NUMÉRO 217
NOVEMBRE 2021
Business zu Lëtzebuerg
Stéphane Bailly, pilote européen 5 453000 074017 11 5€
Édito #Intégration
Frontaliers par défaut La tentation est grande. Deux ans avant les élections législatives, les discussions portent déjà sur les mouvements au sein de chaque parti. Qui sera candidat parmi les ténors ? Qui pourra combler l’absence d’un « faiseur de voix » ? Or, il reste encore 24 mois au gouvernement pour ouvrir des chantiers d’avenir grâce aux moyens financiers à disposition, comme le montre le projet de budget 2022 de l’État. Le ministre des Finances Pierre Gramegna se réjouit – à raison – de voir les finances publiques retrouver des niveaux « normaux » d’avant-pandémie. De bon augure pour assumer les généreuses dépenses sociales et ajouter des lignes comptables teintées de développement durable. Aux répercussions des enjeux mondiaux s’ajoutent, dans le même temps, des défis locaux au premier desquels le logement. Comme l’a montré la table ronde organisée par le Paperjam + Delano Club En milliers 800
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Source
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SOUS LES RADARS L’augmentation constante des frontaliers de nationalité luxembourgeoise illustre les répercussions de l’envolée des prix de l’immobilier.
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Population totale Salariés Fonctionnaires et employés publics
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Frontaliers Frontaliers luxembourgeois
le 13 octobre dernier, les constats ne sont pas unanimes, mais une conclusion suscite le consensus : la fin de la crise du logement passera par une solution public-privé. Si le gouvernement veut faire du Luxembourg une nation en pointe sur les questions climatiques et sociales, il ne peut faire l’impasse sur l’enjeu de l’arrivée et de l’intégration des compétences nécessaires pour faire tourner l’économie. Faute de logements accessibles à des prix décents, les travailleurs étrangers deviennent souvent des frontaliers par défaut, accentuant l’engorgement des axes routiers et les émissions de CO2 lorsqu’ils n’optent pas pour des transports en commun, dont l’amélio ration – visible au Grand-Duché – diffère de part et d’autre des frontières. Faute de logements abordables, de plus en plus de Luxembourgeois deviennent, eux aussi, frontaliers. Dans une région qui est un laboratoire grandeur nature de l’Europe, cette migration n’aurait rien d’alarmant si elle ne reflétait l’incapacité des personnes concernées à trouver un toit dans leur propre pays ou dans le pays dans lequel elles ont choisi de travailler, et donc de payer leurs impôts. Frontaliers par choix ou par défaut, électeurs et/ou contribuables, ces voix valent la peine d’être entendues dans un débat national qui a également tout à gagner en reposant sur une dynamique public-privé. Rédacteur en chef THIERRY RAIZER
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Novembre 2021
Ristretto 10 #POLITIQUE 12 JESSIE THILL
« Une petite fille doit pouvoir s’imaginer chef d’entreprise » –
14 #ENTREPRISES 16 CATHERINE BAFLAST
« L’avocat traditionnel va devoir évoluer » –
18 #PLACEFINANCIÈRE 20 CYRIL MOLITOR
« Les technologies font que les choses s’accélèrent » Data Dada 26 #LEGAL
Une constellation autour du droit
p. 28 Le président de Car Avenue, Stéphane Bailly, détaille la stratégie d’un groupe européen qui navigue entre crise et consolidation sectorielles.
Conversations 28 STÉPHANE BAILLY
« La croissance n’est pas une fin en soi » –
42 ANNE-SOPHIE THEISSEN
« En matière de fiscalité, on peut prendre des initiatives locales » –
46 BÉATRIX CHARLIER
« Repérer les intel ligences, c’est vital pour l’entreprise » –
50 PIT RECKINGER
« Construire un symbole fort pour le futur de l’Université » –
54 MURIEL BOUCHET
Photos
Guy Wolff, Romain Gamba
« A priori, les signaux sont rassurants » –
58 LUCIEN HOFFMANN
p. 4 6 Béatrix Charlier donne des clés aux dirigeants en perte de repères face aux attentes des différentes générations présentes en entreprise.
« Dans 50 ans, notre climat aura des éléments typiques du climat méditerranéen » NOVEMBRE 2021
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UNE FAIM DE DIGITALISATION Évolution du nombre de demandes pour les program mes Fit4Digital (lancé en 2018) et Fit4Digital Packages (lancé en 2019 à destination des TPE).
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68 Enjeux
Les PME en quête de digitalisation
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Fit4Digital Fit4Digital Packages
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p. 68
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70 INTERVIEW « Je crois beaucoup en la vidéo et en TikTok »
La digitalisation n’est pas l’apanage des grandes structures et les PME ont tout intérêt à prendre le train en marche.
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72 MODE D’EMPLOI
Des aides publiques à saisir
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76 RETOUR D’EXPÉRIENCE
Lifestyle
Comment Ernster et Baucenter Decker-Ries veulent garder une longueur d’avance
108 MA MAISON 110 MON ARGENT 112 MON STYLE 114 MA COLLECTION 116 MA RECETTE
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78 RETOUR D’EXPÉRIENCE
Le digital, un relais de croissance pour Gedeon
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120 La liste
80 RETOUR D’EXPÉRIENCE
Quand La Table s’est allongée en épicerie
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7 visages du renouveau des partis politiques
Portfolio
La tête dans le guidon 100 Business Club
Débat public p. 8 4 Onze responsables politiques et dirigeants d’entreprise et d’institution (ici, l’avocat Philippe Penning) partagent leur usage et leur passion du vélo.
08 MARC GOERGEN 62 SYLVAIN HOFFMANN 96 JEAN-PAUL OLINGER
Advertoriaux 22 Degroof Petercam Luxembourg « Tout le monde peut être philanthrope » 24 ATOZ
Offrir une solution adaptée aux fonds alternatifs
38 LALUX ASSURANCES
Anticiper sa retraite, une nécessité
40 SWISSQUOTE
L’investissement en ligne a le vent en poupe
64 MIDAS WEALTH MANAGEMENT
Midas Wealth Management et Dreyfus Banquiers unis autour des mêmes valeurs
66 TELKEA
Photos
Guy Wolff
Offrir la combinaison gagnante
82 SOGELIFE
L’assurance-vie de demain
p. 108 Florian Hertweck et Maribel Casas ouvrent les portes de leur maison de maître rénovée.
98 WEINVEST
L’immobilier pour décorréler risque et rendement NOVEMBRE 2021
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Débat public De l’initiative, de l’ambition et du courage : la fondation d’une entreprise nécessite bien plus que des capitaux de lancement. Pourtant, même les esprits les plus combatifs connaissent de temps en temps des défaites. Surtout, les PME font actuelle ment face à une multitude de défis. La crise sanitaire continue à produire ses effets, et le secteur de la construction est quant à lui confronté à une importante pénurie de matériaux. Conjointement, le problème de la pénurie de main-d’œuvre dans les métiers de l’artisanat persiste, et la flexibilisation du congé parental ainsi que l’augmentation du salaire social minimum – et, récemment, le déclenchement d’une nouvelle tranche indiciaire – pèsent sur les budgets des patrons. Il est par ailleurs très important de lutter contre le phénomène du travailleur pauvre et de promouvoir la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Mais il ne faut pas non plus oublier de soutenir les entreprises pendant ces phases de transition. Beaucoup de facteurs peuvent se trouver à l’origine d’une faillite. Une intervention précoce, couplée à une adaptation du modèle d’entreprise ou des services de conseil, permettrait toutefois à beaucoup de sociétés de se rétablir. Des offres similaires existent déjà de manière ponctuelle, mais j’espère que les partis au pouvoir arriveront à consolider et élargir l’offre actuelle avec la réforme du droit de la faillite, en reconnaissant enfin qu’il est nécessaire d’instaurer un vaste système d’aide et d’évaluation.
Marc Goergen Député Piratepartei
Le but du législateur doit être de limiter les procédures de faillite à un minimum. Comme il fut décidé de scinder le projet de loi en deux, les travaux sur le nouveau texte de la partie relative à la préservation des entreprises et portant modernisation du droit de faillite sont toujours en cours. En attendant, la commission parlementaire se penche sur la deuxième partie du projet, qui porte sur la création d’une procédure de dissolution adminis trative, et dont on peut espérer qu’elle sera bientôt mise au vote en séance plénière. Pourtant, c’est la première partie du projet qui suscite le plus d’intérêt et qui est attendue depuis plus de 10 ans maintenant. Depuis 2013, chaque gouvernement a énoncé cette réforme comme priorité dans son accord de coalition. Mais, jusqu’à présent, aucune avancée n’a été réalisée. Il est donc grand temps que la commission présente un texte révisé qui réponde aux défis actuels. Les opinions divergentes dans la coalition à trois ne facilitent pas le travail sur ce dossier qui nécessite beaucoup d’expertise. Le temps presse pour présenter enfin un compromis compatible avec la réalité économique. Marc Goergen est notamment membre de la sous-commission Préservation des entreprises et modernisation du droit de la faillite de la commission de la justice. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne la parole aux représentants élus au Parlement. Photo ANTHONY DEHEZ
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NOVEMBRE MARS 2020 2021
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Ristretto #Politique Sélectionné par IOANNA SCHIMIZZI
DÉTERMINÉ
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« Nous voulons garder des investissements à un niveau record en 2022. C’est le cas avec 3,2 milliards d’euros, un total qui n’avait jamais été investi. Soit 4,4 % du PIB – un chiffre qui nous place au plus haut sur l’échiquier européen. »
« Eise Wee aus der Kris » – soit, en français, « Notre sortie de crise ». Voilà le titre du projet de budget 2022 que Pierre Gramegna (DP), le ministre des Finances, déposé à la Chambre des députés le 13 octobre. 2
EXAUCÉE
« Le Luxembourg faisait partie de mes vœux. »
Quatrième femme à occuper le poste d’ambassadrice de France au Luxembourg depuis 1942, Claire Lignières-Counathe a remis ses lettres de créance au Grand-Duc Henri à la fin du mois de septembre. INDIGNÉE
3
« Où est la réforme fiscale ? C’était LA grande réforme du gouvernement Bettel II, et elle est absente. Ce n’est pas acceptable. » Martine Hansen, coprésidente de la fraction parlementaire du CSV, a réagi aux annonces faites par le Premier ministre Xavier Bettel (DP) lors du discours sur l’état de la Nation le 12 octobre. 4
DISPONIBLE
« J’ai dit que je serai candidat si mon parti m’y autorise. »
Jean Asselborn. Le très populaire ministre des Affaires étrangères a indiqué à Paperjam, le 15 octobre, qu’il se mettra à disposition du LSAP pour les législatives de 2023. 5
CONTROVERSÉE
« Tout chef d’entreprise ou tout chef d’administration peut décider de placer l’ensemble ou une partie seulement de son entreprise ou de son administration sous le régime CovidCheck (...) . »
La loi du 18 octobre votée majorité contre opposition à la Chambre met à jour une partie des mesures pour lutter contre l’épidémie du Covid-19 et instaure la possibilité du CovidCheck en entreprise. Une mesure réclamée par le patronat, mais que les syndicats considèrent comme une obligation déguisée de se faire vacciner et qu’ils craignent voir déboucher sur des sanctions à l’égard des employés qui ne se soumettraient pas au régime en question.
« Ces milliardaires qui voyagent aux limites de l’espace, je trouve cela très enfantin, et ce n’est certainement pas cela qui m’intéresse le plus dans les développements du secteur! »
Dans une interview à Paperjam à la veille de son départ (le 23 octobre) pour l’Expo 2020 de Dubaï où il a mené une mission économique dédiée au secteur spatial, le ministre de l'Économie, Franz Fayot (LSAP) n’a pas manqué de tacler les Musk, Bezos et Branson, tout en assurant s’inscrire dans la démarche lancée en 2016 par son prédécesseur, Etienne Schneider, démarche affinée entre-temps en lien avec les besoins terrestres.
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Romain Gamba et Matic Zorman
MOTIVÉ
Photos
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Ristretto #Politique
« Une petite fille doit pouvoir s’imaginer chef d’entreprise » À 25 ans, Jessie Thill fera son entrée en tant que députée déi Gréng en janvier prochain. Tour d’horizon des priorités de celle qui succédera à Carlo Back.
Comment vous sentez-vous à quelques semaines de votre entrée en fonction ? C’est une immense chance. Carlo Back me donne une opportunité incroyable, et ce n’est pas le cas dans tous les partis politiques, car il y a des députés à la Chambre qui sont plus âgés que lui et qui ne donnent pas forcément leur chance aux nouvelles générations. Je me sens à la fois impatiente et un peu stres sée à l’idée de commencer.
les questions de l’environnement et du climat sont dans leur ADN, et dans tous les domaines : le logement, la finance, l’agriculture, etc. Quels sont les principaux sujets qui vous intéressent ? L’environnement et le climat, bien sûr, et l’égalité entre tous les genres, que tout le monde ait les mêmes chances... Ce sont des sujets qui me tiennent à cœur depuis longtemps.
Comment avez-vous appris votre nomination ? Je suis arrivée en septième position lors des dernières législatives (2.979 suffrages nominatifs, ndlr). Donc, il était possible que cela arrive, et j’étais la prochaine sur la liste. Lorsque Carlo Back a annoncé son retrait de la vie politique, je m’y attendais.
Le Luxembourg a encore des efforts à fournir sur la question de l’égalité hommes-femmes ? Au niveau politique, au sein des entreprises, les postes à responsabilités sont encore dominés par les hommes, et il faut continuer à combattre les clichés. Il faut que cela soit normal pour une petite fille de pouvoir s’imaginer devenir chef d’entreprise ou Première ministre.
À 25 ans, vous n'êtes déjà plus novice en politique… Oui, cela fait quatre ans que je siège au conseil communal, et, depuis octobre 2020, je suis échevine à Walferdange. Et, de février 2019 à mars dernier, j’étais porte-parole de déi Jonk Gréng.
Il y a des choses à faire aussi à l’école ? Oui, je crois que, dès l’école fondamentale, il faut enseigner aux enfants, garçons et filles, ce qu’est l’égalité, et qu’ils ont les mêmes droits. Savez-vous déjà quels sont les grands dossiers qui vous attendent lors de votre arrivée à la Chambre ? Toutes les commissions n’ont pas encore été réparties, mais il est certain que je travail lerai notamment au sein de la commission de l’environnement et du climat, car c’est le domaine de mes études et mon thème central.
Pourquoi avoir choisi de faire de la politique ? Depuis que je suis jeune, je suis engagée : j’étais au Parlement des jeunes, et cela m’a beau coup plu. C’est durant mes études universitaires que j’ai vraiment pris conscience que c’était ce que je voulais faire.
Qui sont vos modèles en politique ? Au niveau international, je dirais l’élue démocrate de New York Alexandria Ocasio-Cortez. Elle est jeune et elle encourage beaucoup de jeunes à aller voter, elle donne envie de s’engager. Au niveau national, je pense notamment à la ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg (déi Gréng), que je trouve très compétente.
C’est-à-dire ? J’ai fait des études en physique environnementale, et mes professeurs expliquaient toutes les consé quences du changement climatique, et surtout les solutions qui existent et qui sont connues depuis longtemps. Il faut des décisions politiques coura geuses pour réussir à limiter la crise climatique à 1,5 °C. C’est pour cela que je me suis engagée encore plus en politique, notamment au niveau national, quand je me suis présentée en 2018 aux élections. Pourquoi déi Gréng ? Au début, je ne me suis pas posé la question d’un parti politique, je voulais juste m’engager et faire entendre ma voix au Parlement des jeunes, dans mon lycée, etc. C’est durant mes études que j’ai compris que c’était vers déi Gréng que je voulais m’orienter, parce que
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Entrer un jour au gouvernement, un rêve ? Je vais continuer à m’engager, et si les citoyens me font confiance et pensent que je pourrais faire ça correctement, pourquoi pas… mais ce n’est pas mon objectif premier.
Jessie Thill est échevine à Walferdange depuis octobre 2020.
Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo MATIC ZORMAN
Ristretto #Entreprises Sélectionné par THIERRY LABRO
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AMBITIEUX
« Cinq milliards ? Nous y serons au maximum dans deux ans. Ça va vite d’un point de vue financier, mais ça va aussi très vite d’un point de vue technologique. »
Ocsial, la pépite installée au Luxembourg pour développer sa technologie de nanotechnologies liées au graphène, vaut plus d’un milliard de dollars, après avoir levé 100 millions de dollars cette année. À l’occasion de la première présentation de sa future usine de Differdange, son CEO, Konstantin Notman, s’est retroussé les manches pour convaincre les fabricants de batteries électriques pour voitures et promet une valorisation multipliée par cinq. 2
SARCASTIQUE
« Elon Musk a moins de procédures pour aller sur la Lune que nous pour construire des lotissements. »
Marc Giorgetti, le co-gérant de l’entreprise familiale de construction Félix Giorgetti, pointait la lenteur des procédures comme l’une des causes de la crise du logement, lors d’une table ronde organisée sur le sujet par le Paperjam + Delano Club le 13 octobre dernier.
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UNIVERSELS
IMPATIENT
« Ces technologies sont moins intrusives et moins nocives que les autres. Mais comme beaucoup de technologies, il faudra l’adhésion des utilisateurs pour qu’elles se généralisent ! » Marc Fleschen, CEO de Zero.1, est déjà impatient, alors que la lifi (autrement dit, le wifi par la lumière) a fait ses premiers pas, début octobre, dans le nouveau magasin d’Orange au Kirchberg. 5
PRESSÉ
« Nous espérons installer plus d’un millier de bornes électriques dans les cinq années à venir. »
Éric Bleyer, directeur Mobility & New Energies de TotalEnergies au Luxembourg, a présenté son plan de bataille pour convaincre les entreprises de passer à l’électrique, sans rien laisser au hasard.
« L’empreinte écologique de ces vêtements est totalement différente : cela nous aide à rendre l’aspect de la RSE tangible pour nos collaborateurs. »
Le directeur général de Post Luxembourg, Claude Strasser, présentait, le 14 octobre dernier, les tenues de travail en coton bio et labellisées Fairtrade (produites dans des conditions équitables) dont 1.400 salariés de Post sont équipés. Une garde-robe durable qui est appelée à s’étoffer.
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Guy Wolff
VOLONTARISTE
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Soutenir ceux qui font l’économie, de près comme de loin.
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Ristretto #Entreprises
« L’avocat traditionnel va devoir évoluer » Catherine Baflast est la nouvelle managing partner de PwC Legal. Sa mission : déployer la stratégie 2025 du cabinet. Son credo : faire de l’avocat plus qu’un conseil, un partenaire.
Quel est le rôle de l’avocat dans le monde des affaires aujourd’hui ? Comme nous évoluons dans un contexte économique difficile, mondialisé et souvent source de tensions sociales, il n’est pas inutile de rappeler que le droit, qui apporte tant des protections que des obligations, constitue le fondement d’un pacte de vie en société. Dans ce contexte, les avocats ont un rôle premier dans la vie des affaires. Ils sont les conseillers des clients et ont vocation à donner les clés de lecture juridiques nécessaires au processus de décision. Ils aident les entrepreneurs durant le processus décisionnel et sont les garants de la bonne application des lois et règlements par ces derniers.
et son exercice encadré par le Barreau. Un certain nombre d’actes et de conseils juridiques ne peuvent être prestés que par les seuls professionnels qui sont inscrits au Barreau. À l’inverse, l’avocat n’empiète pas sur les actes accomplis par les professionnels du chiffre que sont les réviseurs d’entreprise. Sont-ce là des activités concurrentes ou complémentaires ? Pour moi, ces deux activités doivent vraiment être perçues comme complémentaires. C’est d’ailleurs là toute la force d’un réseau comme le nôtre de pouvoir offrir à nos clients une offre complète de services professionnels et d’élaborer des solutions intégrées qui couvriront les aspects légaux, comptables, fiscaux, financiers et sociaux sur tout un projet.
Vous mettez en avant le concept d’« avocat entrepreneur ». Qu’entendez-vous par là ? L’avocat d’affaires moderne doit pouvoir aller au-delà de la seule connaissance juridique. Valider la légalité d’une opération ne suffit plus. Il se doit de maîtriser la grammaire des affaires pour comprendre rapidement les enjeux stratégiques des clients, et délivrer un service à forte valeur ajoutée qui vienne s’imbriquer dans les différentes dimensions du projet du client. Il doit avoir le sens des affaires et un esprit d’entreprise assez vif qui lui permettront d’être l’inter locuteur de premier plan pour le dirigeant d’entreprise. Avec l’évolution du monde des affaires et le contexte digital, l’avocat traditionnel va devoir évoluer.
Ceci posé, quelles sont les compétences nécessaires à un avocat aujourd’hui ? Cela va au-delà de la simple expertise juridique. Aujourd’hui, les avocats d’affaires doivent dis poser d’une forte prédisposition au legal project management, parce qu’ils doivent gérer des projets de bout en bout. On ne peut plus simplement se positionner comme simple expert du droit. On est conseiller de l’entrepreneur et on doit être en mesure d’interagir de manière pragmatique non seulement avec les dirigeants, mais aussi avec les autres départements de l’entreprise. Et au-delà des compétences techniques, on doit disposer de qualités personnelles fortes comme l’intelligence relationnelle, des qualités d’écoute, l’empathie, parce qu’il faut comprendre les besoins de son client. C’est ce que l’on appelle en sociologie le quotient d’adaptation. Autrement dit la faculté de s’adapter, qui s’exprime par la flexibilité, la curiosité, le courage et la résilience des individus face à un environnement en mutation.
Vous faites vôtre cette citation célèbre d’Henry Ford : « Je ne paie pas un avocat pour qu’il me dise ce que je ne peux pas faire, je le paie pour qu’il m’explique comment je peux faire ce que j’ai envie de faire » ? Oui. Elle renvoie précisément à la vision que l’on a chez PwC Legal par rapport à la profession d’avocat. Notre mission est d’aider nos clients à faire tomber les barrières et de leur permettre de concrétiser leur vision entrepreneuriale dans le respect des lois et des règlements. Et cela suppose ce fameux état d’esprit et ce sens des affaires qui nous ramènent à la notion d’« avocat entrepreneur ».
Les étudiants sont-ils formés à cette nouvelle réalité du terrain ? Pour ce qui est des questions de techniques juridiques et des techniques de recherche, sûrement. Pour tout ce qui relève des soft skills, cela est rarement enseigné dans les facultés de droit. Cet apprentissage doit se faire sur le terrain. Cela dit, de plus en plus de jeunes diplômés que l’on rencontre ont un double diplôme droit et business school qui intègre une dimension soft skills.
Où est la frontière entre le métier d’avocat et celui de conseil tel que le proposent les cabinets d’audit et de conseil ? Ces deux métiers peuvent se retrouver dans une communauté au service d’un même client, partager certaines méthodes de travail et des valeurs comme la rigueur ou la recherche de l’excellence. Mais sur le fond, il s’agit de deux professions bien distinctes sur le plan institutionnel et sur le plan des offres de services respectives. Notre profession est fortement réglementée
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Interview MARC FASSONE Photo ROMAIN GAMBA Pour Catherine Baflast, le futur appartient aux « avocats entrepreneurs ».
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Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par AURÉLIE BOOB et MARC FASSONE
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SAGE
« En Chine, il y a la conscience que le capital est rare et qu’il doit être employé là où il est le plus efficace. » Alice Wang, gestionnaire des fonds Bamboo et Chine de Quaero Capital, le 7 octobre, à propos du cadre d’investissement chinois. SATISFAIT
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« Parfois, le Luxembourg est attaqué comme un pays à fiscalité basse, mais en soutenant cet accord, nous affichons clairement que ce n’est pas le cas. »
Gerard Cops, tax services leader chez PwC Luxembourg, est revenu, le 13 octobre, sur les effets qu’aura sur le Luxembourg l’accord signé le 8 octobre sous l’égide de l’OCDE concernant la fiscalité des multinationales. FATALISTE
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« La catastrophe la plus onéreuse de l’histoire de l’assurance. »
L’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (ACA) a revu à la hausse, le 14 octobre, son estimation du coût des inondations des 14 et 15 juillet derniers. Les assureurs ont été saisis de 7.800 dossiers de sinistres, dont 6.500 relatifs aux dommages subis par les habitations et les commerces, et 1.300 concernant des dommages à des véhicules. 4
FUTUROLOGUE
« Lorsque les monnaies digitales seront imposées par les banques centrales, il y aura une concurrence violente entre des monnaies cryptodigitales décentralisées et des monnaies digitales centralisées. » Bruno Colmant, head of private banking chez Degroof Petercam, partageait sa vision du futur de la monnaie lors de la conférence Horizon organisée par Deloitte Luxembourg le 29 septembre. Pour lui, cet avenir ne passera pas par les cryptos. 5
RATIONNEL
« Le cœur de métier de Quintet, qui couvre l’UE et le Royaume-Uni, a enregistré une croissance significative ces deux dernières années. »
MOTIVÉE
« L’Afrique est le continent où il y a le moins d’inclusion bancaire et le plus de téléphones portables. »
Laura Foschi, directrice générale d’ADA, le 8 octobre, à propos de la généralisation des outils de microfinance connectés, qui libèrent une forme d’économie circulaire à impact positif dans les pays en voie de développement.
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Matic Zorman et Romain Gamba (archives)
Jakob Stott, group CEO de Quintet, en annonçant, le 12 octobre dernier, la fermeture de sa filiale de Zurich, a défendu les résultats globaux du groupe et sa stratégie définie en 2019.
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Ristretto #PlaceFinancière
« Les technologies font que les choses s’accélèrent » À 46 ans, Cyril Molitor est le nouveau chief operating officer de Kneip. Son objectif premier est d’accélérer la transition digitale de l’entreprise.
Vous avez pris vos fonctions en tant que chief operating officer en septembre. Quelle est votre mission ? J’ai la charge du management opérationnel et du changement. Je m’appuie sur des systèmes informatiques innovants pour délivrer la meilleure qualité possible au client, au juste coût. Comment réconcilier l’humain et les systèmes informatiques pour offrir un système différenciant et performant ? Je poursuis l’exécution de cette ambition.
70 postes ont été supprimés chez Kneip en 2020. Est-ce en lien avec la transformation digitale que vous évoquiez ? Non, le digital n’a pas pris le travail de ces gens. Ici, le digital supprime les tâches que l’on ne veut plus traiter, pour que les employés se concentrent sur leurs points d’expertise, qu’ils optimisent. Il transforme les compétences, il crée de nouveaux métiers. Ce n’est pas un déclassement, mais une opportunité, c’est un état d’esprit dont il faut s’emparer.
On parle beaucoup de l’expérience client. Que signifie-t-elle pour Kneip ? Pour le client, c’est la simplification de toutes ses interactions avec Kneip, et la transparence. Car la technologie offre l’opportunité aux collaborateurs de se rapprocher des clients et de renforcer leur relation avec eux, en faisant appel à leur expertise métier plutôt qu’à la gestion des dossiers, qui pouvait être source de risques et d’erreurs.
Quelle est votre priorité d’ici la fin de l’année ? Accélérer la transition digitale avec nos nouveaux systèmes, car c’est le gage de qualité et de performance dont l’entreprise a besoin. Et à plus long terme ? Cela ne va pas se faire en trois mois… J’aimerais que Kneip soit une entreprise exemplaire en matière de transition digitale. Au-delà, c’est faire entrer Kneip dans l’économie digitale et accéder à de nouveaux marchés comme la monétisation des données.
Qu’est-ce qui vous a attiré chez Kneip ? C’est une société qui est en changement, lequel est conduit par un besoin d’offrir une meilleure qualité de service à des clients de plus en plus exigeants. Ce qui m’intéresse, c’est de mettre en place les fondations humaines et technologiques pour y parvenir, dans une optique de croissance. J’y ai aussi vu le plaisir de retrouver des sujets opérationnels et de manager une équipe de proximité. Enfin, j’ai envie d’aider l’équipe de managers en place, par mon expérience plus que par mon expertise.
Pourriez-vous résumer votre parcours rofessionnel en trois étapes-clés ? p J’ai 25 ans d’expérience professionnelle. Les 18 premières années, je les ai passées chez AXA, Credit Suisse et HSBC, les 7 dernières années dans des sociétés de prise de participation en private equity, et récemment j’étais CEO d’un contact centre en Afrique du Sud et au RoyaumeUni, où je vis toujours, même si je passe la majeure partie de mon temps ici…
Comment la transition s’est-elle opérée avec l’ancien COO ? J’ai été très bien accueilli. C’est une transition qu’on a voulu rapide pour ne pas déstabiliser les équipes et qui s’est faite naturellement et dans la continuité. Il y a eu beaucoup de changements ces derniers mois chez Kneip. La situation est-elle stable à présent ? Le changement, c’est la nature du business et c’est l’état d’esprit de Kneip. Les entreprises ont besoin de s’adapter, les technologies font que les choses s’accélèrent. Je ne crois pas qu’une société r éussisse si elle ne se réinvente pas constamment. Nous sommes encore au début de la transition digitale de l’entreprise, et comme elle suit la technologie, elle ne s’arrêtera pas. Sans ça, le potentiel de croissance ne sera pas réalisé.
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Quel est votre style de management ? Très transparent ! J’aime que les mauvaises nouvelles circulent vite pour y réagir, car les bonnes, tout le monde les connaît déjà. J’ai l’habitude de travailler en mode collaboratif, j’aime être challengé. Mes équipes sont là pour me dire ce que je ne sais pas. Enfin, je pense être assez créatif. J’adore emmener les gens avec moi !
Cyril Molitor veut faire du changement constructif un état d’esprit chez Kneip.
Interview AURÉLIE BOOB Photo MATIC ZORMAN
Ristretto #Investissement
« Tout le monde peut être philanthrope » Contenu sponsorisé par Degroof Petercam Luxembourg
La philanthropie constitue un réel engagement. Marie Melikov, Senior Estate Planner, s’est montrée à l’écoute du projet de Thierry pour l’accompagner au mieux.
À quel type de profils la philanthropie est-elle destinée ? Revenons d’abord sur la définition de la philanthropie, qui la décrit comme le sentiment qui pousse les hommes à venir en aide aux autres, l’amour de l’humanité. Quand nous parlons de philanthropie, nous distinguons plusieurs niveaux selon l’ambition du donateur et son investissement personnel ou financier. Mais au final, tout le monde peut être philanthrope à son échelle en donnant un euro par mois à une association ou en allouant plusieurs millions pour la création de sa propre fondation. Nous constatons aussi l’essor d’une nouvelle génération de bienfaiteurs, souvent des entrepreneurs fortunés, âgés de 30 à 40 ans, autodidactes ou pas. Leur principale motivation est de rendre service à la société qui les a aidés. Quels sont les objectifs poursuivis par ces philanthropes ? Les causes sont nombreuses et souvent liées à un aspect émotionnel. La manière dont le philanthrope va souhaiter atteindre ses objectifs va dépendre de la manière dont il souhaite s’investir dans son projet tant au niveau financier qu’extra-financier. Quelles formes privilégier pour donner du sens à son engagement ? De nouvelles tendances émergent, inspirées du secteur financier. Les moyens philanthropiques sont finalement considérés comme des investissements qui ont pour but de délivrer un retour social, et non plus un retour financier. Le spectre des organisations philanthropiques se granularise : au-delà de l’association sans but lucratif traditionnelle (qui vit uniquement de dons), on observe aujourd’hui des entreprises sociales qui combinent mission sociale et modèle rémunérateur, des entreprises à mission ou engagées, ou encore des entreprises traditionnelles avec une politique CSR très affirmée. Chaque catégorie ayant accès à différents types de fonds, allant des dons purs à des investissements « à impact » ou ESG. Pour avoir un impact significatif, à quoi faut-il être attentif ? L’objectif du philanthrope est d’avoir un impact ou un retour social sur investissement important. Il est donc primordial de préparer son projet en amont en identifiant tout d’abord la cause qui l’intéresse, le sujet qui le révolte ou le passionne.
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NOVEMBRE 2021
Nous commençons par des questions très simples pour définir la stratégie à court, moyen et long terme, et ainsi éviter les décalages entre les attentes et la réalité. Se pose ensuite la question des ressources allouées à son projet : un don de son vivant, un legs, du temps, ou la mise à disposition d’un réseau ? Ensuite, avec qui partager ce projet : seul, avec sa famille ou des pairs ? Et quelle structure privilégier ? Enfin, comment en évaluer l’impact ? Comment Degroof Petercam accompagne ces donateurs, chevronnés ou non ? Le plus important est que le philanthrope s’exprime pour que nous puissions cibler le type d’actions à mener. Nous l’accompagnons à chaque étape, et, selon ses besoins, nous pouvons, le cas échéant, faire réaliser un mapping des projets existants. Il arrive en effet que des associations ou fondations mènent le même type de projet, et, dans ce cas, nous les mettons en relation. Grâce à l’activité de la fondation de la banque et à notre réseau de philanthropes et d’experts, nous ancrons notre accompagnement dans le partage d’expériences. Quel était le cas de figure de votre client ? Thierry est un entrepreneur qui a fait fortune, et, passionné de sport, il souhaitait encourager la réinsertion des jeunes sur cette base. Nous l’avons donc mis en relation avec une association française active depuis 20 ans dans ce domaine. Nous avons animé des discussions entre eux, et Thierry a choisi de dupliquer cette solution existante dans son pays.
Marie Melikov nous explique les différentes formes que peut prendre la philanthropie.
Photo SIMON VERJUS (MAISON MODERNE)
plus, savoir n e r likov u Po rie Me tez Ma c @ a t n co elikov : m.m il a u m l . par e ercam
ofpet degro
Marie l’a orienté et accompagné à chaque étape de son projet.
Thierry souhaitait devenir philanthrope et investir dans un projet socialement responsable.
Growing together
Jean-Michel Chamonard, Managing Partner chez ATOZ Services
Contenu sponsorisé par ATOZ
Le Luxembourg attire sur son territoire de nombreux fonds d’investissement alternatifs. Jean-Michel Chamonard, Managing Partner, nous explique l’approche mise en place par ATOZ Services pour satisfaire ces clients. 24
NOVEMBRE 2021
JEAN-MICHEL CHAMONARD
En matière de gestion des sociétés, la réglementation européenne internationale a connu ces cinq dernières années de nombreuses évolutions. Plus que jamais, les pays échangent et partagent des informations en toute transparence.
119 collaborateurs chez ATOZ Services
Vincent Remy
Offrir une solution adaptée aux fonds alternatifs
Monsieur Chamonard, vous collaborez avec des fonds alternatifs étrangers. Pour quelles raisons ces derniers se tournent-ils vers le Luxembourg et quels sont leurs besoins ?
Photo
Services aux entreprises
BRAND VOICE
ATOZ EN QUELQUES DATES
SOLUTIONS D’ATOZ SERVICES
2004
Création d’ATOZ Tax Advisers
Ces évolutions ont également généré des modifications sur la structuration des investissements internationaux. Malgré ces changements, le Luxembourg reste fortement attractif pour les fonds alternatifs grâce à son environnement juridique et réglementaire adapté à cette industrie. De quelle manière répondez-vous à ces besoins ? J.-M.C. ATOZ dispose des connaissances et de l’expertise nécessaires pour anticiper et comprendre les demandes des clients, afin d’offrir un conseil fiscal à destination des fonds alternatifs. C’est d’ailleurs grâce à cette expertise que nous avons créé le cabinet en 2004. ATOZ Services apporte les ressources et l’organisation pour remplir les formalités de reporting FATCA/CRS mais également une équipe chargée de traiter les déclarations fiscales et impôts directs. En 2018, vous lanciez votre entité ATOZ Services. Comment l’approche organisationnelle de l’entité a-t-elle évolué depuis ? J.-M.C. Pour rappel, l’entreprise ATOZ a été créée en 2004, à la demande de certains de nos clients qui souhaitaient bénéficier d’un conseil indépendant de l’audit. En 2017, nous avons mené une consultation auprès de ces mêmes clients. Nous avons avec leur aide établi un cahier des charges sur mesure
« ATOZ dispose des connaissances et de l’expertise nécessaires pour anticiper et comprendre les demandes des clients. »
2017
Mise en place de l’entité AZ Integrated Solutions
2018 — 2019
Création d’ATOZ Services
2021
Arrivée de quatre nouveaux associés pour renforcer l’équipe d’une centaine de collaborateurs
pour répondre à leurs attentes et nous avons décidé de créer AZ Integrated Solutions qui est devenue, depuis 2019, ATOZ Services. En complément de l’expertise d’ATOZ Tax Advisers en matière fiscale, ATOZ Services gère tous les aspects opérationnels des transactions réalisées par les fonds alternatifs implantés au Luxembourg. Aujourd’hui, la société ATOZ Services poursuit son évolution et accueille quatre nouveaux associés. Jérémie Schaeffer, Nicolas Cuisset et Gaël Toutain nous ont rejoints avec pour objectif de renforcer l’offre Corporate grâce à leur expertise sur les sujets de structuration et de gestion de fonds alternatifs. Christophe Darche, expérimenté quant à lui sur la partie Transfer Pricing, est un atout majeur pour proposer à nos clients une solution intégrée. Cette pratique s’est particulièrement développée ces dix dernières années au Luxembourg en raison des transactions internationales réalisées entre entreprises liées et de l’évolution globale en matière de prix de transfert. Le Transfer Pricing fait selon nous partie intégrante des obligations fiscales de toute société établie dans le pays. C’est pourquoi nous avons souhaité l’intégrer à notre offre de Tax Compliance. Outre l’arrivée de ces nouveaux associés, quelles nouveautés proposez-vous ? J.-M.C. La principale nouveauté concerne notre récente offre en matière d’asset management spécialisée dans la création de fonds alternatifs ainsi que le suivi administratif. Notre objectif est d’accompagner les fonds avec un manager
enregistré dans leurs premières transactions avant qu’ils n’entrent dans une régulation plus lourde propre aux fonds nécessitant un AIFM autorisé. Quels sont les atouts d’ATOZ Services pour accompagner la clientèle ? J.-M.C. L’expertise de nos équipes est notre principaleforce vis-à-vis de nos clients. Nous privilégions généralement des experts disposant au minimum de 5 à 10 années d’expérience. Avec l’arrivée de nos nouveaux associés, nous garantissons à la clientèle un accès direct à des professionnels expérimentés. Nos clients doivent aujourd’hui gérer des opérations et transactions complexes. Ils sont donc à la recherche d’experts capables de guider leurs transactions et d’anticiper les démarches à réaliser. Pour répondre à certaines demandes de nos clients, nous avons renforcé notre équipe opérationnelle. Depuis 2012, nous pouvons compter sur des collaborateurs experts aux profils très qualifiés travaillant à Casablanca mais toujours sous notre supervision luxembourgeoise. Quelles sont aujourd’hui vos ambitions ? J.-M.C. Nous souhaitons développer notre offre en matière corporate avec l’aide de nos nouveaux associés. Notre seconde priorité est de continuer à construire avec nos clients une relation à 360°, en les accompagnant de la création de leur société jusqu’à leurs premières transactions. En leur apportant notre expertise sur la partie administrative, nous leur permettons de se concentrer sur leur activité professionnelle et de gagner en temps et en efficacité. La prochaine étape consistera à digitaliser une partie de notre offre. Les clients pourront accéder aux informations concernant leur société et ses transactions et bénéficieront d’un meilleur reporting.
Business Plan, Conception & Support Construction d’un business plan adapté au marché luxembourgeois et suivi du projet
Domiciliation & Corporate Secretary Gestion opérationnelle et administrative des sociétés
Directorships Mandates Nomination d’un expert pour l’entreprise
Accounting & Regulatory Reporting Services Gestion de la comptabilité et réalisation de reportings spécifiques pour les sociétés
Investment Fund & Regulatory Compliance Gestion de la conformité réglementaire de fonds d’investissement
TAX
Tax Compliance Préparation des déclarations et gestion des obligations en matière de fiscalité directe et indirecte
Transfer Pricing & Transaction Execution Support Préparation des rapports de prix de transfert
ir plus n savo ’e d ? ie Env rvices OZ Se sur T A r u s z-vous Rende
ces.lu
ervi atoz-s www.
NOVEMBRE 2021
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Data Dada #Legal
Une constellation autour du droit 3.117 avocats étaient inscrits au Barreau de Luxembourg au 24 septembre dernier. Des avocats issus de 47 nationalités et exerçant au sein de 541 études. Des professionnels du droit auxquels il faut aussi ajouter le personnel de justice. Auteur THIERRY LABRO Tour d’horizon d’un secteur en croissance permanente.
Bonn & Schmitt
Loyens & Loeff
92
26
avocats 1988 M. P. : GABRIEL BLESER
Stibbe Avocats
avocats
36
Clifford Chance
2013 M. P. : MARC MEYERS
avocats
98
2010 M. P. : GÉRALD ORIGER
CMS Luxembourg
avocats
2000 M. P. : STEVE JACOBY
47
Arendt & Medernach
Baker McKenzie
276
avocats
1988 M. P. : JEAN-MARC UEBERECKEN
avocats
2011 M. P. : FRÉDÉRIC FEYTEN
avocats
48
2010 M. P. : JEAN-FRANÇOIS FINDLING
DLA Piper Luxembourg
40
AKD
21
avocats
avocats
2012 M. P. : CATHERINE POGORZELSKI
2016 M. P. : AYZO VAN EYSINGA
TOP 5 DES CHIFFRES D’AFFAIRES
ÉVOLUTION DU NOMBRE D’ASSERMENTÉS
En millions d’euros pour 2020
Traditionnellement, quatre cérémonies par an donnent lieu à l’assermentation de nouveaux avocats.
Arendt & Medernach 149
200
150
100
Loyens & Loeff 70,1
Elvinger Hoss Prussen 86,6
ÉVOLUTION DU NOMBRE D’AVOCATS
+ 38 %
En nombre de personnes 400
Allen & Overy 52,2
300
218
Clifford Chance 52,2
50
2021 vs 2016
200
100
108
2011-12
0
26
NOVEMBRE 2021
+ 72 % 2021 vs 2011
0 2013-14
2015-16
2017-18
2019-20
2021-22
NautaDutilh
Allen & Overy
127
45
Molitor
avocats
35
1990 M. P. : PATRICK MISCHO
1996 M. P. : MICHEL MOLITOR
UN APPAREIL JUDICIAIRE À TAILLE HUMAINE
avocats
270
2002
M. P. : JOSÉE WEYDERT
avocats
magistrats (90 hommes / 180 femmes)
488
Luther
30
Ogier
26
2010 M. P. : ERIC SUBLON
avocats
Kleyr Grasso
personnels administratifs (177 hommes / 311 femmes)
avocats
2012 M. P. : DANIEL RICHARDS
55
36
avocats 1994
Elvinger Hoss Prussen
M. P. : MARC KLEYR
notaires
208
Linklaters
87
avocats
1964 M. P. : MANOU HOSS
avocats
Bonn Steichen & Partners
2002 M. P. : PATRICK GEORTAY
55 avocats 2012
M. P. : ALAIN STEICHEN
Wildgen
51
avocats
Van Campen Liem
1923 M. P. : FRANÇOIS BROUXEL
Les diagrammes en vert présentent les 20 plus grandes études par nom bre d’avocats, selon les données du Barreau. Leur hiérarchie visuelle dépend du nombre d’avocats qui les composent. Les études sont aussi présentées avec leur année de fondation ou d’arrivée au Luxembourg,
25
avocats 2012 M. P. : ALDO SCHUURMAN
RÉPARTITION DES 3.117 AVOCATS ... PAR GENRE
52 %
Hommes ... PAR NATIONALITÉ Française 44,21 %
48 %
Femmes
LES 20 PRINCIPALES ÉTUDES À LA LOUPE
... PAR LISTE
16,9 % Liste 4
0,3 %
Nombre d’études
57,4 % Liste 1
Luxembourgeoise 26,8 %
Allemande 5,13 % Italienne 2,21 % Autres 9,2 %
25,4 % Liste 2
Insurance
Banking, finance & capital market
IP & IT
Commercial, corporate and M&A
Private equity
Dispute resolution
Real estate and construction
Employment
Tax
POIDS DES ÉTUDES
Liste 3
Belge 12,45 %
et le nom de leur managing partner (M. P.). Chaque étude est accompagnée d’une ou plusieurs icônes relatives à la pratique rensei gnée comme « Tier 1 », soit la plus haute recon naissance dans le média international spécialisé The Legal 500.
Investment funds
Liste 1 : avocats à la Cour Liste 2 : avocats stagiaires Liste 3 : avocats honoraires Liste 4 : avocats inscrits dans un autre Barreau européen et au Barreau de Luxembourg
Nombre d’avocats
300
1.200
250
1.000
200
800
150
600
100
400
50
200
0
1 avocat
2à4 5à9 10 à 14 15 à 19 20 à 49 avocats avocats avocats avocats avocats
NOVEMBRE 2021
50 et plus
0
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Conversation
Stéphane Bailly plaide pour une transition écologique en collaboration avec le secteur automobile et non sous pression politique.
Photo GUY WOLFF
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NOVEMBRE 2021
Stéphane Bailly
« La croissance n’est pas une fin en soi » Car Avenue, avec ses 120 concessions et ses 2.500 employés, continue de s’étendre dans la Grande Région et même au-delà. Son président, Stéphane Bailly, détaille une stratégie pensée depuis la base luxem bourgeoise dans laquelle la croissance n'est pas considérée comme un but absolu, mais comme le moyen de s’ancrer durablement parmi les principaux groupes automobiles européens. Interview JÉRÉMY ZABATTA NOVEMBRE 2021
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Conversation
BIO EXPRESS
Les constructeurs étaient déjà en train de travailler à une forte réduction des émissions de CO2 des moteurs thermiques. Aujourd’hui, le marché du véhicule électrique croît plus rapidement que celui des bornes de recharge. Or, sans bornes de recharge facilement accessibles, le consommateur ne se sentira ni en confiance ni libre de se déplacer comme il l’a toujours fait, et il se détournera des véhicules électriques. Si on se positionne sur une technologie, il faut s’en donner les moyens et faire en sorte qu’il n’y ait pas de dissonance entre les actes et les discours. Pour ma part, l’hydrogène est résolument la technologie de l’avenir. Nous avons d’ailleurs vendu, à Foetz, la première Toyota Mirai de seconde génération roulant à l’hydrogène en Europe. La partie mécanique / réparation / entretien est très importante dans le modèle d’affaires d’une concession automobile. Avec les voitures 100 % électriques, il semble que les entretiens sont moins nombreux. Est-ce là aussi une remise en question de la rentabilité des concessions ? L’électrification du parc automobile va en e ffet impacter nos services après-vente. Néanmoins, les concessionnaires disposent de nombreux atouts pour fidéliser encore plus les clients possédant des véhicules électriques. En effet, le développement des outils de fidélisation type location avec option d’achat pour le véhicule neuf, mais aussi pour le véhicule d’occasion, va apporter du business récurrent
Récemment, Car Avenue a encore franchi une frontière en s’installant à Genève, avec Maserati. La Suisse est-elle un nouveau terrain d’expansion ? Nous sommes un groupe européen, c’est dans notre ADN ! Nous exerçons notre activité au sein de la Grande Région, et plus généralement au cœur de l’Europe. Dans cette logique territoriale, accompagner Maserati à un moment important pour le développement de cette marque au sein du groupe Stellantis à Genève, dans une ville internationale, était totalement logique par rapport à notre stratégie. Nous sommes désormais actifs sur l’axe Bruxelles-Genève, en passant par Luxembourg. Et il est fort probable que nous poursuivions ce développement avec d’autres projets en Suisse. Vous aviez aussi des vues sur l’Allemagne. Est-ce toujours le cas ? Nous avons toujours cette ambition. L’Allemagne, et plus précisément le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre, s’intègre pleinement à notre stratégie au cœur de l’Europe. Retour au Luxembourg. Comment jugezvous les premiers mois de la nouvelle concession de Leudelange, où les équipes se sont installées en septembre 2020 ? Les premiers retours sont très positifs. L’emplacement est idéal, comme nous le prouve tous les jours notre taux de fréquentation. Nos clients nous félicitent de l’atmosphère particulièrement chaleureuse de nos showrooms Peugeot, Citroën, DS et Opel. La construction de ce bâ-
100 ANS D’ENTREPRISE EN 10 DATES-CLÉS 2008 1936
1920 Le fondateur L’histoire du groupe commence avec André Bailly, avant de se poursuivre avec ses fils, JeanPaul et Patrick.
30
Première concession à Metz Ouverture de la première concession Peugeot, à Metz. Jusqu’en 2006, le groupe Bailly comptera 12 concessions.
NOVEMBRE 2021
2006
2007
Changement de génération
Un catalogue élargi
Une plateforme stratégique
Stéphane Bailly (ici entouré de la génération précédente, son père Jean-Paul et de son oncle Patrick) prend la direction générale du groupe familial éponyme.
Lancement de la stratégie multimarque avec l’arrivée de Citroën en Meurthe-et-Moselle et de Hyundai et Kia en Moselle.
La première plateforme logistique de pièces automobiles Peugeot dans l’est de la France voit le jour. En 2017, elle déménage dans un bâtiment plus grand à Lesménils, en bordure de l’A31. Le groupe familial dispose, avec cet outil, de 32.000 références réparties sur 12.000 m2.
Car Avenue
La fin de l’automobile à carburant fossile, vous n’y croyez pas dans l’immédiat ? Le moteur thermique subsistera encore plusieurs années. Le diesel représente aujourd’hui un quart de nos ventes car il correspond aux besoins de certains de nos clients. Pour autant, la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre pour préserver le climat est capitale. J’observe que les pouvoirs publics ont demandé à l’industrie automobile d’aller vite sans avoir une maîtrise complète de cette transition.
dans nos ateliers. Le client véhicule électrique est beaucoup plus fidèle aux réseaux constructeurs pour le service après-vente. Notre personnel parfaitement formé ainsi que notre habilitation à travailler sur les batteries et à réaliser des opérations de mise à jour à distance sont autant d’atouts qui m’autorisent à être confiant sur notre capacité à répondre aux enjeux de la concession de demain.
Photos
Faut-il désormais rouler en électrique pour avoir bonne conscience ? Il y a beaucoup de démagogie autour de cette question. Lorsque l’on interroge le consommateur, il reste très attaché à l’automobile en général, à la notion de plaisir de conduire, mais avant tout à celles de liberté et de mobilité individuelles. On se trompe donc de débat. Il faut ici avoir une vision à 360 degrés, comme le défend Carlos Tavares (directeur général du groupe Stellantis, né en janvier 2021 de la fusion de PSA et de Fiat Chrysler Automobiles, ndlr). La décarbonation de la mobilité ne peut pas simplement se résumer à la construction et à l’utilisation de véhicules électriques. Elle doit reposer sur une analyse de l’ensemble de la chaîne ou du cycle de vie d’un véhicule électrique, de la fabrication des batteries à leur recyclage. Elle doit aborder ainsi le sujet de la propreté de la mobilité, avec le traitement des batteries par exemple, sans ignorer évidemment la question de l’énergie que nous consommons pour leur fabrication ou encore celle des composants électriques, ainsi que les capacités énergétiques qui seront à mobiliser pour intégrer le tout-électrique. La décarbonation de la mobilité est une mission collective, et elle sera une réussite seulement si nous l’abordons bien avec cette vision à 360 degrés. À défaut, nous n’aurons pas avancé sur nos défis environnementaux et nous aurons mis en péril des milliers d’emplois et d’entreprises.
Diplômé de l’École supérieure du commerce extérieur de Paris et titulaire d’un master de la Nicholls State University, aux États-Unis, Stéphane Bailly, 48 ans, rejoint le groupe familial Bailly en tant que directeur des concessions Peugeot en 1998, puis en tant que directeur général en 2006. En 2014, le nom Car Avenue est adopté, mais son dirigeant fait évoluer le groupe en tenant compte des valeurs d’une entreprise dont les racines remontent à 1920.
Stéphane Bailly
timent de quatre étages couverts – pour une surface de 20.000 m2 rassemblant l’ensemble de nos métiers – a également été une prouesse technique réalisée en un temps r ecord. Pour la petite anecdote, certains nous donnaient perdants sur ce timing… Notre ambition sur ce premier q uadrimarque du groupe Car Avenue est de c ommercialiser 4.000 véhicules neufs par an et 1.000 véhicules d’occasion. Concernant les services aprèsvente mécanique et carrosserie, nous sommes sur un rythme de plus de 100 entrées par jour pour un total de 86.000 heures par an. Le tout avec 160 collaborateurs sur le site.
La montée en gamme de la marque Peugeot est W allonie, Mercedes-Benz. Cette stratégie s’apune vraie réussite. Elle a su allier e sthétisme, puie aussi sur une réalité que nous partageons confort, technologie, innovation et plaisir dans ce vaste espace transfrontalier qu’est la de conduire, notamment avec l’i-Cockpit. Grande Région, où nous vivons, où nous nous Sa performance sur le marché luxembour- déplaçons et où nous consommons tous sans geois le prouve. Le constat est le même pour la frontières. Nous comptons ainsi de nombreux marque DS, qui prend position sur le marché clients frontaliers et luxembourgeois qui nous en offrant une réelle alternative à ses concur- font confiance en achetant et entretenant leur rents germaniques. véhicule à Arlon pour Mercedes-Benz, ThionPar ailleurs, Nissan et Toyota – qui font par- ville pour BMW et Mini, ou encore Lesménils tie des premiers constructeurs m ondiaux – ont pour Porsche. été de véritables pionniers en matière d’électrique et d’hybride, avec la Nissan Leaf et Stellantis a décidé de résilier tous la Toyota Prius. Aujourd’hui, le consomma- ses contrats avec les concessions afin teur ne recherche plus forcément de grosses de redes-siner sa carte de distribution. Dernièrement, vous avez ajouté Opel à cylindrées, mais avant tout le confort, la sécu- Comment vous situez-vous, dans votre catalogue, à Leudelange. Comment rité, la technologie, la connectivité et un coût ce contexte ? cette marque se développe-t-elle ? d’utilisation maîtrisé. Les marques que nous Stellantis a fait le choix, comme dans d’autres Opel capitalise sur ses valeurs de constructeur distribuons sur le marché luxembourgeois domaines, d’être particulièrement réactif à l’évogermanique au niveau de la qualité, tout en of- correspondent pleinement à ces évolutions, lution économique, en général, et à celle du frant un nouveau design très réussi. En très peu à l’image de Lexus qui représente, selon moi, secteur automobile, en particulier. Le groupe de temps, depuis son intégration à PSA puis un réel potentiel de croissance. doit répondre à des enjeux sans précédent en Stellantis, Opel a complètement r attrapé son termes d’évolution technologique et d’investissements digitaux. Par ailleurs, nous sommes retard en matière d’électrification. Les chiffres En Belgique, vous avez neuf concessions sont encourageants et accompagnent ce re- Mercedes-Benz et vous exploitez BMW, dans un secteur qui va évoluer plus vite dans les Mini ou encore Porsche en France. nouveau. C’est une marque à fort potentiel. 10 prochaines années que durant les 100 derPourquoi ne pas le faire au Luxembourg ? nières. Dans ce contexte, il est vital de transPourquoi avoir misé, au Luxembourg, Notre stratégie est avant tout géographique et former nos modes de distribution. Stellantis a sur des marques comme Peugeot, complémentaire dans l’approche des marques été rapide, et il ne sera pas le seul à l’être. Ces Citroën, Nissan, Toyota ou encore Lexus, que nous représentons sur un territoire don- changements sont pleinement intégrés dans la alors que le marché est dominé né. Nous distribuons à cet effet, en Lorraine, stratégie de Car Avenue, sur le développement par le premium allemand ? les marques BMW, Mini et Porsche, et, en des services et la maîtrise des coûts. En 2019, votre objectif était de vendre une voiture sur quatre au Luxembourg. A-t-il été atteint ? Nous y travaillons ! [sourire] Et la croissance des marques que nous représentons va dans ce sens. Parallèlement, tous les collaborateurs de Car Avenue ont à cœur de satisfaire chacun de nos clients. Vous savez, dans tout ce que l’on a fait depuis 100 ans, notre moteur a toujours été la performance, et notre carburant, le goût du travail bien fait et la qualité du service rendu.
« Nous sommes dans un secteur qui va évoluer plus vite dans les 10 prochaines années que durant les 100 dernières. »
2010
2013
2016-2017
Arrivée au Luxembourg
En Belgique aussi
Place à Car Avenue
Le groupe Bailly passe la frontière avec l’ouverture de la première concession Nissan, à Alzingen, et devient le distributeur exclusif de la marque nippone au Grand-Duché.
Développement en Belgique, avec la première concession Nissan, à Liège.
Le groupe Bailly change de nom pour devenir Car Avenue. Cet événement marque les débuts d’une toute nouvelle stratégie commerciale.
2020 Un seul site pour quatre marques Car Avenue inaugure, à Leudelange, son premier site quadrimarque au Luxembourg. Peugeot, Citroën, DS et Opel se retrouvent sous un même toit.
2021 Cap sur la Suisse Ouverture d'une concession Maserati, à Genève.
NOVEMBRE 2021
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Conversation Stéphane Bailly
Est-ce que votre faim d’expansion est renforcée avec l’ambiance générale de « relance économique » post-Covid ? Je n’ai aucune faim d’expansion ! Je porte une vision qui décline une stratégie reposant sur des valeurs fortes et un savoir-faire reconnu. Être fort sur son territoire, fort sur ses marques, rester proche de ses clients et de leurs habitudes. La croissance n’est pas une fin en soi, et nous avançons dans une réelle logique d ’intégration respectant les équipes, les cultures des pays et impliquant les cadres et dirigeants des structures intégrées. Chaque acquisition doit nous rendre plus forts par les synergies créées, accroître notre visibilité sur un territoire et offrir des perspectives d’évolution à nos collaborateurs. Un groupe automobile consomme beaucoup de cash pour fonctionner. La pandémie a mis à mal les liquidités des entreprises. Comment avez-vous fait pour résister ? Comme le disent les Anglo-Saxons, « cash is king ». Car Avenue déroule des process très scrupuleux sur la gestion de sa trésorerie. Nous accordons autant d’importance à nos liquidités qu’à nos résultats financiers. Cela nous oblige à faire sans cesse preuve d’agilité dans un environnement instable. Dès le début de la crise du Covid-19, nous avons pris immédiatement un certain nombre de mesures. Nous avons mis en place une cellule de gestion de crise qui s’est réunie chaque jour afin de définir les ajustements nécessaires. Dès le début, nous avons tout mis en œuvre pour assurer la sécurité de
« Dans la Grande Région, l’industrie automobile représente près de 5.000 sociétés et 500.000 emplois. » nos collaborateurs et de nos clients. Nous avons investi dans du matériel de protection adapté à notre organisation tout en restant au contact et à la disposition de nos clients, notamment pour le dépannage et les interventions. Nous avons continué à livrer les véhicules, à assurer un service après-vente et à développer de la vente à distance. En parallèle, nous avons réduit nos commandes de véhicules et nous nous sommes appuyés sur notre stock, qui était d’une valeur de près de 300 millions d’euros. Enfin, nous avons aussi eu recours aux prêts garantis par les différents États. Nous avons in fine fait preuve de responsabilité, de pragmatisme et d’une grande agilité. Je suis extrêmement reconnaissant envers nos collaborateurs, pour leurs efforts et leur implication afin de surmonter cette crise sanitaire sans précédent. Êtes-vous justement satisfait des aides déployées par les États pour venir en aide aux entreprises touchées par la crise ? Je tiens à souligner la réactivité, le courage et l’exemplarité du Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel (DP), du président français Emmanuel Macron et de son ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui
30.000
1.250 M€
Voitures neuves vendues Chiffre d’affaires
19.000 16.500
45.000
18.000
1.000 M€
40.000 37.000 32.000
30.000 12.000
10.000
1.750 M€ 32.000
23.000
Voitures d’occasion vendues
8.000
9.000
13.500
10.000
26.500 22.650
14.500
15.500
2013
2014
750 M€
23.000
500 M€
250 M€
10.000
0 M€
0 2011
32
2.000 M€
1.500 M€
40.000
20.000
35.000
2012
NOVEMBRE 2021
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
Car Avenue
50.000
Sur 10 ans, la stratégie géographique et d’intégration de Car Avenue lui a permis de tripler son chiffre d’affaires. Le groupe a aussi vu le nombre de voitures d’occasion vendues se rapprocher inexorablement de celui des voitures neuves.
Source
60.000
Dans chaque crise, il ressort des bonnes pratiques, des bonnes idées, des opportunités, etc. Quelles sont celles que vous retenez, à votre niveau ? Nous connaissons une transformation rapide et profonde de notre économie. En l’espace d’un an et demi, alors que nous avons eu l’impression que le monde s’était arrêté, nous avons probablement fait un bon de 5 à 10 ans dans le temps. Les modes de consommation et de fonctionnement sont en train de profondément changer : accélération du télétravail, é volution du retail et du digital, évolution de l’immobilier résidentiel, commercial et tertiaire, t ransformation des p rocessus industriels. Notre économie fait sa révolution !
LA MONTÉE EN PUISSANCE DE L’OCCASION
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ont réussi à mettre très vite en place des aides pour soutenir les entreprises. Je retiens aussi les mesures prises en Belgique. Le chômage partiel ou e ncore les prêts garantis par ces différents États ont pu sauvegarder le tissu économique. Les choses auraient pu être beaucoup plus graves sans cette réactivité. Quand nos élus savent agir avec pragmatisme et détermination, il faut savoir le reconnaître et les en remercier sincèrement.
BANQUE RAIFFEISEN, société coopérative.
Avec votre carte Visa, vous payez, vous plantez. Les cartes Visa qui plantent des arbres. Raiffeisen, en partenariat avec la Fondation Hëllef fir d’Natur de natur&ëmwelt et Friendship Luxembourg, s’engage à planter 1 arbre toutes les 200 transactions réalisées avec ses nouvelles cartes de crédit Visa durables afin de lutter contre les effets négatifs du changement climatique. Rejoignez notre engagement sur plantonsdesarbres.lu
La Banque qui appartient à ses membres
Conversation Stéphane Bailly
La première concession est aujourd’hui sur internet, notamment avec les configurateurs de véhicule. Mais avec un prix moyen, pour un véhicule neuf, de 30.000 euros et le besoin de l’entretenir dans la durée, nos clients doivent pouvoir s’appuyer sur un réseau de professionnels de qualité et à proximité – ce D’un autre côté, le marché de l’occasion que nous pouvons leur apporter, chez Car À cette crise vient s’en ajouter une autre, se porte très bien… Avenue, avec notre réseau de 130 concessions plus structurelle, à savoir le manque Oui, le marché de l’occasion s’en trouve ren- et le savoir-faire de nos 2.500 collaborateurs. de puces électroniques qui impacte le forcé. Nous proposons, depuis notre site Il est difficile de trouver toutes ces compomonde de l’automobile, avec d’importants caravenue.com, plus de 3.500 véhicules d’oc- santes chez Amazon ou dans la grande retards de livraison. Comment votre casion révisés et garantis. L’occasion est aus- distribution. C’est par le biais du phygital que groupe est-il touché par cette pénurie ? si une solution de transition pour tous nos nous resterons debout. On parle de reprise économique, mais alors clients qui se posent la question du choix entre que nous sommes à peine sortis de cette crise le thermique, l’électrique ou l’hybride. Cela Des voix commencent à s’élever sanitaire mondiale, notre secteur doit en e ffet leur permet de tester une motorisation nou- pour demander le retour de l’industrie faire face à une pénurie de semi-conducteurs velle tout en maîtrisant leur investissement. sur le Vieux Continent, notamment pour la fabrication de puces électroniques particulièrement grave et qui va durer encore en 2022. Elle frappe durement notre métier et L’automobile est un secteur finalement ultra et de batteries. Vous y croyez ? J’en suis convaincu. Nous avons abandonné le secteur automobile dans son ensemble. Des résilient. Après le Dieselgate, la pandémie, une partie de notre industrie, on l’a vu dans usines sont déjà en retrait partiel, et l’impact la pénurie des semi-conducteurs… de cette pénurie est estimé à une baisse de 12 % certains parlent aussi de vente de voitures le secteur pharmaceutique et médical. Je crois de la production mondiale en 2021, soit plus dans les supermarchés. Mais le secteur que chaque pays, et l’Union européenne dans de 10 millions de véhicules en moins. Dans est toujours debout… son ensemble, doit se poser ces questions avec la Grande Région, je souligne que l’industrie Il est en train de faire sa révolution, comme beaucoup plus de pragmatisme. Je suis un automobile représente près de 5.000 sociétés nous l’avons déjà dit. Notre secteur est tou- Européen convaincu, le sujet de la réinduset 500.000 emplois. jours debout et résilient, car il représente beau- trialisation et de la compétitivité par r apport à coup, pour nos citoyens, en termes de liberté d’autres régions du monde demande b eaucoup Vous accusez beaucoup de retards de mouvement, de prestations de services et plus de réactivité de la part de l’UE afin de sur vos livraisons ? d’emplois. Nous nous adaptons à l’évolution développer un véritable écosystème favorable Nous faisons face à cette situation qui touche de leur mode de consommation en propo- à son économie et ses emplois. tous les constructeurs et toutes les marques, et sant au parcours digital de nos clients la force qui se répercute sur l’ensemble du s ecteur auto- d’une marque et la qualité des services que C’est-à-dire ? mobile avec ces retards de livraison. Nos équipes l’on retrouve en concession pour leur offrir Prenons l’exemple du Dieselgate, qui a déclenché une réaction d’urgence de la part de sont totalement mobilisées pour apporter les une vraie expérience phygitale. inalement, c’est le propre des crises majeures F et des grandes étapes de l’Histoire. Elles ont un effet accélérateur sur chaque pan de notre économie, le tout catalysé par la digitalisation ! Cette digitalisation est déjà un élément fort chez Car Avenue, dans le développement de nos services.
meilleures solutions à nos clients. Nous faisons le lien en permanence avec les constructeurs, proposons des solutions de location longue ou courte durée, y compris sur des véhicules récents, et offrons un large choix de véhicules d’occasion pour répondre aux besoins de mobilité.
2.500 L’EMPREINTE DE CAR AVENUE SUR LA GRANDE RÉGION
2.500 Effectifs du groupe
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Nombre de concessions 2.000
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Source
Car Avenue
500
CLK fête ses 40 ans. Toujours avec vous.
Nuno Fernandes, Façadier
Parce qu’on aime innover, l’équipe CLK Constructions s’en est donné à cœur joie pour souffler les 40 bougies d’anniversaire de façon originale. Découvrez-les vite sur CLK.lu !
Conversation Stéphane Bailly
l’Union européenne, mais sans consensus avec l’industrie automobile. Il est parfaitement louable d’afficher des ambitions afin de réduire les émissions de CO2, mais il est important d’être bien préparé pour rivaliser sur les enjeux de l’électrification, dont une grande partie du savoir-faire est en Asie. C’est cette vision à 360 degrés à laquelle je faisais référence. Je vais me répéter, mais 500.000 emplois sont liés à l’industrie automobile dans la Grande Région. Et personne n’a envie de les voir disparaître. Nous devons collectivement, constructeurs, distributeurs et pouvoirs p ublics, apporter des réponses fortes et adaptées à cette transformation profonde de notre économie et donner un cadre compétitif à notre industrie et à notre savoir-faire. Vous avez souligné que le marché automobile va connaître plus de chan gements en 10 ans que lors des 100 dernières années. Comment un chef d’entreprise comme vous se préparet-il aux changements ? Nous avions déjà appréhendé ces changements majeurs dans notre stratégie. Notre ambition était d’être leader sur le marché de la Grande Région avec la marque Car Avenue, qui décline différents services comme Car Avenue Mobility, Car Avenue Rent pour la location courte durée, Car Avenue Lease ou encore des services d’autopartage et de mobilité en général. Il fallait s’y préparer avant la crise, qui a eu un effet accélérateur sur notre stratégie. La pénurie des semi-conducteurs n’était pas prévue, mais nous savions que le marché de l’occasion allait se développer. La passion automobile étant toujours bien présente, nous proposons les services de Car Avenue Legend à tous ceux qui souhaitent se retrouver autour de véhicules sportifs, historiques et iconiques. Nous travaillons également sur des services complémentaires d’assistance, de c onciergerie, d’entretien à domicile. Le tout en faisant évoluer en permanence les compétences numériques et technologiques de nos équipes. La formation de nos collaborateurs est capitale pour toujours rester performant. C’est tout le sens de notre Car Avenue Academy, qui les accompagne et les forme tout au long de leur parcours professionnel. L’automobiliste tendrait justement à se transformer en détenteur d’un abonne ment à un service de mobilité ouvrant sur différents services, comme une location de voiture ou des transports en commun. Vous y croyez ? Mais nous y sommes déjà ! Aujourd’hui, le leasing est très largement plébiscité par nos clients. Ils financent uniquement l’usage du véhicule, entretien compris, avec une valeur résiduelle connue. Ce qui permet d’avoir un budget mensuel, donc une forme d’abonne36
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ment. Nous gagnerons à apporter davantage de souplesse aux formules proposées. Je ne crois pas qu’il faille confronter la p ropriété et la location. Ce qui compte, c’est la valeur ajoutée que l’on apporte au client, car le client attend avant tout un service. À nous de d évelopper le champ des possibilités avec la marque Car Avenue et toutes ses déclinaisons ! Vous aimez décrire Car Avenue comme un groupe familial qui fonctionne comme un groupe financier... C’est-à-dire ? Tout a commencé il y a 100 ans avec mon grandpère et un certificat d’études dans son garage. Car Avenue, c’est une famille, des valeurs, 100 ans d’histoire. Ce sont les fondations et l’ADN du groupe que je dirige. Toute ma stratégie repose sur trois piliers : se comporter comme une entreprise familiale, agir comme un groupe financier et développer l’agilité d’une start-up. Pour moi, ces trois piliers sont indissociables de la réussite de tout projet d’entreprise. Et surtout, ce cap est partagé avec toutes les équipes de Car Avenue, des apprentis aux directeurs. Être sur le terrain, au contact des collaborateurs et des clients, avoir une culture du résultat et de la performance pour se projeter sur nos différents métiers d’aujourd’hui et de demain, voici ce qui me guide au quotidien.
FAST & CURIOUS Première voiture ? La 205 de ma maman. Votre voiture actuelle ? Une DS7, pour son confort, sa technologie et la qualité de ses finitions. La voiture de vos rêves ? Celle qui me donnera encore plus de plaisir et de liberté, qui m’emmènera sur l’eau et dans les airs. Automatique ou manuelle ? Automatique. À choisir : SUV, berline, sportive ou citadine ? SUV et sportive, par rapport à mes besoins, car je fais beaucoup de route. Thermique ou électrique ? Les deux, mon général... hybride ! Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Stéphane Bailly sur paperjam.lu.
Justement, aujourd’hui, un groupe comme le vôtre offre peu de place sur le marché à une personne, certificat d’études en poche, qui souhaite ouvrir son garage… Détrompez-vous ! Hier comme aujourd’hui, il y a et il y aura toujours de la place pour quelqu’un qui démarre comme apprenti « à la caisse à outils » pour évoluer soit au sein de notre groupe, soit en tant qu’entrepreneur dans les différents métiers que proposent la distribution et la réparation automobiles. Et mon rôle est d’accompagner ces i nitiatives. Nous avons régulièrement besoin d’hommes et de femmes pour reprendre des agences secondaires dans tous les pays où nous sommes présents. Nous avons des exemples de collaborateurs qui ont démarré chez Car Avenue comme apprentis, et qui occupent aujourd’hui des postes de directeur de concession. Évidemment, tous les profils et tous les diplômes trouvent également leur place chez Car Avenue. De l’apprenti carrossier à l’ingénieur électronique en passant par les web sellers et les experts en marketing digital, nos besoins RH sont constants. Car Avenue recrute, avis aux candidats !
WE OFFER TAILOR-MADE SOLUTIONS Claude HIRTZIG
Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg, établissement public autonome 1, Place de Metz, L-2954 Luxembourg, R.C.S. Luxembourg B30775
BRAND VOICE
Assurances
Anticiper sa retraite, une nécessité
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Le Luxembourg dispose d’un système de retraite très avantageux. L’allongement de l’espérance de vie a pour conséquence que les prestations de retraite perçues sont en moyenne deux fois supérieures au montant des cotisations payées par le salarié. Il existe toutefois des interrogations sur la capacité du Grand-Duché à pouvoir maintenir sur le long terme les retraites légales actuelles. Il est donc indispensable d’anticiper sa retraite. Rencontre avec Jérôme Wiwinius, Responsable Corporate chez LALUX Assurances.
Romain Gamba (Maison Moderne)
Contenu sponsorisé par LALUX ASSURANCES
CHIFFRES-CLÉS
VRAI OU FAUX ?
1.200
Un plan de retraite pour fidéliser ses salariés Malgré le système de prévention confortable du Luxembourg, le constat est clair : plus la retraite est préparée tôt, plus la somme du capital sera élevée. « Sans précautions particulières, le risque de perte de revenus est une conséquence à prévoir au moment de la retraite. Dans ce contexte, une assurance vie prévoyance- retraite sera une réelle plus- value pour maintenir le niveau de vie habituel. Elle a également l’avantage de permettre un gain fiscal considérable. Il est un peu dommage de voir que beaucoup de gens ne commencent à s’intéresser à la constitution d’une épargne supplémentaire qu’à partir de l’âge de 40 ans (voire plus tard) et alors en quelque sorte 20 ans ‘manquent’ dans la constitution de cette épargne. » Certaines entreprises, en particulier dans le secteur financier, proposent un package salarial attractif et mettent à disposition de leurs salariés un plan de pension retraite d’entreprise. Ce dernier est alimenté par l’employeur qui verse le plus souvent un pourcentage du salaire de son
« Il est important de développer et d’améliorer constamment l’expérience client en facilitant la gestion de nos assurances. » Jérôme Wiwinius Responsable Corporate chez LALUX Assurances
Plus de 1.200 entreprises privilégient cet outil pour gérer les plans de pension de plus de 35.000 affiliés.
45 %
L’avantage fiscal peut atteindre jusqu’à 45 % de la prime investie en fonction des revenus.
1.200 €
Jusqu’à 1.200€ de cotisations personnelles peuvent être investis annuellement dans le cadre d’un régime complémentaire de pension mis en place par l’employeur (2e pilier).
20 %
Déductibilité fiscale jusque 20% du revenu annuel dans le cadre d’un plan de pension employeur et d’un plan de pension indépendants.
collaborateur, mais chaque salarié peut aussi individuellement alimenter annuellement ce plan à hauteur de 1.200 €. Si ce plan retraite est un bon moyen d’attirer les futurs talents, il permet également de fidéliser ses salariés. Mettre un plan de pension en place dans son entreprise offre un excellent avantage fiscal pour les employeurs. De plus en plus d’entreprises font ce choix, certaines le proposent à l’ensemble de leurs salariés tandis que d’autres favorisent certaines catégories de personnel de l’entreprise. Chez LALUX Assurances, le plan de pension complémentaire est un véritable atout pour la retraite. Plus de 1.200 entreprises privilégient cet outil pour gérer les plans de pension de plus de 35.000 affiliés. Le régime complémentaire de pension lalux-Staff Protect disponible pour les salariés des entreprises a trouvé son équivalent en 2019 avec lalux-Safe Future. Ce régime de pension complémentaire est dédié aux indépendants et aux professions libérales et s’accompagne de garanties modulables en fonction des besoins individuels. Le choix de l’investissement de l’épargne du volet « retraite » et des couvertures risques est propre à chacun, quel que soit le produit de pension. Le salarié peut s’orienter, selon son envie, vers un produit avec un taux de rendement garanti ou un produit de type Unit-linked avec différents types de fonds
d’investissement. Offrir une expérience personnalisée LALUX Assurances est très soucieuse de satisfaire ses clients en répondant à leurs attentes, notamment en matière de digitalisation. Les habitudes des consommateurs évoluent sans cesse. Ils sont de plus en plus à la recherche d’une expérience personnalisée avec des services de qualité adaptés à leurs besoins. « Il est important de développer et d’améliorer constamment l’expérience client en facilitant la gestion de nos assurances », explique Jérôme Wiwinius. Pour faciliter la gestion tant des services RH que des salariés, LALUX Assurances a développé dans le cadre des plans de pension complémentaire la plateforme digitale easyPENSION PRO. Un canal sécurisé qui permet désormais une accessibilité 24 h/24 et de nombreuses fonctionnalités pratiques pour simplifier la gestion par les RH mais aussi l’utilisation par les affiliés. Ces derniers auront une meilleure visibilité sur l’épargne financée par leur employeur et pourront ainsi mieux apprécier cet « Employee Benefit » supplémentaire. Cette plateforme permet un gain de temps dans la gestion administrative des tâches liées au plan de pension de l’entreprise (transmission des données, visualisation immédiate, accès au détail des contrats ou à l’ajout d’un employé au plan de pension) et apporte aussi une fluidité dans les communications avec LALUX. Les affiliés bénéficient quant à eux d’un accès immédiat illimité à la consultation de leur épargne ainsi qu’une vue complète des couvertures risques de décès et d’invalidité. En cas de changement d’employeur, la plateforme permet à l’affilié de continuer le suivi de son plan individuel sans passer par son ancien employeur.
Le plan de pension s’adapte à chacun. VRAI. Un régime complémentaire de pension est adaptable en fonction du choix de l’employeur : type et placement des investissements, choix de la couverture de protection. Seule mon entreprise peut alimenter le fonds de pension. FAUX. Les salariés peuvent compléter par des cotisations personnelles (jusque 1 200€ par an). Mon régime de pension pourra me suivre si je change d’employeur. VRAI. Si le nouvel employeur a déjà un régime complémentaire de pension, il est possible de basculer le plan complémentaire d’un employeur à l’autre. Toutefois, il peut aussi être une condition à l’embauche du salarié. Seuls les salariés des entreprises peuvent bénéficier d’un régime de pension. FAUX. Désormais, les professions libérales et les indépendants peuvent aussi cotiser pour une pension complémentaire avec des garanties sur mesure pour leur offrir une flexibilité. La déduction des cotisations personnelles est plafonnée. VRAI. Les cotisations personnelles sont déductibles jusqu’à 1.200 € par an au titre de dépenses spéciales. Je dois passer par les RH pour avoir accès à mon plan de pension. FAUX. La digitalisation permet d’accéder aux informations de mon plan de pension LALUX via la nouvelle plateforme easyPENSION PRO 24h/24h.
u/fr/ lalux.l luxels/la n n o i s es profes ct-entrepris e rot staff-p asy u/fr/e lalux.l o-rh on-pr pensi NOVEMBRE 2021
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BRAND VOICE
Banques
L’investissement en ligne a le vent en poupe Contenu sponsorisé par SWISSQUOTE
à la magie d’Internet, commente Dave Sparvell, CEO de Swissquote Bank Europe. Il s’agissait en réalité d’une condition sine qua non pour toucher ce marché : sans le web, il aurait en effet fallu une armée de conseillers pour permettre au grand public de gérer ses investissements. »
SWISSQUOTE EN 6 DATES CLÉS
2001
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Des possibilités variées, à moindre coût Pour que le type de plateforme d’investissement en ligne que propose Swissquote Bank Europe fonctionne, il fallait tout d’abord mettre à la disposition des investisseurs une gamme diversifiée de produits. Au vu des larges possibilités offertes par l’outil de la banque, la mission semble accomplie. Au-delà des fonds, des ETF, des actions ou des CFD, Swissquote Bank Europe permet désormais
Lancement d’Internaxx, société de courtage en ligne servant des clients internationaux depuis Luxembourg. Il s’agit du fruit d’une association entre TD Bank et BGL.
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« Nous avons mis le monde de la finance à la portée du grand public, grâce à Internet. » Dave Sparvell CEO de Swissquote Bank Europe
TD Bank acquiert la totalité d’Internaxx dans le but de développer l’une des plus importantes plateformes en ligne pour les investisseurs locaux et internationaux.
2011
à ses clients, depuis le mois de mars dernier, d’investir dans les crypto-monnaies. Swissquote Bank Europe est en effet enregistrée auprès de la CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier) comme prestataire de services d’actifs virtuels (PSAV). « Notre volonté est de conserver cette mentalité de précurseur en étant toujours les premiers sur certaines nouveautés », poursuit Dave Sparvell. Si le choix des actifs est incontestablement un argument en faveur de ce type d’outils, la limitation des frais en est un autre. « Nous offrons une solution à haute valeur ajoutée, à un coût réduit, explique Jeremy Lauret, Head of Sales & Marketing chez Swissquote Bank Europe. Souvent, on a tendance à dire que le genre de services que nous proposons
Internaxx compte 12.000 clients dans plus de 160 pays et 1,25 milliard d’actifs sous gestion.
2018
Swissquote, leader de la banque en ligne en Suisse, acquiert Internaxx Bank. Cela lui permet d’accéder pleinement au marché européen.
Photo
Il est bien loin le temps où le particulier devait nécessairement faire appel à des institutions spécialisées pour placer ses capitaux. Désormais, il est tout à fait possible de gérer ses actifs soi-même, via des outils en ligne. Parmi les prestataires qui offrent ce type de services depuis Luxembourg, Swissquote Bank Europe fait figure de précurseur. Ce leader suisse de la banque en ligne, résolument orienté « tech », a en effet racheté en 2018 la banque Internaxx, créée en 2001 et qui était elle-même l’une des premières structures basées au Luxembourg proposant une plateforme d’investissement en ligne. « Alors que le monde de la finance était auparavant réservé aux institutionnels ou aux personnes les plus aisées, nous l’avons mis à la portée du grand public, grâce
Matic Zorman (Maison Moderne)
Porté par l’évolution des technologies et des réglementations, l’investissement en ligne connaît un regain d’intérêt. Actions, ETF, fonds ou crypto-monnaies : les possibilités sont infinies.
Nestor Verrier Christine Bell
Jeremy Lauret
Dave Sparvell
Cathy Andre
David Lee
est plus coûteux au Luxembourg qu’ailleurs. Mais avec 450.000 clients à travers le monde, le groupe Swissquote a une taille suffisante pour offrir des prix compétitifs à chaque investisseur. On peut par exemple investir dans les cryptos avec seulement 25 euros. » Facilité d’usage et support Évidemment, la plateforme d’investissement en ligne de Swissquote offre surtout à ses utilisateurs toute la facilité qu’on peut espérer d’un outil connecté moderne. Disposant de deux interfaces, l’une, plus basique, réservée aux nouveaux investisseurs, l’autre, plus développée, adaptée aux profils expérimentés, cette solution disponible sous forme d’une app ou à travers un navigateur web est sans cesse améliorée
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Internaxx Bank change de nom pour devenir Swissquote Bank Europe.
Cyrille Citton
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« L’un de nos grands avantages est d’offrir une haute valeur ajoutée, à un coût réduit. » Jérémy Lauret Head of Sales & Marketing chez Swissquote Bank Europe
Swissquote Bank Europe devient Prestataire de Services d’Actifs Virtuels et propose à ses clients d’investir dans des crypto-monnaies à partir de sa plateforme en ligne.
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pour rendre plus fluide l’expérience utilisateur. « Elle est en outre accessible partout dans le monde, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, afin que les clients puissent consulter leur portefeuille et effectuer des transactions en temps réel, précise Dave Sparvell. Pour les nouveaux clients, un autre avantage est que nous pouvons réaliser l’onboarding entièrement en ligne : les documents nécessaires sont envoyés via Internet et le contrat est signé électroniquement. » Quand les clients ont besoin d’aide supplémentaire, un support est offert par Swissquote Bank Europe. « Bien entendu, nous avons pris une certaine avance, mais des concurrents peuvent copier notre proposition et adopter notre politique tarifaire. En revanche,
Basé dans sept pays, le groupe Swissquote compte 450.000 clients et plus de 50 milliards d’actifs sous gestion.
la qualité du service offert au client est difficile à copier et fait la différence. En cas de question, nos clients peuvent ainsi nous contacter tous les jours de 8h30 à 22h00, et nous leur offrons une assistance en quatre langues », ajoute le CEO de la banque. Si l’investisseur veut en savoir plus sur certains sujets, il trouvera également sur la plateforme une foule d’informations ainsi que des outils pour identifier des opportunités d’investissement. L’attrait pour l’investissement en ligne, qui s’est considérablement renforcé durant la pandémie, devrait permettre à Swissquote Bank Europe de développer son leadership dans les prochaines années. La banque souhaite en effet devenir rapidement une référence en Europe.
plus, savoir n e r u sur Po z-vous rende
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Anne-Sophie Theissen observe une asymétrie des droits et devoirs du contribuable par rapport à ceux de l’Administration.
Conversation Anne-Sophie Theissen
« En matière de fiscalité, on peut prendre des initiatives locales » À défaut de réforme, reportée en raison de la crise, la Chambre de commerce vient de présenter un catalogue de 10 mesures fiscales jugées nécessaires pour les entreprises en pleine phase de relance. Revue de revendications sur fond de compétition fiscale internationale. Interview MARC FASSONE
La Chambre de commerce a dévoilé 10 mesures ponctuelles et complémentaires à ses propositions structurelles récurrentes en matière de fiscalité visant à moderniser le système fiscal luxembourgeois et à soutenir les entreprises. Des mesures, insiste la Chambre, qui ne doivent ni remplacer ni retarder une réforme fiscale plus globale. Des mesures qui ne devraient pas non plus générer d’impact budgétaire négatif significatif – « ce qui est particulièrement pertinent dans la période actuelle où les finances publiques ont été fortement sollicitées » –, et qui sont susceptibles de bénéficier à l’ensemble des entreprises, contribuant ainsi à promouvoir l’intérêt économique général. Un catalogue de mesures qui s’articule autour de trois axes stratégiques que sont l’allègement de la charge fiscale, le renforcement des droits du contribuable et la cohérence des textes, et vise, in fine, à renforcer la compétitivité économique du pays et son attractivité fiscale. Ces mesures sont la synthèse des retours d’expérience de la House of Entrepreneurship, de la House of Startups et de plusieurs ressortissants de la Chambre de commerce et ont été sélectionnées en collaboration avec l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Anne- Sophie Theissen, director legal advisor de la Chambre de commerce, passe en revue ces propositions. Pourquoi proposer cet éventail de mesures maintenant ? Le Covid a joué dans ce timing. À cause de la pandémie, il semble que la réforme fiscale en profondeur présentée par le gouvernement doive attendre. Ces 10 mesures ne sont pas proposées en lieu et place de cette réforme structurelle, mais visent à soutenir les entre-
Photo GUY WOLFF
prises, alors que la relance commence à s’amorcer. Nous saluons le soutien que leur a apporté le gouvernement, mais nous pensons que l’on pourrait encore ajouter d’autres mesures pour les soutenir, alors que des États concurrents ont pris des initiatives post-Brexit / Covid visant à alléger sélectivement et stratégiquement la fiscalité des entreprises. Par ailleurs, les effets des décisions récentes en matière de taxation numérique et / ou minimale (prises à l’échelon de l’OCDE, ndlr), bien que difficilement chiffrables à ce stade, méritent des efforts sup-
BIO EXPRESS Juriste de formation Disposant de la double nationalité belge et luxembourgeoise, Anne-Sophie Theissen obtient en 1996 une licence en droit à l'université de Liège. Diplôme qu’elle complète avec un DESS en sciences économiques, orientation fiscalité, auprès de HEC Liège en 2001 et par l’équivalence de cours complémentaires en droit luxembourgeois en 2005. Une carrière d’avocate Elle commence sa carrière en 1996 en tant qu’avocate en Belgique puis au Luxembourg en 2000. À la Chambre de commerce depuis 2008 Elle entre à la Chambre de commerce en 2008 en tant que legal advisor. En février 2015, elle est promue director legal advisor et membre du comité de direction. Anne-Sophie Theissen parle français, allemand, anglais, néerlandais et luxembourgeois.
plémentaires pour améliorer l’attractivité du cadre fiscal luxembourgeois. Dans cette phase de relance, quels sont les besoins des entreprises auxquels vous souhaitez répondre avec vos propositions ? Les entreprises ont été soutenues grâce à des aides ponctuelles. Ces dernières vont maintenant doucement se tarir, ce qui est normal. Ce que ces entreprises attendent maintenant, selon nous, c’est à la fois une plus grande attractivité et une plus grande sécurité juridique en matière fiscale. Les initiatives se sont multipliées ces derniers mois dans certains pays, comme je le disais, et même la Commission européenne s’est un petit peu lancée dans l’arène de la fiscalité. Il existe un certain nombre d’axes sur lesquels on peut travailler pour rendre le Luxembourg de nouveau un peu plus attractif. La fiscalité est un sujet critique et difficile pour les entreprises. C’est le cas pour celles qui sont déjà bien établies, mais aussi pour les investisseurs potentiels. Venir s’établir au Luxembourg est un véritable challenge. Je pense qu’il y a des choses à faire à ce niveau. Est-ce que vos membres craignent un retour de bâton fiscal au fur et à mesure que la situation économique va redevenir normale ? Ils ont eu beaucoup d’aides, quid de la facture ? Je ne pense pas que ce soit la volonté du gouvernement que d’amorcer maintenant une hausse de la pression fiscale. Ce serait totalement contre-productif. Mais il est évident qu’après une telle période d’investissements, il va bien falloir que de nouvelles recettes rentrent. Ce sont des réflexions qui devront être menées dans les semaines et les mois qui viennent. Des NOVEMBRE 2021
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Conversation
LES 10 MESURES Axe 1 : temporalité de la charge fiscale Mesure 1 : utilisation des pertes reportées vers le passé Mesure 2 : report de l’IF (impôt sur la fortune) sur l’IRC (impôt sur le revenu des collectivités) en cas de pertes sans réserve antérieure Mesure 3 : compensation automatique, tous impôts confondus, au sein d’un dossier fiscal digital unique
réflexions globales qui devront tenir compte du contexte fiscal dans son ensemble. C’est d’ailleurs pour cela que les 10 mesures que nous proposons ont un impact budgétaire neutre ou peu significatif et devraient même, à terme, générer des recettes.
Axe 2 : renforcement des droits du contribuable Mesure 4 : indication des pertes dans le bulletin d’imposition et droit de recours Mesure 5 : suspensivité – éventuellement partielle – du paiement de la dette d’impôt en cas de contestation du montant réclamé et de l’appel en garantie Mesure 6 : raccourcissement des délais de prescription Mesure 7 : réciprocité des procédures entre l’Administration et les contribuables
Vos propositions tournent autour de deux thèmes centraux : la compétitivité et l’attractivité fiscale du pays. Comment le pays peut-il maintenir une forme de compétitivité fiscale à l’international ? Quels sont les leviers sur lesquels jouer ? En matière de fiscalité, les temps changent et les mœurs évoluent. On sait que des choses qui étaient légales auparavant ne sont plus moralement acceptables aujourd’hui. Les questions des taux d’imposition nominaux et des incitants fiscaux s’appréhendent désormais dans un contexte plus large, européen ou international. Mais on peut prendre des initiatives locales. L’un des aspects du problème est la stabilité réglementaire. C’est un argument traditionnel du Luxembourg que l’on ne peut plus véritablement mettre en avant désormais. Les lois changent, et même assez vite, et dans un sens qui n’est pas favorable aux entreprises. Ce sont de mauvais signaux. Il y a, parmi nos propositions, des mesures qui pourraient rétablir cet équilibre.
Axe 3 : cohérence juridique Mesure 8 : application uniforme des circulaires administratives Mesure 9 : recul du délai de dépôt des déclarations fiscales de l’impôt sur le revenu par rapport au délai d’approbation des comptes Mesure 10 : alignement de la durée de « recapture » sur la durée de la disponibilité des pertes reportées
intéressant de noter que ces deux pays, loin de supprimer ce système en période de Covid, qui met pourtant à mal leurs finances publiques, l’ont, au contraire, assoupli pour permettre de lisser la perte des revenus sur une période À quelle mesure particulière pensez-vous plus longue ou pour un montant plus imporpar exemple ? tant. Et la Commission européenne, dans sa Je pense à l’utilisation des pertes reportées récente communication sur la fiscalité du vers le passé. Auparavant, au Luxembourg, on 21e siècle, aborde cette possibilité d’utiliser pouvait reporter les pertes vers l’avenir indé- des pertes aussi pour le passé. C’est quelque finiment. Depuis 2017, on ne peut plus les chose qui est important et qui pourrait contrireporter que pendant 17 ans, et puis c’est fini. buer à attirer de nouvelles entreprises ici. À En revanche, il n’y a jamais eu la possibilité de défaut d’être précurseur sur cette mesure, le reporter les pertes vers le passé. Luxembourg se doit de ne pas rester à la traîne Quand on parle de compétitivité, il faut et d’instaurer durablement un tel système. avant tout regarder ce qui peut se passer ailleurs. Et dans ce cas, on constate que diffé- Vous insistez sur le fait que toutes rents pays offrent cette possibilité aux les mesures proposées par vos soins entreprises. C’est le cas notamment pour l’Al- sont neutres pour les finances publiques. lemagne et le Royaume-Uni. Il est d’ailleurs N’y a-t-il pas un risque, avec un tel
LE REPORT DES PERTES EN ARRIÈRE, EN PRATIQUE Le report des pertes en arrière permet de déduire, sur un exercice fiscal bénéficiaire qui a donné lieu à perception d’impôts, les pertes d’un exercice suivant. En diminuant ainsi le bénéfice passé, l’entreprise aura droit à un crédit ou remboursement d’impôt qui sera équivalent à la différence entre l’impôt initialement payé et l’impôt qui aurait été dû avec ce bénéfice recalculé. Régime réformé
Régime actuel
Bénéfice 100.000 € Impôts 17 %
Bénéfice 100.000 € Impôts 17 % Pertes 50.000 € Impôts 0
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Pertes 50.000 € Crédit d'impôt 8.500 €
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mécanisme de report de pertes, d’assister à une baisse des recettes ? C’est un risque. C’est pourquoi nous proposons que le report en arrière des pertes soit introduit progressivement ou à concurrence d’un certain montant et puisse être modulé en fonction des impôts. Cela pourra faire un trou dans le budget lors de l’année d’entrée en vigueur de la mesure, mais ce ne sera pas un trou qu’il ne sera plus jamais possible de résorber. Il faut plutôt voir cela comme un lissage des recettes dans le temps, à mettre en œuvre de manière réfléchie. Dans ce cas, éponger les pertes du passé est une solution d’avenir. Le report en arrière des pertes, comment cela fonctionne-t-il concrètement ? Prenons une société à responsabilité limitée de droit luxembourgeois. Lors de l’exercice N, elle a réalisé un bénéfice fiscal de 100.000 euros. Elle a donc payé, par hypothèse, au titre de cet exercice N, un montant d’impôt sur le revenu des collectivités (IRC) de 17.000 euros (soit le taux d’IRC de 17 % multiplié par le montant du bénéfice fiscal de l’année). L’année N+1, la société réalise une perte fiscale de 50.000 euros. Si les dirigeants de la société optent pour le report en arrière du déficit de l’exercice N+1, ce montant de 50.000 euros est imputé sur le montant du bénéfice fiscal de l’exercice N qui a servi de base à l’IRC de l’année N – soit 100.000 euros – et la société se verra reconnaître une créance fiscale ou un droit à remboursement d’un montant de 8.500 euros, montant correspondant à celui des pertes de l’année N+1 (50.000 euros) multiplié par le taux d’IRC (17 %). Ce mécanisme permettrait, dans certaines circonstances, d’accroître les liquidités des entreprises en période de perte ou de baisse de revenus. Outre la question des pertes reportées vers le passé, quelles sont, dans votre catalogue de mesures, celles qui selon vous sont les plus importantes et les plus urgentes à mettre en œuvre ? J’en vois deux autres, centrales dans le thème des liquidités. La première serait celle de la compensation et donc du dossier fiscal unique. L’autre mesure urgente serait celle sur la prescription. Il faut se rendre compte qu’au Luxembourg, les délais de prescription en matière fiscale sont relativement longs. La prescription standard est de 5 ans et cela peut aller jusqu’à 10 ans. Lorsque vous regardez ce qui se passe en Belgique, en Allemagne ou en France, vous constatez que les délais sont beaucoup plus courts. De 3 à 5 ans en général. Le contribuable est donc plus vite fixé sur son sort. Ce qui veut dire que l’on ne reviendra plus sur la déclaration et l’imposition qui en résulte, ce qui n’est pas du tout le cas ici. Sans compter que l’Administration, contrairement au contribuable, n’est soumise à aucun délai pour
Anne-Sophie Theissen
« Il existe un certain nombre d’axes sur lesquels on peut travailler pour rendre le Luxembourg de nouveau un peu plus attractif. » procéder à la vérification des déclarations fiscales et à l’émission des bulletins d’imposition, si ce n’est l’expiration des délais de prescription. Quelque part, l’entreprise a une épée de Damoclès suspendue en permanence au-dessus de sa tête. Au moment de planifier des investissements, ce n’est pas la situation la plus confortable pour une entreprise. Il serait hautement appréciable que les délais de prescription soient réduits. Pourquoi les délais de prescription sont-ils aussi longs au Luxembourg ? C’est assez étonnant pour un pays qui vante sa productivité en matière fiscale. C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Il est vrai qu’il y a, au Luxembourg, beaucoup de contribuables et pas uniquement des sociétés, et que les moyens de l’Administration ne suivent pas. Mais même si c’était éventuellement un problème de ressources, cela n’empêcherait pas que l’on réduise les délais de prescription. On peut également penser que la situation est confortable pour l’Administration puisque cela lui laisse un temps plus long pour revenir sur certains dossiers. Selon vous, la solution peut-elle passer par un effort accru en termes d’automatisation et de modernisation des procédures de l’administration fiscale ? Tout à fait. C’est un sujet que nous abordons souvent à la Chambre de commerce. Et dans nos propositions, ce thème transparaît dans la revendication de la compensation automatique – le netting fiscal –, une demande de longue date. Au quotidien, les entreprises doivent des impôts, mais ont également des remboursements d’impôts à toucher. Des sommes pour lesquelles une compensation leur permettrait de disposer d’une trésorerie plus importante. Ce mécanisme existe déjà en matière de TVA. Pourquoi ne pas l’étendre à tous les autres impôts, c’est-à-dire aux impôts sur le revenu des sociétés ainsi qu’aux impôts indirects ? Idéalement, cela pourrait se faire par la mise en place d’un dossier fiscal unique, de préférence numérique. Cela permettrait au contribuable d’avoir connais-
sance, en temps réel, de sa situation fiscale, de savoir ce qu’il doit à l’État et aussi ce que lui doit l’État. Cela permettrait également de connaître ses pertes à un instant T, quelque chose que ne permet pas actuellement le bulletin d’imposition. Cette mesure permettrait notamment d’optimiser la trésorerie des entreprises, particulièrement à l’heure où certaines d’entre elles subissent encore de plein fouet les effets de la crise du Covid-19. Des mesures très appréciées ont certes été prises par le gouvernement pour pallier cela, notamment avec les remboursements de TVA anticipés et l’extension de délai pour la remise de diverses déclarations. Cependant, un système de compensation permanent permettrait de venir asseoir ces mesures dans le temps. Le thème du renforcement des droits des contribuables est également au cœur de vos propositions. Quid de la suspension du paiement de la dette d’impôt en cas de contestation ? Nous recevons nombre de plaintes de ressortissants qui se trouvent obligés de payer leur cote d’impôt alors même qu’ils estiment, arguments solides à l’appui, que le montant réclamé
LA FISCALITÉ DU 21e SIÈCLE La Commission européenne a insisté, dans sa communication de mai dernier relative à la fiscalité du 21e siècle, sur l’importance du soutien à apporter aux PME. À court terme, elle recom mande aux États membres d’autoriser les entreprises à reporter en arrière les pertes sur l’exercice fiscal précédent, au moins : « Cette mesure bénéficiera aux entreprises qui étaient rentables dans les années précédant la pandémie, leur permettant de déduire les pertes qu’elles ont subies en 2020 et 2021 des impôts qu’elles ont payés avant 2020. » Bruxelles souhaite également que le financement par fonds propres ait un traitement fiscal aussi avantageux que le financement via le recours aux emprunts. En espérant favoriser les investissements, et donc la relance.
est erroné. Le paiement obligatoire de la dette nonobstant l’exercice d’une voie de recours génère, dans certains cas, de lourds problèmes de trésorerie qui peuvent, dans les cas les plus graves, mener à la faillite de l’entreprise. Nous souhaitons trouver des aménagements à la rigidité de cette règle en nous inspirant de ce qui se fait dans les pays voisins. La France, par exemple, autorise un fractionnement du paiement entre le montant non contesté – qui est exigible immédiatement – et le montant contesté. De manière plus générale, nous observons une asymétrie des droits et devoirs du contribuable par rapport à ceux de l’Administration, notamment à l’endroit des délais et des conséquences attachées à leur non- respect. Une asymétrie à corriger. Dans vos propositions, vous appelez à une application uniforme des circulaires administratives. Que ce soit en matière de fiscalité directe ou indirecte, nous sommes régulièrement confrontés à des plaintes de nos ressortissants qui reçoivent des interprétations différentes d’une même circulaire, quelquefois même des positions différentes sur l’applicabilité même d’une circulaire, par des bureaux d’imposition différents ou même au sein d’un seul bureau. Bien que les circulaires ne soient adressées qu’aux fonctionnaires qu’elles lient, elles peuvent néanmoins faire naître des droits en faveur du contribuable qui en aurait connaissance et se baserait dessus pour en déduire un comportement. En vue de mettre fin à ces pratiques administratives dommageables pour la sécurité juridique et l’image de la Place, la Chambre de commerce recommande l’introduction d’un principe selon lequel le bureau d’imposition serait tenu d’appliquer l’interprétation invoquée par le contribuable, lorsque cette dernière a été reprise dans une circulaire du directeur des contributions en vigueur, et dont il a pu avoir connaissance à travers une certaine publicité lui ayant été conférée. Avez-vous déjà des retours de l’administration fiscale concernant vos demandes ? Nous avons la chance d’avoir l’oreille attentive des différents ministères. Avec des propositions comme celles-ci, nous espérons amorcer une discussion avec le ministère des Finances afin d’aboutir à des initiatives législatives concrètes. Nous sommes confiants quant à l’instauration d’un dialogue sur le sujet. Je ne dis pas que nous aurons gain de cause sur tout, mais je pense que nous contribuons au débat et que nous faisons remonter les souhaits de nos ressortissants, ce qui est notre mission première.
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Conversation
« Repérer les intelligences, c’est vital pour l’entreprise »
Le monde du travail ne rime plus exclusivement avec présentiel. Et encore moins avec autorité, résume Béatrix Charlier.
Coach certifiée et fondatrice du cabinet P’op, Béatrix Charlier publie son premier livre, Activez les talents de votre entreprise. Un challenge de la plus haute importance pour les entrepreneurs, managers et dirigeants. Interview NICOLAS LÉONARD
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Photo ROMAIN GAMBA
Béatrix Charlier
BIO EXPRESS
Un des premiers chapitres de votre livre publié aux éditions L’Attitude des Héros résonne comme un avertissement et pourrait effrayer certains patrons : votre entreprise est construite sur des failles. Quelles sont ces failles ? Ce sont ce que beaucoup connaissent dans leur milieu professionnel, comme le système de silotage pour catégoriser les employés, la domination des diplômes sur les compétences, la hiérarchie par les titres, le jeu des bonus et des gratifications en lien avec les sacro-saintes évaluations annuelles... Or, au final, on constate que c’est tout cela qui vrille l’engagement, j’ai même envie de dire, qui l’éteint presque. Pourquoi, avant la responsabilité de l’entreprise, pointez-vous celle de l’école ? Le monde de l’école fonctionne en vase clos, avec des méthodes d’orientation, de validation et d’évaluation, une reconnaissance des compétences et des titres qui ne sont plus adaptés au monde d’aujourd’hui. L’école reste convaincue que son rôle est de transmettre un savoir. Mais depuis que ce savoir est accessible via son téléphone, des réseaux sociaux, des sites internet, ce qui compte c’est son utilité, son sens et sa pertinence. Cela, en plus du fait que les élèves et les étudiants sont peu associés à la construction du savoir, engendre le décrochage scolaire. Mais aussi le délitement des relations dans les familles, de la souffrance. Et l’école contamine l’entreprise ? Oui, c’est une évidence. Le but de l’enseignement général, c’est de conduire vers une université et une haute école, qui elle-même, en décernant titre et diplôme, doit conduire vers le monde du travail. Tout cela se fait via une hiérarchisation et des titres qui sont décernés : les sésames pour progresser. Et la course au titre se poursuit ensuite dans le monde professionnel, devient un baromètre social.
Archéologue et historienne de l’art Originaire de la province de Luxembourg belge, Béatrix Charlier est diplômée en archéologie et histoire de l’art de l’université de Liège. Elle est une spécialiste reconnue des stucs des 17e et 18e siècles. Après une première partie de carrière dans l’enseignement, elle fonde P’op, son cabinet de conseil en ressources humaines basé à Luxembourg, en 2016. Formée à l’hédo-coaching Dès 2005, elle crée des tests de détection des intelligences multiples. Elle deviendra coach certifiée après avoir suivi l’enseignement d’Anne-France Wéry en hédo-coaching.
teurs a intégrée. Tant au niveau de l’entreprise que dans leur vie privée. Droit à la liberté de gérer son temps, flextime, télétravail, abolition des structures hiérarchiques rigides, équilibre vie privée-vie professionnelle, cela dans un monde où tout va plus vite... Les entreprises doivent en tenir compte sous peine de vivre dangereusement. Avec, comme principal symptôme du malaise, un turnover important des effectifs... En effet. Les promesses traditionnelles faites par les entreprises pour retenir les talents, comme salaires, avantages en nature, progression dans la carrière, ne suffisent en tout cas plus à conserver les éléments de la génération Y, et ceux-ci bousculent les autres composantes de ces entreprises. Celles qui arrivent à garder leurs collaborateurs sont celles qui ont compris ce qu’était l’autonomie, qui incarnent des valeurs fortes et partagées.
nos entreprises sont beaucoup plus riches de talents que ce qu’elles pensent et ce sont ces talents-là qui vont faire évoluer l’entreprise. Mais pour que cela se passe bien, il faut un CEO qui n’ait pas de problème d’ego, qui ne mène pas une politique de la terre brûlée. Il y a hélas trop de CEO qui veulent être au- dessus et briller encore plus. De même en ce qui concerne les managers qui n’ont pas nécessairement l’envie de voir grandir leur équipe, par peur d’être dépassés. Les CEO, décideurs, patrons n’ont-ils pas tout simplement peur d’un constat d’échec, à savoir : auraient-ils dû activer les talents au lieu de recruter à tour de bras pour compenser les départs ? Le CEO a toujours peur. Cela fait partie de la vie d’un CEO : peur d’être dépassé, peur de rater une marche au niveau de l’évolution de son entreprise... Oui, c’est dur de faire un constat d’échec. Mais ce qui est plus grave, c’est qu’ils n’ont pas le temps de le faire. Un CEO devrait travailler à mi-temps, avoir dans son planning 50 % de libre. Pour quoi faire ? Pour penser ! Malheureusement, ils ont des agendas qui sont chargés à 150 %. Ils n’ont donc pas le luxe de se dire qu’ils vont analyser les recrutements, le taux d’engagement, le taux de désengagement, comment faire mieux que ces dernières années... Des CEO qui font cela, j’en connais peu. La clé, c’est le temps, on le sait. Quand je conseille de faire une réunion hebdomadaire pour évoquer telle ou telle chose, on me répond souvent qu’on n’a pas eu le temps de la faire la semaine passée car il y a eu une urgence. Je réponds alors que l’urgence, la vraie urgence, c’est vous et rien que vous !
Les générations Y et Z, notamment, On compense des départs par et leur quête de sens, sont déstabilisantes, des recrutements, mais ce n’est donc interpellent, revendiquent... Elles effraient plus non plus la solution ? Par le passé, on recrutait pour améliorer les un peu, mais peuvent-elles être source performances, pour répondre à des besoins très d’inspiration ? Mais, notamment sous l’impulsion des précis. Désormais, il faut voir les choses autre- Il y a deux attitudes que l’on peut adopter. générations Y et Z, de nombreux employés ment et analyser l’ensemble du capital humain Soit une attitude de fermeture, et alors on ne se retrouvent plus dans la structure de son entreprise. Mon livre ouvre cette voie : regarde ces générations en se demandant: proposée par l’entreprise, sa hiérarchie, au lieu de mettre beaucoup d’énergie sur des « Ils se prennent pour quoi ? Ils feront moins les la manière dont on peut y progresser... descriptifs de fonction, des entretiens d’em- malins quand ils auront un emprunt sur le dos C’est ce qu’on appelle le « désengagement » : bauche, pourquoi ne pas d’abord repérer les et qu’ils devront rembourser tous les mois. » on ne veut pas intégrer la structure, on n’y talents dans ses équipes, identifier les intelli- Soit on a une attitude de compréhension, en trouve pas ou plus sa place, on la quitte car gences multiples, les activer et optimiser les admettant que ce qu’ils veulent, on l’aurait on la trouve non adaptée. L’entreprise a pour- performances ? Nous sommes tous différents, bien voulu aussi. On se demande alors si ce tant obligation à s’adapter car, pour la pre- mais nous avons tous des talents issus de nos que l’on a sacrifié en valait la peine. mière fois, nous avons quatre générations intelligences multiples. Maintenant, repérer les Et là, il y a aussi danger pour l’entreprise... présentes en même temps et qui doivent donc intelligences, c’est vital pour l’entreprise. cohabiter, et ont des attentes différentes. Car cela induit aussi du turnover dans les cadres Les entreprises fonctionnent donc en et les managers de la génération X, et celui-là sous-régime parce que le management ne Le dénominateur commun au sein fait beaucoup plus mal, car ce sont alors de parvient pas à repérer les talents dormants, gros trous qui apparaissent dans les structures. de l’entreprise, pour tous, c’est la quête à identifier les intelligences multiples ? de sens ? Tout cela est finalement organique, la généraC’est une aspiration qui vient des millennials, C’est comme votre smartphone : vous utilisez tion Y est venue avec la quête de sens il y a une mais que la plus grande part des collabora- 25 % de sa capacité, comme votre cerveau. Or, petite dizaine d’années et désormais, on se NOVEMBRE 2021
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Conversation Béatrix Charlier
Quelles sont alors les pistes pour susciter l’engagement, pousser à la créativité ? Il faut que les personnes soient là dès le début du projet, pour voir si elles adhèrent ou pas. Cela ne sert à rien de mettre de l’énergie pour faire adhérer des gens à un projet qui ne repré sente rien pour eux : ils n’en ont même pas envie. Je conseille souvent de mettre les emp loyés autour de la table, d’expliquer le projet, de demander les avis de chacun, les idées, les impressions... Arriver en disant qu’on a un super projet, qu’il faut tous s’y mettre pour le rendre dans 15 jours et taper dans les mains en disant « go ! », cela ne marche plus. Deux notions apparaissent alors comme centrales dans votre livre : le why et le care. Comment peut-on les caractériser ? Le why, c’est la clé de voûte : donner du sens est plus que primordial, c’est vital ! Le care, c’est le ciment : l’écoute, l’attention, aider à la libre cir culation des talents, aux évolutions, aux demandes. Est-ce qu’à un moment il est trop tard pour bien faire ? Certaines entreprises sont-elles à ce point engluées dans
La théorie des intelligences multiples a été développée par le psychologue et neurologue américain Howard Gardner. C’est une réponse à la vision selon laquelle il n’y aurait qu’une intelligence unique, mesurable par les tests de QI, qui évaluent l’intelligence logico-mathématique et verbo-linguistique. Gardner définira pour sa part dans un premier temps sept intelligences, plus l’intelligence existentielle qui est venue s’y ajouter. Son travail a mis en lumière la grande complexité de la pensée humaine, en mettant le doigt sur les nécessaires mutations de nos systèmes éducatifs, mais aussi sur les évolutions indispensables dans le monde du travail.
Comment voyez-vous les évolutions futures du monde professionnel en lien avec le télétravail ? On ne sait pas ce que seront les entreprises demain ! Mais on peut observer un certain nombre de phénomènes comme un délitement des rela tions, car on n’est plus ensemble. Certains se sont aussi écartés des objectifs de leur entre prise et n’ont pensé qu’à leur confort : ceux-là ne veulent maintenant plus revenir, mais rester là où ils sont... D’autres démissionnent aussi pour de bonnes ou de mauvaises raisons, mais un mode de fonctionnement qu’il leur d’autres reviennent car ils aiment cela. La Covid sera impossible d’en sortir et d’évoluer ? a en tout cas ouvert un champ de liberté Non, jamais, mais à une condition : prendre de incroyable ! Les managers doivent savoir que le la distance. Si l’on fait corps avec son entreprise, « tout contrôle » ne fonctionne pas. Ceux qui c’est très compliqué d’enclencher des mutations. veulent des time sheets à la fin de la journée sont les mieux placés pour le constater, puisqu’ils ne les reçoivent jamais à 100 %. Personnelle Cette distanciation est-elle aussi ment, affirmer de nos jours qu’il faut que tous nécessaire dans le cadre d’une transmisles gens soient là en open space pour travailler sion d’entreprise ? Absolument. Mais ce n’est pas simple, car tous ensemble, cela me fait rigoler ! Ça ne fonc transmettre son entreprise, c’est terminer une tionne pas ! histoire. Cela renvoie directement à notre Écrire ce livre a été dicté par l’urgence propre finitude. du moment ? Il y a deux éléments. Tout d’abord, je forme Donc, cette question de la transmission des coachs à mes outils et ils étaient deman on se la pose... ... trop tard, évidemment. Toujours trop tard. La deurs d’un écrit. Ensuite, quand le confine transmission d’entreprise, cela se prépare dix ment est arrivé, avec un agenda qui s’est totalement vidé en trois jours, je me suis, je ans avant. n’ai pas honte de le dire, effondrée. Ma société Que cette transmission soit intrafamiliale avait quatre ans, je la voyais décoller et tout ou non ? d’un coup, cela a été le vide... Or, je ne voulais Peu importe. C’est la personne qui transmet pas baisser les bras. Je voyais des entreprises qui doit se préparer en se posant ces questions, autour de moi qui fermaient et cela m’était insupportable. C’était donc le moment de comprendre comment il était possible que des entreprises s’effondrent comme cela, « juste » à cause d’un confinement. Le but n’était pas d’écrire pour écrire, mais d’aider.
« Les promesses tradi tionnelles faites par les entreprises pour retenir les talents ne suffisent plus à conserver les éléments de la génération Y. » 48
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notamment : Quand cela va-t-il s’arrêter ? Que vais-je devenir ? Ce sera quoi, ma vie ? Suis-je capable de vivre hors de cette frénésie, de ce stress ? Que puis-je faire d’autre ? Maintenant, je concède que c’est parfois plus compliqué dans le cadre d’une entreprise familiale, car il y a un certain poids, un héritage, la crainte du regard des autres...
Mais, au final, c’est un livre qui induit le questionnement, pas du tout de solutions clés en main ? Je l’ai volontairement conçu de cette manière, avec justement des questions à la fin de chaque chapitre. Je ne crois pas aux recettes ou aux solutions toutes faites. On progresse selon moi avec la bonne question, mais qu’est-ce que c’est difficile de trouver la bonne ques tion ! Si ce livre aide à la définir, tant mieux.
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Mais ces générations sont plus complexes à manager. Comment les entraîner dans son sillage, vers ses objectifs ? Hélas, cela ne fonctionne pas comme cela. Le manager a sa propre conception du sens et la personne qu’il engage a son sens à elle, mais ne va pas adhérer au sien d’un claquement de doigts. En tout cas, le management directif est mort car l’autorité n’est plus reconnue.
INTELLIGENCES MULTIPLES
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pose tous la question du sens. La génération Z est venue avec la question de l’engagement envers la planète, son sauvetage, et nous allons tous basculer et adhérer à ces valeurs. Finale ment, ce sont eux qui revoient le modèle de vie, déterminent ce qui est important, pour quoi on se lève le matin... Et je pense que ce sont en effet des éléments inspirants.
PUBLIREPORTAGE
NOTZ STUCKI DEVIENT NS PARTNERS Le groupe de gestion d’actifs genevois NOTZ STUCKI devient NS PARTNERS. Cette évolution s’accompagne d’une refonte de l’identité visuelle, avec un logo remanié et une nouvelle signature de marque. Ce changement répond à l’évolution qu’a connu l’entreprise depuis quelques années. En effet, le Groupe est entré depuis deux ans dans une nouvelle étape de son développement qui s’est traduit par un renouvellement de son organisation. « Par ailleurs, alors qu’il était concentré à l’origine sur la gestion privée et les fonds alternatifs, NS PARTNERS s’est largement diversifié depuis quelques années, comme le démontrent le succès de ses fonds de placement traditionnels et la forte croissance des activités de services et d’ingénierie de fonds menées par sa ManCo luxembourgeoise. » a exprime Paolo Faraone, CEO de NS Partners Europe S.A. « Déjà utilisées pour désigner nos fonds et certains de nos projets, les deux lettres NS représentent les initiales de nos deux fondateurs, Beat Notz et Christian Stucki. Elles rappellent ainsi notre histoire de façon concrète et témoignent de notre volonté de maintenir la continuité. Pour sa part, le mot PARTNERS exprime l’inclusion de nouveaux actionnaires et les relations de partenariat que nous entendons créer avec nos collaborateurs, nos partenaires professionnels et nos clients. » a déclaré Frédéric de Poix, Membre du Comité Exécutif.
Les raisons sociales des différentes entités du Groupe ont été modifiées en conséquence, de même que l’adresse du site internet, qui est désormais nspgroup.com.
UNE NOUVELLE SIGNATURE
A PROPOS DE NS PARTNERS
Ce changement de nom s’accompagne d’une nouvelle signature, « Invest with talent », qui traduit la conviction de NS PARTNERS qu’il existe des personnalités véritablement talentueuses, qui génèrent une réelle valeur ajoutée en matière d’investissement. « Dès les années 60, le groupe a été pionnier dans la sélection des meilleurs gestionnaires du monde et a commencé à travailler en architecture ouverte. Ce concept novateur a rencontré un grand succès et a permis à NS PARTNERS de devenir aujourd’hui l’un des principaux gestionnaires de fortune indépendants en Suisse. Grâce aux synergies avec nos équipes de gestion internes, nous avons développé en parallèle une expertise forte sur plusieurs thématiques porteuses. » a ajouté Cédric Dingens, Membre du Comité Exécutif.
Fondé en 1964, NS PARTNERS est aujourd’hui l’un des plus grands groupes de gestion indépendants en Suisse et en Europe. En 57 ans d’existence, NS PARTNERS a développé une expertise unique dans la sélection des meilleurs gestionnaires de fonds du monde entier et leur combinaison afin de construire des portefeuilles robustes et performants. En parallèle, NS PARTNERS a construit une gamme diversifiée de stratégies traditionnelles au track-record convaincant. Internationale et sophistiquée, la clientèle du Groupe se compose de particuliers fortunés, de family offices, de fonds de pension, de sociétés de gestion et d’entreprises qui partagent une même exigence pour une performance absolue supérieure et un service très personnalisé.
Détenu par ses dirigeants, NS PARTNERS est farouchement indépendant et libre de toute pression externe qui mettrait en danger son impartialité. Ses dirigeants investissent aux côtés des clients, assurant ainsi un parfait alignement des intérêts. Le groupe NS PARTNERS gère ou administre quelque CHF 11 milliards d’actifs à travers trois activités fortement complémentaires : • Gestion privée : gestion discrétionnaire et conseillée • Gestion d’actifs : fonds NS Funds et solutions d’investissement • ManCo : ingénierie de fonds et services dédiés aux fonds NS PARTNERS compte plus de 110 collaborateurs à travers 7 bureaux dans le monde entier (Genève, Zurich, Londres, Luxembourg, Madrid, Milan, Bermudes).
Pour toute information supplémentaire, prière de contacter : NS Partners Europe SA T +352 26 27 11 53 luxembourg@nspgroup.com nspgroup.com
Conversation
« Construire un symbole fort pour le futur de l’Université »
La fondation Losch et son président promeuvent ce projet dans un état d’esprit altruiste.
L’Université va bénéficier d’un nouvel amphithéâtre au Kirchberg financé par André Losch Fondation et conçu par l’un des meilleurs bureaux du monde : SANAA. Pit Reckinger, président de la fondation, en dévoile les contours. Interview CÉLINE COUBRAY
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Photo ROMAIN GAMBA
Pit Reckinger
BIO EXPRESS
Pourquoi André Losch Fondation est-elle impliquée dans la construction de cet amphithéâtre ? On peut parler d’un heureux concours de circonstances. D’un côté, il y a la fondation, créée en 2009 par feu André Losch (à l’origine du groupe automobile éponyme, ndlr), fervent défenseur de l’Université du Luxembourg et malheureusement décédé en 2016 (voir encadré en page 52), qui a parmi ses domaines d’intervention l’éducation. De l’autre côté, un contact s’est fait à travers l’un de nos administrateurs, Philippe Hoss, avec le doyen de l’époque de la faculté de Droit, d’Économie et de Finance, André Prüm, qui nous a fait savoir que la faculté avait besoin d’un nouvel auditorium. Ce projet résulte aussi de la décision de garder cette faculté dans la capitale, plutôt que de la développer à Belval, où les autres facultés ont déménagé. C’est ainsi, au fil de discussions qui ont commencé vers 2011, que cette idée est née. Comment a-t-elle été accueillie par André Losch ? Il a été enchanté par la proposition. Il avait connaissance de modèles similaires à l’étranger et voulait absolument se lancer dans ce plan de construction d’un auditorium. Pour lui, le plus important était de soutenir ce projet pour l’Uni qui, à l’époque où nous avons pris la décision, était encore très jeune (elle a été fondée en 2003, ndlr). Et ainsi de contribuer au développement du savoir au Luxembourg. Comment l’idée s’est-elle développée par la suite ? En 2015, le président de la fondation de l’époque, Jean Hoss, et moi-même sommes allés avec André Losch présenter le projet à notre Premier ministre, Xavier Bettel (DP), qui a été immédiatement convaincu et a soutenu pleinement notre démarche. À partir de là, les choses se sont concrétisées rapidement. Le site du Limpertsberg initialement choisi pour développer ces facultés a finalement été abandonné au profit d’un site au Kirchberg qui permet à la fois de rassembler les infrastructures universitaires, dont l’amphithéâtre, et des logements étudiants à l’arrière. Nous avons alors négocié une convention avec l’État, qui est propriétaire du terrain choisi, pour bénéficier d’un droit de superficie qui autorise la fondation à construire l’immeuble sur ce terrain. Dès que l’immeuble sera réceptionné, le droit de superficie prendra fin et la propriété reviendra automatiquement à l’État avec le nouveau bâtiment. Il faut noter toutefois que le contrat de superficie implique la mise en place d’un comité de pilotage dans lequel sont représentées les principales parties prenantes : André Losch Fondation, le ministère des Finances, le ministère de la Mobilité et des Travaux publics et le ministère de l’Enseignement supérieur et
Naissance Pit Reckinger est né à Luxembourg le 11 septembre 1965. Études Il a réalisé des études de droit à l’Université Paris 1 PanthéonSorbonne, aboutissant à un DEA en droit des affaires en 1989. Carrière Il est admis au Barreau de Luxembourg en 1990 et il exerce à partir de 1994 en tant qu’avocat associé au sein du cabinet Elvinger Hoss Prussen. Il est aussi enseignant vacataire à l’Université du Luxembourg. En 2020, il est élu vice-bâtonnier de l’Ordre des avocats du Barreau de Luxembourg. Fondation Il entre au sein du conseil d’administration d’André Losch Fondation en 2009. Il en a pris la présidence en février 2018.
de la Recherche. Ce comité doit approuver le projet dans ses grandes étapes, comme l’avant-projet sommaire, l’avant-projet détaillé, les grands contrats… Cela permet de garantir un consensus entre les parties prenantes sur le résultat du projet.
par rapport aux autres commandes qu’elles pourraient recevoir ? Dans un premier temps, nous avons demandé à Beissel & Ruppert de rédiger un cahier des charges pour le concours, afin de produire un document qui soit à la hauteur de ce que ces grands bureaux reçoivent habituellement. Puis nous les avons approchés un par un. Ateliers Jean Nouvel et Herzog & de Meuron ont rapidement décliné la proposition. OMA, BIG et SANAA ont accepté de participer au concours restreint. Ce qui nous a permis d’arriver à ce résultat, c’est tout d’abord l’organisation professionnelle du concours, et également la renommée internationale de notre président du jury, ainsi que le soutien de l’Université et du gouvernement pour notre projet. C’était un projet voulu par le Luxembourg. Enfin, le troisième élément qui a été l’une des clés de ce succès est le marketing que nous avons développé à cette occasion. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce dernier point ? Nous avons engagé une agence de communication, Comed, pour développer une présentation qui marque les esprits. Cela s’est concrétisé par la création d’une grande boîte noire qui contenait une bande audio et une partie graphique. Pour la partie audio, il était possible d’entendre des bruits d’ambiance du Kirchberg, le bruit des oiseaux, du tram, les messages de Xavier Bettel et du recteur de l’Uni, et une voix qui présentait le projet. En parallèle, la partie graphique se déployait au fur et à mesure, en commençant par quelques d onnées-clés sur le Luxembourg, puis sur la ville et sur le quartier, avec une présentation de tous les grands noms d’architectes qui ont déjà construit au Kirchberg (voir encadré en page 52) et invitant le candidat à apposer le sien sur cette avenue d’exception. Nous sommes allés voir chacun des trois candidats, leur avons apporté la boîte et leur avons expliqué notre projet.
De la volonté de faire construire un auditorium et d’avoir un terrain au fait de confier son architecture à l’un des plus grands noms de l’architecture contemporaine, en l’occurrence SANAA, il y a un long chemin. Pouvez-vous nous expliquer ce parcours ? Une fois la question du terrain réglée et les contacts avec les parties prenantes établis, c’est une réelle énergie et un enthousiasme qui se sont développés et qui ont fait naître une volonté de réaliser un immeuble d’exception, une porte d’entrée vers le nouveau site de l’Université. Cet enthousiasme de la part des parties prenantes a aussi fait naître un sentiment de responsabilité au sein du conseil d’administration de la fondation afin de réussir ce projet. Aussi, la première chose que nous avons faite a été de Même pour SANAA, dont les bureaux nous entourer de professionnels. Nous avons sont au Japon ? engagé le bureau d’ingénieurs-conseils Oui, à l’occasion d’un voyage que je faisais en Beissel & Ruppert pour assurer la gestion du Asie, j’ai fait un détour par Tokyo et j’ai renprojet dès la phase du concours d’architectes. contré Kazuyo Sejima. Après un entretien de Puis nous sommes allés chercher un président deux heures avec elle, je l’ai remerciée et lui du jury pour ce concours en la personne de ai dit que nous attendions sa réponse quant à Jean-Michel Wilmotte, architecte parisien de sa participation éventuelle au concours. Mais renommée mondiale et un ami du Luxembourg nous n’avons pas eu besoin d’attendre, elle m’a de longue date. Sur les conseils de ces spécia- tout de suite confirmé sa participation ! listes, le conseil d’administration de la fondation a pris la décision de faire un concours Quels ont été les retours de cette restreint d’architectes. C’est dans ce cadre que démarche peu courante finalement ? nous avons sollicité BIG, Herzog & de Meuron, Toutes les entrevues se sont très bien passées et les bureaux ont manifesté leur intérêt pour Ateliers Jean Nouvel, OMA et SANAA. notre projet. Il faut préciser aussi que Rem Koolhaas et BIG connaissaient déjà le LuxemComment êtes-vous parvenu à convaincre bourg pour y avoir développé des projets ces équipes de s’engager dans un projet précédemment, et en particulier au Kirchberg finalement relativement modeste NOVEMBRE 2021
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Conversation Pit Reckinger
ANDRÉ LOSCH FONDATION Créée en 2009 par André Losch, entrepreneur à l’origine du groupe éponyme, principal acteur du secteur de la distribution d’automobiles. C’est une fondation donatrice, reconnue d’utilité publique, active dans l’éducation, la cohésion sociale, la recherche scientifique et la santé. André Losch avait une vision à long terme et souhaitait contribuer durablement au développement du Grand-Duché. C’est pourquoi la fondation soutient des projets dédiés à la jeunesse et exclusivement locaux.
(respectivement pour les concours du siège d’ArcelorMittal et d’Infinity. BIG construit aussi actuellement au Findel, ndlr). La manière dont ils se sont intéressés au pays et aux lieux était impressionnante. Avant la remise du concours, Kazuyo Sejima – comme les deux autres architectes participants – est venue à Luxembourg pour découvrir le site. Elle est allée sur place, a pris des feuilles des arbres, a regardé le type de terre, a photographié les alentours. Elle a aussi pris le tram, a observé comment on accédait au site. Elle a vraiment voulu sentir l’atmosphère du lieu. Les trois propositions que nous avons reçues dans le cadre du concours étaient exceptionnelles. Pourquoi être allé chercher des bureaux internationaux et non locaux ? Pour ce projet qui, comme vous l’avez souligné, est relativement modeste, le concours restreint nous a été conseillé. Nous avions aussi ce sentiment de responsabilité de construire une œuvre phare pour l’entrée du campus, un symbole fort pour le futur de l’Université. Ces raisons ont fait que notre conseil d’administration a choisi de faire appel à cinq grands noms internationaux qui travaillent tous en tandem avec un cabinet local. C’est d’ailleurs ce que l’État a aussi fait récemment avec le projet de la Bibliothèque nationale, par exemple. SANAA va ainsi travailler avec Fabeck Architectes. Comment s’est faite cette association ? Pour Rem Koolhaas et BIG, la question ne s’est pas posée, car ils avaient déjà leurs contacts au Luxembourg. Ce n’était pas le cas de SANAA qui nous a demandé des contacts locaux, en plus du tour du marché luxembourgeois qu’elle avait elle-même fait. Lorsque Kazuyo Sejima est venue au Luxembourg, elle a rencontré des architectes et ce partenariat avec Fabeck Architectes a pu se mettre en place.
La fondation a reçu une dotation initiale au moment de sa constitution. Puis, du vivant d’André Losch, elle recevait des donations annuelles. Depuis le décès de son fondateur en 2016, elle est financée grâce au produit des actifs et aux participations dans les sociétés du groupe Losch qu’elle a reçues en héritage. Une démarche novatrice qui, à ce jour, demeure unique en son genre au Luxembourg.
Le bureau SANAA veut faire de l’auditorium « un bâtiment emblématique du Luxembourg. » Le début de la construction est espéré fin 2022.
L’auditorium sera construit sur le futur campus du Kirchberg. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’inscription urbaine de ce nouveau bâtiment ? L’auditorium se situera en front de l’avenue Kennedy, au-dessus du parc central et adjacent au bâtiment Tudor. Ce qui a beaucoup joué en la faveur de ce projet est que tout le rez-dechaussée sera construit sur pilotis. Ce dernier est donc en grande partie libre et c’est un espace public. L’activité aura lieu en hauteur ou au -1, qui est travaillé avec des puits de lumière. C’est un élément important pour garder la connexion
avec le boulevard Kennedy, le futur quartier résidentiel qui va être construit de l’autre côté du boulevard et le développement du site à l’arrière de l’auditorium, qui comprendra le reste du campus et des résidences universitaires. En termes d’investissement, je suppose que ce projet représente beaucoup pour la Fondation André Losch ? Avec un budget de construction qui s’élève à 20 millions d’euros, c’est effectivement de loin le plus important projet que nous poursuivons. Nous finançons ce projet à 100 %, et ce grâce à une partie des legs que la fondation a reçus au décès de son fondateur André Losch. Nos autres projets sont en effet plus modestes. L’année dernière, nous avons toutefois fait un don de 1,4 million d’euros à Research Luxembourg pour financer ses études dans le cadre de la recherche sur l’évolution du Covid à Luxembourg. Sinon, nos projets, notamment dans le domaine de l’éducation, peuvent être beaucoup plus modestes. Nous finançons par exemple dans les lycées, pour quelques milliers d’euros, les Olympiades de la science. Avez-vous une exigence par rapport au nom du bâtiment, compte tenu de votre implication ? En tant que fondation, nous sommes marqués par le nom de notre fondateur, et celui-ci est important pour nous. Le contrat de concession du droit de superficie prévoit que l’auditorium portera le nom de notre fondateur. Nous avons en fait trouvé un nom spécifique pour le projet, qui est « The Cloud », car le bâtiment fait penser à un nuage. Nous y avons ajouté une baseline, qui est « Inspired by André Losch ».
CES GRANDS NOMS SUR UN PLATEAU Des institutions européennes aux écrins culturels en passant par les acteurs bancaires, le plateau du Kirchberg compte plusieurs réalisations architecturales signées par de grands noms étrangers.
1973-2019
1991
1993
2005 2006
2008
CJUE
Deutsche Bank
HypoVereinsbank
Philharmonie
Mudam
BEI
Dominique Perrault est intervenu à la CJUE. Le pa lais d’origine (1973) a été agrandi à plusieurs reprises. La grande extension a été inaugurée en 2008, avec les deux tours de bureaux, complétées par une troi– sième inaugurée en 2019.
Gottfried Böhm, premier architecte allemand à être récompensé par le prix Pritzker en 1986, a conçu la Deutsche Bank, première banque à s’être installée au Kirchberg en 1991.
Richard Meier, célèbre architecte moderniste américain et lauréat du prix Pritzker en 1984, a réalisé l’HypoVereinsbank Luxembourg, bâtiment datant de 1993 et qui accueille aujourd’hui l’institut Max-Planck.
Christian de Portzamparc (prix Pritzker en 1994) a conçu la Philharmonie, ouverte en 2005 et recon naissable à sa façade extérieure composée de 823 colonnes filigranes.
Ieoh Ming Pei (prix Pritzker en 1983) est l’architecte du Mudam, inauguré en 2006, en collaboration avec l’architecte luxem bourgeois Georges Reuter.
La 2e extension de la BEI (2008), est réalisée par l’agence Ingenhoven Overdiek and Partners. À travers une impressionnante coque en verre, on lit la structure interne des plateaux de bureaux disposés en W autour d’atriums.
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NOVEMBRE 2021
Les risques climatiques, un facteur à prendre en compte pour les prochains budgets, suggère le directeur de la Fondation Idea, Muriel Bouchet.
Conversation Muriel Bouchet
« A priori, les signaux sont rassurants » Le projet de budget de l’État pour 2022 est marqué par un retour à la normale d’une croissance indispensable pour assurer, entre autres, les dépenses sociales. Une embellie sur le front des finances publiques, qui doit coïncider avec la poursuite des investissements pour préparer le pays à ses prochains défis. Premiers éléments d’analyse avec Muriel Bouchet de la Fondation Idea. Interview THIERRY RAIZER, avec PIERRE PAILLER
Photo GUY WOLFF
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna feste au Luxembourg que dans les pays voisins. (DP), a présenté, le 13 octobre dernier, La réactivité des autorités pour mettre en place le projet de budget 2022 de l’État comme des aides d’urgence s’est aussi avérée décisive. un budget de normalisation. Que recouvre Sans cette intervention, nous aurions probablecette « normalisation » ? ment connu beaucoup de faillites de PME, notamAprès les événements pour le moins extraordi- ment dans l’horeca. naires que l’on a connus en 2020, et même en 2021 – nous ne sommes pas encore sortis de Cette normalité économique qui est la crise sanitaire –, l’année 2022 est une année de retour se reflète-t-elle d’ores et déjà de normalisation budgétaire. Nous n’avons dans les finances publiques ? connu une réduction du PIB « que » de 1,8 % Le trou d’air économique connu en 2020 a en 2020, ce qui reflète une bonne résilience de largement été compensé, et même au-delà, notre économie en comparaison avec nos pays depuis le début de 2021. On pourrait parler de voisins (diminution de 6,5% du PIB dans la zone « symétrie » dans l’évolution des finances euro, ndlr), avant de rebondir en 2021 vers une publiques, mais leur dynamique est même plus croissance de 6 %, selon l’estimation du Statec, prononcée. Les recettes de l’Administration qui me semble tout à fait crédible. Cela dit, une centrale ont baissé – tout comme le PIB – de forme de normalisation était déjà apparue fin 2020, quelque 2 % en 2020, mais en 2021, on assiste lorsque le niveau du PIB était revenu à celui non pas à un rebond de 6 % comme le PIB, d’avant-crise. mais de 12,7 %, notamment sous l’effet de l’imPour 2022, on devrait retrouver – même s’il pôt sur les traitements et salaires, qui reste très faut rester prudent – une croissance que l’on sensible à la croissance économique. La taxe pourrait qualifier de « normale », aux alentours d’abonnement a aussi permis de générer des de 3,5 %. C’est sur cette croissance que le bud- recettes additionnelles sous l’effet de la reprise get 2022 se base. Si on examine la croissance des marchés financiers, de même que l’impôt sur 2019-2020-2021, on aboutit à une croissance moyenne de l’ordre de 2,5 %. Ce qui est plutôt une surprise, au vu du choc énorme provoqué par la crise sanitaire sur nos sociétés et sur l’économie. C’est dans ce cadre macroéconomique BIO EXPRESS que s’inscrit le projet de budget 2022, aussi Spécialiste des finances caractérisé par un retour graduel à l’équilibre. On dit « merci » au télétravail et à la structure même de l’économie du pays, qui compte sur un centre financier dont les activités n’ont pas été affectées par la pandémie ? Le grand nombre d’emplois « télétravaillables », la continuité du secteur financier et le fait que la crise sanitaire ne se transforme pas en une crise financière nous ont sauvés, mais ce que l’on souligne peut-être moins, c’est le dynamisme du secteur ICT en 2020, bien plus mani-
publiques Directeur du laboratoire d’idées Fondation Idea, Muriel Bouchet est diplômé de sciences économiques de l’Université de Namur (Belgique). Spécialisé dans les finances publiques, la sécurité sociale et les évolutions macro économiques, il a travaillé pour trois banques centrales : la Banque nationale de Belgique (de 1994 à 1999), la Banque centrale européenne (à Francfort, de 1999 à fin 2001) et la Banque centrale du Luxembourg (de 2001 à 2014).
sur les revenus de capitaux. La TVA a également apporté des recettes supplémentaires en raison d’une consommation repartie à la hausse. Les recettes publiques renouent donc avec la normalité, le budget prévoyant une croissance de l’ordre de 4 % de celles-ci pour 2022. Le déficit de l’Administration centrale était quant à lui de 5 % en 2020, et il ne serait plus que de 2 % en 2021 et 1,7 % en 2022. Sur l’ensemble des administrations publiques – à savoir, le critère qui compte pour le respect de la règle de Maastricht –, on serait quasiment à l’équilibre en 2022, ce qui serait une belle performance. C’est, là aussi, le retour à la normale et à une situation envieuse par rapport à nos voisins. Les éléments conjoncturels jouent en faveur du pays après cette année 2020 hors norme, mais des éléments structurels permettent-ils aussi d’expliquer cette capacité à rebondir plus vite que d’autres ? Je ne sais pas si on peut pointer un aspect structurel en particulier. Comme tout le monde le sait, notre économie est de taille relative – même si elle est très grande par rapport à la taille du pays – et très ouverte, ce qui la rend plus exposée que d’autres aux chocs externes. C’était déjà le cas en 2008, lors de la précédente crise financière. À l’époque déjà, nous avions relativement bien résisté, également grâce à l’intervention des pouvoirs publics et des banques centrales. Peut-on dire que nous résistons mieux structurellement que les autres ? Une petite économie est toujours volatile si l’on pense à l’exemple irlandais lors de la crise de 2008, où la situation s’était détériorée très rapidement. Tout dépend à chaque fois de la nature du choc. Le fait que nous disposions de beaucoup d’emplois qui ont pu être transférés en télétravail nous a aussi beaucoup aidés dans le cadre de la crise du Covid-19. Enfin, les pouvoirs publics sont sans doute plus « proches du terrain » au Luxembourg qu’ailleurs, et NOVEMBRE 2021
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Conversation
UN BAS DE LAINE À 1,8 MILLIARD
nous avons bénéficié d’une situation de départ plus confortable en termes budgétaires. Quid du secteur ICT en 2020, auquel vous faisiez référence ? Quel a été son apport concret pour permettre à l’éco nomie de résister ? On dispose d’assez peu d’éléments sur le plan microéconomique, mais il faut là aussi se montrer prudents, car nous dépendons dans ce secteur d’un nombre réduit d’entreprises de taille importante qui agissent sur le plan international. Une évolution comptable dans l’une d’entre elles peut avoir un impact potentiel important sur les comptes nationaux.
La Fondation Idea estime à 1,8 milliard le montant minimal de l’épargne (sur les comptes courants) réalisée par les ménages durant la crise, soit l’équivalent des aides aux entre prises et ménages débloquées par le gouvernement depuis mars 2020. Un bas de laine qui pourrait être exploité pour soutenir l’économie en cette période de relance. « Je m’étonne que le budget 2022 n’ait pas été l’occasion d’annoncer des dispositions qui permettent de diriger une partie de cette épargne vers des investissements productifs pour l’économie du pays. On pourrait imaginer, avantages fiscaux à l’appui, que l’épargne aide le financement d’entreprises », pointe Muriel Bouchet. Une idée qui revenait déjà régulièrement dans le débat avant la crise, en particulier pour le financement de start-up.
européennes (une dette publique en dessous de 60 % du PIB, ndlr), le statu quo fiscal est compréhensible. Même si, comme je le disais, on devrait envisager, en dehors du contexte de la présentation du budget, une feuille de route fiscale sur les prochaines années.
Le gouvernement a déclaré vouloir aboutir à une réforme de l’impôt foncier dans les 12 prochains mois. Cet impôt réformé pourrait-il avoir un impact tangible sur la hausse des prix de l’immobilier, qui ont grimpé de 13,6 % au second trimestre 2021, comparativement à la même période de 2020, selon Eurostat ? C’est en effet la principale intention sur le plan fiscal qui fut formulée dans le cadre du Pour ne pas nommer Amazon et sa base discours sur l’état de la Nation du Premier européenne au Luxembourg, le récent accord conclu au niveau de l’OCDE vise les ner à court terme une diminution drastique des ministre (prononcé le 12 octobre, soit la veille multinationales du numérique en prévoyant, impôts, mais annoncer une feuille de route sur du dépôt du budget, ndlr). Actuellement, l’imd’une part, un taux d’imposition minimum 10 ans, par exemple, vers une diminution gra- pôt foncier représente 0,1 % du PIB, contre 1 % de 15 % des bénéfices des entreprises dont duelle des impôts permettrait d’envoyer un dans les pays de l’Union européenne. Cette le chiffre d’affaires est supérieur à 750 milsignal aux investisseurs. Une réduction ciblée réforme devrait permettre d’enrayer quelque lions d’euros et, d’autre part, de permettre pourrait ne pas coûter très cher aux finances peu la hausse des prix de l’immobilier, surtout aux États dans lesquels elles réalisent des publiques, et le coût éventuel serait contreba- si les terrains et les logements vides sont visés. surprofits de les taxer. Cet accord peut-il lancé par un effet de volume favorable grâce à Tout dépendra toutefois de sa conception, de avoir des conséquences pour les finances l’attraction d’activités supplémentaires. Cette son application, et donc de la future loi. publiques luxembourgeoises ? feuille de route permettrait au Luxembourg de Il est encore relativement difficile d’en évaluer se repositionner par rapport à d’autres pays, Le ministre des Finances a précisé que l’impact. Si on durcit les règles fiscales, on peut dont l’Irlande, qui reste le grand concurrent « la construction de logements abordables est une priorité du gouvernement », mécaniquement augmenter les recettes, mais européen dans les fonds d’investissement. avec des crédits pour le Fonds spécial qu’en est-il de l’effet volume ? Va-t-on parvenir de soutien au développement du logement, à attirer autant d’activités que par le passé ? Cer- L’absence de grande réforme fiscale mis sur pied en avril 2020, à 228 millions taines vont-elles se délocaliser ? Ce dossier doit pour l’instant, compte tenu du contexte, d’euros en 2022, soit une hausse de 77 % être suivi de près pour que le Luxembourg demeure n’est donc pas dommageable ? attractif sur le plan fiscal. Cette évolution du Le contexte reste très incertain, et je comprends par rapport à 2021. Est-ce vraiment contexte mondial de la fiscalité devrait entraî- que le moment ne soit pas opportun pour une suffisant, compte tenu du fait que l’offre ner une nouvelle réflexion à l’échelon national, réforme profonde de la fiscalité. Diminuer les de logements proposée par les promoen particulier sur la taxe d’abonnement qui impôts serait délicat, et l’austérité n’est pas non teurs publics reste limitée ? concerne les fonds d’investissement et sur l’im- plus une option à l’heure actuelle. Compte tenu Il s’agit bien d’un effort consenti via ce fonds, pôt sur la fortune qui concerne les entreprises. de la situation budgétaire et de la capacité du mais on ne peut pas nier l’insuffisance de Dans le contexte actuel, il est difficile d’imagi- Luxembourg à continuer à respecter les règles l’offre globale en logements, compte tenu de l’immigration nette qui reste importante et nécessaire. L’augmentation indispensable et structurelle de l’offre ne passera que par de RETOUR À LA NORMALE nouveaux mécanismes en impliquant le secÉvolution et prévisions des recettes, des dépenses, de la dette publique et du PIB selon le projet teur privé. Outre l’impôt foncier, les dépenses de budget pluriannuel de l’État. fiscales en termes de logement devraient aussi Dette publique (en % du PIB) Dépenses de l’Administration centrale Recettes de l’Administration centrale faire l’objet d’une analyse pluridisciplinaire pour savoir si elles ne contribuent pas, indi30 % 30.000 rectement, à alimenter la demande en logements, et donc la hausse des prix de vente.
20 %
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PIB -1,8 %
PIB 6 %
PIB 3,5 %
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L’économie s’est montrée résiliente durant la crise, mais comment peut-on s’assurer que le budget de l’État soit résilient sur une approche pluriannuelle pour assumer les dépenses sociales généreuses ? A priori, les signaux sont rassurants. Mais, comme on le disait, nul n’est jamais à l’abri d’un choc potentiel. Cela dit, il conviendra de bien prévoir dans les budgets à venir le coût de la double transition climatique et numérique, les deux étant liées. Les risques liés au
Muriel Bouchet
LES IMPULSIONS POLITIQUES VIA LES DÉPENSES Cet échantillon de dépenses reprises au projet de budget 2022 et au projet pluriannuel (2022-2025) éclaire quant aux montants alloués (en millions d’euros) aux sujets d’avenir pour le pays, qu’il s’agisse de formation, d’infrastructures ou de changement climatique. 1.000.000
AU RYTHME DES INVESTISSEMENTS Évolution et prévisions du niveau des investissements publics en pourcentage du PIB. 3,2 milliards d’euros sont budgétés pour 2022, soit 4,4 % du PIB. Fonds spécial de soutien au développement du logement
2005 5,5 %
6
2022 4,4 %
Aide aux entreprises pour la formation professionnelle continue
750.000
Université du Luxembourg
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Planification de la mobilité et transports ferroviaires Dépenses courantes
500.000
Planification de la mobilité et transports ferroviaires Dépenses en capital
250.000
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Investissements dans le domaine climatique 0
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changement climatique s’avéreront d’ailleurs probablement très coûteux, et des facteurs propres à un petit territoire comme le nôtre devront entraîner une réflexion budgétaire de fond, dont la difficulté à produire suffisamment d’énergies renouvelables pour combler les besoins. Sans oublier le coût du vieillissement de la population. Les enjeux climatiques sont-ils suffisamment représentés dans le budget 2022 ? Les investissements verts affichent une forte croissance de 2022 à 2025. L’augmentation de la taxe CO2 était déjà prévue l’an dernier, elle atteindra 25 euros le 1er janvier 2022. On pourrait par ailleurs se demander s’il ne faudrait pas modéliser l’impact du réchauffement climatique sur le budget, à l’instar des inondations de cet été, qui ont été chiffrées à quelque 100 millions d’euros. Ce type de phénomène étant amené à se reproduire à l’avenir, ne faudrait-il pas créer un fonds spécial qui dépasse le simple exercice budgétaire annuel ? À ce sujet, l’Ageing Working Group de la Commission européenne a publié, en mai dernier, de nouvelles projections pour les États membres de l’UE. Dans ce contexte, le Conseil national des finances publiques pointe que les dépenses liées au vieillissement de la population passeront de 16,1 % du PIB en 2021 à 24,6 % du PIB en 2070. Si ces estimations restent soumises à plusieurs variables, que vous inspirent-elles ? Le Luxembourg est l’un des pays, sinon le pays, où le coût du vieillissement augmentera le plus dans l’Union européenne. Tout semble rassurant d’un point de vue budgétaire sur le court et le moyen terme, mais d’autres défis qui se profilent sur le long terme pourront avoir davantage de retentissements ici qu’à l’étranger. Ce qui doit inciter à la poursuite d’une politique
2025
Fonds spécial de promotion de la RDI dans le privé
budgétaire sérieuse, qui nous a d’ailleurs permis d’affronter la pandémie avec une position de départ plus favorable que nos pays voisins. Doit-on garder à l’esprit une forme d’orthodoxie budgétaire, compte tenu des grands défis à venir – climatique, numérique et démographique ? Tout dépend de ce que l’on entend par « orthodoxie budgétaire ». Le Luxembourg a besoin d’une croissance de 5 % si l’on veut confortablement financer le régime des pensions. La croissance « normale » de l’ordre de 3 % ne suffirait donc pas. Or, on constate d’ores et déjà des goulots d’étranglement qui pourraient empêcher cette croissance continue de 5 %, ou même celle de 3 %. Je pense à la difficulté d’attirer de la main-d’œuvre qualifiée, aux problèmes de mobilité ou encore au manque de logements. On a donc intérêt à se spécialiser dans des secteurs économiques à haute valeur ajoutée qui permettent de générer une activité importante sans consommer des ressources dans la même proportion. Quant aux investissements, l’importance réside dans leur composition et leur réalisation effective.
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le projet de budget pluriannuel. Concernant les secteurs d’activité, il est difficile d’imaginer pouvoir se passer du secteur financier, dont il faut poursuivre la diversification interne. En parallèle, il faut veiller à promouvoir des secteurs à haute valeur ajoutée comme la santé et son économie, qui ont été cruciales durant la pandémie. L’idée d’un campus de la santé formulée par le Premier ministre est la bienvenue, mais cela ne se traduit pas encore d’un point de vue budgétaire. Les investissements dans l’ICT qui ont été consentis durant les dernières années doivent aussi être maintenus.
Quel regard rétrospectif jetez-vous justement sur les investissements publics par rapport au PIB ? La meilleure façon d’appréhender l’effort en termes d’investissements publics consiste en effet à calculer le rapport entre, d’une part, les investissements des administrations publiques (les investissements des communes et de la Sécurité sociale sont ainsi pris en compte, avec ceux de l’Administration centrale) et, d’autre part, le PIB. Selon le projet de budget 2022, ce ratio s’établirait à 4,4 % en 2022 et il oscillerait autour de 4,7 % du PIB de 2023 à 2025. Il s’agit là d’un effort appréciable, à l’aune Vers quels secteurs ou investissements doit-on diriger des dépenses publiques ? des investissements effectués par les pays limiNous devons investir massivement en recherche, trophes, par exemple. Cependant, ces ordres développement et innovation, ainsi qu’en de grandeur ne manifestent qu’un accroisseinfrastructures. Sur ce dernier point, le Luxem- ment mesuré par rapport à notre expérience bourg reste bien au-dessus des 4 % du PIB, passée. Pour rappel, de 2000 à 2019, les invesmême si les crédits dans le Fonds du rail sont tissements publics s’étaient déjà établis à 4,2 % relativement stagnants. Si on regarde les aides du PIB en moyenne, avec même des pointes aux entreprises pour la R&D, la tendance est supérieures à 5 % du PIB de 2002 à 2005. Reste enfin à savoir si les projets d’investisaussi à la stagnation. La dotation pour l’Université augmente de quelque 2 % l’an en sement seront bien mis en œuvre, dans un pays moyenne de 2022 à 2025, soit au rythme de qui a particulièrement besoin d’investissements l’inflation, sans plus. L’effort de formation publics du fait de la forte croissance de ses besoins continue doit aussi être soutenu. Or, la par- en mobilité ou en logements, notamment, et de ticipation aux coûts de formation des entre- la progression tendanciellement très soutenue prises tendrait à diminuer d’ici 2025, selon de sa population. NOVEMBRE 2021
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L’impact énergétique des bâtiments est une priorité, insiste Lucien Hoffmann.
Conversation Lucien Hoffmann
« Dans 50 ans, notre climat aura des éléments typiques du climat méditerranéen » La COP26, organisée du 31 octobre au 12 novembre prochains à Glasgow, en Écosse, ressemble à une réunion de la dernière chance dans la poursuite des objectifs de réduction des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Pour le directeur du département Environmental Research and Innovation (Erin) du List, Lucien Hoffmann, l’heure est au sursaut collectif. Interview PIERRE PAILLER
Les attentes sont fortes autour de la conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26) qui réunira à Glasgow des leaders du monde entier du 31 octobre au 12 novembre prochains. Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, à savoir limiter la hausse des températures à 1,5 degré, l’UE vise 55 % de baisse des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050. Cela vous semble-t-il réalisable ? La neutralité carbone désigne l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine – les hydrocarbures représentent environ 80 % de l’énergie que nous consommons – et leur absorption par des puits de carbone naturels (les sols, les océans) ou technologiques – captage et séquestration du CO2 – à l’échelle mondiale. Or la capacité de la biosphère à absorber nos émissions est limitée : nous assistons à une déforestation importante des forêts tropicales ; en plus, les forêts souffrent du réchauffement et les océans s’acidifient et se réchauffent – deux effets qui réduisent leur capacité d’absorption. Quant aux solutions technologiques, elles sont, au mieux, anecdotiques – en 2020, les 26 installations de captage du CO2 installées dans le monde ont capté 40 millions de tonnes de CO2, soit moins d’un millième des émissions mondiales. Une infrastructure de captage et séquestration à grande échelle – plus d’un milliard de tonnes par an – serait équivalente à toute l’infrastructure de l’industrie pétrolière aujourd’hui. La priorité absolue reste donc la réduction de nos émissions… Oui. Et l’ordre de grandeur évoqué est d’environ 5 % par an, tous les ans, jusqu’en 2050.
Photo ROMAIN GAMBA
Ce chiffre est, à peu de chose près, la réduc- le gouvernement a fixé des objectifs sectotion mondiale connue entre 2019 et 2020 en riels en juillet dernier. Le transport est de raison de la pandémie et des confinements. loin le plus important facteur d’émissions Il faudrait donc maintenir cette réduction au Luxembourg (61 % en 2020). La baisse est déjà bien engagée. L’objectif de réduire perpétuellement tous les ans. Malheureusement, 2021 est en train de deve- les émissions de 57 % d’ici 2030 est-il nir une année record en termes de rebond à à portée de main ? cause de la reprise économique. L’objectif reste Pas vraiment, non. Tout dépend de la vitesse techniquement réalisable, mais il réclame un de la transformation du parc automobile et changement radical de l’économie, de la gou- donc des subsides, mais aussi des contraintes – par exemple, de plus en plus de villes intervernance et des comportements. disent les voitures diesel. Si on regarde les chiffres Pour atteindre son objectif de 55 % de au niveau de l’e-mobilité, qui sont en forte augréduction des émissions de gaz à effet mentation, cela a tout de même bien pris. Cela de serre à l’échelle nationale d’ici 2030, dit, le nombre de voitures par personne au Luxembourg est bien plus important que dans n’importe quel autre pays… Il faudra parvenir à changer les mentalités. Le transport public doit aussi s’améliorer : le Luxembourg reste un BIO EXPRESS pays essentiellement rural et les petits villages Études scientifiques ne sont pas suffisamment desservis. Né le 3 août 1961 au Luxembourg, Lucien Hoffmann fait ses études à l’Université de Liège, où il obtient en 1984 un master en biologie végétale. Il devient ensuite assistant chercheur à l’Université de Floride avant de soutenir une thèse en 1989. Chercheur Chercheur au Fonds national de recherche scientifique entre 1989 et 2001, il occupe par la suite le poste de directeur scientifique au sein du département Environnement et Agrobiotechnologies du Centre de recherche public Gabriel Lippmann. Directeur de l’Erin Il est nommé le 1er janvier 2015 directeur de l’Erin, département Environmental Research and Innovation du List, à la tête de 200 chercheurs et ingénieurs.
Du fait de la pollution due à la production et au recyclage des batteries, les voitures électriques ne posent-elles pas autant de problèmes qu’elles n’en résolvent ? La voiture électrique permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’un déplacement par rapport à un véhicule thermique comparable, et ce, même lorsqu’elle est chargée à l’électricité d’origine fossile, puisque son train moteur est trois fois plus efficace pour convertir l’énergie en mouvement. Mais elle transporte une batterie de plusieurs centaines de kilos, composée, selon la technologie, de lithium, de nickel, de manganèse et de cobalt, ou de fer et de phosphate. Ces matériaux, contrairement au pétrole, au gaz ou au charbon, ne sont pas dissipés à l’usage : il est possible de les récupérer dans les batteries usagées. Mais NOVEMBRE 2021
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il faut que la demande en recyclage atteigne une masse suffisamment critique pour démar rer une filière à grande échelle. Le réseau électrique permettrait-il d’absorber, dans un cas hypothétique, un parc automobile entièrement électrifié ? De l’avis même de Creos (gestionnaire de réseaux d’électricité et de gaz naturel, ndlr), il ne pour rait pas aujourd’hui supporter la recharge simul tanée du parc de véhicules national si celui-ci était électrifié. Il y a deux pistes principales : piloter les recharges en développant les réseaux intelligents – les smart grids –, qui moduleraient la demande afin qu’elle n’atteigne pas la capa cité du réseau. Et renforcer le réseau lui-même, notamment les interconnexions, afin d’accep ter plus de puissance dans les lignes. Le bâtiment est aussi un important facteur d’émissions – le deuxième dans le pays, avec 20 % des émissions en 2020… Énormément d’efforts sont à faire. Quand on voit de grands projets comme à Belval ou à la Cloche d’Or, c’est rarement bon. Les villes doivent planifier un effort combiné sur le parc immobilier existant et sur les constructions nouvelles. De quelle manière ? Le parc de bâtiments existants doit être rénové pour améliorer son efficacité énergétique et
DES ÉMISSIONS ET DES OBJECTIFS SECTORIELS Industrie Transport Bâtiment Agriculture Déchets et eaux usées Source
Ministère de l’Environnement
Émissions nationales de gaz à effet de serre par secteur en 2020
9,8 %
2,5 %
6,2 % 61,1 %
20,4 %
Objectifs de réduction des émissions nationales de gaz à effet de serre par secteur pour 2030 par rapport à 2005 100 %
-57 % 50 %
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« Un changement de notre mode de vie est indispensable. » opérer une transition vers des sources d’éner gies renouvelables. Et les bâtiments nouveaux doivent afficher une consommation énergé tique presque nulle – ce qui est le cas au Luxem bourg puisque, depuis 2017, les nouveaux bâtiments d’habitation doivent être des bâti ments NZEB (Nearly Zero Energy Building).
ce soit en termes de stockage ou de renfor cement des lignes, et les coûts et l’acceptabi lité sociale maîtrisés.
Quelles solutions de stockage représentent des pistes d’avenir satisfaisantes ? Ce sont principalement les batteries. Avec les véhicules électriques, l’essor a été très impor tant ces dernières années. Et beaucoup d’ef L’industrie, qui représente 6,2 % des forts ont été faits afin d’augmenter leur émissions, doit aussi opérer sa transition. rendement ou diminuer leur poids. Mais les La Fedil a d’ailleurs récemment émis batteries ne sont pas capables de stocker suf un certain nombre de demandes au gouvernement pour faciliter sa transition. fisamment ni assez longtemps pour le moment. L’industrie est-elle sur la bonne voie ? Beaucoup de recherches sont faites pour opti Ce sont, au Luxembourg, des contributeurs miser le stockage. Cela devrait aller vite : on importants en termes d’émissions, mais les peut attendre des solutions d’ici 10 ou 20 ans. industriels sont sur la bonne voie. ArcelorMit Il y a aussi la possibilité de stocker l’électricité tal va vers le green steel, des émetteurs impor produite sous une autre forme, par exemple tants comme Cimalux essaient de trouver des sous forme d’hydrogène. solutions. La prise de conscience est impor Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes tante à leur niveau. (déi Gréng), a justement présenté fin septembre la stratégie hydrogène La décarbonation de l’industrie ou du Luxembourg. S’agit-il d’une énergie des transports dépend essentiellement viable d’un point de vue environnemental ? de leur transition vers une électricité Aujourd’hui, 96 % de l’hydrogène est produit propre. Les technologies comme l’éolien à partir de ressources fossiles, dont la moitié ou le photovoltaïque sont-elles réalistes par vaporeformage du gaz naturel – ce qu’on pour remplacer les énergies fossiles ? Si l’année 2020 a vu la plus forte progression appelle l’hydrogène « gris » (la molécule de d’installation de centrales éoliennes et photo méthane, principal composant du gaz naturel, voltaïques dans le monde, augmenter encore qui possède quatre atomes d’hydrogène, est casla part de renouvelable dans le réseau pose sée avec de la vapeur d’eau à haute température certains défis. Car la production doit satis pour produire de l’hydrogène, ndlr). C’est un faire la demande à tout moment, ce qui est procédé émetteur de carbone, environ 10 kilos une équation difficile à résoudre lorsque les de CO2 par kilo d’hydrogène. L’autre moitié sources dépendent de la météo. est produite par oxydation partielle du pétrole L’absence de vent ou la présence de nuages ou gazéification du charbon. peuvent ainsi priver le réseau d’électricité Seuls 4 % sont issus de l’électrolyse, le seul solaire et éolienne pendant des heures, voire procédé potentiellement propre. Mais encore des jours. Pour les pays ayant la chance d’avoir faut-il alimenter ce procédé en électricité bas des centrales hydroélectriques, ce n’est pas carbone. C’est ce dernier procédé, qui consiste un problème. Pour les autres, il faut trouver à casser des molécules d’eau, qui est aujourd’hui une solution de stockage à long terme, à qualifié de « vert » et sur lequel reposent beau déployer rapidement ces prochaines années, coup d’espoirs. une condition sine qua non à l’abandon des Notons qu’il est techniquement possible ressources fossiles. de produire de l’hydrogène gris en captant le Il n’y a aujourd’hui aucun réseau au monde CO2 émis lors du vaporeformage et en le stoc dépendant uniquement du solaire et de l’éo kant : c’est ce qu’on appelle l’hydrogène « bleu ». lien. Des scénarios « 100 % renouvelables » Cependant, et comme le note la stratégie existent. Mais les enseignements de ces scé hydrogène du Luxembourg, ce procédé n’est narios sont assez similaires : la demande élec pas compatible avec une logique de décarbo trique finale doit absolument diminuer, le nation profonde, puisqu’il repose toujours réseau doit être complètement rénové, que sur une ressource fossile.
Lucien Hoffmann
L’électricité européenne est aujourd’hui trop carbonée pour produire de l’hydrogène en émettant moins de carbone que l’hydrogène gris. Il faut donc en priorité décarboner notre électricité. De plus, l’hydrogène gris est aujourd’hui très bon marché, avec un prix de revient d’environ 1 €/kg, alors que l’hydrogène vert revient à 3-6 €/kg selon le prix de l’électricité utilisée – l’électrolyse est en effet un procédé très énergivore : il faut 50 kWh pour produire un kilo d’hydrogène d’un pouvoir calorifique de 33 kWh. Cependant, avec un prix du gaz et du carbone qui continue d’augmenter, et celui de l’électricité qui devrait diminuer à long terme, l’hydrogène vert pourra être compétitif d’ici 10 ou 20 ans. Le gouvernement s’oppose à l’énergie nucléaire et réclame la fermeture de la centrale française de Cattenom, située à la frontière. Le nucléaire ne représentet-il pourtant pas une solution efficace pour décarboner ? Si on regarde uniquement par rapport aux objectifs climatiques, c’est évidemment une technique intéressante. Mais, dans l’analyse globale, il ne faut pas perdre de vue les autres aspects, notamment tout le volet concernant la sécurité et la gestion des déchets, qui représentent quand même des risques importants. Pour les pays qui le souhaitent, la fission nucléaire est compatible avec les objectifs climatiques. C’est une source pilotable, non renouvelable, mais très dense énergétiquement (une pastille d’uranium de 7 g contient autant d’énergie qu’une tonne de charbon) et qui a déjà fait ses preuves en offrant à la France ou à la Suède l’électricité la plus décarbonée d’Europe.
de l’Environnement – plus que le +1,1°C enregistré au niveau mondial. Pourquoi ? Les températures de l’air à la surface de la planète ne sont pas uniformes en raison de la diversité géographique. Océans et continents, plaines et montagnes, calottes glaciaires et déserts présentent tous des taux de réchauffement différents. On s’attend à ce que le réchauffement à long terme des zones continentales, donc aussi du Luxembourg, soit plus élevé que le réchauffement océanique. Comment ce réchauffement climatique se matérialise-t-il dans notre région ? Dans 50 ans, notre climat aura des éléments typiques du climat méditerranéen. En outre, les événements extrêmes seront plus intenses et plus fréquents à mesure que le réchauffement climatique s’accroîtra.
régions, telles des tornades – comme à Bascharage en 2019 –, pourraient alors devenir plus fréquents. Le Luxembourg est-il tout de même sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques ? Ce sera très difficile. La taille du territoire fait que nous sommes limités quant à ce que nous pouvons mettre en œuvre. Le pays est par exemple trop petit pour créer des chaînes de valeur autour du recyclage. Il faut envisager cette approche au niveau de la Grande Région. Nous importons par ailleurs notre énergie (85 % de l’électricité est importée par exemple, ndlr), mais aussi beaucoup de produits, à commencer par l’alimentation. Sans compensation, c’est donc difficile d’envisager d’atteindre les objectifs. Mais des mesures de compensation ont lieu en dehors du territoire, via des financements.
De quels événements extrêmes parle-t-on concrètement ? Le secteur financier, principal moteur Les plus impactants du point de vue de la santé, de l’économie nationale, est un levier ce sont les vagues de chaleur qui entraînent une efficace pour respecter nos engagements ? augmentation des cas de décès prématurés. Et Avec les mesures de compensation, ce que nous la combinaison de canicules et de niveaux d’hu- ne pouvons pas faire au Luxembourg, nous midité accrus menace. Même un réchauffement pouvons le faire ailleurs. Par exemple en financlimatique modeste pourrait ainsi exposer de çant le reboisement d’une zone, ce qui permet larges fractions de la population à un stress ther- de fixer le CO2. Le Luxembourg investit aussi dans les éoliennes en mer Baltique. mique difficilement supportable. Dans ces cas-là, les fonds d’investissement Côté pluie, si les variations annuelles doivent a priori rester faibles, les variations saison- peuvent jouer un rôle important. Or il y a des nières deviendront plus marquées. Cela signi- fonds spécialisés au Luxembourg dans cette fie davantage de pluie en hiver – donc plus de matière. Et le pays est l’un des leaders dans tout risques d’inondations – et moins de pluie en ce qui est green finance, notamment avec le été, et donc plus de risques de sécheresse. De Luxembourg Green Exchange (LGX) de la Bourse. plus, les saisons estivales risquent d’être marquées par des épisodes météorologiques pro- Peut-on concevoir que la science apporte pices à l’apparition de pluies particulièrement les solutions ultimes à la crise climatique ? Le Luxembourg n’est pas épargné par le abondantes et intenses à l’échelle locale, allant La technologie ne va pas, à elle seule, nous sauréchauffement climatique. Il atteint +1,6°C jusqu’à provoquer des crues éclair avec leurs ver. Un changement de notre mode de vie est dans le pays par rapport aux niveaux préinlots de dégâts matériels considérables. Des indispensable. Or beaucoup de décisions climat dustriels, a rappelé récemment le ministère phénomènes rarement observés dans nos compatibles sont aussi bénéfiques pour nous : laisser la voiture au garage pour prendre le vélo ou le bus, diminuer sa consommation de viande, s’essayer au jardinage, apprendre à réparer au lieu de jeter, acheter d’occasion… ÉVOLUTION DES ÉMISSIONS NATIONALES DE GAZ À EFFET DE SERRE ET OBJECTIFS En outre, historiquement, très peu de nouPAR ANNÉE D’ICI 2030 (EN MILLIONS DE TONNES ÉQUIVALENT CO 2) Source Ministère de l’Environnement velles technologies ont permis une réduction de la consommation d’énergie : les voitures therÉvolution des émissions 12 Vers la neutralité climatique en 2050 miques n’ont jamais été aussi efficaces – pourtant, la demande en pétrole atteint des sommets, Cop21 car améliorer les moteurs a permis de construire 8,6 des voitures plus lourdes. Il est donc très diffi8 cile de parier sur une amélioration technoloImpact de la gique seule sans aborder aussi son usage. C’est Objectifs pandémie et du nationaux un paradoxe qu’il faut absolument résoudre à confinement pour 2030 7,9 4,5 l’heure de l’urgence climatique. 4
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Lucien Hoffmann a mené cette interview en collaboration avec ses collègues J. Junk, L. Pfister, T. Gibon, E. Igos, C. Hitaj, E. Benetto et S. Mignon.
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Débat public Le budget 2022 ne constitue pas un budget d’austérité. Ouf ! Il ne manquerait plus que cela. Une politique budgétaire restrictive n’est pas de mise afin de ne pas perturber la conjoncture écono mique, mais également au vu des défis énormes auxquels on fait face : inégalités croissantes, explosion des prix du logement et changement climatique. Pour contrecarrer les évolutions inquiétantes dans ces domaines, il faut à la fois du courage politique et des investissements consé quents. Les investissements publics seront maintenus à un niveau élevé en 2022, même très élevé à l’échelle européenne, ce qui est louable et indispensable. Il faut en effet réaliser aujourd’hui les investissements nécessaires pour laisser aux générations futures une économie productive, sociale et écologique, et non pas un fardeau. Il fait économiquement sens de financer ces investissements bénéficiant également aux générations futures, partiellement via la dette publique. Ne pas les réaliser pour des raisons de frugalité budgétaire hypothéquerait le développement écologique, social et économique futur du pays, et en fin de compte l’évolution saine des finances publiques. Si le budget 2022 de l’État (présenté le 13 octobre par le ministre des Finances Pierre Gramegna, ndlr) ne constitue pas un budget d’austérité, il n’est pourtant pas un bon cru en ce qui concerne le volet social, en prolongeant certes les acquis, mais sans proposer d’avancées.
Sylvain Hoffmann Directeur de la Chambre des salariés Si certaines mesures annoncées, telles que l’augmentation de l’allocation de vie chère, la réindexation des allocations familiales et la gratuité de certaines prestations dans le cadre de l’encadrement scolaire sont à saluer, elles ne permettent pas de provoquer un revirement sur les profondes inégalités au Luxembourg et excluent largement les salariés frontaliers. Or la réindexation des allocations familiales reste en dessous des promesses gouvernementales. Le gouvernement avait déjà signé en 2014 un accord avec les syndicats, prévoyant l’adaptation des prestations familiales ; cela signifie aujourd’hui déjà sept années de perte de pouvoir d’achat pour les familles avec enfants, ce à quoi le projet de budget ne remédie pas. Si le ministre des Finances a annoncé qu’il n’y aurait pas d’aug mentation d’impôts, cette affirmation est à remettre en question à deux niveaux. D’une part, l’augmentation de la taxe CO2 prévue par la loi budgétaire de l’année passée n’est pas remise en cause, malgré l’explo-sion des prix énergétiques. D’autre part, la nonadaptation du barème d’imposition à l’inflation constitue de fait une augmentation des impôts en raison de la progressivité de ce barème sur lequel il convient donc de se pencher. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne la parole aux représentants de la société civile. Si vous voulez témoigner, contactez la rédaction à l’adresse: temoignage@paperjam.lu. Photo ANTHONY DEHEZ
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Antonella Michelino, CEO de Midas Wealth Management, et Nicolas Wyss, Membre du Comité de Direction de Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers.
Wealth Management
Midas Wealth Management & Dreyfus Banquiers unis autour des mêmes valeurs
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L’attractivité du Luxembourg pour les acteurs du secteur financier établis en dehors de l’Europe ne se dément pas. Cet attrait, lié tant à l’environnement réglementaire et à la stabilité du pays qu’à la qualité des sociétés qui y sont actives, s’est fait particulièrement visible dans la
foulée du Brexit, quand de nombreux acteurs britanniques de la finance ont choisi de s’installer au Luxembourg ou de collaborer avec des structures locales pour pouvoir continuer à accéder au marché européen. Mais ce phénomène est bien plus large et ne concerne pas que les sociétés
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En entrant au capital de Midas Wealth Management, la banque suisse Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers accède au marché européen et offre à la société de gestion luxembourgeoise de belles perspectives.
Romain Gamba (Maison Moderne)
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EN CHIFFRES
LES SERVICES PROPOSÉS PAR MIDAS WEALTH MANAGEMENT
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britanniques. Le fait que Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers, une banque suisse qui existe depuis plus de 200 ans, choisisse comme partenaire une société de gestion de fortune luxembourgeoise – Midas Wealth Management – en est une nouvelle illustration. Convaincus par la qualité de la société « Nous cherchions à établir une présence en Europe depuis un certain temps », explique Nicolas Wyss, Membre du Comité de Direction de Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers. « Accéder au marché commun constituait en effet une priorité stratégique pour notre banque. Les discussions ont commencé il y a maintenant deux ans. Petit à petit, nous avons appris à apprécier les qualités professionnelles et personnelles des équipes de Midas, et le rapprochement entre nos deux institutions s’est concrétisé assez naturellement. » Pour Dreyfus Banquiers, le choix du Luxembourg est donc lié principalement aux compétences des collaborateurs et des services de Midas. Mais il est évident que le pays, en lui-même, offre des atouts qui ont été pris en compte par l’institution suisse. « La place financière luxembourgeoise peut faire valoir une longue tradition dans le secteur de la banque privée. Elle dispose de compétences, de structures et de solutions complémentaires à notre approche. Elle est également particulièrement dynamique, ajoute Nicolas Wyss. Par ailleurs, le Luxembourg est un pays très stable, où l’on perçoit une réelle volonté politique de se positionner en tant que hub européen pour les acteurs du monde financier. » Poursuivre la croissance L’adossement de Midas Wealth Management à Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers en Europe, permettra à la société de gestion de profiter de la connaissance approfondie des marchés cotés
Midas Wealth Management compte aujourd’hui 20 collaborateurs à Luxembourg et souhaite encore renforcer ses équipes.
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C’est le nombre de fonds d’investissement proposés par Midas, dans des classes d’actifs très diversifiées et dont les fonds MWM SICAV Global Equities et MWM SICAV Patrimonial bénéficient des labels ESG émis par LuxFLAG.
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Midas Wealth Management compte aujourd’hui 2,5 milliards d’EUR d’actifs sous gestion.
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Date de création de Midas Wealth Management par Alain Blanc-Brude.
de Dreyfus Banquiers et de son expertise dans les problématiques de transmission patrimoniale, tout en assurant sa pérennité. « Midas a connu, sous l’impulsion de son actionnaire fondateur, Alain Blanc-Brude, une forte croissance ces 10 dernières années, commente Antonella Michelino, CEO de Midas Wealth Management. L’entrée au capital de Dreyfus Banquiers nous permet de créer des synergies afin de mieux servir nos clients, tout en conservant l’agilité et l’indépendance qui ont fait notre succès depuis la fondation de Midas. Cette collaboration nous permettra en outre de trouver plus facilement les talents nécessaires pour continuer à croître, ce qui constitue désormais un enjeu majeur. » Dans cette optique, la société vient d’ailleurs déjà de recruter Stéphanie Antezak pour occuper le poste de Responsable des marchés France et Luxembourg, et compte continuer à renforcer ses équipes au cours des prochains mois. S’inscrire dans la continuité Servant toutes deux une clientèle composée de UHNWI (Ultra High Net Worth Individuals) et d’entrepreneurs internationaux, les deux entités partagent surtout bon nombre de valeurs : l’indépendance, la transparence et l’alignement de leurs intérêts
sur ceux de leurs clients. Union de l’expertise en gestion de fortune de la Suisse et du Luxembourg, ce partenariat s’inscrit dans la continuité et préserve l’organisation et la philosophie de Midas. Parmi les fondamentaux de Midas, nous soulignons les capacités d’innovation et la proximité avec sa clientèle grâce à une approche sur mesure. « Nous disposons d’une offre de services complète qui inclut l’accès à des investissements non cotés tels que des fonds de dette privée, des fonds de Private Equity, et à des opérations de coinvestissement. Celle-ci répond aux besoins d’une clientèle exigeante en recherche perpétuelle de valeur ajoutée », détaille Antonella Michelino. Bien évidemment, le groupe a établi une stratégie à long terme. Son objectif ultime est de doter la boutique Midas des outils qui lui permettront de relever les défis des changements importants du monde de la gestion financière. Avec des actifs sous gestion de près de 2,5 milliards d’euros, la société pourra poursuivre son développement en s’appuyant sur la stabilité de Les Fils Dreyfus & Cie SA, Banquiers qui entrera progressivement au capital et deviendra, fin 2022, actionnaire majoritaire au côté de son actionnaire fondateur Alain Blanc-Brude, qui restera Président du Conseil d’Administration. Institution de renom et forte d’une très longue histoire, cette banque privée a bâti son succès sur la préservation et la croissance durable de la fortune de ses clients. Son excellent ratio de fonds propres constitue un gage de solidité. De quoi permettre à Midas d’atteindre une tout autre dimension.
Gestion discrétionnaire En fonction d’un cahier des charges préalablement établi, nous concevons et mettons en œuvre, dans les livres de la banque, une stratégie de gestion des actifs financiers sur mesure, qui répond aux attentes des clients, en termes de performance et de gestion des risques. Un horizon d’investissement moyen/long terme est souvent privilégié.
Gestion de fonds d’investissement Midas Wealth Management a développé une gamme de fonds gérés selon une approche fondamentale. Nous investissons sur les marchés actions et les marchés obligataires, essentiellement au travers de lignes individuelles. L’histoire personnelle de notre actionnaire fondateur Alain Blanc-Brude nous donne un rôle-clé sur le marché du non-coté à travers le Private Equity et la dette privée.
Family office Nous offrons des services complets à forte valeur ajoutée ayant pour objectif la préservation, la croissance et la transmission du patrimoine de familles clientes. Nous travaillons en collaboration avec des experts juridiques et fiscaux reconnus dans leurs domaines d’activité.
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DIGITALISATION
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Pourriez-vous nous parler brièvement de la digitalisation au Luxembourg avant la pandémie ? La digitalisation des entreprises n’est pas un phénomène nouveau. Elle est en cours depuis plusieurs années déjà. De très nombreuses sociétés ont mis des choses en place au fil du temps, de façon morcelée, que ce soit pour partager des fichiers, communiquer ou stocker des données. Mais, à la différence des grandes entreprises qui ont compris très vite l’importance de digi taliser l’ensemble de leurs 66
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processus, beaucoup de PME et TPE n’affichent pas la même maturité. Bien sûr, elles utilisent des ordinateurs, elles ont mis en place des outils de communication digitaux, ou encore un ERP. Certains documents sont numériques, d’autres non. Certains processus ont été eux aussi digitalisés, mais, très souvent, on assiste à des ruptures de chaîne. L’entreprise a installé des logiciels, selon les besoins du moment, mais sans avoir une vue d’ensemble de tous ses processus. Jusqu’ici, cela ne posait pas trop de problèmes.
Mais la pandémie a mis en évidence ces ruptures. Si la donnée dont j’ai besoin est dans une étagère au bureau, comment puis-je y accéder si je suis à distance ? Si mon client ne vient pas me voir, comment puis-je interagir efficacement avec lui ? Quel impact a eu la pandémie sur la digitalisation, particuliè rement dans les PME ? Quel est le bilan à faire d’après vous ? La pandémie a permis de mettre le doigt sur ce qui ne fonctionne pas. Dans l’urgence, il a fallu mettre des rustines, améliorer certains points précis pour permettre à chacun de continuer à travailler du mieux possible, malgré la distance… Quand on est à la maison, ce dont on a besoin pour effectuer ses tâches doit être amené de façon numérique. Les relations avec les autres collaborateurs,
les clients et les partenaires ont dû se réinventer, parfois avec les moyens du bord. Maintenant, le moment est venu pour bon nombre d’entreprises de se poser les bonnes questions et de professionnaliser l’ensemble du processus de digitalisation. On ne part jamais de zéro. Tout le monde utilise déjà des outils digitaux. Mais il s’agit de prendre le temps de bien faire les choses. Cela commence par une analyse précise des besoins et de la façon dont sont organisées les activités de l’entreprise. Chaque société est différente et il n’y a pas de solution toute faite pour réussir sa digitalisation. On parle d’infrastructures, de gestion des données, mais cela touche aussi et surtout à l’humain. En digitalisant, on apporte des processus nouveaux, des usages nouveaux, des fonctionnalités nouvelles… Pour que cela fonctionne,
Simon Verjus (Maison Moderne)
Comment réussir sa transformation digitale ? Pistes de réponse avec Olivier Penin, CTO et Directeur Sales, Marketing & Solutions de Telkea.
Olivier Penin, CTO et Directeur Sales, Marketing & Solutions de Telkea.
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QUELQUES IDÉES REÇUES
Quelles sont les trois grandes étapes de votre parcours ?
1991-1997
Trois années de « classes préparatoires » avant de rejoindre une grande école d’ingénieurs en télécoms.
1997
Arrivée au Luxembourg. Je suis passé par des rôles très techniques pour évoluer vers le product management, la stratégie, le conseil et la direction d’entreprise.
2012
Entrée chez Telkea, où j’occupe un rôle mixte de Directeur Commercial et de Chief Technology Officer.
il faut que les collaborateurs adoptent ces outils. C’est ce que nous proposons au travers de Telkea Academy, tant d’un point de vue technique que des soft skills, avec un accompagnement au changement. D’après vous, quel est le temps nécessaire à la digitalisation d’une entreprise ? Il n’y a pas de temps nécessaire à la digitalisation d’une entreprise. Mais il y a bien un temps où il faut se poser les bonnes questions et enclencher la machine. La digitalisation est un processus permanent et ininterrompu. Le plus grand problème pour une entreprise qui souhaite se digitaliser vient de la grande richesse des solutions et des fournisseurs présents sur le marché. À la question « que me faut-il pour faire ça ? », il y a une multitude de réponses. Le plus important est toujours d’analyser les besoins dans leur globalité pour, ensuite, prioriser ce qui doit être fait et voir comment on le fait. Il faut penser ce processus de manière globale, garder le liant entre toutes les interactions, au bureau comme à distance. Il faut éviter toute rupture de chaîne, phénomène que beaucoup ont pu constater durant le confinement. Dans ce contexte, notre force est d’être un acteur global multidisciplinaire qui accompagne aussi bien des PME que de très grands comptes au Luxembourg et à l’international. Nous disposons d’une vue très large et pouvons proposer des solutions variées, que nous
sommes capables de combiner pour obtenir le meilleur résultat possible par rapport au besoin métier. Notre rôle est de trouver la combinaison gagnante pour chaque client. Pourquoi est-il important pour une entreprise de réaliser sa transformation digitale dans les règles de l’art ? Vu la richesse de l’offre de solutions, il est important de prendre du recul avant de se lancer dans sa transformation digitale. Quel est mon métier ? Quels sont les systè mes dont j’ai besoin pour que l’ensemble de mon activité profite de cette digitalisation ? Quelles solutions faudra-t-il interfacer ? Par quel élément faut-il commencer ? Cette étape est primordiale si l’on veut construire une chaîne complète et amener son entreprise vers plus d’agilité et d’efficience. Quelle expertise et quels services Telkea peut-elle proposer aux PME pour améliorer leur digitalisation ? Nous sommes une société de services, une PME locale qui propose un accompagnement complet du processus de transformation digitale de toute entreprise. Notre valeur ajoutée vient de notre capacité à gérer un nombre très important de clients, actifs dans des domaines très différents, comme la finance, le secteur public, les institutions européennes, la santé ou encore les services et l’industrie. Nous sommes présents à toutes les étapes, de l’analyse des besoins au conseil, en passant par l’implémentation et l’accompagnement opérationnel à long terme. Notre connaissance des clients et de leurs problématiques nous permet de proposer la bonne solution, dans de multiples domaines : outils de communication, postes de travail, applicatifs, infrastructures hybrides sur site ou dans le cloud Telkea, hébergement et sauvegarde des données, gestion et accès sécurisé à l’information…
Un ordinateur est il aussi sécurisé à la maison qu’au bureau ? NON Un ordinateur personnel est bien seul face à sa sécurité. Au bureau, il s’insère dans une stratégie globale, allant d’une sécurisation du PC lui-même (antivirus, contrôle des interfaces, encryption, virtualisation…) à la sécurité « centrale » de l’entreprise (filtrage des flux entrants, sandboxing, contrôle des flux et données sortants, sécurité d’accès, contrôle et patching des applications…). Au bureau, il est géré dans un contexte de cybersécurité professionnel.
WhatsApp est-il un outil professionnel ? NON Non, mais il a été utilisé par des profes sionnels, notamment durant la pandémie. Avec WhatsApp, l’utilisateur est le gestionnaire de son compte et de l’ensemble des données. Un outil professionnel doit permettre à l’entreprise et à elle seule d’avoir le contrôle sur les utilisateurs, et surtout sur l’ensemble des données.
Y a-t-il plus de risque à utiliser des logiciels publics ? NON Par « logiciel public », on entend certainement le « cloud public », un environnement globalement partagé. Cette solution n’est pas forcément plus risquée. La question est toujours de savoir où les données sont hébergées, qui y a accès et comment les récupérer en cas de sortie du contrat. Dans un contexte financier / PSF, ces questions sont d’autant plus fondamentales.
Est-ce qu’une meilleure digitalisation permet plus de performance ? OUI L’augmentation de la performance est le résultat final de la digitalisation d’une entreprise. Elle devient performante dans son métier. Pourquoi ? Grâce à une plus grande agilité dans ses outils et ses process. Les échanges internes et externes sont simplifiés, les process raccourcis. Les données peuvent être utilisées, traitées et fournir des indicateurs importants pour prendre les bonnes décisions. L’entreprise devient plus efficace et s’adapte plus facilement à son marché.
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60 %
La digitalisation ne doit pas être l’apanage des grandes structures : les PME (de 1 à 249 salariés) ont tout intérêt à prendre le train en marche. D’autant que les 19.000 PME que compte le pays constituent la moitié du paysage entrepreneurial, selon le Statec. Elles peuvent donc réellement faire le poids dans une balance qui, pandémie de Covid-19 oblige, penche résolument en faveur des structures les plus agiles.
50 %
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Danemark
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Enjeux
Les PME en quête de digitalisation 1 « Je crois beaucoup en la vidéo et en TikTok »
UNE SITUATION DISPARATE Selon l’OCDE, entre 20 % et 30 % des PME étaient actives dans l’e-commerce en 2019, ce qui a permis à certaines de mieux résister aux conséquences de la pandémie l’année suivante. Comme le montre l’étude consacrée à cette question, la présence en ligne des entreprises est variable selon leur taille et leur pays. Source
OCDE
Moyennes entreprises
LÉGENDE
Petites entreprises
Part des entreprises qui vendent en ligne Part des entreprises qui vendent en ligne dans leur pays Part des entreprises qui vendent en ligne dans l’UE Part des entreprises qui vendent en ligne dans le reste du monde
L’expert en transformation digitale Emmanuel Vivier ana lyse le potentiel de la digita lisation pour les PME. p. 70
2 Des aides
publiques à saisir
Le Luxembourg propose actuel lement une demi-douzaine de mesures de soutien à la digitalisation des PME. Quels sont leurs atouts et comment les obtenir ? Réponses. p. 72
3 Garder une longueur d’avance
Ernster et Baucenter Decker-Ries ont, chacune à leur manière, anticipé les évolutions digitales dans leurs activités pourtant très distinctes. p. 76
4 Le digital, un relais de croissance pour Gedeon
La digitalisation intègre aussi le B2B. Exemple avec Gedeon Cosmetic, un fournisseur de produits pour instituts de beauté. p. 78
5 Quand la Table s’est
allongée en épicerie Allemagne
Belgique
France
25 % 18 %
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En transformant son restaurant en épicerie avec une offre en ligne, Christophe Schivre a réussi à maintenir une activité com merciale durant le deuxième confinement. p. 80
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1 Interview
« Je crois beaucoup en la vidéo et en TikTok »
Les deux plus gros moteurs de changement sont la peur et l’appât du gain. La peur, c’est par exemple de se dire : « Je suis confiné, mon magasin est fermé, comment me lancer et me faire connaître ? » Bref, comment exister et être trouvable. Si on n’existe pas sur internet, on ne va pas faire grand-chose. Ensuite, il y a l’appât du gain : certains se disent que vendre sur Amazon permet de toucher le monde entier, par exemple. Les difficultés pour passer au digital sont moindres aujourd’hui : il existe de nombreux outils pour créer un site web, une newsletter, les CRM de base, etc. La barrière technique et celle du coût tombent un peu, la barrière des compétences reste présente. Si on veut vraiment prendre le sujet à bras-le-corps, on ne peut pas compter tout le temps sur une agence. Il y a un réel besoin de se mettre dans le bain. Mais certains dirigeants de PME ne sont pas à l’aise avec le digital, c’est pour eux quelque chose avec lequel ils ne sont pas familiers ; ils ont du mal à en cerner le potentiel.
Le coach en transformation digitale Emmanuel Vivier suit de près l’évolution des tendances en la matière et qui peuvent aider les entreprises dans leur transfor mation. Celui qui a cofondé le Hub Institute à Paris passe en revue les indispensables de la digitalisation pour les entreprises, à commencer par les PME. Comment bien commencer sa digitalisation lorsqu’on est une entreprise ? Mieux vaut commencer par un peu de formation. Avant de se jeter à l’eau, il est important de maîtriser les bases : quel est le marché ? Quelles sont les tendances et les possibilités ? Et ce de manière à ne pas partir dans tous les sens. Ensuite vient la vitrine : il faut être trouvable. Dans une autre phase, il faut veiller à bien définir sa stratégie : définir sa cible, ses objectifs, puis choisir les outils adéquats, pour trouver des clients dans et aussi au-delà de son secteur. Parfois, il faut accepter d’y aller étape par étape, et non pas passer de zéro à cent en trois mois. Mieux vaut démarrer avec des outils basiques ou gratuits pour se familiariser, puis passer à des outils plus développés une fois qu’on a pris ses marques. Il faut se faire la main. D’où l’importance de se faire accompagner par un expert pour éviter les erreurs, échanger avec des homologues qui ont les mêmes problématiques pour partager les bonnes pratiques. Vous conseillez les entreprises dans leur transformation numérique et leur marketing digital depuis 20 ans. Quelles sont les raisons qui les poussent à vous solliciter ?
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6 C’est le nombre de chantiers-clés dans la transformation digitale, selon Emmanuel Vivier. Il s’agit du management, des RH, de la technologie, des data, du marketing et de la mesure de la performance. L’expert détaille tout cela dans son Guide de la transformation digitale, coécrit avec son associé Vincent Ducrey et paru aux éditions Eyrolles.
En pratique, quelles sont les solutions de digitalisation les plus accessibles ? Je pense au live vidéo : faire des petites sessions en live pour remplacer les salons B2B et les visites en magasin. Un entrepreneur peut aussi proposer des tutoriels, pour expliquer comment utiliser le produit, faire témoigner ses clients. La vidéo, aujourd’hui, ce n’est pas forcément très cher, on peut filmer avec son téléphone. Il y a des plombiers qui utilisent TikTok et qui ont des dizaines de milliers de followers, sans agence. Aux États-Unis par exemple, il existe des comptes TikTok de nettoyeurs de piscine. Ils publient simplement des vues de l’avant/ après. Parfois, on veut faire des choses trop compliquées, au lieu de simplement montrer qu’on est compétent et partager des astuces, c’est comme cela que les gens vont vous trouver. Vous préconisez les réseaux sociaux plutôt qu’un site web ? Non. Je pense que les réseaux sociaux peuvent être une solution d’amplification, mais il est quand même bien d’avoir un petit site web qui existe, car il y a toujours un risque que son compte sur les réseaux sociaux soit supprimé. Pour moi, les réseaux sociaux sont un amplificateur, mais il ne faut pas tout miser dessus. Il est donc important d’avoir un site que l’on peut trouver via les moteurs de recherche et doté d’un formulaire de contact par e-mail, etc. Aujourd’hui, avec un outil comme WordPress ou Squarespace, vous avez un site à l’année pour 150 euros, et ce n’est pas plus compliqué que Word. Un site comme Shopify, ça ne coûte rien. Quels sont les bienfaits observés de l’intégration des bons outils de digitalisation ? Les retours peuvent être très rapides, dès que le site est référencé sur Google. Je crois beaucoup à la vidéo qui compense le fait que les
moyens. Au Luxembourg, c’est un peu une cage dorée : le gouvernement a bien fait son boulot en interdisant par exemple Uber, ce qui fait que le pays n’est pas « open bar » pour les disrup teurs. Quand on voit que les autres commencent à éclater, on est sur ses gardes. Les grands groupes recrutent de grandes équipes en digital. La PME, son problème, c’est le manque de temps et le défi de trouver les moyens de mobiliser des ressources humaines et financières.
EMMANUEL VIVIER Cofondateur du Hub Institute et de la conférence HubForum
« La digitalisation permet de générer un chiffre d’affaires additionnel. On est ouvert jour et nuit via le web. »
gens peuvent moins sortir qu’habituellement. Pas question de faire des tournages coûteux ! L’idée est de montrer son produit, sa passion, ses conseils, et ça cartonne. Cela peut être juste une info. Il vaut mieux démarrer simple, vite, rapide et pas cher puis apprendre avec le retour des internautes plutôt que de dépenser trop d’argent. Les tutoriels cartonnent dans tous les domaines, avec des contenus qui correspondent à ce qu’un conseiller de vente pouvait donner dans le commerce physique. En vidéo, vous pouvez convaincre davantage de personnes de venir. C’est presque plus facile pour les petits que pour les gros. Ces derniers doivent faire un appel d’offres, un cahier des charges, avoir une validation de plusieurs instances, etc. Pour les petits, c’est plus sincère et plus spontané. Un partage direct comme on le ferait au mar ché ou au magasin à l’aide d’un simple télé phone, c’est ça votre studio. Je crois beaucoup à TikTok. Ce réseau est passé des 8-16 ans aux 18-30 ans. En plus, l’algorithme comprend très vite et, au bout de quelques heures, il propose des suggestions en fonction de vos besoins. Les entreprises de grande taille semblent pourtant plus enclines à digitaliser leurs processus et leur marketing, cela semble moins le cas pour les plus petites. Quels sont les freins existants pour ces dernières ? L’argent et la vision. Les grands groupes sont présents à l’international et ont davantage de
Hervé Thouroude (archives) Photo
Commission européenne
CATÉGORIE D’ENTREPRISE
Basé à Paris, Emmanuel Vivier a travaillé au Luxembourg un peu plus d’un an, au début des années 2000, dans le webmarketing et la communication. Ensuite, en 2001, il a cofondé l’agence Vanksen, spécialisée dans l’accompagnement digital des entreprises. En 2011, il co-crée le Hub Institute, un think tank de 35 consultants et fort d’un réseau de plus de 100 experts à travers la planète où il officie en tant qu’expert en transformation digitale et speaker. Organisation de conférences, formations et e-learning, veille de tendances mais aussi voyages et formations à distance : l’orateur multiplie les casquettes et partage ses connaissances, notamment dans des livres et lors d’événements. Emmanuel Vivier a étudié le marketing international à Marseille et préparé un MBA en webmarketing et e-business technologies au Canada.
La nature humaine est souvent réfractaire au changement et la digitalisation en est un. Quels sont les risques perçus dans les processus de digitalisation ? Les risques se situent au niveau de la peur des gens. Pour les dirigeants, il y a le risque de pen ser qu’on n’a pas les compétences sur le sujet, et que si ça marche, ils risquent de se faire écar ter au profit de quelqu’un d’autre. Ce n’est pas si compliqué que cela, mais on a rendu les choses artificiellement compliquées. J’ajouterais aussi la peur de dépenser trop d’argent, d’aller trop vite et de perdre trop d’argent. Parfois, il vaut pouvoir travailler avec vos équipes restées à la mieux ne pas être trop gourmand : autant faire maison, des outils informatiques sont indis de petites erreurs que de vouloir se précipiter pensables pour collaborer et poursuivre votre et faire tout trop grand. Enfin, il y a le risque activité en télétravail. Le fait est que des diri de décevoir les clients parce que le site ne marche geants de PME sont arrivés au point de se deman pas bien, mais aussi le risque de se faire pirater der : « Comment vendre maintenant que mon son site ou sa base de clients. commerce est fermé ? » Ceux qui ont été agiles ont trouvé des solutions que je qualifierais de Et les opportunités ? « bêtes et méchantes » : en utilisant les outils Gagner du temps : si demain on peut optimiser digitaux. Par exemple, le site web d’articles de certaines tâches, on redéploie des gens pour bricolage ManoMano a monté un site B2B pen faire d’autres tâches. Si la facture peut être envoyée dant le Covid parce que les autres magasins automatiquement, on va faire des économies. étaient fermés. Il y avait une demande de la part Pas forcément pour faire plus de profit. Mais des professionnels qui pouvaient continuer leur on peut arrêter les tâches répétitives pour les activité mais ne pouvaient pas se fournir chez confier à la machine. Et la digitalisation permet les détaillants qui, eux, étaient tenus de rester de générer un chiffre d’affaires additionnel, dans fermés. ManoMano a donc développé une la mesure où l’on est ouvert jour et nuit via le interface adaptée aux professionnels de la web. Au niveau interne, des outils permettent construction. La force du digital, c’est que la de mieux gérer les horaires du personnel et de zone de chalandise n’a pas de limites. Même si simplifier la vie de l’organisation. mon marché est une niche, je peux la toucher partout à travers le monde. La crise sanitaire du Covid-19 a-t-elle intensifié les besoins en solutions Quel conseil donneriez-vous à un de digitalisation ? dirigeant de PME qui hésite à franchir Oui, mais de la part de tout le monde, pas uni le cap de la digitalisation ? quement du côté des PME. Déjà, rien que pour De ne pas réfléchir trop longtemps, et de se
PETITE OU MOYENNE ENTREPRISE ? Pour catégoriser une entreprise selon sa taille, le Luxembourg se base sur les critères définis à l’échelle européenne : Source
De Luxembourg à Paris
EFFECTIF : unités de travail par an (UTA)
CHIFFRE D’AFFAIRES ANNUEL
TOTAL DU BILAN ANNUEL
Moyenne
< 250
� 50 millions d’euros
ou
� 43 millions d’euros
Petite
< 50
� 10 millions d’euros
ou
� 10 millions d’euros
Micro
< 10
� 2 millions d’euros
ou
� 2 millions d’euros
lancer sans trop investir, par petits essais. Ce qui compte, c’est l’avis du client. Dire aux clients qu’on réfléchit à des choses, échanger avec eux pour mieux cerner leurs attentes et besoins. Aujourd’hui, il existe beaucoup d’ou tils bon marché qui peuvent vraiment démulti plier le chiffre d’affaires pour des petites structures. Des TPE ont explosé avec la vente à distance. Une simple petite vidéo peut vite changer les choses.
Interview CATHERINE KURZAWA
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2 Mode d’emploi
Des aides publiques à saisir Auteur CATHERINE KURZAWA
Fit4Digital Packages POUR QUI ?
Les entreprises de 50 salariés maximum. QUOI ?
Achat de l’un des packages suivants : marketing digital (site web, dévelop pement sur les réseaux sociaux) gestion de la relation client (logiciel CRM) gestion de l’organisation (logiciels métiers spécialisés) pour un montant compris entre 6.650 et 10.000 euros HTVA COMBIEN ?
5.000 euros QUI CONTACTER ?
Améliorer leur expérience client, augmenter leur productivité ou tout simplement leur permettre d’être résilientes, les PME ont tout à gagner avec la digitalisation. Un cheminement qui peut toute fois s’avérer complexe, voire onéreux pour les novices. D’où la mise en place par les instances publiques d’aides ou de programmes d’accom pagnement. Explications et mode d’emploi.
La House of Entrepreneurship (HoE) propose un Digital Checkup pour tester la maturité digitale des TPE. Un conseiller peut également aiguiller les entrepreneurs dans l’identification de leurs besoins, puis les aider à complé ter la candidature. Celle-ci est envoyée à Luxinnovation, dont les consultants agréés épaulent les entreprises dans leur processus de digitalisation. L’aide financière est allouée par le ministère de l’Économie. BON À SAVOIR
Le versement de la subvention a lieu au terme du processus d’implémentation des prestations prévues dans le package, suivi par un questionnaire d’évaluation et un entretien de clôture. LE CONSEIL
Fit4Digital POUR QUI ?
Les PME : < 250 salariés < 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ou bilan < 43 millions d’euros pas de difficultés n’ayant pas participé au Fit4Digital depuis deux ans QUOI ?
Consultance et diagnostic pour la digitalisation de l’entreprise. COMBIEN ?
50 % des frais engagés, 5.000 euros maximum.
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QUI CONTACTER ?
Luxinnovation traite les demandes, le ministère de l’Économie octroie l’aide.
Tom Baumert, directeur de la HoE : « N’hésitez pas à passer par la HoE, c’est gratuit. Nous expliquons et montrons tout ce que les entrepreneurs peuvent faire. Nous les aidons à préparer le dossier pour éviter toute erreur dans la demande. »
BON À SAVOIR
La PME peut choisir un consultant parmi la liste des partenaires agréés. L’aide de 5.000 euros est versée au terme du diagnostic et l’aide publique à l’investissement et aux services de conseil (maximum 50 % des frais engagés) peut être sollicitée après la phase de mise en œuvre. LE CONSEIL
« Fit4Digital, c’est une seule demande qui vaut à la fois pour la phase de diagnostic et la phase ultérieure d’investissement », précise Rémi Grizard, senior advisor – SME Performance au sein de Luxinnovation.
Fit4Digital, versions TPE et PME Derrière la marque Fit4Digital se cachent deux aides distinctes traitées par Luxinnovation.
Investir et se faire guider
LE MARKETING DIGITAL EN TÊTE Répartition des types de projets au niveau des packages
Pour ajouter des cordes à leur arc, les PME bénéficient d’un soutien allant de 10 % à 50 % des coûts éligibles.
% Digital marketing % Organisation management % CRM 100 %
Aide à l’investissement POUR QUI ?
80 %
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Les PME ayant un projet d’investissement pour promouvoir la création, l’extension, la diversification et le changement fondamental de leur processus de production.
65
60 %
48 35
40 %
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QUOI ?
33
20 %
2
0
0
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1 2021
UNE FAIM DE DIGITALISATION Évolution du nombre de demandes pour les programmes Fit4Digital (lancé en 2018) et Fit4Digital Packages (lancé en 2019 à destination des TPE). Fit4Digital
186 165 200
QUOI ?
Services de conseillers extérieurs prestés occasionnellement pour des projets ponctuels. COMBIEN ?
Minimum 1.000 euros, maximum 50 % des coûts admissibles.
QUI CONTACTER ?
La demande se fait via MyGuichet.lu. Le ministère de l’Économie octroie l’aide. BON À SAVOIR
29 116 83 61
0 Source
POUR QUI ?
Les structures éligibles aux conditions générales applicables à toutes les aides en faveur des PME.
COMBIEN ?
300
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Aide aux services de conseil
20 % des coûts admissibles pour les petites entreprises (< 50 salariés) et 10 % des coûts pour les moyennes entreprises (< 250 salariés).
Fit4Digital Packages
100
Investissement dans la création ou l’extension d’un établissement, la diversification de la production ou un changement de processus. Acquisition d’actifs appartenant à un établissement fermé (ou fermé s’il n’avait pas été racheté), aux conditions du marché et achetés à un tiers non lié.
Luxinnovation
L’aide peut aussi être allouée à la suite de Fit4Digital en réutilisant la demande effectuée pour ce dernier. Elle doit être demandée dans les cinq ans qui suivent la dépense. L’aide à l’investissement existe seule, mais figure aussi dans le programme de relance post Covid-19 Neistart Lëtzebuerg. Les demandes sont clôturées au 1er novembre 2021. LE CONSEIL
LES EXCEPTIONS Pour bénéficier d’une aide, l’autorisation d’établissement est requise, mais ce n’est pas tout. Certains secteurs d’activité sont exclus du régime général d’aides en faveur des PME. Il s’agit notamment des entreprises actives dans l’agriculture, mais a ussi des commerces de plus de 400 m2, des centres de bien-être, des sociétés de sécurité, de taxi, de la restauration d’appoint, des firmes immobilières, des fiduciaires et des professions libérales, hormis les architectes et ingénieurs jusqu’à concurrence d’une aide maximale de 200.000 euros.
« Notre conseil est de s’assurer que la demande se fait bien au préalable et sur base d’un devis. Une demande après investissement est possible, mais uniquement une fois par année et à montant limité », explique Philippe Maroldt, conseiller économique à la Chambre des métiers, qui propose des conseils aux artisans dans ce cadre. Et de r appeler l’importance des informations de base comme le matricule TVA, le numéro d’autorisation d’établissement, une description précise du projet et l’absence de difficultés financières.
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Au-delà des frontières
3 QUESTIONS À FRANZ FAYOT (LSAP), MINISTRE DE L’ÉCONOMIE
Qu’il s’agisse de l’export ou de la sécurité des données, des soutiens financiers existent pour les PME luxembourgeoises.
Diagnostic sécuritaire POUR QUI ?
Aides au marketing numérique POUR QUI ?
Les sociétés exportatrices ayant au minimum 3 ans d’existence, avec des finances saines, au moins deux salariés et qui apportent une valeur ajoutée à l’économie luxembourgeoise. QUOI ?
Les frais de promotion des produits et services à l’étranger : supports promotionnels, foires, publicité, marketing, conseil, études de marché, enregistrement de marque, entité de prospection. COMBIEN ?
200.000 euros maximum par société sur une période de trois ans. QUI CONTACTER ?
Office du Ducroire Luxembourg (ODL) via MyGuichet.lu. BON À SAVOIR
Toutes les sociétés exportatrices sont éligibles à l’exception de celles évoluant dans les secteurs de la finance, de la promotion immobilière, de la culture, du tourisme, de l’agriculture, du travail intérimaire et les GIE. LE CONSEIL
Le plafond annuel toutes aides confondues pour les jeunes et microentreprises (JME) est de 10.000 euros. Sont JME les sociétés dont le produit ou le service est prêt à être commercialisé et qui, à défaut de bilans, peuvent présenter un business plan détaillé pour les trois prochaines années.
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Les entreprises ayant procédé à une auto-évaluation via l’outil en ligne Fit4Security. QUOI ?
Grâce à un questionnaire gratuit à compléter en ligne, les experts de Cases cernent la maturité, les forces et les faiblesses de l’entreprise en termes de cybersécurité. Ils peuvent ainsi émettre des recommandations et des conseils simples aux PME pour mieux protéger leurs informations et être plus conscientes des risques quotidiens auxquels elles sont confrontées. COMBIEN ?
Aucun montant financier puisqu’il s’agit d’une auto-évaluation. QUI CONTACTER ?
Cases.lu.
BON À SAVOIR
Toutes les entreprises luxem bourgeoises sont concernées par cette aide, qui ne constitue pas un soutien financier mais des recommandations possibles. LE CONSEIL
« L’identifiant reçu est confidentiel, faites attention à qui vous le trans férez », prévient Benjamin Joly, cyber security advisor pour Cases.
Pourquoi les PME sont-elles invitées à franchir le pas de la digitalisation ? La transformation digitale impacte les entreprises à tous les niveaux. Elle s’inscrit comme un élément indispensable dans la stratégie de chacune, petite ou grande. Néanmoins, ce sont souvent les entreprises de taille modeste qui ont le plus de difficultés à franchir le pas face à des coûts parfois difficiles à estimer et à des efforts de transformation qui peuvent paraître démesurés. Peut également s’y ajouter la peur de ne pas réussir à sécuriser ses données une fois celles-ci numérisées. Il est évident que la pandémie a accéléré une transformation déjà amorcée en mettant en avant l’importance de la transition vers une économie digitale et numérique. La transformation digitale est d’ailleurs l’un des deux enjeux principaux du plan de relance européen. Qu’est-ce que la digitalisation peut apporter aux PME ? Elle leur offre d’énormes opportunités pour devenir plus efficaces et compétitives. Grâce à la mise en œuvre de solutions digitales, les entreprises peuvent gagner en temps, en qualité, en flexibilité et en efficacité de leur service client. Les PME ont donc tout à gagner en s’engageant sur la voie d’une digitalisation plus poussée. Et quels sont les apports pour la compétitivité du Luxembourg ? La transformation digitale est essentielle pour préparer notre économie à l’avenir. Elle doit permettre d’utiliser les ressources limitées dont nous disposons de manière plus efficace. Elle participe donc intrinsèquement à la compétitivité et à la résilience de notre pays. Nous avons ainsi élaboré la feuille de route pour une économie compétitive et durable en 2025, Ons Wirtschaft vu muer. Elle vise à relancer l’économie luxembourgeoise en accélérant la transformation digitale et la transition « Les PME environnementale.
ont tout à gagner en s’engageant sur la voie d’une digitalisation plus poussée. » FRANZ FAYOT Ministre de l’Économie LSAP Retrouvez la version in extenso de cette interview sur paperjam.lu.
3 Retour d’expérience
La digitalisation ne passe pas forcément par un soutien financier étatique. Ernster et Baucenter Decker-Ries, deux PME familiales nées en 1889, ont chacune à leur manière anticipé les change ments à venir sur leur mar ché respectif : les livres et les matériaux. Si l’on excepte le caractère familial qu’elles partagent, le point commun entre les librairies Ernster et le Baucenter Decker-Ries n’est pas une évidence. Pourtant, les dirigeants des deux entreprises ont été précurseurs en matière de digitalisation. Le site web ernster.com existe depuis 1997, année de sa première vente en ligne. Soit trois ans à peine après la création d’Amazon. « C’était une carte topographique et un livre sur le Luxembourg que nous avons envoyés en Suède », évoque Paul Ernster, chef de projet dans la PME familiale. « Mon père (Fernand Ernster, ndlr) était un ‘geek’ de tout ce qui était électronique, il avait déjà digitalisé nos stocks », évoque celui qui incarne la cinquième génération. Aujourd’hui, Ernster, avec ses 90 employés, réalise entre 7 % et 10 % de son chiffre d’affaires en ligne, « mais pendant le confinement, les ventes ont été multipliées par 10 ». Une consultance précieuse en interne L’entreprise a participé il y a deux ans au programme Fit4Innovation. Plutôt axée sur l’analyse des processus internes, la mission de consultance lui a permis de dégager des pistes de digitalisation pour sa comptabilité, son organigramme et sa logistique. Son dépôt de Strassen est en effet approvisionné par quelque 1.700 fournisseurs situés aussi bien à l’intérieur qu’en dehors de l’Union européenne. La digitalisation est aussi un moyen pour l’enseigne de se distinguer des géants étrangers avec une approche résolument « buy local » : la mise en avant d’auteurs locaux, la possibilité de régler sa commande par facture plutôt qu’avec une carte de crédit, la livraison à domicile sans montant minimum d’achat, mais aussi le développement de l’édition avec Ernster Éditions. En magasin, la PME planche sur la digitalisation des tickets de caisse, à une échéance non définie. Le conseil de Paul Ernster aux firmes qui hésiteraient à 76
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Garder une longueur d’avance
écran puis avec un casque de réalité virtuelle pour se déplacer dans son futur intérieur. Cette incursion de la digitalisation s’est faite en partenariat avec les fournisseurs, dans « un investissement partagé ». « Le premier à convaincre n’est pas le client mais son propre personnel, il faut le convaincre d’utiliser ces outils », insiste-t-il. Une évolution qui mobisauter le pas de la digitalisation ? « Je dirais de lise certes davantage d’énergie en amont pour ne pas avoir peur du changement.» la transposition des plans dans les simulateurs, Un avis partagé par Laurent Decker, associé- mais qui permet d’aider les clients à se projeter directeur du Baucenter Decker-Ries à Esch-sur- dans leur futur intérieur et, potentiellement, Alzette. Dans son showroom de 5.000 m2, des d’accélérer leur choix. « Dans notre métier, la écrans de toutes les tailles se partagent l’espace salle d’exposition va toujours exister », nuance avec les salles de bains et cuisines d’exposition. le patron. Si beaucoup de candidats à la construc« Nous sommes forcés de nous renouveler constam- tion et à la rénovation épluchent des revues ou ment. Au niveau des carrelages par exemple, cer- des sites web pour trouver l’inspiration, il reste tains fournisseurs proposent désormais deux primordial pour eux de toucher et comparer collections par an », illustre celui qui représente les matériaux en showroom pour y observer aussi la cinquième génération entrepreneuriale. les détails qui peuvent faire la différence au moment de prendre leur décision. Un showroom phygital Baucenter Decker-Ries propose des services Une vente en ligne expérimentale de conseil, d’exposition et de pose des maté- À côté de cette expérience phygitale, l’entrepre riaux. Un carreleur est chargé d’actualiser en neur prépare depuis un an et demi un canal permanence les plaquettes exposées dans son entièrement digital : le site web baushop.lu showroom, qui évolue depuis cinq ans déjà dans devrait ouvrir à la fin de cette année, avec une un modèle phygital. Des écrans où défilent les gamme de carrelages et de produits autour de nombreuses références ou suggestions d’agen- ce matériau tels que des ciments, du matériel cements permettent au client de simuler son de pose et d’entretien. « C’est une vitrine supintérieur sur la base de ses choix de matériaux plémentaire qui devrait nous permettre d’avoir et du plan de son habitation. « La vente devient des retours et davantage de connaissance du une expérience pour le client », souligne Laurent marché. » Une manière de prendre la tempéraDecker. Celle-ci peut même devenir immersive ture d’un marché peu ou pas exploité jusqu’à avec, par exemple, la possibilité de visionner présent. Il faut dire que les carrelages sont des son projet de cuisine équipée d’abord sur grand produits volumineux, lourds et à la manutention délicate – a priori peu aisés à écouler à distance. « Mais, pour nous, c’est un grand test pour voir et comprendre qui achète quoi sur internet dans notre métier. » Si la PME familiale, qui emploie 140 personnes, n’a pas bénéficié de mesures de soutien financier à la digitalisation, elle a participé au programme Neistart Lëtzebuerg pour l’efficacité énergétique : le remplacement de tous ses luminaires par des ampoules à basse consommation lui a permis de réduire de 40 % sa consommation électrique. Chacune à leur manière donc, ces deux entreprises ancrées dans l’économie nationale tentent d’anticiper les changements à venir pour répondre aux besoins des clients, mais aussi tirer leur C’est le nombre de fournisseurs d’Ernster. épingle du jeu face à des acteurs étrangers dotés La diversité linguistique luxembourgeoise explique ce chiffre élevé, auquel s’ajoute de moyens parfois incomparables… mais qui un autre ingrédient pimenté : le Brexit. ne remplacent pas une connaissance aiguisée « La livraison de livres en provenance du marché local et de ses particularités. du Royaume-Uni peut maintenant prendre
1.700
jusqu’à quelques semaines », explique Paul Ernster, contre un à deux jours pour un ouvrage venu d’Allemagne ou jusqu’à une petite semaine pour un francophone.
Auteur CATHERINE KURZAWA
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4 Retour d’expérience
« J’étais très loin de ce que je pouvais potentiellement faire » Fin 2019, Gérard Doucet assiste à une série de workshops organisés par la House of Entrepre78
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Pas que des avantages Cette percée du canal digital revêt de nombreux atouts commerciaux : la rapidité de pénétrer une nouvelle zone de chalandise, la veille clients proactive et l’absence d’intermédiaire, ce qui permet au producteur de générer une marge nettement plus confortable. Mais le web n’est pas dépourvu de faiblesses : « Le distributeur présent sur le terrain me permet d’avoir des retours que l’on n’a pas forcément sur internet », observe Gérard Doucet. Et puis, la Toile est un lieu où la concurrence fait rage, d’où l’importance de proposer des offres commercialement alléchantes : « Internet nécessite une politique d’offres commerciales constantes. » Si l’entrepreneur peut se rendre moins dépendant de ses distributeurs, du renfort logistique ne serait pas du luxe pour répondre aux nouveaux volumes d’activité générés par les ventes en ligne. Pas question pour autant de quitter son canal de vente physique, qui représente actuellement 60 % de ses ventes, bien que cette part se tasse progressivement face à la croissance du web, qui a doublé en cinq ans. Notre témoin a ainsi terminé l’année 2020 sur une croissance de ses ventes en ligne de 25 % par rapport à 2019, et s’attend à un rebond de 50 % fin 2021, malgré les fermetures imposées aux instituts de beauté dans une grande partie de sa zone de chalandise.
neurship à destination des PME. Référencement, CRM, site web au design responsif, mais aussi réseaux sociaux : « Tout cela m’a permis de confronter les chiffres de mon site à la moyenne des sites B2B et de me dire que j’étais très loin de ce que je pouvais potentiellement réaliser. » L’entrepreneur intègre alors le programme Fit 4 Digital Packages à destination des TPE et opte pour le package Marketing digital après avoir passé son Digital Checkup. Son offre en ligne est alors perfectionnée au printemps 2020, avec l’intégration d’outils promotionnels, et sa visibilité s’en voit décuplée. Réseaux sociaux, référencement sur les moteurs de recherche, mais aussi segmentation de la clientèle pour personnaliser l’offre : le site web se professionnalise. Si l’aide de 5.500 euros prévue dans le cadre du programme est pour l’entreprise une incitation, elle est vite freinée par un incident inattendu : le piratage de son site web en août 2020. Au final, les coûts se chiffrent à 10.000 euros, dont la moitié reste à charge de Gérard Doucet. « L’aide allouée est au final dérisoire par rapport au coût de lancement d’une véritable politique digitale, déplore-t-il. Mais elle permet de faire le premier pas. » Il regrette aussi l’absence d’accompagnement de la Chambre de commerce dans la phase de sélection du consultant en digitalisation. Son conseil aux TPE qui envisagent de Un canal de fidélisation franchir le cap de la digitalisation ? « Choisir un « Mon panier moyen a doublé en cinq ans », se partenaire adapté à la taille de votre entreprise félicite Gérard Doucet. Car la professionnaet être ouvert à des conseils différents de nos res- lisation de son e-shop a permis d’accroître sentis de novices ! L’agence Vous nous a permis de son taux de transformation, de fidéliser la clientèle, de proposer des offres couplées aux salons d’esthétique qui se laissent tenter par de nouveaux produits du fabricant. Sans abandonner son développement de partenariats dans chaque pays, il ambitionne désormais d’approcher de grandes plateformes de vente en ligne dédiées aux professionnels. « Cela nécessite des investissements en matière de GÉRARD DOUCET Directeur stock, de logistique et de personnel. Car les Gedeon plateformes ont beaucoup d’exigences en matière de disponibilité, de faible taux de retour et de bonnes notations des clients. » Un nouveau défi se profile donc pour la TPE, qui réalise chaque année plus de 40.000 ventes, rien que dans le segment du rehaussement de cils.
« L’aide allouée est au final dérisoire par rapport au coût de lancement. »
Auteur CATHERINE KURZAWA
Guy Wolff
Du rehaussement des cils aux crèmes de traitement contre les callosités plantaires, Gedeon Cosmetic propose ses produits destinés aux professionnels de l’esthétique sur son site web inZeBox, qui a été remis à neuf suite à un programme Fit 4 Digital Packages de Luxinnovation initié juste avant le confinement du printemps 2020. « Finalement, le Covid-19 nous a aidés en accélérant une mutation dans notre business du terrain vers le digital », explique Gérard Doucet, 58 ans, à la tête de cette TPE mondorfoise. Lui qui travaillait depuis 2013 avec un réseau de six distributeurs répartis en Europe et quelques centaines d’instituts de beauté a dynamisé ses ventes en ligne, qui équivalent aujourd’hui au travail de deux intermédiaires. Ses principaux marchés se situent au Luxembourg, en Belgique, en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, ainsi qu’au Maroc et en Algérie. Son cœur de métier ? Gedeon développe les formulations de ses produits, qui sont ensuite fabriqués en Europe, ainsi qu’en Corée du Sud. Comme de nombreux secteurs, les salons d’esthétique ont accéléré leur digitalisation et revu leur mode de commande sous l’effet de la pandémie. Après les deux fermetures forcées, chaque minute s’est avérée précieuse pour prendre en charge la clientèle lors de la réouverture. Difficile, dans ce contexte, pour les esthéticiennes de recevoir un délégué commercial. Si l’entrepreneur disposait déjà d’un portail de vente en ligne, celui-ci était sommaire. « C’était juste un catalogue, une sorte de carte de visite sur le web », évoque l’indépendant. Ses ventes en ligne avaient quadruplé en quatre ans, mais restaient marginales, à environ 20 % du chiffre d’affaires global.
fixer nos priorités en fonction de notre budget serré et a été garante de la réussite du projet. Il faut également mobiliser toutes les aides possibles, en complément de la Chambre de commerce. L’ODL nous a été d’un bon soutien. »
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Gedeon Cosmetic a développé la vente en ligne de ses produits à destination de salons de beauté avant la crise sanitaire, qui a affecté son marché quatre mois durant. Un pari gagnant pour cette TPE particu lièrement résiliente.
Le digital, un relais de croissance pour Gedeon
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5 Retour d’expérience
Faire la différence par l’offre Ce coup d’essai éveille son appétit : Christophe Schivre décide d’affiner sa démarche. D’une part, il se met à dénicher des produits tantôt locaux, tantôt venus de circuits plus éloignés mais certifiés bio ou commerce équitable. D ans tous les cas, ces références sont rares, voire originales au Luxembourg, ce qui permet à l’épicerie de tirer son épingle du jeu avec des 80
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«La pandémie nous a obligés à repenser notre métier pour maintenir la tête hors de l’eau en 2020.»
Auteur CATHERINE KURZAWA
Romain Gamba (archives)
Comme tous ses confrères actifs dans la restauration, Christophe Schivre a été confronté en mars 2020 à l’impensable : la fermeture forcée de son établissement pour cause de pandémie. Du jour au lendemain, voilà La Table de la Chapelle interdite d’accueillir ses clients, et son patron contraint de rester chez lui. Amputé pendant un mois et demi de revenus, l’entrepreneur se repose, mais prend surtout le temps de réfléchir à son activité de brasserie reprise en mars 2017 à Neudorf, après 10 années passées dans une adresse bien connue de la capitale, le Chiggeri. Il observe l’appétence du public pour les produits locaux, les circuits courts et les petits commerces. Christophe Schivre décide alors de proposer à la vente quelques produits de base, afin de reprendre une petite activité. Dès la fin avril, il rouvre donc les portes de La Table de la Chapelle avec 200 références en épicerie, de la baguette au café, en passant par le sucre. L’une de ses clientes lui propose alors de mettre à jour son site web pour y afficher cette nouvelle activité. Son agence, téMéRaiRe Marketing, prend le relais pour cette mission. En quelques semaines, le restaurant renaît et devient une épicerie de quartier au cœur de ce bassin de population quelque peu dépourvu de commerces alimentaires de proximité. « Cela a marché tout de suite : les voisins étaient contents de venir, de rediscuter, je sentais qu’ils étaient anxieux, et que les gros hypermarchés ne les attiraient pas », évoque le restaurateur.
400 box-cadeaux. » Si, à un moment, la vente en ligne générait jusqu’à 80 % de s on chiffre d’affaires, le ratio par rapport au commerce physique s’est à présent inversé. « L’e-commerce représente aujourd’hui un revenu d’appoint, mais surtout une visibilité non négligeable pour [avoir été] le premier restaurateur au Luxembourg à se transformer en épicier, ventes à l’unité, mais aussi dans des box thé- souligne-t-il. Je ne pense pas que j’aurais créé matisées. D’autre part, le chef d'entreprise une épicerie s’il n’y avait pas eu le Covid. La pans’inscrit au programme Fit 4 Digital Packages démie nous a obligés à repenser notre métier pour de Luxinnovation pour bénéficier d’une aide maintenir la tête hors de l’eau en 2020. » de 5.000 euros à la digitalisation. Si la facture totale de la mission se chiffre à The Shop’elle aux côtés 7.000 euros, l’entrepreneur ne regrette pas cet de La Table de la Chapelle investissement dans le marketing digital. Son Si Christophe Schivre considère la digitalisite web passe par une refonte complète, un sation comme une solution, et non pas LA webshop est créé avec des photos de la gamme solution, il admet que le concept prime. « Ce et de tous les produits disponibles. De la com- mélange entre épicerie et restaurant fonctionne : munication via les réseaux sociaux à l’extension les clients goûtent les produits dans les plats, de l’offre vers des plateformes web comme puis les achètent pour les avoir à la maison », Wedely ou Foozo (anciennement GroupLunch), explique-t-il. Le fait que les produits de bouche soient l’activité de La Table de la Chapelle connaît un coup d’accélérateur en 2020. « Cela nous a per- exposés en salle éveille aussi l’appétit et la curiomis d’aller beaucoup plus vite et de ne pas attendre sité des clients : le restaurateur propose certaines que le restaurant puisse rouvrir. » références de l’épicerie en service restaurant, Car cette réouverture tant attendue – et qui moyennant un supplément de 30 %. La Table de la Chapelle se compose à préarrivera fin mai 2020 – n’est finalement que de courte durée, vu le rebond épidémique de sent du restaurant, qui accueille une clientèle l’automne. Pour survivre à ce nouveau confi- aussi bien le midi que le soir, ainsi que pour ses nement, le restaurateur devenu épicier peut événements thématiques, comme son brunch compter sur les box qu’il propose en ligne, dominical. Quant à l’épicerie, The Shop’elle, ainsi que sur son épicerie fine, aussi bien en on y déniche condiments, sauces, fruits et légumes virtuel - où les commandes sont disponibles frais proposés aussi bien à la vente sur place à emporter - qu’en boutique. qu’en ligne. Et puis, l’offre de box développée Sa démarche lui permet de limiter la casse : l’an dernier perdure, avec une dizaine de réfé« En décembre 2020, nous avons vendu plus de rences qui vont du brunch à l’apéritif en amoureux, sans oublier les fromages, les soirées Netflix et les cadeaux. Enfin, des bocaux et autres plats préparés attendent les gourmands en quête d’une solution simple et efficace pour se rassasier après une longue journée de travail. L’entrepreneur insiste sur la portée de sa digitalisation : il n’a pas été simplement question de réactualiser le site web, mais de proposer une nouvelle offre en ligne qui a permis d’élargir sa clientèle et d’en fidéliser une partie: CHRISTOPHE SCHIVRE « Il faut que le produit que vous proposez à la Gérant La Table de la Chapelle vente corresponde vraiment aux attentes de la clientèle. Si j’avais changé simplement mon site sans l’épicerie, cela aurait fait beaucoup d’argent dépensé pour peu de retour. »
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Après le confinement de mars 2020, le restau rant La Table de la Chapelle s’est transformé en épicerie en s’appuyant sur une offre digitale qui, malgré l’accal mie de la pandémie, reste aujourd’hui une ressource- clé pour cette PME.
Quand La Table s’est allongée en épicerie
Jean Elia, CEO de SOGELIFE.
Assurance-vie
L’assurance-vie de demain
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SOGELIFE célèbre ses 25 ans d’activité au Luxembourg. Dans un marché en croissance mais toujours plus concurrentiel, son CEO, Jean Elia, évoque la stratégie de l’entreprise, axée notamment sur la transformation digitale, l’expérience client et la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, afin de préparer les 25 années à venir.
SOGELIFE
Contenu sponsorisé par SOGELIFE
BRAND VOICE
SOGELIFE EN QUELQUES CHIFFRES Les locaux de SOGELIFE, face à la gare de Luxembourg, offrent une vue imprenable sur la tour de l’horloge, comme pour rappeler que l’assurance-vie est étroitement liée au temps qui passe. L’assurance-vie constitue en effet un investissement de long terme. « Notre métier est de valoriser, de préserver puis de transmettre les capitaux qui nous sont confiés par nos clients», explique ainsi Jean Elia, CEO de SOGELIFE. La stabilité du Luxembourg et de ses institutions (le triangle de sécurité qui offre aux souscripteurs d’assurance-vie de solides garanties), comme la stabilité des assureurs de la Place, permet aux investisseurs de se projeter sereinement sur du temps long. SOGELIFE, filiale de Société Générale Assurances, est un acteur majeur de l’assurance-vie luxembourgeoise. « Grâce à notre approche en architecture ouverte et à la confiance de nos partenaires (banques privées, family offices, gestionnaires de fortunes et courtiers) et des clients, nous dépassons aujourd’hui 13 milliards d’encours », précise Jean Elia. SOGELIFE travaille en confiance avec plus de 250 établissements financiers, pour proposer à une clientèle aisée sur neuf marchés européens (France, Monaco, Italie, Suisse, Luxembourg, Belgique, Espagne, République tchèque et Royaume-Uni) des solutions d’investissement performantes. « SOGELIFE est un vrai acteur BtoBtoC. Nous construisons avec nos partenaires des solutions d’investissement à même de répondre aux besoins des clients que nous servons ensemble. » Comme l’horlogerie, l’assurance-vie est une mécanique de précision. SOGELIFE s’adresse en effet aux HNWI (High Net Worth Individuals) et UHNWI (Ultra High Net Worth Individuals). « SOGELIFE dispose de l’expertise et du savoir-faire pour utiliser pleinement la large diversité des supports disponibles dans le cadre réglementaire luxembourgeois, et satisfaire ainsi les besoins d’une clientèle particulièrement exigeante », précise Jean Elia,
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SOGELIFE célèbre cette année 25 ans de présence au Luxembourg.
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nationalités sont représentées chez les collaborateurs de SOGELIFE.
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milliards d’encours ont été dépassés par l’entreprise fin août 2021.
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SOGELIFE est active dans neuf pays (Luxembourg, France, Italie, Belgique, Monaco, Suisse, Royaume-Uni, Espagne et République tchèque).
qui rappelle la possibilité de faire cohabiter dans un contrat d’assurance-vie des Fonds Externes, des Fonds Internes Dédiés sous mandat de gestion, des Fonds Internes Collectifs, des Fonds d’Assurances Spécialisés en gestion libre ou conseillée, ou même d’investir dans des actifs dans les titres vifs, le Private Equity, l’immobilier ou certains dérivés. Avec 140 collaborateurs, 25 années de présence sur le marché luxembourgeois, SOGELIFE est à même de gérer ces complexités (un horloger parlerait de complications) pour proposer des solutions sur mesure, grâce aux équipes d’ingénierie patrimoniale, financière et juridique. Avec ses contrats d’assurance-vie, SOGELIFE accompagne les clients, quelle que soit leur situation internationale, lors d’un changement de résidence fiscale, par exemple. « Cette maîtrise doit aller de pair avec notre réactivité. Nous avons ainsi dernièrement adapté notre offre financière et notre documentation contractuelle en fonction des besoins d’une très grande banque privée pour un client très important en un temps record », se réjouit Jean Elia. Dans le même ordre d’idées, SOGELIFE a lancé en mars un contrat d’assurance-vie spécifiquement dédié à l’ISR (Investissement Socialement Responsable). « Un placement d’avenir sur des thématiques porteuses, pour du long terme, dont nos études montrent qu’il offre d’excellents retours tout en préservant notre planète »,
LES AXES STRATÉGIQUES DE SOGELIFE précise Jean Elia. SOGELIFE Positive Impact permet ainsi d’accéder à un large panel d’investissements ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) 100 % en unités de compte (UC). « Ce produit contribue ainsi à la transformation de notre business model vers de l’UC tout en offrant un plus ISR à nos clients : un moyen pour eux de concilier conviction et performance. » Dans le secteur de l’assurance- vie, le temps s’est accéléré. Les partenaires, mais aussi les clients, ont de nouvelles demandes. Le digital s’impose. « Tout le monde peut désormais accéder à son compte bancaire via internet ou une application mobile – commente Jean Elia – Il était donc normal de donner à nos clients la possibilité de suivre l’évolution de leur contrat ». SOGELIFE a ainsi lancé la plateforme MySogelife.com pour offrir plus de transparence, plus d’informations aux souscripteurs. « En 2016, SOGELIFE avait été un des pionniers en développant un portail à destination de nos partenaires. Aujourd’hui, nous disposons donc de deux hubs digitaux, un pour nos clients et un pour nos partenaires. » Le développement de plateformes n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. SOGELIFE se transforme aussi en interne afin d’améliorer, simplifier, digitaliser ses processus et ses opérations pour offrir un service toujours plus fluide et plus rapide. « Nos clients attendent une expérience parfaite, une relation privilégiée, ‘delightful’ », confirme Jean Elia. D’ici la fin de l’année, les clients pourront bénéficier, pour la signature de leurs contrats, d’un parcours 100 % digital. « Ceux qui le souhaitent, du moins », précise Jean Elia. Pour ses contrats, comme pour ses services, « SOGELIFE regarde les 25 prochaines années avec beaucoup de confiance, sur son avenir et sur celui de l’assurance- vie, un avenir encore plus digital, plus responsable et toujours plus au service des clients ».
Développement de l’entreprise SOGELIFE souhaite consolider son dispositif de partenariats en architecture ouverte.
Transformation du business mix Grâce au programme DUCAL, l’entreprise veut promouvoir ses produits et solutions en unités de compte.
Capital humain et expérience client L’objectif de la compagnie est de rendre l’expérience client et des collaborateurs le plus agréable possible.
Transformation digitale L’entreprise entend améliorer l’expérience client et atteindre l’excellence opérationnelle grâce au digital.
ISR La compagnie a lancé un produit d’assurance-vie 100 % ISR : SOGELIFE Positive Impact. Elle est également labellisée « entreprise responsable » par l’INDR depuis 2021.
s vez plu Retrou ions sur rmat d’info e.com
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Portfolio
La tête dans le guidon Ministres, chefs d’entreprise ou d’institution. Paperjam est parti à la rencontre de 11 dirigeants qui ont fait du vélo un moyen régulier de locomotion. Ou comment allier moment de déconnexion et mobilité douce. Auteur THIERRY RAIZER 84
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Photos GUY WOLFF
SASHA BAILLIE CYCLISTE
Depuis que les vélos sont électriques TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
De Merl au centre-ville TYPES DE VÉLOS
Électrique pour la ville et VTT pour les week-ends en forêt, mais aussi parfois électrique
CEO de Luxinnovation basée à Belval, Sasha Baillie utilise le vélo lorsqu’elle se rend de Merl à des réunions en ville, notamment au cabinet du ministre de l’Économie, Franz Fayot, dont elle est membre. « Le plaisir, le bien-être et la facilité » sont les principaux atouts de ce moyen de locomotion. Être cycliste au Luxembourg,
c’est « osé dans l’environnement urbain, magnifique dans l’environnement rural », résume-t-elle en suggérant des pistes cyclables imposées et respectées en ville pour faire du Luxembourg une cyclist nation. Le pays regorge par ailleurs d’endroits à découvrir, en particulier les forêts en VTT, que recommande Sasha Baillie.
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BENJI KONTZ CYCLISTE
Depuis son plus jeune âge, donc depuis plus de trente ans TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Du domicile à l’école des enfants, puis jusqu’aux concessions automobiles situées route de Thionville, soit 2,5 km, 4 fois par jour TYPE DE VÉLO
De ville électrique
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Chez les Kontz, le vélo est une affaire de famille. Outre l’activité automobile, les cycles représentent un pilier historique du groupe avec son magasin vitrine dans le quartier Gare. Pour l’administrateur délégué, Benji, les deux-roues se combinent au quotidien, « peu importe la météo », en conduisant chaque jour ses enfants de 5 et 8 ans (à ses côtés sur la photo) à l’école, pour se rendre au bureau, revenir déjeuner en famille, assister à une réception, seul ou accompagné : « Mon épouse utilise son vélo autant que moi. » « Certains jours, j’ai une quarantaine de kilomètres au compteur. En fait, à la maison,
nous n’utilisons plus que très rarement la voiture. » Détente, liberté et sport, le moyen de locomotion est indissociable de l’agenda du patron. « Le commerce du vélo est devenu, ces dernières années, une activité qui me donne l’opportunité d’entrer en contact avec des gens passionnés, sportifs, écoresponsables et souvent avant-gardistes », ajoute Benji Kontz, qui recommande de découvrir la piste cyclable qui mène, le long de l’Alzette, de la vallée de la Pétrusse vers Hesperange, tout près de son domicile. « Je suis à chaque fois émerveillé par la beauté de la nature que l’on retrouve ici en plein milieu de la capitale. »
QUENTIN VERCAUTEREN CYCLISTE
Depuis l’âge de 12 ans, lorsqu’il a habité aux Pays-Bas TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
De Bridel jusqu’à Howald en passant par la ville, la campagne ou la vallée de l’Alzette en fonction de la météo. 15 km en moyenne TYPE DE VÉLO
VTT, de course ou électrique, en fonction des conditions et des trajets
Pour le managing director du groupe immobilier IKO, le vélo fait partie d’un équilibre de vie au quotidien et permet d’allier « plaisir et détente. C’est un moment de transition entre le bureau et la maison », résume Quentin Vercauteren, qui dispose d’un certain recul sur la pratique. Être cycliste au Luxembourg, c’est donc « être prudent…, le cycliste n’est pas encore bien respecté ». Et d’ajouter que pour faire du pays une cyclist nation, il faudrait « plus de pistes cyclables, ainsi que mieux penser la place du vélo dans la ville ». Quant à son coup de cœur à partager, il s’oriente vers le sud, direction les Terres Rouges, pour « ses paysages fantastiques, ses chemins techniques et son dénivelé ».
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MARTINE HANSEN CYCLISTE
Depuis l’âge de 6 ans TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
En voiture de Heiderscheidergrund à Colmar-Berg, puis piste cyclable de Colmar-Berg à Luxembourg, soit 62 km aller-retour TYPES DE VÉLOS
De course pour le trajet au travail, de course et VTT pour le loisir
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Sportive régulière et amatrice de dénivelés, la coprésidente de la fraction CSV à la Chambre prend à chaque fois beaucoup de plaisir à rouler à travers les paysages luxembourgeois. Une pratique qui est « le contraire de la roue du hamster, indique-t-elle avec humour. C’est bon pour la santé et pour le moral, j’ai souvent de
meilleures idées en faisant du sport. » Reste à convaincre plus de personnes de changer de mode de déplacement grâce à « une meilleure infrastructure à travers tout le pays. » Quant à son coup de cœur, il se dirige naturellement vers le nord, d’où Martine Hansen est originaire : « L’Oesling, moins de trafic et des parcours variés. »
CORINNE CAHEN CYCLISTE
Depuis… toujours ;-) TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Bonnevoie-centre-ville, environ 2-2,5 km TYPE DE VÉLO
Électrique pour se déplacer et non à des fins sportives
Marcheuse durant ses loisirs, Corinne Cahen opte régulièrement pour le vélo dans le cadre de ses obligations publiques pour « se déplacer rapidement, sans embouteillages, sans devoir trouver une place pour se garer », r ésume la ministre de la Famille et de l’Intégration et à la Grande Région. « Les vélos électriques nous aident énormément à devenir une cyclist nation dans notre ville forteresse avec beaucoup de pentes.
Il faut organiser un bon vivre-ensemble entre les piétons, les cyclistes, les automobilistes, afin que chacun puisse circuler le mieux possible. » Quant à son coup de cœur,il se dirige vers la piste cyclable qui va du Grund vers Bonnevoie – Hesperange – Fentange – Kockelscheuer – Cessange – Merl. « On y faisait déjà du vélo avec mon papa lorsque nous étions enfants, et ensuite nous l’empruntions avec mes enfants. »
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LIONEL FERRANT CYCLISTE
Depuis une dizaine d’années TRAJET PROFESSIONNEL
De Howald jusqu’à Bertrange, soit environ 8 km via la gare centrale et Merl TYPE DE VÉLO
Un compromis entre vélo de ville et cyclotourisme
Pratiquant le vélo depuis sa plus tendre enfance, le CFO d’Orange Luxembourg s’est converti à un usage régulier depuis une décennie. « Le vélo au quotidien offre une parenthèse dans le rythme des journées, indique-t-il. Et les sorties le week-end apportent tous les bienfaits du sport. » Apprécier la diversité des paysages tout en apprenant à gérer la météo et les dénivelés, le cyclisme au Luxembourg ne manque pas de variété, encore moins de voies d’amélioration. « Depuis que je me déplace à vélo à Luxembourg-ville, les infrastructures ont considérablement évolué. Cependant, il conviendrait de continuer le développement des pistes cyclables afin de rendre la pratique du vélo parfaitement sûre. » Sa piste favorite est la numéro 1 (PC1) qui fait le tour de Luxembourg-ville, et notamment la section entre Hesperange et le Grund.
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GERALDINE KNUDSON CYCLISTE
Au travail depuis 6 ans, à Munich (6 km aller-retour), puis au Luxembourg TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Le long de la forêt de Bonnevoie, à environ 1,2 km du bureau TYPE DE VÉLO
Tout-terrain avec 27 vitesses et sans batterie
Pour la CEO de Maison Moderne, vélo rime avec « indépendance – pas de stationnement nécessaire, du mouvement et parfois une douche froide ». Amoureuse du vélo pour tous ses déplacements en ville, Geraldine Knudson indique qu’être cycliste au Luxembourg est « absolument magnifique », même si « ce n’est pas toujours
facile, beaucoup de conducteurs ne font pas attention et les pistes cyclables finissent en queue de poisson ». Et de recommander davantage de voies dédiées, « meilleures et plus sûres, et poursuivre le soutien des aides d’État pour les nouveaux vélos ». Quant à son coup de cœur, direction également la PC1 et le tour de la ville en 43 km.
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GEORGES HEINRICH CYCLISTE
Régulier depuis 3 ans, dans le cadre professionnel TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Piste cyclable PC2 de Senningerberg jusqu’à la banque, entre 25 et 30 minutes TYPE DE VÉLO
De course et électrique en fonction du temps qu’il fait et de l’humeur du jour
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Le secrétaire général de la Banque de Luxembourg ressent les bienfaits du vélo au quotidien. « En été, lorsqu’il fait beau, j’arrive ou je repars du bureau apaisé. En hiver, c’est plus tonifiant ! », précise-t-il en recommandant la « formule gagnante à tous les niveaux » : « c’est bon pour la santé, bon pour l’environnement et cela confère une indépendance dont ne jouit ni l’automobiliste ni l’utilisateur des transports
publics. Ceci dit, parfois, c’est aussi un peu dangereux, mais en général, les conducteurs sont assez respectueux des cyclistes ! » De quoi suggérer la mise en place de shared spaces courants dans beaucoup d’autres cyclist nations en Europe et « y ont favorisé une culture de respect mutuel et d’égalité entre usagers. » Son coup de cœur ? La piste cyclable PC4 d’Ernster à Mertert et ses belles découvertes.
PHILIPPE PENNING CYCLISTE
Depuis l’enfance TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Schifflange-Cloche d’Or pour se rendre au bureau par le bois de Bettembourg à l’aller et par celui de Leudelange au retour (35-40 km). De la Cloche d’Or à la Cité judiciaire par la vallée de la Pétrusse et retour par la Gare (10 km aller-retour) TYPES DE VÉLOS
VTT, de course, électrique et gravel depuis peu
« Amitiés, effort, bagarre, fitness, joie, nature, luxe, calme, équilibre », voici ce qu’apporte le vélo à l’avocat Philippe Penning. Une pratique qui remonte à l’enfance, quand « les enfants se déplaçaient encore seuls à vélo. » Celui qui ne peut se passer du vélo au quotidien encourage tout un chacun à découvrir le pays de la sorte. « Les deux-roues, y compris la moto, sont toujours consi dérés comme un moyen de transport
secondaire, gentilles alternatives à la voiture. Le vélo, c’est pour les autres, tout le monde s’invente une bonne raison pour continuer à emprunter la voiture. Or, il suffirait de donner la priorité aux cyclistes (et aux transports en commun) pour provoquer un changement d’attitude. » Un endroit à recommander ? « Les Terres Rouges, un paradis pour les vététistes, à deux pas de chez tout le monde. » NOVEMBRE 2021
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ALEX REDING CYCLISTE
Depuis 10 ans TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
Contern-Luxembourg, 10 km, 30 min TYPES DE VÉLOS
Plutôt vélo de course et VTT électrique depuis 5 ans
Pour le directeur de la galerie d’art Nosbaum Reding, le vélo est devenu un rituel quotidien qui « lui apporte énormément » sur le plan de la forme et permet de faire une coupure entre la vie personnelle et professionnelle. Celui qui a également fondé la Luxembourg Art Week (en 2015) ne cache pas cependant que la pratique des deux est « très pénible » au Luxembourg, en raison du danger sur la route et du manque parfois d’infrastructures. « Toutes les routes belges ont sur leurs bords, des pistes cyclables, les progrès dans les villes françaises sont énormes aussi… On est loin derrière. »
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SAM TANSON CYCLISTE
Depuis un stage durant ses études TRAJET PROFESSIONNEL HABITUEL
De Bonnevoie jusqu’au ministère de la Culture dans le centre (10 min), ou jusqu’au ministère de la Justice au Kirchberg (25 min) TYPE DE VÉLO
Aujourd’hui principalement électrique
« J’ai découvert le vélo durant un stage prolongé à Hambourg où de nombreuses personnes le pratiquaient déjà. Je l’ai ramené d’abord à Paris puis à Luxembourg où, à l’époque (il y a plus de 20 ans), je me sentais assez seule sur mon vélo », se souvient Sam Tanson. Un moyen de locomotion qui, entre-temps, a fédéré de plus en plus d’adeptes. « Cela me donne une certaine liberté et me permet de m’aérer l’esprit entre deux déplacements et
d’avoir une certaine activité physique. » Entre la détente et la découverte, il n’y a qu’un tour de pédalier que la ministre de la Justice et de la Culture réalise en recommandant ce circuit : « La piste cyclable le long de l’Alzette à Bonnevoie est charmante et mène au centre-ville avec les infrastructures telles que l’ascenseur du Pfaffenthal et le funiculaire, en passant par de nombreux sites historiques et le patrimoine Unesco de la vieille ville. »
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Débat public Les enjeux de la fiscalité internationale devenant de plus en plus complexes, le gouvernement devrait anticiper l’impact des nouvelles règles sur les finances publiques et sur notre modèle de croissance économique. Comment ? En chiffrant l’impact attendu sur le budget et en adaptant au cours du premier semestre 2022 le cadre législatif national aux défis posés par les transitions énergétique et digitale, lesquelles requièrent de nouvelles compétences pour les entreprises et leurs salariés. Cette demande est d’ailleurs cohérente avec la stratégie de la Commission européenne, confirmée dans sa communication récente sur la fiscalité des entreprises pour le 21e siècle. Désormais, les discussions progressent vers une solution globale, en agissant sur la réaffectation des droits d’imposition et sur l’imposition minimale effective. Responsable pour plus de 30 % du PIB national et 75 % des impôts directs des entreprises, la place financière est encore centrale dans l’économie ouverte du Luxembourg. Or elle est fortement exposée aux marchés globaux. Ainsi, l’impact de ces change ments fiscaux sur nos finances publiques et notre économie pourrait être beaucoup plus sensible que pour n’importe quel autre pays européen. Cela soulève plusieurs questions concernant d’une part le transfert partiel du droit d’imposition des pays producteurs vers les pays consommateurs. Imaginons, par exemple, qu’à terme 30 % des revenus issus des consom– mateurs non-résidents ne soient plus imposables au Luxembourg. Quel sera l’impact sur les finances publiques ? Et d’autre part, l’imposition minimale de 15 % : quel surplus d’impôts les multinationales sont-elles prêtes à payer pour agir depuis le Luxembourg ?
Jean-Paul Olinger Directeur de l’UEL
Ce risque de vulnérabilité est encore plus vrai alors que, par exemple, la Grande-Bretagne, l’Irlande et les Pays-Bas adaptent plus promptement leur fiscalité aux nouveaux enjeux fiscaux et environnementaux. Moyennant quoi, en l’absence d’une stratégie déterminée et volontaire du Luxembourg, le risque de délocalisation est bien réel. L’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) voudrait continuer à voir le Luxembourg comme pays pionnier. La digitalisation, la transition énergétique et la formation continue sont nos piliers stratégiques. La fiscalité devrait être l’atout pour les renforcer. Concrètement, en accompagnant les initiatives d’investissement privé prospectif pour ces transitions, en séduisant les talents nécessaires à la réalisation de ces projets et en reconsidérant le régime des retenues à la source des flux financiers. Dans un paysage international où la fiscalité tend largement à se standardiser, il est impératif de concevoir un cadre législatif moderne, de renforcer la sécurité juridique et le dialogue avec les administrés, et d’accélérer la transformation digitale de l’admi nistration. Mobilisons-nous.
Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Ce débat public, en principe mensuel, est un rendez-vous qui donne la parole aux représentants de l’économie privée. Si vous voulez témoigner, contactez la rédaction à l’adresse : temoignage@paperjam.lu. Photo ROMAIN GAMBA
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BRAND VOICE
Private Equity & Real Estate
L’immobilier pour décorréler risque et rendement Contenu sponsorisé par WEINVEST CAPITAL PARTNERS
En offrant un couple rendement-risque favorable, l’investissement dans le private equity ou l’immobilier constitue aujourd’hui une niche pleine d’opportunités pour les investisseurs professionnels ou institutionnels. Comment aller chercher du rendement aujourd’hui ? Pour de nombreux investisseurs, cela passe désormais de plus en plus par des classes d’actifs alternatifs comme le private equity ou le real estate. Ces placements, s’ils ne constituent pas des nouveautés dans le paysage des marchés financiers, intéressent à présent une clientèle plus large, et notamment des investisseurs qui y étaient relativement indifférents jusqu’alors. « Cela fait des décennies que ces classes d’actifs performent bien, explique Philippe Barthelemy, Managing Partner et Cofondateur de WeInvest Capital Partners, société spécialisée dans les investisse ments private equity/real estate. Mais il est vrai que la directive AIFM, en offrant un cadre réglementaire stable, a contribué à renforcer la confiance des investisseurs dans ces placements. Ils ont en effet l’avantage de permettre une diversification du portefeuille d’investissement, avec des actifs concrets offrant des rendements 98
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moins corrélés aux marchés boursiers. » Un seul ticket, plusieurs projets Private equity et real estate peuvent être abordés de mille manières. Pour se démarquer face à une concurrence féroce, il convient de faire des choix audacieux. WeInvest Capital
« La diversification géographique est une autre façon d’optimiser son investissement. » Pierre Thomas Managing Partner et Cofondateur WeInvest Capital Partners
Partners, par exemple, a choisi d’opter pour des projets immobiliers premium, situés dans des zones géographiques privilégiées : Marbella, Courchevel, Miami… « Nous développons des stratégies de niche, qui nous permettent de nous démarquer des acteurs traditionnels. Ceux-ci ont en effet délaissé ce segment », précise Pierre Thomas, Managing Partner et Cofondateur de WeInvest Capital Partners. Le mot « premium » n’est pas galvaudé quand il s’agit de décrire les projets soutenus par le fonds lancé par WeInvest Capital Partners. À Marbella, par exemple, c’est un ensemble de 15 villas, valant chacune 2 à 3 millions d’euros, qui est financé par la société. Idéalement situé, cet ensemble fermé se trouve à 10 minutes du centre et à quelques centaines de mètres de la plage. 11 des 15 villas ont déjà trouvé preneur. À Courchevel, c’est une rénovation énergétique avec surélévation qui est en cours.
Une longue expérience L’équipe de WeInvest Capital Partners compte six profils seniors aux compétences variées : quatre associés et deux collaborateurs qui les assistent. « Chacun a une spécialité : la due diligence, la valorisation, la recherche d’investisseurs, le monitoring, etc., détaille Philippe Barthelemy. C’est cette expertise, constituée au départ de nombreuses années d’expérience dans le secteur financier, qui nous différencie. En outre, nous comptons sur un important réseau à travers le monde, qui nous aide à identifier les meilleures opportunités d’investissement. » Cette structure créée en 2019, qui rassemble donc des personnes disposant d’une longue expérience, capitalise en outre sur son ancrage luxembourgeois. « Cela nous aide à convaincre une clientèle locale et internationale de nous faire confiance », ajoute Pierre Thomas.
Les villas d’exception du projet de Marbella, en Espagne, constituent un investissement unique.
Lever un fonds n’est pas aisé Lever un fonds et parvenir à attirer l’attention des investisseurs n’est pas si simple qu’il n’y paraît. Au-delà des aspects techniques, il faut en effet parvenir à faire preuve d’originalité. « L’originalité peut être recherchée à différents niveaux : en investissant un nouveau segment innovant de l’économie, ou plutôt en se positionnant sur des segments non exploités dans l’économie traditionnelle. Enfin, il faut aussi y croire : nos clients cherchent des gestionnaires qui, à côté d’une analyse rationnelle, font preuve de conviction », détaille Pierre Thomas. En choisissant la niche de l’immobilier premium, WeInvest a fait son choix et rencontré le succès. Et ce n’est pas étonnant : les placements dans l’économie réelle sont aujourd’hui encore sous-représentés dans les portefeuilles des investisseurs.
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Photos
Yves Kortum
« Elle doit permettre à ce bâtiment, datant des années 70-80, d’obtenir une certification environnementale. C’est évidemment un autre facteur auquel nous sommes particulièrement attentifs dans nos investissements », indique Philippe Barthelemy.
« Chacun des six profils seniors de notre équipe a une spécialité renforcée par de nombreuses années d’expérience dans le secteur financier. » Philippe Barthelemy Managing Partner et Cofondateur WeInvest Capital Partners
Équipe locale, grande expertise La niche premium investie par WeInvest Capital Partners offre d’importantes opportunités aux investisseurs qui cherchent à ajuster leur couple rendement- risque. La longue expérience des six membres de son équipe, ainsi que son important réseau immobilier international, permet de tirer le meilleur des nombreuses possibilités qu’offre actuellement le secteur immobilier. « Nous avons toujours travaillé dans ce secteur, et cela nous permet d’aller beaucoup plus vite dans la mise en place des structures dédiées à ces investissements. En outre, cette expertise renforce la pertinence de nos choix, au bénéfice de nos investisseurs », ajoute
Pierre Thomas. Basée à Luxembourg, WeInvest Capital Partners compte aujourd’hui une clientèle privée et avertie. Le gestionnaire ambitionne à l’avenir de toucher plus de clients institutionnels. L’intérêt croissant pour le real estate et le private equity devrait permettre à la structure de poursuivre son développement rapide. « Au-delà du couple rendement-risque favorable que nos produits permettent d’atteindre, les actifs que nous proposons ont aussi l’avantage d’être tangibles, inscrits dans l’économie réelle, diversifiés géographiquement et non soumis aux fluctuations boursières. Cela offre donc une grande sécurité aux investisseurs », relève Philippe Barthelemy. La crise du Covid a d’ailleurs constitué un réel accélérateur de business pour le secteur. « Les individus fortunés se sont rendu compte qu’ils pouvaient travailler depuis n’importe quel pays dans le monde. Ils ont donc acheté des biens immobiliers
de haute qualité dans des lieux plutôt agréables… Ce phénomène a profité à notre activité », ajoute Philippe Barthelemy. Les atouts qui ont fait du real estate et du private equity des classes d’actifs prisées devraient rester d’actualité au cours des prochaines années. L’avenir de ces placements en prise directe avec l’économie réelle semble donc plutôt prometteur…
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Bienvenue au Club ! 100
Business Club
Chers membres, Encore un mois riche en événe ments vient de s’écouler, où nous avons eu le plaisir de rencontrer nombre d’entre vous. Mais aussi que de bonnes nouvelles au Club ! Ce mois d’octobre, nous avons accueilli deux nouveaux membres au sein de notre équipe. Bienvenue à notre nouveau directeur, Artur Sosna, et à Esther Pierard, notre nouvelle relationship & loyalty manager. Tous deux nous apportent un vent de fraîcheur. L’un, avec son expérience dans le business developement, vient également renforcer notre pôle Paperjam Academy avec ses connaissances en matière de formations. L’autre, de son côté, donne une nouvelle orientation à l’accueil des membres, avec une nouvelle formule de notre Petit- Déjeuner Nouveaux Membres, tout en optimisant également la relation avec les membres existants. Je vous invite à la contacter si vous avez besoin d’assistance. Ce 27 octobre, nous avons lancé un nouveau format d’événement : les « Apéro-Talks avec Nathalie Reuter », qui interviewera chaque mois une personnalité luxembour geoise ou internationale. Son premier invité était Luc Frieden, président de la Chambre de commerce. Plein de beaux événements à venir, visitez notre site et inscrivez-vous ! Take care and stay safe!
ANA WISCOUR-CONTER Deputy director Paperjam + Delano Club
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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou internationaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.
Learn Offrez à vos collaborateurs un programme de formation annuel. La Paperjam Academy est un centre de formation continue agréé par l’État, offrant un portfolio ambitieux. Un large choix qui se décline par secteur, métier ou de manière transversale, proposé dans des domaines-clés, avec notamment 500 heures de formation dispensées sur neuf journées par les experts membres du Club.
Le Club en chiffres
Engage Encouragez l’intégration de vos collaborateurs expatriés au Luxembourg en les faisant participer à nos événements Live et dédiés : Delano lives et Let’s Let’s Taste. taste. Le meilleur moyen de rencontrer la communauté des résidents étrangers au Luxembourg ! Créez de la valeur pour vos employés grâce aux événements événements du du Club. Club
1.300 SOCIÉTÉS
C’est le nombre de sociétés qui composent le club d’affaires le plus important du Luxembourg.
18.000 PERSONNES
Jan Hanrion
C’est le nombre de personnes qui font partie de la communauté active du Paperjam + Delano Club et avec lesquelles vous aurez le potentiel d’interagir.
Photos
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ÉVÉNEMENTS Événements physiques et digitaux. Entre conférences, formations, networkings et workshops, ce sont presque 400 événements par an auxquels vous pouvez participer.
500 HEURES
Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur sup plémentaire pour vos employés.
Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !
COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ? Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.
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Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.
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Jean-François Marlière (Marlière & Gerstlauer) Stéphanie Smets (KPMG) Martine Kerschenmeyer (Korn Ferry) David Suetens (State Street)
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Ne manquez pas
Business Club Novembre 2021
Mardi 9 novembre
Mercredi 17 novembre
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Keytrade: Investment Day
Luxembourg est l’un des leaders mondiaux de l’administration et de la distribution des fonds d’investissement. Ces outils irremplaçables de gestion du patrimoine offrent une extraordinaire diversité dans leur composition, leur exposition au risque et leurs perspectives de rendement. Mais comment choisir les thèmes et les instruments dans lesquels investir ? PROGRAMME 15:30 – 22:30
Inscrivez-vous
LIEU ECCL SPONSOR Keytrade CLUB TALK
How to regulate crypto-assets without killing them?
Le bitcoin était censé être l’icône phare de la blockchain qui allait changer le monde de la finance pour toujours. Cela induit un changement fondamental de nos systèmes financiers qui est encore à venir. Mais comment pouvonsnous réguler les crypto-actifs sans les tuer ? Inscrivez-vous PROGRAMME 18:30 – 21:30 LIEU ARHS Building
Mardi 23 novembre CLUB TALK
Talk inspirant : Abandonner ? Jamais !
Réussir à braver toutes les tempêtes sans jamais abandonner, est-ce possible ? Du handicap au succès, découvrez Virginie Delalande lors d’un Talk inspirant et passionné proposé en collaboration avec Banque Degroof Petercam Luxembourg, qui fête ses 150 ans cette année. PROGRAMME 18:30 – 21:30 LIEU Banque Degroof Petercam Luxembourg
Inscrivez-vous
SPONSOR Degroof Petercam
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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
RECOVERY AWA RDS
Résilience
Business Model Innovation
Digitalisation
Solidarité
Partagez votre expérience en participant au concours Paperjam Recovery Awards et donnez de la visibilité à votre société. Remise des prix par le ministre de l’Économie, Monsieur Franz Fayot
JEUDI
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D ÉC E M B R E
18H30 G O L D S P O N SO RS
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O RGA N I SAT E U RS
INSCRIPTION ET RÉSERVATION SUR RECOVERYAWARDS.PAPERJAM.LU
Le programme
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Mardi 9 novembre
Mercredi 17 novembre
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CLUB TALK
Keytrade: Investment Day HORAIRE 15:30 – 22:30 LIEU ECCL SPONSOR Keytrade
Jeudi 25 novembre 10�6
How to regulate crypto-assets without killing them? HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU ARHS Building
Mercredi 10 novembre WEBINAR
Jeudi 18 novembre
Cybersecurity: 10 shades of risk HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Athénée de Luxembourg SPONSORS POST, Cubic Consulting
Jeudi 2 décembre
Develop your employer branding
Journée de workshops
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream
LIEU Abbaye de Neumünster
CLUB TALK
Fiscalité, état des lieux et perspectives HORAIRE 18:30 – 22:30 LIEU Cercle Cité – Cité Auditorium
HORAIRE 09:30 – 17:15
Mardi 23 novembre CLUB TALK
Talk inspirant : Abandonner ? Jamais ! HORAIRE 18:30 – 21:30
SPONSOR BSP
AWARDS
LIEU Degroof Petercam Luxembourg SPONSOR Degroof Petercam
Jeudi 11 novembre
Paperjam Recovery Awards HORAIRE 18:30 – 22:30
THE PLACE
Mercredi 24 novembre
Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Hôtel Novotel Luxembourg Centre
LIEU Athénée de Luxembourg SPONSORS Resultance, Spuerkeess, Chamber of Commerce Luxembourg
Lundi 6 décembre WEBINAR
Comprendre et motiver son équipe HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream
Les coulisses du savoir-faire
Mercredi 8 décembre
Breakfast Nouveaux Membres
HORAIRE 18:30 – 21:30 LIEU Prefalux S.A. SPONSOR Prefalux Construction
HORAIRE 08:15 – 09:30
Mardi 16 novembre
Delano Live: How to move up without burning out?
Networking Circle: C-Levels et IT Managers
LIEU Hôtel Novotel Luxembourg Centre
HORAIRE 18:30 – 21:00 LIEU Rcarré SPONSOR Rcarré
HORAIRE 18:30 – 20:00 LIEU Knokke Out SPONSORS ING, Enovos
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Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Retrouvez le programme complet
Talk inspirant : Abandonner ? Jamais ! Virginie Delalande Avocate
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Réussir à braver toutes les tempêtes sans jamais abandonner, est-ce possible ? Du handicap au succès, découvrez Virginie Delalande lors d’une nouvelle conférence. On dit d’elle qu’elle réalise l’impossible. Sourde profonde de naissance, elle a mis 20 ans pour apprendre à parler sans jamais avoir entendu le son de sa propre voix, suite à quoi elle est devenue avocate pour une simple et bonne raison : on lui disait que c’était impossible. Et pourtant. Mais existe-t-il vraiment des clés pour devenir celui ou celle qui arrive à braver toutes les tempêtes et qui, malgré tout, n’abandonne jamais ? Sa réponse est clairement positive. Elle la partagera avec vous lors de ce rendez-vous.
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18H30 GOLD SPONSOR
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR CLUB.PAPERJAM.LU
Flashback
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“Aviation needs to be sustainable.” Gilles Feith Luxair
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Crédits
Simon Verjus, Romain Gamba, Léo Biewer, Marc Blasius
Vos événements Au-delà de nos traditionnels événements networking mensuels, nos membres ont pu à nouveau découvrir, ces dernières semaines, une pléthore d’événements inspirants. La mobilité était au cœur du sujet de notre dernier 10�6, initié par le vice-Premier ministre 1 François Bausch. Conférence lors de laquelle la durabilité était au centre de chacune des présentations de nos intervenants. Nous remercions encore Enovos, notre principal soutien pour cette soirée. La crise du logement, autre thématique sociétale, était à l’honneur lors d’une grande table ronde réunissant 6 Olivier Bastin (Immobel Luxembourg), 7 Jacques Brauch (Soludec), 8 Marc Giorgetti (Félix Giorgetti), 9 Max Leners (avocat et activiste), 11 Antoine Paccoud (LISER) et 10 Sara Noel Costa de Araujo (Studio SNCDA). Des échanges forts, modérés par Thierry Raizer (Paperjam) et Céline Coubray (Paperjam Architecture + Real Estate), et soutenus par ING Luxembourg. Le 1er Paperjam Real Estate Dinner, organisé fin septembre en partenariat avec ING et INOWAI, a fait salle comble. Nous avons accueilli Madame 3 Lydie Polfer, Bourgmestre de la Ville de Luxembourg, et Monsieur 2 François Trausch, PDG d’Allianz Real Estate, qui s’est exprimé sur l’investissement immobilier et dont le discours a été fortement apprécié par l’audience présente. Lors de notre dernier Delano Breakfast Talk, 5 Pierre-Alexandre Degehet (BSP) a partagé, avec notre communauté anglophone, son expertise sur les droits des actionnaires à la lumière des intérêts des entreprises, au Sofitel Le Grand Ducal. Enfin, c’est l’art moderne qui s’est invité dans nos agendas lors du Degroof Petercam Modern Art Day. Un événement qui a proposé aux néophytes comme aux confirmés deux sessions de workshops ainsi qu’une visite d’exception de l’exposition Close up on Belgian contemporary art, en compagnie de 4 Claire Leblanc (directrice-conservatrice du Musée d’Ixelles). Plus de photos sur
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« Tout projet urbain se fera avec le tramway. » André Von Der Marck Luxtram
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Ma maison
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C’est dans une maison de maître rénovée que Florian Hertweck et Maribel Casas se sont installés avec leur famille.
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Quand l’occasion s’est présen tée d’acheter cette ancienne maison à Differdange, Florian et sa femme Maribel n’ont pas hésité. Pourtant, la maison était en ruine et inoccupée depuis cinq ans. Mais elle présentait un beau potentiel, avec de nom breux éléments anciens encore d’origine, comme les plafonds avec des stucs, le parquet, l’escalier en bois, la cheminée, les vitraux, les garde-corps
en fer forgé… Ils ont choisi de retirer l’extension à l’arrière pour gagner un bout de jardin, et d’en ajouter une à l’avant pour y faire un bureau. L’ensemble a été retravaillé dans une éco nomie de moyens avec des matériaux bruts, des murs lais sés à nu, et dans un grand res pect de l’existant. La cuisine, qui était auparavant dans l’an cienne extension, a été réim plantée à proximité du salon. Seuls la cave et le toit ont dû faire l’objet d’interventions plus lourdes pour mieux isoler la maison. Cela leur a permis d’exploiter le grenier et de l’amé nager en une nouvelle pièce qui sert aujourd’hui de chambre pour les parents, avec une nou velle salle de douche.
Auteur CÉLINE COUBRAY Photos GUY WOLFF
ANCIEN
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1 Dans l’entrée, qui a conservé son caractère ancien, le piano accueille les visiteurs. 2 La cuisine a été réimplantée dans la maison et dessinée par Florian et Maribel. Elle est réalisée avec du bois bon marché servant habituellement à l’emballage. 3 Une fois les vieux papiers peints décollés, les propriétaires ont choisi de laisser les murs tels quels. 4 De nombreux éléments anciens ont été préservés, tels que les stucs ou encore les vitraux. 5 Le grenier a été transformé en chambre et en pièce à vivre, avec un emplacement pour le lit en mezzanine.
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Mon argent
Entre le pilotage de ses voitures de rallye et celui de sa société de consultance en informatique Arhs Group, Jourdan Serderidis garde l’esprit de compétition en tête. Avez-vous un principe quant à l’argent ? C’est toujours bien d’en avoir, mais ça ne doit pas être un objectif en soi. Qu’est-ce qui doit être un objectif en soi ? Être heureux, s’amuser et être bien dans sa peau. Vous avez investi, en 2003, dans la création de votre propre société. Était-ce une bonne affaire ? Financièrement parlant, c’était la meilleure idée possible. J’ai investi presque tout l’argent que j’avais reçu de la vente de mes actions de Cronos Technologies (société créée en 1999 et revendue en 2002, ndlr) et je ne con nais même pas le quotient multiplicateur actuel. Mais c’était vraiment le bon plan. Quel est votre plus mauvais investissement ? [Sourire] J’ai repris, pendant un certain temps, un club de foot dans ma région, à Yvoir (près de Namur, ndlr) et ça a été un échec. C’est la plus mauvaise idée que j’ai eue. On apprend parfois plus des défaites que des succès. Qu’avez-vous appris ? Que certaines personnes ne fonctionnent que par l’argent [rires] et que le respect et la reconnaissance, ce ne sont pas des choses naturelles pour tout le monde. Le monde du football est très volatile et extrêmement superficiel. Avez-vous des passions coûteuses ?
Jourdan Serderidis a reçu le titre de Champion du monde de rallye en 2017.
Le rallye : je m’y suis mis en 2012, quand j’ai rencontré un peu par hasard Sébastien Loeb, en Suède. Ce n’est pas spécialement l’aspect coûteux qui est intéressant, mais le challenge sportif et la complexité de découvrir le monde de ce sport, qui est très particulier. En quoi est-ce si particulier ? Le rallye fait appel à des compétences variées de réflexes, de techniques pures, d’endurance, de concentration, d’intelligence. C’est un sport très complet et, quand on le découvre très tard comme moi (j’avais 48 ans), cela nécessite de donner le meilleur de soi-même et de se dépasser. On a l’impression de vivre intensément, c’est toujours bon. Vous avez donc des voitures de rallye ? Oui, j’ai un team qui possède cinq voitures, qui sont aussi mises à la location. Parfois,
Parti de zéro 110
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je les utilise. Parfois, elles sont louées à d’autres pilotes. Selon vous, pour devenir riche, il faut… ? Je pense qu’il faut ne pas y p enser. Jamais dans ma vie je ne me suis dit : « je vais devenir riche ». Je suis parti de zéro, même du négatif. À l’université, je rentrais chez moi en stop le vendredi. Je me souviens avoir repeint le sous-sol d’un bar pour pouvoir payer mon ardoise. Mais la recette, je pense, est de toujours donner le meilleur de soi-même. Et, en fait, après, ça vient tout seul. Je n’ai jamais regardé au salaire que je recevais comme employé. Je n’ai jamais demandé une augmen tation quand j’étais salarié. Souvent, elle venait toute seule. Qu’est-ce que l’argent ne peut acheter ? Le charisme, le fun et l’amour. Si vous n’avez pas de charisme,
ce n’est pas l’argent qui va vous en donner. Le fun, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Et l’amour, c’est encore plus compliqué. Vous avez reçu le titre de Champion du monde de rallye en 2017. Estimez-vous que la vie est une compétition ? La vie n’est pas une compétition, mais j’adore la compétition. J’ai l’impression que s’il n’y a pas de challenge, je m’endors et je meurs un peu. Dans le business, je suis extrêmement compétitif – c’est peut-être aussi une des raisons du succès. Je ne fais pas de compétition pour gagner de l’argent. J’ai joué très longtemps au football, j’ai gagné de l’argent, mais ça ne m’intéressait pas. Ce qui m’intéressait, c’était la beauté de la compétition : se surpasser. Interview CATHERINE KURZAWA Photo ROMAIN GAMBA
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Keytrade Investment Day
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Alors qu’il est rare de rencontrer les stratèges des fonds d'investissement au Luxembourg, cet après-midi exceptionnel offre l’opportunité de découvrir les convictions, les valeurs et les stratégies qui gouvernent les fonds présentés au public lors de cet événement. Les gestionnaires de fonds seront présents tout l’après-midi et disponibles pour des rencontres personnalisées et des débats lors de deux sessions de trois tables rondes. Ils présenteront un 10�6 Keytrade Bank Luxembourg exclusif. Une occasion unique de préparer vos prochaines décisions d’investissement.
Avec la participation, entre autres, de : Amundi Asset Management AXA Investment Managers Columbia Threadneedle DNCA Finance Luxembourg La Financière de l’Échiquier M&G Investments Pictet Asset Management Jupiter Asset Management
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR CLUB.PAPERJAM.LU
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Hugo Dumas Partner – Head of tax, Mazars Luxembourg Comment définissez-vous votre style ? Imprévu et alternatif. Entre mon métier et ma vie personnelle, je me laisse souvent porter par le contexte et la population présente pour choisir les tenues les plus adaptées. Quel a été votre premier achat mode significatif ? Celui qui me vient à l’esprit est une chemise Sonia Rykiel Homme. Ce qui me permet au passage de rendre hommage à cette grande dame de la mode ! Les pièces les plus fortes de votre garde-robe d’automne ? Mon trench-coat The Kooples, une écharpe Éric Bompard et un pantalon Mason’s. Qu’aimez-vous porter pour un événement exceptionnel ? J’aime miser sur les accessoires, tels que les chaînes de pantalon, les colliers et les bagues. Le nœud papillon fait toujours bien son effet ! Quelle est l’importance de la tenue dans votre métier ? Dans nos métiers business, l’apparence joue toujours un rôle important, même si cela a beaucoup évolué pendant la dernière décennie vers un peu plus de souplesse dans les codes vestimentaires. Le costume bien taillé avec une chemise à boutons de manchette reste quand même une valeur sûre… Votre no-go absolu ? Même s’il est revu et adapté à la nouvelle mode, j’ai beaucoup de mal avec le jogging, à part pour sortir mon chien !
08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.
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Un afterwork en automne 112
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Mon style
Monica da Fonseca Distribution oversight officer en fonds d’investissement, FundRock Comment définir votre style ? Un mot : caméléon ! Quel a été votre premier achat mode significatif ? De magnifiques escarpins Hangisi bleus de Manolo Blahnik. Quelles sont les pièces les plus fortes de votre garderobe d’automne ? Un manteau en renard blanc, une veste en laine Yves Saint Laurent et une jupe en laine Céline. Le tout en vintage, bien sûr ! Qu’aimez-vous porter pour un événement exceptionnel ? Une robe remplie de sequins et de hauts talons. Quelle est l’importance de choisir sa tenue dans votre métier ? Il faut savoir s’adapter au public, à l’événement, à l’endroit et à l’ambiance voulue. Tout est donc possible. Votre no-go absolu ? Pas de no-go ! Tout est une question d’état d’esprit ! Quelles pièces aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Mes sacs et bijoux vintage Chanel, Hermès, Saint Laurent. À mes trois filles. Et une belle montre Rolex à mon fils. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Muse by…, pour ses pièces intemporelles.
130 - 160 signes Monica da Fonseca a été photographiée au Bar Le 18 à l’hôtel Le Place d’Armes et Hugo Dumas à L’Observatoire du Sofitel Le Grand Ducal.
08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.
Interview FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA
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Ma collection
Évoluant dans le secteur de l’immobilier et souvent en déplacement, Isabella Coltan s’est forgé une collection vestimentaire qui lui correspond : à la fois chic et pratique. Les rendez-vous s’enchaînent dans la journée pour Isabella Coltan qui est amenée à beaucoup se déplacer, mais doit aussi assumer un rôle de représentation. Aussi, elle a choisi de combiner le confort à l’élégance en optant pour des tenues adaptées à l’activité intense de ses journées. « Je décrirais mon style comme classique, moderne et sportif, mais toujours avec une touche d’élégance, introduit-elle. Je dois trouver le bon com promis entre être chic et rester libre dans mes mouvements. » Assez grande de taille – Isabella mesure 1,83 m –, elle affectionne particulièrement les combinaisons-pantalons qui mettent en valeur sa silhouette élancée. « À Luxembourg, il faut trouver le bon équilibre entre le classique et l’élégant. Si j’étais dans une ville comme Paris, j’adorerais m’habiller beaucoup plus chic, mais ce serait un peu déplacé ici », avoue-t-elle. Parmi les couleurs qu’elle porte, elle affectionne particulièrement le noir, le vieux rose et le gris clair, une couleur qu’elle trouve particulièrement « chic et jeune ». « En été, j’adore mettre des robes, mais je dois veiller, à cause de ma grande taille, à ne pas être trop extravagante. » Elle aime aussi beaucoup accessoiriser ses tenues à l’aide d’une paire de lunettes, qu’elle préfère « grandes et foncées », ou d’un sac à main coordonné.
Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ROMAIN GAMBA
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antes, ues élég redo des ten c le st e l Trouver te tiques, mais pra Coltan. a ll d’Isabe
À l’aise, avec une touche d’élégance NOVEMBRE 2021
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Ma recette
Après une lon gue journée de consultations, le docteur Marco Macri prend toujours plaisir à cuisiner les bons produits issus de son jardin. La preuve avec cette recette alléchante de gnocchis de saison… Pour 4 personnes Préparation : 55 minutes Cuisson : 5 minutes POUR LES GNOCCHIS 600 g de butternut 300 g de pommes de terre farineuses 250 g de farine 1 gros œuf 1/4 de càs de sel 1 pincée de poivre 1 grosse pincée de noix de muscade POUR LA SAUCE 100 g de beurre 6 à 8 feuilles de sauge Du parmesan ou du pecorino pour l’assaisonnement POUR LE VIN R iesling Ahn « Palmberg » 2018, Domaine Alice Hartmann
plucher la butternut, puis É la couper en fines tranches de 1 centimètre. Faire cuire au four à 180 degrés pendant 30 minutes. La recette fonctionne aussi très bien avec du potimarron ou de la citrouille. n même temps, faire cuire E les pommes de terre dans de l’eau salée pendant 30 minutes également. nsuite, éplucher et écraser E les pommes de terre au pressepurée, ainsi que la butternut cuite au four, et mettre le tout dans un saladier. aisser refroidir légèrement. L Ajouter la farine, l’œuf, le sel, le poivre et la muscade. élanger le tout afin d’obtenir M une pâte homogène lisse. Rajouter de la farine si nécessaire. Puis, laisser reposer 20 minutes environ. nsuite, sur un plan de travail E fariné, découper la pâte réalisée : former à chaque fois un long rouleau de 2 centimètres de diamètre et découper des gnocchis de 2 à 3 centimètres de longueur. aire bouillir de l’eau salée F dans une grande casserole. Pendant que l’eau chauffe, faire fondre le beurre et y ajouter les feuilles de sauge émincées. aire revenir à feu doux penF dant 3 à 4 minutes et réserver. longer les gnocchis dans P l’eau bouillante et attendre qu’ils remontent à la surface en laissant cuire encore 2 minutes. goutter, disposer les gnocchis É dans de belles assiettes et y ajouter par-dessus le beurre fondu assaisonné à la sauge. nfin, parsemer de parmesan E ou de pecorino râpé. Il n’y a plus qu’à déguster !
Gnocchis de butternut au beurre de sauge 116
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Auteur FABIEN RODRIGUES Photos GUY WOLFF
www.maisonmoderne.com
«J’œuvre pour un Luxembourg qualitatif plutôt que quantitatif. » 92 % sont d’accord * * 46% sont complètement d’accord , 33 % sont d’accord et 13 % sont plutôt d’accord.
Extrait du texte Les Évolutionnaires Enquête menée sur Delano.lu et Paperjam.lu durant les mois de juin et juillet 2021 (1.641 participants)
DÉCOUVREZ Les Évolutionnaires
FO N
0 PAR MIKE K 200 OE
DI N ER G
EN DÉ
ÉDITION NOVEMBRE 2021
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Mike Koedinger
Rédaction
DIRECTRICE DES DÉVELOPPEMENTS ÉDITORIAUX
Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu
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COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie 10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare
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La liste
visages du renouveau des partis politiques
Étudiants ou récemment arrivés sur le marché du travail, novices ou déjà expérimentés, idéalistes ou pragmatiques, ceux qui sont aux commandes des sections jeunes des partis politiques sont forcément sur le radar pour remplacer leurs aînés aux affaires. Tour d’horizon de sept profils issus de cette nouvelle génération... qui ne manque pas d’ambition. Auteur P. P. et I. S.
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Tanja Duprez
CO-PORTE-PAROLE DÉI JONK GRÉNG
À 26 ans, sa vie tourne autour de la problématique climatique. Après des études en sciences politiques à Bruxelles et à Cologne, elle travaille en tant que conseillère en politique climatique pour un service du ministère allemand de la Coopération. Mais c’est dès 2016 qu’elle commence à se prendre au jeu de la politique active en se rendant aux réunions des Jonk Gréng « pour avoir la possibilité de parler de mes inquiétudes concernant l’environnement et le climat ». Habitante de Troisvierges, déjà candidate aux législatives et aux européennes, elle reste incertaine quant à sa participation aux prochaines échéances. « Je suis ouverte à tout, mais cela dépendra des conditions et du contexte, où j’habiterai et travaillerai. » Dans tous les cas, elle veut mettre son action et son énergie au service du « but ultime » : ne pas aller au-delà de 1,5 °C de réchauffement climatique au niveau mondial.
Alex Donnersbach
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Tania Mousel
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Tania Mousel
CO-PORTE-PAROLE DÉI JONK LÉNK
Après des études en commerce et en musique qui l’ont menée de la Suède à l’Italie en passant par le Royaume-Uni et la Russie, Tania Mousel est désormais, à 31 ans, chargée de collection à la Bibliothèque nationale du Luxembourg. Côté politique, « j’ai vite découvert que j’étais anticapitaliste et de gauche », se souvient-elle. Mais, si elle a toujours pensé intégrer le KPL, c’est finalement vers déi Lénk qu’elle se tourne au moment du choix concret, en novembre 2017, après les communales. « Ils ont deux députés à la Chambre, donc plus de chances de changer les choses », reconnaît-elle, pragmatique. Habitante de Sanem, candidate dans la circonscription sud aux législatives de 2018, elle se verrait bien réitérer l’expérience lors des prochaines élections locales et nationales. L’occasion d’exposer ses thèmes favoris : les inégalités sociales, le logement et la crise climatique.
Déi Gréng, Maison Moderne (archives), Matic Zorman (archives), DR et ADR
Tanja Duprez
Très intéressé par la politique dès l’école secondaire, et en particulier par la problématique climatique, c’est vers le CSV que se tourne Alex Donnersbach en 2012 – notamment par l’entremise de l’actuel bourgmestre de Bettembourg et lui-même ancien président du CSJ, Laurent Zeimet. Le climat, « ce n’est pas une religion, ce n’est pas y croire ou non, il faut s’y prendre de manière pragmatique », explique celui qui, à 29 ans, n’aime ni la « politique dogmatique » ni les « extrémistes », et qui se dit « en recherche constante de consensus sur les questions importantes, de réflexion, de nuances ». Avocat de profession, le conseiller communal de Walferdange souhaite, pour les prochaines élections, participer au maintien, voire à l’élargissement de la majorité en place (CSV-déi Gréng) qui avait relégué le DP dans l’opposition après le scrutin de 2017. Les législatives de 2023 ? Alex Donnersbach entend bien y participer, comme en 2012, avec l’espoir d’être élu cette fois-ci.
Photos
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Alex Donnersbach
PRÉSIDENT DES CHRËSCHTLECH-SOZIAL JUGEND (CSJ)
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Christian Welter
PRÉSIDENT DES JONK PIRATEN, PIRATEPARTEI
Michael Agostini
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Michael Agostini
Étudiant en 2e année de communication et médias à Rotterdam, Christian Welter est déjà, à 23 ans, conseiller communal de la commune de Pétange. C’est à partir de son investissement pour la protection des animaux et la cause végane qu’il décide d’intégrer la politique – en hésitant entre déi Gréng, déi Lénk et les Pirates. « J’ai lu les programmes, celui des Pirates m’a le plus plu », se souvient-il. Ce n’est que quelques mois après avoir intégré le Piratepartei qu’il participe aux communales de 2017, avant d’être candidat aux législatives et aux européennes. S’il espère « tenir son mandat » aux prochaines communales, Christian Welter tentera aussi à nouveau sa chance aux législatives.
PRÉSIDENT DES JONK DEMOKRATEN (JDL)
À 32 ans, Michael Agostini a déjà l’expérience de deux campagnes pour les communales : une première à Sanem en 2011 et une seconde à Esch-sur-Alzette – où il habite désormais – en 2017. La politique, l’ingénieur en génie civil l’a dans le corps depuis le temps de l’école, où il se sentait oppressé par un système scolaire trop « rigide ». Dans un premier temps fasciné par la personnalité de Jean-Claude Juncker, il se tourne vers le DP dès son premier vote en 2009, rebuté par un CSV « trop réglementé ». « J’ai cherché quelque chose de plus ouvert », explique-t-il. Convaincu par le président des JDL d’alors, Marc Ruppert, de les rejoindre, il en devient le président en 2019. Pour les prochaines élections, « le but est de participer aux communales à Esch, puis aux nationales si le parti me fait confiance ». Avec un sujet en ligne de mire : la crise du logement.
Lisa Kersch
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Christian Welter
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Michel Lemaire
PRÉSIDENT D’ADRENALIN
Michel Lemaire
Lisa Kersch
VICE-PRÉSIDENTE DES JONK SOZIALISTEN LËTZEBUERG (JSL)
Michel Lemaire, 33 ans, habite à Clervaux et travaille actuellement comme attaché parlementaire de la fraction de l’ADR. Après des études de langue et littérature allemandes en Autriche, il s’est dirigé vers la politique pour « donner une voix à mes convictions », explique-t-il. Candidat aux dernières élections communales et législatives de 2017 et 2018, sans accéder au pouvoir, il devrait se représenter aux prochaines échéances de 2023 dans sa localité pour les communales, et dans la circonscription du Nord pour les législatives. S’il a fait le choix de l’ADR, c’est parce que « je me suis très vite identifié à leurs valeurs et leurs idées ».
À 27 ans, Lisa Kersch est coprésidente de l’organisation Jeunes du LSAP aux côtés d’Amir Vesali. Habitante de Pontpierre, elle travaille comme agent de la coopération au sein de la Direction de la coopération au développement, après l’obtention, à Bruxelles, d’un bachelor en sciences politiques et d’un master en relations internationales. La politique a toujours intéressé celle qui est aussi la fille du ministre socialiste du Travail, Dan Kersch. « Ma mère également m’a toujours encouragée à m’engager, à être actrice du changement et à ne pas être inactive », précise-t-elle. Lisa Kersch a été porte-parole de l’Union nationale des étudiant-e-s du Luxembourg (Unel). Celle qui fut candidate aux dernières élections européennes derrière Nicolas Schmit et Marc Angel pourrait également se présenter aux prochaines échéances électorales de 2023.
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Crédits
Qu’est-ce qui fait rouler Stéphane Bailly ? Le président et propriétaire du groupe automobile européen basé au Luxembourg Car Avenue répond, entre autres, à cette question en page 28 Pour les jeunes générations au travail, la hiérarchie et le salaire ne sont plus les seuls carburants de leur engagement professionnel, comme l’explique, en page 46, la coach certifiée et fondatrice du cabinet P’op Béatrix Charlier, à l’occasion de la parution de son premier ouvrage Une jeunesse au travail à la recherche de sens, mais aussi d’employeurs qui font de la préservation de l’environnement un élément structurant de leur stratégie. Or, l’effort collectif en faveur du climat est plus que jamais nécessaire, comme l’explique le directeur du département Environmental Research and Innovation (Erin) du List, Lucien Hoffmann, en page 58 De la réduction des émissions de CO2 jusqu’aux infrastructures publiques, le projet de budget 2022 reflète le grand écart auquel doit se plier le gouvernement en cette période de relance économique. Première analyse de la feuille de route budgétaire, en page 54, avec Muriel Bouchet, directeur de la Fondation Idea Le président d’André Losch Fondation, Pit Reckinger, dévoile quant à lui, en page 50, les contours du futur auditoire financé par la fondation qui sera érigé au Kircherg et légué ensuite à l’Université Forcées, pour certaines, de se lancer dans ce grand bain en raison de la fermeture, en 2020, des points de vente physiques à la suite de la pandémie de Covid-19, les PME ont encore beaucoup à gagner en se digitalisant, comme l’illustre le dossier Enjeux en page 68 La rubrique Data Dada de ce mois – en page 26 – est consacrée aux métiers du droit, dont la croissance reflète celle de l’économie Côté politique, découvrez en page 120 les sept têtes pensantes des sections jeunes des partis politiques Qu’est-ce qui fait rouler les décideurs à vélo ? 11 chef(e)s d’entreprise, responsables politiques ou d’institutions partagent en photo leur attachement à la petite reine, et surtout leur mode de vie en deux-roues, en page 84 De deux à quatre roues, l’entrepreneur et dirigeant d’Arhs, Jourdan Serderidis, évoque sa passion des sports moteurs et se livre, en page 110, sur son rapport à l’argent. Lui qui est parti de zéro et qui dirige aujourd’hui un groupe de plus de 1.800 consultants Pour une inspiration culinaire, rendez-vous en page 116 avec la recette de gnocchis de butternut au beurre de sauge proposée par Marco Macri.
Romain Gamba et Guy Wolff
Clin d’œil