins de Kleinbettingen. Mon expérience en corporate finance, couplée à une formation de meunier en Suisse, me permet d’aborder l’activité tant sous l’angle stratégique que sous ses aspects opérationnels. » L’écriture d’un nouveau chapitre de l’entreprise est à l’origine même de l’intégration professionnelle d’enfants dans certaines structures. « Je suis revenu de l’étranger pour me consacrer à un projet inédit : l’ouverture d’un ‘barbershop’ à la Belle Étoile en avril prochain, déclare Laura Ferber, employée des salons de coiffure éponymes actuellement gérés par son père. Outre le quality management dont j’ai la charge, j’ai d’ores et déjà pu mettre en place un nouveau système d’évaluation des coiffeurs. » Quand spécialisation rime avec

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diversification… Les descendants combinent par ailleurs aisément la casquette de successeur avec celle d’investisseur. « Je me positionne aujourd’hui comme un investisseur dans la technique du bâtiment et les services informatiques », déclare Serge Rollinger. Celui qui administre le groupe Rollinger Walfer est en passe de finaliser le rachat de la société Rollinger Chauffage Sanitaire, avec son management en place.

Faire avec la crise Reste que les impulsions que les jeunes entrepreneurs souhaitent donner sont forcément influencées par le contexte économique. Alors que leurs prédécesseurs ont pu compter sur des périodes favorables, la relève doit, aujourd’hui, composer avec la crise. « Cela nous oblige à revoir constamment notre position stratégique, indique Laurent F. Decker, directeur général adjoint du Baucenter Decker-Ries, centre commercial spécialisé dans les matériaux de construction. Grâce à un positionnement unique sur le marché, nous sommes aujourd’hui en mesure de nous spécialiser encore plus dans certains domaines, en intensifiant notamment la recherche de nouveaux produits et services tout en essayant de regrouper certaines activités. » L’anticipation d’éventuels changements de consommation n’empêche pas de nourrir des ambitions, qu’il s’agisse d’agrandissements ou d’ouverture de nouveaux sites, en capitalisant sur un certain sens du pragmatisme. « Notre politique n’a jamais été de vouloir une croissance à tout prix, précise Benji Kontz, administrateur délégué du groupe Arnold Kontz, concessionnaire automobile. Nous avons eu l’occasion de reprendre des concessions au Luxembourg et à l’étranger qui se trouvaient dans des situations écono-


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TIMOTHÉ FUCHS miques difficiles. Mais nous ne l’avons pas fait pour nous concentrer sur notre site unique en ville avec des marques très complémentaires. » D’autres secteurs restent influencés par le contexte international, ce qui peut compliquer la tâche du dirigeant. « Le marché est très compliqué et la finance a mauvaise réputation, déclare Timothé Fuchs, attaché de direction du cabinet de conseil financier Fuchs & Associés Finance. Nous nous inspirons donc de ce que les clients recherchent, dont la transparence, l’honnêteté et la sincérité. » Comme nombre d’entrepreneurs luxembourgeois, les repreneurs entendent bien prospecter à l’étranger, sur base d’une expérience acquise justement au-delà des frontières. Christophe Thiry, en charge de l’administration et des finances chez Karp-Kneip, capitalise ainsi sur son parcours dans l’une des entités du groupe Bouygues en France. Outre sa contribution à l’entreprise fondée en 1898, il dirige la société TSM, créée en 2011 et spécialisée dans les conduites. « Nous ambitionnons de consolider davantage les bases de la société et de continuer sur notre bonne lancée en diversifiant l’activité. Le tout en conquérant de nouveaux marchés. » Cette conquête se place avant tout à l’échelle de la Grande Région et des pays voisins. « Il y a encore plein de marchés connexes à développer par rapport à nos métiers actuels, note ainsi Tom Steffen, associé et attaché de direction chez Steffen Traiteur. Nous menons énormément de projets au Luxembourg et à l’étranger. »

En bas de l’échelle Loin du cliché des «  f ils (ou filles) de…  » qui seraient propulsés directement en haut de l’organigramme familial, ils trouvent leur inspiration dans une connaissance approfondie de l’entreprise. Département par département. « J’effectue un stage tournant dans tous les services, déclare Lynn Grosbusch, product manager Fruit@Office chez Marcel Grosbusch & Fils. Celle qui s’apprête à diriger l’un des principaux maraîchers du pays se donne du temps. « Je veux finir mon stage dans tous les services avant d’analyser les pistes de développement. » Certains ajoutent, au sortir de leurs études, des formations spécifiques à leur CV. Jean Muller a ainsi décroché un diplôme de meunier en Suisse alors que François Decker a effectué des apprentissages et des formations relatives aux bases techniques des métiers du bâtiment. « Dans mon cursus, j’ai fait des études en hôtellerie et restauration. Il me manque un cursus d’artisan boucher que je vais suivre », déclare pour sa part Tom Steffen. Cette soif de connaissance approfondie des métiers de l’entreprise est souvent la continuité des stages effectués par le passé en tant qu’étudiant. Une étape de plus dans un parcours qui semble, pour certains, prédestiné. « Travailler pour l’entreprise familiale est une décision que j’ai prise après mon bac, ajoute Benji Kontz. Quand j’ai décidé de faire du droit, je savais que c’était dans le but de rejoindre l’entreprise. » Mais le sillon n’est pas forcément tracé par avance. L’opportunité de rejoindre l’équipe familiale se présente parfois dans un parcours entamé dans une autre voie. « J’ai fait des études à Munich

« Je me positionne comme un investisseur dans la technique du bâtiment et les services informatiques. » Serge Rollinger (Rollinger Walfer)

29 ans Attaché de direction chez Fuchs & Associés Finance Activité : private banking, gestion d’actifs et family office Chiffres clés : 90-100 employés entre Luxembourg, Genève et Bruxelles ; C.A. non communiqué Titulaire d’un master en finance et gestion patrimoniale de l’École supérieure de commerce de Dijon-Bourgogne

pendant deux ans en web design », déclare Goy Grosbusch, lui aussi « en apprentissage » chez Marcel Grosbusch et Fils. « J’avais autre chose en tête. Mon père souhaitait évidemment que je rejoigne l’entreprise familiale, mais il avait surtout envie que je fasse ce qui m’attirait. J’ai ensuite enchaîné avec des études économiques où l’idée de reprendre le flambeau avec ma sœur a fait son chemin. » Pensant que le poste échoirait plutôt à son frère – en poste pour le groupe en Chine – en raison de la connotation masculine du secteur brassicole, Isabelle Lentz n’a pas hésité à relever un nouveau défi en quittant la gestion d’un hôtel pour assurer la coordination des enseignes « DrinX by Munhowen ». « Le département, en pleine croissance, occupe 25 personnes et réalise 12 millions de chiffre d’affaires, précise Isabelle Lentz. Une deuxième mission m’a été confiée. La relation avec le secteur des dépositaires au Grand-Duché. Ceci m’a permis de faire connaissance directement avec nos clients et un pan important de notre commerce. » L’apport des collaborateurs de longue date en place est un élément précieux pour affiner la connaissance des dossiers, d’autant plus qu’une entreprise familiale implique des responsabilités en ligne directe. « Après être rentré au Luxembourg, j’ai travaillé quatre ans dans l’audit et l’ingénierie financière chez Ernst & Young, déclare Thierry Elvinger, expert-comptable dans la fiduciaire Elvinger. J’ai rejoint le cabinet familial en 2002 à la demande de mon père qui devait assumer un important volume de travail. C’était un challenge, car vous avez plus d’influence dans la gestion d’une entreprise familiale que dans une grande structure. » Comme leurs aînés, les jeunes pousses n’hésitent pas à endosser, si besoin, la casquette de militant sur le plan sectoriel. « En tant qu’artisan, il

À la suite de ses études, Il a travaillé entre 2008 et 2010 en tant que relationship & account manager chez BGL BNP Paribas. Le fils de Jean Fuchs (CEO et fondateur en 2000 de Fuchs & Associés Finance) a rejoint la société familiale en 2010 et envisage tout naturellement de reprendre la suite, après avoir fait ses preuves. « Aucune date n’a été fixée. Je dois encore apprendre. Pour ce faire, et sans être materné, je crois jouir en la personne de mon père d’un bon mentor. » « Il est difficile de se projeter aussi loin que la reprise. Mais il faudra continuer à avoir cet état d’esprit de PME. De ne pas vouloir devenir une usine. »

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PAUL ELVINGER

«L’échange est très important si on veut un jour assurer une bonne transmission d’entreprise. »

LYNN GROSBUSCH

Paul Elvinger (Elth)

29 ans Administrateur Elth, membre du comité de direction Cebi International Activité : fabrication de composants pour l’industrie automobile, l’électroménager et applications industrielles (Elth) Chiffres clés : 2.600 employés sur 6 pays (Luxembourg, Suisse, Italie, Chine, Pologne, Espagne) pour le groupe ; 600 employés pour Elth au Luxembourg ; C.A. : 385 millions d’euros pour le groupe dont 80 millions pour Elth Titulaire d’un master 1 « Stratégies et finances d’entreprises », faculté d’économie appliquée d’Aix-en-Provence (2007) et d’un master 2 « Audit interne des organisations », IAE d’Aix-en-Provence (2008) Fils de René Elvinger, entré au sein de la société Elth à sa création en 1976, devenu administrateur délégué 10 ans plus tard et qui en a pris le contrôle à l’issue d’un MBO en 2011. Il prépare, avec ses deux sœurs (Joëlle, son aînée et Lynn, sa cadette), la succession de l’entreprise. « Tout ce qui touche à ce sujet est en cours de réflexion et d’analyse. J’ai eu l’occasion de voir, dans ma carrière, que ce sont des dossiers qui peuvent prendre beaucoup de temps au sein des entreprises. Mes sœurs n’ont vraiment commencé que l’été dernier… »

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est important de compter sur la revalorisation de nos métiers », ajoute Tom Steffen. On les retrouve donc tantôt actifs dans une association professionnelle, tantôt dans un groupe de lobby pour faire « bouger les choses ». Et plus vite que par le passé, si possible. Isabelle Lentz, présidente de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, entend ainsi participer à la vision « 2030.lu » initiée par l’UEL.

Priorité à la structure Aux prises avec l’entrepreneuriat depuis leur enfance au gré des conversations familiales – même si des limites sont clairement fixées chez certains –, la nouvelle génération a forcément un regard avisé. En particulier au Luxembourg. « L’entrepreneuriat est plus une vocation qu’un métier, note Laurent Decker. C’est un moteur essentiel pour l’économie et l’emploi de notre pays et il me paraît donc primordial d’encourager les jeunes à entreprendre pour apprendre et à apprendre pour entreprendre, spécialement dans le contexte économique actuel. » Mais quelles que soient les perspectives pour leur entreprise – souvent rassurantes à moyen terme –, la priorité est bien d’assurer la transition au sein de la structure légale, véritable squelette supportant les activités. « Tout ce qui touche à ce sujet est en cours de réflexion et d’analyse. J’ai eu l’occasion de voir, dans ma carrière, que ce sont des dossiers qui peuvent prendre beaucoup de temps », ajoute Paul Elvinger, occupé à préparer, avec ses deux sœurs, la succession au sein de la société détenue par leur père. Outre le développement commercial et la gestion journalière, les nouveaux entrepreneurs doivent donc apprendre à jongler avec ce paramètre. Dans ce cas aussi, leur expérience antérieure peut s’avérer bénéfique, même si les transmissions se déroulent généralement dans la continuité de l’histoire familiale. Car si la nouvelle génération imagine des produits innovants ou ambitionne de conquérir de nouveaux marchés pour poursuivre l’aventure, les changements radicaux de management ou de business model sont plutôt rares d’une génération à l’autre. Cette stabilité s’explique probablement par le fait que si le patron veut pérenniser son activité, le consommateur, lui, n’aime pas toujours changer ses habitudes… même d’une génération à l’autre.

28 ans En apprentissage dans tous les services de la société Marcel Grosbusch & Fils Activité : importation et distribution de fruits et légumes dans la Grande Région Chiffres clés : 152 employés ; C.A. : 36 millions d’euros Titulaire d’un baccalauréat en commerce et gestion Avant de rejoindre l’entreprise familiale il y a deux ans, elle a travaillé dans le secteur des assurances au Luxembourg, à l’université à Paris, puis dans les fruits et légumes en Suisse. Elle est, respectivement, la fille et nièce de René et André Grosbusch, les dirigeants actuels de la société éponyme fondée en 1917 par Jean-Pierre Grosbusch, leur grand-père. Marcel Grosbusch, décédé aujourd’hui, était le grand-père de Lynn, connu pour avoir démarré le commerce de gros. « Je préfère finir mon stage dans tous les services avant de me prononcer sur une hypothétique vision de l’entreprise. Nous allons ensuite voir comment nous développer. Mais je peux d’ores et déjà dire que je privilégie une croissance lente et sûre. Nous ne voulons pas grandir trop vite comme d’autres de nos concurrents qui ont disparu aujourd’hui. »


Nous n’oublions jamais que dans le mot transmission, il y a le mot mission. Défendre les valeurs auxquelles on tient demande une attention de chaque instant. Protéger les patrimoines, les développer, faciliter leur transmission, demande la même attention. La Banque Degroof l’a compris. C’est en restant fidèle à ses valeurs qu’elle est devenue une des premières banques privées et d’affaires indépendantes du Luxembourg. Ses performances sont reconnues partout où elle est active : gestion de patrimoine pour des clients privés et institutionnels, activités de marché et corporate finance, crédits et structuration financière. Fondée en 1871 et présente dans sept pays, elle compte aujourd’hui plus de 1 000 collaborateurs au service de ses clients. Contact : tél. : 45 35 45-2020 - mail : degroof@degroof.lu Banque Degroof : Luxembourg - Belgique - Suisse - France - Espagne - Bahamas - Hong-Kong

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Patrimoine

LE CASSETÊTE DE LA REPRISE

A

Céder ou reprendre une entreprise familiale implique son lot de complications. Si de nombreux professionnels de la Place agissent en facilitateurs, des réformes structurelles aideraient à maintenir ce pan primordial de l’économie luxembourgeoise. TEXTE PIERRE SORLUT

u Luxembourg, 70 % des entreprises sont dites « familiales ». Elles représentent 60 % du produit national brut. Et alors que plus de la moitié d’entre elles doivent changer de mains dans les cinq prochaines années avec le départ à la retraite des babyboomers, la question des conditions de leur reprise se pose. Malheureusement, la réponse ne s’impose pas mécaniquement, comme on pourrait le croire. Et attendre le décès de l’entrepreneur pour concevoir la transmission de l’entreprise ne semble pas optimal d’un point de vue économique. C’est un euphémisme. Trois interrogations surgissent naturellement. Qui ? Quand ? Et comment ? En premier lieu, « il convient d’évaluer le régime matrimonial du cédant et son rôle dans l’entreprise », indique Cosita Delvaux, notaire. Celui-ci peut-être aléatoirement propriétaire, sociétaire, associé, actionnaire, président du conseil d’administration, CEO, etc. Seulement ensuite sont considérées la présence d’héritiers légaux, la dévolution successorale et leur volonté de prendre le relais. Selon une étude du cabinet de conseil PwC, un peu plus de 40 % de ces transmissions d’entreprises devraient se faire au sein de la même famille.

Diable dans le détail

D’une manière générale, le patrimoine à transmettre est soumis aux règles d’imposition en vigueur au Grand-Duché. On remarque qu’il n’y a pas de droit de succession en ligne directe, sauf sur la part extra-légale. Il n’y en pas non plus entre époux ou entre partenaires (après trois ans d’union) ayant des enfants communs. Sur les autres types de transmis-

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sion, un taux de base (entre 2,5 et 15 %) s’applique en fonction du degré de parenté. Il est assorti d’une majoration en fonction du montant transmis. Il faut ensuite examiner intégralement le patrimoine existant du cédant, notamment l’immobilier et les valeurs mobilières parmi lesquelles figure l’entreprise familiale. Dans la pratique, le patrimoine familial est de plus en plus souvent structuré de manière sociétaire, particulièrement dans des SPF, les sociétés de gestion de patrimoine familial remplaçant à de nombreux égards les holdings 1929. La mise en commun d’actifs au sein d’une société permet d’assurer la continuité de l’entité au moment de la transmission et, en cas de détention d’une participation dans une société familiale, d’éviter l’atomisation progressive de l’actionnariat. Ce type de structure favorise également la dissociation entre le bénéficiaire économique du patrimoine et le titulaire du pouvoir de gestion. Mais cela ne règle pour autant pas le problème de la succession à la tête de l’entreprise, qu’il vaut mieux prévoir avant la sénilité. Étrangement, en termes fiscaux, le Luxembourg est moins favorable aux transmissions par donation qu’aux transmissions par succession en ligne directe. Or transmettre de son vivant semble, de loin, la meilleure alternative pour assurer la pérennité de l’entreprise. La problématique de la date, dès lors qu’elle anticipe l’événement du décès, porte son lot de points de frictions. Il faut, par exemple, diviser les parts entre tous les héritiers, en permettant parallèlement au cédant de continuer à jouir d’un revenu jusqu’à la fin de ses jours. Si un membre de la famille travaille déjà dans l’entreprise, il faut éga-


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CHRISTOPHE THIRY

« Construire le parcours de dauphin. » Philippe Depoorter (Banque de Luxembourg)

lement pouvoir mesurer la valeur de son implication (passée, présente et future). Il pourrait notamment faire valoir des droits de préemption pour progressivement racheter les parts de ses frères et sœurs.

Des outils de communication En bref, la transmission d’une entreprise familiale implique bon nombre de détails – et le diable s’y loge, comme on sait, souvent – nécessitant un traitement au cas par cas. Et devant la complexité de la chose et l’augmentation du volume de dossiers, toute une industrie se développe avec, au premier rang, les banques privées. Parmi elles, la Banque de Luxembourg se pose en acteur incontournable en la matière. Partenaire de L’Ichec (Brussels Management School) et de sa chaire « Familles en entreprises », elle organise des séminaires, conférences et autres débats pour sensibiliser les familles à la problématique et accompagner la génération montante. Philippe Depoorter, son secrétaire général, remarque d’ailleurs que le principal problème lors des phases de transmission réside souvent dans le manque de communication intergénérationnelle. « Nous nous adressons à la fois aux parents cédants et aux enfants repreneurs potentiels qui, tous, un jour, se posent la question, lourde et profonde, de savoir s’ils veulent, peuvent, doivent ou sont en mesure de reprendre l’affaire familiale. Nous aidons ces jeunes à construire leur parcours de dauphin et, pour ainsi dire, à se faire un prénom », explique Philippe Depoorter. La Banque de Luxembourg favorise le dialogue entre les membres de la famille pour que celle-ci puisse bâtir une feuille de route sur laquelle travailleront ensuite les ingénieurs patrimoniaux. La banque y trouve son compte en nouant le contact très tôt avec l’entrepreneur pour éventuellement gérer ses avoirs à terme. Et elle n’est pas la seule à avoir repéré le marché. Côté banque privée, Degroof a également fait des « family business owners » un segment de clientèle à part entière. Elle propose ainsi des services d’ingénierie financière, de diversification patrimoniale, de cash extraction ou encore de crédit à ces clients. Les transmissions d’entreprises donnent en effet parfois lieu à des montages complexes au sein desquels le parent vendrait l’entité à sa descendance (à un prix souvent inférieur au marché) grâce à un crédit refinancé par les bénéfices futurs de la société. D’autres instruments sont à disposition des familles :

la société en commandite permet au fondateur de conserver les pouvoirs juridiques et à l’entrepreneur « nouvelle génération » de jouir du pouvoir économique. La société civile immobilière concentre, elle, la partie foncière. Les cabinets spécialisés dans la transmission, comme Tenzing Partners, conseillent aux dirigeants de maîtriser tout éventuel conflit au moyen d’outils incitant le dialogue. Les conseils de famille, indépendants de la direction, visent à s’assurer que les intérêts familiaux sont respectés par le conseil d’administration. Dans la charte familiale, instaurée dans environ un tiers des entreprises familiales luxembourgeoises sont couchés les rôles et responsabilités des membres de la  famille, leurs rémunérations, le réinvestissement des bénéfices, etc. Il s’agit là d’un lieu d’engagements sans valeur juridique, mais constituant une obligation morale pour ses signataires. Enfin, le pacte d’actionnaires constitue, lui, un contrat de droit privé gérant les relations et les responsabilités des actionnaires de la société, notamment au regard du capital social, de l’exercice du droit de vote et des conditions dans lesquelles ses signataires participent à la gestion de la société. Ce document n’est pas public, à l’inverse des statuts de la société. Publiés au registre du commerce, ceuxlà laissent transparaître la protection des « Bijoux de famille », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Valérie Denis consacré à ce sujet. Par exemple, les statuts de la manufacture de tabacs Heintz Van Landewyck précisent que « les parts sociales sont librement cessibles entre vifs, entre associés ou tiers appartenant à la même branche familiale ainsi que leurs ascendants ou descendants en ligne directe ». Les transmissions d’entreprise impliquent également d’éventuels engagements financiers. D’abord du fait de frottements fiscaux. La cession à titre gratuit n’est pas neutre fiscalement. Les plus-values latentes sont imposées dans le chef des héritiers quand une cession intervient. Le passage de l’actif professionnel vers le patrimoine privé peut également engendrer une charge fiscale, notamment lorsqu’il s’agit d’immobilier dont la plus-value latente a pu largement croître ces dernières années. Cette plus-value est, elle, imposée.

Se développer ou mourir

Comme le souligne Dan Schneider (Tenzing Partners), « une succession peut également constituer une opportunité pour changer l’envergure de la société » et les entreprises familiales peuvent bénéficier à ce titre de l’intervention capitalistique de tiers. Elles représentent, en effet, un placement relativement sûr pour les sociétés d’investissement telles qu’Eurefi, Field ou encore Sting, actives dans la Grande Région. Elles bénéficient en effet généralement d’un bon track record et l’arrivée d’une nouvelle direction / génération peut générer un nouveau souffle… décuplé par l’association avec les gestionnaires de fonds expérimentés. Mais tous les dirigeants d’entreprises familiales et leurs descendants ne bénéficient pas d’un tel

31 ans Responsable administration et finances chez Karp-Kneip Constructions et directeur chez TSM Conduites Activité : génie civil, pose et fabrication d’enrobés, voirie et réseaux divers, travaux privés, terrains de sports et stations-services (Karp-Kneip) ; conduites d’eau, de gaz et de chauffage urbain, arrosage automatique (TSM) Chiffres clés : 350 employés ; C.A. de 50 millions (Karp-Kneip) ; 50 employés ; C.A. de 5,5 millions (TSM) Titulaire d’un master 2 en gestion d’entreprise, finances et spécialité contrôle de gestion à l’IFAG Lyon Fils de Christian Thiry et neveu de François Thiry, tous deux administrateurs directeurs de Karp-Kneip, il a fait ses classes pendant deux ans au sein de Colas S.A. et Smac S.A. (Groupe Bouygues), avant de rejoindre l’entreprise familiale en 2010. « Au sein de Karp-Kneip, j’apporte des idées nouvelles grâce à mon sens critique associé à un esprit constructif, notamment dû à mon expérience chez Colas. C’est possible grâce à une communication qui se passe très bien au sein de la famille, c’est un avantage. J’ai orienté mon parcours dans l’optique d’occuper des activités à responsabilité au sein de l’entreprise familiale, au sein de laquelle je faisais déjà des stages d’été à partir de l’âge de 15 ans. »

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COVERSTORY

Étude de cas

SERGE ROLLINGER

En 1951, Henri Rollinger, le grand-père de Serge, rachetait l’entreprise de ferblanterie fondée en 1908 par François Blum. Il la cédait en 1993 à ses fils, Nico et Marco. Entretemps de nombreuses activités s’étaient ajoutées. En 2007, Serge Rollinger, un des trois fils de Nico, reprenait la gestion de tout le groupe, devenu Rollinger Walfer. Mais tous se sont vite rendu compte que la culture du management n’était pas partagée par tous les descendants et que la meilleure des solutions consistait à atomiser le groupe. Chose achevée en 2009. Parallèlement, l’autre oncle, Guy, faisait la même chose de son côté avec l’Alliance des artisans, société active dans l’immobilier également. En 2013, Serge Rollinger investit dans la branche Rollinger Chauffage Sanitaire avec l’ancien management, mais de nouvelles idées. Il témoigne qu’au moment de l’éventuelle reprise – décision au demeurant peu évidente à prendre – le timing est primordial. Quand il faut faire un choix, les intérêts de tous ne sont pas encore arrêtés. L’un ou l’autre peuvent encore faire des études par exemple. « Moi ce qui m’intéresse, dit-il, c’est davantage le retour sur investissement. L’émotionnel ne joue pas le rôle principal. D’ailleurs, dans le cadre des négociations avec mes frères (sur la valorisation de la société et du travail accompli notamment, ndlr) le concept de famille était parfois oublié », indique Serge Rollinger. Un tabou ? « La problématique de la transmission d’entreprise : je l’étudie depuis 10 ans. » Outre des cours relatifs à l’université, Serge Rollinger a écrit son premier mémoire sur le financement des reprises, et le second, à la fin de son master en finance à Luxembourg, sur les différentes méthodes d’évaluation des transmissions d’entreprise. Sa conclusion était sans appel : « Tout le monde en parle, mais personne n’a de solution. » Il a alors participé au séminaire organisé par la Banque de Luxembourg et cela l’a, selon ses dires, « bien aidé ». Il s’est alors posé les questions auxquelles il n’avait jamais réfléchi. « Le cours m’a incité à parler avec mon père et mes frères. » Briser le tabou en somme. Communiquer. Le maître mot dans cette situation. Et ce processus a finalement déclenché son intention de reprendre une certaine activité de l’entreprise familiale. P. S.

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GOY GROSBUSCH

LAURA FERBER

26 ans En apprentissage dans tous les services de la société Marcel Grosbusch & Fils

27 ans Employée chez Ferber Hair & Style

Activité : importation et distribution de fruits et légumes dans la Grande Région Chiffres clés : 152 employés ; C.A. de 36 millions d’euros Titulaire d’un bachelor en business management (Université Ramon Lull à Barcelone) Frère cadet de Lynn, il est le fils de René Grosbusch et le neveu d’André Grosbusch, les dirigeants actuels de la société. Il a rejoint l’entreprise en décembre 2012, dans la foulée de sa sœur avec qui il envisage de reprendre le flambeau de l’entreprise éponyme fondée en 1917 par Jean-Pierre Grosbusch, leur arrièregrand-père. Deux de leurs cousins (fils et fille d’André Grosbusch) pourraient également se joindre à eux.

Activité : salons de coiffure et parfumerie Chiffres clés : 140 employés répartis sur 11 salons ; C.A. non communiqué Titulaire d’un bachelor en sciences économiques et de gestion à Solvay (ULB, 2010) et d’un master in management à l’ESCP (Paris, Berlin et Londres, 2012) Fille de Jean-Marie Ferber, qui gère depuis 1982 l’entreprise créée par sa grand-mère en 1928, elle a toujours en tête de travailler dans le secteur de la beauté et de la coiffure. Arrivée au sein de la structure en 2012, elle y apprend le métier sur le terrain. « Mon premier objectif c’est de connaître le ‘How we do it here’, c’est-à-dire commencer à comprendre les structures établies, s’accommoder et trouver ma place et mes responsabilités. »

« Avec ma sœur, nous nous sommes dit que si un jour nous devions reprendre l’entreprise, alors il faudrait le planifier de manière sérieuse, et non pas faire ça sur un coup de tête. »

soutien. Raphaël Mortier, conseiller en transmission d’entreprises chez IF Group, une fiduciaire qui se spécialise résolument sur ce créneau (elle est d’ailleurs en train de réaliser un sondage sur les difficultés rencontrées par ces familles), relève d’autres aléas structurels. Pour bénéficier du régime (favorable) de succession luxembourgeois, le descendant doit résider au Grand-Duché. Certains (comme la France ou l’Allemagne) soumettent aux droits de succession nationaux les biens recueillis par un héritier résident, quel que soit le lieu de résidence du défunt. Autre problématique : aucune convention préventive de double imposition n’a été signée par le Luxembourg en la matière. Il faudrait alors explorer d’autres solutions pour transmettre ce patrimoine familial aux générations suivantes. Les pistes évoquées sont les fondations de droit privé ou les trusts anglo-saxons (la fiducie luxembourgeoise étant difficilement applicable en

l’espèce). Pour Raphaël Mortier, ce ne sera pas facile. Cela consisterait à « briser la logique du code Napoléon sur laquelle se base le droit luxembourgeois et selon laquelle, à la mort, tout échoit aux héritiers », et non à une personne morale ou à un tiers gestionnaire. Devant la complexité de la reprise, et subissant des pressions de nature financière, les entreprises familiales disparaissent, souvent au profit d’enseignes internationales – donnant au passage une impression de copier-coller dans les différents centres des capitales européennes. Au Luxembourg, le secteur de la distribution a été particulièrement affecté ces dernières années, avec la disparition notable des Grands Magasins Monopol appartenant à la famille Scholer. Leurs 100.000 m2 de surface commerciale ont été vendus à un promoteur immobilier néerlandais, Breevast, qui a notamment cédé l’exploitation des espaces à Saturn avenue de la gare ou à H&M dans la Grand-Rue.


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COVERSTORY

Bijoux de familles Post-scriptum

L TEXTE ALAIN DUCAT

es chiffres étaient mis en avant dans une étude de PwC en 2008. Quel que soit l’angle sous lequel on les considère, ils montrent tous l’impact énorme des « grandes familles » qui entreprennent dans ce pays. 70 % des entreprises luxembourgeoises sont des entreprises familiales, soit près de 20.000 sociétés. Deux tiers de ces entreprises familiales sont des PME. Mais un tiers des « boîtes » de plus de 90 salariés sont de type familial. Et ces maisons gérées en fratrie représentent environ un tiers de l’emploi salarié du pays. Leur ancrage, naturel et solide, dans la terre grand-ducale, n’a pu que renforcer a priori leur position dans l’économie endogène, ballottée, pour la première fois de manière aussi longue, par les crises successives, dont souffrent beaucoup les grands groupes. À cette évocation, le perfide pourra toujours rappeler que Mittal est bien une grande famille indienne, dont la réussite de caste s’inscrit dans une multinationale surpuissante qui souffle le chaud et le froid, depuis son siège de Luxembourg. Cela étant, être luxembourgeoises n’empêche nullement – au contraire les entreprises familiales indigènes de passer, parfois allègrement, les frontières, pour exporter le savoir-faire estampillé rouge-blanc-bleu ou Roude Léiw. Sur le terrain, les exemples de réussite ne manquent pas. Même si on n’identifie pas toujours la marque au nom de famille, il y a bien des « clans » derrières des poids lourds comme Cactus, Ceratizit, Landewyck ou Rotarex. Bien entendu, comme le Grand-Duché n’est ni une île, ni le monde des Bisounours, il y a aussi des groupes familiaux qui périclitent ou changent de mains. À titre d’exemples, Monopol a fermé boutique et Lamesch, après 40 années de services, s’est fait avaler par Sita-Suez Environnement. Dans tous les cas, il y a manifestement un véritable business model, une sorte de recette de terroir luxembourgeois. Un livre avait d’ailleurs, en mai 2010, largement exploré le phénomène : Bijoux de familles, édité avec le soutien de la Banque de Luxembourg et d’Ernst & Young, déchiffrait l’entreprise familiale de la création à la transmission, en passant par sa professionnalisation, ses ancrages, ses valeurs ou les conditions de sa pérennité. Dallas, à sa grande époque télévisuelle, avait mis en relief l’univers impitoyable d’une saga pétrolifère trempée dans des destins familiaux. Au Luxembourg, les histoires familiales ont, le plus souvent, cultivé un univers fait de discrétion et de persévérance. Elles ont servi d’écrin pour ces fameux bijoux qui, pour certains, sont devenus de petits trésors, voire des perles rares.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

ENTREPRISES

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

ARCELORMITTAL

Une communication chiffrée

Photo: David Laurent (archives)

Lire les résultats du numéro un mondial de la sidérurgie peut nécessiter une clé de chiffrement pour saisir leur vocation d’outil de communication. Chahutés dans l’opinion publique, ArcelorMittal et son PDG, Lakshmi Mittal, aménagent leurs résultats pour légitimer leur action, pour le moins controversée. Ainsi, pour mieux faire avaler les multiples fermetures de sites en Europe, le sidérurgiste communique sur une perte – la première de son histoire – de 3,7 milliards de dollars. Mais sans une dépréciation de son goodwill (survaleur) de 4,3 milliards, le résultat consolidé aurait été positif. Alors que la conjoncture était comparable en 2011, ArcelorMittal avait réévalué sa survaleur à la baisse, cette année-là, de 228 millions de dollars. Il est cependant difficile de savoir si cette perte annoncée aura des répercussions sur les recettes fiscales de l’État.

Netcore, filiale à 100 % de l’Entreprise des P&T, est devenue l’une des premières

FRE

SH

sociétés ICT à être labellisée « made in Luxembourg » pour l’ensemble de ses activités. | L’Hôtel Hilton change de nom pour devenir le DoubleTree by Hilton Luxembourg et en profite pour s’offrir une rénovation complète qui doit se terminer en mai. | Paddock Corporate Services et B.A. Trust, deux fiduciaires spécialisées dans la domiciliation et la fiscalité, ont décidé de fusionner.

ALLINBOX

L’aventure inachevée Créée fin 2011 par un groupe d’investisseurs luxembourgeois (parmi lesquels Jérôme Grandidier, Norbert Becker ou Jean-Claude Bintz, qui avaient tous quitté le conseil d’administration courant 2012), la société Allinbox a été déclarée en faillite début janvier. Elle ambitionnait de développer, depuis le Luxembourg, une plateforme paneuropéenne d’hébergement et de clearing de contenus audiovisuels. Un plan d’investissement de quelque 23 millions d’euros était programmé sur cinq ans, mais le dernier tour de table en date n’a pas abouti. En cause, notamment, le retard dans le développement de l’infrastructure technique qui n’a pas incité les investisseurs à lâcher les cordons de leurs bourses.

EMRESA

1,5 million d’euros avec Field La société luxembourgeoise Emresa, créée il y a 10 ans, et qui exploite la carte Sympass et le service de conciergerie Aladin, se donne les moyens d’un développement vers la Grande Région. Conseillée par Tenzing Partners, elle a trouvé, dans la sicar Field, le soutien nécessaire pour un montant de 1,5 million d’euros. Le nouvel investisseur devient actionnaire majoritaire aux deux tiers. L’actionnaire fondateur unique, Marc Neuen, ne partage désormais plus qu’un tiers du capital avec Valérie Crauser, déjà directrice et désormais promue administrateur délégué. Au Luxembourg, Sympass revendique quelque 46.000 membres répartis sur 270 sociétés, soit environ un salarié sur huit. Les services de conciergerie Aladin, eux, regroupent une quinzaine d’entreprises partenaires.

« Les entreprises n’ont pas tous les droits. » Gérard Lommel, président de la Commission nationale pour la protection des données, au sujet de la surveillance des salariés par leurs employeurs.

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LANDEWYCK

Aviation

Coup de tabac sur l’emploi ?

Cargolux sur la même ligne

La direction du fabricant luxembourgeois de cigarettes Heintz van Landewyck alerte sur les risques de nouvelles réglementations européenne et nationale de santé publique pour l’avenir de l’entreprise. L’enjeu est important pour une entreprise industrielle qui emploie 740 personnes et n’est autre, selon le Statec, que le 21e employeur du pays. Le LCGB en appelle au gouvernement.

SCANDALE ALIMENTAIRE

Depuis la découverte au Royaume-Uni que des plats alimentaires surgelés de la marque suédoise Findus censés être cuisinés à base de bœuf contiennent en fait du cheval, la zone et la liste des produits concernés n’en finissent plus de s’étendre. Dans la chaîne d’acteurs ayant participé à la distribution du produit figure la filiale luxembourgeoise, Tavola, du groupe messin Comigel. Les lasagnes – premier plat incriminé – ont en effet été produites à Capellen. La société aurait en fait été victime d’une fraude dans l’étiquetage du produit. Il n’y aurait par ailleurs aucun risque sanitaire.

TT-PRODUCTION

Spin-off de Moskito Portée sur les fonts baptismaux en 2004, en tant qu’agence de communication interne de l’opérateur de téléphonie Voxmobile (devenu Orange Luxembourg entretemps), Moskito se sépare, aujourd’hui, de ses activités de production audio. Celles-là mêmes qui avaient servi de pilier à sa création. ÄNDER HIRTT Plus précisément, Moskito procède à une spin-off dans une structure séparée baptisée TT-Productions, détenue à 100 % par Änder Hirtt, jusqu’alors directeur audio de l’agence, fort de 30 années d’expérience dans le métier de créateur et de producteur de communication audiovisuelle.

— Mars 2013

Photo : Andrés Lejona (archives)

Les lasagnes au cheval made in Luxembourg

Luxair et Cargolux volent plus que jamais main dans la main.

On prend les mêmes et on recommence. Voilà en substance le résultat des courses après un mois de réunions entre les administrateurs et la direction de la compagnie luxembourgeoise de fret aérien. On aurait pu croire que le départ (effectif en janvier) de l’actionnaire qatari du capital de Cargolux et la reprise de ses 35 % par l’État entraîne la chute de Richard Forson, le CFO placé par Qatar Airways devenu CEO par intérim. Il n’en est rien. Paul Helminger, président du conseil d’administration fraîchement nommé, a maintenu sa confiance en celui qui a travaillé ardemment pour sortir Cargolux de sa zone de turbulences financières. On aurait d’ailleurs pu croire que le modèle économique basé sur une flotte de Boeing 747 tout cargo soit revu, que des mesures

draconiennes d’économies soient envisagées, notamment parce qu’un cabinet de conseil a été mandaté pour explorer ces voies. Il n’en est rien non plus. En fait, le dernier conseil d’administration en date a prévu, pour les cinq prochaines années, de continuer sur la même ligne. Des économies devraient être réalisées sur la masse salariale, sans affecter le volume d’employés. 10 millions de dollars en 2013 et 40 millions annuellement jusqu’en 2017. Pour se donner les moyens de ces ambitions, le capital social de Cargolux devrait être augmenté de 100 millions de dollars cette année et de 175 millions en 2014. Par ailleurs, des synergies entre Luxair (principal actionnaire et également présidée par Paul Helminger) et Cargolux devraient être envisagées.


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Third “Local to Global” Expo on 21 March 2013 This edition will be a forum for presentations, sessions and roundtables by prominent speakers including • Etienne Schneider, Luxembourg Minister of the Economy and Foreign Trade • Richard Pelly, CEO, the European Investment Fund • Carlos Ramon, Global General Manager, Palo Alto PwC’s Accelerator is a unique platform designed to accelerate highgrowth companies to a global level. Our aim is to help these companies achieve an international reach and therefore become a leader in their market by combining adequate fundraising, top management team building and logistics assistance for growing exponentially via PwC’s extensive business network and professional expertise.

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AVIATION

INTERNET

Flagship Awards, 6e

Istanbul-Luxembourg

L’Association des professionnels de la société de l’information (Apsi) a lancé la 6e édition des « Flagship Awards ». Ce trophée vise à récompenser le dynamisme des entreprises luxembourgeoises actives dans l’informatique, les communications, le conseil et la société de l’information. La remise du prix aura lieu le jeudi 23 mai à l’Abbaye de Neumünster.

Turkish Airlines rejoint l’aéroport de Luxembourg pour exploiter une nouvelle liaison entre Luxembourg et l’aéroport Atatürk d’Istanbul. Le début des opérations est prévu pour le 25 juin 2013. Turkish Airlines assurera quatre vols par semaine, les mardis, mercredis, vendredis et dimanches. Ces vols seront effectués en alternance avec un Boeing 737800 et un Airbus A319.

Mega de Dotcom au Luxembourg

ICT

En s’associant avec le sulfureux Kim Dotcom dans Mega, Xavier Buck a peut-être déjà signé le coup entrepreneurial le plus remarquable de l’année. Pour ne pas tomber dans les travers de MegaUpload, qui a valu à son fondateur quelques déboires judiciaires, l’entrepreneur luxembourgeois, en apportant son aide au développement technique et au financement, a également veillé à la sécurité juridique de la société. Ainsi, le siège social européen s’implantera certainement dans les prochains mois au Grand-Duché. Et si pour l’instant les serveurs de Mega se trouvent en Allemagne, il n’est pas exclu qu’ils traversent la Moselle une fois les autorisations légales acquises.

E-ÉCONOMIE

Europe4Startups fait le plein

Photo : David Laurent (archives)

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Ici, bientôt, se dressera un supermarché Colruyt.

RTL

Bertelsmann veut s’alléger

Messageries du Livre

Fermeture anticipée Annoncée en décembre, la fermeture des Messageries du Livre était prévue pour fin juin. Elle interviendra finalement deux mois plus tôt, c’est-à-dire le 30 avril. Selon plusieurs quotidiens luxembourgeois, cinq employés de l’entreprise, qui comptait une trentaine de collaborateurs, ont été licenciés le 31 janvier. La plus grande librairie du Luxembourg est victime du succès du commerce électronique et du recentrage de l’activité de son propriétaire, Valora Retail Luxembourg, filiale de la holding suisse Valora AG. Celle-ci entend miser sur des points de vente plus petits, comme les K-Kiosk. Déjà implantée à Mersch, la chaîne belge de hard discount Colruyt a marqué son intérêt pour les infrastructures de Gasperich.

— Mars 2013

L’association Europe4Startups aidant des jeunes pousses dans leur implantation au Grand-Duché affiche dorénavant complet. Le réseau dirigé par Hélène Michel, offrant 100.000 dollars de prestation de services aux start-up sélectionnées, est en passe d’accueillir ses huit derniers bénéficiaires. Parmi eux, Digital Mania (Tunisie), Mobilogue, Truth Technologies (États-Unis), Skilltie (Luxembourg) et TeenGamersNetwork (Canada).

Le groupe de médias allemand indique envisager un désengagement partiel de RTL Group, dont il détient 92,3 % des droits de vote, tout en gardant une participation de 75 %. À l’automne dernier, c’est pourtant plutôt l’hypothèse d’un renforcement de Bertelsmann au capital du groupe établi au Grand-Duché qui circulait.


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ORANGE

Dans le vert

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%

Aperam

Fin du dividende

L’opérateur de télécommunications a présenté des résultats en hausse pour 2012. Son chiffre d’affaires en téléphonie, le poste le plus important, s’élève à 65,5 millions d’euros, contre 60,6 millions fin décembre 2011. Orange déclarait compter un total de 105.805 clients fin décembre 2012.

TVHD

Abonnés doublés

1 Mio

SES a annoncé que la plateforme de télévision haute définition allemande HD+ venait de franchir la barre du million de foyers payants. Sur l’ensemble de l’année 2012, HD+ a plus que doublé le nombre de ses abonnés.

EUROPEAN CSR AWARDS

Un jury éclectique

7 Le jury des premiers « European CSR Awards », qui seront remis le 15 avril au Luxembourg, est désormais connu. Présidé par le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, il est composé de sept personnes. Les autres membres sont, par ordre alphabétique, Xavier Bettel (bourgmestre de la Ville de Luxembourg), Pierre Bley (directeur de l’UEL), Diane Muller-Kneip (DRH chez Kneip), Christian Scharff (président de IMS Luxembourg), Laurent Schonckert (directeur du groupe Cactus) et Françoise Thoma (membre du comité de direction de la BCEE).

— Mars 2013

Photo : Aperam

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De nombreux signaux sont au rouge pour l’entreprise qui concentre une large partie de ses activités dans l’acier inoxydable.

Les résultats 2012 d’Aperam, spin-off d’ArcelorMittal spécialisée dans l’acier inoxydable, alliages et aciers spéciaux, affichent une baisse généralisée, en dépit d’un bon 4e trimestre, qui a vu le chiffre d’affaires progresser de 7 % en glissement annuel. La réduction (-4 %) de l’expédition d’acier

a directement influé sur les revenus 2012, tombés à 5,2 milliards de dollars (contre 6,3 en 2011). La société affiche des pertes de 108 millions, contre 60 en 2011. En réaction à ce mauvais bilan, la société a décidé de prolonger son plan d’économies internes et de supprimer le dividende versé aux actionnaires.

FAILLITE

AMPACET

Glass Center a volé en éclats

Déménagement à Dudelange

La société Glass Center a été déclarée en faillite le 31 janvier. Un curateur a été désigné en la personne de Me Yvette Hamilius. Spécialisée dans la fermeture des bâtiments (châssis, fenêtres, portes), l’entreprise, fondée en 1955, employait 70 personnes. Elle avait emménagé dans de nouveaux locaux à Ehlerange, il y a un an. Le 4 décembre 2012, Romain Huberty, administrateur délégué issu de la famille propriétaire, avait démissionné de ses fonctions. Il était alors le dernier des administrateurs en place, les autres ayant quitté le bateau les uns après les autres, depuis fin 2011.

Le groupe américain Ampacet, spécialisé dans la fabrication de billes de plastique, a inauguré fin janvier son nouveau siège social européen, déplacé de Windhof à Dudelange. En y investissant pas moins de 25 millions d’euros, le groupe augmente du même coup ses capacités de production de 60 % en Europe. Si le déménagement était prévu depuis fin 2011, le ministre luxembourgeois de l’Économie, Étienne Schneider, a quand même fait un crochet par le sud du pays pour saluer l’investissement en période de crise, notamment dans un secteur sur lequel compte le gouvernement.


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Management

Comment tenir la baguette ? L’expression « mener à la baguette » n’a pas le même sens que l’on soit face à un orchestre ou à ses employés. Cependant, les analogies entre la direction d’entreprise et la direction musicale sont nombreuses. Ces deux univers ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Texte France Clarinval

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es mots sont clairs : dans « chef d’orchestre », il y a « chef ». De là à établir un parallélisme entre ce métier et celui de chef d’entreprise, il n’y a qu’un pas, pourtant rarement franchi. C’est cependant la réflexion que mènent plusieurs chefs d’orchestre, épaulés en cela par des managers ouverts d’esprit et sans doute plus modernes que d’autres. C’est ainsi que la chef suisse LenaLisa Wüstendörfer (lire encadré page 76), profitant d’une formation en économie, menée parallèlement à celle de dirigeante d’orchestre, donne régulièrement des séminaires, formations et conférences sur le sujet. La fin des dictateurs

Elle a déjà été appelée à travailler avec BMW et l’armée allemande, ainsi qu’avec une école de management, toujours en Allemagne. « Pour diriger un orchestre, il faut évidemment des connaissances spécifiques en musique, mais il faut aussi être capable de motiver un ensemble de musiciens et leur transmettre une vision de la musique que l’on veut mener », détaille la jeune femme. Le rapport avec le monde de l’entreprise apparaît dès lors évident. « Un chef doit prendre des décisions claires et strictes mais doit être capable d’adapter son message à son orchestre », renchérit Christoph König, qui dirige les Solistes Européens Luxembourg et l’Orquestra Sinfónica do Porto Casa da Música. Pour lui, les temps d’un « maestro tout puissant et dictatorial sont révolus . Un chef doit imposer son autorité par ses capacités tant — Mars 2013

À tout juste 30 ans, Lena-Lisa Wüstendörfer s’impose naturellement face à un orchestre.


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en musique qu’en direction, pas par la force. » Ce qu’approuve la Suissesse : « Les musiciens ne sont pas du matériel technique, il faut tenir compte de leurs émotions, leurs idées, leur psychologie. » Le rapprochement entre ces deux univers n’a pas échappé à Hjoerdis Stahl, executive vicepresident de LuxairCargo, qui sait à quel point la gestion et la direction des équipes passent par « une mise en valeur du travail de chacun, une coordination qui tient du métier de chef d’orchestre ». Mélomane, elle n’a pas hésité à faire appel aux Solistes Européens pour animer une journée de formation avec son équipe de 25 managers et chefs d’équipe. « Nous proposons chaque année une journée en dehors de l’entreprise qui mêle formation et activité plus légère. La possibilité de voir l’orchestre travailler a été une grande chance pour tous. »

Photo : paperJam – DR

Deux mondes, un but

Charismatique et pédagogue, Christoph König s’est prêté de bonne grâce à l’exercice, en impliquant son orchestre. « Nous sommes issus de mondes totalement différents et nous avons pu avoir une découverte réciproque », se réjouit-il, en rappelant qu’à l’issue de la journée, invitation avait été faite aux musiciens de venir découvrir hangars et avions. « Rencontrer ce chef dynamique a touché tout le monde, il y a un avant et un après », s’enthousiasme Angelo Piras, operation manager chez LuxairCargo, qui insiste lui aussi sur l’écart culturel, et souvent social énorme, entre les employés du Cargocenter et les musiciens de l’orchestre. « Même si nos métiers sont très éloignés, le but d’un manager, d’un dirigeant est toujours de mener ses équipes à

bien pour que le travail soit réalisé. La rencontre avec l’orchestre a bien fait comprendre à tous les participants que les mêmes outils de communication, d’écoute, de coordination peuvent être appliqués. » Ce que résume LenaLisa Wüstendörfer : « Le travail consiste à tirer le meilleur de chacun, à coordonner les forces et les faiblesses pour atteindre un but commun, un résultat », que ce soit donner un excellent concert le soir ou voir tous les plannings de chargements et de décollages respectés. Pour bien faire comprendre son travail, Christoph König s’est servi d’une démonstration par défaut : c’est par son absence qu’il a prouvé son importance. Ainsi, il a commencé par faire répéter l’orchestre comme d’habitude, « avec des interruptions pour expliquer ce que j’attendais, pour recadrer, pour donner des impulsions ». Puis il a laissé l’ensemble se débrouiller seul. « On a tout de suite entendu que ce n’était pas la même chose, qu’il y en avait qui allaient plus vite ou qui ne suivaient pas les autres », constate Hjoerdis Stahl. Par la suite, le chef a fait remarquer les erreurs pour pouvoir immédiatement les corriger. « Cela nous montre qu’il faut être proche des équipes et du terrain pour pouvoir réagir vite et recadrer les choses », explique Angelo Piras, qui dresse également un parallélisme entre la partition et le schedule, le plan des arrivées et départs des avions. Ce sont cette partition et ce schedule qui imposent un rythme de travail, et « le chef doit avoir la partition dans la tête et non la tête dans la partition ». Ayant travaillé comme assistante musicale du grand chef Claudio Abado, Lena-Lisa Mars 2013 —

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« On a tout de suite entendu que ce n’était pas la même chose quand le chef n’était pas là. »

« Les musiciens ne sont pas du matériel technique, il faut tenir compte de leurs émotions, leurs idées, leur psychologie. » Lena-Lisa Wüstendörfer (Chef d’orchestre)

Christoph König (Chef d’orchestre)

Photos : archives paperJam –DR

Hjoerdis Stahl (LuxairCargo)

« Un chef doit imposer son autorité par ses capacités tant en musique qu’en direction, pas par la force. »

LENA-LISA WÜSTENDÖRFER

Conférence de 5 à 7 Véritable réseau, le POG, fondé en 1992 et regroupant les responsables des ressources humaines de tous les secteurs d’activité, est devenu un atout pour le développement individuel et professionnel de ses membres ainsi qu’un facteur important dans la valorisation de la fonction RH au sein des entreprises adhérentes. C’est à cette association que revient l’initiative d’inviter la jeune chef d’orchestre suisse, Lena-Lisa Wüstendörfer, pour cette conférence « Conducting, Management and Teamwork ». Née en 1983, elle est une des plus jeunes chefs d’orchestre suisses. Après s’être formée au piano, c’est à 19 ans qu’elle décide d’aller vers le violon avec Adelina Oprean, puis vers la direction d’orchestre avec Raphael Immoos à l’Académie de musique de Bâle, où elle a obtenu un master degree en art en 2007. Lena-Lisa Wüstendörfer détient également un diplôme en musicologie et en économie de l’Université de Bâle. Après avoir travaillé aux côtés de Claudio Abado, elle exerce désormais en freelance. Elle a eu l’occasion de diriger plusieurs orchestres et chœurs de prestige comme le Frankfurt Opera and Museum Orchestra, l’Orchestra Mozart Bologna ou le Baroque Orchestra La Vision… Si elle est toujours à la recherche de nouveaux défis et de nouveaux répertoires à conduire, son rêve est de diriger la Huitième Symphonie de Mahler. Le 12 mars de 17 h à 19 h à l’Auditoire de la Banque de Luxembourg au boulevard Royal www.wuestendoerfer.com

— Mars 2013

Wüstendörfer a non seulement pu le voir à l’œuvre dans son travail lors des répétitions, mais elle a pu aussi côtoyer d’autres maestros et observer les différents modes de management. Dans le cadre de ses conférences, elle utilise de nombreux exemples filmés issus de répétions réelles et fait prendre conscience « des différentes stratégies mises en œuvre pour arriver au résultat d’un concert de haut niveau ». Le grand intérêt de la démonstration est de présenter le résultat immédiatement : « Quand on dirige un orchestre, on peut essayer, se tromper, tenter une chose, en refaire une autre, on entend tout de suite si c’est bien ou pas… C’est souvent impossible dans le monde de l’entreprise », constate-t-elle. C’est quoi un bon chef, chef ?

Une autre limite à la comparaison nous vient de Christoph König : « Si les musiciens doivent évidemment travailler seuls, en amont de la répétition, l’orchestre est la plupart du temps rassemblé. Avoir tout le monde dans la même pièce est évidemment beaucoup plus facile pour faire passer un message ou une manière de diriger. » Faire passer le message. Voilà bien la clé de la communication managériale. C’est au leader


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Photo : SEL / F. Zuidbérg

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d’avoir une vision claire et globale des objectifs et moyens pour y arriver. « Et plus sa vision est claire et assumée, plus il pourra la faire passer facilement », martèlent en chœur les deux chefs interrogés. « Notre expérience avec l’orchestre nous a rendus attentifs à l’importance de la prise de décision et de la responsabilité en amont », note Angelo Piras, pour qui la satisfaction des clients est du même ressort que l’enjeu d’un concert réussi ou non. La réussite ou l’échec de l’entreprise sont de la responsabilité du directeur, « mais il n’est pas seul dans la barque ». Dans l’orchestre comme dans la firme, la direction doit s’appuyer sur une chaîne hiérarchique qui devra reproduire le message. « Comme un patron va convoquer le middle management, nous comptons sur la collaboration des premiers pupitres de chaque instrument, à commencer par le premier violon », détaille le chef allemand. Il ne s’adressera pas de la même façon à chacun et adaptera son discours aux situations. « On s’adresse à des individus, où chacun compte. Cependant, c’est leur action collective qui assure la réussite », insiste le chef. Pourtant la formation de chef d’orchestre n’aborde pas ou très peu les questions de leadership, de communication, de motivation

ou résolution de conflits. « Il y a une part qui est sans doute innée innée », admet Christoph König, qui espérait embrasser cette carrière dès l’âge de 10 ans. « Le charisme et l’enthousiasme, ça ne s’apprend pas pas », renchérit Lena-Lisa Wüstendörfer. Les deux s’accordent à dire que c’est l’expérience et la pratique qui forment le plus. « C’est en observant d’autres chefs et en voyant leur façon de travailler que j’ai constitué ma propre méthode. méthode. » Respect et écoute sont des qualités essentielles, en grande partie impossibles à enseigner. « Il faut être vif et rapide dans la prise de décision, ce qui comprend une part d’instinct. d’instinct. »

Doté d’un charisme et d’une belle énergie, Christoph König dirige les Solistes Européens avec écoute et respect.

Une expérience marquante

Un an après l’expérience menée avec les Solistes Européens, les responsables de LuxairCargo restent persuadés de l’efficacité de cette journée. « Une des plus grandes leçons a été de réfléchir à pourquoi une chose ne fonctionne pas et comment éviter de reproduire l’erreur, pas de chercher un coupable coupable », estime Angelo Piras. « On revient souvent sur certains aspects, on peut se référer à une phrase ou à une notion. Sans oublier l’ouverture d’esprit que cela apporte apporte », conclut Hjoerdis Stahl. Mars 2013 —


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PME-PMI

Gestion de faillites et failles de gestion De petites structures, importantes dans l’économie du pays, souffrent, voire disparaissent. La législation s’adapte. Les acteurs de terrain ont besoin de davantage de prévention et d’expertise. Il faut aussi une remise en cause de certaines habitudes, pour que des entrepreneurs ne se laissent pas dépasser par les événements. Texte Alain Ducat

a sagesse populaire le dit : « Quand le bâtiment va, tout va. » Mais quand le bâtiment prend des coups… Il y avait eu Socimmo, puis Pedinotti et Mangen. Ces faillites ont servi de révélateur pour certains, de détonateur pour d’autres. En tout cas, le secteur a trinqué. Et des dégâts collatéraux continuent de sévir. La déconfiture de Glass Center (révélée par paperJam dès le lendemain de la faillite prononcée le 31 janvier dernier), une entreprise active dans le parachèvement et la fermeture de bâtiment qui avait su se développer au cours des belles années, a fait resurgir l’angoisse dans le pan artisanal de l’économie. Le nombre record de faillites (1.021) en 2012 interpelle. Et les petites structures paient un lourd tribut : 30 % des faillites concernent des sociétés sans salarié, 40 % avec un seul, 20 % avec entre deux et cinq salariés et 10 % avec plus de cinq salariés. Cela fait quand même plus de 2.000 personnes concernées, au total. Un peu poussé par les événements, le législateur a fourbi de nouvelles armes. Le projet de loi 6539 « sur la préservation des entreprises et portant modernisation du droit de la faillite » a été déposé à la Chambre des députés le 1er février dernier. Inspiré du droit belge, il Jean-Luc De Matteis vise à moderniser l’existant et à (OGBL) prévenir les faillites d’entreprises « à travers l’introduction d’une nouvelle législation en matière de réorganisation des entreprises en difficulté ». Adapté aux spécificités luxembourgeoises, il comprend plusieurs volets (préventif, réparateur, répressif et social). Le volet préventif prévoit notamment la détection plus précoce des difficultés de l’entreprise. « Le secrétariat du Comité de conjoncture suivra la situation des débiteurs en difficulté en vue de favoriser la continuité de leur entreprise ou de leurs activités et d’assurer la protection des droits des créanciers », indique le projet de loi. Le texte introduit également une formule de réorganisation des entreprises, selon leur taille : procédure d’accord amiable, procédure de désignation – sur demande de l’entreprise – d’un conciliateur d’entreprise, sursis, procédure de réorganisation par accord collectif… Le volet réparateur du dispositif « doit permettre au commerçant malheureux, mais de bonne foi, d’avoir une seconde chance et contribuer à la création d’un environnement plus propice à un nouveau départ ». L’entrepreneur ne serait ainsi pas tenu de rembourser l’entièreté de sa dette pour créer une autre entreprise. A contrario, un volet répressif

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« Les PME rencontrent des problèmes de liquidités. Ce n’est pas une question de carnet de commandes. »

— Mars 2013

entend accentuer la vigilance à l’égard d’entrepreneurs indélicats ou mal intentionnés, tentés de laisser tomber une entreprise afin de réapparaître à la tête d’une autre. Ainsi, le projet de loi prévoit une « décriminalisation » de la banqueroute frauduleuse afin de faciliter les poursuites pénales. « Mais il ne faut pas non plus que le droit de la faillite devienne un droit à la faillite », glisse, subtil, un juriste. Un système de clignotants efficace

Quant au volet social, il vise notamment à préserver l’emploi. C’est celui qui intéresse le plus les syndicats, mais pas le seul. « La loi a changé, depuis le cas Socimmo, observe Christophe Knebeler, porte-parole du LCGB. Les salariés victimes d’une faillite ont un accès plus rapide à leur indemnité légitime. Mais cela ne résout pas tout. » Le LCGB salue la « bonne idée » du volet préventif. « Nous plaidons depuis longtemps pour des mécanismes d’alerte. Mais il faut qu’ils soient efficaces, et donc pas alourdis administrativement. » L’OGBL estime aussi qu’un « système de clignotants » est particulièrement utile. « Quand une entreprise a des retards vis-à-vis de la Sécurité sociale, par exemple, c’est un signe. On doit pouvoir, à ce moment, se demander ce qui ne va pas. » Jean-Luc De Matteis, secrétaire central « bâtiment, artisanat et construction » de l’OGBL, estime qu’une délégation en entreprise est aussi un relais efficace, pour faire remonter les craintes. Encore faut-il être représenté… Dans le cas de Glass Center par exemple, le


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Photos : Olivier Minaire, Charles Caratini (archives)

Les faillites de Socimmo ou Mangen ont marqué les esprits. D’autres ont suivi et il y a encore des dégâts collatéraux. Le secteur du bâtiment dans son ensemble se sent fragilisé. Plus globalement, ce sont les artisans et les PME qui ont besoin de réponses appropriées aux questions qu’ils doivent se poser.

syndicaliste avoue : « Quand nous avons été avertis, c’était trop tard. » De l’extérieur, Glass Center vivait bien : bâtiments neufs, parc automobile récent, signes positifs. Trop bien ? Pour M. De Matteis, « sans généraliser, les PME rencontrent des problèmes de liquidités. Ce n’est pas une question de carnet de commandes ou de marché, le plus souvent ». Les décisions managériales et, au-delà, la capacité des responsables à s’adapter au contexte, voire à s’autocontrôler, sont montrées du doigt par une série d’observateurs. « Il y a 10 ans, les marges étaient énormes et tout le monde vivait très bien », témoigne un entrepreneur du bâtiment, qui préfère demeurer anonyme. « On pouvait se permettre un management d’épicerie. Mais quand on devient plus gros, ce n’est plus pareil. Surtout quand le contexte évolue. Les marges restent acceptables aujourd’hui, mais elles ont fortement baissé. Il faut gérer au plus près, suivre les stocks, soigner fournisseurs et clients, ne rien négliger, suivre la comptabilité analytique. » Les exemples de terrain fleurissent, comme celui de ce gros chantier, à l’arrêt parce que les matériaux n’avaient pas été commandés en temps, en heure et en quantité suffisante… Par ailleurs, une étude de la Chambre des métiers avait souligné, en 2011, que 52 % des entreprises (artisanat et commerce, sachant que plus de la moitié de l’artisanat est dans la construction) ayant subi une faillite le devaient surtout à des causes endogènes, liées à la gestion, voire dans certains cas, très anormalement nombreux, à un défaut de comptabilité… « On ne peut pas

vouloir sauver tout le monde, commente Tom Wirion, directeur adjoint de la Chambre des métiers. Dans l’entreprise, il y a toujours une part de risques. Cependant, il est clair que le volet gestion est devenu de plus en plus important. D’ailleurs, si l’on regarde la qualification de base des dirigeants faillis, les titulaires d’un brevet de maîtrise sont clairement sous-représentés… » M. Wirion observe par ailleurs que le projet de loi sur les faillites – dont la Chambre des métiers souhaite davantage creuser le texte – « a raison de mettre l’accent sur les clignotants et signes à suivre, grâce à une collaboration accrue entre administrations. Mais que penseront les entreprises de cette transparence ? Et puis, proposer un accompagnement est une voie possible. Mais on ne veut pas que le chef d’entreprise y perde sa liberté de choix. » Accompagner le management

En tout cas, Jean-Luc De Matteis ne veut pas entendre parler de coût de la main-d’œuvre. « Il faut arrêter avec le coût salarial : on a le plus bas de la Grande Région. D’autre part, je constate que de grands groupes ont repris des entreprises luxembourgeoises. C’est qu’il y a du travail et de l’argent à faire ! » La Chambre des métiers constate, elle, qu’il y a une concurrence accrue, venant de l’étranger et pas seulement de la Grande Région. « On note aussi, prolonge Tom Wirion, enquête à l’appui, que 57 % des entreprises artisanales luxembourgeoises sont actives à l’étranger. Et que ce dépassement des frontières du marché national, qui avant se suffisait peut-être à lui-même, fait partie de la stratégie envisagée Mars 2013 —


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par nos entreprises. » 26 % d’entre elles voient les activités à l’étranger comme « un instrument d’équilibre avec leurs activités au Luxembourg ». Il se souvient aussi de cet intervenant, lors d’un workshop à la Chambre des métiers, lançant : « Pendant longtemps, on a cueilli les pommes en restant assis. On doit faire l’effort de se lever à présent. » Il faut passer le cap de la prise de conscience, pour accepter une remise en question. Un ancien administrateur de société du bâtiment abonde dans ce sens. « Certains dirigeants n’ont pas assez de vue réaliste sur le controlling. Ils ne maîtrisent pas les coûts de revient, abusent des frais fixes, pêchent par un déficit d’organisation. Le mode de fonctionnement qui passait avant la crise ne passe plus. Quand les réactions s’imposent, le recours à des prix bradés, parfois à des sous-traitants suspects, n’amène que des ennuis et peut entraîner des chutes en cascade. » Pour cet autre observateur, qui s’oriente vers le conseil adapté aux petites entreprises, « les dirigeants qui survivent sont ceux qui ont une lucidité intacte, un savoir-faire de gestion. Ils ont su faire attention à leur train de vie et pérenniser leur activité. Souvent, ce sont des gens de terrain qui ont su s’entourer de compétences de management, pour se donner des reins solides. Quant aux autres, il faut encore les convaincre d’accepter le changement, de se réinventer, de revoir leur business model le cas échéant. On tombe facilement dans des questions d’ego. » Outre l’acceptation – pas nécessairement évidente – des problèmes ou du fait que ceux-ci peuvent survenir, il y a donc un besoin d’experts pour les résoudre ou les prévenir. Pas des auditeurs issus de grands cabinets, mais des personnes connaissant le métier de ceux à qui ils apportent le conseil. « Quand une petite entreprise n’a pas les moyens de s’offrir un manager à sa mesure de façon permanente, elle doit pouvoir investir dans les talents d’un expert proche du monde des PME-PMI, qui parle le même langage et qui pourra accompagner la démarche », souligne le consultant indépendant. C’est d’ailleurs un métier spécifique qui émerge peu à peu. Tom Wirion y voit une tendance intéressante. « La Chambre des métiers n’a pas vocation à aller accompagner dans les entreprises. Par contre, nous avons un panel de formations pour lequel nous observons une demande croissante. Cela montre qu’il y a une réelle prise de conscience du fait qu’une gestion adéquate, d’une part, et qu’une adaptation des métiers – notamment aux impératifs des bâtiments passifs – et de la stratégie, d’autre part, deviennent de plus en plus indispensables dans une situation concurrentielle difficile. On peut donc rester optimiste. » — Mars 2013

« On peut rester optimiste. Mais il ne faut pas espérer sauver toutes les entreprises. La part de risques fait partie de l’entreprise. » Tom Wirion (Chambre des métiers)

LÉGISLATION

Des idées redondantes Défenseurs d’un assouplissement des procédures, les syndicats souhaitent néanmoins que l’on n’oublie ni les causes des déconvenues, ni les moyens palliatifs. Le LCGB, s’il salue la modernisation du droit de la faillite, rappelle ses propositions pour la « sauvegarde de l’existence » des salariés et des entreprises, compatibles avec l’intérêt des dépenses publiques. « Le Fonds pour l’Emploi finance le chômage partiel, détaille Christophe Knebeler. Cet instrument permet de répondre à des problèmes conjoncturels, quand l’entreprise a failli. Mais pas d’apporter des solutions aux questions structurelles. » Le LCGB plaide pour une structure de « gestion de sureffectif », comparable à la CDR (cellule de reclassement) sidérurgique, mise en place dans des secteurs de l’artisanat. « L’Adem pourrait coordonner ce vivier de bras, pas dans une logique de chômage, mais de maintien dans l’emploi. » Le « prêt de main-d’œuvre » pourrait ainsi s’organiser, au profit des salariés et des entreprises en peine. « Imaginons une PME en difficulté, qui a besoin de s’alléger. Mais qui peut être restructurée par un management compétent. Au redémarrage, elle pourrait même récupérer d’anciens collaborateurs encore disponibles dans la cellule. » À noter que le texte de loi 6539 reprend une partie des 65 propositions formulées, en avril 2010 déjà, par Jeannot Krecké, alors ministre de l’Économie, pour améliorer la compétitivité nationale. Il y était notamment question de considérer une procédure de gestion contrôlée, inspirée du « Chapter 11 » en droit américain, censée apporter une protection temporaire des créanciers et permettre à une entreprise de restructurer son activité pour revenir vers une situation économiquement viable. A. D.


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Internet et mobile

RTA T S UP

La communication locale dans les nuages Offrir aux PME les moyens de communiquer dans différentes langues et via un maximum de canaux. L’idée de Jeeni a convaincu les réseaux soutenant l’entrepreneuriat luxembourgeois. Reste à faire tourner le modèle économique. Texte Pierre Sorlut Photos Olivier Minaire

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Jeeni

FICHE TECHNIQUE

CV

CV

Jeeni

Ingénieur marketing

Spécialiste logiciel

Objet : plateforme de communication en ligne Création : janvier 2012 Ventes Europe 2012 : 10.000 euros 2 salariés à temps partiel Prévisions ventes 2013 : 250.000 euros

Steve Albrecht, 45 ans, a d’abord eu une vie d’ingénieur en électronique. Après avoir achevé un mémoire de recherche à Berkeley sur la micro robotique, il a travaillé à la commercialisation de robotique industrielle pour un groupe californien. Après un séjour au Venezuela, il est rentré au pays pour travailler pour General Electrics, et vivre sa deuxième vie, résolument tournée vers le marketing et la communication… si bien qu’il a ponctué sa formation en 2010 par un master spécialisé à Paris.

Basé à New York, Martin Diaz doit vendre la solution Jeeni aux États-Unis. Pour convaincre ses interlocuteurs, il bénéficie d’une longue expérience dans les logiciels de services qu’il vend aux grandes entreprises. Après avoir étudié à la NYU Stern, il a travaillé aux Pays-Bas, en France, au Mexique, puis aux États-Unis.

Des concurrents iContact Marketing e-mail États-Unis, 2003

— Mars 2013

SurveyMonkey Sondages en SaaS États-Unis, 1999

Mail Chimp Marketing e-mail États-Unis, 2001

Constant Contact Marketing en ligne États-Unis, 1998

HubSpot Marketing en Saas États-Unis, 2006


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l se voyait déjà en haut de l’affiche. En septembre 2011, Steve Albrecht remportait le concours 1, 2, 3 Go et croyait vivre le début d’une successstory entrepreneuriale à la luxembourgeoise. Dix-huit mois plus tard, si les espoirs ne sont pas douchés, le développement s’avère considérablement moins rapide que celui envisagé lorsque l’idée n’était encore que couchée sur le papier. L’idée ? Une plateforme de communication, multilingue et multicanal, destinée aux petites et moyennes entreprises. Elle est celle de Steve Albrecht, un ingénieur reconverti dans le marketing (voir encadré). Pour la mettre en place, il s’est associé à Martin Diaz, son partenaire d’affaires américain basé à New York, et a mandaté un développeur, Michel Weimerskirch, le fondateur de spellchecker.lu. Avec Jeeni, Steve Albrecht a voulu commercialiser un outil pour lequel il avait décelé une potentielle demande alors qu’il exerçait chez General Electrics. Il fallait offrir à un siège social régional ou à une PME la possibilité de communiquer simplement et dans la (les) langue(s) locale(s) sur les supports de son choix. « En un claquement de doigts », le génie fait son office et envoie un contenu (information, communiqué de presse, sondage, événement, etc.) au site Internet de la société concernée ou à un ensemble de destinataires présélectionnés via e-mail, Twitter, Facebook ou d’autres réseaux sociaux. Très concrètement, le gérant d’une PME, un artisan ou le responsable communication d’une filiale locale d’un groupe peut, grâce à Jeeni, alimenter leur site via une plateforme simple d’utilisation, sans passer par le CMS (content management system) ou l’administrateur de la page web. Le service est en fait articulé autour du concept de marketing local sur lequel Steve Albrecht a beaucoup planché, en 2010, dans le cadre de son master spécialisé à l’université Panthéon-Assas (Paris). Après avoir été identifié, le destinataire de la communication doit pouvoir reconnaître les signes de l’appartenance de l’émetteur à une même communauté. Seulement après, il accordera de l’attention au contenu. Cela passe bien sûr par l’utilisation d’une même langue, mais aussi par celle de réseaux communs (au Luxembourg, on préfèrera par exemple LinkedIn à Twitter, encore marginalisé) et d’intérêts partagés. Déclinable en B2B ou B2C, le modèle économique repose sur un système d’abonnement mensuel augmentant par tranche en fonction du nombre de contacts. Il coûtera par exemple 49 euros par mois à une société souhaitant communiquer avec 500 adresses électroniques. Le prix relativement bas du service implique que les deux associés misent sur la génération de profit par le volume. « L’architecture ouverte » des partenaires (développement Internet, traduction, etc.) et l’adoption d’un modèle en Saas (Software as a Service) lui permettent parallèlement de jouir d’une certaine flexibilité et d’un niveau de coûts fixes limité à sa portion la plus congrue.

I

Analyse SWOT FORCES – Produit différenciateur – Architecture de partenaires ouverte

– Marché en croissance – Multilinguisme

OPPORTUNITÉS

FAIBLESSES – Délai pour intégrer le marché – Superficie financière

– Arrivée d’un big player – Petites agences marketing

MENACES

« Nous souhaitons offrir l’indépendance. » Steve Albrecht

EUROPE4STARTUPS

Du coton pour les jeunes pousses En créant Europe4Startups, Gary Kneip (SecureIT) et les entreprises partenaires ont souhaité créer un environnement propice au développement de start-up au Grand-Duché, luxembourgeoises de naissance ou d’adoption. Ainsi, la possibilité de bénéficier d’une valeur de 100.000 dollars de services, en sus d’un écosystème amical en termes d’infrastructures et de relations avec les autorités, a attiré une dizaine de sociétés étrangères, notamment de la Silicon Valley. P. S.

La taille modeste de la société lui permet, par ailleurs, de se faufiler sur une niche encore peu exploitée. Jeeni se faufile entre les iContact ou SurveyMonkey, spécialisés sur un biais de communication en particulier (respectivement e-mails et sondages), et les HubSpot ou Eloqua, solutions complexes et coûteuses, d’automatisation du marketing. En revanche, et c’est une des craintes de Steve Albrecht, un big player américain pourrait très bien s’étendre sur le créneau occupé par Jeeni. Steve Albrecht et Martin Diaz ont financé le lancement de la société sur fonds propres et cherchent aujourd’hui de nouvelles sources de financement pour leurs prochains développements, à commencer par le recrutement prochain d’un développeur et d’un commercial (freelance, pour limiter les dépenses justement). Côté européen, Steve Albrecht participe aux initiatives faisant appel aux business angels de la Grande Région, notamment via Seed4Start, une nouvelle plateforme de rencontre entre investisseurs et entrepreneurs. En attendant de trouver le business angel providentiel, Jeeni a intégré le réseau Europe4Startups. S’il s’agit là d’un nouveau signe de reconnaissance, le pays et la Grande Région représentent plus pragmatiquement également une zone de test idéale pour le lancement de la start-up. Les multiples compétences linguistiques et en informatique y constituent un écosystème touffu, mais les retours d’expérience y sont également rapides en cas de problème. D’ailleurs, la société avance à tâtons. Alors que le business plan initial prévoyait un développement 100 % en ligne, les associés se sont aperçu que le démarchage commercial « physique » constituait un élément primordial. Idem, ils se posent encore la question de savoir si les agences de communication web sont leurs alliés ou leurs concurrents indirects. « L’appel à un web designer crée de facto une sorte de dépendance. Nous, nous souhaitons justement offrir l’indépendance », indique Steve Albrecht. La start-up n’a pourtant pas le temps de tergiverser. Ses objectifs sont ambitieux. 500 clients d’ici la fin de l’année, 4.000 à la fin 2015, afin d’atteindre le seuil de rentabilité. Steve Albrecht et Martin Diaz limitent également le risque entrepreneurial en conservant parallèlement une activité professionnelle. Ils se sont rendu compte que la route du succès était bien longue et chaotique. Pour l’instant, pour M. Albrecht, créer sa start-up, c’est un peu pousser son rocher de Sisyphe. Jusqu’à maintenant, la tâche s’est avérée ardue et peu gratifiante… au moins financièrement, mais Steve Albrecht reste optimiste. Il a fait le bilan à la fin 2012. Devant la reconnaissance de la place, il se dit qu’il y a un coup à jouer. Son associé aux États-Unis lui fait d’ailleurs valoir qu’en 2013, le seul marché US, le mobile marketing, va croître de 38 %, de 26 % pour les réseaux sociaux et de 10 % pour l’e-mailing. Espérons donc que cette société luxembourgeoise damera le pion à ses concurrents de la Silicon Valley. Mars 2013 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

PLACE FINANCIÈRE

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

PRIVATE BANKING

Banques

LBLux à vendre

Annonces-chocs pour l’emploi

BayernLB a mis en vente sa filiale luxembourgeoise LBLux (corporate et private banking), présente au Kirchberg avec plus de 180 collaborateurs (voir article page 96). Banques et fonds de private equity ont été invités à formuler des offres en février. LBLux, rentable a priori, est une victime collatérale d’une amende infligée par la Commission européenne, forçant la banque bavaroise à s’alléger.

RECOUVREMENT DE FONDS

Photo : Maison Moderne

Capfields et Goal s’associent

Depuis 2008, le syndicat Aleba a recensé 44 plans sociaux concernant plus de 1.500 licenciements.

Le mois de février 2013 restera sans doute comme l’un des pires pour l’emploi de la place financière. En quelques jours, ce sont 413 suppressions de postes qui ont été annoncées au Luxembourg : 125 au sein de la centrale de règlement-livraison Clearstream et 288 chez RBC Investor Services (dont 5 départs individuels déjà effectifs et 65 nonrenouvellements de contrats externes). Depuis avril 2008, peu avant le déclenchement de la crise financière, le syndicat Aleba avait recensé 44 plans sociaux pour 1.460 licenciements et 143 licenciements individuels pour raisons économiques. Les deux dernières annonces pèsent donc très lourd. Chez Clearstream, comme chez RBC, les raisons de ces mesures sont les mêmes : des exigences de réduction de coûts dans

un contexte concurrentiel où les volumes se réduisent et la volonté de délocaliser certaines activités vers des pays où la main-d’œuvre est meilleur marché. RBC a clairement annoncé vouloir poursuivre le transfert de certaines tâches vers la Malaisie. En dépit de ces annonces-chocs, l’emploi fait preuve de résistance sur la place financière, dans un contexte pourtant difficile. Selon la Banque centrale du Luxembourg (BCL), l’emploi dans les établissements de crédit du pays s’élevait à 26.534 personnes au 31 décembre 2012, soit 83 de moins seulement qu’au 30 septembre 2012, et 394 de plus qu’en décembre 2007, avant la crise. « Entre septembre et décembre 2012, 46 établissements de crédit ont augmenté leurs effectifs, tandis que 47 d’entre eux les ont diminués », indique la BCL.

La société luxembourgeoise de conseil Capfields vient de s’associer au groupe londonien Goal pour proposer aux professionnels du secteur financier un service de recouvrement de fonds émanant de condamnations de sociétés distribuant des titres cotés. Cette solution pourrait s’avérer utile à l’heure du jugement des gestionnaires de fonds « madoffés ». Selon Louis de Laromiguière, associé de Capfields, Goal a récupéré depuis 2007 plus de 250 millions d’euros. FONDS D’INVESTISSEMENT

L’Alfi se réjouit, mais se méfie Lors de sa conférence de presse annuelle, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) a fait le MARC SALUZZI bilan d’une année 2012 riche en événements. Plusieurs réglementations, notamment la transposition de la directive AIFM encadrant la gestion de fonds alternatifs, et un marché volatil sont venus troubler le paisible quotidien d’une industrie pérenne au GrandDuché. Marc Saluzzi, président de l’Alfi, s’avoue quand même satisfait : « Notre fund centre a réussi à augmenter son volume d’actifs et sa part de marché en Europe. » Mais il invite à surveiller les évolutions relatives à la taxe sur les transactions financières.

Mars 2013 —


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

FRE

SH

Le gérant de fonds suédois Coeli vient de demander un agrément à la CSSF pour devenir société de gestion au Luxembourg. | La direction de l’activité private banking de KBL a été confiée à Yves Stein (ex-CEO d’Union Bancaire Privée, Europe). | BGL BNP Paribas dément toute rumeur de suppression de 150 postes et annonce travailler sur un programme d’optimisation et d’efficacité.

HAVILLAND

ASSURANCES

FINANCEMENT PUBLIC

Un bureau à Londres

Année 2012 record

Après Monaco en 2011, Banque Havilland (ex-Kaupthing Bank Luxembourg) a ouvert un bureau à Londres. Nicholas Parker, CEO du private banking, confirme que le QG de l’établissement reste bien au Grand-Duché, où une cinquantaine de personnes sont employées.

Au terme d’un 4e trimestre très porteur, dans la lignée des précédents, le secteur des assurances signe une année 2012 record, avec une hausse globale des primes de 39,16 % (+ 14,73 % en non-vie et + 42,93 % en vie). La bonne santé des marchés boursiers et la sécurité de placement expliquent le phénomène. Avec un résultat après impôt de 164,16 millions d’euros (+ 117,70 %) par rapport à l’exercice précédent, les entreprises vie, notamment, dépassent leur meilleur résultat jamais enregistré.

Un fonds russe au Luxembourg Le Luxembourg s’apprête à accueillir un fonds public russe destiné aux PME locales. Le véhicule en question a pour objectif de lever 900 millions de dollars au cours des quatre prochaines années. Vnesheconombank, une banque de développement russe, et KfW, une banque publique allemande, sont à l’origine du projet dans lequel elles comptent investir elles-mêmes. À l’issue d’un appel d’offres, Arendt & Medernach a été retenu comme expert afin d’établir la documentation et traiter le volet juridique. Le bureau moscovite du cabinet luxembourgeois est dirigé par Max Kremer.

PROMOTION

Photo : David Laurent (archives)

LFF sous le giron du ministère des Finances

Au sein de la Maison de la finance, l’ABBL et LFF cohabitent.

— Mars 2013

Le ministre des Finances, Luc Frieden, a repris en main l’agence de promotion, Luxembourg for Finance. L’initiative public-privé sera dorénavant majoritairement financée par l’État et dirigée par un diplomate. Nicolas Mackel prendra le siège occupé par Fernand Grulms ces cinq dernières années. Celui qui retournera à l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg) l’été prochain avait pris la tête de LFF en janvier 2008, à sa création. Son bilan n’est pas mis en cause. « Nous l’avons estimé très positif », faisait remarquer Luc Frieden. Mais le ministre a manifesté sa volonté de mieux coopérer avec les ambassades et avec les trade offices dans les nouveaux marchés cibles pour davantage coordonner in fine les différents secteurs, notamment les fonds d’investissement, qui semblent davantage peser dans le futur de la place financière que le private banking. Et justement, Nicolas Mackel arrivera tout droit de Chine où il dirigeait le Luxembourg’s Trade and Investment Office… et où il occupait les fonctions de consul honoraire. Il avait rejoint le corps diplomatique luxembourgeois en 1999 après des études de droit. Il a ensuite travaillé pendant cinq ans à la représentation diplomatique de Bruxelles et quatre à l’ambassade à Washington avant de rejoindre Shanghai.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

FONDS D’INVESTISSEMENT

Année record

0 7 , 3 1 +

%

Visuel : m3 Architectes

Avec un patrimoine global net de 2.383,8 milliards au 31 décembre, les fonds luxembourgeois terminent l’année 2012 sur un nouveau record. La progression a été de 13,70 % sur l’ensemble de l’année, avec de nouveaux encaissements de plus de 123 milliards.

CLEARSTREAM

En berne

-15

%

La Galerie Kons, érigée au début du 20e siècle, laissera place en 2016 à un bâtiment flambant neuf.

ING Luxembourg

Orange Bricks à la gare ING Luxembourg va rassembler son personnel « hors agences » dans un nouvel immeuble de 20.000 m2 qui sera construit à l’endroit de l’actuelle Galerie Kons, place de la Gare. Avec Orange Bricks, nom de code du projet immobilier, ING veut renforcer, un peu plus encore, son ancrage au Luxembourg. Les équipes, quelque 700 employés aujourd’hui répartis sur quatre bâtiments, sont censées être installées sur place à compter de 2016. Le projet sera développé par un consortium de trois groupes d’investisseurs-promoteurs : Immobel, Besix Red et CLI. L’architecture en a été confiée au bureau m3 Architectes, avec la bénédiction de la Ville de Luxembourg.

Le résultat net 2012 de Clearstream a reculé de 15 % à 316,9 millions d’euros, en même temps que le chiffre d’affaires a fléchi de 5 % à 660,9 millions d’euros. En cause : une baisse des volumes sur les marchés financiers, un recul des émissions d’eurobonds et la faiblesse des taux d’intérêt. Des chiffres toutefois moins mauvais que ceux de la maison mère, Deutsche Börse, dont le bénéfice net 2012 a chuté de 24 %.

ING LUXEMBOURG

+10,3

%

Au Luxembourg, la banque ING affiche, pour 2012, 10,3 % de hausse de son bénéfice net annuel, à 120,9 millions d’euros et revendique, par ailleurs, une marge bénéficiaire proche des 50 %. ING Luxembourg, qui va changer de CEO au 1er mars, n’est, pour l’heure, pas concernée par le grand plan de réduction d’effectifs (2.400 postes) annoncé en Belgique et aux Pays-Bas par la banque orange.

— Mars 2013

KBL

BANQUES

Une voie et des voix

Degroof performe

Après son rachat par l’actionnaire qatari en 2012, KBL s’est séparée de 136 employés au 1er janvier 2013. Son CEO, Jacques Peters, a indiqué aux salariés vouloir évoluer vers de nouvelles niches, sectorielles et géographiques. Le message a été plutôt bien accueilli par le staff. La communication de la banque est également en chantier. Elle compte maintenant (temporairement ?) deux voix : Nicholas Nesson, un Américain en provenance de Dubaï, vient en sus de Jean-Dominique Montoisy.

Photo : Jessica Theis (archives)

Contre vents et marées

Pour son dernier exercice clos au 30 septembre, Banque Degroof Luxembourg, dirigée par Patrick Keusters et Geert De Bruyne, et qui a fêté en 2012 ses 25 ans de présence au Grand-Duché, a affiché un résultat net consolidé en hausse de 9,7 %. Les bénéfices de la société et de ses six filiales s’élèvent ainsi à 51,9 millions d’euros (après impôt), soit plus de la moitié du profit du groupe.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Fiscalité

Tectonique de place L’instauration de l’impôt minimum sur les sociétés, le remplacement du célèbre préposé Marius Kohl et d’autres aménagements fiscaux discutables laissent croire à une divergence d’intérêts entre le gouvernement luxembourgeois et les professionnels du secteur financier. Ce ne serait que transitoire.

Photos : Steve Eastwood (archives)

Texte Pierre Sorlut

D

essiner les contours du centre financier luxembourgeois pour les prochaines années et identifier les défis auxquels il est confronté : la tâche que doivent remplir les panélistes du récent événement « 10x6 place financière » organisé par le paperJam Business Club était ardue. Surtout lorsqu’il s’agit d’évoquer, en six minutes, l’un des piliers sur lequel l’industrie des fonds s’est construite : la stabilité fiscale et politique du pays. Ainsi, si Laurent Schummer, avocat chez Arendt & Medernach, a bien tenté d’éveiller les consciences – « Il faut veiller à préserver cette stabilité. Si une fiscalité minimale peut se concevoir s’agissant des soparfi, le secteur peut cependant bouger très vite », le temps qui lui était imparti ne lui permettait pas de développer un argumentaire donnant la mesure de l’enjeu. Car ce refrain est de plus en plus repris par une profession qui s’inquiète de lire, dans les yeux de ses contacts à l’international, un certain doute quant à l’aptitude des autorités luxembourgeoises à préserver cette sacrosainte stabilité dans une juridiction où ils ont placé leur argent et / ou où ils pourraient le faire. Alors, bien sûr, il y a eu ce fâcheux épisode budgétaire auquel l’avocat fait — Mars 2013

référence. Entre octobre et décembre 2012, le gouvernement, les députés et les institutions consultatives se sont arraché les cheveux pour savoir dans quelles poches de contribuables gratter pour ramener de l’argent dans des caisses publiques sonnant désespérément creux depuis quelques exercices budgétaires. Face aux élus d’une population qui n’apprécie plus forcément de voir banquiers et avocats s’enrichir alors qu’elle doit faire de plus en plus de concessions, le gouvernement a dû lui aussi en lâcher. Parfois aux dépens d’un pan de l’économie contribuant pour plus de 30 % à la richesse nationale. L’événement avait alors laissé croire qu’un fossé se creusait entre les fédérations de professionnels de la finance et leur ministère de tutelle. En effet, pour fournir un contrepoint à l’augmentation de l’imposition touchant les personnes physiques, le gouvernement a également accru la pesanteur fiscale sur les personnes morales. Et, après un avis cinglant du Conseil d’État, condamnant un projet de loi réalisé sans étude d’impact et pénalisant potentiellement l’industrie des fonds, la loi du 21 décembre 2012 prévoit finalement un doublement de l’impôt minimum à charge des sociétés exerçant certaines activités de

financement (il passe ainsi de 1.500 à 3.000 euros) et introduit un impôt minimum pour toutes les autres sociétés suivant un barème allant de 500 à 20.000 euros. « Prévisibilité ». Quelle prévisibilité ?

Un moindre mal pour le ministre des Finances. « Je conteste l’affirmation selon laquelle la stabilité fiscale aurait été mise en cause, puisque les adaptations qui ont été faites dans le cadre des discussions budgétaires ont été relativement peu importantes importantes, indique Luc Frieden. Ce qui est important, c’est qu’avec les professionnels du secteur, et à la lumière de la situation internationale, nous fixions de façon prévisible les impôts sur les sociétés. sociétés. » Si l’industrie a effectivement été consultée, la notion de prévisibilité paraît, elle, ici, toute subjective. La reculade suite à l’avis du Conseil d’État – défendant de facto les intérêts économiques de la Place – pour aménager la fiscalité d’un certain nombre de sociétés, comme les fonds immobiliers, atteste bel et bien d’un tâtonnement… révélateur également d’une certaine césure avec les acteurs du terrain, généralement bien écoutés. Le cafouillage du projet de loi 6497 n’est pas anecdotique. Il s’ajoute à d’autres sujets


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Le Kirchberg, symbole d’unité de place : la société d’audit et de conseil KPMG bâtit son futur siège entre celui de Deutsche Bank Luxembourg et des bureaux du cabinet d’avocats Arendt & Medernach.

d’inquiétude : en premier lieu, le prochain départ à la retraite de Marius Kohl, le préposé du bureau d’imposition des sociétés 6 (notamment celles actives dans le secteur financier) rendu célèbre malgré lui par ses rulings, emprunts de pragmatisme économique. Dans le cadre de son activité professionnelle, le fonctionnaire a interprété pendant des années les points de droit liés à la taxation des personnes morales. Cette pratique (légale) du ruling, consistant à informer préalablement le contribuable de son imposition, n’est pas une spécificité luxembourgeoise. Elle est sollicitée dans de nombreux pays européens par les groupes dans leur structuration internationale. Au Luxembourg, M. Kohl est devenu l’interlocuteur avec qui ces sociétés aiment discuter pour son attitude constructive. À la fin mars, cependant, il cessera de recevoir leurs représentants. Et l’incertitude liée au futur traitement de leur demande interpelle, alors que le gouvernement connait bien le plan de carrière du préposé, et notamment sa date de départ à la retraite, prévue pour septembre. À la mi-février, on semble encore tergiverser au ministère des Finances sur la forme que devra prendre la procédure de ruling. Le

ministre Luc Frieden a beau indiquer que « le système des décisions préalables d’interprétation de la loi doit être professionnalisé professionnalisé » et qu’une « commission composée de plusieurs membres sera créée pour contribuer à renforcer l’image du Luxembourg comme une place attrayante attrayante », les modalités d’une telle mesure n’ont toujours pas été entérinées officiellement. Et au catalogue des incompréhensions entre les professionnels de la finance et le ministère, ajoutons encore une modification des dispositions sur les carried interests (dans le cadre de la transposition en droit luxembourgeois de la directive AIFM) contestée par l’industrie locale du private equity ou encore l’instabilité des mesures relatives au crédit d’investissement. Marius et ses disciples

Mais le problème n’est pas tant le départ de Marius Kohl ou des traitements fiscaux discutables et discutés. L’esprit du bureau 6 devrait perdurer du fait d’une transition assurée par le préposé et ses disciples, des adjoints qu’il a encadrés pendant de nombreuses années. Et durant les deux dernières, remarque Wim Piot, tax leader

chez PwC, « cette équipe a effectué un bon travail dans le cadre de la mise en œuvre de la circulaire relative aux prix de transfert transfert ». D’ailleurs, les nouvelles dispositions fiscales peuvent être lissées au moyen de circulaires de l’administration des contributions relatives à leur implémentation. Le bât blesse davantage dans la distension apparente des liens entre les professionnels et leur autorité politique. L’osmose affichée autrefois ne paraît plus si évidente depuis quelques mois. Celle-ci est soumise à de multiples pressions. Dans un contexte de crise et de creusement des déficits publics, les gouvernements européens – pressés par leur électorat – regardent de plus en plus dans l’assiette fiscale de leurs voisins, supportés qu’ils sont par les initiatives multiples de l’OCDE visant une harmonisation des pratiques fiscales. L’actualité n’en finit plus de le rappeler. L’organisation de coopération et de développement économiques a publié le 12 février son étude BEPS, pour « lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices bénéfices ». Même si Luc Frieden le conteste – « non, il n’y a aucune pression ; nous sommes un pays souverain souverain » – la Commission européenne se fait de plus Mars 2013 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Photo : Luc Deflorenne (archives)

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Jean-Luc Fisch (EHP) s’inquiète, comme beaucoup d’avocats, du futur du Luxembourg. Il invite à un renforcement de la coopération entre le gouvernement et le secteur privé, notamment en matière de fiscalité.

en plus pressante sur les deux réfractaires, l’Autriche le ministre des Finances, principale victime de cette stigmatisation, communique essentiellement en direct et le Luxembourg, pour arriver à un échange automatique ou via son chef de cabinet, Sarah Khabirpour… d’informations entre les autorités fiscales de l’Union. alors qu’ils ont tous deux sur leurs bureaux une Le ministre des Finances préfère raisonner en d’autres montagne de dossiers à traiter. termes : « La question que nous devons nous poser, la même depuis plusieurs années, est : pouvons-nous maintenir un système Une question qui s’impose que les autres considèrent comme un modèle encourageant la fraude fiscale, même si tel n’est pas le cas ? La question n’est donc Mais cela bouge. En mars, un chargé de communication pas ‘quel est le système que nous aimons le mieux’, mais ‘est-ce un rejoint les troupes du ministère. Marc Schmitz, système qui peut être maintenu sur une place internationale ?’ partner tax chez Ernst & Young, relève également la Voilà le grand débat que nous devons mener. » Avec récente nomination d’un directeur chargé de la fiscalité les professionnels de la finance notamment. au ministère des Finances. Alphonse Berns, un ancien On comprend donc que les ponts ne sont pas coupés, diplomate « à l’esprit ouvert, qui sait écouter, dialoguer et qui qu’ils ont été ponctuellement contournés du fait de pourra contribuer à la définition d’une politique fiscale à la fois contraintes politiques. Les cabinets de conseil en sont attractive et défendable défendable ». Il représente l’esprit de la loi – d’ailleurs bien conscients. « Il faut se rendre à l’évidence et agir auprès des professionnels de la finance notamment – avec un maximum de transparence », relève Wim Piot. Le mis en pratique par l’administration des contributions. tax leader de PwC indique d’ailleurs qu’une étude mettra Son travail commence avec les négociations relatives bientôt en perspective la pression fiscale sur les sociétés à Fatca, la nouvelle réglementation américaine visant luxembourgeoises par rapport à leurs homologues à rapatrier l’évasion fiscale. M. Berns, ancien européennes. « Elle aidera à objectiver le débat et ambassadeur du Luxembourg aux États-Unis, évacuer l’émotionnel. » Encore faut-il que le travaillera à trouver un mode gouvernement et la place financière puissent de coopération avec l’autorité fiscale livrer un message cohérent auprès de leurs américaine, l’IRS, pour que ce diktat « partenaires d’affaires » dans et à l’extérieur américain ne nuise pas à l’industrie financière des frontières ! La mise à l’index du luxembourgeoise (voir encadré p. 92). Luxembourg dans les médias Jean-Luc Fisch Rappelons qu’en vertu de la clause internationaux pourrait être effectivement (EHP) de la nation la plus favorisée, l’échange jugulée au moyen d’une politique de d’informations avec les États-Unis sonnera communication maîtrisée. Aujourd’hui,

« Il y va de l’intérêt national. »

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Photo : Luc Deflorenne (archives)

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Le sort de ce qui a fait la richesse du pays se décide dans ces murs.

n eu st-c e qui E « tèm e sys ut êtr ur p e e nu s ce int ma e pla ale ? » u n t ion a n ern F r i e d e int uc L

mécaniquement le glas du secret fiscal luxembourgeois. Marc Schmitz souligne ainsi que « la place financière luxembourgeoise doit être réinventée, qu’elle doit gagner ce pari de se restructurer dans une ère de transparence et d’échange d’informations ». En se basant notamment sur un modèle de coopération quasiment inédit en Europe, entre le gouvernement et le secteur privé. Mais il rappelle aussi « qu’il faut rester vigilant à ce que fait la concurrence à l’étranger, notamment aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et à Chypre ». Pour les fiscalistes, il faut éviter les mesures fiscales prohibitives et leur préférer des mesures incitatives. C’est là aussi un refrain bien connu – plutôt que de pénaliser les entreprises, elles devraient les encourager, au moyen de taux préférentiels par exemple, à baser certaines de leurs activités au Luxembourg. Cela génèrerait ainsi des recettes par le biais d’impôts existants, comme ceux sur le revenu des personnes physiques et morales, ou encore de la propriété intellectuelle. Plusieurs projets de loi en souffrance (mise en place de devises fonctionnelles, modernisation du privilège mère-fille, clarification de la législation — Mars 2013

LUC FRIEDEN

Verbatim Fatca « Les intérêts des fonds d’investissement et du private banking d’autre part ne sont pas identiques. Nous sommes dans la phase de discussions exploratoires avec les États-Unis. Je consulte également le secteur financier à cet égard. Sans oublier que cette discussion Fatca aura une incidence sur celle en Europe en matière de fiscalité de l’épargne et de coopération entre les administrations fiscales. » Échange d’informations fiscales « Il y a une tendance internationale vers plus de coopération fiscale. Au cours des dernières années, les clients qui sont venus au Luxembourg ne sont pas venus pour des questions fiscales, mais parce que la qualité des services et la diversité des produits y sont les plus internationales possible, et je crois que nous allons dans cette direction. » P. S.

sur les prix de transfert, etc.) devraient également être poussés. Mais cela prend du temps et le ministère des Finances a des ressources limitées. Ainsi, si les plaques représentatives des intérêts économiques et politiques ont pu, en cette conjoncture incertaine, se frictionner ou aller dans des sens contraires, elles sont amenées à s’unir à nouveau. Leurs représentants le souhaitent ardemment en tout cas. Il faut simplement comprendre que le temps politique ne colle tout simplement pas toujours au temps économique. Jean-Luc Fisch, avocat chez Elvinger, Hoss & Prussen, résume en indiquant qu’en matière de fiscalité, « il est essentiel que le gouvernement ait une politique cohérente et communique de manière claire et structurée. L’ensemble des acteurs économiques de la place est disposé à l’aider à prendre des décisions éclairées éclairées. Il faut qu’il soit plus à l’écoute de ces acteurs à l’avenir. » Selon l’intéressé, l’enjeu est d’autant plus important qu’il a des répercussions sur l’ensemble de l’économie. « Il y va de l’intérêt national, car sans une industrie de la finance forte, ce sera la fin du modèle social luxembourgeois. luxembourgeois. »


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Banques

La reculade des allemandes Les Landesbanken quittent une à une le Grand-Duché. Les pressions exercées sur le système bancaire allemand se font de plus en plus sentir de ce côté-ci de la Moselle. À surveiller. Texte  Pierre Sorlut Photo Luc Deflorenne

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e paysage bancaire européen subit de profondes transformations suite à la crise des subprimes. Et même quand la place financière luxembourgeoise semble épargnée par une mesure prise dans un autre État, elle n’en ressort généralement pas indemne tant elle dépend des juridictions d’origine des établissements qui la peuplent. Or, le plus gros contingent de banques domiciliées au Grand-Duché vient d’Allemagne, avec 37 unités, où le système bancaire est secoué comme jamais. Alors quand l’épicentre se trouve outre-Moselle, les secousses se ressentent souvent au Grand-Duché. Il y a d’abord eu l’exposition des banques germaniques aux crédits immobiliers américains à risque. Dans leurs rangs, la banque des PME, IKB Deutsche Industriebank. Celle-ci s’était engagée à hauteur de 17 milliards d’euros sur ce marché et avait dû être recapitalisée en 2007 et 2009. En contrepartie des subventions publiques obtenues, et à la demande de la Commission européenne qui veille à ce que les aides d’État ne dérogent pas (trop) aux règles de la concurrence, IKB s’est séparée de certaines de ses activités et a liquidé sa filiale luxembourgeoise, officiellement en mars 2011. Mais l’actualité du mois écoulé interpelle davantage par la — Mars 2013

mise en vente de LBLux, filiale luxembourgeoise de Bayern Landesbank, une banque dont l’État fédéré de Bavière est le principal actionnaire. L’Allemagne compte sept banques publiques régionales de ce type (voir encadré page 98). Ces Landesbanken constituent un maillon important du très spécifique système bancaire allemand. Celui-ci est basé sur trois piliers, avec les caisses d’épargne (426 banques), les banques mutualistes (1.124) et les banques privées (299 dont seulement 4 grandes banques universelles), faisant de la fédération voisine l’État le plus bancarisé d’Europe. À la fin 2011, l’Allemagne comptait 2.080 banques (en y ajoutant les établissements étrangers) pour 81,8 millions d’habitants, soit une banque pour 39.000 habitants, quand la moyenne européenne se situe autour de 60.000. Les Landesbanken agissent, elles, en tant que grossistes pour les caisses d’épargne qui les détiennent majoritairement, en association avec les Länder. Elles effectuent le règlement-livraison (compensation) pour les paiements non liquides et apportent de la liquidité aux banques régionales. Elles traitent d’ailleurs essentiellement avec les institutions financières et fournissent aussi des services plus sophistiqués, tels que les couvertures et le financement offshore pour les grands comptes.

Installée face au Findel, Nord Landesbank ne prévoit pas de plier bagage pour autant.


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Évolution des banques au Luxembourg et en Allemagne en 2011 Résultat net des banques au Luxembourg (en millions d’euros)

Résultat avant impôts des banques en Allemagne (en millions d’euros)

Nombre de banques au Luxembourg

6.000

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5.000

150

4.000

120

Grandes banques Landesbanken

20 15 10 5

90

2.000

60 30

Source : CSSF

1.000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

2011

* En 1994, le Luxembourg comptait encore 222 banques, 202 en 2000.

Source : Banque centrale allemande

0 3.000

-5 -10 -15 -20

2002

2003 2004

2005

2006 2007 2008 2009

2010

2011

Comme les autres banques allemandes, elles se sont installées au Grand-Duché à partir des années 1960. « Elles sont venues avec les mêmes motivations, indique Fernand Grulms, CEO de Luxembourg for Finance. Elles utilisaient le Luxembourg comme plateforme de développement à l’international », exploitant notamment les eurocrédits, des emprunts dans des devises étrangères cotés à la Bourse de Luxembourg. Ensuite, certaines se sont lancées dans la banque privée pour cette fois jouir du secret bancaire. Par exemple, LBLux s’est spécialisée dans le private banking et les crédits aux entreprises. Elle compte aujourd’hui 180 employés et fait de bons résultats.

des produits structurés plus risqués ou se sont aventurées sur des marchés moins connus. Ainsi si BayernLB cherche à vendre ses filiales, c’est pour collecter du cash et rembourser les 5 milliards d’euros qu’elle doit au Land de Bavière, mais aussi pour diviser par deux la taille de son bilan (il passerait ainsi de 420 à environ 200 milliards d’euros) conformément aux vœux de la Commission européenne. Celle-ci s’était saisie du dossier quand la maison mère de LBLux était prise dans la tourmente des subprimes et devait recevoir, en 2008, 10 milliards d’euros d’aide publique ainsi qu’une garantie de 15 milliards du gouvernement allemand. En juillet dernier, BayernLB était la dernière banque publique Dix de chute régionale allemande à attendre de connaître les termes de sa restructuration, négociée entre Mais le modèle économique des les eurocrates et les autorités fédérales Épicentre Landesbanken a considérablement changé régionales allemandes. en Allemagne, Le sort de WestLB, une autre Landesbank, en 2005 quand leurs financements ont cessé de bénéficier des garanties d’État. La avait été décidé un mois plus tôt. Elle avait secousses au Commission européenne (encore) avait en aussi été recapitalisée par son Land Luxembourg effet jugé que ces aides étaient contraires au d’appartenance. Elle a dû être démantelée. droit de la concurrence et constituaient un Au Luxembourg, sa filiale a été reprise par aléa moral. Les Landesbanken ont ensuite utilisé DekaBank Deutsche Girozentrale. Celle qui est Mars 2013 —

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Photo : Jessica Theis

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La pression de la Commission européenne sur BayernLB contraint la Landesbank allemande à céder sa filiale luxembourgeoise, LBLux.

considérée comme la huitième Landesbank (elle est le gestionnaire central du système d’épargne allemand et fournit de la gestion d’actifs pour les caisses d’épargne et les banques publiques régionales) a également repris les activités de banque privée de LBBW, une autre Landesbank recapitalisée. L’activité de banque privée au Luxembourg de HSH Nordbank, elle aussi renflouée, a quant à elle été reprise par la Banque de Luxembourg au cours de l’année 2011. Et durant la même année, Landesbank Saar, détenue à 49,9 % par BayernLB, cessait ses activités au GrandDuché. Tout comme Landesbank Berlin qui s’en retire progressivement. Système bancaire atypique

Ces bouleversements ne concernent pas seulement les Landesbanken. D’une manière générale, les filiales luxembourgeoises des établissements de crédit allemands ont tendance à se rassembler autour des activités de banque privée et de fonds d’investissement, comme en atteste la fusion entre WGZ Bank Luxembourg et DZ Privatbank Luxembourg. Et le bilan agrégé continue de fondre. En 2011, il a connu sa cinquième année consécutive de baisse pour reculer, sur ce seul exercice, de 3,1 % (soit de 7,9 milliards d’euros). Ces changements tiennent tout particulièrement à la métamorphose du système bancaire allemand, qui du fait de sa structure atypique, a suivi un cours non moins atypique ces dernières années (voir graphiques — Mars 2013

Les Landesbanken aujourd’hui - Bayerische Landesbank (BayernLB) - Bremer Landesbank Kreditanstalt Oldenburg-Girozentrale (Nord/LB Group en détient la majorité) - HSH Nordbank - Landesbank Baden-Württemberg (LBBW) - Landesbank Hessen-Thüringen (Helaba) - Norddeutsche Landesbank – Girozentrale (Nord/LB) - Landesbank Saar (SaarLB)

Les Landesbanken au Luxembourg Filiales : - LBLux - Landesbank Berlin International (appartient dorénavant à SparkassenFinanzgruppe et est à ce titre dissociée des Landesbanken) - LBBW Luxemburg - HSH Nordbank Securities - Norddeutsche Landesbank Luxembourg - DekaBank Succursales : - Bayerische Landesbank - HSH Nordbank - Landesbank Baden-Württemberg - Landesbank Berlin

page 97). La situation extrêmement concurrentielle le caractérisant avait d’ailleurs poussé certains établissements à jouer avec le feu pour dégager une marge. Faisons là encore référence à IKB dont le fonds Rhineland Funding Capital l’avait conduit au produit de Goldman Sachs, Abacus. Bourré de CDO (collateralized debt obligations) et conçu par le jeune banquier français, Fabrice Tourre, ce véhicule vaut actuellement à la banque d’investissement des poursuites au civil par le gendarme américain des marchés, la SEC. Goldman Sachs avait en fait, d’un côté, encouragé ses clients à investir dans ces titres adossés à des crédits hypothécaires à risque et, d’un autre côté, parié pour compte propre à la baisse de ces actifs. La règle Volcker, intégrée au Dodd-Frank Act, la réforme de la finance US, vise à empêcher de tels conflits d’intérêts. Un tel cloisonnement des activités se dessine également en Allemagne (et en France). Une loi adoptée en février par le conseil des ministres prévoit de séparer les activités de banque de dépôt de celles exercées pour compte propre quand ces dernières dépassent 20 % du total du bilan de la banque ou représentent plus de 100 milliards d’euros. Et ce ne serait pas la seule réforme à prévoir. Peer Steinbrück, candidat SPD à la chancellerie et ancien ministre des Finances allemand, fait valoir un projet de refonte du (controversé) système bancaire allemand. Face à lui, le gouvernement pourrait bien jouer dans la surenchère avant les élections législatives de 2013. Au Luxembourg voisin, on surveillera ça du coin de l’œil.


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PAPERJAM TV

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EÀ FAC CE FA

Regardez la vidéo de Marc Saluzzi sur paperJam.TV

LES DIX VÉRITÉS DE

Marc Saluzzi Le président de l’Alfi, interviewé sur paperJam.TV, ne doute pas de la capacité de la place financière luxembourgeoise à davantage se développer à l’international.

« La Place du Luxembourg n’est pas connue partout. Cela représente souvent une très bonne surprise pour ceux à qui on la présente. On doit encore faire des efforts de promotion pour 3 nos activités de private banking et d’assurances. » « Il faut inventer, ici, une gouvernance politique qui n’existe pas ailleurs. Cela pourrait à nouveau faire du Luxembourg un modèle inspirant pour un grand nombre de pays qui nous entourent. »

Interview Jean-Michel Gaudron

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« Je vois un avenir énorme pour notre place financière dans sa capacité à connecter d’autres économies que celles que nous avons connectées ces 20 dernières années. Cela concerne notamment l’hémisphère sud. »

— Mars 2013

4

« Dans 25 ans, j’aimerais que nous ayons un fund center parfaitement diversifié, avec 70 % de fonds retail, 20 % de fonds alternatifs et 10 % de fonds responsible investing, lesquels ne représentent que 1 ou 2 % actuellement . »


PAPERJAM TV

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« Le Chili a récemment déclaré dans la presse internationale que son ambition était de devenir le Luxembourg d’Amérique latine. Ça fait chaud au cœur. »

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« Nous avons maintenu, ces deux dernières années, le nombre de fonds domiciliés au Luxembourg, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des autres pays européens. »

« Beaucoup de pays et de places financières ont eu l’ambition, ces 20 dernières années, d’être un asset manager center, mais pas d’être un fund center comme l’est le Luxembourg. »

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« La compétition ne nous fait pas peur. Elle nous stimule et nous permet d’avancer encore plus vite. »

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« Notre objectif n’est pas de reprendre des actifs à Dublin, mais d’attirer toujours plus d’actifs qui sont, aujourd’hui, gérés dans d’autres pays européens, sur notre plateforme luxembourgeoise. »

« Les Luxembourgeois de cœur, dont je fais partie, ont envie de toujours plus contribuer au succès de ce pays, à son histoire, à son économie. On nous laisse déjà énormément d’espace pour le faire. Le dernier sur lequel nous pourrions contribuer est bien sûr l’espace politique. »

Mars 2013 —

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DÉSIRS

Désirs

— Mars 2013


DÉSIRS

Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles. MANU

EL O C

AMPO

Rencontre d’un artiste contemporain, un peintre, et d’une sélection de sculptures d’art premier. Le philippin se trouve parfaitement convenir à l’exercice. De 7 mars au 20 avril à la galerie Nosbaum Reding

DE

ISON LA M A LB A RDA A B E R NA

Huis clos de Garcia Lorca sur le deuil, la jalousie, l’appât du gain, le rôle de la femme. Mis en scène et adapté par Carole Lorang et Mani Muller. Les 12, 14 et 15 mars au Grand Théâtre de Luxembourg

Photo : David Laurent / Wili

PORTIS

HEAD

Les retrouvailles avec l’un des groupes majeurs des années 90 promettent un beau moment autour de la voix de Beth Gibbons. Le 10 mars à la Rockhal

ZOOM SUR

Anaïs Lorentz Elle n’a pas choisi le saxophone, mais comment s’étonner que ce soit un instrument à vent qui ait eu les faveurs de cette fille aérienne, qui n’aime rien autant que la nature et le grand air. Elle continue à préférer être dehors que dedans, et c’est de ce souffle et de cette vitalité qu’est né son premier CD, Run, Sing and Fly. C’est à huit ans qu’Anaïs Lorentz découvre l’instrument qu’elle ne quittera plus : « Quand on m’a mis le saxophone en bouche, ça a marché tout seul. » Conservatoire de Luxembourg, puis de Metz et enfin de Bruxelles, où elle décroche un master degree avec distinction… Un parcours classique pour celle qui savait très tôt qu’elle voulait enseigner, ce qu’elle fait au Conservatoire de Luxembourg depuis 2011. « J’ai des élèves de huit à 20 ans ou plus, avec des envies et des qualités différentes… Je suis très proche d’eux et

j’instaure un climat de confiance », s’enthousiasme celle qui a un peu la place d’une grande sœur pour certains de ses élèves. Après avoir créé un spectacle interactif pour enfants autour des oiseaux migrateurs, la voilà qui reprend ce thème des volatiles pour son premier CD. « Je voulais un fil rouge, un concept. » Partant d’une Rhapsodie de Claude Debussy, elle mélange des compositions existantes (Fuzzy Bird, Phoenix et Night Bird, de trois compositeurs japonais), des commandes (à Pascal Schumacher et à Emily Howard) et des improvisations. Le tout en étant accompagnée tantôt de la pianiste Kae Shiraki, tantôt du vibraphoniste Pascal Schumacher. Sa première « carte de visite musicale » mélange ainsi divers tempos qui vont du vol lent aux coups de becs énervés, du volatile gracieux à celui impossible à enfermer…

www.anaislorentz.com Anaïs Lorentz présentera son spectacle pour enfants du 14 au 19 avril à Niederanven (en luxembourgeois) et le 1er mai à l’Abbaye de Neumünster (en luxembourgeois et en français).

CLO C

K OPE

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Une musique calculée et précise comme une montre. Un côté théâtral et plus grand que nature. C’est ce que les Britanniques nous offrent. Le 30 mars à l’Exit07

ZUBIN

A MEH T

Le Wiener Philharmoniker dirigé par un chef charismatique, Zubin Mehta qui joue une symphonie démesurée, la Huitième de Bruckner. Le 13 mars à la Philharmonie Mars 2013 —

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DÉSIRS

ART CONTEMPORAIN

DISCOVERY ZONE

5 FILMS À NE PAS RATER

NOUVELLES EXPOSITIONS AU MUDAM

Le Festival de cinéma de la ville de Luxembourg, Discovery Zone, offre une programmation très riche pour sa troisième édition. Alexis Juncosa, programmateur du festival, a sélectionné cinq films qu’il faut absolument voir.

À la fin du mois, le Mudam Luxembourg ouvre quatre nouvelles expositions. Qu’elles soient thématiques ou monographiques, elles soulignent l’ambition du musée à se positionner comme lieu de référence dans le paysage muséal international. À partir du 23 mars, vernissage le 22 mars

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www.mudam.lu

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Photo : Nils Klinger

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L’artiste néerlandais transforme le grand hall du musée en une scène de théâtre où d’étranges figures animées par un marionnettiste invisible semblent se lancer dans une parade mystérieuse et aérienne, tel un mobile d’anges, ou de pendus...

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Nouvelle acquisition du musée, l’installation Unrooted Tree (Arbre sans racines) ou la Machine à faire parler les arbres du collectif Art Orienté Objet est une métaphore poéticomélancolique de la relation mystérieuse entre micro- et macrocosme, la créature déracinée et l’univers.

DE JON

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HAN LO VE STO RY (WAJMA )

4 Photo : Art Orienté Objet, vue de l’exposition au Doual’art (Centre national d’art contemporain), Cameroun

Photo : Studio Folkert de Jong, Aatjan Renders Folkert de Jong

L’exposition phare de 2013 pour le Mudam s’intéresse aux relations complexes qui lient l’image à la mémoire, s’inspirant des récits de W. G. Sebald. Un rapport au passé singulier mis en lumière par plusieurs projets créés pour l’occasion.

Photo : Robert Knoth & Antoinette de Jong

THE PINES

THE ACT OF KILLING

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NEVER

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1 Nous sommes fiers de partager, avec le Festival de Glasgow, la primeur européenne de ce film-événement. Nos retrouvailles avec l’explosif duo Cianfrance-Gosling, que l’on avait adoré en 2011 pour Blue Valentine. 2 Trois minutes de pur bonheur en stop-motion, primé à Annecy, réalisé par un Luxembourgeois, Carlo Vogele, actuellement en poste chez Pixar. À découvrir au cœur de l’un de nos deux événements consacrés aux courts-métrages. 3 Récompensé récemment au Festival de Sundance pour son scénario, ce film démontre qu’il n’y a pas que sur les théâtres militaires que se mènent les combats les plus difficiles. La condition féminine est d’ailleurs au cœur de plusieurs films de notre sélection. 4 Probablement l’un des plus étonnants documentaires de ces dernières années. Une rencontre avec ceux qui ont assassiné près d’un million de prétendus communistes et sévissent aujourd’hui dans la surpuissante mafia paramilitaire indonésienne. 5 Objet hybride entre le documentaire et la fiction, ce film luxembourgeois signé Pol Cruchten illustre parfaitement l’élévation qualitative de la production nationale, que l’on découvrira au travers de nombreuses avant-premières.

Présenté dans le cadre du Mois européen de la photographie, l’installation Poppy – Trails of Afghan Heroin retrace la route de la production et de la distribution de l’héroïne. Entre art et documentaire.

— Mars 2013

Du 28 février au 8 mars, à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg, Ciné Utopia, Utopolis et Cercle Cité www.discoveryzone.lu


28.04.2013

Libramont

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Bien-être et vitalité ! Une journée à vivre avec vos collaborateurs et leur famille!

Cet évènement convivial poursuit 3 objectifs:

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DÉSIRS

SPORT

4 EXERCICES POUR SE PRÉPARER AU SKI Parce qu’une bonne condition physique générale et une préparation spécifique à la pratique des sports d’hiver diminuent les risques d’accident et de blessure, voici quatre exercices à faire à la maison avant de s’élancer sur les pistes. En collaboration avec le Service des sports de la Ville de Luxembourg. Fitness ski, gymnastique de ski et sports d’hiver (pour aînés 55+), renseignements et inscriptions auprès du Service des sports

TRAVAILLER LES QUADRICEPS

Les pieds écartés, le dos bien droit, réaliser de légères flexionsextensions des genoux. Les genoux fléchis à 90 degrés. Pousser les fesses en arrière de façon à ce que les genoux ne dépassent pas la pointe des pieds. Contracter les abdominaux et rentrer le ventre. Rester dans cette position 30 secondes puis 1 minute, et prolonger la durée de 30 secondes à chaque fois.

Tél. : 47 96-44 00

www.vdl.lu

TRAVAILLER LES ISCHIO-JAMBIERS

TRAVAILLER LES

S’installer sur le sol et s’allonger sur le dos, les jambes pliées, genoux fléchis, les mains à plat sur le sol, les bras le long du corps. Décoller les fesses du sol en poussant à fond sur les pieds et redescendre. Maintenir cette position pendant quelques secondes puis ramener le bassin au niveau du sol. Refaire l’exercice entre 5 et 10 fois.

Le but de l’exercice est l’affermissement de la musculature abdominale et dorsale profonde. L’exercice est à exécuter en position couchée ventrale, en appui sur la pointe des pieds et les bras inférieurs. L’exercice est à répéter 2 à 3 fois, entrecoupées de courtes pauses.

ABDOMINAUX ET LE DOS

TRAVAILLER L’ÉQUILIBRE

Les rotations en forme de huit, exécutées alternativement avec la jambe droite et la jambe gauche, améliorent l’équilibre et mobilisent la musculature du tronc et des jambes. Se positionner sur une jambe, et exécuter avec l’autre des mouvements en forme de huit à l’horizontale. La durée des exercices est de 20 secondes, à répéter 5 fois de chaque côté.

VACANCES

3 HÔTELS POUR SKIER Il n’est pas encore trop tard pour aller dévaler les pentes enneigées, et cela que ce soit à côté de chez soi ou plus loin. PaperJam a sélectionné trois hôtels qui allient proximité des pistes et qualité d’hébergement, dans les Vosges, en Suisse et un peu plus exotique, en Suède. S VOSGE

Le Manoir au Lac Situé au bord du magnifique lac de Gerardmer dans les Vosges, cet hôtel offre un intérieur chaleureux dans une décoration traditionnelle familiale, bourgeoise et confortable. Un hôtel à l’ancienne, dans le bon sens du terme, avec boiseries, profonds édredons, lourds rideaux, et feux de cheminée. L’hôtel est également équipé d’une piscine intérieure chauffée, d’un sauna et hammam. La station est à un peu plus de 2 km de l’hôtel. On peut y pratiquer le ski alpin, de fond, de randonnée et les raquettes. Des nocturnes sont également organisées et des navettes gratuites conduisent les sportifs du centre-ville vers la station (week-ends et vacances). www.manoir-au-lac.com

www.gerardmer-ski.com

S U È DE

Copperhill Mountain Lodge Situé au plus haut point de la station d’Åre, l’hôtel, meublé de manière contemporaine et design et ponctué d’œuvres d’art, se prête particulièrement bien aux vacances en famille : suite équipée de console de jeux avec chambre séparée pour les enfants, service de miniclub dans l’hôtel, accès pour les petits au spa, menu enfants au restaurant, pistes de luge accessibles depuis l’hôtel et école de ski à proximité. Sinon, les amateurs de glisse seront aussi servis grâce à un environnement magnifique, les remontées à 20 m de l’hôtel (plus de 100 pistes, un des plus grands domaines skiables d’Europe du Nord) et la possibilité de faire des activités telles que l’héliski, des promenades avec chiens de traîneau, du parapente, du cross-country… Il est possible de louer le matériel, d’acheter les pass et même les combinaisons au sein de l’hôtel. www.copperhill.se

— Mars 2013

www.are-sweden.com

A LPE S

SUISS

ES

The Cambrian L’ambiance générale de cet hôtel, situé dans les Alpes suisses, dans la station d’Adelboden-Lenk, est très design, confortable et dédiée au luxe contemporain. Salons, salles de restaurant, terrasses et chambres bénéficient de vues époustouflantes sur les montagnes environnantes. Pour la nuit, on peut choisir entre des chambres Deluxe, des Junior Suite, des chambres familiales ou une suite présidentielle. Côté réconfort, l’hôtel est équipé d’un espace wellness et fitness très complet (750 m2, piscines intérieure et extérieure, hammam, sauna, etc.). Une salle est dédiée au stockage de l’équipement de ski à l’intérieur de l’hôtel. En station, ce sont plus de 200 km de pistes qui attendent d’être dévalées. www.thecambrianadelboden.ch www.adelboden-lenk.ch


DÉSIRS

E LL VE SE U NO DRES A

DÉMÉNAGEMENT

LUX’CUPCAKE Après avoir passé quelque temps au Limpertsberg, Christine Lambert et ses petits gâteaux ronds et colorés s’installent au centre-ville. L’occasion de goûter sur place ou d’emporter les spécialités de cupcakes sucrés et salés. Original : l’espace accueille aussi une collection de haute couture de Jean Doucet.

Photo : David Laurent / Wili

15, rue du Curé – Tél. : 661 198 135

SPÉCIALITÉ

VIN DE PAILLE

ZOOM SUR

Mickaël Dupas La cuisine est à la mode : émissions et concours culinaires en tout genre, recettes en ligne, photos de plats sur les réseaux sociaux… chacun y va de sa contribution. Luxembourg n’est pas en reste, on y mange bien et nombreux sont ceux qui aiment cuisiner et recevoir. D’où l’idée de Mickaël Dupas de créer, il y a quelques mois, son propre blog de recettes, puisque, sur Internet, il ne trouve pas de recettes à son goût : « Des plats simples et gourmands, préparés avec des produits frais. » Pour lui, la cuisine, c’est d’abord des souvenirs : « Depuis que je suis petit, j’adore passer du temps autour des fourneaux », explique ce jeune Luxembourgeois passé par l’école hôtelière de Nantes, avant de revenir travailler pour plusieurs établissements locaux. Et les souvenirs sont d’abord olfactifs : « L’odeur de champignons dans une casserole avec du beurre et du persil, les soirées de crêpes et de galettes en hiver, les darnes de saumon grillées sur du sarment de www.bistrotcuisine.com

vigne en été… » On découvrira ainsi sur son site des recettes simples et faciles à réaliser : une soupe de patate douce, des tagliatelles au ragoût à la bolognaise ou des asperges vertes aux œufs, avec une touche personnelle qui rend le plat unique. Avec à chaque fois une photo soignée, des explications claires et même, depuis peu, des vidéos montrant le déroulement de la préparation. « Cela donne plus de vie à la recette et une relation plus forte avec les personnes qui me regardent. » Ce sont d’ailleurs surtout de jeunes femmes qui suivent les préparations de Mickaël et ce, dans une quarantaine de pays. À la veille d’un nouveau défi professionnel – il part en Australie pour développer des crêperies –, le jeune homme compte bien poursuivre l’aventure sous ces cieux exotiques : « Il y aura d’autres produits, d’autres modes de cuisson, d’autres odeurs… La cuisine est un bon moyen de découvrir d’autres cultures . »

Le vin de paille est un vin aux expressions intenses et subtiles. Son élaboration est régie par des critères stricts : les raisins doivent être exempts de toute trace de pourriture et avoir atteint une maturité optimale. Dans le respect de ces règles, 100 kg de raisins sont nécessaires pour produire environ 25 litres de ce vin. Autrefois, les raisins étaient mis à sécher sur des lits de paille, d’où l’origine de leur appellation. Lors du procédé de séchage, les grappes perdent une partie de leur teneur en eau et augmentent donc leur taux de sucre (échelle Oechsle). Après une période d’entreposage de deux mois au minimum, les raisins sont soumis à une pression des plus freinées et le moût fait ensuite l’objet d’une lente fermentation. Fin janvier, Matthias Lambert, maître de chai de la cave Vinsmoselle de Wellenstein, a mis en presse le vin de paille millésime 2012. Quatre-vingt-cinq litres d’Auxerrois et 43 litres de gewürztraminer avec tous les deux 185° Oechsle ont pu être mis en cave. Des flacons d’exception à déguster avec modération. www.vinsmoselle.lu

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GASTRONOMIE

LA RECETTE DE LA SCHENGE

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MENU VERT AU PAVILLON Fernando Andreu, aux fourneaux du Pavillon, n’est pas seulement un spécialiste de la cuisine terre et mer chère à la Catalogne. Il aime inventer et innover. Le voilà qui suit les traces de Sophie Calle en proposant des menus aux couleurs des saisons. Après le blanc de l’hiver et avant le rouge de l’été, voilà le menu vert pour le printemps. Haricots, poivrons, épinards, pesto, estragon, pistaches, avocats, asperges, pommes et menthe seront donc au rendez-vous de ce menu en huit services colorés, mais sans colorants. Les 14, 15, 16 et 17 mars au Pavillon (50, Gaalgebierg à Esch-sur-Alette) 65 euros par personne www.pavillon.lu

TENDANCE BRASSICOLE

OÙ BOIRE DES BIÈRES SPÉCIALES ? Avec 84 litres par an et par habitant, les Luxembourgeois consomment pas mal de bière. Pas autant que les Belges (qui boivent 93 litres par an), encore moins que les Tchèques (157 litres), mais plus que les Français (34 litres). Si le pays compte encore plusieurs brasseries et une production locale intéressante, il est assez difficile et rare de trouver des établissements qui proposent des bières spéciales, comme les bières d’abbaye ou de microbrasseries, fruitées ou aromatisées… Petite sélection des adresses pour les amateurs de houblon.

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DÉSIRS

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QUAND LA PLUIE NOUS RÉJOUIT Oui, il pleut… mais ce n’est pas une fatalité, et quelques pièces de notre vestiaire peuvent nous aider à voir la météo d’un meilleur œil. Petite sélection d’accessoires qui égayera les journées grises.

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Bijoux mixés Si la marque Pandora existe depuis un quart de siècle, c’est son concept de bijoux uniques et sur mesure qui en assure le succès depuis 1999. Chaque client peut concevoir son bracelet ou son collier de manière personnelle en choisissant des breloques et pendentifs à enfiler sur un lien, symbole d’un moment précis de sa vie. Des combinaisons infinies complétées par des séries exclusives et précieuses. Marc Vincent, propriétaire des magasins Soon et premier détaillant à avoir proposé la marque dès 2006, vient d’ouvrir un Pandora Store spécialement dédié à la marque de bijoux. Pandora Store – 26, rue des Capucins à Luxembourg (centre-ville)

— Mars 2013

ÉPHÉMÈRE Caravane souliers

Photo : Olivier Minaire

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La Caravane souliers de Louis Vuitton fait une halte à la boutique de Luxembourg. Du 4 au 31 mars, les hommes pourront exceptionnellement avoir accès aux souliers de la collection printemps-été 2013, ainsi qu’aux intemporels de la Maison. Une occasion d’acquérir pour ces messieurs des modèles réalisés avec soin. Louis Vuitton – 2, avenue de la Porte-Neuve, Luxembourg


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INTERVIEW

Les matériaux ont un caractère Installée depuis près de 15 ans à Milan, capitale du design s’il en est, la designer luxembourgeoise Dunja Weber y a créé son propre studio en 2007. Elle revient sur son parcours, son travail et ses créations. Interview  France Clarinval Photo Julien Becker

FLUEN DES IN UTANT E. A IT R NNIQU UR BRITA SE N O RE T É EBER È W G É JA L E DU N ERTAIN ’UNE C QUE D

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Commençons par le commencement : qu’est-ce qui vous a poussé à faire des études dans le domaine du design industriel ? « Je viens d’une famille d’artistes, du côté de ma mère. Mon père, par contre, est un scientifique. Le design était, pour moi, la parfaite réponse pour combiner ces deux mondes, pour faire le lien entre la réalisation de choses belles, mais avec une dimension technique. Par rapport à l’art, le design est aussi beaucoup moins concentré sur lui-même, moins égoïste. On est obligé de prendre en compte les personnes qui vont fabriquer nos objets et, surtout, les utilisateurs qui vont acheter et se servir de nos créations. Vous avez été formée à Zurich et à Glasgow. Comment avez-vous choisi ces écoles ? « Je cherchais une école qui soit axée sur la pratique. Au Luxembourg, on ne connaît pas vraiment le design industriel et je n’avais — Mars 2013

donc pas de modèle, de personnes à suivre. Néanmoins, je connaissais quelqu’un qui était allé à Schule für Gestaltung de Zurich, et il m’a rassurée. Cette école était très influencée par le Bauhaus et sa philosophie. Parallèlement, j’ai toujours été attirée par la culture anglo-saxonne, plus libre ou plus pop… J’ai vu l’exposition de fin d’année à la Faculty of Industrial Design de la Glasgow School of Art et j’ai été impressionnée par leur créativité. J’ai donc poursuivi mes études là-bas. Vous vous êtes donc trouvée à la croisée de cultures germanique, anglo-saxonne et puis latine en vous installant à Milan. Comment jonglez-vous avec ces différentes approches ? « Étant luxembourgeoise, je me suis toujours sentie très européenne. J’ai toujours vécu la flexibilité d’être capable de s’intégrer dans différentes cultures et situations.


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AVEC LE SIÈGE D’EXTÉRIEUR MEGAWEAVER, DUNJA WEBER MET EN ÉVIDENCE LE SAVOIR-FAIRE DES FORGERONS DE SAMPIETRO, EN UTILISANT

Photo : Andrea Raffin / OnProductions

UNE TECHNIQUE DE TISSAGE DE LA SOIE.

« On oublie souvent que tout ce qui nous entoure a d’abord été un dessin. » Ce parcours est constitutif de mon travail actuel. La Suisse m’a apporté une approche conceptuelle du design. De l’Écosse, il me reste la joie de vivre et la liberté. De l’Italie, j’apprécie la passion pour la production d’objets de la manière la plus qualitative possible et le goût pour les beaux matériaux. À Milan, vous avez pu valoriser votre connaissance de la GrandeBretagne en travaillant aux côtés de James Irvine. Qu’avez-vous appris avec lui ? « J’ai travaillé huit ans avec James Irvine. Il m’a montré la vraie vie professionnelle, ce qu’on n’apprend pas du tout à l’école. Il m’a fait comprendre comment travailler avec les clients. C’est-à-dire la manière de communiquer sur les projets et les idées. C’est très important dans les relations avec une entreprise de savoir expliquer ses idées, ses choix et d’être précis. Travailler avec James Irvine m’a permis de côtoyer les meilleures entreprises de design, avec les plus hautes exigences de qualité. C’est à la fois très demandeur et très gratifiant. Quand on travaille avec ce niveau de clients, on est poussé à faire de la qualité, on a accès aux meilleurs fabricants. Ils ont la capacité de réaliser des produits très pointus, avec de la recherche sur les matériaux, et d’aller dans le détail. Ces années ont aussi été l’occasion de rencontrer les designers les plus célèbres comme Marc Newson ou Jasper Morrison et d’appréhender leur vision du design, de voir leur manière de travailler. Il y a mille manières de considérer le design. Comment avez-vous forgé la vôtre ? « Peut-être que j’ai essayé de prendre le meilleur de chacune des influences que j’ai reçues. J’ai gardé et cultivé certains aspects des différents contacts. J’apprécie les objets qui reflètent un certain minimalisme, mais il y a aussi un côté plus ludique. Je cherche à donner un esprit aux objets très simples formellement. Un autre aspect, ce sont les matériaux : les explorer et comprendre comment ils sont faits, quelles sont leurs possibilités, comment les valoriser, leur permettre de donner le meilleur, de respecter leur caractère. C’est ce que l’on voit avec Megaweave, un siège en fer forgé... « C’est un bon exemple. L’entreprise Sampietro a donné un brief à quelques designers pour dessiner des objets qui allaient mettre en valeur leur grand savoirfaire avec le fer forgé. C’est un matériau à l’image assez classique, voire ancienne. Ils ont voulu montrer qu’il pouvait s’appliquer à un design contem-

porain. J’ai transposé une technique de tissage de la soie à ce fer. Ce qui donne un contraste très intéressant et nécessite une maîtrise technique pointue. C’est aussi l’approche que j’ai eue avec Hulahoops, la série de verres que je viens de créer. J’ai travaillé avec un artisan qui fabrique des éprouvettes pour les laboratoires de chimie. Le résultat est des verres empilables qui jouent sur les transparences et les lignes colorées. J’ai aussi développé les lampes Luxluxlux avec Cécile Feilchenfeldt, designer textile. C’est un tissage spécifique sans couture et sans coupe qui est appliqué à un autre champ que celui de la mode. Les pièces se sculptent dans la machine selon les fils et le tissage, en laissant une part de hasard. Le matériau et la technique dictent une partie de la forme finale. Après avoir travaillé avec James Irvine, vous avez créé votre propre studio en 2007. Comment percevez-vous cette évolution ? Quels en sont les enjeux ? « C’est évidemment très différent. Quand je travaillais pour James, je savais d’avance comment le travail allait se faire. Ce n’est pas forcément ce que moi j’aurais fait. C’est lui qui prenais les décisions, qui était responsable. Désormais, c’est moi qui dois prendre mes responsabilités, toute seule. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est aussi un plaisir et une satisfaction de pouvoir affirmer ses choix personnels. Il faut aussi être capable de se motiver pour avancer, même sans commande ou sans client. Entre l’idée et l’objet distribué, il se passe beaucoup de temps et beaucoup d’étapes qu’il faut assumer. C’est une des raisons pour laquelle je travaille maintenant avec une autre ex-collaboratrice de James, Maddalena Casadei. C’est plus vivant et motivant. Comment transformez-vous une idée en un objet ? « C’est tout le secret et le défi de notre travail. On oublie trop souvent que tout ce qui nous entoure a d’abord été une idée, puis un dessin… Pour moi, l’idée vient d’un contexte et d’une contrainte : le client, son histoire, le produit qu’il veut, la technologie qui est mise en œuvre. J’aime bien qu’il y ait des indications, des règles, mais aussi les contourner et essayer de ne pas faire comment on a toujours fait. Y a-t-il moyen de définir votre signature, votre marque de fabrique ? « J’essaye d’arriver à une certaine simplicité et légèreté pour que les choses semblent naturelles, pas forcées. C’est souvent plus difficile de créer des choses qui semblent simples. Vous êtes également professeur au Politecnico de Milan. Que vous apporte le contact avec les jeunes, le fait de transmettre vos connaissances ? « On pousse nos étudiants à faire de la recherche et il faut donc se renouveler et se remettre en question. Mon cours porte sur les matériaux, Advanced material and technologies et j’ai des étudiants qui viennent du monde entier. Ce qui est intéressant, c’est qu’ils n’ont pas de limite ou de carcan. Par exemple, ils ont trouvé un fournisseur en Chine pour réaliser un prototype… ça m’a vraiment poussée et donné des idées. En plus, le fait de transmettre son savoir demande d’être très clair sur ses positions, sur ce qui est important. On doit poser des questions sur soi et sa création. » Dunja Weber exposera des créations en verre de Murano à la galerie Lucien Schweitzer au mois d’avril www.dunjaweber.com

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ans de ux o, s e l er n élébr ine Dela itait c r u Po magaz rne inv e du Mod de soirée t n o s i Ma ne gran e du ver à u e thèm . l s sous irlandai

CAROLE porte une veste Armani

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Photos : Olivier Minaire

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PETER et ANGELA tenaient à être de la fête

GUY affiche fièrement les couleurs de Irlande

SILVANA porte une robe faite maison

NICOLA, Rose of Tralee, entourée de ses dauphines LISA, JULIE et LAURA

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Directeur de la publication Mike Koedinger Directeur des rédactions paperJam, rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron (-48) Conseiller éditorial Marc Gerges Directeur artistique Maxime Pintadu ISSN 1992-4275

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Éditeur

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Directeur commercial Francis Gasparotto (-33) Assistante Tania Henriques (-235) Responsable grands comptes Sabine Aulotte (-68) Chargés de clientèle Simon Béot (-34), Marilyn Baratto (-42) Assistante commerciale Céline Bayle (-32) Administration Isabelle Ney (-233)

Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger, Rudy Lafontaine et Thierry van Ingelgom.

Studio graphique

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— Février 2013

Maison Moderne Studio Directeur Guido Kröger Studio manager Stéphanie Poras Coordination paperJam Monique Bernard Mise en page Monique Bernard, Olga Krivostsokova, Sophie Melai, Nathalie Petit

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Prochain numéro : 28 MARS 2013

Impression Imprimerie Centrale, Techprint Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

PROCHAIN DOSSIER Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media S.A. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media S.A. Conformément à l’article 66 de la loi du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, la présente mention est obligatoire «une fois par an, au premier numéro diffusé». Nous avons choisi de la publier chaque mois. La société éditrice de paperJam est détenue indirectement, par une participation excédant 25%, par Mike Koedinger, éditeur domicilié au Luxembourg. La direction générale et la gestion journalière sont de la responsabilité de Mike Koedinger.

xxxx xxxxx Entrepreneuriat PROCHAIN DOSSIER

xxxxxxx son entreprise ? Comment pérenniser Quelle est la meilleure gouvernance à adopter ? N’est-il pas temps de revoir ses process ?


INDEX

INDEX A Abbaye de Neumünster 70 ABBL 36, 86 Aberdeen 99 Académie André Delvaux 24 Academy & Finance 10 Accumalux 39 Ackermann Charles-Louis 39 Ada 10 Adal 46 Adem 39, 78 Administration des ponts et chaussées 28 Aleba 85 Alfi 10, 34, 85, 93, 100 Allegrezza Serge 36, 39 Allinbox 67 Ambassade du Canada en Belgique et au Luxembourg 23 Ambassadeur d’Italie au Luxembourg 23 Amblard Dominique 10 Ampacet 72 Aperam 72 Apsi 70 ArcelorMittal 67, 72 Arend Claude 39 Arendt & Medernach 86, 90 Arnold Kontz Group 46, 56 Asport 46 Asti 34 Aston Martin 46

B B.A. Trust 67 Banque de Luxembourg 10, 51, 56, 60, 64, 96 Banque Degroof 59, 88 Luxembourg Banque Havilland 86 Baucenter Decker-Ries 46, 56 Bausch François 12 Bayerische Landesbank 96 BayernLB 85 BCEE 72 BCL 85 Becker Norbert 67 BEI 10 Benelux Office for Intellectual Property 10 Berlitz 119 Bernard-Massard 46 Berns Alphonse 90 Bertelsmann 70 Besix Red 88 Bettel Xavier 12, 18, 72 BGL BNP Paribas 10, 40, 56, 86 Bibliothèque nationale 28 Bidibul Productions 24 Biltgen François 23, 40 Bintz Jean-Claude 67

Birgen Germain 10 Bley Pierre 72 BMW 46 Bose 25 Bouygues 56 Bram 21 Brasserie Bofferding 46 Brasserie Funck-Bricher 46 Brasserie Nationale 46, 56 Breevast 60 Bremer Landesbank Kreditanstalt Oldenburg-Girozentrale 96 Buck Nicolas 46 Buck Xavier 70

C Cacciaguerra Ranghieri Stefano Maria 23 Cactus 64, 72 Capfields 85 Cargolux 68 Catela Bank 39 Cebi International 56 Centre de formation professionnelle continue Dr Robert Widong 28 Cepros 36 Ceratizit 64 CES 27 CFL 28 Chambre de commerce 10, 34, 36, 39 Chambre des députés 34 Chambre des fonctionnaires et employés publics 34 Chambre des salariés 34 Chameleon Invest 39 Clasen Antoine 46 Clasen Hubert 46 CLC 27, 39 Clé 31 Clearstream 85, 88 Clemes Jim 28 CLI 88 CNFL 34 CNPD 67 Coeli 86 Colas 60 Colruyt 70 Comigel 68 Commission européenne 23, 24, 85 Commune de Frisange 39 Cour de justice de l’Union européenne 23 Crauser Valérie 67 CRP Henri Tudor 10, 28, 36 CSSF 86 CSV 12, 18, 28, 40

458 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

D D’Lëtzebuerger Land 12 De Bruyne Geert 88 de Laromiguière Louis 85 De Matteis Jean-Luc 78 Decker Laurent F. 46, 56 Decker-Demoullin Marc F. 46 Degroof 60 Déi Gréng 12 DekaBank 96 Deloitte 4 Delvaux Cosita 60 Denis Valérie 60 Depoorter Philippe 60 Detaille Michèle 34 Deutsche Börse 88 Digital Mania 70 Do Recruitment Advisors 95, 120 Dotcom Kim 70 DoubleTree by Hilton 67 DP 12, 18, 40 DPS 46 DrinX by Munhowen 56 DZ Privatbank Luxembourg 96

E École Hôtelière de Lausanne 46 École supérieure de commerce de Dijon-Bourgogne 56 Edge 39 Editus 69 Elth 56 Elvinger Paul 56 Elvinger René 56 Elvinger Thierry 56 EM, Strasbourg 46 Emresa 67 Entreprise des P&T 46, 67 Ernst & Young 56, 64, 90 Eurefi 60 Euro-Mat 46 Europe4Startups 70

H

F Fabeck Tatiana 28 Faculté d’économie appliquée d’Aix-en-Provence 56 Farcot Matthieu 10 FC Progrès Niederkorn 46 Fédération des entreprises de carrelages 46 Fédération luxembourgeoise des négociants en matériaux de construction 46 Fedil 40 Feider Marc 39 Ferber Hair & Style 60 Ferber Jean-Marie 60 Ferber Laura 56, 60 Fiat 17 Fiduciaire Elvinger 56 Field 60, 67 Findus 68 FIRME 82 Fixmer 46 FJD 46 Fondation Forum Europa 10 Fonds Belval 28 Fonds pour l’Emploi 78 Fontagné Lionel 10 Forson Richard 68 Frieden Luc 18, 27, 86, 90 Fruit@Office 56 Fuchs & Associés Finance 56 Fuchs Jean 56 Fuchs Timothé 56

G Garage Intini Gengler Claude Germain Birgen Glass Center Goal Goerens Charles Goldman Sachs Gramegna Pierre Grandidier Jérôme Grosbusch & Fils Grosbusch André Grosbusch Goy Grosbusch Jean-Pierre Grosbusch Lynn Grosbusch Marcel Grosbusch René Grosbusch & Fils Groupe Alipa Groupe Bouygues Grulms Fernand

43 10 10 72, 78 85 12 96 34, 39 67 56 56, 60 56, 60 56 56, 60 56 56, 60 56, 60 34 60 86, 96

H&M 60 Haag Emile 34 Hamilius Yvette 72 Haut comité pour le soutien, le développement et la promotion de l’industrie 27 HEC Lausanne 46 HEC Montréal 46 HEC Paris 46 Heintz van Landewyck 60, 68 Helbling Corporate Finance 46 Helminger Paul 10, 12, 18, 68 Henri Grand-Duc 23 Henzig Luc 39 Hesse Markus 10 Hetto-Gaasch Françoise 39 Hilgert Romain 12 Hilton 67 Hirtt Änder 68 Hoffmann Charles 26 Home Interiors 105 Hôtel Le Châtelet 46 HSH Nordbank 96 Huberty Romain 72 Hummels Harry 10

I IAE Aix-en-Provence Ichec Ichec-PME IF Group IFAG Lyon IFPA IKB Deutsche Industriebank Immobel Imprimerie Victor Buck IMS Luxembourg ING Luxembourg Institut Pierre Werner Israël Edmond Iwi

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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56 60 56 60 60 10 96 88 46 72 88 40 36 15

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Jamar de Bolsée Renaud 46 Jeune Chambre Économique du Grand Duché du Luxembourg 71 Juncker Jean-Claude 18, 26

K Karleskind Jean-Luc 10 Karp-Kneip 56 Karp-Kneip Constructions 60 Kaupthing Bank Luxembourg 86 KBL 88 Keusters Patrick 88 KfW 86 Khabirpour Sarah 90 Kieffer Marc 40 Knebeler Christophe 78 Kneip 72, 122, 123 Kneip Gary 27, 39 Kohl Marius 90 König Christoph 74 Kontz Benji 46, 56 Kontz Tom 46 Krecké Jeannot 26, 39, 78 Kremer Jean-Lou 39 Kremer Max 86

L Lamesch 64 Land Rover 46 Landesbank Baden-Württemberg 96 Landesbank Berlin 96 Landesbank Berlin International 96 Landesbank Hessen-Thüringen (Helaba) 96 Landesbank Saar (SaarLB) 96 Landewyck 64 LBLux 85, 96 LCGB 40, 68, 78 Lentz Georges 46 Lentz Isabelle 46, 56 Lentz Jr. Georges 46 Letho Marja 39 Letsch Joëlle 34 Libramont Exhibition 109 Link Management 53 Lommel Gérard 67 Louis Vuitton 2 LSAP 18, 40 Lux Lucien 18 Luxair 68 LuxairCargo 74 Luxembourg 2030 36 Luxembourg association for intellectual capital 36 Luxembourg City Tourist Office 73 Luxembourg for Business 36 Luxembourg for Finance 86, 96 Luxembourg School for Commerce 10 Luxembourg School of Finance 59, 89 Luxembourg’s Trade and Investment Office, Hong-Kong 86 LuxGSM 124 Luxinnovation 36, 28

— Mars 2013

O

m3 Architectes 88 Mac Arthur Glen 11 Mackel Nicolas 86 Maison de l’Innovation 28 Maison Moderne 109, 111 Manatee 39 Mangen 78 Margue Charles 12 Mariscal Benoit 39 Mayers Gery 39 Mega 70 MegaUpload 70 Mengozzi Paolo 23 Mersch Yves 36 Mertens Jean-Jacques 39 Messageries du Livre 70 Michel Hélène 70 Mille Marco 26 Mini 46 Ministère de l’Économie et du Commerce extérieur 26, 27, 36 Ministère de l’Éducation nationale 28 Ministère de la Formation professionnelle 28 Ministère des Finances 39 Ministère des Sports 28 Ministère du Développement durable et des Infrastructures 23, 28 Mittal Lakshmi 67 Mobilogue 70 Monopol 60 Montoisy Jean-Dominique 88 Mortier Raphaël 60 Mosar Laurent 34 Moskito 68 Mouget Didier 39 Moulins de Kleinbettingen 46, 56 Muller Edmond 46 Muller Jean 46, 56 Muller-Kneip Diane 72 Munhowen 46, 56

N Nau Nau Jean-Marie Nesson Nicholas Netcore Neuen Marc New Club of Paris NexPros Norddeutsche Landesbank – Girozentrale (Nord/LB) Norddeutsche Landesbank Luxembourg

39 39 88 67 67 36 36 96 96

S

Objectif Plein Emploi 36 Observatoire de la Compétitivité 36 OCDE 90 OGBL 40, 78 Orange Luxembourg 68, 72

P P.O.G. 74 Paddock Corporate Services 67 Pahlson-Moller Hedda 39 Pall Center 46 paperJam.lu 27 Parker Nicholas 86 Pedinotti 78 Peters Jacques 88 Pictet 46 Piot Wim 90 Polfer Lydie 12 Promoculture 63 Putz Jean-Luc 10 PwC 39, 46, 60, 64, 87, 90

Q Qatar Airways

68

R RBC Investor Services 85 Reding Jean-Claude 34 Regus 6 Reporters sans frontières 24 Resultance 39 Reuter Étienne 39 Rhineland Funding Capital 96 Ries Marc 28 Robert Denis 23 Rollinger Chauffage Sanitaire 56 Rollinger Serge 56, 60 Rollinger Walfer 56, 60 Rosa Lëtzebuerg 12 Rotarex 64 RTL 12, 18, 70

Sacred Heart University 10, 36 Sales Jos 46 Sales Marc 46 Sales-Lentz 46 Saluzzi Marc 34, 85, 100 Samsa 24 Santer Jacques 26 Saturn 60 Scharff Christian 72 Schmit Nicolas 40, 72 Schmitt Claudine 39 Schmitz Marc 90 Schneider Dan 60 Schneider Étienne 12, 18, 26, 27, 72 Schneider Gabrielle 12 Scholer Famille 60 Schonckert Laurent 72 Schuman Thierry 40 Schummer Laurent 90 Seqvoia 46 SES 72 Sita-Suez Environnement 64 Skilltie 70 Smac 60 Smile 10 Société luxembourgeoise de l’évaluation et de la prospective (Solep) 36 Socimmo 78 Sparkassen-Finanzgruppe 96 SREL 26 Stahl Hjoerdis 74 Statec 24, 27, 36, 39, 68 Steffen Tom 56 Steffen Traiteur 56 Stein Yves 86 Steinbrück Peer 96 Sting 60

T Tabagro 46 Tarantula 24 Tavola 68 TeenGamersNetwork 70 Tenzing Partners 60, 67 Tesch François 36 Thelen Carlo 36, 39 Thiry Christian 60 Thiry Christophe 56, 60 Thiry François 60 Thoma Françoise 72 TNS-Ilres 12 Toubon Jacques 23 Tourre Fabrice 96 Traiteur Paulus 107 Transports Arthur Welter 46 Tribunal d’arrondissement de Luxembourg 10 Truth Technologies 70 TSM 56 TSM Conduites 60 TT Production 68 Turkish Airlines 70

U UEL Union Bancaire Privée Université du Luxembourg Université Paris I, Panthéon Sorbonne Université Ramon Lull, Barcelone Utopia

40, 56, 72 86 10, 23, 36 10 60 111

V Valartis Banque 46 Valora 70 Valora Retail Luxembourg 70 Van den Abbeel Denis 46 Van den Abbeel Philippe 46 Van den Abbeel Stephan 46 Van Landewijk 46 Vasco 46 VBS Services 46 VDL 33 Ville de Luxembourg 12, 18, 72, 88 Vivier Emmanuel 12 Vnesheconombank 86 Voisard Marie-Laure 10 Voxmobile 68

W Wagener Frank 36 Well Being at Work 39 Welter Marianne 46 Welter Viviane 46 WGZ Bank Luxembourg 96 Wickler Christiane 46 Wickler Frères 46 Wickler Georges 46 Wickler Mariette 46 Wiseler Claude 10, 23, 28 Wolter Michel 18 Worré Philippe 39 Wurth Michel 36 Wüstendörfer Lena-Lisa 74 Wuytens Diter 10

Z Zuccoli Laura

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

34


OPINION

ON

Photo : David Laurent / Wili

I OPI N

Joëlle Letsch • Managing partner, ADT-Center

POUR QUEL DROIT DE VOTE AU LUXEMBOURG ? L

121

e Luxembourg a changé de visage ces dernières années. La diversité de sa population, composée à 43 % d’immigrés, apporte évidemment une grande richesse au pays. Mais comment intégrer au mieux ces non-Luxembourgeois dans notre pays et assurer la cohésion sociale à terme ? Accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections législatives peut-il être une réponse ? Rappelons que le droit de vote communal est ouvert aujourd’hui à tous les étrangers (et celui aux élections européennes est ouvert aux ressortissants de l’UE), mais ce droit n’assure pas, à lui seul, la participation. Le médiocre taux de participation de 17 % des étrangers lors des élections communales de 2011 le montre. Intensifier la discussion de la participation active des étrangers aux élections est une évidence, mais ouvrir éventuellement le vote aux nonLuxembourgeois doit être un débat non seulement politique, mais surtout sociétal. Il nécessitera une grande pédagogie pour éviter tout risque de dérapage sur fond de racisme. Si les responsables politiques ont leur rôle à

jouer pour susciter l’intérêt des nonLuxembourgeois à la politique locale et nationale, les étrangers résidents doivent aussi changer leur manière de penser et s’intéresser davantage à la vie politique du pays. Quant aux Luxembourgeoi(se)s, ils doivent s’ouvrir davantage à leurs concitoyens étrangers et à certains changements. Finalement, les entrepreneur(e)s et dirigeant(e)s économiques devront faire en sorte que le sujet reste d’actualité, car l’intérêt économique du pays est en jeu. Mais pour s’intégrer au mieux et participer à la prise de décision, une autre clé intéressante consiste, pour les étrangers résidents, à prendre la nationalité luxembourgeoise. Depuis l’entrée en vigueur de la clause de double nationalité en 2008, 16.000 naturalisations ont été enregistrées. Peut-être faudra-t-il en revoir les critères d’obtention pour en faciliter l’accès ? Reste à discuter la question sur la langue luxembourgeoise et son degré de connaissance ou de compréhension. Sujet sensible, où, de part et d’autre, des efforts

devront être faits. L’effort déjà accompli par des étrangers résidents de comprendre la langue est fortement applaudi par les autochtones. Les Luxembourgeois aiment entendre dans une discussion professionnelle en langue étrangère avec leurs collègues de travail nonluxembourgeois un « Moien. Wéi geet et ? » et apprécient ce clin d’œil sympathique. Être résident dans un pays n’implique-t-il pas de connaître, un minimum, la langue et l’histoire de ce pays pour mieux se rallier à son identité et à son développement ? Ainsi, prenons conscience, Luxembourgeois ou non, de nos objectifs communs et de nos valeurs communes. Un environnement politique stable et une cohésion sociale sont des forces qui contribuent à un cadre favorable où l’économie et l’innovation peuvent se développer. Apprécions notre diversité et notre multilinguisme, qui constituent une richesse du pays. Et mettons en avant notre volonté de surmonter les obstacles qui, jusqu’à présent, ne nous a pas encore fait défaut. Avec pour ambition ultime de continuer à développer ce beau pays qui est le nôtre. Mars 2013 —


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