PASCAL RAPALLINO
« Le patrimoine des familles fortunées est davantage sollicité »
« L’abandon de la taxe d’abonnement n’est peut-être pas tout à fait réaliste »OLIVIA MOESSNER Tour d’horizon de l’agenda réglementaire
PASCAL RAPALLINO
« Le patrimoine des familles fortunées est davantage sollicité »
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« L’industrie des fonds d’investissement est indispensable en tant que véhicule d’épargne à long terme » : une affirmation qui fait consensus. Les fonds seront là pour soutenir l’économie réelle, c’est acquis. Mais quid de l’autre partie de l’équation : le long terme ? La période actuelle se caractérise par une succession de crises toujours plus importantes, plus rapprochées et qui n’en finissent pas. Depuis 2008 et les subprimes, les tensions s’accumulent et culminent – pour l’instant –, avec la crise de sortie du coronavirus, marquée par une reprise de l’activité qui a entraîné des pénuries de matières premières, une hyperinflation et la remontée des taux d’intérêt. Le tout amplifié par la guerre en Ukraine, qui a marqué le retour de la géopolitique sur le devant de la scène. Et l’on n’envisage même pas les effets du dérèglement climatique, par nature imprévisibles et brutaux. Comment alors planifier sur le long terme dans un contexte si mouvant ? Regardez l’évolution des actifs des fonds d’investissement : ils fondent plus vite que les glaciers. Et même le secteur alternatif est touché. Contrairement à toutes les prévisions, les flux d’argent vers les investissements alternatifs ralentissent : depuis le début de l’année, ces fonds ont levé 740 milliards de dollars, selon la société d’analyse Preqin. Soit 27 % de moins que les 1,02 milliard de dollars levés au cours de la même période l’an dernier. Les raisons de cette chute déjà perceptible fin 2022 sont évidentes : le changement brutal des conditions macroéconomiques qui ont permis l’essor du secteur des investissements alternatifs, à savoir faible inflation, taux zéro et pas de volatilité. Est-il possible de rester performants sur la durée alors que les conditions macroéconomiques changent – tourbillonnent – si vite ?
Pour les professionnels, le relais de croissance, ce sont les ménages. Des ménages qui n’investissent que très peu dans les marchés financiers, au contraire de leurs homologues américains et asiatiques. Pour les séduire afin qu’ils quittent le confort des dépôts à terme, il faudra trouver une réponse crédible à cette question. Et vu le contexte…
L’industrie des fonds dopée par l’alternatif
12 JEAN-MARC GOY
24 ALFI GLOBAL DISTRIBUTION CONFERENCE Les fonds font leur rentrée
Photos Guy Wolff et Romain Gamba p. 42 Pascal Rapallino est l’actuel président de la Luxembourg Association of Family Offices (Lafo). p. 12 Jean-Marc Goy succède à Corinne Lamesch à la présidence de l’ALFI.Depuis le milieu des années 2010, ce sont principalement les investissements alternatifs, à travers des structures régulées et non régulées, qui soutiennent la croissance de l’industrie des fonds au Luxembourg
La croissance de l’alternatif
Les actifs nets des fonds d’investissement domiciliés en Europe, Ucits et fonds d’investissement alternatifs s’élevaient à 19.1 milliards d’euros à la fin de 2022. Le Luxembourg et l’Irlande sont les deux plus grands domiciles d’Ucits et de fonds alternatifs, avec une part de marché de 26,3 % et 19,1 %.
L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni suivent dans ce classement. Si la part des actifs sous gestion à travers des fonds Ucits est toujours la plus importante, on constate que le volume d’actifs dans ces véhicules a tendance à se stabiliser. L’investissement dans des fonds alternatifs régulés (actifs dans les domaines du capital-investissement, de l’immobilier, de la dette privée et d’autres comme les fonds d’infrastructure ou les fonds spéculatifs) connaît pour sa part une croissance soutenue.
RADIOSCOPIE Mrds € 25.000 20.000 15.000 10.000 5.000 0
19 % Non-Ucits / AIF Ucits
13.890 8.009
3.549 1.011
12.337 7.230 6 ALFI OCTOBRE 2023
Les fonds alternatifs régulés au Luxembourg s’envisagent à travers trois formes de véhicule différentes : les fonds enregistrés sous la partie II de la loi de 2010, les fonds d’investissement spécialisés (FIS) et les sociétés d’investissement en capital à risque (sicar). On constate, depuis 2020, une croissance importante des actifs gérés à travers ces véhicules. Fin 2022, ils représentaient plus de 950 milliards d’euros, en hausse de 19 % depuis 2019. À la fin de l’année 2022, le volume d’actifs sous gestion dans des fonds régulés au Luxembourg était de 5.000 milliards d’euros. Le segment alternatif représente donc désormais près de 20 % de la totalité des actifs gérés à travers des fonds au Luxembourg.
À côté des fonds alternatifs régulés, il faut aussi pouvoir intégrer les actifs investis à travers des fonds alternatifs non régulés. Avec la mise en place de la directive AIFM, le Luxembourg a introduit un nouveau véhicule à sa boîte à outils : les fonds d’investissement alternatifs réservés (Fiar). Il est plus difficile de rendre compte du volume d’actifs sous gestion dans ces véhicules, ceux-ci n’étant pas directement supervisés par la CSSF. Toutefois, l’AIFM Reporting Dashboard de la CSSF (31 décembre 2021) permet de donner une indication de l’évolution du marché alternatif au Luxembourg. Entre 2018 et 2021, la valeur nette d’inventaire (VNI) des fonds alternatifs gérés par des gestionnaires luxembourgeois, tous régulés par la CSSF, a considérablement évolué pour atteindre 1.482 milliards d’euros. En 2018, cette VNI n’était encore que de 653 milliards d’euros.
1 REMONTÉ
Camille Thommes, CEO de l’Alfi, est remonté contre un certain manque de reconnaissance par le monde politique de l’apport du secteur financier en général et de l’industrie des fonds d’investissement en particulier à l’économie et aux finances du pays.
2 SATISFAITE
3 VIGOUREUX
4 MILITANT
Dans une tribune libre parue dans Les Échos ce 27 juin, Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance, a plaidé pour l’achèvement de l’Union des marchés de capitaux (UMC).
5 PÉDAGOGUE
Ulrich Bindseil, directeur général Infrastructures de marché et paiements à la BCE, a répondu à l’invitation de l’ABBL pour venir défendre le projet d’euro numérique. Un projet qui suscite en l’état plus d’interrogations que d’enthousiasme chez les banquiers.
Sélectionné par MARC FASSONE
Photos Romain Gamba et Matic Zorman (archives)« L’objectif de la BCE est de garantir que notre monnaie reste adaptée à l’ère numérique. En offrant un moyen supplémentaire de payer avec de l’argent public, nous garantirions la résilience de notre système monétaire. »
« Je déplore l’attitude irresponsable, le manque de reconnaissance du secteur et de l’importance de son apport à l’économie luxembourgeoise par une partie de la classe politique nationale pour des raisons idéologiques ! »
« Un marché intégré et harmonisé serait un avantage concurrentiel décisif qui nous permettrait de relancer l’investissement dans les entreprises, d’attirer les investissements étrangers et de rendre le système financier plus efficace, plus solide et plus résistant aux chocs. »
« Avec cette législation modernisée, le Luxembourg continue à innover et à anticiper les tendances du marché, affirmant sa position de leader dans le domaine des fonds d’investissement. »
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craignaient suite à l’invasion de l’Ukraine. Comment évolue cet indicateur ?
Faut-il aborder la fin de l’année sur les marchés de manière optimiste ou pessimiste ?
Il faut d’abord constater que l’on a eu un très bon premier semestre, tant d’un point de vue économique que sur les marchés. Il est peu probable que le second semestre soit aussi porteur. Mathématiquement, les excellentes performances du premier semestre compliquent la donne pour le second. Et certains signes laissent présager que l’on se dirige vers une décélération de la croissance. Décélération portée par une baisse des niveaux d’activité dans l’industrie qui est en train de gagner les services. C’est flagrant en Europe. Les Européens, même en vacances, sont plus regardants sur leurs dépenses, malgré l’épargne de précaution qui s’est constituée depuis le Covid et qui est toujours là. Avec l’inflation, l’évolution du pouvoir d’achat est une source d’inquiétude et cela peut, le cas échéant, peser un peu sur l’évolution des services.
Les bons chiffres de l’emploi avaient permis d’éviter une récession que beaucoup
L’Europe reste dans une situation de quasiplein-emploi. S’élevant à 6,4 %, le taux de chômage est à son plus bas depuis 25 ans. Par ailleurs, et c’est intéressant pour le pouvoir d’achat, les salaires progressent à un rythme de 4 % à 5 % en moyenne. Cette résilience me fait dire que, malgré les signes de ralentissement relevés çà et là, nous serons plus sur un plateau dans les six prochains mois que réellement dans une zone de consolidation économique des marchés. D’autant que, dans le même temps, il y a de bonnes nouvelles : les mesures monétaires qui ont été prises ces derniers mois face à l’inflation vont tout doucement atteindre leur objectif, et donc leur terme.
Alors que les hausses de taux restent d’actualité, doit-on en déduire que la politique monétaire ne serait plus un vent contraire ?
Oui. Nous sommes au bout du cycle de hausse. Objectivement, on s’attend encore, dans le pire des cas, en Europe et aux États-Unis, à un relèvement des taux. Et peut-être deux au Royaume-Uni. Le gros du travail monétaire a été réalisé, donc, la dérivée seconde de la politique monétaire ne sera plus contraignante. Il est trop tôt par contre pour anticiper une baisse des taux directeurs des banques centrales, c’est évident. Nous allons garder un environnement de taux qui sera un petit peu indigeste pour pas mal d’acteurs de l’économie, mais qui sera marginalement moins indigeste puisque le mouvement de hausse se termine. L’incertitude monétaire est en train d’être levée.
Vincent Juvyns, global market strategist chez J.P. Morgan Asset Management, fait le point sur les tendances macroéconomiques du second semestre 2023.
« L’inflation en Europe et aux États-Unis continue de baisser
VINCENT JUVYNS Global market strategist, J.P. Morgan Asset Management
L’inflation est-elle enfin vaincue ?
L’inflation en Europe et aux États-Unis continue de baisser. Aux États-Unis, il n’y a aucune inquiétude. Il y a même une relative certitude sur le fait que la trajectoire d’inflation est bonne. On commence à voir aussi que la pression baisse sur le marché de l’emploi et sur les salaires. En Europe, il est plus prématuré de tirer cette conclusion puisque l’on voit que la dynamique salariale reste assez forte et entretient une inflation sous-jacente vigoureuse. C’est un point d’attention.
Peut-on revenir à l’objectif de 2 %
d’inflation longtemps adulé par les banquiers centraux ?
Dans notre scénario, on table sur un niveau d’inflation plus haut et pour plus longtemps. Pour différentes raisons, dont les principales sont les actuelles politiques environnementales, qui sont par nature inflationnistes, les politiques de réindustrialisation, afin de recréer les capacités de production locales pour tout ce qui concerne les biens critiques, et les tensions sur le marché du travail, qui sont dues avant tout à des tendances démographiques. Tendances contre lesquelles les banques centrales sont impuissantes. Il y a aussi une raison psychologique : les banques centrales ont eu tellement de mal à lutter contre la déflation qu’elles ne vont pas vouloir casser trop vite la dynamique actuelle. Elles vont sans doute tolérer un niveau d’inflation plus élevé que leur objectif sur une plus longue période pour s’assurer que l’inflation ne soit trop élevée et qu’elle ne retombe dans l’environnement déflationniste d’avant-Covid.
Que penser de la multiplication des signes de faiblesse de la Chine ?
La dynamique insufflée par la réouverture post-Covid est-elle déjà en train de s’essouffler ?
Nous avons peut-être été un peu naïfs en Occident par rapport au rebond post-Covid de la Chine. Nous avions espéré que, dès le mois de janvier, les Chinois déconfinés allaient voyager de nouveau et dépenser massivement. C’était oublier ce que l’on avait fait nous-mêmes au sortir des confinements. Nous étions tous restés proches de chez nous. C’était l’ère de la « staycation »,
contraction des termes anglais stay (rester) et vacation (vacances). Les Chinois font exactement la même chose. À côté de ce phénomène, d’autres éléments plus structurels expliquent le malaise chinois. Les autorités ont, du fait des mesures qu’elles ont prises ces dernières années, perdu la confiance des investisseurs locaux et internationaux. Il y a beaucoup de questions et de défiance par rapport au marché chinois. Et donc beaucoup d’investisseurs ont retiré leurs capitaux. Leur positionnement a changé : aujourd’hui, la Chine est sortie des allocations tactiques et parfois même des allocations stratégiques. Les autorités chinoises en sont conscientes et essaient de rattraper le coup. Ce ne sera pas facile. Je ne m’attends pas à un fort rebond au second semestre, tout en ayant quand même un peu l’impression que le point bas est derrière nous sur le cycle chinois.
Quelles sont les conséquences de ces évolutions à attendre sur les portefeuilles ?
Nous ne sommes pas inquiets pour les marchés actions. Les faits positifs, à savoir l’arrêt du resserrement monétaire, des résultats d’entreprises meilleurs qu’attendu et l’absence d’excès de marché, permettent de dire qu’il n’y aura pas une forte baisse des actions dans les prochains mois. Mais nous estimons que leur potentiel de hausse est limité par les valorisations actuelles et les performances déjà engrangées. Nous sommes neutres sur les actions en privilégiant les valeurs et les secteurs défensifs. Nous avons, en revanche, toujours plus confiance en la capacité des marchés obligataires à performer au cours du second semestre. Depuis le début de l’année, les obligations affichent des performances positives. Il y a trois types de marchés obligataires que nous préférons : les obligations d’État américaines, à cause d’un rendement plus attractif et des perspectives monétaires plus favorables, les obligations d’entreprises de bonne qualité, qui rapportent plus que les obligations sans risque d’État avec un risque économique relativement restreint et, enfin, la dette émergente en monnaie locale. Dans les pays émergents, l’inflation est maîtrisée depuis le milieu de l’an passé, et le dollar baissier n’est plus une menace.
Le taux d’épargne des ménages continue de croître, selon Eurostat. Il atteignait 14,1 % dans la zone euro au premier trimestre 2023, contre 14 % au quatrième trimestre 2022. Après un pic de 25 millions atteint au plus haut de la crise du Covid, ce taux était en forte chute jusqu’à ce que l’agression russe en Ukraine le fasse remonter. Cette reconstitution d’une épargne de précaution n’a cependant pas empêché le taux d’investissement des ménages dans la zone euro de passer de 9,8 % à 10,3 % au premier trimestre 2023.
Jean-Marc Goy vient de prendre la présidence de l’ALFI pour un mandat de deux années. Le successeur de Corinne Lamesch revient sur son engagement et évoque son programme ainsi que sa vision du secteur des fonds luxembourgeois.
Photo GUY WOLFF Journaliste MARC FASSONEVous venez d’être élu président du conseil d’administration de l’ALFI (Association of the Luxembourg Fund Industry). Pourriez-vous nous décrire votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel se décompose en trois grandes étapes. Je suis avocat de formation. Après mes études, j’ai commencé ma carrière au sein du cabinet Elvinger, Dessoy & De Fierlant. D’abord comme avocat, puis comme avocat avoué. J’ai ensuite rejoint la Banque centrale du Luxembourg lorsque celle-ci a été créée, et qui servait alors comme autorité de surveillance du secteur financier, avant d’être affecté à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). J’y ai passé 20 ans et j’ai principalement occupé la fonction de chef du service international. J’ai quitté la CSSF il y a bientôt 6 ans pour rejoindre Capital Group, une société de gestion américaine qui dispose de 32 bureaux à travers le monde, et qui gère plus de 2.200 milliards de dollars. Capital Group est présente au Luxembourg avec une société de gestion Ucits.
J’en suis l’un des dirigeants en tant que conducting officer.
Comment et pourquoi devient-on chairperson de l’ALFI ?
J’ai été élu au board de l’ALFI il y a quatre ans. D’abord comme simple membre, puis en tant que vice-président et, en juin de cette année, j’ai été élu à la présidence. C’est le cursus normal pour accéder au poste de président du conseil d’administration.
Quand je regarde ma carrière, j’en viens à la conclusion que mes fonctions ont toujours été très impliquées dans la défense des intérêts de la place financière luxembourgeoise. Déjà avec ma casquette de représentant de l’autorité de surveillance et en tant que chef du service Affaires internationales, je participais à Bruxelles à de multiples réunions bilatérales et multilatérales avec d’autres autorités. Et donc, quelque part, il y avait toujours dans ma fonction un objectif de défense des intérêts de la place financière luxembourgeoise. J’ai expliqué notre cadre juridique et défendu les intérêts de la Place, et j’ai continué à le faire,
après mon départ, au sein de Capital Group. Je voulais poursuivre cet engagement à travers l’ALFI. Mon engagement dans l’association est dans la continuité de ce que j’ai fait jusqu’à présent. J’aimerais d’ailleurs souligner que lorsque j’étais auprès du régulateur, je travaillais déjà en étroite coordination avec l’ALFI.
Vous succédez à Corinne Lamesch, qui est arrivée au terme de ses deux mandats. Quel a été son conseil au moment de vous remettre les clés de l’association ?
J’aimerais d’abord remercier Corinne Lamesch pour son engagement, son dévouement et le travail impeccable qu’elle a effectué en assurant la présidence de l’association durant une période difficile, marquée par les impacts du Covid et du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Je saisis l’occasion pour remercier toute l’équipe de direction menée par son CEO, Camille Thommes, ainsi que tout le staff – une quarantaine de personnes au total –pour tous les efforts qu’ils ont déployés dans l’intérêt de notre secteur. L’ALFI,
Pierre Vansteenkiste
C’est le premier président de l’association. Diplômé en 1964 de la Solvay Brussels School of Economics and Management, il aura, durant sa carrière, été directeurgérant auprès de la Banque privée Edmond de Rothschild Luxembourg.
Patrick Zurstrassen
Une des grandes figures de la Place. Décédé en novembre 2019, il aura, entre autres choses, dirigé l’entité luxembourgeoise du groupe Crédit Agricole Indosuez de 1987 à 2002. De 1993 à 1996, il fut président de la Fédération européenne des fonds et sociétés d’investissement (Fefsi).
Rafik Fischer
Après un passage dans l’industrie, il rejoint en 1989 le secteur financier. Il a occupé les plus hautes fonctions au sein de Quintet Luxembourg (ex-KBL epb Luxembourg) et de l’European Fund Administration (EFA). Il siège actuellement au conseil d’administration de la Bourse de Luxembourg.
Thomas Seale
Actuellement administrateur indépendant dans le secteur de la gestion d’actifs, il a été directeur général de l’European Fund Administration de 1997 à 2017 et a siégé au conseil d’administration de l’ALFI de 2001 à 2019. Il a été président de LuxFlag de 2012 à 2019.
dans une année normale, participe à une trentaine de publications et de consultations publiques sur le plan national et international, en plus des échanges réguliers qui ont lieu avec les institutions et autorités européennes et avec les administrations luxembourgeoises et les associations professionnelles.
J’aimerais aussi remercier les plus de 1.800 personnes qui participent de manière bénévole aux travaux des quelque 200 comités techniques, groupes de travail et autres forums que nous organisons, qui échangent sur des sujets d’intérêt commun, qui analysent et qui suivent les développements significatifs dans le domaine concerné, qui partagent les pratiques et les expériences, et qui effectuent des recherches sur des sujets qui intéressent toute notre industrie. Au sortir de son mandat, Corinne Lamesch laisse l’association avec des structures qui ont été renforcées au fil du temps et qui sont aujourd’hui solides. Je trouve que l’ALFI est bien placée pour continuer à jouer son rôle-clé dans le développement du secteur financier luxembourgeois, et
notamment les fonds d’investissement. Pour ce qui est d’un message particulier, elle m’a rappelé de ne pas sous-estimer l’énergie, le temps et le travail que requiert la fonction de président. Mais, d’une certaine manière, je le savais, puisque je faisais partie du comité exécutif en tant que vice-président. Avec Corinne Lamesch, nous avons travaillé main dans la main lorsqu’elle était présidente et nous continuerons à le faire, puisqu’elle est toujours membre du conseil d’administration.
Vous avez évoqué le travail des équipes de l’association. Camille Thommes part à la retraite d’ici la fin de l’année. Où en est-on dans le choix de son successeur ?
Le processus de sélection est en cours. Nous espérons pouvoir faire une annonce dans les prochaines semaines.
Quel est le programme de votre présidence ?
Le programme de ma présidence s’inscrit d’abord dans la continuité de l’excellent travail fait au cours des 35 der-
nières années. Il est ensuite axé sur trois priorités.
La première est de renforcer l’ALFI pour qu’elle soit une association inclusive et représentative de l’ensemble du secteur des fonds d’investissement. L’ALFI favorisera encore plus la diversité, l’équité et l’inclusion dans toutes les dimensions de notre propre organisation et de l’industrie dans son ensemble. Il faut savoir que nous venons cette année de changer nos statuts afin d’augmenter le nombre de membres du conseil d’administration. Ce dernier compte désormais 29 membres, contre 24 précédemment. Pour faire en sorte que la représentation soit la plus large possible, tous les membres du conseil proviennent de cinq listes qui cartographient en quelque sorte les métiers de l’industrie. Le deuxième axe de mon programme est de renforcer le dialogue et les échanges constructifs, réguliers et ouverts avec les décideurs, les ministères, les politiciens, les régulateurs, les investisseurs, les associations professionnelles et les autres parties prenantes, tant sur le plan national qu’international. Ceci est
Claude Kremer
Associé fondateur du cabinet
Arendt & Medernach, il a consacré l’ensemble de sa carrière professionnelle à l’industrie mondiale des fonds et de la gestion d’actifs. De juin 2011 à juin 2013, il a été président de l’European Fund and Asset Management Association (Efama).
Marc Saluzzi
Désormais administrateur indépendant non exécutif, Marc Saluzzi a fait toute sa carrière au sein de PwC Luxembourg. Ce fidèle de l’entreprise en a été associé et successivement en charge de la pratique de gestion d’actifs de PwC au Luxembourg, en Europe et au niveau mondial.
Cette Américaine a débarqué sur la Place en 1990. Après un passage chez Coopers & Lybrand, elle intègre Franklin Templeton. Elle est actuellement membre du conseil stratégique de l’ALFI, présidente de la plateforme d’éducation des investisseurs de l’Efama et présidente de LuxFlag.
2019-2023
Corinne Lamesch
Avocate de formation, inscrite aux Barreaux de Luxembourg et de New York, elle a exercé pour Clifford Chance et Allen & Overy. Elle a ensuite rejoint Fidelity International en 2008 et agit également en tant que conducting officer de la société de gestion de Fidelity International, basée au Luxembourg depuis 2015.
Denise Voss 2011-2015 2015-2019vraiment essentiel pour assurer le développement positif de notre secteur. Ces échanges ont déjà lieu et sont de très bonne qualité, il est important de le souligner. Pour ces échanges et dialogues, il y a deux canaux. Un canal formel et un canal informel. Pour le premier, on peut mentionner, par exemple, les réunions institutionnalisées, comme le Haut Comité de la place financière, qui est présidé par la ministre des Finances, Yuriko Backes, ou encore les comités consultatifs et les groupes de travail auprès des régulateurs, notamment la CSSF. Pour ce qui est du canal informel, l’avantage d’un petit pays comme le Luxembourg est que les occasions d’échanger de manière informelle avec les parties prenantes sont plus élevées.
La troisième priorité de mon mandat sera de continuer à consolider et à renforcer la position du Luxembourg comme centre d’investissement d’excellence, notamment sur un plan transfrontalier. Nous sommes totalement dévoués à contribuer à la tâche d’inspirer confiance aux investisseurs en nous concentrant sur la représentation de leurs meilleurs intérêts. Nous allons encore renforcer nos activités en matière de conférences, roadshows et événements sociaux afin de promouvoir le Luxembourg.
Ensuite, et c’est un sujet qui me tient à cœur, nous allons continuer à contribuer aux efforts du Luxembourg pour jouer un rôle de premier plan également dans la finance durable. Dans le même état d’esprit, nous soutiendrons la transformation digitale et numérique de l’industrie luxembourgeoise des fonds. L’ALFI soutiendra les initiatives et les projets liés aux nouvelles technologies, à l’automatisation et la robotisation, à l’intelligence artificielle, mais aussi en ce qui concerne la cybersécurité.
Je mentionnerais encore un dernier point d’importance, celui de l’éducation financière. Nous confirmons notre engagement en matière d’éducation des investisseurs comme du grand public. Tous ces points seront formalisés dans l’Ambition Paper 2025-2030, qui décrira nos ambitions pour les années à venir.
Vous venez d’évoquer l’intelligence artificielle (IA). Comment vous positionnez-vous par rapport à celle-ci ? Personnellement, je pense qu’en avoir peur n’est pas la bonne approche, parce que c’est une évolution que l’on n’arrêtera pas. Maintenant, il faut voir comment on peut faire en sorte que cette évolution soutienne le développement du secteur financier et les intérêts des investisseurs. Voilà pourquoi les législateurs et les régulateurs sont en train de réfléchir à la nécessité d’établir des règles ou non. De notre point de vue, si des règles doivent être établies, il faut qu’elles soient de haut niveau et qu’elles se cantonnent aux principes, sans chercher à entrer dans les détails. Ne serait-ce que parce qu’il est trop tôt pour pouvoir présager exactement les développements qui vont arriver. Ce débat
Pour Jean-Marc Goy, son engagement au sein de l’ALFI est la continuité naturelle de son parcours professionnel. Parcours durant lequel il aura, sous toutes ses casquettes, défendu les intérêts de la Place.
Photo Guy WolffThe success of your investments depends on market performances as well as on compliance with ever-changing legal and tax regulations. Whatever your business goals and no matter how complex your transactions are, our unique-to-market combination of specialised legal, regulatory and tax intelligence will find the best solution for you. Let’s talk about alternatives.
rappelle celui auquel nous avons assisté lorsqu’internet a connu son essor. La question que l’on se posait à l’époque était de savoir s’il fallait de nouvelles règles pour internet. À mon sens, et c’est l’avocat qui parle, la réponse était non, internet n’étant qu’un outil. C’est pareil pour l’intelligence artificielle. L’IA est un outil qui doit permettre d’améliorer les résultats des investissements dans l’intérêt des investisseurs.
Quels sont, selon vous, les plus grands défis qui devront être relevés par l’industrie demain ?
Pour moi, le plus grand défi pour l’industrie réside actuellement dans les incertitudes macroéconomiques auxquelles doivent faire face les marchés financiers. L’autre grand défi tient dans la hausse des tendances protectionnistes. Nous alertons depuis des années sur le phénomène de renationalisation des marchés financiers. Une tendance persistante. Et, bien sûr, il y a le risque réglementaire. Des réglementations inadaptées ou éventuellement une situation de surréglementation seraient contre-productives.
Puisque vous évoquez le risque réglementaire, quel message adressez-vous aux hommes politiques actuellement en campagne ?
Pour nous, l’objectif est d’avoir un cadre juridique moderne et approprié qui assure le bon niveau de protection des intérêts des investisseurs, sans pour autant freiner de manière non justifiée l’innovation. Notre message au personnel politique est de dire que l’ALFI va continuer de participer activement au dialogue constructif que j’avais déjà mentionné, sur le plan national et sur le plan international. Ceci constitue une priorité pour nous, pour accompagner le développement positif du secteur financier.
Auriez-vous des demandes plus précises ?
Il y a deux thématiques d’importance qui remontent du terrain, deux thématiques liées entre elles.
La première est celle de la compétitivité du secteur financier luxembourgeois et du pays – y compris sur un plan
fiscal, tant par rapport à la fiscalité des entreprises que par rapport à la fiscalité du produit.
La deuxième est celle de l’attraction et de la rétention des talents. Une des raisons du succès de la Place, c’est que nous avons su former et attirer de plus en plus de personnes spécialisées avec des connaissances techniques approfondies à tous les niveaux.
On ne peut pas parler de compétitivité sans évoquer la taxe d’abonnement. Comment voudriez-vous la voir évoluer ?
Il faut savoir que, sans surprise, la plupart des membres de l’association voudraient, idéalement, voir la taxe d’abonnement supprimée. En même temps, je pense qu’il faut être réaliste. Lorsque l’on regarde les recettes de l’État luxembourgeois et le poids des recettes de cette taxe, et si l’on se met dans la peau des responsables politiques, son abandon n’est peut-être pas tout à fait réaliste. Une possibilité serait d’ajuster cette taxe, et éventuellement de la supprimer, notamment pour attirer au Luxembourg de nouveaux produits d’investissement qui aujourd’hui sont peu, voire pas du tout présents. Je pense notamment à certains produits que l’on voit se développer aux ÉtatsUnis, comme les ETF actifs. Un jour ou l’autre, ces produits seront lancés en dehors des États-Unis. Le Luxembourg aura une belle carte à jouer si la taxe d’abonnement n’est pas un sujet. Maintenant, l’industrie a salué la décision du gouvernement d’alléger la taxe d’abonnement pour des produits d’investissement en matière de finance durable. Malheureusement, dans la pratique, on a vu que l’impact n’a pas été aussi grand qu’on l’aurait souhaité.
Depuis presque un an, le volume des actifs nets des fonds d’investissement diminue. Est-ce que cela témoigne, selon vous, d’une perte de confiance des épargnants envers les fonds d’investissement ?
La diminution des avoirs sous gestion des fonds luxembourgeois est avant tout due aux évolutions des marchés
30 MARS 1988
Dès 1985, le Luxembourg avait compris que la directive Ucits pouvait être le point de départ d’un marché intégré des fonds à l’échelle de l’Europe. Et dès le 30 mars 1988, elle fut transposée dans la législation nationale, donnant au pays et à sa Place le first-mover advantage
9 NOVEMBRE 1988
Quasiment dans la foulée, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement est portée sur les fonts baptismaux. À l’époque, les statuts tenaient sur une page. Fédérant d’abord les fonds, elle s’ouvre en 2000 à tous les acteurs de la chaîne de valeur.
31 décembre 1999
Avec 734.500 milliards d’euros d’actifs sous gestion, le Luxembourg ravit à la France la première place du marché européen de l’industrie des fonds.
29 FÉVRIER 2004
La barre symbolique des 1.000 milliards d’actifs est franchie. Les 2.000 milliards seront atteints en mai 2007. Il faudra attendre septembre 2010 pour toucher les 3.000 milliards. La barre des 4.000 milliards sera franchie en septembre 2017 et celle des 5.000 en janvier 2021. Au 31 décembre de cette même année, le plus haut historique est atteint : 5.859,485 milliards.
« Mon engagement dans l’association est dans la continuité de ce que j’ai fait jusqu’à présent. »
La décrue des actifs amorcée depuis le début de l’année 2022 sous les coups de l’inflation et de l’agression russe en Ukraine ne doit pas faire oublier une progression des plus spectaculaires, sans équivalent sur la planète.
financiers. Les marchés opèrent dans un contexte d’incertitude macroéconomique. L’inflation atteint des niveaux que l’on avait oubliés, les taux d’intérêt suivent et les marchés sont logiquement à la peine. Ces conditions ne sont pas propres au Luxembourg, on les subit partout en Europe et dans d’autres juridictions, notamment aux États-Unis. Mais ce que j’aimerais retenir, c’est que les marchés évoluent par cycles. On peut être raisonnablement confiants dans le fait qu’ils vont repartir à la hausse et qu’au fur et à mesure qu’ils vont progresser, les souscriptions vont augmenter. Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que dans des conditions de marché telles que celles que nous traversons aujourd’hui, les investisseurs ajustent leurs portefeuilles.
Où voyez-vous, pour l’industrie, les opportunités de croissance ?
Il y a un fait qu’il convient de rappeler : selon les chiffres de la Commission européenne, fin 2021, seulement 17 % des ménages européens ont investi dans des
valeurs mobilières, actions ou obligations. Et selon l’European Fund and Asset Management Association (Efama), seulement 25 % des fonds Ucits – fonds dont les actifs totaux tournent autour des 12.500 milliards d’euros – sont détenus par les ménages. Il y a donc un potentiel considérable de croissance dans l’Union européenne. Ensuite, il faut garder en tête que les fonds luxembourgeois ne sont pas distribués seulement au Luxembourg et dans l’Union européenne, mais dans 70 juridictions à travers le monde entier. Enfin, l’Efama indique que 26 % des fonds d’investissement qui sont distribués de manière internationale sont détenus par des investisseurs établis en dehors de l’Union européenne. Pour attirer ces investisseurs privés, il faut travailler sur la confiance. Un investissement comprend toujours une certaine dose de risque financier, surtout dans des périodes comme celle que nous traversons. Il faut un cadre juridique qui protège leurs intérêts tout en renforçant l’éducation financière. Il y a d’autres tendances sur lesquelles la
Place peut surfer. Dont la très forte demande de produits d’investissement de finance durable. La finance durable est l’un des thèmes centraux sur lesquels nous voulons mettre l’accent. Le Luxembourg, aujourd’hui, peut être considéré comme un des leaders en matière de finance durable. C’est un réel atout.
J’ajouterais un dernier point : il y a un facteur déterminant qui fait vraiment du Luxembourg un centre financier de choix – d’ailleurs, nous sommes le leader mondial dans ce domaine –, ce sont les activités transfrontalières et internationales. Au Luxembourg, depuis fort longtemps, nous ne raisonnons pas seulement de manière nationale, mais également automatiquement de manière internationale. On peut dire que cette dimension internationale est dans notre ADN. Et cette approche internationale explique vraiment en grande partie le succès du secteur des fonds luxembourgeois.
We guide our funds clients on their most critical Luxembourg legal matters.
A law modernising the Luxembourg investment funds toolbox came into effect at the end of July. Experts from Arendt examine its significance.
Law no. 8183, which was passed by parliament on 14 July 2023, includes a panoply of improvements to existing laws relating to the investment funds industry. Its aim is to modernise legislation and to make the Luxembourg financial centre even more competitive and attractive.
As the funds industry seeks to move towards
the so-called retailisation of the alternative investment funds market, many of the new rules available in the Luxembourg investment funds toolbox will help meet those goals.
“Everyone is talking about the lowering of the threshold for retail investors to qualify as well-informed from €125,000 to €100,000
and the harmonisation of the entities that could do the assessment,” says Julia Szafranska, counsel in the Investment Management practice of Arendt. This not only aligns Luxembourg with the European framework for vehicles such as European venture capital (EuVECA) funds, but also helps marketing in other jurisdictions that have
Photo Eva Krins (Maison Moderne) Arendt’s Julia Szafranska and David Majzoub explain the implications of the new law modernising the Luxembourg investment funds toolbox.€100k thresholds, she explains.
The reform has introduced tax incentives to encourage the development of products that can be marketed to retail investors, such as a subscription tax exemption for ELTIFs (European long-term investment funds). “This is consistent with the initiative of the European Commission, which wants to foster the development of this European product as part of the Capital Market Union action plan,” says David Majzoub, senior associate in the Investment Management practice at Arendt. But offering retail investors better access to private assets is not only being driven by policy-makers.
“It’s also responding to a demand from asset managers, who will have easier access to retail investors seeking to invest in private asset classes,” David Majzoub explains. The ELTIF can play a key role
in forming a pan-European retail market for alternative investment funds, and Luxembourg is uniquely positioned to become the main hub for these products. Undertakings for collective investment governed by Part II of the UCI law (known as “Part II UCIs”) have also undergone helpful enhancements.
David Majzoub says that Part II UCIs had fallen out of favour for some time, but they are coming back with a vengeance. “The new law introduces additional corporate forms for Part II UCIs and thus more flexibility for this product which is a vehicle of choice in the context of the retailisation of private funds.”
The new law also extends the period by which a fund must reach the minimum capital requirement from 12 to 24 months for SICARs, SIFs and RAIFs, and from 6 months to 1 year for Part II UCIs. “This is a welcome improvement,” says Julia Szafranska. “Considering the current fundraising environment, it has been at times burdensome for some
fund managers to have to find a solution if they had not launched the fund and held a first closing, but had set up a RAIF, for instance.”
Doing away with discrepancies and cumbersome procedures, to make the toolbox more flexible and easier to operate, is one of the key reasonings behind the law, according to the Arendt experts. “For instance, when setting up a RAIF in corporate form, you now only need one meeting with the notary. This sort of adjustment makes it more practical, and certainly more understandable for foreign fund managers.”
There is also clarification on the notice period required for the replacement of a depositary under the SICAR, SIF and UCI laws, says David Majzoub.
“Now the notice period that applies is the contractual one rather than a two-month period imposed by the law. A sufficiently long contractual notice period will be necessary, given that in principle, the consequence of no longer having a depositary is the liquidation of the fund.”
Both lawyers welcome the fact that the legislators are taking steps to ensure that Luxembourg can consolidate its position as a leading funds centre.
Julia Szafranska concludes:
“It’s a modernisation and harmonisation that will ease the operation of the toolbox rather than a revolution. And it will increase competitiveness.”
“It’s a modernisation and harmonisation that will ease the operation of the toolbox.”
Julia Szafranska Counsel in the Investment Management practice, Arendt
“The new law introduces additional corporate forms for Part II UCIs which offers more flexibility.”
DavidMajzoub Senior associate in the Investment Management practice, Arendt Lowering the investment threshold for retail investors from €125,000 to €100,000.
La conférence de rentrée de l’ALFI se tient ce 20 septembre à l’European Convention Center de Luxembourg. L’occasion pour le nouveau président de l’association, Jean-Marc Goy, de faire ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions alors que le directeur général, Camille Thommes, quittera les siennes pour une retraite bien méritée. Le programme sera touffu. Tout comme l’agenda réglementaire. De quoi donner aux professionnels de la distribution et de la gestion du grain à moudre.
Trop de régulation tue la régulation, entend-on souvent dans les travées de la conférence. Mais cette régulation semble indispensable pour séduire les ménages européens. Ménages dont seulement 10 % de l’épargne est investie dans des fonds d’investissement.
À titre de comparaison, on atteint 22 % aux États-Unis. Le potentiel de croissance est énorme et pourrait donner un nouvel élan à un secteur qui souffre des conditions macroéconomiques et géopolitiques actuelles.
5.197 milliards, soit une croissance de 35 milliards sur un mois, dont la partie la plus importante est due à l’évolution positive des marchés de l’ordre de 50 milliards. Ce qui laisse quand même une sortie d’argent de 15 milliards. Sur les 12 derniers mois, le volume des actifs a augmenté de 0,5 %. Cela dit, je constate que, depuis mars, nous enregistrons chaque mois une sortie d’argent frais. La situation n’a rien de réjouissant. Mais cette baisse des actifs se fait sentir partout ailleurs en Europe. Personne n’est immunisé face à ces chocs externes.
Dans le contexte géopolitique et macroéconomique que l’on connaît, comment se porte l’industrie des fonds au Luxembourg ? Quelles sont les évolutions majeures de ces derniers mois ? Les marchés financiers ont été fortement affectés en 2022, tant par les incertitudes géopolitiques que par l’environnement macroéconomique, qui est caractérisé par un niveau d’inflation et une hausse des taux d’intérêt qu’on n’a pas connus depuis une vingtaine d’années. Et cela se poursuit en 2023. Il n’est donc pas surprenant que les actifs sous gestion des fonds d’investissement en aient pris un coup et aient sensiblement diminué. Une diminution de l’ordre % en 2022, soit environ 820 milliards. Au 30 juin, selon les derniers chiffres de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), les actifs nets se situent aux environs de
Comment voyez-vous les choses évoluer dans les mois à venir ? Dans un environnement qui va rester volatil, je crois qu’à court terme, les opérateurs doivent continuer à revoir leur offre en l’élargissant vers des projets pouvant générer de l’alpha. Je pense à des projets d’infrastructures ou de dettes privées. Ils doivent aussi continuer à analyser leur chaîne de production interne afin de gagner en efficience et de pouvoir faire face à la pression sur les marges et sur les coûts grâce à un recours accru à la digitalisation. Enfin, les opérateurs devront renforcer leurs efforts de promotion et prospecter de nouveaux marchés et de nouveaux clients.
Je voudrais dire ici que les indexations successives de ces derniers mois –et je ne veux pas remettre en question la nécessité du système qui permet aux employés de reprendre un peu de pouvoir d’achat –posent problème. Les acteurs du marché sont quasi principalement des groupes internationaux. Ce mécanisme est mal perçu par les responsables au niveau des
Camille Thommes, le directeur général de l’ALFI, fait le point sur les tendances marquantes pour l’industrie des fonds. Et envoie un message clair aux politiques en campagne : il faut soutenir la place financière.
« Je me réjouis de ces déclarations et j’espère qu’ils s’en souviendront après les élections.
CAMILLE THOMMES
Directeur général, ALFI
centres de décision qui ne se trouvent pas nécessairement au Luxembourg. Face aux indexations, ces responsables imposent souvent des mesures de réduction de coûts au niveau des établissements basés au Luxembourg, comme le gel des recrutements. Et cela accroît le risque de certaines activités vers d’autres centres financiers qui peuvent produire à un coût opérationnel moins élevé.
Il faut aussi prendre en compte un risque moins immédiatement visible : que de nouveaux projets ne trouvent plus leur chemin vers le Luxembourg au profit d’autres centres financiers. Il y a un vrai risque de perdre des opportunités d’affaires. Dans le secteur des ETF, par exemple. L’actualité récente a montré que les redomiciliations sont aisées…
Dans ce contexte, le Luxembourg est-il toujours un pays attractif pour l’industrie des fonds ? Oui. La Place continue de s’imposer avec un certain nombre d’atouts. Le triple A, déjà. Certains représentants de la classe politique pensent que ce n’est pas vital. Ils se trompent lourdement. Regardez les États-Unis et les conséquences qu’a eues la dégradation de leur note par Fitch…
Il y a ensuite notre écosystème, et l’expertise que nous avons développée ces dernières décennies, notamment – mais pas uniquement – en termes de distribution transfrontalière. Nous continuons de jouir d’une bonne réputation à l’international. Il y a encore l’environnement réglementaire qui est stable, bien qu’évolutif, notamment en raison des initiatives de Bruxelles. Notre boîte à outils, récemment améliorée, reste un atout. Nous arrivons à servir des clients institutionnels et des clients privés avec des structures qui sont à la pointe et très prisées. Et, en dernier lieu, malgré la nécessité de rechercher encore et encore plus de talents, nous disposons quand même d’un vivier multilingue qui est une vraie richesse.
Comment résumer actuellement la situation compétitive de la Place ?
Sur le plan des produits traditionnels de type Ucits, j’ai le sentiment qu’on vit sur notre stock : on ne voit pas de croissance notable. C’est certainement dû en partie à
la popularité croissante des ETF, un produit sur lequel nous avons un désavantage compétitif. C’est un point que nous avons signalé au gouvernement et à toute la classe politique et sur lequel il faudra travailler.
Sur le plan des produits alternatifs, bien que l’environnement général pèse aussi sur le secteur des actifs privés et sur le secteur alternatif, nous avons un très bon positionnement, notamment grâce à la prévoyance que nous avons montrée dans le temps en créant un cadre réglementaire pertinent, comme le Raif ou les limited partnership, des véhicules qui ont répondu et qui continuent de répondre aux besoins des gestionnaires de fonds alternatifs. Ces ajouts-là à notre arsenal réglementaire ont été déterminants.
Existe-t-il encore des opportunités que le Luxembourg pourrait saisir afin de renforcer et de développer encore plus son industrie ?
Oui. Parmi les secteurs à grand potentiel, il y a les produits de type infrastructures et dette privée. ELTIF 2.0 va certainement donner un nouvel élan au Grand-Duché. Nous restons le premier domicile d’ELTIF en Europe, selon les chiffres de l’Esma, avec 63 % des actifs domiciliés ici. Et, grâce à la souplesse de nos structures juridiques, 26,3 %
C’est, avec 5.028 milliards d’euros d’actifs nets, la part de marché du Luxembourg pour les fonds Ucits et alternatifs cumulés au 31 décembre 2022, selon l’EFAMA. Le pays est loin devant l’Irlande (19,1 % de part de marché) et l’Allemagne (13,6 %). Sur les seuls fonds Ucits, le Luxembourg représente, avec 4.077 milliards d’euros, 34,1 % du marché. L’Irlande suit avec 23,5 %. Le Royaume-Uni est sur la troisième marche du podium avec une part de marché de 10,7 %.
à l’expérience accumulée et, tout récemment, à l’exonération de la taxe d’abonnement sur les Eltif, la Place va jouer un rôle prépondérant. Tout comme dans la finance durable. Selon l’Efama, le Luxembourg était, en juin dernier, le premier domicile européen pour tout ce qui touche au fonds des Articles 8 et 9. C’est un sujet qui nous intéresse beaucoup et sur lequel nous avons fait beaucoup d’efforts.
Quelles sont les réformes structurelles qui devraient être entreprises par le prochain gouvernement, selon l’ALFI, pour maintenir cette compétitivité et continuer à développer l’industrie des fonds ?
Il y a deux points sur lesquels le futur gouvernement devra absolument travailler : la compétitivité et l’attraction et la rétention des talents.
Le secteur financier pèse lourd dans notre économie. Les chiffres sont connus. Ils devraient résonner auprès de la classe politique. Et j’ai été positivement surpris des déclarations faites récemment à l’occasion de la table ronde « attractivité » organisée par Paperjam. Lex Delles, tout comme Franz Fayot et Claude Wiseler, a déclaré que le secteur financier est prioritaire pour l’économie et qu’il faut tout faire pour le développer. Je me réjouis de ces déclarations et j’espère qu’ils s’en souviendront après les élections.
Ce qui est important pour nous, afin de ne pas perdre davantage de terrain par rapport à nos concurrents, c’est une réforme structurelle de la fiscalité. Une réforme touchant aux sociétés pour se rapprocher du taux moyen d’imposition de l’UE ou de l’OCDE qui tourne entre 21 % et 22 %, alors que nous sommes à 25 %. Et une réforme touchant à l’imposition des produits. S’y ajouterait la revue de certains de nos traités contre la double imposition.
Certains de ces traités sont moins attractifs avec le pays d’investissement que ce n’est le cas pour d’autres domiciles disposant d’accords plus favorables.
Il est important de continuer à investir davantage dans notre secteur financier si on souhaite capitaliser comme par le passé sur les recettes fiscales générées.
With technology evolving at a rapid pace, asset management needs to keep up with investor expectations not to be left behind. How can we keep up? The next generation holds the key.
be developed with an openness to change, must be nurtured to realise the advantages of technology and unlock the power it holds.
Shaping
The future of asset management revolves around digitalisation. Harnessing the power of AI, cloud systems or blockchain is essential to the industry’s growth. By integrating transformative technologies, we can identify patterns, provide personalised services tailored to our clients’ individual needs, and more.1
The digitalisation has already started, but its reception is mixed. Those who are hesitant concentrate solely on the risks, such as cybersecurity and data protection. The risks are understandable to the foundation of technology, but with no risk comes no reward, and asset management is well underway.
The leaders of tomorrow – the techsavvy, digital natives, etc. – are at the door and ready to use these technologies. A fresh mindset, which can only
The next generation: what matters to them and why it should matter to us Digitalisation is vital for the industry. However, the pace at which one embraces and migrates towards it will have the biggest impact. Industry players who take hold of these advantages and leave their comfort zones will have a competitive edge over those who don’t. Thus, the ever-growing next generation and its ideas must be woven into the asset management DNA. Considering the priorities of the next generation is not only key for inviting them to the table, but also necessary for aligning the asset management sector with its digital trajectory.
The second major transformation is moving towards “all things ESG”. Alongside debates on stakeholder capitalism and corporate purpose, ESG underpins most of the discussions about the future fitness of asset management.
Millennials and Gen Z (born between 1995 and 2010) make up 49% of the global population. Gen Alpha kids (born between 2010 and 2024) will not let us wait too much longer either, as they also hold dramatically shifting needs and even more tech and environmental consciousness. Their attitudes, values and beliefs are bound to influence their investment strategies. Data shows that 82% of Gen Z and close to two thirds of
CARTE BLANCHE“The new generation of leaders is the future of the financial industry.”
Auteur VALERIA MERKEL
young millennial investors have exposure to ESG investments. By 2025, around 33% of all global assets under management will have ESG mandates.2 The synergy between the two topics becomes increasingly evident: technology, with AI at the forefront, takes a pivotal role in driving the ESG transformation, holding profound implications for the future of asset management and the demands of the next generation. The AI/ESG fusion is not just about tech advancement; it is a convergence with the potential to reshape our approach to challenges, laying down pathways for a more resilient, eco-conscious world. This resonates deeply with the next generation, which is actively shaping its expectations around sustainable practices.
New technology for the industry –ESG and sustainable finance: aligning
In asset management, we must embrace the shift towards conscious investing and integrate ESG considerations into our strategies and all parts of the value chain. Companies failing to adapt may risk alienating potential investors and clients, limiting their growth opportunities in the long run.
Action is currently being taken at different levels. The EU’s commitment to sustainability and environmental protection has led to the creation of regulations and guidelines that encourage companies to adopt ESG practices. The European Green Deal and the Sustainable Finance Strategy aim to mobilise capital towards sustainable investments, encouraging asset managers to play a proactive role in financing environmentally friendly projects. By promoting sustainable finance and green initiatives, the EU is creating an environment for the asset management industry to attract socially conscious investors and contribute to a greener future.
Despite its small size compared to neighbouring countries, Luxembourg possesses a strong ecosystem that gives it a competitive advantage. The Luxembourg
Sustainable Finance Initiative (LSFI) has launched a sustainable finance strategy to establish the country as a sustainable hub, focusing on awareness, unlocking potential and measuring progress. The Association of the Luxembourg Fund Industry (ALFI) has introduced ALFI NextGen, an initiative aiming to increase the visibility and influence of young professionals in the field.
Luxembourg fosters the development of innovative technologies incubated in the Luxembourg House of Financial Technology (Lhoft) to enrich the local market. Many of the startups are active in developing services for the asset management industry, with some of them already successful in delivering value. The Lhoft is a hub connecting financial services organisations, IT companies, regulators and academia, playing a pivotal role in offering opportunities to the market and investors, and accelerating growth. Additionally, the fostered companies act as employers for the new generation to develop its ideas, think outside the box, and build careers in the intersection of asset management and technology. ICT Spring brings together thousands of professionals every year, offering a unique opportunity to get tech updates and network with peers and future business partners in fintech.
The mantra “the old ways are often the best” no longer holds true. The global market has realised that the innovative forces of the new generation of talents will permanently change the financial industry. Their aspirations bring excitement and ideas that have the potential to reshape the fundamentals of asset management. There is still a long way to go, but the time is now, and the question is how. With so many solutions, let’s explore them!
“The drive of the next generation fuels asset management –adapt to their evolving needs or risk being left behind in an industry shaped by new technology.”
For decades, the world’s largest mutual funds, pension funds and insurers have enjoyed access to private markets and their return potential, while many individual investors lacked the ability or the knowledge on how to access these opportunities.
This is now changing. Over the past decade, we have seen a broadening of access to private markets investing for individual investors, giving many people the ability to invest in asset classes such as private real estate, private credit and private equity for the first time. There are two reasons for this. First, with the cyclical nature of economic activity, stubborn inflation and rising rates, traditional portfolios generally have been unable to provide individual investors with enough diversification to mitigate volatility and deliver returns across economic cycles. Individual investors recognise this and many are increasing their exposure to private markets to build more diversified portfolios.
Second, there has been unprecedented product innovation in private markets. We understand how asset classes like private real estate, private credit and private equity can positively contribute to potential returns and enhance portfolio diversification for retail investors. In 2017, we launched Blackstone Europe Fund Management in Luxembourg to facilitate access to our products across Europe. We were the first US private markets manager to establish an AIFM in Luxembourg, and
today, we are the second largest in-house AIFM. We have seen enormous growth in this space, which is why Blackstone’s assets under management from the private wealth channel have grown from $10 billion in 2011 to nearly $240 billion today. Despite this, we think that this is a megatrend that is still in its infancy. The wealth market is estimated at $50 trillion globally, so as democratisation and innovation continue, we expect the opportunity to grow further.
Private investing focuses on active value creation over the long term, and those Blackstone’s funds that are oriented towards individual investors are structured as semiliquid vehicles. This structure was designed to both prevent a liquidity mismatch and maximise longterm shareholder value. In carrying out its risk management and valuation functions, Blackstone Luxembourg partners closely with the business units operating our funds and plays a key role in ensuring that liquidity risks are closely monitored. It is a core mission of ours to educate investors about this as our products grow in popularity and to play an even greater role as members of ALFI and LPEA, actively engaging with Luxembourg’s financial community to enhance awareness of best practices and amplify the industry’s united voice.
The power of private markets has been proven for decades, but with firms like Blackstone making this space more accessible for individual investors, a new era of private markets investing has dawned. By drawing on our decades-long experience as a steward of institutional investors’ capital and on our specialist team in Luxembourg, we are bringing innovative solutions to investment professionals and their new clients, and supporting them as they access private markets.
“The power of private markets has been proven for decades.”
Claire Gerault Managing director,
member European Finance, Blackstone
Auteur CLAIRE GERAULT
An omnibus bill set out to modernise Luxembourg’s fund law has been in force since July 2023. Embraced with enthusiasm, how does the law of 21 July 2023 (“the Law”) practically impact private asset players in Luxembourg and what benefits does it offer?
The Law notably upgrades the five fund laws (the SICAR, SIF, RAIF, UCI and AIFM laws), adapting them to the current and future needs of private equity, real estate and loan funds.
1. Improved accessibility for well-informed investors
To enlarge access to Luxembourg’s fund market, harmonise with other regulations (e.g., the EuVECA and EuSEF regulations) and align with practices in other fund hubs like Ireland and the Netherlands, the investment threshold for well-informed investors for RAIFs, SIFs and SICARs has dropped from €125,000 to €100,000.
2. Improved flexibility, harmonisation, streamlining and relief in multiple areas Part II UCI funds are able to expand beyond the conventional SA structure and choose from a broader set of legal forms, including sàrl, S.Co SA, as well as SCA, SCS and SCSp if managed by an authorised AIFM. Harmonising with
the AIFM regime, management company own funds may only invest in liquid assets or assets easily convertible into short-term liquidity, while tied agents can now be used by AIFMs. RAIF timeto-market is improved for investment companies (excluding SCS/SCSp), which will become exempt from the notarial
deed confirming formation. In acknowledgement of existing time pressures, the timeline to raise minimum capital has been extended from 12 to 24 months for RAIFs, SICARs and SIFs, and from 6 to 12 months for Part II UCI funds.
3. Subscription tax exemption
The introduction of a subscription tax exemption (as from January 2024) for RAIFs, SIFs and Part II UCIs established as ELTIFs or pan-European personal pension products is geared to help Luxembourg stay attractive as a host for long-term investment products.
4. Efficient liquidation process and withdrawal of the depositary
The Law facilitates the appointment of independent supervisory commissioners allowing for quicker non-judicial liquidations of asset managers resulting in a speedier process and reducing the workload of the CSSF. To add more flexibility, the current two-month notice applicable in case of a depositary change will be replaced by a duration notice to be provided by the depositary agreement. In addition, with a view to improving investor protection, Part II UCIs, RAIFs, SIFs and SICARs will not be able to issue or redeem units/shares in the absence of a new depositary/liquidation of the depositary. While these are just some of the highlights of the new Law, they are a good illustration of how the long-awaited fund toolbox will enhance Luxembourg’s competitiveness. This renewed financial services narrative demonstrates the Luxembourg legislator’s willingness to listen to industry feedback, embrace the current trends in order to maintain a competitive edge.
Palana Services offers end-to-end outsourcing to the asset management industry, powered by operational expertise and Avanterra proprietary technology.
The expectations of clients and regulators continue to evolve, so asset managers must work hard to keep pace. “By opting for an expert-driven outsourced solution, our clients access a comprehensive, high-quality service offering that adapts quickly to new regulatory and market requirements as they concentrate on their core business while we help accelerate the launch and distribution of their products,”
said Benjamin Collette, a partner of Palana.
Ongoing investment
Managing this increasingly complex environment requires ongoing, substantial investment into highperforming technology systems supported by a team of dedicated, loyal staff. Every manager understands the challenge this represents in the current labour market.
Palana Services provides end-to-end outsourced managed services, tailormade for the asset management industry. “Our offering spans the entire life cycle of investment products on a pay-per-use basis.” Clients choose the services they require. They have a single point of contact to the fully Luxembourg-based team of consultants and managed services providers,
complemented by the Avanterra technology experts.
From the fund setup phase, Palana Services can manage prospectuses, support compliance, and offer all AML/CFT requirements from policy drafting, RC services, and training to performing due diligence on assets and other related parties. During the fund’s life cycle, it also carries out the complete range of regulatory and institutional reporting duties: PRIIPs KID compilation and computations, SFDR reporting, file production and dissemination, etc. Finally, with their distribution services, they cover fund registration in Europe and across the world, AML/ CFT due diligence and marketing compliance.
The services are available “à la carte”, allowing the full leverage and interconnection
of the proprietary data and technology platform available for all types of investment strategies, from UCITS products to private equity, real estate, infrastructure and more. Hence the extensive, growing client base includes every type of asset managers, and asset servicing players.
Leveraging group expertise
Palana Services is part of a group featuring the advisory firm Palana and technology solutions company Avanterra (formally Seqvoia), with both dedicated to serving the asset management industry. These firms are equally co-owned by Benjamin and Bastien Collette, Renaud Jamar and Nicolas Buck. There are currently 85 staff in the group, a number set to grow to 100 by year-end.
“
The embedded technology and consulting expertise are central to Palana Services’ offering. The Avanterra systems have been developed over a decade, and this experience means we are faster to build on these foundations while incorporating our deep understanding of regulatory and client needs.”
Services are delivered through the tried and tested Avanterra technology solutions, which are developed to meet evolving demands from clients and regulation.
A specialist in outsourcing services for asset managers and their services providers.
Palana Services’ outsourcing offering is founded on the group’s comprehensive, specialist expertise in asset management operations and regulation.
The result is a seamless, unified platform that meets the latest industry needs.
“
Working in a complex, evolving regulatory environment requires substantial investment.”
Renaud Jamar Partner, Palana
“Our technology, regulatory expertise and operational processing quality provide efficiency.”
Nicolas Buck Partner, Palana
PALANA’S ENTIRE SERVICE CHAIN
Si la place financière est le deuxième plus grand centre d’investissement au monde, c’est surtout le premier domicile pour les fonds d’investissement transfrontaliers, à savoir les produits distribués dans au moins trois pays différents.
80 pays
Luxembourg est une des places financières les plus prisées par les promoteurs de fonds cherchant à distribuer leurs produits d’investissement à l’international. 76 % des 58 plus grandes sociétés de gestion d’actifs ont choisi le Grand-Duché comme domicile pour leurs fonds. On y gère près de 56 % de l’ensemble des fonds d’investissement transfrontaliers dans le monde provenant de plus de 80 pays, notamment en Europe, en Asie, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Au fil des dernières années, le nombre de fonds transfrontaliers (distribués dans au moins trois pays différents) évolue positivement, à raison de 4,47 % par an en moyenne depuis dix ans. Aujourd’hui, on en compte 14.607 et plus de la moitié de ces fonds sont domiciliés au Luxembourg. Le second domicile le plus important pour les fonds transfrontaliers est l’Irlande (35,6 % d’entre eux y sont domiciliés). En moyenne, ces fonds sont enregistrés dans 9,5 juridictions. Le nombre d’enregistrements a crû en moyenne de 6,72 % par an sur les dix dernières années.
Cette carte « thermique » indique le nombre total d’enregistrements de fonds transfrontaliers à la fin de 2022 dans chaque pays.
C’est principalement en Europe que les fonds transfrontaliers sont distribués. Les fonds transfrontaliers domiciliés au Luxembourg font l’objet de près de 69.000 enregistrements à travers l’Europe. Selon l’étude de PwC Benchmark your Global Fund Distribution, les destinations phares pour la distribution des fonds domiciliés au Luxembourg sont l’Allemagne (avec 6.385 fonds enregistrés), la Suisse (5.694), la France (5.184), l’Autriche (4.995) et l’Espagne (4.730). En Asie-Pacifique, on dénombre 5.723 enregistrements de fonds luxembourgeois, dont 2.696 fonds sont domiciliés à Singapour. Les autres marchés de destination des fonds luxembourgeois sont l’Amérique, avec 1.505 enregistrements, le Moyen-Orient (778) et l’Afrique (195).
WEDNESDAY
PANELLISTS
Selma Coffey Head of distribution services Waystone
Florent Denys Counsel Arendt & Medernach
Adam Henley Head of European product development
J.P. Morgan Asset Management
Raoul Mulheims Co-founder and CEO Finologee
09:20 Keynote: Macroeconomic outlook
09:50 Regulatory developments: any game changers on the horizon?
This panel will review, discuss and debate both the business and regulatory implications arising from the most recent significant EU and Luxembourg regulatory developments.
MODERATOR
Olivia Moessner
MORNING 38 ALFI OCTOBRE 2023
10:35 Networking coffee break
11:05 Accessing retail investors, what are the true opportunities and critical barriers?
Currently, investment funds only account for 10% of European household savings which continues to be dominated by deposit holdings. This compares to 22% in the US. European policymakers have been attempting to address this imbalance for years. What else needs to be done to improve household participation?
MODERATOR
EY
PANELLIST
Christophe Verboomen Public affairs manager Invest Europe
11:50 Fund platforms – Are they fit for the future?
Fund platforms play a pivotal role in fund distribution, but with renewed focus on cost transparency, value for money, private assets and ESG data requirements, how will/should their business models evolve to meet the future needs of investors, distributors and asset managers? These challenges raise many questions: Will direct distribution models by-pass platforms? Should we expect further consolidation and in what form? What about the role of technology?
What do/will asset managers expect in terms of increased value to support their distribution models?
MODERATOR
Pascal Denis Partner
Deloitte
PANELLISTS
Pierre-Adrien Domon CEO Fund Channel
Frédérique Dugény
Salvador Martin
Managing director, head of international business & corporate development InversisBanco
Neil Wise
Member of the executive board Clearstream Fund Centre
WEDNESDAY 20 SEPTEMBER
AFTERNOON
12:30 Networking lunch
14:00 Introduction by the chairperson of the afternoon sessions
14:10 A closer look at how Asia and the US are addressing the global challenges
A series of unprecedented global challenges have underscored the need to think more carefully about how to adapt to the changing geopolitical and volatile economic environment. How do asset managers navigate today’s environment, and how can investment fund associations support their members? What are the current key priorities for asset managers?
And what are the hot topics for the fund associations? Listen to the views of the CEOs of the three leading associations in Asia and the US.
INTERVIEWER
Camille Thommes
Director general Association of the Luxembourg Fund Industry
INTERVIEWEES
Jim Fitzpatrick President & CEO NICSA
Sally Wong CEO
Hong Kong Investment Funds Association (HKIFA)
14:45 ELTIF, the eagle has landed, so what’s next?
The long-awaited reform of the ELTIF regulation has been completed. Can the revised regime unlock the full potential of ELTIFs? Will it become a Luxembourg success story ? This panel of experts will share their experience with ELTIF 1.0 and discuss how they are preparing for ELTIF 2.0. They will shed some light on their expectations and ambitions.
MODERATOR
Silke Bernard Partner Linklaters LLP
PANELLISTS
Jane Griffin Head of product strategy Pictet Alternative Advisors
René Herren
Global head private wealth structuring Partners Group
Salvatore Sberna Head of alternative investments Azimut Investments
at the present position and what impacts could follow for global fund regulation and business practice going forward.
MODERATOR
Geoff Radcliffe
Managing director BlackRock (Luxembourg)
PANELLISTS
Thoreau Bartmann
Chief counsel, Investment management US Securities and Exchange Commission
Georg Kiefer
Head of division Commission de surveillance du secteur financier
Jessica Reyes
Head of asset management policy Autorité des marchés financiers
15:25
Networking coffee break
15:55 Liquidity mismatch, market stress and open-ended funds –What happens next? The policymakers’ and regulators’ perspectives
The Financial Stability Board (FSB) and the International Organization of Securities Commissions (IOSCO) each issued global consultation reports in July 2023 for response by 4 September 2023. This panel will consider how we have arrived
16:40
17:10
Theme to come
Broadridge Distribution Achievement Awards 2023
SPEAKER
Lynn Juliet Pattinson Director
Broadridge Financial Solutions
17:35
17:40
Wrap-up and closing remarks
Networking cocktail kindly sponsored by KPMG
This programme may be subject to change.
42 PASCAL RAPALLINO
« Le patrimoine des familles fortunées est davantage sollicité »
50 HISTOIRE
La belle épopée des actifs privés
54 OLIVIA MOESSNER
Tour d’horizon de l’agenda réglementaire
58 RADIOSCOPIE
Les actifs privés au Luxembourg
60 VOCABULAIRE
Parlez-vous private assets ?
Les actifs privés sont-ils fongibles dans l’épargne populaire ? C’est la grande question du moment chez les professionnels pour qui la terre promise porte un nom : la démocratisation. Autrement dit, donner l’accès à des produits d’investissement jusqu’alors réservés aux investisseurs institutionnels et aux investisseurs avertis. Et très fortunés. Sous le vocable « actifs privés », on regroupe les investissements dans des entreprises non cotées en bourse – le capital-
investissement –, le financement accordé aux jeunes entreprises à fort potentiel de croissance –le capital-risque –, l’immobilier, les infrastructures et la dette.
Mais si la possibilité de toucher les ménages aiguise l’appétit des professionnels des actifs privés, d’autres sont attirés par les perspectives de profits. Les acteurs de la finance « traditionnelle »
s’aventurent de plus en plus sur ce marché porteur en structurant leur offre. Cartographie du champ de bataille.
Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, les familles fortunées développent toujours un attrait fort pour les actifs privés, palliant en partie les difficultés rencontrées par certains pour accéder à des financements et soutenant les acteurs de l’investissement dans la réalisation de projets. Pascal Rapallino, président de la Luxembourg Association of Family Offices (Lafo), évoque ces évolutions.
Interview SÉBASTIEN LAMBOTTE ROMAIN GAMBA (ARCHIVES) PhotoComment le patrimoine privé, celui des familles fortunées, est-il aujourd’hui mobilisé au service de l’investissement dans des actifs privés ?
Ces derniers mois, en raison notamment de la hausse des taux directeurs, le marché a considérablement changé. Il n’y a pas si longtemps, les grands acteurs du private equity, dans le cadre de leurs levées de fonds, privilégiaient essentiellement les investisseurs institutionnels. Lorsqu’elles avaient la possibilité d’investir dans cette classe d’actifs, les familles fortunées n’avaient pas d’autre choix que de le faire au travers d’un fonds, alors qu’elles auraient souvent souhaité pouvoir co-investir une partie de leurs ressources directement dans le projet entrepreneurial, en agissant aux côtés du fonds. Désormais, l’argent étant plus difficile à mobiliser, la donne a changé. Il est moins évident de lever des fonds pour les gestionnaires d’actifs dans le domaine du private equity. Ces derniers ont dû adapter leur stratégie pour attirer les investisseurs. Ils se tournent plus volontiers vers des familles fortunées, leur offrant presque systématiquement la possibilité de co-investir avec eux et, de cette manière, de bénéficier d’un rendement supérieur.
Pour les gestionnaires, les familles deviennent donc des partenaires privilégiés ?
Oui. Dans le contexte actuel, les fonds de private equity ne sont plus sursouscrits, comme c’était le cas il y a encore quelques mois. Les gestionnaires, dès lors, se tournent vers ces investisseurs plus flexibles, moins soumis aux aléas liés aux variations de taux. Les familles fortunées, avec cette capacité d’investir en direct, sont flexibles, réactives. Les processus de prise de décision sont beaucoup plus courts.
Le patrimoine privé permet de soutenir des projets de développement, des approches de diversification économique, tout en conservant un mix dette / equity cohérent pour ces acquisitions. Pour toutes ces raisons, la clientèle privée est aujourd’hui davantage sollicitée.
Comment qualifier l’attrait des familles pour ces actifs privés ?
Lorsque l’on évoque les actifs privés, on parle essentiellement de private equity et d’immobilier, bien qu’il existe de nombreuses autres typologies de sousjacents, comme l’art, les biens dédiés aux loisirs, aux voyages… Pour les familles, ces investissements ont plus que jamais le vent en poupe. Si l’on parle de private equity , la valorisation des entreprises, calculée en multiples d’Ebitda, a un peu diminué. Pour les familles, qui ne sont pas impactées par la dette, il y a donc des opportunités. L’immobilier demeure attrayant, avec des perspectives de rendement toujours intéressantes. Si certains marchés, comme le Luxembourg, subissent un réel ralentissement, d’autres régions profitent toujours d’une dynamique positive. Il ne faut pas oublier que l’investissement dans des actifs privés s’envisage à moyen et long terme. Je suis convaincu que, au-delà des deux prochains semestres qui s’annoncent difficiles, le marché luxembourgeois va repartir en 2025 sur de nouvelles bases et continuer à attirer des investisseurs.
Les familles fortunées que vous servez depuis le Grand-Duché sont internationales et n’ont pas forcément pour ambition première d’investir au Luxembourg… Non, pas forcément. Cependant, à partir du moment où l’on détient son véhicule d’investissement au Luxembourg, il est important d’y investir aussi et de faire valoir une substance économique locale. C’est bon pour l’économie nationale autant que cela peut être intéressant pour le client. Luxembourg, pays fondateur de l’Europe, avec son triple A, dispose d’un écosystème économique sain, avec des opportunités d’investissement attrayantes pour les familles que nous accompagnons. En la matière, des évolutions réglementaires récentes, comme l’octroi d’un crédit d’impôt pour les investissements réalisés en recherche et développement, participent à la dynamisation et à la diversification de l’économie. L’enjeu est d’attirer des acteurs innovants et de les faire grandir
« Flexibles, non soumises à la dette, les familles profitent de leur capacité à saisir les opportunités. »
Cocktail — International keynote speaker — Awards ceremony — Seated dinner
Visionary
Banking Personality
Insurance Personality
Funds Personality
ESG Champion
Private Equity Executive
Fintech Entrepreneur
Capital Markets — Leading M&A Expert
Opening Speech: Mr. Nicolas Mackel CEO
Luxembourg for Finance
Opening Address: HE Mrs. Yuriko Backes Minister of Finance
This event is organised by Paperjam + Delano and Luxembourg for Finance to give recognition to those in the nance industry who strived to show excellence and outstanding expertise during the year.
Keynote: Mrs. Clara Durodié Technology strategist specialising in AI governance, fintech, and digital transformation, with over 25 years of experience in financial technology and finance.
au départ de Luxembourg, notamment grâce à l’investissement privé.
Dans une période de stagflation, et même de récession technique, l’investissement dans des actifs privés n’est-il pas davantage risqué ?
Au cœur d’une stratégie d’investissement, la recherche d’un rendement important implique forcément une exposition au risque conséquente. Ce n’est pas nouveau et cela ne change pas. Si l’on évoque l’immobilier, la tendance au fil des trente dernières années, et malgré les crises, demeure largement positive. Si l’on fait les bons choix, et c’est le rôle des family offices d’aider les familles dans leurs décisions d’investissement, le risque demeure maîtrisé. Il s’agit d’identifier les bons marchés. Concernant le private equity, l’avantage qu’ont les familles fortunées réside dans leur capacité à adopter une approche opportuniste, à conclure les bons deals au bon moment, et ce grâce à leur flexibilité et leur agilité.
Comment bien appréhender ces opportunités ?
À travers notre family office , pour prendre un exemple personnel, nous avons co-investi avec certains de nos clients dans le cadre du rachat du deuxième acteur mondial des abris antiatomiques et avons commencé la consolidation du secteur par des partenariats et d’autres acquisitions en cours. On ne peut que regretter les perspectives peu réjouissantes qui sont associées à la situation et notamment aux tensions qui parcourent le monde. Toutefois, cette conjoncture permet de bénéficier d’une croissance soutenue de l’activité dans ce domaine. C’est un exemple parmi d’autres. Le concept de risky money est en outre de plus en plus présent dans les approches d’investissement souhaitées par les clients.
Qu’est-ce que ce concept recouvre ?
L’idée est de consacrer une petite part d’un patrimoine important, 1 % sur plusieurs centaines de millions par exemple, à des investissements plaisir ou très risqués mais présentant un
Selon la dernière étude Global Family Office Report 2023 d’UBS, les thèmes d’investissement choisis sont assez variés, passant du domaine digital à l’économie circulaire ou bien la sécurité.
Une tendance se détache avec 75 % des sondés envisageant une forte probabilité d’investissement dans la transformation digitale. Autres donnéesclés, les technologies de santé récoltent 67 % d’intérêt de la part des personnes interrogées, contre 61 % pour la greentech et 51 % pour la mobilité intelligente. Le metaverse, lui, n’atteint que 21 % d’intérêt.
retour sur investissement potentiel conséquent. Parce que le patrimoine est vaste, les familles peuvent se le permettre. Dans cette optique, certaines familles cherchent par exemple à réaliser des investissements dans des technologies très innovantes mais pas encore éprouvées, notamment en termes de dépollution ou encore en Ukraine, partant de la conviction que la reconstruction du pays exigera d’importants moyens. En y investissant, les familles réalisent un geste fort d’aide aux populations qui en ont tant besoin. En se positionnant, économiquement et financièrement, bien que des investissements dans des actifs stratégiques au sein d’un pays en guerre soient très risqués, nos clients envisagent de contribuer à cette reconstruction.
On parle ici d’investissements associés à des convictions fortes. Les familles fortunées se positionnent-elles de la même manière sur les sujets ESG ?
Très honnêtement, les familles ne s’inscrivent pas dans une approche ESG à marche forcée. Cependant, la plupart des familles que nous accompagnons souhaitent que leurs investissements contribuent à un impact positif. C’est un sujet important pour elles. Au regard des moyens disponibles, mobilisables directement au service d’investissements privés notamment, cette clientèle a la possibilité de générer de l’impact selon ses propres convictions, à travers des projets choisis, selon une approche à long terme, sans pression sociale à court terme.
Pour conserver sa position de centre de référence mondial, la place financière luxembourgeoise va devoir poursuivre et accélérer ses efforts en termes d’innovation.
Les fonds d’investissement occupent une place centrale dans l’industrie financière du pays. Quel regard portez-vous sur son évolution ? mathieu maurier - Avec plus de 5,2 trilliards de dollars1 d’actifs sous gestion au 31 mai 2023, le Luxembourg se positionne au premier rang mondial des centres de fonds transfrontaliers. Ce formidable développement s’est nourri depuis 1988 de la mise en commun d’esprits entrepreneuriaux et d’expertises des multiples acteurs de la place, autorités, institutions publiques et organisations du secteur privé, toutes et tous guidés par des objectifs de pragmatisme, d’agilité et d’excellence d’exécution.
Quelle est la place de la transformation digitale dans l’industrie des fonds au Luxembourg ?
mm – Le développement majeur de l’industrie des fonds s’est effectué sur près de quatre décennies capitalisant sur les ressources opérationnelles et technologiques encore en fonction aujourd’hui. La transformation s’est exécutée de manière graduelle industrialisant un modèle opérationnel qui a très peu, voire pas, évolué. L’industrie a créé sa propre complexité enchevêtrant des processus distincts propres à chaque service aux fonds, qu’il s’agisse des calculs de valeurs liquidatives, de gestion des registres, de la conservation des valeurs mobilières ou des contrôles dédiés en tant que dépositaire. Si nous devions revisiter en 2023 ce parcours remarquable avec les nouvelles capacités technologiques mises à notre disposition et que nous éprouvons depuis quelques années, nous aurions fait des choix totalement différents. Il est de notre responsabilité de questionner notre écosystème qui, certes reste pertinent, mais qui montre indéniablement des signes d’essoufflement appréhendant un futur plus distant. Il en va de la pérennité de la Place financière luxembourgeoise.
Société Générale a souvent été perçue comme précurseur en termes d’innovation. Où en êtes-vous ? laurent marochini – Au Luxembourg, nous avons l’ambition de mettre à profit l’utilisation des données à des fins d’efficacité opérationnelle, de personnalisation et fluidité de l’expérience client et d’une meilleure maîtrise de nos risques (notamment la lutte contre la fraude). Par exemple, sur base des outils digitaux du groupe Société Générale, nous pouvons désormais lire de façon automatique des prospectus ou documents afin d’en extraire les informations nécessaires et de les injecter automatiquement dans nos systèmes d’information.
500 millions d’Euros C’est la création de valeur attendue des cas d’usage d’intelligence artificielle par le groupe Société Générale d’ici à 2025.
340
C’est le nombre de cas d’usages IA / Data en production pour le groupe Société Générale.
L’utilisation de l’Intelligence Artificielle (IA) n’est pas un nouveau sujet pour nous, indépendamment de la récente médiatisation du sujet avec Open AI. Société Générale investit depuis 2014 dans ce domaine de manière continue et soutenue. L’IA fait partie des leviers stratégiques d’efficacité et de satisfaction client dont la création de valeur estimée est supérieure à 500 millions d’euros d’ici à 20252 Au sein de notre Groupe, nous avons recensé à ce jour plus de 340 cas d’usage de la donnée en production dont 50 %3 s’appuient sur l’IA.
Quels sont les facteurs clés de succès ? mm – La transformation digitale n’est pas uniquement un enjeu technologique. C’est avant tout une problématique de culture d’entreprise et de compétences. Cette transformation ne peut se faire sans les compétences dédiées et, sur ce volet, nous pouvons compter sur un vivier important de scientifiques et d’ingénieurs. Elle doit s’appréhender d’un point de vue métier. Dans ce contexte, nous formons tous nos collaborateurs pour les sensibiliser et penser « data ». Nous avons aussi récemment transformé nos activités dédiées aux services aux émetteurs en remplaçant une plateforme opérationnelle très ancienne pour capitaliser sur les piliers digitaux mis à disposition par notre Groupe. L’implication collégiale des équipes projets, opérationnelles, technologiques, IT et celle de nos experts en données, tirant avantage d’une méthodologie « Agile », a été le facteur clef de succès de cette transformation emblématique.
La formation et les compétences associées sont des vrais défis pour transformer l’industrie des fonds. Voyez-vous d’autres risques ?
lm – D’un point de vue stratégique, la situation du statu quo peut mettre en risque l’industrie. Le positionnement de leader du Luxembourg peut être remis en question dans les prochaines années si
faut penser cybersécurité « by design », avec l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur. La cybersécurité est une priorité absolue, afin de garantir la sécurité et la protection des données.
En conclusion, quelles technologies vont impacter l’industrie des fonds d’ici trois ans ?
mm – L’appréhension des technologies de type « Cloud / Data Lake » et APIs permettant de révolutionner nos modèles de gestion des données – et de ce fait, nos modèles opérationnels –, est au cœur des enjeux à court, moyen et plus long termes.
lm – Nous pouvons encore progresser dans notre manière d’utiliser l’IA, notamment l’IA générative, pour allier efficacité opérationnelle et développement de nouveaux business models pour nos clients.
1 https://www.alfi.lu/en-gb/pages/industry-statistics/ luxembourg
2 https://www.societegenerale.com/fr/le-groupe-societegenerale/strategie/innovation-et-digital
3 https://www.societegenerale.com/fr/le-groupe-societegenerale/strategie/innovation-et-digital
l’industrie ne poursuit pas le virage des nouvelles technologies. L’écosystème technologique avec la LHoFT et les associations de place comme l’ABBL ou l’ALFI effectuent un travail remarquable pour positionner le pays sur la carte mondiale de demain. Dans notre monde digital, nous sommes plus que jamais vulnérable. Il
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SECURITIES SERVICES
8-10 Porte de France
L-4360 Esch-Sur-Alzette
www.securities-services.societegenerale.com
« La transformation digitale n’est pas uniquement un enjeu technologique.
»
MATHIEU MAURIER Country Head, SGSS Luxembourg
Au Luxembourg, il a fallu attendre le début des années 2000 pour voir s’installer une réelle dynamique autour de l’investissement dans les actifs privés. En développant un cadre adapté aux besoins des investisseurs, le pays a su tirer profit de l’intérêt croissant du marché pour ces placements alternatifs.
La croissance de l’industrie des fonds luxembourgeoise, depuis quelques années, est dopée par l’attrait des investisseurs pour les actifs privés. Cette appellation rassemble une grande diversité de stratégies d’investissement, dans le private equity, l’immobilier, les infrastructures ou encore la dette privée. Ces investissements sont aujourd’hui majoritairement gérés à travers des fonds alternatifs.
Pour se rendre compte de l’attrait du marché pour ces actifs, il faut aller voir du côté de la CSSF. Dans son dernier AIFM Reporting Dashboard (2021), le régulateur évalue le marché de l’investissement alternatif au Luxembourg à près de 7.000 fonds et quelque 1.482 milliards d’euros investis. On y apprend surtout que la croissance du volume d’actifs gérés par ces véhicules, entre 2020 et 2021, a été de… 42 %.
Comment la place financière est-elle parvenue à se positionner pour tirer avantage de l’attrait croissant des investisseurs pour ces actifs privés ? Cette épopée luxembourgeoise, comme d’autres, doit beaucoup à une approche pragmatique du marché et à une volonté des acteurs de saisir les opportunités lorsque celles-ci se présentent.
L’adoption de la directive AIFM au
début de l’année 2010 est un bel exemple en la matière.
Au-delà des OPCVM…
Au fil de son développement, l’industrie des fonds luxembourgeoise a compris l’importance de se diversifier pour continuer à prospérer. Si, au milieu des années 80, les autorités et les acteurs de la place financière n’avaient pas aussi bien décelé l’opportunité de transposer rapidement la directive OPCVM, l’industrie des fonds luxembourgeoise n’aurait sans doute pas connu ce développement fulgurant.
En marge de cette activité de gestion de fonds régulés, le Luxembourg a toujours permis à d’autres formes d’investissements d’émerger et de prospérer. Si l’on parle d’actifs privés, il a toutefois fallu attendre le début des années 2000 pour voir une réelle dynamique s’installer.
Bien sûr, ces acteurs locaux ont toujours investi dans l’immobilier, pour compte propre. Évidemment, le Luxembourg compte depuis de nombreuses années des business angels , investissant personnellement dans des structures locales pour soutenir leur croissance. Depuis très longtemps, la juridiction est aussi connue pour accueillir des sociétés holdings, aussi
Auteur SÉBASTIEN LAMBOTTEconnues sous l’appellation de sociétés de participations financières (soparfi).
Cependant, si l’on évoque la mise en place de démarches structurées de collecte et d’investissement dans des actifs privés, les acteurs se faisaient rares jusque-là. À la fin des années 90, on dénombre quelques fonds (régis par la loi de 1991 concernant les organismes de placement collectif (OPC) et dont les titres ne sont pas destinés à être placés auprès du grand public). Dans le domaine du private equity et du venture capital, le Luxembourg est alors une terre aride.
Premier coup d’éclat Mangrove Capital Partners est sans doute la première structure importante à mettre en œuvre une approche d’investissement en capital-risque au départ du Luxembourg au début des années 2000. Pour la petite histoire, à l’époque, la structure investit dans le développement d’une jeune société innovante répondant au nom de Skype Technologies. Celle-ci s’apprête alors à révolutionner la manière dont nous communiquons les uns avec les autres. En 2005, le rachat de Skype par eBay constitue le premier coup d’éclat de Mangrove. La suite de l’histoire de Skype, tout le monde la connaît. En 2011, c’est Microsoft qui met la main sur la technologie qui préfigure l’actuelle application Microsoft Teams. La plus-value réalisée par Mangrove avec cette opération a le mérite de révéler au monde des venture capitalists l’existence du Luxembourg, invitant d’autres structures à s’inscrire dans les pas de la société d’investissement.
Nouvelle dynamique
À l’écoute des besoins de ces structures, avec l’ambition de répondre aux besoins des sociétés d’investissement et de diversifier son industrie, le Luxembourg fait évoluer son cadre législatif. En 2004, le législateur crée un nouveau véhicule : la société d’investissement en capital à risque (sicar). Les sicar s’adressent à des investisseurs avertis qui souhaitent apporter leurs fonds à des entités en vue de leur lancement, de leur développement ou de leur introduction en bourse.
381 mrds €
Le
84 mrds €
Le volume des fonds de fonds de private equity
126,8 mrds€
Supervisés par la CSSF, ces véhicules bénéficient d’un régime fiscal favorable et d’une réglementation plus souple, notamment en matière de concentration des risques.
En 2007, l’introduction du fonds d’investissement spécialisé (FIS) vient renforcer la boîte à outils. Véhicule d’investissement souple, mais néanmoins supervisé, le FIS permet de mettre en œuvre des stratégies d’investissement mixtes dans le respect de limites bien établies. À travers lui, un panel plus large d’investisseurs avertis ont la possibilité d’investir dans l’immobilier, les créances ou encore le private equity. Alliant flexibilité et sérieux, grâce à un cadre réglementaire adapté, ces véhicules vont rapidement rencontrer un réel succès.
Au moment du dépôt du projet de loi relatif aux FIS, 181 OPC étaient régis par la loi de 1991 concernant les organismes de placement collectif dont les titres ne sont pas destinés à être placés auprès du grand public. Un an plus tard, la CSSF recensait 638 FIS, pour un montant de quelque 120 milliards d’euros, soit un sixième du patrimoine global des OPC au Luxembourg à l’époque. Une nouvelle dynamique était alors lancée.
267,8 mrds€
Le volume des fonds de dette privée.
Nouveau cadre, nouveau marché À bien des égards, en faisant évoluer son dispositif légal de la sorte, le Luxembourg a pris les devants sur les autorités européennes. Quelques années plus tard, en effet, l’Union entend instaurer un cadre réglementaire harmonisé pour les fonds alternatifs. Dans cette optique, elle adopte la directive sur les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (plus connue sous son acronyme anglophone AIFMD pour alternative investment fund managers directive). À travers elle, la volonté est de réglementer les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs (et non les véhicules directement), ainsi que la distribution de ces fonds. Ce cadre doit garantir la protection des investisseurs et permettre de se prémunir des risques systémiques.
En 2013, année de l’entrée en vigueur de la directive, le Luxembourg est l’un des premiers pays à la transposer en
volume d’actifs sous gestion domiciliés dans des fonds de private equity (comprenant également les fonds de venture capital).Le succès des fonds alternatifs luxembourgeois doit beaucoup à l’agilité du législateur à faire évoluer la « boîte à outils » dans le domaine des fonds d’investissement en vue de répondre aux attentes des investisseurs et des gestionnaires. Cela relève d’un processus d’adaptation continue. La preuve en a encore été apportée début juillet, avec l’adoption du projet de loi 8183 reprenant deux mesures réclamées par l’industrie des fonds.
SEUIL ABAISSÉ
L’une des évolutions principales apportées par cette loi concerne les fonds alternatifs. Elle réside dans la modification des définitions de la notion d’« investisseur averti » contenues dans les lois sicar, FIS et Fiar, afin de renforcer la cohérence entre les différentes lois et d’aligner le régime luxembourgeois au standard européen, en abaissant le seuil d’investissement actuel de 125.000 à 100.000 euros.
L’autre grand volet de cette loi concerne la taxe d’abonnement. Celle-ci a été adaptée pour répondre aux vœux de la Commission européenne, qui souhaite voir les États membres donner un coup de pouce fiscal aux Eltif et au produit paneuropéen d’épargne-retraite individuelle (PEPP). Ces deux véhicules se verront appliquer des taux préférentiels de 0,01 % à la place du taux de droit commun de 0,50 %.
« En modernisant notre cadre législatif, nous ouvrons la voie à de nouvelles opportunités et consolidons le rôle du Luxembourg comme centre financier majeur, tout en favorisant l’essor de nouveaux produits européens, tels que les Eltif ou le PEPP, a déclaré Yuriko Backes, ministre des Finances, suite à cette adoption. Avec cette législation modernisée, le Luxembourg continue à innover et à anticiper les tendances du marché, affirmant sa position de leader dans le domaine des fonds d’investissement. »
droit national. Si certains acteurs sont restés sceptiques face à cette volonté d’imposer une surveillance à des acteurs qui étaient jusque-là peu encadrés, le Luxembourg y a vu une opportunité. Sans nul doute, les autorités de l’époque avaient en tête l’essai qui avait été brillamment transformé une trentaine d’années auparavant avec la transposition de la directive OPCVM.
En offrant des garanties de confiance supplémentaires, la directive AIFM allait faciliter la levée de fonds auprès d’investisseurs désireux de diversifier leurs placements à travers des actifs « alternatifs ». L’industrie des fonds luxembourgeoise y a directement vu un potentiel relais de croissance important. Le développement du segment alternatif, de 2013 à nos jours, révèle que les autorités et professionnels du secteur financier luxembourgeois de l’époque ne se sont pas trompés.
Si le Luxembourg était déjà bien positionné sur le segment de l’investissement alternatif, avec les FIS et les sicar, les autorités ont profité de cette évolution du cadre réglementaire européen pour introduire un nouveau véhicule : le fonds d’investissement alternatif réservé (Fiar). L’intérêt ? Celui-ci n’est pas directement supervisé par le régulateur luxembourgeois, mais l’est indirectement via son gestionnaire autorisé (comme le prévoit la directive AIFM). Le régulateur, de cette manière, facilite la mise en place du véhicule sans pour autant sortir du cadre réglementaire. Pour attirer des gestionnaires, rien ne vaut un cadre souple et dynamique. Le Luxembourg l’a compris depuis longtemps.
Un succès avéré
Ces efforts ont permis au Luxembourg de se positionner comme principal domicile des fonds alternatifs en Europe. Ces investissements, comme escompté, ont considérablement soutenu la croissance de son industrie des fonds déjà prospère. Entre 2009 et 2021, les actifs sous gestion des fonds régulés sont passés de 1.841 milliards d’euros à la fin de l’année 2009 à
5.151 milliards d’euros en mai 2023. Si l’on se réfère au AIFM Reporting Dashboard (2021), entre 2018 et 2021, la valeur nette d’inventaire (VNI) des fonds alternatifs gérés par des gestionnaires luxembourgeois, tous régulés par la CSSF, a considérablement évolué pour atteindre 1.482 milliards d’euros. En 2018, cette VNI n’était encore que de 653 milliards d’euros.
Quelle est la part des actifs privés parmi ces véhicules alternatifs ? Fin 2021, on estimait à 381 milliards d’euros le volume d’actifs sous gestion domiciliés dans des fonds de private equity (comprenant également les fonds de venture capital). 84 milliards d’euros se trouvaient dans des fonds de fonds de private equity. Du côté des fonds de real estate, la CSSF et l’Alfi font état d’un volume d’actifs sous gestion équivalent à 126,8 milliards d’euros (3e trimestre 2022). En ce qui concerne les fonds de dette privée, la dernière étude de KPMG et de l’Alfi sur le sujet (2022) estime le volume d’actifs à 267,8 milliards d’euros (en hausse de 45,5 % sur un an).
De belles perspectives
Le succès des fonds alternatifs, avec un appétit croissant des investisseurs pour les actifs privés, se confirme année après année. Et le Luxembourg, en veillant à répondre aux besoins des investisseurs et des gestionnaires, est parvenu à se positionner comme un centre d’excellence incontournable, accueillant, assurant la gestion de ces véhicules, facilitant la distribution de ces produits d’investissement à travers toute l’Europe. Au fil du temps, les gestionnaires ont gagné en maturité sur l’ensemble des classes d’actifs alternatifs, développant des stratégies toujours plus robustes, proposant de nouvelles approches. L’intérêt pour les actifs privés, dans ce contexte, ne fait que se confirmer, avec de belles perspectives à venir. La démocratisation de l’accès à ces investissements, notamment, constitue à la fois un défi et une opportunité de taille pour les gestionnaires offrant ce type de produits. Le Luxembourg, dans ce contexte, doit rester à l’écoute et continuer à s’adapter pour tirer profit des évolutions à venir.
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Le premier semestre de l’année 2023 a été riche sur le plan légal et réglementaire pour le secteur des fonds d’investissement, en particulier avec l’adoption du règlement Eltif 2 et avec l’entrée en vigueur de la loi du 21 juillet 2023 relative à la modernisation du cadre législatif concernant les fonds luxembourgeois.
Journaliste MARC FASSONESelon les données conjointes de l’ALFI et de la CSSF, on compte actuellement 34 fonds Partie 2 sur la Place de Luxembourg. Un chiffre à mettre en perspective avec les 1.619 fonds Partie 1 recensés à la même date et les 1.291 FIS (fonds d’investissement spécialisés) et 201 SICAR (sociétés d’investissement en capital à risque).
Olivia Moessner, associée au sein du cabinet d’avocats Elvinger Hoss Prussen, revient sur les impacts et effets de ces deux réglementations. Elle évoque également certains des enjeux, questions et perspectives soulevés par deux autres grandes réformes réglementaires en cours au niveau européen dans le secteur des fonds d’investissement et de la gestion d’actifs : AIFMD 2 – qui vise à apporter des améliorations ciblées aux dispositions-clés du cadre actuel régissant les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs – et RIS (retail investment strategy) – qui vise à améliorer la participation des investisseurs particuliers au financement de l’économie.
Modernisation de la réglementation relative aux fonds luxembourgeois L’entrée en vigueur de la loi du 21 juillet 2023 portant modernisation de l’arsenal législatif relatif aux fonds d’investissement luxembourgeois constitue une étape importante pour l’attractivité et la compétitivité de la Place dans le secteur des fonds d’investissement et de la gestion d’actifs.
Parmi les changements principaux, on peut citer la baisse du seuil minimal d’investissement dans les SICAR, FIS et FIAR à 100.000 euros (contre 125.000 euros auparavant) pour les investisseurs « avertis » autres que professionnels. Par ailleurs, afin de répondre aux besoins du marché, la nouvelle loi étend également de 12 à 24 mois la période pendant laquelle le montant du capital/ actif net minimum doit être atteint pour les fonds régis par les lois SICAR, FIS et FIAR et prolonge aussi de 6 à 12 mois cette même durée pour les fonds régis par la Partie 2 de la loi OPC. Elle modifie également les conditions fiscales dont les différents types de fonds luxembourgeois peuvent bénéficier en matière de taxe d’abonnement. Mais on ne peut réduire l’ampleur et l’impact de la loi du 21 juillet 2023 à ces seules mesures. Le texte de loi a en effet été pensé plus globalement autour de deux axes, selon Olivia Moessner : « On y trouve une volonté d’amélioration et d’harmonisation dans son ensemble de la législation luxembourgeoise relative aux fonds d’investissement et à leurs
gestionnaires, ainsi qu’une volonté de s’inscrire dans la tendance amorcée il y a quelques années de ‘retailisation’ ou de démocratisation des actifs privés. »
Le retour des fonds Partie 2
Les fonds réglementés en vertu de la Partie 2 de la loi OPC connaissent actuellement un fort regain d’intérêt de la part des investisseurs et gestionnaires :
« C’était une structure quelque peu oubliée que l’on n’utilisait quasiment plus que pour des fonds destinés au marché japonais. » Ce retour en grâce des fonds Partie 2 (dans lesquels tout type d’investisseur – y compris les particuliers – peut investir) est, entre autres, dû au règlement ELTIF 2 dans la mesure où les fonds européens d’investissement à long terme (European Long-Term Investment Funds) sont des fonds d’investissement alternatifs souvent structurés au Luxembourg sous forme de fonds Partie 2 pour permettre la distribution aux particuliers et de bénéficier du passeport ELTIF
y relatif. Pour mémoire, les fonds Partie 1 correspondent au produit Ucits, le produit grand public de référence dans le secteur des fonds réglementés, qui bénéficie du passeport européen auprès des investisseurs de détail, notamment, et a fait le succès de la Place à son origine. Mais qui dit grand public dit contraintes et limitations réglementaires strictes, notamment en matière d’actifs/ investissements éligibles, ainsi qu’en matière de diversification des investissements et des risques, par exemple. Par contre, un fonds Partie 2, même s’il peut s’adresser au grand public, n’est pas soumis à un régime aussi strict. Ainsi, il peut en principe investir dans des actifs plus variés, y compris illiquides, comme l’immobilier ou la dette. Mais, en retour, un fonds Partie 2 ne dispose pas du passeport européen pour la distribution aux particuliers au sein de l’UE. Cependant, si un AIFM européen autorisé est désigné, le fonds Partie 2 pourra commercialiser ses actions
auprès d’investisseurs professionnels dans l’ensemble de l’UE par le biais d’un passeport spécifique instauré par la directive AIFM. Ainsi, « les fonds Partie 2 connaissent une forme de résurrection autonome indépendamment du label ELTIF, et ce grâce à des acteurs du secteur du private equity qui sont très intéressés par la distribution aux investisseurs de détail sans nécessairement avoir besoin des passeports européens de commercialisation et qui ne veulent pas forcément se voir imposer les règles encore rigides pour certaines applicables aux ELTIF. Une distribution à des semi-professionnels, opérée sous les règles de placement privé applicables dans les juridictions locales, comme en Allemagne, peut suffire.
À cet égard, la loi du 21 juillet 2023 modernise le régime des fonds Partie 2 en leur offrant plus de flexibilité en termes de structuration, en ce compris « la possibilité pour les SICAV Partie 2 d’être constituées désormais également sous forme de sociétés en commandite par
UMC
L’Union des marchés des capitaux (CMU pour Capital Market Union), comme son nom l’indique, s’est donné comme objectif de faire circuler l’argent – les investissements et l’épargne – dans toute l’Union européenne afin qu’il profite aux consommateurs, aux investis–seurs et aux entreprises, quel que soit leur lieu d’implantation. Cette « nouvelle frontière du marché unique européen » a été lancée par la Commission Juncker en juillet 2014. Sa réalisation demande un travail législatif profond réformant des textes existants ou en créant de nouveau comme le RIS.
RIS
La Retail Investment Strategy (RIS) est un projet de régulation adopté au printemps 2023 par la Commis–sion qui veut protéger les investis–seurs retail. La volonté est de permettre aux investisseurs « consommateurs » de prendre des décisions d’investissement qui correspondent à leurs besoins et à leurs préférences, en veillant à ce qu’ils soient traités équitablement et dûment protégés. L’objectif est d’encourager la participation aux marchés des capitaux des ménages européens, qui préfèrent actuellement les produits classiques.
ELTIF
Créé en 2015 et réformé en 2022, le Fonds européen d’investissement à long terme (European Long-Term Investment Fund, ou ELTIF) est un nouveau type de cadre d’investissement collectif permettant aux investisseurs institutionnels et privés de placer des fonds dans des entreprises et des projets qui ont besoin de capitaux à long terme.
AIFMD 2
La directive AIFM (Alternative Investment Fund Managers Directive) est une conséquence directe de la crise financière de 2008. La Commission européenne a voulu réglementer les placements alternatifs – hedge funds, fonds immobilisers, private equity, etc. Le texte régule les promoteurs et non les produits. Le texte d’AIFMD 2 précise un certain nombre de points en matière de délégation et de gestion du risque de liquidité.
actions, en commandite simple, en commandite spéciale ou sous forme de société à responsabilité limitée, en plus de la forme traditionnelle de la société anonyme initialement prévue ». Autre avancée importante : « Un fonds Partie 2 de type fermé ne pouvait jusqu’à présent pas émettre d’actions, parts ou parts d’intérêts à moins de disposer d’une valeur nette d’inventaire (VNI) actualisée, ce qui pouvait poser un problème pour ce type de fonds, notamment dans le secteur du private equity, où les fonds fermés émettent à prix fixe sous réserve de l’application de mécanismes dits ‘d’égalisation’. Désormais, le ticket d’entrée dans un fonds fermé soumis à la Partie 2 de la loi OPC, c’est-à-dire le prix de vente d’une action, part ou part d’intérêt, peut désormais aussi être fixé à un prix autre que la VNI et qui sera établi conformément aux documents constitutifs du fonds. »
Le règlement ELTIF 2
Le règlement ELTIF 2 du 15 mars 2023 a été l’autre bonne nouvelle pour les professionnels. Selon Olivia Moessner, « c’était une réforme qui était absolument nécessaire. Je crois qu’en termes de restrictions d’investissement ainsi qu’en termes d’actifs éligibles, il y avait vraiment des flexibilités à apporter au texte initial. Historiquement, à l’origine d’ELTIF 1, il y avait une réflexion des institutions européennes qui voulaient donner accès aux investisseurs retail à des actifs plus illiquides et avec un plus long terme d’investissement, afin de favoriser l’émergence d’une épargne à plus long terme pouvant servir de complément de retraite. La première idée était de modifier le régime de la directive UCITS pour y intégrer des actifs plus illiquides. Mais cela posait plus de problèmes que cela n’apportait de solutions, et la Commission a opté pour un régime séparé. C’est ainsi que les ELTIF ont été créés, en s’inspirant très largement des restrictions d’investissement applicables aux OPCVM. On avait par exemple, sur des actifs illiquides, des restrictions à 10. Autrement dit, et à titre d’exemple, pour un fonds d’infrastructure, il fallait trouver 10 projets avec des maturités proches, ce qui était quasiment impossible. On est
désormais passé à des restrictions à 20. »
La suppression des limitations de l’accès des investisseurs particuliers aux ELTIF va favoriser la démocratisation du produit dans sa forme destinée aux investisseurs particuliers. « À côté des fonds Partie 2 non labellisés ELTIF, nous assistons à un intérêt croissant pour les ELTIF de la part des acteurs du private equity comme de ceux de la gestion traditionnelle. Le Luxembourg s’impose comme une juridiction d’excellence pour ses produits, comme il l’est depuis des décennies pour les OPCVM. »
Qu’attendre d’AIFMD 2 ?
L’agenda réglementaire ne dort jamais. ELTIF 2 à peine digéré, d’autres textes pointent le bout de leur nez. Avec des objectifs ambitieux et quelques zones d’ombre inquiétantes.
Premier de ces rendez-vous, la nouvelle version de l’Alternative Investment Fund Managers Directive (AIFMD). Dans le cadre de son plan d’action pour un marché de capitaux unique (CMU pour Capital Markets Union), la Commission a proposé en novembre 2021 une révision de la directive. Le texte final n’a pas encore été publié. Toutefois, un accord global a été trouvé en juillet 2023. Olivia Moessner voit trois volets essentiels dans cette nouvelle législation.
Des fonds de dettes plus encadrés
« Ce qui est intéressant, relève de manière préliminaire Olivia Moessner, c’est cette volonté des autorités européennes de venir réglementer des produits via une directive qui, à la base, est conçue pour encadrer les gestionnaires de fonds et pas les fonds eux-mêmes. » Sur le fond, elle ne s’attend pas à ce que les propositions de la Commission révolutionnent cette activité sur la Place, qui a déjà développé une forte expérience sur ce segment. « Par contre, de nouvelles contraintes vont apparaître », prévient-elle. Ainsi, l’effet de levier de ces fonds, notamment, va être encadré et des règles de rétention seront introduites. « Les initiateurs de fonds de dettes qui émettent des prêts et les vendent par la suite sur le marché secondaire vont devoir garder une exposition minimale sur ces prêts de l’ordre de 5 durant une
certaine période. Une disposition adoptée en vue d’un alignement sur le régime de la titrisation européenne. Ce ne sont pas des révolutions, mais certainement des contraintes supplémentaires, et il va falloir garder à l’œil la manière dont le marché va y réagir. »
Une gestion du risque de liquidité davantage encadrée
« La question du risque de liquidité est un sujet majeur pour les autorités internationales et européennes. Et cela va le rester pour longtemps. » De fait, après différentes crises et au sortir de celle du Covid, les institutions européennes ont vu la nécessité d’imposer aux fonds d’investissement l’utilisation d’outils de gestion des liquidités (liquidity management tools). « Ce n’est pas une révolution pour le Luxembourg. Quasiment tous les fonds ouverts sur la Place disposent de manière standard de tels outils. Cette obligation va par contre tirer les standards européens à la hausse dans la mesure où ces outils ne sont actuellement pas tous disponibles dans l’ensemble des États membres. »
Transparence accrue dans la délégation AIFMD 2 introduit également de nouvelles dispositions sur la délégation, avec comme volonté d’arriver à une plus grande transparence. Il y aura désormais une obligation de notification aux autorités européennes des informations relatives au volume et au pourcentage des actifs sous gestion délégués. « Le secteur craignait un encadrement plus strict. Cela ne sera pas le cas. Le dispositif retenu est satisfaisant. Maintenant, le système réglementaire est tel que nous ne sommes pas à l’abri d’une interprétation plus contraignante émanant d’une institution de haut niveau comme l’Esma (European Securities and Markets Authority). Et certains points, malgré l’accord politique intervenu au niveau des institutions européennes en juillet, sont renvoyés devant un comité technique qui va rédiger le texte final. L’intention politique est clairement d’ajouter de la transparence pour les régulateurs plutôt que des contraintes limitatives supplémentaires. »
Enjeux majeurs de la Retail Investment Strategy pour l’industrie des fonds Au final, AIFMD 2 ne devrait pas être une révolution trop importante pour la Place. Mais cela risque d’être différent pour ce qui est des enjeux, conséquences et implications à venir dans le cadre de la proposition législative publiée par la Commission européenne en date du 24 mai 2023 concernant la stratégie pour l’investissement des particuliers (Retail Investment Strategy, ou RIS) et qui envisage de modifier pas moins de cinq textes fondamentaux relatifs aux investissements par les particuliers. « RIS va être un énorme sujet. L’objectif majeur est de renforcer la confiance et la participation des épargnants dans les marchés financiers en améliorant et en accroissant la transparence (notamment des coûts) et la comparabilité des produits d’investissement et d’épargne. Le souci, c’est que RIS est une réglementation transversale qui va impacter plusieurs réglementations applicables aux acteurs de la finance et de l’assurance. Le package inclut également une proposition de modification du régime PRIIPs. » Un des principaux points d’achoppement qui a retardé la publication de RIS par la Commission est celui de la possible interdiction des rétrocessions. Olivia Moessner précise qu’« au départ, la volonté était d’interdire de manière absolue les rétrocessions payées par les producteurs d’instruments financiers aux distributeurs. Au final, le texte proposé étend l’interdiction des rétrocessions aux services de réception-transmission d’ordres et d’exécution d’ordres à des investisseurs de détail – ou pour le compte de ceux-ci. De mon point de vue, il n’est pas sûr que cette réforme en l’état favorise les investisseurs. Mais elle favorisera sûrement les entreprises d’investissement qui ont un réseau de distribution intégré. »
Un autre point important de la réforme RIS est l’introduction du concept de value for money, autrement dit l’évaluation du prix payé par rapport au service rendu. « De la manière dont le texte est libellé, le principe de ‘value for money’ est réduit à la seule dimension du coût, avec le risque d’inciter les distributeurs à favoriser les fonds passifs au détriment de la gestion active. »
« Le secteur craignait un encadrement plus strict. Cela ne sera pas le cas. »
OLIVIA MOESSNER Associée Elvinger Hoss Prussen
Comment évoluent les principales classes d’actifs privés au Luxembourg ? Entre le private equity, la dette privée et l’immobilier, nous vous proposons un petit tour d’horizon du segment.
Le poids du private equity au sein de l’industrie des fonds luxembourgeois
Si l’industrie des fonds luxembourgeois est dopée par le segment des investissements alternatifs, celui-ci recouvre une multitude de facettes et de stratégies. Selon la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association, relayant les données de l’AIFM Reporting Dashboard 2021 (publiées en octobre 2022), la valeur nette d’inventaire (VNI) du capital-investissement au Luxembourg était de 509 milliards d’euros à la fin de l’année 2021, ce qui représentait 8,6 % des actifs sous gestion à travers des véhicules d’investissement domiciliés au Luxembourg.
L’importance des fonds d’investissement alternatifs au Luxembourg s’est accrue au fil du temps et les fonds d’investissement privés représentent environ un tiers de cette classe d’actifs. Selon le rapport Bain Global Private Equity, la VNI des fonds alternatifs luxembourgeois représente 17,6 % de l’industrie mondiale du capital privé.
Autre segment important des actifs privés, celui de la dette privée est aussi très prisé. Dans leur dernière enquête Private Debt Fund Survey 2022, KPMG et l’ALFI évaluent le marché à 267,8 milliards d’euros, avec une croissance des actifs sous gestion de 45,4 % par rapport à l’année précédente (selon les données fournies par les dépositaires interrogés). La plupart des fonds de dette privée ont une taille allant jusqu’à 100 millions d’euros. Les fonds de taille moyenne, c’est-à-dire ceux dont la valeur nette d’inventaire se situe entre 100 et 500 millions d’euros, représentent 31 % du nombre total des fonds de dette.
Comme en témoigne l’enquête Luxembourg Real Estate Investment Funds 2022, menée par l’ALFI, le Luxembourg reste le lieu privilégié pour établir et maintenir des fonds d’investissement immobiliers réglementés à vocation multigéographique et multisectorielle.
Au regard de l’évolution des actifs sous gestion dans ce segment, il continue d’attirer les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds du monde entier. 84,3 % des investisseurs viennent d’Europe, le reste provenant principalement des Amériques (7,5 %). 4,7 % sont très diversifiés, ce qui confirme l’attrait mondial. Les fonds domiciliés au Luxembourg sont principalement utilisés par de petits groupes d’investisseurs institutionnels, 88 % d’entre eux rassemblant 25 investisseurs.
Les private assets, ou « actifs privés » en français, rassemblent un ensemble d’actifs non cotés en bourse. Le concept inclut par exemple le private equity et le venture capital, la dette privée ou encore un ensemble d’actifs réels à l’instar de l’immobilier. Ces actifs constituent un levier de diversification intéressant au cœur des portefeuilles d’investissement.
Il s’agit souvent d’actifs illiquides, présentant un risque plus ou moins important, offrant des perspectives de rendement intéressantes à moyen et long terme.
Les fonds d’investissement alternatifs sont des organismes de placement collectifs investissant dans des actifs qui ne sont ni des actions ni des obligations. Il existe diverses catégories de fonds alternatifs, mettant en œuvre des stratégies d’investissement spécifiques. On peut évoquer des fonds immobiliers, des fonds de private equity, des fonds de dette privée ou encore des stratégies mixtes. L’accès à ces fonds, régulés directement ou indirectement, via la supervision du gestionnaire comme le prévoit la directive AIFM, est réservé à des investisseurs institutionnels ou avertis.
Également appelé « capital-investissement », le private equity est le concept utilisé pour désigner l’investissement dans des sociétés non cotées en bourse. Des fonds d’investissement spécialisés, des familles fortunées ou encore des sociétés de venture capital apportent des moyens financiers à des structures privées, par le biais d’une prise de participations, dans l’optique de soutenir leur développement et d’en renforcer la valeur à terme.
La dette privée est un outil de financement par un emprunt non bancaire qui s’est fortement développé après la crise de 2008. Il s’agit donc d’une source de financement alternative aux prêts bancaires traditionnels et aux émissions obligataires. Cet outil est utilisé principalement par les PME et les entreprises de taille intermédiaire qui recherchent un financement plus flexible et plus rapide qu’un financement bancaire classique. Les prêts accordés sont généralement remboursés in fine : la société rembourse le capital à l’échéance, ce qui lui laisse à disposition de la trésorerie pour mener ses projets de croissance organique et d’investissement. L’intérêt de cette dette pour les investisseurs réside dans la prime d’illiquidité qu’elle offre, levier d’optimisation du rendement.
On utilise l’acronyme Reif – Real Estate Investment Funds –pour désigner les fonds d’investissement immobiliers, des véhicules qui investissent directement dans des biens immobiliers physiques ou indirectement en achetant des actions ou de la dette de sociétés immobilières. Ce segment a connu une croissance substantielle au cours de la dernière décennie. Les fonds d’investissement immobiliers domiciliés au Luxembourg ont plus que décuplé depuis 2010, passant de 22,41 milliards d’euros en janvier 2010 à 253,74 milliards d’euros en décembre 2022. Les acteurs ont aussi gagné en maturité, développant notamment des stratégies avancées autour de catégories d’actifs immobiliers particulières comme le bureau, le commerce, l’industrie, le résidentiel, l’hébergement et l’accueil (hospitality)…
Le concept d’actifs privés désigne un type d’investissements spécifique. Le champ est cependant large, s’étendant de l’objet d’art à la prise de participation dans des sociétés non cotées en passant par l’immobilier.
Senior business development manager
Banque de Luxembourg
Partner
Loyens & Loeff Luxembourg
Il y a toujours un avenir pour ceux qui pensent à l’avenir. Avec une législation favorable et un solide soutien politique, le Luxembourg maintiendra son rôle central pour les actifs privés grâce à sa boîte à outils de structuration et son vaste écosystème financier. Pour l’avenir, le défi majeur à relever sera d’assurer des services rapides et de qualité pour une industrie en croissance continue. Pour cela, il faut investir davantage dans la formation du personnel et le développement de talents. Les cours sur les fonds luxembourgeois à l’Université de Lorraine, la certification en private equity d’HEC Liège et le nouveau master en droit des fonds de l’Uni témoignent de la détermination du Luxembourg et de la Grande Région à favoriser une industrie des private assets tournée vers l’avenir.
Au cours de cette année, nous avons constaté une baisse dans la constitution de nouveaux fonds de private assets. Les turbulences géopolitiques et économiques entraînent des difficultés à générer une croissance immédiate. Toutefois, ces investissements sont par nature des placements à long terme alignés aux tendances de marché. Les performances historiques démontrent l’attractivité des private assets, notamment en période de crise, phase particulièrement propice aux investissements à tarifs réduits et permettant d’assurer la croissance lorsque les valeurs se redressent. De plus, l’évolution vers l’accès aux investisseurs retail constitue une réelle opportunité. Avec une part de marché globale de 17 %, le Luxembourg maintient une position stratégique dans l’industrie des fonds de private assets. Malgré des marchés houleux, combinés aux tendances de marché décrites ci-dessus il subsiste un réel potentiel de croissance pour les fonds private assets au Luxembourg.
EFA
Operations
Le Luxembourg a joué et continuera à jouer un rôle important sur le marché financier européen grâce à plusieurs avantages-clés, tels que sa situation économique stable, sa législation sur les fonds d’investissement solide et en constante évolution et ses structures de fonds flexibles. Le personnel, très international et expérimenté, ainsi que le passeport européen s’ajoutent aux avantages comparatifs du Luxembourg. Avec l’introduction de l’Eltif 2, les investisseurs particuliers disposeront d’une option attrayante pour investir dans des actifs alternatifs. Comme plus de 50 % des Eltif lancés sont actuellement établis au Luxembourg, l’introduction d’Eltif 2 renforcera l’importance du pays sur le marché des actifs privés en combinant la solide expertise nationale en matière d’actifs liquides et illiquides en une seule offre de services.
Photos Loyens & Loeff, Banque de Luxembourg et EFA FABRICE FREILINGER Director Private AssetL’activité des fonds autour des actifs privés s’est considérablement renforcée, mais il est nécessaire de penser à l’avenir de ces produits.
Propos recueillis par MARIE JACQUEMIN
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