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EFFICIENCE ÉNERGÉTIQUE

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PLANS SECTORIELS

PLANS SECTORIELS

L’indispensable bilan énergétique

Connaître les points forts et les faiblesses de son habitation permet ensuite de prendre des décisions cohérentes en vue de mener des travaux de rénovation et d’amélioration de son efficience énergétique. Avec des économies à la clé.

Au Luxembourg, le sujet de la transition énergétique est au cœur de l’action politique. Celle-ci prévoit le développement d’un parc immobilier intelligent, et donc plus économe en ce qui concerne sa consommation énergétique, mais aussi la mise en place de réseaux d’énergie mutualisés, qui permettent d’améliorer l’efficacité de la distribution d’énergie, notamment par la décentralisation de la production et le développement du stockage. L’objectif affiché est de faire du pays l’un des plus efficients au niveau de la consommation d’énergie. Tout un programme.

Un premier conseil neutre et gratuit Afin de soutenir cette transition, le gouvernement a présenté un nouveau package d’aides, appelé Klimabonus, en faveur de la rénovation énergétique durable et de la valorisation des sources d’énergie renouvelable dans le domaine du logement. Toutefois, quand on est propriétaire de son logement, il reste parfois difficile de s’y retrouver parmi les différentes solutions disponibles sur le marché… Pas de panique, des personnes sont là pour vous conseiller. C’est notamment le cas de Klima-Agence, une structure publique constituée sous la forme d’un GIE (groupement d’intérêt économique), soutenue par le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire, le ministère du Logement, le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, ainsi que par la Chambre des métiers et l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI). « Notre rôle premier est d’apporter un conseil de base, neutre et gratuit, aux citoyens, explique Fenn Faber, directeur de Klima-Agence. Nous accompagnons chaque personne qui le souhaite afin de trouver des solutions qui répondent à son projet de rénovation ou de nouvelle construction, d’installation de chauffage favorisant les énergies renouvelables, de production d’énergie propre, mais aussi en matière de mobilité durable. Au final, l’objectif est d’optimiser sa consommation d’énergie au quotidien, pour consommer moins et mieux. »

La structure publique et son portail Klima-agence.lu sont aujourd’hui la première porte d’entrée pour tout candidat à la rénovation énergétique. Il pourra se renseigner, préparer son projet, s’informer sur les programmes d’aides ou encore réaliser une simulation en ligne. « Nous ne sommes pas là pour faire concurrence aux acteurs du marché que sont les artisans, les architectes ou les ingénieurs, précise Fenn Faber. C’est à eux que revient la mission de chiffrer réellement les projets et de mettre en œuvre les mesures. Nous sommes là pour expliquer le cadre réglementaire général, les subsides disponibles, et comment s’y prendre pour simplifier au maximum la démarche. » Très concrètement, des conseillers sont à la disposition du public. Il suffit

MECDD Photo de prendre rendez-vous en ligne ou en appelant la hotline. « Un conseiller est là pour répondre à toutes vos questions concernant les aides ou les solutions techniques. Si cela fait du sens, nous pouvons nous déplacer à domicile pour accompagner le porteur de projet qui ne sait pas par où commencer… », détaille Sarah Juchems, responsable du département Conseil en transition énergétique durable. Grâce au simulateur, le particulier peut facilement faire le tour de toutes les aides disponibles auprès de l’État, de sa commune et des fournisseurs d’énergie. Ce site vient aussi répondre à une évolution sociétale qui veut que les consommateurs s’informent d’abord en ligne avant d’agir. « Nous savons par ailleurs, grâce à une enquête menée voici quelque temps, que l’artisan reste le contact numéro 1 des candidats aux travaux. Nous avons dès lors renforcé nos efforts de communication vers le secteur afin que tous les acteurs soient parfaitement informés du cadre réglementaire en vigueur et que le message véhiculé soit le même à tous les niveaux », précise Fenn Faber.

Réduire la consommation d’énergie Au-delà de ce premier conseil gratuit, le Luxembourg prévoit l’intervention d’un conseiller certifié Klima-Agence qui vous accompagne dans la définition des travaux prioritaires à mener, mais aussi pour l’octroi des aides étatiques Klimabonus. « Ce système est en place depuis plus de 15 ans au Luxembourg. L’objectif principal est de guider le particulier dans sa démarche. Celui-ci n’a souvent pas de notion de ce qu’il faut faire pour bien faire, résume Julien L’Hoest, conseiller certifié et administrateur au sein du bureau d’ingénieurs-conseils Énergie et Environnement. La première question

« Dans un futur proche, des consommateurs auront la possibilité de se regrouper, dans un périmètre géographique précis, afin de créer une communauté énergétique. »

FENN FABER Directeur Klima-Agence à se poser est celle de sa consommation d’énergie. Pour mettre en place une stratégie de réduction, il faut connaître la situation initiale et définir ensuite un plan d’action concret. Pour donner un exemple, nous allons pouvoir établir que, pour 4.000 litres de mazout consommés, 600 litres sont brûlés à cause d’une mauvaise isolation du toit, 1.000 litres sont perdus en raison de murs mal isolés, 600 litres disparaissent en raison de pertes liées à la chaudière, etc. Une fois qu’on a obtenu ces données, on peut rapidement traduire cela en chiffres (euros/an), définir les travaux prioritaires et calculer un retour sur investissement précis. C’est la base de notre travail. » Le recours aux services du conseiller certifié est subsidié par l’État.

Afin de réussir sa transformation énergétique, le plus important est de bien prioriser les chantiers. « Et, dans ce domaine, il est impossible de donner une réponse unique et universelle, qui s’appliquerait à toutes les situations, glisse Sarah Juchems. Tout dépend de l’état actuel du bâtiment que l’on souhaite transformer. Dans les grandes lignes, la première étape sera toujours de veiller à réduire la consommation d’énergie. Cela passe par l’isolation du toit, des fenêtres ou des murs. Ensuite, dans un deuxième temps, il faudra voir comment intégrer un système d’énergie renouvelable, qui peut être combiné à une installation photovoltaïque, par exemple. »

Lister les priorités, telle est la mission du conseiller en énergie agréé, qui va ensuite prendre le temps d’analyser les différents devis pour vérifier s’ils sont bien conformes aux attentes. « La bonne nouvelle est que tous ces travaux sont subsidiés par l’État luxembourgeois et que la plupart des primes viennent d’être augmentées, reprend Julien L’Hoest. Si je devais donner un ordre des priorités, je dirais qu’il faut commencer par isoler la toiture. Ces travaux peuvent souvent se faire par l’intérieur et restent dans une enveloppe de prix abordable. Vient ensuite l’isolation des murs, une étape plus lourde parce qu’elle implique souvent une isolation par l’extérieur, relativement coûteuse. En troisième lieu, il est important de remplacer les châssis de fenêtre, surtout s’il s’agit d’un simple vitrage. Si vous disposez déjà d’un double vitrage, ce n’est pas sur ce poste que vous économiserez le plus d’énergie. Il peut aussi être intéressant d’isoler la dalle de la cave pour éviter les déperditions de chaleur vers le bas. Enfin, on en vient à la ventilation. Une ancienne maison est rarement étanche et l’air se renouvelle de luimême. Par contre, après avoir mené d’importants travaux d’isolation et une fois la maison étanchéifiée, l’air n’est plus suffisamment renouvelé et la mise en place d’un système de ventilation mécanique devient indispensable. » Aujourd’hui, la meilleure option est de recourir à un système de 4 CONSEILS POUR BIEN DÉMARRER Il existe de nombreuses possibilités pour réduire son bilan carbone dans son foyer. En voici 4.

1 Isoler mon logement En effectuant des travaux, je peux améliorer le confort thermique et acoustique de mon logement et réduire mes dépenses de chauffage. De plus, la qualité de l’air dans mon appartement augmente si j’utilise un système de ventilation mécanique. Il est avant tout important d’éviter que la chaleur puisse s’échapper au travers des murs, de la toiture, des fenêtres, du plancher… lorsque ceux-ci sont mal isolés ou lorsqu’il existe des fuites d’air de l’intérieur du logement vers l’extérieur.

2 Chauffer grâce aux énergies renouvelables Les énergies alternatives sont des sources d’énergie propre et renouvelable. Je peux donc chauffer mon logement tout en contribuant à la protection du climat et à la réduction de la pollution. Avec les énergies renouvelables, je ne dépends plus des fluctuations des prix des énergies fossiles et j’augmente la sécurité d’approvisionnement.

3 Produire de l’électricité propre avec le soleil En installant des panneaux photovoltaïques sur ma toiture, je peux produire ma propre énergie verte et contribuer à la protection du climat tout en réalisant d’importantes économies.

4 Optimiser ma consommation d’énergie Grâce à quelques bons gestes au quotidien, je peux contribuer à la protection du climat et à la transition énergétique, tout en prenant soin de mon portemonnaie. Optimiser ma consommation d’énergie est un choix évident en complément des mesures de rénovation que j’entreprends.

récupération de chaleur à double flux. « Petit conseil: il est fort utile de prévoir cette installation au moment de vos travaux de rénovation principaux, parce qu’il faut ouvrir les murs et les cloisons… », ajoute Julien L’Hoest.

L’avènement de la pompe à chaleur En matière de chauffage, l’utilisation d’énergies renouvelables est une solution écologique pour produire de l’énergie de manière respectueuse de l’environnement. Les énergies renouvelables, également appelées « énergies régénératives », sont disponibles à l’infini sous forme de soleil et de vent, ainsi que d’eau et de chaleur géothermique. Le programme Klimabonus Wunnen vise à rendre les alternatives aux énergies fossiles encore plus accessibles. En particulier, le remplacement des anciennes chaudières par une pompe à chaleur, une chaudière à bois ou un raccordement à un réseau de chaleur est encouragé avec un bonus de remplacement et d’amélioration du système de chauffage.

À cela s’ajoute une nouvelle aide spécifique supplémentaire pour la neutralisation et le recyclage du réservoir à fioul. « Voici quelques années encore, personne n’aurait recommandé l’installation d’une pompe à chaleur dans une habitation existante. Le niveau d’efficience énergétique à atteindre dans le bâtiment était trop élevé pour que l’investissement soit rentable, constate Fenn Faber. Mais la technologie a bien évolué et différents systèmes sont disponibles sur le marché. » Une évolution que confirme Julien L’Hoest : « La tendance est clairement à l’abandon progressif des énergies fossiles et l’électricité est mise en avant. Le mix entre plus d’énergie renouvelable et une électricité de plus en plus verte est clairement plébiscité par les pouvoirs publics. La philosophie a complètement changé ces derniers temps. »

Dans ce contexte, la pompe à chaleur – déjà devenue incontournable dans la construction neuve – est en train de faire une entrée remarquée dans les chantiers de rénovation. « Pour qu’une pompe à chaleur fonctionne de façon performante, il faut ne pas avoir besoin d’une eau trop chaude pour alimenter le système de chauffage. Si, pour atteindre un bon niveau de confort intérieur, votre eau doit être chauffée à 70°C, la pompe à chaleur n’a aucun intérêt. Dans ce cas, il faut absolument isoler. Par contre, si une eau à 35 ou 40°C est suffisante, la pompe offrira un haut niveau de performance », explique Julien L’Hoest. Mais comment savoir si une telle installation est possible ? « Avant d’investir dans une pompe à chaleur, vous pouvez faire quelques tests. Pour commencer, diminuez la température sur votre chaudière actuelle. Si vous arrivez à maintenir votre eau chaude sous les 45°C sans perdre en confort, vous pouvez investir dans une pompe à chaleur », conseille Julien L’Hoest. Une autre solution plébiscitée par

CO2

LE BILAN CARBONE, MÉTHODE POUR AGIR CONCRÈTEMENT

L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en France, a publié en 2004 une méthodologie de quantification des émissions de gaz à effet de serre appelée bilan carbone. Cette méthode s’est, depuis, fortement développée et des bureaux d’ingénieursconseils commencent à s’en saisir au Grand-Duché.

Cet outil permet de comptabiliser les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, selon une méthode dont les règles sont publiques et officiellement reconnues. Toute entreprise, administration, collectivité ou même personne à titre individuel peut ainsi établir une comptabilité carbone de ses activités.

La méthode comprend trois domaines, dits scopes. Les scopes 1 et 2 concernent la facture d’électricité et de gaz ainsi que la consommation des véhicules possédés par l’entreprise. Le scope 3 englobe les émissions directes et indirectes de toute l’activité de l’entreprise.

Cette première étape a pour but de faciliter la mise en place d’actions prioritaires de réduction de ces émissions en hiérarchisant les différents postes d’émissions de gaz à effet de serre en fonction de leur importance. Soit une stratégie carbone qui succédera au bilan.

l’État luxembourgeois est celle du réseau de chaleur à base d’énergies renouvelables à l’échelle d’un quartier, d’une zone urbaine ou d’un village. « L’investissement global est évidemment plus important. Il demande un engagement fort de la part de la commune concernée et l’adhésion des citoyens impliqués, mais les premiers projets fonctionnent et d’autres vont se développer à l’avenir », partage Fenn Faber.

Le nouveau programme Klimabonus, d’application pour les projets initiés d’ici à fin 2025, introduit des procédures simplifiées pour accéder aux aides pour les projets de rénovation énergétique qui concernent un seul élément de construction de l’enveloppe thermique. « Cela signifie que si l’on souhaite uniquement isoler son toit, il ne sera plus obligatoire d’avoir recours à un conseiller certifié pour assurer le suivi du projet. Cela va dans le sens de la simplification souhaitée par tous les acteurs du secteur », ajoute Fenn Faber.

Matériaux biosourcés et autoconsommation Par ailleurs, la promotion des matériaux d’isolation écologiques est renforcée et va de pair avec l’abandon, à partir de 2024, des subventions pour des isolants à base de matériaux d’origine fossile. « Les matériaux biosourcés sont clairement privilégiés par le législateur, reprend Julien L’Hoest. L’impact carbone des matériaux utilisés dans les bâtiments, et particulièrement dans les constructions neuves, devient un sujet central. Dans le domaine de la réduction de la consommation d’énergie, le secteur a déjà fait d’énormes efforts et il est difficile d’aller beaucoup plus loin. Par contre, vu les exigences en matière de réduction des émissions de CO2 d’ici 2050, il est désormais essentiel de travailler sur l’impact carbone des matériaux. Si l’on remplace le béton par le bois, on utilise moins d’énergie lors de la mise en œuvre et cela permet de réduire l’impact environnemental du bâtiment, d’autant que le bois aura stocké du carbone durant sa croissance… »

À l’avenir, l’autoconsommation électrique par le biais de panneaux photovoltaïques et d’autres systèmes de stockage ainsi que la création de communautés énergétiques seront des maillons importants de la transition énergétique du pays. « Le cadre réglementaire est en train d’être précisé. Dans un futur proche, des consommateurs auront la possibilité de se regrouper, dans un périmètre géographique précis, afin de créer une communauté énergétique. La production et la consommation d’électricité seront mutualisées. Une partie de la consommation d’électricité pourra ainsi se faire de manière décentralisée et autonome, ce qui permettra de réduire les besoins d’investissement dans le réseau, détaille Fenn Faber. Avec les différentes crises que nous subissons et l’inflation actuelle des prix à la consommation, beaucoup de gens nous ont contactés ces derniers mois et sont motivés à l’idée d’investir afin de réduire leur facture d’énergie. La dynamique est en place. Notre conseil serait juste de dire qu’il ne faut pas se précipiter et bien étudier son projet pour le rendre le plus optimal possible, tant pour réduire sa consommation que pour améliorer son efficience énergétique. »

5 avantages fiscaux liés à l’immobilier

Au Luxembourg, il est possible de tirer un avantage fiscal de son investissement immobilier, que l’on soit propriétaire occupant ou encore bailleur. Tour d’horizon des possibilités existantes. Auteur S. L.

 1 PROFITER DE L’AMORTISSEMENT ACCÉLÉRÉ

L’acheteur d’un bien immobilier dédié à la location profite d’un mécanisme d’amortissement accéléré lié à cet achat. Depuis 2021, il peut amortir 4 % de la valeur du bien pendant 5 ans. Dans certains cas, il est toutefois possible de bénéficier d’un abattement supplémentaire de 1 % plafonné à 10.000 €, montant qui est doublé en cas d’imposition collective.

2 SOUTIEN AU LOGEMENT SOCIAL Au Luxembourg, le propriétaire d’un bien résidentiel peut bénéficier d’une exonération de 50 % des revenus locatifs nets générés par la location si le bien est destiné au marché social. Dans ce cas, le bien est pris en location par l’État via un partenaire conventionné. Le propriétaire accepte un loyer de 30 à 40 % inférieur à la valeur du marché. En échange, il profite d’une exonération de 50 % de ses revenus locatifs nets. Mais encore faut-il réaliser un revenu net positif pour profiter de l’exonération.

 3 CRÉDIT D’IMPÔT LIÉ À L’ACQUISITION D’UN PREMIER LOGEMENT Un abattement, appelé « crédit d’impôt », sur les droits d’enregistrement et de transcription est mis en place pour toutes les personnes souhaitant acquérir un immeuble à des fins d’habitation personnelle. Il est limité à 20.000 euros par acquéreur et est soumis à des conditions d’occupation effective et personnelle de l’immeuble.

 4 UNE TVA SUPER-RÉDUITE POUR LA CONSTRUCTION OU LA RÉNOVATION L’État soumet les travaux de construction et de rénovation d’un logement au taux de TVA super-réduit de 3 % sous réserve du respect de certaines conditions. Le bien doit être affecté à des fins d’habitation principale. Le montant total de la faveur fiscale résultant de l’application du taux super-réduit de 3 % ne peut pas excéder 50.000 euros par logement créé et/ou rénové.

 5 DÉDUIRE LES INTÉRÊTS EN LIEN AVEC UN ACHAT IMMOBILIER De nombreux frais liés à l’immobilier sont directement déductibles fiscalement, notamment les intérêts débiteurs en relation avec un prêt contracté pour l’acquisition ou la construction d’un bien.

09_credit Shutterstock, Romain Gamba Photos

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