NOVEMBRE 2020
Green economy
« Le Luxembourg
est un mauvais élève, mais il pourrait être un bon exemple » Romain Poulles Président du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD)
Sustainable Finance The tide is changing in the financial world and sustainable finance is emerging as the future of the industry. Dive in today, thrive tomorrow. It’s decision time
Visit: kpmginfo.lu/DiveInToday
www.kpmg.lu
© 2020 KPMG Luxembourg, Société coopérative, a Luxembourg entity and a member firm of the KPMG network of independent member firms affiliated with KPMG International Limited, a private English company limited by guarantee. All rights reserved.
Édito #Avenir
www.maisonmoderne.com Téléphone : 20 70 70 E-mail : publishing@maisonmoderne.com Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux : 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie fondateur
Mike Koedinger ceo
Geraldine Knudson directeur administratif et financier
Etienne Velasti
Rédaction Téléphone : (+352) 20 70 70-100 Fax : (+352) 29 66 19 E-mail : press@paperjam.lu Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg directeur de la publication
Mike Koedinger
directrice des développements éditoriaux
Nathalie Reuter rédacteur en chef
Thierry Raizer rédacteur en chef adjoint
Nicolas Léonard journalistes
Jean-Michel Lalieu, Pierre Pailler free-lances Alex Barras, Quentin Deuxant, Sébastien Lambotte, Michaël Peiffer, Jeanne Renauld photographes
Romain Gamba, Jan Hanrion, Matic Zorman correction
Pauline Berg, Lisa Cacciatore, Sarah Lambolez, Elena Sebastiani Agence et studio graphique directeur de l’agence Mathieu Mathelin directeur de la création
Jeremy Leslie
head of production
Stéphanie Poras-Schwickerath head of art direction
Vinzenz Hölzl
directeur artistique
Marielle Voisin
manufacturing manager
Myriam Morbé mise en page
Sophie Melai (coordination), Juliette Noblot, Marielle Voisin Régie publicitaire Téléphone : (+352) 20 70 70-300 Fax : (+352) 29 66 20 E-mail : regie@maisonmoderne.com directeur associé
Francis Gasparotto assistante commerciale
Céline Bayle
natureOffice.com | DE-261-JYACEBD
Un réflexe à bannir L’équivalent d’une carte de crédit. Matérialisée par la WWF, la quantité de microplastique ingérée chaque semaine par les individus a de quoi interpeller. Or, 80 à 85 % des détritus retrouvés sur les côtes de l’UE sont formés par ce plastique qui se retrouve jusque dans nos assiettes. Si le Luxembourg veut faire figure de bon élève à ce sujet, le chemin est encore long. Avec un taux de recyclage des déchets d’emballage plastique se situe autour de 30 % depuis plus de 10 ans, le pays est plutôt parmi les derniers de la classe. Des efforts sont nécessaires pour atteindre les 50 % de recyclage d’ici 2025 fixés par l’UE. Mais la bataille se jouera probablement en amont du recyclage, souligne la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (Déi Gréng), dans cette édition. Avec comme corollaires une limitation des emballages, la réutilisation ou l’écoconception. L’UE poursuit cette même ambition en bannissant un certain nombre d’objets en plastique jetables de notre quotidien : cotons-tiges, couverts, pailles ou gobelets. Mais le Luxembourg vise plus loin en généralisant cette méthode à tous les objets, quelle que soit leur matière, pour éviter que le carton à usage unique ne devienne le plastique de demain. Car le véritable enjeu est bien d’agir sur le comportement typique d’une société de l’hyperconsommation : utiliser une fois puis jeter. Le changement de paradigme est annoncé. Portera-t-il ses fruits ? La réponse dépendra de l’engagement de chacun, tant du côté des entreprises que des citoyens, pour aboutir à une économie circulaire réaliste. Si certains chiffres sont peu glorieux, la stagnation de la masse totale de déchets plastiques depuis quelques années – et ce malgré l’augmentation de la population – est un signal encourageant. L’esquisse d’un début de prise de conscience collective face à la partie émergée de l’urgence environnementale.
Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ? Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler ! Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur. © MM Publishing and Media SA. (Luxembourg) Maison Moderne ™ is used under licence by MM Publishing and Media SA. — ISSN 2354-4619
Auteur PIERRE PAILLER
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
3
Investing in Megatrends
Future stories are written today. Seriously? Seriously. Printable body parts, self-driving land machines, living with a robot or freshwater from the desert – this may sound like sci-fi but it isn’t. These are only some examples proving that our future is transformed by megatrends. And that makes them a trendsetting investment opportunity. Fidelity identifies and analyses chances like these and transforms them into actively managed funds. Find out more on how technological progress, demographic change and sustainability will influence our lives and how to build a future-proof portfolio with these megatrends. The value of investments can go down as well as up so you may get back less than you invest.
This information must not be reproduced or circulated without prior permission and is not directed at, and must not be acted upon by persons inside the United States. Fidelity only offers information on products and services and does not provide investment advice based on individual circumstances. Fidelity International refers to the group of companies which form the global investment management organisation that provides information on products and services in designated jurisdictions outside of North America. Fidelity, Fidelity International, the Fidelity International logo and F symbol are registered trademarks of FIL Limited. Issued by FIL (Luxembourg) S.A., authorised and supervised by the CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier). CL19031203/2003
Green economy Novembre 2020
06 LE RADAR
L’électrochoc vert 08 LE JOUR OÙ…
… Luxlait a décidé de minimiser son impact environnemental 10 Dossier
LE PLASTIQUE N’EST PLUS FANTASTIQUE 12 ENVIRONNEMENT
Vers la fin du plastique jetable
p. 4 8 Romain Poulles, président du Conseil supérieur pour un développement durable.
16 EN EUROPE
La gestion laborieuse du plastique
42 PETITS CHANGEMENTS DU QUOTIDIEN
4 conseils pour passer en mode zéro déchet
18 CAROLE DIESCHBOURG (MINISTRE DE L’ENVIRONNEMENT)
« Réutiliser est toujours le bon choix »
44 ACTIVITÉS
Les métiers de la transition écologique
22 RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE
Vivre sans plastique à usage unique
50 L'EXEMPLE DE WILTZ
Circulez, il y a tout à voir ! 56 ROMAIN POULLES (CONSEIL SUPÉRIEUR
28 NANCY THOMAS ET CHRISTIAN SCHARFF (IMS)
POUR UN DÉVELOPPEMENT DURABLE)
« La plus grande opportunité depuis 200 ans »
«Ignorer les enjeux de durabilité, c’est se mettre hors du marché » 32 REVALORISATION DES DÉCHETS
58 CONSOMMATION
Crédits
Jan Hanrion et Shutterstock
Trier pour mieux recycler 36 FINANCEMENT
Cartes blanches 40 RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE
« La conscience climatique a évolué »
Le juteux business du bio 64 TECH FOR GOOD p. 1 2 Le plastique à usage unique dans le viseur de l’UE.
Quand les start-up se mettent au vert 66 FORECAST
Comment œuvrer pour le climat au quotidien ? NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
5
Le radar
L’électrochoc vert CONSEILS
CARTOGRAPHIE
Dix gestes pour réduire son impact environnemental.
Binsfeld
Le poids des énergies renouvelables au luxembourg
Heinerscheid
11,5 MW
6,3 MW 20,7 MW
Lentzweiler 1,0 MW
1
2
Emprunter les transports en commun et favoriser la mobilité douce plutôt que la voiture. Covoiturer lorsque les déplacements en voiture sont inévitables.
3
Limiter ses déplacements en avion pour les courtes distances.
4
Opter pour un contrat d’électricité produite au départ d’énergies renouvelables.
5
6
7
8
9
10
INSTALLATIONS PHOTOVOLTAÏQUES
Wincrange
PROJETS PHOTOVOLTAÏQUES
23,1 MW
Roullingen Goesdorf
Doennange Derenbach
12 MW
5,2MW
Améliorer l’efficacité énergétique de son logement en choisissant, par exemple, des appareils électroménagers performants.
Réparer, donner, échanger, au lieu de jeter.
1,5 MWth
21 MW
13 MW
PARC ÉOLIEN
Holzthum
Weiler
PROJET ÉOLIEN CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE
Harlange-WatrangeTarchamps
Kehmen-Heiderscheid 19,65 MW 16,5 MW
11,75 MW
Feulen 3MW
Redangesur-Attert 1,5 MW 11,5 MW 1,22 MW
Colmar-Berg 5,79 MW
Reimberg 1,2 MW
1,36 MWth
Rosport
Junglinster Gonderange Beidweiler
Roost
11,5 MWth
7 MW
Burer Bierg
5,0 MW
1,3 MW 5,23 MW
Préférer les produits de saison et locaux, non transformés et non emballés.
Limiter sa consommation de biens de luxe et non essentiels.
COGÉNÉRATION BIOMASSE
16,7 MW
Esch-sur-Sûre
Réduire sa consommation de viande et de protéines animales.
Réduire sa production de déchets, en créant un compost et en favorisant les produits non emballés.
BIOGAZ
Hosingen Putscheid
8 MW
Mompach 3,2 MW
Mensdorf
Grevenmacher
1,05 MW
Garnich Steinfort
6,4 MW
7,8 MW
Luxembourg-Kirchberg
Mamer
9,5 MWth
1,32 MW
1,0 MW
Contern
Bascharage
6,3 MW
1,0 MW
Sanem
27,8 MWth 4,99 MW
Differdange 3,05 MW 6 à 9 MW
Foetz
1,0 MW
Bettembourg 2,43 MW
Ellange 1,27 MW
Schengen 4,5 MW
6
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Les technologies destinées à combattre le changement climatique progressent sur le territoire grand-ducal. On ne parlera évidemment pas d’une production d’électricité verte de masse, mais les parcs photovoltaïques et éoliens ainsi que les centrales à biomasse trouvent peu à peu leur place dans le paysage.
PRODUCTION
3 QUESTIONS À
Le mix électrique
NICOLAS SANITAS
Production nette d’électricité en 2019 En GWh
281
300
35
250 200
Manager au sein d’InTech et organisateur de Lux4Good, premier hackathon dédié à la tech for good au Luxembourg
Les différentes sources d’électricité au Luxembourg (puissance installée en MW fin 2019)
17
Qu’est-ce que la tech for good ? Le terme tech for good rappelle que les nouvelles technologies peuvent servir le bien commun et contribuer à soutenir et amplifier des projets répondant à des défis environnementaux, sociétaux ou sociaux.
94
192 160
34
130
150
106
103 100
160
71
136
50
12
0 GAZ NATUREL PHOTOVOLTAÏQUE
RENOUVELABLE
HYDROÉLECTRICITÉ BIOMASSE
ÉOLIEN
BIOGAZ
INCINÉRATION DE DÉCHETS
CONSOMMATION
Forte poussée des électrons verts
Un besoin stable
L’énergie verte prend une place de plus en plus prépondérante dans la production locale. En 2019, elle représente un peu plus de 80 % de l’électricité produite avec un total de 851 gigawatts/heure (GWh). Au niveau de la consommation totale du pays, elle n’atteint pourtant que 12,2 %, le Luxembourg important actuellement 84 % de ses besoins en électricité. Si la production nationale se remet à augmenter, c’est en partie lié aux nouvelles installations photovoltaïques, à l’éolien et à la biomasse. La production verte a ainsi doublé entre 2015 et 2019, passant de 400 à 800 GWh.
La consommation globale du pays pour tous types d’énergie En GWh 8.000
6.371
6.522
6.546
6.611
6.555
2015
2016
2017
2018
2019
6.000
4.000
2.000
0
TENDANCES
Production vs consommation En GWh 1.500
15 %
1.220 1.200
900
920 680
1.040
12 %
710
9 %
600
6 %
300
3 %
0
2015
2016
2017
2018
PRODUCTION À PARTIR DE SOURCES D’ÉNERGIES RENOUVELABLES
2019
0
PRODUCTION TOTALE DE TOUTES LES CENTRALES (HORS POMPAGE) POURCENTAGE RENOUVELABLE DANS LA CONSOMMATION TOTALE
Concrètement, comment la technologie peut-elle être mise au service de projets ayant un impact positif sur l’environnement ? Nous accompagnons par exemple depuis deux ans le projet « Survcoin », porté par Jean Lasar, de l’asbl Climate Action Blockchain. Le survcoin est une monnaie virtuelle qui vise à récompenser les efforts entrepris pour réduire notre empreinte carbone. Nous avons d’abord aidé Jean Lasar à mettre en œuvre une version de son application, simple mais tangible, afin qu’il puisse convaincre des bailleurs de fonds et des partenaires. Au début de cet été, nous avons connecté cette application au service Vël’OK, qui met à disposition des vélos en libre service dans la région d’Esch-sur-Alzette. À chaque fois qu’une personne se déplace en Vël’OK, elle gagne des survcoins, qui peuvent être valorisés dans l’écosystème local. Survcoin travaille par exemple au développement de partenariats avec des maraîchers locaux qui pourraient proposer une ristourne aux clients qui paieraient une partie de leurs achats avec des survcoins. Comment la tech for good se développe-t-elle au Luxembourg ? Nous sommes encore aux prémices. La France, par exemple, est beaucoup plus avancée. C’est davantage une ques tion de taille de marché que de volonté ou de culture. Je pense toutefois qu’aucun mouvement ne peut évoluer rapidement si les acteurs de la tech for good ne se fédèrent pas. C’est nécessaire si l’on veut donner une visibilité au domaine et avancer davantage dans ce sens.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
7
Le jour où…
... Nous avons décidé de minimiser notre impact environnemental Luxlait a mis en œuvre une politique volontariste de mesure et de réduction des incidences environnementales de l’ensemble de son activité. Parce que ce qui est bon pour la planète peut être bon aussi pour l’entreprise. Explications avec son directeur, Gilles Gerard.
8
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Matic Zorman
Gilles Gerard invite tous les acteurs industriels à envisager tous les leviers d’optimisation environnementaux à leur disposition.
Photo
« Quand j’ai repris la direction de Luxlait il y La démarche se prolonge dans le choix des a bientôt trois ans, j’ai constaté que le marché emballages, en privilégiant ceux qui sont les était peu conscient des efforts entrepris par plus respectueux de l’environnement. Nous notre coopérative en termes de durabilité et regardons actuellement à privilégier des conted’écoresponsabilité. Si nous étions déjà enga- nants produits en plastique biosourcé, autregés dans une démarche durable, j’ai souhaité ment dit, fabriqués grâce aux déchets végétaux, inscrire l’ensemble de notre activité dans une et non à partir de pétrole. logique d’amélioration continue au service de l’environnement. Que l’on parle de la réduc- Déployer une telle politique part d’une démarche tion ou du tri des déchets liés à la production, volontariste. J’explique souvent que nous ne de la consommation de l’eau ou de l’énergie, souhaitons pas subir le marché, mais bien ou encore de l’utilisation d’emballages plus contribuer à une transition aussi inévitable respectueux de l’environnement, nous éva- qu’essentielle. J’invite d’ailleurs tous les acteurs luons désormais de manière continue une industriels à envisager tous les leviers d’opticentaine d’indicateurs attachés au volume de misation environnementaux à leur disposition. production, avec la volonté de réduire notre Au-delà de l’engagement en faveur de la plaimpact sur l’environnement. nète, une telle démarche est bénéfique pour le développement de l’activité. Au niveau opérationnel, la démarche s’envisage avec les équipes, en restant ouverts aux En cherchant à réduire ses émissions de CO2, possibilités qui s’offrent à nous pour un déve- on parvient le plus souvent à réduire sa consomloppement plus responsable. Nous trions mation énergétique, à améliorer sa rentabiaujourd’hui 65 types de déchets différents lité et à augmenter la qualité. afin de mieux les revaloriser. Nous allons investir pour renforcer notre installation de Le retour sur investissement doit évidemment panneaux photovoltaïques dans le but de pas- être pris en considération. Mais en évaluant ser d’une puissance actuelle de 0,5 MWc à ces enjeux en permanence afin de minimiser 1,9 MWc. Cela permettra une réduction de son impact, en restant ouvert aux évolutions l’empreinte carbone de +/- 750 tonnes de CO2. technologiques, en intégrant les critères À côté de cela, nous avons diminué notre d’écoresponsabilité dans le choix de ses fourconsommation électrique en généralisant le nisseurs et partenaires, on peut trouver de recours aux LED et aux pompes à chaleur. nouvelles possibilités de développement bénéL’usage de l’eau, qui est uniquement utilisée fiques à la fois pour la planète et pour l’enchez Luxlait pour le nettoyage des installa- treprise. De cette manière, on découvre alors tions, fait l’objet d’un suivi régulier, avec la qu’il est possible de faire évoluer progressivolonté de préserver cette ressource précieuse. vement toute sa production dans une logique L’eau usée est directement traitée sur site, au vertueuse et de tendre vers une économie sein de notre station d’épuration, pour être circulaire. » rendue à la rivière la plus proche avec une qualité supérieure à celle exigée par les normes en vigueur. Aujourd’hui, nous envisageons la mise en place d’une unité de méthanisation, permettant de récupérer de l’énergie au départ des déchets organiques issus de la production. Auteur S. L.
Asset Management Wealth Management Asset Services Alternative Investments
Une économie responsable. Le contraire n’est plus viable.
Clearcut #1, Palm Oil Plantation, Borneo, Malaysia, 2016 (détail), photo © Edward Burtynsky, Courtoisie Flowers Gallery, Londres / Nicholas Metivier Gallery, Toronto.
Pictet & Cie (Europe) SA 15 Avenue John F. Kennedy 1855 Luxembourg +352 46 71 711 groupe.pictet
Dossier
Le plastique n’est plus fantastique
10
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
De la responsabilité sociale des entreprises à la prise de conscience citoyenne, un mouvement collectif est en marche pour apporter une réponse à un enjeu qui dépasse la somme des intérêts collectifs : préserver notre environnement. Abîmé par les conséquences du mode de vie des « pays développés », ce même environnement est aujourd’hui considéré, non pas comme un élément de la chaîne de consommation, mais bien comme la condition sine qua non pour conduire toute activité. Dans un monde qui devrait être durable par défaut, les modèles sont repensés, les usages profondément revus, comme celui du plastique, qui est devenu le symbole d’une époque. Un paradigme « green » qui se décline déjà au quotidien dans l’économie et la sphère politique. Les bons exemples ne manquent pas. Les retours sur investissement non plus. NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
11
Environnement
Vers la fin du plastique jetable
Photos
Shutterstock_ Picsfive
À compter du 3 juillet 2021, les États membres de l’Union europénne devront avoir transposé la directive relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environ nement. Avec quels impacts pour les fabricants, les consommateurs et la nature ? Si les déchets que nous produisons coulent dans les fonds marins pour la majorité d’entre eux, certains échouent sur les côtes. 80 à 85 % des détritus retrouvés sur les plages de l’Union européenne sont en plastique. Les produits en plastique à usage unique représentent 50 % d’entre eux (20.000 tonnes par an) tandis que les articles de pêche abandonnés, perdus ou rejetés – filets, lignes, pièges, etc. – comptent pour 27 % d’entre eux (11.000 tonnes par an). Pour limiter la pollution plastique et les déchets sauvages, l’Union européenne a adopté, l’an dernier, une directive relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement, en particulier le milieu aquatique. Cette réglementation, qui doit être transposée dans la législation des États membres avant le 3 juillet 2021, introduit de nouvelles restrictions. Finis les cotons-tiges, les assiettes, les couverts et les gobelets en plastique que l’on utilise une seule fois ! Les dispositions de la directive banniront en effet une série de produits en plastique jetables de notre quotidien. « Cette législation est un premier pas important vers l’élimination du plastique à usage unique. Elle se concentre sur les articles les plus répandus sur les plages européennes, ceux-ci représentant environ 86 % des plastiques à usage unique qui y sont retrouvés », explique Sophie Öberg, deputy director d’IMS Luxembourg. Mais de quoi parle-t-on exactement lorsque l’on évoque un produit en plastique à usage unique ? La directive se réfère à « un produit fabriqué entièrement ou partiellement à partir de plastique et qui n’est pas conçu, créé ou mis sur le marché pour accomplir, pendant sa durée de vie, plusieurs trajets ou rotations en étant retourné à un producteur pour être rempli à nouveau ou réuti-
CES PAYS PRÉCURSEURS Plusieurs pays se sont déjà engagés en faveur d’une interdiction des produits en plastique à usage unique. Exemples parmi les précurseurs.
Le Bangladesh Ce pays d’Asie du Sud fait figure de pionnier en la matière puisqu’il a été le premier, en 2002, à interdire les sacs en plastique jetables. Une soixantaine de pays ont depuis suivi ce mouvement.
L’Irlande En 2002 également, l’Irlande n’a non pas interdit les sacs en plastique, mais elle a imposé une taxe sur ces produits, ce qui a permis de réduire leur consommation de 90 % en à peine un an.
Haïti Cet État a quant à lui été le premier à bannir une série de produits en plastique jetables – plateaux, barquettes, bouteilles, sachets, gobelets et assiettes en polystyrène – dès 2013.
Le Costa Rica Pays vert d’Amérique centrale, le Costa Rica a été le premier à annoncer, en juillet 2017, sa volonté de supprimer tout le plastique à usage unique d’ici 2021.
La République dominicaine Bien qu’elle l’ait déclaré plus tard que le Costa Rica, la République dominicaine a interdit tous les produits en plastique et en polystyrène à usage unique depuis le début de l’année 2019.
lisé pour un usage identique à celui pour lequel il a été conçu ». À partir de mi-2021, neuf catégories de produits en plastique à usage unique ne pourront donc plus être mises sur le marché au sein de l’Union. Sont concernés : les cotonstiges, les couverts, les assiettes, les pailles, les bâtonnets mélangeurs pour boissons, les tiges fixées en tant que supports à des ballons de baudruche, les récipients pour aliments destinés à être consommés immédiatement, les récipients pour boissons et enfin les gobelets pour boissons. Souvent adoptés lors d’une consommation « nomade », ces produits courants, à usage rapide, sont rarement recyclés et sont davantage susceptibles de devenir des déchets sauvages. Bien plus qu’une interdiction Certains articles en plastique à usage unique devront également répondre à quelques exigences pour pouvoir être mis sur le marché. Les bouteilles pour boissons ne pourront être commercialisées que si leur bouchon reste attaché au récipient lors de son utilisation. De plus, les bouteilles fabriquées majoritairement à partir de polyéthylène téréphtalate (PET) devront contenir au moins 25 % de plastique recyclé à partir de 2025, et 30 % à partir de 2030. Ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes pour réduire la pollution marine. C’est pourquoi la directive n’agit pas seulement en amont, en incitant les États membres à réduire leur consommation de plastique jetable et en limitant les produits à usage unique disponibles, mais également en aval. « Un accent important est ainsi mis sur la collecte séparée des déchets en plastique, en vue de leur recyclage. D’ici 2029 au plus tard, les États membres devront parvenir à collecter au moins 90 % des bouteilles en plastique à usage unique pour boissons d’une capacité maximale de trois litres, y compris leurs bouchons et couvercles, mises sur le marché », précise Sophie Öberg. Cet objectif pourrait par exemple être atteint en établissant un système de consigne, comme c’est déjà le cas pour certaines bouteilles en verre. Par ailleurs, selon le principe du « pollueur-payeur », des obligations incomberont aux producteurs et fabricants d’une série d’articles en plastique à usage unique. Ils devront couvrir une partie des coûts induits par la production de ces articles, dont, par exemple, les coûts de la collecte des déchets issus de ces produits, ainsi que les coûts du nettoyage, du transport et du traitement des dépôts sauvages issus de ces produits qui, jusqu’à présent, sont supportés par le secteur public et par certains acteurs privés. Alors que les filtres à cigarettes constituent le deuxième produit en plastique à usage unique le plus retrouvé sur les plages de l’Union européenne, l’industrie du tabac, notamment, est visée par ces dispositions. NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
13
Environnement
ÉQUIPEMENTS ÉLECTRIQUES ET ÉLECTRONIQUES 2%
BUDGETS CUMULÉS PRÉVUS PAR LES ÉTATS MEMBRES DE L’UE POUR FIN 2019
AUTRES 11%
2.441.456.370 € Budget prévu pour le traitement biomécanique, le traitement thermique, l'incinération et la mise en décharge 1.998.951.351 € Budget prévu pour la réduction, le tri et le recyclage
OÙ LE PLASTIQUE RECYCLÉ EST UTILISÉ AUJOURD'HUI ?
DÉPENSES CUMULÉES DES ÉTATS MEMBRES DE L’UE POUR FIN 2019
Sur un total de 4 millions de tonnes
EMBALLAGES 24%
Une production à réinventer, une demande à combler Face à ces dispositions, les industriels doivent dès à présent réfléchir à apporter les changements qui s’imposent à leurs produits. « Ces mesures impliquent de revoir les matériaux qu’ils emploient, de se tourner vers des matières premières plus durables, mais aussi de mieux concevoir leurs produits pour qu’ils puissent être réutilisés, collectés et recyclés. Les fournisseurs s’adaptent donc pour être en conformité avec la réglementation à venir, mais également afin de répondre à la demande de plus en plus soutenue des consommateurs pour des produits davantage respectueux de l’environnement. Pour un certain nombre de produits qui vont être interdits GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
BÂTIMENTS ET CONSTRUCTIONS 46%
SOPHIE ÖBERG Deputy director, IMS Luxembourg
« Pour un certain nombre de produits qui vont être interdits l’an prochain, il existe des solutions de remplacement fonctionnelles et plus durables. »
609.640.292 € Dépenses liées à la réduction, au tri et au recyclage 402.124.115 € Dépenses liées au traitement biomécanique, au traitement thermique, l'incinération et la mise en décharge
l’an prochain, il existe ainsi aujourd’hui des solutions de remplacement fonctionnelles et plus durables, qui permettent un usage répété », souligne Sophie Öberg. La directive européenne souhaite ainsi répondre à une demande croissante des Européens. Selon une enquête Eurobaromètre menée fin décembre 2019, les citoyens de l’Union européenne considèrent en effet le changement climatique, l’augmentation du volume de déchets, la pollution de l’air et la pollution marine comme les enjeux environnementaux les plus importants. La majorité des répondants s’inquiète également des impacts sur l’environnement des microplastiques (88 %) et des produits en plastique de la vie courante (89 %). Impacts concrets et conséquents À travers cette directive, c’est donc l’ensemble de la chaîne de production et de consommation que l’Union européenne souhaite faire évoluer afin de diminuer la quantité de déchets plastiques que nous produisons, mais également afin de réduire leur impact environnemental. « Cette directive est vue comme une étape dans la stratégie européenne vers la mise en place d’une économie circulaire et vers la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies », confie la deputy director d’IMS. Au Luxembourg, certains acteurs se sont engagés dans cette voie bien avant la publication de la directive européenne. « Nous avons créé le manifeste Zero Single-Use Plastic dès 2018 afin de proposer à nos membres des actions concrètes visant à éliminer le plastique à usage unique au sein de leur organisation
Cour des comptes européenne sur la base de données du site: cohesiondata.ec.europa.eu représentant la situation au 31 décembre 2019 et PlasticEurops, chiffres fin 2019
AGRICULTURE 13%
Certains produits en plastique à usage unique – serviettes hygiéniques, tampons, lingettes humides pour usages corporels et domestiques, produits du tabac avec filtres et gobelets pour boissons – devront aussi être marqués de manière spécifique, afin d’informer le consommateur de la présence de plastique et des effets nocifs sur l’environnement provoqués par le dépôt sauvage ou d’autres moyens d’élimination inappropriés de ce type de produits. Il s’agit également, à travers ce marquage, d’informer le citoyen quant aux solutions adéquates de gestion de ces déchets. Enfin, les États membres devront mettre en place des mesures de sensibilisation des consommateurs à propos des impacts néfastes de l’utilisation de produits en plastique à usage unique et des solutions qui existent pour gérer ce type de déchets.
14
ARTICLES MÉNAGERS, LOISIRS ET SPORT 1%
Maison Moderne (Archives) Source
Selon le Parlement européen, les emballages représentent 40 % de la production de plastique au sein de l’Union européenne. 22 % concernent les produits ménagers et de consommation domestique, 20 % le secteur de la construction, 9 % les voitures et les camions, 6 % les équipements électriques et électroniques, et enfin 3 % l’agriculture. Parmi les déchets en plastique produits – tous types confondus –, 39 % sont incinérés, 31 % sont mis en décharge et seulement 30 % sont recyclés. Cette proportion tend toutefois à croître. Le taux de recyclage pour les emballages en plastique au sein de l’Union était par exemple supérieur à 42 % en 2016, alors qu’il n’atteignait encore que 24 % en 2005. La Lituanie, la Suède, les Pays-Bas, la Bulgarie, la Tchéquie, la Slovaquie, la Slovénie et Chypre font partie des bons élèves avec un taux supérieur à 50 %. En revanche, la Finlande, l’Estonie, la France et Malte recyclent moins de 30 % de leurs emballages en plastique. Le Luxembourg, lui, peut mieux faire, avec un taux compris entre 30 et 40 %.
INDUSTRIE AUTOMOBILE 3%
Photos
INTERDIRE, MAIS AUSSI RECYCLER
Photo
Romain Gamba (Archives)
d’ici la fin de l’année 2020, explique Sophie Öberg. À ce jour, plus de 70 membres d’IMS ont signé le manifeste. Grâce à leur engagement, en réorientant leurs achats et en modifiant leurs habitudes de consommation, 160 tonnes de plastique à usage unique seront évitées chaque année à partir de 2021. » À l’échelle européenne, les nouvelles mesures devraient réduire de plus de moitié les dépôts sauvages des articles en plastique à usage unique concernés par la directive. Cela permettra d’éviter l’émission de 3,4 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030 et des dommages à l’environnement dont le coût est estimé à 22 milliards d’euros, également à l’horizon 2030. La limitation des produits en plastique à usage unique devra également permettre de réduire la quantité de microplastiques – provenant de la fragmentation de pièces plus grandes – présents dans les océans. Les consommateurs, eux, devraient économiser 6,5 milliards d’euros. Enfin, la réglementation européenne constitue une opportunité de développement économique intéressante. Le remplacement des divers produits en plastique à usage unique par des alternatives innovantes devrait en effet permettre de créer près de 30.000 emplois au niveau local, contribuant ainsi au fonctionnement efficace du marché intérieur. Le plastique jetable existera encore Si la directive européenne a bien sûr le mérite d’exister, elle est encore loin d’éliminer totalement le plastique jetable de notre quotidien. Plusieurs produits échappent en effet à la réglementation. Dans certains secteurs tels que le domaine médical ou l’agroalimentaire, il est tout simplement encore difficile de se passer du plastique à usage unique, qui présente des avantages certains. « D’importantes recherches sont toutefois menées pour réduire l’incidence du plastique sur notre planète et notre santé. Parmi les alternatives envisagées, on retrouve les plastiques issus de ressources renouvelables et biodégradables, qui permettraient de continuer à profiter des propriétés de ce matériau, tout en réduisant son impact environnemental et sanitaire », indique Sophie Öberg. La crise sanitaire a également altéré une partie des efforts fournis pour faire disparaître le jetable de nos habitudes. « C’est indéniable que cette situation a malheureusement remis à l’ordre du jour l’usage unique. C’est un pas en arrière à court terme, mais la dynamique est lancée. Il faut accepter que, dans le contexte actuel, certaines mesures doivent être prises et d’autres mises entre parenthèses, mais il ne s’agit en aucun cas d’une remise en cause sur le fond », conclut Sophie Öberg.
3 QUESTIONS À
Max Weber
Directeur des Sources Rosport
La directive européenne concernant la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement aura-t-elle un impact sur votre activité ? La nouvelle réglementation impose que les bouteilles fabriquées majoritairement à partir de polyéthylène téréphtalate (PET) devront comporter au minimum 25 % de plastique recyclé en 2025, et 30 % à partir de 2030. Nous sommes déjà largement en conformité avec la législation. En effet, nos bouteilles en PET ont actuellement un taux de plastique recyclé (rPET) de minimum 50 %. Notre bouteille verte – Rosport classique – contient par exemple 75 % de plastique recyclé. Les 25 % restants sont en bio-PET : il s’agit d’un plastique produit à partir de matière première renouvelable, en l’occurrence la canne à sucre. Notre nouvelle gamme Rosport Sunny est quant à elle conditionnée dans des bouteilles en plastique 100 % recyclé. De la même manière, les films qui entourent les packs de nos bouteilles sont composés à plus de 50 % de bio-polyéthylène. La directive européenne a également prévu une autre disposition qui nous impacte : les bouteilles pour boissons ne pourront être mises sur le marché que si les bouchons peuvent y rester attachés. Si on arrive à fixer le bouchon à la bouteille, celui-ci sera en effet collecté avec la bouteille et ne risquera plus de se retrouver dans la nature. L’un de nos prochains challenges consistera donc à trouver un fournisseur qui puisse proposer ce type de bouchon, ce qui, à l’heure actuelle, n’est pas encore évident. Pour quelles raisons conditionnezvous vos produits dans des bouteilles en plastique, en plus de celles en verre consignées ? Bien que plus cher à l’achat, le verre consigné, car il peut être soutiré et rempli entre 30 à 50 fois, est pour nous plus rentable que le PET sur le long terme. Toutefois, aucune étude ne permet aujourd’hui de prouver scientifiquement que l’empreinte carbone de la bouteille en verre consignée est moindre que la bouteille en PET recyclé. Le facteur déterminant à prendre en compte est sans doute
le chemin parcouru par le contenant. Nous avons commencé à commer cialiser nos eaux dans des bouteilles en plastique en 1998. À l’époque, il s’agissait de répondre à une demande des consommateurs locaux. Nous souhaitions offrir une alternative locale de manière responsable aux consommateurs luxembourgeois. C’est ainsi que dès que les fabricants ont été en mesure de le proposer, nous nous sommes tournés vers le plastique recyclé. Nous travaillons aussi en circuits courts, avec des fabricants locaux. Par exemple, le plastique recyclé utilisé dans nos bouteilles est issu de PET collecté via le système Valorlux au Grand-Duché. Ainsi, le rPET qui sert à la fabrication de nos bouteilles provient, pour une partie non négligeable, d’anciennes bouteilles Rosport. Nous encourageons tous les consommateurs à bien collecter et trier les bouteilles. Plus les bouteilles ramenées via le tri sélectif sont nombreuses, plus la matière recyclable disponible sur le marché est en effet importante, ce qui a une conséquence, bien sûr, sur notre environnement, mais également sur le prix du produit final. Avez-vous d’autres projets dans ce sens pour les mois à venir ? D’année en année, nous continuons à évoluer dans cette direction. Nous sommes par exemple en train de chercher un fabricant capable de nous proposer des bouchons en plastique recyclé. Par ailleurs, notre volonté est très clairement d’atteindre 100 % de rPET pour toutes nos bouteilles d’ici le second semestre 2021. De ce fait, nous pensons boucler la boucle, en n’ayant plus recours aux matières vierges et en utilisant des bouteilles faites entièrement à partir de vieux emballages issus des produits que nous avons mis sur le marché.
« Nous travaillons en circuits courts. »
Auteur J. R.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
15
En Europe
La gestion laborieuse du plastique Le poids du plastique par habitant Déchets d’emballage plastique en kg par personne
1
Irlande 58,38 kg
2
Estonie 49,95 kg
3
Luxembourg 48,37 kg
C’est le taux de recyclage des déchets d’emballage plastique à atteindre d’ici 2025, selon les critères européens.
Des pratiques disparates Le taux de recyclage des emballages plastique du Luxembourg est en dessous de la moyenne européenne de 41,7 %.
FINLANDE 26,5 %
60-75% 50-60%
SUÈDE 48,4 % ESTONIE 26,5 %
40-50% 30-40%
4
Portugal 38,86 kg
5
Allemagne 38,53 kg
6
Italie 37,52 kg
7
France 34,83 kg
20-30%
LETTONIE 36,6 %
Aucune donnée
DANEMARK 41,8 %
LITUANIE 74,2 %
ROYAUME-UNI 46,2 % POLOGNE 34,6 % PAYS-BAS 50,4 %
IRLANDE 33,8 %
ALLEMAGNE 49,7 %
BELGIQUE 44,5 % LUXEMBOURG 33,4%
TCHÉQUIE 58,9 % SLOVAQUIE 52,4 %
FRANCE 26,5 %
8
50 %
AUTRICHE 33,4%
Danemark 34,81 kg
HONGRIE 32 %
ROUMANIE 47,6 %
SLOVÉNIE 60,4 %
9
Espagne 34,53 kg
10
Autriche 34,36 kg
Moyenne UE 32,63 kg
CROATIE 37,3% BULGARIE 64,8 % ITALIE 41,8 % ESPAGNE 47,9 % PORTUGAL 34,9 %
GRÈCE 41,4%
Des déchets mieux valorisés
Le recyclage stagne
Alors que la population du Luxembourg croît fortement, la quantité d’emballages plastique reste stable.
S’il a fortement progressé dans l’UE entre 2005 et 2017, le taux de recyclage a peu évolué au Luxembourg sur la même période. UE
DÉPÔT EN DÉCHARGE
En tonnes 30.000
En milliers d’habitants 620
LUXEMBOURG
Taux de recyclage (en %) 50 41,7
25.000
600
20.000
580 CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
15.000
40 30
560
33,4 29,6 24,4
20 10.000
540
5.000
520
0
16
2013
2014
2015
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
2016
2017
2018
0
10 0 2005
2017
Eurostat et ministère de l’Environnement
VALORISATION ÉNERGÉTIQUE (COMBUSTIBLE POUR L’INDUSTRIE)
INCINÉRATION AVEC VALORISATION ÉNERGÉTIQUE
Sources
RECYCLAGE
ETF Climat de Lyxor
Et si vous aviez le pouvoir de changer le monde ?
Ensemble, nous pouvons contribuer à limiter le réchauffement climatique Nous pensons que vos investissements ont le pouvoir de changer le monde. C’est pourquoi nous avons lancé notre nouvelle gamme de fonds Climat ayant pour objectif de répliquer des indices élaborés par MSCI et S&P. Agissez dès aujourd’hui grâce aux ETF Lyxor conçus pour contribuer à limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C et préserver notre planète. Choisissez parmi des expositions actions de la zone euro, Europe, Monde, pays émergents et américaines. Nous sommes convaincus que l’investissement responsable peut contribuer à construire un avenir durable.
Agissez maintenant
LyxorETF.lu/climat
A l’attention des investisseurs professionnels. Les ETF présentent un risque de perte en capital. Source : Lyxor International Asset Management. Lyxor International Asset Management (Lyxor ETF), Société par actions simplifiée, Tours Société Générale, 17 cours Valmy, 92800 Puteaux (France), RCS 419 223 375 Nanterre, est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des marchés financiers sous le numéro GP0424 et conforme aux dispositions des Directives OPCVM (2009/65/CE) et AIFM (2011/61/EU). Pour plus d’informations sur les risques spécifiques liés à ces ETF nous vous recommandons de consulter le prospectus ainsi que le DICI disponibles en français sur le site www.lyxoretf.com.
Interview Carole Dieschbourg
« Réutiliser est toujours le bon choix » Prévention des déchets, recyclage, réutilisation : selon la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg (Déi Gréng), le meilleur moyen de réduire les 26.000 tonnes de déchets plastique générées chaque année est une transition vers une économie circulaire, notamment en modifiant nos modes de consommation.
Quels sont les obstacles qui rendent difficile le recyclage ? Une des difficultés est que, pour l’instant, tout ce qui relève des emballages plastique ne peut pas être trié de manière à être recyclé. Ce qui est collecté et recyclé, en fait, ce qui est pris en charge par Valorlux, a une très haute valeur de recyclage. 18
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Naissance 03 mars 1977 à Ettelbruck De la société civile au gouvernement Quand Xavier Bettel fait appel à elle pour devenir ministre de l’Environ nement, du Climat et du Développement durable en 2013, Carole Dieschbourg vient tout juste d’être élue députée et est encore membre de la société familiale Moulin J.P. Dieschbourg. Son expérience politique se limite alors à un poste de conseillère communale à Echternach qu’elle occupe depuis 2011. Coordinatrice de la COP21 En décembre 2015, le Conseil de l’UE est alors sous présidence luxembourgeoise. C’est donc Carole Dieschbourg qui coordonne la position de l’UE lors de la COP21 de Paris.
Mais tout ce qui est constitué de matières composées ou en multicouches, comme les barquettes ou les blisters, est très difficile à recycler ou n’est pas recyclé. Ces déchets finissent donc dans la poubelle grise. Nous pouvons encore obtenir des améliorations au niveau des filières de séparation. Il y a des centres de recyclage qui permettent un tri des barquettes pour que l’on puisse au maximum essayer de les recycler. Puis, pour les produits plus difficiles à recycler, ou les déchets chimiques, comme la laque, la couleur, nous travaillons avec les SuperDrecksKëscht (SDK), qui sont présents dans les centres de tri. Mais, pour être honnête, pour l’instant, nous avons beaucoup de plastiques qui sont composés, donc il faudra trouver des solutions au niveau européen. Ces déchets difficiles à recycler, que deviennent-ils ? Il faut aussi être honnête sur ce point : vous avez sans doute vu tous ces reportages en Allemagne de ces déchets qui partaient en Chine. Au Luxembourg, nous avons toujours cherché une autre qualité. Nous travaillons notamment avec des acteurs en France et nous essayons d’éviter des filières qui iraient directement en dehors de l’Europe. Pour ne pas simplement faire du greenwashing. Quels sont les moyens pour améliorer notre taux de recyclage ? Nous avons des objectifs de recyclage dans le temps, fixés toutes les cinq années. Le tri est primordial pour les atteindre. Comment l’améliorer ? Quand nous offrons de bonnes occasions de bien trier, avec le porte-à-porte, avec le système Valorlux, nous obtenons de bons résultats. Donc il nous faut plus de centres de triage pour avoir plus d’opportunités, afin de veiller à ce que, pour chaque citoyen, le tri soit facilité. Pour l’instant, tous les résidents n’ont pas un bon centre de tri. Mais si nous leur donnons la possibilité de bien trier, on pourra aller dans
Jan Hanrion
Le Luxembourg, avec un taux de recyclage des emballages plastique de 32 %, fait plutôt figure de mauvais élève dans l’Union européenne. Comment explique-t-on cela ? Nos statistiques, comme dans tous les autres domaines, sont un peu spéciales parce qu’on a une économie très ouverte, avec la spécificité d’avoir 200.000 habitants de plus pendant la journée. En outre, sur Eurostat ou le Statec, il y a différentes instances qui prennent différents chiffres en considération. Au niveau européen, dans les anciennes directives, une certaine latitude existait pour transmettre ces chiffres. La nouvelle directive va donner des définitions beaucoup plus claires pour obtenir des chiffres qui seront vraiment comparables entre les pays.
BIO EXPRESS
Photo
Dans quelle mesure le plastique est-il un problème pour l’environnement et pour nous-mêmes ? Tout le plastique qui finit dans nos rivières et dans l’environnement, sous forme de microparticules, se retrouve dans nos assiettes. Une étude (de WWF, ndlr) montre qu’on mange actuellement avec nos repas une carte de crédit par semaine. C’est quand même impressionnant quand on l’imagine. Donc réduire le plastique dans nos circuits, sous toutes ses formes, est extrêmement important pour protéger non seulement les oiseaux ou les tortues qui se font tuer mais aussi, ce que l’on ne voit peut-être pas à première vue, les citoyens qui vivent dans ce même environnement.
09_credit Photos
Carole Dieschbourg déclare mener un combat à tous les maillons de la chaîne, de la production au recyclage en passant par la consommation de plastique.
Interview
« Nous voulons réduire les plastiques mais nous ne voulons pas de fausses solutions. »
possible de réutiliser pour des années les mêmes choses. De même pour les machines à café, les mobiles, les ordinateurs. On ne jette pas tout un téléphone seulement parce que l’écran est cassé, ou tout un appareil alors qu’une petite réparation est nécessaire. En fait, dans les centres de ressources, nous voulons rétablir ce qui a été perdu et qui est pourtant logique : réutiliser et réparer. Parce que cette tendance à ne plus réparer, à ne plus réutiliser, elle s’est accélérée ces dernières décennies. Une grande part de la bataille contre les déchets semble avoir lieu avant l’étape du recyclage... Oui, c’est en amont que nous pouvons gagner cette bataille contre les déchets. Dans notre stratégie, nous avions toujours en vue les trois R : réduire, recycler, revaloriser. Mais, en réalité, nous avons par le passé énormément axé sur recycler et revaloriser. Désormais, nous voulons changer le paradigme. Dans notre stratégie actuelle, la première étape, c’est réduire dès l’origine, en axant sur la prévention des déchets, l’écoconception, la réduction des emballages. Tout cela forme la clé du succès. Cela consiste donc à réduire au maximum ce que l’on jette pour passer d’une économie linéaire à une économie circulaire, où on ne perd pas la valeur des objets ou des matériaux que l’on jette. Il s’agit de faire une transition vers une économie de ressources.
la direction d’une économie plus circulaire, en réutilisant tout ce qui a du potentiel et de la valeur dans les différents matériaux. Nous voulons aussi des biotonnes partout dans le pays pour les déchets biodégradables. Et au niveau des supermarchés, nous voulons mettre en place des dispositifs où les gens pourront retourner leurs emballages au sein des supermarchés. Nous avions mené des projets pilotes de drive avec les grands magasins. Car si on achète quelque chose, c’est logique aussi de pouvoir le trier et de le laisser immédiatement là où on l’achète, car on ne fait pas deux fois le chemin. Vous parlez de centres de ressources, que vous avez indiqué vouloir renforcer lors de la présentation de votre stratégie « zéro déchet ». Quel est leur rôle ? Un matin, un activiste est venu visiter un centre de recyclage au Luxembourg. Il a dit : « Vous jetez des choses que nous utiliserions encore pendant une dizaine d’années, des meubles que nous pourrions retravailler. » Le fait est que nous avons des systèmes très linéaires : si une lampe ne nous plaît plus, même si elle fonctionne encore, on en achète une nouvelle. D’où l’idée d’élaborer ce concept de centre de ressources, où on peut se débarrasser d’un objet en le plaçant dans une boutique où il est réutilisé, parce que dans nos sociétés, beaucoup de gens le prendraient pour un deuxième usage. C’est tout un secteur économique qu’il faudra développer. Nous avons donc prévu d’organiser tout un réseau de centres de ressources. Aujourd’hui, nous avons des projets pilotes avec des boutiques qui sont dans des centres où nous collectons les objets réutilisables. Il y a aussi, en parallèle, l’idée de booster les repair cafés, pour la réparation des objets. Ces centres seront l’occasion de rencontrer des personnes qui ont un savoir pour, par exemple, réparer les appareils électriques. Quels types d’objets pourront être amenés dans ces centres de ressources ? Les jeux d’enfants, les bicyclettes, les meubles, mais aussi les habits, tout le domaine des textiles, où il est 20
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
La gestion des emballages plastique, qui représentent près de 26.000 tonnes de déchets en 2018, paraît essentielle. Dans les produits laitiers, dans les fruits, il y a énormément d’emballages. Pourtant, beaucoup de fruits et légumes ont leur propre emballage naturel, il ne faut pas plus. C’est une chose qu’on veut réduire dans les supermarchés. C’est pour cela que nous avons décidé de ne plus avoir d’emballages dans les rayons fruits et légumes, ce qui est la transposition d’une directive européenne.
MIEUX GÉRER LES RESSOURCES AVEC UNE ÉCONOMIE DE SERVICES « Il n’est pas nécessaire de tout posséder, estime Carole Dieschbourg. Par exemple, s’il faut un trou dans un mur, ce n’est pas la machine pour faire le trou qu’il faut, mais le trou. Du reste, cette machine, on l’utilise 10 minutes, et elle reste dans la cave pendant un an. Tout comme la voiture, qui est garée 95 % du temps. » D’où l’idée d’une économie de services, où on achète la lumière et non pas l’ampoule.
Mais les quantités d’emballages dans les supermarchés sont encore très importantes. Qu’est-ce qui justifie que de telles mesures mettent tant de temps à s’appliquer ? Oui, de plus en plus d’articles sont dans des blisters, emballés avec du plastique. Pourquoi est-ce qu’on ne les a pas tout de suite éliminés, comme la France, en 2017 ? Il y a une raison. La France a proposé de les remplacer en grande partie par des plastiques biodégradables. Mais, au niveau européen, il n’existe pas de bonne définition de ceux-ci. Et une grande partie d’entre eux ne sont pas tant que ça dégradables. Donc vous retrouverez des microplastiques dans les circuits. C’est ce que nous voulons éviter. Car c’est pire s’il faut acheter des pommes dans un emballage qui se révèle beaucoup plus nuisible parce que composé de différentes matières. Nous voulons réduire les plastiques mais nous ne voulons pas de fausses solutions. Et les plastiques biodégradables seront interdits parce que c’est une fausse solution. Nous voulons des emballages qui puissent être utilisés à plusieurs reprises. Donc nous avons développé des alternatives. Valorlux a présenté son petit sachet réutilisable. C’est aussi pour cela que nous avons fait la promotion des systèmes Ecobox, qui peuvent être utilisés dans les restaurants.
Carole Dieschbourg
Quelles sont les mesures appliquées dans les restaurants pour réduire leur production de déchets ? Pour tous les emballages dits de service, il y aura une interdiction de les utiliser à l’intérieur du restaurant à partir de 2022. Puis ils devront proposer des feuilles de route en 2023 avec des solutions pour résoudre le problème du take-away pour 2024, date à partir de laquelle seront tout simplement interdits tous les emballages de service. En sus de la directive sur les emballages, une directive vise à limiter les plastiques à usage unique. Quels sont ses objectifs ? Par exemple, fin 2018, une loi pour interdire les sacs en plastique mis à disposition gratuitement est entrée en vigueur. La gratuité est donc désormais interdite. La réduction a été forte. Nous avions plus de 100 sacs par habitant et par an. L’objectif était de réduire ce nombre à 90 en 2020 et à 40 en 2025. Mais, selon le dernier chiffre, nous sommes déjà à 37, ce qui, symboliquement, montre bien que, quand on met une interdiction dans une loi, cela peut changer les comportements. Quelles sont les prochaines étapes ? Avec la transposition de la directive Zero Single-Use Plastic, il n’y aura plus de pailles, de gobelets, de fourchettes ou d’assiettes en plastique à partir de 2021. Mais déjà nous constatons que, très souvent, les pailles en plastique sont remplacées par des pailles réutilisables ou par des pailles en papier. Pour les manifestations, la directive interdit l’utilisation de plastique à usage unique à partir de juillet 2021, sauf pour les barquettes, où nous n’avons pas encore d’alternatives. Mais nous allons plus loin que la directive. Quelles sont les contraintes supplémentaires que vous prenez au niveau national ? Si vous remplacez tout simplement votre gobelet en plastique par un gobelet en carton plastifié, écologiquement, cela n’a aucun sens. Donc, pour nous, il faudra trouver des solutions durables d’ici 2024. Ce qui est une illustration de notre combat pour l’économie circulaire : nous ne voulons pas juste remplacer le plastique par du carton, et le carton par quelque chose d’autre. Nous voulons une autre consommation. Bien sûr, nous ne pouvons pas tout casser. Donc les barquettes, les assiettes ou les fourchettes pourront être en carton à partir de 2024. Mais pour tous les autres objets, il faudra trouver des solutions de réutilisation, avec, par exemple, des petits gobelets consignés à rendre. Donc l’idée est de ne pas seulement lutter contre le plastique à usage unique, mais contre toute forme d’objets à usage unique. C’est là que nous allons plus loin que la directive. Si on fait le bilan écologique d’un sac en plastique, d’un sac en papier ou d’un autre type d’emballage, ce n’est pas toujours le sac en plastique qui a le bilan le plus lourd. Cela dépend des sacs, de l’épaisseur, de la façon dont ils ont été fabriqués. Donc ce n’est pas seulement contre le plastique qu’il faut lutter. Si on veut changer la donne pour aller vers une économie circulaire, il faut protéger toutes les ressources. C’est typique de notre système de se focaliser sur des aspects vus dans les médias, comme la tortue avec la paille
VERS UNE DÉCONSTRUCTION SÉLECTIVE DES BÂTIMENTS Toujours dans l’idée d’une économie plus circulaire et d’une meilleure gestion des ressources, des bases de données pour les matériaux de chaque nouvelle construction seront élaborées à partir de 2025. Cela permettra de savoir quel matériel a été utilisé et ce qui peut être réutilisé, afin d’opérer par la suite une déconstruction sélective, comme un puzzle, sans détruire.
dans le nez. Tout le monde veut alors abolir le plastique tout de suite, et personne ne comprend pourquoi ça ne va pas plus vite. Mais le problème est plus profond. Donc ce que nous essayons d’élaborer au niveau législatif, c’est une manière d’éviter l’usage unique tout simple de n’importe quel type d’emballage. Les microplastiques représentent une nuisance colossale. Quelles sont les mesures pour la limiter ? Nous avons tout simplement interdit les microplastiques premiers, à savoir tout ce qui concerne l’hygiène, ce qui est cosmétique et qu’on retrouve dans les crèmes, les dentifrices, les shampooings. Concernant les microplastiques secondaires, ceux qui sont dans nos vêtements, les machines à laver devront être équipées pour atteindre certains taux d’élimination des microplastiques à partir de 2025. C’est dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur, la REP : les producteurs de machines à laver doivent trouver des solutions, ce qui est un vrai challenge pour eux. La REP est-elle un élément important dans la lutte contre les déchets ? Renforcer la responsabilité des producteurs est un élément aussi essentiel que de prendre des mesures d’interdiction. Si les producteurs doivent atteindre des objectifs de réduction, ils ont intérêt à réduire les matériaux qu’ils utilisent. Donc avec la loi, nous renforçons aussi la responsabilité des producteurs. Tout le monde connaît Valorlux, Ecobatterien ou encore Ecotrel pour les machines électroniques. Ce sont des systèmes de responsabilité du producteur. Il faudra développer pour chaque filière des systèmes comparables pour inciter les producteurs à moins gaspiller, moins consommer, dès le niveau de la production et de la conception. Cette inversion de stratégie produit-elle ses effets ? Le tonnage global de tous les déchets, mais aussi des emballages plastique (moins de 26.000 tonnes générées en 2018), stagne. Sachant qu’il y a une croissance de la population et une croissance économique ces dernières années, cela représente quand même un grand changement, car être stable lorsqu’on a une telle croissance, c’est déjà, par habitant, une réduction. Le recours massif aux masques chirurgicaux pendant la pandémie de Covid-19 n’a-t-il pas marqué un échec du point de vue de l’usage unique ? C’est évident qu’il s’agit d’un pas en arrière. Mais la situation d’urgence a nécessité des commandes qui n’auraient pas été faites de cette manière dans un monde idéal. Il a fallu réagir très vite pour que tout le monde ait des masques pour se protéger. Et, du point de vue de l’hygiène, je crois qu’il y a des cas où remplacer à chaque reprise a du sens, comme pour les masques à usage unique dans les cliniques ou chez les médecins. C’est toujours un compromis. Mais il y a des alternatives et on va les promouvoir. Et, dans la vie quotidienne, je crois que, désormais, une très grande majorité de gens portent déjà des masques en tissu qu’on peut laver et réutiliser. Pour l’utilisation quotidienne, réutiliser est toujours le bon choix quand c’est possible. Auteur P.P.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
21
Responsabilité sociétale
Vivre sans plastique à usage unique
22
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
L’emballage des repas peut également se passer de plastique. Exemple avec cette éco-box accompagnée de sa gourde estampillée au nom de la banque.
« Le plus évident pour commencer à supprimer le plastique à usage unique est la restauration. » EMMANUELLE HUMANN head of corporate social responsibility, BGL BNP Paribas
de bonbons, serviettes hygiéniques ou tampons, sacs en plastique, couverts, pailles, gobelets, ballons… Convaincre les entreprises Pour lutter contre ce type de pollution, il faut donc commencer par éviter de produire et d’utiliser ce type de plastique. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne a notamment acté, en 2018, l’interdiction dès 2021 des plastiques à usage unique pour lesquels des alternatives renouvelables sont disponibles (couverts et assiettes, cotons-tiges, pailles, touillettes et tiges à ballon). Certains polystyrènes et oxo-plastiques ont également été bannis. Au Luxembourg aussi, ces mesures européennes seront d’application l’an prochain. Mais, pour accélérer et élargir le mouvement, Inspiring More Sustainability (IMS), un réseau d’entreprises investies dans leur responsabilité sociétale, a décidé de prendre le sujet à bras-le-corps. Dès 2018, IMS a invité ses membres à signer un manifeste engageant les signataires à supprimer totalement le plastique à usage unique au sein de leur entreprise d’ici à 2020. Plus de 70 sociétés ont adhéré à l’initiative. Mais alors que nous sommes arrivés à l’échéance prévue par le manifeste, quel bilan peut-on tirer au niveau de l’utilisation de plastique à usage unique en entreprise ? A-t-il complètement disparu dans les locaux des sociétés signataires du manifeste ? L’enjeu de la restauration Pour le savoir, nous avons sondé six entreprises signataires. Si elles ont rejoint l’initiative à des moments différents, toutes indiquent avoir commencé par travailler sur un secteur en particulier. « Le domaine qui paraît le plus
BGL BNP Paribas
Résistants, les plastiques le sont assurément. À un point tel qu’ils se sont accumulés de façon dramatique dans nos écosystèmes. Principales victimes : nos océans, vers lesquels finissent toujours par aboutir l’ensemble de nos déchets non recyclés. Chaque année, entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique y terminent leur sinistre trajet, et aujourd’hui, environ 150 millions de tonnes de plastique s’y sont déjà déposées. Et ce n’est pas fini : la fondation Ellen Macarthur a récemment estimé qu’en 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons… Parmi tous les déchets qui finissent au fond des étendues marines, le plastique à usage unique est le véritable fléau. Selon les chiffres de la Commission européenne, 49 % de tous les déchets qui reposent au fond des océans sont des plastiques à usage unique. Cette source de pollution est donc, de loin, la plus importante. Or, elle provient de la consommation et des usages quotidiens : bouteilles, bouchons, couvercles, filtres de cigarette, cotons-tiges, emballages de chips ou
IBAS BGL BNP PAR
Photo
Un nombre important d’entreprises ont rejoint le manifeste d’Inspiring More Sustainability (IMS) pour mettre un terme à leur utilisation massive de plastique à usage unique. Retour sur l’expérience de six d’entre elles, résultats concrets à l’appui.
... L’exemple avec
avec... L’exemple
évident pour commencer à supprimer le plastique à usage unique est celui de la restauration, explique Emmanuelle Humann, head of corporate social responsibility chez BGL BNP Paribas. Ceci englobe évidemment nos restaurants d’entreprise, mais aussi nos salles de réunion, nos salons clients, etc. Ce seul poste nous a permis de supprimer 200.000 touillettes à café, 90.000 assiettes et couverts en plastique, 80.000 pailles, et 660.000 gobelets. » Chacune des entreprises interrogées a consenti des efforts importants à ce niveau : Inowai a remplacé les couverts en plastique par des couverts lavables ; ING s’est passé de 500.000 gobelets utilisés annuellement et a supprimé les conditionnements en plastique pour certains produits du restaurant (yaourts, salades…) ; CMCM a également supprimé couverts et gobelets en plastique ; ALD Automotive avait déjà remplacé ces contenants, depuis 2015, par des mugs ou des gobelets en carton ; Arendt en a fait de même, offrant des mugs en porcelaine à ses employés.
au profit de l’Unicef. Nous avons aussi organisé un concours de la plus chouette photo avec sa tasse. Cela donne un côté un peu plus ludique à ce qui, au départ, peut être vécu comme une contrainte », explique Stéphanie Moulin, HR business partner et CSR & diversity coordinator chez ING Luxembourg. Une autre source de production de plastique à usage unique lié à l’alimentation est le distributeur de snacks. La plupart des entreprises interrogées ont supprimé les distributeurs ou veillé à ce que ce qu’on y trouve ne contienne pas d’emballages plastique. De quoi, parfois, causer des frustrations. « Il est clair que certains étaient un peu réticents lorsque nous avons supprimé les distributeurs de snacks, reconnaît Stephanie Araujo, assistante de direction chez CMCM. C’était d’ailleurs pareil pour les gobelets en plastique. Pour mieux faire passer la pilule, nous avons installé des fontaines à eau avec de l’eau tiède, froide et pétillante. Chaque employé a reçu une gourde personnalisée avec son prénom, et nous avons mis des tasses, des verres et couverts à disposition des employés. Nous avons également proFontaine, je boirai de ton eau Au rayon alimentaire, on constate aussi, bien posé des produits de meilleure qualité, ne souvent, que les entreprises continuent à four- contribuant pas à la production de plastique nir des bouteilles en plastique à leurs employés à usage unique : thé, café avec capsules recy(à travers des distributeurs) ou à leurs clients. clables, lait, chocolat chaud, etc. » Pour en finir avec cette pratique, le recours à la fontaine à eau et aux contenants réutili- À la chasse aux fournitures sables s’est généralisé chez les signataires du Dans une entreprise, la plastique se cache manifeste : mugs, gourdes en verre personna- toutefois dans bien d’autres endroits. De très lisées ou autres contenants réutilisables sont nombreuses fournitures de bureau sont aindevenus la règle. Pour les clients, les bouteilles si en plastique, et toutes ne sont pas comen verre ont remplacé celles en plastique. Cer- mandées directement par l’entreprise. « Nous tains ont toutefois pris le parti de ne pas offrir avons procédé méthodiquement, en créant un le contenant. « Nous avons demandé à chacun groupe de travail chargé d’identifier le plasde venir avec sa tasse ou vendu des tasses ING tique à usage unique, puis de savoir si nous
Photo
Arendt & Medernach ; Source
ministère de l’Environnement (2019)
LE COVID-19, « L’AMI » DU PLASTIQUE Toutes les entreprises interrogées dans le cadre de cet article reconnaissent que la crise sanitaire a conduit à un retour en arrière concernant le recours au plastique à usage unique. Il s’agit principalement des denrées alimentaires qui ont, de nouveau, été emballées de façon individuelle. Au niveau des masques, en revanche, chaque entreprise a veillé à fournir à ses employés plusieurs masques en tissu lavables. « Notre première priorité est de garantir la sécurité de nos employés. Le retour de certains plastiques, même s’il est temporaire, est vraiment dommage, mais nous ne pouvons pas transiger avec les impératifs sanitaires », explique Stéphanie Moulin.
MEDER ARENDT &
NACH
Voici le kit reçu par les employés d’Arendt pour la fin d’année : thermos, gourde et mugs en matériaux recyclables. En réunion, pour remplacer les bouteilles individuelles mises à disposition, les bouteilles en verre sont parfaites.
« Nous avons offert un assortiment de thermos et de mugs à nos collaborateurs. » PHILIPPE LECLERC facilities & logistics director, Arendt & Medernach
RÉPARTITION DES DÉCHETS PLASTIQUE À USAGE UNIQUE CONSOMMÉS AU LUXEMBOURG ASSIETTES 21
EN 2019
BÂTONNETS MÉLANGEURS 68 COUVERTS 84
COTONS-TIGES 759 GOBELETS 129
PAILLES 233
*Données en millions de tonnes
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
23
Responsabilité sociétale
ING
Les matériaux utilisés en alternative au plastique sont nombreux. Ces mugs sont fabriqués en bambou. Les goodies sont aussi concernés par la chasse au plastique : voici des montres sans aucun plastique.
« Nous avons organisé un concours de la plus chouette photo avec sa tasse. Cela donne un côté plus ludique à ce changement. » STÉPHANIE MOULIN HR business partner et CSR & diversity coordinator, ING
24
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Faire pression sur les fournisseurs Comme le signalent la plupart des participants à l’initiative d’IMS, la difficulté n’est pas tant de se décider à supprimer le plastique à usage unique que de trouver des alternatives. Surtout quand il s’agit de produits contenant des éléments en plastique et que les fournisseurs disent ne pas pouvoir livrer autre chose. « Nous avons la ferme volonté de supprimer le plastique de tous nos achats, mais peu de fournisseurs nous proposent des produits sans emballage, par exemple, relève Fabiano Ruberti, quality & CSR coordinator chez ALD Automotive. L’intérêt de se rassembler pour décider de supprimer le plastique à usage unique est donc de pouvoir faire pression sur les fournisseurs. Si plus de 70 % de leurs clients ne veulent plus travailler avec eux parce qu’ils continuent à fournir des produits emballés, ils devront bien changer de politique. C’est la raison pour laquelle nous devons nous battre pour attirer de nouveaux membres dans le réseau IMS. Ceci étant dit, certains fournisseurs sont également coincés par leurs processus techniques ou industriels : ils ne peuvent pas les bouleverser du jour au lendemain. » Notons qu’au-delà du manifeste et des engagements pris par chaque entreprise, l’initiative Zero Single-Use Plastic d’IMS a également été l’occasion de se rencontrer entre participants et d’échanger pour trouver les meilleures alternatives au plastique à usage unique. « Nous avons veillé à mettre en pratique les recommandations d’IMS et nous avons beaucoup appris des workshops organisés par l’association », souligne ainsi Sophie Laurent. Du côté d’Arendt aussi, on insiste sur l’intérêt de ces workshops. « Parfois, on cherche un produit particulier en alternative au plastique, et il se trouve qu’un autre signataire du manifeste a été confronté à la même situation. Il peut donc nous renseigner sur cette alternative, le fournisseur qui la propose, etc. Je trouve que le côté très ouvert de ce groupe est p ositif : moi aussi, je suis prêt à partager mes astuces avec mes confrères, car nous devons tous pousser dans la même direction », assure Philippe Leclerc.
L’exemple avec...
CMCM
Pour remplacer les gobelets plastique, quoi de mieux que des tasses traditionnelles et des gourdes personnalisées qui peuvent être remplies aux fontaines installées dans les locaux.
« Certains étaient un peu réticents lorsque nous avons supprimé les distributeurs de snacks. » STEPHANIE ARAUJO assistante de direction, CMCM
70 Plus de 70 entreprises ont adhéré à l’initiative Zero Single-Use Plastic mise en place par IMS.
70.800 C’est, en tonnes, la masse de déchets alimentaires qui est éliminée chaque année dans la gastronomie, le commerce, la restauration collective et les ménages, selon le ministère de l’Environnement, en 2018/2019.
ING et CMCM
L’exemple avec...
qui sont intéressées, en interne, ou à des associations, en externe », explique Sophie Laurent, corporate administration manager. Les goodies en plastique font également partie de ces fournitures qui ont été bannies des entreprises signataires du manifeste d’IMS. « C’est notamment le cas pour les cadeaux de fin d’année. Cette année, nous avons offert un assortiment de thermos et de mugs à nos collaborateurs, explique Philippe Leclerc. Mais cette philosophie s’applique aussi aux petits objets que nous donnons : les boîtes de pastilles mentholées que nous mettons à disposition de nos clients et visiteurs seront par exemple bientôt en métal. » « Les goodies, mais aussi les bouteilles en plastique ont été supprimés, indique Stephanie Araujo. Cela n’a pas été facile, mais nous avons trouvé de quoi les remplacer. »
Photos
avions la main sur la commande de ces produits ou non. Ensuite, soit nous avons commandé d’autres fournitures, si c’était de notre ressort, soit nous avons fait pression sur les fournisseurs pour qu’ils nous livrent des produits entièrement réutilisables ou recyclables. Dans certains cas, nous avons changé de fournisseurs », détaille Stéphanie Moulin. Les initiatives pour repérer et supprimer le plastique des fournitures ont été variées. Chez Arendt & Medernach, cela est notamment passé par la suppression des poubelles individuelles. « Dans chacune de ces poubelles, il y a un sac plastique. Au total, on jetait donc, chaque jour, 650 sacs plastique. Cela fait une sacrée quantité à la fin de l’année, indique Philippe Leclerc, facilities and logistics d irector. Pour les remplacer, nous avons installé des poubelles de tri sélectif dans tout le bâtiment. Cela pousse aussi nos employés à mieux trier leurs déchets. » Chez Inowai, on a décidé de donner une seconde vie aux fournitures en plastique usagées qui étaient auparavant jetées. « Elles sont à présent données, notamment aux p ersonnes
The No. 1 European Asset Manager(1)
Amundi ETF Responsible Investing Range Green comes in many shades. Choose the one that suits you.
As the leading European Asset Manager(1), we support your responsible investing ambitions, and we are proud of that. A wide range of cost-efficient ESG equity and fixed income UCITS ETFs A client-centric approach spanning the spectrum of ESG integration Climate-focused ETFs to help you fight global warming
amundietf.com
INVESTORS ARE EXPOSED TO THE RISK OF CAPITAL LOSS. For professional clients only. This document is issued by Amundi Asset Management S.A.S and is not intended for any citizens or residents of the United States of America or any “U.S. Person”. Amundi Asset Management is a portfolio management company authorised by the Authorité des Marchés Financiers in France under number GP-04000036. The content of this advertisement is for information purposes only and does not constitute a recommendation to buy or sell. Past performance is not a guarantee or indication of future results. Investment return and the principal value of an investment in the Fund may go up or down and may result in the loss of the amount originally invested. All investors should seek professional advice prior to any investment decision, in order to determine the risks associated with the investment and its suitability. Subscriptions in a Fund will only be acceptable on the basis of its latest prospectus and/or KIID, which may be obtained free of charge at www.amundietf.com not warranted to be accurate, complete or timely. (1) Source IPE “Top 500 Asset Managers” published in June 2020 and based on assets under management as at 31/12/2019. |
Responsabilité Xxxxxxxx Xxxxxxxx sociétale
5 IDÉES DE GOODIES Outre les mugs, les bouteilles en inox ou les gourdes, voici cinq autres idées de goodies avec un impact positif sur l’environnement pour votre entreprise.
L’exemple avec...
ALD AUTOMOTI
VE
Un sac en tissu / toile
Un tour de cou éthique ou en tissu recyclé
Des stylos en bois
Des masques en tissu
mobilité, privilégie des façades végétales ou installe des ruches. ALD Automotive instaure un tri très poussé ; BGL BNP Paribas transforme les déchets organiques de ses restaurants en biogaz et utilise 100 % d’énergie verte pour ses bâtiments du Kirchberg ; ING a tout un programme de développement durable qui s’est S’inscrire dans une démarche globale accéléré grâce à l’initiative d’IMS. « Au-delà de Si la crise du Covid-19 a quelque peu retardé, la réduction de notre impact, en tant qu’entrevoire fait reculer les démarches de suppression prise, sur l’environnement, ces différentes initiadu plastique à usage unique (lire notre encadré), tives permettent également de convaincre plusieurs on peut se réjouir de voir des entreprises majeures milliers de personnes – nos employés – d’avoir rassemblant des milliers de travailleurs multi- une attitude peut-être plus vertueuse dans leur plier les efforts pour l’environnement. Car les vie privée. Selon moi, cela permet d’augmenter initiatives ne se limitent pas au plastique à usage de façon exponentielle la portée de ces actions », unique. Arendt recycle le papier pour en faire conclut Stéphanie Moulin. du papier toilette, travaille à l’efficacité de ses bâtiments, revoit sa politique concernant la Auteur Q. D.
Pour éviter les bouteilles et bonbonnes d’eau, ce distributeur d’eau permet à chacun de remplir sa gourde ou son mug.
« Nous avons la volonté de supprimer le plastique de tous nos achats, mais peu de fournisseurs nous proposent des produits sans emballage. » FABIANO RUBERTI quality & CSR coordinator, ALD AUTOMOTIVE
L’exemple avec...
INOWAI
Mugs et thermos sont devenus la règle dans les entreprises qui ont renoncé au plastique à usage unique, exemple avec les goodies de chez Inowai.
« Nos fournitures en plastique usagées sont à présent données en interne ou en externe, à des associations. » SOPHIE LAURENT corporate administration manager, INOWAI
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
Inowai et ALD Automotive
Un kit de couverts réutilisables
Photos
Photos
09_credit
Éducation et communication Reste que la transition vers une vie sans plastique en entreprise ne peut se faire sans la participation des collaborateurs eux-mêmes. À cet égard, deux perceptions s’affrontent : ceux qui insistent sur la nécessité d’éduquer des équipes parfois réticentes au respect des nouvelles règles, et ceux qui assurent que les employés ont embrayé sans broncher. Chez BGL BNP Paribas, on fait sans conteste partie de la deuxième catégorie. « Les collaborateurs sont fiers de la démarche, car ils avaient eux aussi envie de faire bouger les lignes, explique Emmanuelle Humann. Bien sûr, ce n’est jamais simple de changer ses habitudes, mais avec un peu de bonne volonté et d’imagination, on y arrive. Lorsque les bouteilles d’eau en plastique ont été supprimées au profit de gourdes en verre distribuées à l’ensemble des collaborateurs, il y a eu bien plus de sourires que de grincements de dents ! » La head of corporate social responsibility de BGL BNP Paribas reconnaît toutefois qu’un effort de pédagogie et de communication est essentiel pour bien faire passer le message. Et elle n’est pas la seule. Chez ING aussi, une campagne de communication interne intensive a permis de préparer au mieux la transition. « Travailler sur la mentalité des employés était l’une de nos priorités pour ce projet, indique Stéphanie Moulin. Nous avons donc lancé un plan de communication en février, soit deux mois avant le début des changements. Finalement, nous avons été assez épatés de voir que ceux-ci étaient assez facilement acceptés après une semaine de transition. » Ailleurs, cela ne s’est pas toujours déroulé aussi bien, et les responsables RSE se sont parfois mués en policiers de quartier. « Cela ne concerne pas forcément le plastique, mais étant donné que nous avons mis en place un système de tri sélectif poussé, je dois encore parfois vérifier si le tri est bien effectué… en fouillant les poubelles. Et, malgré les formations dispensées, il y a encore des choses qui ne devraient pas se trouver dans certaines poubelles… », regrette Fabiano Ruberti. Chez Arendt, où on a également beaucoup communiqué en interne, Philippe Leclerc résume finalement assez bien la situation : « Il y a toujours des gens qui s’y intéressent peu, mais aussi toujours d’autres qui prennent le sujet très à cœur. À nous de garder le cap. »
25
www.aral.lu
Offrez-vous le 1er réseau de stations-service au Luxembourg !
BP + Aral Routex Card Luxembourg Tél. : 34 62 62 - 29 aralcard@aral.lu Contactez-nous immédiatement pour profiter d’une carte sans aucun frais qui vous fait bénéficier d’une multitude d’avantages* ! *sous réserve d’acceptations de votre dossier par notre service crédit.
Interview croisée
Les responsables d’IMS constatent un moment de basculement, de la prise de conscience aux actes, voire plans d’action.
28
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Photo
La plupart des organisations et entreprises ont pris conscience de l’importance d’intégrer les dimensions sociales et environnementales dans leur modèle d’affaires. Mais elles s’interrogent aujourd’hui sur la manière de passer à la phase de concrétisation. Christian Scharff, président, et Nancy Thomas, directrice d’IMS Luxembourg, reviennent sur ces enjeux.
Romain Gamba
« Ignorer les enjeux de durabilité, c’est se mettre hors du marché »
Nancy Thomas et Christian Scharff (IMS)
IMS sensibilise les organisations à intégrer les dimensions sociétale et environnementale au cœur de leur développement et les accompagne dans cette démarche. Comment a évolué la perception de ces enjeux ces dernières années ? CHRISTIAN SCHARFF (C. S.) Quand on a commencé, il y a un peu moins de 15 ans, notre action était avant tout d’expliquer ce qu’était la responsabilité sociétale des entreprises. Aujourd’hui, le sujet est largement discuté sur la place publique et dans les conseils d’administration des organisations. Ce sont des enjeux qui sont aussi largement considérés par les clients et les investisseurs, ce qui contribue grandement à faire évoluer les choses. Les fonds souverains et les bourses – celle de Luxembourg étant pionnière dans l’émission d’obligations durables – promeuvent aujourd’hui des standards nouveaux en faveur des investissements responsables. Est-ce que les choses ont évolué ? Évidemment, oui. Est-ce suffisant, et est-ce qu’on a atteint nos objectifs ? Évidemment que non. NANCY THOMAS (N. T.) Les organisations ont pris conscience des enjeux, comprennent qu’il faut agir et s’adapter visà-vis des changements à l’œuvre. Beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur la manière de passer à l’action, se demandent comment faire. Il faudra ensuite pouvoir effectivement agir pour enfin évaluer les actions prises dans une optique d’amélioration continue. La crise du Covid-19 a-t-elle contribué à accélérer cette prise de conscience ? N. T. Oui, elle a certainement aidé. La preuve réside dans la baisse visible des émissions de CO2 au cœur du confinement. En s’adaptant, de manière souvent contrainte, pour faire face à la crise sanitaire, beaucoup d’acteurs se sont inscrits dans une démarche de responsabilité sociétale sans le vouloir et sans s’en rendre compte. Il s’est passé quelque chose. Il y a eu un mouvement d’accélération positif, mais aussi des retours en arrière. Par exemple, le Covid-19 marque un grand retour de l’usage du plastique dans une optique hygiéniste, alors que l’on était parvenu à le faire reculer. C. S. Le retour à la normale, ou la définition de la nouvelle normalité, constitue un véritable challenge pour les organisations et les gouvernements. Il faut bien mesurer les décisions que nous allons prendre pour le futur, en tirant les leçons de cet épisode, en mesurant les impacts qui vont en découler. Les questions qui se posent sont complexes et de nombreux intérêts s’opposent, comme c’est le cas lors de toute grande période de changement. Beaucoup d’organisations se sont évertuées à bannir le plastique, en supprimant beaucoup de tasses, gobelets et touillettes à usage unique… N’est-ce pas agir en surface, alors que l’ampleur du défi implique une transformation plus profonde des modèles d’affaires, opérationnels et organisationnels ? C. S. Face aux enjeux, vous pouvez en effet considérer l’impact comme étant marginal. On peut cependant le voir comme un premier engagement en faveur de la transition. De manière générale, en tentant de mettre en œuvre un changement radical, on va, le plus souvent, au-devant d’un échec. La suppression du plastique à usage unique au sein des organisations doit être considérée comme un premier pas. Notre action de sensibilisation
a été suivie au-delà de toutes nos espérances. Si l’on fait le bilan, cela a permis d’économiser 163 tonnes de plastique chaque année. En démontrant que l’on peut changer sur de petites choses, si la volonté est là, alors c’est sans doute aussi possible sur de grandes choses. Comment aller plus loin ? Comment un dirigeant peut-il intégrer les enjeux sociaux et environnementaux au cœur de son modèle ? C. S. Les possibilités sont nombreuses, et les réponses à apporter vont dépendre de l’activité de chacun, de son organisation, de son modèle. Nous travaillons beaucoup, par exemple, sur la politique d’achat des acteurs, qui est un levier important pour réduire les impacts sur l’environnement. En privilégiant l’achat local et les circuits courts, en cherchant à réduire l’utilisation des consommables, en éliminant les emballages sur les produits que l’on achète, on agit sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. L’impact, dès lors, n’est plus du tout anecdotique et on peut réduire considérablement les émissions et la production de déchets liés à notre activité. N. T. Une fois que l’on s’engage dans une telle démarche, on parvient facilement à s’inscrire dans un processus d’amélioration continue. On peut se demander d’où proviennent les matières premières. Quelles sont les alternatives possibles ? Petit à petit, on peut faire évoluer l’offre et même les modèles d’affaires, faire bouger les politiques internes. Comment les dirigeants appréhendent-ils ces enjeux au Luxembourg ? C. S. Nous sommes à un moment de basculement. On voit que les clients sont plus attentifs à ces considérations éthiques, sociales et environnementales. Ce sont eux qui, en premier lieu, poussent les acteurs de l’économie à évoluer. À côté de cela, la réglementation se met en place, pour une transparence plus accrue sur les actions entreprises. La communauté business aussi évolue, avec l’adoption de normes et de cadres de référence, l’établissement de reportings extra-financiers qui tirent les acteurs dans la bonne direction. Il y a une vraie convergence d’éléments, un alignement des planètes, qui tantôt invite ou incite les organisations à agir, tantôt les oblige à s’adapter. N. T. La nouvelle génération est aussi extrêmement sensible à ces aspects de durabilité. Si l’on veut pouvoir retenir ou attirer des talents, il faut donc pouvoir s’inscrire dans une dynamique de responsabilité sociétale. Tous ces éléments considérés, les organisations ne peuvent plus faire l’économie d’une réflexion sur la manière de s’adapter. C. S. Les pouvoirs publics aussi jouent un rôle dans cette démarche. Ne pas considérer ces enjeux aujourd’hui, c’est risquer de ne plus pouvoir accéder à des marchés publics. Les faits sont là et font que toute organisation doit aujourd’hui considérer ces enjeux avec sérieux. Au Luxembourg, les acteurs en sont de plus en plus conscients, en témoigne la progression du nombre de membres de notre association. En trois ans, nous sommes passés d’une centaine d’affiliés à 220. Il y a aujourd’hui une obligation, a minima, de bien s’informer sur les enjeux et de regarder comment les autres acteurs du marché appréhendent ces défis. NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
29
Interview croisée Nancy Thomas et Christian Scharff (IMS)
Quelles recommandations formuleriez-vous aux dirigeants qui souhaitent faire pivoter leur business model pour l’inscrire dans une démarche plus durable ? C. S. Il est important que la démarche traduise une volonté authentique. Il ne suffit pas de souhaiter afficher une façade plus verte. Il faut que les dirigeants soient conscients des enjeux et qu’ils veuillent y apporter une réelle contribution. On a beaucoup à perdre à jouer à être vert sans l’être effectivement. À l’heure actuelle, un décalage entre ce que l’on dit et ce que l’on fait peut nuire gravement à la réputation de l’entreprise. N. T. Un deuxième enjeu est d’apprendre et de comprendre. Nous le disions, beaucoup d’acteurs se demandent aujourd’hui comment agir. Il n’y a pas de réponse unique, et le sujet est complexe. Les leviers sur lesquels travailler ne seront pas les mêmes si l’on est une boulangerie ou une fiduciaire. Par contre, il existe des cadres de référence, applicables à divers secteurs, sur lesquels on peut s’appuyer. Concrètement, quels seront les leviers d’action d’un boulanger et ceux d’une société de services ? N. T. Pour chaque cas, il faudra prendre en considération la notion de matérialité, autrement dit considérer les éléments qui auront le plus d’impact par rapport à son organisation. Pour une boulangerie, on travaillera certainement en priorité sur l’approvisionnement, l’achat des matières premières, l’énergie et le matériel pour assurer la cuisson, les emballages. En travaillant sur ces éléments, on peut déjà considérablement réduire l’impact lié à l’activité. Sur une société de services, les décisions concerneront sans doute plus l’humain, les déplacements, la consommation énergétique des bâtiments… L’intégration des critères sociaux et environnementaux au cœur des modèles peut-elle contribuer à générer de la valeur ? C. S. Il est aujourd’hui important de pouvoir se détacher des impacts à court terme pour mener une réflexion sur le long terme. Si, à long terme, le durable devient la norme de facto – et c’est ce qui arrive –, négliger ces enjeux peut être très préjudiciable à l’entreprise. Dans certains secteurs, une telle démarche constitue dès aujourd’hui un avantage compétitif. Prenons l’exemple du secteur viticole. Aujourd’hui, tous les acteurs investissent dans une production bio, sans forcément le dire pour autant. Pourquoi ? Parce que le marché l’exige. Ne pas s’engager dans cette voie, c’est se mettre hors du marché, que l’on soit un grand ou un petit acteur. Tous les acteurs sérieux, aujourd’hui, prennent la mesure de ces changements, même ceux actifs dans les secteurs réputés comme étant de grands émetteurs de CO2. Les entreprises actives dans la sidérurgie se demandent comment faire de l’acier vert et investissent dans cette voie. Airbus a récemment annoncé sa volonté de faire voler un avion fonctionnant à l’hydrogène. Face aux évolutions du marché, prenant la mesure des perspectives futures, les acteurs sérieux cherchent à se réinventer. On voit les choses évoluer positivement. Est-ce que cela bouge assez vite ? Certainement pas. On évoque souvent l’idée de ne plus uniquement évaluer la performance des organisations sur ces résultats financiers, mais aussi sur la création de valeur extra-financière.
30
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
LEVIER DE DÉVELOPPEMENT En 2017, IMS Luxembourg a lancé une vaste enquête auprès de ses membres pour évaluer leur niveau d’engagement dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les résultats révèlent notamment que 90 % des CEO considèrent la RSE comme une opportunité de développement pour l’entreprise. Près de la moitié (47 %) y voient une opportunité de répondre aux nouveaux besoins de marché.
Comment les choses évoluent-elles sur cet aspect ? C. S. Aujourd’hui, l’extra-financier n’est pas pris en considération dans les chiffres à la fin de l’année. Souvent, ces actions font l’objet d’un rapport extra-financier, établi en parallèle, qui n’est pas toujours intégré au rapport annuel de l’organisation. Certaines initiatives prônent d’autres modèles économiques, des approches comptables différentes qui tiennent mieux compte de la création de valeur extra-financière et qui sont intéressantes. Ce n’est toutefois pas la norme aujourd’hui. On peut cependant se réjouir de voir un nombre croissant de grands acteurs luxembourgeois établir des rapports extra-financiers. Ils montrent la voie. À l’avenir, l’extra-financier sera très certainement davantage audité, contribuant à l’évolution du marché. Agir seul, quand on évolue au cœur d’un marché et que l’on dépend de nombreuses parties prenantes, n’est pas aisé. Comment activer le changement à l’échelle d’un écosystème ? N. T. Pouvoir emmener l’ensemble de ses parties prenantes dans sa démarche est essentiel : ses clients, comme ses fournisseurs, voire ses concurrents. Pour cela, il faut communiquer, échanger, parvenir à se comprendre autour de ces enjeux. Si la réglementation contraint les acteurs à bouger, d’autres initiatives de marché s’inscrivent dans une démarche d’autorégulation. Par exemple, récemment, les Big Four se sont entendus autour de la définition des 21 critères-clés contribuant à l’établissement d’un cadre mondial pour le traitement des données ESG. Si les acteurs en place sont amenés à s’adapter, voit-on par ailleurs émerger de nouvelles offres et de nouveaux modèles ? C. S. De plus en plus, on voit émerger des acteurs qui, dès le départ, ont intégré les logiques d’économie circulaire au cœur de leur modèle. Dès la conception de l’offre, dans la définition des processus et des produits, les logiques de recyclage, de démontage, de revalorisation sont envisagées et, à travers elles, les possibilités pour l’entreprise de se développer. Par exemple, lorsque Patagonia vend une veste, l’entreprise demande à son client de la lui renvoyer lorsqu’il souhaite s’en débarrasser, afin qu’elle s’assure de sa revalorisation. Ces modèles qui émergent s’inscrivent dans une démarche de création de valeur sur le long terme, et non plus dans des logiques à court terme. Quel message souhaiteriez-vous laisser aux dirigeants qui sont au cœur d’une réflexion autour de ces enjeux de durabilité ? N. T. Que le fait de s’engager dans cette voie ne coûte pas plus cher, et est même vecteur d’optimisation des coûts. Il ne faut pas appréhender ces enjeux comme quelque chose de complexe a priori, mais inscrire cette évolution dans une démarche de change management. En partant de petites actions, on peut progressivement gagner en maturité sur ces enjeux, faire évoluer les habitudes et, à terme, envisager les possibilités de faire évoluer le modèle. Cela demande du courage et une vision.
Auteur S.L.
www.fairtrade.lu Design: ARAVIS-MEDIA
Revalorisation des déchets
Trier pour mieux recycler
LES CONSIGNES : UNE IDÉE À CREUSER ? Dans le but de promouvoir les emballages réutilisables, le Luxembourg promeut la distribution de produits consignés. C’est déjà le cas aujourd’hui pour certaines boissons comme la bière, et cela pourrait être étendu à d’autres breuvages, mais aussi à la nourriture. L’introduction d’un système de consigne nationale est notamment à l’étude. Toutefois, la majeure partie des emballages est importée et les moyens d’agir directement à la source sont limités. En outre, la reprise d’emballages consignés nécessite de l’espace et une infrastructure d’entre-stockage parfois difficile à mettre en place.
32
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Un nouveau centre de tri plus performant 25.902 tonnes de déchets d’emballages plastique ont été produites en 2018 au Luxembourg, pour un taux de recyclage de 32 %. L’objectif est désormais d’atteindre 50 % de matières plastique recyclées en 2025. Un sérieux défi à relever. « Sur le terrain, une grande partie des emballages en plastique et des emballages légers, canettes et autres conserves sont récupérés via le sac bleu relevé en porte-à-porte toutes les deux semaines. Ce système a permis de collecter 9.500 tonnes en 2019, soit 15,76 kg par h abitant et par an », confie Claude Turping, directeur de Valorlux, association sans but lucratif (asbl) dont la mission principale est d’assurer la collecte sélective, le tri et le recyclage des déchets d’emballages au Luxembourg. Créée voici 25 ans, l’asbl compte aujourd’hui plus de 1.100 entreprises membres. Une fois collectés par différents opérateurs, ces déchets sont acheminés vers le nouveau centre de tri de la société Hein Déchets situé à Bech-Kleinmacher et mis en service en janvier 2019. « Les différentes fractions triées sont pressées et acheminées vers des recycleurs européens agréés. Ces recycleurs sont majoritairement situés dans les pays limitrophes, Allemagne, France, Belgique et Pays-Bas. L’objectif étant de limiter le transport. » De 2018 à 2019, la collecte totale de déchets d’emballages au Luxembourg, tous systèmes confondus, a connu une progression de 5 % avec 57.883 tonnes collectées. Près de 74 % de ces déchets d’emballages ont pu être recyclés et valorisés. Reste le problème spécifique du plastique, encore sous-recyclé aujourd’hui. « Le défi est d’autant plus important que le mode de calcul du taux de recyclage change. Aujourd’hui, tout ce qui entre en centre de tri est pesé et comptabilisé comme étant recyclé. À l’avenir, pour donner un exemple, si la bouteille en plastique contient encore du liquide à l’intérieur, ce liquide ne sera plus pris en compte dans le tonnage final. On estime une perte de l’ordre de 10 à 20 % par r apport aux chiffres actuels. En réalité, il faut donc que nous atteignions un taux
de 60 à 70 % de recyclage, souligne Claude Turping. Le Luxembourg connaît par ailleurs une situation exceptionnelle au vu de la présence massive de travailleurs frontaliers qui effectuent certains achats et les ramènent dans leur pays de résidence. Si l’emballage est produit au Luxembourg, il est finalement trié ailleurs, ce qui fausse quelque peu les statistiques. Point positif tout de même, la qualité du tri et la participation de la population sont excellentes. Depuis la mise en service du nouveau centre de tri, le taux de résidus se situe désormais dans une fourchette de 7 à 9 %, contre 19 % auparavant. » Toujours plus de porte-à-porte Pour atteindre les 50 % de déchets plastique recyclés, le Luxembourg mise sur un renforcement de la gamme des produits collectés. Un projet pilote est en cours dans 46 communes dans le nord du pays avec le Syndicat Sidec. Les pots, gobelets, barquettes, films et sachets en plastique peuvent désormais être collectés dans le sac bleu Valorlux en plus des fractions habituelles : bouteilles et flacons en plastique, emballages métalliques et cartons à boisson. En élargissant la gamme, les quantités collectées ont augmenté de 35 %. L’extension de ce système à tout le pays devrait permettre d’atteindre l’objectif de 50 %. Un deuxième axe concerne la qualité de la collecte. « La qualité du système de collecte par apport volontaire en parc à recyclage n’est pas suffisante, relève Claude Turping. Lors d’un tel tri, l’œil humain n’est pas en mesure de faire la distinction entre un pot de yaourt en polypropylène (PP) ou en polystyrène (PS). Il n’y a pas toujours de signe distinctif sur ce type d’emballage non plus. Un tri automatique industriel est en mesure de faire la différence entre ces différents matériaux et d’assurer une qualité de tri supérieure. C’est pourquoi nous voulons privilégier la collecte en porte-àporte. Cela ne sert à rien de trier deux fois. » Auteur M. P.
Shutterstock
La chasse aux déchets est plus que jamais lancée. Présentée le 23 septembre 2020, la stratégie Null Offall Lëtzebuerg identifie les politiques à mettre en œuvre pour une gestion durable des déchets et des ressources, avec l’ambition d’éviter toute mise en décharge de déchets municipaux à l’horizon 2030. « Plusieurs thématiques ont été identifiées. L’une d’elles porte notamment sur une meilleure utilisation des emballages avec trois objectifs spécifiques : emballer pour conserver les ressources, promouvoir les emballages réutilisables et une distribution en vrac, et, enfin, veiller à un recyclage de qualité élevée », explique Stéphanie Goergen de l’Administration de l’environnement. Dès 2018, le plan national de gestion des déchets et des ressources décrivait les stratégies et mesures pour réduire de manière substantielle les quantités de déchets produits.
Sous la pression de l’Europe, le pays doit maintenant transposer les directives du paquet « économie circulaire » et la directive sur les plastiques à usage unique. Trois avant-projets de lois sont sur la table. Rendre tous les emballages en plastique du marché réutilisables ou facilement recyclables d’ici 2030, tel est l’objectif de l’Union européenne.
Photos
26.000 tonnes de déchets plastique ont été produits en 2018 au Luxembourg, pour un taux de recyclage de l’ordre de 32 %. L’un des objectifs de la stratégie nationale est d’atteindre un taux de 50 % d’ici 2025. Zoom sur un secteur en pleine effervescence.
We give you the energy You write the future
Ensemble vers la transition énergétique Nous avons tous un rôle à jouer. Générations actuelles, générations futures, nous sommes tous concernés par la transition énergétique. Chez Enovos, nous soutenons vos efforts du quotidien en vous fournissant l’énergie la plus verte possible. Ensemble, construisons un avenir durable. Energy for today. Caring for tomorrow.
0431_ENO_AD_Energy_Transition_We_give_you_Future_Girl_PJ_230x300.indd 1
14/09/2020 11:43
Welcome to the Paperjam & Delano audio communities 460x300_Podcasts_Paperjam.indd Toutes les pages
Abonnez-vous à nos podcasts sur
Subscribe to our podcasts on
podcasts.paperjam.lu
Conversations
Newsmakers
TechItEasy
MyLuxembourg
Eco(n)finement
LIVE CHAT
23/10/2020 09:32
Carte blanche
Il faudra, dans quelques années, se souvenir que c’est à l’automne 2020 que la bataille pour le leadership global a débuté en matière de finance durable. D’un côté se tient l’outsider, l’Europe post-Brexit, l’Union européenne (UE). De l’autre se posent en rival les tenants d’une approche globale, portée par le monde anglo-saxon, représenté en premier lieu par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Depuis 2017, l’UE accélère en matière de finance durable et affirme son ADN. Un marqueur de cette dynamique a été la publication de la taxonomie verte mi-2019. Ce volontarisme se retrouve dans le plan de relance intégrant le financement de la transition énergétique et environnementale. Le périmètre couvert par l’UE en matière de finance durable est vaste : entreprises, investisseurs, reporting extra-financier, indices, futurs labels, standards liés aux green bonds… Longtemps adepte de la soft law en matière de finance, en particulier lorsque la Grande-Bretagne était encore à bord, l’UE bascule en faveur d’une régulation hard law en matière de finance durable. Alors, qui l’emportera ? Un rival redoutable La réponse n’est pas évidente, alors que la bataille ne fait que commencer. Différents facteurs jouent en faveur de l’Europe, tels que la légitimité de l’antériorité, la courbe d’expérience réussie des acteurs (émetteurs comme investisseurs), l’ambition politique des États et citoyens européens, la volonté 36
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
« Face à une Europe qui s’affirme, le monde anglo-saxon réagit avec rapidité, puissance et cohésion pour présenter un modèle global soft law, dont l’industrie de la finance reste adepte. »
de lutter contre le greenwashing à l’heure de l’urgence climatique, l’intégration de la double matérialité financière et ESG. Pour autant, l’Europe doit rester vigilante. Vigilante d’abord sur ses propres décisions ; construire une taxonomie de 440 pages pour statuer uniquement sur deux des six objectifs environnementaux, ceux dédiés au climat, en attendant le reste des objectifs environnementaux et tous les sujets sociaux et de gouvernance, n’est-ce pas se mettre une grosse épine dans le pied ? Ne peut-on pas éviter une usine à gaz, bref, la bureaucratie / technostructure tant décriée à l’extérieur comme à l’intérieur de l’UE ? D’autant plus que le rival qui émerge est redoutable. Face à une Europe qui s’affirme, le monde anglo-saxon réagit avec rapidité, puissance et cohésion en cet automne 2020 pour présenter un modèle global soft law, dont l’industrie de la finance reste adepte. La feuille de route est claire. Dans une consultation publiée fin septembre, la fondation International Financial Reporting Standards (IFRS) propose de fédérer les initiatives globales existantes en matière de reporting extra-financier. Cinq acteurs-clés (CDP, CDSB1, GRI1, IIRC1 et SASB1) se sont mis immédiatement et collectivement en rang derrière l’IFRS dans une lettre ouverte adressée à l’IOSCO. Depuis, les signaux dans le même sens venant du monde anglo-saxon (les grands cabinets d’audit Big Four par exemple) se multiplient en faveur de l’ombrelle commune IFRS. L’IFRS veut fonctionner en écosystème et fédérer les initiatives locales et régionales, et en tout premier lieu l’UE, quitte à limiter les ambitions en matière de finance durable. Le bilan de la standardisation des normes comptables internationales mené par l’IFRS depuis 2005 est apprécié avec circonspection, en particulier en Europe. L’avenir nous dira si l’UE est encore prête à mettre son destin entre les mains de l’IFRS en matière de reporting extra-financier / finance durable.
Jean-Philippe Desmartin Directeur de l’investissement responsable Edmond de Rothschild Asset Management
Photo
Comment les places financières doivent-elles soutenir le mouvement vers une green economy ? Jean-Philippe Desmartin, directeur de l’investissement responsable chez Edmond de Rothschild Asset Management, livre ses éléments de réponse à cette question.
La bataille pour le leadership global a débuté
Edmond de Rothschild Asset Management
Financement
Carte blanche
Financement
Photo
BIL
Au cœur du financement de l’économie, les institutions financières veulent prendre leurs responsabilités dans la longue marche vers une green economy. L’heure ne semble plus être à la « procrastination », mais bien à l’action, comme le souligne Olivier Goemans, head of investment services and innovation au sein de la Banque internationale à Luxembourg. En partant du postulat que le système financier est au cœur du financement de l’économie et que l’ensemble de notre écosystème est confronté à l’enjeu majeur du réchauffement climatique, chaque acteur du système financier a un rôle à jouer dans la transition vers une économie plus résiliente. L’heure n’est plus à la prise de conscience ni à la procrastination, l’heure est à l’action. Celle-ci doit se porter sur les mitigations encore possibles et les adaptations nécessaires pour limiter le réchauffement climatique. C’est en transformant ces nouvelles contraintes en opportunités que la dynamique de changement peut s’enclencher. En ayant le pouvoir de définir un cadre législatif et normatif, et de mettre en place des mesures incitatives, le pouvoir politique et le secteur public sont des piliers incontournables du changement. Ils peuvent aussi y imprimer le tempo. Les entreprises du secteur privé, les intermédiaires financiers et plus largement les places financières en sont les acteurs. Si leur priorité reste la calibration des deux paramètres inséparables que sont le risque et le rendement, ces entreprises doivent intégrer ce changement de paradigme, et passer à l’action. Comment ? L’éducation, la trans-
Un enjeu plus large que l’environnement
«En ayant le pouvoir de définir un cadre législatif et normatif, et de mettre en place des mesures incitatives, le pouvoir politique et le secteur public sont des piliers incontournables du changement. »
parence, la promotion des best practices et l’engagement sont des leviers rapidement actionnables. L’intégration de caractéristiques extra-financières (ESG) dans l’ensemble des activités du secteur financier (crédit, financement, épargne, investissement, assurance...) donnera plus de robustesse à l’économie. Il ne s’agit pas de diluer le retour sur investissement, mais de redonner au facteur temps sa juste place dans l’ensemble des critères de valorisation. L’enjeu est cependant beaucoup plus large que l’environnement. Il ne s’agit pas d’un mouvement vers la green economy, mais plus généralement vers une économie plus inclusive et plus résiliente. Il s’agit d’intégrer ce que les économistes dénomment les « externalités1 » dans les processus de valorisation des actifs, en combinaison d’une approche socialement inclusive et collaborative. Cela dépasse donc largement la problématique environnementale. C’est tout simplement une nécessité pour la pérennité de notre civilisation. En adaptant leur mode de fonctionnement, en accompagnant les clients, en s’engageant de manière plus audacieuse, les places financières, du fait de leur position centrale dans l’économie, doivent soutenir le mouvement vers une économie plus verte, plus inclusive, plus résiliente. Ne perdons pas de vue que l’analyse financière classique (focalisée sur l’analyse du bilan et du compte de résultats) omet la partie aujourd’hui prépondérante dans la valorisation d’une société, à savoir ses actifs intangibles (capital humain, marque, réputation…). Face à la révolution digitale, l’avenir en termes d’emploi et de valeur ajoutée pour l’individu réside dans l’intelligence émotionnelle. L’intégration de la finance comportementale à l’analyse financière classique est en progression depuis quelques années. L’avenir réside vraisemblablement dans l’intégration plus globale de la dimension humaine. Olivier Goemans Head of investment services and innovation Banque internationale à Luxembourg Externalité : le fait que l’activité de production ou de consommation d’un agent affecte le bien-être d’un autre sans qu’aucun des deux reçoive ou paie une compensation pour cet effet. Pour illustration, le concept de pollueur-payeur.
1
NOVEMRE 2020 GREEN ECONOMY
37
Carte blanche
Financement
38
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Philippe Ledent Senior economist ING
Maison Moderne (archives)
Comme toute entreprise (et tout citoyen), le secteur financier, et bancaire en particulier, a un rôle à jouer dans la transition vers une économie plus durable. Il en va de la responsabilité sociétale des entreprises et de la conviction qu’une transition vers un développement durable est plus que nécessaire. Le financement de projets d’investissement restant le nerf de la guerre, le rôle joué par le secteur financier est donc particulièrement important pour accompagner les entreprises dans l’adoption de nouvelles technologies, mais aussi dans la réorientation de leurs activités. Les besoins sont énormes : la simple application des avancées technologiques actuelles visant par exemple la réduction des gaz à effet de serre nécessiterait un financement public et privé de très grande envergure. Mais même si ces technologies étaient appliquées partout où elles peuvent l’être, on sait que ce ne serait pas suffisant. Il s’agit donc aussi de financer l’innovation, pour trouver de nouvelles solutions. Il faut ici signaler que la transition vers une économie plus durable demande parfois de réinventer le financement de projets. Dans le cadre de l’économie circulaire par exemple, il s’agit de mettre en place une structure de financement qui valorise le produit en fin
« Le financement de projets d’investissement restant le nerf de la guerre, le rôle joué par le secteur financier est particulièrement important pour accompagner les entreprises dans l’adoption de nouvelles technologies. »
de vie plutôt que de le considérer comme un déchet sans valeur. Mais la nécessité de supporter la transition va au-delà des convictions. En effet, l’évolution des mentalités, des comportements des citoyens et des autorités (donc des réglementations) fait que nier la transition vers une économie durable va de plus en plus représenter un risque financier pour les entreprises et les investisseurs. Au contraire, la vague du développement durable, bien plus qu’une mode passagère, va offrir de plus en plus d’opportunités d’investissements qui combineront la rentabilité financière et l’impact positif sur la société. Dès lors, même dans une métrique classique d’analyse financière, fondée sur la rentabilité d’une part et le risque d’autre part, l’investissement durable trouve une place de choix. C’est certainement le cas lorsque l’on se focalise sur la transition des entreprises vers un développement durable, plutôt que sur les exclusions de certains secteurs. Un investissement basé sur la transition permet d’investir dans l’ensemble des secteurs de l’économie, et donc de diversifier ses investissements, ce qui est un gage de minimisation du risque pour une rentabilité donnée. Paradoxalement, il n’y a donc pas la nécessité d’une recette miracle pour que des investissements dans le développement durable maintiennent un couple rendement-risque correct. Au contraire, à long terme, le fait de ne pas tenir compte du développement durable deviendra un risque dans un portefeuille.
Photo
Comment le secteur financier peut-il participer à la transition vers une économie décarbonisée ? Comment faire en sorte que l’objectif de retour sur investissement soit maintenu pour les investisseurs ? Philippe Ledent, senior economist chez ING, répond à ces questions cruciales pour le futur de l’économie.
Supporter le durable va au-delà des convictions
Carte blanche
Financement
Photo
Quintet
La transition vers une économie durable ne se fera pas sans la transformation des entreprises qui sont à la source des principales émissions de CO2. Un changement qui doit passer par le dialogue, souligne Vitaline Copay, sustainable investing analyst au sein de Quintet Private Bank. La décarbonisation de l’économie ne se fera pas sans l’action du secteur financier. Ce dernier doit se mobiliser pour une transition verte, cette contribution des investisseurs est propice à la planète, aux entreprises, ainsi qu’aux actionnaires. Pour encourager la transition vers une économie décarbonée, une coalition de plus de 500 investisseurs, représentant plus de 40 mille milliards d’euros d’actifs sous gestion, s’est rassemblée au sein de l’initiative Climate Action 100+. Elle s’engage à faire pression sur les 161 entreprises les plus polluantes afin que celles-ci prennent des mesures contre le réchauffement climatique. Ces 161 entreprises sont en effet collectivement responsables de 80 % des émissions industrielles de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Ainsi, des centaines de banques et gestionnaires d’actifs, dont Quintet Private Bank, se mobilisent activement et ont entamé un dialogue avec les équipes dirigeantes de ces entreprises. Ils ont notamment déposé des résolutions à l’agenda des assemblées générales et ont cosigné des déclarations communes d’investisseurs. Depuis le lancement de Climate Action 100+ en 2017, des progrès notables ont déjà été réalisés. 50 entreprises visées (dont Ford, Rolls-Royce, Shell et Total) ont annoncé l’ob-
La mobilisation verte du secteur financier
« L’adoption d’un cadre international commun permet une meilleure évaluation et standardisation de la manière dont les entreprises reportent sur les risques financiers liés au climat. »
jectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 au plus tard. Elles alignent ainsi leur stratégie sur les objectifs de l’accord de Paris. De plus, 59 entreprises visées ont officiellement soutenu les recommandations du Groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives au climat (Task Force on Climate-related Financial Disclosures – TCFD), mis en place par le Conseil de stabilité financière. L’adoption d’un cadre international commun permet une meilleure évaluation et standardisation de la manière dont les entreprises reportent sur les risques financiers liés au climat. Il est important que les objectifs annoncés par ces entreprises soient atteints et que d’autres leur emboîtent le pas, en nombre et dans les meilleurs délais. Afin de favoriser la mise en place de stratégies crédibles en matière de neutralité carbone et d’évaluer les progrès réalisés, le groupe d’investisseurs a développé une méthode de benchmarking, incluant des objectifs chiffrés. En septembre dernier, Climate Action 100+ a adressé un courrier à chacun des dirigeants et des membres des conseils d’administration des 161 entreprises concernées à ce sujet. Nous devons nous réjouir de telles évolutions. Il est cependant essentiel que ce mouvement s’intensifie davantage afin d’accélérer la transition vers une économie décarbonée et de prévenir les effets dévastateurs du dérèglement climatique.
Vitaline Copay
Sustainable investing analyst Quintet Private Bank
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
39
Rénovation énergétique
« La conscience climatique a évolué » Le GIE Myenergy observe un regain d’intérêt de la part du public pour les aides énergétiques, dont les montants ont été récemment relevés dans le cadre du plan de relance Neistart Lëtzebuerg. Explications avec le directeur de la structure nationale pour la promotion d’une transition énergétique durable, Gilbert Théato.
En quoi le relèvement des aides à la rénovation énergétique impacte-t-il le travail de Myenergy ? Nous avons réagi en intégrant un conseiller supplémentaire externe dans notre équipe (désormais composée de sept conseillers), en nous réorganisant en interne et en décalant certains projets dans le temps. Cela s’est relativement bien passé. Par contre, d’autres activités, comme les conférences d’information organisées dans les communes, n’ont pu être réalisées suite aux nouvelles normes sanitaires. Au Luxembourg, l’offre en matière de rénovation énergétique des habitations de la part des artisans locaux suffit-elle, face à la demande ? En général, j’estime que la demande peut être couverte par l’offre qui est proposée au Luxembourg, tout en sachant que ce sont aussi bien des sociétés luxembourgeoises que des entreprises des régions frontalières qui ont leur part de marché dans ce business. Face à la demande actuelle, la situation est encore difficile à juger ; il faudra attendre pour 40
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
GILBERT THÉATO BIO EXPRESS Énergie Gilbert Théato, de nationalité luxembourgeoise, a une expérience de plus de 20 ans dans le domaine de l’énergie. Les énergies renouvelables et la transition énergétique sont des sujets qui lui tiennent à cœur. Carrière Arrivé en 2010 chez Myenergy en qualité de directeur, il a également travaillé pour la Ville de Luxembourg et BLS Energieplan Ingénieurs-Conseils.
Remarquez-vous une conscientisation du public sur les questions d’efficience énergétique, ou bien l’appât de la prime joue ? Je pense que ce n’est pas seulement lié aux aides. Évidemment, les aides donnent toujours un bon coup de pouce pour stimuler les gens à faire quelque chose. Mais les dernières années ont montré que la conscience climatique a évolué. Par exemple avec les « Fridays for Future », les gens se rendent compte qu’il y a de nouveaux challenges. Nous constatons un grand intérêt, non seulement pour la rénovation énergétique, mais aussi pour des mesures comme l’installation de panneaux photovoltaïques, d’une nouvelle chaudière, d’un passage des énergies fossiles aux renouvelables. Il n’y a pas de réponse universelle, mais quelle part de l’investissement les aides peuvent-elles atteindre ? Les aides ne vont pas au-delà des 50 % des coûts éligibles. Toutefois, avec les suppléments du programme Neistart Lëtzebuerg, un plafond de 75 % des coûts éligibles est possible. Ces aides sont quand même considérables au Luxembourg par rapport à ce qui se fait à l’étranger. Pour se faire une idée des sommes allouées, l’application Myrenovation, téléchargeable gratuitement, propose d’évaluer rapidement le montant des aides auxquelles on peut prétendre. Il y a aussi les aides octroyées par les communes ; elles sont trop méconnues. L’application donne la possibilité de voir tout de suite que les montants sont vraiment intéressants pour un projet de rénovation. Et je dirais que nous ne sommes pas loin des 50 % des montants engagés pour financer la rénovation. Évidemment, cela dépend toujours du projet concret et des matériaux mis en place. En plus, il ne faut pas oublier qu’il existe un bonus écologique pour certains matériaux de rénovation. Dans l’ensemble, la population est-elle bien informée du régime des primes à la rénovation énergétique et à la promotion des systèmes de chauffage basés sur les énergies renouvelables ? C’est toujours un « work in progress », et des outils, comme l’application Myrenovation justement, peuvent contribuer à faciliter cette transmission de l’information. Mais assurément, la population est davantage consciente de l’intérêt d’améliorer l’efficience énergétique de son habitation. Auteur C.K.
Myenergy
Cette tendance résulte-t-elle du confinement, qui a laissé davantage l’opportunité aux propriétaires de se consacrer à leur habitation, ou bien du plan Neistart Lëtzebuerg, qui a revu à la hausse les aides financières ? Il faut avouer qu’au début du confinement, c’était assez tranquille. Les gens, cependant, se sont posé des questions quand ils étaient à la maison. Et quand le déconfinement s’est amorcé, ils ont recommencé à se manifester pour avoir des informations et des conseils. Mais cela ne suffit pas à expliquer la forte augmentation que nous avons eue : les demandes ont augmenté très considérablement à partir du lancement du programme Neistart Lëtzebuerg, qui a agi comme un catalyseur pour la promotion de la transition énergétique.
voir jusqu’à quel degré les demandes de conseil se répercutent sur des projets précis. En tout cas, pour faire face à une rénovation énergétique conséquente, l’artisanat aura, dans les années à venir, des opportunités intéressantes.
Photo
Constatez-vous une hausse de la demande des particuliers concernant des informations en matière d’amélioration de la performance énergétique de leur habitation ? Très clairement, oui. Nous avons, dans nos activités, une mission d’information et de conseil des consommateurs, principalement des particuliers. Pour ces deux éléments, nous avons clairement une hausse considérable. Pour les mois de juin et juillet, si nous comparons entre 2019 et 2020, nous avons plus que triplé les appels sur notre hotline téléphonique. Nous avions 300 appels en juin 2019, et plus de 1.000 en juin 2020. En ce qui concerne les conseils de base en énergie donnés au domicile des particuliers, on peut dire que, pour les derniers mois, nous délivrons 2,5 fois plus de conseils qu’il y a un an.
transformation / production
animaux agriculteur, cultivateur
laiterie
distribution en gros (transport)
ĂŠnergie
nature circulaire
plantes
ĂŠconomie circulaire
le sol (substances nutritives)
consommateur
commerce de dĂŠtail, restauration
Foundation Luxembourg
Petits changements du quotidien
1
Au travail
Gobelet, barquette, sac plastique, bouteille. Pour chacun de ces éléments, il existe une alternative qui ne laisse aucun déchet. Une tasse pour la machine à café au bureau ou un mug de voyage pour les points de vente, qui accordent parfois une ristourne. Équipez-vous d’une boîte à repas ou pensez à l’initiative Ecobox. Côté boisson, une gourde et l’eau du robinet étancheront parfaitement votre soif. Les bouteilles en aluminium permettent de conserver le froid (ou le chaud) pendant plusieurs heures. Le tout dans un tote bag.
2
Pour les emplettes
L’achat en vrac est une alternative parfaite pour réduire les emballages. C’est l’occasion de vous rendre dans une des épiceries spécialisées du pays, comme Ouni, pour faire vos achats, équipé(e) de bocaux, qui ne seront plus abandonnés dans la cave. Le Superbag, ce sac réutilisable et résistant, est disponible dans de nombreuses enseignes pour les fruits et légumes, par exemple. Côté frais, il est temps de passer la porte des commerçants du quartier spécialisés dans les métiers de bouche (fromager, boucher, traiteur...) avec vos bocaux ou boîtes en acier inoxydable. Et pour transporter vos emplettes : utilisez des sacs en tissu ou réutilisables, ou bien même un caddie à roulettes.
Quatre conseils pour passer en mode zéro déchet
3
Pour offrir À la maison
Pour le ménage, équipez-vous de bicarbonate de sodium, de vinaigre blanc et de savon noir. À eux trois, ils pourront remplacer bon nombre de produits ménagers industriels. Abandonnez l’essuie-tout et les lingettes pour des chiffons et torchons, et remplacez votre éponge par une brosse pour faire la vaisselle… Côté cuisine, tous les déchets organiques peuvent aller au compost. Et s’il y a des restes, n’hésitez pas à les emballer et les prendre au bureau, ou à les placer dans le congélateur. Dans la salle de bains, comme pour le ménage, vous pouvez jouer à l’apprenti chimiste avec de nombreux tutoriels pour remplacer vos produits grâce à des ingrédients naturels. Les produits solides (shampoing, déodorant…) éviteront le suremballage. Pour les accessoires, remplacez les cotons-tiges par un oriculi, et les cotons démaquillants par des carrés en coton lavables.
42
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
4
Faites également le choix de réduire directement ou indirectement les déchets quand vous offrez des cadeaux. Des jouets en bois pour les enfants, des produits de seconde main pour la revalorisation (surtout l’électronique), des vêtements eco-friendly, disponibles par exemple dans la boutique Akabo (Luxembourg), des cadeaux dématérialisés, du fait-maison… Et emballez le tout avec la technique furoshiki en utilisant du tissu.
Paperjam, un écosystème média à 360°
Mensuel Abonnez-vous sur www.eshop.maisonmoderne.lu
Suppléments
11 numéros par an
Classique, Booklet, Journal
Paperjam Hors-Série Architecture + Real Estate
Les suppléments de Paperjam se déclinent en trois formats distincts et adaptés en fonction de leur usage, de leur contenu, de leur diffusion.
Publication annuelle de plus de 300 pages reprenant une sélection de projets architecturaux intéressants.
Paperjam Guide 2.300 biographies et 6.900 entreprises + institutions sur www.paperjam.lu/guide
Paperjam.lu
Générateur de business depuis plus de 20 ans. Publiez ou mettez à jour votre biographie en ligne. Publiez ou mettez à jour votre fiche d’entreprise en ligne.
L’actualité business et politique non-stop.
PROCHAINE PARUTION: 30 DÉCEMBRE 2020
Écosystème
Paperjam Club
Newsletters Abonnez-vous sur www.subscription.maisonmoderne.com
Découvrez le programme sur www.paperjam.lu/club
Newsletter biquotidienne (8h - 16h) Foodzilla (jeudi) Trendin’ (vendredi) Week-End (mensuelle) Architecture + Real Estate (bimensuelle) Finance (mensuelle) Green (mensuelle) Running (mensuelle)
Le premier club d’affaires au Luxembourg en live et en digital. Paperjam Cercles, Academy, Talks, Shows, Activation, Social, Communication, Assistance. Devenir membre Devenir intervenant Devenir sponsor
Podcasts Abonnez-vous sur www.paperjam.lu/list/podcasts
Paperjam.jobs Rendez-vous sur www.paperjam.jobs
Écoutez ou réécoutez les nombreux podcasts proposés par Paperjam. De nombreux thèmes sont abordés avec un panel d’experts et de décideurs qui font l’actualité.
Grands Dossiers
Candidats, trouvez votre prochain poste. Recruteurs, publiez vos offres.
À lire sur www.paperjam.lu/dossiers Retrouver les derniers : Private equity, Green business, Fintech & Regtech, Private banking Participez aux prochains: AI, Data & Cybersécurité, Wealth management, Innovation & Nouvelles technologies
Social Paperjam
@Paperjam_lu
Paperjam Foodzilla Paperjam Club
230x300_PJ Ecosysteme.indd 119
Paperjam
Paperjam
Paperjam Architecture + Real Estate
@paperjam_lu
@paperjam_architecture
PaperjamFoodzilla @Paperjam_Club
@paperjam_foodzilla Paperjam Club
16/10/2020 18:34
Activités
Les métiers de la transition écologique
44
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
chantier », souligne Tom Wirion, le directeur général de la Chambre des métiers. L’artisanat, un secteur précurseur La formation continue s’avère être un outil indispensable pour adapter rapidement les métiers aux nouvelles normes. « L’objectif est de réduire les émissions de CO2 de 55 % en 2030. Un projet de règlement grand-ducal porte notamment sur la performance énergétique des bâtiments. Il renforce les exigences d’isolation. Dans le futur, les bâtiments fonctionnels devront eux aussi répondre à la classe AAA. Le gouvernement veut par ailleurs rapidement sortir les énergies fossiles des systèmes de chauffage, et ce dès 2022 », note Gilles Reding, directeur des Affaires environnementales, technologiques et innovation au sein de la Chambre des métiers. L’organisme patronal, avec l’Institut de formation sectoriel du bâtiment (IFSB) sont
là pour aider les entreprises à améliorer leurs compétences et permettre la transition énergétique. « Nos métiers s’adaptent. Nos formations également. Le nouveau Brevet de maîtrise ‘Génie technique du bâtiment’, lancé lors de cette rentrée, répond aux nouvelles exigences du secteur, analyse Tom Wirion. Il réunit quatre anciens brevets. Grâce à la digitalisation et à l’intelligente combinaison de toutes les techniques du génie technique du bâtiment (smart living), il y a eu une convergence croissante, ces dernières années, entre les domaines d’activités des installations de chauffage et sanitaires, de l’isolation, de l’électricité et de la technique de mesure. Par ailleurs, le besoin en énergies renouvelables augmente. Si cela engendre d’énormes défi s, cela a l’avantage de créer de nouvelles opportunités. Les profils professionnels évoluent, et la demande de spécialistes qualifiés ne cesse de croître. » Pour les diplômes d’aptitude professionnelle (DAP) et l’apprentissage en général,
Illustratiosn
S’il est difficile d’imaginer à quoi ressemblera notre quotidien dans 10 ou 20 ans, l’évolution vers plus d’écologie, d’économie circulaire, de coopération et de partage fait son chemin. Une transition des modes de vie qui connaît l’émergence de nouveaux métiers mais aussi l’évolution des métiers existants, dans une multitude de domaines. Dans le secteur du bâtiment et de l’artisanat, le ton est déjà donné. Depuis 2017 notamment, la construction de maisons neuves au Luxembourg doit répondre à la classe énergétique la plus stricte AAA. Pour répondre aux exigences qui en découlent, la Chambre des métiers a développé dès 2012 un cycle de formation Artisan certifié maison passive destiné aux dirigeants et cadres techniques d’entreprises. « Dans une deuxième phase, nous avons proposé une formation de courte durée, adaptée aux besoins des collaborateurs qui exécutent la construction de maisons passives sur
Maison Moderne
Habitats passifs, mobilité douce, énergies renouvelables… La transition écologique est en marche. Et dans son sillage apparaissent de nouveaux métiers, à la croisée des considérations environnementales et des progrès technologiques.
Source
Luxembourg 2030, 3e Plan national pour un développement durable
une démarche prospective a été initiée. L’objectif est d’analyser tous les métiers et de voir comment ils vont évoluer dans les 10 à 15 ans afin d’adapter la formation des plus jeunes aux attentes futures du marché. Un autre secteur qui a déjà énormément évolué et qui va encore devoir s’adapter est celui de l’automobile. « Celui qu’on appelle communément le garagiste est d’abord passé de mécanicien à mécatronicien. Avec l’arrivée de l’électromobilité et de l’intermodalité, n’at-il pas finalement vocation à devenir un acteurclé en mode mobility as a service ?, s’interroge Tom Wirion. Demain, on pourrait imaginer qu’il devienne davantage un gestionnaire de mobilité. Là, il s’agit bien d’un nouveau métier au cœur de la ville du futur. Bien d’autres professions vont devoir s’adapter, et de nouvelles fonctions vont apparaître. » Un espace urbain à repenser Invitée à se réinventer, la ville est au cœur de la transition écologique. Elle devra, avant tout, parvenir à réduire son impact environnemental. Une ambition qui peut se concrétiser à travers de multiples démarches : meilleure gestion et valorisation des déchets, utilisation optimale des ressources naturelles, intégration de l’économie circulaire, construction durable de bâtiments, développement et utilisation d’énergies renouvelables, mobilité douce… La ville de demain sera aussi plus intelligente. En s’appuyant sur les nouvelles technologies, dont l’internet des objets, il sera possible de récolter des millions de données et de les connecter entre elles. De nouvelles formes de production voient le jour à la faveur, par exemple, de la rencontre entre l’agriculture et la construction. L’urban farming, ou agriculture urbaine, se positionne ainsi comme une alternative aux modes de production et de consommation traditionnels. Des urbanistes, des architectes, des paysagistes seront, à l’avenir, invités à remodeler les espaces. « À ce titre, le Luxembourg est le premier pays à s’être doté d’une stratégie concrète dédiée à l’urban farming, en vue de construire une société plus résiliente », confie Karine Paris, coordinatrice Urban Gardening au sein du Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL). « Il est intéressant de se pencher un instant sur les taux d’autonomie du Luxembourg. En 2015, le pays présentait un taux d’autonomie de 112 % pour les produits laitiers et frais, mais de seulement 1 % pour les fruits et les légumes, souligne Frank Adams, maître maraîcher, artisan semencier et professeur au Lycée technique agricole (LTA). L’augmentation de la production locale et la transition agro-écologique sont d’ailleurs présentes dans l’accord de coalition 2018-2023. » La section du maraîchage au LTA a été convertie en production biologique certifiée en 2012. L’organisme délivre également une nouvelle
5 SECTEURS EN MUTATION Voici les cinq principaux secteurs dont le fonctionnement et les affaires vont être modifiés sous l’effet de la transition écologique.
ÉNERGIE La transition énergétique est un sujet central. La fin des énergies fossiles est à l’agenda. L’avenir est à l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau d’énergie, notamment par le dévelop pement du stockage d’énergie décentralisé, des réseaux d’énergie intelligents digita lisés, et donc beaucoup plus efficients.
CONSTRUCTION À l’origine de 40 % de la consommation totale d’énergie et de 36 % des émissions de CO2 dans l’UE, l’environnement bâti constitue un levier essentiel de progrès environnemental, par le biais de la réno vation énergétique. Dans le domaine de la construction, le pays souhaite miser sur des projets « intelligents, durables, circulaires et à zéro énergie ».
AGRICULTURE Dans le cadre du Plan national pour un développement durable (2010), il a été constaté que le Luxembourg aurait besoin du double de sa superficie agricole pour nourrir sa population. Il faudra de la main-d’œuvre, notamment beaucoup de maraîchers, pour rendre le pays plus résilient.
INDUSTRIE AUTOMOBILE L’utilisation de moyens de transport plus durables et moins polluants est au cœur de la transition. L’industrie automobile se réinvente en permanence. Voitures parta gées, mobility as a service et intermo dalité sont des sujets à tenir à l’œil.
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE Si l’on pense à la ville de demain, avec des toitures ou des murs végétalisés, dans laquelle la population se réappro prie la rue pour en faire un lieu de vie et de rencontre, avec l’installation de jardins partagés et l’intégration de la mobilité douce, les urbanistes sont les premiers concernés.
formation Entrepreneur maraîcher (diplôme de technicien en 3 ans). « Pour donner un exemple concret, la coopérative Terra, lancée en 2014, nourrit aujourd’hui 250 familles sous forme de paniers de légumes bio, partage Karine Paris. La structure compte quatre salariés, qui vivent décemment de leur activité, trois apprentis et des volontaires. Elle exploite un demi- hectare seulement. Pour fournir suffisamment de légumes pour tout le pays, il faudrait 4.000 coopératives du genre sur le territoire. C’est vous dire que nous aurons besoin de maind’œuvre dans le futur. » Place à l’imagination L’étude menée en 2016 par Jeremy Rifkin sur la Troisième révolution industrielle au Luxembourg le précise : demain, l’économie de partage, plus horizontale, au sein de laquelle des biens et des services sont mutualisés et permettent une gestion plus efficiente des ressources, coexistera avec le capitalisme. La ville devra également se montrer plus participative et inclusive, en intégrant davantage ses citoyens dans ses prises de décision et l’organisation de ses services. Une manière, aussi, de recréer du lien social. « Au sein du CELL, nous avons tous un peu inventé notre métier, confie Norry Schneider, coordinateur. Notre rôle est d’accompagner le mouvement de la transition, d’offrir une plateforme d’échange et de partage pour toutes les initiatives qui contribuent à transformer durablement notre société. Le réseau est composé de groupes de citoyens, d’asbl ou de coopératives, lorsqu’il comprend un volet plus économique. » Urbanistes, scientifiques, artistes, simples citoyens sont ainsi invités à redessiner l’espace et à repenser les fonctions. Afin d’encadrer les initiatives, des postes de coordinateur ou de facilitateur voient le jour. « Nous recrutons par exemple un nouveau coordinateur pour gérer le tiers-lieu Facilitec à Esch, qui est un incubateur pour les projets alternatifs et dans lequel la coopérative et couveuse d’éco- entrepreneurs CoBees a ses locaux, explique Antonine Jacobs, gérante de la coopérative. La transition est avant tout une histoire de communauté. On retrouve l’idée de métiers qui font du sens. L’aspect motivationnel prend le dessus. Par ailleurs, je pense que d’anciens métiers seront réhabilités dans le futur. » Des réparateurs et des créateurs permettront de recycler l’existant. « Des animateurs de jardins partagés ou des agriculteurs urbains croiseront la cuisinière, qui valorisera leurs produits, à l’échelle d’un immeuble ou d’un quartier dans l’idée d’un habitat participatif où les fonctions sont mutualisées », termine Karine Paris. Si de nombreux métiers évoluent, d’autres vont se créer pour répondre aux nouveaux besoins d’une société en route vers la transition. Auteur M. P.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
45
Activités
Le Centre for Ecological Learning Luxembourg partage quatre métiers issus de la transition écologique.
AGRICULTURE
Maraîcher en agroécologie
Facilitateur de transition écologique
Afin d’augmenter son autonomie alimentaire, le Luxembourg a besoin d’agriculteurs formés au maraîchage et qui travaillent selon les principes du développement durable.
Afin d’accompagner la transition, des coordinateurs et facilitateurs encadre ront les personnes, groupements citoyens, entreprises ou communes afin d’organiser le changement de manière professionnelle.
Que fait-il ? Le maraîcher agroécologique produit des légumes en pleine terre. Durant toute l’année, il cultive le sol. Il n’em ploie pas de produits phytosanitaires chimiques et utilise des matières organiques recyclées localement. Il favorise la biodiversité. Il travaille habituellement en équipe, en coo pérative, et est soutenu par une communauté locale. Il s’inscrit dans un réseau pour que ses produits soient ven dus directement au consommateur ou valorisés à proximi té. Il contribue à améliorer la résilience du système alimentaire. Par son travail en grande partie manuel, il ramène de la vie dans le sol et contribue à séquestrer du carbone, utile au développement de ses plantations sous forme d’humus.
Que fait-il ? Le facilitateur ouvre l’espace pour permettre aux projets de transition de se développer. Il réunit les parties prenantes et essaie d’en faire sortir le meilleur. Qu’il s’agisse de créer un jardin partagé, de lancer une coopérative énergétique ou à finalité sociale, de promouvoir une monnaie locale, le facilitateur est là pour coordonner les échanges et per mettre au projet de voir le jour, dans le respect des attentes du plus grand nombre.
Quelles sont ses compétences ? Il dispose d’une bonne connaissance du vivant et du fonc tionnement de la nature. Il adapte sa culture à la nature et est donc à l’écoute de celleci. Il observe, déduit, réagit aux imprévus avec souplesse. Il s’agit d’une personne flexible, en bonne santé physique, qui dispose d’une forte capacité d’adaptation. Il a l’esprit entrepreneurial, doit être organisé et capable de gérer son activité, tout en sachant bien s’entourer. Quelle est sa formation ? S’il n’est pas déjà agriculteur installé ou qui se réoriente vers le maraîchage, le candidat peut suivre un des diffé rents régimes proposés au LTA pour devenir maraîcher professionnel, principalement le DAP Horticulteurmaraîcher et le DT Entrepreneur maraîcher. Combien gagne-t-il ? Le maraîcher est souvent salarié de la coopérative pour laquelle il travaille. Ce sont les membres de la coopérative qui décident de l’importance de son salaire.
46
SOCIÉTÉ
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Quelles sont ses compétences ? Il dispose de compétences en matière de gouvernance partagée. Il a la capacité d’intégrer des gens venant d’ho rizons différents dans un même projet. Il est à l’écoute. Il doit animer, sans prendre le leadership. Il dispose égale ment d’un large carnet d’adresses pour gérer les aspects pratiques, mais aussi les questions réglementaires. Quelle est sa formation ? Il n’y a pas de formation à proprement parler pour devenir facilitateur de transition écologique. La sociologie, la psy chologie, les sciences économiques, la communication… Toutes les portes d’entrée sont possibles. Le métier s’ap prend davantage sur le terrain qu’il ne s’enseigne. Il existe toutefois des formations en techniques de facilitation. Combien gagne-t-il ? Pour l’heure, les facilitateurs de transition écologique viennent du monde des ONG. « Le salaire est assez bas, mais nous sommes passionnés par ce que nous faisons. Il y a un côté militant dans notre action et notre but n’est pas de gagner beaucoup d’argent, confie Norry Schneider, coor dinateur de la Luxembourg Transition Platform. Après, se pose la question de la valeur que la société veut donner à notre action, mais c’est un autre débat. »
Paperjam.lu, rejoignez la communautÊ business grand-ducale Plus d’informations sur maisonmoderne.com
300.000 lecteurs uniques par mois
230x300_Campagne produit MM-2021-Autopromo.indd 2
16/10/2020 17:19
Activités
CONSOMMATION
L’écogestionnaire de quartier
Dans une société où le zérodéchet va devenir la règle, la réparation des objets existants et la conception de nouveaux objets à partir de l’ancien vont devenir la norme.
L’écogestionnaire veille au bon fonctionnement de son quartier. Il supervise les projets de rénovation énergétique, l’aménagement durable et favorise les échanges à l’échelle de sa communauté.
Que fait-il ? Vous connaissez le principe du repair café ? Si, aujourd’hui, ce mouvement est en pleine expansion en Europe, il s’ap puie sur des bénévoles aux compétences multiples. Demain, ces personnes pourront gagner leur vie en réparant tous les produits qui ne fonctionnent plus… Elles pourront aus si imaginer des produits, manufacturés ou non, à base de produits recyclés. Deux des grands piliers de la stratégie Null Offall Lëtzebuerg est la prévention de déchets, en pro mouvant avant tout des mesures qui prolongent le 1er emploi et favorisent le réemploi – et ce dès la phase de concep tion –, mais également la réparation en vue de la réutilisa tion. Concevoir pour un meilleur usage et développer une culture de réparation et de réemploi font partie des grandes lignes de la stratégie. Quelles sont ses compétences ? L’écoconcepteur, ou réparateur, dispose de très bonnes compétences manuelles dans plusieurs domaines comme l’électricité, la sidérurgie, le bois, etc. Il dispose aussi de compétences intellectuelles afin de concevoir de nouveaux objets à partir des pièces dont il dispose. Il fait partie d’une communauté locale, contribue à l’émergence d’une éco nomie circulaire bénéfique pour toutes les parties pre nantes. Il participe activement au maintien du lien social dans son quartier.
48
RÉNOVATION
Réparateur et écoconcepteur
Que fait-il ? Dans le futur, chaque quartier pourra s’associer afin de mutualiser les rénovations énergétiques, notamment pour baisser les coûts et générer une économie d’échelle. Pour accompagner ces projets, le métier d’écogestionnaire devra voir le jour. Personnage polyvalent, il pilotera locale ment l’ensemble des services mutualisés et collaboratifs pour l’immobilier. Par exemple, ses activités pourraient tourner autour de la végétalisation du quartier ou mettre en relation des projets de rénovation proches. Plus géné ralement, son rôle est d’identifier les besoins du quartier, de trouver des solutions adaptées et de participer au main tien du lien social. Quelles sont ses compétences ? Doté d’un très bon sens de l’écoute, l’écogestionnaire est un bon coordinateur aux compétences sociales élargies. Il accompagne les usagers et les habitants dans leur appro priation du quartier et des bâtiments, notamment sur les questions énergétiques. Le métier de facilitateur énergé tique demande une expérience technique, notamment pour fournir les bonnes recommandations pour la transi tion énergétique, guider les usagers vers de nouvelles pra tiques, coordonner et créer de nouveaux services dans le quartier, ou encore assurer la relation avec l’aménageur…
Quelle est sa formation ? L’écoconcepteur aura une formation technique poussée ou une expérience étendue dans un domaine manuel. Il travaille aujourd’hui dans un secteur comme l’industrie ou l’artisanat et redonnera du sens à son travail en contribuant au bon fonctionnement de l’économie circulaire.
Quelle est sa formation ? De formation technique (Bac + 3 ou + 5), il a développé de bonnes connaissances en transition énergétique : audit énergétique, installations climatiques, bâtiments économes. Des masters spécialisés en efficacité énergétique / transi tion énergétique ou en management de l’environnement sont déjà délivrés par plusieurs universités.
Combien gagne-t-il ? Rémunéré pour réparer et concevoir des objets, il gagne très correctement sa vie. L’économie circulaire vise à rendre tout appareil réparable.
Combien gagne-t-il ? S’il est employé par un bureau d’études spécialisé, on peut s’attendre à une rémunération équivalente à celle d’un char gé de projet actuel.
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
La biquotidienne digitale et grand-ducale Abonnez-vous sur newsletter.paperjam.lu
38.000
abonnés à la newsletter (tous segments confondus) avec un taux d’ouverture moyen de + 30 %
230x300_Campagne produit MM-2021-Autopromo.indd 3
16/10/2020 17:19
L’exemple de Wiltz
Circulez, il y a tout à voir ! Wiltz a été désignée comme hotspot de l’économie circulaire au Luxembourg. À cet égard, la commune développe sur son territoire plusieurs projets pilotes faisant du concept une réalité au quotidien. Zoom sur trois de ces grandes initiatives. Auteur J. R.
Wiltz, l’ancienne cité ouvrière des Ardennes luxembourgeoises, ville martyre de la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui le symbole d’un renouveau. En 2015, la commune, qui comptait à l’époque 6.387 habitants (7.273 en 2020, ndlr) est en effet devenue le hotspot de l’économie circulaire au Grand-Duché. « L’étude Rifkin concernant la Troisième révolution industrielle met l’accent, notamment, sur l’importance d’évoluer vers une économie circulaire dans notre pays. Au-delà de la théorie, il est important de concevoir et déployer des projets concrets allant dans ce sens, pour mieux comprendre les impacts et les plus-values d’une telle approche », explique Pierre Koppes, échevin (LSAP) de la commune en charge de l’économie circulaire. C’est ainsi que Wiltz initie et concrétise actuellement une vingtaine de projets de différentes envergures, basés sur cette philosophie qui, selon le ministère de l’Environnement, a pour objectif de « réintroduire autant que possible les produits et matériaux utilisés au-delà d’un cycle de vie d’un produit ou d’une marchandise dans d’autres processus de production, créant ainsi de nouveaux produits au lieu de déchets ». « Pour nous, il s’agit de parvenir à trouver un équilibre entre l’environnement, l’économie et l’Homme dans tout ce que nous entreprenons, poursuit l’échevin. Cette vision, durable, doit contribuer à faire de Wiltz un centre de développement important au nord du pays, capable d’attirer entreprises, commerces, travailleurs et habitants au cours des prochaines années et de leur offrir un lieu de vie agréable. »
50
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Z.A. SALZBAACH Une zone d’activité économique de 25 hectares SUR PLACE 16 entreprises y sont actuellement installées
ZONING D’ACTIVITÉ SALZBAACH
PROJET Un agrandissement de 3,6 hectares est prévu d’ici 2022
Le développement de l’économie circulaire à Wiltz a débuté au cœur de sa zone d’activité économique Salzbaach. « Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur deux locomotives en la matière : d’une part Tarkett, et d’autre part No-Nail Boxes », commente Pierre Koppes. À l’initiative de la commune et de quelques sociétés, les entreprises déjà implantées dans cette zone d’activité ont été mises en relation dès 2016. Des études ont été réalisées afin qu’elles puissent partager les éventuelles p roblématiques qu’elles rencontraient et identifier les sujets communs susceptibles de
À VENIR 5 à 6 entreprises futures
LES ENTREPRISES, FER DE LANCE
les intéresser. « Elles se sont par exemple rendu compte qu’elles allaient parfois chercher certains services loin, alors que d’autres entreprises les proposaient ici, à Wiltz », souligne l’échevin. Depuis, plusieurs initiatives ont vu le jour : achat groupé d’énergie afin de bénéficier d’un meilleur prix, gestion commune et plus efficace des déchets avec un seul prestataire de services, système de covoiturage, rassemblement des envois pour la poste, etc. Une extension prévue Le zoning actuel est amené à s’étendre dans les prochaines années et à accueillir de nouvelles entreprises attachées à l’économie circulaire. « Nous menons bien sûr une réflexion pour que cet agrandissement se réalise selon ce modèle qui anime notre commune, et en fonction des besoins des futures entreprises du zoning », commente Pierre Koppes. Des structures communes, telles qu’un parc de m atériaux, des parkings, des salles de réunion ou des stations de lavage, pourraient être développées. « Une telle démarche permet de réduire les investissements à réaliser et d’offrir davantage de services aux entreprises du zoning. Elle doit également contribuer à rationaliser l’utilisation du terrain, un élément non négligeable alors que la pression sur le foncier est importante au Luxembourg », conclut l’échevin.
VILLA THILGES Un bâtiment du 19 e siècle rénové selon les principes de l’économie circulaire PROJET Des travaux réalisés de 2016 à 2021
Photos
Romain Gamba
UTILISATION Les matériaux certifiés Cradle to cradle sont utilisés
L’HÔTEL DE VILLE
RÉNOVER UN BÂTIMENT CLASSÉ C’est un immeuble qui ne vous échappera pas si vous vous promenez à Wiltz. Dans la GrandRue trône la remarquable Villa Thilges. Datant du 19e siècle, ce bâtiment classé est aujourd’hui le siège de l’administration communale. Vieillissant, il nécessitait toutefois d’être rénové. Les travaux ont été réalisés dans le respect de l’existant, tout en intégrant de nombreux principes de l’économie circulaire. « Il s’agissait d’un important défi que de parvenir à p réserver les éléments anciens, tout en répondant au mieux aux besoins actuels et futurs des occupants du bâtiment, confie Pierre Koppes. Le bien-être du personnel et le respect de l’environnement ont constitué les deux volets essentiels de notre démarche. Nous avons donc sélectionné des matériaux écologiques et durables, à la fois pour l’environnement et l’être humain. » La majorité des nouveaux matériaux sont ainsi certifiés Cradle to cradle : ils peuvent être réutilisés à 100 %. « Les moquettes qui ont été choisies en tant que revêtement de sol, par exemple, sont données en location. Lorsqu’elles seront abîmées, elles seront reprises par le fabricant et entièrement recyclées, illustre Pierre Koppes. Une telle approche permet de ne pas perdre les ressources mais bien de les préserver dans le temps, et ce à un même niveau de qualité. » Par ailleurs, les poutres de la charpente d’origine ont été en grande partie réutilisées pour la reconstruction de la toiture. Un enduit d’argile a été appliqué sur les murs, de manière à réguler l’humidité atmosphérique et à offrir une bonne qualité de l’air. Des murs végétalisés seront installés à tous les étages et des plantes seront disposées dans les bureaux. Enfin, une attention particulière est octroyée à l’éclairage, qui favorise la lumière naturelle. Des ressources à préserver L’économie circulaire sera aussi présente dans le quotidien des membres du personnel. Afin de limiter l’utilisation des ressources naturelles et de l’énergie, les bouteilles, par exemple, vont disparaître des locaux. Elles seront remplacées par des distributeurs d’eau minérale ou gazeuse. « Dans les toilettes, nous aurons aussi un système spécifique : le Wecemat. Cet appareil mesure la quantité d’eau nécessaire pour le rinçage de la cuvette en fonction de la quantité de papier toilette utilisée », souligne Pierre Koppes. Enfin, le nouvel hôtel de ville a été conçu de manière à faciliter l’interaction entre les membres du personnel, grâce à des salons communs, des bureaux partagés et des coins informels. Les travaux de rénovation sont en phase de finalisation. Le personnel communal devrait pouvoir s’y installer début 2021.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
51
Économie circulaire
WUNNE MAT DER WOOLTZ ET HAARGARTEN Un projet phare initié en 2010 PROJET 8 PAP à réaliser sur 34 hectares POPULATION Des premiers logements disponibles en 2024
l’on peut habiter, travailler, se divertir, interagir et trouver tous types de biens et services de première nécessité », précise Jacques V andivinit, directeur du Fonds du logement.
Le projet phare de Wiltz concerne sans aucun doute la revalorisation de l’ancien site indus- Circulons dans toutes les dimensions triel implanté dans la vallée. Développé par le Dès le début du projet, les principes de l’écoFonds du logement et la commune, il vise à nomie circulaire ont été intégrés à la concepcréer 1.000 logements abordables, pouvant tion de ce quartier. « L’Homme, ses besoins, accueillir quelque 2.300 habitants, sur une ainsi que la préservation de l’environnement surface de 34 hectares. Le tout, bien sûr, dans sont placés au cœur de la réflexion », souligne une démarche d’économie circulaire. Jacques Vandivinit. Composé de deux masterplans, « Wunne Une grande attention est ainsi portée à l’asmat der Wooltz » et « Haargarten », le nouveau sainissement des sols, au réemploi des resquartier se veut mixte, non seulement en pro- sources déjà présentes sur le site, à l’utilisation posant plusieurs types d’habitations – appar- de matériaux durables dans les nouvelles tements de diverses tailles, maisons unifamiliales, constructions et à la déconstruction possible en vente ou en location – mais également en des bâtiments. La gestion des eaux de pluie, mêlant différentes fonctions. On y retrouvera la réduction et le tri des déchets, le dévelopun vaste complexe éducatif avec école, mai- pement d’espaces verts et la renaturation du son relais, hall sportif, école de musique et cours d’eau qui traverse le site constituent musée pour enfants. « Les travaux de construc- également des enjeux majeurs de la Wiltz. tion du complexe viennent de commencer, tanDes chemins de promenade et des espaces dis que les premiers logements, qui prendront de rencontre longeront les rives, offrant ainplace autour, devraient être fonctionnels en si un parcours favorisant la mobilité douce 2024 », précise Denis Ory, ingénieur chef de au cœur du quartier. Grâce à la gare ferroprojets au sein du Fonds du logement. viaire existante, mais aussi à la création d’une Le quartier a aussi été pensé pour offrir des gare de bus et d’un park and ride, le nouveau commerces de proximité, des bureaux ainsi site sera facilement accessible tant aux habique des locaux pour le tissu économique tants qu’aux visiteurs. Au niveau énergétique, régional. « De cette manière, nous souhaitons le Fonds du logement ambitionne d’atteindre créer un véritable quartier de vie agréable, où la neutralité carbone à l’échelle du quartier,
52
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
otamment grâce à la mise en place de pann neaux solaires thermiques et photovoltaïques, d’un réseau de chauffage urbain et de systèmes permettant d’accumuler l’énergie. « Dans une optique de smart city, des liaisons seront réalisées entre les bâtiments afin que l’énergie produite dans l’un puisse être utilisée dans un autre », ajoute Denis Ory. L’économie sociale et solidaire sera aussi encouragée à travers, par exemple, la mise en place de services de bike et de car sharing et la création de jardins communautaires, « l’objectif étant de proposer des dispositifs qui peuvent être partagés, de manière à réduire la consommation ou l’achat de nouveaux biens », souligne Denis Ory. Si l’ancien site industriel va être totalement repensé, son histoire ne sera pas pour autant oubliée. « Nous avons pris soin de garder certains éléments du passé intacts, précise Jacques Vandivinit. Intégrée au futur hall sportif, une ancienne cheminée servira par exemple de centre d’escalade. » La renaissance complète de ces anciennes friches, prévue entre 2035 et 2038, devrait faire revivre pleinement le cœur de Wiltz. Romain Gamba
REDONNER VIE AUX FRICHES
Photo
WUNNE MAT DER WOOLTZ ET HAARGARTEN
Paperjam Green
LANCEMENT LE 28 OCTOBRE
Le rendez-vous mensuel des particuliers et des professionnels confrontés à la transition écologique.
Paperjam Week-End C’est le moment détente, découverte et plaisir de la semaine avec des bons plans évasion, des conseils bien-être et le podcast du week-end.
La famille Paperjam s’agrandit ! LANCEMENT EN JANVIER 2021 LANCEMENT LE 12 NOVEMBRE
Paperjam Running
Paperjam Finance L’incontournable du mois pour le secteur financier au Luxembourg.
Cette nouvelle newsletter mensuelle présente l’actualité running, les meilleurs parcours, ainsi que des conseils sportifs et pratiques.
Abonnez-vous à nos nouvelles newsletters sur :
230x300_Newsletters_Paperjam.indd 1
newsletter.paperjam.lu 16/10/2020 15:50
BRAND VOICE
Daniel Ciarrocchi, Maren Stadler-Tjan and Lauren Harris from Clifford Chance Luxembourg
Sponsored by CLIFFORD CHANCE
Environmental, Social and Governance (ESG) factors, once considered an esoteric idea, are fast becoming an essential requirement for financial market participants and financial advisers in Luxembourg. We spoke to Maren Stadler-Tjan, Lauren Harris and Daniel Ciarrocchi from Clifford Chance about how the Covid-19 pandemic has changed fund and asset managers’ approach to ESG and why firms must prepare for new EU regulations coming into effect.
54
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
dramatically in the last decade. We are seeing strong interest in ESG from all market participants, including general partners. There is a widespread acknowledgement that it is not only possible, but necessary for ESG to be factored in the investment process. Europe, and Luxembourg in particular, has become the standard for corporate ESG and labelling globally. How are ESG priorities changing at the EU level, and what impact will they have on the Luxembourg market? MS The growing interest in sustainable investments has raised issues around compliance and disclosure. In 2018, the European Commission issued an action plan on “Financing Sustainable Growth” inter alia in an effort to improve transparency around these issues. The action plan entailed ten action points. One is the taxonomy
Gael Lesure
ESG is no longer just about the environment
What is driving interest in ESG among corporate and private funds managers? MAREN STADLER-TJAN We are all aiming to move towards a low-carbon and more sustainable economy. In the past couple of years, the incorporation of ESG factors in the investment management and advisory process has almost doubled. This is because financial market participants, financial advisers and institutional investors, have realised that the integration of ESG considerations improves the health of a firm and translates into better long-term performance. It has gone from a nice-to-have to something that all firms, including asset and fund managers, must have if they want to be taken seriously. LAUREN HARRIS I completely agree with Maren. Ten years ago, ESG was seen as a pie-in-the-sky idea; in other words, it was a nice idea but one that was not taken seriously. That has changed
Photos
Sustainability
regulation. This will create a classification system or “taxo nomy” that will enable market players to determine what can be considered as sustainable investment. The other important action point is the disclosure regulation. This will help market players better understand how to integrate ESG factors into the investment and advisory process and what they need to disclose in their pre-contractual documentation and periodic reports and their website. DANIEL CIARROCCHI Within the context of the European Green Deal investment plan, Luxembourg has been very active. It was the first country to issue a sustainability bond framework. The aim of this framework was to accelerate the flow of capital to the EU’s environmental objective. This is a particu larly innovative framework because not only does it meet the International Capital Market Association’s green, social and sustainability bonds, but it is the first EU country that will comply with the EU green bond principles and the EU taxonomy for green financing. When will Luxembourg need to comply with the new action plan? MS The main text (Level 1) of the new disclosure regulation will come into effect in March
“ Luxembourg was the first country to issue a sustainability bond framework.” Daniel Ciarrocchi Capital Markets Associate
“ E SG is about resiliency and market players that factor it in are managing the storm.” Lauren Harris Corporate Senior Advisor
2021. However, the regulatory technical standards (Level 2 RTS) setting-out additional requirements will be delayed as per a recent letter by the European Commission to trade associations. Financial market participants must comply with the taxonomy regulation from 31 December 2021. Many Luxembourg-based players already partially comply with the new rules or are getting ready now. But there needs to be more disclosure in pre-marketing documentation in reference to what fund and asset managers intend to do, and in annual reports as to what they did. The integration of ESG considerations and disclosing this information can turn what is often perceived as a burden into a golden opportunity. What is Luxembourg’s competitive advantage in the ESG space? MS Luxembourg has developed into one of the most important fund centres in the world. A number of things work in its favour. The market regulator and the executive have been quick to implement rules and directives into law. They released the Luxembourg Sustainable Finance Roadmap the same year the Commission launched its roadmap. It also helps that there is a close and mutual working relationship between regulators and the market with open discussions about how rules are implemented and applied. There
is a mutual understanding that the fund industry is important to Luxembourg’s economy and so Luxembourg offers a legal and regulatory framework being tailor-made to financial market participants and financial advisers. What impact did Covid-19 have on the ESG market? LH Early in the Covid-19 crisis, there were fears that investors might turn away from ESG. Instead, interest in ESG assets has gained momentum. A big reason for that is the renewed focus on social standards. Before Covid-19 arrived, most people focused on the “E” in ESG. Now, we see that general partners are taking a good look at their portfolios and how companies approach health and safety, risk management
“ W e are all aiming to move towards a low-carbon and more sustainable economy.” Maren Stadler-Tjan Investment Funds Counsel
and contingency plans. Ultimately, ESG is about resiliency, and market players that factor in social and governance standards are managing the storm better than others. The rise of ESG ratings – is it reliable in the long-term future? LH One of the key goals right now is the harmonisation of a true EU taxonomy that will
provide clarity on the termino logy and ecolabels. It will make investors feel more comfortable when using ratings, not to say they haven’t in the past. It will also build a framework so that general partners can assess whether a portfolio of companies adheres to ESG principles. It is now less of a tick-of-thebox exercise and more about engaging with the actors within companies to ensure ESG measures and guidance are in place. How does Clifford Chance help their clients navigate ESG regulations? MS As a funds’ lawyer, you are not necessarily involved in investment decisions process. So it is important that we understand our clients and work closely with them to ensure they are fulfilling their disclosure requirements. This means understanding if there really is any sustainable impact and how ESG is concerned in the investment management procedures. By strengthening the relationship with our clients, we can make sure that documentation is implemented correctly. DC One of the advantages of an international firm like ours is that our clients benefit from horizontal links between our regional offices, but also vertical links between the different departments. Here in Luxembourg, we can use our local knowledge to help firms list their bonds and funds. That combination of local knowledge and global expertise is highly appreciated by our clients.
ut re abo ut mo ’s e c Find o n d Cha Cliffor ise on t p ex er com
ance.
dch cliffor
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
55
Interview
« La plus grande opportunité depuis 200 ans » Opérer une transition vers la green economy requiert un changement de paradigme complet selon le président du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), Romain Poulles. Une révolution nécessaire qui doit être considérée comme une opportunité plutôt qu’un éventuel problème à résoudre.
La green economy est-elle l’économie de l’avenir ? Nous sommes dans un modèle économique linéaire, destructeur et non équitable. Donc la green economy – ou quel que soit le nom qu’on lui donne, bleue, régénératrice, circulaire, à impact positif… – est l’économie du futur. Soit on implémente ce nouveau modèle et on peut espérer retrouver une perspective à long terme, soit nous allons devoir réagir dans l’urgence face à des crises majeures, en comparaison desquelles le Covid-19 est une petite crise. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit aussi d’une opportunité. C’est même la plus grande opportunité pour le secteur économique depuis 200 ans. Quels changements de notre système économique cela implique-t-il ? Avec la crise du Covid-19, nous avons pu observer une décroissance de 5 à 7 % du CO2 pour 2020, avec une baisse similaire du PIB. Du point de vue du CO2, c’est ce qu’il faudrait obtenir pour maintenir les températures dans les décennies à venir. Mais ce n’est manifestement pas finançable si on ne change pas de modèle. Donc il faut vraiment insister sur la nécessité d’un changement de paradigme complet, qui repose sur quatre piliers : le bien-être humain, l’équité sociale, la limitation des risques environnementaux et la réduction de la pression sur les ressources. Quels sont les outils pour établir ce nouveau modèle ? Tout notre modèle se base aujourd’hui sur le PIB. Il est imparfait, incomplet et nous mène à des conclusions contre-productives. Il a d’ailleurs été créé dans un contexte précis, celui de la grande dépression, et avec un objectif spécifique, celui d’évaluer l’efficacité des mesures qu’on implémentait alors. Pour construire un autre modèle, il faut donc de nouveaux indicateurs. Le CSDD avait développé un PIB bienêtre avec le Statec et le CES (Conseil économique et social). Je ne veux pas dire qu’il faut remplacer le PIB par ce PIB 56
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
BIO EXPRESS Entrepreneur Romain Poulles crée sa première société, Progroup SA, en 1996. Depuis, il est à l’origine d’une dizaine de structures au Luxembourg et à l’étranger. Engagé pour la cause « green » Dès 1998, il s’engage pour le développement durable. Entre 2014 et 2019, alors président de l’EcoInnovation Cluster, il réoriente ce dernier autour de l’économie circulaire. Il développe ensuite le projet immo bilier Solarwind, primé à la COP21, puis fonde l’Ecoparc Windhof et le Luxembourg Center for Circular Economy. Multiples casquettes Président du CSDD, il est aussi expert auprès du Conseil supérieur de la construction durable et membre du Groupe stratégique inter ministériel pour l’économie circulaire.
bien-être. Mais une série d’indicateurs est indispensable pour piloter un pays ou une union comme l’UE. Quels sont les secteurs de l’économie concernés par cette transformation ? Je ne peux pas vous dire que l’économie du pétrole ne va pas être amenée à décroître. Les industries traditionnelles, hyper carbonées, vont disparaître. Cela dit, tous les secteurs, ceux de la finance, de la mobilité, de la construction, sont concernés. Par essence, la green economy est transversale. Mais, au-delà de ce caractère transversal, la green economy est fondamentalement systémique et holistique. Qu’est-ce que ce caractère holistique implique ? Si vous êtes dans l’industrie, vous connaissez vos fournisseurs, vos clients, mais vous ne traitez pas avec la chaîne de valeur entière et vous ne réfléchissez donc pas au niveau du cycle complet. Les tripartites du futur devront ainsi réunir autour d’une table les trois piliers de l’économie, à savoir les utilisateurs, les producteurs et les régulateurs, pour trouver des solutions win-win-win. Comment cela se traduit-il en pratique pour les entreprises ? Dans ce système, nous allons basculer du consommateur à l’utilisateur. Les entreprises vont devoir regarder chaque produit comme un service et chaque déchet comme une opportunité perdue. C’est cette logique qu’il faut généraliser. L’enjeu est alors de faire durer le service le plus longtemps possible avec le même produit. Comme je reste propriétaire du produit et seul responsable de ses conséquences et de son recyclage, je ne cherche plus à créer de produits ni à en vendre un maximum. Les nouvelles générations s’habituent d’ailleurs très vite à ce modèle de service, qui commence à se généraliser dans la sphère privée : elles grandissent avec la musique, les films et le software as a service.
Romain Poulles
Quel conseil donneriez-vous aux entreprises pour innover et réussir cette transition ? Il est crucial pour elles de raisonner en termes d’impact positif car cela est générateur de créativité. Trouver des modèles dans lesquels je réduis les impacts négatifs, ce n’est pas motivant. Par contre, créer un produit qui génère de l’impact positif sur l’Homme, sur la nature, sur la société, sur les générations futures, cela crée une dynamique tout à fait différente. Chacun doit voir les opportunités que ce nouveau modèle procure. Et, à l’inverse, comprendre que celui dans lequel nous sommes comporte d’énormes risques.
Comment adapter le cadre fiscal à cette transformation ? Les taxes sont un levier fondamental. Mais, en amont, il faudrait prendre le temps de se poser la question : que veut-on vraiment ? Cela permettrait d’adapter progressivement la fiscalité pour atteindre nos objectifs, en taxant davantage ce que nous ne voulons pas et moins ce que nous voulons. Par exemple, avec la TVA : réparer, réutiliser, est-ce une valeur ajoutée créée, ou une valeur maintenue ? Et faut-il une TVA sur une valeur maintenue ? En parallèle, est-ce qu’il ne faudrait pas une taxe sur la destruction de matières premières ?
Comment l’État peut-il aider les entreprises à innover ? Si le client n’est pas là, l’entreprise ne va pas se lancer, mais la clientèle ne va pas non plus se développer sans offre de la part des entreprises. Dans ce cas, le pouvoir public doit jouer un rôle de précurseur en stimulant le marché. Notamment par le biais des marchés publics, ou avec des incitatifs, des projets pilotes, des subventions. On peut aussi créer un cadre dans lequel les externalités sont visualisées avec, en plus du bilan financier, un bilan extra-financier. Et une comptabilité carbone qui soit presque aussi granulométrique que la comptabilité financière. Mais il faut que l’industrie ait le temps de se préparer à cela.
Selon vous, certaines branches de l’économie vont devoir disparaître. Comment éviter que certains acteurs ne se trouvent marginalisés ? Changer un modèle économique comporte des risques. Il faut être conscient qu’il y aura des perdants. Et tout faire pour l’éviter, en donnant des perspectives aux gens, en les sensibilisant, en les formant. En commençant par ceux qui donnent le travail et le cadre, soit la classe politique et les entrepreneurs. Car, parmi ces décideurs, de nombreux savent intuitivement qu’il y a un problème, mais ils ne le connaissent pas en profondeur et n’arrivent donc pas à l’intégrer dans leur réflexion puis à en tirer des conclusions.
Photo
Jan Hanrion
Comment l’Éducation nationale peut-elle aider notre société à s’adapter en amont de ces nouveaux enjeux ? La pensée systémique doit être à la base de tous les programmes scolaires de l’avenir. Dans notre système éducatif, on nous pose un problème avec 3, 5 ou 12 données et il n’y a qu’une solution. Or, dans la réalité, il y a plein de données, on n’est pas certain de les obtenir toutes, et il n’y a pas qu’une seule réponse. Il est nécessaire de sortir les enfants de cette pensée en silo, dont découle un système dans lequel on résout un problème sans être conscient d’en créer d’autres, parce que nous ne sommes pas formés pour voir le reste.
Romain Poulles suggère aux entreprises de raisonner en termes d'impact positif, un état d'esprit générateur de créativité.
Le Luxembourg peut-il vraiment être un champion de la green economy ? Le Luxembourg est un mauvais élève, mais il pourrait être un bon exemple. Dans une étude qui vient de sortir (selon l’association Global Footprint Network), on constate que si tout le monde consommait comme les Luxembourgeois, huit planètes seraient nécessaires. Même en prenant en compte le contexte luxembourgeois, cela réduit le bilan à cinq ou six planètes, ce qui reste énorme. Cela dit, nous pourrions facilement réorienter notre industrie financière pour créer un impact positif global. Tout d’abord en réorientant de manière systématique les fonds d’investissement vers des critères ESG. Nous pourrions ainsi donner un signal très fort en montrant à grande échelle que ce genre d’investissement, réellement durable, a des rendements qui ne sont pas mieux ou moins bien que les autres, tout en présentant beaucoup moins de risques in fine. Il y a bien sûr tout un travail à faire, mais comme nous sommes un petit pays et que les chemins sont courts, cela peut se faire vite, pas du jour au lendemain, mais en quelques années. Et alors il serait possible de prendre le lead. Auteur P. P.
NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
57
Consommation
Le juteux business du bio Porté par le souhait du consommateur de « manger mieux », le commerce bio est en plein boom. Face aux géants de la grande distribution qui veulent profiter de ce créneau, les pionniers tentent de garder leur avance stratégique. Zoom sur un secteur qui reste hyper dépendant de l’importation.
58
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Selon le revenu équivalent pour un adulte en 2018 < À 2.500 € 7%
6.500 € ET PLUS 21%
2.500 - 4.999 € 11%
5.000 - 6.499 € 15%
OÙ SONT ACHETÉS LES PRODUITS BIO ? ÉPICERIES 8%
MAGASINS DISCOUNT 9%
GRANDES SURFACES 81%
LES PRODUITS BIO PRÉFÉRÉS DES CONSOMMATEURS FRUITS ET LÉGUMES 10% LAIT 12%
FARINES ET CÉRÉALES 15%
ŒUFS 20%
ALIMENTATION POUR BÉBÉ 38%
MIEL 22%
années 1990, et la croissance de la production et de la vente de produits biologiques a vraiment explosé dans les années 2000. Les premiers chiffres dont dispose le FIBL remontent à l’an 2000. À cette date, 1.068 hectares étaient cultivés en bio au Luxembourg, soit 0,84 % de la surface agricole totale du pays. En 2018, cette superficie avait plus que quintuplé, avec 5.782 hectares, soit 4,41 % de la surface agricole. À l’heure où nous écrivons ces lignes, 5 % de la surface agricole totale serait occupée par de la production biologique. Un chiffre en nette hausse donc, même s’il est inférieur à la moyenne européenne (7 %). Conséquence logique : le chiffre d’affaires issu de la vente de produits bio a également explosé, passant, toujours selon les chiffres du FIBL, de 40,85 millions d’euros en 2006 à 135 millions d’euros en 2018. Aujourd’hui, 148 producteurs travaillent en bio au Luxembourg, alors qu’ils n’étaient qu’une poignée au début des années 2000, et encore moins avant. Un plan de soutien à l’agriculture bio Il faut dire que, ces dernières années, de nombreuses initiatives ont été prises pour développer l’agriculture biologique au Luxembourg. La dernière en date, œuvre du gouvernement actuel, s’appelle « PAN-Bio 2025 ». Son objectif, ambitieux, est de parvenir à 20 % de surface agricole biologique sur le territoire luxembourgeois à l’horizon 2025. Cela permettrait de répondre à un problème majeur : alors que les Luxembourgeois consacrent, selon une étude récente du Statec, 12 % de leur budget alimentaire aux produits bio, seule une petite partie de ce panier est locale. Lors de la présentation de son plan de soutien, le gouvernement a ainsi reconnu que « bien que l’offre de produits biologiques locaux se soit fortement développée au cours des deux dernières décennies, la culture fruitière et maraîchère n’est que faiblement développée, et bon nombre d’aliments-clés nécessaires à la confection de repas font défaut sur le plan national ». Pour parvenir à cet objectif, le plan PANBio 2025 devra dresser un état des lieux du
Statec 2018
Une croissance insolente Depuis plus de 40 ans, la croissance du marché du bio n’a fait que se confirmer. Ce dernier générait 63 milliards de dollars dans le monde en 2012 et, six ans plus tard, il dépassait les 100 milliards de dollars, pour une surface totale cultivée de 70 millions d’hectares. Rien qu’en Europe, ce sont 40,7 milliards d’euros qui sont générés annuellement par le bio, selon les derniers chiffres (2018) de l’institut de recherche suisse FIBL (Institut de recherche de l’agriculture biologique) et de l’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements). Et au Luxembourg, qu’en est-il ? Le secteur ne s’est réellement structuré qu’au début des
PART DU BIO DANS LES DÉPENSES ALIMENTAIRES DES MÉNAGES
Source
Cela fait quelques années que les produits biologiques sont devenus incontournables dans les rayons de tous nos supermarchés. Et cela ne doit pas nous surprendre puisqu’ils répondent à une demande qui s’est développée en réaction à plusieurs crises d’ampleur. Des crises sanitaires, d’abord, comme celles de la vache folle, du poulet à la dioxine, des œufs au fipronil, du lait contaminé, etc. Mais aussi des crises globales, comme le changement climatique, la dégradation des écosystèmes, la disparition des insectes et des oiseaux ou encore l’augmentation de certaines maladies. Si les prémices de l’agriculture biologique remontent aux années 1920-1930, c’est à partir des années 1970, alors que les premiers effets pervers de l’industrialisation de l’agriculture se font sentir, que les initiatives se multiplient et que la filière bio se structure un peu partout dans le monde. À commencer par la définition même d’un produit biologique et la façon dont les producteurs étaient contrôlés. Aujourd’hui, on s’accorde à dire que l’agriculture biologique doit appliquer des méthodes de production naturelles et renoncer à l’utilisation de produits chimiques de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés. Quant aux produits transformés obtenant le label bio, ils doivent, en Europe, contenir au moins 95 % de composants issus de l’agriculture biologique.
Matic Zorman et Maison Moderne (archives) Photos
secteur, veillera à accroître sa visibilité, travaillera à augmenter l’attractivité de ce mode de production auprès des agriculteurs et cherchera à développer et structurer différentes filières pour augmenter la production. La conjonction d’un intérêt grandissant de la part de la population, d’un soutien accru du monde politique et d’une augmentation des capacités de production locales suscite les convoitises entre des chaînes spécialisées dépendant de grands groupes ou d’initiatives locales. Au-delà de Naturata, dont nous parlerons plus bas, on trouve aussi Naturalia (qui appartient au groupe Monoprix), Alavita (entre 5 et 10 salariés selon les périodes), Mullebutz (qui emploie 8 personnes), Ouni (6 salariés) ou encore Nature Elements (10 salariés). Mais les opportunités de ce marché n’ont pas non plus échappé aux acteurs de la grande distribution. Plus aucun d’entre eux ne peut se permettre de ne pas accorder une place importante aux produits bio dans ses rayons. Mieux, tous affirment que ce n’est pas un effet de mode et qu’ils se sont mis au bio il y a de nombreuses années : Delhaize dans les années 1990, Colruyt au début des années 2000… Auchan, ces dernières années, a également intensifié son offensive bio, comme on peut le voir très clairement à travers le nouveau supermarché installé au sein du centre commercial Cloche d’Or. Mais la palme revient sans doute à Cactus, qui affirme avoir proposé ses premiers produits biologiques aux clients en… 1974. Malgré l’évident intérêt économique de se positionner sur le marché du bio, la chaîne de grande distribution luxembourgeoise refuse de parler d’un business. « Le bio est une des huit valeurs de notre entreprise et constitue de ce fait un de nos piliers principaux, nous explique-t-on chez Cactus. En effet, nous nous engageons à offrir à nos clients les meilleurs produits biologiques pour tous leurs besoins au quotidien : sans OGM, sans pesticides, sans engrais chimiques, sans compromis. » Derrière ce discours marketing, on trouve des initiatives très concrètes de Cactus, qui veut se positionner non seulement comme un vendeur de produits biologiques, mais aussi comme un soutien actif à l’agriculture bio. Cela se traduit notamment par la création de la filière Bio Green Beef, qui rassemble une vingtaine d’éleveurs luxembourgeois et cherche à conjuguer bien-être animal et environnemental, durabilité et qualité gustative de la viande. Mais aussi par des initiatives similaires pour la boulangerie (Zesummen fir eis Bio Baueren) et la production de café (Bruno). Le point de départ : une coopérative Ce qu’il faut également souligner, c’est que le groupe Cactus a, dès 1994, signé un partenariat avec Biogros, le grossiste de produits biologiques du groupe luxembourgeois Oikopolis. Cette structure, qui possède notamment les
Le coût logistique étant trop important à l’époque, il a été décidé de créer le grossiste Biogros.
ÄNDER SCHANCK, fondateur d’Oikopolis
« Certaines personnes ou organisations qui se prétendent écologistes sont aussi, et peut-être surtout, attirées par l’appât du gain. »
magasins Naturata et chapeaute les coopératives de producteurs BIOG et BIOG-Molkerei, a été mise en place par quelques-uns des véritables précurseurs du bio. L’histoire d’Oikopolis, c’est avant tout celle d’idéalistes qui pensaient, dès les années 1980, qu’il était possible de cultiver différemment. « Notre premier but était tout sauf commercial, explique Änder Schanck, fondateur du groupe et toujours à sa tête. Il se trouve que j’ai été élevé dans une ferme que mon frère avait reprise. Dans les années 1980, j’ai eu la possibilité de rénover une maison en utilisant des matériaux biologiques. Et je me suis dit : ‘Mais pourquoi ne pas faire pareil avec l’agriculture ?’ Mon frère était intéressé, mais il ne voulait pas se lancer seul. Nous avons donc commencé à nous renseigner pour trouver d’autres personnes qui pourraient nous rejoindre. » À cette époque, on trouvait au Luxembourg un groupe alternatif lié au mouvement écologique : Régénération universelle. Loin d’être, comme son nom pourrait l’indiquer, un mouvement sectaire, ce groupe comprenait plutôt des théoriciens qui cherchaient à réfléchir sur une autre agriculture. « Moi, mon frère et quelques autres agriculteurs, nous venions évidemment de la pratique. Mais nous étions tous nés dans les années 1960 et nous voulions rompre avec l’héritage paternel en matière d’agriculture. Les uns avec les autres, nous pouvions faire quelque chose, poursuit Änder Schanck. Dès 1981-1982, nous avons créé une première coopérative, avec deux magasins et un grossiste. NOVEMBRE 2020 GREEN ECONOMY
59
Consommation
C’est le chiffre d’affaires, en millions d’euros, du bio au Luxem bourg en 2018. Ce nombre est en hausse constante depuis les premiers décomptes effectués en 2006. À l’époque, le bio ne rapportait qu’un peu plus de 40 millions d’euros par an. La croissance du chiffre d’affaires des produits bio est à deux chiffres depuis plusieurs années.
Cela a fonctionné quelques années, mais nous avons commis certaines erreurs qui nous ont été utiles par la suite. » Des premières années qui furent riches en expériences pour après. « Nous avions pas mal voyagé, notamment en Belgique, pour aller voir des cultivateurs qui travaillaient en bio. Le but était de vérifier comment on pouvait produire des quantités suffisantes en passant au bio. De fil en aiguille, certains cultivateurs intéressés par la préservation de la nature sont venus visiter notre ferme. Ils voulaient eux aussi s’assurer qu’on pouvait travailler en bio et produire suffisamment pour vivre. Nous leur avons dit que les quantités ne seraient peut-être pas les
Un véritable empire Petit à petit, le groupe s’est développé de plus en plus, dans le but de maîtriser l’ensemble de la chaîne et de permettre à ses membres de vivre décemment. Aujourd’hui, une tren-
Dès 1994, l’entreprise Cactus a signé un partenariat avec Biogros pour proposer des produits bio à ses clients.
3 QUESTIONS À
SANDRINE PINGEON
fondatrice des Paniers de Sandrine
Pourquoi vous être lancée dans la production de légumes bio ? En 2012, j’ai eu l’opportunité d’exploiter un terrain familial de 3,5 hectares. J’ai rapidement décidé de me tourner vers la production de légumes bio. Malgré tout, cela a constitué un sérieux défi, car je ne suis pas maraîchère à la base et qu’il y avait des défis techniques à relever. Vous avez choisi d’arrêter le bio. Pourquoi ? J’ai été certifiée en 2015, mais dès 2017, j’ai choisi en effet d’arrêter. Cela ne signifie pas que je change mon fusil d’épaule, au contraire : je veux continuer à produire des légumes locaux de grande qualité. Le problème n’est pas non plus lié aux contraintes administratives, mais plutôt à mon souci de vouloir préserver la biodiversité. Il faut savoir qu’en bio, on peut utiliser un certain nombre de semences hybrides, alors que la transmission de semences non traitées de main à main est interdite. Pour le traitement, c’est avec une certaine mesure et certains produits. Personnellement, je ne suis pas d’accord avec ça. Avez-vous été suivie par votre clientèle dans cette démarche ? Tout à fait. D’autres permaculteurs suivent d’ailleurs aussi ce mouvement. Le problème fondamental est que la production de légumes bio comme je la pratique n’est pas suffisante pour répondre à la demande locale, qui a explosé. Les consommateurs sont donc obligés de se tourner vers des productions étrangères, où on utilise des hybrides et certains « Un souci traitements.
Photos
de vouloir préserver la biodiversité »
Matic Zorman et LaLa La Photo (archives)
135
mêmes, mais qu’on pouvait alors adapter les prix », se souvient le fondateur d’Oikopolis. En 1988, ces quelques cultivateurs fondent BIOG, une coopérative destinée à produire du bio tout en permettant à ses membres de vivre de leur production. Les premières années sont plutôt bonnes et Naturata voit le jour l’année suivante, afin de pouvoir vendre plus facilement la production. En 1992, la coopérative BIOG reçoit le Premier prix de l’environnement, ce qui contribue à la faire encore mieux connaître. Le groupement est toutefois confronté à un problème de taille : le coût de la logistique est trop important par rapport au volume des ventes. « Nous avions toute une organisation logistique en place pour écouler nos produits, mais ceux-ci n’étaient pas assez nombreux pour rentabiliser cette logistique, explique Änder Schanck. C’est pour cette raison que nous avons décidé de créer un grossiste en produits bio, alors que j’étais contre au départ. Rapidement, il est aussi apparu que nous pouvions avoir de meilleurs prix sur les produits en procédant de la sorte. En outre, la clientèle était également plus séduite par un assortiment plus large, même si tout ne venait pas du Luxembourg. »
60
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
LA newsletter incontournable
pour rester informé des grands projets architecturaux comme de l’immobilier au Grand-Duché 14 : 00
Abonnez-vous sur newsletter.paperjam.lu
Autopromo_newsletter-230x300.indd 1
13/10/2020 17:45
5 %
C’est la proportion de la surface agricole luxembourgeoise qui est aujourd’hui occupée par l’agriculture biologique. L’objectif est d’amener ce chiffre à 20 % à l’horizon 2025.
1974
C’est la date à laquelle Cactus a commencé à proposer des produits bio dans son assortiment.
12 %
C’est la proportion du budget alimentaire des ménages luxembourgeois consacrée aux aliments bio.
La ferme romantique Alors que le bio s’est mué en véritable business, présent dans toutes les grandes surfaces et soutenu par le politique, quel regard les p récurseurs
« Le consommateur est prêt à payer plus cher pour une denrée qui est produite avec plus de respect pour l’environ nement et pour les producteurs », estime le fondateur d’Oikopolis, Änder Schanck.
jettent-ils sur cette évolution ? « De notre côté, nous sommes contents de voir que cela se développe partout, assure le fondateur d’Oikopolis. Cela montre aussi que le consommateur est aujourd’hui prêt à payer plus cher pour une denrée qui est produite avec plus de respect pour l’environnement et pour les producteurs. À ce propos, j’aime d’ailleurs beaucoup la notion de true cost accounting que certains voudraient généraliser. Il s’agit d’afficher le coût réel d’un produit conventionnel, c’est-à-dire, par exemple, ce qu’il coûte en dépollution de l’eau, car il est cultivé avec des pesticides. Même des chaînes de supermarchés hard-discount allemandes, comme Penny, ont mis ce système d’affichage en place dans leurs commerces. Je trouve ça très positif, car cela responsabilise le consommateur. » Par ailleurs, le nombre de petits producteurs procédant à de la vente directe a également explosé. Un chemin qu’a déjà exploré Änder Schanck, qu’il soutient, mais qui est très difficile selon lui. « Cela demande énormément d’énergie et c’est donc compliqué de vivre comme ça, estime-t-il. La vie à la ferme est loin de l’image romantique que certains ont. Et je crains qu’à vouloir trop en faire, certains craquent. Or, notre but chez Oikopolis, c’est de sauver un maximum de fermes. » Mais le risque de voir cette noble cause détournée à des fins purement financières est réel. « Si nous avons créé tout ce que nous avons créé, c’est parce que nous nous sommes rendu compte que, pour stabiliser une structure comme la nôtre, on ne pouvait pas seulement être idéalistes. Il fallait aussi que nous ayons une fibre d’économistes, explique Änder Schanck. Je suis toutefois bien conscient qu’il y a un risque de débordement. Il est clair que certaines personnes ou organisations qui se prétendent écologistes sont aussi, et peut-être surtout, attirées par l’appât du gain. J’ai toutefois la conviction qu’il est difficile dans ce secteur de trop grandir. De notre côté, nous avons en tout cas vocation à rester une structure régionale. » Pour Änder Schanck, cette concurrence uniquement intéressée par le profit devra également veiller à respecter les bonnes pratiques prônées par le bio, ce qui profitera à tous. Le bio, lui-même, pourrait aussi évoluer. Certains estiment en effet que la certification actuelle ne va pas assez loin (lire encadré). Au final, c’est le consommateur qui tranchera. « La population est de plus en plus sensible à tous ces sujets, et le sera davantage avec un changement climatique qui devient de plus en plus clair. Aujourd’hui, on finit aussi toujours par savoir si une organisation ou un commerce vous trompe. La transparence est fondamentale. Et c’est ce que nous inculquons chaque jour à chacun de nos collaborateurs », conclut celui qui fut précurseur du bio avant d’en vivre.
Auteur Q. D.
62
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
Photo
taine de cultivateurs luxembourgeois sont membres de BIOG. Onze magasins Naturata sont disséminés sur le territoire. Une coopérative a également été créée pour la laiterie, et des collaborations avec des grands groupes locaux comme Luxlait ont vu le jour. Le tout est chapeauté par la structure globale Oikopolis, créée en 1998. Ce petit empire a dégagé un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros en 2017, et les responsables du groupe estiment que la croissance annuelle est proche de 10 %. Un chiffre qui en ferait rêver certains. Toutefois, comme à son origine, la volonté d’Oikopolis n’est pas le profit. « Nous vivons grâce à nos différents coopérateurs, qui ont investi dans le groupe au moment où nous levions des fonds, indique Änder Schanck. Ceux-ci ont droit à des dividendes chaque année, mais certains y renoncent, car ils estiment que les bénéfices ne sont pas suffisants. Dès lors, il y a très peu d’argent qui sort du groupe, et la majeure partie de ce qui est généré est réinvesti. » Le fondateur du groupe souligne pourtant que l’action chez Oikopolis a grimpé de 35 à 125 €. « Mais cela ne change rien pour ces investisseurs. Ils ont pris un risque important en nous confiant leur argent à l’époque, mais aucun d’entre eux ne l’a fait pour le profit. »
Matic Zorman
Consommation
Architecture + Real Estate Après 10 ans de présence avec ARCHIDUC, le sujet de l’architecture prend une nouvelle dimension chez Maison Moderne et se déploie à travers tout l’écosystème de la marque Paperjam. Paperjam Architecture + Real Estate va donner encore plus de résonnance aux projets réalisés au Luxembourg et à l’étranger par les acteurs luxembourgeois. Tout en gardant une très forte attention à la culture architecturale, la ligne éditoriale s’élargit pour embrasser le monde de l’immobilier. Paperjam Architecture + Real Estate s’adresse ainsi à tous les professionnels des secteurs de l’architecture et de l’immobilier, aux investisseurs, aux décideurs économiques et institutionnels du pays, aux amateurs avertis et à tous ceux que les problématiques d’habitat, d’urbanisme et de paysage passionnent. Depuis septembre 2019, Paperjam Architecture + Real Estate se déploie au fil de l’année, avec deux newsletters (« Résidentiel », « Workspace »), de nouveaux événements organisés par le Paperjam Club (Club Talk, Seated Dinner Party, The Place), des suppléments thématiques (Mipim, Real Estate, Business Guide) et un nouveau hors-série annuel de 300 pages.
PRINT DIGITAL
• HORS-SÉRIE • Chaque automne, le hors-série Paperjam Architecture + Real Estate fait le point sur les projets livrés et à venir au Grand-Duché.
• NEWSLETTERS MENSUELLES • • Résidentiel • Workspace • PAPERJAM.LU L’ACTUALITÉ CONTINUE •
• PAPERJAM •
Paperjam.lu Newsletter biquotidienne Social media
Retrouvez tous les mois la rubrique Architecture dans le magazine, ainsi que les actualités de l’immobilier. • LES SUPPLÉMENTS • • Paperjam Mipim • Paperjam Real Estate
+ LIVE
Pour plus d’informations sur nos produits et nos solutions de communication native, contactez-nous : agency@maisonmoderne.com
• 10×6 Architecture • Club Talk Real Estate Market • Paperjam Real Estate Seated Dinner Party • The Place
autopromo_EcosystemePJ_Archi_230x300.indd 3
16/10/2020 18:33
Tech for good
Quand les start-up se mettent au vert Véritable marché de niche il y a une dizaine d’années, la green tech séduit aujourd’hui de plus en plus d’entrepreneurs. Présentation de deux start-up luxembourgeoises bien déterminées à rendre le monde meilleur et plus responsable. Auteur A.B.
Shime
ANNÉE DE CRÉATION 2015
CHIFFRE D’AFFAIRES N.C.
ANNÉE DE CRÉATION 2017
CHIFFRE D’AFFAIRES 120.000 euros en 2019
LOCALISATION ZI Wolser II, Dudelange
EMPLOYÉS 7
LOCALISATION Contern
EMPLOYÉS 5
CAPITAL SOCIAL 280.023 euros
OBJECTIF DE CROISSANCE S’ouvrir à l’exportation pour voir émerger davantage d’écoquartiers et d’industries économes en eau
CAPITAL SOCIAL 65.040 euros
OBJECTIF DE CROISSANCE Développer l’activité au Luxembourg, en France et en Belgique afin d’ouvrir une usine de recyclage locale
FONDATEURS Michel Reckinger, Marcel Wilwert, Emmanuel Trouvé LEVÉE DE FONDS N.C.
64
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
FONDATEUR Stéphane Herard LEVÉE DE FONDS 0
Ama Mundu Technologies et Shime
Au commencement, il y avait un constat inquiétant : à l’horizon 2035, au regard du développement socio-économique du pays, le Luxembourg ne pourra plus pourvoir à ses besoins en eau potable. Ama Mundu Technologies, née en 2015, a donc mis au point une technologie innovante de recyclage écologique et économique de l’eau. « Nous préservons cette ressource essentielle en l’inscrivant dans une économie circulaire. Grâce à notre système avancé de nano-filtration, il est désormais possible de recycler son eau, comme on le fait déjà avec les solides », explique Vincent Popoff, le CEO d’Ama Mundu Technologies, dont les solutions ont déjà séduit de nombreux acteurs en France et au Luxembourg. La mise en place d’une unité mobile d’AMT au sein d’un éco-quartier suffit à capter les eaux usées des ménages pour les recycler en séparant, d’une part, une eau de qualité réutilisable et, d’autre part, une fraction résiduelle valorisable sous forme d’engrais ou d’énergie. « Nos technologies sont aussi également adaptées aux industriels, dont les besoins en eau peuvent être « Il est désormais très importants », poursuit CEO, dont la récente possible de recycler leimplantation à Dudelange a permis d’ouvrir son eau, comme une ligne de production. on le fait déjà avec « Nous sommes fiers de dire que les systèmes de les solides. » filtration, le cœur de notre Vincent Popoff CEO, Ama Mundu technologie, seront très Technologies bientôt ‘made in Luxembourg’ », se réjouit Vincent Popoff.
Un seul mégot jeté dans la « Pourquoi nature peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau. Imagine pas devenir nez maintenant l’ampleur le premier pays de la catastrophe écologique lorsque l’on vous zéro mégot ? » dit que 130.000 mégots Stéphane Herard sont jetés à terre dans le Fondateur, Shime monde… chaque seconde. La start-up Shime, créée en 2017, se bat pour lutter contre ce fléau. « Il y a un an et demi, nous avons développé notre activité en devenant le partenaire exclusif au Luxembourg, en Moselle et en Belgique de l’entreprise méGO!, qui recycle les mégots de cigarettes », explique Stéphane Herard, fondateur. « Je suis un amateur de course à pied et c’est à force de voir ces mégots partout dans la nature que m’est venue l’idée de les recycler. » Des entreprises comme PwC, Lux-Airport, Auchan Cloche d’Or, les hôtels Ibis ou encore la Spuerkeess se sont déjà alliées à Shime dans cette lutte. Plus récemment, la start-up a développé une collaboration avec les communes de Bettembourg, Schifflange et Dudelange. Concrètement, après avoir installé ses cendriers fabriqués par l’entreprise Berl, à Contern, elle récupère les mégots et les achemine vers la société méGO!, en Bretagne, où ils sont dépollués et recyclés en mobilier urbain. « Celui-ci est notamment destiné à être utilisé par les fumeurs. Nous œuvrons ainsi réellement dans une démarche d’économie circulaire », assure le gérant de Shime, qui a déjà récolté 400 kg de mégots – soit environ 1,6 million d’unités ! Face à ce succès, Shime n’exclut pas, dans un futur plus ou moins proche, de recycler directement ces mégots au Luxembourg.
Photos
Ama Mundu Technologies
La newsletter qui vous parle d’un avenir durable Abonnez-vous sur newsletter.paperjam.lu
LANCEMENT LE 28 OCTOBRE
Le rendez-vous mensuel des particuliers et des professionnels confrontés à la transition écologique
230x300_Campagne produit MM-2021-Autopromo.indd 9
23/10/2020 09:37
Forecast
Comment œuvrer pour le climat au quotidien ? Quelles mesures peut-on mettre en place pour faire passer le durable du concept à la réalité ? Exemples concrets issus du quotidien des entreprises. Auteur A. B.
1
BRUNO RENDERS Administrateur-directeur général Conseil pour le développement économique de la construction (CDEC)
Parmi les concepts que je défends en termes de construction durable, il y a la volonté de développer « les fonctions nobles d’un bâtiment ». Les bâtiments doivent être considérés comme une plateforme technologique résiliente pouvant servir à produire de l’énergie, à la stocker et à la redistribuer. Ils passent ainsi à une logique active, dynamique. L’intégration d’éléments végétaux en façade ou en toiture peut par exemple contribuer à la purification de l’air ou à développer une production agricole. Pour l’épuration d’eau, il existe des solutions qui permettent à un quartier, par exemple, de recycler l’eau localement et de la réinjecter directement. Mais toutes ces initiatives supposent d’être accompagnées financièrement. Si un promoteur fait l’effort de mettre en place une solution locale de dépollution de l’eau, il faut que cet acte soit valorisé. Tout projet d’économie circulaire ou résilient se doit d’être soutenu par des démarches comptables, fiscales ou de benchmark financier qui s’écartent des logiques financières linéaires et doit permettre l’émergence d’une évaluation financière circulaire tenant compte des engagements sociétaux et durables des entreprises. 66
GREEN ECONOMY NOVEMBRE 2020
« Rien ne devrait freiner ceux qui sont prêts à assurer un avenir durable. »
3
« Le challenge est de concilier protection de l’environnement et développement de l’activité. » FABIEN VRIGNON CEO Keytrade Bank
En tant que décideur, c’est notre attitude vis-à-vis de ce sujet qui va permettre de faire évoluer la situation. Le challenge est de concilier protection de l’environnement et développement de l’activité. Deux options s’offrent à nous. La première consiste à changer la nature même de la production et de l’entreprise. La seconde revient à conserver l’entreprise telle qu’elle est en essayant de limiter les émissions sur chaque point de production. Le télétravail permet par exemple de réduire les transports nécessaires au fonctionnement de l’entreprise. S’il y a moins de déplacements, la consommation totale d’énergie diminue. Il est nécessaire d’agir collectivement au niveau de l’entreprise pour mettre en place des actions. Dans tous les projets, un responsable RSE doit être partie prenante pour challenger les différents acteurs et trouver des optimisations possibles afin d’améliorer notre empreinte carbone, comme par exemple lors de la création d’un produit ou d’un service. Au quotidien, que ce soit en consommant local, en diminuant nos déchets par l’éducation, en voyageant, en utilisant nos téléphones ou nos ordinateurs, nous devons penser au climat dans la manière même de vivre notre vie, et pas seulement en ce qui concerne certains points.
CDEC, Enovos et Keytrade Bank
« Grâce à une approche multifonctionnelle, un bâtiment peut devenir actif en produisant, en stockant et en redistribuant l’énergie. »
Enovos a amorcé son tournant vers des produits et des services plus responsables il y a quelques années de cela. Dans ce contexte, l’entreprise a décidé d’aller encore plus loin en compensant l’empreinte carbone de son offre. C’est ainsi que son gaz naturel standard est aujourd’hui climatiquement neutre à 100 %, grâce à des certificats de compensation de CO2 de très haute qualité. Pour encourager le monde de l’entreprise à lui emboîter le pas, Enovos a mis au point eno4climate, un nouveau produit permettant aux professionnels de compenser leurs émissions carbone grâce à des certificats vérifiés et garantis. Toute activité professionnelle génère des gaz à effet de serre. Grâce à eno4climate, les émissions qui ne peuvent être réduites directement peuvent être compensées par l’engagement dans des projets de protection climatique. Rien ne devrait donc freiner ceux qui sont prêts à assurer un avenir durable. Toute entreprise a son rôle à jouer, et beaucoup à y gagner.
Photos
2
CLAUDE SIMON Head of energy sales Enovos
Empruntez vos livres audio préférés en un clic. www.ebooks.lu
ebooks.lu, une autre façon de tourner la page. Ce service vous est offert par le Conseil supérieur des bibliothèques publiques et la Bibliothèque nationale.
pwc.lu
Financial Services from a different angle Sustainable Finance: seize the opportunity to grow your business
#FinanceInFineHands Olivier Carré, Financial Services Leader +352 49 48 48 4174 | olivier.carre@pwc.com
© 2020 PricewaterhouseCoopers, Société coopérative. All rights reserved. In this document, “PwC” or “PwC Luxembourg” refers to PricewaterhouseCoopers which is a member firm of PricewaterhouseCoopers International Limited, each member firm of which is a separate legal entity. PwC IL cannot be held liable in any way for the acts or omissions of its member firms.