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STÉPHANE PALLAGE

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La liste

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Stéphane Pallage estime laisser derrière lui une université plus grande, plus professionnelle et toujours en croissance.

« L’Uni n’a plus peur de dire qu’elle est bonne, voire excellente »

Le 31 décembre prochain, Stéphane Pallage quittera ses fonctions de recteur de l’Université du Luxembourg qu’il avait prises cinq ans plus tôt. L’occasion d’évoquer avec lui son héritage, mais aussi et surtout l’avenir de l’institution.

Interview JULIEN CARETTE Photo ROMAIN GAMBA

Ces cinq dernières années, vous avez très souvent comparé l’Université du Luxembourg à un « diamant brut à polir ». L’annonce, voici un an, que vous ne solliciterez pas un deuxième mandat a donc forcément pu surprendre. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ? En souriant, je pourrais vous répondre que le diamant est aujourd’hui poli. Mais, plus fondamentalement, je dirais que la Covid a changé foncièrement les choses. Elle a tellement agrandi la distance entre Luxembourg et Montréal, où nous avons laissé, mon épouse et moi, nos (grands) enfants… Pendant une bonne partie des trois dernières années, s’y rendre était extrêmement compliqué. La possibilité de sauter dans le premier avion qui passe en cas de souci quelconque avait disparu. Et cela, quand on est parent, c’est dérangeant. Cela a beaucoup pesé dans la balance au moment de prendre une décision. On peut donc dire que cette dernière est personnelle. Parce que, sur le plan professionnel, je vous avoue m’amuser comme un fou ici.

Si ce choix avait dû être effectué aujourd’hui, votre décision n’aurait donc peut-être pas été la même ? (Il hésite, ndlr) C’est une bonne question… Cette pandémie n’est pas la dernière que nous allons connaître. Et, dans tous les cas, nous avons du rattrapage à faire sur le plan familial.

Quel héritage pensez-vous laisser après cinq ans passés à Belval ? Une université qui est plus grande et toujours en croissance. Davantage professionnelle aussi. Avec une maturité accrue. Et ayant une confiance supérieure en elle-même. Aujourd’hui, l’Uni n’a plus peur de dire qu’elle est bonne, voire excellente. Ce sont toutes des choses importantes. Et puis, le sens de la communauté est aussi beaucoup plus fort qu’avant. Nous sommes passés au travers d’un certain nombre de défis, dont la Covid, évidemment. Nous avons également scellé un certain nombre de choses en travaillant ensemble, avec toute la communauté, à doter l’Université du Luxembourg d’une vision pour les 20 prochaines années.

Quelle est cette vision pour les deux prochaines décennies ? Pour la première fois de l’histoire de l’Université, la vision de cette dernière s’effectue à plus de quatre ans, allant au-delà du plan

BIO EXPRESS

Belge de naissance Né le 9 février 1968 à Verviers (Belgique) et ayant passé son enfance à Malmedy, Stéphane Pallage a logiquement entamé son parcours académique à l’Université de Liège. Il a ensuite obtenu un master of science en administration industrielle (Finance), ainsi qu’un doctorat en sciences économiques à l’université Carnegie Mellon à Pittsburgh (États-Unis).

Québécois d’adoption Aujourd’hui, Stéphane Pallage avoue se sentir davantage canadien que belge. Il est vrai qu’avant de devenir, le 1er janvier 2018, recteur de l’Uni, il a passé plus de 20 ans au cœur de Montréal, en tant que professeur à l’École des sciences de la gestion de l’université de Québec. Occupant aussi, de 2013 à 2017, la fonction de doyen. quadriennal qui fixe nos orientations. Et cela, via un cadre stratégique qui ne raisonne pas en termes de disciplines. Nous avons ainsi décidé collectivement de mettre nos priorités au niveau des grands défis de notre société, voire de l’humanité. À savoir le développement durable et sociétal, qui est certainement le challenge le plus important de la planète. Mais aussi la santé, et une transformation numérique qui bouleverse la réalité de nos vies quotidiennes, modifiant notre manière de travailler et, au-delà de cela, nos relations humaines. Des défis éthiques autant que techniques vont ainsi mobiliser nos chercheurs, nos enseignants, pour les 10 ou 20 prochaines années.

Doit-on comprendre que l’Uni va encore davantage s’orienter dans ces domaines-là ? Elle ne va pas se spécialiser. Mais il faudra faire en sorte que les chercheurs issus de différentes disciplines travaillent ensemble sur ces défis-là. Ces derniers peuvent être rassembleurs. Prenez, par exemple, le développement durable. Il intéresse autant les économistes que les physiciens, les ingénieurs experts dans les énergies ou les personnes spécialisées dans les sciences humaines. Il en va de même pour la santé et la digitalisation. De par ce seul fait que l’Université veut avoir un impact sur ces grands défis, elle va donc s’inscrire dans une voie encore davantage tournée dans les années à venir vers l’interdisciplinarité. Et, au-delà de la recherche, ces défis vont évidemment également avoir des implications au niveau de l’enseignement. Reprenons l’exemple du développement durable. C’est un domaine où des programmes existent déjà, la finance durable étant notamment enseignée. Mais, si cette dernière implique

QUE VA-T-IL FAIRE DÉSORMAIS ?

forcément déjà une certaine interdisciplinarité, à l’avenir, nous irons encore bien au-delà de ce qui se fait aujourd’hui.

Financièrement, si on analyse le dernier budget pluriannuel (2023-2026), on constate que l’État continue à investir de manière toujours plus importante dans l’Université… Pendant les quatre premières années de mon mandat, nous avons connu une hausse de 30 % par rapport à la période précédente. C’est majeur. D’autant que je ne parle là que de la dotation principale, à laquelle peuvent s’ajouter celles concernant la médecine, des contributions pour les études spatiales ou celles liées aux sciences de l’éducation. Le dernier plan quadriennal, qui a débuté au 1er janvier 2022, prévoit, lui, une nouvelle augmentation de 17 % (pour dépasser les 900 millions d’euros, ndlr). On peut donc affirmer que l’État n’a pas froid aux yeux. Il s’implique beaucoup, alors que nous sommes dans un moment où l’instabilité économique est forte. Et il le fait en investissant dans ce qui est le plus important, socialement parlant : les cerveaux. Assurant du même coup une croissance future à l’économie luxembourgeoise.

L’État et l’Université marchent main dans la main pour essayer que les secteurs porteurs ou simplement importants pour le pays ne manquent pas de main-d’œuvre qualifiée. Les cursus proposés correspondent souvent parfaitement aux besoins existants ou se profilant à l’horizon. On l’a vu avec le secteur spatial ou, dernièrement, celui de la santé… On peut le voir ainsi. Nous avons trois missions : l’enseignement supérieur, la recherche et la contribution au développement social, culturel et économique du pays. Clairement, nous devons être l’Université du Luxembourg pour le Luxembourg. Ainsi, il est évident que nous ne pouvons pas ignorer, par exemple, la place financière. Il est fondamental que nous soyons forts dans le domaine de la finance et que nos programmes en la matière soient adaptés à la société. À côté, un des besoins importants actuels se situe au niveau des sciences de l’éducation. Et nous nous devons de répondre présents pour cette formation des enseignants. Tout comme dans le domaine de la santé. C’est le cas avec le bachelor en médecine que nous avons lancé – et qui

« C’est ouvert ! » Quand on demande à Stéphane Pallage ce qui rythmera dans les prochains mois sa vie professionnelle, sa réponse n’en est pas une. La seule certitude, selon lui, c’est que son épouse et lui rentreront au Québec. « Pour le reste, je ne suis pas encore certain de ma destination professionnelle. Plusieurs options sont ouvertes. Dans le secteur universitaire, mais également le privé. Et puis, des possibilités existent aussi au niveau public, au Québec. Notez, Ottawa n’est pas très loin non plus… » conclut-il en souriant.

pourrait être prolongé par un master, une décision devrait tomber à ce niveau-là vers 2025 – mais aussi au niveau des sciences infirmières. Nous travaillons sur ces dernières depuis plus d’un an. Au total, ce sont sept nouveaux bachelors dans différents domaines des soins infirmiers qui doivent être lancés progressivement à partir de septembre 2023. C’est un chiffre impressionnant et un très gros défi.

Quelles sont les prochaines orientations prévues afin de correspondre au mieux à la demande du marché luxembourgeois ? À court terme, il y a un certain nombre de masters liés à l’informatique. À commencer par celui en calcul haute performance (HPC), que nous avons prévu de mettre en place avec le ministre de l’Économie et qui formera les futurs spécialistes dont nous avons vraiment besoin. C’est un domaine capital, qui rejoint d’autres sphères de l’économie, tout ce qui tourne autour de l’intelligence artificielle ne pouvant fonctionner sans superordinateur et les calculs que ce dernier permet. Dans le même ordre d’idées, une telle optique n’est possible que dans un environnement extrêmement sécuritaire. La cybersécurité est donc une autre clé pour l’avenir. Ainsi, nous mettons également en place un master de spécialisation en la matière, baptisé « Erasmus Mundus Joint Master in Cybersecurity ». Ce dernier, qui débutera en 2023, est financé par le programme Erasmus+, une partie de ce financement provenant donc d’autres universités européennes. Enfin, je m’en voudrais de ne pas rappeler que nous venons de voir naître un master en data sciences. Ces données sont devenues tellement importantes dans notre société que la demande à ce niveau-là sur le marché du travail explose. Et les étudiants

« Avec Jens Kreisel, je suis certain de laisser l’Uni entre de bonnes mains. »

qui sortiront de ce cursus ne devraient pas connaître de grandes difficultés à trouver un poste. On le voit, on assiste à une évolution de plus en plus rapide des technologies. Les métiers de demain ne sont pas ceux du passé, ni même ceux d’aujourd’hui.

Ce qui oblige donc à s’adapter de plus en plus vite ? Il faut surtout que les formations soient suffisamment générales pour que l’étudiant puisse détenir un sens de l’adaptation très fort. Il faut développer les compétences transversales, puisque nous formons pour des métiers qui n’existent pas encore. Et cela dans bien des disciplines, y compris certaines considérées comme davantage classiques. Je pense au droit, par exemple. Celui-ci est déjà influencé par les changements de technologies et il le sera de plus en plus à l’avenir. Il faut réussir à l’anticiper.

Le travailleur est désormais voué à continuer à se former toute sa vie. Où en est l’Université du Luxembourg en matière de formation continue ? Avec le University of Luxembourg Competence Center, qui a été créé en 2018, nous possédons un organe très compétent. Nous y offrons un certain nombre de formations universitaires sous la forme continue. À l’avenir, l’Uni aura un grand rôle à jouer à ce niveau-là, avec d’excellents professeurs pouvant intervenir dans un nombre important de domaines. Et fournir ainsi de nouvelles compétences tout au long de la carrière de ceux qui sont sur le marché du travail. Cela fait partie de notre mission de services à la communauté. Et nous entendons bien le développer encore au cours des deux prochaines décennies.

Votre successeur, Jens Kreisel (53 ans), que vous présentez comme un ami, va-t-il continuer dans la même voie ? Avant de devenir un ami, il était la personne que j’avais recrutée pour le poste de vicerecteur à la recherche. Une position qu’il occupe toujours aujourd’hui. Je l’avais choisi parmi un grand nombre de candidats parce qu’il était simplement le meilleur. Il est allemand (né à Dortmund, ndlr), a étudié en France (à Grenoble), avant d’être actif dans la recherche au Luxembourg au List, où il avait sa PEARL Chair (qui travaillait sur de nouveaux matériaux aux propriétés particulières, ndlr). Mais c’est surtout quelqu’un qui possède une vision pour l’avenir et qui a passé du temps sur notre stratégie pour les 20 prochaines années. Il n’y aura donc pas de changement d’orientation avec lui. Et je suis certain de laisser l’Uni entre de bonnes mains.

Tables rondes Politiques

Cinq tables rondes politiques auront lieu en 2023, dont quatre sur les élections législatives d’octobre 2023 et une sur les élections communales du 11 juin 2023. Ces tables rondes ont lieu en français, un service d’interprétation vers l’anglais est disponible.

28.03 Logement

Crise du logement : Quelles actions concrètes dès demain ?

Des prix immobiliers en croissance vertigineuse (+100 % en 10 ans sur les maisons, et même 153 % pour les appartements), une offre à développer (2.000 logements manquent à l’appel chaque année) et des pressions énormes côté demande (avec un vif accroissement continu de la population active) sont autant d’indicateurs qui témoignent des challenges relatifs à la politique du logement. Assurer un accès au logement, que ce soit en location ou en propriété, et ce à des prix abordables pour le plus grand nombre, relève en premier lieu d’une question d’équité sociale. Par ailleurs, l’accès au logement est essentiel pour le recrutement de main-d’œuvre pour les entreprises et la croissance du pays. Depuis l’automne 2021, Paperjam propose, avec des experts et représentants des marchés privés et publics, de nombreuses solutions. Quelles sont ainsi les priorités et actions concrètes des partis politiques pour la législature 2023-2028 ? Henri Kox, ministre du Logement, débattra avec les ténors thématiques des partis ADR, CSV, déi Lénk, DP, LSAP et Piraten.

avec Henri Kox Ministre du Logement (déi Gréng)

06.06 Économie

Compétitivité et développement durable : Quelles entreprises pour le Luxembourg ?

Alors que le Luxembourg continue à vivre grâce à sa place financière, les gouvernements successifs essaient de diversifier l’économie. On pense notamment à la logistique (Jeannot Krecké), aux space resources (Étienne Schneider), ou encore à l’économie circulaire (Franz Fayot). On se souvient bien entendu des dossiers Fage et Google. Quelles entreprises veut le Luxembourg ? Quelles entreprises faut-il absolument garder ? Lesquelles faut-il attirer ? Sur quels critères faut-il sélectionner les entreprises qui composeront le paysage économique de demain ? Quel devrait être leur impact ? Au niveau de la création d’emplois, des revenus pour l’État (fiscalité, sécurité sociale...), de l’écologie (vers le net zero, biodiversité) et des besoins en énergie, de création ou d’enrichissement d’écosystèmes stratégiques, ou encore de plus-value pour le Luxembourg. Le ministre de l’Économie Franz Fayot (LSAP) sera sur scène avec des représentants des partis ADR, CSV, déi Gréng, déi Lénk, DP et Piraten pour répondre à ces questions de la rédaction de Paperjam.

avec Franz Fayot Ministre de l’Économie (LSAP)

27.06 Finances

Fiscalité et finances publiques : qui doit payer l’addition ?

L’État-providence luxembourgeois est l’un des plus généreux au monde. Pour maintenir une qualité de vie élevée, voire continuer à moderniser la société, l’État a besoin d’un budget durable. Les investissements publics prévus pour 2023 s’élèvent à près de 3,5 milliards, et les transferts sociaux constituent 47 % du budget de l’État 2022. Comment les financer ? Une croissance forte est-elle le seul moyen, ou peut-on optimiser les rentrées fiscales ? Doit-on imposer plus le capital ou les revenus du travail ? Le ministre sortant de l’Économie s’est aussi régulièrement positionné en faveur d’une réflexion sur l’imposition de la fortune. La fiscalité écologique peut-elle tarir d’autres sources de revenus ? Impôt très performant, la taxe d’abonnement rapportée par l’industrie des fonds est-elle finalement durable ? Autant de questions qui seront abordées avec la ministre des Finances Yuriko Backes et des représentants ADR, CSV, déi Gréng, déi Lénk, LSAP et Piraten.

avec Yuriko Backes Ministre des Finances (DP)

19.09 Grand débat

Le grand débat des candidats têtes de liste

En vue des élections législatives, Paperjam rassemble autour d’un débat les candidats têtes de liste visant la fonction de Premier ministre. Développement durable, accès au logement, réforme de l’imposition, organisation du travail et croissance économique sont quelques-uns des grands marqueurs pour poursuivre l’évolution du Luxembourg et le bien-être de ses plus de 650.000 habitants. Dans un système politique habitué aux compromis, aux coalitions, la capacité du Premier ministre à fédérer les forces politiques du pays devrait rester essentielle. Où se trouve le point d’équilibre entre consensus et capacité d’action au service du pays ? Focus sur les Spëtzekandidaten, avec leurs convictions, caractères et volontés. Paperjam rassemble les candidats têtes de liste, notamment des partis représentés au Parlement, dont le Premier ministre Xavier Bettel (DP).

avec Xavier Bettel Premier ministre (DP)

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