OCTOBRE 2020
Fonds d’investissement
« La finance
va devenir durable par défaut. » Julie Becker Luxembourg Green Exchange
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ADVISORY – INVESTMENT BANKING – INSURANCE – FINANCING – MARKETS – TRANSACTION BANKING ASSET MANAGEMENT – SECURITIES SERVICES – EQUIPMENT FINANCE – FLEET MANAGEMENT This document is for informational purposes only. Under no circumstance should it, in whole or in part, be considered as an offer to enter into a transaction. Société Générale declines any responsibility (direct or indirect) for the use that may be made of the document. Société Générale, S.A. with a share capital of €1,066,714,367.50 - 552,120,222 RCS PARIS - Registered office: 29, bd Haussmann, 75009 PARIS. Photo credit: © Graphic Obsession – September 2020.
Édito #Reprise
www.maisonmoderne.com Téléphone : 20 70 70 E-mail : publishing@maisonmoderne.com Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux : 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie FONDATEUR
Mike Koedinger
Se relever après la glissade
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Geraldine Knudson DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER
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Francis Gasparotto ASSISTANTE COMMERCIALE Céline Bayle
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Comme l’ensemble des activités économiques sur la planète, l’industrie des fonds d’investissement a rapidement vu se dessiner un précipice entre mars et avril 2020, au cœur de la pandémie liée au nouveau coronavirus. Au Luxembourg, le total des actifs nets, l’indice le plus visible de la santé du secteur, a opéré une glissade rapide, alors qu’on l’imaginait franchir rapidement une nouvelle barre symbolique, celle des 5.000 milliards d’euros. Mais cela ne semble être que partie remise. La chute brutale a, avant tout, été liée à la débâcle des marchés financiers. Panique à bord ? Ce fut le cas pendant quelques semaines sur les bourses. Moins peut-être dans les fonds, choisis en général pour leur caractère de long terme. Les professionnels du secteur, dans l’ensemble, n’ont pas cédé à la crainte d’un effondrement. Rapidement, les équipes se sont repliées en télétravail, ont adopté de nouveaux outils et développé de nouvelles stratégies de communication vis-à-vis de leurs clients. Les contacts n’étaient plus physiques, mais plus fréquents. Il fallait rassurer, expliquer et faire en sorte que les investisseurs gardent la tête froide. Certains ont évidemment soldé leurs comptes. Mais on constate pourtant aujourd’hui, alors que la menace sanitaire plane toujours sur un monde qui se relève comme il peut, que l’industrie des fonds luxembourgeoise a redressé la tête. Le fossé qui s’était brièvement creusé est quasiment comblé, grâce, cette fois, à l’injection d’argent frais de la part des épargnants. Preuve que la confiance n’a pas véritablement été ébranlée, malgré les secousses violentes.
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Auteur JEAN-MICHEL LALIEU
OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Fonds d’investissement Octobre 2020
06 LE RADAR
Un leadership incontesté 08 LE JOUR OÙ…
… Nous avons monté les premiers fonds Ucits au Luxembourg 12 CONJONCTURE
Les fonds résistent
p. 3 4 Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance
18 INTERVIEW CROISÉE
DE CORINNE LAMESCH ET CAMILLE THOMMES DE L’ALFI
« Le tournant vers une industrie des fonds durables est bien engagé » 22
34 INTERVIEW DE NICOLAS MACKEL DE LUXEMBOURG FOR FINANCE
« Notre succès est l’aboutissement d’un long travail » 38 INTERVIEW D’EDUARDO
Dossier
GRAMUGLIA PALLAVICINO DE STATE STREET
ESG PARTIS POUR DURER
« Le Luxembourg est avant tout vecteur de croissance »
–
24 FINANCE DURABLE
À fond(s) les critères ESG
42 DIVERSIFICATION
Les fonds alternatifs gardent le vent en poupe
–
26 INTERVIEW DE SACHIN
Crédits
Patricia Pitsch et Shutterstock
VANKALAS DE LUXFLAG
« Les facteurs ESG doivent jouer un rôle important dans les décisions d’investissement » –
30 INTERVIEW DE JULIE BECKER DU LUXEMBOURG GREEN EXCHANGE
« La finance va devenir durable par défaut »
44 PERSPECTIVES p. 30 Les fonds responsables, simple tendance ? Ou vrai pari pour l’avenir ?
L’Afrique, futur eldorado du private equity 48 INTERNATIONALISATION
L’Asie, un gisement pour les fonds 50 FORECAST
Où investir en 2021 ? OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Le radar
Un leadership incontesté TOP 10
AU NIVEAU EUROPÉEN
Les plus grands gérants de fonds alternatifs au Luxembourg
Top 5 des structures par pays
Par montant total des actifs sous gestion
15.000
Source sociétés citées, CSSF, Fundsquare et PwC, au 31 décembre 2019
1
2
3
Universal Investment Luxembourg (Allemagne) 58.498 Mios € Hauck & Aufhäuser Fund Services SA (Allemagne) 38.536 Mios €
(Royaume-Uni)
LRI Invest SA (Luxembourg) 22.419 Mios €
5
Carne Global Fund Managers SA (Luxembourg) 22.114 Mios €
6
FundRock Management Company SA (Luxembourg) 22.095 Mios €
Source
Efama
Mrds €
Après une forte chute au cours du premier trimestre – de 17.700 à quelque 15.700 milliards d’euros –, les actifs sous gestion en Europe sont rapidement remontés au-delà des 17.000 milliards à la fin du deuxième trimestre, selon les statistiques d’Efama. Les actifs ont augmenté de 11,2 % pour les Ucits et de 5,7 % dans les fonds alternatifs.
14.770
12.000 10.637
9.000
7.662 6.853
NOMENCLATURES
DWS Investment SA
3.664
6.000
3.317 3.000
0
LUXEMBOURG
FRANCE
IRLANDE
ALLEMAGNE
Au 31 juillet 2020, la CSSF a recensé 3.664 fonds d’investissement. Parmi ceux-ci, 1.977 sont des fonds Ucits, 1.451 des fonds d’investissement spécialisés (FIS) et 236 sont des Sicar.
ROYAUME-UNI
ACTIFS NETS
La reprise vers les 5.000 milliards En milliards d’euros Source
7
17,1
Chiffres à fin mars 2020
M&G Luxembourg SA 36.157 Mios €
4
ACTIFS SOUS GESTION
(Allemagne)
5.000
JAB Consumer Fund Management sàrl
4.000
CSSF
JUILLET 2020 4.617,395 M. €
20.322 Mios € 8
(Luxembourg)
9
10
19.235 Mios €
3.000
Flossbach von Storch Invest SA (Allemagne) 17.319 Mios €
2.000
Credit Suisse Fund Management SA (Suisse) 17.187 Mios €
1.000 0 2010
6
2011
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
L’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement a subi un passage à vide au printemps, avant tout lié à la chute des marchés financiers. Mais elle est déjà en train de combler le fossé et reste de loin le premier acteur au niveau européen. La preuve en chiffres.
3 QUESTIONS À VINCENT HEYMANS
HUB INTERNATIONAL
Répartition des actifs des fonds luxembourgeois par pays d’orgine
Partner, advisory head of investment management chez KPMG Luxembourg
Chiffres à fin mars 2020 Source
On entend de plus en plus souvent dire que les marges se sont considérablement réduites dans le secteur des fonds. Mais peut-on objectiver cette baisse de rentabilité ? Les différentes études menées sur le sujet mettent en évidence une réduction moyenne des frais de gestion de l’ordre de 20 % sur les 10 dernières années. Parmi les raisons, notamment, l’entrée de nouveaux acteurs, la réglementation incitant à une plus grande transparence des frais et l’accroissement des fonds passifs. Dans le même temps, la vague réglementaire qui a suivi la crise de 2008 a conduit à une augmentation des dépenses en matière de conformité. L’effet ciseau est donc bien réel.
Alfi
AUTRES 5,4% DANEMARK 2% PAYS-BAS 2,1% LUXEMBOURG 2,7% ÉTATS-UNIS 21,1%
BELGIQUE 4,4%
ITALIE 7%
FRANCE 9,4%
ROYAUME-UNI 17,8%
ALLEMAGNE 13,9% SUISSE 14,3%
TOP 10
Répartition des actifs nets dans les fonds en Europe Avec un total de 15.683 millards d’euros d’actifs nets dans les fonds européens (chiffres en milliards à fin mars 2020) Source
Efama
4.149,9 4.000
2.000
0
X. LU
IR
L.
AL
L.
FR
A.
. -U R.
B P.-
.
I SU
.
È SU
.
. ITA
N DA
.
Comment parvenir à lutter contre ce phénomène ? Comment économiser sur ces frais qui érodent les marges ? Les recettes sont connues : outsourcing et offshoring de certaines fonctions, création de centres d’expertise, économies d’échelle par concentration, digitalisation des chaînes de valeur. Mais le débat se situe dans la capacité de créer de nouvelles sources de valeur : canaux de distribution, développement géographique, stratégies d’investissement alternatif et ESG, et renforcement de la marque. Notons enfin la commercialisation d’outils digitaux développés initialement à des fins internes. La crise du Covid-19 risque-t-elle d’empirer cette situation, en rendant les investisseurs plus frileux pour de nombreux mois ? Il faut dissocier les investisseurs retail des institutionnels. Les premiers adoptent essentiellement une stratégie de conservation du capital. Certains fonds – garantis, par exemple, ou physiques, pour les plus prudents – répondent à cette demande. Les seconds tâchent de profiter de l’aubaine des masses de cash déversées par les États et qui doivent bien finir par se loger quelque part. Mais il faut rester prudent, car, à l’inverse de la crise de 2008, en 2021 – si crise il y a –, ce sera une crise économique qui engendrera une crise financière.
OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Le jour où…
… Nous avons monté les premiers fonds Ucits au Luxembourg Quand, en 1988, le Luxembourg a transposé en droit national la directive européenne Ucits de 1985, le fondement du succès de l’activité des fonds venait d’être construit. Marie-Jeanne Chèvremont était alors à la tête du bureau Coopers & Lybrand, qui allait devenir PwC. «À l’époque, le bureau Coopers & Lybrand (qui deviendra PwC suite à la fusion en 1998 avec Price Waterhouse) était relativement faible au niveau de l’accompagnement de l’activité bancaire. Par contre, nous avions une certaine expérience dans le domaine de l’audit des structures de gestion d’investissements collectifs, une activité encore marginale au milieu des années 80. Nous nous disions cependant que nous pouvions capitaliser sur cette expertise pour nous faire une place dans le secteur financier. J’étais associée du bureau Coopers depuis 1987. À Luxembourg, il ne comptait alors que 16 personnes. L’évolution de la régulation autour des organismes de placement collectif (OPC) a très vite été considérée comme une opportunité pour la Place. Avant de monter les premières structures Ucits, j’étais déjà active au niveau du comité qui travaillait sur la transposition de la directive européenne dans le droit luxembourgeois. À ce moment-là, on dénombrait 438 structures de placement au Luxembourg. Tout s’est alors accéléré. Nous attendions-nous au succès que l’on connaît aujourd’hui? Sans doute pas. Mais nous avions le sentiment, avec d’autres acteurs du monde financier, que la directive Ucits était une réglementation importante. Nous nous sommes demandé comment le Luxembourg pouvait en tirer avantage et se positionner comme un centre international pour ces véhicules. Il nous est apparu que nous devions être les premiers à la transposer. Une des grandes craintes était que les Anglais le fassent avant nous. Le Luxembourg a été le premier pays à inscrire les principes de sa directive dans ses textes de loi, le 30 mars 1988. Évidemment, on ne se doutait pas que cela allait prendre une telle ampleur, au-delà de toutes les attentes. 8
Mais l’espoir était là. Nous n’avons d’ailleurs pas attendu cette transposition pour multiplier les contacts avec nos bureaux à l’étranger et pour présenter ce nouveau cadre légal, ses avantages. Il y a eu un effort de promotion important pour amener des acteurs à créer des structures et à les distribuer en Europe au départ du Luxembourg. Il y avait à l’époque une volonté collective de faire la différence et de développer le marché, soutenue d’ailleurs par une réelle confiance entre le régulateur et les acteurs du marché. Juste après la transposition, tout a bougé très vite. Chaque semaine, nous signions un contrat avec un nouveau client. Le véhicule Ucits a été rapidement perçu par les étrangers, plus que par les Européens, comme présentant un fort potentiel. On a alors vu arriver BBH et State Street pour structurer leurs produits destinés à l’Europe. Nous avons rapidement pris une longueur d’avance, que le Luxembourg veille à préserver depuis lors. Pour notre bureau, le développement de l’industrie des fonds a été un vecteur de croissance essentiel. On a rapidement été dépassé par le succès. Nous avons très vite été contraints d’aller chercher des auditeurs expérimentés à l’étranger, afin de satisfaire la demande. Des associés internationaux nous ont rejoints. Notre expertise en la matière nous a permis de développer de solides relations avec les acteurs bancaires, mais aussi de développer nos services au-delà de l’audit, dans les domaines du conseil ou de la fiscalité. En 2007, quand j’ai quitté PwC, le bureau comptait 1.300 collaborateurs. » Marie-Jeanne Chèvremont est membre du conseil d’administration de Maison Moderne, éditeur de Paperjam. Auteur S. L.
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
Marie-Jeanne Chèvremont a participé à un tournant important de la place financière en 1988.
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© 2020 Morningstar. Tous droits réservés. Morningstar Rating™ au 30 juin 2020. Morningstar Analyst Rating™ au 28 mai 2020. Catégorie Morningstar: Allocation USD Modérée. Source et copyright : Morningstar. Pour en savoir plus sur la méthodologie des notations Morningstar, consultez www.morningstar.com
capitalgroup.com/eu/globalallocation Les performances passées ne présagent pas des résultats futurs. La valeur des placements et le revenu qu’ils génèrent peuvent fluctuer à la hausse comme à la baisse et vous pourriez perdre une partie ou la totalité de votre placement initial. Le présent document publié par Capital International Management Company Sàrl (« CIMC »), 37A avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg, est fourni à titre d’information uniquement. CIMC est régie par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (la « CSSF ») et gère le/les fonds qui est/sont un/des sous-fonds de Capital International Fund (CIF), société d’investissement à capital variable (SICAV) de droit luxembourgeois agréée par la CSSF en tant qu’OPCVM. Sauf mention contraire, toutes les informations s’entendent à la date indiquée et sont susceptibles d’être modifiées. Les seuls documents fiables pour l’offre de fonds sont le Prospectus et le Document d’information clé pour l’investisseur (DICI). Ces documents, ainsi que les derniers Rapports annuel et semestriel et tous documents conformes à la législation locale, contiennent des informations plus complètes sur le/les fonds, y compris les risques, les charges et les dépenses applicables. Il convient de les lire attentivement avant d’investir. Ces documents et d’autres informations relatives aux fonds ne seront toutefois pas diffusés dans les pays où cela est contraire aux lois et réglementations. Ils sont disponibles sur capitalgroup.com/europe, où les derniers prix quotidiens sont également diffusés. Le régime fiscal dépend de la situation de chacun et il est susceptible d’évoluer. Les investisseurs sont invités à consulter leurs propres conseillers fiscaux. Le présent document ne constitue pas une offre, une sollicitation à l’achat ou à la vente de titres, ou encore une offre de services d’investissement. © 2020 Capital Group. Tous droits réservés.
BRAND VOICE
KEY CATALYSTS THAT ARE DRIVING THE SUSTAINED GROWTH OF ESG
Sustainable finance
The driving force behind ESG growth Sponsored content by PWC
The transition towards a sustainable and green economy is inevitable. PricewaterhouseCoopers’ Olivier Carré (Financial Services Market Leader) and Dariush Yazdani (Market Research Centre Leader) say Luxembourg is in a strong position to benefit from the growth in ESG assets, but warn that financial industry must adapt quickly in order to reap the benefits.
Environmental, Social and Corporate Governance (ESG) has turned into something of a buzzword, but what impact is it having on the fund management industry? In only a few years, ESG has evolved from a niche investment strategy to an industry-wide phenomenon. Its impact on the UCITS and alternative funds industry is already very visible and is set to increase in importance due to the EU Sustainable Finance Action Plan. ESG represents a veritable growth opportunity for European asset and wealth managers, but significant change is needed in order to unlock this opportunity. The impact will be felt across all operational fronts; from asset allocation and fund reclassification to marketing and disclosure. Investor demand is one of the primary catalysts driving the ESG revolution. Our analysis 10
Regulatory overhaul There is a shift from voluntary regulations to binding legislation. This rising regulatory pressure is likely to have the biggest impact on accelerating the shift to a sustainable model of investing. Interestingly, the COVID-19 crisis has stimulated a strong response from policymakers on the key role that ESG should play in economic recovery measures.
shows that annual net flows into ESG funds as a percentage of assets under management have consistently exceeded those into non-ESG funds since 2014. This is driven primarily by institutional investors, who have already shown a strong preference for ESG investments - with many major players no longer willing to invest in non-ESG products or with non-ESG compliant asset managers.
already started to prepare for this new landscape, and for the upcoming regulation in March 2021. However, we believe that those asset managers, who have not yet started, need to adapt quickly to the new normal in order to remain relevant. In addition, initiatives such as LuxFlag and the Luxembourg Green Exchange further enhance the ESG ‘solution set’ proposed by Luxembourg.
How is the Luxembourg fund industry responding to the growing importance of ESG investments? Today, Luxembourg is very well positioned: Europe dominates the global ESG landscape, with the region’s 4,741 ESG mutual funds holding 70% of global ESG assets. Within Europe, Luxembourg leads the way, accounting for over 30% of ESG assets and funds. Luxembourg players have
What differentiates Luxembourg from other jurisdictions in which ESG investments are also becoming prominent? As mentioned, Luxembourg is the leading global ESG domicile. Luxembourg is the largest hub for UCITS funds and therefore provides the right infrastructure, skills and talents to be able to operate ESG funds. Moreover, Luxembourg’s financial regulator (La Commission de Surveillance du Secteur Financier), govern-
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
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ment and asset managers are all instrumental in further cementing Luxembourg’s position as the global ESG leader. Luxembourg has been a pioneer in sustainable finance for some time. The country’s domestic stock exchange launched the Luxembourg Green Exchange in 2016, the world’s first platform focused exclusively on green securities. We have no doubt that all players in the Luxembourgish financial industry will continue to work hand in hand to further develop Luxembourg’s ecosystem with respect to ESG. What steps can the Luxembourg government take to turn the Luxembourg financial centre into a hub for excellence in ESG assets? Firstly, the government can support the industry by showing its commitment towards a more sustainable Europe and adopting EU regulations early, as well as
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ESG outperformance There is increasing evidence of a perfect synergy between performance and sustainability. According to the European Securities and Markets Authority (ESMA), ESG-aligned portfolios outperformed traditional portfolios from 2010 to 2019, as well as during the COVID-19 sell-off. We believe that this performance gap between ESG and non-ESG products will continue to widen as ESG investment processes become more sophisticated and investor sentiment shifts in favour of ESG investments.
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Societal shifts Climate change and sustainability are at the top of the global agenda. Society as a whole is attributing increased levels of importance to sustainable finance and ESG. COVID-19 has accelerated this shift, bringing the real-life impacts of overlooking ESG factors into the spotlight.
taking a constructive approach to initial changes at the fund level that will be orchestrated by the CSSF, Luxembourg’s financial regulator. By deepening its partnership with ESG actors at all levels of government and providing smart incentive schemes to attract ESG business and investment vehicles, Luxembourg’s government can successfully position the country as a hub for ESG assets across the globe - a step that might be as important for our future as the transposition of the UCITS Directive in 1988. Such positioning requires credibility in the measures promoted at country level, the relevant innovative capabilities for the companies and the workforce, as well as sound management of the implementation of these measures.
This year, PwC Luxembourg is hosting a Virtual, Sustainable and Financial Services conference, the focus of which demonstrates the importance PwC places on sustainable finance and ESG globally, in Luxembourg and across the industries and services, including banking, asset and wealth management, alternatives, investment funds and insurance.
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Increasing investor demand A shift in societal values has given rise to a new generation of investors who prioritise non-financial impacts alongside financial returns. The strongest push stems from institutional investors. Managers have already taken actions to incorporate ESG standards into their fund offerings.
The PwC Financial Services Forum and the PwC Sustainable Finance Forum, which are invitation only, will be held virtually on September 30. Our in-house experts will cover topics such as: “The changing competitive environment in Luxembourg sustainable finance as source of competitive advantage” and “How to model a sustainable corporate and product strategy”. PwC is also excited to have John Garvey, PwC Global Financial Services Leader, and Andrew McDowell, former Vice President of the European Investment Bank, as guests, amongst others. At this event, PwC will also be releasing premium content that they have been working on for some time, including the aforementioned in-depth report on unlocking the ESG opportunity.
ur et yo to g report, e k i uld l of the y u wo , If yo n a cop mes out o o s c d t : n i C n ha whe tact Pw .com or con @pwc m c.co e .carr ani@pw r e i v oli yazd ush. dari Olivier Carré Financial Services Market Leader at PwC Luxembourg Dariush Yazdani Financial Services Market Research Centre Leader at PwC Luxembourg
OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Conjoncture
Les fonds résistent Malgré les importantes turbulences traversées ces derniers mois, l’industrie des fonds luxembourgeoise compte sur ses bons fondamentaux et sa proactivité pour envisager son futur sereinement.
2019 s’était terminée dans l’effervescence, avec un encours s’élevant à 4.719 milliards d’euros, selon les données de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Un nouveau record. Sur l’ensemble de l’année, le niveau d’actifs sous gestion avait progressé de 16,10 % (4.065 milliards d’euros à la fin de l’année 2018). Ce résultat s’expliquait notamment par de bonnes performances sur les marchés, avec une valorisation des actifs sous gestion de l’ordre de 521 milliards d’euros sur l’année. La collecte nette d’actifs s’élevait, pour sa part, à 134 milliards d’euros. À l’entame de 2020, on pouvait espérer que cette hausse allait se poursuivre, sans pour autant miser sur une évolution d’une ampleur similaire. Un nouveau record était d’ailleurs établi en janvier, avec des actifs totaux sous gestion approchant les 4.800 milliards d’euros. La barre des 5.000 milliards semblait donc à la portée de la Place, et ce trois ans seulement après qu’elle a franchi celle des 4.000 milliards. Un effet Covid limité Ces perspectives n’avaient évidemment pas anticipé la crise du Covid-19. « Sur le premier semestre, les marchés ont connu une grande volatilité, commente Corinne Lamesch, présidente de l’Alfi. C’est cependant au mois de mars que l’impact a été le plus important pour notre industrie, avec une baisse des actifs sous gestion au niveau des véhicules luxembourgeois d’environ 11 %. » L’encours est en effet redescendu à 4.149,9 milliards d’euros, avant de retrouver des couleurs pour s’établir, fin juin, à 4.585 milliards. Si l’on regarde les six premiers mois de l’année, la réduction se limite à 2,8 %. Si l’on compare la situation au terme du premier semestre avec les chiffres établis à la fin du mois de juin 2019, la tendance reste positive, avec une croissance de 3,94 %. 12
REPRÉSENTATION DES FONDS Source
CSSF
FUNDS OF FUNDS 14,2%
REAL ESTATE 2,2% PE/VENTURE CAPITAL 4,3%
MONEY MARKET & CASH 1,6%
AUTRES 2,7%
FIXED INCOME 21,9%
BALANCED 25,7%
EQUITY 27,5%
NET ASSETS Source
FUNDS OF FUNDS 5,9%
CSSF
REAL ESTATE 2% PE/VENTURE CAPITAL 2,3% AUTRES 1,7%
MONEY MARKET & CASH 9,3%
FIXED INCOME 29,8% BALANCED 20,2%
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
EQUITY 28,7%
« O n peut dire qu’au cœur de cette tempête, notre industrie a bien résisté. Les investisseurs n’ont pas paniqué. Ils ont gardé leur sang-froid », précise la présidente de l’Alfi. Alors que l’incertitude, qui prévaut encore actuellement, aurait pu conduire à un mouvement de panique et à des rachats massifs, il n’en a rien été. Au contraire, durant les six premiers mois de l’année, les investisseurs ont continué à injecter de l’argent frais dans des structures de gestion collective établies au Luxembourg. Seul le mois de mars a donné lieu à une perte nette des actifs sous gestion de l’ordre de 128 milliards liée à des rachats. Sur l’ensemble du premier semestre, la collecte a été positive, avec des émissions nettes de l’ordre de 41 milliards. Une embellie qui peut pousser certaines entreprises à se demander si les marchés ne sont pas déconnectés de la réalité du terrain. « Certains analystes affirment aujourd’hui qu’il y a un découplage total entre les performances de l’industrie des fonds et l’économie réelle », commente Corinne Lamesch. On sait que les acteurs économiques font actuellement face à de nombreux défis, avec notamment une hausse du risque de faillites et une augmentation attendue du chômage. Les marchés, eux, continuent de bien se porter. « Je ne pense toutefois pas que les tendances constatées au niveau des marchés traduisent un découplage, poursuit la présidente de l’Alfi. La manière dont les investisseurs réagissent, de notre point de vue, traduit une projection optimiste, mais réaliste de la capacité de notre économie à rebondir et progresser sur un horizon d’un à deux ans. Il reste toutefois difficile de dire comment se portera notre industrie d’ici la fin de l’année. Pour l’instant, nous sommes sur une trajectoire positive. L’environnement reste cependant volatile, avec beaucoup de facteurs qui peuvent influencer favorablement ou défavorablement les marchés. »
Les marchés ne seraient-ils tout simplement pas dopés par les injections massives de liquidités dans l’économie ? C’est une hypothèse souvent évoquée. Cependant, cette politique participait déjà au contexte pré-Covid-19 en Europe. L’économie est soutenue depuis plusieurs années par une politique de taux bas et l’octroi d’aides conséquentes, même si cellesci étaient sans commune mesure avec celles mobilisées aujourd’hui. Du point de vue de l’Alfi, l’injection de liquidités vise avant tout à octroyer davantage de moyens aux acteurs économiques, notamment par l’intermédiaire des banques, afin de leur permettre de continuer à avancer. L’industrie des fonds a d’ailleurs aussi un rôle à jouer en faveur de la relance, pour mobiliser l’épargne des investisseurs et la mettre au service des projets de demain. « Dans un moment de crise, la pire des choses qui puissent arriver est d’assister à un mouvement de panique sur les marchés, précise Corinne Lamesch. Ici, les mesures prises jouent pleinement leur rôle, tant pour soutenir l’économie que pour rassurer les investisseurs. Aujourd’hui, ce qu’il faut absolument éviter, c’est un second confinement généralisé. À partir du moment où l’on considère que nous sommes sur une trajectoire de relance, les marchés anticipent une évolution progressive de l’économie réelle et peuvent soutenir cette reprise. » De bons fondamentaux Mais la situation actuelle est bien différente de la crise vécue en 2008, appuient les responsables du secteur financier. « Le secteur financier n’est pas à l’origine du problème, souligne Corinne Lamesch. Si la confiance avait été rompue, nous aurions assisté à un mouvement de rachats beaucoup plus important. » Pour rappel, l’industrie des fonds luxembourgeoise représente plus de 14.000 emplois et près de la moitié des recettes fiscales provenant du secteur financier. Résilient, le centre financier luxembourgeois continue à séduire les promoteurs à travers l’ensemble de la planète. « Le pays est la plus importante plateforme de distribution transfrontalière au monde. Plus de 60 % des fonds distribués de manière transfrontalière, autrement dit qui ne sont pas exclusivement destinés à un marché domestique, sont domiciliés ici, explique Xavier Zaegel, partner, IM & PERE consulting leader au sein de Deloitte Luxembourg. En optant pour le domicile luxembourgeois, un promoteur de fonds accède à un marché potentiel de plus de 70 pays, en Europe, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Sur les 100 premiers gestionnaires d’actifs du monde entier, 98 ont des fonds domiciliés au Luxembourg. Tous les grands promoteurs de fonds immobiliers ont choisi d’établir une présence ici. » Relais de croissance Au fil des années, le secteur a surtout su se diversifier, cherchant en permanence à trou-
CONSOLIDATION
fonds immobiliers, de private equity, d’infrastructure ou encore de dette. Les actifs sous gestion provenant de fonds alternatifs réglementés domiciliés au Luxembourg s’élèvent désormais à plus de 700 milliards d’euros. Des tendances qui reflètent la capacité du Luxembourg à correctement anticiper ces nouvelles aspirations des investisseurs, en comprenant le potentiel de développement de ces classes d’actifs alternatifs. Comme ils l’ont fait pour les Ucits il y a plus de 30 ans, l’industrie et le gouvernement ont transposé rapidement et efficacement la directive AIFM dès 2012. Cette dernière établit un cadre européen harmonisé pour la gestion de ce type d’investissements. Dans la foulée, ils ont aussi complété la « boîte à outils » luxembourgeoise en la dotant de nouveaux véhicules adaptés aux attentes des promoteurs de fonds. Le Fiar (ou Raif), le fonds d’investissement alternatif réservé, en est un exemple. « La proactivité des acteurs et du gouvernement pour ver de nouveaux relais de croissance. Les transposer les directives et proposer des strucOPCVM, aussi connus sous leur appellation tures, ainsi qu’une expertise adaptée aux besoins anglaise Ucits, restent évidemment le produit des promoteurs de fonds permettent au phare, avec un volume d’actifs sous gestion Luxembourg de tirer son épingle du jeu, pourbien supérieur à toutes les autres classes d’ac- suit Xavier Zaegel. La mise en place du Fiar, tifs. Mais ces fonds « traditionnels » sont en véhicule qui n’est pas directement supervisé perte de vitesse. Depuis quelques années, par la CSSF, mais qui doit dépendre d’un gesdans un environnement où les taux d’intérêt tionnaire de fonds d’investissement alternatifs sont bas et le marché des actions et des obli- autorisé sur base de la directive AIFM, permet gations de plus en plus volatile, les investis- notamment de réduire le délai entre le lanceseurs cherchent à obtenir de meilleurs ment et la commercialisation d’un fonds. Cette rendements, en lorgnant avec appétit des innovation luxembourgeoise mise en œuvre en actifs moins conventionnels. Cette tendance 2016 est révélatrice de la manière avec laquelle se traduit par le succès actuel du segment des l’écosystème parvient à garder une longueur fonds alternatifs, avec la multiplication des d’avance. » Du côté des sociétés de gestion, l’un des grands enjeux dans les mois à venir réside dans le maintien des marges, souvent mises à rude épreuve. L’accroissement des réglementations au sein d’un marché concurrentiel a tendance à peser sur la rentabilité des acteurs. Le recrutement demeure un challenge pour les manCo, en particulier pour les nouveaux entrants sur le marché. Au Luxembourg, où l’on dénombre plus de 250 sociétés de gestion rien que sur le segment des fonds alternatifs, on devrait assister à un inévitable mouvement de concentration, via des rachats de sociétés ou de portefeuilles. À terme, le nombre de sociétés de gestion devrait donc se réduire au profit d’acteurs plus importants.
« LOAN FUNDS » PAR RÉGIME JURIDIQUE
9 %
20 %
« LOAN FUNDS » PAR TAILLE
8 %
8 %
35 %
24 % 71 %
16 %
9 %
En millions d’euros Sif Source
Raif
UCI Part II
KPMG/Alfi Loan fund survey
0 – 50
50 – 100
200 – 500 Source
100 – 200
500 – 1.000
> 1.000
KPMG/Alfi Loan fund survey
OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
13
Conjoncture
L’alternatif progresse sur tous les segments Plusieurs enquêtes publiées à la fin de l’année 2019 témoignent de cette croissance fulgurante du segment alternatif. Pour commencer, l’enquête de l’Alfi et du cabinet Deloitte Luxembourg Private Equity & Venture Capital Investment Fund Survey 2019 a révélé que le nombre de fonds de private equity détenant plus d’un milliard d’euros a doublé entre 2018 et 2019. Le Luxembourg représente plus de 4,3 % de l’industrie mondiale des fonds de capitalinvestissement. L’enquête montre que les véhicules d’investissement non réglementés, tels que les Raif et les sociétés en commandite, représentent désormais 51 % de tous les fonds de private equity luxembourgeois. L’enquête Alfi-KPMG Private Debt Fund Survey 2019 a, pour sa part, montré une hausse de 14,5 % des actifs sous gestion dans les fonds de dette privée luxembourgeois entre 2018 et 2019, pour atteindre 56 milliards d’euros. Si l’on prend en considération l’évolution depuis 2017, la croissance est de 40 %. Le nombre de fonds de dette privée utilisant une structure Raif est passé de 13 % à 20 % du total des fonds en 2019. Enfin, du côté des fonds immobiliers, l’enquête Alfi Reif 2019 révèle que ce segment est, lui aussi, florissant. Le nombre de lancements de fonds d’investissement alternatifs réservés (Fiar) axés sur l’immobilier est passé de 27 en 2018 à 63 en 2019, soit une augmentation de 133 %. Le nombre de fonds d’investissement alternatifs (FIA) a également connu une augmentation marquée, passant de 27 FIA réglementés par des gestionnaires en 2018 à 41 en 2019, soit une augmentation de 51,9 %. Cette hausse du nombre de lancements de fonds s’accompagne d’une hausse des actifs sous gestion au sein des fonds immobiliers luxembourgeois. Ils s’établissaient au-delà de 79,93 milliards d’euros au troisième trimestre de 2019, opérant une hausse de 13,4 % depuis la fin de l’année 2019. Des progressions qui permettent à l’industrie des fonds de pouvoir, sans prétention, continuer à viser la barre des 5.000 milliards d’actifs sous gestion à moyen terme. Le potentiel de développement, si l’on croit les ambitions que se sont fixées les acteurs de la Place pour 2025 (lire l’interview de Corinne Lamesch et Camille Thommes, page 18), est toujours important. « La Place est aujourd’hui bien positionnée pour faire la différence lors de la reprise et à plus long terme, commente Xavier Zaegel. Nous sommes l’un des 10 pays au monde à encore pouvoir faire valoir un triple A auprès des différentes agences de notation. Le Luxembourg se caractérise par sa stabilité, une grande prévisibilité politique et une croissance toujours supérieure à la moyenne européenne. Sa dette, même après les mesures prises dans le contexte de la crise sanitaire, ne s’élève pas à plus de 14
TYPE D’INVESTISSEUR DANS LES FONDS IMMOBILIERS Source
Alfi Reif survey 2019
100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0 %
TYPE D’INVESTISSEUR LE PLUS COURANT Institutionnel Family office
2e TYPE D’INVESTISSEUR LE PLUS COURANT Banque privée HNWI
Retail
NOMBRE D’INVESTISSEURS DANS LES FONDS IMMOBILIERS Source
Alfi Reif survey 2019
2 % 11 %
59 %
28 % 1 – 5 investisseurs 6 – 25 investisseurs 26 – 100 investisseurs > 100 investisseurs
NOMBRE D’UNITÉS DE FONDS IMMOBILIERS LUXEMBOURGEOIS Source
Alfi / CSSF
350 300 250 200 150 100 50 0
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
Sif
Part II funds
30 % du PIB. Aux yeux du monde, le Luxembourg se positionne comme une plateforme de confiance, capable d’offrir des services à des acteurs de par le monde. » Convaincre les fonds de pension L’industrie des fonds entend appuyer sa croissance future en continuant à séduire des acteurs en Europe, mais aussi dans les diverses régions du monde, là où se trouve et se crée la richesse aujourd’hui. « Le Luxembourg doit notamment se positionner pour capter une partie des actifs toujours plus nombreux gérés par des fonds de pension à travers le monde, précise l’associé du cabinet Deloitte. Si les institutionnels américains sont bien présents au Luxembourg, de nouvelles opportunités se créent avec le renforcement de ces acteurs en Amérique du Sud, notamment au Chili. Le Luxembourg constitue une plateforme d’investissement intéressante pour les fonds de pension dans la mesure où elle offre de nombreuses possibilités de diversification des actifs. » Le développement de l’épargne-retraite en Europe, complémentaire des régimes de retraite individuelle publics, constitue aussi un levier de croissance important pour l’industrie des fonds luxembourgeoise. Dans cette perspective, l’écosystème local se prépare pour capter les opportunités liées à la création d’un produit paneuropéen d’épargneretraite individuelle. (PEPP). ESG : une révolution amorcée L’autre grande tendance pour les années à venir a trait au développement de la finance durable et à la croissance du nombre de fonds intégrant les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) (voir le dossier en page 24). À l’avenir, l’adoption de la nouvelle réglementation environnementale par le Parlement européen obligera les entreprises à publier des études d’impact sur l’environnement, faisant des investissements à haute teneur en carbone une option de moins en moins attrayante pour les investisseurs. Mais ces derniers n’ont pas attendu ce changement législatif pour se tourner vers des actifs durables et éthiques. Beaucoup font dès à présent part de leur souhait d’investir dans des produits en phase avec leurs préoccupations sociales et environnementales. « Pendant la crise, on a d’ailleurs pu constater que les investissements durables ont une rentabilité supérieure aux autres, précise Xavier Zaegel. La prochaine vague réglementaire visera à intégrer ces critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance au cœur des pratiques, pour garantir une plus grande transparence aux investisseurs et s’assurer que les investissements réalisés sont bien en phase avec leurs aspirations. On parle d’un bouleversement conséquent, qui va exiger de l’ensemble des acteurs de revoir leur modèle pour se conformer à cette tendance profonde. »
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Conjoncture
Une édification à poursuivre Les efforts entrepris par Luxembourg au fil des années ont toujours fini par payer. Anciennement considérée comme une Place essentiellement dédiée à l’administration des fonds, Luxembourg est parvenue petit à petit à renforcer son écosystème, en développant des activités situées plus haut dans la chaîne de valeur. « Luxembourg n’est pas une Place active dans la gestion des investissements et ne le deviendra sans doute jamais. Toutefois, elle ne peut plus être cantonnée à la fonction de backoffice. Ces dernières années, les grands asset servicers présents ont considérablement développé leur expertise dans les fonctions de middle-office, pour mieux accompagner les asset managers dans la réalisation de leurs objectifs et la gestion de leurs véhicules », commente Xavier Zaegel. Luxembourg a de nombreux atouts. Les Sur ce segment, le Luxembourg s’est saisi des enjeux à venir en devenant l’un des premiers acteurs locaux de l’industrie ne peuvent toucentres financiers à promouvoir les activités tefois pas s’octroyer le luxe de se reposer sur d’investissement responsable. En la matière, leurs lauriers. Le monde évolue, le marché Luxflag (voir interview en page 26) ou encore des fonds aussi. Au-delà des incertitudes plale Luxembourg Green Exchange (voir interview nant sur les marchés, c’est en considérant les en page 30) font office de pionniers. La Place aspirations nouvelles des investisseurs partireprésente 34 % des parts du marché européen culiers et institutionnels et en cherchant à en nombre de fonds créés et 35 % si l’on consi- devancer leurs besoins, que l’industrie des dère les actifs sous gestion. Du côté des fonds fonds consolide l’édifice qu’elle a commencé d’impact, deux véhicules sur trois créés en il y plus de 30 ans avec la transition de la Europe sont domiciliés au Luxembourg. directive Ucits. L’industrie des fonds cherche à se réinventer en permanence. Pour y parRester vigilant venir, elle a, elle aussi, besoin d’un cadre Bien sûr, le Luxembourg n’est pas seul sur le réglementaire moderne et innovant, qui puisse marché des fonds transfrontaliers. S’il occupe soutenir tous les développements envisagés une place prédominante, il doit rester vigi- et permettre le déploiement de nouveaux lant. Le Brexit, notamment, a réveillé l’appé- usages soutenus par la technologie. Des questit d’autres Places européennes désireuses de tions importantes restent aujourd’hui ouvertes, profiter de la situation pour gagner des parts par exemple, autour des enjeux de tokenisade marché. Comme Dublin, la principale tion des actifs. rivale de Luxembourg. Mais d’autres Places, Parce qu’une réussite n’est jamais acquise, telles Paris et Francfort, ont aussi orchestré elle veille à intégrer les évolutions technoloune campagne de séduction, faisant valoir giques, à bien appréhender les évolutions leurs atouts avec l’espoir de renforcer leur réglementaires, à renforcer les compétences position. « Dans les faits, les grandes gagnantes en son sein. De cette manière, l’écosystème sont Dublin en numéro un et Luxembourg en luxembourgeois sera aussi le plus à même de numéro deux », commentait récemment Nicolas saisir les opportunités à venir. Mackel, CEO de Luxembourg for Finance (voir page 34). « L’Irlande est notamment parvenue à récupérer les fonds monétaires qui étaient présents à Londres, mais aussi à convaincre beaucoup d’acteurs américains, avec qui elle partage une même culture anglo-saxonne. Le Luxembourg n’est toutefois pas en reste. La Place a pu accueillir quelques super-manCo qui, pour s’assurer un accès au marché européen au-delà du Brexit, sont désormais gérées Auteur S.L. 16
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
LES CHAMPIONS DES FONDS AU LUXEMBOURG ADMINISTRATIONS DE FONDS En milliards d’euros (31 décembre 2019) 1
State Street
2
JP Morgan Bank
3
BNY Mellon
4
BNP Paribas
958,7 683,1 327,2 295,8
BANQUES DÉPOSITAIRES En milliards d’euros (31 décembre 2019) 1
State Street
2
JP Morgan Bank
3 4
965,3
884,6 Brown Brothers Harriman (BBH) 378,4 BNP Paribas 349,7
AGENTS DE TRANSFERT En milliards d’euros (31 décembre 2019) 1
IFDS / State Street
2
RBC Investor Services Bank
3
Caceis
4
JP Morgan Bank
849,8 637,2 315,6 315,3
PROMOTEURS DE FONDS En milliards d’euros (31 décembre 2019) 1
JP Morgan
2
Amundi
3
DWS International
4
UBS
317,8 197 190,3 165
AUDITEURS DE FONDS ET SOUS-FONDS En nombre de clients (31 décembre 2019) 1
PwC
2
KPMG
3
EY
4
Deloitte
5.983 3.021 2.826 2.582
CONSEILLERS JURIDIQUES FONDS ET SOUS-FONDS En nombre de clients (31 décembre 2019) 1
Arendt & Medernach
2
Elvinger Hoss Prussen
3
Linklaters
4
Allen & Overy
4.380 3.557 837 756
MANAGEMENT COMPANIES (AIFM/UCITS) En milliards d’euros (31 décembre 2019) 1
JP Morgan Asset Management (Europe)
2
DWS Investment
3
Amundi Luxembourg
4
UBS fund Management (Luxembourg)
317,1 196,3 178,4 167,1
Monterey Insight
Si l’on regarde l’activité d’asset servicing au Luxembourg, les derniers mois ont conduit les acteurs ayant une empreinte globale à envisager une refonte de leur modèle. « Beaucoup de ces asset servicers s’appuient notamment sur des centres de compétences à l’étranger, en Inde et en Chine, commente Xavier Zaegel, partner, IM & PERE consulting leader au sein de Deloitte Luxembourg. De tels modèles, au-delà des économies de coûts, permettent de mieux servir les investisseurs en fonction de leur position sur le globe. L’idée est d’avoir des équipes pouvant répondre aux sollicitations des clients, quel que soit leur fuseau horaire. » Cependant, il semble que ce modèle montre aujourd’hui ses limites. « On constate une tendance à rapatrier ces activités, sinon au cœur de la société de gestion, du moins près d’elle, en s’appuyant notamment sur les technologies d’automatisation disponibles. Souvent, la démarche conduit à des gains d’effi cience et de qualité, au-delà de la simple volonté de garantir la maîtrise des coûts. »
au départ de notre hub. » En Asie, autre important vecteur de croissance pour le Luxembourg, une autre forme de concurrence s’organise, à savoir la volonté de créer un passeport et une marque à l’image des fonds Ucits en Europe.
Source
RAPATRIER LES ACTIVITÉS EXTERNALISÉES
Interview croisée Camille Thommes & Corinne Lamesch
« Le tournant vers une industrie des fonds durables est bien engagé » L’Alfi s’est dotée d’une feuille de route à appliquer d’ici 2025. Des objectifs définis pour aligner l’industrie des fonds à l’évolution d’un marché qui doit se penser au travers du prisme de l’investisseur, actuel et futur. Corinne Lamesch, présidente de l’Alfi, et Camille Thommes, son directeur général, reviennent sur ce plan ambitieux.
Camille Thommes est directeur général de l’Alfi depuis 2007.
Au deuxième trimestre, en plein confinement, l’Alfi a partagé ses nouvelles ambitions pour 2025. Avez-vous réalisé cette feuille de route avec une méthodologie particulière ? CORINNE LAMESCH (C. L.) Nous avons adopté une nouvelle approche pour définir nos objectifs. Dans l’ensemble, le document rassemblant nos ambitions a été conçu en se mettant à la place de l’investisseur. C’était, pour moi, très important. Nous nous sommes demandé quelles étaient les attentes actuelles et futures de l’investisseur, à quoi son avenir ressemblerait et quelles étaient les tendances qui allaient le toucher et qui nous permettraient de définir l’avenir de l’investissement. Quelles sont donc ces grandes tendances qui vous ont permis de déterminer l’avenir de l’investissement ? C. L. Si l’on prend l’enjeu du numérique, on se rend compte que tout ou presque peut aujourd’hui être effectué au départ d’un téléphone portable. Demain, l’investissement passera aussi par ce canal. Un des enjeux est d’attirer les jeunes investisseurs en proposant des applications innovantes. Par ailleurs, on assiste à un vieillissement de la population. Les pensions étatiques devront à l’avenir être complétées par une épargne individuelle, et ce dans tous les pays d’Europe. Pour maintenir leur mode de vie, les populations vieillissantes auront besoin d’accumuler plus d’économies. Enfin, les investisseurs ne souhaitent désormais plus uniquement un rendement financier, mais aussi contribuer à un monde meilleur, en investissant dans des acteurs qui font attention à leurs employés, à l’environnement, à la société en général. Bien sûr, d’autres éléments, comme l’évolution du cadre réglementaire, ont aussi été pris en compte dans notre analyse. À partir de ces tendances, nous avons pu élaborer cinq objectifs, constitutifs de nos ambitions 2025.
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FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
Titre Surtitre
Quels sont-ils ? C. L. Premièrement, nous voulons être à l’avant-garde du développement des produits transfrontaliers d’épargne et de retraite. Deuxièmement, nous souhaitons créer un cadre qui favorise l’essor des produits responsables et durables. Troisièmement, nous voulons continuer à étendre la portée mondiale des produits Ucits en tant que solutions polyvalentes pour les investisseurs dans tous les pays dans lesquels nous les distribuons. Quatrièmement, nous souhaitons continuer à élargir l’accès à l’investissement alternatif au Luxembourg et ailleurs. Enfin, nous désirons favoriser l’innovation et la transformation numériques de notre industrie au Luxembourg. Comment, concrètement, allez-vous travailler pour avancer autour de ces cinq objectifs ? C. L. À la poursuite de ces objectifs, nous articulons notre travail autour de plusieurs plans d’action. On peut, par exemple, évoquer un plan d’action dédié à l’innovation, un autre à l’évolution du cadre légal, juridique et fiscal, et un troisième à l’amélioration des processus opérationnels pour les rendre plus efficients et cost-effective. L’attraction et le développement de nouveaux talents constituent aussi un axe de travail essentiel. Nous aurons besoin de nouvelles compétences pour développer de nouveaux produits, comme le produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP), voulu par la Commission européenne, ou au niveau des fonds durables. Nous aurons aussi besoin de talents dans le domaine de la technologie. Un autre plan d’action s’articule autour de l’éducation financière, pour notamment nous assurer que l’investisseur soit en mesure de comprendre les produits qui lui permettront de planifier son futur. Par ailleurs, nous devons continuer à promouvoir le Luxembourg dans le monde entier et ouvrir l’accès à nos produits au niveau international. Ces divers chantiers viendront servir chacun des cinq objectifs que nous poursuivrons jusqu’en 2025.
Photos
Jan Hanrion
Où l’industrie peut-elle aujourd’hui aller chercher de nouveaux actifs frais ? CAMILLE THOMMES (C. T.) On peut identifier plusieurs opportunités. La première réside dans le projet de Capital Markets Union de la Commission européenne, qui reconnaît le rôle primordial de l’activité de gestion collective en soutien à la croissance et à la création d’emplois. Nous avons bon espoir que les initiatives qui sont reprises sous l’acronyme CMU 2.0 et au niveau du Green New Deal soutiennent la mobilisation d’actifs, qui pourront être mis au service des ambitions de transition de l’Union européenne. Une deuxième opportunité réside dans le renforcement de l’activité transfrontalière de distribution des fonds. Quelles autres opportunités avez-vous identifiées ? C. T. Le développement conséquent et fulgurant des classes d’actifs alternatifs : le capital-risque, les fonds immobiliers, les fonds de dette ou encore les fonds d’infrastructure. Tout ce qui touche à l’investissement responsable et durable est une opportunité que nous avons déjà évoquée. Le Luxembourg est un précurseur dans ce domaine, depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui, 34 % des fonds européens dans le domaine, représentant 35 %
Corinne Lamesch a succédé à Denise Voss à la présidence de l’Alfi en 2019.
des actifs sous gestion, sont domiciliés au Luxembourg. Enfin, comme évoqué, on pourra collecter de nouveaux actifs en facilitant l’accès à l’épargne à long terme. Peut-on évaluer le potentiel de croissance que ces pistes représentent ? C. T. Sur base d'une étude réalisée par la société Preqin, les investissements dans les produits alternatifs ont triplé en 10 ans. Les actifs sous gestion sont passés de 3.100 milliards en 2008 à 10.300 milliards en juin 2019. Et les prévisions font état d’une croissance de l’ordre de 36 % à l’horizon 2023, pour atteindre presque 14.000 milliards au niveau mondial. C. L. Des projections similaires de croissance existent par rapport à tout ce qui touche à l’investissement responsable. Fin 2018, environ 500 milliards d’actifs sous gestion en Europe étaient investis dans des fonds durables, ce qui représente 5 % du volume total des actifs gérés à travers des fonds européens. La marge de progression dans ce domaine est encore importante. On sait que, d’après des chiffres publiés par Morningstar, l’argent frais investi annuellement dans ces fonds a doublé en un an. En 2018, l’argent frais investi dans ces fonds en Europe représentait autour de 50 milliards de dollars. En 2019, les investissements nouveaux s’élevaient à presque 120 milliards. Cela révèle une tendance forte. Comment préserver justement la position du Luxembourg en tant que leader mondial pour la domiciliation et la distribution de produits transfrontaliers ? C. L. À l’échelle du marché, il y a de la concurrence entre les acteurs, mais aussi entre les juridictions. Nous voyons que la géopolitique actuelle a tendance à créer des OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Interview croisée Camille Thommes & Corinne Lamesch
obstacles au commerce transfrontalier. Après le Brexit, par exemple, nous avons vu que certains pays accordaient une plus grande importance au marché intérieur. Nous, le Luxembourg, restons positionnés sur les produits transfrontaliers et la distribution internationale, et nous n’allons pas changer de position. C. T. Corinne a bien résumé les multiples défis auxquels le secteur fait face. D’une part, l’émergence de nouveaux acteurs peut concurrencer les acteurs traditionnels. D’autre part, les attentes et les préférences des investisseurs évoluent. Il y a aussi l’accélération de la transformation numérique. On constate également, de manière générale, une pression accrue sur les coûts et sur les marges. On peut s’attendre à une augmentation des opérations de fusion / acquisition, comme on a pu en voir récemment. Une fois que l’on aura passé la saga Covid-19, ce mouvement va reprendre. Il faudra voir comment les économies dans les divers pays vont rebondir. Face à tous ces défis, quelle position doivent adopter la Place et ses acteurs ? C. T. Il faut poursuivre dans la voie d’une croissance qualitative, en veillant à réunir quelques ingrédients-clés. Au niveau de la politique budgétaire, il faut garantir un haut niveau de stabilité et la prévisibilité. Les budgets, on le sait, ont pu être mis à rude épreuve compte tenu des efforts considérables consentis par le gouvernement, afin de soutenir l’économie durant cette crise. Il est important aussi de préserver la notation financière AAA du Luxembourg. Au niveau de l’environnement juridique et réglementaire, si celui-ci doit être conforme aux normes européennes et internationales, il est important de rester pragmatiques et innovants, en adaptant sans cesse notre boîte à outils, afin de répondre le plus efficacement possible aux besoins exprimés par les acteurs du secteur, les marchés et les clients. En résumé, il faut garantir un environnement qui permettra au secteur d’innover et de proposer de nouveaux produits et services, tout en générant des gains d’efficacité et de productivité, pour répondre à la pression continue sur les marges. Quel est le rôle de la fiscalité pour maintenir l’attractivité du Luxembourg dans le domaine des fonds ? C. T. Cela reste un facteur de compétitivité, bien que tout ne soit pas possible en la matière. Mais il faudra suivre les évolutions qui s’opèrent à l’échelle internationale et procéder aux adaptations utiles pour garantir l’attractivité de nos produits et du secteur face à la concurrence. Sur le plan réglementaire, quels sont les principaux chantiers attendus dans les années à venir ? C. L. Au niveau de l’Union européenne, on voit que les enjeux environnementaux et de développement durable sont au cœur des programmes et de l’agenda réglementaire pour la prochaine décennie. L’Alfi va bien sûr soutenir le plan d’action de la Commission européenne, et nous suivons de près les propositions concrètes de réglementations en la matière. Nous ne le faisons pas uniquement dans l’optique de répondre efficacement à des enjeux de conformité, mais également parce que nous sommes convaincus des opportunités liées à ces développements et du rôle-clé que la gestion d’actifs peut jouer dans la promotion de la finance durable. 20
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
Le tournant vers une industrie des fonds durables est désormais bien engagé. On a dépassé le stade de l’intention. Et au Luxembourg, nous nous sommes positionnés sur ce créneau depuis une dizaine d’années, avec la création du Luxembourg Green Exchange (voir page 30) ou le développement de Luxflag (voir page 26). La crise actuelle n’a fait que renforcer la prise de conscience écologique et solidaire et la nécessité d’avancer dans cette voie. Au niveau de l’utilisation de la technologie, quels sont les principaux défis à relever ? C. L. Notre secteur existe depuis 30 ans, avec des processus opérationnels s’appuyant souvent sur des technologies vieillissantes. Le défi majeur est d’opérer une transition vers les nouveaux outils qui se développent dans tous les domaines de la chaîne de valeur des fonds, de la distribution à la production, en passant par la gestion des portefeuilles. Des solutions de commercialisation ou de robo-advising doivent, par exemple, nous permettre de mieux interagir avec les investisseurs. Les asset managers ou portfolio managers, eux, regardent plutôt des outils qui peuvent les aider à construire des portefeuilles. Il y a des outils d’intelligence artificielle qui sont utilisés dans la gestion elle-même. Autour de la blockchain, on peut transformer la distribution, faciliter les opérations au niveau du back-office ou du settlement. Le vrai défi est de parvenir à intégrer ces nouveaux systèmes pour, progressivement, se passer des anciens. Comment accompagnez-vous cette transition numérique ? C. L. Dans ce domaine, l’Alfi travaille avec d’autres acteurs de la Place pour trouver des solutions. Nous travaillons à l’élaboration de proofs of concept qui pourront être testés par l’industrie, pour voir s’ils fonctionnent ou non. Nous travaillons beaucoup avec la Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft) et d’autres acteurs-clés de l’écosystème numérique. Nous pouvons apporter, d’une part, une vision métier et la connaissance liée à l’activité et, d’autre part, nos partenaires partagent une expérience technique et de nouvelles idées. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions innovantes qui contribueront au développement de notre secteur. C’est une collaboration très active et très intéressante. C. T. Beaucoup des éléments et des points soulevés par Corinne, aujourd’hui, sont mis en pratique. Ce ne sont pas uniquement des réflexions théoriques. Des projets se concrétisent et transforment l’activité. Au niveau de l’Alfi, nous avons par ailleurs un groupe de travail dédié, qui traite les sujets de fintech dans leur globalité. On y parle du cloud au service de la finance et des enjeux de cybersécurité. Nous réunissons les forces du secteur au sein d’un forum, afin d’élaborer des guides et des bonnes pratiques à l’usage de nos membres et stimuler l’émulation technologique.
Auteur S. L.
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Dossier
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ESG partis pour durer
Les critères « ESG » – Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance – sont passés de critères complémentaires pour évaluer des investissements au statut d’outils indispensables pour conjuguer par défaut la finance au temps durable. Entre la recherche de performance financière et les réponses à apporter aux enjeux de notre temps, le Luxembourg peut faire jouer son expertise internationale à la croisée des chemins.
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Finance durable
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À fond(s) les critères ESG
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ESG : trois lettres amenées à devenir la norme dans une sphère financière qui doit se mettre à la page du développement durable. Un changement de paradigme que le Luxembourg a déjà anticipé depuis une dizaine d’années. De quoi placer le pays parmi les « first movers » de la finance verte.
Si l’apparition des premiers fonds responsables remonte à plusieurs décennies, l’intérêt pour ces investissements s’est fortement renforcé plus récemment. Gestionnaires de portefeuilles, investisseurs privés et institutionnels se tournent en effet aujourd’hui de plus en plus vers des fonds répondant à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Prise de conscience Plusieurs éléments contribuent à l’augmentation du nombre de fonds proposés sur ce segment et à l’intérêt grandissant que leur portent investisseurs et distributeurs. « La nouvelle génération d’investisseurs accorde une importance croissante à l’impact écologique, social et sociétal que peuvent avoir leurs placements. Ils souhaitent, de plus en plus, leur donner un sens », constate Julien Ganter, partner chez KPMG Luxembourg. Les actualités de ces dernières années jouent également un rôle. « La canicule que nous avons connue l’année passée, par exemple, a créé un déclic. De nombreux investisseurs se sont rendu compte de l’urgence climatique et celle-ci s’est traduite, notamment, dans la demande en matière de fonds », souligne Julien Ganter. Les gestionnaires de portefeuilles, aussi, reconnaissent l’intérêt des fonds ESG, sur fond de préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance parmi la population. « Ils sont conscients de l’impact que peuvent avoir des catastrophes climatiques, des scandales sociaux ou des problèmes de gouvernance sur la valeur et la performance des portefeuilles de leurs clients. Ils intègrent donc davantage ces risques dans le choix des titres », indique Julien Ganter. Bien plus qu’un marché de niche, les fonds ESG constituent désormais une réelle tendance, poussée également par la réglementation euro-
péenne. « Ces critères doivent aujourd’hui s’intégrer à nos différents processus, dans le fonctionnement et la stratégie de développement de nos sociétés, ainsi qu’au cœur de nos investissements, analyse le partner de KPMG. Nous assistons à un véritable changement d’état d’esprit. Demain, ces critères seront la nouvelle norme. »
François Millet. Le marché s’est bien repris depuis avril, mais les ETF ESG ont augmenté à un rythme inédit, avec une collecte pour l’année 2020 de 20 milliards d’euros à la fin du mois d’août, tandis que les ETF, dans leur ensemble, ont engrangé 38 milliards d’euros.
La crise sanitaire, un accélérateur Si les ESG ont réalisé plus de 50 % de la colCroissance et performance Car les fonds ESG ne répondent pas seule- lecte cumulée 2020, ils ne représentent toument à des préoccupations idéologiques. Leur jours que 4 % du marché global des fonds. croissance résulte également d’éléments très « Nous estimons que cette proportion est appepragmatiques. « C ontrairement aux idées lée à s’accroître de manière significative, soureçues, investir dans des fonds répondant aux ligne François Millet. De nombreux investisseurs critères ESG est loin d’être contre-performant. menaient déjà une réflexion pour mettre en En effet, plusieurs études démontrent qu’en place des stratégies ESG, mais n’avaient pas matière de rendement, ils ont dépassé leurs encore franchi le pas. La crise les a amenés à indices homologues non ESG », souligne Phi- couper leurs positions sur des produits plus lipp von Restorff, deputy CEO de Luxem- traditionnels. Lorsqu’ils ont repris position, bourg for Finance. Une étude réalisée par leurs liquidités se sont tournées vers les proMorningstar en juin 2020 suggère ainsi qu’il duits ESG. Et nous attendons encore d’imporn’y a pas de compromis de performances tants déplacements de capitaux. Ce qui s’est associé aux fonds durables. Une majorité passé milite pour aller encore plus loin dans d’entre eux présentent même de meilleurs les pratiques d’investissement responsable. » résultats que les fonds traditionnels, et ce sur La crise sanitaire devrait ainsi agir comme de multiples horizons temporels. Entre 2009 catalyseur. « À travers cette crise, il y a une et 2019, par exemple, 59 % des fonds durables vraie prise de conscience que les risques les plus ont affiché une meilleure performance finan- improbables et les plus éloignés, tant en matière cière que les fonds traditionnels. sanitaire qu’environnementale ou sociale, peuvent Il en va de même durant la période trou- se produire, brutalement », constate Julien blée que nous traversons, liée à la crise sani- Ganter. Au niveau climatique, ce risque était taire du Covid-19. « Les historiques de perfor- appréhendé depuis plusieurs années. La crise, mances démontraient déjà que les stratégies elle, a fait émerger encore davantage le volet ESG sont gagnantes sur le long terme. La crise social, qui avait, jusqu’à présent, tendance à actuelle révèle qu’elles tendent également à être être relégué au second plan. résilientes sur le court terme, indique François Millet, responsable Stratégie, ESG & Innova- Le Luxembourg sur la carte tion au sein de Lyxor ETF. Nos stratégies ‘actions Quant au Luxembourg, il s’est très tôt, et de européennes’, par exemple, ont surperformé de manière forte, positionné sur ces sujets. « Dès 1,8 % à 2,8 % en mars. » Plusieurs raisons l’ex- 2006, nous avons lancé Luxflag, l’agence de pliquent. « Tout d’abord, elles affichent des biais labellisation de produits financiers durables. de style sur les grandes capitalisations, sur les Cette association sans but lucratif, indépenentreprises dites de qualité et sur les titres de dante et certifiée labellise aujourd’hui 130 fonds moindre volatilité, trois facteurs de soutien ESG », souligne Philipp von Restorff. C’est quand les marchés sont chahutés. Elles ont éga- aussi à la Bourse de Luxembourg qu’a été cotée, lement tiré parti de leur biais sectoriel, dans la l’année suivante, la première obligation verte, mesure où le prix du pétrole s’est effondré durant émise par la Banque européenne d’investisle confinement. Or, l’énergie et, plus particu- sement. Dans la foulée de la COP21, le Luxemlièrement, les valeurs pétrolières sont sous-pon- bourg Green Exchange (LGX) s’est créé pour les fonds verts, dans un premier temps, puis dérées dans les portefeuilles ESG. » Depuis le début de l’année, les fonds ESG pour les fonds sociaux et de gouvernance. « Si continuent à drainer des capitaux, se démar- le Luxembourg est aujourd’hui perçu par la quant des fonds traditionnels. Les ETF, par communauté internationale comme un spéciaexemple, ces fonds de placement qui répliquent liste en finance durable, c’est parce que nous en les performances d’un indice donné, se sont avons fait, très tôt, un axe stratégique pour montrés particulièrement performants. « La notre place financière. Grâce à la volonté de collecte des ETF ESG a été résiliente au plus tous les acteurs, publics comme privés, nous fort de la crise. Elle atteignait en effet 6,9 mil- sommes devenus une locomotive en la matière, liards d’euros fin mars, alors que le marché et cela passe aussi à travers le développement européen des fonds indiciels dans sa globalité de notre industrie des fonds. Nous sommes enregistrait une décollecte de 10,8 milliards sur convaincus que la finance durable est l’avenir », la même période, ce qui constituait un retour- conclut Philipp von Restorff. nement très brutal, après une collecte record en 2019, et même en ce début d’année », analyse Auteur J. R. 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Interview Sachin Vankalas
« Les facteurs ESG doivent jouer un rôle important dans les décisions d’investissement » Le Luxembourg a fait de la certification des fonds « durables » une de ses expertises reconnues sur le plan international. Le directeur général de l’agence Luxflag, Sachin Vankalas, revient sur l’importance du processus et des critères d’attribution du label ESG.
Quels sont les projets soutenus par les fonds ESG que vous labellisez ? De nombreux investisseurs éprouvent encore des difficultés à bien comprendre la différence entre les investissements d’impact (impact investing) et les investissements ESG. L’impact investing consiste à réaliser des investissements avec l’intention de générer un impact social et/ou environnemental positif 26
Comment les fonds ESG sont-ils certifiés par Luxflag ? Quels sont les critères pris en compte ? Pour qu’un fonds soit labellisé ESG par Luxflag, il faut que 100 % de ses investissements suivent une stratégie ESG. Autrement dit, la totalité du portfolio doit répondre à des critères bien précis, tant en matière environnementale que sociale ou de gouvernance. Les facteurs ESG doivent jouer un rôle important dans les décisions d’investissement. On analyse ainsi comment et dans quels pays les investissements sont réalisés, à travers quels processus et à quelles fins ils sont effectués.
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SACHIN VANKALAS Formation Il détient une maîtrise en banque et finance de la Luxembourg School of Finance et de plusieurs programmes en finance et finance durable de l’Université de Harvard et du NYU Stern. Carrière Il reprend la direction générale de Luxflag en juin 2019, après en avoir dirigé les opérations et processus de développement durable depuis 2011.
Mike Zenari (Archive)
direct et mesurable. Il s’agit donc d’un investissement thématique, dans une activité ou un secteur particulier, dans une entreprise ou un projet concret, qui tente d’apporter une réponse à une problématique environnementale ou sociétale précise. À travers l’impact investing, on peut donc investir dans des sociétés qui sont actives, par exemple, dans la santé, l’éducation, le logement social, ou encore l’économie circulaire. Investir dans l’ESG ne consiste pas à effectuer des placements dans un secteur particulier. Un fonds ESG ouvre la possibilité d’investir dans n’importe quelle activité, à l’exception, bien sûr, des activités exclues par les labels parce que controversées – la pornographie, l’alcool, le tabac, etc. Dans ce cas, c’est le fonctionnement de l’entreprise et ses engagements dans une démarche de transition, et non son activité ou ses services, qui sont analysés pour déterminer sa durabilité.
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ESG. Ces trois lettres font la une de l’actualité sur la place financière. Quelle réalité se cache derrière ce sigle ? Le terme « ESG » fait référence à une série de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, qui sont pris en compte par les fonds tout au long du processus et dans les décisions d’investissement. En investissant dans un fonds ESG, vous êtes donc certain de soutenir des acteurs en transition, des entreprises qui souhaitent agir et se développer de manière plus durable et responsable. Dans la pratique, de nombreux indicateurs sont analysés pour déterminer si un fonds et une entreprise dans laquelle on investit répondent aux critères ESG. L’importance stratégique des enjeux ESG peut fortement varier selon la société considérée et son secteur d’activité. Une société active dans l’exploitation minière sera, par exemple, davantage exposée à des problématiques ESG qu’une entreprise du secteur des services. Mais dans tous les cas, investir ESG, c’est investir dans des entreprises présentant de bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance.
Interview Sachin Vankalas
LUXFLAG, UNE PIONNIÈRE Luxflag, pour « Luxembourg Finance Labelling Agency », est une organisation indépendante et internationale, sans but lucratif, qui a été créée en juillet 2006 sous la forme d’un partenariat publicprivé entre le gouvernement luxembourgeois, l’Alfi, l’ABBL, Luxembourg for Finance, le Luxembourg Stock Exchange, l’European Investment Bank et ADA. Elle promeut la levée de capitaux dans la finance durable, en attribuant un label distinctif aux véhicules d’investissement éligibles. Luxflag propose cinq labels : un label ESG ; un label pour les obligations vertes ; et des labels pour des fonds thématiques actifs dans le financement climatique, l’environnement, ou encore la microfinance (son créneau historique). Le label ESG de Luxflag a, quant à lui, été créé dès 2014, à l’époque où le sujet n’était pas encore sur le devant de la scène internationale. Ce qui a permis au Luxembourg d’occuper à nouveau une position de précurseur.
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Il existe plusieurs organismes de certification de fonds, dans différents pays, qui n’appliquent pas toujours les mêmes critères. En quoi votre agence luxembourgeoise se distingue-t-elle ? L’un des facteurs distinctifs de Luxflag réside dans son caractère international. Celui-ci permet d’étiqueter les fonds, quel que soit leur pays de domicile, de gestion ou de distribution, alors que la plupart des autres agences de labellisation opèrent sur un marché local. Par ailleurs, grâce à sa gouvernance interne, Luxflag fonctionne de manière indépendante et neutre. En déployant des comités d’éligibilité pour les labels, nous garantissons un examen rigoureux des fonds candidats. Les labels Luxflag sont ainsi reconnus pour leurs standards élevés et leur transparence envers les investisseurs. À cet égard, Luxflag a obtenu, en janvier 2020, la certification ISAE 3000 Type II pour son processus d’émission de labels et ses contrôles. Nous sommes la première agence de labellisation en finance durable en Europe à recevoir une telle certification d’assurance externe.
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C’est le nombre de fonds ESG reconnus par Luxflag au 24 juin dernier, sur un total de 204 produits d’investissement labellisés. À eux seuls, les fonds ESG représentent 59,53 milliards d’euros d’actifs sous gestion (sur les 102,2 milliards d’euros d’actifs sous gestion des fonds labellisés par Luxflag). 27 % investissent en Europe, 6,5 % se concentrent sur des investissements en Amérique du Nord, et 5,5 % sur les marchés émergents.
Enfin, avec des opportunités trimestrielles de soumission des candidatures, Luxflag offre un processus de candidature flexible à des coûts compétitifs et transparents. En quoi la labellisation Luxflag peut-elle permettre au Luxembourg de rayonner sur la scène internationale de la finance durable ? À travers ses labels, Luxflag apporte plus de transparence aux investisseurs, quels qu’ils soient, où qu’ils soient. En menant un processus d’évaluation rigoureux, nous garantissons également la qualité de l’investissement durable. Cela contribue à faire du Luxembourg un centre financier d’excellence, reconnu pour sa qualité. En outre, de par son caractère indépendant, neutre et international, le travail de Luxflag est très apprécié. Preuve en est, de plus en plus de produits, issus de juridictions de plus en plus variées, demandent à être labellisés Luxflag. Dans ce contexte, il est clair que la progression de notre activité participe à accroître l’influence et l’importance du Luxembourg sur la carte mondiale de la finance durable. D’autres centres financiers essaient-ils de se distinguer dans ce domaine ? Nous constatons avec satisfaction que l’ensemble des centres financiers comprennent l’importance de la finance durable, ce qui, espérons-le, se traduira par une mobilisation de capitaux privés, afin d’atteindre les objectifs de développement durable et les ambitions énoncées dans l’accord de Paris.
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Les fonds durables constituent-ils un nouveau pilier pour les places financières ? C’est certain. L’ensemble de la finance doit devenir durable. Elle doit, à terme, apporter un impact positif à la fois pour les individus, pour la société et pour la planète sur laquelle nous vivons. Il y a 10 ans, les fonds ESG n’étaient encore qu’un marché de niche. Aujourd’hui, tout gestionnaire d’actifs, tout investisseur de taille raisonnable, prend en compte ces critères ESG. De la même manière, les entreprises doivent désormais considérer les pratiques ESG dans leurs opérations et processus. Nous sommes témoins de cette croissance de la finance durable : alors que nous ne labellisions encore que 34 fonds ESG en 2018, ils étaient 101 en 2019, et 130 à la mi-2020. D’ici la fin du troisième trimestre 2020, nous devrions labelliser 200 fonds ESG.
Quels sont les prochains projets de Luxflag ? La finance durable concerne tous les domaines d’activité. Afin de continuer à la promouvoir et d’offrir encore davantage de transparence aux investisseurs, Luxflag va étendre ses activités en labellisant de nouveaux produits dans trois secteurs : les banques, les assurances et le real estate. Si ces industries sont déjà couvertes par nos labels actuels, elles disposeront à l’avenir de labels spécifiques. Ceux-ci devraient être lancés l’an prochain.
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Auteur J. R.
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Les critères environnementaux englobent tous les aspects de l’activité d’une entreprise qui affectent l’environnement de manière positive ou négative : émissions de gaz à effet de serre, énergies renouvelables, pollution chimique, impact sur la biodiversité, etc. Les problématiques sociales concernent, quant à elles, l’amélioration de la santé et de l’éducation, le respect des droits de l’Homme, la non-discrimination, ou encore l’engagement des parties prenantes. Enfin, les critères de gouvernance ont trait à la qualité de la gestion de l’entreprise, à sa culture, à son profil de risque. Après audit des informations fournies par le fonds de placement candidat, le label ESG est octroyé par le conseil d’administration de Luxflag pour une période d’un an, et peut être renouvelé.
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Interview Julie Becker
« La finance va devenir durable par défaut » En 2016, la Bourse de Luxembourg lançait le Luxembourg Green Exchange (LGX), la première plateforme mondiale de cotation dédiée exclusivement aux obligations vertes. Julie Becker, deputy CEO de la Bourse et fondatrice du LGX, revient sur ces quatre années d’existence et les développements à venir.
JULIE BECKER Formation Étudiante en droit à l’Université de Nancy II, elle a également suivi des cours en droit bancaire et financier de l’Union européenne au sein de l’AEDBF & Leuven CCLE.
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Comment définiriez-vous la « finance durable » ? Sa principale caractéristique est la transparence : la finance durable répond au besoin des investisseurs de comprendre où et à quoi sont alloués leurs fonds. Elle leur permet de choisir dans quels projets ils veulent investir et d’avoir un impact sociétal, au-delà du seul rendement financier. À l’avenir, plus encore qu’aujourd’hui, l’investisseur va vouloir comprendre ce dans quoi il investit réellement, quel que soit l’instrument auquel il s’intéresse. Cela ne veut pas dire qu’il va se dégager pour autant complètement des industries fossiles ou d’autres acteurs de ce type, qu’il faut, au contraire, aider à
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CARRIÈRE Après une carrière bancaire, elle a rejoint la Bourse de Luxembourg en 2013 et y occupe le poste de deputy CEO depuis 2015.
Banque de Luxembourg
termes de financement propre, je pense donc que la crise va contribuer à une demande accrue de transparence. De plus en plus d’obligations vertes et sociales, durables ou de transition verront le jour. La finance va devenir durable par défaut. Même si la démarche n’est pas évidente, car elle induit des contraintes non négligeables et implique des efforts de chacun de nous, je suis convaincue de la nécessité de repenser nos sociétés, en incluant ces enjeux de responsabilité, d’impact environnemental et social, de vision à long terme dans tout ce que nous faisons.
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Quel sera l’impact de la crise sanitaire que nous traversons sur la finance ? Avec cette crise, l’imprévisible s’est réalisé. Des événements qui nous paraissaient tellement improbables se sont matérialisés. Les risques liés au dérèglement climatique étaient appréhendés depuis plusieurs années, et ont d’ailleurs permis une mobilisation mondiale autour de cet enjeu, ainsi que la signature des accords de Paris. La crise sanitaire du Covid-19 a davantage mis en lumière le volet social de la finance durable. On a ainsi vu une très grande affluence des Covid-19 response bonds, ces obligations sociales ou durables qui ont été émises par des gouvernements, des banques de développement, des institutions financières ou encore des entreprises, en réponse à la pandémie de coronavirus, pour en financer les impacts et faire face à ses conséquences sociales et financières. Nous avons été très bien positionnés au niveau du LGX à ce sujet. Plus de la moitié de ces obligations sont en effet affichées sur la plateforme, ce qui a encore augmenté leur visibilité. Aujourd’hui, de plus en plus d’acteurs institutionnels et d’individus se rendent compte que la façon dont ils se comportent peut avoir un impact sur la société, dans son ensemble. Ils manifestent un intérêt grandissant pour des investissements plus responsables. En
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Interview
À cet égard, quels objectifs poursuivezvous au quotidien à travers le LGX ? Notre mission première est de participer au développement du marché, tout en mainte32
nant l’intégrité nécessaire pour conserver la confiance des investisseurs et lutter contre le greenwashing. C’est la raison pour laquelle, lorsque nous avons créé la plateforme, nous avons rendu obligatoires les meilleures pratiques du marché – comme les green bond principles, les social bond principles et les sustainability bond guidelines de l’ICMA –, afin d’assurer la qualité des instruments présents sur la plateforme. Nous avons commencé par afficher les obligations vertes, puis sociales et durables, avec pour but d’augmenter la visibilité de leurs émetteurs, de promouvoir leurs efforts de transparence et de les aider à diversifier la base de leurs investisseurs. Parallèlement, nous voulons offrir la possibilité à tous les investisseurs d’accéder en toute transparence à la documentation et aux données nécessaires à la prise de décision de leurs investissements.
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
L’Association internationale des marchés de capitaux (ou International Capital Market Association – ICMA) encourage tous les émetteurs à recourir à des réviseurs externes. Ceuxci certifient, de façon indépendante, que le cadre dans lequel l’obligation est émise est bien conforme aux standards de marché et assurent toute l’intégrité nécessaire à l’investisseur. Un rapport est émis en amont de l’émission de l’obligation, et un autre peut aussi être émis en aval de celle-ci, par exemple pour certifier la mesure de l’impact d’un projet financé. En effet, chaque année, l’émetteur rend compte de la manière dont il a alloué les fonds levés à travers l’obligation, et communique parfois même au sujet de l’impact environnemental ou social de son projet. Au sein du LGX, nous contrôlons que ce rapport soit bien publié et mis à disposition de l’investisseur pour qu’il puisse juger si, effec-
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entrer en transition. L’investisseur va continuer à les supporter financièrement, spécifiquement pour les inciter à transformer leur business model, pour leur permettre de réaliser cette transition énergétique et écologique. Aujourd’hui, l’investisseur a un besoin accru d’informations sur la manière dont il investit, sur les activités qu’il finance, mais aussi sur le projet global et la stratégie de durabilité de l’émetteur dans lequel il investit, et qu’il soutient ainsi. Notre rôle est d’assurer à l’investisseur toute la transparence nécessaire, de lui permettre d’accéder à des données pertinentes et comparables, pour encourager ces évolutions nécessaires.
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LGX, TROIS LETTRES POUR UN PRÉCURSEUR « Le LGX s’est créé dans la foulée de la signature de l’accord de Paris, en décembre 2015. À travers cet accord, 195 pays du monde se sont engagés à mettre en œuvre un développement économique qui permette de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C pendant le siècle en cours », rappelle Julie Becker, fondatrice du Luxembourg Green Exchange. Un objectif qui passe par le financement de projets, notamment d’infrastructures, avec le recours à la dette obligataire, l’accès au marché des capitaux. « L’idée, en fondant le LGX, était donc d’apporter notre pierre à l’édifice et de permettre, à travers notre plateforme boursière, le financement des projets nécessaires pour atteindre ces objectifs de lutte contre le réchauffement climatique », ajoute Julie Becker. Et dès l’apparition des obligations vertes, la Bourse luxembourgeoise s’est positionnée comme une référence en la matière. « La Bourse de Luxembourg est en effet une bourse de cotation obligataire, et non une place de négociation traditionnelle. Devenir la place de cotation de ces obligations vertes s’est donc fait de manière assez naturelle. »
Julie Becker
tivement, l’émetteur tient ses promesses. Nous retirons d’ailleurs de la plateforme ceux qui ne tiennent pas leurs engagements de transparence, en l’absence de rapport d’allocation d’actifs ou de mesures d’impact, mais nous n’en jugeons jamais le contenu, nous restons neutres. Aujourd’hui, notre objectif est de continuer à répondre aux besoins du marché, d’encourager et d’accompagner cette transition énergétique et sociétale à travers des produits et services adaptés.
connaissances, au service d’une cause commune et planétaire. Comment envisagez-vous de maintenir votre position de leader de la finance durable ? Nous sommes bien conscients que notre part de marché ne peut que diminuer, car le marché de la finance durable, dans sa globalité, est amené à augmenter. Il sera donc très difficile de préserver notre position de leader, surtout en étant seul. C’est pourquoi nous favorisons des accords de coopération et des partenariats avec d’autres bourses. Parallèlement, il est très important pour nous de faire converger les standards et d’éviter une fragmentation du marché. Le manque actuel de langage commun dans le monde de la finance durable génère de l’incertitude, un manque de clarté et une méfiance des investisseurs. Or, c’est l’inverse que nous devons viser. Et les bourses ont aussi un rôle à jouer dans ce contexte. Elles doivent tenter d’harmoniser le marché et éviter de le fragmenter en se différenciant à travers des définitions diverses qui, in fine, rendent les investisseurs confus.
Quelles ont été les grandes évolutions de la plateforme depuis sa création en 2016 ? À son lancement, la plateforme était exclusivement dédiée aux obligations vertes. Forts de notre succès, nous l’avons ouverte un an plus tard aux obligations sociales, ainsi qu’aux obligations durables, qui ont pour but de financer des projets à la fois environnementaux et sociaux. En 2018, nous l’avons étendue à d’autres instruments financiers, dont, notamment, les fonds à politique d’investissement responsable, c’est-à-dire les fonds verts, sociaux et ESG. 2020 marque l’ouverture de la décennie de la transition énergétique et écologique. Pour répondre aux besoins de l’investisseur, Un premier pas dans ce sens consiste de nouveaux instruments thématiques sont en l’apparition d’une taxonomie verte développés, avec, pour vocation, non plus de européenne d’ici 2022… se concentrer uniquement sur la nature des En effet. Cette taxonomie constitue une sorte projets qui sont financés, mais de regarder de dictionnaire commun, une base référenégalement le profil de durabilité de l’émet- tielle sur laquelle s’appuyer pour évaluer les teur, sa stratégie globale, son ambition en activités économiques par rapport aux objecmatière de durabilité. Il est certain qu’en tifs des accords de Paris. Elle va permettre matière de produits d’investissement présen- de fixer un premier catalogue d’activités écotés, notre plateforme va évoluer dans ce sens nomiques durables considérées comme « envidans les mois à venir. ronnementalement conformes », mais elle est Aujourd’hui, le LGX est un vrai succès. encore limitée par rapport au champ qu’elle Même si cela ne représente encore malheu- doit couvrir. Les volets « gouvernance » et reusement qu’une goutte d’eau parmi les « social » de la finance durable, notamment, émissions obligataires mondiales, nous affi- restent délaissés jusqu’à présent. Or, nous chons 800 titres sur la plateforme, pour une avons vu, à travers la crise sanitaire du Covid-19, valeur cumulée de 300 milliards d’euros. que le pilier social a lui aussi toute son importance et qu’il ne peut être dissocié du pilier Vous avez aussi récemment lancé environnemental. Il faut laisser le temps au un nouveau service, l’« école de la bourse temps, développer une approche progressive, verte ». Quelle est sa mission ? car il s’agit d’une matière complexe. Nous sommes très régulièrement sollicités par des acteurs de marché pour partager nos Peut-on déjà parler d’autres projets connaissances, illustrer le type de projets qui à venir ? sont financés sur la plateforme, la manière Notre vocation consiste également à protéger dont certains acteurs procèdent dans certains et à informer l’investisseur, en mettant toute types d’industries. L’un des principaux enjeux la documentation dont il a besoin à sa dispoconsiste en l’accessibilité de cette matière. La sition, en la rendant gratuitement accessible finance durable ne doit absolument pas res- sur la plateforme. À l’avenir, notre ambition ter un club fermé, avec un langage et des est d’aller encore un peu plus loin. Pour un acronymes que personne ne comprend. Nous investisseur, il n’est en effet pas forcément sommes convaincus que la finance durable évident de lire et comprendre ces rapports, commence par la sensibilisation et l’éduca- qui, il faut le reconnaître, sont bien souvent tion des différents acteurs de marché, de toute relativement lourds. Pour faciliter cette démarche, la chaîne d’investissement. À travers la LGX nous avons travaillé ces derniers mois au lanAcademy, nous souhaitons donc partager nos cement d’un projet d’extraction de données
de cette documentation afin de la mettre à disposition des investisseurs, à travers un data hub centralisé, lancé ce 15 septembre. En quoi consiste ce data hub ? Le LGX Data Hub constitue une base centralisée de données – et non plus de documents – structurées, pertinentes et comparables. Cette dernière doit permettre à l’investisseur de mieux appréhender les données et de trouver celles dont il a besoin. Elle doit aussi servir aux asset managers dans la construction de nouveaux produits durables, par exemple des fonds de dette obligataire, ainsi que dans la réalisation de leurs obligations de reporting réglementaire. Dans un premier temps, le LGX Data Hub fournira des données détaillées sur toutes les obligations vertes, sociales et durables affichées sur la plateforme, soit plus de 750 instruments obligataires. Cependant, notre objectif à l’avenir est de pouvoir couvrir l’intégralité des obligations vertes, sociales et durables cotées dans le monde. Ainsi, les investisseurs responsables et les asset managers seront en mesure de trouver et comparer toutes les données nécessaires dans un seul et même endroit, et de satisfaire leur besoin de reporting et de disclosure. En permettant à l’investisseur de comprendre et de comparer l’impact de différentes opportunités d’investissement, en l’aidant à prendre des décisions plus éclairées, le lancement de ce nouveau service doit encore contribuer à accompagner le développement de la finance durable. Existe-t-il encore d’autres freins au développement de la finance durable ? Au-delà de l’éducation, l’un de nos principaux défis consiste à s’attaquer au mythe de la performance financière. Certains investisseurs pensent aujourd’hui encore que placer son argent dans un produit présentant un impact sociétal et/ou environnemental positif signifie automatiquement obtenir un moindre retour sur investissement. Or, différentes études, telles que celle réalisée récemment par Morningstar, démontrent très clairement que les fonds durables affichent, sur le long terme, une meilleure performance financière que les fonds traditionnels. De même, les obligations vertes se sont révélées beaucoup plus résistantes et stables en 2020, dans un contexte de très grande volatilité des marchés. Ceux qui considèrent qu’ils doivent faire un choix entre impact positif sur la société et rendement financier se trompent. Il est tout à fait possible de combiner les deux et de générer un double impact. Plus que jamais, il est donc essentiel de continuer à sensibiliser et informer tout un chacun au sujet de la finance durable. Auteur J. R.
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Interview
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FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
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SHAPING FINANCE Luxembourg for Finance vient de lancer une série de podcasts. Des conversations entre le CEO et des dirigeants du secteur financier à retrouver sur paperjam.lu.
Jan Hanrion
« Notre succès est l’aboutissement d’un long travail »
Nicolas Mackel
Deuxième Place au monde derrière les États-Unis pour les fonds d’investissement, le Luxembourg peut se féliciter du chemin accompli depuis quatre décennies. Selon Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, cette industrie devra toutefois relever de nombreux défis au cours des prochains mois.
Quel rôle a joué l’État dans la success story luxembourgeoise dans les fonds d’investissement ? Les 4.500 milliards d’euros d’actifs sous gestion que nous nous targuons aujourd’hui d’avoir constituent l’aboutissement de très nombreuses démarches entreprises au fil des années. Celles-ci sont notamment le fait de l’État luxembourgeois. Ce dont dispose aujourd’hui le Grand-Duché, c’est un écosystème complet dédié à l’industrie des fonds d’investissement cross-border. Nous pouvons compter sur les différents éléments nécessaires pour assurer cette activité dans les règles de l’art : un cadre réglementaire adapté, un organe de supervision – la CSSF – qui a continuellement grandi au fil des années pour atteindre un haut niveau de professionnalisme et d’expertise, ainsi qu’une série d’activités connexes qui servent l’industrie. Ce n’est pas un hasard si, après l’officialisation du Brexit en 2016, le Luxembourg est devenu une destination évidente pour les gestionnaires d’actifs installés au Royaume-Uni. Et le développement de cet écosystème se poursuit, notamment en instaurant de nouveaux outils comme, dernièrement, le Raif – reserved alternative investment fund. Comment continuer à se démarquer par rapport à d’autres Places concurrentes ? C’est sans conteste notre capacité à gérer les investissements par-delà les frontières qui constitue notre marque de fabrique – une expertise multijuridictionnelle qui est certainement le principal élément expliquant le succès de l’industrie des fonds au Luxembourg. Grâce à elle, nous nous sommes fait une place au sein de ce secteur, au niveau européen. Et cette expertise s’applique tant aux fonds d’investissement qu’à la gestion de patrimoine ou aux assurances. Si une institution française souhaite investir sur le marché français, elle n’a pas besoin de nous. Il en va de même pour un acteur allemand sur son propre marché intérieur. Par contre, si l’une ou l’autre de ces institutions souhaite investir en Suède, en Italie ou ailleurs en Europe, elle fera à coup sûr appel à des acteurs implantés au Luxembourg, et ceci pour une raison simple : nous avons ici toute l’expertise nécessaire pour gérer ces investissements. Quelle est l’ambition pour les prochaines années ? Je ne vous surprendrai certainement pas en vous disant que notre principal axe de développement pour les prochaines années sera l’investissement durable. Et par là, je ne parle pas seulement d’investissements dans l’envi-
BIO EXPRESS Nicolas Mackel est né le 1er juillet 1970 à Luxembourg. Ambassadeur Il est le CEO de Luxembourg for Finance depuis 2013. Un rôle de véritable ambassadeur du principal secteur économique du pays. Diplomate Avant de diriger LFF, Nicolas Mackel était diplomate de carrière. Il a rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1999 pour occuper différents postes à Bruxelles, à Washington et en dernier lieu à Shanghai.
ronnement, mais aussi de structures qui financent des projets à finalité sociale, par exemple. L’investissement à long terme, notamment dans les fonds de pension ou les fonds d’infrastructure, constitue un autre axe de développement important. Pour le reste, nous devons composer avec la grande incertitude, qui résulte notamment de la crise que nous traversons depuis plusieurs mois. Or, l’incertitude n’est jamais bonne pour le business. Nous allons devoir attendre que les perturbations causées par le Covid-19 s’effacent avant de savoir quels sont les marchés à explorer en priorité, et quelles sont les institutions qui seraient prêtes à faire du Luxembourg un hub pour leurs investissements. Nous nous trouvons aussi dans un contexte de frictions entre la Chine et les États-Unis, deux marchés très importants pour nous. Cela n’est pas non plus très positif. Comme le dit le proverbe africain, « quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe à leurs pieds qui en pâtit ». Suite à la crise du Covid-19, on a d’ailleurs constaté, au cours des premiers mois de l’année, une baisse du volume total des actifs sous gestion à Luxembourg. Selon les derniers chiffres, le montant des actifs sous gestion est toutefois reparti à la hausse. Plus de peur que de mal ? Nous avons déjà été rassurés par les chiffres du mois de mars, celui qui pouvait potentiellement être le plus difficile à vivre pour l’industrie, puisque nous étions en pleine panique de début de crise. Or, ces chiffres faisaient état d’une baisse moins dramatique qu’escompté (voir page 12) et en rien compatible avec les variations boursières. Surtout, les retraits de fonds, c’est-à-dire les personnes qui ont retiré leur argent du marché luxembourgeois, ne sont que de l’ordre de 3 %. Ce chiffre aurait été considéré comme catastrophique durant une période normale, mais vu l’ampleur de la pandémie et de ses conséquences sur l’économie mondiale, cela reste correct. Il faut se féliciter du fait que notre système ait été suffisamment solide pour faire face à la crise. Qu’est-ce qui explique cette bonne résistance de l’industrie des fonds ? Cela est lié tant aux dispositions réglementaires prises après la dernière crise économique qu’à l’important soutien apporté par les États membres de l’Union européenne et les différentes banques centrales. On a tendance à se focaliser sur les désaccords de l’Eurogroupe, mais il ne faut pas oublier les bonnes décisions qui ont été prises. OCTOBRE 2020 FONDS D’INVESTISSEMENT
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Interview Nicolas Mackel
L’accord sur un recovery fund de 2.700 milliards d’euros, intervenu à la fin du mois de juillet, en fait incontestablement partie. Allons-nous vers une sortie de crise d’un point de vue économique ? Il faut rester extrêmement prudent. J’ai lu dans la presse dernièrement que Wall Street avait effacé l’entièreté des pertes subies durant la crise du Covid-19. Mais on ne parle ici que de la bourse. Or, l’économie repose sur bien d’autres aspects. Quand je vois qu’on parle d’une récession de 10 % dans de grandes économies solides comme celle de l’Allemagne – et même de 20 % dans certains autres pays – ou quand j’entends que 40 millions de chômeurs vont être comptabilisés aux États-Unis, je ne peux que penser que cette situation aura aussi des conséquences sur les marchés financiers. Il faudra vraiment attendre de voir comment l’économie reprend, s’il y a une deuxième vague ou non, avant de tirer des conclusions. L’activité de Luxembourg for Finance a-t-elle été perturbée durant la crise ? Comment avez-vous procédé pour assurer vos missions qui, pour partie, se déroulent à l’étranger ? Il est clair que les voyages d’affaires ne sont pour l’instant plus à l’ordre du jour. Mon dernier voyage professionnel à l’étranger remonte au mois de mars. Pendant la crise, nous avons développé d’autres moyens pour faire connaître la place financière luxembourgeoise, notamment au niveau digital. Nous avons concocté un programme de promotion qui sera dévoilé très prochainement. Pour le reste, j’ai, comme beaucoup de gens, utilisé la vidéoconférence pour maintenir le contact avec mes relations à travers le monde. Mais, s’il est éminemment pratique au vu des circonstances, ce canal ne permet que très difficilement de créer de nouvelles relations. Pour faire grandir une industrie, il faut aussi pouvoir saisir les opportunités qui se présentent. Le Brexit en fait définitivement partie. Jusqu’ici, c’est l’Irlande qui en a le plus profité en devenant le nouveau domicile d’un nombre important d’institutions financières britanniques. Pourquoi ? Le Luxembourg a également tiré son épingle du jeu suite au Brexit, mais il est vrai que l’Irlande est le premier pays en termes d’institutions « récupérées » aux Britanniques. C’est assez simple à expliquer. Il faut savoir que la plupart
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des institutions financières installées dans la City étaient soit britanniques, soit américaines. Elles utilisaient Londres comme un hub pour atteindre le marché européen. En ralliant Dublin, elles retrouvent un pays qui présente une grande proximité culturelle et linguistique. En matière logistique aussi, l’Irlande a ses avantages : 63 vols relient Londres à Dublin chaque jour. Pour un Américain, il est possible de prendre un vol de Boston à Dublin le matin, et d’être de retour le soir même. Et n’oublions pas que le taux d’imposition n’y est aussi que de 12,5 %, soit deux fois moindre que chez nous. L’Irlande, aux yeux de ces structures, présentait donc de nombreux avantages. Ceci étant dit, le Luxembourg en offre d’autres. Quand une institution souhaite se rapprocher de l’Europe, elle ne le fait pas vraiment en se dirigeant plus vers l’Atlantique, en Irlande. Au Luxembourg, nous sommes situés en plein centre de l’Europe. En outre, la stabilité fiscale et économique du Grand-Duché est incomparablement meilleure que celle de l’Irlande. Comment s’organise le processus de sélection d’un nouveau domicile pour ces acteurs ? Les sociétés comparent les avantages de l’un et l’autre pays et font leur choix. Parfois, le Luxembourg gagne, parfois, c’est l’Irlande ou un autre pays. Plus de 50 critères peuvent être pris en compte pour départager les pays ou les villes, et cela va jusqu’à la présence d’écoles internationales sur place. Ce qui est sûr, c’est que plus aucune institution présente à Londres n’est dans l’incertitude par rapport à son futur domicile. Par contre, on peut encore envisager d’attirer des structures qui pensaient s’installer à Londres avant le Brexit, mais qui doivent adapter leurs plans. Le travail que nous menons pour parvenir à séduire ces acteurs est partagé avec d’autres organisations comme l’Alfi, qui fait un travail remarquable pour ouvrir de nouveaux marchés aux Ucits luxembourgeois. Les États-Unis sont loin devant le Luxembourg au classement des principales places financières en termes de volume d’actifs. Pensez-vous qu’il soit possible de les rejoindre ou de les dépasser un jour ? Je ne souhaite pas baser notre éventuel succès sur des scénarios catastrophes, comme des conséquences économiques plus importantes encore d’une pandémie. Si les États-Unis devaient connaître une catastrophe économique, l’Europe n’en serait probablement pas épargnée. Mais on peut concevoir des scénarios où l’Europe dépasse positivement les États-Unis, notamment avec les investissements durables. En attendant, il faut reconnaître que les États-Unis sont particulièrement bien installés, et ce pour de bonnes raisons. Le pays compte par exemple un fonds d’investissement dans lequel la grande majorité des Américains investit en prévision de leur retraite, le plan 401k. Un tel instrument permet évidemment de gonfler considérablement le volume d’actifs sous gestion dans le pays. S’il existait à l’échelle européenne, nous pourrions peut-être commencer à rivaliser.
Auteur J.R.
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Interview
« Le Luxembourg est avant tout vecteur de croissance » State Street veille sur quelque 1.000 milliards d’actifs au départ de structures luxembourgeoises, ce qui en fait le leader dans l’asset servicing. Eduardo Gramuglia Pallavicino, qui a accédé à la fonction de country head de State Street à Luxembourg en novembre 2019, évoque les clés de cette réussite et les défis à relever pour l’avenir.
State Street administre plus de 1.000 milliards d’actifs de dollars, soit près d’un quart des actifs domiciliés au Luxembourg. Quels sont les éléments qui, localement, ont contribué à ce succès ? Nous fêtons nos 30 années de présence au Luxembourg. Notre croissance est intrinsèquement liée à notre engagement fort, sur le long terme, au niveau de la place financière. Au fil de ces années, le Luxembourg est devenu l’un des principaux centres pour les fonds d’investissement en Europe et même au monde. Nous avons à la fois accompagné et bénéficié de ce développement. Si State Street a grandi avec l’industrie des fonds, vous êtes aussi parvenus à vous démarquer d’autres acteurs… Nous avons aussi nos propres réussites puisque notre croissance moyenne a été supérieure à celle du marché. Ce succès s’établit sur plusieurs facteurs. D’abord, il y a les relations que nous entretenons avec nos clients, des détenteurs d’actifs et des asset managers dont l’empreinte est globale et qui ont fait du Luxembourg un domicile privilégié pour leurs véhicules. Nous les accompagnons dans la réalisation de leurs ambitions au départ du Luxembourg, mais aussi à travers l’ensemble de la planète, sur le long terme. Au fil de notre histoire, nous avons su construire des partenariats solides avec des clients qui sont devenus des références dans leur domaine. Nous grandissons avant tout avec eux. Ensuite, nous avons procédé à des opérations de fusion et d’acquisition, comme la reprise de l’activité de fund services d’Intesa Sanpaolo il y a une dizaine d’années. La croissance a aussi été soutenue par l’externalisation de certaines opérations d’asset servicing de grands acteurs, comme Goldman Sachs, auprès de nos équipes. Enfin, le développement de nos activités s’envisage à l’échelle de la planète, avec la volonté de diversifier notre clientèle au-delà des 38
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BIO Formation Eduardo Gramuglia Pallavicino est diplômé en sciences politiques de l’université La Sapienza à Rome. Il parle espagnol, italien, français et anglais. State Street Il est senior vice president et country head de State Street Luxembourg. 20 ans d’expérience Auparavant, Eduardo a occupé plusieurs postes de direction chez ABN Amro Mellon et Brown Brothers Harriman à Luxembourg. Mandats Il est membre du conseil d’administration de l’Alfi et de la Lhoft.
États-Unis et de l’Europe, et en développant des expertises et des services autour de produits au fort potentiel. Vous avez repris la direction de l’entité luxembourgeoise en novembre dernier. Quels sont les objectifs qui vous ont été confiés ? Quelles sont vos ambitions ? La volonté est de continuer à grandir. Nous allons naturellement poursuivre nos efforts, en allant à la rencontre de nouveaux clients, en cherchant à établir de nouveaux partenariats. Nous continuons à convaincre des asset managers de profiter des avantages d’un centre comme le Luxembourg pour domicilier leurs véhicules. Au-delà, l’ambition aussi est de se concentrer sur les enjeux de transformation, dans la manière dont nous servons les clients, en accompagnant l’équipe pour lui permettre de rester engagée et prête à relever de nouveaux défis. Cette transformation intègre aussi l’évolution des produits et des services, avec la volonté d’être en mesure de répondre aux évolutions à venir. Une meilleure intégration de la technologie au niveau de notre bureau luxembourgeois, pour fluidifier les processus ou encore éliminer le papier, doit nous permettre d’envisager l’avenir plus sereinement et de mieux absorber la croissance. En termes de services, comment a évolué l’activité de State Street au Luxembourg ces dernières années ? À l’échelle globale, nous menons d’autres activités, comme de l’asset management ou des offres liées à l’analyse de données financières. Si l’on regarde le Luxembourg plus spécifiquement, notre activité se concentre essentiellement sur l’asset servicing. Dans ce contexte, l’évolution la plus marquante de ces dernières années a trait au développement du segment alternatif. Du côté des fonds traditionnels, on a surtout assisté au développement des ETF. Le Luxembourg est avant tout un domicile de distribution.
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Jan Hanrion
Eduardo Gramuglia Pallavicino
Pour le patron de State Street au Luxembourg, le cap reste mis sur la croissance.
Interview
« Les fonds alternatifs, qui n’étaient encore que des produits de niche il y a quelques années, deviennent désormais mainstream. » Les évolutions relatives aux fonctions d’agents de transfert, de distribution, etc. ont essentiellement résidé dans l’intégration des possibilités offertes par la technologie pour gagner en efficience. Par contre, les fonds alternatifs, qui n’étaient encore que des produits de niche il y a quelques années, deviennent désormais mainstream. Pour maintenir leurs relations avec les investisseurs, nos clients ont dû adapter leurs offres, en tenant compte de cette tendance, et proposer de nouveaux produits. Au niveau de State Street, cette évolution majeure de la demande a été bien accompagnée et s’est traduite par l’adaptation de nos systèmes, l’acquisition d’une nouvelle expertise et l’évolution de nos modèles de services. Qui sont vos clients et comment leurs attentes évoluent-elles ? Notre clientèle est institutionnelle. Globalement, elle est segmentée entre les asset owners, les asset managers, les alternative asset managers, les compagnies d’assurances et les institutions officielles. Au Luxembourg, elle est composée essentiellement d’asset managers développant des activités tant sur le segment des fonds traditionnels que sur celui des alternatifs. Avec le Brexit, on a aussi vu arriver plusieurs compagnies d’assurances sur le marché. Les attentes des clients évoluent, en raison notamment d’une plus grande pression sur les marges. Cette tendance nous oblige à chercher des économies d’échelle et à garantir une maîtrise accrue des coûts, notamment grâce à un meilleur usage de la technologie. Par ailleurs, les clients attendent de nous que nous les soutenions dans la mise en œuvre et le déploiement rapide de nouveaux produits sur le marché, comme des fonds alternatifs ou encore le Raif, propre au Luxembourg. Que représente le Luxembourg à l’échelle de votre groupe ? En quoi la place financière luxembourgeoise est-elle importante pour State Street ? Pour notre groupe, le Luxembourg est avant tout vecteur de croissance. C’est un domicile dont le potentiel de développement reste parmi les plus importants au monde. Considérant le poids de l’industrie des fonds luxembourgeoise à l’échelle du marché européen et même mondial, il est fondamental d’y développer notre présence. Nous devons être en mesure de soutenir nos clients, aussi bien ceux qui y sont déjà présents que ceux qui veulent s’y établir. 40
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Quelles sont les grandes tendances qui, à vos yeux, font bouger le marché ? Et, au regard de celles-ci, comment l’activité est-elle appelée à évoluer dans les années à venir ? L’évolution de la réglementation est un vecteur de changement important à l’échelle du marché. Elle nous a beaucoup occupés ces dernières années, avant que le Covid ne joue les éléments perturbateurs, et sera encore au cœur de nos préoccupations dans les années à venir. Il est essentiel de garder un œil sur les évolutions à venir, afin de pouvoir nous adapter aux nouvelles réglementations attendues. Si l’on se place du point de vue du client, par ailleurs, le suivi des projets réglementaires nous permet d’être à ses côtés et de l’aider à s’adapter et à saisir les opportunités liées, par exemple, à la mise en œuvre d’un nouveau véhicule. Au-delà de la régulation, avez-vous identifié d’autres tendances majeures ? La fintech, dans son approche la plus large, constitue aussi un vecteur majeur de changement. Autour de la distributed ledger technology, qui supporte notamment le bitcoin, beaucoup de nouvelles applications sont envisagées dans les domaines de la cryptocurrency ou de la tokenisation. La technologie doit aussi permettre de se rapprocher du client, de communiquer plus efficacement avec lui. Beaucoup d’évolutions sont attendues dans ce domaine. Comment appréhendez-vous les futurs chantiers liés au développement des fonds ESG ? La demande pour de tels produits va continuer à progresser dans les années à venir. Et la régulation, visant à amener plus de transparence en la matière, va se renforcer. Dans cette perspective, notre rôle sera notamment d’aider nos clients à se maintenir en conformité avec la régulation inhérente à ces produits. L’industrie luxembourgeoise a une réelle carte à jouer à ce niveau, même si d’importants chantiers pour harmoniser les pratiques et les exigences doivent encore être menés. Il faut éviter que la dynamique ne soit compromise par de mauvaises pratiques. Le greenwashing est la principale menace en la matière. Nous devons nous assurer que l’investisseur soit en mesure de comprendre dans quoi il place son argent et que les investissements effectués correspondent bien à ses préférences et attentes. Par ailleurs, plus que d’être en mesure de comprendre les enjeux en matière d’investissement responsable et durable, je pense que nous devons intégrer ces critères ESG à l’échelle de notre organisation. Au début de cet entretien, vous m’avez demandé quelles étaient mes ambitions en tant que responsable de l’entité luxembourgeoise de State Street. Il est évident que le développement durable fait partie des priorités poursuivies. Il est au cœur de nos réflexions relatives à l’évolution de nos activités, à l’usage des technologies pour un bureau sans papier, par exemple, et à la manière dont nous occupons l’espace. Le développement durable fait partie de notre ADN. Cela fait beaucoup de chantiers à mener de front. Comment appréhendez-vous tous ces défis ? Ce n’est pas toujours facile. Nous avons des équipes dédiées à chacun d’eux. Par exemple, à l’échelle globale, l’équipe « produits et innovation » détermine les initiatives à mener selon une approche top-down, afin de s’assurer que l’ensemble du groupe continue à évoluer et appréhende le changement comme il se doit. Par ailleurs,
Eduardo Gramuglia Pallavicino
localement, les équipes prennent aussi des initiatives propres. Elles peuvent partager des idées au niveau du groupe, pour soutenir notre développement global, tout comme elles s’attachent à des chantiers directement liés au Luxembourg en tant que domicile. Les changements que vous évoquez, liés à la régulation ou encore à la fintech, ne concernent pas uniquement State Street, mais tous les acteurs de la place financière. Comment l’industrie des fonds, dans son ensemble, appréhende-t-elle ces défis ? Notre croissance est liée à la prospérité de l’industrie des fonds luxembourgeoise. Je fais partie du board of directors de l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement) et de celui de la Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft). Les acteurs de la Place, mais aussi les membres du gouvernement, nourrissent de fortes ambitions pour le développement futur de l’industrie. Ils partagent la même volonté de s’assurer que le Luxembourg soit en capacité de s’adapter en permanence aux évolutions. En contribuant à améliorer le cadre légal et en mettant en place des infrastructures adaptées, au regard notamment des tendances que nous avons évoquées, cet écosystème contribue à maintenir le Luxembourg en bonne position. Évidemment, on peut toujours faire mieux et il arrive que l’on fasse des erreurs. Mais l’histoire démontre que le Luxembourg est le plus souvent parvenu à saisir les opportunités au bon moment, avec beaucoup de pragmatisme. L’adoption d’Ucits, au fondement de l’industrie des fonds luxembourgeoise, la transposition d’AIFMD il y a quelques années, ou encore les initiatives soutenant les investissements durables démontrent l’importance de l’industrie des fonds pour le pays et l’engagement de tous à la faire prospérer. Quels sont les principaux challenges qui vous attendent dans les mois à venir ? Par la force des choses, les challenges qui vont temporairement nous occuper ont trait à la gestion de la crise sanitaire et des répercussions économiques qu’elle aura, ainsi qu’aux implications liées au Brexit. Ce sont des événements perturbateurs, qu’il faut pouvoir gérer et qui sont de nature à retarder la réalisation d’autres objectifs fixés par la Commission européenne. Au-delà, autour de la fintech, la mise en œuvre des technologies au service de nouvelles façons d’échanger ou de lever des actifs mobilise notre attention. La volonté est d’être en mesure de saisir les opportunités qui se présenteront au-delà de la crise. Justement, comment la crise du Covid-19 a-t-elle impacté vos activités ? Le premier enjeu a été de garantir la sécurité de nos équipes tout en maintenant les opérations, sans interruption de service. Nous avons tous été agréablement surpris de la manière dont nos équipes, mais aussi l’ensemble des acteurs de l’industrie, sont parvenues à s’adapter à cette nouvelle situation. Aujourd’hui, alors que le virus continue de circuler, nous devons créer et maintenir un environnement dans lequel on peut, autant que possible, assurer un service de qualité. On peut cependant affirmer que l’on ne reviendra jamais à une situation d’avant-crise. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Le contexte nous offre une opportunité d’évoluer, en apportant plus de flexibilité aux équipes, en garantissant un meilleur Retrouvez la version in extenso sur paperjam.lu
TRIPLE MAILLOT JAUNE La publication de la 26e étude annuelle du consultant britannique Monterey Insight sur l’industrie des fonds luxembourgeoise confirme la domination de State Street et JP Morgan dans les services aux fonds. L’étude basée sur les chiffres 2019 place en effet State Street en tant que leader dans trois secteurs : l’administration de fonds, la banque dépositaire et le métier d’agent de transfert.
équilibre entre vie professionnelle et aspirations personnelles, en transformant nos processus, en adoptant de nouveaux canaux de communication. Nous devons tirer des leçons de cette crise et prendre des mesures qui nous permettent d’aller de l’avant. Et du point de vue de vos clients, quels ont été les impacts de la crise ? Comme nous, ils ont dû s’adapter. On peut souligner que la situation a facilité l’adoption à large échelle de technologies facilitant les échanges, comme la visioconférence ou l’usage du cloud. La crise a aussi généré de fortes incertitudes, avec lesquelles il a fallu composer. Dans cette période inédite, le fait de travailler à la maison, combiné à une forte volatilité des marchés, a entraîné une charge de travail accrue pour nos équipes, avec notamment une hausse des exceptions à gérer. En travaillant avec le client, en confiance et en toute transparence, nous avons pu mener à bien nos missions, avec pragmatisme, en cherchant à satisfaire chacun. En étant conscients que de grands chantiers nous attendent, on peut tirer beaucoup de valeur de l’expérience vécue. Nous avons, en tout cas, pu démontrer une forte capacité de résilience, principalement liée à la mobilisation des collaborateurs engagés, pour surmonter des défis inédits. State Street a apporté un soutien fort aux initiatives fintech développées au Luxembourg, comme la Lhoft ou les Fintech Awards. En quoi est-ce important à vos yeux d’investir dans la technologie ? En matière de fintech, la vision du Luxembourg est porteuse d’opportunités. La création de la Lhoft, dont State Street est un soutien de la première heure, est une excellente initiative. Si l’on considère la place financière dans son ensemble, les engagements pris en la matière sont de nature à attirer de nouveaux acteurs et des talents au Luxembourg. Ensemble, en consolidant de nouvelles expertises, ils pourront servir la place financière durablement, à l’image de ce que l’industrie des fonds est parvenue à accomplir ces 30 dernières années. En tant qu’acteurs de l’industrie des fonds, nous allons nousmêmes en bénéficier, en mettant en place des partenariats avec des acteurs de la fintech, pour servir nos clients, pour nous adapter en nous appuyant sur la technologie, mais aussi pour soutenir l’émergence de nouveaux acteurs technologiques. En la matière, le Luxembourg se positionne une nouvelle fois à l’avant-garde. Si, de l’extérieur, beaucoup considèrent le Luxembourg uniquement comme un domicile pour les fonds d’investissement, on peut affirmer que c’est bien plus que cela. La place financière est bien diversifiée, avec le développement de nombreuses autres activités, en ce compris la fintech, présentant chacune un réel potentiel de croissance.
Auteur S.L.
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Diversification
Les fonds alternatifs gardent le vent en poupe Depuis quelques années, les fonds alternatifs connaissent une croissance très forte au point de constituer un puissant relais pour l’industrie des fonds. Mais comment expliquer ce succès grandissant ?
La place financière luxembourgeoise doit en grande partie sa renommée internationale aux fonds Ucits, créés il y a 30 ans via la transposition de la première directive européenne (voir p. 8). Si la Place a su capitaliser sur ce véhicule depuis tant d’années, force est de constater que ce sont d’autres formes d’investissement qui, à l’heure actuelle, permettent à l’industrie de se développer : les fonds alternatifs. Depuis l’adoption de la réglementation européenne AIFMD, en 2013, la percée des fonds alternatifs n’a, en effet, jamais cessé de se confirmer, pour augmenter de près de 70 % en Europe. Au Luxembourg, ils représentaient, fin 2019, 17 % du total des actifs sous gestion. Selon l’Alfi (l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement), cette proportion devrait même plus que doubler d’ici 2024. Consciente de cette croissance, l’association sectorielle a d’ailleurs décidé, malgré la crise, de maintenir ses objectifs pour les cinq ans à venir en matière d’investissements alternatifs. Elle tentera notamment d’élargir l’accès à ces investissements, mais elle cherchera aussi à renforcer sa réputation en tant que centre important, principalement dans les domaines du private equity et de l’immobilier. Mais cet engouement pour l’alternatif traduit le désir des investisseurs, principalement institutionnels, de posséder des actifs décorrélés des marchés traditionnels, car ces fonds permettent, en outre, de diversifier le portefeuille d’investissements, et de trouver ainsi une parade aux taux d’intérêt proches de zéro, voire nuls. De plus, le caractère moins liquide de ces actifs permet de protéger les investisseurs durant les périodes de forte volatilité observées sur le marché.
FULL AIFMD COMPLIANCE Source
FULL AIFMD REGIME 17%
LIGHT AIFMD REGIME 83%
NOMBRE D’AIF PAR RÉGIME RÉGLEMENTAIRE LUXEMBOURGEOIS Source
PART II 1%
Deloitte
RAIF SIF 7% RAIF SICAR 7%
SICAR 14%
La crise, un bon test Les fonds de private equity et les fonds immobiliers offrent en effet un investissement diversifié, plus dynamique en termes de performance. Si l’on en croit les études menées par l’Alfi et les cabinets Deloitte et KPMG publiées en fin d’année 2019, la taille moyenne des fonds de private equity domiciliés au Luxembourg a augmenté de 50 % depuis 2018. Les actifs 42
sous gestion des fonds de dette privée ont également connu une croissance de 40 % en deux ans. Reste à voir si cette tendance perdurera sur le long terme. Pour cela, ces fonds alternatifs devront prouver leur résilience. Stratégiquement, les fonds de private equity, les fonds immobiliers ou encore les hedge funds constituent des investissements portant sur du long terme. L’anticipation de crises comme celle du Covid-19 fait donc partie du processus d’investissement. La pandémie qui a frappé le monde en 2020 et la période d’incertitude qui a suivi devraient donc permettre de réellement tester la robustesse de ces marchés alternatifs.
Deloitte
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
UNREGULATED 37% SIF 34%
TEMPS D’INVESTISSEMENT DES FONDS EN PRIVATE EQUITY Source
Plus de 5 ans Entre 4 et 5 ans Entre 2 et 4 ans Jusqu’à 2 ans
CSSF et Deloitte
Les atouts du Luxembourg Si le pays est aujourd’hui une Place européenne forte du marché alternatif, c’est notamment parce qu’il offre un écosystème d’experts fourni, une note AAA (confirmée par DBRS Morningstar, Fitch et Standard & Poor’s en septembre 2020), symbole d’une réelle stabilité politique, économique et sociale, des infrastructures modernes, ou encore un climat pro-business. Cet équilibre maintenu dans le temps est en effet une aubaine pour ces investissements à long terme, et pour attirer toujours plus d’acteurs qui y gagnent un intérêt, le Luxembourg peut compter sur plusieurs outils, dont le Raif (Reserved Alternative Investment Fund). Cette structure a permis, notamment, de capter de nombreux gestionnaires alternatifs britanniques depuis l’annonce du Brexit. De plus en plus de sociétés ne considèrent en effet plus le Luxembourg uniquement comme un centre administratif pour leurs affaires, mais comme un hub donnant accès à une expertise internationale.
57% 9% 13% 21%
Auteur A. B.
BRAND VOICE
Asset management
« Internaliser une partie de sa gestion devient stratégique » Contenu sponsorisé par CA INDOSUEZ WEALTH (ASSET MANAGEMENT)
Les sociétés de gestion luxembourgeoises sont principalement organisées selon un modèle de délégation de gestion qui peut être soit adossé au réseau bancaire auquel elles appartiennent, soit confié à un tiers.
Depuis plusieurs années, le secteur de l’asset management est soumis à une pression réglementaire croissante. En parallèle, malgré la forte hausse des actifs sous gestion, les marges opérationnelles diminuent. En effet, la vive concurrence du secteur oblige les sociétés de gestion à ajuster leurs commissions. Dans ce contexte, la transformation du métier de l’asset management n’est plus une option, mais une obligation. L’une des réponses à cet environnement contraint réside aujourd’hui dans une réorganisation structurelle via la réinternalisation de certaines expertises liées
« La transformation du métier de l’asset management n’est plus une option, mais une obligation. »
à la gestion des fonds, externalisées par le passé. En effet, plusieurs asset managers avaient bâti leur modèle en déléguant certaines fonctions, principalement attachées à la gestion et à l’administration, à des structures extérieures au sein ou en dehors de leur groupe. Un nouveau modèle Depuis sa création en 2014, CA Indosuez Wealth (Asset Management), société de gestion luxembourgeoise du groupe Indosuez Wealth Management, a connu une croissance très forte et rapide, passant de 6 à 33 collaborateurs et de 0 à plus de 7 milliards d’euros d’encours sous gestion au 30/06/2020. Cette dynamique traduit le choix stratégique de placer la gestion d’actifs, via des fonds luxembourgeois, au cœur de l’offre proposée par Indosuez à ses clients. Par ailleurs, nous avons choisi de faire évoluer notre modèle pour le rendre plus efficace et plus performant. En complément des services d’asset servicing et de gouver-
nance que nous offrons depuis la création de la société de gestion, nous avons décidé d’internaliser en partie la gestion d’actifs, devenue l’une de nos principales valeurs ajoutées, voire un avantage concurrentiel.
notre offre de finance verte et de la promouvoir auprès de nos clients. Une expérience positive Après quelques mois, nous constatons d’ores et déjà les effets positifs de ce nouveau modèle, au bénéfice de nos clients. Le développement de synergies entre les équipes de gestion et les autres métiers grâce à une proximité renforcée permet de conjuguer réactivité et efficacité.
Une nouvelle dynamique Dans ce contexte, CA Indosuez Wealth (Asset Management) a initié depuis le 1er janvier 2020 un plan de transformation majeur marquant ainsi une nouvelle dynamique dans son histoire. Nous avons repositionné toute notre expertise mondiale en gestion Actions au sein d’une équipe de spécialistes et d’experts répartis par zones géographiques. Nous avons par ailleurs renforcé nos équipes de gestion en private equity aux fins d’accroître notre expertise et d’élargir plus encore notre compétence sur le périmètre private markets et alternatif.
2020 un plan de transformation majeur
Une accélération de la transformation Nous savons que notre transformation doit encore s’accélérer : la digitalisation de nos processus et le renforcement de la coopération avec les autres métiers du groupe Crédit Agricole nous permettront de renforcer notre efficacité opérationnelle et d’enrichir notre proposition de valeur. Nous avons également pour ambition de développer
L’industrie de la gestion d’actifs doit persévérer dans sa quête d’efficacité en adaptant ses investissements aux évolutions du marché. En faisant évoluer nos modèles et en cherchant à toujours créer de la valeur, nous devrions à moyen et long termes contribuer à un développement durable de l’industrie des fonds au Luxembourg.
Sébastien Alusse Chief Executive Officer, CA Indosuez Wealth (Asset Management)
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OCTOBRE 2020
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Perspectives
L’Afrique, futur eldorado du private equity
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FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
LONG TERME
L’attractivité du capital-investissement africain par rapport aux autres marchés se marquera dans la prochaine décennie, selon le sondage réalisé par AVCA*. Par rapport aux marchés émergents et frontaliers 100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0 %
Au cours de l’année prochaine
Au cours des 5 prochaines années
Au cours des 10 prochaines années
Par rapport aux marchés développés 100 % 80 % 60 %
Source
« Au-delà de la forte émergence du capitalinnovation sur le continent, on note un intérêt croissant pour l’agritech et les énergies renouvelables. »
Des perspectives d’avenir prometteuses 15 à 20 milliards de dollars sont accordés annuellement en matière de crédit en Afrique, alors que la demande réelle avoisine les 145 milliards de dollars, estime le Fonds monétaire international. Un écart que l’industrie du capital-investissement permet, en partie, de combler. « Les besoins en infrastructures en Afrique sont colossaux. Les pouvoirs publics des pays africains n’étant pas en mesure d’assurer le financement intégral de ces besoins, il existe donc une opportunité pérenne pour les investisseurs de se tourner vers un marché africain en forte croissance et peu exploité », explique Aïssata Coulibaly. Entre 2018 et 2019, le rapport de l’AVCA révèle que les levées de fonds associées au capital-investissement en Afrique ont progressé de 1,1 milliard pour atteindre 3,8 milliards de dollars. « Ce volume reste modeste comparé aux autres marchés émergents, mais illustre tout de même l’engouement grandissant pour le capital-investissement africain. » Selon la Banque mondiale, près d’un habitant sur quatre vivra en Afrique subsaharienne en 2050, alors que cette proportion était d’un sur treize en 1960. Pour l’associate partner de chez EY, « cette perspective démographique constitue une importante opportunité de croissance avec une potentielle population active très productive et dotée d’une grande capacité
d’épargne. L’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine facilitera également de façon significative le commerce intra-africain, qui lui-même générera d’importants retours sur investissement. » Le continent africain peut aujourd’hui compter sur quelques locomotives, dont l’Éthiopie, le Rwanda, la Côte d’Ivoire et la Tanzanie. « Dans la dernière édition du baromètre EY dédié à l’attractivité de l’Afrique, publié fin 2019, nous avons noté que les pays qui avaient attiré
40 % 20 % 0 %
Au cours de l’année prochaine
Plus attractif Moins attractif
Au cours des 5 prochaines années
Au cours des 10 prochaines années
Autant attractif
EY Luxembourg
AÏSSATA COULIBALY Associate partner au sein du département Private Equity, EY Luxembourg
engouement pour le capital-investissement en Afrique s’explique par les rendements non négligeables générés par cette classe d’actifs au cours des 10 dernières années sur le continent, qui demeure une terre d’opportunités, d’innovation technologique et de dynamisme entrepreneurial. Malgré une croissance économique de 3,9 % en moyenne sur 2019, selon la Banque africaine de développement, le continent africain reste le moins avancé vis-à-vis des objectifs de développement durable fixés par l’Onu, ce qui se traduit par des besoins en financement estimés par la Banque mondiale à 90 milliards de dollars par an au cours des 20 prochaines années. Aux fonds d’investissement de saisir désormais les opportunités offertes par le capitalinvestissement sur tout le continent ! »
Photo
Longtemps ignoré par les investisseurs, le continent africain semble, depuis quelques années, susciter un intérêt grandissant en matière de fonds d’investissement, notamment de private equity. C’est ce que révèle le rapport annuel d’activité 2019 de l’Association des sociétés africaines de capitalinvestissement et de capital-risque (AVCA). Au cours de l’année 2019, 3,8 milliards de dollars ont été levés par les fonds actifs sur le continent avec un total de 198 opérations. Ce volume est le plus élevé depuis 2014. Comptant un total de 350 millions de consommateurs issus de la classe moyenne et représentant une locomotive de croissance, l’Afrique devient donc un continent de plus en plus prisé par les investisseurs avertis. « Il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une Afrique, mais d’un continent regroupant 54 États connaissant des conjonctures très variées, explique Aïssata Coulibaly, associate partner au sein du département Private Equity chez EY Luxembourg et responsable du segment Afrique. Cet
Sondage réalisé auprès de 33 limited partners mondiaux et 46 general partners africains / *African Private Equity and Venture Capital Association
L’Afrique pourrait-elle devenir le futur hub en matière de private equity ou capital-investissement ? Oui, si l’on en croit les perspectives d’avenir de ce continent et son évolution depuis quelques années.
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Perspectives
le plus d’investissements, au-delà du capitalinvestissement, en 2018, étaient l’Égypte (12 milliards de dollars), l’Afrique du Sud et le Maroc (5 milliards de dollars chacun) », partage Aïssata Coulibaly. Du côté des investisseurs, la Chine occupe la première place avec un investissement total de 72,2 milliards de dollars répartis sur 259 projets à travers le continent. Si le berceau de l’humanité est une source d’opportunités non négligeable, il n’en demeure pas moins que ses différents marchés séduisent davantage les investisseurs aguerris, conscients des risques inhérents aux spécificités du continent. Pour Aïssata Coulibaly, « même si l’image de la région s’est considérablement améliorée au cours des dernières années, des préoccupations demeurent en ce qui concerne notamment le risque politique et le risque de change, qui contribuent à une certaine volatilité des marchés africains. Il est capital pour les candidats investisseurs de diversifier de ce fait leurs portefeuilles. » Technologie, agriculture et infrastructures L’optimisme qui prévaut au regard de l’évolution du capital-investissement sur le continent africain trouve tout son sens. Les opportunités sont en effet immenses, le potentiel réel et, qui plus est, durable. « Les taux de rendement interne globaux calculés sur les fonds Afrique de plusieurs institutions financières de développement ont démontré des niveaux de rentabilité meilleurs que ceux réalisés par certains marchés plus mûrs », assure Aïssata Coulibaly, également membre de LuxAfrica. Cette association promeut l’attractivité de l’Afrique et la création de passerelles entre les professionnels de l’investissement luxembourgeois et africain. « L’un des objectifs majeurs de l’association est de construire une base de connaissances pour les membres contenant des informations justes et utiles sur l’environnement des affaires africain.
FONDS ABC : UN SOUTIEN AU SECTEUR RURAL DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT Pour soutenir l’entrepreneuriat et attirer les capitaux dans les zones rurales des pays en développement, dont l’Afrique, le Conseil des gouverneurs des États membres du Fonds international de développement agricole (Fida) a lancé l’an passé le Fonds ABC. Ce fonds d’investissement privé, indépendant et domicilié au Luxembourg, aspire à mobiliser 200 millions au cours des 10 prochaines années. Le Fonds ABC propose des prêts allant de 20.000 à 800.000 euros aux PME rurales, organisations d’agriculteurs, agroentrepreneurs et institutions financières rurales. Le fonds passera par des institutions financières pour les prêts entre 20.000 et 200.000 euros et accordera directement aux bénéficiaires des prêts compris entre 200.000 et 800.000 euros.
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L’association aspire à fournir à ses membres un environnement de réseautage professionnel à valeur ajoutée au travers du partage de retours d’expériences concrètes sur le continent. » La technologie est l’un des secteurs parmi lesquels le volume d’investissements a progressé au cours de ces dernières années. Bon nombre d’acteurs du capital-investissement africain se sont en effet spécialisés dans l’investissement technologique, contribuant notamment au développement de technologies pointues qui permettent de répondre à de nombreux besoins de base, comme les soins de santé ou encore l’éducation. « Au-delà de la forte émergence du capitalinnovation, qui s’impose fortement dans les stratégies d’investissement sur le continent, on note également un intérêt croissant pour l’agritech et les énergies renouvelables. Il s’agit, pour les investisseurs, d’identifier des secteurs à fort potentiel de création de valeur et de performance. » Le tout, en y intégrant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). « On pense souvent, à tort, que les critères ESG n’ont pas ou peu d’écho en Afrique. Cependant, les institutions financières de développem ent ont con si d éré, à l a gen èse du capital-investissement africain, cette classe d’actifs comme un levier multiplicateur de la portée de leurs financements, assure Aïssata Coulibaly. En temps de crise, comme celle que nous vivons actuellement, cette prise en compte des critères ESG favorise une gouvernance à même de déclencher et de soutenir la transformation du continent tout en permettant au capital-investissement africain d’être considérablement résilient. » Le capital-investissement africain a généralement fait preuve de réactivité au début de la crise sanitaire et devra démontrer sa résilience au cours des prochains mois et années. « L’impact du Covid devra être analysé sous deux aspects. Premièrement, certains fonds avec des portefeuilles d’investissement faiblement performants devront mettre un terme à leur activité en raison de leur manque de financement et des levées de fonds qui n’auront pu aboutir, explique Aïssata Coulibaly. A contrario, les gestionnaires expérimentés, qui ont une bonne connaissance des spécificités du capital-investissement sur le continent, parviendront à tirer leur épingle du jeu en saisissant les opportunités d’investissement offertes par la crise. » Selon le sondage Covid récemment publié par l’AVCA et réalisé auprès de gestionnaires de fonds opérant sur le continent africain, 49 % des gestionnaires interrogés ont indiqué pouvoir déployer leur capital entre 6 et 12 mois après les délais initialement prévus. « Cela témoigne du dynamisme de l’industrie sur le continent dans le contexte actuel », conclut Aïssata Coulibaly. Auteur A. B.
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
DES OPÉRATIONS DANS QUELS SECTEURS ? Parts en volume et en valeur des opérations de capital-risque en Afrique, par secteur Source African Private Equity and Venture Capital Association
Finance
19 % 23 %
TIC Consommateurs discrétionnaires Industriels
19 % 6 % 18 % 28 % 12 % 18 %
Services publics
11 % 17 %
Services de communication
8 % 3 %
Santé
7 % 3 %
Consommation
4 % 1 %
Matériaux
1 % < 1 %
Immobilier
1 % < 1 %
Parts en % de capital-risque en volume Parts en % de capital-risque en valeur
VALORISATIONS EN HAUSSE Nombre et valeur des opérations de capital-investissement en Afrique, par année Source African Private Equity and Venture Capital Association
198
158
7,8
2,5
4,0
4,2
3,5
3,4
2014
2015
2016
2017
2018
2019
Valeur des opérations de capitalinvestissement (en milliards de dollars) Nombre d’opérations de capitalinvestissement
New Deal 2021—2023
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Internationalisation
L’Asie, un gisement pour les fonds Le continent asiatique est source d’opportunités pour l’industrie des fonds. Les investisseurs locaux nourrissent de nouvelles et importantes ambitions, qui passent notamment par le Luxembourg en tant que plateforme d’internationalisation.
Des liens étroits entretenus depuis de nombreuses années permettent au Luxembourg d’être en terrain connu dans les principaux hubs financiers de l’Asie, un continent qui est source d’opportunités considérables pour l’industrie des fonds, d’abord en raison de la jeunesse qui y vit : 62 % des millennials de la planète y résident. La part de la population active y est aussi beaucoup plus importante qu’en Europe. Les classes moyennes et supérieures s’y développent, avec une croissance importante du nombre de high net worth individuals et d’ultra high net worth individuals. « Cette population exprime une réelle volonté d’investir à travers des produits adaptés à ses besoins, pour faire fructifier les actifs ou nourrir des projets à long terme », commente Stéphane Karolczuk, associé de l’antenne à Hong Kong du cabinet Arendt & Medernach. Depuis quelques années, l’industrie des fonds se renforce, avec des acteurs nationaux qui gagnent en maturité. On assiste au développement progressif de sociétés de gestion à dimension régionale et à l’arrivée de grands acteurs internationaux au niveau des deux grands hubs que sont Singapour et Hong Kong. « Le marché reste toutefois très fragmenté, précise l’avocat. La situation entre l’Asie-Pacifique, le Japon, la Chine ou encore l’Asie du Sud-Est peut considérablement varier. On y trouve des pays émergents à forte croissance tandis que d’autres, comme le Japon, sont plutôt à faible croissance, voire, suite à la situation liée au Covid-19, en décroissance. Cependant, dans l’ensemble, l’Asie représente un potentiel important pour le monde des fonds d’investissement. » Ambitions internationales La région compte de nombreux acteurs, particuliers ainsi qu’institutionnels, comme les sociétés d’assurance et les fonds de pension, qui ont une réelle volonté, voire une obligation, d’investir, notamment à travers des outils de gestion collective. Tous recherchent un certain rendement sur leur territoire, mais pas uniquement. Les produits européens attirent donc les investisseurs asiatiques. Les acteurs locaux de l’industrie des fonds les plus importants nourrissent quant à eux le 48
désir de pouvoir s’adresser aux investisseurs européens, principalement à des institutionnels. Les velléités d’internationalisation sont considérables. « Pour servir ces diverses ambitions, il s’avère que les véhicules luxembourgeois sont particulièrement appréciés des acteurs asiatiques, poursuit Stéphane Karolczuk. Le label Ucits luxembourgeois est notamment très bien établi dans la région. Au niveau de l’alternatif, les véhicules grand-ducaux constituent des outils flexibles, utilisés par les acteurs asiatiques pour établir de nouveaux produits et les distribuer. Il peut par exemple s’agir de fonds de types private equity, immobiliers, de dette, d’infrastructure ou encore associés à des investissements stratégiques dans le cadre de fusions-acquisitions. » L’Asie représente environ 15 % des actifs sous gestion au sein des fonds Ucits. Un chiffre qui, selon Stéphane Karolczuk, poursuit une tendance positive. Au niveau des fonds alternatifs, le potentiel de progression est aussi considérable. Associés à un cadre réglementaire rassurant, s’appuyant sur un écosystème riche et complet, les produits luxembourgeois sont vecteurs de confiance. « De plus en plus, les véhicules luxembourgeois encadrés par les réglementations Ucits et AIFMD sont privilégiés à des structures offshore,
LUXEMBOURG-CHINE, UNE RELATION DÉJÀ AMORCÉE Source
Luxembourg For Finance, 2019
Actifs investis par des fonds européens dans la Chine continentale
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
Investissements mondiaux dans les fonds en Chine
20,5 % 79,5 %
Fonds luxembourgeois
69,1 %
30,9 %
Autres
derrière lesquelles on peine à trouver de la substance, poursuit l’avocat. Ces véhicules offrent la possibilité aux acteurs asiatiques d’accéder aux investissements et aux investisseurs globalement, y compris bien évidemment aux investisseurs européens avec le passeport ad hoc. Luxembourg se positionne donc comme une plateforme idéale et unique pour créer et distribuer des fonds aussi bien à travers l’Europe qu’en Asie et dans le reste du monde. » Vers un Ucits asiatique… Ces dernières années, cependant, l’Asie multiplie les initiatives à l’échelle régionale, avec notamment l’idée de répliquer le modèle européen des Ucits et de l’AIFMD. Parmi elles, on peut citer la Mutual Recognition of Funds, qui facilite les échanges entre la Chine et Hong Kong ainsi qu’entre Hong Kong et un certain nombre de pays européens, dont le Luxembourg. L’ASEAN Collective Investment Scheme vise, pour sa part, la création d’un marché unique facilitant la distribution des fonds d’investissement entre Singapour, la Malaisie et la Thaïlande. Enfin, l’Asia Region Funds Passport est l’initiative qui s’apparente le plus à ce qu’est Ucits pour l’Europe. Ce dernier projet fédère l’Australie, la Corée, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. « Compte tenu du potentiel existant dans la région, il y a un réel intérêt des acteurs à constituer une forme de marché commun pour ces produits financiers. La principale difficulté liée à sa mise en œuvre, envisagée depuis une dizaine d’années, réside dans l’absence d’un cadre harmonisé entre les différents pays. L’Asie ne dispose pas de ce socle commun qu’ont les pays européens, avec notamment un environnement réglementaire commun, une monnaie commune ou encore une cour de justice unique pour l’ensemble des États membres, commente Stéphane Karolczuk. Les résultats ne sont jusqu’alors pas à la hauteur des ambitions. » Luxembourg reste à ce jour la principale plateforme d’internationalisation des produits de gestion collective. Auteur S. L.
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Forecast
Où investir en 2021 ? Après le chamboulement de l’économie généré par le Covid-19 en 2020, à quoi faut-il s’attendre pour l’an prochain ? Trois professionnels de la finance livrent leur expertise sur la question. Auteur A.B.
1
DAVID SEBAN-JEANTET Chief investment officer Société Générale Private Wealth Management
2021 sera marquée par le déploiement de plans de relance budgétaire devant soutenir la reprise de l’économie. La politique monétaire restera largement accommodante avec le maintien des politiques de taux zéro et l’expansion du bilan des banques centrales. Sur le marché obligataire, nous privilégions le segment des obligations indexées sur l’inflation, la monétisation de la dette par les banques centrales créant les conditions d’une possible résurgence de l’inflation. Sur le marché des actions, dans une approche responsable et durable, nous privilégions la thématique du changement climatique. Les plans de relance auront nécessairement une composante verte au travers, notamment, du Green Deal européen. Le secteur de la technologie reste à privilégier pour bénéficier d’un surplus de croissance et de visibilité. À ce titre, les valeurs technologiques des pays émergents, souvent leaders dans leurs métiers, offrent des valorisations raisonnables et une décote par rapport à leurs pairs aux États-Unis. 50
FONDS D’INVESTISSEMENT OCTOBRE 2020
« Les rendements attendus des obligations d’État sont aujourd’hui proches de zéro. »
« Les taux bas offrent un bon coup de pouce. »
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ILARIO ATTASI Head of group investment research Quintet Private Bank
Au sortir de la crise, investir dans des segments d’actifs risk tout en gardant un certain niveau de diversification sera primordial. Les actions resteront une classe d’actifs à privilégier. Les taux bas offrent un bon coup de pouce aux valorisations des sociétés qui ont une forte croissance et de solides plans de développement. En 2021, tout en restant investis dans des sociétés structurellement saines qui profitent de la transition rapide vers le numérique, nous considérons les entreprises qui ont été touchées par la crise mais qui ont le potentiel de se redresser à moyen terme. Parmi elles figurent les entreprises les plus solides du secteur du tourisme et des loisirs, ainsi que les secteurs des matériaux, de l’aérospatiale et de la défense. Au sein du segment obligataire, les obligations à haut rendement devraient être un segment attractif et pourraient apporter une grande valeur. Les investissements alternatifs et socialement responsables vont continuer à faire de l’œil aux investisseurs. L’industrie financière ne cesse d’explorer des solutions qui permettent de démocratiser l’accès à ces deux segments. Leur rendement et le fait de « faire du bien » en investissant les rendent particulièrement attractifs.
Société Générale, BGL BNP Paribas et Romain Gamba (Maison Moderne)
« Le secteur de la technologie reste à privilégier. »
Certaines tendances structurelles de long terme semblent aujourd’hui incontournables, et la crise sanitaire du Covid-19 semble même les accélérer. La première est la recherche de rendement dans un environnement où les taux d’intérêt devraient rester très bas pour longtemps. Les rendements attendus des obligations d’État sont aujourd’hui proches de zéro et certains investisseurs vont probablement transiter vers d’autres classes d’actifs. Pour ceux-ci, la thématique des entreprises de haute qualité (rentabilité élevée, endettement limité, faible volatilité des profits et réserves de liquidités importantes) offre des opportunités. C’est également le cas pour des solutions défensives dans certains segments obligataires et au niveau des fonds alternatifs. Des transformations de l’économie devraient aussi générer des opportunités plus spécifiques au niveau des marchés des actions à moyen terme. Les thèmes « actions » que nous privilégions sont, premièrement, la digitalisation et l’intelligence artificielle, deuxièmement, l’innovation dans la santé et, troisièmement, la « déglobalisation ».
Photos
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GUY ERTZ Chief investment advisor BGL BNP Paribas
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LUCIENNE ANDRING
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