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Luxembourg, Place de l’Europe


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ÉDITO

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JUIN 2014

par Jean-Michel Gaudron, rédacteur en chef – paperJam

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Luxembourg, Place de l’Europe

QUI VEUT GAGNER DES VOIX ?

F

aut-il en sourire ou s’en désoler ? La « palpitante » histoire en trois étapes de ce candidat malheureux à la version allemande de « Qui veut gagner des millions ? » semble poser en tous les cas plus de questions qu’elle n’apporte vraiment de réponses. Et certainement pas avec un million d’euros à la clé. Étape 1 : à la question « le nouveau Premier ministre luxembourgeois, âgé de 41 ans, et successeur de Jean-Claude Juncker, s’appelle Xavier… », ce postulant à une somme de 32.000 euros, tout de même, n’a pas été capable, même aidé par un ami, de donner la bonne réponse, (re)baptisant le président du parti libéral luxembourgeois « Trinkgeld » (ce qui est moins pire que « S chnorré » ou « Almosyus », qui étaient les deux autres possibilités qui lui étaient offertes, mais qui signifie quand même « pourboire » en allemand). Étape 2 : amusé de cette « mésaventure », Xavier Bettel fait savoir à ce candidat, via les réseaux sociaux, qu’il serait le bienvenu au Luxembourg si ses pas venaient à le mener sur les bords de l’Alzette. Étape 3 : moins d’une semaine après, c’est devant appareils photo et caméras TV que les deux hommes se rencontrent finalement quelques minutes devant l’Hôtel de Bourgogne. Quelque part, c’est bien tombé pour les médias, car en ce 8 mai 2014, jour

férié en France et en Belgique, ce n’est pas vraiment l’actualité « chaude » qui a fait remonter le thermomètre et séché l’humidité pluvieuse du moment. Que cette rencontre ait été initiée par le Premier ministre lui-même, comme l’affirment certains, ou bien, comme elle s’en vante elle-même, organisée par une chaîne de télévision luxembourgeoise établie au Kirchberg, elle s’inscrit, certes, dans la parfaite lignée du « style » Bettel : spontané, communiquant, à la limite de la joyeuse insouciance. « Il n’y a pas de calcul. Je suis comme je suis. Je ne peux pas changer », confiait Xavier Bettel dans les colonnes de paperJam il y a un an. Il venait tout juste de fêter ses 40 ans et n’était alors « que » bourgmestre de la Ville de Luxembourg et jurait encore ses grands dieux qu’un poste de ministre ne l’intéressait pas, sauf insistance manifeste et devoir à accomplir d’urgence. Neuf mois après, il était assermenté Premier ministre et entrait, quoi qu’il puisse en penser, dans une nouvelle dimension, dans laquelle ce type d’affichage médiatique décalé, parfois très « people », tient plus du bitcoin que de la monnaie courante : un concept novateur dont on ne mesure pas encore très bien la portée ni les tenants et les aboutissants. On s’étonnerait presque de ne pas voir les réseaux sociaux inondés de selfies pris aux côtés des grands de ce monde croisés

à l’occasion de tels sommets internationaux. Un exercice auquel s’est pourtant livrée, en compagnie du « sortant » Barroso notamment, son « aînée » Viviane Reding, en campagne pour les Européennes… À l’échelle de la politique européenne, Xavier Bettel n’est encore qu’un débutant. Et même si ce candidat malheureux à « Wer wird Millionär ? » ne constitue pas à proprement parler – et c’est heureux – un échantillon représentatif de la population outre-Moselle, son ignorance du nom du Premier ministre luxembourgeois montre que ce dernier a encore du chemin à parcourir en termes de notoriété. Et que l’on peut être le Premier chez soi et pas encore au top des descendants du Traité de Rome. Bien sûr, il a tout le temps devant lui pour se faire un nom. Si ce « coup » médiatique ne manque pas de lui apporter un petit élan de notoriété et de sympathie supplémentaires, il faudra tout de même afficher d’autres talents politiques pour entrer dans la Cour des grands. Ce ne sont pas les dossiers nationaux et internationaux qui manquent sur son bureau. Il n’aura pas souvent le choix entre quatre réponses possibles et comptera un nombre limité de jokers. Il pourra, évidemment, toujours se faire aider par quelques amis. Mais pour ce qui est du vote du public, il devra attendre 2018…

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

JUIN 2014 ENTREPRISES

59 STUGALUX Nouveau quartier en points de suspension

Le plan d’aménagement particulier d’une partie de Strassen, notamment pour des logements à bon marché, a été gelé. Le chantier est arrêté jusqu’à nouvel ordre.

ON EN PARLE

12 CONSERVATION ET PROTECTION DES DONNÉES Une loi à revoir dare-dare

Suite à l’invalidation d’une directive de 2006, une réforme de la législation sur la rétention des données s’impose. Le gouvernement devra revoir les dispositions sur les « infractions graves » permettant de consulter des données personnelles au nom de la lutte contre le terrorisme.

ÉCONOMIE ET POLITIQUE

19 AVIS CRITIQUE DU CONSEIL D’ÉTAT Fondation patrimoniale : le risque de l’illégalité

Les Sages ne veulent pas d’une boîte noire susceptible de nuire à la réputation de la Place.

28 DÉMOGRAPHIE ET EMPLOI Le travail se cherche une seconde jeunesse

Le vieillissement de la population et le départ à la retraite des actifs entraînent des défis structurels pour le marché du travail et les finances publiques. Un « plan de gestion des âges » est imaginé par le gouvernement pour motiver les structures de plus de 150 personnes, entre jeunisme et bienfaits de l’expérience.

32 QUARTIERS GÉNÉRAUX ET CENTRES FINANCIERS La chasse au trésor, façon gros gibier

Les professionnels veulent mieux « vendre » le pays comme centre attractif pour les opérations de trésorerie et de corporate finance. Les groupes internationaux sont de plus en plus séduits par le Luxembourg pour en faire un vrai hub de gestion globale. Le marché est énorme et le cash à capter est un enjeu colossal.

68 MICHEL WURTH PREND UNE « SEMI-RETRAITE »

82 START-UP

Un virage, pas un arrêt

La marque est dans le nez

Le 30 avril, Michel Wurth est sorti du comité de direction d’ArcelorMittal, tout en conservant un rôle d’interface entre le leader mondial de la sidérurgie et son entité luxembourgeoise, dont il préside le conseil d’administration. Il aura plus de temps pour se consacrer à ses mandats de président de la Chambre de commerce et de l’Union des entreprises luxembourgeoises.

74 PUBLICATIONS Il n’y a pas que le financier dans la vie

Les députés européens ont voté une directive visant à imposer aux entreprises de plus de 500 salariés la publication d’un rapport détaillant leurs démarches en matière de RSE. Au Luxembourg, certaines entreprises et organisations, même de plus petite taille, se sont déjà lancées dans cette démarche. Le mouvement est en marche…

78 TÉLÉCOMS Mobilis in mobili

La téléphonie mobile est en pleine effervescence, sur fond de nouvelle réglementation en matière de tarification. La décision très controversée de l’Institut de régulation de baisser radicalement les tarifs de terminaison d’appel oblige les opérateurs à revoir leurs business models. Les acteurs doivent envisager de freiner certains investissements.

Via Smell-Marketing, Niche Fragrance Distribution développe le concept de marketing olfactif. Au départ de Dudelange, elle répand des parfums pour mieux convaincre.

PLACE FINANCIÈRE

85 LE FUTUR DE LA PLACE EN DÉBAT Un horizon dégagé pour qui entreprendra

Deloitte organise le 3 juin prochain à la Philharmonie la 4e édition de la conférence Horizon dédiée à l’avenir des services financiers, en collaboration avec Thomson Reuters et Luxoft. L’occasion de faire le point sur un secteur qui pèse et qui veut continuer à peser.

90 DU CONGO BRAZZAVILLE À LUXEMBOURG La traque des biens mal acquis La famille Sassou N’Guesso, à la tête du Congo Brazzaville, avait notamment pris le contrôle d’une banque et d’une entreprise de béton. Des documents saisis par la justice montrent comment les actifs en vadrouille au Luxembourg, via hommes de paille ou sociétés écran, ont été rapatriés. D’autres sont encore bloqués.

96 CROWDFUNDING L’industrialisation attendra

Le crowdfunding se développe, lentement, au niveau local. L’émergence d’un marché européen tarde. Les autorités luxembourgeoises sont aux aguets, mais ne se bercent pas d’illusions.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

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COVERSTORY

Luxembourg, Place de l’Europe Le 25 mai sera européen. Et les citoyens auront leur mot à dire. Dans tous les cas de figure, le Luxembourg mérite d’être défendu, encouragé même, dans sa position européenne. C’est un des enjeux majeurs du scrutin : le pays doit être bien représenté à l’échelle parlementaire européenne, pour y rester entendu et écouté dans le concert général. C’est un gage, aussi, de proximité, pour que le citoyen se sente européen. La place financière, en particulier, regarde la suite des décisions et directives qui l’affecteront, de toute manière. Le Grand-Duché est au cœur de l’action. Luxembourg est Place de l’Europe.

40 44 ÉLECTIONS EUROPÉENNES L’EUROPE ET

46 52 CE QUE DISENT LES PARTIS CANDIDAT

54 EN UN COUP D’ŒIL

Enjeux sans frontière

Plus proche et avec plus d’intégration

Kirchberg, capitale de l’Europe

Le scrutin européen du 25 mai, huitième de l’Histoire, va renouveler la composition du Parlement de Strasbourg en élisant 571 eurodéputés, parmi lesquels six Luxembourgeois. L’une des grandes inconnues de ces élections sera l’importance de la montée des partis eurosceptiques.

LA PLACE FINANCIÈRE

Une tournée de directives aux goûts amers La mandature écoulée a été marquée par des régulations impactant le secteur financier et pas toujours adaptées aux réalités de chaque pays. Temporiser et défendre ses intérêts, la stratégie du Luxembourg n’a pas toujours été facile à tenir. Les professionnels doivent s’adapter.

Les arguments des quatre grands partis sont relativement proches. Ils visent tous plus d’effets citoyens et un rôle accru du Parlement européen en matière d’initiative législative. La lutte contre le chômage des jeunes est au cœur des préoccupations.

LUXEMBOURGEOIS SUR LE TERRAIN

Juncker on tour !

Pas soumis au vote direct des électeurs chez lui mais candidat à la tête de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker s’est offert un bus, des meetings, des bains de foule et des stades, façon rock star.

L’ensemble des fonctionnaires européens et assimilés représente, pour le Grand-Duché, quelque 11.000 personnes salariées qui n’entrent pas dans les statistiques du marché de l’emploi intérieur.

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SOMMAIRE

SOMMAIRE

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DÉSIRS Culture Gastronomie Commerces Sélections Mode Interview Style watch

Zoom sur Galerie 14

LIFESTYLE ET PLUS

TOP 5

DES ARTICLES LES PLUS LU SUR PAPERJAM.LU, DU 5 AVRIL AU 7 MAI 2014 1.  Daniel Tesch vide son sac (lu 5.117 fois) 2.  Sarah Khabirpour recrutée par la Bil(lu 3.804 fois) 3.  Gramegna dénoncé de l’intérieur(lu 3.047 fois) 4.  Un flop de 10 millions d’euros (lu 2.929 fois) 5.  Immobilier : il y a riche et riche (lu 2.908 fois)

CULTURE

Leonor Comin et Fabienne Vandaele viennent d'ouvrir une galerie dédiée à l'art contemporain et au design. Elles nous racontent leur parcours.

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Grande Région et théâtre

Venues de Bâle

SÉLECTION

Pour une escapade d'une journée ou d'un week-end, nous avons sélectionné les événements culturels en Grande Région. Le Fundamental Monodrama Festival nous présente les coups de cœur de son programme.

106 GASTRO

L'actualité des fines bouches

Zoom sur Philippe About, champion du Luxembourg de cocktails. Une recette originale du Stübli. La nouvelle génération à La Gaichel et les nouveautés en matière de restauration.

MONTRES

Après Baselworld, la foire mondiale de l'horlogerie, quelques montres d'exception.

110 MODE

Une nouvelle marque Yileste est une nouvelle marque de prêt-à-porter dessinée au Luxembourg et fabriquée avec des tissus européens.

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INTERVIEW

Yann Kersalé

Cet artiste de la lumière signe une lampe pour Hermès, l'occasion de le rencontrer pour qu'il nous parle de son travail et de sa passion.

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DESIGN

Retour de Milan

Événement mondial en la matière, le Salon du meuble de Milan donne le la de la création. Quatre pages de nouveautés et de tendances.

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AGENDA

À suivre 21/0

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LÉGISLATION

Les plans directeurs sectoriels à la loupe Depuis le temps que le dossier traîne… Les quatre plans directeurs sectoriels (Zones d’activités économiques, Transports, Logement, Paysages), en gestation depuis 2009, vont être l’objet d’une journée complète de présentation à la Chambre des députés, devant les membres de pas moins de six commissions parlementaires : Environnement, Affaires intérieures, Développement durable, Logement, Agriculture et Économie.

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Tour d’horizon des événements à ne pas manquer dans les prochaines semaines au Luxembourg.

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2014-2019

Élections européennes Plusieurs dizaines de millions d’électeurs sont appelés aux urnes, entre le 22 et le 25 mai, pour élire les nouveaux représentants de chaque État au sein du Parlement européen (lire toute la coverstory de cette édition). Au Luxembourg, une dernière table ronde d’information se tiendra le 19 mai à Wiltz, en présence de Marc Angel (LSAP), Jeff Feller (DP), Christophe Hansen (CSV), Jean Schoos (ADR), Claude Turmes (Déi Gréng), Alain Herman (KPL), Thérèse Gorza (Déi Lénk), Jean Colombera (PID) et Ben Allard (Piratepartei).

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MÉDIAS

RÉSULTATS

RTL2, la fin du recours

Les caoutchouteuses au rapport

Droit du patrimoine culturel

Le 27 février dernier, la toute nouvelle Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel (Alia) avait rejeté la demande de modification du cahier des charges de la radio DNR (groupe Saint-Paul) en vue de créer la « nouvelle » radio RTL2. Remise en cause du pluralisme, contournement des objectifs de la loi de 1991 sur les médias électroniques, faible part réservée à l’information ou encore faible utilisation de la langue luxembourgeoise : tels avaient été les motifs de refus du projet. Saint-Paul et RTL, les instigateurs du projet, ont jusqu’au 27 mai pour introduire un recours gracieux ou un recours en annulation devant le tribunal administratif.

La « galaxie » du groupe Socfin, notamment spécialisé dans l’exploitation de plantations de caoutchouc, tient toutes ses assemblées générales le même jour : Socfinaf, puis Socfinasia et enfin Socfin. L’occasion de tirer un trait sur une année 2013 un peu moins bonne que les autres, avec des bénéfices en baisse : -32 % pour Socfinasia à 46,2 millions d’euros, -30 % pour Socfin (la structure faîtière) à 29,9 millions et -2,6 % pour Socfinaf à 29,4 millions.

Consultant expert mandaté par le ministère de la Culture, François Desseilles a rendu, fin 2013, une étude sur le Droit du patrimoine culturel au Luxembourg. La ministre DP de la Culture, Maggy Nagel (photo), en présentera les grandes lignes devant la Commission de la culture, présidée par Lydie Polfer.

RAPPORT

PROMOTION

Road show à Prague

Dans le cadre de ses missions de promotion de la place financière, l’agence Luxembourg for Finance organise, en République tchèque, un séminaire d’une journée complète. Localisé à Prague, cet événement sera notamment l’occasion de mettre l’accent sur les secteurs de la gestion de fortune et des fonds d’investissement.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Photo : archives paperJam

N ON ELE PAR

UNE LOI À REVOIR DARE-DARE CONSERVATION ET PROTECTION DES DONNÉES

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Le 8 avril dernier, la Cour de justice de l’UE a invalidé la directive de 2006 sur la conservation des données par les opérateurs de communications électroniques.

Suite à l’invalidation d’une directive de 2006, une réforme de la législation sur la rétention des données s’impose. Le gouvernement devra revoir les dispositions sur les « infractions graves » permettant de consulter des données personnelles au nom de la lutte contre le terrorisme. Des mesures de sécurité, aujourd’hui inexistantes, devront être introduites pour éviter les abus et l’accès illicite. Texte Véronique Poujol


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

« Une énumération limitative permettrait de réserver l’accès aux données aux enquêtes et aux actes de poursuite relatifs à des infractions qui se situent clairement dans le contexte du terrorisme et de la criminalité organisée. » Gérard Lommel (CNPD)

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e 8 avril dernier, la Cour de justice de l’UE a invalidé, à la demande de la High Court irlandaise et de la Cour constitutionnelle allemande, la directive de 2006 (2006/24/CE) sur la conservation des données par les opérateurs de communications électroniques, jugeant que le texte comportait une ingérence « d’une vaste ampleur et d’une gravité particulière dans les droits fondamentaux au respect de la vie privée et à la protection des données à caractère personnel ». Or, cette ingérence, pour nécessaire qu’elle soit dans la lutte contre le terrorisme ou la criminalité organisée, doit être limitée au « strict nécessaire ». C’est loin d’être le cas, y compris au Luxembourg, où la transposition de la directive par la loi du 24 juillet 2010 a ouvert un spectre très large aux intrusions des autorités, qui peuvent aller puiser les données pour toutes les infractions prévoyant des peines de prison égales ou supérieures à un an. Le catalogue est plutôt épais et c’est un point qu’il faudra corriger. Interrogé sur les conséquences de l’invalidation de la directive sur le plan national, Gérard Lommel, le président de la Commission nationale de protection des données (CNPD), indique que l’analyse est toujours en cours et qu’il devrait communiquer sa position formelle au gouvernement d’ici la fin mai. Il semble évident, au regard des avancées très courageuses qu’ont posées les juges européens le 8 avril dernier, que le texte luxembourgeois de 2010 passera à son tour à la trappe, même si tout n’est pas à jeter. Gérard Lommel rappelait ainsi à la mi-avril dans la presse que la loi avait prévu « une sorte de filtre » empêchant par exemple « le gouvernement ou la police d’accéder directement (aux) données auprès des opérateurs téléphoniques ou de réseau internet ».

La loi a ouvert un spectre très large aux intrusions des autorités.

« Nous sommes très fiers, à la CNPD, ajoute son président, d’avoir réussi à rallier le gouvernement et le législateur à la nécessité d’une ordonnance du juge d’instruction pour accéder à ces données. C’est une protection importante qui fait défaut dans d’autres pays. » De fait, ce filtrage fut également réclamé lors des débats sur la transposition de la directive de 2006 par la Commission consultative des droits de l’Homme (CCDH). Le Conseil d’État, qui avait mis des oppositions formelles au texte du gouvernement (la sous-traitance de la conservation des données fut retirée suite à ses réserves), veilla lui aussi à ce que des garde-fous protègent les citoyens. Toutefois, mis à part les protestations dans les cercles restreints des défenseurs des droits à la vie privée, le projet de loi sur la conservation des données ne provoqua pas de débats enflammés au niveau national. Il faut ajouter que le nouveau texte constituait à l’époque une avancée certaine par rapport à la précédente réglementation, la durée de conservation des données ayant été ramenée de un an à six mois (le minimum prévu par la directive de 2006) et le seuil des peines de prison permettant de fouiller dans les données fut, lui, allongé de six mois à un an, au grand dam du Parquet général, qui réclamait le maintien du seuil précédent. Interdiction de transfert

Après les dérapages des agences américaines et des services de renseignement européens avec les écoutes systématiques, le transfert massif de données d’opérateurs vers les autorités et les dysfonctionnements du Service

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR

Une discrète autorité de contrôle On ne le sait pas assez, mais il existe, à côté de la CNPD, une Autorité de contrôle relative au traitement des données à caractère personnel. Son rôle est de veiller à ce que les traitements informatisés des données effectués par la police, l’Inspection générale de la police, l’Administration des douanes et accises et même le Service de renseignement de l’État soient conformes aux dispositions légales. Cette autorité, qui travaille avec des bouts de chandelles faute d’un budget conséquent, selon son rapport annuel publié mi-mars, est actuellement constituée de Georges Wivenes, procureur général adjoint, Pierre Weimerskirch et Thierry Lallemang, tous deux de la CNPD. Son secrétariat est inexistant tout comme fait défaut, depuis 2002 ( ! ), un règlement grand-ducal qui régirait son fonctionnement et son organisation. Ce manque de moyens avait été pointé du doigt dans un rapport de mai 2009, après le passage au Luxembourg du Comité d’évaluation Schengen (fin 2008, début 2009), mais « aucune suite n’a été réservée à cette recommandation du Comité européen », note le rapport de 2013. Une nouvelle évaluation est en cours avec des experts étrangers, qui continuent à poser les mêmes questions sur les moyens financiers et humains de l’autorité. Douanes : Le traitement des données par cette administration ne fait pas l’objet d’un règlement grand-ducal, « ce qui rend aléatoire toute opération de contrôle », car les fichiers de la base de données

de renseignement du Luxembourg (dont on n’a pas encore mesuré l’intrusion dans les bases de données), le sort et l’usage qui sont faits des données sont devenus, dans l’intervalle, une préoccupation majeure des citoyens. La protection des données personnelles s’est invitée dans le débat électoral des Européennes du 25 mai. Le parti le plus radical de la coalition gouvernementale, Déi Gréng, rappelle dans son programme que « la protection des données constitue un droit civil fondamental et moderne » et qu’il « faut impérativement interdire aux entreprises de transférer ou de transmettre des données de citoyennes et citoyens européens vers des pays tiers s’ils ne respectent pas les règles strictes de protection des données en vigueur dans l’UE ». Les Verts réclament la refonte de la Charte numérique des droits fondamentaux, « qui interdit, entre autres, la surveillance généralisée et systématique des personnes » et demandent l’annulation de la directive européenne relative à la conservation des données. De son côté, le DP assure qu’il « ne ménagera aucun effort pour remédier aux abus » et exige une « révision critique de la directive sur la conservation des données ». « Le DP est d’avis que la conservation des données déroge à la Charte des droits fondamentaux de l’UE, parce qu’elle constitue un empiètement inacceptable sur la sphère privée des citoyens, comme le rappelle d’ailleurs la Cour de justice de l’UE dans son arrêt du 8 avril. » De toute façon, le cadre juridique européen sur la protection des données est appelé à évoluer pour remplacer une directive de 2008, qui n’avait pas suffisamment tenu compte d’internet. Un « paquet protection des données » avait été ficelé

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(DO-COM) comprenant les rapports d’activité des agents ne prévoient pas de mécanisme de justification de l’accès. Or, les douanes ont des compétences dans le domaine de la prévention et de la recherche d’infraction. Une première ébauche d’un avant-projet de loi a été transmise à l’Autorité par le directeur de l’Ada. Police grand-ducale : On apprend dans le rapport que le Système d’information Schengen (SIS) relatif aux personnes recherchées, étrangers illégaux signalés, personnes disparues et témoins placés en sécurité au Danemark a été piraté et que cet accident a affecté 1.500 signalements luxembourgeois. Le rapport confirme aussi que la base réglementaire pour le traitement des données remonte à 1992, qu’elle n’est « pas adéquate » et « ne répond pas aux exigences de licéité et de légitimité prévues par la loi pour garantir la sécurité du traitement et les droits individuels ». Srel : L’Autorité note l’absence de dispositions sur la durée de conservation des données dans la loi de 2004 sur le Srel (une réforme est en cours), alors qu’une autre réglementation sur la classification des pièces impose une destruction ou un effacement des données entre six mois et cinq ans. « Cette disposition n’a pas été respectée », souligne le rapport 2013, en citant les fiches historiques retrouvées dans les doubles archives du Service de renseignement. V. P.

Il faudra veiller à interdire le transfert de données de l'UE vers des États tiers.

en 2011 par la Commission européenne. Le Parlement a sérieusement amendé le texte et l’a adopté au niveau de la Commission des libertés civiles. Le texte devrait être finalisé pour le premier semestre 2015. En attendant, rien n’oblige, sinon moralement, les États membres à ne pas conserver leurs lois inspirées de la directive invalidée, imposant aux fournisseurs de conserver les données relatives au trafic, les données de localisation ainsi que les données connexes nécessaires à identifier l’abonné ou l’utilisateur. Précisons que le texte n’autorise pas la conservation du contenu de la communication ni des informations consultées. Revoir le seuil des peines

L’analyse sommaire de l’arrêt du 8 avril de la Cour de justice permet d’identifier une série de non-conformités de la loi du 24 juillet, qui avait transposé la directive litigieuse. La plupart des écueils avaient déjà été pointés du doigt par la CNPD dans son avis du 26 avril 2010. La Commission consultative des droits de l’Homme en avait, de son côté, rajouté une couche et, en dépit de certains amendements qui avaient été apportés par la Chambre des députés (sur la sous-traitance notamment, qui avait été d’abord autorisée avant d’être interdite), son avis reste actuel, près de quatre ans après sa rédaction. Les juges européens critiquent, dans leur arrêt, le législateur de l’Union pour avoir « excédé les limites qu’impose le respect du principe de proportionnalité » et déplorent que


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

N ON ELE PAR Demandes d’accès aux données, selon la CNPD, 2011-2013

2.200

90 %

demandes par an, environ, pour consulter les données conservées

98 %

des demandes concernent des données aux mains d’opérateurs de téléphonie mobile

« l’ingérence vaste et particulièrement grave de cette directive dans les droits fondamentaux en cause (n’ait) pas (été) suffisamment encadrée afin de garantir que cette ingérence soit effectivement limitée au strict nécessaire ». Car la directive couvre « de manière généralisée l’ensemble des individus, des moyens de communication électronique et des données relatives au trafic sans qu’aucune différenciation, limitation ou exception soit opérée en fonction de l’objectif de lutte contre les infractions graves », dit la Cour, déplorant l’absence « de critère objectif » permettant de garantir que les autorités nationales compétentes n’aient accès aux données et ne puissent les utiliser qu’aux seules fins de « prévenir, détecter ou poursuivre pénalement des infractions susceptibles d’être considérées comme suffisamment graves pour justifier une telle ingérence ». « La directive , poursuivent les juges, se borne à renvoyer de manière générale aux ‘infractions graves’ définies par chaque État membre dans son droit interne. » En avril 2010, la CNPD avait déjà rendu le législateur attentif au respect du principe de la proportionnalité et rappelé qu’une « mesure attentatoire au respect de la vie privée ne se justifie que dans le contexte particulier de la lutte contre la criminalité grave, et plus particulièrement le terrorisme et la criminalité organisée, et que sous des conditions très strictes, en particulier celle d’un contrôle juridictionnel préalable ». Gérard Lommel se souvient avoir préconisé au gouvernement d’établir une liste d’infractions graves auxquelles les faits recherchés devaient correspondre. « Une énumération limitative , notait-il,   permettrait de réserver l’accès aux données aux enquêtes et aux actes de poursuite relatifs à des infractions qui se situent clairement dans le contexte du terrorisme et de la criminalité organisée ou à la poursuite d’infractions dont le degré de gravité permet de les y assimiler. » La rapporteure du projet de loi de l’époque, Christine Doerner, CSV, avait décliné, estimant que la mise en place d’un catalogue d’infractions se serait révélé trop compliqué à gérer. Le texte original, fixant qu’une peine de prison d’un an autorisait la « fouille » des données retenues, lui fut préféré. La CCDH avait, elle aussi, protesté, en vain : « Le seuil d’infractions pénales pour la conservation des données à une peine dont le maximum est égal ou supérieur à un an vise de facto la quasi-totalité des infractions contenues dans le Code pénal. Ceci dépasse donc très largement les auteurs de terrorisme et de criminalité organisée et s’étend potentiellement à un nombre très important de personnes (pour ne pas dire la quasi-totalité des personnes) », soulignait son avis de juillet 2010. Il va donc falloir remonter ce seuil. Gérard Lommel ne veut

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concernent des informations de moins de trois mois

26 %

des demandes n’aboutissent à rien

pas encore s’exprimer sur une durée, mais l’avis de 2010 de la CNPD notait que certains pays avaient choisi un seuil de peine de cinq ans. Valeur de test

Déi Gréng rappellent que « la protection des données constitue un droit civil fondamental et moderne ».

D’autres correctifs devront être apportés à la loi du 24 juillet 2010 par le gouvernement de Xavier Bettel pour interdire explicitement le transfert de données de l’UE vers des États tiers. C’est là une exigence « étonnante » de la Cour de justice de l’UE, car jusqu’à présent, il n’y avait pas de restrictions à ce transfert hors de l’UE, pour autant que les États tiers présentaient des garanties de protection des données équivalentes à celles de l’Union. L’arrêt du 8 avril dernier obligera par ailleurs le Luxembourg à revoir les dispositions sur la sécurité des données. Le texte de 2010 n’en prévoit pas, alors que la CNPD avait notamment préconisé, il y a quatre ans, l’encryptage des données sauvegardées, ainsi qu’une protection efficace desdites données contre les risques d’abus et contre l’accès et l’utilisation illicites des données. Ses recommandations étaient restées lettre morte. La réforme de la législation sur la rétention des données et la rapidité avec laquelle elle sera mise en œuvre aura valeur de test pour le gouvernement bleu, rouge et vert, qui a promis de mettre de la transparence dans les rouages de l’État et de regagner la confiance des citoyens dans les institutions. Le ministre de la Justice, Felix Braz, a reçu la semaine dernière de la part du président de la CNPD les statistiques sur les consultations par les autorités des données sauvegardées par les opérateurs de communication. La loi du 24 juillet 2010 ne prévoyait pas de les rendre publiques, et d’ailleurs l’ancien gouvernement avait fait le choix de ne pas les publier, en ne les transmettant qu’à la Commission européenne qui exige ces informations. Le Luxembourg établit des données fiables depuis 2011, mais selon un rapport d’octobre 2013 de la direction générale Affaires intérieures de la Commission européenne sur la rétention des données, les statistiques transmises par la Police grand-ducale se révélaient trop « partielles », car ne portant que sur les communications mobiles et pas l’internet. Selon les chiffres du rapport, 124 demandes d’accès aux données conservées avaient été communiquées par la police en 2009, sans aucun détail de la durée de leur détention, 112 demandes ont été enregistrées en 2010, 87 en 2011 et aucune information n’avait été fournie en 2012.


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Économie & politique

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Avis critique du Conseil d’État

FONDATION PATRIMONIALE : LE RISQUE DE L’ILLÉGALITÉ Les Sages ne veulent pas d’une boîte noire susceptible de nuire à la réputation de la Place.

Photo : Mazars

Une récente conférence organisée à Luxembourg a encore montré l’intérêt croissant de la Place pour cette thématique.

Le Conseil d’État a avisé le 29 avril dernier le projet de loi que lui avait soumis en septembre 2013 le ministre des Finances d’alors, Luc Frieden, destiné à créer de toutes pièces une «  fondation patrimoniale  » made in Luxembourg. Il s’agit d’un véhicule ambitionnant de positionner la place de Luxembourg « en rang utile » face à ses concurrents pour capter la clientèle des très riches (une dotation minimale initiale de 50.000 euros sera exigée à sa création). Et des clients « intéressés et respectueux des exigences de gouvernance caractérisant une place financière moderne ». Il y a toutefois matière à redire sur le caractère « moderne » et conforme aux standards de bonne gouvernance de certaines dispositions du projet de loi, surtout sur le plan de l’égalité et de la prise en compte des droits des héritiers. Des passages du texte dérogent au droit commun. Ce véhicule ne serait ni une association, ni une fondation au sens connu jusqu’ici du droit luxembourgeois : un statut qui a « certes le charme de l’innovation », ironisent les conseillers d’État, mais qui mériterait d’être clarifié, notamment pour expliciter son caractère d’entité de droit privé. Les Sages s’interrogent en filigrane sur le véritable but de la fondation patrimoniale : « Une question fondamentale reste ouverte », écrivent-ils

« Il n’est dit nulle part de quelle manière sera assuré que les dispositions d’ordre public en matière de réserve héréditaire sont respectées. » « Il est d’autant moins précisé, ajoutent-ils, quelles seraient les conséquences d’un tel non-respect. » Sans le dire explicitement, les craintes du Conseil d’État seraient que, sous couvert de l’innovation financière et la diversification de la Place, le Luxembourg accouche d’un nouvel instrument à la disposition de gens très riches leur permettant d’organiser leur succession au mépris des droits de certains héritiers et partant, de l’ordre public. « Comme la fondation patrimoniale est destinée à répondre à de multiples besoins tant au Luxembourg que dans un contexte international, le risque existe que cet instrument soit utilisé pour donner des avantages illégaux, ou du moins illégitimes, à un ou plusieurs fondateurs ou bénéficiaires », souligne l’avis du Conseil d’État, lequel demande aux autorités de revoir le texte et d’y inclure « des dispositions destinées à éviter des dérives susceptibles de porter ombrage à un instrument juridique légitime en soi ». Signe du temps, il est assez exceptionnel que les Sages, sans pour autant émettre d’oppositions formelles, à ce stade, avertissent ainsi le législateur sur les risques d’une utilisation galvaudée de structures de droit luxembourgeois. Le Conseil d’État souligne par ailleurs la

nécessité d’appliquer aux fondations patrimoniales les règles dites « know your customer », afin d’éviter que ce type de véhicule ne devienne de nouvelles boîtes noires de la finance luxembourgeoise et mette à néant les efforts de normalisation de la Place. Les Sages fustigent aussi certaines dispositions du projet de loi octroyant aux fondations patrimoniales des avantages et exceptions en matière de comptes annuels qui avaient été réservés aux vieux holding de la loi de 1929 et auxquels le Luxembourg a dû renoncer au nom de la transparence financière. Une approche « minimaliste » dictée « par des raisons de protection de la vie privée » (pour dissimuler l’existence de certains actifs ?), qui interpelle le Conseil d’État : « Il appartiendra au gouvernement et aux acteurs économiques concernés de faire en sorte d’éviter des interprétations négatives des dispositions afférentes dans le contexte financier international marqué par un souci de transparence financière. » Si le Luxembourg entend vraiment sortir de la non-conformité dans laquelle il s’est fait enfermer à l’automne dernier par le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements fiscaux, le successeur de Luc Frieden serait bien avisé de tenir compte des recommandations du Conseil d’État… V. P.

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Tram

Un projet qui avance dans la douleur GOUVERNEMENT

Alors que le vote des textes législatifs encadrant la construction du tram est attendu dans les prochaines semaines, la contestation autour du projet s’intensifie.

Popularité en baisse Les résultats du dernier Politmonitor (sondage TNS Ilres pour RTL et le Wort) montrent un recul du capital « sympathie » du gouvernement : Xavier Bettel perd 5 à 75 points, Étienne Schneider 3 à 51 ou encore Pierre Gramegna 5 à 42. Le plus populaire est Jean Asselborn (80). Il est aussi intéressant de noter que 23 % des personnes interrogées (contre 20 % en septembre 2013) ne font confiance à aucun parti.

Photo : Luxtram GIE

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IMMOBILIER PROFESSIONNEL

Les bureaux plus en vue que le retail L’immobilier de bureaux a connu un bon 1er trimestre au Luxembourg, avec une prise en occupation de quelque 33.235 m2 (selon Inowai), soit 22 % de mieux par rapport à l’an dernier. Un dynamisme qui se répercute sur le taux de vacance, qui poursuit sa baisse depuis le pic de 2009 (9 %) et continue d’osciller autour des 5 %. Le retail, en revanche, tourne un peu au ralenti. Selon Cushman & Wakefield, la location a concerné 7.300 m2 sur les trois premiers mois, contre 8.100 m2 un an plus tôt. La livraison des 15.000 m2 du centre Hamilius (photo) en 2017 influe évidemment sur les prises de décision. Pour ce qui est des investissements, les voyants sont au vert, avec un peu moins de 300 millions injectés via 11 opérations, selon Inowai, soit plus d’un tiers du total des investissements 2013.

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Le projet du tram continue un petit bonhomme de chemin qui s’apparente de plus en plus à un parcours du combattant. Certes, François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, est confiant : les dossiers législatifs poursuivent leur chemin, dont la loi de financement des travaux et acquisitions qui doit être votée à la Chambre des députés dans le courant du mois de mai, voire juin. Un vote important, puisqu’il engagera l’État pour 230 millions d’euros (HTVA) pour la construction de la première ligne reliant la gare à Luxexpo. La Ville de Luxembourg s’engage pour le tiers restant, soit 115 millions d’euros. Le ministre souhaiterait faire coup double avec le vote, dans la foulée, d’un autre texte important : celui régissant la construction de l’arrêt « Pont Rouge », situé sous l’édifice Grande-Duchesse Charlotte, entre le centre-ville et le Kirchberg. Le gouvernement a adopté le projet de loi encadrant cet important ouvrage le 4 avril dernier et dont les travaux sont estimés à 96 millions d’euros, incluant la nouvelle gare CFL, la mise

en place d’escaliers et d’ascenseurs vers le Pfaffenthal et le funiculaire transportant les usagers vers le Kirchberg. La mise en place du tram est prévue de manière progressive. « N ous allons commencer par implanter le tram au Kirchberg, puisque toutes les infrastructures sont en place pour l’accueillir dans des couloirs déjà réservés  », explique François Bausch. C’est donc le tronçon situé entre Luxexpo et le Pont Rouge qui devrait être inauguré en 2017. Le phasage a été réalisé en collaboration avec les spécialistes en la matière, regroupés au sein du GIE Luxtram, et nécessite une gestion précise des différents chantiers en collaboration avec la Commune. Les autres parties du parcours se feront en parallèle des différents chantiers sur les zones concernées pour aboutir à une mise en service de l’ensemble du parcours à l’horizon 2020/2021. Mais, pendant ce temps-là, la résistance s’organise. Après l’avis très critique de la Chambre des métiers, fin mars (l’institution trouve, en substance, le projet trop cher, trop


ACTUALITÉ

rigide, trop inflexible et générateur de trop de travaux…), qui suivait celui, mitigé également, de la Chambre de commerce, ce sont les commerçants qui sont montés au créneau. L’Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL) et la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) ont ainsi lancé un appel aux pouvoirs publics au sujet de « l’établissement de mesures nécessaires » au bon déroulement des futurs travaux du tram. Si elles ne sont pas, en soi, opposées au développement du tram, les deux organisations regrettent que toutes les alternatives pour désengorger les principales artères de la ville n’aient pas été étudiées. Elles insistent surtout sur une gestion aussi globale que rigoureuse des chantiers, afin de réduire au maximum les nuisances directes et indirectes de ces travaux sur les activités commerciales. Elles veulent notamment une prise en charge des préjudices économiques liés à la réalisation du tram via une commission d’indemnisation, qui devra mettre en place des procédures simplifiées et efficaces de dédommagements rapides. L’aspect financier est également au cœur des préoccupations des signataires d’une pétition publique qui, ouverte à la signature à la mi-avril, a récolté en l’espace de deux semaines les 4.500 signatures requises pour la tenue d’un débat devant la Commission parlementaire compétente sur le dossier. Cette pétition « contre le tram et le gaspillage d’impôts qui ne résoudront en aucun cas le problème de mobilité », déposée par un jeune (27 ans) citoyen de Peppange, appelle à une consultation publique par voie référendaire, tout comme l’a fait le député ADR Roy Reding, qui avait déposé, en mars, une proposition de loi allant dans ce sens. Parmi les signataires de la pétition, certains l’ont fait à titre privé et à visage découvert, tel Robert Dennewald, le président de la Fedil, qui redoute que ce projet « ne soit un grand gouffre financier », explique-t-il, interrogé par paperJam.lu. « Je sais aussi que je ne suis pas le seul Luxembourgeois à me faire des soucis, mais la grande majorité reste silencieuse et n’ose pas s’exprimer. Il est de bon ton de dire que ‘tout le monde veut ce tram’. C’est faux. Ce tram ne résoudra pas le problème de la mobilité et d’autres solutions mériteraient qu’on y regarde de plus près, comme le système de bus mis en place à Metz pour un coût deux fois moins élevé, avec un impact moindre sur l’environnement. J’espère qu’avec ce débat, le monde politique va prendre conscience du fait que tous les Luxembourgeois ne vont pas dans la même direction et que des gens se font de vrais soucis sur l’opportunité de ce projet.  » C. C., J.-M. G. & T. R.

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2014 Total des immatriculations aux 1ers trimestres 2009 à 2014

IMMATRICULATIONS

Premier trimestre poussif Les ventes de voitures neuves au premier trimestre de cette année n’ont pas réussi à décoller par rapport à 2013, déjà marqué par un net repli du marché automobile. Selon le Statec, le nombre de voitures neuves particulières immatriculées en trois mois s’est stabilisé à 12.311 véhicules (contre 12.315 pour la même période de 2013). L’effet Autofestival, sur lequel comptaient les concessionnaires début janvier, ne s’est donc pas – ou pas encore – produit. Sur le seul mois de mars n’ont été vendues que 4.773 voitures particulières. C’est le plus faible résultat enregistré depuis 2009.

CONSEIL DE PRESSE

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES

Du neuf avec du vieux

De la croissance et des efforts

Le Conseil de presse, l’organe de régulation de la profession de journaliste au Luxembourg, a renouvelé, comme tous les deux ans, son organe de direction. Il s’agissait notamment de nommer un successeur à Fernand Weides, l’ancien directeur de la radio socioculturelle, qui a terminé son mandat alors qu’il est officiellement en retraite depuis l’été dernier. Le « nouveau » président est Roger Infalt (Tageblatt, président de l’Association luxembourgeoise des journalistes). Il retrouve un siège qu’il avait déjà occupé entre 2006 et 2008. Renouvellement également au niveau de la vice-présidence, désormais occupée par deux autres « anciens » de l’institution : Danièle Fonck (Editpress / Tageblatt, qui fut présidente entre 2008 et 2010) et Joseph Lorent (Union des journalistes Luxembourg), qui lui succéda entre 2010 et 2012.

Les perspectives de croissance pour le Luxembourg, publiées par l’OCDE, s’établissent à 2,2 % pour 2014, puis à 2,8 % pour 2015, en même temps que des efforts d’assainissement budgétaire sont attendus, sur base de soldes de budget négatifs de -3,9 % en 2014 puis de -3,2 % en 2015. « En 2015, le nouveau régime de TVA mis en place dans l’Union européenne pour le commerce électronique pèsera sur la compétitivité, tandis que le relèvement des taux de la TVA intérieure freinera la demande », relève encore l’OCDE, qui note que le mécanisme d’indexation rétrospective des salaires pourrait transmettre les effets de l’augmentation de la TVA sur lesdits salaires, « portant ainsi préjudice à la compétitivité ». Quant à l’inflation, l’OCDE table sur 1,8 % cette année et 1,9 % l’an prochain.

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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

ARTISANAT

État entreprise

Porté par le développement durable

Quand la diplomatie rencontre le business Une conférence diplomatique revisitée et un succès certain pour l’ensemble des participants, des deux côtés de la table…

L’artisanat semble avoir bien tiré son épingle du jeu en 2013 avec 420 nouvelles entreprises et 2.900 emplois créés, selon la Chambre des métiers. Outre la réforme du droit d’établissement, le secteur bénéficie d’un engouement autour de la construction durable. Le potentiel des nouvelles constructions à haute performance énergétique et de l’assainissement énergétique a été estimé à 427 millions d’euros par an.

FISCALITÉ INTERNATIONALE

Le ministre des Finances a décidé de partir au front pour défendre le régime luxembourgeois des rulings et de la propriété intellectuelle face aux injonctions de la Commission européenne, qui y voit des aides d’État. Pierre Gramegna a eu le feu vert pour saisir « les juridictions européennes » de recours en annulation contre les deux injonctions de demandes d’informations lancées par Bruxelles le 24 mars dernier et dont la légalité est mise en doute.

ENQUÊTE

Un aéroport qui plaît aux Belges

JOHAN VANNESTE

Réalisée fin 2013 par le magazine belge Test Achats, une enquête de satisfaction globale menée auprès des passagers de différents aéroports européens et compagnies aériennes a placé l’aéroport du Luxembourg au premier rang (à égalité avec celui de Munich) sur 35 aéroports cités, avec un score de 80 sur 100. De quoi satisfaire Johan Vanneste, fraîchement arrivé aux fonctions de CEO de la société d’exploitation Lux-Airport.

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Photo : Charles Caratini

Ruling et IP : arbitrage demandé

Derrière la photo, officielle et pompeuse, de tous ces ambassadeurs et consuls généraux posant autour du ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, pour illustrer la tenue, du 22 au 24 avril, de la traditionnelle conférence diplomatique, se cache un rassemblement économique d’intérêt… et pas assez connu. En effet, sur les trois jours durant lesquels les représentants, diplomatiques et économiques, du Luxembourg à l’étranger étaient rapatriés, une journée fut consacrée à des rencontres économiques. Une innovation. Ainsi, aux représentants de tous les Luxembourg Trade and Investment Offices, dépendant du ministère de l’Économie, se sont ajoutés pour la première fois cette année ambassadeurs et consuls généraux. Ils ont pu, ainsi, ensemble, présenter aux acteurs économiques luxembourgeois opérant (ou projetant d’opérer) à l’international le soutien dont ils pourraient bénéficier dans les pays où le Grand-Duché

tient une représentation. Réciproquement, ils ont également pu bénéficier de présentations sectorielles (ICT, logistique, secteur automobile et matériaux, EcoInnovation) réalisées par des « ambassadeurs » desdits secteurs, notamment les présidents des clusters concernés. Du donnantdonnant, en somme, révélateur d’un État entreprise dont il faut savoir profiter quand le moment se présente. L’après-midi a d’ailleurs donné lieu à des possibilités de rencontres – dans un format speed dating – entre les représentants de l’État à l’étranger et ceux des entreprises luxembourgeoises. Les questions ? « Nous souhaitons attirer de nouveaux clients à Luxembourg. Avez-vous des conseils ou pistes à nous donner afin de cibler de bons prospects ? » pour une société de services informatiques. « Nous souhaiterions connaître les thématiques de recherche prioritaires entre le Luxembourg et les autorités étrangères afin de développer de nouveaux

partenariats », pour un conseiller aux entreprises. Un célèbre producteur de lait luxembourgeois s’interrogeait lui sur les possibilités d’exporter. Les Big Four eux-mêmes, réputés proches des plus hautes sphères du pouvoir, se sont montré intéressés par la formule. L’un d’entre eux est notamment venu s’enquérir des évolutions de traités avec certains pays d’Asie. Interrogés sur la pertinence d’un tel événement, les représentants du secteur privé n’ont pas tari d’éloges. Des Français ayant monté leur boîte au Grand-Duché se frottent encore leurs yeux pour arriver à croire ce qu’ils ont vu. Ils faisaient pourtant partie d’un happy few, car le format ne permet pas d’inviter des centaines de personnes et la publicité a été limitée. Mais l’expérience, devant normalement être reproduite tous les deux ans, est à réitérer. Elle permet en effet d’économiser le coût d’un tour du monde… et de le faire en une après-midi. P. S.


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ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

MISE EN DEMEURE

Le ciel commun a trop attendu

Photo: Andrés Lejona (archives)

De manière très officielle, la Commission européenne vient de demander à l’Allemagne, à la Belgique, à la France, aux Pays-Bas et au Luxembourg d’améliorer leur bloc d’espace aérien fonctionnel. Depuis décembre 2010, le Grand-Duché s’est bel et bien allié à ses voisins pour une « gestion commune du trafic aérien », mais ce traité devait être ratifié avant fin… 2012. « L’absence de progrès ralentit considérablement la mise en œuvre du Ciel unique européen, ce qui, à son tour, génère des pertes d’efficacité dans l’ensemble du système européen de gestion du trafic aérien atteignant 30 à 40 % du total des coûts de navigation aérienne et des redevances perçues en Europe », souligne encore la Commission. Bruxelles évalue la perte sèche à quelque 5 milliards d’euros par an. En outre, les progrès qui devaient être réalisés en ce qui concerne la rentabilité des services de navigation aérienne « sont tout aussi insuffisants, se traduisant par une facture plus lourde pour les compagnies aériennes ». Les États visés disposent de deux mois pour réagir et communiquer leurs observations.

Fin mars, le taux de chômage s’est stabilisé à 7,1 %, avec 18.536 demandeurs

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SH

d’emploi (+0,7 % en un mois). Le taux d’inflation mesuré par le Statec est passé de 0,84 % en mars à 0,78 % en avril. L’indice de confiance des consommateurs de la BCL a rechuté à -6 en avril, son plus bas niveau depuis août 2013.

LUXINNOVATION

LÉGISLATION

Priorité aux PME

Le colportage autorisé sous conditions

Luxinnovation, l’agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, a accompagné, en 2013, 367 entreprises et organismes pour, entre autres, recourir à des aides, qu’elles soient nationales ou inscrites dans le cadre d’un programme européen. 60 % de ces entreprises sont des PME, ce qui correspond à son cœur de cible. « Ces entreprises peuvent, par cette démarche, jouer un rôle international. Il s’avère que la taille n’est pas forcément un frein, puisqu’elles sont souvent parmi les plus innovantes », a noté le président de Luxinnovation, Raymond Schadeck, lors de la présentation du bilan 2013 de l’agence. D’ailleurs, des 90 entreprises différentes qui ont reçu en 2013 l’aval gouvernemental pour obtenir un financement en recherche et innovation (143 dossiers), 57 d’entre elles étaient, de fait, des PME.

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Fin avril est entrée en vigueur la nouvelle législation relative à la pratique du colportage, alignant le Luxembourg sur le droit européen, qui exige qu’une visite d’un professionnel au domicile d’un consommateur ne soit pas d’office considérée comme illégale. Depuis 1987, ce colportage était purement et simplement interdit, ce qui n’empêchait évidemment pas sa pratique… Désormais, par un autocollant posé sur sa porte, tout citoyen-consommateur peut indiquer ne pas souhaiter de visite intrusive d’un démarcheur. Il pourra également obtenir plus facilement, en cas de litige, la nullité du contrat signé et la restitution de l’argent payé sans limite de délai. Sans autocollant, il est évidemment possible de refuser l’entrée à un démarcheur et, en cas de problème, d’obtenir l’annulation d’un éventuel contrat de vente.

« Il faut bien plus longtemps pour changer une mentalité que pour construire un mur. »

Tom Wirion, directeur général de la Chambre des métiers, cité dans Le Quotidien du 5 mai,  à propos de l’artisanat, sa promotion et son image.


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CONFÉRENCE DIPLOMATIQUE

Missions et perspectives économiques

La conférence diplomatique, qui rassemble tous les deux ans les chefs de missions diplomatiques et consulaires luxembourgeois ainsi que les directeurs du ministère des Affaires étrangères et européennes, a eu lieu du 22 au 24 avril 2014. Les travaux ont évoqué la prospection économique, l’évolution de la place financière, la stratégie d’image de marque et de promotion internationale… Les représentants des entreprises luxembourgeoises actives à l’étranger ou désirant s’y développer ont pu échanger avec les chefs de poste informations, conseils et perspectives. Photos Charles Caratini

Carlo Krieger et Claude Jentgen (ministère des Affaires étrangères)

Georges Schmit (Consulat général San Francisco), Younhee Kim (LTIO Séoul), Yurino Matsuko (LTIO Tokyo)

Lors de l’intervention de David Arendt, sur le Freeport.

Micaël Weber (Post Telecom), Cindy Tereba (Chambre de commerce) et Georges Santer (ambassadeur du Luxembourg en France)

Carole Tompers (Luxembourg for Business) et Gérard Philipps (ambassadeur à Copenhague) — JUIN 2014

Nathan Tiburzio (Niche Guardian)

Guy Tanonkou (Skyliz Connect)

Sasha Baillie (MAE, vers le ministère de l’Économie) et David Lutty (Jan de Nul Group)

Christel Bordoni (Luxlait) et Hubert Wurth (ambassadeur à Vienne)

Francis Da Silva (CCILL – Chambre de commerce et d’industrie luso-luxembourgeoise) et Sabrina Sagramola (Chambre de commerce)


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Démographie et emploi

Le travail se cherche une seconde jeunesse Le vieillissement de la population et le départ à la retraite des actifs entraînent des défis structurels pour le marché du travail et les finances publiques. Un « plan de gestion des âges » est imaginé par le gouvernement pour motiver les structures de plus de 150 personnes. Jeunisme vs bénéfices de l’expérience, les mentalités devront changer pour s’adapter à la réalité démographique.

Photo : David Laurent (archives)

Texte Thierry Raizer

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Quitter la vie active du jour au lendemain pour profiter d'une retraite bien méritée, un scénario qui devrait moins être une généralité à l'avenir.


ACTUALITÉ

Photo : Luc Deflorenne

« Nous n’avons pas remarqué de changements concrets depuis 2010. » Pol Wagner (IUIL)

L

a retraite à 70 ans. Cette mesure n’est pas la dernière trouvaille du gouvernement luxembourgeois, mais de son homologue australien. Confronté à un vieillissement de la population (d’ici 30 ans, le nombre d’Australiens de plus de 65 ans va doubler et celui de plus de 85 ans tripler) et aux impératifs budgétaires qui s’y rapportent, le gouvernement de Canberra ne lésine pas sur les moyens. Ce qui provoquerait certainement une levée de boucliers syndicaux au Luxembourg ne doit pas être analysé avec légèreté. Car le constat est le même en Europe. La crise de 2008 avait amené une hausse du chômage, le vieillissement de la population européenne annonce désormais une pénurie de main-d’œuvre, comme l’avait déjà estimé Eurostat dans des statistiques datant de... 2010 : -42 millions de travailleurs potentiels à l’échéance de 2060. Un scénario qui pourrait empirer si l’on ne tenait pas compte de l’immigration (-96 millions de travailleurs potentiels). Les prévisions et sondages sont parfois trompeurs, mais la tendance est perceptible et réelle. Elle fait d’ailleurs l’objet de colloques et autres réunions publiques plus ou moins régulièrement. En 2010, l’Institut universitaire international Luxembourg (IUIL) avait déjà initié une sensibilisation autour de la « valorisation des travailleurs seniors ». L’exercice a été reconduit en 2014, car les choses n’auraient pas véritablement changé de façon structurelle. « Nous n’avons pas remarqué de changements concrets depuis 2010, déclare Pol Wagner, le directeur de l’IUIL. Or, la question qui se pose est double. Il s’agit, d’une

part, de garantir un financement pérenne du système des retraites et, d’autre part, d’assurer la transmission des compétences au sein des entreprises. » Remise à plat

Dans les deux cas, l’afflux massif d’une nouvelle main-d’œuvre qui viendrait renforcer les rangs semble difficile à trouver. « Les frontaliers qui répondent aux besoins du marché luxembourgeois sont déjà sur place, l’un des indicateurs à ce sujet est leur niveau de formation qui est plus élevé que les résidents, ajoute Pol Wagner. Il faut donc trouver des solutions autour des travailleurs dits seniors, entre le moment où ils partent en retraite et la fin de leur parcours professionnel. » Ce qui revient à remettre en cause l’âge du départ à la retraite, plus spécifiquement des départs anticipés. « Nous observons que des employeurs mettent en place, pour des besoins économiques, des plans de départ en retraite anticipée, ce qui ne facilite pas, à terme, la transition entre générations », note Pol Wagner. Cette pratique du départ anticipé, le CEPS / Instead la relevait déjà dans un de ses cahiers consacrés aux politiques managériales des entreprises envers les seniors (janvier 2013). L’auteur, Kristell Leduc, indiquait que « l’enjeu est de rompre avec la culture de départ précoce que les systèmes de préretraite ont insufflée. Ensuite, il concerne les entreprises qui doivent vouloir et pouvoir, en termes de rentabilité, maintenir en activité des travailleurs âgés ». L’enjeu est économique, mais il passe avant tout par un changement de mentalités nourries par une culture de la performance souvent assimilée au jeunisme. Ceci se ressent notamment sur les recrutements, qui s’avèrent

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PROJECTIONS

Investir dans la productivité Plutôt recrutés dans les secteurs du transport et de la communication, selon les données du CEPS / Instead, les travailleurs seniors sont une denrée appelée à devenir rare, selon la Commission européenne et sa « DG » en charge de l’analyse du marché de l’emploi. Représentée par Jörg Peschner lors de la conférence fin février de l’IUIL, la Commission recommande d’agir rapidement pour juguler la diminution des réserves potentielles de maind’œuvre. À court terme, il faut considérer « toutes les ressources moins exploitées », autrement dit examiner les mesures possibles pour augmenter l’employabilité des femmes, des jeunes et attirer de la main-d’œuvre non européenne. Dans le même temps, le focus doit être porté sur la productivité. Faute de bras supplémentaires, la Commission recommande d’investir dans cette seule « source restante de croissance à l’avenir ». D’autant plus que des régions et pays concurrents (États-Unis, Inde, Japon…) ne présentent pas les mêmes difficultés ou disposent d’une réserve de maind’œuvre féminine potentielle. D'autres prennent les devants, comme la Chine, qui a décidé d'assouplir progressivement sa fameuse « politique de l’enfant unique » introduite au début des années 80. T. R.

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ACTUALITÉ

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plutôt défavorables à la génération « 50+ ». Par corollaire, les travailleurs âgés, notamment parmi les moins qualifiés, sont souvent touchés par le chômage. Les données de l’Adem indiquent ainsi que pas moins de 25 % des chômeurs sont âgés de plus de 50 ans (4.065 personnes inscrites de 50 à 59 ans, 577 personnes âgées de plus de 60 ans). Pire, le chômage de longue durée – plus de 24 mois – est un chômage senior. L’Administration de l’emploi recense en effet quelque 2.000 personnes de plus de 50 ans sans emploi. Travail à temps partiel, programmes de tutorat assurant le passage de relais entre collaborateurs expérimentés et jeunes pousses… les idées ne manquent pas pour les patrons et les employés, qui doivent, eux aussi, fournir leur part d’effort. « Les travailleurs eux-mêmes doivent jouer un rôle en fonction de leur volonté et de leur capacité de rester en activité, ajoute Kristell Leduc. Ils doivent, d’une part renoncer à la culture du départ précoce à la retraite et, d’autre part, également accepter d’envisager leur carrière comme un processus discontinu intégrant de la formation tout au long de la vie, voire une seconde carrière. » Impulsion et incitation

À chacun ses responsabilités. Y compris dans le chef des pouvoirs publics qui, à l’instar des pays nordiques depuis plusieurs années, peuvent influencer les initiatives des entreprises. Ils doivent aussi montrer l’exemple en leur sein. « Le vieillissement actif est véritablement un enjeu transversal qui implique de nombreux partenaires et nécessite une coordination des différentes politiques publiques », estime Kristell Leduc. Un message que les partis coalisés semblent partager, puisqu’une section est dédiée aux seniors dans le programme gouvernemental, le tout dans le contexte de la stratégie européenne dite « 2020 », qui fixe au Luxembourg un objectif d’emploi de 73 % à cette échéance. « Cet objectif ne peut cependant être atteint que si, entre autres, le taux d’emploi des seniors (…) est augmenté de manière conséquente », indique la feuille de route de l’exécutif. L’un des outils imaginés dans ce contexte est la concrétisation du « plan de gestion des âges ». L’avant-projet de loi qui le régit est sur les rails depuis le 4 avril dernier, suite au feu vert du Conseil de gouvernement. Partant du constat que « la pratique de se séparer des salariés les plus âgés reste largement répandue », il obligera les entreprises de plus de 150 salariés (alors que les recrutements se font plutôt dans les petites structures) à mettre en place des mesures pour faciliter le maintien en activité des seniors. La philosophie participative sera

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STATISTIQUES

Luxembourg : peut mieux faire Comparativement à ses voisins européens, le taux d’emploi des seniors les moins qualifiés est plus faible. Taux d’emploi des seniors selon le niveau de formation Primaire / Secondaire supérieur Luxembourg

Secondaire inférieur Post-secondaire Enseignement supérieur non supérieur

24,9 %

34,6 %

66,8 %

Belgique

26,1 %

41 %

53,1 %

France

32,4 %

41 %

54,6 %

Allemagne

39,8 %

56,1 %

73,2 %

34,9 %

48,2 %

65,2 %

Moyenne UE (27 pays) Source : Eurostat, EFT - 2010

retenue, puisque les patrons pourront choisir trois des sept mesures préconisées : le recrutement des salariés âgés dans l’entreprise ; l’anticipation de l’évolution des carrières professionnelles ; l’amélioration des conditions de travail et la prévention des situations de travail difficiles avec un potentiel de séquelles sur le plan de la santé ; la mise en œuvre de mesures préventives pour la santé ; le développement des compétences et des qualifications et accès à la formation ; l’aménagement des fins de carrière et de la transition entre activité et retraite ; la transmission des savoirs et des compétences et développement du tutorat. Validé avec la délégation du personnel et les partenaires sociaux, ce pacte pourra être accompagné, le cas échéant, de l’aide du Comité pour l’analyse et la promotion des conditions de travail rattaché à la Division de la santé au travail, créé dans le sillage de la nouvelle législation. Vers plus de flexibilité du Code

Des sanctions sont bien prévues (une amende administrative de 10.000 euros pour les entreprises récalcitrantes), mais la tonalité de ce texte modifiant le Code du travail, souvent critiqué, côté patronal, comme étant trop rigide, va vers plus

40,5 %

C’est le taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans au Luxembourg en 2013. Une progression par rapport à 2000 (26,7 %), mais en dessous de la moyenne européenne (50,3 %). (Source : Eurostat)

de flexibilité. Les salariés de plus de 50 ans (disposant d’une ancienneté de 10 ans au moins) pourront ainsi demander une réduction de 50 % de leur temps de travail. En échange, si l’employeur embauche un chômeur inscrit à l’Adem pour remplacer le mi-temps vacant, le Fonds pour l’emploi lui versera « une prime correspondant au montant de la part patronale des cotisations sociales dues pour le salarié en question ». L’idée de stages en entreprises qui pourront être proposés par l’Adem aux demandeurs d’emploi de plus de 50 ans afin, éventuellement, de déboucher sur un contrat est aussi couchée sur le papier. À l’heure où les syndicats regrettent que les travailleurs âgés de plus de 45 ans soient perçus comme trop âgés pour les entreprises, ces mesures représentent un premier pas non négligeable pour parvenir à une refonte du régime des préretraites. Le gouvernement entend s’y attaquer en coordination avec les partenaires sociaux. Parmi ces derniers, le LCGB rappelle sa doléance de recourir à une « préretraite progressive dans l’intérêt des salariés pour permettre d’une part un départ à mi-temps et d’autre part de former la relève ». Car la planification du départ des collaborateurs d’aujourd’hui ne sera couronnée de succès que si elle est liée avec le repérage et la préparation des talents et décideurs de demain.

Place aux jeunes ! Ce slogan, souvent entendu lors des départs en retraite, serait amené à être nuancé. C’est en tout cas l’un des enseignements d’un marché du travail européen qui devra, à terme, combiner vieillissement de la population et renouvellement des effectifs. Différentes mesures sont évoquées, dont un « plan de gestion des âges » par le gouvernement luxembourgeois.



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ACTUALITÉ

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Quartiers généraux et centres financiers

La chasse au trésor, façon gros gibier Les professionnels veulent mieux « vendre » le pays comme un centre attractif pour les opérations de trésorerie et de corporate finance. Les groupes internationaux sont de plus en plus séduits par le Luxembourg pour en faire un vrai hub de gestion globale, entre visibilité et substance. Le marché est énorme et le cash à capter est un enjeu colossal. Texte Alain Ducat Photos Christophe Olinger

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ACTUALITÉ

Un global board à Luxembourg. Jadis pur fantasme, devenu parfois virtuel, c’est une réalité de plus en plus concrète aujourd’hui.

L

e 28 avril dernier, une vingtaine de dirigeants, essentiellement américains, du groupe IAC (International Automotive Components) débarquait au Findel. Puis, quelques centaines de mètres plus loin – rue Lou Hemmer, dans le complexe de bureaux Da Vinci –, ils s’en allaient procéder à une réunion du board. Et, du même coup, le big boss James Kamsickas (président et CEO de IAC Group) pouvait officiellement couper le ruban inaugural des nouvelles installations luxembourgeoises des global headquarters de cet important groupe industriel mondial, d’origine américaine et présent partout sur la planète, pesant plus de 5,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires et qui prépare – annonce faite depuis Luxembourg – son entrée en Bourse… En fait, ce groupe passait déjà par le GrandDuché (lire page 34), mais son développement actuel correspond à une volonté de transparence et de substance, liée à un essor du business, européen et mondial. Le 10 avril, dans les bureaux de la Cloche d’Or qu’elle a récemment investis, la société d’origine allemande Yapital faisait aussi une annonce : « Jusqu’ici, nous avions la maison mère à Hambourg et la filiale à Luxembourg. D’ici peu, notre quartier général et siège sera à Luxembourg, et notre filiale sera à Hambourg », déclarait Nils Winkler, président et CEO de Yapital. Au printemps 2012, sortie du groupe Otto, Yapital débarquait au Luxembourg avec une idée bien arrêtée sur le futur des paiements mobiles, une solution « cross-channel », une licence de service de paiement validée par la CSSF et une ambition globale… Après un démarrage discret depuis la rue Goethe, Yapital a grandi et a constitué une équipe pluridisciplinaire et internationale. Neil Scoble, managing director de Yapital Financial AG à Luxembourg, a posé ses valises il y a près d’un an déjà,

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en provenance de Londres… Et autour de lui gravite aujourd’hui une équipe de 22 personnes. « Nos perspectives nous font entrevoir que ce staff sera doublé à la fin de l’année », confie-t-il. Un véritable label full services

Ces deux exemples sont, outre récents, symptomatiques. Et ce ne sont que des arbres qui, désormais, ne cachent plus la forêt. Le 22 avril, lors d’une conférence « parrainée » par EY, LCTE se trouvait braquée officiellement sous les projecteurs. Luxembourg Corporate Treasury Expertise se présente comme un label, « un outil pour la promotion du pays, en mettant en avant la valeur ajoutée que drainent ceux qui, par leur expertise, contribuent à attirer des entreprises internationales », résume Olivier Robin, porteur du projet LCTE et en charge des conférences et événements de l’Atel. L’Association des trésoriers d’entreprise à Luxembourg aura 20 ans le 19 décembre. Sur cette période, les directeurs financiers et autres CFO ont rapidement pris de l’ampleur dans les entreprises et dans le pays. Ils en ont par conséquent donné à l’association, qui compte quelque 250 membres aujourd’hui. Habitués à jongler avec les devises, les trésoriers d’entreprise œuvrent pour une approche un peu différente de la promotion globale. LCTE propose cette approche, le ministre de l’Économie Étienne Schneider la valide, et redit à qui veut l’entendre qu’une promotion efficace pour « vendre » le pays est primordiale pour le développement général. Car l’idée de LCTE n’est pas de fournir un crayon de plus dans une galaxie d’outils, déjà en tentative de refonte pour un nation branding plus cohérent. L’objectif est d’avoir une promotion concrète, qui se fonde sur le savoirfaire de la Place et de ses métiers financiers.

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ACTUALITÉ

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Fabrizio Dicembre (IAC Group Europe) gère la trésorerie, à Luxembourg, d’un groupe mondial innovant aux activités industrielles et financières planétaires.

GLOBAL HEADQUARTERS

Un Américain à Luxembourg IAC Group a pour cœur de métier l’habillage intérieur des véhicules (tableau de bord, consoles de commandes, isolation acoustique, garnitures de portes…), avec pour clients les grands constructeurs automobiles, un peu partout dans le monde. Le groupe américain d’origine (de Southfield, Michigan), sans bruit, a construit une partie de ses activités financières en passant par le Grand-Duché. Un premier pied a été posé lors de la création, en 2006, d’une Sàrl qui avait pour vocation première de consolider une fusion-acquisition d’entreprises du segment. C’est à l’époque Intertrust qui avait capté ce gros poisson, d’abord domicilié chez elle. Aujourd’hui, la société de corporate services est toujours dans le jeu, notamment via une directrice, Sylvie Abtal-Cola, qui siège comme administrateur indépendant dans le board européen. Luxembourg est ensuite monté en puissance dans la logique du groupe, au point de devenir group global headquarters. La société luxembourgeoise est, clairement, la faîtière mondiale. La présence locale s’est accentuée depuis l’été 2012. IAC Group Europe assure la coordination financière européenne, le cash-management en neuf devises, des fonctions de comptabilité pour l’ensemble du groupe, des opérations de développement d’activités internationales (tout récemment, en finançant une nouvelle usine en Chine). Il est en outre prévu, dans un futur proche, de relocaliser à Luxembourg d’autres fonctions importantes pour le groupe. IAC mise beaucoup sur les opérations logistiques, un signe ? À l’évidence, la substance est là et elle croît. « Nous avons un show-room, des locaux fonctionnels, prévus pour davantage de personnel que celui que nous occupons pour l’instant ici », détaille Fabrizio Dicembre, directeur european treasury operations en poste à Luxembourg, où il a une solide expérience. Il y a une demi-douzaine de postes permanents (« On peut raisonnablement doubler avant la fin d’année », souligne M. Dicembre), plus quand débarquent les membres du board du groupe, qui sont autant de visiteurs captés par le Grand-Duché, au moins le temps de quelques grandes décisions. A. D.

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« Nous sommes de plus en plus sollicités et nous avons de plus en plus de contacts directs, avec des sociétés étrangères, des groupes internationaux, qui cherchent des solutions pratiques et efficaces pour leur structure globale », poursuit Olivier Robin. « Nous voulons rassembler les acteurs, coordonner les initiatives et montrer le Luxembourg comme plateforme idéale pour un centre de trésorerie européen », prolonge François Masquelier, président de l’Atel. Il y a, à l’échelle planétaire, une réelle chasse aux groupes ayant besoin de centraliser leurs avoirs et de gérer les flux de la manière la plus optimale – par exemple depuis un quartier général stratégiquement situé. Le Luxembourg a des atouts à faire valoir, qui ne se résument pas à des considérations fiscales ou à de vagues images sur les charmes du pays. « Lors du choix de la meilleure des localisations pour établir un centre de trésorerie européen, différents critères entrent en ligne de compte, poursuit François Masquelier. L’élément fiscal et l’élément coût sont des critères essentiels mais à eux seuls ils n’emportent pas nécessairement la décision. Il est donc intéressant de proposer l’offre la plus complète et la plus homogène possible » : stabilité légale, législative et fiscale (« L’incertitude fiscale est un élément qui incite aujourd’hui nombre de centres de trésorerie à reconsidérer leur localisation », note le président de l’Atel), un triple A qui rassure les investisseurs… Mais aussi « un environnement favorable à la centralisation des activités de cashpooling européen (en euros ou en autres devises). Il est possible de mettre en place les deux types de cash-pooling, balances à zéro ou notionnels (lire aussi l’encadré en page 36). Il n’y a pas de frottement fiscal sous la forme de retenue à la source ni de barrière aux paiements d’intérêts. Le Luxembourg a par ailleurs négocié nombre de conventions de double imposition avec d’autres pays. Enfin, il faut rappeler que le nouveau gouvernement a annoncé étudier divers moyens de rendre le cash-pooling plus attractif. » L’Atel fait d’ailleurs partie des interlocuteurs directs dans cette réflexion, au sein du Haut Comité de la place financière. Un gros potentiel, parfois tout près

S’ajoutent, pour qui compare les atouts des uns et des autres, les compétences locales, à caractère international, développées par toutes les activités connexes à l’industrie bancaire et financière au Luxembourg. Dans tous les cas, la trésorerie, préoccupation centrale de groupes internationaux, est une porte d’entrée idéale. « LCTE n’est pas un outil


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ACTUALITÉ

ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

STRATÉGIE

Pas morts, les notionnels On pouvait les croire enterrés. Mais manifestement, les intérêts notionnels ont la vie dure chez les décideurs. En deux mots, les intérêts et autres charges d’emprunts grèvent le bénéfice comptable et économique de l’entreprise. Le mécanisme des intérêts notionnels prétend réduire, voire supprimer, toute distorsion fiscale. On crée un intérêt théorique (dit notionnel) devant rémunérer les actionnaires, qui ont apporté les fonds propres. Cet intérêt notionnel ne constitue pas une charge comptable mais vient directement en déduction de la base imposable de la société. Le concept fait partie de ceux que l’Atel recommanderait de considérer. Et dans les esprits politiques (malgré des coups de frein formels que donne surtout le LSAP du ministre de l’Économie), l’idée continue à faire son chemin. Les réunions de travail, entre professionnels de la Place et techniciens des ministères (Finances et Économie) n’ont pas accouché de toutes leurs vérités en tout cas. « Il faut faire les comptes, confie un proche du dossier. Le système d’intérêts notionnels peut rapporter gros. Évidemment, on ne doit pas faire du copier-coller sur les systèmes belge ou italien par exemple. On doit avoir une plus-value luxembourgeoise, une formule originale et présentable, pour faire bouger les lignes. » La rentabilité de la formule, un peu comme dans le calcul des entreprises sur le capital et les fonds propres, est à évaluer à la bonne aune. L’exemple belge est édifiant. En tête des sociétés ayant obtenu les plus importantes déductions d’intérêts notionnels, on trouvait en 2011 (lorsque son centre financier était encore logé à Bruxelles) la… Luxembourgeoise ArcelorMittal, avec près d’1,6 milliard d’euros déduits à ce titre. A. D.

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Photo : EY

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L’Atel, avec le soutien gouvernemental et du cabinet EY, met, via le label LCTE, le focus sur Luxembourg comme centre de trésorerie et de corporate finance.

de promotion qui va contre les autres, souligne Olivier Robin. Mais nous avons une approche directe, concrète, globale. L’association est neutre mais indépendante, d’initiative privée, clairement orientée business. Nos contacts sont intéressés à faire des affaires. Et nous pouvons y aider en tant qu’apporteurs d’affaires et gestionnaires avisés. » Dans l’intérêt général... Car, s’il est évident que de plus en plus de groupes optent pour le Luxembourg et s’y donnent une substance pour gérer leur développement, il y a encore beaucoup de parts de marché à aller chercher, ou chiper aux concurrents. « Rien que sur la France, témoigne un CFO très actif dans la veille business, on peut compter un millier de sociétés et groupes qui font plus d’un milliard de chiffre d’affaires et 50 millions d’Ebitda (earnings before interest, taxes, depreciation and amortization, ndlr). » Cela fait du potentiel à alpaguer, dans une chasse au trésor, en mode gros gibier. « Le succès appelle le succès, commente François Masquelier. Et en démontrant notre volonté d’être plus attractifs, nous serions une alternative crédible face aux pays qui pensent à accroître la taxation pour combler les déficits budgétaires. » Les métiers de la trésorerie et l’expertise dont ils s’entourent peuvent, à l’évidence, être un facilitateur auprès

des entreprises qui pourraient envisager une localisation au Grand-Duché. Pour les grands argentiers d’entreprise, les concepts de « banque interne » d’un groupe ou de payment factory sont intéressants. « Alors que l’OCDE et nombre d’États entendent lutter contre la détaxation de certains revenus ou profits, il semble justement pertinent d’apporter de la substance et de centraliser les activités sous la forme de centres de service partagés. Réduire ses coûts de fonctionnement par la centralisation de la trésorerie est un objectif pour beaucoup de sociétés », notent Olivier Robin et François Masquelier.

L’Atel (association des trésoriers) a lancé LCTE, Luxembourg Corporate Treasury Expertise, un label qui se veut un argument d’appel pour les multinationales. Les groupes internationaux sont de plus en plus sensibilisés à tout ce qui fait du Luxembourg un vrai hub de gestion globale. Les exemples se multiplient, avec de la substance et des perspectives de développement. Et le marché reste très ouvert : il y a encore beaucoup de cash à attirer.


LIST

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FRANK ENGEL

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MARIANNE INGER PESCH-DONDEL

GEORGES BACH

VIVIANE REDING

ISABEL S LIMA WISELER-SANTO

CHRISTOPHE HANSEN

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Photos : Junckerepp

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COVERSTORY

Coverstory

Luxembourg, Place de l’Europe Textes Alain Ducat, Jean-Michel Gaudron, Véronique Poujol et Thierry Raizer

Le 25 mai sera européen. Et les citoyens auront leur mot à dire. Quel que soit le niveau d’implication des habitants de l’Union, quel que soit le résultat des urnes, le Luxembourg restera au cœur de l’Europe. Géographiquement, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, quand bien même les velléités d’élargissement ont sensiblement déplacé le centre de gravité. Mais politiquement et institutionnellement, le Grand-Duché aura toujours une place à part. D’abord en tant que capitale européenne : si le débat n’est jamais complètement éteint et, parfois même, remonte à la surface de l’actualité, Luxembourg est et reste un centre d’ancrage fort, aux côtés de Bruxelles et de Strasbourg. Le Grand-Duché est légitime à ce niveau, depuis les prémices de la grande idée communautaire, puisqu’il était du noyau dur qui a donné le Benelux, avec la Belgique et les Pays-Bas. Or, si Bruxelles est devenu (surtout quand ça va moins bien) synonyme de source de bien des maux, Luxembourg est, à la fois, victime d’une sorte d’acharnement (une autre source de maux, fiscaux ou secrets, à en croire certains augures ou quelques lobbies) en tant que pays attirant et est censé réparer lesdits maux quand vu comme siège de la Cour de justice. Dans tous les cas de figure, Luxembourg mérite d’être défendu, encouragé même, dans sa position européenne. C’est un des enjeux majeurs du scrutin du 25 mai : le pays doit être bien représenté à l’échelle parlementaire européenne pour espérer y rester entendu et écouté dans le concert général. C’est un gage, aussi, de proximité pour que le citoyen se sente européen. Luxembourg a un atout particulier dans cette aventure. Singulièrement, c’est un homme qui a perdu de l’aura sur son sol : Jean-Claude Juncker redeviendra-t-il prophète en son pays ou, au moins, porteur de l’étendard au lion rouge vers le plus haut de la Commission ? Pas soumis au vote national – il n’est pas sur les listes pour ces élections européennes –, il est candidat à la présidence de la Commission et, à ce titre, il a mené la plus tonitruante de ses campagnes, sans doute. Tout cela aura un impact. Il y aura un avant et un après. Rien de révolutionnaire, mais rien d’anodin non plus. Le pays a sa place dans l’Union. L’union sacrée doit guider le pays pour qu’il maintienne son rang. La place financière, en particulier, regarde la suite des décisions et directives qui l’affecteront, de toute manière. Le Grand-Duché est au cœur de l’action. Luxembourg est Place de l’Europe.

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COVERSTORY

Élections européennes

Enjeux sans frontière Le scrutin européen du 25 mai, huitième de l’Histoire, va renouveler la composition du Parlement de Strasbourg en élisant 571 eurodéputés, parmi lesquels six Luxembourgeois. Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, fin 2009, le rôle des parlementaires européens a gagné en importance. L’une des grandes inconnues de ces élections sera l’importance de la montée des partis eurosceptiques. Textes Jean-Michel Gaudron et Thierry Raizer

N

om : Union européenne (anciennement Communauté économique européenne). Date de naissance : 25 mars 1957. Taille : 4.271,6 milliers de km2, étalés sur 28 pays. Nombre d’habitants : 503 millions. Le décor est impressionnant et, dans ce grand théâtre géopolitique, le casting des principaux acteurs est sur le point de démarrer. Entre le 22 et le 25 mai prochain, chacun des 28 États membres de l’UE élira les 751 députés qui siègeront au Parlement européen de Strasbourg et qui les représenteront jusqu’en 2019. Le Luxembourg occupera, comme actuellement, six sièges dans le majestueux hémicycle de Strasbourg. Lors de la législature sortante, trois de ces sièges étaient aux fesses du parti chrétien-social sous la bannière du Parti populaire européen (PPE) : Frank Engel, Astrid Lulling et Georges Bach. Les trois autres se répartissaient entre les Verts (Claude Turmes), les libéraux (Charles Goerens) et les socialistes (Robert Goebbels). Indépendamment de la future répartition de ces six sièges, il y aura forcément du renouveau dans les rangs des eurodéputés luxembourgeois, puisqu’Astrid Lulling (84 ans) n’a pas été retenue par le CSV et que Robert Goebbels (70 ans) a décidé de ne pas se représenter. Au Grand-Duché, le scrutin, en un seul tour, aura lieu le 25 mai, date à laquelle auraient également dû se dérouler, normalement, les élections législatives nationales. Mais la tenue du scrutin anticipé le 20 octobre dernier a radicalement changé la donne et pour la première fois depuis 1979, date à laquelle les citoyens de ce qui s’appelait alors la Communauté économique européenne (et qui ne comptait que neuf États membres) ont commencé à élire au suffrage universel direct leurs députés européens, le scrutin sera organisé de manière totalement indépendante. Faut-il, dans ce nouveau contexte, craindre une reproduction à l’identique des résultats du 20 octobre ? « La démocratie ne bégaye jamais et la copie conforme n’existe pas en politique », prévient Jean

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Asselborn, l’ancien Vice-Premier ministre luxembourgeois socialiste, qui a conservé, dans le nouveau gouvernement, son poste de ministre des Affaires étrangères et européennes. « Le vote en octobre découlait d’une dissolution anticipée de la Chambre des députés. Pour les élections européennes, nous avons toujours les mêmes partis, mais axés sur l’Europe, et cela permettra à chacun de ces partis de faire ressortir leur sensibilité sur ce sujet. Les gens savent très bien pour quoi ils iront voter le 25 mai. » Seul en scène

Cette nouvelle configuration électorale est loin d’être anodine. Souvent relégué au second plan, dans l’ombre des enjeux nationaux, le débat électoral européen, cette fois, occupe seul le devant de la scène. D’une certaine façon, cela tombe bien, car par rapport au dernier scrutin de 2009, les règles du jeu ont pour le moins changé. C’est la conséquence de l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, dont la réflexion, initiée presque concomitamment aux célébrations, en mars 2007, du 50e anniversaire de la signature du Traité de Rome, a débouché sur un texte signé par les chefs d’État et de gouvernement le 13 décembre de la même année, en clôture de la présidence portugaise de la conférence intergouvernementale. Entré en vigueur le 1er décembre 2009, après que tous les États membres ont procédé à sa ratification dans leur législation nationale (ce fut le cas dès juillet 2008 pour le Luxembourg), ce texte, modifiant à la fois le Traité sur l’Union européenne et le Traité instituant la Communauté européenne, a introduit quelques nouveautés majeures dans le fonctionnement des institutions. À commencer par la désignation d’un président du Conseil européen, fonction finalement échue au Belge Herman Van Rompuy (désigné le 19 novembre 2009 et qui a commencé sa mission le 1er janvier 2010), alors que le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, semblait longtemps tenir la corde, avant d’être sacrifié par le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy.


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« Il faut arrêter de s’excuser d’être Européens, bien au contraire. » Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes

Mais parmi les changements les plus visibles institués dans ce traité, il y a évidemment l’évolution du rôle dévolu au Parlement européen, aux pouvoirs budgétaire, législatif et de contrôle renforcés. Le texte prévoit notamment l’élargissement de la procédure de codécision à 40 nouveaux domaines comprenant la politique agricole commune, les politiques relatives aux contrôles aux frontières, à l’asile et à l’immigration. En outre, le Parlement européen est désormais nanti, en matière budgétaire, d’un droit de décision égal à celui du Conseil et est amené à voter sur l’ensemble des dépenses de l’Union européenne. « Le Parlement n’est, ainsi, plus une simple assemblée qu’il faut consulter, mais c’est vraiment là que, désormais, se fait tout le débat politique public autour des choix qui sont posés sur la table », résume Christoph Schroeder, chef du bureau d’information du Parlement européen à Luxembourg. Enfin, et cela prend toute son importance à l’heure du scrutin, l’élection du président de la future Commission européenne, par le Parlement (toujours sur proposition du Conseil européen), devra cette fois-ci tenir compte de la majorité sortie des urnes. « C’est un élément de personnalisation qui manquait dans les campagnes européennes précédentes, ajoute M. Schroeder. Avant, on se contentait d’élire les six députés européens au Luxembourg… Aujourd’hui, il y a un vrai débat, avec en ligne de mire des candidats concrets, qui ont chacun une vision différente de l’Europe. L’Europe n’est plus quelque chose d’anonyme, qui se passe quelque part entre Bruxelles et Strasbourg et, parfois, Luxembourg. Bon nombre d’électeurs vont pouvoir se sentir d’autant plus impliqués avec cette configuration. » De sacrées têtes d’affiche

Et quand un de ces candidats désignés à la présidence de la Commission s’appelle Jean-Claude Juncker, le débat prend évidemment une tout autre forme au Luxembourg. Adoubé par le Parti populaire européen (le parti le plus représenté au sein du Parlement, avec 274 sièges et qui fut, entre 1987 et 1990, présidé par Jacques Santer), mais sans pour autant se présenter en tant que candidat du parti chrétien-social pour le scrutin du 25 mai, l’ancien Premier ministre, redevenu « simple » député, a mené une campagne pour le moins tonitruante (voir pages 52 et 53). C’est un minimum face à une opposition qui ne manque pas de corps, avec des autres candidats déclarés qui sont pratiquement tous, déjà, députés européens : le Français José Bové et l’Allemande Franziska Keller (tous deux désignés par les Verts) ; l’Allemand Martin Schulz (l’actuel président du Parlement, tête de liste des socialistes européens) ; le Grec Alexis Tsipras (candidat du Parti de la gauche européenne, le seul autre candidat à ne pas

être déjà eurodéputé) et l’ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt (président de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe au Parlement européen depuis 2009). Entre le Luxembourg et l’Europe, il serait très réducteur de ne parler que d’une simple histoire d’amour. Le lien est évidemment beaucoup plus fort, et pas uniquement parce que le pays abrite un certain nombre d’institutions clés de la grande galaxie étoilée (voir pages 54 et 55). « Pour un pays de notre dimension, il est incontestable que c’est l’Union européenne qui nous a permis d’avoir voix au chapitre, fait remarquer Jean Asselborn. Nous aurions sans doute beaucoup moins d’influence si nous n’avions pas eu l’idée de pousser l’intégration européenne. Le Luxembourg a toujours bénéficié d’une Europe forte et il est indispensable que nous puissions participer aux décisions qui concernent l’euro, la politique étrangère ou encore le changement climatique… Sans l’UE, nous serions dans un petit coin, à ne rien faire d’autre qu’écouter ce que disent les autres et subir. » Depuis la survenance de la crise économique et financière en 2008, l’opinion publique a eu tout le loisir de découvrir combien le degré d’intervention de ces institutions européennes pouvait aller très loin (voir pages 44 et 45). Et beaucoup de citoyens européens ont appris que la troïka ne désigne pas uniquement un attelage tiré par trois chevaux, quand bien même la métaphore utilisée pour désigner, ensemble, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international est évidemment on ne peut mieux choisie. « I l y a encore 10 ans, les gens de la rue pensaient que l’Europe se préoccupait surtout de légiférer sur la forme des bananes ou sur l’appellation des fromages, explique Christoph Schroeder. Aujourd’hui, on se rend compte que le Parlement et le Conseil européens ont pris des décisions importantes et capitales dans le cadre de la résolution de la crise économique et financière. Mais ils interviennent aussi sur tellement d’autres sujets, comme le salaire des banquiers, le changement climatique, la politique énergétique ou le commerce extérieur… Autant de dossiers qui nous touchent vraiment au quotidien. La question des tarifs de roaming en est un parfait exemple, qui est d’autant plus sensible, ici, au Luxembourg. Et elle a été réglée au niveau européen. Il est heureux de voir aussi que sous la pression des eurodéputés, certaines idées de la Commission peuvent être influencées avant qu’elles ne débouchent sur une vraie décision. Ce fut le cas, récemment, avec un projet évoqué de réglementation des petites bouteilles d’huile que l’on trouve sur les tables des restaurants. Cela n’avait finalement pas été retenu. » Au fil des ans, la perception qu’ont les citoyens européens a fortement évoluée. Et pas toujours dans le bon sens. En 2004, l’Eurobaromètre semestriel, l’étude d’opinion coordonnée par la Commission européenne, indiquait un niveau de confiance « global »

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« L’Europe n’est plus quelque chose d’anonyme, qui se passe quelque part entre Bruxelles et Strasbourg et, parfois, Luxembourg. » Christoph Schroeder, Bureau d'information du Parlement européen à Luxembourg

de 50 % envers les institutions européennes. Un taux qui a dégringolé à 31 % lors de la dernière édition de ce sondage, à l’automne 2013. Loin de ceux qui placent l’Europe sur un piédestal, comme divinité absolue de la sagesse, les eurosceptiques sont de plus en plus nombreux et se font de plus en plus entendre. L’un des enjeux de ces élections sera d’ailleurs de mesurer la montée en puissance des partis eurosceptiques. « Ce scrutin intervient en effet à un moment particulier, remarque Jean Asselborn. Il n’est pourtant plus question, pour les citoyens européens, d’être complexés. Il faut arrêter de s’excuser d’être Européens, bien au contraire. Et, sans la négliger pour autant, il ne faut pas non plus exagérer l’importance de la montée des eurosceptiques et de tous ceux qui pensent que les choses iraient mieux sans l’Europe. Cela va souvent de pair avec la montée d’un nationalisme exacerbé, mais cela ne représentera qu’à peine 10 % sur le nombre total de députés européens élus. Ce n’est pas catastrophique. » L’euroscepticisme, plus qu’un simple figurant

Cette poussée eurosceptique fut l’objet d’un colloque organisé le 6 mai dernier par l’Institut d’études européennes et internationales du Luxembourg et la représentation locale de la Commission européenne. Sa faible audience montre sans doute que ce n’est pas au Luxembourg que les thèses anti-européennes ont le plus de succès, mais le contenu des débats, alimenté par des professeurs d’université et des politologues de haut niveau, n’a pas manqué de mettre à plat certains sujets. Centrées tout d’abord autour des partis d’extrême droite, de leur évolution et de leur progression dans l’électorat – que les orateurs ont, tout comme Jean Asselborn, tenu à relativiser –, les discussions n’en ont pas moins permis d’établir le constat d’un divorce entre la population et l’Europe. Et, plus généralement, la vie politique. « Le principal adversaire du Front national en France est l’abstention », relevait, par exemple, Jean-Yves Camus, associé de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques de Paris. Outre le score des uns ou des autres, il conviendra donc d’analyser et d’interpréter l’importance des bulletins blancs dans les pays où le vote est obligatoire (la Belgique, la Grèce et le Luxembourg) et l’abstentionnisme lorsqu’il ne l’est pas. Un message que les partis traditionnels semblent néanmoins anticiper, tout en voulant éviter de laisser trop de champ aux partis extrémistes ou assimilés. « Chaque parti essaie d’adapter son discours à ce qu’il perçoit comme mécontentement dans la population vis-à-vis du fonctionnement politique de l’Europe et des réponses attendues en matière de gouvernance économique », constate Philippe Poirier, coordinateur du programme de gouvernance européenne à l’Université du Luxembourg. Qu’il s’agisse des Verts ou de Déi Lénk au Luxembourg, côté politique, ou de l’OGBL, côté syndical, la remise en question européenne se fait ainsi sentir au sein même d’un pays plutôt « pro-Union », comme le montre le dernier sondage Eurobaromètre publié en novembre 2013 (lire encadré ci-contre). « Nous n’observons pas encore de distorsion entre l’avenir collectif du pays et celui de l’Europe, ajoute Philippe Poirier. Même si des

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inquiétudes sont exprimées, la population est consciente que son avenir dépend de l’Europe. Ceci s’explique notamment par le contexte économique qui, même s’il est plus difficile que par le passé, reste meilleur au Luxembourg. » Ces inquiétudes et préoccupations, les partis anti-européens ne manqueront pas de surfer dessus. C’est le cas, par exemple, de l’ADR (qui avait recueilli 7,38 % de voix au scrutin européen de 2009), qui ambitionne clairement de compter sur « moins d’Europe et plus de Luxembourg » au lendemain du 25 mai, pour paraphraser l’un de ses slogans de campagne. « Le parti réalise en quelque sorte une mue », note Lucien Blau, historien et auteur d’une thèse sur l’extrême droite au Luxembourg au 20e siècle. « Certaines figures du parti, comme M. Gibéryen, s’expriment moins au profit d’autres représentants comme M. Kartheiser, en véhiculant une image très à droite de l’échiquier politique à l’égard, par exemple, de questions sociétales. Il se repositionne également vis-à-vis des fonctionnaires, alors qu’il était originellement plutôt orienté à destination des classes moyennes. » Cherchant à élargir leur électorat, les partis aux extrêmes du jeu politique se cherchent aussi une popularité grandissante, dans une société en pleine mutation. Les citoyens attendent, quant à eux, des visions d’avenir. Des doléances compréhensibles, pourvu qu’elles n’aboutissent pas sur des solutions qui opposent les uns aux autres. Le Luxembourg est souvent décrit comme le laboratoire de l’Europe, il doit le rester sous ses meilleurs aspects. LUXEMBOURG

Plus europhile, plus exigeant

La dernière édition de l’Eurobaromètre (l’étude d’opinion sur la vie des citoyens et leur perception de l’Union européenne), publiée fin 2013, fait apparaître, pour les résidents luxembourgeois (un échantillon de 508 personnes, dont 65 % de « nationaux »), des résultats généralement largement supérieurs à la moyenne de l’UE. Ils sont ainsi 63 % à être optimistes pour le futur de l’Europe, contre une moyenne de 51 % à l’échelle des 28 pays et 40 % à avoir de l’Union une image très positive ou positive (contre 31 % pour la moyenne des 28). Pour les citoyens du Luxembourg, l’UE est avant tout le symbole de la paix (53 %), des droits de l’Homme (50 %) et de la démocratie (35 %). L’UE est vue de façon identique par l’ensemble des 28 pays membres, mais de manière beaucoup moins prononcée (respectivement 37 %, 34 % et 30 %). Mais cette « europhilie » luxembourgeoise se traduit également par des attentes plus fortes que la moyenne, en matière de politique de sécurité et de défense commune des États membres (93 % contre 73 % pour les 28), d’union économique et monétaire autour de l’euro (79 % contre 52 %) et de politique étrangère commune (71 % contre 63 %). Ils sont également beaucoup plus nombreux à être contre l’élargissement de l’Union dans les années à venir, avec 69 % d’opinions défavorables contre 63 % pour l’UE 28. J.-M. G.


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L’Europe et la place financière

Une tournée de directives aux goûts amers La mandature écoulée a été marquée par le sceau de nouvelles régulations impactant le secteur financier et pas toujours adaptées aux réalités de chaque pays. Temporiser et défendre ses intérêts, la stratégie du Luxembourg n’a pas toujours été facile à tenir. Les professionnels doivent s’adapter et composer avec des coûts souvent incompressibles, tout en dégageant des opportunités le cas échéant. Texte Thierry Raizer

L’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) observait avec attention la volonté du nouveau gouvernement sorti des urnes de défendre les intérêts de la place financière, principal moteur de l’économie du pays. Une position qui allait forcément de pair avec la sauvegarde, quoique compliquée, des niches de souveraineté luxembourgeoises. Déboulant des méandres et des arcanes européens ou menés au pas de charge, différents textes auront marqué cette mandature et y auront même trouvé une issue (jusqu’à l’ultime session plénière du Parlement de Strasbourg le 16 avril) parfois peu favorable pour les centres financiers. Morceaux choisis et retour d’expérience des professionnels de la Place… en attendant les débats sur la TTF et autres paquets réglementaires qui s’annoncent au lendemain du 25 mai.

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« Compter sur le pragmatisme de l’autorité de contrôle. » Jean-Christian Six (Allen & Overy)

AIFM : s’adapter rapidement

Votée par les députés luxembourgeois le 10 juillet 2013, la loi transposant la directive AIFM implique, pour les acteurs grand-ducaux, de se mettre en conformité d’ici au 22 juillet prochain. Ils y travaillent d’arrache-pied. « La directive oblige les gestionnaires de fonds alternatifs, qui évoluaient généralement dans un cadre peu (ou pas) réglementé, à revoir en profondeur, à formaliser et à renforcer leurs procédures », déclare Jean-Christian Six, associé au sein du cabinet d’avocats Allen & Overy. Or, l’approche « taille unique » du texte rend difficile la prise en compte des particularités de certaines structures. « Un hedge fund fonctionne de manière radicalement différente d’un fonds de private equity et certaines exigences de la directive, qui semblent justifiées pour les uns ne le sont pas nécessairement pour les autres. Il est donc important de pouvoir compter sur un certain pragmatisme de la part de l’autorité de contrôle. » L’impact du texte se fait aussi sentir sur certains prestataires de services, dont les banques dépositaires. « Ils ont dû revoir fondamentalement leurs processus afin de faire face à de nouvelles responsabilités, notamment en cas de perte d’actifs financiers, et à de nouvelles exigences, notamment en matière de ségrégation des actifs, ajoute M. Six. Il est clair que le Luxembourg a une longueur d’avance en la matière, les dépositaires luxembourgeois ayant l’expérience de prester leurs services à des fonds alternatifs, ce qui n’est pas le cas dans d’autres juridictions. » Il est encore trop tôt pour faire un bilan concernant le Luxembourg, mais il semble que les premiers signes soient encourageants. Le pays ne doit pas louper le coche pour éventuellement dupliquer le succès des Ucits dans l’alternatif. Des juridictions concurrentes sont aux aguets. Elles veulent même ouvertement rivaliser avec le Grand-Duché.

« Le retard pris n’a pas permis au secteur d’en tirer avantage. » Paul Fohl (Foyer)

Solvency II (suite et presque fin)

Il aura fallu de longues discussions pour aboutir à l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2016, avec deux ans de retard, de Solvency II via l’adoption préalable le 11 mars dernier de la directive Omnibus II. Celle-ci prévoit des mesures pour compenser une volatilité excessive du bilan des entreprises d’assurances en tant qu’investisseurs à long terme. « Elles sont censées permettre aux assureurs de conserver leur rôle clé dans le financement de l’économie et dans la sauvegarde de la stabilité financière, même si les marchés financiers se trouvent mis sous pression », précise Paul Fohl, chief risk officer chez Foyer. « Le retard pris n’a cependant pas permis au secteur d’en tirer avantage. Outre l’incertitude politique qui pouvait exister tout au long des vives discussions, les critères quantitatifs et paramètres techniques permettant de calculer le capital de solvabilité requis lors de l’entrée en vigueur ne sont pas encore définitivement arrêtés par l’EIOPA, de nombreuses spécifications techniques définitives doivent encore être publiées et approuvées. Une grosse inquiétude subsiste au niveau du principe de la proportionnalité : compte tenu de la taille du marché luxembourgeois et de ses acteurs, les obligations de reporting prévues engendrent des dépenses informatiques très importantes. » Les investissements en data center et autres outils informatiques sont donc conséquents. Le leader du marché luxembourgeois a dû en tenir compte et adapter sa gouvernance. « Notre connaissance des risques auxquels nous sommes ou pourrions être exposés a été approfondie et les outils de gestion et de pilotage ont été renforcés, précise Paul Fohl. Nous sommes également bien rodés au niveau des calculs nécessaires pour déterminer les futurs besoins de solvabilité et échangeons régulièrement avec notre autorité de contrôle à ce sujet. » La prochaine étape sera d’industrialiser les processus en matière de futurs reportings.


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« Un point de passage obligé, mais pas final. » Gerdy Roose (BDO)

Fiscalité de l’épargne ou modèle OCDE ?

Réunis le 20 mars dernier, les chefs d’État européens ont validé l’extension de la directive sur la fiscalité de l’épargne portant sur l’échange automatique d’informations jusqu’ici limité aux intérêts de l’épargne. Un texte dont l’origine remonte à 2008 et qui a été formellement avalisé le 24 mars lors du Conseil des ministres européens de l’Agriculture et de la Pêche, auquel participait Fernand Etgen. Un vote important pour le GrandDuché et son secret bancaire, amené à disparaître, que les professionnels entrevoient comme une étape importante, mais transitoire. « L’accord sur l’extension du champ d’application de la directive épargne est un point de passage obligé, mais il faut toutefois que ce ne soit qu’un point de passage vers la destination finale qui, a priori, devrait être le modèle OCDE en matière d’échange automatique d’informations, déclare Gerdy Roose, associé et tax leader chez BDO. Au cas où la nouvelle directive épargne serait une étape à laquelle il faudrait s’atteler, les institutions financières de la Place effectueront d’importants investissements informatiques qui s’avèreront rapidement dépassés et dès lors inutiles. Il importe que l’Europe ne s’arrête pas à cette directive, d’autant plus que la Suisse n’en veut pas et préfère se concentrer sur le modèle OCDE. » La satisfaction de l’ensemble des parties prenantes (États membres, Commission, OCDE) doit donc prévaloir dans ce dossier, sur la table depuis de nombreuses années et auquel les gouvernements successifs du Luxembourg ont dû se consacrer intensément. « Pour cette raison, nous recommanderions d’intégrer le modèle OCDE dans la nouvelle directive de coopération administrative, de sorte que la directive épargne devienne inutile et puisse être mise de côté. Lors de l’extension de Fatca au niveau mondial – le modèle OCDE s’en inspirant très largement –, il faudra être attentif à supprimer les quelques imperfections de ce modèle », ajoute l’associé de BDO.

« Éviter la surréglementation des acteurs. » Jean-Claude Finck (BCEE)

Union bancaire rime avec responsabilités

Mené au pas de charge depuis 2012, le projet d’Union bancaire a fait son chemin pour être approuvé le 15 avril dernier par le Parlement européen afin, idéalement, que les difficultés connues par des institutions dans le sillage de la crise financière ne soient plus supportées par les contribuables. Pour y parvenir, le législateur européen va (entre autres mesures) placer quelque 200 banques sous la supervision directe de la Banque centrale européenne, dont la Banque et Caisse d’Épargne de l’État pour le Luxembourg. « Il y a un grand potentiel positif dans cette nouvelle orientation, déclare Jean-Claude Finck, CEO et président du comité de direction de la BCEE. Cela étant, il convient de respecter la diversité naturelle des acteurs du secteur financier : toutes les banques ne sont pas pareilles, ni en termes de taille ni d’activité et donc ni de risques. » Le dirigeant de la banque se montre par ailleurs soucieux que la collectivisation de paramètres importants ne soit propice à l'apparition d'un nouveau type de risque, découlant de la dilution des responsabilités « si les acteurs peuvent penser que le système réparera les fautes individuelles de façon quasiautomatique ». Et Jean-Claude Finck d’ajouter que de « nouvelles sources de contagion systémique peuvent surgir de la collectivisation. Il s’ensuit que l’Union bancaire devra être gérée avec grand soin et circonspection tout en évitant la ‘surréglementation’ des acteurs. Dans ces conditions, elle peut s’avérer être le vecteur de choix pour refaire du secteur financier un secteur de confiance et de génération de richesse fondée sur de véritables contreparties. » L’Union bancaire ne serait donc pas une solution en soi, mais elle peut être le remède aux maux dont a souffet le secteur bancaire, « si tant les organes de cette Union que les relais nationaux et les acteurs concernés prennent leurs responsabilités ».

« Un certain nombre d’options restent ouvertes. » Jean-Michel Pacaud (IRE)

Réforme de l’audit… et du conseil

Heureux de l’accord survenu le 17 décembre 2013 entre le Parlement européen et les États membres quant à la réforme de la profession d’auditeur, le commissaire européen, Michel Barnier, voyait l’un de ses chantiers symboliques finalisé. Du moins sur les grands principes, qui ont été validés (bien que différents de leurs énoncés initiaux) le 3 avril dernier, lors d’un vote du Parlement européen. La balle est désormais dans le camp des gouvernements nationaux, qui doivent transposer les textes. « Au fur et à mesure que nous avançons, nous constatons qu'un certain nombre d'options restent ouvertes », déclare Jean-Michel Pacaud, président de l’Institut des réviseurs d’entreprises luxembourgeois (IRE). L’une des mesures phares de la réforme, la rotation des cabinets d’audit, laisse en effet le libre choix aux États quant à une réduction ou un allongement de 10 ou 14 ans (moyennant conditions) de la durée minimale de 10 ans obligatoire pour les entités d’intérêt public. Ce qui pourrait poser quelques soucis dans la gestion de l’audit à l’échelle de certains groupes. « Les États disposent aussi d'options quant à l’interdiction de services nonaudit, ajoute M. Pacaud. L’interdiction générale des conseils fiscaux est acquise, mais des options restent ouvertes quant aux déclarations fiscales, qui sont justement l’un des services les plus prestés par les firmes d’audit. » Les honoraires touchés pour les prestations non-audit ne devront pas excéder 70 % de la moyenne des sommes perçues pour des audits au cours des trois derniers exercices. « La CSSF est chargée de transposer la directive, avec l’appui d’un groupe de travail, ajoute le président de l’IRE. Contrairement à l’objectif initial, on ne devrait pas assister à un éclatement des grands acteurs de l’audit, mais plutôt à un changement dans le marché du conseil d’ici à 2016, dans la mesure où certaines firmes d'audit ne pourront plus dispenser certains conseils à leurs clients. »

« Une augmentation des responsabilités du dépositaire. » Olivier Renault (SGSS)

Ucits IV, V, VI...

C’est l’un des emblèmes de l’industrie des fonds luxembourgeoise. Presqu’une marque de fabrique. Le véhicule Ucits, profondément lié à l’image de la Place grand-ducale, connaît une nouvelle évolution depuis sa première mouture en 1985. On connaissait Ucits IV (dont la directive européenne date seulement de 2009 et la loi luxembourgeoise de l’année suivante), place désormais à celle qui lui succède, logiquement dénommée Ucits V, un texte voté lors de la dernière séance plénière du Parlement européen le 16 avril dernier. « Ucits V va augmenter les responsabilités et les obligations du dépositaire en les alignant sur celles de la directive AIFM, relève Olivier Renault, deputy CEO et country manager de Société Générale Securities Services. Ces nouvelles obligations exigent un renforcement du système de contrôle, ce qui aura pour conséquence d’augmenter les coûts de gestion de ces fonds. » D’où la question de savoir si cette hausse sera répercutée sur l’investisseur final en contrepartie d’une meilleure protection. « Les obligations des acteurs augmentant, certaines petites banques dépositaires ont décidé de revoir leur stratégie et de se concentrer sur des marchés non risqués, relève Olivier Renault. Ucits V peut, de fait, générer des opportunités pour les dépositaires majeurs ayant un réseau de sous-dépositaires mondial. Néanmoins, il faut s’attendre à un renforcement d’audit des sousdépositaires afin de maîtriser les risques que la banque dépositaire porte. » Et l’expert de pointer une augmentation des contrôles pour les asset managers, dans le sillage de la directive revisitée. Une opportunité pour approfondir la relation avec la clientèle, à l’heure où la place financière doit, d’une manière générale, se distinguer par ses compétences.

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Ce que disent les partis

Plus proche et avec plus d’intégration Les programmes des quatre grands partis sont relativement proches. Ils visent tous plus d’effets citoyens et un rôle accru du Parlement européen en matière d’initiative législative. La lutte contre le chômage des jeunes est au cœur des préoccupations. Texte Véronique Poujol

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endre proche cette Union européenne que beaucoup de citoyens semblent avoir perdue de vue. C’est un enjeu rencontré dans les programmes des partis. Qui veulent surtout éviter que le citoyen cède à la tentation d’un vote aux extrêmes, soit vers la populiste ADR, qui lorgne depuis longtemps un des six sièges et milite pour « moins d’Europe », soit vers des partis alternatifs, comme le Parti Pirate. Ce n’est pas un hasard si, sur les affiches du DP, la tête de liste Charles Goerens a « luxembourgeoisisé » son prénom en grand, Charel, et tend les mains aux électeurs. Si l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Mady Delvaux-Stehres, qui dirige la liste LSAP, prend la pose telle une institutrice. Ou si le CSV (qui se la joue plus collectif en rusant avec l’absence de JeanClaude Juncker, pourtant tête de liste du PPE pour briguer la présidence de la Commission européenne) met en exergue l’un des faits de gloire à la Commission européenne de sa tête de liste, Viviane Reding, qui remonte pourtant à la précédente législature : la diminution drastique des tarifs des communications mobiles. Un bel exemple, selon Viviane Reding, de « la plus-value objective de règles européennes (qui) est réellement mesurable et dont les Européens ressentent les bénéfices concrets », de « cette Europe qui facilite concrètement la vie à ses citoyens ». Ces trois grandes formations ont mis la poursuite de l’intégration européenne au centre de leur

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programme, avec l’emploi et la lutte contre le chômage des jeunes et la protection des droits des citoyens. Avec l’environnement et le contrôle des lobbies, les Verts aussi – qui ont un représentant presque historique au Parlement européen et qui ambitionnent, comme le DP, d’en conquérir un second sur le CSV qui en avait décroché trois en 2009 à la faveur du système électoral – placent « les droits du citoyen, la paix, l’emploi pour tous, la prospérité et la justice sociale au cœur de la politique européenne du Luxembourg ». Revue de détail, dans un ordre aléatoire, des programmes électoraux des principaux partis en lice pour les six sièges octroyés au Luxembourg au Parlement européen. DP : une partie de la solution

Le programme libéral est une profession de foi pour davantage d’intégration européenne, un appel au renouveau et à un rééquilibrage du pouvoir en faveur du Parlement européen (PE) : « Nous voulons montrer à nos concitoyens que – la formule pouvant paraître banale entretemps – l’Europe est une partie de la solution, contrairement à l’intergouvernementalisme, qui est une partie du problème. » Dans une tribune de presse, Charles Goerens pointe du doigt les dérapages de l’interaction Union européenneÉtats membres et tacle au passage la chancelière Angela Merkel (et par la même occasion « son » can-


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didat Jean-Claude Juncker), qui a « brouillé les cartes institutionnelles » : « Les États membres, sous la férule de Madame Merkel, écrit-il, ont fini par mettre au point une panoplie d’instruments à caractère essentiellement intergouvernemental.  » Ainsi affaiblie, la Commission de José Manuel Barroso est réduite symboliquement, notamment dans le traitement de la crise financière et de la dette (le PE a été exclu de la codécision dans l’affectation des 800 milliards d’euros des plans de sauvetage destinés aux pays menacés), à un simple « secrétariat général du Conseil européen ». Les libéraux luxembourgeois plaident pour un gouvernement économique commun à tous les États de la zone euro et qui devra expliquer son action régulièrement devant le PE. En attendant, et à court terme, ce serait aux commissaires responsables de l’économie et des finances d’assumer le rôle de gouvernement économique pendant une période transitoire. Dans un second temps, les États membres devront « se mettre d’accord sur les politiques budgétaires et économiques à mettre en œuvre dans la zone euro ». Un Parlement aux pouvoirs élargis exige, par exemple, le droit d’initiative législative dont il est privé actuellement, car les décisions du Conseil européen engendrent « des compromis discutables » et minent la confiance des citoyens. La place financière et ses « grands défis » occupent une place non négligeable dans le programme du DP, qui promet d’accompagner sa restructuration et de veiller « à ce que les conditions y nécessaires soient mises en place au niveau européen ». Comprenez : les mêmes conditions pour tous en matière d’échange automatique d’informations fiscales. Mais en même temps, les libéraux se disent « soucieux de maintenir un environnement politique, économique, administratif et fiscal indispensable au développement de son économie financière  ». Le programme électoral ne livre pas de détails, sinon que le DP « appuie la lutte contre le dumping fiscal », déplorant « la sous-enchère en matière d’impôts sur les sociétés  », mais rejetant « en même temps une harmonisation fiscale au niveau européen ». Les libéraux demandent qu’une «  p ause de réflexion » s’impose en matière d’élargissement de l’UE : « L’élargissement à 28 États membres a montré les limites des capacités d’absorption de l’UE, dans le court terme, de nouveaux États membres ». Avant d’accepter de nouveaux membres au « club », il convient d’abord d’approfondir et d’améliorer la gouvernance : « Une UE comptant 28, voire plus de membres, a besoin de nouvelles règles de fonctionnement mieux adaptées aux besoins de l’intégration européenne. » Sur ce

« Un Parlement aux pouvoirs élargis exige, par exemple, le droit d’initiative législative dont il est privé actuellement. » Charles Goerens (DP)

point, le DP est en faveur de la convocation d’une « convention », « démocratiquement légitimée », présidée par le PE et associant la société civile et les Parlements nationaux pour engager la réforme des traités européens. Déi Gréng : briser l’isolement

Le parti, qui pioche beaucoup dans le « green new deal » proposé par le groupe au niveau européen, entend « réorienter la politique européenne du Luxembourg », changer l’image qui lui colle à la peau d’opposant à la coopération fiscale et briser son isolement qui lui vient « du manque de transparence et du poids déterminant de puissants lobbies industriels et bancaires ». Les Verts, on l’aura compris, marquent leur terrain sur des idées alternatives qui rompent avec le consensus du programme gouvernemental avec le DP et le LSAP et qui les rappellent à leurs origines : « Plutôt que d’adopter une attitude de blocage », lit-on dans le programme de 26 pages, « n ous devrions, avec nos partenaires européens, mieux contrôler l’économie financière et limiter le changement climatique ». Le programme des Verts européens, repris en partie par Déi Gréng, prévoit d’ailleurs de « durcir la réglementation de l’industrie financière afin de la mettre au service de l’économie réelle ». « Nous avons besoin », écrivent-ils, « d’un secteur financier porteur, diversifié, de taille raisonnable

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« Nous soutenons la « Pour que l’économie pression politique exercée réelle, surtout les PME, contre l’évasion fiscale, ainsi que les citoyens la fraude fiscale et aient le même accès au le secret bancaire. » crédit partout en Europe. »

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Claude Turmes (Déi Gréng)

Mady Delvaux-Stehres (LSAP)

et au service de la société en Europe, c’est-à-dire d’un secteur qui contribue à garantir des investissements durables dans l’économie réelle ». Ils expriment leur souhait d’établir un « registre national des lobbies pour rendre plus transparent le travail des représentations d’intérêts ». Ainsi, avant d’approcher le gouvernement ou les députés, les groupes d’intérêts devront au préalable mentionner dans ce registre les activités qu’ils entendent poursuivre et les moyens financiers qu’ils y allouent. Les écologistes rejoignent les libéraux sur la consolidation du rôle du PE dans la prise de décision, parce que « l’avenir de l’UE ne peut pas être déterminé dans les coulisses par des chefs de gouvernement ». Sur le plan politique, ils promettent d’accorder davantage de poids à la politique européenne en institutionnalisant, par exemple, la consultation entre eurodéputés et députés nationaux au sein d’une commission parlementaire sur la politique extérieure et la politique européenne. L’avantage d’une telle structure permettrait de discuter, à un stade précoce, les projets de directives et de règlements et de « consolider la position du gouvernement au Conseil européen ». Les ONG, syndicats, associations d’entreprises et acteurs sociaux pourraient être associés au processus pour mieux contrôler la politique européenne. Les Verts – c’est un vieux débat que les élections législatives anticipées avaient un peu occulté – demandent que les scrutins national et européen soient organisés à des dates différentes et que le droit de vote soit abaissé à 16 ans. Ils se montrent aussi de fervents défenseurs du site de Luxembourg comme capitale européenne, à côté de Bruxelles. Priorité à la protection de l’environnement, lutte contre le dumping social (en supprimant par exemple toutes les dérogations aux normes sociales) et environnemental, le chômage des jeunes (avec un financement adéquat), mise en place d’un quota

strict de femmes aux fonctions décisionnelles (Conseil de surveillance des entreprises), mais aussi au niveau des comités directeurs des institutions européennes, notamment à la Banque centrale européenne (BCE) : le programme des écologistes embrasse très large. Sur le plan social, ils préconisent une harmonisation progressive des salaires sociaux minima et demandent à ce que la BCE, qui a surtout vocation à lutter contre l’inflation, hisse désormais l’emploi au rang de ses priorités politiques. Sur la fiscalité, les Verts luxembourgeois soutiennent, bien sûr, la taxe sur les transactions financières et prônent « u ne approche européenne commune » de l’impôt sur les sociétés, avec des taux planchers, couplée à l’introduction d’un impôt sur la fortune coordonné dans l’ensemble de l’UE. « Nous soutenons », écrivent-ils encore, « la pression politique exercée contre l’évasion fiscale, la fraude fiscale et le secret bancaire ». LSAP : égalité entre partenaires

Le programme des socialistes au scrutin du 25 mai tient en 10 points (résumés dans la version française en huit pages), pour « une Europe meilleure », économiquement plus forte, et un changement politique pour renforcer la solidarité sur la base d’États « partenaires égaux », qu’ils soient petits ou grands. La lutte contre le chômage des jeunes (et le chômage tout court, qui doit être aussi prioritaire que l’assainissement des dettes et la politique budgétaire) est au centre du programme des socialistes luxembourgeois, qui demandent à ce que la garantie jeunes offrant une formation ou un emploi aux moins de 25 ans soit mise en œuvre rapidement, voire étendue et que les moyens financiers soient regroupés dans un «  fonds pour l’occupation des jeunes ». Le LSAP plaide, et ce n’est pas nouveau, pour des salaires sociau x minima


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dans les 28, « fixés sur la base des salaires moyens dans chaque État ». Les socialistes ont remis sur la table l’idée (longtemps défendue par un certain Jean-Claude Juncker) des obligations européennes et la mutualisation de la dette (eurobonds) et défendent eux aussi la taxe sur les transactions financières, à laquelle ils ajoutent la taxe carbone européenne sur les produits importés et les services ainsi qu’une taxe de consommation sur tous les produits de luxe. Sur le plan des services financiers, le LSAP défend la cause de la régulation des marchés financiers, « p our que l’économie réelle, surtout les petites et moyennes entreprises, ainsi que les citoyennes et citoyens aient le même accès au crédit partout en Europe ». Dans cet ordre d’idées, ils prônent la séparation des activités des banques commerciales et celles des banques d’investissement, « p our mettre un frein à la spéculation financière », et souhaitent la création d’une agence européenne de notation indépendante et publique. À l’instar du DP, ils plaident pour un renforcement du rôle du PE en lui octroyant un droit d’initiative législative et le plein pouvoir budgétaire. CSV : la base solide du fait accompli

Les chrétiens-sociaux sont tous derrière JeanClaude Juncker, qui veut présider la Commission européenne, mais a choisi de snober les élections, jugeant que le scrutin national du 20 octobre dernier lui avait donné suffisamment de légitimité. Sa candidature à la tête du PPE « enrichit encore de manière significative l’ancrage profondément européen du CSV », souligne le programme du parti, qui juge nécessaire la poursuite de l’intégration européenne et appelle les électeurs à poser un regard fier sur ce que l’Europe a accompli. Le programme du CSV ressemble à une rétrospective, comme pour mieux glorifier l’action de Jean-Claude Juncker lorsqu’il fut président de l’eurogroupe et les bienfaits du marché intérieur sans lequel le Luxembourg serait resté insignifiant : « La solidité de l’euro, note le programme, est une réalité ayant permis de braver les turbulences de la grande crise économique depuis 2008. » Le CSV évoque en premier lieu, en la positivant – c’est un argument nouveau –, la place financière, indispensable à la zone euro (et non plus une place forte du secret bancaire s’opposant à la lutte contre la fraude fiscale) et s’engage à ce qu’elle ne soit pas « désavantagée par rapport à ses concurrents à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE ». « La zone euro a besoin de la place financière luxembourgeoise afin de mobiliser des fonds pour le développement de l’économie productive. La compétitivité économique européenne dépend aussi de cela – la place financière luxembourgeoise et ses investisseurs bénéficient à l’ensemble de l’Union. »

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« La plus-value objective de règles européennes est réellement mesurable et les Européens en ressentent les bénéfices concrets. » Viviane Reding (CSV)

Pour autant, pas question pour les chrétienssociaux de parler d’un gouvernement économique européen. On évoque seulement la nécessité de coordonner davantage les politiques économiques pour éviter « durablement des déséquilibres macroéconomiques à travers l’Union ». Le CSV, comme les trois autres grands partis, réclame le droit d’initiative législative du PE, pour autant qu’il se limite à des groupes de députés (25 au moins de sept pays membres), demande plus de transparence dans les décisions du Conseil européen (il doit siéger publiquement tout comme le PE) lorsqu’il agit comme législateur et souhaite une Commission resserrée, organisant sa composition autour de grands domaines stratégiques (des « grands blocs de compétences » comme l’économie et les finances, l’enseignement et la recherche, l’environnement et l’énergie, la justice et les droits fondamentaux) sous la responsabilité d’une équipe limitée de vice-présidents et commissaires. Les chrétiens-sociaux rappellent aussi leur attachement à la libre circulation, taclant les idées populistes de ceux qui veulent limiter la liberté de mouvement. « Derrière cette volonté de réintroduire des contrôles frontaliers ou instituer des quotas d’immigration en Europe », souligne leur programme, « se cache en réalité une volonté d’abolir l’Europe. C’est inacceptable ». Oui à l’immigration, mais une « immigration maîtrisée », donc. Le CSV est assez proche des autres partis sur les questions de chômage des jeunes et milite pour un revenu minimum dans l’UE, « qui permette à son bénéficiaire une vie décente ».


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ean-Claude Juncker superstar. L’homme n’avait plus été aussi absent d’une campagne électorale au Luxembourg depuis belle lurette. Mais il n’avait jamais été aussi présent sur le terrain, dans les médias. Candidat adoubé par le PPE (Parti populaire européen), Juncker vise la présidence de la Commission, sans passer par la case du vote direct dans son pays. Mais il appartiendra au Conseil européen – c’est-à-dire les chefs d’État et de gouvernement de l’UE – d’honorer le choix des citoyens lorsqu’il proposera un candidat au poste de président de la Commission, qui sera validé par le Parlement fraîchement (re)constitué. Donc, Juncker a fait campagne. Tantôt rock star, il a fait se lever les foules dans un stade ou un palais des congrès. Tantôt homme de la rue, il a fendu la foule sur les marchés, assisté à des spectacles, savouré folklore et produits locaux… Toujours politicien, il a visité des initiatives régionales, salué des travailleurs, procédé à des inaugurations, planté des arbres et même brûlé des cierges. Il a tenu des meetings, aux côtés, à chaque étape, des gloires locales et des candidats aux européennes du même bord. Et surtout, il a choisi – avec une équipe de campagne vouée à sa promo – d’aller au cœur de l’action. Le Juncker Tour s’est armé d’un confortable bus et d’un van lettrés, voyants. Il a taillé la route et roulé sa bosse. Comme un groupe en tournée, il a multiplié les dates et les salles : le 8 avril à Bruxelles, Nivelles et Anvers en Belgique ; le 11 à Utrecht aux Pays-Bas ; le 15 avril, dans l’autre capitale, Strasbourg et dans la campagne alsacienne, avant de bifurquer, les 16 et 17, sur Helsinki (Finlande) puis Riga (Lettonie). Une relative pause permettait de préparer un grand oral : le 23 avril, à Bruxelles, au QG du PPE, Juncker rencontrait la presse, à J-30. Puis c’était reparti pour un tour : le 26 avril à Braunschweig (Allemagne), le 27 à Sofia (Bulgarie), le 30 à Düsseldorf (Allemagne), puis au-delà du pont du 1er mai, comme un symbole d’attrait pour les petits États aux atours financiers réputés, Juncker s’embarquait pour Malte et Chypre.

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En un coup d’œil

Kirchberg, capitale de l’Europe C’est sur le plateau du Kirchberg que se concentre la très grande majorité des institutions européennes présentes au Luxembourg. L’ensemble des fonctionnaires européens et assimilés représente, pour le Grand-Duché, quelque 11.000 personnes salariées qui n’entrent pas dans les statistiques du marché de l’emploi intérieur. Photo Archives paperJam, Bureau d’information de Luxembourg du Parlement européen Fond de carte Fonds Kirchberg (www.fondskirchberg.lu)

Cour des comptes européenne

Cour de justice de l’Union européenne Services de la Commission européenne (bâtiment Jean Monnet dont le démantèlement est prévu)

Secrétariat général du Parlement européen (bâtiment Konrad Adenauer, extension en cours)

Banque européenne d’investissement Services de la Cour de justice (bâtiment T)

Centre de conférences (réunions du Conseil de l’UE en avril, juin, octobre ; tour Alcide de Gasperi – Héichhaus) Services du Parlement européen (bâtiment Robert Schuman)

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Service de traduction du Parlement européen (tours de l’Europe)


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Eurostat

Mécanisme européen de stabilité

Services du Parlement européen (bâtiment Geos)

Bâtiments hors Kirchberg

Office des publications de l’Union européenne (rue Adolphe Fischer, quartier gare)

Services du Parlement européen (rue Eugène Ruppert à Gasperich, bâtiment Goldbell)

Services de la Commission européenne (rue Eugène Ruppert à Gasperich, bâtiment Hitec)

Services de la Commission européenne (rue Guillaume Kroll à Gasperich, bâtiment Drosbach)

Services de la Commission européenne (rue Robert Stumper à Gasperich, bâtiment Euroforum)

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Post-scriptum

Ni plus, ni moins, mais mieux Texte Jean-Michel Gaudron

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n nouveau parlement à Strasbourg, une nouvelle commission à Bruxelles : les prochains mois vont être mouvementés à tous les étages de l’exécutif européen. À Strasbourg, à Bruxelles et à Luxembourg, ce sera, à différents niveaux, le branle-bas de combat pour que tout soit de nouveau en ordre de bataille pour les cinq prochaines années. Et des batailles, l’Europe ne va pas en manquer, à commencer par celle, permanente, contre les eurosceptiques de tout poil, des plus modérés aux plus radicaux, certains s’imaginant que la vie serait plus belle une fois débarrassée du carcan eurocrate et d’un euro volontiers présenté comme source de tous les maux économiques du moment. Difficile de ne pas qualifier de suicidaire de tels desseins, animés d’un état d’esprit, au mieux, populiste, au pire, ultranationalistes, mais, dans les deux cas, complètement hors de propos. Quand bien même cette Europe qui s’est construite, pierre après pierre, sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, n’est certainement pas parfaite. Du coup, le grand défi qui attend les élus européens n’est probablement pas de gérer le « plus » ou le « moins » d’Europe vis-à-vis des États membres, mais bien plus sûrement de s’assurer d’un « mieux » d’Europe. Arriver à faire en sorte que le citoyen lambda ait encore l’impression de vivre dans

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un pays qui a toujours son mot à dire, tout en adhérant à un idéal européen qui, dans la majorité des cas, ne peut lui être que bénéfique. Ce n’est pas au Luxembourg que l’on pensera le contraire. Père fondateur de l’Union, il en est aussi, paradoxalement, un de ses enfants les plus reconnaissants tant l’Europe lui a beaucoup apporté, et continue d’ailleurs de le faire. À la logorrhée nauséabonde d’un député français de droite – auquel il serait accordé trop d’importance de rappeler ici le nom – souhaitant recentrer le projet européen autour de six pays, mais sans le Luxembourg qualifié d’ « artificiel », on préfèrera la position, certes bien plus ancienne (2004), mais toujours tellement d’actualité, du ministre des Finances de l’époque, Luc Frieden, exhortant les Luxembourgeois à être « plus européens que les autres ». En tout état de cause, le 25 mai ne sera qu’une étape. Une de plus. Certainement pas la moins importante, mais qui servira de base à tellement d’autres. Et si le verdict des urnes permet à Jean-Claude Juncker d’inscrire son nom à la suite de ceux de ses glorieux et lointains prédécesseurs Gaston Thorn et Jacques Santer à la tête de la Commission européenne, le Grand-Duché y gagnera encore un peu plus de cette identité européenne, tellement indispensable pour son avenir.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

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Entreprises

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Stugalux

NOUVEAU QUARTIER EN POINTS DE SUSPENSION À la demande d’un petit propriétaire, le plan d’aménagement particulier de tout un nouveau quartier d’habitation à Strassen, dont des logements bon marché, a été gelé et le chantier arrêté jusqu’à nouvel ordre.

Rien ne dit que le projet « Am Pescher » verra finalement le jour à Strassen…

un jugement intermédiaire en mai 2013, enjoignant d’abord le promoteur et la commune à communiquer toutes les pièces du dossier. La décision frappant le PAP d’annulation est tombée le 5 mai dernier.

Visuel : Stugalux

Coefficients trop élevés

C’est un coup dur à la fois pour l’entrepreneur et promoteur Stugalux, les autorités communales de Strassen et le logement bon marché. Le tribunal administratif a annulé, le 5 mai dernier, à la demande d’un couple d’hôteliers et petits propriétaires de parcelles, tous les actes administratifs ayant approuvé le plan d’aménagement particulier « Am Pescher » dans la commune. Un projet sur 16 ha portant sur des centaines de logements, dont certains étaient déjà en construction, notamment un lotissement de 20 appartements, rue des Lavandes, offerts en prévente fin 2012 à des tarifs de 2.500 euros / m2. En cause de cette annulation, la violation de la réglementation de 2004 sur les degrés d’occupation du sol, largement dépassés par le promoteur. Ainsi, sur les 48 lots du quartier Pescher, 24, soit la moitié, dépassaient les normes autorisées. Si la législation de 2004 a entretemps été abrogée, l’affaire n’est pas sans conséquence, car d’autres autorisations de construire délivrées par la commune de Strassen – et où les délais de rétractation courent encore – sont susceptibles d’encourir à leur tour la nullité. Le coup est d’autant plus rude que la juridiction administrative a ordonné l’effet suspensif du

recours pendant le délai et l’instance d’appel. Soit plusieurs mois, alors que l’affaire traîne depuis octobre 2011. Les juges ont en effet décidé que l’exécution des décisions ministérielles et communales (le PAP litigieux) « risque de causer un préjudice grave et définitif » aux plaignants, « étant donné que la réalisation du PAP litigieux a d’ores et déjà débuté par les travaux d’aménagement et de construction des installations d’infrastructures, respectivement par la délivrance de permis de construire et les travaux de construction d’immeubles ». Le tribunal a rappelé la jurisprudence, qui veut que les tribunaux se refusent à ordonner la démolition de constructions érigées sous le couvert d’une autorisation administrative annulée. Donc, mieux valait geler l’avancée du chantier. Le litige entre Stugalux, le collège des bourgmestres et échevins de la commune de Strassen, d’un côté, et le couple de propriétaires et leur société exploitant un hôtel dans cette commune de l’autre, remonte à l’hiver 2010, après que ces derniers ont appris que leurs terrains avaient été intégrés contre leur gré dans un projet d’aménagement privé. En dépit de leur réclamation, le PAP fut définitivement approuvé le 28 février 2011. Leur recours fut introduit en octobre 2011. Le tribunal administratif prononça

Les juges n’ont pas tout retenu dans l’argumentaire. Ils ont ainsi totalement balayé les accusations selon lesquelles l’administration communale de Strassen, à l’origine de l’initiative du PAP, n’aurait pas agi dans l’intérêt général, mais pour le compte exclusif d’un groupe privé, en l’occurrence Stugalux, propriétaire de 80 % des parcelles couvertes par le PAP et dont le nom est apparu à toutes les étapes de la procédure administrative. Strassen aurait, selon ses accusateurs, servi de « paravent » au promoteur privé pour lui éviter de devoir être propriétaire de l’intégralité des terrains visés par le PAP ; ce qui relevait de l’impossible en raison des réticences de certains propriétaires de parcelles à vendre leurs biens. C’est finalement sur les coefficients d’occupation du sol (COS) et les coefficients d’utilisation du sol (CMU) que la balance a penché contre Stugalux. Le dépassement pour le COS, normalement fixé à un plafond de 0,4, était de 0,45 et il pointait à 0,95 au lieu de 0,8 pour le CMU. Le promoteur avait admis les dépassements, mais il considérait qu’il convenait de faire des calculs des degrés d’occupation du sol sur la moyenne de l’ensemble des terrains faisant partie du PAP et non pas pour chacune des parcelles. Les juges administratifs, eux, ont dit le contraire. Donc aucune latitude donnée aux promoteurs pour construire très en hauteur sur certaines parcelles et rien sur d’autres. « Un tel procédé, ont dit les juges, viderait de son sens les dispositions du plan d’aménagement général et plus particulièrement celles relatives à l’utilisation du sol, tendant notamment à un développement urbain et à un aménagement du territoire cohérent. » V. P.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

RECOURS

Cargolux

OPE en appelle à l’Europe

Redécollage diversifié Les résultats 2013 de la compagnie de fret présentent un résultat de nouveau dans le vert, porté par une forte hausse du tonnage traité, mais surtout par une diversification des activités.

Exclus du Fonds pour l’emploi du fait d’une législation qui serait non conforme au droit communautaire, des ex-salariés de feu l’association Objectif plein emploi (OPE), licenciés en 2013, ont décidé de saisir les autorités européennes pour obtenir les indemnités découlant de leur licenciement. Ils sont soutenus, dans leur démarche, par la médiateure Lydie Err, après qu’une première démarche auprès du ministère du Travail n’a obtenu aucun résultat.

CULTURE

Den Atelier investit Luxexpo

H6 : c’est le nom de la future salle de concerts qui va voir le jour dans le Hall numéro 6 de Luxexpo (2.000 m2 côté Sud) au printemps 2015. C’est le résultat d’un accord signé entre Luxexpo et le duo Petz Bartz-Laurent Loschetter, les promoteurs des concerts à l’Atelier, la mythique (mais petite, à peine un millier de places) salle de la rue d’Hollerich. H6, transformée par Metaform, pourra accueillir jusqu’à 3.500 personnes.

DIVERSIFICATION

Ceratizit débarque en Californie Déjà présent dans 50 pays à travers le monde, le groupe Ceratizit annonce le rachat de 80 % des parts de Promax Tools, une société californienne également spécialisée dans les métaux durs. Selon Jacques Lanners, président du directoire du groupe Ceratizit, cette opération « est une opportunité exceptionnelle d’étendre notre réseau de clients régionaux, notamment dans les industries aérospatiales en Californie ».

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Photo : Frédéric Humblet (archives)

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Sans la multiplication par six des revenus divers, Cargolux serait restée dans le rouge.

Cargolux a réalisé, pour le compte de l’exercice 2013, un bénéfice de 8,4 millons de dollars, faisant suite, pour 2012, à un déficit de 35,1 millions. Le chiffre d’affaires, lui, a bondi de 14,4 % à 1.989 millions de dollars, grâce notamment à une croissance significative du tonnage (+16,7 %), passé, en un an, de 645.759 à 753.848 tonnes. Paradoxalement, le taux de remplissage a, quant à lui, légèrement reculé de 0,9 %, à 67,7 %. Pour autant, les membres du comité de direction et le président du conseil d’administration, Paul Helminger, ont tenu à souligner que, dans un contexte global de crise du fret aérien, Cargolux était l’une des seules à garder la tête hors de l’eau. De bon augure au moment d’accueillir les nouveaux actionnaires chinois de HNCA, également intégrés au conseil d’administration (avec trois sièges).

Richard Forson, CEO ad interim pendant l’exercice 2013, a ainsi attiré l’attention sur le fait que la compagnie luxembourgeoise était celle qui, parmi le top 10 de l’industrie, bénéficiait du plus fort taux de croissance du tonnage. Avec une part de marché de 3,5 %, Cargolux se place en 8e position du classement mondial des opérateurs tout cargo et mixtes en termes de tonnes transportées. Mais le bénéfice réalisé tient surtout à la diversification des revenus de Cargolux. En 2012, la partie des revenus opérationnels hors activité cargo représentait 12,5 millions. En 2013, elle est passée à 31,7 millions de dollars, avec une augmentation de 680 % de la partie « miscellaneous » (divers), de 2,8 millions à 21,9 millions de dollars. Interrogé sur la nature de ces

revenus, Richard Forson a indiqué qu’il s’agissait d’activités de services. Sans cet accroissement significatif, les résultats de Cargolux seraient restés dans le rouge. Devant les difficultés rencontrées par le secteur et la nature des revenus de Cargolux, le comité de direction et Dirk Reich, nouveau CEO, ne versent pas dans l’euphorie. L’objectif de la compagnie de fret en 2014 consistera à optimiser les recettes et les dépenses tout en multipliant les routes commerciales. Aucun chiffre de croissance pour l’année en cours n’a encore été officiellement dévoilé. Mais dans une interview accordée à l’hebdomadaire d’Land fin avril, M. Reich fait état, pour le premier trimestre, d’une augmentation des volumes en comparaison avec la même période l’an dernier.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

MOBILE PAYMENT

ORANGE LUXEMBOURG

ALBERT 1ER

Yapital : QG dans la capitale

Premier trimestre difficile

Une résidence à la place de l’hôtel

Présent au Grand-Duché depuis 2012, le groupe Yapital s’apprête à faire de sa filiale luxembourgeoise son quartier général européen. La société, désormais établie à la Cloche d’Or, compte 22 employés et table sur un doublement de ses effectifs d’ici à la fin de l’année. « Ce n’est plus qu’une question administrative, tous les voyants sont au vert », indique son président et CEO, Nils Winkler. (lire aussi p. 32)

Au premier trimestre, Orange Luxembourg enregistre un recul de 15 % de son chiffre d’affaires global à 15,6 millions d’euros et de 18,3 % pour la seule activité de téléphonie (13,5 millions). Même sans l’impact de la baisse des tarifs de terminaison mobile (lire en page 78), l’opérateur aurait tout de même enregistré un repli de 5,6 % de ses revenus. En trois mois, Orange a acquis 500 clients supplémentaires, mais en a perdu plus de 2.700 en un an.

Le standing restera de rigueur, mais l’objet changera. L’emblématique hôtel quatre étoiles à la façade cuivrée, à Belair, a fermé ses portes fin avril. Les raisons ne sont pas précisément connues, mais le propriétaire n’a manifestement pas pu faire prendre la sauce et digérer les investissements consentis. Construit en 1999, rénové en 2008, l’hôtel aux 40 chambres et suites va disparaître du paysage. Ou plutôt renaître sous une autre forme, en l’occurrence une résidence, avec des plateaux de bureaux et des appartements, de standing eux aussi. Un projet d’envergure confié au bureau Beiler + François Architectes.

Photo : Luc Deflorenne (archives)

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Les mini-centrales photovoltaïques ont un rendement financier subitement moins élevé. Les privés n'apprécient pas !

Photovoltaïque

Le recul d’Enovos et de Creos Les deux opérateurs ont revu à la baisse la rémunération des petits producteurs privés d’électricité solaire. Une décision unilatérale qui provoque des remous.

Enovos et Creos viennent d’avertir plus d’une centaine de petits producteurs d’énergie photovoltaïque (souvent des agriculteurs) d’une baisse des conditions de rémunération des mini-centrales solaires qu’ils ont installées, à leurs frais. La rémunération prévue dans les contrats (d’une durée de 15 ans) prévoyait un prix fixe de 0,38220 euro/kWh pendant toute la durée des contrats. Il n’est désormais plus que de 0,3367 euro, soit une perte de revenus pour les producteurs pouvant aller jusqu’à 25.000 euros. Cette décision fait suite à une erreur d’interprétation de la part des deux opérateurs d’un règlement grand-ducal de février 2008. La Centrale paysanne luxembourgeoise, alertée par certains de ses membres, a demandé au ministre de l’Économie, Étienne Schneider (ancien président d’Enovos…), que les deux sociétés fautives « a ssument pleinement la responsabilité et les conséquences de leur erreur ».

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« Les PME peuvent jouer un rôle international : elles sont souvent parmi les plus innovantes. » Raymond Schadeck (Luxinnovation)

TV

Altice étend son empire via Luxembourg Décidément très active, la holding luxembourgeoise Altice, qui vient de s’offrir l’opérateur français de téléphonie SFR via Numericable, continue ses emplettes via le GrandDuché. Elle vient de racheter la totalité du capital de la chaîne Kombat Sport, qui disposait d’une concession de réseau câblé octroyée au Grand-Duché à la société Sporttv, mais aussi du groupe Ma Chaîne Sport, éditeur de chaînes sportives (MCS Tennis, Extrême ou Bien-Être, des thématiques diffusées sur divers bouquets satellites). Dans les deux cas, Altice n’avait jusqu’alors qu’un tiers du capital en main. Selon BFM TV, Kombat Sport a été valorisée 12 millions d’euros et le groupe MCS 23 millions d’euros.


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Inowai

Property Partners change d’image En même temps qu’elle a fêté son 15e anniversaire, la société spécialisée dans l’immobilier professionnel et résidentiel a procédé à un rebranding complet, dans un souci d’harmonisation…

Présentée devant un parterre de quelque 500 invités réunis au Tramsschapp pour la soirée de son 15e anniversaire, Inowai, la nouvelle identité de Property Partners, marque un tournant important dans l’histoire de la société. « Je laisse à l’imaginaire de chacun ce que l’on peut ressortir des trois premières lettres et des trois dernières », indique Vincent Bechet, partner de la société depuis 2002 et CEO depuis l’opération de management buy out réalisée en 2006. Ce

changement de nom, réalisé avec l’agence de communication Dechmann, est tout sauf un simple amusement sémantique. Il permet aussi d’harmoniser la présence du groupe en France et en Belgique, où il ne lui était pas possible d’opérer sous le nom de Property Partners. « N ous sommes une entreprise luxembourgeoise que nous développons à l’international, tout en gardant notre indépendance  », ne manque pas de rappeler M. Bechet.

Parkhouse pour succéder à Mouget Il y avait trois candidats associés en lice pour prendre la relève de Didier Mouget, arrivé au terme de ses deux mandats à la tête de PwC, la plus grande firme d’audit et de conseil au Luxembourg : Rima Adas (leader des activités audit de la firme), qui avait, croyait-on, de bonnes chances ; Wim Piot (en charge des activités de conseil fiscal) et le Britannique John Parkhouse. C’est ce dernier que les associés de PwC ont choisi, un peu à la surprise générale. Le mandat de M. Mouget aurait dû se terminer le 1er juillet 2014, mais il a eu droit, faute de pouvoir rempiler une troisième fois pour quatre ans – ce que les statuts de la firme ne prévoient pas – à une petite rallonge d’un an, le temps d’organiser le passage de relais avec son successeur, qui entrera donc officiellement en fonction le 1er juillet 2015.

ACL

Jean-Claude Juchem, nouveau directeur À la recherche de son directeur général depuis octobre dernier, après que Daniel Tesch a été démis de ses fonctions, l’Automobile Club du Luxembourg connaît désormais son nouveau big boss : Jean-Claude Juchem, 51 ans, qui a longtemps dirigé le groupe de sécurité G4S puis avait, en 2012, créé le groupe de services Edgas. Il aura en charge la mise en œuvre de la réorganisation de l’une des plus grosses associations du pays (171.000 membres et 140 salariés), qui a connu quelques remous ces derniers mois. Le dernier en date est simultané à cette nomination, puisque Daniel Tesch, dans une lettre adressée aux membres du conseil d’administration, dénonce pêle-mêle le harcèlement moral dont il dit avoir été victime

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de la part du président du conseil, Yves Wagner, à qui il reproche par ailleurs des manœuvres népotiques ; la rupture du pacte de « non-dénigrement » signé avec ce même président ou encore un problème de gouvernance via la présence au conseil d’administration de l’ACL des deux plus grandes compagnies d’assurance du pays (Foyer et Lalux), qui sont aussi des « concurrents naturels » de l’Automobile Club. Dans ce règlement de comptes au vitriol, M. Tesch en appelle à la « volonté inébranlable » des administrateurs de l’ACL, ainsi qu’à leur « intégrité sans faille », osant espérer, en conclusion, « que le conseil d’administration aura le courage de soumettre ces thèmes à ses membres lors de la prochaine assemblée générale pour qu’ils puissent y donner leur juste avis ».


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ANNIVERSAIRE ET REBRANDING

Property Partners devient Inowai

En même temps que la société spécialisée dans l’immobilier professionnel et résidentiel a fêté son 15e anniversaire, le 23 avril, elle a présenté, devant près de 500 personnes, sa nouvelle appellation et sa nouvelle identité visuelle. Photos Olivier Minaire

Pitt Pirrotte (Immobilière Pirrotte Real Estate Services), Paul Mathes (Inowai) et Xavier Blouin (SGBT)

Christel Dumont, Christophe Brau et Stéphane Hadet (OPF Partners) et Véronique Hoffeld (Loyens & Loeff)

Inowai se dévoile…

Raffaele Guiducci (Codic Luxembourg)

Sabrina Charles et Gaëlle Beckers (Ateac)

Vincent Bechet (Inowai)

Jean-François Kroonen (PwC) et Stef Oostvogels (Eastbirds)

Yann Alexandre Tytgadt (Pylos) et Xavier Hauboldt (Hochtief Luxembourg)

Paul Michael Schonenberg (Amcham) et Aliona Zander (Alliance Magazine)

Éric Moretti (Ferrero International)

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Michel Wurth prend une « semi-retraite »

Un virage, pas un arrêt

Le 30 avril, Michel Wurth a pris sa retraite du comité de direction d’ArcelorMittal, tout en conservant un rôle d’interface entre le leader mondial de la sidérurgie et son entité luxembourgeoise, dont il préside le conseil d’administration. Entré à l’Arbed en 1979, il a été l’un des acteurs immédiats de la restructuration de la sidérurgie luxembourgeoise et, au-delà, de la mutation du tissu économique national. Le dernier dirigeant luxembourgeois du groupe ArcelorMittal aura désormais plus de temps pour se consacrer à ses mandats de président de la Chambre de commerce et de l’Union des entreprises luxembourgeoises. Texte Jean-Michel Gaudron Photos Luc Deflorenne

L

’économie luxembourgeoise connaît un printemps 2014 particulièrement mouvementé en ce qui concerne ses grandes figures emblématiques. Après Romain Bausch, qui a passé le relais après 20 années passées à la tête de l’opérateur de satellites SES (voir notre édition d’avril, page 72) ; après François Tesch, qui a quitté les fonctions de CEO du groupe d’assurances Foyer qu’il occupait depuis 1985 (voir notre édition de mai, page 98), c’est au tour de Michel Wurth de tirer sa révérence. Du moins en partie. Le 30 avril dernier, âgé de 60 ans (depuis le 17 avril), il a en effet quitté ses fonctions de membre du comité de direction d’ArcelorMittal, où il avait la responsabilité de directeur monde des produits longs. L’annonce en avait été faite en décembre dernier. Une page qui se tourne, donc, mais dans la plus grande sérénité. « Je me prépare depuis longtemps, explique-t-il à paperJam. Il y a deux ans, j’avais fait part à Monsieur Mittal de mon intention de réfléchir et il y a un an, j’ai pris ma décision. Mon souci était de réussir mon départ de la vie exécutive, mais pas de la vie active. » Car Michel Wurth ne disparaît pas du jour au lendemain d’un paysage économique luxembourgeois où il tient une place importante, notamment au travers de ses deux mandats de président de la Chambre de commerce – il a été renouvelé dans cette fonction pour une durée de cinq années lors de la dernière assemblée plénière de l’institution, le 22 avril dernier – et de l’Union des entreprises luxembourgeoises. Il entend même davantage s’y impliquer, maintenant qu’il est libéré d’une partie de sa charge quotidienne. Pas question non plus de quitter le giron du leader mondial de la sidérurgie, où il affiche

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Michel Wurth : « La vie est toujours quelque chose qui avance. Il y a eu des carrefours, j’ai fait mon chemin même si, bien sûr, d’autres choix auraient certainement été possibles. »

35 années de bons et loyaux services. En tant que président du conseil d’administration d’ArcelorMittal Luxembourg (ex-Arbed), il va s’investir dans un rôle d’interface entre le groupe et son antenne luxembourgeoise. Une fonction qui sera également facilitée par le nouveau mandat d’administrateur que l’assemblée générale des actionnaires lui a confié le 8 mai dernier. « Je ne resterai donc pas inactif », prévient Michel Wurth, par ailleurs président du conseil d’administration de la société d’investissement BIP Investment Partners, membre des CA de BGL BNP Paribas et de la Croix-Rouge luxembourgeoise. « Aucun licenciement pour raison économique »

Dans les faits, le départ « de la vie exécutive » de M. Wurth constitue un symbole fort, puisque pour la première fois de son histoire, ArcelorMittal ne compte désormais plus un seul membre luxembourgeois dans son comité de direction. C’est peu dire, alors, qu’une page se tourne, même si le constat se doit d’être plus nuancé. « Si je raisonnais sur un plan historique, sans doute je considérerais qu’il s’agit d’une rupture, reconnaît M. Wurth. Mais il ne s’agit en fait que d’une évolution normale, puisque l’internationalisation du groupe a toujours été indispensable pour son développement. Oui, ArcelorMittal n’est plus une société luxembourgeoise au sens sociologique du terme, mais elle n’en est pas moins une société internationale avec son siège au Luxembourg et dont le Luxembourg profite de manière tout à fait valable. Il n’est évidemment pas impossible qu’il y ait un autre dirigeant luxembourgeois dans le futur. Mais il devra se battre de la même façon que n’importe quel autre dirigeant venant de n’importe quel autre pays. »

On est évidemment très loin de l’Arbed telle qu’elle existait en novembre 1979, lorsque Michel Wurth, fraîchement diplômé de la London School of Economics, poussa, dans le « château » de l’avenue de la Liberté, la porte du bureau de Paul Metz, alors directeur général de la société. L’Arbed représentait presque à elle seule la force de l’économie nationale tout entière. Il faut dire que la société, fondée en 1911 (mais par la réunion de sociétés actives depuis la deuxième partie du 19e siècle), employait alors près de 25.000 personnes, à une époque où la place financière n’avait qu’une envergure très limitée, quoique commençant à pointer le bout de son nez… Ingénieur de formation, Paul Metz envoie immédiatement Michel Wurth chez son directeur financier, Norbert von Kunitzki. Il y occupe alors la fonction de conseiller et d’analyste (lire encadré page 70) et devient, deux années plus tard, son assistant au centre universitaire, ce qui lui permet d’y enseigner pendant plus de 15 années. « J’ai eu la chance de pouvoir bénéficier de sa rapidité d’esprit et de son intelligence », se souvient Michel Wurth, alors en charge, notamment, de la planification financière de l’ensemble du processus de restructuration de la sidérurgie luxembourgeoise. Car au lendemain de la crise du milieu des années 70, c’est tout un pan de l’économie luxembourgeoise qui est en pleine mutation. « Entre 1980 et 1990, nous avons inventé le modèle social luxembourgeois,

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CV

Un parcours linéaire Michel Wurth n’aura connu que la seule Arbed (et ses successeurs) comme employeur durant toute sa carrière. Titulaire d’un Master of science in economics obtenu à la London School of Economics and Political Science, après avoir été diplômé de l’Institut des Études politiques puis d’une maîtrise de droit à l’Université de Grenoble, il entre pourtant par hasard à l’Arbed. « À la fin de mes études à Londres, j’avais une opportunité à l’étranger qui ne s’est finalement pas concrétisée. J’ai eu quelques interviews auprès de banques et de PME et puis j’ai eu un entretien avec Paul Metz, le directeur général de l’Arbed de l’époque. Il m’a fait rencontrer Norbert von Kunitzki, le directeur financier. J’ai commencé tout de suite en tant que conseiller et analyste. » Rapidement impliqué dans la mise en place des plans de restructuration de la sidérurgie luxembourgeoise, Michel Wurth accède, ainsi, rapidement, aux coulisses de la direction générale (dans l’ombre de Georges Faber, puis de Joseph Kinsch) et du conseil d’administration, dont il devient secrétaire général en 1986. Dix ans plus tard, il entre au comité de direction en tant que directeur financier et devient vice-président de la direction générale en 1998. En 2002, à la création d’Arcelor, il est nommé directeur général en charge des finances et du pilotage par objectifs. Début 2006, il devient le bras droit du directeur général Guy Dollé et prend la tête de l’ensemble de la filière « produits plats ». Quelques mois plus tard, l’OPA de Mittal Steel donne naissance à ArcelorMittal et Lakshmi Mittal lui confie la responsabilité des produits plats élargis au périmètre de Mittal, ainsi que les volets R&D et marché automobile. En 2011, enfin, il devient responsable « produits longs » au niveau mondial. « Je ne me suis jamais senti bureaucrate, mais plutôt davantage entrepreneur au sein d’une grande entreprise », note-t-il. J.-M. G.

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« Je ne me suis jamais senti bureaucrate, mais plutôt davantage entrepreneur au sein d’une grande entreprise. » Michel Wurth (ArcelorMittal)

reconstruit une sidérurgie en remplaçant les hauts fourneaux par l’aciérie électrique et la coulée continue, qui n’existaient pas, et en spécialisant le Luxembourg dans les produits de niche. Je pense, notamment, aux poutrelles Grey, produites à Differdange, qui disposent de la gamme la plus étendue dans le monde, ou encore le développement, à Belval, du plus important site de production de palplanches dans le monde, que ce soit en termes de volume de production ou en termes de qualité. Malgré toute l’adversité qu’a connue le secteur de la sidérurgie en Europe, nous avons mené un chantier de transformation industrielle exceptionnel, assorti d’une transformation sociale d’envergure. Il y avait 25.000 emplois dans la sidérurgie en 1979. Il en demeure 5.000 aujourd’hui, mais tout cela s’est fait sans aucun licenciement pour raison économique. » Il n’est pas dit que, vue du côté des syndicats, la satisfaction de cette « transformation sociale » soit perçue de la même façon. Mais Michel Wurth sait combien il est difficile d’argumenter sur des critères économiques lorsque le débat glisse sur le terrain politique. « Nous savons que les méchants, c’est nous. En 1982, lors de la désindexation de l’économie avec la dévaluation du franc belge, toute la cause des malheurs du pays a été mise sur le dos de la sidérurgie. Oui, bien sûr, l’État a sauvé la sidérurgie. Mais quand on fait le bilan de sa participation et de la plus-value générée lors de la fusion de 2006, on constate que toute cette aventure a plutôt été une bonne affaire financière pour l’État. »

Les chiffres sont là, également, pour étayer la thèse de Michel Wurth : « La production d’un produit fini prenait 9h30 lorsque je suis arrivé à l’Arbed. Il ne faut plus qu’une heure aujourd’hui. Il faut s’adapter à cette évidence, sinon on meurt. Notre modèle luxembourgeois a doublement réussi : non seulement nous ne sommes pas morts, mais nous restons le siège du premier groupe sidérurgique mondial. Et si nous avons pu le faire sans le moindre licenciement économique, c’est à la fois par la qualité du dialogue social, car personne n’a voulu jouer la politique du pire, et aussi parce que l’entreprise a toujours su démontrer que pour survivre, il fallait être compétitif. Cela restera toujours un facteur clé si le Luxembourg veut encore se prévaloir de son modèle économique à l’avenir. » « Nous n’avons fait que notre devoir »

Au tout début des années 80, la crise de la sidérurgie s’aggrave un peu plus. La tripartite sidérurgique, conclue en mars 1979 et institutionnalisée dans la loi du 8 juin 1979, est de nouveau sollicitée. L’occasion pour Michel Wurth de coudoyer alors directement des personnalités telles que le Premier ministre d’alors, Pierre Werner, son successeur (en 1984), Jacques Santer, mais aussi un tout jeune secrétaire d’État au Travail et à la Sécurité sociale dénommé Jean-Claude Juncker. « Cela m’a donné une ouverture naturelle au monde politique et économique luxembourgeois, reconnaît Michel Wurth. Cela m’a aussi aidé


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« Nous avons mené un chantier de transformation industrielle exceptionnel. » Michel Wurth (ArcelorMittal)

à développer mes réseaux luxembourgeois et les aspects plus ‘locaux’ en dehors de mon activité purement industrielle. » Cette transformation de la sidérurgie luxembourgeoise et, au-delà, de l’ensemble de l’économie, Michel Wurth en fut donc un des acteurs directs. Il a, par exemple, donné les premières impulsions au programme de revalorisation des friches industrielles d’Esch-Belval et au lancement de ce qui est, à ce jour, le plus grand programme de développement urbanistique que connaît le Grand-Duché. Et c’était loin d’être gagné au départ, tant l’État s’est montré réticent dans les premiers temps. « L’Arbed a eu l’idée de la création d’Agora (la société en charge du développement du projet, ndlr) lorsqu’il a fallu fermer la phase liquide de Belval et arrêter les hauts fourneaux. La restructuration qui s’en est suivie a été très dure en termes d’emplois et nous avions, quelque part, mauvaise conscience. Nous avions donc offert les terrains à l’État, mais il ne voulait pas acheter un chat dans un sac, craignant que le site soit pollué. Or, le réaménagement de ces friches constituait, pour la ville d’Esch, le seul moyen de se développer. Il a donc fallu pousser l’État à créer une société pour étudier la faisabilité d’un tel projet, car il craignait au départ que ce ne soit politiquement pas bon. Pourtant, aujourd’hui, on ne peut que se féliciter du développement du projet et de son symbole : là où était la richesse du 19e et du 20e siècles, nous sommes en train de construire la richesse du 21e siècle. Il y a peu d’exemples étrangers aussi probants que celui-là. »

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L’année 2006 marque évidemment un tournant majeur, tout autant dans la carrière de Michel Wurth que dans le paysage économique luxembourgeois, avec l’OPA menée par Mittal Steel sur Arcelor. Une opération qui, dans un premier temps, a suscité une levée de boucliers au GrandDuché, peu favorable à la prise de pouvoir de « l’envahisseur » indien. Guy Dollé, en premier lieu, fut l’un des plus farouches opposants à cette opération. « Ce fut une période très dure, avec un très gros engagement personnel, se rappelle M. Wurth. Nous étions sur le pont, tous les jours, de sept heures à minuit, partout dans le monde. Mais quand on est responsable d’une société, on travaille aussi pour ses actionnaires. Au moment de l’offre de Mittal, l’action était à 22 euros. Quand l’offre a été validée en juillet, le titre était à 44 euros. Nous avons donc doublé la valeur de l’entreprise pendant ces six mois, ce qui a entraîné l’adhésion de l’écrasante majorité des actionnaires à ce projet. Ce qu’il fallait éviter, surtout, c’était de devenir trop émotionnel et de tirer sous la ceinture. Il est vrai qu’au début, nous nous sommes regardés en chiens de faïence. Puis Monsieur Mittal m’a proposé de prendre en charge les produits plats, la R&D et le secteur automobile. J’avais le choix de dire non ou bien de relever le défi. Il m’a semblé naturel de le faire, car je n’avais aucune haine vis-à-vis de ce qui fut, un temps, notre adversaire. Nous avons seulement fait notre devoir en vendant chèrement notre peau. » Guidé par un mode de leadership participatif, persuadé du fait qu’une équipe est toujours

plus forte que la somme des individualités qui la composent, M. Wurth a donc continué à avancer, gérant en parallèle sa carrière « exécutive » et ses mandats à la Chambre de commerce et à l’UEL. Deux responsabilités qu’il occupe depuis 2004 et qui lui ont forgé une assise supplémentaire dans le paysage économique national. Du reste, son « poids » dans le système a été reconnu en 2008, lorsqu’un jury indépendant l’a désigné en tant que lauréat du Top 100 paperJam des décideurs économiques les plus influents. Un « classement » dont il sera encore deuxième en 2010 et 7e en 2012. À l’heure de tourner une page, mais sans pour autant refermer le livre, Michel Wurth avoue n’éprouver aucun regret particulier. « La vie est toujours quelque chose qui avance. Il y a eu des carrefours, j’ai fait mon chemin même si, bien sûr, d’autres choix auraient certainement été possibles. »

Après 35 ans de carrière (dont 18 en tant que membre du comité de direction) chez Arbed, puis Arcelor, puis ArcelorMittal, Michel Wurth a mis fin à ses fonctions exécutives le 30 avril 2014. Il ne quitte pas pour autant le giron du leader mondial de la sidérurgie, pour qui il continue à assurer la liaison avec le Luxembourg. Il conserve également la présidence de la Chambre de commerce et de l’Union des entreprises luxembourgeoises : deux mandats pour lesquels il aura désormais davantage de temps à consacrer.


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Publications

Il n’y a pas que le financier dans la vie Les députés européens ont voté une directive visant à imposer aux entreprises de plus de 500 salariés la publication d’un rapport détaillant leurs démarches en matière de RSE. L’objectif du législateur européen est d’accroître la transparence de certaines sociétés, autant que leurs responsabilités et leurs performances. Au Luxembourg, certaines entreprises et organisations, même de plus petite taille, se sont déjà lancées dans cette démarche. Le mouvement est en marche… Texte Jean-Michel Gaudron

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ans le rush de la fin de la session parlementaire européenne, le vote, à Strasbourg, de la directive modifiant les directives 78/660/CEE et 83/349/CEE ne manque pas d’un certain intérêt pour les entreprises. Car le texte, adopté en séance plénière le 15 avril, vise à obliger certaines grandes sociétés et certains groupes à publier des informations extra-financières et des informations relatives à la diversité. Le scope de ces informations est pour le moins très large : il couvre les politiques, les risques et les résultats en ce qui concerne les questions environnementales, les aspects sociaux et liés au personnel, le respect des droits de l’Homme, les questions de la lutte contre la corruption et, enfin, la diversité dans les conseils d’administration. Dans un premier temps, ces nouvelles règles s’appliqueront seulement à certaines grandes entreprises comptant plus de 500 salariés (avec des conditions de chiffre d’affaires et de somme de bilans), en particulier les grandes entités d’intérêt public. Lors des consultations préalables et des analyses d’impact, les services de la Commission avaient établi que sur les quelque 42.000 grandes sociétés présentes dans l’UE, seules 2.500 environ publient officiellement des informations non financières chaque année. La directive indique que, pour procéder à cette démarche descriptive, les entreprises pourront s’appuyer sur un certain nombre de cadres nationaux, européens ou internationaux, parmi lesquels les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, la norme ISO 26000 ou encore – et surtout – la « Global Reporting Initiative » (GRI). Cette dernière méthodologie, mise au point à la fin des années 90, est d’ailleurs l’une de celles que Michel Barnier, le commissaire européen en charge du marché intérieur et des services, met régulièrement en avant sur le sujet. Elle est aussi l’une des plus largement répandues à travers le

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Photo : David Laurent (archives)

monde, avec plus de 6.000 organisations. Nombreux étaient les professionnels à attendre une uniformisation à l’échelle européenne de pratiques qui, ces dernières années, se sont développées dans les différents pays. En France, par exemple, la loi dite « de Grenelle II » avait déjà rendu, en 2010, cette démarche obligatoire, avec une mise à jour en mai 2012. Le Royaume-Uni, pour sa part, avait adopté dès 2006 une législation qui est en cours d’actualisation, introduisant la méthode « Se conformer ou s’expliquer », dont se sont inspirés ensuite d’autres pays, notamment l’Allemagne et le Danemark. La Suède a aussi légiféré en 2007 et l’Espagne en 2011, mais avec des critères d’application différents. Se donner les moyens

Au Luxembourg, en théorie, ce sont environ 70 entreprises qui, à la base, sont concernées en tant qu’employeurs de plus de 500 personnes. Mais le périmètre est plus complexe à définir, car la publication d’un tel rapport extra-financier impliquera tant les sociétés mères basées au Luxembourg que les filiales luxembourgeoises de groupes européens, pour autant que le groupe emploie plus de 500 personnes et enregistre plus de 20 millions d’euros de bénéfice ou 40 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Dans son ensemble, le marché était plutôt dans l’attente d’une telle décision européenne, mais depuis un an et demi, bon nombre d’entreprises se sont donné les moyens en la matière et ont intégré cette démarche dans leur stratégie d’entreprise », constate Stéphanie Deltenre, managing director de HR2D, interrogée par

En matière de responsabilité sociale des entreprises, les démarches de formation tiennent une bonne place dans les éléments de reporting à communiquer. Mais elles ne sont qu’un indicateur parmi d’autres que les sociétés doivent apprendre à formaliser.

paperJam. Sa société de conseil, membre du consortium des formateurs certifiés GRI pour les pays du Benelux, est spécialisée dans l’accompagnement RSE des entreprises. « Ce vote va encourager les entreprises à mesurer, valoriser et développer la performance extra-financière pour faire de la RSE un axe de décision stratégique. La RSE s’érigera davantage comme un modèle de gestion complémentaire où cette performance non financière sera valorisée. Cependant, le besoin de sensibiliser et d’informer les entreprises reste entier quant à l’intégration opérationnelle de ce nouveau type de gestion. » Norman Fisch, le coordinateur de l’Institut national pour le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR, rattaché à l’UEL), a, pour sa part, une double lecture du vote de cette directive. « À nos yeux, une démarche RSE doit être faite sur une base volontaire. Tout ce qui est basé sur une réglementation stricte n’est donc pas forcément une chose bienvenue. Mais cela n’enlève rien au caractère très positif, pour les sociétés, de devoir procéder à ce type de reporting. » L’INDR, en association avec la Luxembourg School for Commerce, a mis en place, depuis peu, un programme intra-entreprise de formation certifiante aux principes de GRI, permettant aux entreprises de se familiariser avec la méthode. « Nous espérons clairement que les grandes entreprises vont prendre conscience de manière plus avancée de l’importance de ces formations », précise M. Fisch. Une formation analogue est également dispensée auprès de l’Institut de formation sectorielle du bâtiment (IFSB). Rien d’étonnant quand on sait que cette institution fait partie des pionniers en matière de démarches RSE. « Nous avons commencé à travailler sur les questions de RSE dès 2007, témoigne Elisabeth De Sousa, responsable développement durable et chef de projets à l’IFSB. Nous avons d’abord développé, nous-mêmes, un outil d’évaluation qui était opérationnel avant même que la norme Iso 26000 soit officiellement publiée en 2010. Beaucoup nous ont d’ailleurs pris pour des fous à vouloir nous imposer de tels standards alors que rien n’était obligatoire. Nous nous

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« Beaucoup d’entreprises sont tout simplement dans l’ignorance de ce type de démarches. »

« Une démarche RSE doit être faite sur une base volontaire. »

Stéphanie Deltenre (HR2D)

sommes ensuite dit qu’en tant que PME (l’IFSB emploie un peu moins de 30 personnes, ndlr) il était essentiel de se l’appliquer à nous-mêmes pour, ensuite, mieux aider les entreprises à le faire. » Et c’est ainsi que l’institut a publié, en 2012, son premier rapport RSE, basé sur les données 2011 et suivant les principes GRI. Un autre a suivi en 2013 et le troisième est attendu pour le début de l’été. « Nous avons fait le choix de l’exemplarité et de la transparence, explique Mme De Sousa. Mais bon nombre de notions de RSE, comme la bonne gouvernance sociale ou l’effort en matière énergétique, font déjà partie de notre ADN. La RSE ne se décrète pas du jour au lendemain. Elle doit vraiment être dans la culture même de l’entreprise pour pouvoir ensuite se structurer au fil du temps afin d’obtenir une vision vraiment cohérente. Cela implique aussi que toute la direction générale prenne le pli de s’engager, car une telle démarche nécessite un investissement humain conséquent. Mais c’est vraiment accessible à tous. » Si les « gros » se sont déjà lancés dans une telle initiative de communication extra-financière (Post, ArcelorMittal, Aperam, Cargolux…), des structures plus petites, y compris de moins de 500 salariés, s’y intéressent aussi. « Trasolux est un autre bon exemple, relève Mme Deltenre. Cette société de transport de marchandises dangereuses, spécialisée dans la livraison des stations-service au Grand-Duché, a décidé de s’engager dans le développement d’un reporting GRI afin de valoriser sa politique QHSE et sa culture d’entreprise, de préparer une future labélisation ESR (INDR) et de se différencier lors d’appels d’offre. » Le parcours législatif de cette disposition n’en est qu’à ses premiers pas. C’est désormais au Conseil européen d’entériner ce vote, dans un délai de deux semaines. Il s’agira ensuite, pour les États membres, de transposer le texte dans leurs lois nationales respectives. Ce sera notamment l’occasion de préciser le sort réservé aux entreprises qui ne respectent pas cette obligation. La directive est, à ce sujet, muette. Sans réglementation nationale, elle devrait prendre effet le 1er janvier 2017. Cela laissera le temps aux

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Norman Fisch (INDR)

« La RSE ne se décrète pas du jour au lendemain. Elle doit vraiment être dans la culture même de l’entreprise. » Elisabeth De Sousa (IFSB)

entreprises concernées de mettre à leur ordre du jour le développement des outils nécessaires à la réalisation de ces publications extra-financières. « Un tel rapport ne s’improvise pas. Il faut compter une année pour préparer les procédures et les mettre en place, si elles n’existent pas. Puis une autre année pour la collecte des données et ce n’est seulement que la troisième année qu’il est possible de publier un premier rapport selon les standards internationaux », précise Mme Deltenre. La tâche est parfois très complexe au regard des informations à compiler. Au point que certaines entreprises engagées dans le processus ont fini par renoncer en cours de route. Pas qu’une question d’image de marque

L’ampleur de la démarche trouve une illustration chez Post Luxembourg. L’ex-Entreprise des P&T travaille sur le sujet selon la méthode GRI, laquelle en est, depuis juin 2013, à sa 4e évolution – d’où l’appellation « G4 » des lignes directrices actuellement en vigueur, après les « G3 » qui avaient cours depuis 2011. « Avec le modèle G3, il était demandé d’indiquer le nombre d’heures de formation suivies par le personnel. Avec le modèle G4, il est demandé de détailler la répartition entre hommes et femmes, mais aussi selon la tranche d’âge ou encore le niveau dans la hiérarchie », témoigne Olivier Mores, promu en début d’année head sustainable development / CSR chez Post. Au sein de l’entreprise publique, la démarche RSE initiée en 2008 se matérialise par quelques réalisations chiffrées présentées lors du premier rapport RSE publié en juillet 2013 (le prochain le sera d’ici à l’été) : l’appel à 70 % de fournisseurs locaux et 53 % ayant développé une approche RSE similaire ; 1,87 milliard d’euros de valeur créée et distribuée au travers des investissements pour la communauté, les salaires, impôts, dividendes et autres donations ou encore l’utilisation de 100 % d’électricité d’origine renouvelable et un parc automobile « électrique » en croissance (il y avait 33 véhicules au 31 décembre 2013, plus de 70 aujourd’hui, sur un parc automobile total de plus d’un millier d’unités).

« Cette démarche nous aide à devenir opérationnellement plus responsables et efficaces. » Olivier Mores (Post)

Aujourd’hui, le Comité de développement durable, présidé par M. Mores, a été réduit à cinq personnes, représentant différents volets : bâtiments / infrastructures, mobilité, RH et communication, en attendant l’intégration d’une sixième représentant les achats. Ce comité, qui rapporte directement à la direction générale, pilote différents groupes de travail placés sous la responsabilité de tous ces responsables. « Ces groupes se réunissent régulièrement, proposent des objectifs à réaliser et des initiatives à prendre pour y parvenir », précise M. Mores. Avec près de 4.000 employés (ce qui en fait le 3e plus gros employeur du pays), Post Luxembourg entre, a priori, dans les critères de la directive européenne. « Mais nous l’avons fait sans avoir l’obligation de le faire et nous continuons sur notre lancée, précise M. Mores. Cela est important pour nous, car nous sommes dans un contexte général de plus en plus orienté vers la durabilité des activités, aussi bien économiques que sociales et environnementales. Il y a, bien sûr, une prise de conscience à développer au niveau des collaborateurs en interne, mais il est important aussi d’être vu comme une entreprise responsable par le monde extérieur : les clients, les fournisseurs, les actionnaires et, plus largement, tout le pays. Ce n’est évidemment pas qu’une question d’image de marque, cette démarche nous aide à devenir opérationnellement plus responsables et efficaces, tout en utilisant au mieux nos ressources. »

Une directive européenne votée à la mi-avril par le Parlement à Strasbourg introduit, pour les grandes entreprises, l’obligation de publier un rapport extra-financier en même temps que ses comptes annuels, détaillant notamment ses actions en matière de RSE. Au Luxembourg, la démarche est déjà suivie par quelques entreprises, y compris de petite taille. Le mouvement est lancé...


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Télécoms

Mobilis in mobili Le secteur de la téléphonie mobile est en pleine effervescence, sur fond de nouvelle réglementation en matière de tarification.

La décision très controversée de l’Institut de régulation de baisser radicalement les tarifs de terminaison d’appel oblige les opérateurs à revoir leurs business models. Pour ne pas faire payer aux usagers ces changements radicaux, les acteurs doivent envisager de réduire la voilure sur certains investissements. Texte Jean-Michel Gaudron Photo Luc Deflorenne

C

’est peu dire que l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) s’est mis à dos l’ensemble des opérateurs luxembourgeois de téléphonie mobile en publiant, en début d’année, le règlement 14/172/ILR portant sur la définition des marchés pertinents de la terminaison d’appel vocal sur réseaux mobiles individuels (voir encadré page 79). À la suite de la consultation publique nationale qui a été menée à la fin de l’été 2013, le régulateur a en effet décidé de n’en faire qu’à sa tête et a publié une nouvelle tarification à laquelle l’ensemble des opérateurs était pourtant opposé, compte tenu de la radicalité appliquée en matière de baisse : de 8,8 centimes d’euro, le coût par minute de la terminaison d’appel a en effet été ramené à 0,98 centime d’euro, soit plus de 90 % de baisse. Un tarif toutefois provisoire, dans l’attente du calcul, par l’ILR, de son propre modèle de coût… Les opérateurs, eux, demandaient l’application d’un tarif de 1,29 centime d’euro, calculé sur la moyenne simple des prix pratiqués en France (0,84 centime), la Belgique (1,18 centime) et l’Allemagne (1,85 centime). Il faut dire aussi que l’ILR n’avait guère le choix, sous la pression de la Commission de Bruxelles, qui lui reprochait l’absence d’analyse des différents marchés de la téléphonie (notamment mobile). Le régulateur a donc choisi d’imposer ses tarifs sur la base d’un benchmark très controversé prenant en compte sept marchés (Danemark, Espagne, France, Pays-Bas, Portugal, Suède et Royaume-Uni), sans tenir compte de la taille du Luxembourg, qui est pourtant une de ses principales spécificités. « Les résultats de la comparaison internationale réalisée par le régulateur sont incohérents avec ceux d’un modèle d’un opérateur luxembourgeois. Le plafond tarifaire qu’entend imposer le régulateur ne couvre pas les coûts d’un opérateur efficient

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au Luxembourg. » (Post Telecom) « De nouveaux entrants bénéficient en général d’une période de ‘clémence’ pendant laquelle le nouvel entrant peut appliquer un tarif asymétrique avec un glide path (un alignement progressif, ndlr) étalé sur plusieurs années. Nous mettre à pied d’égalité avec les opérateurs existants nous paraît totalement injuste et inapproprié. » (Join Experience) « Nous constatons avec stupeur que la seule justification à la présente réglementation semble être la précipitation et qu’aucune considération n’est faite pour la situation concrète luxembourgeoise. L’ILR manque ainsi gravement à ses obligations de régulateur national et discrédite de manière grave son rôle et sa fonction en tant que spécialiste du marché luxembourgeois. » (Orange Luxembourg) « La baisse substantielle préconisée par l’ILR va au-delà de celles concédées par les pays européens, voire les pays voisins, ce qui expose les opérateurs luxembourgeois de manière inconsidérée. Étant donné le poids des appels internationaux dans l’ensemble du trafic des opérateurs luxembourgeois, la baisse considérable des prix aurait pour conséquence de priver les opérateurs de revenus auprès de leurs concurrents sur le marché de gros. Cela favoriserait les opérateurs étrangers qui continueraient de bénéficier de tarifs de terminaison nettement plus élevés qu’au Luxembourg. » (Tango) La critique est unanime. Et la décision de l’ILR a même poussé Orange Luxembourg à saisir, début mars dernier, le Tribunal administratif d’un recours pour faire annuler le règlement, assorti d’une demande en référé pour obtenir, au moins, sa suspension à titre conservatoire. Un mois plus tard, Tango lui a emboîté le pas dans un même espoir d’annulation dudit règlement. La demande de suspension, elle, a été déclarée non fondée par le président du Tribunal administratif. Le dossier n’est pas pour autant clos, puisque

l’ILR a demandé aux opérateurs luxembourgeois des informations supplémentaires sur les modèles de coût. « Cela semble donc aller dans la direction où l’institut envisage de revoir sa position », commente Marc Rosenfeld, le CEO de Post Telecom, qui a été un des plus discrets dans cette affaire. « Nous n’avons en effet pas réagi immédiatement, puisque nous savons que cette proposition de tarifs est temporaire. Nous voulons donner une chance à l’ILR de revoir son modèle. Il est vrai qu’il n’avait pas touché à ces tarifs depuis très longtemps. Or, les volumes ont beaucoup augmenté et la technologie a progressé. Une remise à jour était nécessaire. Mais la manière a sans doute été un peu brutale. Nous avons surtout le sentiment qu’il n’a pas du tout été tenu compte de l’input apporté par les différents opérateurs lors des consultations préalables. » On refait les comptes…

Il n’empêche qu’en attendant que l’ILR – qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, tant que le volet « juridique » est pendant – change son fusil d’épaule, les acteurs s’inquiètent, à plus ou moins grande échelle, des conséquences de cette décision de janvier. Le plus alarmiste a été Orange Luxembourg. Dans son argumentaire adressé au Tribunal administratif, basé sur un rapport d’expertise du cabinet Marpij, l’opérateur, filiale de Mobistar, argue que « ses résultats deviendraient déficitaires et que son existence serait menacée ». Une issue funeste que Werner De Laet, le CEO de l’opérateur, en place depuis un an, tient tout de même à nuancer. « L’existence d’Orange Luxembourg en tant que telle n’est pas menacée. Mais, au-delà de notre propre cas, c’est l’existence même du business model actuel des opérateurs mobiles au Luxembourg qui est remise en cause », explique-t-il à paperJam. Ces deux dernières années, Orange


ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Les opérateurs mobiles ont déjà consenti de gros investissements pour développer leurs réseaux. Ils craignent désormais de devoir revoir leurs ambitions à la baisse.

Luxembourg a investi massivement dans le développement de son réseau : plus de 6 millions d’euros pour la seule année 2013, aussi bien dans le renouvellement de la 2G et de la 3G que dans le déploiement de la 4G, afin d’arriver à une couverture de 90 % du territoire fin 2014-début 2015. « Nous en sommes actuellement à 70 % », indique M. De Laet, qui estime que l’impact réglementaire pour 2014 sera de l’ordre de 10 millions d’euros sur le chiffre d’affaires attendu, et de 6 millions en termes de marge. « Cela représente donc le montant de nos investissements en 2013 et la moitié de la marge opérationnelle que nous avions dégagée l’année dernière », résume-t-il, n’entrevoyant, à ce stade, que deux options possibles : revoir à la baisse la stratégie d’investissement et de déploiement du réseau (« ce qui serait bien dommage, car le Luxembourg a toujours été en pointe dans ce domaine, avec la mise en œuvre du plan ultrahaut débit voulu par le gouvernement ») ou bien de conserver le même niveau d’investissement, mais dans ce cas, de répercuter la baisse de ces prix de terminaison sur ce qu’aura à payer le consommateur au final. « Or, cela va clairement à l’opposé de ce qu’un régulateur doit faire pour stimuler un marché concurrentiel. » Du côté de chez Tango, on fait les comptes aussi et on mesure l’impact réglementaire qui

DÉFINITION

Terminaison d’appel vocal, mode d’emploi La terminaison d’appel vocal mobile est une prestation de gros fournie par un opérateur mobile B exploitant un réseau ouvert au public à un opérateur A, fixe ou mobile, exploitant un réseau ouvert au public. Concrètement, lorsqu’un client de l’opérateur A veut appeler, d’un téléphone fixe ou mobile, un numéro de téléphone correspondant au réseau mobile B, l’opérateur A fait payer à l’appelant le prix de détail d’une communication à destination du réseau de l’opérateur B. Par ailleurs, l’opérateur A paie à B directement (s’il est interconnecté en direct avec lui) ou par le biais d’opérateurs de transit, le prix de gros de la terminaison d’appel vocal vers les numéros mobiles ouverts à l’interconnexion sur le réseau de l’opérateur B. J.-M. G.

ne sera pas négligeable, aux dires de JeanFrançois Willame, le tout nouveau CEO de la filiale de Belgacom. « Les résultats de ce premier trimestre (ils ont été publiés le 9 mai, après que nous eûmes clôturé cette édition, ndlr), le montreront clairement. Sans ce changement de tarif, Tango aurait poursuivi sa croissance. » M. Willame a pris ses fonctions le 3 avril, succédant à Didier Rouma, qui occupait la direction de l’opérateur depuis 2008, mais qui a été prestement remercié par l’actionnaire belge. « J’ai durement œuvré et fait tout ce que j’ai pu pour donner à Tango l’image et la rentabilité qu’il a aujourd’hui, a indiqué l’intéressé à paperJam.lu juste après avoir eu à faire ses cartons, tout en restant politiquement très correct. « À ce stade, je pense ne plus pouvoir apporter encore à Tango. Le Groupe Belgacom a une vue quelque peu différente de la mienne concernant l’évolution de Tango et sa gouvernance. Nous avons alors décidé de nous séparer. » Son successeur reconnaît, en tous les cas, le travail déjà accompli. « Le chemin parcouru par Tango jusque-là ainsi que les stratégies mises en place sont solides, comme le prouvent les bons résultats obtenus ces dernières années. Mon objectif principal sera surtout d’assurer la continuité de la croissance dans un environnement difficile et ultraconcurrentiel. » Et pour y parvenir, l’opérateur

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ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

NOUVEAUX TARIFS

Transparence vs tarification À part les prix des billets d’avion, il n’existe sans doute pas grand-chose de plus complexe que les grilles tarifaires des opérateurs de téléphonie mobile… L’annonce de la « disparition » des tarifs de roaming va directement toucher les prix unitaires des SMS et des appels. Mais dans les faits, rares sont les clients qui paient leurs appels au prix unitaire facturé à la minute, compte tenu de l’existence de multiples forfaits. Et Marc Rosenfeld, le CEO de Post Telecom, le reconnaît lui-même : « Un forfait se base sur toute une construction compliquée mélangeant différents types de trafics, selon leur origine et leur destination. Mais il est trop simpliste de s’imaginer qu’avec un même forfait, il sera possible de passer beaucoup plus d’appels en roaming, ni de s’imaginer qu’il va exister un forfait unique européen. » C’est en effet là où tout le paradoxe apparaît : d’un côté, les opérateurs sont invités à être toujours plus transparents et, de l’autre, ils sont « poussés » à développer des packages, des forfaits qui, à l’inverse, ne brillent pas par leur transparence. « On nous demande d’être toujours plus imaginatifs, note M. Rosenfeld. Nous réfléchissons donc à la manière de réagir à la baisse des prix de roaming en définissant de nouveaux forfaits. » J.-M. G.

entend concentrer son business model sur l’optimisation et la création de valeur. « De toute évidence, la convergence de nos services est primordiale pour développer encore plus notre position sur le marché luxembourgeois. La croissance future de la société nécessitera une plus grande parcimonie dans les prochains investissements. Il s’agira également de tirer davantage parti de notre potentiel de groupe à travers la création de synergies fortes. » L’impact n’est cependant pas le même pour tous. Post Luxembourg, en tant qu’opérateur historique et leader sur le marché, est, de fait, un peu moins touché par le changement brutal de tarifs. « Notre business model n’est pas basé sur un drainage d’un trafic spécifique vers notre réseau, explique Marc Rosenfeld. Et nous ne sommes pas non plus liés à une maison mère située à l’étranger. » Pour autant, le CEO de Post Telecom reconnaît volontiers que la situation pèse tout de même sur les marges, dans le contexte général très particulier d’un secteur qui est le seul, ces dernières années, à avoir affiché des tarifications en baisse en même temps que la qualité des produits et des services était en hausse. « Cela tient évidemment aux évolutions technologiques, puisqu’on s’appuie sur des équipements plus performants et moins chers. Mais on nous demande à la fois des services de toujours plus haute qualité et une couverture toujours meilleure. Or, pour cela, il faut aussi du personnel qualifié et des investissements permanents que l’on doit amortir à un rythme plus élevé qu’auparavant. Nos marges sont donc clairement en déclin et il ne faut pas s’attendre dans les prochaines années à des baisses de prix importantes pour le consommateur. Sinon, on ne va pas pouvoir survivre. » Développements tous azimuts…

Pendant ce temps-là, Join Experience continue son petit bonhomme de chemin. Lancé en début d’année, l’opérateur 3.0, une fois passée la mauvaise surprise des « nouveaux » tarifs de terminaison d’appel qui n’avaient pas été intégrés dans le business plan initial, revendique un certain succès pour ces premiers mois d’existence. Selon ses prévisions, l’objectif de 4.000 clients fixé pour fin mai sera largement dépassé, avec un compteur qui devrait plutôt flirter avec les 5.000. « Nous connaissons un meilleur lancement que Voxmobile à son époque, et sans même lancer d’offre prépayée », se réjouit Pascal Koster, l’un des fondateurs de Join, qui fut aussi en son temps le fondateur de Vox, devenu Orange Luxembourg. « L’offre européenne fonctionne bien, puisque 20 % de nos clients ne sont pas résidents au Luxembourg, ce qui est assez important, surtout que nous n’avons pas encore lancé nos offres directement sur le terrain en

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Belgique, en Allemagne et en France. » Pour la Belgique, cela ne saurait tarder, puisque Join vient de signer un contrat de type MVNO (mobile virtual network operator) avec l’opérateur Base (déjà habitué de ce type de partenariats, pour avoir développé des marques telles Plug Mobile – Plug TV, l’une des chaînes de RTL Belgique –, Carrefour, Aldi Talk ou encore Ortel Mobile) pour commercialiser produits et services sous sa propre marque d’ici à l’automne. En attendant, d’ici à l’été, les services de téléphonie fixe seront ajoutés, mais aussi des services cloud, développés en partenariat avec LuxCloud, qui sont en cours de lancement, « ce qui nous permet d’offrir une solution ‘one stop shop’ unique en Europe », indique M. Koster. Dans le même temps, des discussions « exclusives » sont en cours avec Telecom Luxembourg Private Operator pour développer une offre mobile dédiée au marché B2B. Parallèlement, Join continue de travailler sur les deux autres piliers de sa stratégie : la gestion des services de type M2M (machine-to-machine), en vue de devenir une des références européennes en la matière, et le développement de l’activité MVNE (mobile virtual network enabler), consistant dans la mise à disposition à des opérateurs tiers de la plateforme technologique surdimensionnée dont dispose Join, qui a investi quelques dizaines de millions d’euros pour pouvoir disposer, ici, au Luxembourg, d’un système capable de gérer 500 millions de connexions data en parallèle. Et pour développer cette nouvelle ligne de services, Join a fait appel à… Didier Rouma, dont la disponibilité n’était, certes, pas programmée d’avance, mais qui tombe plutôt bien dans la visée stratégique de l’opérateur de développer ses activités en mode « multicountry » et « multiopérateur »… « Et pour développer ce segment d’activité, il nous fallait quelqu’un ayant le gabarit intellectuel et les connaissances du marché comme peut les avoir Didier Rouma », estime M. Koster. Le marché du mobile est en mouvement perpétuel et rien ne semble devoir enrayer ce mouvement qui, au final, devrait toujours bénéficier d’un consommateur souvent à 20.000 lieues de s’imaginer tout ce qui se trame en coulisse.

Branle-bas de combat chez les opérateurs luxembourgeois de téléphonie mobile, qui doivent s’adapter à la nouvelle tarification des terminaisons d’appels imposée par le régulateur. Pour certains, c’est tout un business model qui est en péril. Pendant ce temps-là, l’offre pour les consommateurs s’enrichit avec l’arrivée d’un nouvel acteur bien décidé à prendre sa part du gâteau…


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

TR A ST P U

Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : Niche Fragrance Distribution

MARKETING OLFACTIF

LA MARQUE EST DANS LE NEZ

Via Smell-Marketing, Niche Fragrance Distribution développe le concept de marketing olfactif. Au départ de Dudelange, la start-up répand des parfums pour mieux convaincre. Texte Sébastien Lambotte Photos Olivier Minaire

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE

O

n dit que l’argent n’a pas d’odeur. Et si ce n’était plus vrai ? Le commerce s’intéresse de plus en plus à l’idée de répandre au cœur des espaces de vente des odeurs agréables, des senteurs créant le désir et l’envie, des parfums invitant, si pas à l’acte d’achat, tout au moins à flâner un peu plus longtemps dans les allées et rayons. C’est l’idée que l’on trouve derrière le concept de marketing olfactif. Cyrille Gerhardt, gérant de Niche Fragrance Distribution, le décline aujourd’hui à travers sa marque Smell-Marketing.com. Il a créé sa société en octobre dernier au Grand-Duché de Luxembourg. Depuis, il disperse des fragrances à travers toute l’Europe, dans des banques, hôtels, boutiques, pour des marques et au sein des chaînes de magasins. «  Aujourd’hui, le marketing sollicite les cinq sens. C’est ce qu’on appelle le marketing sensoriel. Depuis longtemps, il était essentiellement visuel, sonore, voire tactile. Depuis peu, le goût est mis à l’honneur. Désormais, le marketing se fait aussi olfactif, explique Cyrille Gerhardt. L’enjeu est de donner une odeur adaptée à un endroit, à une marque, afin de les rendre plus agréables, voire reconnaissables au nez du consommateur, de réveiller sa mémoire olfactive. Si on n’y pense pas toujours, celle-ci est extrêmement développée. Avec des odeurs, on peut rappeler à la mémoire toute sorte de choses. » Smell-Marketing offre un large choix d’odeurs à diffuser, mais aussi la solution technique adaptée permettant de les répandre au cœur des espaces commerciaux ou publics, quelle que soit leur taille. « Ma volonté, dès le départ, a été de pouvoir proposer un large choix olfactif et d’associer les odeurs à la technique de diffusion qui va avec. Grâce à des collaborations exclusives avec des acteurs de qualité, nos offres rassemblent tous les éléments nécessaires à une diffusion efficace et adaptée », précise le gérant. À travers cette technique, bien étudiée, on peut par exemple diffuser dans une boulangerie la douce odeur de la cuisson des pains au chocolat tout au long de la journée… même quand le fournil est éteint depuis longtemps… De quoi prolonger la sensation alors que, dans la plupart des cas, cette odeur s’efface après les premières heures d’ouverture. Certaines odeurs pourront être appuyées dans les étalages d’un épicier. « On peut donc créer des ambiances bien odorantes dans tout type de lieux, afin de faire en sorte que les visiteurs s’y sentent bien. On peut aussi susciter des envies », précise le gérant. De là à vendre plus ? « Il est difficile d’affirmer qu’une odeur ou une autre permet systématiquement de vendre plus. Le marketing olfactif se fait complémentaire des autres formes de promotion de la marque. Dans un ensemble cohérent, avec un environnement agréable

visuellement, des équipes dynamiques à votre service, l’odeur renforce une impression générale et participe à une meilleure expérience client », poursuit Cyrille Gerhardt. Derrière, le temps que le client passe au sein de la boutique pourra être sensiblement augmenté, de même que son panier moyen. Il sera aussi peut-être tenté de revenir plus promptement. « Les résultats sont là. La meilleure preuve est que de nombreuses grandes enseignes utilisent cette technique depuis les années 2000 en toute discrétion », poursuit-il. Créer sa signature

Le marketing olfactif s’inscrit dans une démarche bien établie, partant de l’analyse d’une situation actuelle et un cahier des charges, selon des objectifs à atteindre. Il s’agit ensuite de traduire ces objectifs en termes sensoriels, afin de déterminer l’odeur qu’il convient de diffuser, de manière adaptée et subtile. Le client peut ainsi choisir parmi des odeurs disponibles directement, afin de les diffuser dans son commerce. Mais l’entreprise spécialisée leur permet aussi d’aller un nez plus loin, en leur proposant de créer leur propre signature olfactive. « Il s’agit d’une odeur unique, créée en fonction de leur marque, de leur clientèle, à partir des 3.000 matières premières disponibles permettant de synthétiser de nouvelles fragrances en une identité olfactive individuelle. Chacun peut donc se doter d’une odeur subtile qui lui est propre. Le parfum fait dès lors partie intégrante de la marque. L’odeur est un élément différenciant, d’attachement à la marque, de fidélisation », explique Cyrille Gerhardt. Pour la création de ces odeurs, Smell-Marketing.com a établi des collaborations avec des créateurs de Grasse, la ville française réputée capitale mondiale des parfums. Niche Fragrance Distribution propose donc son concept depuis le Luxembourg – Dudelange en l’occurrence – à travers la Grande Région et au-delà, à Paris, Bruxelles, Strasbourg ou Cologne. Sur ces régions, elle s’appuie sur une équipe commerciale afin de proposer ses formules. La start-up s’adresse à des hôtels, banques, chaînes de magasins, boutiques, lieux publics mais aussi aux organisateurs d’événements. En dehors de la création d’une signature olfactive et des solutions parfumées dérivées, exigeant un budget plus conséquent en fonction des spécificités, le service Smell-Marketing est proposé à travers des formules mensuelles, permettant d’assurer la diffusion de la fragrance. La première offre est accessible pour moins de 100 euros par mois, pour des espaces commerciaux pouvant s’étendre jusqu’à 250 m2.

ENTREPRISES PLACE FINANCIÈRE

Analyse SWOT STRENGTHS (= FORCES)

WEAKNESSES (= FAIBLESSES)

– Des offres sur mesure – Vaste choix de parfums – Supports parfumés dérivés

– Activité de niche, encore méconnue

– Contribuer à l’amélioration de l’expérience client – Rôle éducatif

– Une concurrence peu formée, proposant des produits de moindre qualité, nuisant à l´image du marketing olfactif

OPPORTUNITIES (= OPPORTUNITÉS)

THREATS (= MENACES)

CV

Avoir du nez À 38 ans, Cyrille Gerhardt est passionné par le parfum. Actif depuis 15 ans en tant qu’agent commercial, il a participé au lancement de plusieurs sociétés en Europe. Il a notamment collaboré avec des créateurs de parfums de luxe. C’est là qu’il a eu l’idée de travailler à partir de ce produit. Installé au Luxembourg depuis quatre ans, il a lancé sa propre société l’année dernière.

FICHE TECHNIQUE

Niche Fragrance Distribution-NFD Objet : commercialisation de solutions de marketing olfactif, développées pour Smell-Marketing.com Statut : société à responsabilité limitée Date de création : 15 octobre 2013 Nombre d’employés : deux au sein de la société. Une douzaine de collaborateurs commercialisent la solution Chiffre d’affaires prévisionnel en 2014 : 150.000 euros

DES CONCURRENTS

Peu à avoir du pif Dufteffektmarketing Allemagne Création : 2013

Airbeauty France Création : 2012

Natarom France Création : 1962

Scentair États-Unis Création : 2000

Air-Aroma États-Unis Création : 1998

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Place financière

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Le futur de la Place en débat

UN HORIZON DÉGAGÉ POUR QUI ENTREPRENDRA Deloitte organise, le 3 juin prochain à la Philharmonie, la 4e édition de la conférence Horizon, dédiée à l’avenir des services financiers, en collaboration avec Thomson Reuters et Luxoft. L’occasion de faire le point sur un secteur qui pèse et qui veut continuer à peser au GrandDuché. Entretien avec Yves Francis, managing partner de Deloitte Luxembourg.

Photo : Blitz (archives)

La dernière édition de la conférence Horizon avait permis de poser quelques jalons. L’édition 2014 permettra-t-elle de les dépasser ?

M. Francis, en référence au nom de la conférence, comment percevez-vous l’horizon de la place financière ? « Un seul qualificatif ne suffit probablement pas, mais je constate tout de même qu’il plane un certain brouillard sur l’avenir de la place financière. Ceci est dû en partie aux dernières évolutions réglementaires, qu’elles soient européennes ou au niveau de l’OCDE, qui entraînent une diminution progressive des marges de manœuvre dont disposait le pays. Ses niches de souveraineté qui concernent la Place s’en trouvent donc remises en cause. Comment évoluent selon vous les professionnels de la Place dans ce contexte délicat ? « Nous observons deux tendances clairement distinctes, entre des institutions qui tendent à pratiquer le repli sur soi et d’autres qui ont compris que l’heure était indéniablement à l’innovation, à la gestion de l’agenda des changements, même si la visibilité sur ces derniers n’est pas toujours optimale. Le sujet de l’innovation est d’ailleurs ressorti des feedbacks que nous avons reçus suite à l’édition 2013 d’Horizon. Les professionnels ont besoin de clés pour envisager l’avenir sous de nouvelles perspectives, grâce à de nouvelles idées.

Quelles sont selon vous ces clés qui permettront d’innover ? « Il s’agit tout d’abord d’un état d’esprit. Il ne suffit plus de se rassurer des succès enregistrés par le passé et du relatif confort dans lequel on peut se trouver, mais bien de considérer le changement comme une priorité. J’observe que certaines banques éprouvent des difficultés vis-à-vis de cette nécessité de changement, car celui-ci est, par définition, difficile à mettre en place et synonyme d’investissements à un moment où certaines banques sont occupées à réduire leurs coûts. Le recrutement de nouvelles ressources apparaît par ailleurs indispensable pour se donner les chances d’innover, d’adopter une autre culture du service. Recourir à du sang neuf, des collaborateurs qui pourront nourrir la réflexion, des cadres expérimentés, me paraît essentiel. Lancez-vous un appel aux patrons pour qu’ils insufflent une nouvelle vision à leurs entreprises, à leurs équipes ? « Je comprends que le contexte soit difficile et qu’un certain nombre de dirigeants d’entités dont le centre décisionnel est à l’étranger puissent penser que leur capacité à apporter du changement n’est que partielle. Mais je reste persuadé qu’il

revient aux leaders luxembourgeois d’insuffler une dynamique au sein de leurs équipes pour affronter les nouveaux défis. L’exemple doit venir d’en haut. Certains petits acteurs, qui sont dirigés par des patrons qui savent communiquer ce dynamisme et une vision nouvelle, seront en mesure de se démarquer. L’action du nouveau gouvernement, qui sera représenté par le ministre des Finances, Pierre Gramegna, lors de votre conférence, vous semble-t-elle aller dans la bonne direction ? « Elle se place dans une certaine continuité par rapport à l’exécutif précédent. Ceci dit, l’équipe est arrivée au pouvoir à un moment relativement délicat où les acquis et la connaissance des dossiers étaient importants, ce qui peut expliquer que certains pays ont pu tenter d’en profiter pour faire passer certaines mesures. Passés ces moments d’apprentissage et la nécessaire construction d’un réseau d’alliances possibles en fonction des enjeux, je pense que le gouvernement conduit globalement des actions positives en faveur de la Place. T. R. La version intégrale de cet entretien est disponible sur www.paperjam.lu Informations : www.horizonconference.lu

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PLACE FINANCIÈRE

Photo : Benjamin Champenois

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

FISCALITÉ INTERNATIONALE

Photo : Sven Becker (archives)

TTF : la Cour européenne rejette le recours

Accord sur la convention collective

Patrons et syndicats tombent d’accord Ciel bleu sur la House of Finance… Les deux prochaines années seront calmes sur le plan social.

Comme à chaque fois, les discussions ont été tendues et quelques portes ont parfois claqué… Et comme à chaque fois, dirigeants du secteur bancaire et syndicat sont parvenus à un accord. La tradition a une nouvelle fois été respectée et la convention collective du secteur a été entérinée. Les trois organisations syndicales représentatives (Aleba, OGBL et LCGB-SESF) ont trouvé un accord avec l’ABBL sur la

conclusion d’une convention collective pour les années 2014 à 2016. Dans les grandes lignes, la convention reconduit les termes de celle qui est venue à échéance fin 2013. « L’accord actuellement paraphé reste soumis aux approbations statutaires requises par les différentes organisations et à la finalisation du texte », précisaient, à l’heure où nous clôturions cette édition, les signataires des deux camps, rabibochés.

La Cour de justice de l’Union européenne a rejeté le recours du Royaume-Uni visant à annuler l’autorisation, octroyée par le Conseil européen, de la mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF) dans le cadre d’une procédure de coopération renforcée entre 11 États membres. Londres, qui considère que ladite taxe, bien que mise en place dans une périphérie limitée, pourrait avoir des effets extraterritoriaux et imposer des coûts aux États non participants, craint évidemment pour sa place financière. Tout comme le Luxembourg, toujours opposé à cette TTF et qui entend veiller à « ce que la coopération renforcée des États membres participants soit pleinement compatible avec le marché intérieur et respecte des dispositions du Traité ainsi que les légitimes intérêts des États non participants ». « Le Luxembourg pourrait être disposé à se rallier à une TTF au niveau mondial qui éviterait toute délocalisation d’activités hors de l’Union européenne », avait précisé le gouvernement lors de son installation.

MINISTÈRE DES FINANCES

Changement radical de gouvernance

Photo : archives paperJam

Au 1er juin, l’organisation du ministère des Finances va subir un profond changement. Six mois après son arrivée, Pierre Gramegna (DP) y impose sa « patte », après le départ de trois hauts fonctionnaires (Sarah Khabirpour, Alphonse Berns et Georges Heinrich). Du coup, de l’ancienne équipe active sous le ministre CSV Luc Frieden, seul Étienne Reuter garde la confiance du nouveau ministre aux fonctions de secrétaire général, avec pour responsabilités la coordination avec les autres ministères, le conseil de gouvernement, les administrations et la Chambre des députés. Isabelle Goubin et Pascale Toussing remplacent Sarah Khabirpour (qui, au 1er juin, rejoindra la Bil – dont elle fut administrateur jusqu’en

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mars dernier – en tant que head of business development & regulatory affairs) et Alphonse Berns. La première assurera la direction du budget et – c’était connu – le secrétariat du Haut Comité pour la place financière. Elle sera également chargée de la coordination de la présidence luxembourgeoise du conseil de l’UE au second semestre 2015. La nomination de Pascale Toussing, jusqu’alors directrice adjointe de l’Administration des contributions directes, ne faisait également plus de doute. Elle va prendre en charge la direction fiscalité et reprendra les dossiers « internationaux » (Beps, échange automatique d’informations, etc.) de M. Berns. Le poste de Georges Heinrich ne sera, quant à lui, pourvu que le 1er juin.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

RCB

Une banque russo-chypriote à Luxembourg

Luxembourg Business Compass

Pas d’euphorie, mais…

L’ancienne Russian Commercial Bank, banque russo-chypriote, s’est installée au Grand-Duché (où elle a reçu son agrément début avril), certainement pour échapper aux restrictions qui ont fait suite à la crise ayant affecté l’île méditerranéenne en avril 2013. Sur les sept administrateurs de la société luxembourgeoise, trois sont chypriotes et quatre sont russes, parmi lesquels Mikhail Kuzovlev, président de la Banque de Moscou, rachetée en 2011 par VTB Bank.

BCEE

Année 2013 en hausse La Banque et Caisse d’Épargne de l’État (qui bénéficie toujours des notations AA+ chez Standard & Poor’s et Aa1 chez Moody’s) annonce, pour l’exercice 2013, une hausse de son bénéfice net de 5,2 % à 208,4 millions d’euros. Les dépôts de la clientèle ont progressé de 2,4 % à 25,113 milliards, tandis que la banque a accordé près de 4 milliards d’euros de crédits, dont la moitié pour les prêts au logement. Le produit bancaire de la BCEE gagne 6,9 % à 608 millions.

POST GROUP

Pas d’abandon du CCP en vue Comme l’avait déjà indiqué à paperJam, en février dernier, Claude Strasser, le CEO de Post, l’établissement public n’entend pas abandonner son service de compte chèque postal. C’est, cette fois, le ministre de tutelle Étienne Schneider qui l’a indiqué. « Aucune décision quant à l’orientation future n’est prise, sachant que l’abandon des activités CCP n’est pas une option pour le gouvernement », a-t-il expliqué dans une réponse à une question parlementaire.

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Photo : Olivier Minaire (archives)

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Un frémissement. L’heure n’est pas encore à l’euphorie, mais les résultats de l’édition printanière du Luxembourg Business Compass de KPMG lancée en 2009 indiquent un regain d’optimisme de la part des entrepreneurs sollicités par la firme d’audit et de conseil pour livrer leur sentiment, leur perception, quant à l’évolution économique du pays. À l’échelle des 12 prochains mois, sur une échelle de -5 (économie en recul) à +5 (économie en forte croissance), la moyenne des réponses s’établit à 0,8, soit une amélioration par rapport à l’édition d’automne qui pointait à 0,4. Un score qui marquait à l’époque un retour au vert après une année négative (-0,3 en avril 2013). « Il est important d’expliquer les raisons qui conduisent les entrepreneurs à faire part d’un sentiment plutôt positif, déclare Patrick Wies, associé chez KPMG et coordinateur de l’étude dont les résultats couvrant l’ensemble des secteurs économiques du pays ont été présentés le 13 mai. Les raisons sont multiples et sont notamment à rattacher au début de regain de l’économie européenne ainsi qu’à des évolutions intéressantes dans certaines niches comme l’ICT ou la logistique. Par contre, nous remarquons une perception de stagnation du marché bancaire quant à sa croissance intrinsèque, probablement en raison des transformations qui le concernent. » Chiffre d’affaires, profitabilité et même investissements, la tendance est, dans les détails, également plutôt positive. « Nous observons une

volonté de continuer à investir, notamment dans des profils très spécialisés », ajoute Patrick Wies. Mais cette propension vient contrebalancer la faible perspective quant à l’augmentation globale du nombre d’employés (0,2 %). Tension dans le marché de l’emploi

Un statu quo dans les embauches qui ne résoudra pas le problème du chômage. Les entrepreneurs qui veulent recruter expriment d’ailleurs une certaine inadéquation entre leurs besoins et les qualifications des personnes sans emploi. Uniquement 10 % disent qu’ils peuvent trouver les talents recherchés au Luxembourg contre 82 % qui doivent les chercher en dehors du pays. « Nous remarquons dans le même temps que la thématique de la formation du staff revient à l’ordre du jour, note Patrick Wies. Les entrepreneurs interrogés indiquent par ailleurs que le coût du travail reste le principal frein pour permettre au Luxembourg de gagner en compétitivité, devant l’environnement réglementaire. » Estimant à 32 % que la promotion du Luxembourg s’est améliorée, les entrepreneurs participants veulent résolument envoyer un signal de mobilisation au gouvernement à qui ils accordent le bénéfice de la découverte des dossiers, notamment sur le plan international. Difficile en effet de disposer, dès les premiers mois, du même réseautage qu’un Premier ministre en poste durant 18 ans. T. R.


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PLACE FINANCIÈRE

ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

Nouveau record pour le patrimoine global net des fonds luxembourgeois :

FRE

SH

2.709,2 milliards d’euros, fin mars (+7,13 % en glissement annuel). Christian Muller (Tageblatt) a remporté le Citi Journalistic Award 2014, devançant Jean-Michel Gaudron (paperJam) et Sascha Bremer (Tageblatt). L’encaissement de l’assurance vie a reculé de 1,38 % au 1er trimestre 2014, alors que

VITIS LIFE

ASSURANCE VIE

Cap sur l’Espagne

Gatsby sort de l’ombre

L’assureur-vie Vitis Life, filiale de KBL, a été frappé en 2013 de plein fouet par la désaffection de la clientèle belge, suite au changement de législation imposant aux résidents de déclarer leurs avoirs à l’étranger. Ce qui a pesé sur l’encaissement des primes : 136 millions d’euros l’année dernière, contre 281 millions un an plus tôt et 745 millions en 2010, année record. Pour autant, l’entreprise a dégagé un bénéfice net de 16,9 millions d’euros en 2013, contre 3,5 millions un an plus tôt. Si le marché belge n’offre plus de débouchés, l’Espagne en revanche est devenue un marché de prédilection pour Vitis Life, qui y a lancé en septembre 2013 deux produits « innovants », l’un destiné aux grosses fortunes, l’autre étant conçu comme un outil pour la rémunération des dirigeants. En France, la compagnie a lancé un premier contrat « charia compatible » sur le marché de la finance islamique.

La société d’assurance vie Gatsby&White, qui vise la niche de clientèle fortunée, existe depuis un an et avait su, jusqu’ici, rester discrète. Mais efficace : elle a encaissé quelque 400 millions d’euros de primes en assurance vie sur le dernier trimestre 2013, un chiffre qui était espéré à la base sur une année… L’autre particularité de cette jeune société est qu’elle a des airs de « super groupe ». L’initiative est venue de trois ex-Lombard International Assurance, Inge De Wolf, Benno Vegers et Juan Lozano. Serge Krancenblum (le CEO de SGG, intervenant à titre particulier) a rejoint le capital. Et le conseil d’administration, depuis le 1er mars dernier, en même temps que David Steinegger (ex-CEO de Lombard). L’avocat Jean-François Steichen était aussi déjà membre de ce conseil d’administration qui ne passe décidément pas inaperçu.

Photo : Olivier Minaire  (archives)

l’assurance non-vie a progressé de 6,87 % sur la même période.

« La cotation en bourse est aujourd’hui moins adaptée à la structure de la société, tout en générant des coûts significatifs au regard de sa taille. » François Tesch, président du conseil d’administration du groupe d’assurances Foyer, justifie ainsi la décision de retrait des actions de la société en Bourse de Luxembourg. Valeur de l’offre de rachat : 88 euros par titre, soit une prime de 20 % par rapport aux derniers cours boursiers.

INVESTISSEMENTS

Le Luxembourg Future Fund enfin sur les rails

Photo : SIP / archives

Le fonds d’investissement destiné à encourager les sociétés à s’implanter au Luxembourg contre financement sera finalement opérationnel cet été. On aurait pu le croire rangé aux oubliettes, mais le Luxembourg Future Fund est bien sur les rails. Il devrait être opérationnel entre juillet et septembre de cette année, après avoir reçu l’agrément de la CSSF. La nouvelle n’est pas encore officielle, mais a été glanée en marge de la conférence diplomatique qui s’est tenue à la Chambre de commerce fin avril (voir aussi en page 19). Ce fonds d’investissement, cofinancé (pour commencer) par la SNCI, à hauteur de 120 millions d’euros, et par le Fonds européen d’investissement pour 30 millions d’euros, a pour vocation d’investir dans des sociétés étrangères pour les inciter à s’implanter au Luxembourg. Un financement sous condition d’installation en somme, pour permettre la diversification de l’économie luxembourgeoise. L’idée avait été annoncée en janvier 2012 par le ministre des Finances de l’époque, Luc Frieden (CSV), et son homologue à l’Économie, Jeannot Krecké (LSAP, photo). Son lancement était prévu pour le premier semestre 2012. Il aura donc fallu 28 mois pour démêler les imbroglios techniques liés à sa création.

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Congo Brazzaville

La traque des biens mal acquis La famille Sassou N’Guesso, à la tête du Congo Brazzaville, avait notamment pris le contrôle d’une banque et d’une entreprise de béton.

Des documents saisis par la justice montrent comment les actifs en vadrouille au Luxembourg ont été rapatriés. D’autres sont encore bloqués. Entre le Congo et la France, les entités luxembourgeoises apparaissaient un peu partout dans les volumineux dossiers. Textes Véronique Poujol Photos archives paperJam / ENI / Africanews / Licence CC

De Brazzaville à Luxembourg... La justice grand-ducale a mis le doigt sur une affaire instruite en France, aux vastes rouages, pleine d'écrans de fumée et d'acteurs épars, jusque dans le scandale des prothèses mammaires.

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L

e 22 novembre 2011, à 9 h 05, une perquisition est menée au 41, avenue du X Septembre, siège de l’étude d’avocats Lorang & Wingerter, en présence du bâtonnier, du juge d’instruction Christian Scheer et de trois officiers de police judiciaire assistés d’un agent du service des Nouvelles technologies de la PJ. Les enquêteurs emportent avec eux une quantité impressionnante de documents ainsi qu’un disque dur. Ils étaient venus

sur commission rogatoire du juge français Roger Le Loire du Tribunal de Grande instance de Paris, enquêtant depuis 2008 sur les « biens mal acquis » des dirigeants du Congo Brazzaville, accusés d’avoir utilisé la place financière de Luxembourg pour dissimuler une partie de leurs richesses. Officiellement, la société luxembourgeoise visée est la SCI St Philibert, domiciliée à l’étude. Selon l’ordonnance de perquisition et de saisie, il s’agissait « de rechercher et de saisir


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PLACE FINANCIÈRE

« Si j’avais pillé des milliards au Trésor pour acheter des châteaux en France, ce serait à notre justice de s’en emparer. Ne pas le reconnaître, c’est mettre en doute notre souveraineté. » Denis Sassou N’Guesso

tous documents et objets sous quelque forme que ce soit en relation avec l’exécution utile de la commission rogatoire internationale (…) et notamment tous les documents commerciaux, comptables, financiers et bancaires faisant un lien avec la famille Sassou N’Guesso ». Les pièces saisies concerneront aussi d’autres sociétés que St Philibert, car les enquêteurs identifient « différentes sociétés liées à la famille N’Guesso ». Le voile va alors se lever sur une partie de l’empire financier offshore de l’entourage proche du dirigeant congolais, construit à partir de la place financière de Luxembourg. Les enquêteurs exhumeront, outre des certificats vierges de bénéficiaires économiques, des instructions de paiement à un avocat canadien, un certain Stéphane Saintonge, concernant la Southern Cross Finance (SCF), société que l’on retrouve majoritairement dans le capital de La Congolaise de Banque (ex-Caisse pour l’agriculture, l’industrie et le commerce – Caic), privatisée en 2004. SCF est la seule entité qui présente des liens juridiques directs avec cette banque. Mais, d’après des documents saisis par la justice, d’autres structures luxembourgeoises entrent en jeu : Eurafrique, ancien nom du Groupement financier de développement (GFD), qui avait financé l’achat de la participation de l’établissement de crédit. GFD fut mis en liquidation judiciaire le 8 mars 2010 à la demande du procureur d’État, faute d’adresse connue, mais la faillite fut rabattue quelques

mois plus tard après une bataille épique pour payer les impôts en retard et remettre en ordre la comptabilité. Une troisième société luxembourgeoise, Eurorating (devenue Edmundston Valley), apparaît dans le dossier de La Congolaise de Banque, que la famille N’Guesso contrôlait à 64 %, derrière des hommes de paille et une série de montages fiduciaires (apparaissant dans les documents saisis par la justice luxembourgeoise et partiellement transmis à Paris). On observe qu’un tri sélectif semble avoir été opéré par le juge d’instruction luxembourgeois avant de transmettre les documents en France. Par exemple, des pièces renseignant sur la participation majoritaire dans La Congolaise de Banque et des montages ayant permis au clan d’en prendre le contrôle ne figureraient pas au dossier français sur les biens du Congo Brazzaville, un État qui tire sa richesse de ses réserves pétrolières (4 milliards d’euros par an, selon le président Denis Sassou N’Guesso lui-même). Amazones de l’Économie et zones d’ombre luxembourgeoises

Les documents trouvés au Luxembourg laissent en tout cas peu de doute sur la proximité de Denis Sassou N’Guesso avec au moins deux sociétés : Edmundston Valley et Edenor, cette dernière étant placée en liquidation judiciaire mais disposant de biens immobiliers

en région parisienne, ce que sa liquidatrice, Marthe Feyereisen, a confirmé dans un entretien à paperJam. Différents « contrats de fiducie » datés du 6 juin 2009 fournissent la démonstration noir sur blanc que le président se déclarait lui-même comme le « bénéficiaire économique » de ces deux sociétés et qu’il a donné des procurations à deux de ses filles, Arlette Ninèle Ngouelondélé et Julienne Johnson Sassou N’Guesso Issongo. Toutes les deux font partie de ce que les Congolais de l’opposition ont appelé les « Amazones de l’Économie ». Des perquisitions dans le cadre de l’enquête sur les biens mal acquis étaient intervenues à leur domicile parisien en février 2013, selon des informations de médias français. Les organisations de lutte contre la corruption et les opposants politiques au clan N’Guesso avaient déjà identifié en partie les structures au Grand-Duché, ce qui avait d’ailleurs motivé, après leur plainte à Paris (toujours en cours d’ailleurs), la demande d’entraide du juge Le Loire aux autorités grand-ducales. La perquisition a permis de reconstituer le puzzle, de retrouver en partie l’origine des avoirs, depuis le début des années 2000, lorsqu’un certain Alain Garros, patron de la fiduciaire GT Turner, a mis en place des structures destinées à cacher l’identité de ses bénéficiaires économiques. Garros (dont le nom est également apparu dans le dossier contre Jean-Pierre Maas, fondateur de PIP, le fabricant de prothèses

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

mammaires à base d’un gel frelaté) s’est suicidé en janvier 2007, laissant derrière lui de nombreux clients « p olitiquement exposés » ou « sensibles », auxquels il avait servi de prête-nom dans des sociétés qu’il administrait. Une partie du fonds de commerce fut repris par l’un de ses anciens employés, mais beaucoup de structures restèrent « en friche », sans domicile ni comptabilité en ordre de marche. Cela conduira le Parquet luxembourgeois, dans le cadre de son nettoyage des sociétés boîtes aux lettres, à en placer certaines (dont Edenor et Finanzgesellschaft der Sieben Ozeane, celle-ci ayant des participations dans la Compagnie des ciments congolais) en liquidation judiciaire. Ce fut d’ailleurs le point de départ, avec la nomination d’une liquidatrice, Me Marthe Feyereisen, de l’intérêt que la justice luxembourgeoise marqua pour les montages juridiques réalisés par Alain Garros et pour ses fréquentations dans les cercles de la « Françafrique ». Dans une lettre du 2 août 2009 adressée à la liquidatrice, le dirigeant d’IBS Compta, qui avait hérité de certains dossiers chauds à la mort de Garros avec lequel il avait longtemps travaillé, raconte que son ancien patron l’avait « informé dans le temps que le bénéficiaire économique de Finanzgesellschaft lui (avait) été présenté par la Banque générale du Luxembourg en 2001 ». Il explique aussi avoir servi des postes d’administrateur ad interim, le temps d’une restructuration des sociétés. Deux morts suspectes

Le Parquet économique et financier s’intéressa lui aussi, en septembre 2009, à la société luxembourgeoise Edenor (en faillite) et à l’une de ses participations, la SCI Le VesinetBerteaux, propriétaire d’un manoir en région parisienne, acheté d’abord par le frère du président congolais et repris par le clan à son décès, dans des circonstances qui interpellèrent la justice luxembourgeoise. Une information judiciaire pour faux a été ouverte, des avocats et des anciens comptables ont été inquiétés, mais l’affaire déboucha sur un non-lieu. Toutefois, la famille N’Guesso n’est pas parvenue à convaincre le Parquet général de revenir sur sa décision de mettre Edenor en liquidation (comme elle le fit pour une autre société). Au tribunal, elle invoqua « le manque de collaboration des actionnaires / bénéficiaires économiques » et le manque d’organisation interne de la société. Les enquêteurs de la Police judiciaire s’interrogèrent aussi, mais longtemps après les faits, sur les circonstances de la mort de Garros : l’homme, que l’on disait fragilisé psychologiquement après quelques mois de prison en France, s’était défenestré en janvier

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2007 de son appartement… au Limpertsberg. Son compagnon, qui avait pris le relais de la fiduciaire, fut retrouvé lui aussi mort dans le même appartement luxembourgeois, six mois plus tard et dans d’énigmatiques circonstances. L’autopsie, ordonnée par le juge d’instruction, conclut à une overdose, mais des doutes ont toujours taraudé les enquêteurs, des années après ce décès. D’autant que, lorsque le cadavre fut découvert, des agents du Service de renseignement de l’État avaient été repérés dans l’appartement, selon des sources proches du dossier. L’enquête fut toutefois refermée, faute d’indications précises sur ces deux morts suspectes à quelques mois d’intervalle. La signature de Garros, qui était administrateur d’une myriade de sociétés liées au clan N’Guesso, se retrouvait partout : sur les chèques pour racheter, via sociétésécrans et hommes de paille, la participation dans La Congolaise de Banque lors de sa privatisation ; sur l’acquittement de factures de grands couturiers et joailliers parisiens ou encore de décorateurs de luxueuses propriétés en France, où, faut-il le rappeler, Denis Sassou N’Guesso trouva refuge après un passage à vide politique. Chasse aux actifs

Deux jours après la perquisition du 22 novembre 2011, l’associée de l’étude Lorang & Wingerter, Marie-Béatrice Wingerter de Santeul, adresse un mail à une certaine Nathalie Rondeau. Cette dernière fut, selon de nombreux autres échanges de mails exhumés par la justice, l’intermédiaire entre les avocats au Luxembourg et l’un des fils du président Sassou N’Guesso, Wilfrid, dont le nom et celui de son épouse apparaissent d’ailleurs comme administrateurs de nombreuses entités luxembourgeoises. On retrouve également Nathalie Rondeau, née Huss, comme représentante à Paris de la société de transports congolaise Socotram, laquelle société fut longtemps locataire d’un des appartements de la famille N’Guesso en région parisienne. Dans le courriel, l’avocate l’informe avoir fait l’objet d’une perquisition et lui suggère la domiciliation de St Philibert « dans un espace privatif » loué pour 450 euros par mois. Une lettre annexée au courriel, adressée à Wilfrid N’Guesso et signée Alain Lorang, préconise « de louer un petit local dans un centre d’affaires (…), ce qui protégera les intervenants luxembourgeois de tout risque de perquisition ». Il y a des perles dans les milliers de pages de documents qui n’ont pas pu échapper à la perquisition (c’est à se demander pourquoi la justice luxembourgeoise ne les a pas exploitées), notamment sur la façon dont les « intervenants » avaient permis à GFD

Sassou N’Guesso dans la négation Dans une des rares interviews qu’il a données à la presse française (à Paris Match), en marge d’une visite officielle à Paris, le président du Congo Brazzaville, Denis Sassou N’Guesso, indique être un « agent de l’État », qui lui verse un salaire lui permettant « de vivre confortablement avec (sa) famille ». « L’argent m’est utile, mais ce n’est pas ce qui guide ma vie. Je me suis engagé dans des batailles autrement plus dures sans y penser », assure-t-il, précisant qu’il n’avait pas le loisir d’être dépensier. Réagissant au sujet des plaintes que deux ONG, Transparency International et Sherpa, ont déposées contre lui et son clan, accusés de recel, de détournement de fonds publics et sous le coup de procédures judiciaires en France depuis 2008 pour des biens mal acquis, Sassou estime que ces procédures ont été engagées « avec simplement la volonté de nuire ». « Si j’avais, dit-il, pillé des milliards au Trésor pour acheter des châteaux en France, c’est à notre justice de s’en emparer. Ne pas le reconnaître, c’est mettre en doute notre souveraineté. Pour instruire sur des sommes soidisant détournées au Congo, il faut aller constituer le délit au Congo. » Les avocats qui ont plaidé dans ce sens ont été déboutés. L’enquête parisienne évoque 24 biens immobiliers en région parisienne et 112 comptes bancaires qui seraient détenus en France par la famille N’Guesso. « J’ai fait une déclaration autorisant les banques à rendre publics les comptes éventuels que je pourrais détenir directement ou indirectement. À ce jour, je suis sans nouvelles de leur part, et vous aussi. » Il est possible que les documents exhumés au Luxembourg, s’ils étaient en possession de la justice française, puissent faire ravaler son chapeau au président congolais. V. P.


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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Parmi les documents saisis dont paperJam a eu connaissance, on trouve quantité de liens directs, signatures et actes fiduciaires notamment, entre des sociétés écrans et les bénéficiaires, de la famille du dirigeant congolais.

de sortir de la liquidation judiciaire et de sauver ainsi son principal actif, La Congolaise de Banque, des griffes d’une liquidatrice ignorant apparemment l’existence de ce bijou dans le portefeuille de la société et ainsi de mettre la main sur un compte en banque bien garni (deux millions d’euros) dans un établissement au Maroc. Ce fut une course-poursuite pour mettre à l’abri GFD et transférer la société au Canada, avec l’aide de l’avocat Saintonge. Il y aurait sans doute matière, pour la justice française ou luxembourgeoise, à s’intéresser à la manière dont les actifs de cette société ont été « extournés », avec l’accord des représentants de ses actionnaires. Des échanges de mails font état de cette volonté de ne pas mentionner la participation bancaire ni le compte en banque au Maroc dans les comptes, lorsqu’il a fallu mettre la comptabilité « dans les clous » et payer les dettes fiscales (105.000 euros) afin de convaincre les autorités d’annuler la faillite. Cette liquidation avait été initiée dans le but de « protéger la place financière » de sociétés qui ne se conformaient pas à la réglementation sur le droit des sociétés. Comment expliquer l’énergie qui fut déployée par les « intervenants » pour annuler la mise en faillite et transférer des actifs au Canada ? Comment justifier, par ailleurs, qu’un cabinet d’avocats à Paris, Livory & Wilner, ait sollicité en mai 2010 un avocat luxembourgeois pour avoir son avis « sur la conformité avec le droit luxembourgeois de la structure de la société La Congolaise de Banque » (l’État congolais avait conservé une participation de 11 %), en lui faisant parvenir des documents sur trois sociétés anonymes luxembourgeoises, Southern Cross

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La perquisition a levé le voile sur une partie de l’empire financier offshore bâti à partir de la place financière.

Finance, GFD et Edmundston Valley ? Dans une lettre du 15 juin 2010, l’avocat luxembourgeois conclura sur la base des documents qui lui avaient été transmis – et qui furent saisis par la justice luxembourgeoise – que trois actionnaires prétendument privés de la banque, Hubert Pendino, Bernard Beltrando et Raymond Ibata, « détiennent les actions de la société La Congolaise de Banque à titre fiduciaire, la société Southern Cross Finance a le contrôle sur plus de la majorité des parts sociales de la banque ». Le juriste souligne aussi « qu’il serait opportun de procéder à une révision à la fois des contrats fiduciaires de portage et le pacte d’actionnaires afin qu’ils soient plus précis est protègent mieux les intérêts de votre client ». « Enfin, s’interroge-t-il, une question primordiale reste sans réponse : qui est le bénéficiaire économique de la société Southern Cross Finance ? » Dans un échange de mails avec Rémy Wilner en avril 2009, sur un dossier relatif à une SCI, l’avocat luxembourgeois réclamait « un dossier transparent et clair » pour accepter des domiciliations : « Il me faut un (…) document montrant que le père a fait donation aux filles. Sans ce document, il faut considérer le père comme bénéficiaire économique et pas les filles. » L’avocat remettra son mandat le 9 janvier 2012.

Le suicide en 2007 du financier Alain Garros, à Luxembourg, a placé certains de ses clients dans une situation délicate. Notamment la famille Sassou N’Guesso, à la tête du Congo Brazzaville. Des « Amazones de l’Économie » avaient, entre autres, le contrôle d’une banque ou d’une entreprise de béton. Ils avaient aussi investi en France. Des documents saisis depuis 2011 par la justice montrent comment des actifs en offshore via Luxembourg ont été exfiltrés. Mais d’autres sont encore bloqués.


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Looking into the future of financial services

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

Crowdfunding

L’industrialisation attendra Le crowdfunding se développe, lentement, au niveau local.

L’émergence d’un marché européen tarde. Les autorités luxembourgeoises sont aux aguets, mais ne se bercent pas d’illusions. Texte Pierre Sorlut Photos Jessica Theis

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eudi 17 avril, micros et caméras s’étaient massés dans l’intimiste et restreint cadre du Konrad, un café branché de la vieille ville, pour assister à ce qui était annoncé comme le lancement de la première plateforme luxembourgeoise de crowdfunding. Avec Nubs – c’est le nom de la start-up en question – semblaient s’écrire les premières lettres de l’histoire du financement participatif grandducal, un secteur financier pour lequel on prédit volontiers un destin doré sur la Place. Celle-ci se cherche en effet des relais de croissance parallèlement à la disparition du secret bancaire, dont on pense qu’elle portera gravement atteinte à l’activité de banque privée. Selon le Statec, 800 emplois seraient directement menacés, 2.000 indirectement. Mais l’effervescence autour de l’événement et de l’éventuel développement du crowdfunding au Luxembourg ne serait-elle pas qu’un feu de paille ? Ne ferions-nous pas preuve d’un optimisme démesuré à attendre de cette niche qu’elle devienne la nouvelle poule aux œufs d’or de la place financière ? D’abord, l’extraordinaire couverture médiatique du lancement de cette start-up s’explique principalement par un coup de bol pour ses initiateurs. En semaine de congé pascal, les événements se font traditionnellement rares et les rédactions n’ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Alors, bien que le financement participatif soit un sujet un brin spécialisé, il vaut mieux ne pas faire l’impasse, ont pensé les quotidiens généralistes ou encore la presse féminine, qui a elle aussi couvert l’événement. Au fond, il suffit d’expliquer que le crowdfunding n’est autre qu’un appel au financement de projets par des particuliers au moyen d’une plateforme web. Il permet à n’importe qui doté d’une vision entrepreneuriale de monter son affaire, qu’il s’agisse d’un food truck ou du montage d’un documentaire. C’est démocratique et

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

dans l’air du temps. Alors que chacun a l’impression d’avoir payé pour les errements des banquiers ayant conduit à la crise financière, le financement participatif donne pour une fois l’impression d’être maître de son investissement. De plus, s’il s’agit d’entrepreneurs nationaux pour servir un marché local – comme c’est le cas pour Nubs –, alors l’affaire est dans le sac. Raison garder

Il convient cependant de ne pas s’enflammer. Aussi intéressante et novatrice soit-elle, cette plateforme de financement participatif n’est pas la première du genre au GrandDuché. Crowdinvesting.lu l’avait précédée… sans toutefois lancer de campagne de comm’. Dommage. Ses fondateurs savent dorénavant ce qu’ils ont manqué en termes de publicité ! Ensuite, le business model de Nubs n’est pas vraiment celui sur lequel une place financière de l’ampleur de celle du Luxembourg, deuxième centre international de distribution de fonds, peut espérer capitaliser. Bien sûr, ce type de financement est une source de capitaux complémentaires aux circuits traditionnels que sont les proches, les banques ou les fonds d’investissement. Ce biais peut donc générer une activité économique supplémentaire. On parle cependant là de financement de projets de dimension nationale nécessitant quelques milliers d’euros de levée de fonds. Une petite dizaine de projets devraient tourner simultanément sur la plateforme. Et ce type de financement

Le lancement de la plateforme de crowdfunding luxembourgeois Nubs a suscité la curiosité et illustré l’intérêt pour ce type de démarche, qui demeure très « artisanale ».

PLACE FINANCIÈRE

participatif n’implique pas de contrepartie financière pour l’investisseur. Ce n’est donc pas vraiment ce qui va faire tourner les têtes de l’industrie financière. Le Luxembourg, doté d’un écosystème (services aux fonds, banques dépositaires, avocats, etc.) à même d’accueillir des milliers de milliards d’euros de fonds, se tournerait davantage vers les mécanismes de financement participatif basés sur le partage des bénéfices, sur les prêts et sur les investissements dans des titres, et donc supposant une contrepartie financière potentielle. On parle là de crowd lending (prêt participatif ) ou de crowd ou equity investing (investissement participatif ). Pour l’instant, cette industrie balbutie encore ses premiers mots. Le montant total recueilli en 2012 en Europe s’élève à peine à 735 millions d’euros et devrait atteindre un milliard en 2013. Les prêts bancaires de détail à des établissements non financiers s’élèvent eux à 6.000 milliards d’euros (chiffres de 2011). Dans une communication parue à la toute fin mars sur le sujet, la Commission européenne qualifie néanmoins ce montant de « prometteur », en le comparant aux 660 millions d’euros de financement pourvus par les business angels en 2010 ou aux 7 milliards d’euros de capital-risque (2012). Le crowdfunding fait d’ailleurs partie des pistes d’exploration de l’exécutif européen dans son livre vert sur le financement à long terme de l’économie européenne. Ombres au tableau

À court terme cependant, de nombreuses incertitudes jettent une ombre sur le bon développement du secteur. Les questions juridiques et notamment de propriété intellectuelle, la pesanteur des exigences réglementaires, les considérations en matière de fraude et de protection des consommateurs constituent, rappelle la Commission

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PLACE FINANCIÈRE

européenne, autant d’obstacles au bon développement de ce type de financement à un niveau national ou européen. Or, le Grand-Duché se positionnerait davantage, comme il l’a fait pour les fonds d’investissement, pour devenir un hub de distribution transfrontalière pouvant bénéficier d’un système de passeport sur le marché intérieur. Si cette perspective paraît bien lointaine, cela n’empêche pas les acteurs politiques de se poser la question ou de le faire par voie parlementaire. En août 2012, déjà, le député Serge Wilmes interrogeait le ministre des Finances de l’époque à ce sujet pour se renseigner sur la volonté du gouvernement à doter le Luxembourg d’un cadre juridique. La réponse, rédigée quelques mois plus tard par Sarah Khabirpour, alors cheffe de cabinet de Luc Frieden, indiquait qu’à ce stade aucune demande concrète n’avait été adressée au régulateur, la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier). Par conséquent, aucune intervention de sa part, que ce soit par voie de circulaire ou autre, n’avait été jugée utile. Et les imbrications réglementaires sont multiples. Le crowdfunding en tant que tel n’est pas visé par la législation applicable au secteur financier. Il tombe cependant sous différents régimes, selon sa forme. Dans le cadre d’un financement d’entreprise et dans le cas où la contrepartie serait un instrument financier, action ou titre de créance, le projet de crowdfunding tomberait sous le coup de la loi prospectus. En effet, la mise en vente de titres serait comparable à une offre publique de valeurs mobilières. Les services offerts par la plateforme de crowdfunding pourraient, eux, tomber dans le champ d’application de la loi du 5 avril 1993

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relative au secteur financier. De leur côté, ses exploitants seraient soumis à agrément et dépendraient de la loi du 13 juillet 2007 relative aux marchés financiers… si la plateforme était à considérer comme un MTF (Multilateral Trading Facility), notait le ministère des Finances, fin 2012. Depuis, rien n’a changé au niveau réglementaire. Sarah Khabirpour a simplement, par la force des choses, confié le dossier au ministère des Finances, à Isabelle Goubin. Et l’intéressée se chargera de répondre, pour le nouveau ministre des Finances – Pierre Gramegna (DP) – à une nouvelle question cosignée, le 30 avril, par Serge Wilmes, lequel s’inquiète, toujours, de savoir si la CSSF n’a pas reçu entretemps de projet concret. Un projet dans les tuyaux de la CSSF

La réponse parlementaire fera alors état d’une – d’une seule – manifestation d’intérêt pour un projet de plateforme de crowdfunding. En cours d’étude du dossier, la CSSF ne communique évidemment pas sur l’identité du prétendant. Il semblerait cependant qu’il ne s’agisse pas d’un acteur majeur en Europe et que sa mise sur le marché nécessite un agrément du ministère. Interrogé par le jeune député CSV sur son positionnement par rapport au financement participatif, le ministre des Finances répondra très probablement qu’il regarde la chose d’un œil bienveillant, mais qu’il reste toutefois prudent quant aux opportunités qu’il représente pour la place financière. Et il est encore trop tôt pour se prononcer sur la nécessité de légiférer sur le sujet. D’autres États européens l’ont fait avec plus ou moins de réussite. Au GrandDuché, le Haut comité pour la place financière,

réunissant ses principales parties prenantes, veille à tous ces développements. Le groupe de travail ad hoc, présidé par Isabelle Goubin, devait présenter son rapport à sa dernière réunion du mois mars. Faute de temps, la présentation a été remise à la réunion de juillet. D’ici là, le document de travail restera au chaud dans un tiroir. L’on sait déjà cependant que le crowdfunding y est présenté comme un mode de financement complémentaire aux circuits classiques et qu’il doit, à ce titre, être soutenu pour ce qu’il pourrait apporter au développement du tissu économique local. En revanche, pour ce qui a trait au développement de la place financière, les auteurs du rapport ne se bercent pas d’illusions. Les montants en jeu ne sont pas faramineux et l’industrie implique toute une série de coûteux garde-fous pour prévenir des risques, notamment de blanchiment d’argent. Parallèlement au travail de la Commission européenne, qui recrute des experts qui lui permettront d’élaborer un label de qualité, le gouvernement luxembourgeois lancera, ces prochains mois, le chantier de réflexion autour de la question réglementaire. « Il faut voir si la demande est au rendez-vous. L’opportunité réside plutôt dans le haut de gamme pour s’adresser à une clientèle sophistiquée », explique Mme Goubin, qui voit le crowdfunding comme l’antichambre du private equity. Les autorités luxembourgeoises observent également du coin de l’œil le travail de la Commission, pour qui il faudra veiller à ce que la mise en place d’un régime spécifique au niveau européen n’ouvre pas la porte au développement d’un shadow banking bis, au sein duquel des portefeuilles de crédits, hors bilan et hors surveillance, seraient amassés. Il faudra donc attendre au moins quelques mois avant de voir des textes apparaître. D’ici là, les food trucks et autres projets de documentaires pourront continuer de trouver des financements via ces plateformes. Le crowdfunding en tant qu’industrie européenne attendra un peu. La place financière luxembourgeoise aussi.

Le crowdfunding met en avant le financement participatif et collaboratif. Il suscite beaucoup de curiosité, voire d’espoirs. Au Luxembourg aussi, au moins dans la partie entrepreneuriale. Le crowdfunding se développe lentement, mais l’émergence d’un vrai marché européen se fait attendre. Les autorités grand-ducales suivent le phénomène avec intérêt, mais on n’en est pas à trouver une réelle opportunité nouvelle de diversification pour la Place. Des coulisses sortent des approches, notamment sous l’angle d’un financement qui se rapprocherait du private equity.


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The status of company directors under Luxembourg law – Employees, independents or both? Securitisation structures post AIFMD implementation

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ACTUALITÉ ÉCONOMIE & POLITIQUE ENTREPRISES

PLACE FINANCIÈRE

BREAKFAST BRIEFING POUR ADMINISTRATEURS

Corporate governance

Quel impact de la nouvelle gouvernance d’entreprise sur la place financière ? Sur ce thème, un événement a été organisé conjointement par l’Insead Alumni Luxembourg, l’Institut luxembourgeois des administrateurs et EY, le 30 avril chez Namur. Photos Charles Caratini

Mark Phillips (Aviva Investors Luxembourg), Patrick Hutchines (Atlantic Fund Services) et Dennis Robertson (administrateur indépendant)

Jean-Marc Fandel (Fandel, Dorland & Lallemand – Partners for Growth) et Claude Wilvers (ArcelorMittal)

Le panel : Ludo Van der Heyden (Insead), Alain Kinsch (EY), Marie-Jeanne Chèvremont (Ila), Frédéric Genet (administrateur indépendant), Carine Feipel (avocate, administratrice indépendante) et Marc Gerges (expert en médias et communication)

Jean-Michel Pacaud (EY) et Hervé Roux (Crédit Agricole Luxembourg) — JUIN 2014

Jeffrey Nadal (EFA)

Étienne Haumont (Momentum Partner) et Arnold Spruit (administrateur indépendant)

Franck Willaime (administrateur indépendant) et Vincent Vigneron (ConvaTec)

Ludo Van der Heyden (Insead), le guest speaker de la soirée

Guido Van Berkel (administrateur indépendant) et Keith Burman (ManagementPlus Group)


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DÉSIRS

Désirs

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DÉSIRS

Les immanquables Chaque mois, nos coups de cœur parmi les sorties culturelles.

ST IN

A FIS

CH

À travers ses dessins, on plonge dans des univers étrangers, drôles, fantastiques. Jusqu’au 30 mai au Kulturhaus Niederanven

HLYS

NA N

Exposition autour d’un univers socio-politique complexe à travers des pratiques audio d’artistes contemporains. À partir du 17 mai au Casino Luxembourg

ZOOM SUR

Galerie 14 Ce n’est pas tous les jours qu’une nouvelle galerie d’art ouvre ses portes à Luxembourg. C’est d’autant plus rare et original quand elle propose non seulement des artistes plasticiens, mais également du design d’exception. C’est ce qui vient de se passer avec l’ouverture de la Galerie 14. Son nom vient de la date de naissance des deux protagonistes de l’aventure, Leonor Comin, née un 14 février et Fabienne Vandaele, née un 14 septembre. La première n’est pas une inconnue au Luxembourg, puisqu’après ses études d’histoire de l’art et d’espagnol, c’est à la galerie Zidoun qu’elle a aiguisé ses premières lames avant de devenir, en 2011, curatrice indépendante avec, notamment, un projet au Casino Luxembourg avec l’artiste Brent Birnbaum. Fabienne Vandaele est, quant à elle, ébéniste

: MO

ZART

L’OPL reçoit Jean-François Zygel pour présenter, à sa façon, la Symphonie N° 40 de Mozart. Le 21 mai à la Philharmonie

J U LI A

de formation. Elle a travaillé à la restauration de mobilier ancien avant de s’installer comme antiquaire à Metz. C’est là que les deux femmes se sont rencontrées et que l’idée de travailler ensemble s’est imposée « comme une évidence ». Toutes deux cherchaient à se fixer dans un lieu pour défendre la création de jeunes artistes et designers. « Ce sont deux mondes très complémentaires et nos expositions mettent en évidence les synergies entre ces différentes créations. » À l’image de l’exposition inaugurale, la programmation s’annonce « hybride et éclectique », mettant en lumière les œuvres d’artistes « en train de passer d’émergents à confirmés », qui ont déjà eu l’occasion d’exposer dans leurs pays respectifs et pour qui Luxembourg est une nouvelle étape vers l’internationalisation.

Galerie 14 – 24, avenue Monterey à Luxembourg (Centre-ville) – www.galerie14.eu

M EO & RO

Pour le 240e anniversaire du Royal Swedish Ballet, Mats Ek crée une nouvelle version de Roméo et Juliette. Les 22 et 23 mai au Grand Théâtre

GIRL

S IN H

AWA II

Le retour de ce joyau pop-rock, devenu au fil des ans le porte-drapeau de la scène belge francophone. Le 30 mai à la Rockhal

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Photos : Thomas Heming / Olivier Donnet / Franck Juery

Photo : Julien Becker

DATI NG


DÉSIRS

ÉTRANGER CINQ ÉVÉNEMENTS CULTURELS À NE PAS RATER

FESTIVAL PERSPECTIVES Ce festival franco-allemand des arts de la scène se déroule entre Saarbrücken et la Moselle. On y découvre aussi bien du théâtre que de la danse, des arts du cirque, de la musique… Des spectacles à voir en famille, des concerts gratuits, des découvertes, il y en a pour tout le monde et tous les goûts. Du 22 mai au 1er juin, www.festival-perspectives.de

PAPARAZZI ! PHOTOGRAPHES, STARS ET ARTISTES Depuis plus de 50 ans, les stars sont l’objet de photos prises par des « chasseurs d’images ». À travers une exposition pluridisciplinaire, le musée se penche sur le phénomène paparazzi et a pour ambition de définir les caractéristiques de son esthétique. Jusqu’au 9 juin, Centre Pompidou-Metz

© Panos Kokkinias

© Sylvie Chan Liat

© Laurent Pignon

© Sébastien Valiela/Eyewitness

En ce retour des beaux jours, on hésite moins à faire de la route, aussi avons-nous sélectionné cinq événements à ne pas rater aux alentours ces prochains jours.

OPEN MUSEUM / A IR

QUIZ

Le Musée des Beaux-Arts de Lille, qui possède une collection qui mérite à elle seule le voyage, invite, dans le cadre de son programme Open Museum, des artistes que l’on n’attend pas dans un musée. Les premiers invités sont les musiciens du groupe AIR, qui ont composé des musiques originales pour les espaces du musée et ses collections. Jusqu’au 24 août, open-museum.pba-lille.fr

NO COUNTRY FOR YOUNG MAN

La Galerie Poirel à Nancy, suite à la commande de l’œuvre permanente Traits d’union en 2013, confie à Robert Stadler l’élaboration d’une exposition sur plus de 1.000 m2, qui mêle art et design tout en interrogeant le statut des objets. Sculpture ? Produit ? Meuble ? Une liste impressionnante d’artistes et designers est annoncée pour apporter des éléments de réponse à cette question.

Cette exposition propose de porter un autre regard sur la crise en rassemblant 30 artistes grecs contemporains qui travaillent autour de l’impact de la crise sur leur pays. Au-delà de l’actualité politique et économique, leur œuvre jette un regard nuancé sur ce qui se passe aujourd’hui en Grèce, mettant en images les effets négatifs de la crise, mais aussi ses opportunités.

Du 13 juin au 12 octobre, www.poirel.nancy.fr

Jusqu’au 03 août, Bozar, Bruxelles

À DÉCOUVRIR FUNDAMENTAL MONODRAMA FESTIVAL

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© Anto

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Le prochain Fundamental Monodrama Festival se déroule du 13 au 22 juin. Voici trois événements à ne pas rater pour admirer ces acteurs qui performent seuls sur scène.

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SOPHIE ROIS LIEST THEATER

DISCOURS À LA NATION

L’actrice s’empare d’un texte de William Somerset Maugham, mis en scène par Clemens Schönborn, dans lequel est dressé le portrait de l’actrice de théâtre Julia Lambert et de sa relation amoureuse avec Tom Fennel, jeune homme de 20 ans. Un œil dans les coulisses du théâtre, entre tragédie et comédie.

David Murgia interprète les textes d’Ascanio Celestini, qui fait parler les puissants, ces politiciens ou chefs d’entreprise dont le discours, débarrassé de son vernis de respectabilité, se pare d’un grotesque aussi comique qu’effrayant. On rit beaucoup, tout en écoutant des histoires qui pointent les aberrations de nos sociétés modernes.

Le 15 juin 2014, à 20 h, à la Banannefabrik

Le 21 juin 2014, à 20 h, à la Banannefabrik

IN A WORLD FULL OF BUTTERFLIES, IT TAKES BALLS TO BE A CATERPILLAR… SOME THOUGHTS ON FALLING Tout commence avec le refus des danseurs de l’Opéra de Paris de jouer devant l’image de l’homme tombant des tours du World Trade Center. Robyn Orlin pose alors la question de ce qui résiste dans cette image. Avec Elisabeth Bakambamba Tambwe et Eric Languet, ils explorent en deux solos toutes les facettes de la notion de chute. Le 20 juin 2014, à 20 h, à la Banannefabrik

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DÉCOUVERTE LA PASSION DU CAFÉ

R EC E T T E L E STÜ B L I

Stübli nouvelle carte, le présentation de sa la de pes, ion cè x as au cc o e l’ À de pintad ette de ballottine lette mo mi la à es nous dévoile sa rec né perges vertes grati as et g slin Rie au sauce nnes). alotes. (pour quatre perso pes et 50 g d’éch cher 250 g de cè ha t fau il de faire n afi s foi e Pour cela, ièr em e revenus une pr êtr nt ive do t suer s fai pe on cè , Les retiré l’eau tation. Après avoir mettre de t an av , sortir l’eau de végé tes s pendant 15 minu pe cè les et pilons es les lot les écha tade, en retirant , on prépare la pin ite su s, on la r on Pa pil is. les fra ec au e filets). Av le petit filet (quatr laurier). m, thy il, d’a du filet, ainsi que g   10 n, ulet (avec un oigno d’œuf, fait un fond de po incorpore un blanc on is pu ts, file , on fin En e. On mixe les petits ivr l, du po uide à 25 %, du se les filets vre ou 12,5 cl de crème liq on is, Pu s hors du mixeur. sés incorpore les cèpe r ces derniers, po on étale la farce su et »   n ille afi t tou le le en « portefeu rou film alimentaire. On un r su t en tés mi lem préalab noue les extré in bien ferme et on ndant d’obtenir un boud pendant 1 h 30. Pe C °  65 à rne fou en On g e. ell avec une fic ant 20 cl de Rieslin la sauce en réduis are t ép an pr nd on , Pe . ps lle ce tem le fond de volai auquel on ajoute tenir ob ur po e uid luxembourgeois liq me orpore 12,5 cl de crè ire la réduction, on inc 20 asperges, on ret les ur Po te. an pp na n ante bie qu e uc cro t sa e fai un cuisson se luche la base. La nnement. iso sa as et les ergots et on ép e urr de be volaille avec 20 g passe dans un fond de r les asperges et on su te let mo mi de g Puis on râpe 40  minutes. au grill quelques

C’est dans l’entrepôt également occupé par Robin du Lac que Knopes a choisi d’installer sa nouvelle adresse, combinant espace de dégustation et local de torréfaction. Les dynamiques frères Knopes, quatrième génération de torréfacteurs, ont choisi de se spécialiser dans les cafés de spécialité. Ils en assurent la torréfaction eux-mêmes, sur une belle machine des années 1960 qu’ils ont remis en état et qu'il est possible d’admirer dans leur nouvel espace. L'espace de dégustation permet de découvrir leur carte de cafés, préparés en expresso ou en filtre – méthode que Knopes remet à l'honneur –, qui évolue sans cesse en fonction des récoltes et des disponibilités, et de participer tous les samedis matin (sur inscription) à des ateliers de découverte. Un corner boutique complète l'ensemble et permet d’acheter les cafés torréfiés sur place et les accessoires pour la dégustation. Une petite restauration est également proposée. Une adresse qu’on adopte avec plaisir. 70, route d’Esch à Luxembourg (Hollerich)

e Luxembourg Europ rchberg) Le Stübli, Sofitel à Luxembourg (Ki ald ew ün rgr de 4, rue du Fort Nie

SIXIÈME GÉNÉRATION RENOUVEAU À LA GAICHEL Depuis peu, Céline Gaul et son mari Erwan Guillou ont repris le Domaine de La Gaichel. Ils représentent ainsi la sixième génération de cet ensemble de prestige, qui se transmet de mère en fille depuis 1852. Quelques nouveautés à la loupe.

Céline et Erwan

Le restaurant

Le bar

L’assiette

Cela faisait huit ans que le couple travaillait aux côtés des parents de Céline. Ils viennent de reprendre l’ensemble : restaurant étoilé, hôtel de luxe, brasserie et hôtel de charme.

Les nouveautés se trouvent surtout au niveau du décor, où la jeune génération a su préserver l’âme des lieux tout en modernisant l’espace avec plus de luminosité et une vue sur le parc.

La création d’un bar aux couleurs mordorées ajoute une touche cosy et moderne à l’espace.

C’est toujours le chef Claude Lampson qui préside aux cuisines. Il lance un menu du midi à 39 euros pour trois services : un excellent rapport qualité / prix.

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DÉSIRS

LIVRAISON C’EST DANS LA BOÎTE

Nouveau venu sur le marché de la livraison de repas au bureau, Fresh in Box propose, comme son nom l’indique, des plats frais et sains : bagels tendres et bien garnis (saumon, jambon de parme ou dinde), salades, plats cuisinés (dont un poulet au curry et noix de coco) et desserts. Le tout dans une astucieuse boîte en carton. La plupart des plats sont sans gluten, beaucoup sont végétariens, parfois bio et une offre sans lactose suivra. Suivront aussi des propositions pour les particuliers, le soir et pour l’apéritif. www.freshinbox.lu

Photo : Sven Becker

DU PAIN ET PLUS

ZOOM SUR

Philippe About C’est un professionnel déterminé et volontaire qui vient de remporter le championnat du Luxembourg des Cocktails 2014. Philippe About exerce aujourd’hui au Banana’s Bar, mais son parcours lui a fait découvrir plusieurs villes avant qu’il n’arrive à Luxembourg. Originaire de Marseille, il découvre le métier de barman alors qu’il est tout jeune. D’abord à la plonge, poste qui ne lui plaît guère, il voit dans le métier de barman une opportunité à saisir pour sa carrière professionnelle. Il n’hésite pas alors à se déplacer à Paris pour trouver du travail et parvient à se faire embaucher dans des établissements renommés comme le Buddha Bar. Puis il reviendra dans le sud à Aix, Montpellier, avant de partir vers la République Dominicaine et le Luxembourg. Son amour du cocktail s’affine, sa technicité aussi. Le Chiggeri, l’Opium, le Royal, le Sofitel et Mia Zia sont autant d’établissements pour lesquels il travaille et développe sa passion.

« J’aime raconter des histoires avec mes cocktails. Je m’intéresse aux différents composants des boissons et je passe beaucoup de temps dans les livres, sur internet, pour voir ce qui se fait ailleurs, quelles sont les dernières tendances. » Malgré son appréhension, il s’inscrit à des concours professionnels. « C’est un combat contre moi-même, précise celui qui aime à se faire appeler Filoo. Derrière mon bar, je suis très à l’aise, mais en concours, je suis beaucoup plus nerveux. La reconnaissance que cela apporte me motive. » Pour le championnat du Luxembourg des Cocktails, qui s’est déroulé le 14 avril dernier, il a proposé un long drink très frais à base de sirop de romarin, fleur de sureau, gin infusé au concombre, menthe et basilic frais. En remportant cette étape nationale, ce sont les portes du concours mondial qui lui sont ouvertes. « J’aime ce métier, c’est du bonheur à distiller. » Rendez-vous à Cape Town en octobre prochain.

OU

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TU ER

Fort de son succès au centre-ville, la boulangerie Paul ouvre une nouvelle adresse à la gare, au sein du Pavillon Grand-Ducal. On y retrouve les pains, pâtisseries et viennoiseries que l’on apprécie déjà, mais aussi un espace de restauration avec des plats préparés, des sandwichs à consommer sur place ou à emporter et ce, du petit-déjeuner à la fin de la journée. Livraisons également possibles. 9, place de la Gare à Luxembourg (Gare) www.boulangerie-paul.lu

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MONTRES

Bâle donne le tempo

Le salon Baselworld est l’occasion pour les marques horlogères de présenter leurs nouveautés. Voici nos coups de cœur.

J12 La montre J12 créée en 2000 a propulsé Chanel dans le monde de l’horlogerie et a positionné la céramique comme matière précieuse. Ses lignes sont inspirées des anciens monocoques de la Classe J de la Coupe de l’America. En 2014, elle se décline en noir intense. Le cadran avec les chiffres en ton sur ton gagne en élégance et en raffinement. Son boîtier abrite un calibre automatique. Elle est disponible en 33 ou 38 mm (29 mm à partir de novembre). Étanche jusqu’à 200 m.

ESENZA CERAMIC TOUCH FIBONACCI COLOURS Lancé en 2013, ce modèle Rado avait fait sensation car la montre est équipée de la technologie tactile de la céramique qui permet de régler l’heure et les minutes en effleurant simplement du doigt et latéralement la lunette (plus besoin de couronne). En 2014, la famille s’agrandit et accueille cette montre-bijou, dont le cadran est relevé par 534 pierres précieuses qui répondent à la disposition Fibonacci, souvent rencontrée chez les plantes et les fleurs. Disponible avec des grenats tsavorites verts, saphirs bleus ou oranges.

ESCALE WORLDTIME BENTLEY GMT LIGHT BODY B04 Cette montre Breitling for Bentley au boîtier ultra léger, car en titane, se distingue par ses cornes asymétriques, son bracelet en caoutchouc noir et sa large lunette au relief inspiré des calandres automobiles. Les poussoirs intégrés présentent un profil ergonomique. Elle est par ailleurs très facile d’utilisation, car il suffit de tirer la couronne et de la faire tourner vers l’avant ou vers l’arrière pour jongler avec les fuseaux horaires. L’indication de 24 villes sur le rehaut tournant permet également de connaître aisément les fuseaux horaires.

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BR 03-94 CARBON ORANGE Le monde aéronautique a toujours été source d’inspiration pour Bell & Ross. La lisibilité des instruments de bord influe sur le design de leurs garde-temps. On retrouve également le noir mat, reconnu pour ses propriétés anti-reflets, et la couleur orange, également présente dans les cockpits. L’orange permet, par contraste, de faire ressortir les informations inscrites sur le noir mat. Cette montre devient ainsi un modèle exemplaire de lisibilité. Édition limitée à 500 pièces.

Ancré dans le monde du voyage, Louis Vuitton dévoile une montre qui réinterprète les codes de la montre de voyage. Le grand signe distinctif de cette montre est son cadran coloré. Trois disques mobiles sont synchronisés par un calibre automatique. À deux étages et en couleur, le grand disque extérieur porte les initiales des villes. Il tourne à la demande et permet le réglage de la ville de référence, qui est à positionner au-dessus de la flèche jaune. Le disque du milieu est en rotation permanente et permet de faire la distinction entre les heures diurnes et nocturnes. Au centre, le plus petit disque porte les chiffres des minutes. Le bracelet est en alligator noir.


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DÉSIRS

PRÊT-À-PORTER DESIGNED IN LUXEMBOURG Après une première collection d’hiver assez confidentielle, Yileste présente sa collection printemps-été. La marque de prêt-à-porter est dessinée au Luxembourg et fabriquée uniquement en Europe. Pour cette nouvelle collection, les stylistes ont voulu de la couleur et de la sophistication. Les imprimés maison se combinent avec des basiques unis pour plus de modernité. Les tissus sont tous en fibres naturelles. www.yileste.com

Showroom : 63 rue Gromscheed à Senningerberg

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MODE MANGO VOIT GRAND

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La marque espagnole Mango vient d’ouvrir une nouvelle boutique dans le quartier de la gare et fait les choses en grand. Toutes les collections de prêt-à-porter femme y sont représentées, y compris les lignes sport et yoga, ainsi que les collections de lingerie. Tout au fond du magasin, on trouvera en plus, en exclusivité au GrandDuché, l’espace Kids, que ce soit pour les filles ou pour les garçons. De quoi séduire toutes les femmes, qu’elles soient fashionistas ou mamans.

Autopolis se lance dans le secteur des voitures classiques et ouvre un espace dédié en centre-ville. Les voitures italiennes des marques Abarth, Alfa Romeo, Fiat et Lancia des années 1950 à 1970 sont à l’honneur. Ces modèles hautement émotionnels seront disponibles à la vente ou à la location et les propriétaires de modèles anciens trouveront un savoir-faire de qualité pour les réparations. Des formules clé en main avec gardiennage et entretien sont également disponibles. De nombreux événements axés autour de l’Italie seront organisés tout au long de l’année.

Après Les Vignes, les commerçants de la rue Philippe II, poussés par Christopher Vanderfelt de Muse by, proposent un nouveau rendez-vous : Un été pas comme les autres. Le but est d’attirer l’œil et l’attention des visiteurs pour renforcer l’attractivité de la rue en termes de destination de shopping haut de gamme. L’idée est de créer un décor à l’image d’une ville diversifiée et multiculturelle avec un « voile » de parapluies au-dessus de la rue Philippe II et de l’avenue de la Porte-Neuve. Effet visuel et buzz sur les réseaux sociaux garantis.

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INTERVIEW: YANN KERSALÉ

Lumière nomade Le plasticien français Yann Kersalé est célèbre pour ses interventions lumineuses sur plus d’une centaine de projets in situ. Il signe aussi des luminaires pour des éditeurs de meubles et de design. Nous l’avons rencontré à Milan à l’occasion de la présentation de la lanterne qu’il a créée pour Hermès Maison. Interview France Clarinval Photos Stefano Guindani

Monsieur Kersalé, on connaît surtout de vous les interventions urbaines. Comment êtes-vous passé à la réalisation d’un objet comme cette lanterne ? « Depuis toujours – j’ai passé mon diplôme aux Beaux-Arts en 1977 –, ce qui m’intéresse, c’est la transversalité entre différentes techniques, différents domaines artistiques. Je ne me positionne pas en fonction de la différence entre arts plastiques et arts appliqués. J’essaie surtout d’être libre et de ne pas être contraint par les cases du marché de l’art contemporain, du design ou de l’artisanat. J’opère régulièrement des passages entre paysage, architecture, design, vidéo, photo… Considérez-vous la lumière comme une matière première ? « Mon travail avec la lumière est de créer des environnements, du crépuscule jusqu’à l’aube. La lumière c'est de la vitesse, et ma matière, c'est

la lumière. J'aime les heures variantes, les crépuscules, les ciels indigo, la nuit profonde ou, au contraire, la lumière qui blanchit à l'aube. Pendant ce temps, on peut redécouvrir les formes, les ombres et créer ses propres déplacements. Je tiens beaucoup à cette idée de déplacement par rapport à une œuvre créée, d’où mon néologisme de ‘géopoétique’. C’est le contraire d’une convocation à un spectacle ou devant une peinture depuis une position déterminée. Ce qui me préoccupe, c’est le mouvement, le déplacement, la vitesse. Ce sont les déambulations, un peu comme une carte du tendre ou un jeu de piste. D’où l’importance d’avoir créé la Lanterne, un objet nomade… « Ce luminaire est à la fois inspiré du monde des marins – ce qui ne doit étonner personne en tant que Breton – et du monde des calèches, et là, on rejoint l’univers de la maison Hermès. Ce sont donc deux univers du mouvement, du déplacement. On utilisait une lanterne à la fois pour se faire voir et pour pouvoir voir et c’est aussi ce que permet cette lanterne. Vous l’avez conçue avec beaucoup de possibilités de modularité. Expliquez-nous. « L a Lanterne comprend quatre parties qui peuvent être allumées chacune en plusieurs positions. Cela donne en effet de multiples possibilités pour créer son environnement lumineux, plus ou moins intense, plus ou moins intime… Comme un enfant qui joue et s’invente des mondes (il détache les pièces, les pose autour de lui et s’assied par terre, puis remonte l’ensemble et fait mine de partir avec l’objet). Cette lampe est d’autant plus nomade qu’elle peut être utilisée en extérieur… « Mon point de départ était celui-là : l’idée de ‘dedans-dehors’. Que ce soit un objet élégant, comme un luminaire classique, que l’on puisse poser sur une table lors d’un repas. Mais qu’il puisse être sorti sur la terrasse, dans le jardin, pour un barbecue ou un pique-nique… C’était un grand défi technique auquel Hermès a su parfaitement répondre, par exemple avec un cuir imperméabilisé pour supporter l’extérieur. Quelles ont été les étapes de réf lexion et de fabrication pour arriver à cet objet final ? « En y réfléchissant, je me souviens que le premier croquis pour cette lampe date d’il y a quatre ans. Et c’est à cette époque qu’Hermès présentait sa collection de mobilier contemporain à Milan, ce qui m’a donné l’occasion d’en parler avec Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique de la maison Hermès, qui est aussi sensible à ces notions de déplacement. Il faut dire qu’il est marin aussi ! Pendant tout ce temps,

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« On n’est pas dans le prêt-à-porter ou dans l’industriel. C’est un objet qui a demandé quatre ans de travail et de recherches. » on a travaillé à peaufiner la forme, les matériaux et bien sûr la technologie qui est essentielle mais qui ne doit pas se voir. Ainsi, il y a deux types de LED, l’une pour donner une lumière d’ambiance, l’autre pour être plus finement orientée. Il y a aussi un système de batteries, qui permet une autonomie de huit heures, pleins feux. La forme est-elle inf luencée par ces technologies ? « Chaque fois qu’on bouge une pièce, l’ensemble est modifié. On a longuement travaillé sur le poids de l’objet, pour qu'il soit facile à transporter. De plus, il y a trois matériaux différents : le cristal, le cuir et le métal, qui ne réagissent pas de la même manière à l’humidité, aux changements de température… Donc, c’était un travail progressif, très précis, impliquant un grand nombre de personnes. La qualité du travail d’atelier a-t-elle été déterminante ? « C’est la grande force de la maison Hermès et le grand plaisir de travailler avec les artisans : chaque détail compte et il y a des personnes compétentes pour chaque détail. On a construit peu à peu, avec mon assistant, puis avec les artisans où chacun apporte son savoir-faire. Par rapport au dessin initial, l’ensemble a peu évolué, mais il y a des petites subtilités ajoutées çà et là qui en font un objet de grande qualité : l’angle du bouton interrupteur, la taille des poignées, les aimants qui font tenir les quatre pièces ensemble… On n’est pas dans le prêt-à-porter ou dans l’industriel. Je dois dire que cette maison est unique, juste, à la fois ancrée dans la tradition et capable de modernité.

Cela fait longtemps que vous travaillez la lumière. Comment la technologie a-t-elle fait évoluer votre travail créatif ? « Je ne suis pas ingénieur, mais j’ai beaucoup poussé pour l’évolution technologique. J’ai commencé avec des lumières industrielles pour leur résistance, en y ajoutant des filtres et des caches pour moduler et sculpter une lumière qui n’était pas destinée à un accrochage artistique. Avec l’arrivée des technologies LED, qui était balbutiante il y a 15 ans, j’ai pu aller plus loin. Je dois dire que cette technologie me plaît. D’abord, elle consomme beaucoup moins d’énergie qu’avant, ensuite, elle est beaucoup plus petite, tout en renvoyant une luminosité très importante. Les durées de vie sont aussi plus longues, ce qui permet, dans une installation publique, de faciliter la maintenance. La discrétion des LED permet de ne faire voir que la lumière : on n’a plus besoin de l’objet qui la porte et on peut donc ciseler la lumière de manière plus fine, on peut placer des lumières à des endroits où c’était impossible, faute de place. Que retenez-vous du travail mené à Luxembourg avec Tatiana Fabeck sur le « plan lumière » ? « L’intérêt de Luxembourg, c’est la force de sa topographie, avec cette grande faille et cette sorte de château fort naturel. C’est un cadre qui m’a beaucoup inspiré. Le problème, c’est que ça s’est arrêté en cours de route. J’espère que la crise passant, on pourra faire aboutir le projet jusqu’au bout. » www.ykersale.com

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RETOUR DE MILAN

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Comme chaque année, le Salon du meuble de Milan offre son lot de découvertes, de surprises et de tendances. Petit tour d’horizon à travers quatre thèmes marquants repérés dans les allées de la foire, mais aussi les innombrables expositions à travers toute la ville. Sélection France Clarinval

HOCHGLANCE

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Bogna Polańska et Roma Skuza mettent en avant leurs racines et puisent dans la tradition de Silésie. Elles créent des bijoux avec du charbon vieux de 300 ans qu’elles travaillent pour donner des formes tirées de la transformation du paysage industriel. On aime : le contraste du charbon qui a l’air brut avec l’argent finement travaillé.

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www.pracowniabrokat.pl

WELL PROVEN STOOLS

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ÉCOLOGIQUE La tendance est désormais bien installée : on recycle, on up-cycle, on économise la matière, on utilise les matériaux naturels… Les formes s’en ressentent forcément.

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Après avoir réalisé qu’il y a 50 à 80 % de bois gaspillé lors d’une fabrication normale, Marjan van Aubel et James Shaw ont intégré des copeaux de déchets à une biorésine pour créer une mousse à laquelle ils peuvent donner une forme, rendue solide par la présence de bois. On aime : le contraste avec les pieds tout simples en frêne tourné. www.transnatural.nl

FINS

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On connaissait le cuir, voilà la peau de poisson. La collection de Formafantasma met en œuvre l’utilisation de peaux de poisons délaissées par l’industrie de la pêche. Ces peaux, tannées de manière végétale, sont obtenues à partir de poissons communs tels le saumon ou le cabillaud et servent à gainer le tabouret. On aime : la réflexion sur la question des ressources et des matériaux dans l’industrie du meuble. www.moustache.fr

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TABU

Eugeni Quitllet utilise la plus haute technologie qui existe : celle de la nature. Ce projet unit différents éléments en frêne massif usinés par commande numérique puis greffés les uns aux autres. On aime : tous les bois proviennent de forêts gérées de manière durable et responsable, le laquage utilise aussi des produits naturels. www.aliasdesign.it

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RUSTIC GAIA

Réutiliser et transformer le bois rustique vieux de 50 ans des quais désaffectés du Danemark en mobilier design et élégant est l’idée forte de la marque Thors. Après un demi siècle de contact avec l’eau salée, le bois d’Azobé garde ses qualités de résistance. On aime : l’aspect rustique et l’unicité de chaque produit.

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www.thors-design.dk

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NOMADE Sans fil, rechargeable, portable, voyageur, déconnecté, léger… Le design obéit aux tendances ultra-mobiles qui se déclinent dans toute la sphère de la technologie, du mobilier et de la mode.

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BOOM BOOM

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Pour Binauric, Mathieu Lehanneur a conçu cette enceinte sans fil, simple, instinctive et désirable. Non seulement la qualité du son est au rendez-vous, mais astuces et fonctionnalités vont progressivement apporter à l’objet évolutif de nouvelles surprises. On aime : le cordon pour tenir qui est en fait une prise jack.

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www.binauric.com

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CRUMPLED CITY

Pour ceux qui voyagent léger, cette série de cartes, dessinées par Emanuele Pizzolorusso, se plient, se roulent, se chiffonnent dans toutes les poches pour être utilisables partout et par tous les temps. Chaque carte ne pèse que 21 grammes. On aime : les conseils « soulsights » pour inspirer le voyageur contemporain. www.palomarweb.com

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ORION

La jeune marque belge Per Use propose ce cintre dessiné par Lucie Koldova. Il n’est pas seulement fonctionnel. C’est un objet sculptural d’une beauté immédiate. Les courbes du triangle en adoucissent l’aspect, mais la forme a été étudiée pour garantir la résistance. On aime : la déclinaison en bois ou en aluminium reflète la tradition en matière de cintres. www.peruse.be

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OSTINATI

Étudiants à l’Ecal, Iris Andreadis, Nicolas Nahornyj et Jérôme Rütsche ont développé Ostinati, une famille de contenants qui défient la gravité. Les contempler donne le sentiment de flotter en orbite, hors de toute attraction terrestre. On aime : l’ensemble de l’exposition « Delirious Home », qui ouvre des perspectives sur la maison de demain. www.ecal.ch

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NIGHTINGALE

Invitant sa nouvelle collection à l’extérieur, Christophe de la Fontaine propose, en collaboration avec Rosenthal, cette lanterne sans fil. Munie d’ampoules led, elle a une batterie dotée d’une autonomie de 6 à 8 h. Mélangeant le cuir et la porcelaine, elle évoque les lanternes de calèche. On aime : le côté un peu « magique » de la lumière, qui arrive sans que l’ampoule soit apparente.

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www.dante.lu

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EDEN

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Nouvelle et rafraîchissante, avec des coutures inspirées par les voitures de sport, le fauteuil de Busk+Hertzog jette un pont entre de nombreux éléments, tels que le doux et le masculin, l’innovation et la tradition, la sphère privée et les espaces publics. On aime : le grand confort de l’assise où l’on peut s’installer en diverses positions.

La chaise emblématique de Odo Fioravanti continue son parcours avec une version conçue pour les enfants. L’esthétique douce et confortable a inspiré une adaptation au monde des plus petits, sans perdre la force d’une forme désormais incomparable. On aime : la déclinaison de la table Snow en version basse qui accompagne la chaise.

www.softline.dk

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www.pedrali.it

BLOCK

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Cette collection, créée par Christophe Pillet, est basée sur un système qui permet la répétition de modules à ajouter au fur et à mesure. Il est le fruit d’une collaboration à long terme entre le designer et la marque. On aime : la douceur de l’enveloppe dans laquelle on se sent comme sur un nuage. www.offecct.se

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TAPIS PERSY

Samuel Accoceberry réussit une réinterprétation contemporaine et abstraite des tapis perses, avec des jeux de formes invitant au voyage imaginaire et à l’introspection. On aime : la liberté laissée à chacun de choisir les dimensions et les couleurs de ce tapis noué à la main. www.chevalier-edition.com

SNOW JUNIOR

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Ce système, conçu par Luca Nichetto et Nendo, vient de l’idée selon laquelle un canapé est une presqu’île : le dossier et l’assise sont modulables, placés sur une structure de métal très fine. On aime : la sensation de flottement qui s’inspire de l’idée de flotter sur les eaux de la lagune vénitienne. www.casamania.it

PASTEL Après les tons flashy de l’année dernière, on revient à de la sobriété, de la discrétion : les pastels, les grèges, les beiges, les crèmes ornent tous les stands, pas seulement les scandinaves.

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VINTAGE Réédition de pièces iconiques, inspiration puisée dans les années 50 et 60, motifs géométriques et formes nostalgiques. Le design ne finit pas de puiser dans son histoire pour mieux la réinventer.

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CIRCLE CHAIR

Pour célébrer le centenaire de Hans J. Wegner, sa célèbre chaise a été rééditée en version limitée à 100 pièces en chêne et 100 en frêne, le bois préféré du designer. La prouesse technique réalisée en 1972 continue de séduire les générations actuelles. On aime : la simplicité de la forme qui cache une grande recherche pour réaliser cette pièce. www.pp.dk

COLOUR WHEEL OTTOMAN

Cette table basse fait partie de la ligne développée en 1967 par Alexandre Girard. La réédition est disponible en deux versions de couleurs et d’imprimés, issus des archives du designer. On aime : l’aspect compact de ce meuble d’appoint, qui prendra pourtant toute sa place dans un salon. www.vitra.com

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FER FORGÉ

Depuis 2010, Hermès réédite des pièces de mobilier emblématiques du décorateur Jean-Michel Frank, qui a marqué le design des années 1920 à 1940 par son style avant-gardiste et minimaliste. Cette collection comprend une banquette, un fauteuil et une console. On aime : la cohérence et la rigueur avec lesquelles le travail sur la maison est mené à travers différents designers. www.hermes.com

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400

Pour sa réinterprétation du fauteuil 400 d’Alvar Aalto, Hella Jongerius propose des textiles aux motifs doux. L’un est inspiré des variations naturelles de la couleur de la laine des moutons, l’autre vient de tissus traditionnels sud-américains. On aime : l’intervention discrète de la designer, qui réussit à remettre ce classique au goût du jour.

Photos : Olivier Cuvelette / Jens Mourits Sørensen / Yann Deret / Palomar, Florence

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www.artek.fi

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NIZZA

Les designers de Diesel ont le chic pour récupérer les codes des classiques qui marchent. Ici, la classique chaise de bistrot est revisitée en aluminium pour la rendre plus légère et plus facile à empiler. On aime : la palette de finitions et de couleurs, dont le rouge métallique flamboyant. www.moroso.it

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JUIN 2014 Paru le 15 mai 2014

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Directeur de la publication Mike Koedinger Rédacteur en chef Jean-Michel Gaudron Directeur artistique Maxime Pintadu

Tarifs port compris Luxembourg / France-Belgique-Allemagne Coordonnées bancaires : Code BIC / Swift : BCEELULL No IBAN : LU87 0019 1655 8851 4000 de MM Independent Publishing and Media Autres pays sur demande Formule standard 1 x 10 nos/an : Luxembourg : 40 euros France-Belgique-Allemagne : 51 euros Formule corporate 3 x 10 nos/an : Luxembourg : 80 euros France-Belgique-Allemagne : 145 euros

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Éditeur Maison Moderne ™ www.maisonmoderne.lu Téléphone (+352) 29 66 18-1 E-mail publishing@maisonmoderne.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Bureaux 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie Fondateur et CEO Mike Koedinger Directeur administratif et financier Étienne Velasti Maison Moderne est un partenariat de Francis Gasparotto, Jean-Michel Gaudron, Mike Koedinger, Guido Kröger, Rudy Lafontaine et Thierry van Ingelgom.

Rédaction Téléphone (+352) 29 66 18-1 Fax (+352) 29 66 19 E-mail press@paperjam.lu Courrier BP 728, L-2017 Luxembourg Secrétaire de rédaction Alain Ducat Rédacteur en chef de paperJam.lu Pierre Sorlut Rédaction Frédéric Antzorn, France Clarinval, Céline Coubray, Frédérique Moser, Véronique Poujol, Thierry Raizer Collaborateurs rédactionnels Sébastien Lambotte, Laurent Moyse Photographes Julien Becker, Sven Becker, Charles Caratini, Luc Deflorenne, David Laurent, Olivier Minaire, Christophe Olinger, Jessica Theis Correction Muriel Dietsch, Sarah Lambolez, Catherine Thomas

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Studio graphique Maison Moderne Studio Directeur Guido Kröger Studio manager Stéphanie Poras Coordination paperJam Didier Helmstetter Mise en page Monique Bernard, Tae Eun Kim, Didier Helmstetter, Sophie Melai

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Prochain numéro : 19 JUIN 2014

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INDEX

INDEX C

A Abtal-Cola Sylvie 32 Aceralia 68 ACL 64 Adas Rima 64 Adem 28 ADR 21, 40, 46 Aéroport du Luxembourg 22 Agora 68 Aleba 86 Alfi 44 ALJ 21 Allen & Overy 44 Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe 40 Alliance Magazine 66 Altice 62 Amcham 66 Aperam 74 Arbed 68 ArcelorMittal 32, 68, 74, 100 Arendt David 26 Asselborn Jean 20, 22, 40 Ateac 66 Atel 32 Atlantic Fund Services 100 Aviva Investors Luxembourg 100

B Baillie Sasha 26 Banque de Luxembourg 87 Banque de Moscou 88 Barilozzi Franco 122 Barnier Michel 44, 74 Bartz Petz 60 Bach Georges 40 Base 78 Bausch François 20 BCE 46 BCEE 44, 88 BCL 24 BDO 44 Bechet Vincent 64, 66 Beckers Gaëlle 66 Beiler + François Architectes 62 Belgacom 78 Berns Alphonse 86 Bettel Xavier 12, 20 BFM TV 62 BGL 63 Bil 86 Blau Lucien 40 Blouin Xavier 66 Bordoni Christel 26 Bové José 40 Boulangerie Paul 61 Bourse de Luxembourg 89 Brau Christophe 66 Braz Felix 12 Bremer Sascha 89 Bureau d’information du Parlement européen à Luxembourg 40 Burman Keith 100

Cabinet d’Avocat Allen & Overy 99 Camus Jean-Yves 40 Cargolux 60, 74 Castegnaro 49 Caves Bernard Massard 105 CEPS / Instead 28 Ceratizit 60 CFL 20 Chambre de commerce 21, 26, 57, 68, 89 Chambre des députés 20 Chambre des métiers 20, 22, 24 Charles Sabrina 66 Chèvremont Marie-Jeanne 100 CLAE 122 CLC 21 CNPD 12, 35 Codic Luxembourg 66 Commission européenne 22, 24, 28, 40 Conseil d’État 20 Conseil de Presse 21 ConvaTec 100 Costa 73 Cour de justice de l’UE 12 Cour européenne 86 Crédit Agricole Luxembourg 100 Creos 62 Crowdinvesting.lu 96 CSSF 40, 89, 96 CSV 37, 40, 46, 89, 96 Cushman & Wakefield 20

378 personnalités & entreprises ont été citées sur les 124 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

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D d’Land 60 Da Silva Francis 26 De Laet Werner 78 De Sousa Elisabeth 74 De Wolf Inge 89 Dechmann Communication 64 Dedon 31 Déi Gréng 12, 46 Déi Lénk 40 Deloitte 85 Deltenre Stéphanie 74 Delvaux-Stehres Mady 46 Den Atelier 60 Dennewald Robert 21 Deutsche Lufthansa 2 Dicembre Fabrizio 32 Do Recruitment Advisors 93 Doerner Christine 12 Dollé Guy 68 DP 46, 86, 96 Dumont Christel 66

E Eastbirds Editpress EFA Engel Frank Enovos Err Lydie EY

66 21 100 40 62, 67 60 100

G4S 64 Garros Alain 90 Gatsby&White 89 Gaudron Jean-Michel 89 Genet Frédéric 100 Gerges Marc 100 Gerhardt Cyrille 82 Gibéryen Gast 40 Goebbels Robert 40 Goerens Charles 40, 46 Goeres 15 Goubin Isabelle 86, 96 Gramegna Pierre 20, 22, 86, 96 Groupement financier de développement 90 Guiducci Raffaele 66

H Hadet Stéphane Hastelux Haubholdt Xavier Haumont Étienne Haut Comité pour la place financière Headstart Heinrich Georges Helminger Paul HNCA Hochtief Luxembourg Hoffeld Véronique HR2D Hutchines Patrick

F Faber Georges 68 Fandel Jean-Marc 100 Fandel, Dorland & Lallemand – Partners for Growth 100 Fedil 21 Feipel Carine 100 Ferrero International 66 Finck Jean-Claude 44 Firmes 122 Fisch Norman 74 Fohl Paul 44 Fonck Danièle 21 Ford 35 Forson Richard 60 Foyer 44, 64 Francis Yves 85 Freeport Luxembourg 26 Frieden Luc 20, 56, 86, 89, 96

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I

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IAC Group 32 IFSB 74 ILA 100 ILR 78 Immobilière Pirrotte Real Estate Services 66 INDR 74 Infalt Roger 21 Inowai 20, 64, 66 Insead Alumni Luxembourg 100 Institut d’études européennes et internationales du Luxembourg 40 Institut des Études politiques 68 Intertrust 32 IRE 44 IUIL 28

J 66 51 66 100 86 123 86 60 60 66 66 74 100

Jaguar 17 Jan de Nul Group 26 Jentgen Claude 26 Join 76, 78, 81 Juchem Jean-Claude 64 Juncker Jean-Claude 40, 46, 68

K Kamsickas James 32 Kartheiser Fernand 40 KBL European Private Bankers 89, 101 Keller Franziska 40 Khabirpour Sarah 86, 96 Kim Younhee 26 Kinsch Alain 100 Kinsch Joseph 68 Koster Pascal 78 KPMG 88 Krancenblum Serge 89 Krecke Jeannot 89 Krieger Carlo 26 Kroonen Jean-François 66 Kuzovlev Mikhail 88


INDEX

L

N

L’essentiel 119 La Congolaise de Banque 90 Lalux 64 Lanners Jacques 60 LCGB 28 LCGB-SESF 86 Le Quotidien 24 Leduc Kristell 28 Les Verts 40 Lombard International Assurance 89 Lommel Gérard 12 London School of Economics and Political Science 68 Lorang Alain 90 Lorent Joseph 21 Loschetter Laurent 60 Loyens & Loeff 66 Lozano Juan 89 LSAP 46 Lulling Astrid 40 lux-Airport 22 Luxair 43 LuxCloud 78 Luxembourg School for Commerce 74 Luxemburger Wort 20 LuxExpo 20, 60 Luxinnovation 24, 62 Luxoft 85

M ManagementPlus Group 100 Marpij 78 Marthe Feyereisen 90 Masquelier François 32 Mathes Paul 66 Matsuko Yurino 26 Metaform 60 Metz Paul 68 Michael Schonenberg Paul 66 Ministère de l’Économie 22, 26 Ministère des Affaires étrangères et européennes 26 Ministère du Travail et de l’Emploi 60 Mittal Lakshmi 68 Mobistar 78 Momentum Partner 100 Moody’s 88 Mores Olivier 74 Moretti Éric 66 Mouget Didier 64 Muller Christian 89

Nadal Jeffrey 100 N’Guesso Wilfrid 90 Niche Fragrance Distribution 82 Niche Guardian 26 Nubs 96 Numericable 62

O OCDE 21, 44, 74, 85 OGBL 86 Oostvogels Stef 66 OPE 60 OPF Partners 66 Orange Luxembourg 62, 78 Otto Group 32

P Pacaud Jean-Michel 44, 100 Parkhouse John 64 Parlement européen 40, 46, 74 Parti de la gauche européenne 40 Parti socialiste européen 40 Peschner Jörg 28 Philipps Gérard 26 Phillips Mark 100 Piot Wim 64 Pirrotte Pit 66 Poirier Philippe 40 Police grand-ducale 12 Post 4, 74 Post Group 88 Post Luxembourg 74 Post Telecom 26, 78, 124 PPE 40, 46 Promax Tools 60 Property Partners 64 PwC 64, 66 Pylos 66

R Reding Viviane Reich Dirk Renault Olivier Reuter Étienne Robertson Dennis Robin Olivier Rondeau Nathalie Roose Gerdy Rosenfeld Marc Rouma Didier Roux Hervé Roy Reding RTL Russian Commercial Bank

W

T 46 60 44 86 100 32 90 44 78 78 100 21 20 88

S Sagramola Sabrina 26 Santer Georges 26 Santer Jacques 68 Sarkozy Nicolas 40 Sassou N’Guesso Denis 90 Schadeck Raymond 24, 62 Schmit Georges 26 Schneider Étienne 20, 32, 62, 88 Schroeder Christoph 40 Schulz Martin 40 Scoble Neil 32 Service de renseignement de l’État 12 SFR 62 SGBT 66 SGG 89 Six Jean-Christian 44 Skyliz Connect 26 Smell-Marketing 82 SNCI 89 Société Générale 23, 25, 27 Société Générale Securities Services 44 Spruit Arnold 100 Standard & Poor’s 88 Statec 21, 24 Steichen Jean-François 89 Steinegger David 89 Strasser Claude 88 Stugalux 59

Tageblatt 21, 89 Tango 78 Tanonkou Guy 26 Telecom Luxembourg 78 Tereba Cindy 26 Tesch Daniel 64 Tesch François 89 Test Achats 22 Thomson Reuters 85 Tiburzio Nathan 26 TNS-Ilres 20 Tompers Carole 26 Tribunal administratif 59 Tsipras Alexis 40 Turmes Claude 40, 46 Tytgadt Yann Alexandre 66

Wagner Pol 28 Wagner Yves 64 Weber Micaël 26 Weides Fernand 21 Werner Pierre 68 Wies Patrick 88 Willaime Frank 100 Willame Jean-François 78 Wilmes Serge 96 Wilvers Claude 100 Wingerter de Santeul Marie-Béatrice 90 Winkler Nils 62, 32 Wirion Tom 24 Wurth Hubert 26 Wurth Michel 68

Y

U UCVL 21 UEL 68, 74 UJL 21 Union européenne 21 Université de Grenoble 68 Université du Luxembourg 40, 68

Yapital

32, 62

Z Zander Aliona

V Van Berkel Guido Van der Heyden Ludo Vanneste Johan Van Rompuy Herman Vegers Benno Verhofstadt Guy Ville de Luxembourg Vitis Life von Kunitzki Norbert VTB Bank

100 100 22 40 89 40 20 89 68 88

Dans cet index sont reprises les entreprises, les personnalités et les publicités apparaissant dans ce cahier.

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66

121


OPINION

IO N I P O

Photo : Jessica Theis

122

N

Franco Barilozzi, directeur du Comité de liaison des associations d’étrangers (Clae)

L

FAIRE SOCIÉTÉ ENSEMBLE

es élections du 25 mai prochain seront un test pour l’Europe, si ce n’est un crash test. Chaque période de tension économique et sociale voit la montée des partis d’extrême-droite, nationalistes et populistes. La crise – mais peut-on encore parler de crise ou devonsnous penser la situation actuelle comme une nouvelle réalité ? – que nous subissons depuis 2008 n’a malheureusement pas échappé à la règle. L’Histoire balbutie, de nouvelles guerres éclatent au portes de l’Europe et nombreux sont ceux dans les pays de l’Union – en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Hongrie, entre autres – qui sont tentés de se laisser séduire par le chant des sirènes de partis qui n’ont de la démocratie que la façade. La question de la responsabilité des politiques européennes peut être posée. L’austérité, le démantèlement des politiques sociales, les plans de sauvetage de la Troïka, mais aussi la construction de la « forteresse Europe » ont montré que la solidarité européenne, qu’elle soit interne ou externe, avait ses limites. Et ce sont sur ces politiques que l’Europe sera jugée par ses citoyens dans quelques jours.

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Des citoyens qui se considèrent comme les oubliés des décisions prises ces dernières années. Je vois avec crainte la montée du repli identitaire qui sévit dans nos sociétés. Un repli dicté en partie par la crise, mais aussi et surtout par les discours nationalistes de plus en plus entendus. La peur de l’autre, ou sa méconnaissance, est un argument porteur pour expliquer le monde. Dans une Europe où le chômage a atteint un taux effrayant, rejeter l’autre, l’étranger, permet de cacher la forêt derrière l’arbre. Et si, justement, l’Europe (re)plaçait le citoyen au cœur de son action pour inscrire l’ensemble de ses habitants dans un projet de société commun ? Ce projet de société pensé en commun ne peut se réaliser que si nos pays réfléchissent à leur identité. Les débats entendus aujourd’hui autour des identités, qu’elles soient régionales, nationales ou européenne, tendent à enfermer chaque individu dans une même unité de référence, figée, statique, souvent définie selon l’origine géographique ou religieuse. L’existence de communautés étrangères renvoie souvent, dans cette perspective, à l’image d’une identité

exogène, autre, difficilement compatible avec les valeurs portées par les sociétés européennes. Tant que nos pays ne se distancient pas de ces discours, tant que l’identité n’est pas perçue comme constituée par de multiples références, comme une invitation à partager l’individualité de chacun, comme une rencontre, ce projet de société ne pourra se faire. Depuis quelques années, le Clae en appelle plus volontiers au concept de commune humanité qu’à celui de diversité culturelle. Nous préférons travailler sur les ressemblances et sur ce que les humains ont en commun plutôt que sur ce qui les différencie les uns des autres. Sur le lien qui unit les populations du Luxembourg et d’Europe, ainsi que sur le métissage culturel créé par ce lien. Ce sont ces relations, ces liens, qui pourront forger demain une société unie, dans un pays, un continent, qui considère chacun de ses habitants comme un citoyen à part entière. Dans cet objectif, la question de la citoyenneté de résidence reste fondamentale dans la manière dont nous envisageons notre devenir commun au sein d’une démocratie moderne, fondée sur le principe d’égalité.


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