3 minute read

CORINNE CAHEN

Next Article
La liste

La liste

« La ‘work-life balance’ est toujours un thème électoral »

La question de l’allongement à neuf mois du congé parental a été débattue à la Chambre des députés début novembre. L’occasion pour la ministre de la Famille, Corinne Cahen (DP), de faire le point sur le sujet de la work-life balance.

Suite au succès de la pétition 2332 demandant une extension à neuf mois du congé parental, un débat public s’est tenu à la Chambre des députés le 9 novembre. Quel regard portez-vous sur le succès de cette pétition ? Cela ne m’étonne pas que cette pétition ait réuni le quorum de signatures pour qu’un débat s’ensuive, et j’ai trouvé que nous étions sur la même ligne, avec les deux pétitionnaires (Michèle Senninger et Anne Heintz, ndlr). Elles n’étaient pas du tout dans l’esprit de vouloir que les femmes restent à la maison. Au contraire, elles sont pour une égalité hommes-femmes.

Si les députés ont plutôt favorablement reçu l’idée, vous avez émis quelques réserves avec le ministre du Travail, Georges Engel (LSAP), également présent… Oui, parce que si le congé parental connaît un tel succès au Luxembourg, c’est parce qu’il est très bien rémunéré, par rapport à avant la réforme de 2016, et par rapport à d’autres pays.

C’est-à-dire ? Avant l’été, quand la pétition a recueilli le nombre de signatures nécessaires à la tenue d’un débat public, je me suis renseignée sur ce qui était proposé dans différents pays concernant les congés parentaux. C’est très difficile de comparer, parce que, par exemple, dans certains États, le congé parental est transférable d’un parent à l’autre, et je suis complètement contre ça, parce que c’est souvent la maman qui prend tout le congé.

Quel serait le risque si ces trois mois supplémentaires n’étaient pas rémunérés ? On peut craindre que la majorité des congés parentaux à neuf mois soient pris par les femmes, et ce n’est pas ce que nous voulons dans une société où hommes et femmes sont égaux, aussi dans l’éducation des enfants.

La réforme du congé parental en 2016 a permis de trouver un équilibre ? Oui, ce qui me dérangeait foncièrement dans le congé parental précédent, c’est que les mamans le prenaient et les papas beaucoup moins parce qu’il n’était pas assez bien rémunéré et qu’il n’était pas assez flexible. Pour certains pères, six mois à temps plein ou douze mois à temps partiel, c’était trop, et c’est pour cela qu’on l’a rendu flexible et fractionnable de différentes manières. Et le fait qu’il y ait maintenant un revenu de remplacement fait que les gens peuvent se permettre de le prendre.

Le congé parental est autant plébiscité par les hommes maintenant ? Oui, en 2021, ils ont même pris davantage le congé parental que les femmes, avec 6.186 hommes contre 5.450 femmes.

On peut imaginer que le congé parental sera un sujet des prochaines élections législatives ?

La conciliation vie familiale-vie professionnelle est toujours un sujet des programmes électoraux, et le fonctionnement des entreprises aussi, puisque l’un ne va pas sans l’autre. L’idée du congé parental était aussi de dire aux femmes de ne plus arrêter de travailler, qu’elles peuvent prendre le temps pour être avec leur enfant, mais tout en restant actives. En instaurant ce congé parental, beaucoup plus d’hommes le prennent par rapport à avant 2016, mais nous avons aussi plus de femmes sur le marché du travail et nous avons besoin de maind’œuvre. Donc je pense que le fait que les femmes restent actives ne peut être que bénéfique pour les entreprises.

Un congé parental de neuf mois serait donc envisageable ? Je pense que le monde avance et il faut voir comment nous voulons nous organiser comme société. Si le budget est là, et en fonction du niveau de rémunération qui serait mis en place pour les trois mois supplémentaires, rien ne peut être exclu. Je pense que le congé parental est une piste, mais il peut y en avoir d’autres.

Lesquelles ? Je songe, par exemple, au congé de maternité. Il y a certains pays où le congé de maternité est moins rigide, où il peut être flexibilisé. Ainsi, une femme enceinte qui a droit à cinq mois de congé de maternité travaillerait jusqu’à ce qu’elle accouche, et aurait ses cinq mois intégralement après son accouchement.

Pour Corinne Cahen, l’allongement du congé parental est une piste, mais il y en a d’autres.

This article is from: