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MAUDE TESCH-RIGAUD

MAUDE TESCH-RIGAUD

INTERVIEW « Aider n’est pas le mieux »

Le ministre des Classes moyennes, Lex Delles, estime que les PME ne veulent pas être aidées, mais souhaitent pouvoir travailler.

Interview AURÉLIE BOOB

Vous dites que les entreprises ne veulent pas d’aide, mais souhaitent pouvoir travailler. Paradoxalement, c’est un fait établi, les PME sont la catégorie d’entreprises qui est la moins représentée dans la commande publique. Ne faudrait-il pas réserver un quota obligatoire de commandes pour leur permettre de faire face aux grands groupes, plus aptes à répondre aux appels d’offres ? Je confirme que l’aide aux entreprises n’est pas le mieux, il faut les mettre en état de travailler. Mais les soumissions publiques sont… publiques. Les PME et TPE ont parfaitement le droit d’y répondre, et elles le font, d’ailleurs. Ce problème possible de leur sous-représentation ne m’a pas été évoqué à ce jour. Ce qui arrive souvent, c’est qu’une entreprise générale emporte le marché en lot global, mais sous-traite ensuite des missions à de nombreuses PME. Avec la nouvelle loi sur les soumissions et l’inflation, la proximité, la compétence et la durabilité des entreprises sont des critères qui sont apparus et qui peuvent se substituer au critère initial du prix.

Mais les PME ne concourent souvent pas dans la même catégorie. Leur digitalisation est, par exemple, à la peine. Le Statec a récemment constaté que seulement 19 % des PME analysent des mégadonnées qui sont pourtant vitales pour demeurer compétitives... Il y a différents niveaux de digitalisation dans le secteur, également en fonction des besoins des entreprises. Si seulement 19 % utilisent en effet des mégadonnées, certaines n’ont même pas d’ordinateurs et d’autres utilisent au quotidien Google My Business. Les nuances sont nombreuses. Des formations et des aides existent, accessibles au plus grand nombre. Le programme Fit4Digital comprend par exemple un volet de gestion de clientèle via l’usage des données.

Depuis des années, le recrutement est un sujet de préoccupation des PME. N’est-ce pas un désaveu de l’action du gouvernement qui devrait les soutenir via la fiscalité, les avantages sociaux, la formation… ? Ce problème ne touche pas uniquement les PME. Il impacte même la fonction publique. Le gouvernement travaille, à son niveau, sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Nous avons mis en place, par exemple, deux centres de compétences à Bettembourg pour le secteur de la construction. Des budgets conséquents sont investis pour améliorer l’accessibilité aux lieux de travail, conscients que le temps de trajet qui augmente, notamment pour les frontaliers, est un frein terrible à l’attractivité. Néanmoins, le Luxembourg propose des salaires et surtout des prestations sociales et familiales plus élevés que dans de nombreux autres pays. Il y a enfin des leviers que l’État ne peut actionner.

Lesquels, par exemple ? Le télétravail. L’État peut relever le seuil de défiscalisation, mais in fine, c’est l’entreprise qui décide de l’appliquer ou non.

Cela va faire un an que vous avez présenté le projet de loi réformant le droit d’établissement. Qu’en est-il ? Non, car il est important. Il vise notamment à accorder une seconde chance en cas de malchance ou en cas de mauvaise gestion, en lien par exemple avec un mauvais choix stratégique. Une commission composée d’un curateur, du ministère des Finances et de la CNS examinera les dossiers. Le texte est au stade de l’examen par le Conseil d’État, et nous ne nous attendons pas à des oppositions formelles. Nous sommes donc dans les temps.

LEX DELLES Ministre des Classes moyennes

« Les soumissions publiques sont… publiques. Les

PME et TPE ont parfaitement le droit d’y répondre, et elles le font d’ailleurs. »

Romain Gamba Photo

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