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Avec le cœur ou la raison, votez !
Coalition à deux avec le parti démocratique du chef actuel du gouvernement, Xavier Bettel (DP), et le parti chrétien-social emmené par Luc Frieden (CSV), reconduction de la coalition actuelle malgré les difficultés que connaissent le LSAP et déi Gréng, grande coalition à quatre qui abandonnerait l’opposition aux extrêmes et aux Pirates… Il existe, en ce début septembre, autant d’hypothèses imaginables pour l’automne que de cigales qui cherchaient la fraîcheur en août. « Tous les scénarios sont possibles », reconnaissait même, après les élections communales, le professeur de sciences politiques à l’Université du Luxembourg et titulaire de la chaire de recherche en études parlementaires de la Chambre des députés, Philippe Poirier. Il est fondamental que l’électeur s’approprie les élections législatives à venir et s’éloigne des prophéties et des promesses, qui, comme le répétait à la fin de son mandat l’ancien président français Jacques Chirac, n’engagent que ceux qui les croient. Dans la très cosmopolite société luxembourgeoise, nourrie des migrations et campée sur l’idéal du « Mir wëlle bleiwe wat mir sinn », l’électeur n’a que peu d’alternatives pour se décider : soit il scrute à la lettre les promesses des uns et des autres pour s’arrêter à quelques mesures qui lui parlent, soit il s’attache à celui ou celle
qu’il « aime bien », exercice qui a consacré depuis longtemps le chef de la diplomatie, Jean Asselborn (LSAP), ou le Premier ministre. Au moment où la transition énergétique et la digitalisation sont des enjeux aussi importants que le logement, Paperjam a simplement voulu donner des clés de compréhension des enjeux de ces élections. C’est le sens de ce numéro inédit dans l’histoire de notre média. Faites-vous votre idée vous-même. Et votez, avec le cœur ou la raison, mais votez !
LE GRAND DÉBAT DES « SPËTZEKANDIDATEN »
Logement, stratégie de développement économique, fiscalité, finances publiques, Paperjam organise un grand débat avec les « Spëtzekandidaten » le 19 septembre dès 19 h. Suivez cette table ronde en livestream sur paperjam.lu ou, dès le lendemain, en replay, toujours sur paperjam.lu
Rédacteur en chef ad interim THIERRY LABRO06 XAVIER BETTEL (DP) « Ambitieux, mais réaliste »
16 PAULETTE LENERT (LSAP) « Préparer l’avenir du Luxembourg et ne laisser personne de côté »
26 CARTE BLANCHE Philippe Seyll
28 SAM TANSON (DÉI GRÉNG) « Le
38 CARTE BLANCHE Damien
40 LUC FRIEDEN (CSV)
SVEN CLEMENT (PIRATEN)
52 FRED KEUP (ADR)
« Sécurité et liberté »
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56 DAVID WAGNER (DÉI LÉNK) « Impulser
–
62 TABLE RONDE
68 LAURENT PROBST « Se réinventer à nouveau »
–
70 TABLE RONDE
–
76 TABLE RONDE
et demain »
« Ambitieux, mais réaliste »
Xavier Bettel (DP) Interview MARC FASSONEComment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
Je ne suis ni confiant, ni stressé ou inquiet. Je suis serein. J’aborde cette échéance électorale avec sérénité parce que j’ai fait le boulot. Ces cinq dernières années ont été des années difficiles pour tout le monde.
J’ai eu, avec mes collègues, une crise sanitaire à gérer, puis une crise inflationniste, puis la guerre en Ukraine et ses effets sur les prix des matières premières – notamment l’alimentation – et de l’énergie. Aujourd’hui, nous avons l’inflation la plus basse d’Europe, des finances publiques saines et une économie qui fonctionne. Malgré ce contexte de polycrise
C’est maintenant aux électeurs de juger si, avec le gouvernement, nous avons bien travaillé. Après, si j’ai un bilan, j’ai également un programme. Les gens me connaissent maintenant et ils savent ce qu’ils auront. Voter Bettel, ce n’est pas ouvrir une pochette-surprise.
Cette année, la configuration électorale est particulière : les élections législatives suivent de très près les élections communales. Quels enseignements avez-vous tirés des élections de juin ?
C’est vrai que ce calendrier électoral est inédit. Je me rappelle qu’en 1999, c’était l’inverse : les législatives se tenaient en juin et les communales en octobre. Une date qui m’a marqué puisque j’ai été élu cette
année-là, d’abord à la Chambre des députés, puis au conseil communal de la Ville de Luxembourg.
Aujourd’hui, c’est sûr que cela fait plaisir de voir que les électeurs nous ont accordé leur confiance lors des communales. Mais les élections législatives, ce n’est pas la même chose. Il ne faudrait pas penser que l’affaire est dans le sac, loin de là. Cela dit, je préfère avoir eu de bons résultats aux élections de juin plutôt que d’y avoir laissé des plumes, je peux vous l’avouer. Ça montre qu’il n’y a pas un rejet de notre action. Et ça, c’est très important.
Les résultats des communales montrent que le morcellement du paysage politique luxembourgeois se poursuit. Que pensez-vous de ce phénomène et est-il de nature à compliquer la formation et le fonctionnement d’un gouvernement ? Le paysage politique se fractionne. Pendant très longtemps, nous n’avons eu que quatre ou cinq partis au Parlement. Pour cette élection, on dénombre 12 listes en présence. Cela montre, et c’est important, que la démocratie fonctionne. Mais cela entraîne aussi le fait que les alliances deviennent plus compliquées à former. Le temps des alliances à deux semble révolu. Il me semble qu’il sera plus difficile à l’avenir d’avoir des coalitions limitées à deux partenaires.
Une coalition à trois est-elle plus compliquée à faire marcher qu’une coalition à deux, selon vous ? Non. Ce qui est important dans le fonctionnement d’une coalition, quel que soit le nombre de participants, c’est la faculté à trouver des compromis. Attention, compromis ne veut pas dire reniement.
Je ne vais pas jouer les divas : rester Premier ministre serait pour moi un honneur. Mais le plus important, c’est le programme. Le chômage augmente, la compétitivité reste une préoccupation constante. Nous avons des propositions et nous sommes prêts à nous mettre autour d’une table pour en discuter. Notre culture du compromis politique est une force pour le pays. Regardez les tripartites : malgré les intérêts divergents de chacun, tout le monde travaille pour essayer de trouver la bonne solution.
C’est le favori des sondages. Début juillet, 32 % des personnes consultées par le Politmonitor voulaient le voir rempiler dans son rôle de Premier ministre. Ces souhaits se convertirontils en votes ?
Tous les cinq ans, soit durant la campagne, soit au moment d’interpréter les résultats, la question de la circonscription unique revient sur le tapis. Quelle est votre position sur le sujet ?
Sur le principe, je n’y suis pas opposé et c’est un sujet que l’on pourra aborder. Mais avec une réserve : je ne voudrais pas avoir une Chambre où le centre est surreprésenté par rapport aux autres régions.
Quel bilan tirez-vous de la dernière législature ?
Ce n’est pas à moi de juger de mes réussites ou de mes échecs. Les électeurs sont là pour ça.
Que voudriez-vous alors que l’on retienne de ces cinq dernières années ?
D’abord, et cela a été très compliqué, que l’on a su trouver, durant la période du Covid, le juste équilibre entre restrictions sanitaires et libertés individuelles. Si l’on compare avec ce qui s’est passé autour de nous, le Luxembourg est le pays qui a réussi à imposer le minimum de restrictions aux libertés tout en réussissant à contenir la pandémie. Il y a eu, durant cette période, des moments très durs. Comme de dire aux familles qu’elles ne pourraient pas se réunir pour les fêtes de Noël. Imposer des restrictions aux libertés, c’est contre-nature pour un libéral. Il était important, à ce moment-là, de ne jamais perdre de vue que la restriction des libertés doit être l’exception et pas la règle.
pas un problème de volonté politique, mais une question de marges budgétaires que la situation rendait incertaines. Il ne faut pas oublier que nous avons investi 5 milliards d’euros suite à la pandémie, puis au choc inflationniste et à la guerre en Ukraine. De l’argent qui ne pouvait pas être investi ailleurs.
Quels seront selon vous les grands thèmes de cette campagne ? Pour moi, ce qui est très important pour les cinq prochaines années, c’est que nous soyons prêts. « Fit », comme on dit en luxembourgeois.
Prêts en termes de compétitivité. Je prends l’exemple du secteur des fonds d’investissement : Dublin risque de devenir une place financière plus attractive que la nôtre. Yuriko Backes, dans son rôle de ministre des Finances, a fait voter le projet de loi 8183, qui s’adapte aux besoins de l’industrie, la boîte à outils luxembourgeoise. Une loi très importante : la place financière, c’est quand même notre vache à lait. Sans elle, on ne pourrait pas financer nos politiques sociales très généreuses. Il est important de tout faire pour qu’elle reste attractive. De manière générale, il est primordial de ne pas conduire une politique qui fasse fuir les investisseurs.
Ensuite, il y a eu la question de la réforme fiscale. Si je devais exprimer un regret, ce serait celui de n’avoir pas pu mener cette réforme à bien. Elle n’est pas abandonnée et une réforme de la fiscalité dans le sens d’une meilleure individualisation reste un objectif du parti démocrate. Mais la succession de crises ne nous a pas permis d’y aboutir durant cette législature. Ce n’était
Prêts en matière de fiscalité. Je l’ai dit : pas question de renoncer à la réforme fiscale que nous avions a nnoncée dans notre accord de coalition. Pour moi, il est très important d’avoir un système qui ne se base pas sur la situation maritale, comme c’est le cas actuellement au Luxembourg. Ce n’est pas parce que l’on se marie que l’on devrait payer moins d’impôts. Pas plus qu’un divorce ou une situation de veuvage ne devrait faire payer plus d’impôts. Donc, pour moi, l’individualisation est quelque chose de très important.
Prêts sur le logement. Il faut être prêts à prendre des mesures qui seront peutêtre un peu révolutionnaires, comme construire plus haut ou mieux interagir
« La place financière, c’est quand même notre vache à lait. »
« La crise climatique n’est pas pour demain, elle est là. »
avec les communes sans empiéter sur leurs compétences. Il faut respecter le principe de l’autonomie communale. La question du logement préoccupe beaucoup les Luxembourgeois. Beaucoup s’inquiètent du fait de savoir si leurs enfants auront ou non la possibilité de se payer un toit.
Prêts face à la crise climatique. La crise climatique n’est pas pour demain, elle est là. Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe en Europe et dans le monde : tornades, inondations, intempéries ou sécheresses extrêmes, incendies gigantesques… Je me rappelle que quand j’étais jeune, je regardais ça à la télévision. Cela se passait au Chili, en Chine… Aujourd’hui, cela se passe ici. Nous devons opérer une révolution dans ce pays en faveur des énergies renouvelables. Regardez le photovoltaïque : c’est plutôt l’exception alors que cela devrait être la règle, et le non-photovoltaïque devrait être l’exception.
Il y a énormément de choses que nous pouvons faire. Notamment consommer moins. Les derniers mois ont prouvé que c’était possible.
Globalement, l’énergie est un grand challenge. La guerre en Ukraine nous a fait prendre conscience de deux choses : que l’on était à la fois tributaires des énergies et de la Russie ! Aujourd’hui, nous ne devons dépendre ni de l’un ni de l’autre. Il faut que l’énergie renouvelable soit encore plus développée au Luxembourg. C’est difficile, mais
Mots-clés
Fracture sociale
Elle existe. Il y en a plusieurs et elles ne sont pas que pécuniaires. Il y a celle entre les Luxembourgeois et les non-Luxembourgeois au niveau de la participation à la chose politique. Il existe aussi une fracture liée à l’âge. Une fracture aggravée par la technologie, que peinent à maîtriser les personnes âgées. Et il y a une fracture dans l’accès au logement sur laquelle il va falloir fortement s’engager. Mais quand je vois ce qui se passe à l’étranger, où les extrêmes capitalisent sur ces fractures, je me dis que la cohésion sociale fonctionne au Luxembourg
Place financière
Vache à lait pour ce pays. Il faut la soutenir. Elle s’est énormément transformée ces 10 dernières années. Nous avons vécu des situations qui n’étaient pas faciles. C’est aussi une industrie dont la réussite suscite des jalousies, et donc des attaques injustifiées. Le Gafi vient de confirmer que nous étions une Place vertueuse. Ce n’est pas parce que la France ou l’Italie produisent autant de bouteilles de vin que leurs résidents sont tous alcooliques… Ils exportent aussi.
Finances publiques
Ukraine
Une agression injustifiée et contraire au droit international de la part de la Russie. Au début, j’ai essayé d’instaurer un dialogue entre les deux parties, mais j’ai vite arrêté lorsque j’ai vu qu’il n’y avait aucune volonté de paix de la part des Russes. Aujourd’hui, l’Europe est unie et solidaire et il faut que cela dure. Pour moi, le plus grand risque est de revenir à un monde bipolaire opposant la Russie et les États-Unis. Et il ne faut pas pousser la Chine dans les bras des Russes, ce serait une erreur. Il faut essayer de travailler tous ensemble. Je suis celui qui veut faire des ponts, pas des murs.
Intelligence artificielle
Un challenge énorme avec beaucoup d’opportunités. Cela va influencer beaucoup de choses pour l’avenir. Il faut s’y préparer. Il va falloir se réinventer, parce que certains métiers risquent, pas forcément de disparaître, mais de voir leur importance réduite. Il y aura toujours du travail, mais il va changer. L’arrivée de la Ford T a transformé le mécanisme de production des voitures. C’était la révolution industrielle. Aujourd’hui, on en vit une nouvelle avec le digital et l’IA.
on arrive toujours à produire différemment. Regardez le glyphosate. Et même s’il y a eu récemment un revirement judiciaire, on a prouvé que l’on pouvait faire différemment. C’est pareil pour les sacs plastiques. Lorsqu’on a annoncé que l’on n’en distribuerait plus, les gens hurlaient, tout le monde disait que c’était impossible. Aujourd’hui, ce n’est plus un sujet. C’est une question d’éducation et de motivation. Fit aussi au niveau de la flexibilité du temps de travail. Je ne pense pas que les gens demandent une
Il faut les garder à l’équilibre. Il était important pour moi de respecter la limite des 30 % d’endettement fixée lors du dernier accord de coalition. Après, il ne faut pas hésiter à investir. Si nous n’avions pas débloqué 5 milliards pour faire face au Covid, puis à la crise énergétique, la situation serait aujourd’hui bien plus mauvaise
Ce qu’il ne faudra jamais perdre de vue, c’est que le digital doit être au service de l’Homme et pas l’inverse. Je suis pour une régulation si elle se fait au niveau mondial. Si nous faisons quelque chose juste entre Européens, nous serons dépassés par les États-Unis ou par l’Asie. Et il ne faudra pas oublier le client, qui est demandeur. Est-ce juste qu’un gouvernement veuille réguler quelque chose que le client voudrait avoir ? Il y aura un juste milieu à trouver.
« Voter Bettel, ce n’est pas ouvrir une pochette-surprise. »
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réduction du temps de travail. Ils veulent de la flexibilité. Et c’est au niveau des entreprises que cela doit se négocier.
Cela fait beaucoup de sujets sur lesquels nous ne promettrons pas des choses que nous n’arriverons pas à faire. Nous essayerons d’accomplir le maximum avec le ou les partenaires de coalition. Mon but, c’est d’être dans une coalition avec laquelle j’arriverai à réaliser le plus de propositions de mon programme. Je ne suis marié à personne, à part mon mari.
Les milieux économiques et financiers se plaignent d’une perte d’attractivité et de compétitivité du pays. Partagez-vous ce constat ?
C’est une question qui appelle plusieurs réponses. Le premier point, c’est que l’on a trop tendance à penser que l’attractivité, c’est juste l’imposition. Cela en fait partie, mais on ne peut aborder cette problématique sous ce seul angle. Bien sûr, les entreprises ne vont pas venir s’installer dans un pays où elles savent qu’il y a une imposition moins favorable que dans d’autres pays. Mais il y a au Luxembourg une paix sociale
possibilité d’avoir une éducation pour son enfant quand on arrive quelque part, est également un argument fort. Le logement, par contre, est actuellement un frein à l’installation et au développement des sociétés. Pourquoi ne pas proposer à certaines de construire des logements avec des incitants fiscaux pour leurs personnels ? Vous voyez, il y a toujours des choses qui peuvent être faites et on arrive toujours à trouver des solutions.
C’est le cas pour la mobilité. La mobilité est une composante-clé de l’attractivité. La gratuité des transports a été une bonne chose, mais il faut continuer à investir. Nous sommes le pays d’Europe qui investit le plus dans le rail. Et s’il faut développer les transports en commun, il ne faut pas bannir la voiture. Tout le monde ne peut pas prendre les transports en commun, notamment pour des raisons d’horaires ou d’accessibilité.
Un projet de mobilité ne doit pas se résumer à n’être qu’un projet de réduction de l’immobilité. On doit penser fluidité. C’est pour cela que je suis favorable au développement d’espaces de coworking aux frontières.
Si vous accédiez aux affaires une troisième fois, quelles seraient pour vous les mesures à prendre dans les 100 premiers jours ?
que l’on ne retrouve pas partout actuellement. C’est un argument fort en matière d’attractivité. Il y en a d’autres. Nous avons récemment modifié la loi afin de permettre que le conjoint d’un ressortissant non communautaire qui travaille déjà ici puisse également exercer une activité professionnelle. Ça a l’air bête, mais cela fait partie des critères que l’on examine lorsqu’on vous propose un poste au Luxembourg, de voir si votre épouse ou votre époux peut également avoir un travail. L’école internationale et l’école européenne gratuite, c’est-à-dire la
Il faut agir vite en matière de logement et de climat. Pour ce qui est de la réforme de l’imposition, je pense qu’il faudra agir au fur et à mesure, par étapes s’il le faut, sans jamais perdre de vue la marge budgétaire. Quand je vois ceux qui veulent réduire les impôts pour tout le monde et tout de suite, c’est la foire à la promesse… Je suis quand même un libéral, donc je sais qu’on ne peut dépenser que ce que l’on rentre, et qu’il faut rentrer pour dépenser. Je ne vais pas faire une réforme en faisant un emprunt que les générations futures
« Ce n’est pas parce que l’on se marie que l’on devrait payer moins d’impôts. »
« Nous devons opérer une révolution dans ce pays en faveur des énergies renouvelables. »
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« Mon ambition est de rester Premier ministre. »
devront rembourser. Il est important d’avoir plus d’égalité dans l’imposition dans ce pays. C’est quelque chose qui est faisable par étapes et qui sera fait.
Pouvez-vous résumer votre programme en deux mots ? Ambitieux, mais réaliste.
Vous avez déclaré plusieurs fois être prêt à prendre de nouveau des responsabilités gouvernementales. Quelles sont pour vous les lignes rouges non négociables dans un accord de coalition ? Déjà, de remonter l’horloge. Faire marche arrière au niveau de la politique familiale ou, plus largement, des questions de société, je n’y arriverais pas. Je prendrais l’exemple du CSV qui, au niveau de la politique de la famille, veut inciter les femmes à s’occuper des enfants à la maison. J’ai fait beaucoup de mariages, donc je sais que quand tout va bien, tout va bien. Mais j’ai fait aussi beaucoup de divorces en tant qu’avocat et je peux vous dire que le plus faible, c’est celui qui s’occupait des enfants à la maison. Faire une politique où l’on dit que la femme doit retourner derrière les fourneaux, ce ne sera pas avec moi.
Évolution
du nombre
insurmontable. Enfin, travailler avec l’ADR, ou avec déi Lénk, est totalement exclu.
Dans un prochain gouvernement, pourriez-vous accepter autre chose que le poste de Premier ministre ? Oui. Moi, ce que je veux, c’est faire une politique avec laquelle je puisse m’identifier. Le titre n’est pas ce qui est important. Mais l’ambition est quand même de rester Premier ministre.
Viseriez-vous un ressort plus qu’un autre ? Je ne me suis même pas encore posé la question.
de
sièges du DP à la Chambre des députés
Le grand danger pour le DP reste l’usure du pouvoir. Après cinq années au pouvoir, le parti avait perdu un siège, mais conservé son leadership sur la coalition. En sera-t-il de même en 2023 ?
Je pense aussi à la Fête nationale, que l’on fête maintenant à la Philharmonie comme une cérémonie civile. En 2014, la première année où elle s’est tenue là, des élus du CSV m’ont pris à partie et accusé de détruire le Te Deum. À l’époque, c’était le gouvernement qui invitait les participants à la célébration de la Fête nationale à la cathédrale. Pour moi, c’est à l’archevêque qu’il revient d’inviter les gens à la cathédrale, pas au Premier ministre ou au gouvernement. Pas question pour moi de m’allier avec des gens qui voudraient remonter le temps et revenir sur le caractère désormais civil de la cérémonie. Par contre, d’un point de vue économique, fiscal, et aussi sur certaines questions au niveau de la santé, je me sens proche des positions du parti chrétien social. Si, pour les socialistes, le programme se résume à réduire le temps de travail et à augmenter les impôts, je n’y arriverai pas non plus. Mais je suis proche d’eux sur les questions de société. Concernant les écologistes, je n’ai encore rien vu dans leur programme qui soit pour moi
Une dernière question un peu plus personnelle : pour vous, qu’est-ce que l’accomplissement en politique ? Les élections sont un accomplissement parce que c’est la présentation du bilan. Et donc les gens peuvent dire stop ou encore. Donc, si j’ai la chance de pouvoir continuer, c’est que j’aurai accompli une mission. Mais, moi, je ne me juge pas. Pendant le Covid, je me rappelle que j’étais vraiment en minorité, et partout. Que ce soit au niveau de la coalition ou de l’opposition, particulièrement le CSV. Tous me mettaient la pression pour suspendre les règles sanitaires pour Noël. Et j’ai longuement discuté de ce sujet, également à la maison avec mon mari, et il m’a demandé comment expliquer que 364 jours dans l’année, le virus soit là, et que le 25 décembre, il ait disparu. Noël est une fête familiale où toutes les générations se retrouvent. Y compris les plus fragiles face à la maladie. C’était, de plus, à un moment où les hôpitaux étaient remplis. Cela a été très dur, je me suis retrouvé très isolé, mais j’en ai fait une question de principe. Et les pics épidémiques observés après les fêtes dans des pays plus « laxistes », comme le Portugal ou l’Irlande, m’ont conforté dans mes choix. Et ainsi, avec une épidémie mieux contenue, nous avons pu rouvrir les restaurants plus tôt.
Je ne rentre pas le soir en me disant « mission accomplie ». Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir une ligne et de la garder.
« Préparer l’avenir du Luxembourg
ne laisser personne de côté »
Paulette Lenert (LSAP)tête de liste nationale. Comment vivez-vous cette expérience ?
Ce n’est pas pour moi une expérience particulière. C’est un projet professionnel ambitieux. J’aborde les choses comme des projets, c’est ma manière de travailler. Cela me fait du bien de m’investir dans des projets qui vont au-delà de ceux liés à ma fonction de ministre. Et, pour l’instant, ça se passe bien. En attendant la rentrée de septembre qui verra l’ambiance électorale s’intensifier, je regarde les idées mises sur le tapis par les uns et les autres. Des idées que je trouve souvent intéressantes et qui méritent d’être débattues.
Portrait GUY WOLFFInterview MARC FASSONE Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
De manière pragmatique. Nous avons un beau projet à défendre et je me prépare à cela. Ma nomination en tant que tête de liste a été la première étape de cette campagne qui sera intense.
Mais ce n’est pas parce que je conduis depuis juillet le LSAP à la bataille que je vais négliger le ministère de la Santé. Il y a encore énormément de travail à faire. La pandémie a interrompu le cours normal des choses et retardé beaucoup de dossiers. Je veux – c’est dans mon caractère – clôturer un maximum de dossiers, parce qu’on ne sait pas ce qui se passera après le 8 octobre. Il y a encore deux ou trois projets de loi que j’aimerais voir aboutir, comme la loi pandémie. Le projet a été annoncé et on y travaille, mais je ne suis pas sûre que l’on puisse clôturer la procédure avant le changement de législature. J’espère néanmoins avoir un texte à présenter en conseil de gouvernement en septembre. Nous travaillons également sur un cadre légal pour la production de cannabis médicinal. C’est un projet qui me tient à cœur. Et, idéalement, il y aurait encore quelques actions à mener au niveau du Plan national santé (PNS) qui vient d’être relancé. Je suis consciente qu’il ne reste pas beaucoup de temps, mais j’aimerais bien finir cela.
C’est la première fois que vous êtes candidate aux élections et, en plus,
Parmi les sujets évoqués par les candidats, on en note un qui fait des adeptes, particulièrement dans les partis d’opposition. C’est celui de l’accessibilité des soins de santé. Est-ce vraiment un sujet politique ou pensez-vous que c’est un peu une façon de vous cibler ? Je pense qu’il y a un peu des deux. Qu’il y ait des tensions sur le système de santé, c’est indéniable. Mais les parties prenantes à cette discussion oublient que le pays a connu une croissance énorme. L’objectif des 700.000 résidents a été atteint deux fois plus rapidement que prévu et le système médical doit s’adapter. Tout comme le système scolaire ou le logement. C’est un vrai défi.
Maintenant, comparé aux autres pays, le système de santé du Luxembourg se porte bien. Il suffit de lire la presse allemande, française ou belge pour s’en convaincre. Dans ces pays et partout en Europe, les systèmes de santé sont mis à l’épreuve. Et, objectivement parlant, je pense que le Luxembourg se montre très résilient. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas s’adapter aussi à cette pression qui existe.
Je rappelle aussi que le sujet de la santé a été « découvert » avec la pandémie. Si l’on revient sur les programmes électoraux des partis pour les dernières élections, on s’aperçoit que c’était loin d’être une priorité absolue à l’époque… La coalition a été active et on l’oublie trop facilement, je pense. Étienne Schneider (LSAP), mon prédécesseur au poste de ministre de la Santé, a investi massivement.
Maintenant, il est vrai que la santé est un sujet émotionnel. Presque tout le
Son action lors de la pandémie a fait d’elle la personnalité politique préférée des Luxembourgeois. Révélation politique de ces dernières années, Paulette Lenert incarnera le LSAP pour ces législatives. Avec un programme offensif.
monde connaît quelqu’un qui a une histoire avec le système, des délais d’attente prolongés ou encore des ratés administratifs. Enfin, je suis une personnalité politique qui est passée de l’ombre à la lumière très rapidement. M’attaquer sur mon bilan au ministère est donc une chose aisée.
Quels enseignements avez-vous tirés des élections communales ? Vous sentez-vous renforcée ou diminuée au moment d’attaquer les législatives ?
Déjà, je pense qu’on ne peut pas tirer des conclusions trop rapides des résultats des communales par rapport aux élections nationales : les contextes sont différents.
Cela dit, nous sommes satisfaits de nos résultats. Nous sommes partis à la bataille avec moins de candidats que lors des élections précédentes et nous n’avons pas chuté proportionnellement en nombre d’élus. Ce que je trouve de très positif, et j’ai eu l’occasion de le dire au Congrès, c’est que nous avons beaucoup de nouveaux adhérents et de primo-candidats qui ont été bien élus, surtout des jeunes. Cela me donne un sentiment de réconfort de voir que cette nouvelle dynamique au sein du parti semble prendre.
C’est une bonne base pour nous, parce que nous misons beaucoup sur le renouveau. Et cela semble marcher.
Sur la question de savoir si cela peut poser des problèmes pour constituer une coalition stable, franchement, je ne le crois pas. Je pense que les partis du centre de l’échiquier politique vont rester stables et permettre l’émergence d’un gouvernement stable. Cela dit, la probabilité d’avoir une coalition à deux n’est plus la même qu’avant.
Est-ce plus difficile de faire vivre une coalition à trois par rapport à une coalition à deux ?
Malgré toutes les critiques que l’on entend actuellement, j’ai beaucoup aimé la manière dont cette coalition s’est comportée et a fonctionné. Nous avons formé une bonne équipe, une équipe très dynamique. On l’a vu au travers des différentes crises traversées : nous avons vraiment réussi à travailler ensemble rapidement et de manière très pragmatique. Pour moi, c’est l’essence même de la démocratie d’avoir en présence plusieurs points de vue et de chercher un compromis. La démocratie, c’est le dialogue, le débat politique… Être trois a permis de confronter les points de vue et de trouver les bonnes solutions de manière pragmatique. En pleine crise, chacun mettait ses idées et sa sensibilité sur la table et nous cherchions à trouver des compromis. Au final, ce n’est pas plus compliqué que dans une coalition à deux… Mais c’est aussi une question de personnes.
Les communales ont confirmé la tendance au morcellement de la vie politique luxembourgeoise. Qu’est-ce que ce phénomène pose comme défis aux traditionnels partis de gouvernement comme le vôtre ? C’est un grand défi. Jouer sur les émotions permet aux partis populistes de prospérer. La situation de polycrise que nous avons vécue ces dernières années se prête malheureusement à cela. J’espère que nous allons réussir à freiner cette tendance.
Quel bilan tirez-vous de la dernière législature et de votre participation au gouvernement ? Un bon bilan. J’estime que ce gouvernement a réussi à travailler ensemble, ce qui n’est pas évident face à toutes ces crises passées. La force de ce gouvernement est d’avoir réussi, malgré l’enchaînement de crises et face à une pression constante, à rester pragmatique et à bien travailler ensemble. Nous ne nous sommes pas perdus dans des conflits inutiles et stériles. Sur le fond, l’équité sociale est restée au centre de nos préoccupations et de notre action.
« Pour moi, il est très important de rester une terre d’accueil, une terre d’intégration. »
« L’un des principaux facteurs de cette perte d’attractivité est, selon moi, le logement. »
LUXEMBOURG
Avec vous au quotidien ! - depuis
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Conversation Paulette Lenert (LSAP)
Nous avons réussi à articuler la gestion des crises avec l’équité sociale. Par exemple, nous avons pris des mesures à la fois générales pour freiner l’inflation, mais aussi très ciblées pour les personnes qui étaient moins bien loties.
Quelles sont, selon vous, les principales réussites du gouvernement ?
Le plus grand succès, c’est d’avoir su gérer les différentes crises que nous avons traversées. Depuis que je suis au gouvernement, je n’ai vécu que des crises… Face à la pandémie, il a fallu porter atteinte à des libertés fondamentales et sensibles pour la population. C’étaient des décisions vraiment difficiles à prendre. Nous avons su être solidaires et assumer tous ensemble ce que nous avions décidé.
Je pense ensuite aux réformes menées par Taina Bofferding (LSAP) en matière de taxation du foncier. Certes, ces lois ne sont pas votées, mais elles ont été déposées.
Un projet qui me rend très fière est la gratuité des transports publics. C’est quelque chose dont on parle partout dans le monde, qui marque l’image du pays. Quand on voyage à l’étranger, on ne sait plus comment prendre un ticket… Cela ne va pas changer la donne en matière d’attractivité du pays, mais c’est un petit facteur agréable. Enfin, personnellement, le modèle des écoles européennes publiques est quelque chose que j’aime beaucoup. Avant, les écoles internationales étaient le privilège de certains. Ce n’était pas la vision que j’avais de mon pays. C’est ce gouvernement qui les a poussées, et maintenant que le modèle public a pris son essor, j’aimerais les voir se rapprocher du système luxembourgeois.
Et quels sont vos principaux regrets ?
Mon principal regret est que nous n’ayons pas pu aborder le sujet de la réforme fiscale. Le parti était prêt à assumer cette réforme et j’aurais aimé avoir un texte sur la table. La succession de crises que nous avons essuyées n’a pas permis de mener ce projet à bien.
Pour les partis d’opposition, cette réforme n’a pas abouti parce que les partis au gouvernement étaient incapables de se mettre d’accord.
Mots-clés
Femme Première ministre
Ce serait une première au Luxembourg et un beau défi d’assurer ce rôle.
Place financière
Très importante. C’est la branche sur laquelle nous vivons. Il est important qu’elle reste attractive. La Place a toujours été pionnière et il faut qu’elle le reste. Il y a beaucoup d’opportunités dans la finance durable et équitable. Il faut rester pragmatique, agile, anticiper et rester attractif.
Risque climatique
C’est quelque chose de sous-estimé qui survient plus rapidement que prévu. C’est un vrai changement de paradigme qui est nécessaire et qui sera politiquement difficile à assumer. La critique qui consiste à dire que le Luxembourg est trop petit pour avoir un impact est facile… Il faut donner l’exemple et s’inscrire résolument dans une politique pour les énergies renouvelables, ainsi que soutenir les particuliers et les entreprises dans cette transition. Il y aura un retour sur investissement.
Guerre en Ukraine
Un drame qui, j’espère, fera bientôt partie du passé. Cette guerre a secoué les économies européennes et nous a fait prendre conscience de la nécessité d’être plus autonome, que ce soit dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et de la sécurité alimentaire. Tout comme la pandémie a pu le faire en son temps.
Intelligence artificielle
Je vois cela comme une opportunité. C’est quelque chose qui arrive très rapidement et qu’il faut réguler tout aussi rapidement. Une des priorités serait de rendre visibles les interventions de l’IA. Ce serait le premier pas à faire avant d’envisager une réglementation globale pour utiliser cette technologie au mieux et éviter les abus. L’IA est pour moi une révolution encore plus décisive que la révolution industrielle. Il faut mettre en place une véritable stratégie pour son utilisation.
Le futur du travail
Il va être bouleversé par l’intelligence artificielle. L’IA va changer la donne pour beaucoup de métiers. Il faut dès aujourd’hui connaître les compétences des gens pour les comparer aux besoins des métiers de demain. Il faudra accorder une place importante à la formation continue. Le travail va changer et on doit garder les gens en place. On ne pourra pas les remplacer, il faudra les former.
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Conversation Paulette Lenert (LSAP)Quelle est votre position sur cette affirmation ?
Le désaccord ne portait pas sur le fond, il portait sur le timing. Dans ce contexte de polycrise, il était difficile d’apprécier la marge de manœuvre budgétaire dont nous disposions. J’aurais quand même aimé que, même si nous ne déposions pas de projet, nous travaillions sur le fond pour dégager une idée commune. Je garde néanmoins l’espoir que nous trouvions un accord.
Quels seront pour vous les mots-clés de cette campagne ?
Le logement, la réduction de la pauvreté et l’attractivité. La crise du logement n’est pas un ressenti, une abstraction. Même si beaucoup de Luxembourgeois sont propriétaires, ils ont très souvent des prêts importants en cours. La hausse massive et rapide des taux d’intérêt a changé la donne sur le marché. Il y a beaucoup de craintes chez les Luxembourgeois. Certains sont même tétanisés. Les gens sont en attente de perspectives et de solutions. Le nouveau gouvernement, à peine élu, devra mener une véritable offensive dans le domaine du logement. Nous sommes en faveur d’un accroissement du parc locatif étatique public. Il faut investir plus et plus vite.
La hausse de la pauvreté est préoccupante. L’écart entre les revenus va grandissant. C’est une tendance qui s’ancre et qu’il faut briser. Il y a un risque de fracture sociale. Cela a toujours été la force du Luxembourg de l’éviter. Nous avons toujours eu une culture du dialogue social, une culture d’intégration, et il faudra se servir de ces atouts.
En ce qui concerne l’attractivité, pour moi, il est très important de rester une terre d’accueil, une terre d’intégration, avec tout ce que cela comporte. Cela vaut pour les entreprises comme pour les citoyens. Le pays est fortement tributaire de la maind’œuvre étrangère et cela ne va pas changer à court terme, même si le monde du travail va évoluer avec la digitalisation. Il est donc important de préserver cette attractivité pour les entreprises et pour les gens.
Justement, les milieux économiques et financiers se plaignent d’une perte d’attractivité et de compétitivité
du pays. Partagez-vous ce constat et, dans l’affirmative, quelles mesures devraient être prises, selon vous ? C’est un constat que je partage. L’un des principaux facteurs de cette perte d’attractivité, selon moi, est le logement. Le logement pèse énormément dans les dépenses des ménages. Avec l’essor du télétravail, dont l’accès reste limité pour les frontaliers, et les progrès faits en matière de mobilité, le Luxembourg attire moins les navetteurs. Metz, en TGV, est à une heure et demie de Paris. Certains jours, on peut mettre moins de temps pour aller à Paris que pour aller au Luxembourg depuis Metz. L’augmentation du nombre de jours de télétravail transfrontalier est un enjeu majeur.
La fiscalité est-elle, selon vous, un facteur d’attractivité et de compétitivité ? La fiscalité, c’est un élément parmi d’autres. Pour moi, tout ce qui est cadre de vie, équilibre vie privée-vie professionnelle, compte autant que la fiscalité. C’est un tout.
J’entends beaucoup dans les communautés d’expatriés que les gens, une fois qu’ils sont au Luxembourg, adorent y vivre. Le Grand-Duché a beaucoup d’attrait. Il faut jouer là-dessus. Si l’on veut attirer des jeunes en âge de travailler au Luxembourg, il faut avoir les bonnes infrastructures scolaires et médicales notamment. Car ces jeunes gens vont fonder des familles assez rapidement. J’ouvre d’ailleurs une parenthèse : on entend souvent chez les expatriés que le système de santé est excellent au Luxembourg. Je ferme la parenthèse.
Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernement ?
Et dans l’hypothèse où vous seriez reconduite aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes à prendre dans les 100 jours ?
J’ai parlé de l’offensive à mener sur le front du logement. Un autre grand chantier à suivre est celui de la simplification administrative, surtout si on raisonne en termes d’attractivité du pays. Prenons l’exemple d’un hôpital. Pour en construire un, il faut aujourd’hui compter entre 10 et 15 ans
« Nous sommes totalement opposés à la privatisation de la santé. »
entre le début du projet et sa livraison. C’est beaucoup trop long, compte tenu de notre croissance démographique. Il faut réfléchir aux moyens d’accélérer les choses. C’est la force du Luxembourg de pouvoir être très rapide et pragmatique, et je pense qu’il faut vraiment plancher là-dessus dans les premiers jours pour voir comment accélérer ces processus. Enfin, une de nos priorités au LSAP est de changer le système électoral pour avoir une circonscription unique. Depuis que je suis en âge de voter, cela m’a toujours dérangée d’être limitée dans mon expression électorale à une circonscription. Je me sens Luxembourgeoise. Et Européenne. Je vois comme une opportunité le fait de pouvoir choisir directement les gens que l’on aimerait voir diriger le pays sans passer par le filtre d’une circonscription. Je n’ai jamais raisonné de manière régionale. Comme ministre de la Santé, je m’occupe autant de l’Est que du Nord, que du Sud et que du Centre. Je n’aimerais pas voir un homme politique n’être là que pour plaider pour sa circonscription. Quand on est candidat à une élection nationale, il faut avoir une vision nationale.
Pourriez-vous résumer votre programme en deux phrases ?
Préparer l’avenir du Luxembourg et ne laisser personne de côté.
Parlons coalition d’après scrutin. Le LSAP est prêt à reprendre des responsabilités gouvernementales ?
Quelles sont les lignes rouges non négociables dans un accord de coalition ?
Déjà, les questions relatives au système de santé et à sa privatisation. Nous y sommes totalement opposés. Ce serait une erreur pour le Luxembourg. Tous les pays qui se sont lancés sur cette voie font marche arrière. Il y a des problèmes dans le système, mais on peut les résoudre sans remettre en cause ses fondements. L’accès universel est un des beaux projets de ce gouvernement. Nous sommes un des premiers pays à l’avoir institué. C’est encore un projet pilote, mais on veut l’étendre. Cela a toujours été la richesse du pays de ne pas faire de distinction sociale pour l’accès aux soins. C’est
quelque chose de très important. Ensuite, l’indexation des salaires, bien sûr. Mais ce n’est plus vraiment un sujet politique, plus personne ne la remet en question. Cet acquis social est devenu mainstream . Même les libéraux disent qu’il ne faut plus y toucher.
Résolument, nous voulons bouger sur le temps de travail. La réduction du temps de travail est l’avenir. Les évolutions techniques rendent la chose possible. Sur les dernières années, les gains de productivité ont été énormes. Pour moi, c’est tout à fait dans l’air du temps de réfléchir à de nouveaux modes de travail. J’estime qu’il faut repenser le travail de manière neutre par rapport au mode de vie que l’on peut choisir et chercher à ce que tout le monde bénéficie du progrès que nous avons pu connaître.
Avez-vous des lignes rouges quant aux éventuels partenaires de coalition ? Avec l’extrême droite, donc l’ADR, c’est impossible de faire une coalition. Plus globalement, avec tous les partis qui ont une vision trop traditionnelle de la société. Cela ne pourrait pas marcher pour nous.
Quid des Pirates et de Fokus ?
Évolution du nombre de sièges du LSAP à la Chambre des
députés
Des trois partis du gouvernement, c’est le LSAP qui a perdu le plus de sièges en 2018. Le parti espère revenir à sa moyenne historique en nombre de députés.
Ce ne sont pas, selon moi, des partis qui se situent dans les extrêmes. Maintenant, la ligne politique des Pirates est difficile à cerner. On connaît bien Sven Clement, mais ce qu’il y a derrière n’est pas clair pour moi. Je crois qu’il s’agit plus d’un collectif de personnalités que l’expression d’un programme politique clair. Avec déi Lénk, les plus grandes divergences se situent au niveau de la politique étrangère. Mais en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, je suis largement en phase avec eux.
Qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ? L’accomplissement en politique, c’est, à mes yeux, de pouvoir faire bouger des choses, de réussir à faire aboutir des projets et de garder son intégrité. C’est quelque chose qui m’est très cher. Abandonner des choses qui ne sont pas finies est pour moi synonyme d’échec.
« La réduction du temps de travail est l’avenir. »
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Intérêts divergents ?
Travaillant au Luxembourg dans le secteur de la finance depuis près de 20 ans et étant CEO de Clearstream depuis plus de 8 ans, j’ai eu l’opportunité d’accumuler les collaborations, tant avec les acteurs du secteur privé qu’avec ceux du secteur public. Bien que fructueuses, celles-ci ont été de nature différente et, les années passant, j’ai fait deux constats.
Le premier étant que, bien que par le biais des revenus de l’impôt des sociétés et de celui des personnes physiques, le secteur de la finance soit un grand contributeur au budget du pays et, par conséquent, au bien-être national, il ne reçoit pas toujours son quota d’attention et de support. Le second est que l’écart entre le discours des politiques destiné aux votants et celui destiné aux acteurs de la finance s’accroît.
Le secteur de la finance au Luxembourg rayonne à l’international de manière disproportionnée, comparé à la taille du pays. La croissance des activités en matière de banque privée, d’assurance et de fonds d’investissement a bénéficié, durant les 30 dernières années, d’un partenariat publicprivé d’une nature et d’une intensité que beaucoup de places financières nous envient. Les organismes de promotion de la place financière ont effectué un travail de marketing colossal ces dernières années, qui, couplé à un environnement législatif et exécutif adéquat et réactif, a accru la crédibilité et favorisé le développement de celle-ci.
Il n’aura échappé à personne que certaines institutions financières ont, ces
dernières années, reconsidéré leur présence au Luxembourg et, bien que certaines d’entre elles aient de nouveau confirmé leur ancrage luxembourgeois – ce qui est le cas de Clearstream –, d’autres ne l’ont pas fait. Il serait dommage pour le Grand-Duché que le passeport européen, que nous avons utilisé à notre avantage avec brio durant les trois dernières décennies, se retourne contre nous. Le législateur, les pouvoirs publics, le pouvoir politique, les autorités de contrôle doivent impérativement faire tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer que l’écosystème législatif et fiscal offre aux opérateurs de la place financière une base de comparaison sans pareille. Ceci d’autant plus que la plupart des centres de décision de ces derniers ne se trouvent pas au Luxembourg. Il est frappant de voir combien la concertation sociale a évolué durant les 10 dernières années. Les consensus du passé semblent difficiles à rééditer. Les compromis accélérés ne sont plus d’actualité.
Les partenaires sociaux ne composent plus les mêmes mélodies. Bien sûr, ces derniers s’accordent sur l’importance des transitions écologique et digitale, sur la
mobilité, les soins de santé, l’éducation, la sécurité et le logement. Il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de sujets tels que la fiscalité des sociétés, les indexations de salaires ou les retraites. Ces frictions vont au-delà des clivages classiques gauche-droite. Il s’agit plutôt d’un clivage sociétal qui s’est probablement accru à mesure que le contrôle du secteur privé s’est internationalisé. Ceci créant ainsi des intérêts divergents entre les deux secteurs, forçant les édiles à faire le grand écart entre leur électorat et les gros contributeurs au budget de l’État. Il m’est difficile de juger combien la nature des coalitions possibles aura d’influence sur le partenariat privé-corps constitués. J’en appelle à une revue de la plateforme de dialogue, j’en appelle également à une écoute redoublée, une collaboration étroite et une cohésion renforcée, afin de maintenir un environnement favorable aux activités de la place financière, tout en répondant aux pré occupations sociétales et économiques en évolution.
Texte PHILIPPE SEYLL, CEO de Clearstream Fund Centre« Le Luxembourg de demain devra
être durable et socialement équitable »
Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
Avec élan. Nous avons un bilan conséquent à défendre. Nous avons beaucoup travaillé et, dans les différents secteurs où nous exercions des responsabilités, nous avons contribué à faire avancer le pays. Mais il reste beaucoup à faire. Beaucoup de défis se posent pour le Luxembourg dans un contexte difficile avec la guerre en Ukraine et la crise climatique. Je pense, bien sûr, au logement, mais ce n’est pas le seul défi à relever.
Quels enseignements avez-vous tirés des élections communales et comment comptez-vous rebondir sur ces enseignements ou résultats ? Les élections communales sont des élections fortement locales. Nous aurions évidemment préféré sortir des élections communales avec le vent en poupe. Cela n’a pas été le cas. Le contexte politique était très particulier avec une multiplication de petits partis qui proposaient des candidats aux élections. Dans la circonscription Sud, où nous étions à un niveau très élevé durant la période Roberto Traversini (déi Gréng) à Differdange – au-dessus de 30 % –, nous sommes revenus à un niveau, disons, beaucoup plus raisonnable. En revanche, nous nous sommes renforcés dans la circonscription Centre avec un conseiller en plus. Mais, sur le fond, nous voyons bien – et les sondages le prouvent – que les préoccupations
qui sont au centre de nos politiques, comme l’environnement, sont également au centre des préoccupations des citoyens et citoyennes. Et nous voyons aussi que les politiques menées par nos ministres rencontrent une forte adhésion. Comme notre politique de mobilité.
Vous mentionnez la multiplication des partis. Le morcellement accru du paysage politique qui en découle est-il une bonne chose pour vous ?
Le morcellement du paysage politique n’est pas apparu avec ces communales. Mais il se renforce. On voit arriver sur le devant de la scène politique beaucoup de petits partis, soit défendant des intérêts très particuliers, soit adoptant des positionnements très populistes. Nous assistons à ce phénomène dans beaucoup de pays d’Europe.
Je pense qu’il est important d’avoir une stabilité au sein d’un gouvernement et une majorité qui puisse avoir des projets communs et discuter. De ce point de vue-là, la multiplication des partis est un risque.
Agir dans le cadre d’une coalition à trois vous a-t-il paru compliqué ?
Non. Et je ne suis pas convaincue que mener une coalition à trois soit plus compliqué que de mener une coalition à deux. C’est mon expérience. Bien sûr, il fallait se mettre d’accord. Mais, souvent, en cas de désaccord, un des partenaires a su jouer le rôle de médiateur. Ce qui est un avantage. Ensuite, au sein du gouvernement, nous nous sommes bien entendus et nous avons travaillé sur un pied d’égalité. Aucun des partenaires n’a eu l’impression qu’un des trois voulait dominer. Discussion et consensus ont été les maîtres-mots de notre action. Il s’est créé une dynamique qui a très bien fonctionné.
Quel bilan tirez-vous de la dernière législature ?
C’est une législature qui a été dominée par la multiplication des crises. Regardez la période que nous avons traversée avec le Covid. Beaucoup de restrictions ont dû être imposées. En tant que gouvernement, nous devions prendre tout le temps des décisions fondamentales en essayant de composer avec les différents droits en jeu : le droit à la santé et le droit à la liberté de chacun.
Son credo est de faire de la politique pour faire avancer les choses. La tête de liste des Verts a été désignée à l’unanimité par les membres du parti avec comme mission d’accélérer le changement du pays.
Il fallait restreindre les libertés a minima sans sacrifier le droit à la santé. Ce fut intense. Nous avons souvent dû légiférer dans l’urgence, il fallait rédiger des projets de loi dans la journée pour que la procédure législative puisse aboutir rapidement. Il y a eu énormément de sessions nocturnes. Et à peine étionsnous sortis de cette période que la guerre en Ukraine a commencé, avec toutes les conséquences que cela a eues. Des conséquences économiques avec la crise énergétique, l’inflation et l’envolée des taux d’intérêt. Et des conséquences dans le domaine de la sécurité internationale avec la défense qui a pris une autre envergure pour notre pays et avec des investissements renforcés au sein de l’Otan. Et cette crise est loin d’être terminée.
Ce cadre posé, quelles ont été, selon vous, les trois principales réussites pour le parti ?
D’abord la mobilité. Les investissements faits par François Bausch (déi Gréng) ont favorisé la transition vers une autre mobilité. Nous avons entamé un changement de paradigme très important. Citons la gratuité des transports, le tram, la multiplication des pistes cyclables et des P+R. L’investissement par habitant dans le réseau ferroviaire est le plus élevé d’Europe. Dans le secteur de l’énergie, sous la responsabilité de Claude Turmes (déi Gréng), nous produisons actuellement autant d’énergies renouvelables que ce que consomment les ménages. L’augmentation de la production d’énergies renouvelables est fondamentale, non seulement d’un point de vue climatique, mais aussi du point de vue de l’indépendance énergétique face à des forces politiques non démocratiques comme la Russie. Dans le secteur du logement, Henri Kox (déi Gréng) a accompli plus que tous ses prédécesseurs. Presque rien n’avait été fait avant qu’il n’arrive. En 2018, nous étions conscients d’être face à un défi et qu’il faudrait du temps pour que les mesures portent leurs fruits. Mais nous avons pris nos responsabilités afin de permettre un changement de mentalité dans l’approche de la politique du logement. Et il a réussi à
le faire. Le Pacte logement a été réformé de fond en comble pour favoriser la construction d’habitations abordables dans les communes. Les moyens des constructeurs publics du Fonds du logement et de la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM) ont été renforcés. Tout comme le développement public, qui, pour moi, est la clé du problème. Il est important d’avoir un fort potentiel de logements abordables dans la main des pouvoirs publics. Nous sommes actuellement à moins de 3 %. Si nous avions développé une offre de logements publics beaucoup plus tôt, nous n’aurions pas les problèmes que nous connaissons à l’heure actuelle parce que les autorités publiques auraient un impact réel sur les prix de vente et de location de ces logements. S’y ajoute le paquet de mesures sur lequel tout le gouvernement a travaillé pour tenter de mieux encadrer le marché immobilier en tant que tel avec la taxation sur les immeubles vides, la révision de l’impôt foncier et la taxe de mobilisation de terrains. Il y a tout un cadre qui est en train de se mettre en place. Cela prend du temps.
Quels sont vos trois principaux échecs ou regrets ?
Personnellement, je regrette que les textes en matière de protection de la jeunesse et de droit pénal des mineurs que Claude Meisch (DP) et moi-même avons déposés n’aboutissent pas lors de l’actuelle session parlementaire. Ils ont été déposés il y a un an et demi, nous avons déposé des amendements cette année en nous basant sur l’avis des autorités judiciaires et nous avons reçu les avis du Conseil d’État en juin et juillet. C’est une question d’une grande importance : il s’agit de renforcer le droit des enfants les plus vulnérables. On parle d’enfants qui ont commis une infraction pénale ou qui en ont été soit les victimes, soit les témoins. Ils ont besoin d’être protégés. Actuellement, les mineurs ont, en matière
« Au niveau de la mobilité, nous avons entamé un changement de paradigme très important. »
« Ne pas soutenir les démarches de transition sera un désavantage compétitif pour toutes les entreprises. »
Conversation Sam Tanson (déi Gréng)
pénale, moins de garanties que les majeurs. Le droit de planter du cannabis à la maison vient d’être adopté. C’est une avancée, mais j’aurais préféré arriver à un projet global qui aurait encadré et réglementé toute la chaîne de valeur. Aujourd’hui, les politiques menées en Europe par rapport aux stupéfiants n’ont pas abouti. Nous avons pendant 50 ans essayé de vaincre les drogues par la répression. Cela n’a empêché ni la consommation, ni le développement de réseaux criminels. Il faut changer cette approche. Le cannabis est la drogue la plus consommée au Luxembourg. En permettant d’en planter, nous réduisons l’économie parallèle et le risque sanitaire. Beaucoup de produits vendus de manière illicite sur la voie publique sont coupés avec des substances bien plus nocives encore que la drogue elle-même. Réglementer la production, la vente et la consommation réduit également le risque pour la santé des consommateurs.
Quels seront, selon vous, les mots-clés de la campagne électorale ?
Je préfère parler de thèmes plutôt que de mots-clés. Et je citerais d’abord l’indépendance de l’Union européenne et, a fortiori, du Luxembourg, dans la mesure du possible, dans le domaine de la production. Il faut qu’il y ait en Europe, avec un Luxembourg qui apporte sa pièce au puzzle, des chaînes de production industrielle, de production alimentaire et de production d’énergies renouvelables. Je suis bien consciente que l’on n’arrivera jamais à une indépendance complète, mais le conflit en Ukraine nous a montré l’importance de ce sujet.
Ensuite, bien entendu, il y a le défi du climat qui est vraiment le défi de notre génération. Sans nature, il n’y a pas d’humanité possible. Nous avons tous tout intérêt à préserver notre planète, notre nature et notre biodiversité. Cela restera un marqueur fort de notre politique.
Enfin, comme une résultante de ces deux thèmes, il y a celui de la solidarité au sein de la population. Il faut préserver les plus vulnérables face au risque de pauvreté. Cela se fera sur deux axes : le logement d’abord. Tout le monde a besoin d’un toit. C’est pour cela qu’il est primordial d’avoir un stock suffisant de logements abordables à mettre à disposition des gens qui ne peuvent pas
Mots-clés
FeMMe PreMière Ministre
Il serait temps ! Temps que l’autre moitié de l’humanité puisse aussi accéder au poste le plus important au niveau politique au Luxembourg. Mais cette question de représentativité n’est pas limitée au seul poste de Premier ministre. Quand on regarde le gouvernement ou la Chambre des députés, j’estime que l’on n’est pas encore là où l’on devrait être. Nous, les femmes, représentons la moitié de la population, il n’y a pas de raison que nous ne représentions pas également la moitié des responsables politiques.
PlAce FinAncière
C’est le plus grand secteur économique du pays. Notre richesse est basée sur le secteur financier. Il a énormément évolué ces dernières années et je suis vraiment contente du travail que nous avons effectué au sein du ministère de la Justice avec le ministère des Finances dans le cadre de l’évaluation du Gafi. La Place s’est construite pendant des années sur le thème du moins de règles possible. Une époque révolue. Nous figurons désormais parmi les meilleurs élèves, ce qui démontre que l’on peut être une place financière à la fois performante et vertueuse.
FinAnces Publiques
Nous avons une situation positive, notamment grâce aux recettes dont nous disposons. Mais je pense aussi que nous avons la responsabilité d’investir. Les fortes retombées positives des investissements réalisés dans les infrastructures ces dix dernières années plaident pour le maintien d’une politique d’investissement à un niveau élevé.
AttrActivité
Lorsque l’on parle d’attractivité, je pense d’abord à l’être humain qui vit ici. Les gens qui viennent s’installer au pays le disent : c’est une chance de pouvoir vivre ici. Le cadre de vie est excellent. Nous sommes entourés de bâtiments historiques. Luxembourg est une ville Unesco, on y trouve le genre de patrimoine que l’on visite à l’étranger lorsque l’on fait du tourisme. Et énormément de prestations –pas seulement le transport –sont offertes aux citoyens et citoyennes. L’offre culturelle n’a rien à envier à d’autres grandes villes européennes. Nous sommes attractifs et ce qui est important, c’est que nous le restions pour tout un chacun, indépendamment du niveau de revenus.
coMPétitivité
On entend beaucoup dire que le Luxembourg n’est pas assez compétitif parce que nous avons l’indexation des salaires et des charges trop importantes. La compétitivité ne se mesure pas seulement en termes de salaires. L’indexation est quelque chose qui contribue fortement à la paix sociale. Cela rend le pays plus compétitif. Et nous sommes le pays des chemins courts. Contacter une administration pour obtenir les informations nécessaires est facile. En matière de compétitivité, je pense que c’est un facteur primordial.
en trouver sur le marché classique. Puis la protection des familles monoparentales et des enfants. De nombreuses études le soulignent : ce sont les personnes qui vivent seules avec un ou plusieurs enfants qui sont les plus menacées par la misère. Ce sont elles qu’il faut protéger prioritairement. Je trouve vraiment dramatique de voir des enfants qui ne peuvent pas aller à la piscine, qui ne peuvent pas profiter des mêmes aides, comme l’aide aux devoirs, ou qui doivent partager leur chambre avec trop de personnes et ne sont donc pas à même de faire leurs devoirs dans un cadre tranquille.
Face à ce problème, nous proposons une garantie de base pour les enfants, qui irait au-delà de la prestation familiale que nous connaissons actuellement, en prévoyant un seuil supplémentaire pour les enfants dans le besoin. Dans notre programme électoral, nous nous engageons également en faveur d’une refonte fiscale afin, entre autres, de corriger ces inégalités sociales en favorisant les personnes qui élèvent seules leurs enfants.
Plus largement, voyez-vous se développer le risque d’une fracture sociale au Luxembourg ?
Le risque est bien là. Il a toujours existé et il faut tout faire pour l’empêcher. Ne serait-ce qu’au nom de la paix sociale, il faut tout faire pour éviter cette fracture sociale. Dans un pays riche comme le Luxembourg, avoir des gens qui n’ont pas les moyens suffisants pour acheter des vêtements à leurs enfants ou pour les nourrir correctement est quelque chose d’insupportable. Et qui dit fracture sociale dit des gens dans le besoin. Des gens et des enfants. Les enfants qui sont dans le besoin aujourd’hui ont un plus grand risque d’être dans le besoin plus tard. Il faut éviter le développement d’un schéma de reproduction des inégalités.
Quels seront, selon vous, les dossiers chauds pour le prochain gouvernement ?
C’est d’abord la question de la transition écologique qui me vient à l’esprit. Ce défi est réel, mais c’est aussi une chance. Si l’on se penche sur la croissance de l’emploi au
Luxembourg, on constate que les emplois qui ont le plus augmenté ces dix dernières années sont les emplois verts. C’est impressionnant. De nombreuses entreprises ont déjà fait énormément d’efforts en matière de durabilité de leur activité, et il faut vraiment les accompagner et les soutenir dans cette démarche.
J’ai regardé récemment les chiffres de vente des voitures automobiles électriques. Le marché est dominé par Tesla et une myriade de constructeurs chinois. Les marques allemandes, qui ont dominé le marché du véhicule thermique, sont à la traîne. Il ne s’agit que d’un exemple, mais la situation allemande témoigne, pour partie, du défaut de soutien des démarches de transition écologique outre-Moselle pendant très longtemps. Je suis persuadée que le fait de ne pas soutenir les démarches de transition sera un désavantage compétitif pour toutes les entreprises. J’y vois une chance pour le Luxembourg. Nous sommes un petit pays, agile, et nous pouvons aider rapidement et accompagner encore plus fortement les sociétés qui mettent un accent sur cette transition écologique, sur une production verte, sur l’emploi vert. Le Green New Deal n’est pas qu’une question de climat, c’est aussi une question de compétitivité.
J’estime ensuite que le prochain gouvernement devra s’attaquer à la question de la réforme fiscale. C’est une question que nous avons beaucoup discutée ces dernières années. Le système actuel comporte beaucoup d’inégalités. On commence à payer des impôts très tôt au Luxembourg – c’est-à-dire à un niveau de salaire très bas – et on arrive assez rapidement à des taux élevés, exception faite du taux marginal. Cette courbe d’imposition n’est pas juste. Il faut l’étirer et la lisser avec de nouvelles tranches. Il faudrait commencer à imposer plus tard et finir plus haut sur les dernières tranches.
« Le Green New Deal n’est pas qu’une question de climat, c’est aussi une question de compétitivité. »
« Au ministère de la Culture, il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votés que sur les deux périodes législatives précédentes. »
Justement, la réforme fiscale était une des mesures phares de l’accord de coalition signé avec le DP et le LSAP en 2018. Pourquoi n’a-t-elle pas abouti ?
Principalement à cause de la période de crises que nous traversons. Malgré toutes ces crises, nous avons travaillé énormément, mais plusieurs projets d’envergure n’ont pu être réalisés. Ces crises ont été synonymes d’instabilité et surtout d’imprévisibilité économique et fiscale. C’est cette imprévisibilité qui a fait qu’il y a eu moins d’élan pour s’attaquer à la question. On ne savait jamais vraiment de quoi demain serait fait. Mais nous avons travaillé sur la question. Il y a eu des groupes de travail interministériels qui se sont réunis. La réforme fiscale reste un défi dans le domaine de la solidarité et de la justice sociale. Il faudra vraiment s’attaquer à ce dossier après le 8 octobre.
Pour clôturer ce chapitre, pourriez-vous résumer le programme de votre parti en deux mots ?
pro-européen et soutenir les valeurs démocratiques fondamentales. Et, enfin, il faudra que nous travaillions de manière sérieuse sur la question de la justice sociale et sur l’équité dans notre société.
Y a-t-il des alliances inimaginables auxquelles vous ne participeriez jamais ? Oui, forcément, un parti d’extrême droite, un parti populiste, un parti non européen… Ce sont, pour moi, des partenaires que nous ne prenons pas en considération.
Une dernière question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?
Évolution du nombre de sièges de déi Gréng à la Chambre des députés
Déi Gréng est le parti qui a tiré le plus grand profit de sa participation à la coalition Gambia. Il avait progressé de trois sièges, alors que le LSAP en avait perdu trois et le DP un. Le parti résistera-t-il une fois de plus à l’usure du pouvoir ?
Non… Je trouverais absurde de résumer un programme de plus de 100 pages en deux mots. Mais, en politique, il faut aussi parler avec des slogans. Je dirais donc que nous devons vraiment tout faire pour construire le Luxembourg de demain. Et Le Luxembourg de demain devra être durable et socialement équitable.
Parlons coalition. Êtes-vous prête à reprendre des responsabilités gouvernementales et, dans ce cas-là, quelles sont les lignes rouges non négociables dans un accord de coalition ? Je suis bien évidemment prête à reprendre des responsabilités, sinon je ne serais pas tête de liste pour ces élections nationales. Cela dit, je n’aime pas travailler avec des lignes rouges : pour se mettre d’accord sur une coalition, il faudra qu’on entre dans des discussions de manière ouverte. Mais nous avons des principes sur lesquels nous resterons fermes. Je ne pourrais pas soutenir une coalition qui ne serait pas aussi ambitieuse que le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) du gouvernement actuel. Un gouvernement, pour moi, doit aussi être absolument
C’est de faire ce que l’on s’est engagé à faire et de réaliser le programme que l’on a défendu lors des précédentes élections législatives. Si je regarde mon bilan au ministère de la Justice, à part le projet relatif au droit pénal des mineurs évoqué tout à l’heure, projet qui est bien entamé, nous avons finalisé énormément de dossiers. 80 lois issues du ministère ont été votées lors de la législature. C’est le double de la période législative précédente. Période qui avait déjà été intense en nombre de lois votées. Quand je regarde mon bilan au ministère de la Culture, je me réjouis du fait que nous ayons réalisé 60 % du plan de développement culturel (Kulturentwécklungsplang 2018-2028) qui porte sur une période de 10 ans. Beaucoup d’avancées ont été réalisées : le renforcement du statut des intermittents, la réintroduction et l’élargissement du congé culturel, la création de nouvelles institutions culturelles, comme Kultur | lx – Arts Council Luxembourg qui a pour mission le développement des artistes et la promotion de la culture et de la création luxembourgeoises, ou encore la loi sur le patrimoine culturel. Une loi qui permet de valoriser ce qui fait la richesse et la singularité du Luxembourg : nos savoirs, nos cultures, nos créations et nos bâtiments. Ce sont beaucoup d’avancées. Il y a eu sur cinq ans plus de textes de loi votés que sur les deux périodes législatives précédentes.
C’est ça, pour moi, l’accomplissement : l’impression d’avoir accompli le travail pour lequel j’avais posé ma candidature et pour lequel j’avais été nommée.
Cette interview a été réalisée le 11 juillet 2023.
« On peut être une place financière à la fois performante et vertueuse. »La route, et plus encore
Attirer les talents au Luxembourg : un défi collectif, constamment relevé de façon individuelle
En à peine 10 ans, nous avons fait d’une PME luxembourgeoise un groupe international de 4.000 collaborateurs présent dans 20 pays. Un défi demeure : l’attractivité des talents. Comment attirer et conserver de nouveaux talents au Luxembourg ?
Durant de nombreuses années, le pays a su attirer des entreprises et faire preuve d’adaptabilité et de flexibilité. Mais, actuellement, tous les chefs d’entreprise font le même constat : il est de plus en plus difficile de recruter des talents. Et derrière cette problématique, il y a le sujet de l’attractivité du Luxembourg. Certains parlent de problématiques liées à une nouvelle génération, à l’après-Covid, à la taille du pays, à l’offre culturelle et de divertissement : oui, c’est en partie vrai. En comparaison de certaines capitales européennes – et mondiales –, nous pouvons nous estimer moins bien lotis. Mais le Luxembourg a surtout de sérieux atouts : qualité de vie, infrastructures, un excellent système éducatif et une position géographique centrale en Europe.
Non, ce qui manque dans cette démarche d’attraction et de conservation des talents, c’est une volonté politique, un projet global, une initiative collective. Beaucoup d’entreprises de tous secteurs foisonnent de bonnes idées et d’actions concrètes : des cursus de formation exhaustifs, des programmes de reconversion professionnelle, des « bootcamp »
(à l’image du partenariat entre NumericAll et Positive Thinking Company, qui misent sur la formation au low-code pour remédier à la pénurie de talents dans la tech). Malheureusement, ces initiatives restent isolées, individuelles, et sans aucune coordination au niveau étatique.
Dans un article du magazine Paperjam de juin 2023, notre ministre de l’Économie, Monsieur Franz Fayot, évoquait déjà cette volonté politique d’attirer des jeunes recrues au Luxembourg. Il disait sa volonté de « simplifier les procédures, raccourcir les chemins, faciliter les transmissions : améliorer l’environnement professionnel des entrepreneurs, investisseurs (...) permettant d’attirer les jeunes recrues et les talents ». J’aurais même ajouté à cette liste de bonnes intentions la nécessité d’aligner les politiques fiscales des pays limitrophes (en matière de télétravail) et de veiller à ne pas trop taxer les salariés célibataires. Car d errière l’attractivité des talents, il y a l’enjeu de l’attractivité du pays. Sans maind’œuvre qualifiée et/ou correspondant précisément aux besoins du marché, l’économie du pays restera au ralenti. Nous sommes tous unanimes sur ce constat.
Alors, qu’attendons-nous pour proposer un réel plan d’action collectif, coordonné au niveau national et confié à des acteurs de l’économie luxembourgeoise ?
Nous pourrions par exemple proposer de lancer de grandes campagnes de recrutement, impulsées et coordonnées par l’ensemble de l’écosystème économique luxembourgeois et qui bénéficieraient à tous. Nous avons tous intérêt à ce que les talents viennent au Luxembourg. Ne voyons donc pas l’autre comme un concurrent, mais comme un partenaire de recrutement. De telles initiatives ne peuvent que favoriser cette attractivité en créant un élan et un dynamisme bénéfiques à tous.
Cela pourrait donner lieu à un label du type « Recruit for Luxembourg » ou « Recruitment for Luxembourg », qui serait géré en collégialité et représenté par une personne qualifiée et désignée par les membres du label pour une période déterminée. Mais surtout, il est temps d’être fier de travailler au Luxembourg et fier de partager les nombreuses success-stories et les belles carrières qu’offre ce « petit Grand-Duché ». Donnons envie à ces futurs salariés de nous rejoindre et de tenter leur chance. Nous avons tous eu cette chance de venir au Luxembourg, sachons à notre tour l’offrir à ceux qui ne connaissent pas encore ce pays.
Texte DAMIEN CHASSEUR, associé fondateur de Collaboration Betters The World (CBTW)Frieden (CSV)
« Associer l’économie
au social et à la durabilité »
Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
Avec beaucoup de motivation pour faire en sorte qu’au soir du 8 octobre, une autre politique soit possible au Luxembourg.
Quels enseignements avez-vous tirés des élections communales ?
Vous sentez-vous renforcé ou diminué ? Je crois qu’il n’y a pas de liens directs entre les élections communales et les élections législatives puisque les sujets sont différents. Cela étant dit, le parti chrétien-social s’est bien battu et a su stabiliser sa position de premier parti du pays.
Vous restez donc le premier parti du pays, mais êtes-vous le parti central de l’échiquier politique comme c’était le cas il y a encore 10 ans ?
Je ne raisonne pas en termes de dominance. Nous avons un système politique qui exige des gouvernements de coalition et donc des compromis. Mais nous sommes une force politique centrale du pays et j’ai l’ambition de consolider cet état de fait lors des élections.
Un des enseignements des élections communales est que le paysage politique luxembourgeois se morcelle de plus en plus.
Quel défi cela pose-t-il à un « grand parti » comme le CSV ?
Cela pose d’abord un problème au pays en termes de stabilité politique. Plus il y a de partis représentés à la Chambre des députés,
plus il sera difficile de former des gouvernements et des coalitions stables et donc de mener une politique cohérente. C’est le jeu démocratique. Mais je pense qu’il serait mieux d’avoir deux partis au gouvernement plutôt que trois, voire quatre ou cinq.
À quoi attribuez-vous ce morcellement ?
Je crois que les médias sociaux contribuent au fait que chacun puisse développer ses propres idées, sans nécessairement avoir une vue globale sur l’ensemble des sujets dont un pays a besoin. Ce morcellement politique est une conséquence directe du développement d’une multitude de canaux d’expression directe, sans filtre.
Quel bilan tirez-vous de la dernière législature ?
Un bilan négatif : les grands problèmes structurels du pays n’ont pas été abordés. La fiscalité a augmenté, le pouvoir d’achat tout comme l’accès aux soins de santé ont diminué, la compétitivité de l’économie souffre et la problématique de l’accès au logement apparaît comme hors de contrôle. Un bilan négatif essentiellement dû au fait que les trois partis de la coalition ne s’entendent pas sur ces grands sujets. Un autre grand échec selon moi est, après 10 ans, de n’avoir que 11 % d’énergie renouvelable par rapport à la consommation d’énergie totale du pays. Il faut au moins tripler la production.
Durant cette période, le CSV, dans son rôle de parti d’opposition, a-t-il su peser sur ces grandes questions ? Nos députés ont fait du bon travail. Un travail d’opposition, évidemment. Je crois qu’il appartient aux électeurs de juger ce bilan –et surtout le bilan du gouvernement – et de choisir soit de continuer avec un gouvernement bloqué, soit de désigner une nouvelle coalition qui fasse avancer le pays.
Quels seront les mots-clés de cette campagne, selon vous ? Pouvoir d’achat, logement, compétitivité de l’économie et sécurité.
Autant de dossiers chauds pour le prochain gouvernement. Dans l’hypothèse où le CSV reviendrait aux affaires, quelles seraient les mesures urgentes
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONEÀ défaut d’incarner le renouveau du CSV, Luc Frieden en est l’homme providentiel. Un homme qui a pour tâche de faire renouer le parti avec l’exercice du pouvoir.
« Il faut au moins tripler la production d’énergie renouvelable. »
à prendre lors des 100 premiers jours du nouvel exécutif ?
Bien sûr, un programme de gouvernement porte sur les cinq années qui viennent. Mais tout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales, faire en sorte que l’imposition commence plus tard et augmente moins vite, et diminuer la charge fiscale des classes dites moyennes. En matière de logement, il faudrait changer l’article de la loi qui impose des mesures de compensation dans le périmètre de construction et instaurer un taux de TVA réduit pour soutenir les acteurs privés qui veulent investir dans le logement locatif. En matière de santé, il faut autoriser les cabinets médicaux, dans tout le pays, à disposer de matériel sophistiqué pour réaliser, par exemple, des IRM, des mammographies… Concernant la compétitivité, il faut introduire une super-déduction fiscale en matière d’investissement dans la transition digitale et écologique. Concernant l’organisation du travail, il faut permettre plus
de flexibilité pour les entreprises et les salariés dans l’organisation du temps de travail. Toutes ces mesures ont en commun de ne pas exiger de grandes réformes législatives. Elles peuvent se faire dans les premiers mois d’exercice du prochain gouvernement si le CSV en fait partie.
Vous avez lancé dans le débat le terme de fracture sociale. Quelles seraient les causes d’une telle fracture ?
La première cause de cette fracture est la crise du logement. Le fossé se creuse entre ceux qui disposent d’un logement et ceux qui ont des difficultés pour en avoir un. Ce fossé qui est en train de se creuser est un grand danger pour la cohésion sociale du Luxembourg. C’est mon inquiétude et celle de beaucoup d’électeurs. Et même si une très grande majorité de Luxembourgeois
sont propriétaires, ils se font du souci pour leurs enfants qui rencontrent de plus en plus de difficultés pour acquérir ou juste louer un logement. Il est absolument nécessaire que la politique actuelle soit changée fondamentalement. Les Luxembourgeois savent également que si nous voulons avoir une économie qui fonctionne, il faut attirer des gens qui viennent de l’extérieur. Or, pour cela, il faut qu’ils puissent se loger. Les milieux économique et financier se plaignent d’une perte d’attractivité et de compétitivité. Partagez-vous ce constat et, dans l’affirmative, quelles mesures devraient être prises ? Je partage ce constat. Le Luxembourg a reculé ces dernières années dans le domaine de la compétitivité. Il faut tout faire pour créer à nouveau un cadre qui permette aux entreprises de se développer. Je propose, pour arriver à cela, de réduire les charges administratives pesant sur les entreprises de 20 %. Il faudra introduire le principe du « only once » – communiquer une fois pour toutes à l’administration les informations devant être communiquées et ne plus y revenir. Je propose également de flexibiliser l’organisation du temps de travail à travers le dialogue social pour préserver la compétitivité des entreprises, tout en permettant aux salariés de ne pas sacrifier leurs obligations familiales et leurs autres intérêts. Je propose aussi de développer la formation continue pour entretenir ou acquérir les compétences qui sont essentielles pour réussir la transition digitale et écologique. Tout cela conduira à rendre le pays plus attractif.
L’attractivité est aussi une question de fiscalité. Quel regard portez-vous sur la situation des finances publiques aujourd’hui ?
La situation des finances publiques est mauvaise. Cela fait des années qu’elle n’avait pas été aussi mauvaise. Un déficit annuel de 2 milliards est trop élevé en période de non-crise. Il faut veiller à générer plus d’activités, donc plus d’impôts,
Mots-clés
Place financière
En perte de compétitivité par rapport à Dublin et Londres. Il faut tout faire pour maintenir cette compétitivité. En augmentant par exemple la rapidité de la prise des décisions administratives en ce qui la concerne ou en supprimant la taxe d’abonnement pour les fonds qui investissent dans des produits ESG. Ce qui contribuerait à faire du Luxembourg la capitale de la finance durable
Intelligence artificielle
Chance pour l’Europe et pour notre pays, à condition d’accompagner les gens dans cette énorme innovation que constitue l’intelligence artificielle. Mais y voir d’abord une chance avant d’y voir un risque. Et les risques peuvent être encadrés.
Mobilité
Le pays connaît une croissance importante, donc il faut accélérer la construction du tram vers les communes proches de la ville de Luxembourg. Il faut, pour maintenir la qualité de vie, construire plus vite les contournements d’un certain nombre de villes. Et il faut négocier de meilleures connexions ferroviaires entre le Luxembourg et la Belgique ainsi que l’Allemagne
Guerre en Ukraine
Terrible, inacceptable. Elle remet en cause toute la structure de défense et la géopolitique sur notre continent. Ce sera un très grand défi pour le prochain gouvernement que de positionner le Luxembourg dans le cercle des États qui vont renforcer l’UE et l’Otan. Le CSV est un parti proeuropéen. Il sera de ceux qui plaideront pour plus d’intégration européenne pour assurer la paix, la stabilité et la prospérité sur notre continent.
« Tout de suite, il faudrait diminuer la charge fiscale pesant sur les familles monoparentales. »
Prononcé chaque septembre, par le ou la président(e) de la Commission européenne, le discours sur l’état de l’Union (#SOTEU) est l’occasion de dresser le bilan de l’année écoulée et de dévoiler les principales priorités et initiatives phares pour l’année à venir.
En savoir plus
https://luxembourg.representation.ec.europa.eu/
Évolution du nombre de sièges du CSV à la Chambre des députés
Depuis le pic historique de 2009, le CSV recule à la Chambre tout en restant le premier parti en nombre de députés.
d’un côté, et de l’autre à mieux dépenser, notamment en évitant des politiques du « gratuit pour tous ».
Le Pacte de stabilité va être renégocié cet automne. Quelle est votre position sur ce sujet sensible ?
Il est normal de revoir les critères puisqu’ils n’ont jamais vraiment été respectés par beaucoup de pays. Mais il faut éviter que chacun puisse faire ce qu’il veut et notamment accroître constamment sa dette. Une monnaie commune exige des finances publiques stables. Donc d’accord pour un peu plus de flexibilité, mais éviter de se retrouver dans des situations qui ont conduit à la crise de l’euro il y a 10 ans.
Pourriez-vous résumer votre programme en deux mots ?
Associer l’économie au social et à la durabilité. Nous avons dévoilé en juin dernier nos 10 priorités très claires, qui sont immédiatement transposables pour avancer en matière de logement, de santé, de sécurité, de compétitivité économique, pour faire du Luxembourg un pays qui soit plus moderne et un pays où vivre en commun demeure possible – le logement nouveau joue ici un rôle essentiel. Ce ne sont pas de grandes déclarations, mais des mesures concrètes pour améliorer la vie des gens et des entreprises.
Projetons-nous au soir du 8 octobre. Êtes-vous prêt à prendre des responsabilités gouvernementales ? Oui.
À titre personnel, pouvez-vous envisager de n’être « que » ministre dans le prochain gouvernement ?
Mon objectif est très clair : qu’à la sortie des élections, le CSV soit le plus grand parti du pays et qu’il fasse partie du prochain gouvernement. Évidemment, chaque tête de liste a l’ambition de former le gouvernement, mais l’essentiel n’est pas dans les postes à distribuer, c’est de ramener le CSV au gouvernement pour faire une politique qui soit bénéfique au pays et à ses habitants.
Quelles sont, pour vous, les lignes rouges non négociables dans un accord de coalition ?
Je ne raisonne pas en termes de ligne rouge, je raisonne en termes de politique cohérente. Et je crois qu’avec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains d’entente. Avec les libéraux en matière de fiscalité, de logement et de santé. Avec les socialistes sur la lutte contre la pauvreté. Et avec les Verts sur les énergies renouvelables. Mais ce qui compte surtout, c’est que nous ayons un gouvernement qui fasse avancer le pays. Or, ces trois dernières années, j’ai l’impression que les trois partis de la majorité ont atteint leurs limites les uns par rapport aux autres. C’est notamment pour cela que la grande réforme fiscale annoncée n’a pas pu aboutir. C’est également pour cela qu’en matière de logement, nous sommes dans une crise forte et que les délais d’attente en matière de santé ont augmenté.
Vous avez mentionné les points de convergence avec les trois grands partis du gouvernement. Peut-on imaginer des alliances avec les trois autres représentés actuellement à la Chambre, à savoir l’ADR, déi Lénk et le Piratepartei, et pourquoi pas Fokus ? Je crois qu’il faut demain un gouvernement qui puisse conduire une politique cohérente. Et cela me semble très difficile avec ces petits partis. Je préférerais une coalition à deux partenaires. Mais si une coalition à trois est nécessaire en raison du résultat électoral, il faudra y réfléchir. Cela dit, je ne vois pas le CSV s’associer aux partis des extrêmes, ni à droite ni à gauche.
Une dernière question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?
C’est de faire changer les choses dans l’intérêt des gens. L’impact est fondamental. Il y a, dans mon action gouvernementale, trois choses dont je suis fier et qui le démontrent : l’introduction de la double nationalité et du Pacs lorsque j’étais ministre de la Justice et les sauvetages de Fortis et Dexia lorsque j’étais ministre des Finances. Ce sont des choses qui ont eu un impact majeur sur la cohésion sociale du pays. C’est ce qui m’a motivé et me motive toujours en politique.
« Avec chacun des trois grands partis du pays, il y a des terrains d’entente. »
Sven Clement (Piraten)
« Des solutions équitables pour aujourd’hui et demain »
Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
Avec beaucoup d’enthousiasme et d’optimisme. Optimisme, parce que le Luxembourg est un pays qui se permet de se réinventer régulièrement et que ces élections sont une chance parfaite pour se réinventer un peu plus aujourd’hui. C’est ce que nous voulons.
Qu’entendez-vous par « se réinventer » ? Il s’agit moins d’opérer une révolution qu’une évolution. Il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, nous sommes dépendants d’un seul secteur économique. Il faut se diversifier. Pour cela, on doit prendre en compte que la réalité de la vie d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 10, 15, 20 ou 100 ans. Toute la question est de savoir dans quelle direction on veut évoluer. Et, sur ce point, je suis très darwiniste : soit on évolue à temps, soit on ne verra pas le futur. Pour moi, le Luxembourg doit être plus équitable et plus juste. Nous sommes aujourd’hui une société construite sur le travail d’une main-d’œuvre majoritairement étrangère, dont les fruits sont majoritairement cueillis par les Luxembourgeois, résidents et nationaux. Cela engendre des inégalités, notamment dans les domaines de la participation à la vie politique. Il faut y remédier.
La société luxembourgeoise est une société assez conservatrice. Sera-t-il facile de la faire évoluer ? En allemand, il y a cette jolie expression :
Jein – une contraction de Ja et de Nein qui signifie oui et non en même temps. Cette contraction résume bien pour moi la situation luxembourgeoise. Nous sommes un pays entre francophonie et germanophonie, un pays à la fois ancré dans le passé, qui a généré nos richesses, et tourné vers le futur ; un pays très conservateur et ouvert sur le monde. Il suffit de voir quelles entreprises on a pu attirer. Le Luxembourg n’est pas que conservateur. Il l’est, entre autres choses. Et cette multitude de facettes est une chance.
Quels enseignements avez-vous tirés des élections communales ?
Nous sommes sortis renforcés de ces élections. Nous sommes passés de trois conseillers communaux à 19. Nous sommes encore loin des quatre grands partis, mais nous réduisons l’écart. Tout en le creusant avec les autres petits partis. À nous de confirmer cette dynamique au niveau national.
Les élections communales ont confirmé le morcellement du paysage politique luxembourgeois. Comment expliquez-vous ce phénomène et pouvez-vous en tirer profit ? Ce morcellement est dans l’air du temps. Nous vivons dans une époque d’individualisation. Les gens ne se contentent plus d’avoir un seul, voire deux ou trois choix plus généralistes. Ils privilégient des choix plus pragmatiques, plus individuels. Et donc ce morcellement, cet éclatement du monde politique, est aussi une conséquence de cette individualisation. Est-ce que c’est un avantage ou un désavantage ? Je dirais qu’il y a plus d’avantages que de désavantages, dans le sens où cela permet une meilleure représentation des sensibilités que par le passé, où les grands partis combinaient différentes sensibilités en leur sein. Ce système ne satisfait plus les électeurs qui veulent des choix plus clairs, plus nets.
Ce fractionnement ne complique-t-il pas la constitution et le fonctionnement d’une coalition gouvernementale ? Non. Ces différentes sensibilités existaient et devaient de toute manière s’accorder. Le phénomène est juste plus visible aujourd’hui. Pour avoir une coalition qui tienne, il faut avoir des personnes qui peuvent se parler et qui soient prêtes à faire des compromis.
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONELe fondateur du parti pirate luxembourgeois espère que les sondages qui lui attribuent aux alentours de six députés se confirmeront au soir du 8 octobre.
« Les enfants des classes socio-économiques les plus faibles ont rarement accès à l’enseignement classique. »Conversation Sven Clement (Piraten)
Conversation Sven Clement (Piraten)
C’est là que se situe le problème. Les gens ont perdu la capacité de faire des compromis. C’est plus humain qu’idéologique. Vous définissez-vous comme un parti de gouvernement ou comme un parti d’opposition ? Autrement dit, avez-vous vocation à accéder aux affaires ? On ne fait pas de la politique pour s’opposer ! Je me sens très bien dans l’opposition, mais j’aimerais pouvoir donner au pays des impulsions plutôt que de les subir.
Le système électoral actuel, et plus particulièrement le découpage en circonscriptions, favorise généralement les grands partis. Seriez-vous favorable à une circonscription unique ? Oui. Par principe, je pense qu’aujourd’hui, dans un monde globalisé, ce mode de fonctionnement par circonscription électorale n’est plus d’actualité. L’idée de représentation régionale ne fonctionne pas avec les circonscriptions que l’on a aujourd’hui. Esch-sur-Alzette n’a rien à voir avec Kehlen. Tout comme Ettelbruck n’a rien à voir avec
Mots-clés
Place financière Importante, mais pas indispensable. Le problème, c’est qu’on l’a rendue indispensable. Mais à moyen et à long terme, il faudra diversifier notre économie. Ce n’est pas sain d’être dépendant d’un seul secteur. On l’a vu avec l’acier. Le poids de la Place doit être réajusté.
Finances publiques
Nous avons encore une situation très favorable. Mais la marge dont nous disposons est déjà hypothéquée par des décisions du passé. Pour moi, l’important est que l’on n’abandonne pas une vision des finances publiques durables. L’endettement d’État peut être un accélérateur de croissance économique s’il est bien déployé.
Diekirch. Et pourtant, ces villes sont dans la même circonscription. Donc, soit on repense les circonscriptions pour obtenir une vraie régionalisation, soit on choisit la circonscription unique avec une protection des intérêts régionaux, par exemple à travers une Chambre des régions ou une Chambre des communes.
Quel bilan votre parti tire-t-il de la dernière législature ?
Nous avons beaucoup appris. Nous avons commis des erreurs, mais nous avons appris de celles-ci. Notre plus grand regret est d’avoir fait un temps un groupe technique avec l’ADR. C’était avec d’autres personnes qu’aujourd’hui, c’était dans une optique purement pragmatique, mais nous avions sous-estimé l’impact politique. Après, au quotidien, nous avons fait de notre mieux pour donner des impulsions. Certaines de nos propositions sont arrivées au stade du débat à la Chambre. Et même si aucune n’a été votée, c’était déjà une victoire. Notre plus grand succès est l’arrêt Clement (arrêt rendu le 27 janvier 2021 par la Cour admi-
nistrative qui confère aux députés le droit de consulter tous les contrats ou Memorandums of Understanding conclus par l’État, ndlr). Cela a permis de rendre le pays un peu plus transparent et d’améliorer les droits des députés. Je crois qu’on a su montrer comment une opposition critique, mais constructive, doit se faire.
Quels seront, selon vous, les mots-clés de cette campagne ?
Je dirais justice sociale, accès au logement et résilience pour le futur. Pour moi, la résilience, c’est s’assurer que nos enfants aient encore un futur qui soit viable. La résilience recouvre beaucoup de choses. Aujourd’hui, la justice sociale est l’aspect le plus important de la résilience. Le logement, c’est là qu’on a le plus d’injustice sociale et cela nous rend moins résilients. Tout cela est connecté.
Pensez-vous qu’il se crée une fracture sociale au Luxembourg ?
Oui. Quand on a presque 20 % des familles qui sont concernées par la pauvreté, c’est
Attractivité
Le Luxembourg est attrayant. On vient d’attirer la Bank of London. La question est plutôt de savoir si l’on sait encore attirer des investisseurs dans d’autres domaines que celui de la finance. Peuton réindustrialiser, au moins partiellement, le Luxembourg pour se préparer aux challenges des années à venir ? C’est làdessus que l’on doit travailler.
Compétitivité
Nous ne sommes plus compétitifs pour attirer les talents. Il faut travailler sur la mobilité, sur le logement, sur l’attractivité fiscale pour les célibataires et sur le télétravail des frontaliers pour attirer et retenir les jeunes talents.
Énergie
Trop chère. Elle est trop chère, car on achète toujours du charbon à l’Allemagne. Si l’on avait utilisé les excédents budgétaires de ces dernières années pour investir massivement dans les énergies renouvelables, on pourrait déjà avoir une électricité bien moins chère. Aujourd’hui, il faut pour chaque projet de construction du photovoltaïque et de l’éolien.
Intelligence artificielle
C’est une grande opportunité d’augmenter notre productivité. Et les gains de productivité sont le seul moyen de réduire le temps de travail et d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le danger, c’est le risque que certains métiers disparaissent. Il faut donc faire du reskilling, de l’upskilling, pour aider les personnes concernées à trouver de nouveaux emplois, des emplois qui génèrent de la valeur ajoutée.
Conversation Sven Clement (Piraten)
grave. Mais cette fracture n’est pas que financière. Il y a dans ce pays une fracture éducationnelle. On constate cela en regardant les taux de réussite dans les écoles. Les enfants des classes socio-économiques les plus faibles ont rarement accès à l’enseignement classique. On voit aussi cela dans le secteur de la santé. La pauvreté rend malade et être malade rend pauvre. Toutes ces fractures concourent à créer un cercle vicieux qu’il sera difficile de briser. Ce sujet n’est pas nouveau, mais il a été rarement thématisé car on a su le cacher avec de l’argent. J’ai coutume de dire qu’on ne fait pas de politique si on a une abondance d’argent. Ces 20 dernières années, on a rarement fait de la politique, on a juste choisi où mettre de l’argent. L’art de la politique, c’est de faire des choix pour arriver à une société plus juste, d’avoir le courage de les faire et de les expliquer.
Justement, quelles seraient pour vous les mesures phares urgentes à prendre pour le prochain gouvernement ? Construire plus ! Les moyens déployés durant la crise du Covid devraient l’être également maintenant pour s’attaquer à la crise du logement et à la crise climatique. Concrètement, il faut, si nécessaire, déroger aux PAG communaux pour pouvoir construire plus haut, plus vite et plus dense. Ensuite, il y a la question de l’injustice fiscale. Il faut repenser entièrement notre système fiscal, qui, aujourd’hui, est lié à l’état civil au lieu d’être lié à la capacité contributive d’un ménage. Capacité qui va bien au-delà du seul revenu.
Évolution du nombre de sièges des Pirates à la Chambre des députés
L’apparition des Pirates à la Chambre en 2018 a été l’une des grandes surprises du scrutin. L’exploit sera-t-il réédité ?
Vous définissez la ligne politique de votre parti comme centriste radicale. C’est quoi un centriste radical ?
C’est quelqu’un qui a la possibilité de prendre de bonnes idées, qu’elles soient du centre gauche ou du centre droit. C’est quelqu’un qui est pragmatique, qui a comme vocation d’améliorer la vie des citoyens. Quelqu’un qui n’a pas pour vocation de défendre une idéologie coûte que coûte, mais qui est prêt à chercher des solutions au lieu des problèmes.
Pouvez-vous résumer votre programme en deux mots ?
Des solutions équitables pour aujourd’hui et demain.
Vous vous dites prêt à prendre des responsabilités gouvernementales. Quelles seraient pour vous les lignes rouges non négociables dans un accord de coalition ?
Le logement. Si on ne fait rien sur le logement, il ne faudra pas compter sur nous. Ensuite, pour que l’on se retrouve dans un accord de coalition, il faudra une garantie que l’on va faire une vraie réforme fiscale. Une garantie et un timing précis. Pas comme avec la coalition sortante, qui a dit qu’elle allait le faire et puis après, « Inch’Allah »… Enfin, il faudra prévoir un plan pour la digitalisation du pays qui ne se résume pas à la seule digitalisation de la fonction publique. Notre ministre en charge ne voit la digitalisation que par ce tunnel très étroit de l’administration. Mais cela va au-delà : les échanges entre sociétés, entre sociétés et clients… On pourrait imaginer mettre à la disposition de notre économie plusieurs plateformes, alors qu’aujourd’hui, chacun réinvente la roue de son côté tous les jours.
Après les lignes rouges philosophiques, y a-t-il des partis avec lesquels vous ne vous voyez pas du tout travailler ? Les extrêmes. L’ADR à droite et déi Lénk à gauche. Reste à savoir où se situera Roy Reding, mais je ne pense pas qu’il jouera un rôle… De la même façon que Fokus…
Une dernière question plus personnelle : qu’est-ce que l’accomplissement en politique, selon vous ?
Je viens d’une famille qui est politisée sans pour autant être affiliée à un parti. Politisée dans le sens où si l’on veut que quelque chose change, il faut prendre ses responsabilités. Et si l’on veut changer les choses en politique, il faut prendre les voix de ceux qui sont responsables du statu quo. L’accomplissement, c’est de faire entendre sa voix. C’est bizarre de le dire ainsi, mais je pense qu’à 34 ans, j’ai réussi à faire entendre ma voix. Ce qui est probablement quelque chose que beaucoup de gens qui entrent en politique ne vont jamais pouvoir dire.
« Je pense qu’à 34 ans, j’ai réussi à faire entendre ma voix. »
MORETHANBOOKS, A HISTORY. . .
Fred Keup (ADR) « Sécurité et liberté »
Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
L’ADR est dans une très bonne dynamique. Lors des élections communales, nous avons été le seul parti qui a gagné des voix dans toutes les communes où nous nous présentions. Nous avons fait le meilleur score de notre histoire. Nous avons également gagné énormément de nouveaux membres. Comme jamais auparavant ! Et nous constatons un soutien croissant à notre action au sein d’une grande partie de la population. Nous sommes très confiants et je crois que nous allons réaliser un très bon score.
Vous pensez donc que les élections communales ont enclenché une dynamique sur laquelle vous allez pouvoir capitaliser en octobre ?
Oui. Même si les gens ne votent pas forcément de la même manière aux élections communales et aux élections législatives, les tendances sont là et vont, à mon avis, durer jusqu’au scrutin.
La défection de Roy Reding survenue après les élections peut-elle enrayer cette dynamique ? Non. Nous n’avons pas perdu de membres à cause de Roy Reding. À part lui-même… Nous ne voulions pas le mettre sur la liste du Centre parce qu’il ne s’y est jamais montré. De même, il n’a pas participé aux deux tiers des votes à la Chambre. Au bout d’un moment, ça suffit. Quand un électeur vote pour une personne, il s’attend à ce
Conversation Fred Keup (ADR)qu’il soit présent et travaille. Ce n’était pas le cas, donc le comité de la circonscription Centre a décidé de ne pas le mettre sur la liste. Personnellement, je n’ai aucun problème avec lui. Son nouveau parti peut-il nous prendre des voix et entrer à la Chambre ? Je ne le pense pas. Lors des dernières élections législatives, il y a toujours eu de nouveaux partis. Et aucun n’a réussi à entrer à la Chambre dès sa première participation. Seul l’ADR, en 1989, a réussi cela. Mais le parti avait un fort soutien de la part de certains syndicats et organisations. Les Pirates sont entrés à la Chambre à leur deuxième essai.
Les élections communales l’ont confirmé : le morcellement du paysage politique luxembourgeois a continué à aller croissant. Pour un « petit » parti comme le vôtre, est-ce une chance ou une menace ?
C’est un peu des deux. Sept partis représentés à la Chambre, c’est beaucoup. Cela complique les choses, c’est sûr. Ce qui est dommage, c’est que ce morcellement ne produit pas des débats plus vifs, comme on pouvait s’y attendre. La grande majorité des partis sont du même avis et il n’y a pas beaucoup d’opinions différentes. Nous n’entrons pas dans ce jeu : nous avons le courage de dire ce que nous pensons.
Comment un parti d’opposition comme le vôtre peut-il faire entendre sa voix à la Chambre ?
Il faut bien travailler ses sujets et ses interventions pour profiter au maximum de notre temps de parole.
Cela suffit-il pour peser dans les débats ?
Oui. Lorsque les députés des partis du gouvernement et du CSV parlent, les gens les écoutent moins, car on sait ce qu’ils vont dire. Je remarque que lorsque c’est nous qui parlons à la Chambre, les gens sont plus attentifs parce qu’ils savent que là, souvent, il y a une autre perspective qui s’ouvre, un autre discours qui est tenu et qui rend, à mon avis, le débat politique plus intéressant.
J’ai encore discuté ce week-end avec des personnes qui ne sont pas proches de l’ADR et qui m’ont dit qu’il est important
Portrait GUY WOLFF Interview MARC FASSONEUn an après avoir été nommé président de l’ADR, Fred Keup a été désigné comme tête de liste nationale. Son objectif : cinq élus. Voire une place dans le prochain gouvernement.
« Garder la croissance économique, mais diminuer la croissance démographique. »
Conversation Fred Keup (ADR)
Mots-clés
Logement
S’il y a une crise, c’est parce que la demande est démesurément supérieure à l’offre. Une offre qui reste conséquente. On construit beaucoup au Luxembourg, proportionnellement beaucoup plus que dans d’autres pays. Ce qu’il faut, c’est diminuer la croissance démographique démesurée pour retrouver une situation confortable. Pour moi, la catastrophe, c’est qu’aujourd’hui, il y a des Luxembourgeois qui ne peuvent plus habiter dans leur propre pays. C’est inouï. L’État et les communes doivent agir pour essayer de donner une chance à ces genslà de rester au sein du pays.
Fiscalité
Nous ne voulons pas d’augmentation d’impôts Le Luxembourg doit être compétitif et attractif sur ce sujet. Nous voulons conserver le tourisme à la pompe, qui rapporte un milliard d’euros à l’État. Et nous voulons abolir la taxe d’abonnement. Pour rester sous la barre des 30 % en matière d’endettement nécessaire à la préservation du triple A, c’est sur les dépenses de l’État qu’il faut se pencher. Il y a des domaines dans lesquels on a exagéré ces 10 dernières années et où l’on pourrait faire des économies.
Mobilité
On est dépassé. Face à la croissance trop rapide de la population – de 12.000 à 13.000 personnes, soit 10.000 voitures à peu près, et de 5.000 à 7.000 frontaliers de plus par an –, nous avons atteint les limites de ce que peut absorber le territoire. Cela devient de plus en plus compliqué de se déplacer et c’est un grand désavantage du point de vue de l’attractivité. Cela dit, l’ADR veut préserver la mobilité individuelle. Donc la voiture. Nous sommes contre toute politique qui imposerait une forme de mobilité aux gens.
Intelligence artificielle
Je suis partagé. D’un côté, c’est une chance énorme pour augmenter la productivité, et donc pour réduire la croissance de la population nécessaire à la croissance économique. D’un autre côté, cela me fait peur de voir des machines créer des images et écrire des textes plus vrais que nature. Il va falloir réguler cela. Notamment dans le système scolaire, où les élèves ne devraient pas pouvoir recourir à l’IA pour faire leurs devoirs.
que nous soyons là, parce qu’avec nos opinions différentes, nous enrichissons le débat politique.
Quel bilan tirez-vous de la dernière législature ?
Plus que de la dernière législature, c’est des 10 dernières années qu’il convient de tirer le bilan. Et ce bilan, c’est que nous avons un gouvernement de gauche qui prétend que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors que ce n’est manifestement pas le cas : la croissance et le pouvoir d’achat diminuent, tandis que la pauvreté, le chômage et les impôts augmentent. Le système de santé devient de moins en moins performant et la crise du logement s’aggrave. Le gouvernement n’a pas réussi à résoudre ces problèmes ni à améliorer la situation. Ce qu’il sait bien faire, par contre, c’est communiquer. Une communication « bling-bling »…
Prenez par exemple Claude Turmes (déi Gréng), ministre de l’Énergie, qui se vante de la diminution de la consommation d’énergie. En oubliant de dire que cette
diminution résulte d’une baisse de l’activité de l’industrie, qui perd en compétitivité. C’est une forme de communication qui est souvent à la limite du mensonge politique.
Et quel bilan tirez-vous, pour votre parti, de votre présence à la Chambre ?
Nous sommes le premier parti d’opposition. Pas par le nombre de sièges, mais par notre action. Nous ne faisons pas de l’opposition pour faire de l’opposition, nous votons les textes du gouvernement quand ils sont bons, mais nous sommes critiques en permanence. C’est ça qui fait un bon parti d’opposition : être critique et proposer des alternatives. Nous sommes le seul parti qui ne soit pas dans la majorité à faire ce travail. Le CSV ne sait pas faire cela. Comme les partis de la coalition, le CSV est un parti mainstream, qui a peur de s’aventurer hors des sentiers battus.
Les Pirates ? On ne sait jamais où ils sont. Très souvent, ils soutiennent l’exécutif en essayant sur certains points de créer des scandales. Quant à déi Lénk, nous ne partageons pas leurs idées, mais il faut reconnaître qu’ils travaillent beaucoup et qu’ils sont conscients de ce que doit être un parti d’opposition.
« Si j’étais au gouvernement, la lutte contre la délinquance serait ma priorité. »
Évolution du nombre de sièges de l’ADR à la Chambre des députés
L’ADR a fait irruption dans le paysage luxembourgeois en 1989 où, deux ans après sa fondation, il entre à la Chambre des députés avec quatre sièges. Il réalise son meilleur score en 1999. Depuis, alors que son but premier – l’égalité des prestations de retraite de l’État entre les fonctionnaires et les salariés du privé – a été atteint, il a cédé sa place de quatrième parti du pays aux Verts.
Quels sont, pour vous, les thèmes et les sujets-clés de cette élection ? Pour nous, le premier sujet d’importance pour l’avenir de notre pays est celui de la croissance. Le défi est de garder la croissance économique, mais de diminuer la croissance démographique. Après, il y a nos thèmes traditionnels : la famille et le fait de mettre les enfants au centre de toutes les décisions, la sécurité, ainsi que la préservation de la culture et de la langue luxembourgeoises.
Quel est le bon modèle de croissance pour le Luxembourg, selon vous ? C’est un modèle qui combine croissance économique et faible croissance démographique. Nous devons jouer sur la productivité pour rompre avec un système où la croissance économique est portée par la démographie. Presque tous les problèmes que nous avons aujourd’hui au Luxembourg, que ce soit le logement, la mobilité, l’environnement, le manque d’infrastructures, le manque de personnel, etc., sont dus à cette croissance démographique démesurée que l’on connaît depuis 10 à 15 ans. Il y a toujours eu une croissance démographique au Luxembourg. Ce n’est pas mauvais en soi si elle est raisonnable. Mais ces 10 dernières années, elle s’est trop accrue et trop vite, ce qui pose d’énormes problèmes. Avoir toujours plus de croissance est un cercle vicieux : nous devons incessamment combattre les problèmes qui sont liés à la croissance avec toujours plus de croissance. Ça ne marchera pas. Quand on aura un million d’habitants, on dira qu’on aura besoin de deux millions d’habitants, et on va continuer ainsi.
On voit très bien que le pays atteint ses limites. Même si le gouvernement dit qu’il investit dans le futur, c’est faux. On investit pour diminuer les problèmes que l’on a depuis 10 ans. C’est du rattrapage et non une projection vers le futur. Un Luxembourg à un million d’habitants à l’horizon 2050 : est-ce bien ce que veulent les gens ? C’est la grande question sur laquelle les partis devront se positionner. Car un Luxembourg à un million d’habitants, cela va changer notre modèle.
Si vous étiez au gouvernement, quelles seraient les mesures phares que vous prendriez dans les 100 premiers jours ?
D’abord, nous organiserions un référendum relatif à la poursuite de l’objectif d’un Luxembourg à un million d’habitants. C’est une question primordiale sur laquelle il faut débattre publiquement, au-delà des quelques sphères spécialisées qui se sont emparées du sujet. Les électeurs devraient pouvoir être correctement informés et donner librement leur avis. Ensuite, il y a la question de l’augmentation de la délinquance au Luxembourg. Nous sommes le cinquième pays d’Europe en ce qui concerne les vols avec violence dans la rue. Nous n’avons jamais vu ça ! Les cambriolages augmentent également très fortement. Si j’étais au gouvernement, la lutte contre la délinquance serait ma priorité. Il y a une véritable offensive à mener pour améliorer la sécurité de nos concitoyens.
Et puis il y a la famille. Il faut conduire une politique qui mette au centre de tous les intérêts des enfants et des familles. Et il faut rompre d’urgence avec la politique de monsieur Meisch (DP), qui préconise que les enfants aillent dans des structures telles que les maisons relais et les crèches tandis que les parents travaillent. Nous voulons un autre modèle. Nous voulons donner la possibilité à un des parents de s’occuper des enfants jusqu’à un certain âge, au moins à mi-temps.
« C’est une forme de communication qui est souvent à la limite du mensonge politique. »
David Wagner (déi Lénk)
« Impulser
des dynamiques de lutte »
Comment abordez-vous l’échéance électorale de ce 8 octobre ?
Avec un certain optimisme, malgré le résultat mitigé des communales où nous avons reculé. Pas d’une manière catastrophique : nous avons perdu environ 1 % de voix. Mais cela faisait longtemps que cela ne nous était pas arrivé. Depuis plusieurs années, à chaque élection, nous progressions. Légèrement, soit, mais nous progressions constamment. Le côté positif, c’est l’enthousiasme autour de ces élections. Enthousiasme qui se constate dans le nombre de nouveaux – et surtout très jeunes – candidats qui figurent sur nos listes.
À quoi attribuez-vous cet afflux de jeunes candidats ?
Je pense que les élections communales ont réveillé beaucoup de gens qui, jusqu’à présent, n’étaient pas politiquement engagés et qui se disent qu’il est important de nous soutenir et que nous gardions nos deux députés. Nous devons absolument garder nos deux sièges, c’est l’objectif. Et pourquoi pas en gagner un de plus ? Nous avons adopté une stratégie de ciblage de l’électorat jeune – enfin, on prend tout le monde, ce n’est pas le problème… –, mais notre analyse, c’est de dire qu’un parti de gauche fonctionne bien lorsqu’il rassemble des gens qui ont tout à gagner. Donc, par définition, les jeunes. Des jeunes qui sont
plus dynamiques, qui sont très souvent moins conservateurs et qui n’ont pas peur. On constate qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont dans la vingtaine ou peut-être au début de la trentaine qui sont bien formés, mais dont les ambitions sont bridées au niveau du travail, puisque le plein emploi n’existe plus, de même que le modèle du travail fixe, stable et émancipateur. On remarque aussi que pour beaucoup de jeunes, ce n’est pas forcément l’argent qui les intéresse. Ils veulent faire quelque chose qui leur plaît et qui a du sens.
Pour y arriver, nous nous sommes remis en question et nous avons développé une stratégie de présence sur les réseaux sociaux. Nous avons embauché un influenceur Twitter pour cela. Pour parler à la jeunesse, il faut vraiment quelqu’un qui ait les codes. Nous aurions aimé être prêts pour les communales, mais cela n’a pas été possible. C’est quand même beaucoup de travail pour un petit parti comme le nôtre.
Pour un petit parti comme le vôtre, la succession rapprochée de deux échéances électorales vous pénalise-t-elle ?
C’est une période intense et fatigante, surtout pour un petit parti. Il y a beaucoup de choses à faire. Monter les panneaux, les démonter, les remonter, cela demande de l’huile de coude… Et puis il faut travailler sur les idées, le programme, organiser des rencontres, sélectionner les candidats, participer aux interviews et aux tables rondes. Cela nécessite beaucoup de préparation. En plus, le calendrier fait qu’il faut être très actif en été, une période traditionnellement creuse. Cette année, par la force des choses, la campagne sera courte.
Pensez-vous qu’en quatre mois, les tendances des communales peuvent s’inverser ?
On l’espère, évidemment. On dit toujours qu’on ne peut pas comparer le communal et le national. C’est vrai. Je ne suis pas fataliste, mais des tendances se sont dégagées et il faut en tenir compte. Une critique que beaucoup de gens nous ont faite pendant la campagne – et je veux dire des gens proches –, c’était que l’on ne nous voyait pas assez sur les panneaux d’affichage. Et je crois qu’effectivement, nous avons mal géré cela.
Pas de tête de liste nationale pour déi Lénk. David Wagner est un candidat comme un autre au service de l’objectif du parti : mettre fin au laisser-faire qui caractérise l’action du gouvernement.
« Il n’y a rien de pire en politique que le fatalisme ou l’indifférence. »
Conversation David Wagner (déi Lénk)
Mots-clés
Place financière
Une prison dorée. Mais une prison quand même. C’est dangereux, parce que la place financière peut disparaître. Que se passera-t-il alors ? Sans oublier le problème moral, dont il faut parler. L’argument du « si ce n’est pas nous… » me paraît bizarre.
Tout miser sur la seule Place empêche de développer d’autres filières. Or, on a quand même au Luxembourg beaucoup de potentiel en dehors de la finance.
Finances publiques
Un État a le droit de s’endetter. Il ne s’agit pas de s’endetter pour s’endetter, il s’agit d’investir dans les services publics. Et si cela pose un problème au niveau de l’équilibre des finances publiques, il faut le résoudre par le biais de l’augmentation des recettes fiscales. Il faut augmenter la charge fiscale de ceux qui gagnent le plus et l’alléger pour ceux qui sont en bas de l’échelle salariale, et taxer plus fortement les revenus du capital.
Attractivité
C’est quand on a un pays qui respecte ses salariés. Si on va dans un pays où les droits des salariés sont respectés, si on a un salaire décent avec des loyers décents où les services publics sont efficaces et où il est fait bon vivre, alors on est attractif.
Le futur du travail
C’est effectuer le travail le plus émancipateur possible, ne pas travailler pour des intérêts privés, mais travailler pour soi-même et pour la collectivité. Les gens qui ont un travail utile sont toujours satisfaits. Mais souvent, ce ne sont pas ceux qui sont les mieux traités. L’avenir, ce sera aussi de travailler moins. Nous demandons une semaine de 32 heures, mais on pourrait très bien aller plus loin.
Être en retrait sur le plan visuel, dans la rue, donnait l’impression que nous n’étions pas offensifs. Là, on va mettre le paquet…
Parmi les tendances qui seront dégagées du scrutin électoral, il y en a une majeure : la poursuite du morcellement du paysage politique. Est-ce un atout ou un défi pour vous ? Il y a sept partis actuellement au Parlement. Ce n’est ni excessif ni catastrophique, selon moi. De nouveaux partis sont apparus –Fokus, Liberté-Fräiheet! et Volt. Ils ne chassent pas sur nos terres et ne nous prendront pas de voix. À gauche, en fait, nous n’avons pas de concurrence de la part de petits partis. C’est vrai qu’il y a encore quelques années, il y avait peut-être une plus grande identification aux partis. Quand on venait du Sud, que l’on était ouvrier ou fils d’ouvrier, il était quasiment évident d’adhérer au parti socialiste ou au parti communiste. Quand on était de la capitale et bourgeois, le DP était une évidence. De ce point de vue là, les choses se brouillent. Mais la réalité politique du Luxembourg, c’est qu’il y a une course au centre, à l’extrême centre même. Les quatre grands partis arrivent toujours à se mettre d’accord sur un certain nombre de points.
Comment, dans ce contexte de centrisme politique, pouvez-vous faire entendre votre voix et peser sur la politique ? Il est extrêmement important qu’il y ait à gauche de l’échiquier politique une force radicale. Nous sommes conscients que nous ne sommes pas dans une perspective d’accession au pouvoir à court terme. Mais ce n’est pas grave. L’important est de pouvoir impulser des dynamiques de lutte dans la société. Si les gens descendent dans la rue contre telle ou telle réforme, le gouvernement y réfléchira à deux fois. Notre ambition, c’est aussi de sortir les gens d’une forme de déprime, de dépression politique. Il n’y a rien de pire en politique que le fatalisme ou l’indifférence.
Quel bilan tirez-vous de la dernière
législature ?
Ces cinq années ont été marquées par deux crises majeures : le Covid et la crise en Ukraine. Des problèmes que l’on peut assez facilement résoudre. Ce qui n’est pas le cas de l’autre crise majeure que nous traversons : la question climatique. Nous sommes engagés dans une séquence très angoissante et je n’ai pas l’impression que le gouvernement prenne les mesures radicales qui s’imposent. C’est une des raisons pour lesquelles j’en veux aux Verts : ils ont raison quand ils parlent de la question climatique – et nous partageons leur constat –, mais ils arrivent à rendre impopulaires des mesures qui devraient être populaires. Pourquoi ? Parce qu’ils ont dissocié cette question de la question sociale.
Leur électorat est un électorat bourgeois et les mesures se basent toujours sur l’individualisme, alors que c’est l’État qui devrait prendre la question en charge. Il faut que les choses soient faites de manière massive. Les Verts n’y arrivent pas.
De manière générale, je dirais que cela a été une législature du laisser-faire. Rien ne s’est passé. Regardez le logement. Maintenant, l’Autorité de la concurrence fait le constat que tout le monde connaissait déjà : le problème central, c’est la spéculation. Ne le savaient-ils pas au gouvernement ? Et s’ils le savaient et qu’ils n’ont rien fait, c’est problématique… Les libéraux ont gagné, en fait. Et on peut faire la même analyse pour la réforme fiscale. Une erreur monumentale. Et une argumentation déplorable : ce n’était pas le moment ! C’est quand tout va mal qu’il faut réformer, pas quand tout va bien. Pareil avec la réduction
« Une rupture réactionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre. »
Repensez vos déplacements en respectant l’environnement et votre budget
du travail : ce n’était pas le moment… Ou alors, ils n’étaient tout simplement pas d’accord entre eux.
Quels seront les mots-clés de cette campagne, selon vous, et pourquoi ?
Outre les thèmes déjà évoqués, il y en a un qui s’impose : la rupture. Une rupture politique avec ce qui existe aujourd’hui. J’ai l’impression qu’il y a dans l’électorat une volonté de rupture, aussi bien progressiste que réactionnaire. Nous, nous voudrions une rupture avec le système libéral actuel du laisser-faire politique. Mais une rupture réactionnaire pourrait se produire si Luc Frieden devenait Premier ministre. Il y a des ruptures nécessaires, et il y a d’autres ruptures dont je ne voudrais pas.
Quels seront les dossiers chauds pour le prochain gouvernement, selon vous ? Et si vous arriviez aux affaires, quelles seraient vos mesures phares dans les 100 premiers jours ? Je pense qu’une des premières choses qu’il faut faire, c’est une refonte institutionnelle. Il faudrait faire une constituante pour impliquer totalement la population dans une nouvelle Constitution. Une Constitution qui donnerait plus de droits économiques et sociaux et qui impliquerait concrètement les citoyens dans la rédaction des textes législatifs.
Le droit de pétition serait-il insuffisant ?
Évolution du nombre de sièges de déi Lénk à la Chambre des députés
Depuis 1999, date de sa première participation à des élections législatives, et à l’exception de 2004 où la rupture avec le parti communiste luxembourgeois (KPL) lui fait perdre son siège, le parti a une présence constante à la Chambre. Et il veut la garder.
Le droit de pétition, c’est juste la permission de demander quelque chose. Après, c’est « cause toujours, tu m’intéresses »… Je voudrais une « démocratie de base » dans laquelle les citoyens, éventuellement épaulés par des fonctionnaires ayant des compétences techniques, pourraient imposer des choses dans la rédaction des textes législatifs.
Puisque nous parlons de réforme institutionnelle, quid d’une circonscription électorale unique ?
Nous sommes pour et nous l’avons d’ailleurs proposée il y a plusieurs années. Déjà, les circonscriptions actuelles ne correspondent à aucune réalité géographique et démographique. Le fait qu’une voix du Sud n’ait pas le même poids qu’une voix du Nord ou de
l’Est est un problème. Et dans un petit pays comme le nôtre, ce découpage est artificiel. On peut habiter Kehlen et militer au centre. Tout cela ne fait aucun sens.
Hormis la chose institutionnelle, quelles seraient les autres mesures urgentes à prendre ?
Il faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros. En ce qui concerne le climat, l’État doit développer toute la filière décarbonatée. C’est un gros travail. Il faut assainir et verdir le pays. Dans le secteur du logement, il faut construire des logements publics en masse et plafonner les loyers en attendant que les logements en construction soient disponibles.
Pourriez-vous résumer votre programme en deux mots ?
Tout à gagner. C’est d’ailleurs notre slogan.
Parlons coalition. Êtes-vous prêt à prendre des responsabilités gouvernementales si on vous le demande ?
Je n’y pense pas quand je me rase… Gouverner n’est pas quelque chose qui m’intéresse personnellement. Au niveau du parti, nous n’avons jamais dit que nous ne le ferions pas. Nous avons déjà pris des responsabilités au niveau communal. Mais pas à n’importe quel prix. Il faudrait déjà qu’il y ait un bon rapport de force. Avec deux députés, je ne pense pas qu’on puisse entrer dans un gouvernement. Surtout que nous voulons opérer des changements radicaux. Avoir des strapontins avec peu de compétences pour passer cinq ans à avaler des couleuvres, pas question.
Pour vous, qu’est-ce que l’accomplissement en politique ?
Qu’il n’y ait plus besoin d’hommes ou de femmes politiques. Le but ultime, c’est que tout le monde fasse de la politique et que l’on n’ait plus besoin d’élus professionnels. Le jour où tout le monde sera capable de faire de la politique et de gouverner en collectif, alors nous aurons accompli une grande chose.
« Il faut revaloriser le salaire minimum de 300 euros. »
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La crise du logement : un enjeu de stabilité
Journaliste BENOÎT THEUNISSENLa crise du logement au Luxembourg atteint un niveau alarmant, touchant la compétitivité, la croissance et le tissu social. Face aux difficultés du marché immobilier, une régulation plus stricte pourrait-elle être la clé pour stabiliser et rationaliser les prix des logements ?
La crise du logement au Luxembourg s’est intensifiée, menaçant la compétitivité, la croissance et la cohésion sociale du pays. Depuis plusieurs mois, l’ampleur de la crise s’accentue. Selon le Politmonitor de novembre 2022, ce problème était déjà la principale préoccupation pour 75 % des résidents. Les chiffres dépeignent une situation alarmante : inflation de l’immobilier, diminution des ventes de logements et rareté croissante des logements abordables.
Au cœur de la crise se trouve une augmentation drastique des prix immobiliers, catalysée par divers facteurs, dont une
croissance économique robuste et une offre insuffisante. À Luxembourg-ville, le prix au mètre carré pour un appartement existant a presque triplé depuis 2007, passant de 4.015 € à 11.590 € en 2022. Parallèlement, les prix des appartements en Vefa ont également connu une hausse considérable, passant de 4.583 € à 14.157 € 1 .
Cette situation est exacerbée par des problèmes supplémentaires, tels que la crise du Covid, les difficultés d’approvisionnement, l’inflation, la hausse des taux d’intérêt hypothécaires depuis fin 2021 et les retombées économiques de la guerre
en Ukraine. Les conséquences de ces défis se font sentir sur le marché immobilier, avec une chute de 48,3 % des ventes de logements en 2023 par rapport à 2021.
Les prémices de la crise pour les ménages
L’augmentation des prix immobiliers a inévitablement un impact sur les ménages qui consacrent une part de plus en plus importante de leur budget au logement. En 2019, le taux d’effort, c’est-à-dire le rapport entre le coût du logement et le revenu disponible, était de 37,3 % pour les locataires et de 29,5 % pour les propriétaires endettés. De plus, l’accès au crédit pour les ménages devient de plus en plus difficile au Luxembourg, avec des apports en fonds propres exigés par les banques augmentant de 11,4 % en 2018 à 25-30 % actuellement. La Stratégie nationale du logement abordable a tenté de remédier à cette crise, mais la demande de logements dépasse toujours l’offre, en dépit d’une population qui a augmenté de près de 50 % depuis 2000. La Fondation Idea estime qu’il faudrait 7.340 logements
ÉVOLUTION DU PRIX DES ACQUISITIONS EN NEUF ET EXISTANT À LUXEMBOURG
supplémentaires par an jusqu’en 2026 pour soutenir la croissance du pays. Toutefois, en 2023, on prévoit 1.500 logements neufs de moins sur le marché. En conséquence, le nombre de permis de construire a chuté de 28 % entre 2021 et 2022 3 .
Face à cette crise, des appels ont été lancés pour des mesures de soutien temporaires et ciblées. La Chambre des métiers souligne l’importance du secteur de la construction, qui représente près de 15% des emplois, pour maintenir l’attractivité du pays et loger la main-d’œuvre nécessaire à son économie.
L’angle de la concurrence
Le secteur immobilier résidentiel du Luxembourg se distingue par sa spécificité. Face à une population en croissance constante, le marché peine à répondre aux besoins en logements, notamment en raison de l’augmentation spectaculaire des prix des logements neufs et à rénover. Bien que la conjoncture économique actuelle tende à modérer cette envolée, les prix demeurent élevés, conséquence directe d’une produc-
2 – ÉVOLUTION DU SECTEUR DE LA PROMOTION IMMOBILIÈRE
3 – ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ACQUISITIONS EN NEUF ET EXISTANT À LUXEMBOURG
tion annuelle de logements insuffisante et d’une propriété foncière largement entre les mains de quelques acteurs-clés. Ce sont précisément ces acteurs, majoritairement des promoteurs immobiliers, qui sont au cœur de la chaîne de valeur. Avec une omniprésence au Luxembourg – 1.105 entreprises pour un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2020 –, la profession attire l’attention de l’Autorité de la concurrence. Celle-ci a ainsi entrepris d’analyser en profondeur les interactions entre ces différents acteurs pour formuler des constats et recommandations en juillet dernier 2 .
D’abord, selon l’Autorité de la concurrence, il est à noter que la coopération entre promoteurs est courante, souvent justifiée par des besoins pratiques, comme la détention de terrains contigus ou la recherche de conditions de financement avantageuses. Toutefois, ces partenariats peuvent parfois entraver la concurrence. En effet, certains échanges d’informations pourraient favoriser des pratiques anticoncurrentielles, réduisant de ce fait l’offre
de logements. L’Autorité exhorte donc les parties prenantes à respecter scrupuleusement les règles de concurrence.
Vers une régulation accrue ?
Le rôle de l’administration est également crucial. L’autonomie communale, à travers les plans d’aménagement généraux (PAG) et les plans d’aménagement particuliers (PAP), influence directement la dynamique du logement. Les réponses obtenues par l’Autorité indiquent que les phases préparatoires de projets peuvent être longues et ardues, impliquant de nombreuses négociations. Ces contraintes pourraient décourager certains promoteurs, les poussant à constituer des réserves foncières. L’Autorité de la concurrence suggère ainsi de simplifier cette phase en imposant des procédures plus claires et concises.
La question foncière se révèle également centrale. Une majorité de terrains disponibles est détenue par des entités privées, et certains promoteurs pourraient pratiquer le land banking, visant à monopoliser les
63,9 %
En 2022, 63,9 % du foncier constructible pour l’habitat, soit 2.750 hectares, était détenu par moins de 20.000 particuliers. Le top 100 de ces détenteurs possédait 360 hectares, représentant 13,2 % du total. Les sociétés privées détenaient quant à elles 19 % de cette surface, soit 817 hectares.
No bei dir.
Mir wäerten
duerch massiv Investitioune méi bezuelbare Wunnraum schafen
d’Mëttelschicht weider spierbar entlaaschten an hir Kafkraaft stäerken
de Leit méi Zäit a Flexibilitéit gi fir Famill a Beruff besser ze verbannen
déi erneierbar Energien konsequent ausbauen an d’Leit beim Klimaschutz mathuelen
d’Betriber geziilt ënnerstëtzen an d’Attraktivitéit vum Land stärken
Réiden, 19h00
Centre culturel
Stad, 19h00
Cercle Cité
Mamer, 20h00
Mamer Schlass
Diddeleng, 19h00
Hall polivalent
Hengescht, 19h00
Centre culturel
Jonglënster, 19h30
Centre culturel
All eis Prioritéiten an d'Walversammlunge fannt dir op dp.lu
4 – NOMBRE D’AGENCES IMMOBILIÈRES
Le Luxembourg était, en 2019, le premier pays européen en termes de ratio « nombre d’agences / 1.000 habitants », avec 1,99 agence pour 1.000 habitants.
DE CERTIFICATS OAI ÉMIS PAR MOIS
terrains pour exclure la concurrence. Cette concentration foncière contribue à l’inflation des prix du foncier et, par conséquent, du logement, engendrant de sérieux problèmes sociaux.
Enfin, la commercialisation et la vente des logements impliquent l’intervention des agences immobilières. Leur nombre important au Luxembourg pourrait favoriser une surenchère, avec des prix proposés parfois décorrélés de la réalité du marché 4 . L’Autorité préconise donc une régulation accrue du secteur.
Recul dans la construction
Le secteur de la construction, de facto, traverse une période difficile. Pour anticiper son évolution, l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) révélait, en juillet dernier, une tendance inquiétante 5 .
Depuis juillet 2021, la moyenne mobile sur six mois des certificats OAI émis pour tous types de projets a connu une baisse alarmante de 38 % : 540 en juillet 2021, contre 334 en janvier 2023. Bien qu’une stabilisation ait été observée entre janvier et juin 2023, le nombre est resté faible, se situant à 365 en juin 2023. Cette tendance négative est encore plus marquée pour les
projets de logement, avec une chute de 41 % de la moyenne mobile sur six mois des certificats délivrés. De 441 en juillet 2021, ce chiffre a plongé à 261 en janvier 2023, se stabilisant légèrement à 263 en juin 2023. Cependant, une lueur d’espoir se profile pour les PAP. Après une chute drastique de 50 % entre mars 2022 et janvier 2023, une reprise encourageante est enregistrée avec 35 certificats délivrés en juin 2023.
Mise en place d’une task force Ainsi, face à une situation d’urgence dans le secteur de la construction, l’OAI plaidait, en juillet dernier, pour une intervention rapide dès la rentrée post-estivale, via la mise en place d’une task force. Cette dernière réunirait tous les acteurs-clés du secteur afin d’élaborer des propositions concrètes et des mesures d’urgence pour faire face à la crise.
En outre, l’OAI appelle à une simplification des procédures administratives, notamment en ce qui concerne les délais d’obtention des autorisations de construire. De plus, bien que l’accent soit actuellement mis sur le logement, il est crucial de soutenir plus largement la construction. L’OAI souligne l’importance pour les pouvoirs
publics de jouer leur rôle d’investisseurs anticycliques. Par ailleurs, il ne faut pas oublier le parc locatif lorsqu’il s’agit de rétablir la confiance du public dans l’investissement immobilier. Sur le plan des marchés publics, une simplification des procédures et une adaptation des critères de sélection sont nécessaires pour être en phase avec la réalité du terrain et les capacités des entreprises. L’idée de faciliter l’implantation des tiny houses sur des terrains privés est également avancée comme solution face aux besoins actuels des ménages.
L’enjeu est clair : assurer la reprise et la pérennité d’un secteur en crise par le biais d’une collaboration étroite, d’une innovation constante et d’un soutien renouvelé.
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REPLAY« Se réinventer à nouveau »
L’Europe revoit sa politique industrielle, notamment face à l’enjeu de la sécurité des chaînes de valeur dans les industries stratégiques. Nous faisons face à une crise énergétique et nous sommes en pleine transition technologique, avec le déploiement rapide de l’intelligence artificielle (IA), qui bouleverse les métiers et les stratégies d’entreprise.
Pensez-vous que l’économie luxembourgeoise soit plus vulnérable que d’autres en Europe ?
PwC Luxembourg a réalisé une étude sur l’état de l’économie du pays. Pouvez-vous en détailler les raisons ? Premièrement, nous avons constaté l’émergence de nouveaux critères décisionnels pour les stratégies d’entreprise et le gouvernement, notamment en matière d’environnement. Plusieurs initiatives, comme le plan de développement durable et la stratégie de finance verte, ont vu le jour. Parallèlement à cela, nous nous sommes interrogés sur les sources de revenus futures pour financer l’administration, la couverture sociale, les retraites, surtout après la crise du Covid-19, qui a nécessité des efforts budgétaires conséquents. De quels secteurs et de quelles entreprises seront tirées les futures recettes de l’État ? Nous avons également eu de nombreuses discussions sur l’avenir économique du Luxembourg, sur les secteurs porteurs de valeur et leur adéquation avec la stratégie nationale.
Au-delà de la période pré-électorale, cette étude intervient-elle dans un contexte particulier ? Absolument. Nous sommes dans une nouvelle ère, un changement de paradigme.
Le Luxembourg a démontré par le passé une grande résilience, en particulier face aux crises de 2001-2004 et de 2008-2012. Cependant, ces crises étaient principalement financières, alors que nous sommes aujourd’hui face à des défis d’une autre nature. La situation actuelle est marquée par une complexité sans précédent, qu’il s’agisse de la crise géopolitique, énergétique, financière ou encore des talents. Si, par le passé, notre solidité financière et la qualité du dialogue entre le gouvernement et les acteurs économiques nous ont permis de résister, aujourd’hui, nous affrontons des problèmes face auxquels nous avons des faiblesses structurelles, comme la crise énergétique, qui nécessite un dialogue renforcé entre acteurs publics et économiques. Dans ce contexte, le Luxembourg me semble plus vulnérable que par le passé et, en tant que petit pays, présente moins d’intérêt pour des investisseurs étrangers. Je m’interroge sur notre capacité à être également résilients face à ces nouvelles crises.
Quelles vulnérabilités observez-vous ?
Par le passé, avec la sidérurgie, les satellites, la banque ou les fonds d’investissement, le
Laurent Probst, partner, expert en développement économique chez
PwC Luxembourg, évoque les enjeux économiques du Luxembourg.
« Offrir un cadre d’affaires innovant, attractif et durable. »
LAURENT PROBST Partner, PwC LuxembourgPhoto Matic Zorman
Luxembourg a su créer et attirer des leaders mondiaux vers les secteurs stratégiques pour le pays grâce à la qualité de son environnement économique, social et légal. Aujourd’hui, nous sommes vulnérables en ce qui concerne les technologies stratégiques du futur, par manque d’investissement privé en recherche et développement (R&D) et d’investissement direct dans des entreprises stratégiques pour le pays. Au niveau de la fiscalité, notre marge de manœuvre par rapport à l’Europe s’est réduite. Le modèle qui a fait le succès du Luxembourg ces 20 dernières années avec la globalisation des échanges n’est plus adapté au contexte actuel. Quelques mesures ad hoc ne changeront pas la donne. Le Luxembourg doit innover avec de nouveaux instruments pour offrir un cadre d’affaires innovant, attractif et durable, tant pour les entreprises et les entrepreneurs que pour les employés, pour les 20 prochaines années.
Un des points-clés de l’étude touche également à la productivité. Pourquoi cette thématique ?
Quand on compare notre situation à celle des principaux acteurs européens, la différence est marquante. Les entreprises ont souvent eu recours à l’externalisation ou à la délocalisation pour maintenir leur compétitivité. Nos chiffres révèlent clairement cette tendance. Le secteur financier, par exemple, n’a montré aucune progression de la valeur ajoutée par employé depuis des années, ce qui est préoccupant.
Dans quelle direction faudrait-il renforcer le développement de la place financière ?
Il est essentiel de renforcer notre stratégie de développement, surtout en incorporant des innovations récentes, comme la finance verte et l’IA, sans attendre. Intégrer l’IA dans nos services financiers pourrait accroître non seulement notre compétitivité, mais aussi notre productivité. Il est aussi crucial de voir la finance en lien avec d’autres secteurs, comme l’ICT ou les services professionnels.
Comment voyez-vous le rôle de l’IA dans cette configuration ?
Avec l’arrivée de nouvelles réglementations, l’IA pourrait être notre alliée. J’ai eu une
discussion à ce sujet avec des experts et nous sommes tous d’accord : il est urgent que le Luxembourg se montre proactif en investissant massivement dans ce domaine, dans les secteurs public et privé, afin de créer un effet multiplicateur.
L’écosystème du pays est-il suffisamment outillé pour aller dans cette direction ? Il y a un hic. Nous n’avons pas encore vu d’entreprise spécialisée dans l’IA s’établir au Luxembourg, malgré des investissements en recherche publique. Il faudrait peut-être une refonte de la stratégie d’IA, considérant les nouvelles directives ESG et les avancées technologiques.
Vous avez évoqué les pénuries de talents. Comment pourrait-on surmonter ce défi ? Premièrement, nous n’avons pas vraiment exploité le potentiel de reskilling et d’upskilling de notre main-d’œuvre actuelle. L’idéal serait de former les employés à leur futur emploi en intégrant l’utilisation de l’IA ou des technologies vertes, par exemple, avec une politique de soutien plus favorable. Sur le plan du recrutement, nous n’avons pas suffisamment valorisé le Luxembourg à l’étranger comme un lieu offrant d’excellentes opportunités de carrière. Il faut créer des partenariats à long terme avec des universités choisies, proposer des stages et s’assurer que les stagiaires bénéficient d’un soutien adéquat. Chaque entreprise au Luxembourg travaille de son côté, mais une approche mutualisée serait plus efficace.
846
Les activités principales du secteur financier (banque et assurance) ont vu une diminution de leur valeur ajoutée de 846 millions d’euros entre 2015 et 2020. En 2022, bien qu’elles présentent une production stable avec une valeur ajoutée de 3,4 milliards d’euros, la croissance par employé n’est que de 2,4 % depuis 2015.
Vous notez dans vos recommandations que le Luxembourg aurait tout à bénéficier de la création d’une plateforme d’investissement multiinvestisseurs publics et privés. Pouvez-vous expliquer ?
Une plateforme d’investissement regroupe à la fois des projets privés européens à financer, sélectionnés pour leur qualité et leur potentiel, et des investisseurs publics et privés à la recherche de ce type de projets, en particulier dans des domaines technologiques nouveaux, comme les matériaux, l’hydrogène ou la cybersécurité, qui pâtissent d’un manque d’investissement significatif. En opérant cette plateforme, le Luxembourg aurait une vue sur les meilleurs projets à attirer et développer localement.
Quel potentiel percevez-vous de la création d’une telle plateforme ?
Le Luxembourg a le potentiel pour devenir un pôle central, créant des plateformes d’investissement thématiques qui combinent différents écosystèmes d’innovation et divers investisseurs. Cela positionnerait le pays comme un opérateur-clé des plateformes d’innovation digitale ou de technologies environnementales en Europe et renforcerait ainsi son rôle central dans les fonds d’investissement, avec en plus une vue sur les meilleurs projets européens.
Ce qui aurait, par conséquent, certains effets démultiplicateurs ?
Pour le dire simplement, plutôt que d’avoir un seul fonds d’investissement filtrant les projets, une plateforme d’investissement pourrait permettre à un projet d’être évalué simultanément par de nombreux fonds. Cela accélérerait considérablement le processus pour les innovateurs, qui pourraient obtenir des retours et du soutien beaucoup plus rapidement. Pour les investisseurs publics, cela permettrait d’attirer des co-investissements privés. Selon nos expériences, nous constatons un facteur 10 de co-investissement. Le Luxembourg pourrait jouer un rôle essentiel dans cette dynamique en investissant dans des fonds publics et en soutenant ces plateformes d’un point de vue opérationnel, en collaboration avec la Banque européenne d’investissement (BEI) et le Fonds européen d’investissement (FEI).
Quel modèle de compétitivité voulons-nous ?
Journaliste BENOÎT THEUNISSENDepuis deux décennies, l’attractivité de l’économie luxembourgeoise est sous les projecteurs. Pourtant, les défis mis en lumière par le rapport Fontagné en 2004 persistent, amplifiés par des chocs contemporains : menaces géopolitiques, transition écologique et transformation digitale.
Traditionnellement, le Luxembourg s’impose dans le peloton de tête des classements internationaux, comme l’a souligné l’Observatoire de la compétitivité dans son rapport de mars 2023. Selon cette institution consultative, le Grand-Duché préserve sa compétitivité à un niveau élevé, étayé par une stabilité politique et macroéconomique, une notation de crédit triple A, un climat d’affaires propice et une réglementation favorable, sans oublier un attrait international indéniable. En effet, l’aspect international est une caractéristique-clé du Luxembourg. En 2021, il s’est hissé à la
5e place du Globalisation Index du KOF Swiss Economic Institute, renforçant son identité d’économie ouverte et mondialisée. Fort d’une main-d’œuvre composée à 75 % d’étrangers, le Luxembourg, véritable épicentre européen, attire les grandes entreprises internationales. Grâce à sa place de 4e pays le plus stable politiquement sur 132, selon la Cornell University, l’Insead et la World Intellectual Property Organization, le Luxembourg démontre sa fiabilité et inspire confiance aux investisseurs internationaux. Cependant, tout n’est pas rose. L’Observatoire de la compétitivité signalait,
déjà en mars 2023, un « léger déclin » de la compétitivité territoriale du pays : « Le coût de la main-d’œuvre, l’évolution des prix, la compétitivité sur le plan fiscal, les pratiques managériales de gestion d’entreprise ou encore l’évolution atone de la productivité sont considérés comme des points à améliorer. »
Une chute brutale
Depuis lors, les choses ne se sont pas améliorées. Le 20 juin 2023, l’institut suisse International Institute for Management Development (IMD) mettait à jour son World Competitiveness Yearbook (WCY), véritable boussole de l’attractivité. Et là, c’est le choc tant redouté. Le Luxembourg, qui n’avait jamais fléchi en dessous de la 15e position, chute brutalement de sept places en une seule année, dégringolant de la 13e, en 2022, à la 20e, en 2023 1 .
Réagissant à cette descente en flèche, la Chambre de commerce se montre inquiète :
« En reculant de sept places, le Luxembourg perd du terrain par rapport à des économies dont il a toujours été proche en termes de performances : la Suisse, l’Irlande, les Pays-
Bas, Singapour, la Suède. » Plus alarmant encore, l’écart avec ces concurrents historiques se creuse, tandis que de nouveaux challengers font leur apparition. « Il est surtout devancé par des pays qui ne s’étaient jamais montrés plus compétitifs que lui dans la dernière décennie : la Belgique, l’Islande, l’Arabie saoudite, la République tchèque ou encore l’Australie. »
La faiblesse des performances économiques
Le décrochage du Luxembourg sur le terrain de la compétitivité s’explique essentiellement par la dégradation de son score en matière de performances économiques. La cause ? Un niveau de croissance inférieur à celui d’économies concurrentes, analyse la Chambre de commerce. En effet, sur le
1 – ÉVOLUTION DU CLASSEMENT GÉNÉRAL DU LUXEMBOURG AU WCY
Entre 2022 et 2023, le Luxembourg a dégringolé de sept places au World Competitiveness Yearbook (WCY) de l’institut suisse IMD, atteignant son pire score de l’histoire du classement.
2
LES PLUS GRANDS RISQUES POUR LES ENTREPRISES SELON LES CEO
pilier « Performances économiques » du WCY, le Luxembourg chute de la 1re place, en 2022, à la 38e place, laissant la pole position à l’Irlande…
Il convient toutefois de nuancer le bilan économique du pays. La performance économique modérée du Luxembourg en 2022, marquée par une croissance de 1,5 %, doit être mise en perspective avec sa résilience pendant la pandémie. En 2020, le recul du PIB du pays (-0,8 %) était bien en deçà de la moyenne européenne (-5,6 %). Malgré une croissance similaire aux autres pays de l’UE en 2021, le Luxembourg n’a pas bénéficié d’un effet rebond en 2022, contrairement aux autres économies européennes toujours en phase de rattrapage avec une croissance de 3,5 %.
Le moral des chefs d’entreprise Confrontés à un ralentissement économique en 2023, les dirigeants d’entreprise du Luxembourg sont en alerte maximale. La dernière édition de l’Annual Global CEO Survey de PwC dépeint un tableau sombre : 78 % des CEO du Luxembourg ont une vision pessimiste de la croissance, surpassant le pessimisme moyen à l’échelle mondiale qui se situe à 74 %. C’est un contraste frappant par rapport à l’optimisme affiché en 2021, où la plupart des CEO étaient confiants dans la perspective d’une croissance positive. Les CEO du Luxembourg ont identifié deux principales sources d’inquiétude : l’inflation et la volatilité. Des préoccupations qu’ils ne réservent pas seulement à l’année en cours, mais qu’ils anticipent pour la prochaine décennie 2 .
Au-delà de ces préoccupations économiques, la cybersécurité est devenue un point d’attention majeur. Les dirigeants au Grand-Duché voient dans les cybermenaces une réalité quotidienne et inévitable. Ils prévoient une montée de ces menaces : 28 % d’entre eux s’attendent à y faire face cette année – un chiffre qui grimpe à 32 % sur cinq ans, surpassant la moyenne mondiale de 25 %. Quant aux défis futurs, les entreprises luxembourgeoises éclairent certains risques spécifiques qui pourraient entraver leur rentabilité. Pour 80 % des CEO des entreprises financières, ce sont les change-
3 – ÉVOLUTION DU SCORE DU BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE
Au premier semestre 2023, le score du Baromètre de l’économie était à son niveau le plus bas depuis 2019. Mis au point par la Chambre de commerce, il calcule un score basé sur la moyenne de sept indicateurs de conjoncture.
ments réglementaires qui inquiètent le plus, surpassant de loin la moyenne mondiale (65 %). Pour les entreprises non financières, c’est la pénurie de talents qui prédomine, avec 74 % des dirigeants concernés – un chiffre, là encore, bien au-dessus de la moyenne mondiale (55 %) 3 .
Confiance et productivité
Devant ces défis, les dirigeants luxembourgeois prennent les devants : 73 % d’entre eux envisagent d’investir dans la formation continue, 72 % dans l’automatisation des processus et 67 % dans l’adoption de technologies avancées comme le cloud ou l’IA. Pourtant, seuls 29 % envisagent de se tourner vers des modèles d’affaires décarbonés, un chiffre légèrement inférieur à la moyenne mondiale de 31 %. La confiance des CEO d’entreprise vacille dans le contexte économique actuel, comme en témoigne le Baromètre de l’économie pour le premier semestre 2023. Un tiers des entreprises ont connu une baisse de leur activité au cours des six derniers mois, et les perspectives pour le second semestre 2023 ne sont guère plus
42,1 %
C’est ce que représente le secteur financier (banques, compagnies d’assurances et asset managers) dans la production nationale. Également, le secteur contribue à 24,3 % de la croissance de la valeur ajoutée et représente 9,7 % des offres d’emploi. De ce fait, l’économie luxembourgeoise reste hyperdépendante de son secteur financier.
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4 – LA PRODUCTIVITÉ LUXEMBOURGEOISE PAR SECTEUR COMPARÉE AUX CHAMPIONS EUROPÉENS
Mesurée à travers la gross value added – sur une base 100 –, une mesure économique qui représente la valeur des biens et services produits, la productivité du Luxembourg se trouve bien derrière les champions européens en la matière. Depuis 2016, la productivité de l’économie luxembourgeoise affiche même un recul significatif. 2016 2022
G-I: Commerce de gros et de détail, hébergement et restauration, transport
J: Information
M-N: Activités spécialisées, scientifiques et techniques, activités administratives
optimistes 3 . La rentabilité et les investissements sont dans la ligne de mire : une entreprise sur trois anticipe une baisse à court terme. Les secteurs de l’industrie, de la restauration, de la construction et du commerce sont en première ligne dans ce climat économique difficile. Des interrogations émergent également autour de la productivité du Luxembourg. Selon les analyses de PwC Luxembourg, depuis 2015, le pays enregistre le taux de croissance de productivité le plus faible d’Europe. Il est loin derrière les champions européens en la matière 4 . La valeur ajoutée brute diminue pour la plupart des secteurs-clés du Luxembourg. Par exemple, le secteur financier, pivot central de l’économie du pays, a perdu 7,6 points de productivité entre 2016 et 2022. À noter que ce secteur continue pourtant de progresser à l’échelle européenne.
Un air de déjà-vu
La menace qui plane sur la productivité de l’économie résonne fortement avec les échos du rapport Fontagné de 2004, pierre angulaire de la création de l’Observatoire de la compétitivité. Ce rapport, qui a façonné les principes fondamentaux de la doctrine de compétitivité du Luxembourg, concluait : « En termes d’analyse économique, on s’oriente vers une économie de rentes. » Il décrivait ainsi un système économique où une part conséquente des revenus découle de monopoles ou d’une ressource spécifique, plutôt que de la production de biens et services. Certes, ce modèle présente plusieurs avantages, mais il n’est pas exempt de vulnérabilités critiques : la volatilité des prix, une distribution mal ajustée des richesses, et une carence d’innovation. Ce sont autant de périls imminents, alors que la production
du Luxembourg repose à hauteur de 42,1 % sur son secteur financier. Sans compter que l’économie se trouve confrontée à une inflation galopante, et les investissements en faveur de l’innovation doivent être décuplés pour franchir le pas de la transition énergétique et de la transformation digitale.
REPLAY
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Luc Frieden CHANGE TIME FOR LËSCHT
Les finances publiques sous pression
Journaliste BENOÎT THEUNISSENLa prochaine législature pourra difficilement éviter de s’emparer du dossier fiscal. Les enjeux sont nombreux : une dette publique par rapport au PIB qui se rapproche du seuil des 30 %, des incertitudes quant au système des pensions, l’attractivité fiscale en question, un secteur financier en perte de vitesse…
Dans le sillage du conflit ukrainien, le Luxembourg a démontré une notable résilience grâce à des mesures budgétaires clés, rapportait le Fonds monétaire international (FMI), fin mai 2023. Malgré une économie en ralentissement, des interventions gouvernementales – incluant des contrôles de prix et des allègements fiscaux – ont réussi à atténuer l’impact de l’inflation, alimentée par la hausse des coûts énergétiques. Pour rappel, face à la crise énergétique, le gouvernement luxembourgeois a adopté plusieurs mesures de soutien pour les
ménages et les entreprises, comme le rapporte le FMI. Des contrôles de prix et des réductions d’impôts ont été instaurés pour soulager la pression financière. Un accord tripartite, en mars 2022, a permis de reporter la deuxième indexation des salaires à avril 2023.
Le gouvernement a également introduit des mesures pour compenser les pertes de revenus, dont des crédits d’impôt progressifs et des transferts en espèces pour les ménages à faible revenu. Des programmes spécifiques, tels que Energiedësch et Soli-
daritéitspak 1.0, ont stabilisé les prix de l’électricité et offert des subventions pour le gaz, des réductions de taxes sur le carburant, ainsi qu’un soutien financier pour les entreprises énergivores.
En septembre 2022, le Solidaritéitspak 2.0 a été lancé, incluant des plafonds sur les prix du gaz, un gel des prix de l’électricité, des subventions pour le fioul de chauffage, et une réduction temporaire de la TVA. En début d’année 2023, une augmentation de 3,2 % des salaires minimums a été appliquée, s’ajoutant aux indexations salariales.
Une croissance modérée de 1,1 % est cependant attendue en 2023, mais l’économie du pays devrait se rétablir progressivement à moyen terme 2
La dette publique se creuse
En matière de finances publiques, au second semestre 2022, le Luxembourg a enregistré une légère baisse des revenus budgétaires, résultat du ralentissement économique et de l’activation des mesures de soutien budgétaire. Néanmoins, une
relation favorable entre les taux d’intérêt et la croissance a permis de maintenir la dette publique stable à environ 24,5 % du PIB en 2022. Les impacts financiers des accords tripartites sont clairement ressentis sur les finances publiques. Cependant, grâce au soutien d’un solde excédentaire de la Sécurité sociale, le déficit des administrations publiques devrait être limité à -1,23 % du PIB en 2023, et à -1,51 % du PIB en 2024. Il est important de souligner que le solde des administrations publiques était positif en 2022.
Malgré tout, dans ses dernières observations, le FMI a tiré la sonnette d’alarme, avertissant que le seuil de 30 % de dette publique par rapport au PIB se rapproche à grands pas – une situation qui requiert une attention particulière. La question est désormais posée : l’horizon du seuil de 30 % de dette par rapport au PIB pourrait-il être dépassé avant la fin de la décennie ? 4
Les finances publiques sous pression Sous le poids d’une pression accrue, la situation budgétaire du Luxembourg est devenue une préoccupation majeure, avertit le FMI. Un potentiel ralentissement économique, notamment dans le domaine des exportations, pourrait entraîner une chute des revenus plus importante que prévu. D’autre part, les dépenses engagées dans le cadre des mesures de solidarité restent incertaines, dépendant fortement des fluctuations des prix de l’énergie et de la durée de l’inflation.
Face à l’incertitude, le FMI préconise une approche budgétaire neutre pour la période 2023-2024. Selon l’organisation, cet équilibre peut être atteint en reportant les embauches dans le secteur public et en rationalisant certaines dépenses. Toutefois, il est essentiel de maintenir les investissements et d’affiner le soutien énergétique pour maximiser son efficacité.
De plus, le FMI propose une mesure exceptionnelle en cas de chocs de l’offre : la suspension de l’indexation des salaires. Un recours à cette mesure drastique permettrait de préserver l’équilibre budgétaire tout en absorbant l’impact potentiel d’un choc économique.
1 – DETTES EXPLICITE ET IMPLICITE (2019)
Si la dette explicite du Luxembourg est l’une des plus basses d’Europe, il en est tout le contraire pour sa dette implicite. Dette explicite Dette implicite En pourcentage du PIB
2 – PROJECTIONS DE LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DU LUXEMBOURG
Il faudrait attendre 2025 pour retrouver une croissance du PIB qui dépasse les 2 %, selon les prévisions du Fonds monétaire international.
3 – ACTIVITÉS FINANCIÈRES ET D’ASSURANCE
La productivité des activités financières et d’assurance, mesurée par la valeur ajoutée brute (VAB). 2016 2022
4 – DETTE BRUTE ET REVENUS D’IMPOSITION DU LUXEMBOURG
L’horizon du seuil de 30 % de dette par rapport au PIB pourrait-il être dépassé avant la fin de la décennie ?
Dette brute nominale (mrds €) Recettes fiscales (mrds €) Ratio dette / PIB (%)
Pensions et dette implicite
Dans ce contexte, une préoccupation concernant le système de pension apparaît. D’après les prévisions du FMI, sans intervention, le système de pension pourrait accentuer le déficit public et épuiser entièrement les réserves d’ici 2047.
Une réforme de ce système pourrait non seulement maintenir sa viabilité, mais également libérer des fonds pour des investissements ciblés et améliorer l’équité intergénérationnelle. Cela pourrait inclure des mesures pour décourager le départ en retraite anticipée et rendre le système de pension moins généreux.
Au-delà des chiffres manifestes des finances publiques, il est essentiel d’examiner la dette cachée des États. Cette dernière, également connue sous le nom de « dette implicite », englobe les obligations financières futures qui sont essentielles pour honorer les engagements de l’État, mais qui ne sont pas reflétées dans les statistiques nationales courantes, à l’instar
des promesses de pensions. D’après les calculs du cabinet d’audit PwC, la dette implicite du Luxembourg atteignait le niveau vertigineux de 517 % en 2019 1 . Il est à noter qu’une dette implicite considérable pourrait découler d’une hausse des dépenses de retraite si le système de pension demeure inchangé face à une démographie fluctuante.
La compétition fiscale
Le paysage fiscal luxembourgeois révèle une tendance inquiétante : le taux d’imposition net moyen pour les célibataires sans enfant s’est considérablement accru depuis 20 ans, surpassant la moyenne européenne et celle des pays de l’OCDE.
Dans le même temps, une compétition fiscale féroce s’est installée, alors que l’UE et les instances internationales renforçaient leurs régulations. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2000 et 2022, au sein de l’OCDE, le taux d’imposition des entreprises a chuté dans 97 juridictions
3 milliards
Un secteur financier de « taille normale » entraînerait une perte minimale de 3 milliards d’euros pour le budget de l’État, estime PwC Luxembourg. C’est sans compter qu’une telle réduction impliquerait la perte d’au moins 53.820 emplois directs, un déficit commercial de 22,1 milliards d’euros et une diminution d’au moins 25 % du PIB.
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5 – LA VIABILITÉ DES ENTREPRISES FINANCIÈRES DE LA PLACE SELON LEUR CEO
Seuls 46 % des PDG du secteur financier estiment que leur entreprise continuera d’être économiquement viable au Grand-Duché pendant plus de 10 ans – contre plus de 70 % de leurs pairs en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, selon le 26e PwC Annual Global CEO Survey.
Luxembourg Irlande Grande-Bretagne États-Unis
et n’a augmenté que dans six. Concernant le Luxembourg, son taux d’imposition des entreprises est aux alentours de 25 % – bien supérieur à la moyenne de l’OCDE et à la médiane européenne de 21 %. Ce taux surpasse largement celui de concurrents directs comme l’Irlande, dont le taux est presque deux fois moindre.
Le Baromètre de l’économie du premier semestre 2023 de la Chambre de commerce révèle que la fiscalité des entreprises est une préoccupation majeure des dirigeants économiques, et 32 % d’entre eux estiment qu’une fiscalité plus favorable serait un atout pour le secteur financier luxembourgeois.
La prépondérance du secteur financier Le secteur financier au Luxembourg, bien qu’il soit qualifié de « surdimensionné », représente une part considérable de l’économie du pays. Il contribue non seulement de manière significative aux recettes fiscales de l’État, mais il est également le
principal moteur de la production du pays, représentant 42,1 % de celle-ci. Cependant, malgré ces contributions considérables, la productivité du secteur financier luxembourgeois reste en deçà de la moyenne européenne de 109,2 points, se trouvant à la traîne par rapport à des pays comme l’Irlande, la France, l’Allemagne, la Belgique, la République tchèque et la Pologne. Un déclin de la productivité dans ce secteur pourrait entraîner une baisse de la valeur ajoutée brute générée, ce qui se traduirait par une diminution des recettes fiscales tirées des impôts directs 3 .
Dans l’ensemble, la confiance des CEO de la Place semble être en déclin : moins de la moitié d’entre eux envisagent une viabilité économique à long terme pour leurs entreprises dans le pays 5 . Cette situation est d’autant plus préoccupante que le Luxembourg dépend largement de son secteur financier pour soutenir son économie et ses finances publiques. Comparativement, les CEO de la place finan-
cière en Irlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis affichent une confiance beaucoup plus élevée dans la pérennité de leurs activités financières.
Retrouvez la vidéo de la table ronde sur la fiscalité dans son intégralité et en replay sur paperjam.lu.
Are you confident with your FATCA & CRS classification?
Understanding FATCA and CRS regulations is crucial for global financial compliance. Three questions to Marco Scappaticci, FATCA-CRS expert at Value Partners.
Could you briefly explain what FATCA and CRS are, and how they apply to companies in Luxembourg?
FATCA is a U.S. regulation and CRS is a global initiative, both aimed at combating tax evasion through an automatic exchange of financial account information. In Luxembourg, qualifying companies must report to the Administration des Contributions Directes, which then automatically exchange the information with its relevant global counterparts.
What pragmatic steps can organisations take to ensure they meet regulatory requirements and avoid potential penalties?
Complexity often arises due to varying interpretations, data integrity, and changing regulations. Correct classification under FATCA and CRS is pivotal for meeting
international tax obligations and avoiding penalties. Organisations should invest in thorough training on FATCA and CRS guidelines. Routine internal audits and external consultations can provide valuable insights into how well these guidelines are being followed.
If you are committed to meeting all FATCA-CRS requirements, what strategies are recommended?
The most effective strategies focus on meticulous interpretation of the rules coupled with a multi-departmental approach for accurate data gathering. Securing specialised guidance in these areas is highly recommended. In this context, Value Partners offers a comprehensive suite of services, including specialised FATCA-CRS assistance, review, and monitoring. Our tailored solutions help alleviate the burden of complying to these requirements, enabling you to concentrate on core business objectives.
Aux urnes pour une mobilité librement choisie
Dans le contexte des élections législatives, l’ACL a consulté ses membres en les invitant à répondre à un questionnaire en ligne sur leurs attentes de matière de mobilité.
Représentant près de 190 000 membres au Luxembourg, l’Automobile Club du Luxembourg (ACL) s’est engagé à soutenir les initiatives favorisant une mobilité individuelle sûre, abordable et durable. À l’approche des élections législatives, il nous a paru indispensable de sonder nos membres afin de relayer leurs attentes auprès des candidats au pouvoir. Il en ressort que la quasi-unanimité de nos membres pense que les responsables politiques devraient accorder plus d’importance aux problèmes de mobilité. Ils sont d’ailleurs plus de 60 % à dire que la place accordée à la mobilité dans les programmes électoraux influencera leur vote.
Le chemin vers une mobilité plus durable et la période de transition qui l’accompagne suscitent en effet de
nombreuses interrogations auprès du grand public. Le manque d’information ne fait d’ailleurs que renforcer cette incertitude. Et cela se reflète dans les opinions divergentes de nos membres, notamment sur l’essor d’une mobilité décarbonée, électrique ou pas.
Ce n’est pas un hasard si quelque 78 % des personnes interrogées estiment que l’accent devrait être mis sur les questions de sensibilisation, d’information et de formation et comptent sur l’ACL pour être leur porte-parole. Cette position très claire est un encouragement pour l’ACL à s’exprimer davantage publiquement lorsque les décisions prises ne tiennent pas suffisamment compte des problèmes et des réalités auxquels nos membres sont confrontés.
EN SAVOIR PLUS DR YVES WAGNER Président de l’ACLt. 45 00 45-1 acl@acl.lu acl.lu
UN LIEN SOLIDE ENTRE L’ACL ET SES 190 000 MEMBRES
Une participation exceptionnelle
6 742
membres de l’ACL ont répondu à l’enquête mobilité*, ce qui montre leur attachement au club
Comment se déplacent-ils ?
80% automobilistes
63% piétons
31% transports en commun
17% cyclistes
8% motards
La mobilité, un thème majeur
des membres pensent que les décideurs politiques devraient accorder plus d’importance aux problèmes de mobilité
des membres estiment que l’importance accordée à la mobilité influencera leur vote
3 propositions recueillant l’approbation d’une large majorité de nos membres
86% 78% 78%
La sensibilisation, l’information et la formation des usagers de la route
La mise en place de capacités de stationnement « Park & Ride » supplémentaires
La promotion d’alternatives écoresponsables autres que l’électromobilité
Scannez pour accéder à l’enquête complète
+1.600 entreprises membres
+17.000 participants aux événements en 2022
Se rassembler
+300 événements et formations par an
Depuis 1998, le Paperjam+Delano Business Club rassemble des entrepreneurs, des dirigeants de TPE, de PME et de grandes firmes internationales et d’autres décideurs influents issus des principaux secteurs économiques, notamment la place financière, la technologie (ICT), l’immobilier et des métiers qui les supportent, telles la communication et les ressources humaines.
S’inspirer
Chaque année, le Paperjam+Delano Business Club organise une centaine d’événements où chaque membre peut puiser de l’inspiration, sur scène ou dans le contact direct avec les dirigeants de plus de 1.600 entreprises membres.
Se former
Le Paperjam+Delano Business Club, c’est aussi une Academy –un centre de formation agréé par l’État – qui offre plus de 200 modules de formation par an, hard et soft skills, cours avancés et autres workshops.
Jean-Pierre Zigrand (Systemic Risk Centre) Paperjam’s 2nd Real Estate Seated Dinner Party 29.09.2022 PwC LuxembourgS’associer
Être partenaire événementiel du Paperjam+Delano Business Club, c’est profiter de ses audiences hautement qualifiées, avant, pendant et après un événement pour promouvoir votre entreprise, vos atouts et vos marques.
Se faire connaître, communiquer
Développez votre image de marque via l’écosystème Paperjam+Delano et profitez d’une welcome interview, d’une carte blanche, des e-News, des communiqués de presse. Améliorez votre visibilité via le Business Guide et recrutez vos futurs talents en plaçant vos offres d’emploi sur le Job board.
Devenir membre ?
Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert à toutes les entreprises et institutions luxembourgeoises ou en rapport avec le Luxembourg, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille.
+100 événements par an
10×6
En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scène devant un public de près de 600 personnes. C’est le rendez-vous mensuel incontournable du Paperjam+ Delano Business Club, véritable format flagship. Les présentations sont données en français ou en anglais, selon la préférence de l’intervenant. Une interprétation simultanée vers l’anglais et le français est disponible.
10 rendez-vous sont déjà fixés pour l’année 2024 :
24.01 10×6 Leading HR Managers’ Challenges 2024
27.02 10×6 Female Founders
26.03 10×6 Leading CIOs’ Challenges 2024
24.04 10×6 New European Bauhaus (en collaboration avec l’OAI)
10×6 Entrepreneurship: Lessons Learned
Talks, Shows & Awards
Avec les journalistes de Paperjam et Delano, en lien avec le contenu publié par les rédactions, le Paperjam+Delano Business Club propose une série de conférences sur les enjeux business. Avant-goût de la
+ CEOs- & Entrepreneurs-
13.
Anniversary Party & Delano’s Annual Expat Guide Release Party…
Consultez
+200 formations par an
Welcome to
G.A.N.G., le premier « food court » de la Belle Étoile
Trois concepts, trois expériences culinaires, un food hall : bienvenue chez G.A.N.G. ! Le plus grand food court luxembourgeois a ouvert ses portes en grande pompe durant la braderie, en plein cœur de la Belle Étoile.
Pas moins de 500 personnes s’y sont pressées pour la journée soft opening : si les chanceux clients ont apprécié la diversité de l’offre et la qualité, tous se rejoignent sur l’aspect spectaculaire du lieu, que l’on doit à la designeuse Véronique Witmeur. Aux manettes, un duo bien connu au Grand-Duché – Stéphanie Jauquet et Salva Barberio – qui mutualisent pour la première fois leurs compétences et leurs talents dans un projet pour le moins ambitieux. Leur ADN imprègne très largement G.A.N.G., au sein duquel on retrouve un Grand Café by Red Beef et un « bar où manger » Um Plateau. Le chef Morris Clip est également de la partie, avec Specto, un nouveau concept culinaire pour lequel il a eu totalement carte blanche : « Nous souhaitions mettre fin à la trilogie entrée-plat-dessert. Morris Clip a ainsi choisi de travailler sa carte en fonction de différents modes de cuisson (barbecue japonais, wok, four à charbon et deep fried), sous forme
de petites assiettes, afin que le client puisse créer sa propre expérience de dégustation », explique Clémentine Venck, directrice générale du groupe Cocottes, en charge de la coordination de ce nouveau projet. Enfin, un vaste food hall complète l’offre : pizzas, burgers, spécialités asiatiques… L’idée est bien que tout un chacun trouve de quoi satisfaire ses envies, quel que soit le moment de la journée. On aime la prise de commande en ligne, ludique, qui leur permet de faire aussi de la vente à emporter. Que les aficionados de la tradition se rassurent, la prise de commande à table ou au comptoir reste possible pour ceux qui le souhaitent. Et pourquoi G.A.N.G. ? Pour l’acronyme de Générosité, Amour, Nourriture et Goût, en référence aux liens qui les unissent, mais surtout aux valeurs qu’ils partagent.
G.A.N.G., C.C. Belle Étoile, route d’Arlon, Bertrange @gang.lu
Lesbonnes nouvelles
LA TABLE DU CHEF À L’HOSTELLERIE DU GRÜNEWALD
Aline Bourscheid et Clovis
Degrave lancent une nouvelle expérience culinaire : 18 convives prennent place autour d’un comptoir où officient le chef et sa brigade, dans un cadre raffiné conçu par NJOY. « Nous avons créé un espace où la passion pour la gastronomie se mêle à une interaction personnelle avec notre équipe. Chaque repas devient ainsi une performance culinaire à part entière, célébrant la créativité et le raffinement. »
www.gct.lu
AVIS AUX FANS DE CINNAMON ROLLS
CINNAMOOD S’INSTALLE GRAND-RUE
Après avoir ouvert pas moins de 14 boutiques en Allemagne, Cinnamood s’apprête à conquérir le Grand-Duché avec son concept monoproduit autour du cinnamon roll. Aux côtés de la recette traditionnelle, à la cannelle (dont une version vegan), l’escargot brioché se décline en de nombreuses recettes toutes plus gourmandes les unes que les autres : pistache, coco, Oreo ou cookie dough @cinnamood_luxembourg
NOUVELLE BOULANGERIE
AU PAIN QUOTIDIEN
L’enseigne belge spécialisée dans la boulangerie a ouvert sa première adresse dans le centre-ville de Luxembourg, rue Aldringen, sous l’impulsion de Lou Reiter (passé par Charles Sandwiches à Luxembourg et An der Villa à Steinfort), qui compte bien apposer sa patte avec des produits frais locaux et des recettes qui font honneur au terroir luxembourgeois et à ses traditions.
19, rue Aldringen Luxembourg (Ville Haute)
UNE NOUVELLE CANTINE À LA MOSELLE
KACHATELIER
La société Annen, à Manternach, a sans doute la cantine la plus chic du pays. Le chef Harald Rüssel, épaulé par son fils Maximilian, y ont en effet ouvert Kachatelier, un concept culinaire scindé en deux usages : le midi, une formule lunch attractive ; le soir, la cantine se métamorphose en bistrot avec deux menus en trois services. Dans les assiettes, des recettes franches et savoureuses, élaborées à partir de produits de saison et locaux.
2, A Lambett, Manternach www.kachatelier-manternach.lu
DOUBLE OUVERTURE
POUR COME
Le groupe Come continue de s’étendre avec deux nouvelles adresses : Piccolo Come, un ristorante dans toute sa splendeur avec ses plats authentiques et pizzas, et, dernier-né de la maison, Dolce Come, qui, comme son nom l’indique, met l’accent sur les douceurs. Cette seconde adresse se veut une traditionnelle gelataria
À goûter impérativement, les brioches siciliennes fourrées de glace artisanale. Une merveille.
Piccolo Come : 20, rue du Curé, Luxembourg (Ville Haute)
Dolce Come : 10, Grand-Rue, Luxembourg (Ville Haute)
PLACE AUX JEUNES
AU CONVICT
Son restaurant d’application étant fermé pour travaux, le lycée hôtelier de Diekirch a dû trouver un plan B. Depuis la rentrée 2022, le restaurant Alexis-Heck a ainsi pris ses quartiers dans le centre de Luxembourg-ville pour un pop-up provisoire : Convict. Après une fermeture durant les congés d’été, le restaurant reprendra du service dès octobre 2023, à l’heure du déjeuner, afin de permettre aux étudiants de mettre en application les savoirs et savoirfaire appris durant l’année.
5, avenue Marie-Thérèse Luxembourg
ÉPICERIE FINE ET VINS NATURE
À LA GROCERIE
C’est au cœur de l’été qu’une nouvelle épicerie fine a ouvert ses portes dans le Grund, sous l’impulsion de Franz Dickes (ex-Vins Fins), et dont l’attrait principal sera à n’en pas douter ses sandwiches au pastrami, préparés dans la plus pure règle de l’art. Autre atout de La Grocerie : sa cave à vins nature, la plus grande de Luxembourg.
12, rue Münster Luxembourg (Grund)
CONVIVIALITÉ RENOUVELÉE
POUR LE KONRAD
Bonne nouvelle pour les habitants de Bonnevoie : Konrad y a ouvert une seconde adresse, « same but different ». Si l’on y retrouve tout l’esprit qui a fait le succès de la maison – et son carrot cake, sans doute l’un des meilleurs en ville –, cette seconde adresse proposera une carte plus large, et notamment un brunch dominical. 20, rue du Verger, Bonnevoie
Foodzilla Mobilier Les coups de cœur de Nathalie Jacoby
« J’aime le côté graphique de la base en croix de cette chaise, son pied avant incliné. Elle invite à une mise en scène de la position assise. »
Loehr.co
Chaise L5 Jazz (2021)
David et Julian Löhr
« Des formes géométriques ‘chunky’, prismes purs de couleurs avec des dégradés subtils. Ces objets font un très bel effet associés en groupe. »
Chez Kanerz Art (encheres-luxembourg.lu) ou dans les brocantes
Lampes Night and Day (2021-22)
Jos Devriendt
« Petites sculptures fonctionnelles, ces séries de lampes ‘champignon’ déclinées en faïence, bronze ou porcelaine sont joyeuses, sympathiques, et aussi belles à regarder le jour que la nuit. »
Chez Pierre Marie Giraud (Bruxelles) ou Demisch Danant (New York, Paris)
Chaise Girafa (1986)
Lina Bo Bardi, Marcelo Ferraz et Marcelo Suzuki
Vide-poches et vase en verre de Murano Sommerso (années 1950-1970)
’épure de l’assise ! Inspirée du tabouret d’Alvar Aalto, cette chaise en est une interprétation tropicale en bois massif brésilien. »
Chez Marcenaria Baraúna
affectionne particulièrement le côté brutaliste des cordes de chanvre tressées, surtout si elles sont, comme ici, associées à une élégante structure en bois. »
En maison de vente chez drouot.com ou quittenbaum.de
Fauteuil Adrien Audoux et Frida Minet (vers 1950)
Vibo Vesoul
Nathalie Jacoby
est architecte d’intérieur. Avec son agence NJOY, elle a réalisé de nombreux aménagements pour des particuliers ou des entreprises, mais aussi des scénographies pour des institutions culturelles.
DANCING AFTERWORK CELEBRATION
« Marciano by Guess est l’une de mes marques préférées : j’y achète la plupart de mes robes. J’ai choisi celle-ci car sa couleur bleue me rappelle les vacances, la mer. J’aime ces nuances associées aux motifs géométriques, je trouve que cela a un effet apaisant sur moi ! »
« Les vacances d’été ont inspiré cette tenue, avec ses couleurs vives, ses motifs floraux. Mais, surtout, je crois que je n’arrive à porter cet orange vif que lorsque je suis bronzée ! Autre tendance de mon vestiaire, les jupes crayon : je trouve que cette pièce donne instantanément une silhouette très élégante et féminine. »
« J’adore la couleur bourgogne, qu’on retrouve sur le motif floral de cette robe ainsi que sur les salomés que je porte. J’ai pensé cette tenue autour d’une parure de bijoux en grenat de Bohême que m’a transmise ma grand-mère de 93 ans. Elle avait l’habitude de la porter au théâtre, dans les années 60. »
Dans le vestiaire de Lenka
SPORT WORK
« Je suis une adepte des tops courts pour m’entraîner pour une seule et bonne raison : cela me motive à fond et m’aide à garder mes abdominaux contractés pendant la séance !
Cette tenue inspirée par la nature est celle que je porte pour ma routine quotidienne de yoga. »
« Dans mon dressing, on ne trouve que des marques italiennes, américaines, britanniques ou espagnoles : ce sont celles qui correspondent le plus à mon style et à ma morphologie. Exception faite de Tamaris, une marque allemande,
Lenka Kopecka
dont j’aime les chaussures. Les talons aiguilles sont de qualité, mais surtout confortables ! C’est très important pour moi, car je bouge beaucoup et j’adore porter des talons ! »
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Derrière Paperjam et Delano, deux médias bien connus, se trouve Maison Moderne, l’entreprise média fondée par Mike Koedinger il y a 30 ans. Avec 120 collaborateurs, Maison Moderne est un éditeur de presse, un business club et un brand studio.
Depuis près de 25 ans, Paperjam est un média fiable, influent et indépendant.
Leader incontesté de la presse économique et financière, l’écosystème de Paperjam est la référence business au Luxembourg et touche 150.000 personnes uniques avec son site web, ses newsletters, son magazine, ses suppléments, ses horsséries, son job board, ses canaux sociaux, son programme de formation, ses awards et ses événements.
Les missions de Maison Moderne Offrir une voix indépendante et influente dans le paysage médiatique luxembourgeois en proposant un journalisme de qualité et en établissant Paperjam et Delano parmi les principales marques médias du pays. S’engager pour le développement du Luxembourg à long terme en contribuant au changement sociétal et au rayonnement international du pays.
Réunir les communautés qui font avancer le Luxembourg dans le principal club d’affaires au GrandDuché. Agir en tant que précurseurs dans l’industrie des médias
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