Paperjam décembre 2023

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La Banque qui appartient à ses membres


Édito #Politique

Une transversalité à inventer

L’EXEMPLE NÉO-ZÉLANDAIS La Finlande pour les politiques d’éducation, le Danemark pour celles liées au social ou à l’environnement et, surtout, la Nouvelle-Zélande pour celles sur le bien-être ont commencé à adopter des approches transversales, holistiques pour régler des problèmes de société en dehors d’un seul ministère.

Au moment d’officialiser un accord CSV-DP, Luc Frieden est revenu à un gouvernement légèrement plus resserré, façon Jean-Claude Juncker : 15 ministres, pas un de plus, et pas de secrétaire d’État, souvent un moyen de mettre le pied à l’étrier pour un « junior ». Ce qui devrait se traduire par des portefeuilles aux appellations à rallonge pour garantir à l’homme de la rue que le futur gouvernement prendra bien en compte toutes les problématiques. Moins d’hommes et de femmes pour une meilleure cohésion, celle des petites équipes qui ont beaucoup à faire, nécessitera de s’inscrire dans la lignée d’une « task force » venue tardivement tenter d’éteindre l’incendie du marché immobilier. Outre le logement, la réforme fiscale, celle des retraites, les chantiers de la digitalisation et de la révolution verte nécessitent des approches vraiment transversales. Aucun de ces cinq grands chantiers ne peut être confiné dans un seul ministère. Comment permettre à la fonction publique d’apporter les éclairages techniques aux politiques en charge d’arbitrer? Comment mettre les fonctionnaires en confiance en dehors de leur zone de confort pour que les bonnes initiatives ou les bonnes pratiques des uns puissent émerger des discussions et servir aux autres, et récipro­ quement ? Et comment le faire alors qu’est ressortie l’étude de l’ancien président de la Chambre de commerce dans laquelle Luc Frieden ne dit pas qu’il va réduire la fonction publique de 100.000 fonctionnaires – comme on a pu le lire ici ou là –, mais qu’il faudrait ne pas créer ces 100.000 postes supplémentaires ? À charge pour la fonction publique de gagner en efficacité via la technologie. Là encore, le Premier ministre devra marcher sur des œufs. Des exemples de ce mode de gestion des politiques publiques existent. Le plus spectaculaire est celui de la Première ministre néozélandaise, Jacinda Ardern, sur sa politique de « bien-être », en 2019. Rédacteur en chef THIERRY LABRO

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Sommaire Décembre 2023

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

PLACE FINANCIÈRE

8 SAM TANSON

12 ANNA ZAKRZEWSKI

« L’austérité, une véritable appréhension » 16 SASHA BAILLIE

« Construisons des laboratoires d’adoption des technologies » 28 BLANCHE WEBER ET ANDREW FERRONE

« Le voyage est aussi important que la destination » 42 ANANDA KAUTZ

« Dora met une pression supplémentaire sur les banques »

« Il faut des changements de comportement » ENTREPRISES 10 NADIA BATTELLO

« De nombreux jeunes ont déjà un esprit entrepreneurial » 34 LOUIS LOSCHETTER

« Les mentalités doivent changer au Luxembourg » 50 SAMANTHA STAINCLIFFE

« Si la défense change, le monde de la durabilité changera aussi »

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2024 sera l’année de la ­donnée, prédit la CEO de Luxinnovation Sasha Baillie.

56 LÉA ET LOUIS LINSTER

Photos

Guy Wolff, Romain Gamba

« Louis a toujours fait partie de l’histoire Léa Linster »

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Entre Skandal Agency et Ultraschall Collective, Louis Loschetter a pris la vie d ­ ’entrepreneur à bras-le-corps.

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Sommaire Décembre 2023

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62 ENJEUX

Montres de luxe : un marché de passionnés 64 Les grandes évolutions du marché

La montre de luxe se porte bien, tandis que les marques reprennent le contrôle sur la seconde main.

68 L’histoire de la Manufa­cture grand-ducale 74 Quelle est la montre faite pour vous ?

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78 Nouveautés automnales 80 PORTFOLIO

The 2023 Finance Awards winners 90 CLUBLETTER

« The 2023 Finance Awards » ont livré leurs ­premiers lauréats. Dont Nicolas Mackel.

94 PICTURE REPORT

Luxembourg Art Week FOODZILLA

100 NEWS Camille Tardif et Julien Lucas : vivement l’hiver 102 LA LISTE DU MOIS Tous fondus de fromage ! 104 AFTERWORK Se réchauffer au cœur de l’hiver ! 106 MA RECETTE Crêpes au kimchi 108 CULTURE Les immanquables du mois 110 MON STYLE Dans le vestiaire de Seda Tugay 112 MOBILIER Les coups de cœur d’Anouk Thill

Photos

Guy Wolff

114 DRIVE Des deux-roues de demain dès aujourd’hui

114

Les deux-roues de demain arrivent sur le marché.

110

Head of project management office de Kerry et auteur, Seda Tugay livre ses coups de cœur.

118 #Under50 Simon le Financier ADVERTORIAUX 14 ILNAS La normalisation : un gage de confiance

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Ristretto #Politique

« L’austérité, une véritable appréhension » Après cinq années sur les bancs du gouvernement, Sam Tanson va passer les cinq prochaines années sur ceux de l’opposition à la Chambre des députés. Un changement de rôle qu’elle aborde avec sérénité.

Comment voyez-vous votre rôle d’opposant ? Comme toujours, nous allons travailler dans un esprit constructif. Nous n’allons pas critiquer pour critiquer. Nous serons tout particulièrement vigilants sur le fait que les jalons nécessaires pour que le Luxembourg reste, ces prochaines années, un pays agréable à vivre et juste soient posés. Quels sont ces jalons ? Il y en a beaucoup. Le premier qui me vient à l’esprit est la poursuite des investissements dans les infrastructures. Lorsque nous sommes devenus membres du gouvernement en 2013, nous avons réalisé qu’il y avait eu un manque flagrant d’investissement dans les infrastructures. La dynamique démographique du Luxembourg n’avait pas été anticipée. Nous avons essayé de combler ce retard. Il ne faudrait pas qu’aujourd’hui on refasse les mêmes erreurs d’avant 2013. Il faut continuer à investir dans les infrastructures de mobilité, dans les infrastructures hospitalières, dans les infrastructures scolaires… Ne craignez-vous pas justement que le nouveau gouvernement soit plus adepte de l’austérité que le gouvernement sortant ? C’est une véritable appréhension. Quels sont les autres dossiers que vous allez particulièrement surveiller ? Il y a les questions relatives à la justice fiscale, aux droits de l’Homme et, bien sûr, le défi environnemental. Il y a eu, durant cette campagne, beaucoup de déclarations qui ne nous ont pas inspiré confiance. Pour nous, il est primordial que la politique climatique soit ambitieuse et que la biodiversité continue à être protégée. Pensez-vous que les positions écologiques et environnementales puissent être le ciment d’un front commun d’opposition ? 8

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Dans l’opposition, tous les partis ont leurs propres engagements. L’engagement écologique et environnemental est plus prononcé chez certains que chez d’autres. Mais je suis certaine qu’il y a des points sur lesquels au moins quatre des cinq partis d’opposition pourront se retrouver. Dans cette optique, un groupe technique avec untel ou untel vous semble-t-il une bonne idée ? Dès le lendemain des élections, nous nous sommes interrogés sur le positionnement à adopter pour garder le plus de collabora­ teurs et pour avoir le plus de temps de parole. Et il nous est apparu qu’un groupe technique serait contre-productif. De ministre à député d’opposition, comment se gère personnellement ce type de transition ? Ce sera clairement un défi. Ministre, on est dans l’action, dans la prise de décision et dans le concret. Je pense qu’il me faudra un certain temps pour trouver mes marques et faire un travail d’analyse et de proposition. CLAP DE FIN

Après les communales et les législatives, voici les européennes. Comment abordez-vous cette échéance ? Ces élections sont fondamentales pour l’avenir de l’Europe. C’est à ce niveau que sont discutés beaucoup de sujets très importants pour notre avenir comme l’environnement, les transports ou la justice. Nous abordons cette échéance avec beaucoup de sérieux, rassemblés derrière notre député Tilly Metz qui a effectué un travail très engagé ces cinq dernières années. Nous voulons qu’elle continue.

Ministre de la Justice, Sam Tanson a terminé son « autre mandat » de ministre de la Culture par une standing ovation appuyée au 10e Lëtzebuerger Filmpräis.

Journaliste MARC FASSONE Photo GUY WOLFF



Ristretto #Entreprises

« De nombreux jeunes ont déjà un esprit entrepreneurial » La médiatrice scientifique Nadia Battello occupe depuis mi-octobre les fonctions de directrice de Jonk Entrepreneuren. Elle mise sur l’apprentissage par l’expérience pour former de nouvelles générations talentueuses et résilientes.

Vous êtes directrice de Jonk Entrepreneuren depuis mi-octobre. Pourquoi vous engager auprès des jeunes ? Mon enthousiasme réside dans la création de programmes éducatifs favorisant les expériences et l’épanouissement des jeunes. Une expérience positive peut générer des vocations et un impact profond. Je suis convaincue que ce qu’ils apprennent via nos programmes enrichit leur parcours, les responsabilise, et ils acquièrent des compétences : confiance en soi, travail d’équipe, proactivité, prise de parole… Comment stimuler l’esprit d’entreprendre chez des jeunes ? Le message à leur transmettre est : « Tu peux le faire ! » De nombreux jeunes ont déjà un esprit entrepreneurial et aspirent à être écoutés. Mais ils sont souvent dans un environnement qui ne favorise pas l’expression de l’esprit entrepreneurial. La création d’un cadre s’impose, avec un encadrement étape par étape. Qui sont les acteurs du monde économique qui vous soutiennent ? L’un des piliers de notre institution repose sur les partenariats tant économiques que ministériels. Ils jouent un rôle essentiel en établissant un lien solide entre monde professionnel et éducation. Nos partenaires ont des rôles variés : formateurs et coachs pour élèves, jurys lors des compétitions, accueil des élèves en stage. Les jeunes ont l’opportunité d’entrer en contact direct, d’apprendre auprès d’eux. Cette expérience est précieuse. Quels sont les projets de l’asbl pour 2024 ? Nos initiatives ont déjà touché 130.000 élèves. Notre objectif est de continuer à former des générations jeunes, résilientes et responsables, prêtes à collaborer, innover et prendre des initiatives. Nous envisageons de renforcer et d’adapter nos programmes pour les rendre 10

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plus inclusifs et accessibles. Dans l’optique d’élargir notre impact, nous souhaitons accroître notre visibilité avec de nouvelles approches, et consolider nos relations avec nos partenaires. Pouvez-vous partager quelques success-stories de Jonk Entrepreneuren ? Avec les Mini-Entreprises, les jeunes créent leur entreprise, mais c’est à un stade précoce, au cœur des études, ce qui entraîne la cessation de nombreuses entreprises. Certaines persistent, comme FrëschKëscht qui, depuis 2020, commer­ cialise des boîtes de produits locaux. D’autres abandonnent en raison des études, et se relancent plus tard, comme le fondateur de Brainplug. Il manque un cadre permettant de poursuivre les études en consacrant assez de temps à l’entreprise. Beaucoup d’idées prometteuses risquent de se perdre en cours de route. Comment votre association s’adapte-t-elle aux nouveaux défis ? En ajustant nos programmes et en élargissant notre réseau pour proposer des formations et activités alignées sur les intérêts et domaines qui passionnent les jeunes : DES PROGRAMMES IA, cybersécurité, durabilité, aéro­ Jonk Entrepre­ neuren propose spatiale… L’Innovation Camp incite les plusieurs jeunes à trouver des solutions aux défis programmes pour actuels présentés par nos partenaires. les jeunes, tels que Mini-Entreprises, My First Enterprise ou Young Enterprise Project, au sein desquels ils sont incités à créer et gérer leur propre entreprise, ou à contribuer à l’innovation d’entreprises existantes lors de l’Innovation Camp.

Quels conseils donner à un jeune qui voudrait se lancer ? « Lance-toi ! » Les idées audacieuses, l’ambition, l’esprit libre et les idées novatrices sont essentiels. En les cultivant, nous contribuons à façonner une société prête à relever les défis. Il est crucial d’accompagner les jeunes car si c’est une aventure magnifique, elle est loin d’être dépourvue de défis.

Journaliste MAËLLE HAMMA Photo GUY WOLFF


accompagner l‘entrepreneuriat

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Pour nous, l’entrepreneuriat est constitué d’une large gamme de projets différents, qui tous stimulent et diversifient l’économie du Luxembourg. Nous sommes aux côtés de tous les entrepreneurs grâce à nos programmes financiers. Vous avez un projet d’entreprise que vous souhaitez réaliser? Alors n‘hésitez pas à nous contacter. Plus d’infos sur snci.lu I

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Ristretto #PlaceFinancière

« Le voyage est aussi important que la destination » Anna Zakrzewski est la nouvelle group chief operating officer de Quintet Private Bank. Sa mission : accompagner la transformation du groupe, en particulier digitale, et harmoniser les processus de la banque.

Comment devient-on COO de Quintet ? Durant tout mon parcours professionnel, j’ai été passionnée par le wealth management. J’ai passé 23 ans dans les activités de conseil au sein de Boston Consulting Group (BCG), où j’ai œuvré comme global leader wealth management et membre du comité global pour les services financiers. L’heure était venue pour moi de me lancer un nouveau défi : appliquer au niveau opérationnel tout ce que j’ai appris durant ma carrière. Pourquoi Quintet et pourquoi le Luxembourg ? Je voulais avoir des responsabilités dans la conduite d’un groupe international et pouvoir mesurer l’impact de mes décisions et de mes actions. C’était très important pour moi. Être membre du comité de direction d’un groupe bancaire international en ayant la responsabilité de tout le volet opérationnel et en pouvant mettre en œuvre tout ce que j’ai appris dans ma vie de consultante : cela ne se refusait pas. Et je connaissais déjà le Luxembourg. J’y ai mené différents projets et j’y ai habité plusieurs mois il y a 15 ans. Quelle est votre mission et comment voyez-vous votre métier ? Avec mes équipes, nous devons mettre en œuvre la stratégie de la banque et avoir un impact qui soit durablement mesurable sur des thèmes comme l’expérience client, l’engagement des équipes, le change management et les résultats du groupe. Quintet est présente dans six pays via 50 sites. Ma mission consiste à harmoniser la manière dont nous travaillons et à améliorer le service délivré au client. Cela implique de toucher à beaucoup de domaines, comme le client lifecycle management, le business risk management, les opérations au sens large, l’outsourcing management et la gestion de projets. Tous ces domaines sont sous ma respon­ sabilité. À cela s’ajoutent les défis réglementaires. Même s’ils relèvent de la compliance et du risk management, ils impactent aussi l’opérationnel. 12

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Quels sont les défis à relever pour atteindre ces résultats ? Nous avons une vraie empreinte européenne. Le défi, c’est qu’il n’existe pas une culture européenne, mais des cultures européennes. Dans chaque pays où nous sommes présents, il y a des marques différentes, des manières de travailler différentes et des régulateurs différents. Nous essayons d’harmoniser tout cela en gardant une touche locale. Tenir compte des spécificités locales pour nos équipes et nos clients est quelque chose de très important pour nous. Cela prendra du temps. C’est un voyage qui va durer plusieurs années. Et pour moi, le voyage est aussi important que la destination. On s’interroge beaucoup sur l’impact de l’intelligence artificielle sur les métiers de la banque. L’IA va-t-elle être un game changer dans le monde du wealth management ? L’IA et son impact futur doivent être pris en compte dans toutes nos activités. Le succès de sa mise en œuvre est grandement dépendant de la sélection des processus les plus adaptés et de la qualité des données dispo­ nibles. « Data is knowledge, data is PARCOURS experience, data is personalisation », Anna Zakrzewski peut-on résumer. Notre organisation a toujours évolué dans un contexte évolue en ce sens et vise à transfor­ international. mer Quintet en une data-driven comElle a grandi au pany. Selon moi, l’IA va nous aider Moyen-Orient, fait ses études d’un point de vue opérationnel. Cela en Allemagne, va venir en soutien du travail de nos au Royaume-Uni équipes, mais ce n’est pas quelque et en Australie. Parmi ses passions, chose qui va remettre en cause elle cite les l’aspect humain de notre métier. voyages, l’art et les La gestion de fortune privée est très activités outdoor, particulièrement liée à l’aspect interpersonnel des rela­ les activités tions entre le client et ses conseillers. aquatiques. Aucun robot ne peut offrir cela. Journaliste MARC FASSONE Photo EVA KRINS


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Institutionnel

La normalisation : un gage de confiance Contenu sponsorisé par ILNAS

Avec la mondialisation, les nouvelles technologies ou le développement durable, normaliser les biens et services est un impératif autant qu’une réelle valeur ajoutée pour le marché. Dans ce cadre, des synergies se sont naturellement créées entre les mondes de la normalisation, de la recherche et de l’éducation. Rencontre avec l’ILNAS et l’Université du Luxembourg.

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les institutions telles que l’Université du Luxembourg. Concrètement, qu’est-ce que la normalisation ? J.-P. H. : De manière simplifiée, c’est le fait d’établir un langage technique commun pour permettre l’interopérabilité et la compatibilité des produits et services au plan international. Autrement dit, théoriquement, c’est une grille de lecture spécifique validée par des experts internationaux de différents secteurs d’activité. Ainsi, par exemple,

Marie Russillo (Maison Moderne)

qui nous occupe aujourd’hui, une stratégie normative nationale, validée par le ministre de l’Économie, guide nos activités via deux axes-clés, Performance et Excellence, et vise trois secteurs économiques en particulier : la construction, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et l’aérospatiale. J.-P. H. : L’ILNAS est aussi très proche du monde de l’innovation, avec une mission légale lui permettant d’initier des travaux de recherche. Nos interlocuteurs sont non seulement les entreprises, mais aussi

Photo

Pouvez-vous nous présenter l’ILNAS et son activité ? JEAN-PHILIPPE HUMBERT (J.-P. H.) : L’ILNAS est une administration publique luxembourgeoise, sous l’autorité du ministre de l’Économie. Nos missions sont diverses et couvrent les domaines de la normalisation, de l’accréditation, de la surveillance du marché, de la confiance numérique et de la métrologie. Tous ces départements participent à la qualité et à la sécurité des produits et services sur le territoire. NICOLAS DOMENJOUD (N. D.) : Concernant spécifiquement la normalisation,


BRAND VOICE

Dr Lucas Cicero, M. Nicolas Domenjoud de l’organisme luxembourgeois de normalisation (ILNAS), Dr Jean-Philippe Humbert, adjoint à la Direction de l’ILNAS, Prof. Dr Eric Tschirhart, conseiller spécial du recteur, Prof. Dr Pascal Bouvry, Doyen de la Faculté des Sciences, des Technologies et de Médecine, et Dr Grégoire Danoy, Research Scientist de l’Université du Luxembourg.

disposer d’une certification, basée sur la norme ISO 9001, permet une reconnaissance globale. Pour un client ou un fournisseur, c’est un point de repère et un gage de confiance quant à la qualité, qui facilite les échanges. LUCAS CICERO (L. C.) : L’un de nos principaux défis est de faire passer le marché de simple utilisateur de la norme à celui d’acteur de la normalisation. Nous encourageons les organisations à participer au processus de normalisation, c’est-à-dire à s’impliquer dans la rédaction des normes, afin que les spécificités nationales soient prises en compte dans les normes européennes et internationales. Cette participation est d’ailleurs gratuite au Luxembourg, ce qui n’est pas le cas dans la plupart des pays. PASCAL BOUVRY (P. B.) : En tant que Doyen de la Faculté des Sciences, des Technologies et de Médecine, et par ma formation d’informaticien, je vois de manière très concrète l’intérêt de la normalisation. Par exemple, si chacun peut se connecter au wifi, c’est grâce à une norme technique. L’ILNAS permet à chaque citoyen de disposer d’un appui, de comprendre, mais aussi de participer à l’élaboration des normes. Le développement durable pose-t-il de nouveaux défis en termes de normalisation ? L. C. : Les objectifs de développement durable adoptés par l’ONU en 2015 sont bien pris en compte au sein des organismes de normalisation. Les normes peuvent apporter un soutien et aider les

organisations à la mise en place de pratiques plus durables grâce à des outils fiables. J.-P. H. : Nous avons d’ailleurs récemment réalisé une étude normative interne à ce sujet, qui a été validée par le ministère de l’Économie. Elle a permis de mettre en place un suivi de nombreux comités de normalisation actifs quant au domaine de la durabilité. Après une phase d’incubation, qui visera notamment à rencontrer les experts et les entreprises à ce sujet, nous envisagerons, en cas d’intérêt marqué, d’adapter la stratégie normative nationale pour y inclure des éléments-clés en lien avec le développement durable. Peut-on revenir sur les travaux « Technologies quantiques et normalisation technique » ainsi que sur le « Rapport normatif sur la construction durable » ? N. D. : Ces deux nouvelles publications de l’ILNAS ont été développées avec le support du GIE ANEC (Agence pour la Normalisation et l’Économie de la Connaissance) qui nous accompagne dans la promotion et la sensibilisation des domaines de la normalisation et de la métrologie. Disponibles dès novembre 2023, elles visent à offrir au marché une vue d’ensemble sur ces thématiques et sur les initiatives normatives en lien. P. B. : Ces publications de l’ILNAS permettent notamment d’expliciter et de rassurer le consommateur vis-à-vis d’une technologie d’avant-garde, ou de thématiques nouvelles, de démontrer qu’un véritable cadre de travail et des règles existent pour guider son développement. C’est également important pour faciliter l’adoption de domaines émergents qui appartiennent souvent, dans un premier temps, au monde de la recherche et de l’innovation. Pouvez-vous d’ailleurs nous décrire les interactions entre l’Université et l’ILNAS ? GRÉGOIRE DANOY : L’Université a pour missions principales la recherche fondamentale et appliquée, l’enseignement supérieur et la contribution au développement sociétal, culturel et économique du pays. C’est pourquoi la collaboration avec l’ILNAS est naturelle. Il y a un lien réciproque entre recherche,

développement, innovation et normalisation. Nous avons mis en place un programme de recherche, qui implique trois doctorants sur les thématiques évoquées juste avant - construction, TIC et aérospatiale – ainsi qu’un chercheur qui encadre l’ensemble. Ils participent également à des comités de normalisation : d’une part, la production des chercheurs nourrit la normalisation et, d’autre part, les normes fournissent des lignes directrices pour la recherche, ce qui crée une véritable synergie et une avancée réciproque. ERIC TSCHIRHART : Cet axe de recherche est soutenu par un programme d’enseignement de niveau 7, le Master en Technopreneurship que nous avons mis en place avec l’ILNAS et la Chambre des Salariés. Il a un lien robuste avec le programme de recherche, dont les résultats viennent aussi alimenter le contenu pédagogique du Master pour fournir aux professionnels luxembourgeois une formation continue sur deux ans qui permet d’acquérir des compétences d’intérêt pour les entreprises. Le Master permet de se former à la fois sur les technologies récentes – comme l’Intelligence Artificielle ou les Blockchains –, les questions de sécurité et de confiance associées, le développement d’un esprit d’entrepreneuriat, y compris dans les domaines financiers et légaux, mais aussi sur l’ensemble des aspects de normalisation technique. Après cette seconde édition, nous entendons préparer les étudiants nouvellement recrutés à des fonctions qui stimulent leur esprit d’innovation. Ils font preuve d’une grande maturité pour concrétiser les connaissances acquises, notamment lors du stage de fin d’études, dans des projets d’innovation intrapreneuriale utiles à leur entreprise.

POUR EN SAVOIR PLUS, RENDEZ-VOUS SUR :

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Conversation Sasha Baillie

« Construisons des laboratoires d’adoption des technologies » Le 12 décembre, la CEO de Luxinnovation, Sasha Baillie, sera sur la scène de Trend Makers 2024, aux côtés notamment du futur Premier ministre. Avec son sens inné de la diplomatie, elle évoque des pistes pour placer durablement le Luxembourg sur la carte de l’innovation. Journaliste THIERRY LABRO

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Portrait GUY WOLFF


La CEO de Luxinnovation, Sasha Baillie, et ses équipes préparent un programme spécifique pour les scale-up, ces start-up en phase de croissance rapide.


Conversation Sasha Baillie

Ne nous dites pas tout avant l’événement Trend Makers 2024, mais seulement une piste de ce que vous imaginez, d’un point de vue technologique, pour les années à venir ? Je regarde toujours le positionnement du Luxembourg et comment nous nous positionnons par rapport à des tendances. Nous devons nous intéresser à tout ce qui tourne autour des données, du captage à l’interopérabilité en passant par ce que nous pourrons en faire. Comment des business vont-ils se transformer en travaillant avec la donnée? Il y a de grandes opportunités et de grands challenges pour nos entreprises. Tout ce qui est intelligence artificielle, tout ce que cela signifie, pour quel secteur ? Comment leur daily business va potentiellement changer? Et comment est-ce qu’on les prépare à tout cela ? Nous parlons toujours du développement de différents secteurs au Luxembourg, mais c’est tellement transversal que nous devons aider à identifier les secteurs qui seront le plus touchés par l’IA et par l’utilisation de la donnée. Pour que nous puissions les aider à identifier les opportunités et à gérer les risques. Où est-ce qu’on en est ? L’IA, c’est tout sauf nouveau, même si les buzz autour de ChatGPT le laissent croire… Le Luxembourg est dans une phase de prise de conscience, de compréhension des possibilités. La technologie existe, mais il y a des freins à l’utilisation massive, comme dans l’accès ou l’utilisation des données. Sur la manière dont on pourrait utiliser cette technologie dans une entreprise spécifique ou dans un secteur spécifique, nous n’y sommes pas encore. Nous devons travailler à réunir ces deux mondes. Ce sont deux choses différentes. Pour tout ce qui concerne les données, il y a beaucoup d’entreprises qui en ont, mais elles ne sont pas toujours structurées, ni même utilisables… C’est déjà un développement en soi. Est-ce qu’on a assez d’acteurs qui travaillent sur ce sujet ? Il y a d’un côté ceux qui sont fournisseurs de solutions dans l’IA et de l’autre les marchés potentiels. Il y a de plus en plus de fournisseurs au Luxembourg, nous sommes en train de finaliser une analyse, un map18

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ping de l’IA, qui montre qu’il y a depuis 2018 un doublement du nombre d’acteurs qui offrent des solutions. Pour ceux qui doivent utiliser ces technologies, nous avons plus de mal à leur faire voir les opportunités et identifier les use cases pour ces acteurs. Est-ce qu’il y a une situation spécifiquement luxembourgeoise pour chacune des deux questions ? Pourquoi, en tant que petit pays, nous ne pourrions pas imaginer un data lake à l’échelle du pays ? Ce que nous lisons, c’est qu’il faut des capacités qui peuvent faire beaucoup évoluer le secteur financier. Tout comme le secteur de la santé. Il y a là beaucoup d’opportunités. Et du travail à faire. Par rapport à d’autres domaines, nous avons une grande chance, en tant que petit pays, de pouvoir rassembler de manière plus directe des acteurs-clés, qu’ils viennent du cadre réglementaire, qu’ils aident les entreprises à se transformer ou qu’ils aident à remplir les besoins du secteur public… Construisons des laboratoires d’adoption des technologies. Le Luxembourg a un énorme potentiel à ce niveau-là, mais cela nécessite que nous soyons capables de réunir les acteurs-clés autour d’une table…

« Les uns et les autres doivent aller au-delà de leurs propres intérêts. »

Et pour partager leurs données… Pas seulement pour partager les données, mais aussi leurs convictions, leurs idées, leurs besoins, leurs intérêts… Et voir comment dégager des solutions communes. Les uns et les autres doivent aller au-delà de leurs propres intérêts. C’est réaliste ? Officiellement, chacun aime bien collaborer avec les autres, mais chacun aime aussi avoir son business qui marche mieux que celui du voisin… C’est partout comme ça ! Mais si nous avons de l’ambition, nous avons la capacité d’amener tous les acteurs autour de la table. Actuellement, dans le cadre de l’étude sur l’écosystème start-up, où nous avons constaté que nous avons besoin de développer un programme plus spécifique

TREND MAKERS 2024, SEPT EXPERTS, SEPT TENDANCES Le 12 décembre, à l’Athénée de Luxembourg, pour célébrer son 30e anniversaire, Maison Moderne réunira sept experts autour de sept tendances (machine learning, data, AI & robotics, innovation, place financière, commerce et entrepreneuriat, responsabilité sociétale des entreprises et médias et journalisme). Plus le prochain Premier ministre.


LUXINNOVATION EN CHIFFRES

12millionsd’euros de budget (80,9% du MÉco)

87

personnes de 16 nationalités

52 % d’hommes

48 %

de femmes

75millionsd’euros d’aides européennes obtenues

139

projets Horizon

311 sociétés

soutenues par la Cluster Initiative

16 sociétés

internationales accueillies

46

start-up créées

300.000 visites du site internet

pour les scale-up, nous allons réunir dif- Non, mais tout le monde vous reconnaît férents acteurs. Des VC, des fondateurs un track record, une place neutre quand de start-up qui ont eux-mêmes fait leur vous vous occupez de ces sujets… chemin et qui connaissent les défis et les Oui, et c’est important. Tout dépend du obstacles, et des acteurs institutionnels domaine. Si deux investisseurs veulent vraipour réfléchir ensemble sur la manière ment faire bouger un secteur, ça peut aller dont il faudrait articuler un tel programme très vite. Notre job est de veiller à faire pour qu’il atteigne son objectif. Nous n’al- réfléchir et avancer dans une direction lons pas révolutionner le monde, mais commune dans les domaines où il n’y a pas c’est réaliste. d’alignement. Fédérer les acteurs est très difficile. Il y a très souvent des points de Mais est-ce que ce n’est pas le rôle vue totalement différents, des manières de de Luxinnovation d’ériger en modèle penser différentes, des compétences diffécette idée de collaboration ? rentes et des langages qui ne sont pas les Là où d’autres acteurs ne le font pas, oui. mêmes. Pour qu’ils se parlent et qu’ils Si d’autres travaillent déjà ensemble, nous s’écoutent, il faut être patient. n’avons pas besoin de le faire. Dans le domaine de la construction, sur lequel Les neurosciences disent que tous nous travaillons actuellement autour de les groupes humains fonctionnent la circularité, il y a un vrai potentiel pour de la même manière. On pourrait réutiliser les déchets de la construction, imaginer des processus transversaux, comment en faire de nouvelles ressources. utiles dans tous les domaines… Cela nécessite une compréhension de tous Il n’existe pas de méthodologie, mais nous les acteurs de l’écosystème. Nous avons sommes en train de nous orienter vers une emmené un groupe de ces acteurs en méthodologie nous-mêmes, en interne, Suisse pour voir comment cette théma- chez Luxinnovation, en identifiant davantique, notamment le recyclage du béton, tage comment nous sommes organisés a été traitée en Suisse. Tous ces acteurs se pour que nos équipes envisagent diffédisent « ok, c’est faisable », « quel est le rentes problématiques selon leurs compécoût ? », « que faut-il transformer chez tences respectives. Certains sont plus dans nous ? ». À partir de cela, nous pouvons tra- l’accompagnement individuel de projets vailler sur des projets spécifiques perti- d’entreprises, comprennent une entreprise nents pour le Luxembourg. dans un secteur et peuvent l’aider. D’autres ont une approche plus systéEst-ce que cela restera sous l’égide mique et comprennent plus de dynade Luxinnovation ou il faudra un GIE ? miques, sont plus forts dans la capacité à L’idéal est que cela ne reste pas sous l’égide réunir différents acteurs, à être des médiade Luxinnovation, mais que nous puissions teurs, à l’écoute. Plus patients… générer des idées, réunir les acteurs et favoriser des spin-off. Dans le domaine du bois, Plus diplomates… c’est le cas d’e-holzhaff.lu. Nous n’y Plus diplomates, oui, mais ce n’est pas sommes pas encore, parce que la plate- nécessairement moi. D’autres vont sortir, forme existe, mais elle n’a pas encore été bien présenter, séduire… D’autres sont plus reprise par des acteurs publics et privés qui dans l’analyse, dans la formulation d’idées créent une structure à part. Nous ne ou dans le project management. Nous somsommes qu’un facilitateur. mes en train de clarifier les rôles et les responsabilités pour rendre les processus Est-ce que les choses vont assez vite ? fluides. Pour ne pas travailler en silos. Je suis Non. Je suis de nature impatiente… mais convaincue que nous serons mieux outillés aussi optimiste! Je dois aussi accepter que pour aider dans notre écosystème. le fait que des acteurs doivent prendre le lead sur un concept ou une idée prend du C’est quand ? temps. C’est normal: il faut se familiariser C’est en cours. L’objectif est d’avoir teravec différents points de vue et il n’est pas miné dans les deux années qui viennent. possible de l’imposer. Nous avons développé une stratégie de DÉCEMBRE 2023

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Conversation Sasha Baillie

Luxinnovation, aussi développée en interne, en impliquant toutes les équipes. Ça ouvre une boîte de Pandore qu’il faut structurer. Ça crée des attentes. Il y a un processus d’apprentissage de la big picture. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, il y a du change management. J’apprends beaucoup de certains de mes collaborateurs. Donc fin 2025. Oui, fin 2025. Luxinnovation a un contrat de performance qui vient à échéance fin 2025. Cela nous permettra d’avoir le concept en place pour le prochain contrat de performance. Pour revenir une seconde en arrière, tant que nous sommes sur la structuration de Luxinnovation… Vu la période et la formation du prochain gouvernement, est-ce que la puissance publique devrait faire quelque chose pour aider vos projets ? Elle s’implique. Notre conseil de gérance est composé de représentants de l’État, des ministères de l’Économie et de la Recherche, mais nous avons aussi des collaborations avec d’autres ministères. Comme la Défense, par exemple. La Direction de la défense voit quels sont les besoins de la sécurité et de la défense en Europe, quelles sont les capacités qui

nous manquent pour défendre nos valeurs. Ils sont impliqués dans l’Otan, dans l’Union européenne, et nous voyons quelles sont les capacités dans l’industrie et la recherche au Luxembourg pour devenir les fournisseurs de solutions. Le cadre public est totalement clé pour orienter les travaux de Luxinnovation. Est-ce que vous avez quelque chose à leur demander ? Percevoir les opportunités d’innovation à travers tous les domaines d’action d’un gouvernement, sans prendre seulement la digitalisation, confiée à un ministère de la Digitalisation. Dans des domaines comme la conduite autonome, l’utilisation des ressources… Il y a plein de ministères qui sont en face de besoins spécifiques futurs et d’obstacles… Nous devrions adopter une approche différente pour voir comment nous devrions aborder telle ou telle problématique, pas seulement dans un ministère, mais de manière plus systématique. Amener autour d’une table différents acteurs avec différentes perceptions et les mettre dans un cadre de confiance où ils peuvent partager des idées sans que cela soit tout de suite repoussé ou critiqué si l’un ne s’y connaît pas… Il a peut-être une dimension à apporter qui va ouvrir une porte à laquelle on n’a pas pensé.

Et ça passe par quoi ? Un ministre spécial dédié ? Il faudrait du leadership d’en haut. De la volonté. Puis amener des acteurs et les mettre en confiance. Nous, nous y travaillons en interne. Il faut avoir un cadre pour capter les idées, être organisé dans le temps. Avec une « keystone team », nous développons un programme scale-up: nous amenons autour de la table des acteurs qui ont déjà beaucoup à faire eux-mêmes dans leur entreprise et un temps limité ; nous avons un temps dédié, la discussion est structurée et le partage fonctionne si on réfléchit à comment le faire, parce que chaque domaine est différent. Cela fait maintenant cinq ans que vous dirigez l’agence. En quoi êtes-vous satisfaite du travail réalisé ? Je suis contente d’avoir mis sur pied une stratégie construite avec tous les collaborateurs, d’avoir amené une réflexion stratégique, un meilleur positionnement de Luxinnovation dans l’écosystème, une meilleure compréhension. Chacun, chez Luxinnovation, apporte son talent et son expertise à quelque chose de plus grand. Et cela fait du bien de voir mes collaborateurs participer activement à cette dynamique. Dans un pays très diversifié, avec des collaborateurs de 16 pays différents et

LE VIVIER DE TALENTS N’EST PAS ÉPUISÉ Signe de son caractère positif, la CEO de Luxinnovation ne voit pas les 50 % d’étudiants de l’Université du Luxembourg qui restent, mais ceux qui ne restent pas et qu’elle voudrait pouvoir convaincre de rester. « Comment travailler davantage avec eux ? Beaucoup viennent au Luxembourg en famille ou en couple, ils ont parfois du mal à accéder au marché du travail. Que peut-on faire pour faciliter cela ? Le ministère du Travail a maintenant mis un cadre qui facilite cette accession. Des

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démarches récentes et qui sont très importantes », explique Sasha Baillie. L’autre point est la présence des femmes dans le monde de l’innovation. « Dans le domaine des start-up, seulement 6 % sont fondées par des femmes. Où sont les autres ? Nous devons les identifier et nous devons aller les chercher. » Pour elle, « elles sont là, mais elles se retiennent ou elles ne sont pas visibles. Nous devons tous ouvrir nos yeux et aider. Dans certains comportements, il y a des

portes qui sont fermées, par des perceptions… Tout cela nécessite une prise de conscience et un encouragement. Il y a des obstacles psychologiques. » « Ce n’est pas la grande réponse à la pénurie des talents, dit-elle encore. Il faudrait aussi parler d’éducation dans les écoles. Nous devons penser ‘out of the box’, être apporteurs de solutions. Il y a déjà des méthodes dans les écoles où je vois que cela change par rapport à notre génération.

Nos enfants ont plus le sens de l’entrepreneuriat qu’il y a une génération. » Quid du retour rapide dans la fonction publique, qui récupère 80 ou 85 % des forces vives du pays ? « C’est une autre problématique. Beaucoup de compétences dans la fonction publique pourraient bénéficier d’un passage de plusieurs années dans le privé et vice versa. Le cadre ne le permet pas assez bien. »


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Conversation Sasha Baillie

qui sont parfois des frontaliers, c’est très enrichissant. C’est aussi très efficace. Et qu’est-ce qui n’a pas assez bien avancé ? Il y a quand même souvent des initiatives qui sont prises sans consulter les uns ni les autres… Avant de lancer quelque chose, il faudrait tenir compte du fait qu’il y a une Chambre de commerce ou un ministère qui fait déjà cela. Nous devrions interagir davantage avec d’autres acteurs avant de lancer des choses. C’est normal, parce que nous sommes tous dans nos habitudes. Que les gens aient envie de faire des choses, très bien, c’est compréhensible. Mais essayons de travailler avec les autres. Pendant un temps, Luxinnovation semblait être une agence portée sur l’innovation. Aujourd’hui, on insiste beaucoup sur le soutien de l’écosystème, que ce soit pendant le Covid ou depuis la crise économique liée à l’invasion de l’Ukraine… Ça m’inquiète que vous le disiez, car ce n’est pas la volonté de l’agence. Pourtant, vous semblez satisfaits du soutien que vous apportez à l’accession par des projets luxembourgeois aux financements européens… Oui, ce sont des financements d’innovation. Nous ne préparons pas les dossiers. Nous identifions quels programmes européens d’innovation pourraient être pertinents pour des acteurs et des entreprises du Luxembourg et les aidons à voir les opportunités, leur expliquons les processus, et ils doivent ensuite faire le dossier. Nous ne sommes pas une agence d’innovation, mais une agence de promotion de l’innovation ! Pour les gens qui ne vous connaîtraient pas encore et qui sont confrontés à des questions d’innovation, comment leur expliquer ce que vous faites à Luxinnovation ? Ça dépend des différents publics cibles. Il y a une diversité des entreprises et une diversité des niveaux de maturité. L’innovation est une transformation interne de l’entreprise et une transformation de l’entreprise en tant que fournisseur de solutions 22

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pour d’autres. Nous parlons à tous ces acteurs. Nous devons être à l’écoute des entreprises qui ont juste besoin de se digitaliser avec des solutions sur le marché et avec d’autres acteurs qui sont plus proches de ce type d’entreprise, comme la Chambre des métiers, la Chambre de commerce, la Fédération des artisans. Et être à l’écoute des questions plus complexes et plus technologiques. Nous, nous ne faisons pas l’innovation, mais nous sommes un pont entre les besoins d’une entreprise et le meilleur service pour cette innovation. En cinq ans, est-ce que vous diriez que la compréhension des entreprises s’est vraiment améliorée ou pas tant que ça ? Nous avons encore un grand chantier à réaliser. C’est quelque chose qui figure sur notre to-do list. Nous sommes toujours perçus comme une agence très orientée vers les technologies les plus avancées, l’industrie ou les start-up, alors que nous sommes aussi là pour les entreprises artisanales, avec les « Fit4 », et là, nous devons davantage travailler sur le ciblage des entreprises et de leurs besoins. Nous travaillons à la mise en place d’une plateforme unifiée chez Luxinnovation qui sera une porte d’entrée pour une entreprise en fonction de son identité. Un « customer journey » emmènera cette entreprise vers le service le plus pertinent, qu’il soit in-house ou fourni par d’autres acteurs externes. Dirigée vers la House of Entrepreneurship, elle aura un Fit4Digital Package, qui est une spin-off de Luxinnovation. Nous n’avons plus besoin d’être ici dans l’accompagnement individuel. Nous avons développé un produit pour les entreprises et cela me libère pour travailler sur d’autres concepts. Un autre pan de votre activité consiste à repérer des acteurs à l’étranger, dont la présence au Luxembourg ferait du sens. Vous parliez il y a quelque temps de briques à aller chercher pour compléter l’écosystème de manière à lui apporter de la valeur. Ce doit être de plus en plus difficile dans un monde de plus en plus connecté et en compétition… Ce que nous réussissons mieux, c’est cibler par rapport à ce que nous, le Luxembourg, avons à offrir à ces entreprises. Nous avons

CONSEIL D’ADMINISTRATION Mario Grotz président (MÉco) Sasha Baillie CEO (MÉco) Romain Martin (ministère de l’Education supérieure et de la Recherche) Philippe Osch (Hitec) Gilles Reding (Chambre des métiers) Georges Santer (Fedil) Gilles Scholtus (MÉco) Marc Wagener (Chambre de commerce)

LNDS, L’ACRONYME À SURVEILLER La CEO de Luxinnovation est pragmatique : dans le con­ texte de l’arrivée souhaitée de certaines sociétés au Luxem­ bourg et en Europe, la possi­ bilité d’avoir accès à une base de données « neutre » et de confiance est un élément-clé. Sasha Baillie cite le LNDS, pour Luxembourg National Data Service, une organisation créée et financée par le gouverne­ ment luxembourgeois depuis novembre 2022 dans la foulée de Gaia-X. Confiée à Bert Verdonck, elle devrait compter 50 personnes pour apporter des services liés aux données.


Depuis 25 ans les vents contraires nous font atteindre 2022

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Conversation Sasha Baillie

entamé ce travail il y a sept ans en vue d’une prospection plus ciblée. Bien comprendre les avantages du Luxembourg pour un secteur ou un domaine spécifique. Sur cette base, nous avons donné des outils à notre réseau dans le monde, notre réseau des Luxembourg Trade and Investment Offices et des ambassades, pour qu’ils aient les arguments-clés pertinents. Cela permet d’éviter de faire des choses très larges, qui peuvent coller, par hasard… Nous avons une approche beaucoup plus ciblée. Et le résultat final est plus positif qu’avant ? Il y a quand même beaucoup d’entreprises qu’on arrive à attirer. Toutes ces start-up qui viennent pour participer au Fit4Start, 500 demandes par an. Beaucoup, de cette manière, identifient un programme d’accélération intéressant, mais surtout une porte d’entrée sur l’Union européenne via le Luxembourg qu’ils n’auraient pas vue autrement. Des petites entreprises, peut-être, mais pour lesquelles nous avons quelque chose à offrir parce que nous avons un supercalculateur, parce que nous avons une infrastructure digitale intéressante, parce que nous avons accès à ces programmes européens. Lyten est l’exemple typique. Pourquoi sont-ils si intéressés à l’idée de s’implanter au Luxembourg ? Parce qu’ils ont déjà développé une technologie de lithium grâce à l’utilisation de graphène. L’avantage est d’aller avec cette technologie dans les grands programmes de développement européen. Le Luxembourg est un point d’accès direct et cela facilite le repérage de ce dont ils ont besoin. Le contre-exemple est Freyr Battery, installée au Luxembourg depuis peu et qui décide d’aller aux États-Unis ? Avec le plan Biden, j’imagine. Nous devons trouver des moyens de contrecarrer avec d’autres dispositifs. L’Europe a aussi un énorme marché et si les sociétés américaines veulent accéder au marché européen, elles doivent aussi comprendre le cadre. Autre exemple, nous sommes en discussion avec une healthtech de Boston dans le domaine du diagnostic des maladies neurodégénératives. Ils ont développé, sur la base de données, des solutions qui permettent ce diagnostic par la manière dont on bouge… 24

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Comment offrir ce service sur un marché européen? Nous avons la possibilité de les aider à comprendre le cadre réglementaire ici, de faire cela en petit comité au Luxembourg et ensuite de grandir. Est-ce que quelque part, on ne devrait pas avoir un jeu de données, luxembourgeoises ou européennes, anonymisées ? Oui, ce serait pertinent pour cette société. De travailler avec le Luxembourg Institute of Health, avec le Luxembourg National Data Service. L’idée aussi est de donner accès à un autre groupe de données avec lequel ils peuvent adapter ou développer des applications adaptées aux besoins européens. Est-ce que vous ne trouvez pas que les sociétés ne viennent pas seulement pour profiter des aides financières du Luxembourg, parfois assez importantes, avant de repartir ailleurs ? Est-ce qu’il y a un tourisme de l’aide luxembourgeoise ? Nous devons être hypervigilants là-dessus et très sélectifs. Et comment fait-on ? Nous devons comprendre leur business model. Les questionner. Être en contact avec les décideurs de ces sociétés. Savoir si vraiment leur intention est à longue haleine ou pas. Nous développons beaucoup d’expérience pour bien cerner nos interlocuteurs. Parfois, il y a des échecs et nous devons apprendre aussi de nos échecs. Parce que fermer la porte à tous n’est pas une option.

ET DEMAIN ?

Sasha Baillie dans le corps diplomatique « Possible. J’ai grandi dans ce système. Je vois toutes les problématiques avec lesquelles je travaille aujourd’hui, comme la digitalisation, l’innovation, etc., toujours dans une perspective géopolitique, les grandes tendances, comment le Luxembourg se positionne par rapport à tout cela. J’ai naturellement tendance à voir ce miroir des choses. » Sasha Baillie à Luxinnovation « C’est trop tôt pour en parler. Cela fait cinq ans que je suis à la tête de l’agence. C’est un chantier qui est encore en cours… C’est très difficile de faire ce pronostic au-delà de deux ou trois ans. J’ai encore beaucoup de travail d’ici là. J’adore faire ce que je fais, c’est une chouette équipe. »


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« Il faut des changements de compor­ tement » Appelant les ministres CSV et DP à « se fédérer » autour de l’urgence, la présidente du Mouvement écologique, Blanche Weber, et le président de l’Observatoire de la politique climatique, Andrew Ferrone, listent les sujets les plus brûlants. Journaliste CATHERINE KURZAWA

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Portrait GUY WOLFF


Blanche Weber et Andrew Ferrone défendent des subventions plus sélectives.


Conversation Blanche Weber et Andrew Ferrone

La chute des Gréng aux législatives d’octobre était pressentie, mais son intensité en a surpris plus d’un. Vous vous y attendiez ? BLANCHE WEBER (B. W.) Je ne vais pas commenter les résultats politiques. Le Mouvement écologique est politiquement neutre et l’écologie est devenue un sujet pour tous les partis politiques, comme l’a montré sa présence dans la campagne électorale. Nous interprétons cela comme une déclaration ferme que les partis savent très bien qu’une majorité de la population attend d’eux qu’ils travaillent sur ce thème-clé. ANDREW FERRONE (A. F.) Idem. Je ne fais pas de commentaire. L’OPC considère aussi que la lutte contre le changement climatique doit être une priorité pour tout parti politique. Les résultats montrent une chute des Gréng et une percée de l’ADR, qui prônait notamment la fin de l’interdiction des moteurs thermiques. Ces élections législatives semblent témoigner d’un certain attachement de l’électorat à sa voiture… A. F. Une étude récente faite dans le cadre de Luxembourg in Transition a montré que la population luxembourgeoise est celle qui est la plus prête en Europe à modifier son comportement. Il y a une volonté de changer. B. W. On ne voit guère une telle percée de l’ADR et, de plus, on ne sait pas si leurs résultats sont dus à leurs dires sur les moteurs thermiques. De toute façon, la majorité des électeurs n’ont pas voté pour l’ADR. Je pense que parmi la population, il y a toujours des personnes qui refusent certaines mesures. On a tendance à parler davantage de celles-ci que de celles qui les acceptent. Avec 681 voitures pour 1.000 habitants, selon Eurostat (2021), le Luxembourg est le deuxième pays de l’UE, derrière la Pologne, à compter le plus de véhicules par milliers d’habitants. La gratuité des transports publics ne semble pas impacter les habitudes de mobilité… A. F. Il faut voir comment cela va évoluer. Il est clair que la voiture privée n’est pas la solution au changement climatique. Si j’ai besoin de mon véhicule pour un déplacement précis, la voiture électrique est la plus efficace. Mais encore faut-il 30

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qu’elle soit alimentée par une électricité durable, sinon, cela ne fait pas de sens. Il y a un besoin d’éducation de la population. B. W. On ne peut pas dire que les habitudes de mobilité n’ont pas changé ou ne vont guère changer parce qu’on a toujours un nombre élevé de voitures. Si vous regardez le tram ou le train aux heures de pointe, ils sont pleins à craquer et hautement appréciés des utilisateurs. D’ailleurs, tous les partis ont inscrit dans leur programme l’extension du tram et des infrastructures ferroviaires. Il y a une évidence: si les transports en commun fonctionnent, les gens les utilisent. Mais beaucoup de gens veulent encore disposer d’une voiture pour les trajets qui se font, selon eux, plus difficilement avec les transports en commun. Comme le carsharing est encore peu développé, ils optent pour une voiture privée.

« La finance verte n’est, à notre avis, pas une vraie stratégie. »

Avec ses aides à la rénovation ou encore à l’électrification du parc automobile, le Luxem­bourg semble plus ANDREW FERRONE volontariste que d’autres pays européens en matière d’incitants environnementaux. Est-ce à vos yeux une bonne approche ? B. W. Des incitants financiers sont nécessaires pour soutenir la promotion de nouvelles technologies qui, sans ces aides, pourraient ne pas se développer aussi rapLE MOUVEMENT idement. Cela a été le cas avec la voiture ÉCOLOGIQUE électrique, mais il faut discuter de la durée de ces mesures incitatives. Ensuite, il est Cette asbl fondée en 1968 travaille dans des groupes également essentiel d’envisager une sélecnationaux et régionaux tivité sociale, en réorientant les subvenet compte 3.000 membres. tions en fonction de critères sociaux Ils s’engagent pour de nom­ spécifiques. Enfin, dans des pays comme breuses causes, en particulier la France, il existe un bonus-malus: l’achat le développement durable, d’une voiture électrique est subventionné la sauvegarde de l’environne­ sous certaines conditions, mais peut aussi ment humain et naturel, la par­ faire l’objet d’une surtaxe – en milliers ticipation citoyenne et l’amélio­ d’euros – si le véhicule est trop lourd, trop ration de la qualité de vie. polluant. En somme, il est favorable d’apBlanche Weber en est la pliquer des subventions, mais plus sélecprésidente depuis 2003. tives, tout en abolissant les aides que je Elle a intégré l’organisation en qualifierais de «nocives», et de les intégrer 1987 sous l’impulsion de l’Année dans une démarche globale. européenne de l’environnement A. F. Nous sommes tout à fait d’acet avec le soutien de l’ancien ministre Robert Krieps (LSAP). cord. J’ajouterai qu’il existe beaucoup de


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Conversation Blanche Weber et Andrew Ferrone

subventions individuelles alors qu’il faudrait aussi aider les collectivités, pour l’installation de réseaux partagés alimentés par des pompes à chaleur par exemple. Et la sélectivité sociale est importante. L’OPC est d’avis que les subventions sont un bon point de départ, mais restent insuffisantes si l’on veut parvenir à la neutralité climatique en 2050. Il faut aller beaucoup plus loin avec des changements de comportement et pas seulement des technologies. B. W. Un seul instrument ne suffit pas, il faut un mix d’outils pour atteindre au mieux les finalités écologiques et soutenir la population qui a moins de moyens financiers afin d’assurer que cette transition se fasse équitablement. Il faudrait une réforme durable de notre système fiscal. A. F. Il existe un manque de mixité et de cohérence entre les ministères. Nous prônons la mise en place d’un émissaire pour le climat, rattaché au Premier ministre, qui s’occupe de la cohérence des politiques au niveau national. Le dernier rapport de l’OPC épingle la finance verte. À vos yeux, cette idée selon laquelle l’argent peut même acheter la durabilité est-elle obsolète ? A. F. Le Luxembourg s’est donné une stratégie de finance verte mais, à notre avis, ce n’est pas une vraie stratégie. Elle est un premier pas, mais il n’y a pas d’objectif fixé et clair que l’on puisse vérifier avec le temps. Lorsqu’on regarde le système financier luxembourgeois, il y a au moins trois couches opaques à partir de la couche principale. Il est important de voir quel est l’impact de la finance verte sur le changement climatique et la biodiversité de manière à avoir de la transparence, puis de se donner des objectifs clairs sur la manière de réduire cet impact. B. W. Il faut introduire une analyse du budget luxembourgeois à très court terme et un « green budgeting », c’est-à-dire une lecture du budget qui examine dans quelle mesure les investissements étatiques vont peut-être dans la mauvaise direction, par exemple en finançant la crise de la biodiversité et du climat, ou si les instruments atteignent les buts définis. Des analyses analogues au Luxembourg ont montré que dans d’autres pays, 32

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des milliards d’euros sont investis par l’État pour détruire notre environnement naturel. C’est une aberration ! A. F. J’ajouterai que le Fonds de compensation qui investit toujours dans les énergies fossiles pour financer les pensions, c’est quelque chose qu’il faut changer. B. W. Nous ne croyons pas qu’une croissance infinie est possible dans un monde fini. Nous appelons donc à rendre le financement du système social luxembourgeois plus indépendant de la croissance.

«L ’écologie est devenue un sujet pour tous les partis politiques. »

Mais du côté des autorités et de la place financière, on met en avant que le Luxembourg est un précurseur de la finance verte… A. F. Oui, ces initiatives BLANCHE WEBER sont intéressantes. Mais si l’on regarde l’ensemble des activités financières au Luxembourg, la finance verte ne représente qu’une part minoritaire. Certes, le Luxembourg est précurseur dans certaines niches et quelques grandes banques ont pris l’initiative. Mais il faut que cela devienne plus systémique que ça ne l’est pour le moment. Qu’attendez-vous prioritairement d’une coalition CSV-DP ? B. W. C’est une question tellement vaste [silence]. Que la protection du climat et de la biodiversité soit la ligne fédératrice de la politique gouvernementale et qu’elle fixe le cadre de toutes les décisions politiques. Tous les experts le disent : nous nous situons aujourd’hui juste avant l’effondrement. Il existe une certaine adaptation des pays riches au climat, mais il n’existe pas de stratégie d’adaptation à la perte de la biodiversité. Si ça continue comme ça, c’est foutu. A. F. C’est similaire de notre côté. Nous nous attendons à ce que le climat et la biodiversité soient les lignes fédératrices du gouvernement. La majorité Gambia pensait en silos, il faut aujourd’hui rassembler les ministères pour réfléchir ensemble, car le GIEC est formel: les cinq prochaines années seront décisives pour le climat.

L’OBSERVATOIRE DE LA POLITIQUE CLIMATIQUE Fondé en 2021, ce conseil scientifique est actuellement composé de sept experts des sujets climatiques. Il émet des avis sur des mesures pouvant avoir un impact sur la politique climatique luxembourgeoise. Son président est Andrew Ferrone. Ce climatologue physique dirige le service météorologique de l’Administration des services techniques de l’agriculture (Asta). Il est aussi chef de la délégation luxembourgeoise auprès du GIEC et membre de la délégation luxembourgeoise pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).


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« Les mentalités doivent changer au Luxembourg » À 25 ans, Louis Loschetter a cofondé et est à la tête de deux entreprises : Ultraschall Collective et Skandal Agency. Si entreprendre dans des domaines qui le passionnent s’est fait naturellement, il a vite compris que la vie de jeune entrepreneur n’est pas de tout repos. Journaliste LÉNA FERNANDES

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Portrait ROMAIN GAMBA


Pour Louis Loschetter, « en tant qu’entrepreneur, on ne peut pas s’arrêter sur chaque succès. »


Conversation Louis Loschetter

Vous vous êtes lancé dans l’entrepreneuriat à 25 ans. Vous n’avez jamais eu envie d’avoir un emploi salarié « classique » ? Je n’ai jamais été contre l’idée. Je m’y suis intéressé après mes études. J’ai même fait des remplacements dans des écoles. Mais j’ai compris que je ne travaillais pas aussi bien quand je ne savais pas pourquoi je le faisais. C’est comme ça que j’ai pris conscience que je voulais être entrepreneur. Faire ce choix n’est pas forcément facile, il faut avoir conscience qu’on ne touchera pas le même salaire qu’avec un bon emploi en CDI dans une entreprise. Votre entourage vous a-t-il soutenu ou plutôt mis en garde ? On ne m’a jamais forcé à faire tel ou tel choix. Mon père étant lui-même entrepreneur, expliquer mon projet a été plus simple. Et je savais à quoi m’attendre, comme de devoir travailler les week-ends par exemple. Cela a été différent du côté de mes amis. Au début, ils ne comprenaient pas toujours que je ne sois pas disponible, que je travaille tout le temps ou que j’aie des obligations de dernière minute. Est-ce que votre entourage a changé depuis que vous vous êtes lancé ? Un peu, comme pour toute personne qui entre dans la vie professionnelle je pense. J’ai toujours les amis que j’avais avant tout ça. Mais quand on passe 8 heures (ou plus) par jour avec des gens, on devient forcément assez proches. Certains partenaires sont devenus de vrais amis. Je ne me vois pas travailler avec des personnes avec lesquelles je n’ai pas d’affinités sur le plan personnel. Vous êtes-vous tout de suite senti légitime dans votre rôle d’entrepreneur ? Je suis déjà allé voir une grande entreprise d’assurance sans rendez-vous, juste avec un dossier dans les mains, en demandant à voir un responsable. Ils ont gentiment rigolé et m’ont demandé de laisser mon dossier à l’accueil. Ce sont de bonnes expériences parce qu’il faut apprendre quelles sont les bonnes manières de faire. J’étais ambitieux et je voulais tout faire tout de suite, mais il faut comprendre comment le système fonctionne. 36

DÉCEMBRE 2023

Avez-vous été accompagné dans les démarches nécessaires pour créer une entreprise ? Je suis passé par la banque, le notaire, puis encore la banque. Il a ensuite fallu gérer le côté administratif avec le numéro de TVA, le RCS… Je l’ai fait tout seul, mais en étant bien entouré et conseillé par les personnes de mon entourage qui sont déjà passées par là. On fait forcément des erreurs, c’est inévitable, mais c’est comme cela qu’on apprend. Est-ce qu’on vous a déjà fait ressentir que votre âge était un problème ? On n’a jamais eu ce problème avec Ultraschall parce que nos événements sont publics, on n’a pas à convaincre un client de venir. Les gens viennent ou ne viennent pas. Avec Skandal, c’est notre force: on est jeunes, on connaît le marché. Nos clients choisissent de travailler avec nous justement pour cela, on ne nous l’a jamais reproché. On ressent votre jeunesse dans la façon dont vous communiquez sur les réseaux à propos de vos entreprises, notamment Skandal Agency. Est-ce une volonté de votre part ? Chez Skandal, on essaie de rester à jour en ce qui concerne les évolutions des algorithmes des réseaux, et le personal branding est ce qui a le plus de valeur pour les entreprises. En tant qu’agence de marketing, on se doit de montrer l’exemple. On ne peut pas pitcher une stratégie à un client sans l’appliquer à nous-mêmes. On voulait aussi se distinguer et apporter un côté plus personnel, c’est important pour nous. On le fait moins avec Ultraschall car tout se passe plutôt à distance, il y a moins de « behind the scenes» à montrer au quotidien. Et on veut que les gens viennent à nos événements pour la marque Ultraschall, pas pour nous en tant que personnes. Quels sont les challenges que vous rencontrez dans la gestion de vos entreprises ? Pour Ultraschall, c’est le fait que mes associés ont une autre activité en parallèle, ce qui complique parfois un peu l’organisation. Mais c’est aussi une force ! Il faut être patient, notre but n’est pas de gagner le plus d’argent : on travaille par passion. On

SKANDAL AGENCY

Agence marketing L’agence de Louis Loschetter, Valentin Dufour et Davide Sorvillo offre des services de création de contenus, de stratégie marketing (en ligne et hors ligne) et de conseil en image de marque.

ULTRASCHALL COLLECTIVE

Organisation d’événements Avec leur collectif, Louis Loschetter, Chris Rossi, Nicolas Havé, Julien Lessel et Yannick Jander veulent promouvoir la musique électronique au Luxembourg en organisant des événements avec des DJ locaux et internationaux.


C’est le moment idéal pour construire la maison de vos rêves.

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Conversation Louis Loschetter

vous concentrer sur la scène luxembourgeoise ? On a fait une tournée Ultraschall qui est passée par Madrid, Londres et Vienne: des villes étudiantes où il y a des Luxembourgeois. On voudrait organiser ça pour cette année aussi. On pense à Bruxelles, Cologne ou Barcelone. Mais ça restera de petits événements pour l’instant, ça ne sera pas notre activité principale. On essaie en même temps de faire venir des DJ internationaux de plus en plus connus au Luxembourg, pour mettre en avant toute la scène de la musique électronique du pays. On veut promouvoir les talents locaux qui manquent parfois de visibilité en leur offrant les meilleurs créneaux lors de nos événements ou en les faisant rencontrer d’autres DJ. Le but est de les faire gagner en réputation et en crédibilité sur la scène internationale, comme avec DJ Nosi par exemple.

sélectionne les lieux avec lesquels on travaille et des dates précises, qui ont du sens. Le challenge réside aussi dans les problématiques liées à la vie nocturne. Travailler avec de grandes institutions comme la Villa Vauban ou la Philharmonie donne une vraie légitimité à nos événements. Notre travail ne se résume pas à la fête et l’alcool. On promeut la créativité et la culture au Luxembourg. C’est important de créer une telle communauté pour la jeunesse du pays. La compréhension de notre projet est venue progressivement, on a dû faire nos preuves. Pour Skandal, c’est qu’on a beaucoup de travail, ce qui est plutôt positif ! On doit aussi éduquer les clients qui ne sont pas familiers avec les réseaux sociaux, mais c’est normal et on voit les mentalités évoluer avec le temps. Le but est toujours de trouver la solution la plus adaptée au client, en discutant. Si on trouve que leur idée n’est pas la bonne, on le dit. Même chose si on n’est pas un bon « fit » pour eux.

Cela ne vous donne pas envie de vous lancer dans le management d’artistes ? On le fait déjà un peu pour certains artistes locaux, mais gratuitement, parce qu’ils n’ont pas forcément le budget. On a par exemple

Avez-vous des ambitions internationales avec Ultraschall ou préférez-vous

pitché SHACHA, un duo de femmes DJ, auprès d’un collectif allemand et on a réussi à leur obtenir un booking. On leur donne aussi des conseils sur leur contenu pour les réseaux. Mais il est encore trop tôt pour développer cette activité comme une nouvelle branche de notre business. On ne veut pas facturer les artistes pour l’instant. Êtes-vous fier aujourd’hui de votre position de jeune entrepreneur ? Pour moi, c’est important de ne pas trop se reposer sur ses lauriers, sinon on perd l’envie de s’améliorer. Bien sûr, c’est gratifiant de voir, par exemple, qu’un événement a bien fonctionné. Il faut profiter de cette sensation, notamment pour sa santé mentale. Mais en tant qu’entrepreneur, on ne peut pas s’arrêter sur chaque succès, parce qu’il y a aussi beaucoup de défaites. Si on ne veut pas que ces dernières nous affectent trop, il ne faut pas célébrer la moindre victoire. Être entouré de personnes qui ont plus de succès que nous pousse aussi à continuer à travailler. J’oublie parfois que je ne suis qu’au début de ma carrière et que j’ai seulement 25 ans.

DES SOIRÉES LYCÉENNES À L’ENTREPRENEURIAT

Juin 2018

Louis Loschetter organise des événements « free beers » durant sa dernière année de lycée. Une expérience qui lui a beaucoup plu.

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Janvier 2020

Premiers événements Étudiant à Cologne, il commence à organiser des petits événements hip-hop et des soirées « aprèsski » à Luxembourg avec quatre copains.

DÉCEMBRE 2023

Pause forcée

Choses sérieuses

Après un événement célébrant le réveillon du Nouvel An pour le passage en 2020, le Covid l’oblige à freiner ses activités et à faire une pause.

Après le Covid, la demande est grande et le besoin de créer une société se fait sentir. Louis Loschetter fonde la sàrl Ultraschall Collective, dont il est le gérant unique, avec ses quatre associés.

Goût d’entreprendre Il lance une deuxième société, Skandal Agency sàrl, avec deux amis. C’est pour lui une évolution naturelle de sa première expérience de l’entrepreneuriat.

Ultraschall, Skandal et Shutterstock

Les prémices

Janvier 2023

Photos

Décembre 2016

Septembre 2022


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Conversation Louis Loschetter

Comment envisagez-vous votre évolution une fois que vous ne serez plus si « jeune » ? Je pense que ce n’est pas une question que je dois me poser tout de suite, peut-être plutôt quand je serai dans ma trentaine. C’est pour ça aussi qu’on choisit de ne pas avoir un branding trop personnel pour Ultraschall. Et on aura toujours l’occasion d’embaucher des personnes plus jeunes que nous dans le futur. Est-ce que des jeunes ont sollicité votre aide ou vos conseils ? L’année dernière, des élèves de comités de lycées de Luxembourg-ville nous ont approchés car ils voulaient organiser un événement de musique électronique avec nous. On a aussi des demandes de stage, mais nous n’avons pas pour l’instant les capacités d’accueillir un stagiaire et de faire ça correctement. Mais on est flattés de recevoir ce genre de demandes. Dans ma tête, j’ai toujours 20 ans et je ne sais pas vraiment comment je réussis à faire tout ça ! [Rires] Vous imaginez-vous avoir un rôle de mentor dans l’avenir ? J’aime travailler avec les gens et je sais comment le faire, c’est mon point fort. J’espère un jour pouvoir aider des jeunes qui veulent créer leur société ou travailler avec nous. Tout comme il nous tient à cœur de pousser la scène électro au Luxembourg, nous voulons aussi pousser les jeunes à entreprendre. Je pense que les mentalités doivent changer au Luxembourg. Il faut travailler ensemble et ne pas voir de la concurrence partout. C’est comme ça que je vois l’avenir du marketing: plus de petites structures qui travaillent ensemble et moins de grandes entreprises qui s’affrontent. Quelles sont les spécificités du Luxembourg à prendre en compte lorsqu’on veut entreprendre ? C’est un pays plus traditionnel et conservateur, monopolisé par des personnes qui ne sont pas des jeunes. Il y a beaucoup de groupes qui possèdent plusieurs enseignes dans le même secteur, et moins de petits indépendants, comme c’est le cas dans d’autres grandes villes européennes. On connaît donc vite les personnes qui 40

DÉCEMBRE 2023

comptent dans tel ou tel domaine. On doit s’y adapter dans notre travail, en essayant de ne pas brusquer nos interlocuteurs et vouloir tout chambouler. On doit prendre notre temps pour leur expliquer notre point de vue. Comment expliquez-vous qu’il y ait peu de jeunes Luxembourgeois qui entreprennent dans le pays ? Les Luxembourgeois sont nombreux à aller faire leurs études à l’étranger. S’ils reviennent, ils sont déjà plus proches de la trentaine et n’ont pas forcément envie de prendre le risque d’entreprendre, alors qu’avoir un CDI est plus confortable. Et c’est compréhensible! C’est aussi pour ça qu’il est important d’avoir des événements pour les jeunes, pour leur donner envie de rester après le lycée en ayant la possibilité d’avoir une vraie vie étudiante. À mon avis, c’est plus un manque d’offre que de demande. Vous sentez-vous soutenu par les institutions en tant que jeune entrepreneur ? Je pense que le Luxembourg n’est pas un pays très ouvert en ce qui concerne l’entrepreneuriat. J’ai remarqué que pour avoir du soutien de la part des institutions, c’est nous qui devons les approcher, alors que ça devrait être l’inverse. Ultraschall a été active pendant deux ou trois ans, avec des événements à succès, et aucune institution, comme le ministère de la Culture ou une commune par exemple, ne nous a contactés pour se renseigner à notre sujet. C’est dommage, parce que le pays est petit, ils ne peuvent pas ignorer notre existence. Je ne comprends pas que des personnes ne soient pas chargées de chercher les initiatives lancées par les jeunes du pays. Mais en tant qu’entrepreneur, il ne faut pas s’attarder là-dessus et se plaindre, il faut trouver d’autres solutions.

«O n promeut la créativité et la culture au Luxembourg. »

Il serait peut-être alors utile de faire du lobbying sur le sujet. Personnellement, j’ai pour l’instant trop de travail pour me consacrer à ça. Je pense que je n’en suis pas encore à ce stade.


PARTNER CONTENT

The DBA Taking your professional practice to the next level Jean Elia, Luxembourg, Doctor in Business Administration, Business Science Institute, 2022.

Crédits

Ideas for Leaders - EMS

Le Doctorate of Business Administration permet de se différencier, de valoriser son expérience, de se réaliser, et se prépare en face-à-face à Luxembourg ou à distance. Le DBA du Business Science Institute, créé il y a dix ans, est accrédité AMBA (UK), classé dans les 5ers au plan mondial par le DBA Dubai Ranking, certifié « Responsible Doctoral School » par I’IRAFPA (Suisse), et diplômant avec IAE LYON-université Jean Moulin (France). Il représente aujourd’hui une référence internationale dans le domaine de la formation doctorale des managers. Organisé en quatre langues, il compte plus de 220 doctorants-managers de 50 nationalités différentes et la Faculté du Business Science Institute est constituée de plus de 150 professeurs. A la fin du mois de septembre, a été organisé à Luxembourg la semaine internationale qui a rassemblé 70 doctorants-managers, 40 Doctors et une soixantaine de professeurs internationaux. Après la conférence introductive de Nicolas Mackel, une trentaine de soutenance de thèses se sont déroulées.

Le DBA du Business Science Institute représente davantage qu’un simple diplôme : il est générateur d’impact personnel pour les entreprises mais aussi pour la société avec de nombreux sujets portant actuellement sur les défis du développement durable. Les candidats, titulaires d’un MBA ou équivalent, appartiennent à tous les secteurs : le conseil, la finance, l’informatique… Ils sont issus de multinationales comme de PME. Tous souhaitent, avant tout, prendre du recul, capitaliser sur leur expérience et la transmettre ! C’est notamment l’enseignement de l’ouvrage 80 Tales of DBA Impact qui vient d’être publié. Le Business Science Institute est la seule institution à avoir créé une collection de 55 livres dont la moitié est publiée par ses Doctors et l’autre par les membres de sa Faculté.

EN SAVOIR PLUS : https://business-science-institute.com/ https://en.business-science-institute.com/ contact@business-science-institute.com +352 621 376 588


Conversation Ananda Kautz

« Dora met une pression supplémentaire sur les banques » L’Union européenne veut des banques plus résilientes face aux menaces liées à la numérisation : c’est l’enjeu d’une nouvelle réglementation, Dora, qui entrera complètement en vigueur en 2025. La Place est-elle prête ? Le point avec Ananda Kautz, membre de la direction de l’ABBL. Journaliste GUILLAUME MEYER

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DÉCEMBRE 2023

Portrait ROMAIN GAMBA


Ananda Kautz est responsable de l’innovation, du numérique et des paiements au sein de l’Association des banques et banquiers Luxembourg (ABBL).


Conversation Ananda Kautz

Avec le Digital Operational Resilience Act (Dora), l’Union européenne veut renforcer la résilience du secteur financier dans le domaine numérique. De quoi parle-t-on ? Il s’agit d’augmenter la capacité des institutions financières à se relancer très rapidement après un incident numérique. Pour ce faire, Dora prévoit d’harmoniser les processus et de renforcer la transparence, le partage d’informations et le suivi des fournisseurs de services tiers, en particulier ceux liés au cloud. C’est une réglementation qui couvre très largement le secteur financier: les banques, les sociétés de paiement, les fournisseurs de services crypto, mais aussi les fonds et l’assurance. Les cyberattaques sont-elles le risque numéro un ? Dora vise en fait tout type d’incident opérationnel qui peut bloquer les outils que nous utilisons au quotidien: banque en ligne, cartes, etc. Cela peut provenir d’une cyberattaque, mais aussi d’un incident opérationnel lié à une défaillance informatique interne ou d’un prestataire de services. Comment est née cette nouvelle réglementation ? Elle a été lancée par la Commission européenne en 2020 dans le cadre du Digital Finance Package – qui comprend plusieurs volets, notamment la protection des consommateurs. Pourquoi 2020 ? Il y a eu le Covid, mais cela n’explique pas tout. Il s’agit plus largement d’une réaction à la transition numérique et à la multiplication des incidents cyber dans le monde. Ceux-ci ont triplé entre 2019 et 2020. Il y avait donc une urgence. Quelles défaillances ces incidents ont-ils révélées ? Beaucoup de sociétés ont été attaquées via leur chaîne d’approvisionnement. Les enquêtes du Forum économique mondial et d’Anchore indiquent qu’entre 39% et 62% des organisations ont été touchées par un cyberincident impliquant un tiers. Ce type d’incident constituait même le deuxième vecteur d’infection initiale le plus répandu en 2021, selon Mandiant 4. Il représentait 17 % des intrusions en 2021, contre moins de 1% en 2020. 44

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Dora est-elle une forme de réponse à l’essor du cloud dans la finance ? Oui, en partie. Les banques adoptent de plus en plus les services cloud pour gagner en efficacité, flexibilité et innovation. Cela crée de nouvelles formes de dépendance aux prestataires de services cloud. La Banque centrale européenne (BCE) indique qu’en 2022, 16% des contrats de sous-traitance par les entités financières concernent des solutions cloud, et 51% de ces contrats sont considérés comme «critiques», sur un marché très concentré. Quel type d’institution est particulièrement exposé au Luxembourg ? Je ne vois pas d’activité qui serait plus à risque qu’une autre. L’approche de Dora varie selon la taille et la nature des institutions financières, ce qui est à saluer.

«L es incidents cyber ont triplé entre 2019 et 2020. Il y avait une urgence. »

Comment voyez-vous cette nouvelle réglementation ? De manière positive. Elle ne nous amène pas sur un terrain complètement nouveau, mais introduit une harmonisation qui permet à toutes les entités d’un même groupe en Europe d’appliquer les mêmes règles. Dora augmente aussi le niveau de cyber-résilience, avec davantage de documentation, de processus décisionnels, de tests, etc. L’objectif de la Commission européenne est que Dora puisse aider le secteur financier à mieux résister, répondre et se remettre des menaces qui pèsent sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Dora vise à encore augmenter la stabilité et la confiance au sein du système financier. Quelles sont les nouveautés intéressantes ? Le partage d’informations au sein du secteur devient obligatoire, par exemple. À l’heure actuelle, si une banque partage les détails d’une cyberattaque, mais que d’autres ne le font pas, elle est perdante. Autre avancée positive : du fait de leur importance, certains prestataires informatiques critiques – les grands fournisseurs cloud comme Microsoft ou Google – seront supervisés directement par les autorités

DORA EN QUATRE VOLETS 1. Gestion du risque lié aux TIC meilleure gouvernance, nouveaux processus, nouvelles fonctions au sein des institutions financières. 2. Tests plus fréquents et plus lourds notamment des tests de pénétration réalisés par de « gentils hackers ». 3. Reporting des incidents majeurs au régulateur meilleure transparence vis-à-vis du client, partage d’informations au sein du secteur. 4. Gestion du risque lié aux fournisseurs de TIC tous les fournisseurs de la chaîne, pas seulement les sous-traitants.


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Conversation Ananda Kautz

européennes. Ce cadre, le plus strict au monde, va permettre au secteur d’être plus à l’aise dans l’utilisation du cloud, sachant aussi que les fournisseurs doivent être implantés en Europe.

Au niveau des ressources humaines, il y aura des recrutements et des besoins en formation. D’autre part, Dora exige la mise en place de tests réguliers par des parties indépendantes. Les résultats et les plans de remédiation devront être communiqués et Et quels sont les points sensibles ? validés par le régulateur. Les entités clasLes membres de la direction d’une institu- sées comme significatives auront des tests tion financière sont désormais personnelle- d’intrusion tous les trois ans. Notre objecment responsables des risques financiers liés tif est que les banques prévoient les coûts aux TIC. Ils s’exposent donc à des sanctions. liés à la mise en conformité dans leur budD’où l’importance pour l’ABBL de sensibili- get 2024, pour qu’elles puissent commenser les directions à ces enjeux. Comme les cer à embaucher et à former le personnel. standards réglementaires de Dora sont en Et que tout soit en place début 2025. cours de finalisation, nous espérons que certains critères seront moins prescriptifs et Quid des coûts liés à l’acquisition davantage basés sur une approche de ges- de techno­logies avancées ? tion du risque. Une question sensible La BCE indique que le budget dépensé en concerne la définition des « incidents 2022 par les entités financières auprès des majeurs » (qui entraînent notamment des fournisseurs de services critiques serait obligations de reporting). À ce stade, un inci- de 25 milliards d’euros. Nous n’avons pas dent est considéré comme majeur si, par de données sur le coût technologique sur exemple, il touche un grand nombre de le marché bancaire luxembourgeois, cela clients. Cependant, un incident critique peut dépend de plusieurs facteurs tels que l’acconcerner un seul client très important. Pour tivité de la banque, les besoins, la matunous, le critère décisif devrait être l’impact rité de l’infrastructure, les fournisseurs de économique sur les clients – sachant qu’a services, etc. contrario, pour une grande banque, les seuils de nombre de clients peuvent être vite tou- Le Luxembourg peut-il être prêt avant chés pour des incidents portant très peu de d’autres places financières ? risque. Dora ne devrait pas entraîner un En tout cas, en matière de cyber-résilience, «sur-reporting» vers le régulateur, car la prise on ne part pas de zéro. Plusieurs pays euroen charge de la résolution de l’incident lui- péens suivent les recommandations de l’Aumême est la priorité. torité bancaire européenne (ABE) sur la sous-traitance, et au Luxembourg, la ComDora entre en vigueur de façon mission de surveillance du secteur financier échelonnée entre janvier 2023 (CSSF) a implémenté l’an dernier les lignes et janvier 2025. La Place est-elle prête ? directrices de l’ABE en la matière – avec des C’est un challenge pour chaque institution, objectifs qui s’approchent de ceux de Dora, mais je suis confiante que nous serons dans offrant une bonne préparation. L’autre avanles temps. Il y a une bonne préparation à tage du Luxembourg est que les fournisce stade, avec une forte collaboration entre seurs de services exerçant une activité le secteur et les autorités pour anticiper les connexe au secteur financier font déjà l’obimpacts et intégrer les nouvelles exigences jet d’une surveillance de la part de la CSSF dans les processus opérationnels. L’ABBL (via leur statut de PSF de support). Nos a créé une task force dédiée à Dora, beau- prestataires sont donc mieux préparés à coup de nos membres en font partie et la Dora qu’ailleurs en Europe. C’est un avanmajorité d’entre eux ont démarré leur «gap tage comparatif par rapport à d’autres analysis ». On sent une vraie prise de places financières européennes. conscience des impacts multiples de cette réglementation. Car l’enjeu n’est pas petit Quelle est la contribution de l’ABBL pour les institutions financières, notam- à ces préparatifs ? ment sur le plan des ressources. Nous travaillons énormément avec la House of Training pour répondre à la demande de Où faut-il investir ? nos membres, qui souhaitent davantage de 46

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PROCHAINES ÉTAPES Dora entre en vigueur de façon échelonnée entre janvier 2023 et janvier 2025. Une première partie des standards réglementaires et techniques a fait l’objet d’une consultation, dont les résultats sont attendus en janvier 2024. Une seconde consultation est prévue au premier semestre 2024. « Nous sommes à mi-chemin », souligne Ananda Kautz. Et d’insister : « Les banques doivent se préparer maintenant : une fois que Dora sera complè­ tement en vigueur, les temps d’implémentation seront courts – de 6 à 12 mois. »


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Conversation Ananda Kautz

formations certifiantes et de qualité au Luxembourg. Nous avons créé un certificat en cybersécurité ainsi qu’un programme destiné aux responsables cloud. Au-delà de la préparation des banques, la sensibilisation des citoyens aux problématiques liées à la fraude fait aussi partie de nos missions. Nous avons un groupe de travail qui se penche activement sur l’anti-phishing. Nous venons ainsi d’organiser une conférence avec les banques de détail pour expliquer les bons comportements et présenter les fraudes les plus fréquentes aux citoyens. Que savez-vous de l’évolution de la cyberfraude dans le secteur bancaire au Luxembourg ? Nous n’avons pas de chiffres officiels ou publics. En ce qui concerne l’ingénierie sociale, nos membres font état d’une augmentation des tentatives de phishing au début de l’année 2023. Et les banques nous confirment que les méthodes de phishing deviennent de plus en plus sophistiquées. Tomber dans le piège peut désormais vraiment arriver à tout le monde, pas seulement au stéréotype des grands-parents qui ne connaissent pas grand-chose au numérique. On voit désormais des personnes qui, malgré de bonnes connaissances financières, dans un moment de stress, vont tomber dans le panneau, parce que le fraudeur sait les mettre en confiance et que sa mise en scène est crédible. À quelles sanctions s’exposent les institutions financières qui ne respecteront pas les règles de Dora ? Elles s’exposent d’abord à des amendes administratives, qui peuvent atteindre 5 millions d’euros ou 10 % de leur chiffre d’affaires annuel total – le montant le plus élevé est retenu. Les autorités peuvent également imposer des restrictions commerciales aux contrevenantes, en leur interdisant par exemple d’offrir certains produits ou services ou d’étendre leurs activités. Dans les cas les plus graves, l’autorisation d’exercer peut être retirée. Ajoutons qu’outre ces sanctions, les institutions fautives peuvent voir leur réputation entachée et leur responsabilité juridique engagée. Quel genre de comportement peut conduire à des sanctions ? 48

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Vous êtes en faute si, par exemple, vous n’effectuez pas régulièrement des tests de résilience des TIC, si vous ne gérez pas de manière adéquate les risques pour les tiers ou encore si vous ne signalez pas les incidents aux autorités compétentes.

« Le crédit d’impôt sur les projets de numérisation doit passer de 12 % à 18 %. »

Avez-vous estimé le coût de Dora ? Il est difficile d’évaluer précisément l’impact financier de Dora, mais il est certain que cela représente une pression supplémentaire pour les banques, alors que le ratio coûts sur revenus des plus petites entités est déjà très élevé. Il y a quelques années, l’ABBL et EY ont publié une étude sur le coût de la réglementation au Luxembourg. Résultat : 38 % des investissements réalisés par le secteur bancaire en 2019 concernent des projets réglementaires.

D’un autre côté, si Dora se traduit par moins de fraudes et moins de pertes économiques, cela peut aussi procurer des gains aux institutions financières… Absolument. Pour cette raison, le résultat sera très différent d’une institution à l’autre. Si une entité a perdu beaucoup d’argent dans des incidents, le coût de Dora s’en trouve relativisé. Ajoutons à cela qu’à partir du 1er janvier 2024, si tout va bien, le crédit d’impôt sur les projets de numérisation passera de 12% à 18% pour toutes les entreprises. Cela inclut la formation, la consultance, les tests… Tous les nouveaux projets de digitalisation sur une période de trois ans, sans limite de montant, pourront entrer dans ce programme. Pour les banques, auxquelles la numérisation coûte cher, il s’agit d’un incitatif de taille. Quels sont les principaux facteurs de coûts liés au numérique à côté de Dora ? D’autres domaines sont en voie d’être réglementés: instant payment, open finance, APIsation des données… Sans oublier que les banques souhaitent innover pour mieux servir leurs clients : migration vers le cloud, modèles de core banking plus agiles… Ce sont de gros projets, très coûteux.

38 % C’est la part des investissements réalisés par le secteur bancaire en 2019 pour des projets réglementaires, selon une étude publiée par l’ABBL et EY. Cette valeur atteint 52 % dans les plus petits établissements. En 2019, les banques luxembourgeoises ont ainsi dépensé 548 millions d’euros en matière réglementaire, dont 40 % des coûts provenant de nouveaux investissements et 60 % du coût récurrent. Entrée en force à partir de janvier 2023, Dora n’était pas encore sortie au moment de la réalisation de l’étude.


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« Si la défense change, le monde de la durabilité changera aussi» Samantha « Sam » Staincliffe est une des rares femmes, sinon la seule, qui soient à la fois entrepreneures, tech et actives dans le domaine de la défense. Sa greentech fondée avec Jamie Meighan, Uplift360, qu’elle a déplacée de Londres à Luxembourg, veut recycler des matériaux très « sensibles », comme les gilets pare-balles. Journaliste THIERRY LABRO

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D’une poupée scientifique à un business dans la défense, la vie de Samantha Staincliffe a changé.


Conversation Samantha Staincliffe

Pourriez-vous, s’il vous plaît, expliquer votre projet de manière très simple ? Difficile ! [Elle éclate de rire] Nous avons imaginé ce projet face au problème des déchets dans les domaines de la défense, de l’aérospatiale et de la sécurité. Nous avons vu, dans nos expériences précédentes, la masse de déchets générés dans ces environ­ nements. Ce que nous avons noté, c’est qu’il y avait un mouvement dans d’autres sec­ teurs, le textile et la mode par exemple, et même plus lentement dans le secteur de la construction, pour récupérer ces flux de déchets et les remettre dans la chaîne d’ap­ provisionnement. Le problème, dans nos secteurs, est que les déchets sont très com­ plexes, parce que les matériaux que nous utilisons sont complexes. Nous avons tra­ vaillé avec des polymères très performants, surtout des plastiques, qui sont majoritai­ rement composés de pétrole. Ils sont très chers. Ils sont utilisés pour les avions, les satellites, les navires, et ce de plus en plus, parce qu’ils rendent ces véhicules plus légers. Ils rendent tout ce qui était fait à par­ tir de métal beaucoup plus léger. Tous ces matériaux sont ensuite incinérés quand ils atteignent la fin de leur cycle de vie et cer­ tains d’entre eux ont des durées de vie très courtes, de cinq ans par exemple. Nous nous sommes alors demandé comment nous pouvions tirer de la valeur de ces matériaux très complexes en les réintégrant dans la chaîne de valeur, permettant ainsi de ne pas extraire toujours plus de matières premières naturelles. La plupart de ces matériaux peuvent être récupérés avec de la chimie. Nous avons développé deux tech­ nologies, dont une, par exemple, pour les matériaux autour du Kevlar. Nous pouvons prendre du Kevlar, qui coûte 85 fois plus cher que l’acier, pour le dissoudre et nous pouvons transformer ce liquide en une fibre. Cette fibre peut retourner dans la chaîne et être utilisée exactement comme du Kevlar vierge. Nous pensons que ce matériau a des caractéristiques sinon identiques, du moins similaires au matériau de départ. En Europe, c’est beaucoup plus difficile de travailler avec le secteur de la défense ou de l’espace qu’aux États-Unis. Les nouveaux business ont des accès beaucoup plus limités aux commandes publiques, surtout quand ce sont des start-up. 52

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C’est aussi un marché très fragmenté. Comment allez-vous d’abord réussir à récupérer les matériaux à recycler dont vous avez besoin ? Notre business consiste à générer le pro­ cessus de recyclage. Nous montrons ce que nous pourrions faire. Nous testons. Et nous montrons aux industriels qui produisent les matériaux originels ce que nous pou­ vons faire. Comme Teijin, Mitsubishi Che­ mical, DuPont. En marque blanche ? Sous licence. Ensuite, comme nous avons designé notre processus en «plug and play», nous pouvons directement ajouter notre technologie aux processus exis­ tants des industriels. Les entre­ prises ont déjà des processus inversés en place, pour per­ mettre de récupérer les maté­ riaux. Mais ce n’est pas très développé, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de valeur à tirer de ces matériaux avant l’arrivée de notre technologie sur le marché. Aujourd’hui, des entre­ prises commencent à se de­m­ ander comment récupérer les matériaux. Nous avons été contactés par de nombreuses agences gouvernementales qui nous demandent comment construire une chaîne logistique pour ne pas avoir à les incinérer. Nous voyons leur appétit ! Et elles nous disent que si nous trouvons une manière sûre d’y aller, elles sont prêtes.

«L e Luxembourg a une position très forte sur le greening de la défense et du spatial. »

À recycler ? À donner ces produits pour qu’ils soient recyclés correctement. Il y a cinq ans, c’était inenvisageable. Ce n’était pas le modèle. Vous vous installez donc à Luxembourg, vous qui étiez basés au Royaume-Uni ? Pourquoi ? Pour deux très bonnes raisons. Le Luxem­ bourg a une position très forte sur le greening de la défense et du spatial. Le pays est très en avance sur ce qui se fait ailleurs. Il y a une politique et des drivers en place pour avancer sur ce sujet ! Le pays a aussi des financements disponibles. Des subven­ tions. Nous avons été très chanceux de



Conversation Samantha Staincliffe

monter un partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology. Nous espérons lancer un projet dans les prochains mois. Un projet de quelle envergure ? Je vais m’installer au Luxembourg. Nous allons recruter une équipe de scientifiques qui sera elle aussi basée ici. Nous aurons le siège social de l’entreprise au Luxembourg. Nous avons trois ans de financement devant nous. Le soutien que nous avons reçu est fantastique. Le fait d’être dans le Luxembourg-City Incubator, d’avoir du soutien de Luxinnovation, du ministère de l’Économie… La perspective de pouvoir continuer à développer un projet pour avoir une dimension européenne est phénoménale. Il y a peut-être une dimension moins posi­tive ? Il n’y a pas d’industrie de la défense au Luxembourg, quelques collaborations internationales avec de gros acteurs mais pas plus. Et ce n’est pas évident de trouver des capitaux pour nourrir la croissance rapide de votre projet ici. Les investissements depuis le Luxembourg ne sont pas un problème pour nous. Nous avons des investisseurs au Royaume-Uni et aux États-Unis et il y a beaucoup de fonds européens avec lesquels nous allons engager ou avons engagé des discussions. Nous ne regardons pas le Luxembourg comme un centre d’investisseurs ou de private equity cash flow ! Mais comme un centre d’expansion en Europe. Parce qu’il peut avoir de l’influence sur ce qui se passe en Europe et à l’Otan dans le domaine des matériaux. Sur les marchés de la défense ou du spatial, la durabilité est un chouette truc à avoir, mais ce ne sera pas l’élément central… L’élément central est dans la chaîne des matériaux. Dans le fait que nos technologies nous rendent le contrôle dans l’approvisionnement logistique. La réduction de l’empreinte carbone, c’est important, mais pas dans le monde de la défense… Ce que nous faisons n’a jamais été fait dans un contexte de défense. Vous allez vendre votre technologie à des industriels et ces industriels ne sont pas ici. Pourquoi devraient-ils vous faire confiance ? 54

DÉCEMBRE 2023

La seule chose qui les intéresse est de savoir si la technologie fonctionne. Leur intérêt a augmenté simultanément avec les progrès positifs de nos développements. Prochainement, nous allons signer un partenariat avec un industriel pour construire un prototype ! Est-ce que cela veut dire que l’industriel peut récupérer le matériel dont il aura besoin du secteur de la défense ? Aujourd’hui, certains industriels ont déjà des processus pour récupérer du matériel au Royaume-Uni et l’emmener en Italie, puis vers les Pays-Bas. Pour avoir un effet de scale-up, vous devez avoir tous les composants en quantité suffisante et simultanément. Il y a beaucoup de modèles pour le métal et l’électronique. Nous, nous avons les recettes pour le recyclage. Ça change les déchets en or ! Nous voyons le début d’un marché. Est-ce que la technologie est brevetée ? Oui. Nos deux technologies – une sur le Kevlar, l’autre davantage sur les composites de l’aviation – sont brevetées ! Nous en avons la propriété. Avec le List, nous développerons une nouvelle technologie sur les biofibres. Nous allons apporter une partie de la technologie. C’est très avant-gardiste dans le design industriel. Nous sommes impatients de commencer à travailler avec eux. Pour l’instant, nous, nous ne parlons que de matériaux pour la défense, mais les matériaux sont agnostiques. Si le secteur de la défense change, le monde de la durabilité changera aussi. Si nous avions commencé par la mode, ce ne serait pas pareil. Quand pensez-vous voir vos matériaux adoptés ? Nous espérons commercialiser notre technologie dans 12 mois. Le temps qu’elle soit assez bien développée pour que nous puissions la vendre sous licence afin de générer des revenus. Il faudra encore deux années supplémentaires avant que l’industriel puisse exploiter la technologie pour la commercialisation des matériaux. En ce qui concerne la défense, ce sera plutôt cinq ans, parce que vous pouvez accréditer le matériel en même temps que vous augmentez la production chez l’industriel.

LA POUPÉE SCIENTIFIQUE Comment trouver une poupée scientifique pour sa petite fille ? C’est avec cette idée en tête que Sam Staincliffe a com­ mencé à étudier le marché, ses modes de production, ses limites. Partie pour créer une poupée en coton biolo­ gique, elle rencontre Pam Iannotti, qui challenge ses choix. Vers les biofibres Moins de 1 % des fibres sont recyclées, découvre l’entrepre­ neure, qui participe au pro­ gramme Antler, dont l’ambition est de remplacer le plastique dans les jouets. La double rencontre Le projet Uplift360 naît vraiment lors de la rencontre avec Jamie Meighan, qui compte 20 ans de carrière dans la Royal Air Force. Ou comment appliquer les connaissances acquises dans les textiles à l’industrie de la défense et des matériaux. C’est une autre rencontre, avec Debra Carr cette fois, spécialiste du textile au sein du Defence and Security Accelerator (Accélérateur de défense et de sécurité), qui scelle le lancement de la start-up. Le docteur Carr invite le tandem à s’intéresser aux déchets liés aux gilets pare-balles.



Conversation Léa et Louis Linster

« Louis a toujours fait partie de l’histoire Léa Linster » Louis Linster a été élu Chef de l’année 2024 par le guide Gault&Millau Luxembourg. Avec sa mère, Léa Linster, ils retracent leur histoire, des premiers pas de Louis dans le restaurant étoilé jusqu’à, peut-être un jour, la reprise de l’affaire familiale par Léon, le jeune fils de Louis. Journaliste LÉNA FERNANDES

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Portrait GUY WOLFF


Léa et Louis dans les cuisines du restaurant étoilé à Frisange.


Conversation Léa et Louis Linster

Vous avez fait vos études supérieures à HEC Lausanne. La cuisine faisait-elle toujours partie de votre vie à ce moment-là ? LOUIS L. Oui, je faisais à manger tous les jours et je cuisinais peut-être mieux que l’étudiant de base. La seule chose qu’on allait manger dans un restaurant, c’était une pizza et elle était déjà à 40 euros [rires]. LÉA L. De temps à autre, je ramenais du crémant rosé pour faire des Aperol Spritz. Louis avait la réputation d’avoir les meilleurs Aperol Spritz de Lausanne!

Quels sont les premiers souvenirs liés quand il était tout petit, on nous avait ameà la cuisine que vous avez de Louis ? nés dans un restaurant à Remiremont, où LOUIS LINSTER (L. L.) Je devais avoir deux ou on a mangé des cuisses de grenouilles. Il a trois ans, je courais dans la cuisine et je adoré ! Mais, après, on a eu des râpés vosme souviens surtout d’aller partout, de giens de pommes de terre. Louis a dit : tout regarder. «Comment c’est possible que ça soit la même LÉA LINSTER (L. L.) Une fois à Pâques, j’ai fait personne qui ait cuisiné ? Les cuisses de greun test de cuisson d’une pointe d’asperge nouilles, c’est excellent, mais les râpés vosverte dans une grande marmite d’eau pour giens, c’est dégueulasse!» On lui disait: «Chut, le restaurant. J’ai utilisé cette même eau chut!» Mais il insistait en nous disant qu’il qui était déjà bouillonnante pour cuire les ne fallait pas les manger. On a goûté et Kniddelen que Louis aimait tant. Il est allé c’était effectivement dégueulasse, parce que voir ma mère – sa grand-mère – pour lui l’appareil avait viré et était devenu aigre. À dire que j’avais osé cuire les Kniddelen deux ans et demi, il avait raison! dans l’eau de l’asperge ! Je n’étais pas du tout fâchée, même très heureuse de voir Louis, comment perceviez-vous qu’il avait déjà son avis. [En feuilletant ses le métier de votre mère, qui devait livres de cuisine dans lesquels on trouve être très occupée ? plusieurs photos de Louis lorsqu’il était LOUIS L. J’étais petit et j’ai grandi dans cette enfant.] Louis a toujours fait partie de l’his- situation. Je n’en connaissais pas d’autre, toire, il était toujours présent au restaurant, c’était normal pour moi. où il se promenait en tricycle. Il y a aussi LÉA L. Il avait une nounou qui venait au fait ses premiers pas. restaurant, ça se passait très bien. Ma mère était là aussi. Je ne voulais pas que Louis Qu’est-ce que Louis aimait manger ressente le restaurant comme une barrière. quand il était petit ? LOUIS L. C’est quand même un peu ce que LÉA L. Il avait du plaisir à goûter à tout. j’ai ressenti vers 18 ans. Quand on a grandi Son plat préféré, c’était les cuisses de gre- dans le même environnement, au bout nouilles parce qu’il pouvait jouer avec les d’un moment, on en a marre et on veut os comme avec ses petits soldats. Une fois, voir autre chose.

Ressentiez-vous une pression pour reprendre l’affaire familiale ? LOUIS L. Pas du tout, je n’y pensais pas. Quand on est jeune, on ne sait pas vraiment ce que l’on veut faire. LÉA L. On ne voulait pas lui mettre la pression, la phrase n’a jamais été prononcée. C’est normal de ne pas avoir la notion de «génération» quand on est jeune. On y pense quand on vieillit. Quand avez-vous décidé de finalement devenir cuisinier ? LOUIS L. Je suis revenu au Luxembourg faire ma dernière année d’études et j’étais de nouveau souvent au restaurant. C’est

1950 1987

1989 2010

Les débuts

L’étoile

Consécration

L’histoire commence lorsque Léa rénove complètement l’ancienne station-service de son père, qui faisait à la fois bistro, jeux de quilles ou encore bureau de tabac.

Le Restaurant Léa Linster obtient une étoile au guide Michelin.

Léa représente le Luxembourg au Bocuse d’Or et gagne le concours. Elle est la première femme, et la seule à ce jour, à avoir remporté ce prix.

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Quatrième génération Après ses études à HEC Lausanne, Louis, le fils de Léa, reprend finalement l’affaire familiale. Sa compagne Njomza, qui est aujourd’hui sa femme, travaille en salle.

Photos

Restaurant Léa Linster

L’ÉPOPÉE GASTRONOMIQUE DE LÉA ET LOUIS LINSTER


à ce moment que j’ai eu envie de faire de la cuisine. LÉA L. Au restaurant de la Banque de Luxembourg, je disais aux banquiers que mon fils faisait HEC et pas l’école hôtelière, que c’était eux qui allaient finir par l’engager plutôt que moi. Au début, je pensais qu’il allait être manager du restaurant, mais seulement trois ans après son retour, il a dit qu’il voulait être chef. Depuis ses 16 ans, j’avais vu qu’il en était capable. Pour rigoler, je lui disais : « Même si je tombe sous une moissonneuse-batteuse demain, toi, tu pourras reprendre les affaires.» Louis est officiellement devenu responsable de la cuisine du restaurant en 2017. Comment s’est passé le passage de relais ? LÉA L. Au tout début, quand il est arrivé au restaurant, je me suis quand même demandé s’il savait cuisiner. J’avais dit à Korbi (Korbinian Wolf, qui était le sous-chef de Léa Linster, ndlr): «Dis à Louis que je t’ai donné trop de travail et que tu as besoin qu’il te donne un coup de main.» Après le service, je lui ai demandé comment ça s’était passé et il a dit : « Louis sait tout faire, je n’avais même pas besoin de lui montrer.» On parlait de transmission depuis 2015, lorsque j’ai eu

60 ans. À cet âge, on ne vous fait plus de crédit. Je voulais que Louis rentre dans la société pour qu’il y ait un suivi. Louis, comment avez-vous intégré votre cuisine à la carte du restaurant après le départ de votre mère ? Comment ont réagi les clients ? LOUIS L. C’est venu petit à petit, on ne peut pas tout changer d’un coup. C’est un travail énorme qui prend du temps, surtout quand il y a toujours du monde. Au début, les habitués trouvaient ça bizarre qu’il y ait des changements, mais ils sont revenus et, maintenant, c’est eux qui réclament des nouveautés. Avant, ils avaient plutôt l’habitude de prendre toujours la même chose. L’image de Léa est encore très attachée à celle du restaurant. LOUIS L. Moins maintenant que je suis en cuisine. LÉA L. Je ne voulais absolument pas que nous soyons comparés, qu’on dise qu’il fait «presque» comme moi. Ce qu’il tient de moi, c’est son palais et le fait que nous faisons tous les deux une cuisine goûteuse. Qu’est-ce qui distingue vos deux cuisines ?

2011

LOUIS L. L’époque, déjà. Ma mère a commencé il y a presque 50 ans. Beaucoup de choses ont changé depuis. Les gens veulent être étonnés, ce qui n’était pas spécialement le cas dans le temps. LÉA L. Louis n’a jamais travaillé chez un autre cuisinier, mais il a mangé chez tout le monde, c’est la meilleure école.

Et dans la façon de gérer le business ? LOUIS L. Il fallait changer. Ces quatre dernières années, tout a changé, et plusieurs fois même. Avec le Covid, la guerre, les indexations… il a fallu tout revoir. Si j’ai des questions à poser à ma mère, je lui pose, mais elle n’est plus impliquée de ce côté-là. Est-ce que, Léa, vous venez encore souvent au restaurant ? LÉA L. Oui, en tant que cliente. Parfois, Louis m’appelle quand des clients veulent absolument me voir, pour que je vienne les saluer. J’aime bien aller dire bonjour, ça me prend une minute, et les gens sont heureux. Si ça avance encore pour Louis, il y aura des jours où il sera engagé ailleurs et il ne pourra pas fermer le restaurant pour autant. Alors, ça sera à moi d’être présente, d’aller dire bonjour. Je lui ai dit qu’il pourrait compter sur moi.

2020

2017

2023

Diversification

Passage de relais

Première distinction

Les madeleines étant devenues au fil des années une des marques de fabrique de Léa, elle ouvre une boutique consacrée à cette douceur dont raffolent ses clients au restaurant.

Louis prend officiellement la tête des cuisines du restaurant et devient le plus jeune chef étoilé du Luxembourg. Il fait petit à petit évoluer la carte vers la nouveauté.

Louis est élu Meilleur jeune chef luxembourgeois de l’année 2021 par le guide Gault&Millau.

Nouvelle reconnaissance Louis décroche la plus haute distinction du guide Gault&Millau Luxembourg en obtenant le prix de Chef de l’année 2024.

DÉCEMBRE 2023

59


Conversation Léa et Louis Linster

Est-ce que vous arrivez à avoir une relation mère-fils « normale », où tout ne tourne pas autour de la cuisine ? LOUIS L. On arrive à avoir nos moments, mais c’est difficile parce que c’est une habitude. Quand j’étais petit, c’est elle qui avait beaucoup de travail et, maintenant, c’est l’inverse. On a quand même nos discussions plus privées. Louis, vous venez d’être élu Meilleur chef de l’année. Comment avez-vous accueilli cette distinction ? Qu’est-ce que cela change pour le restaurant ? LOUIS L. Ça a été une belle surprise. Cette année était aussi ma première en tant que papa et j’ai eu beaucoup de travail ces derniers mois. Je ne pensais pas forcément que cette année allait être la bonne. LÉA L. J’ai toujours été fière de Louis, même pour toute autre chose. LOUIS L. Depuis, j’ai plein d’interviews, c’est un bon coup de pub. On a déjà beaucoup de monde, mais on voit qu’il y a encore plus de réservations. Beaucoup de demandes pour des fêtes de famille. D’ailleurs, est-ce que vos fêtes de famille ont lieu au restaurant ? LOUIS L. Avant oui, mais plus maintenant parce qu’il faut tout ranger après [rires]. Souvent, je demande à quelqu’un d’autre de cuisiner, mais, au final, c’est quand même moi qui le fais. LÉA L. Le premier vrai grand repas que Louis a cuisiné, c’était pour Noël, lorsqu’il avait 14 ans. Il aimait tellement le risotto à la truffe blanche. Il voulait aussi mettre un bon vin rouge, il a choisi un Châteauneuf-du-Pape pour aller avec le ragoût de chevreuil. Louis, vous êtes le papa d’un petit garçon, Léon. Est-ce que vous souhaitez qu’il fasse perdurer la tradition familiale ? LOUIS L. Pas forcément, il pourra faire ce qu’il veut. Il est encore tout petit, mais, en tout cas, il aime manger et il sait déjà où le chocolat est caché dans le restaurant ! J’espère qu’un jour, il donnera son avis sur mes plats. LÉA L. Ça serait naturellement fantastique. Avec un peu de recul, je me rends compte que j’ai été la troisième génération, Louis la quatrième, et Léon pourrait être la 60

DÉCEMBRE 2023

cinquième à reprendre l’affaire familiale. C’est toujours la même maison, qui a toujours porté et porte encore le nom Linster. Aujourd’hui, Louis est le chef et le propriétaire du restaurant, ce qui est rare. Mais on ne sait pas de quoi aura l’air la gastronomie en général et luxembourgeoise dans le futur. On ne sait pas comment les restaurants vont se développer.

« J’ai l’impression que c’est de la cuisine de la mamie dont se rappellent le plus les enfants. »

Louis, qu’est-ce que le fait de devenir papa à changer dans votre quotidien de cuisinier ? LOUIS L. C’est surtout le fait qu’on cuisine tous les jours à la maison pour lui, ma femme et moi. Ce qu’on ne faisait pas avant. C’est difficile d’aller au restaurant avec un bébé parce qu’il n’y a jamais de plats adaptés. Les portions sont trop LÉA LINSTER grandes et ça serait dommage de gaspiller. LÉA L. Léon et moi sommes de très grands amis. Et je vais lui faire à manger! Je veux lui faire la mousse de poulet de Bresse. J’ai l’impression que c’est de la cuisine de la mamie dont se rappellent le plus les enfants. Les chefs mentionnent souvent la cuisine de leur grand-mère. LOUIS L. Oui, moi-même je le dis. LÉA L. Et j’envisage aussi de faire un livre de cuisine avec Léon. Quels sont vos projets et vos ambitions pour le futur ? LOUIS L. La deuxième étoile, je pense que c’est la prochaine étape. Pour l’équipe aussi, qui aimerait vraiment l’avoir. Je viens de gagner le prix de Meilleur chef de l’année, mais je considère qu’on l’a tous gagné ensemble. LÉA L. Moi je vais continuer à faire les meilleures madeleines du monde dans ma boutique que j’adore !


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Enjeux

Montres de luxe

Un marché

64 MONTRE DE LUXE Les grandes évolutions du marché

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DÉCEMBRE 2023

74 GUIDE D’ACHAT Quelle est la montre faite pour vous ?

68 MADE IN LUX L’histoire de la Manufa­ cture Grand-Ducale

78 COUPS DE CŒUR Nouveautés automnales


de passionnés Le marché de la montre de luxe serait-il en train de se « corriger » ? Oui. Et non. Qui convoite un garde-temps neuf devra s’armer de patience, les listes d’attente restant la norme. Mais les délais raccourcissent. Et si les grandes manu­factures investissent fortement dans leurs outils de production, ce raccourcissement est aussi à mettre au crédit d’un retournement sur le marché de la montre de seconde main, lieu de toutes les spéculations. La passion reprendrait-elle le pas sur les considérations mercantiles ? À voir… La passion, c’est en tout cas ce qui anime Alessio Muller qui vient de fonder la première manufacture de montres luxembourgeoises. Des montres haut de gamme et rares. Mais pour se faire plaisir, pas forcément besoin d’avoir une bourse bien garnie. Le choix d’une montre est un choix très personnel qui révèle bien souvent la personnalité de son propriétaire. Le plaisir doit rester le critère-clé du choix d’un garde-temps. DÉCEMBRE 2023

63


Enjeux Montres

Les grandes évolutions du marché de la montre de luxe Le marché de la montre de luxe, spécialité suisse, se porte bien. La période est, en revanche, plus difficile pour le marché de la montre de seconde main, victime des effets de la crise économique sur le pouvoir d’achat des consommateurs et d’une reprise en main par les marques, Rolex en tête. Journaliste MARC FASSONE

3,25 % C’est le taux de croissance annuel de 2022 à 2028 du marché des montres de luxe, selon Mordor Intelligence, société qui produit des études de marché à destination des entreprises.

64

DÉCEMBRE 2023

Les montres de luxe ne connaissent pas la crise. Pour le plus grand plaisir des principaux acteurs du marché que sont Rolex, Richemont (Cartier, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin, IWC Schaffhausen, Panerai…), Swatch Group (Omega, Breguet, Blancpain, Longines…), Audemars Piguet ou encore Patek Philippe. Les montres haut de gamme – segment dont le prix dépasse les 3.600 CHF – ne souffrent pas de la crise. La demande dépasse tellement l’offre que les grandes marques ont pu répercuter quasiment intégralement le prix de la hausse des matières premières, ainsi que les effets de l’inflation sur leurs prix de vente. Même la trajectoire de hausse du franc suisse ne freine pas les acheteurs. La situation est plus compliquée pour les montres du segment intermédiaire – segment dont le prix est inclus dans une fourchette allant de 180 CHF à 3.600 CHF – qui, avec des marges plus faibles et face à l’augmentation des coûts de production et des matériaux, doivent jouer sur le volume comme seul moyen de maintenir la croissance. Les nouveautés, les éditions

limitées et les collaborations sont des stratégies-clés pour y parvenir. Trou d’air sur le marché de la montre de seconde main Si le marché de la montre de luxe « neuve » se porte bien, le marché de la montre de seconde main a connu un trou d’air fin 2022. En 2022, Deloitte prévoyait que le segment pèserait 35 milliards CHF d’ici 2030. L’aggravation de la crise énergétique, la chute des marchés boursiers mondiaux et la dévaluation des cryptomonnaies ont fait plonger le marché de l’occasion et ont enrayé cette trajectoire de progression. Désormais, ce n’est plus la croissance qui caractérise ce marché, mais la volatilité. Après avoir atteint des niveaux de prix stratosphériques pendant la pandémie, les prix se sont normalisés en 2022 et ont depuis continué à baisser. Le Subdial50, un indice compilant les prix des 50 montres les plus échangées en termes de valeur, a chuté de 33 %, et WatchCharts parle d’une baisse des prix de 31 % en moyenne depuis mars 2022 sur le marché secondaire. Aux causes


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Enjeux Montres

En chiffres

24,8 milliards CHF

Le principal pays producteur de garde-temps de luxe, la Suisse, a vu en 2022 ses exportations de montres bondir de 11 % sur un an, cela a atteint 24,8 milliards CHF, selon Deloitte. Tant les volumes que les chiffres d’affaires étaient orientés à la hausse, et ce sur tous les segments, y compris le segment intermédiaire – segment le plus concurrentiel du marché et qui doit en outre faire face à l’essor du marché des montres connectées. Un segment qui a profité du succès de la MoonSwatch lancée en mars 2022.

2,6 millions

Le Japon est l’autre pays de la montre. Sur les 52,2 millions d’unités produites en 2022, 2,6 millions sont des montres mécaniques de luxe. Sur ces 2,6 millions d’unités, 2,4 millions ont été destinés au marché de l’exportation pour un montant de 54 milliards de yens, selon les données de la Japanese Watch & Clock Industry. Grand Seiko est la marque la plus connue, mais il existe également des manufactures moins connues du grand public, comme Credor, Orient ou Minase.

1,3 milliard de dollars

C’est, selon The Watch Register, une base de données mondiale sur les montres perdues et volées fondée par Christie’s, Lloyd’s of London et Sotheby’s, le butin amassé par les voleurs de montres de luxe en 2022. 44 % des garde-temps dérobés sont des Rolex.

1 million

La MoonSwatch aura été le coup marketing de 2022. Cet hybride d’une Swatch et d’une Speedmaster Omega, vendu au compte-goutte uniquement dans les magasins Swatch, s’est écoulé à 1 million d’exemplaires. L’engouement pour la marque a été tel que des queues inimaginables se sont formées devant ses boutiques, qui ont même dû engager des vigiles pour gérer les accès, comme peuvent le faire des magasins de grande marque.

40 millions

C’est, selon la plateforme Watchfinder & Co., le nombre de montres contrefaites vendues dans le monde chaque année.

66

DÉCEMBRE 2023

macroéconomiques déjà évoquées s’ajoute une augmentation de l’offre inattendue, les personnes ayant participé à la frénésie d’achat pandémique cherchant à se débarrasser de leurs garde-temps. Il faut garder à l’esprit qu’à cette période, les gens fortunés dépensaient moins. Ils se sont alors tournés vers ce que l’on appelle les produits de luxe durables, ce qui a renforcé l’évolution des montres en tant que classe d’actifs. Cette « correction » a impacté les principaux acteurs de ce marché. Citons les places de marché Chronext, Chrono24, WatchBox ou Watchfinder & Co., les grands détaillants tels que Bucherer, Hodinkee, Tourneau ou Watches of Switzerland, ou encore les maisons de vente aux enchères Christie’s, Phillips ou Sotheby’s. Les acteurs locaux n’ont pas été épargnés. Sur les trois enseignes ayant pignon sur rue à Luxembourg-ville en février 2021, il n’en reste qu’une. Mais cette correction n’a pas entamé l’intérêt porté à ce marché. Pour les vrais amateurs de montres, c’est l’occasion de se procurer de belles pièces à des prix intéressants, à quelques exceptions près comme Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet pour ne citer qu’elles, les trois marques encore très spéculatives malgré le contexte. Selon Deloitte, 39 % des consommateurs interrogés se disent prêts à acheter une montre de luxe d’occasion en 2023. Ils n’étaient que 32 % l’année d’avant. Le prix reste la principale motivation pour acheter un garde-temps d’occasion, 48 % des consommateurs se tournant vers le marché secondaire pour trouver une montre moins chère. Les autres motivations sont l’accès à des modèles abandonnés (31 %), la disponibilité immédiate et l’investissement (24 %). Les marques s’investissent sur le marché de la seconde main Pour les professionnels, le marché de la seconde main présente des avantages certains. Comme les années précédentes, la plupart des dirigeants du secteur (71 %) considèrent que ce marché a une influence positive sur la perception et la valeur de la marque. En outre, 63 % le considèrent comme une source bienvenue de notoriété et de visibilité pour le secteur, et 64 % pensent qu’il permet à un nouveau type de

clientèle de faire l’expérience d’une marque. Cela dit, 34 % des marques et des détaillants interrogés n’ont pas l’intention de se lancer sur le marché des articles d’occasion certifiés, tandis que 36 % investissent dans leur propre plateforme. Afin de parer à d’éventuels risques d’image sur le marché secondaire – marché où le risque de contrefaçon est bien réel –, Rolex a lancé, en décembre 2022, son programme Certified Pre-Owned (CPO). Celui-ci permet aux acheteurs d’acquérir des montres d’occasion de la marque authentifiées directement auprès de l’entreprise. Il est en cours de déploiement dans le monde. Bucherer, l’un des plus grands détaillants horlogers au monde racheté en 2023 par Rolex, proposera des montres signées CPO. En 2021, la marque Longines avait lancé le Collector’s Corner, un programme Certified Pre-Owned pour ses montres vintage fabriquées il y a plus de 30 ans avec des mouvements maison. La recrudescence, ces dernières années, du vol de montres à l’arraché a également questionné les grandes marques horlogères. En mars 2023, Richemont a officiellement dévoilé Enquirus, une plateforme numérique mondiale à code source ouvert destinée à lutter contre la criminalité liée à l’horlogerie et à la bijouterie, ainsi qu’à la décourager. Gratuite pour les utilisateurs, cette plateforme sécurisée permet le partage confidentiel, le téléchargement et la recherche d’informations sur les montres et les bijoux, tout en protégeant l’identité de l’utilisateur. L’objectif premier est de faciliter l’identification des objets perdus ou volés, ce qui rend plus difficile leur échange ou leur vente. The Watch Register, basé au Royaume-Uni, et MyStolenWatch, basé à Singapour, proposent une solution similaire.


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Enjeux Montres

MGD : la manufacture de montres de luxe made in Luxembourg Une marque de haute horlogerie luxembourgeoise avec une manufacture au pays et une filiale en Suisse… Possible ? Oui. La marque se nomme « Duke », les montres sont produites par la manufacture luxembourgeoise Manufacture grand-ducale et sa filiale suisse MGD Swiss (pour Manufacture grand-ducale Swiss) à La Chaux-de-Fonds. Son identité ? Le tourbillon. Journaliste MARC FASSONE

« Dès l’âge de 6 ans, je courais derrière ces horlogers lors des events et je leur deman­dais de m’expliquer comment marchaient ces montres. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de créer ma marque. »

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Il aura fallu six ans à Alessio Muller pour monter son entreprise. Six années durant lesquelles ce Luxembourgeois s’est formé en autodidacte à quasiment tous les métiers de l’horlogerie : les métiers d’art, la terminaison, la R&D ou encore l’usinage. Six années marquées par des rencontres. Dont une déterminante, avec Vianney Halter, un maître horloger parmi les plus réputés en activité dans le monde. Six ans, c’est aussi l’âge auquel Alessio Muller se découvre une passion pour les belles montres et leur mécanique. Très jeune, il accompagne aux quatre coins du monde son père, Denis Muller, dont le métier est d’organiser, principalement pour le compte du Quai d’Orsay des événements pour représenter les savoir-faire français dans le domaine du luxe. Si la haute couture et les métiers d’art étaient au centre de ces événements multimarques – Dior, Gaultier, Givenchy, Lacroix, Mugler et autres se côtoyaient sur les podiums souvent dressés dans les palais de familles royales –, l’horlogerie était également présente, les grandes marques côtoyant les horlogers indépendants comme Vianney

Halter ou Antoine Preziuso. « Dès l’âge de 6 ans, je courais derrière ces horlogers lors des events et je leur demandais de m’expliquer comment fonctionnaient ces montres. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de créer ma marque.» À 18 ans, il fait le tour des horlogers indépendants en Suisse pour leur expliquer son projet. Et il a trouvé un écho favorable auprès de quelques horlogers indépendants. Dont Vianney Halter qui, séduit par le projet, propose de l’aider. Pour « financer son projet horloger », Alessio Muller crée en 2017, en plus de sa manufacture, une autre entreprise qui n’a aucun rapport avec les montres qui s’appelle Cosmerre et qui travaille dans la cosmétique dans le Benelux. Brevet luxembourgeois dans le monde de l’horlogerie «Depuis six ans, j’investis et j’apprends l’horlogerie à ma manière, c’est-à-dire en ayant ma propre manufacture et en allant une ou deux fois par semaine chez Vianney dans son atelier. Nous avons travaillé en très étroite collaboration pendant quatre ans. Il m’a transmis énormément de choses. »


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Hommage à la forteresse de Luxembourg Pour l’habillage de la Duke First Edition, Alessio Muller a fait le choix volontairement clivant d’un boîtier tonneau, avec tout ce que cela implique pour un mouvement. «Je suis parti sur une boîte octogonale inspirée par la forteresse de la ville de Luxembourg tout en cherchant à lui donner un aspect plus contemporain. Au final, cela donne un ensemble très géométrique avec des angles et des points très vifs.» La boîte octogonale affiche la dimension respectable de 44 mm pour 14 mm d’épaisseur. Pour éviter un poids trop important, la montre n’est pas en acier. Elle a été réalisée dans un alliage en titane et fibre de carbone. « Un 70

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DUKE FIRST EDITION

Première montre de la collection Duke, la bien nommée First Edition a été produite à huit exemplaires. Ce gardetemps adopte une boîte octogonale de 44 mm pour 14 mm d’épaisseur, utilise un nouveau matériau fait de fibre de carbone et de poudre de titane et adopte un cadran en saphir. Le tout au service d’un tourbillon visible qui semble flotter en toute transparence dans une harmonie visuelle remarquable.

DUKE – BY VIANNEY HALTER

Deuxième production de la Manufacture grand-ducale, la Vianney Halter tout en gardant les codes esthétique de sa devancière – boîte octogonale et tourbillon flottant – pousse la complexité mécanique plus loin en adoptant une heure sautante et une minute rétrograde, deux des complications les plus appréciées par les amateurs de gardetemps d’exception.

mélange que nous avons développé nousmêmes et qui apporte la touche contemporaine. Et la légèreté. » « Bien plus légère, noire, mais lumineuse grâce à la poudre de titane, voire précieuse avec la poudre d’or (pour la série By Vianney Halter, ndlr), la fibre de carbone est bien le matériau parfait pour créer des montres à la fois modernes, légères, ergonomiques, solides et conçues pour la vie de tous les jours », complète le créateur. Toutes les parties non visibles du boîtier ont fait l’objet de finitions à la main, y compris à l’intérieur. Un verre saphir, traité antireflet à l’intérieur comme à l’extérieur, coiffe le boîtier, tout comme le fond pour admirer le mécanisme. Une couronne en titane avec de belles finitions d’anglage complète l’ensemble. Toutes les vis et la couronne sont produites à la main, de façon artisanale, sur un tour 102. « La légèreté de l’ensemble épouse parfaitement le poignet, offrant une sensation exceptionnelle de confort. » Autre spécificité de la marque : le cadran. Le cadran, c’est la partie visible de la face avant d’une montre, son «visage» et souvent la signature d’une marque. On en trouve dans différentes matières, plus ou moins précieuses : émail, onyx, métal… La tendance actuelle est de se servir de météorites pour fabriquer des modèles uniques. Pour Duke, tous les cadrans sont réalisés en saphir, avec la signature de la marque en leur centre, grâce à des appliques en or massif blanc, dont chaque lettre est délicatement posée l’une après l’autre. Le garde-temps est livré avec deux bracelets – «un service qui rappelle les codes du sur-mesure de la haute couture». Le premier est en caoutchouc noir structuré, le second est réalisé en cuir, sur demande, de la couleur souhaitée par le client, y compris pour les coutures. Sortie en février 2023, la Duke First Edition a été produite à huit exemplaires. Sept sont déjà vendus. « Malgré un design atypique clivant. » Si le design peut rebuter certains clients attirés par le mouvement et son tourbillon flottant, pas de problème. Un exemplaire unique avec un boîtier différent a été produit sur mesure pour un client japonais. « Il est venu au Luxembourg, on s’est mis autour de la table pendant deux jours et on a dessiné une nouvelle boîte pour lui. Du sur-mesure. »

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À partir de là, Alessio Muller développe un mouvement breveté : un tourbillon deux aiguilles automatique, le calibre 9600. Calibre qui équipe le premier garde-temps de la marque baptisé « First Edition ». Dans ce garde-temps, le tourbillon est à 6 heures et est visible via une ouverture de 100 degrés. Une disposition très inhabituelle qui fait que le tourbillon – « la pièce centrale de la montre » – donne l’impression de flotter dans le boîtier. Ce tourbillon – baptisé « Clarity Tourbillon » – est invisible grâce à deux ponts en saphir. Un effet d’invisibilité renforcé par le fait que la masse n’apparaît pas dans cette ouverture. Comment ? En développant une nouvelle masse en saphir translucide donc invisible dont la partie centrale, que l’on appelle « vis mystérieuse », cache le roulement. La masse en saphir est plus large que l’ouverture du cadran. À l’extrémité de la masse, sur 180°, un anneau en tungstène optimise le mouvement circulaire. Cette partie de la masse est dissimulée à l’intérieur de la boîte. Grâce à ce subterfuge, le rotor devient ainsi invisible dans l’ouverture du tourbillon, tout en offrant une autonomie de 72 heures de réserve de marche. « C’est pour cela que vous pouvez voir au travers sans rien voir bouger. » Le système a été évidemment breveté. Un brevet luxembourgeois dans le monde de l’horlogerie, ce n’est pas rien… « Le développement de cette masse a retardé la sortie de la montre d’un an, mais je tenais vraiment à avoir cette ouverture de tourbillon complètement libre. »

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Enjeux Montres

HEURE SAUTANTE Dans une montre traditionnelle, les heures, comme les minutes, sont indiquées par des aiguilles. Avec l’heure sautante, l’heure est affichée dans un guichet découpé dans le cadran grâce à un disque rotatif sur lequel sont imprimés les chiffres des heures. Ce disque est entraîné par la roue des minutes et saute toutes les 60 minutes d’heure en heure. MINUTE RÉTROGRADE Un affichage est dit rétrograde lorsque l’indicateur n’effectue pas un tour complet de cadran, mais revient à son point de départ pour entamer une nouvelle course après avoir parcouru l’entier de son segment de mesure. Généralement, il s’agit d’un arc de cercle survolé par une aiguille. RÉSERVE DE MARCHE La réserve de marche correspond à la durée de fonctionnement d’un mouvement horloger lorsque son ressort de barillet est remonté au maximum. Les possesseurs d’une montre phases de lune ou calendrier complet sont particulièrement sensibles au fait que leur montre ne doive pas s’arrêter… D’où l’intérêt d’afficher la mesure du temps restant sur le cadran, voire au dos de la montre.

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La stratégie de la rareté Cette production sur mesure est ellemême limitée. Le calibre 9600 n’a été monté que huit fois, neuf si l’on compte le prototype. Le calibre 9601 a été monté 10 fois (au prototype et aux huit pièces de série s’ajoute une pièce unique). Il n’y aura pas de onzième exemplaire. « Rien ne nous n’empêche de reproduire les calibres. C’est justement là où nous voulons nous différencier des grandes marques où, souvent, une série limitée se résume à des retouches cosmétiques autour du cadran ou du mouvement. C’est une stratégie qui n’a jamais été appliquée jusqu’ici et à laquelle nous tenons. Et si nous pouvons le faire, c’est parce que nous sommes quasiment autonomes. Nous pouvons quasiment tout produire en interne. » De fait, tout ce qui est habillage horloger – boîte, cadran, aiguilles, appliques – est fait à 100 % au Luxembourg. De même que l’assemblage et la finition des mouvements – l’anglage, le satinage, le cerclage et le poli miroir. Avoir une manufacture en Suisse permet d’avoir également un pied

Un objet pour les collectionneurs Duke vise une clientèle de collectionneurs rencontrés en one-to-one. « C’est ma manière de travailler. Je rencontre les gens en face à face pour leur expliquer le projet et la marque. » Un côté « confidentiel » dont raffole cette clientèle. Une clientèle à quelques centaines de personnes dans le monde. Une clientèle qui a les moyens : la First Edition est affichée à 98.000 euros et la Duke by Vianney Halter est à 148.000 euros. Hors taxes évidemment. Un troisième modèle est déjà à l’étude. Basé sur le calibre « traditionnel » tourbillon deux aiguilles, le mécanisme incorporera une complication réserve de marche et sera moins épais. L’objectif d’Alessio Muller est de continuer à surprendre les amateurs de la marque. « L’objectif est d’explorer l’horlogerie sous toutes ses facettes, tant sur le plan du design que sur le plan technique, tout en restant fidèle à une cohérence technique et esthétique, notamment en restant fidèle au tourbillon et à la masse mystérieuse qui caractérisent Duke. »

Breguet

TOURBILLON Fascinant à observer, le tourbillon a une fonction bien précise : réduire l’effet de la gravité sur le mouvement afin d’augmenter la précision du mécanisme. Il a été inventé au 18e siècle par Abraham-Louis Breguet. On le nomme également « cage tournante ». C’est pour beaucoup la complication reine de l’horlogerie.

au milieu du centre horloger. Sa mission est de fournir des pièces à différentes marques ainsi que des prestations de services en matière de terminaisons de bijoux et d’habillages horlogers ainsi que de composants de mouvements horlogers. Pour développer la manufacture suisse, Alessio Muller s’est associé à Bekim Fifaj. Celui-ci a travaillé sept ans chez Patek Philippe comme maître polisseur, puis quatre ans chez Swatch Group où il était directeur finition pour toutes les marques. « À la base, c’est lui qui m’a formé au polissage. On s’est tellement bien entendu qu’on a créé cette entreprise ensemble. Et c’est lui qui s’occupe du polissage de mes pièces. »

Photo

Le coin du spécialiste

Nouvelles complications Après ce premier succès, Duke sort une nouvelle pièce, la Duke By Vianney Halter qui, comme son nom l’indique, est une collaboration avec l’horloger. Aux trois identités de la marque – la boîte octogonale avec fibre de carbone, l’ouverture de 100° de tourbillon et la masse mystérieuse – s’ajoutent deux nouvelles complications très recherchées par les amateurs d’horlogerie : une heure sautante et une minute rétrograde. Tout cela animé par le calibre 9601 pour lequel a été développée une fibre de carbone mélangée à de l’or «que nous fabriquons nous-mêmes». Le garde-temps est en or rose avec un cadran fumé. « La minute rétrograde est configurée de manière à ce que rien ne passe jamais devant l’ouverture du tourbillon.» Ce garde-temps sera également produit en série limitée de huit exemplaires. Produire en série limitée est une stratégie assumée qui se conjugue avec la possibilité de produire des modèles sur mesure. Par exemple, pour une personnalité politique de premier plan du monde arabe, porter une montre en or était inconcevable. Une pièce unique en titane a donc été produite pour lui.


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Enjeux Montres

La montre faite pour vous : petit guide pratique Une montre est pratique... pour avoir l’heure. Mais est-ce bien là sa fonction première ? Pourquoi porter une montre en 2023 à l’ère des smartphones et des objets connectés, et où l’heure est partout ? La réponse est simple : la montre est autant un objet utilitaire qu’un ornement. Journaliste MARC FASSONE

On le sait: l’essor de l’horlogerie en Suisse est dû au calvinisme. Jusqu’au 16e siècle, la Suisse était renommée pour ses orfèvres et ses bijoutiers. À cette époque, Jean Calvin, le père de la Réforme protestante, interdit le port des objets d’ornement. Pour éviter le chômage, orfèvres et joailliers genevois durent trouver une autre activité: l’horlogerie. Cela tombait bien, John Harrison venait d’inventer le chronomètre. Un outil indispensable au commerce maritime. Pour calculer une position en mer, il faut connaître sa latitude et sa longitude. La première se mesure grâce à l’astronomie. Mais pour connaître la seconde, on doit être capable de mesurer précisément l’heure du passage du soleil au méridien et comparer l’heure de ce passage à celle du port de départ. Une minute d’erreur, et c’est 15 miles marins d’incertitude… Le pli était donné. Si les temps ont changé et que l’on ne se restreint plus, en termes « d’ornements », à son alliance ou à une montre, en porter une reste un très bon moyen d’exprimer ses goûts et sa personnalité. La montre est également un objet très personnel et intime, voire emblématique. On peut, à travers une montre, retracer une histoire familiale. C’est 74

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pour cela qu’il n’est pas rare de voir des montres transmises dans une famille de génération en génération. On parle ici de montres de qualité assemblées pour durer des décennies. Objet de mode La montre n’est donc pas qu’un accessoire utile, c’est aussi un objet de mode. Les puristes pourront jouer la carte de l’intemporel et le revendiquer haut et fort, mais les modes existent aussi en horlogerie. Quelles sont les tendances actuelles? La première est la couleur. Autrefois réservée aux excentriques, la couleur s’est fait une place sur les cadrans. 2021 était l’année du bleu; 2022, l’année du vert. 2023 est l’année de l’explosion chromatique. Les marques multiplient les choix colorés. On l’a vu chez Breitling, chez Tag Heuer (avec la Carrera Date fuchsia), chez Hublot (avec la Big Bang Unico High Jewellery King Gold Rainbow) ou encore chez la très sérieuse manufacture Patek Philippe, qui propose une Calatrava violette. La palme revient à Rolex qui non seulement a «pastellisé» les cadrans de ses Oyster, mais qui propose aussi désormais son Oyster Perpetual, avec


Rolex, IWC, Vacheron Constantin, Jaeger-LeCoultre, Blancpain et Patek Philippe Photos

un cadran laqué composé de bulles de couleurs qui reprennent celles des différents modèles présentés en 2020, soit le turquoise, le jaune, le corail, le rose ou le vert. L’autre tendance est relative aux matériaux. Si l’or revient en force, d’autres matières deviennent incontournables. C’est le cas du titane, de plus en plus utilisé par les grandes manufactures, qui n’hésitent pas à ajouter aux versions acier de leurs modèles une version titane. L’acier inoxydable s’est imposé dans l’horlogerie dans les années 1970 en investissant le créneau des montres de sport. L’utilisation du titane remonte également aux années 1970, par l’entremise de la manufacture japonaise Citizen. Le titane est plus résistant que l’acier tout en étant plus léger, mais il a une élasticité moindre. Pour ce qui est de l’apparence, alors que l’acier inoxydable poli présente un éclat inimitable, le titane impressionne par son lustre plutôt mat. Parmi les dernières sorties en titane, citons l’IWC Ingenieur Automatic 40 Titanium, dévoilée lors du dernier salon Watches and Wonders à Genève, au printemps dernier. Troisième tendance: la taille des boîtiers diminue. Ces dernières années, l’heure était aux boîtiers toujours plus imposants. Les montres de 55mm de diamètre étaient fréquentes. On peut penser à des marques comme Hublot ou Panerai, qui ont fait de la taille, sinon un argument de vente, du moins un signe distinctif. Retour de balancier ? Le small redevient beautiful… Et les boîtiers reviennent à des dimensions populaires dans les années 1920 à 1960, soit environ de 32 mm à 36 mm. L’intérêt croissant pour les montres vintage porte cette tendance. Et les marques horlogères en prennent bonne note. Vacheron Constantin, par exemple, a lancé une déclinaison avec un diamètre de 34,5 mm de son Overseas automatique. Dernière tendance : le squelettage. Un mouvement squelette est un mouvement dans lequel certaines parties, telles que la platine ou les ponts, sont ajourées dans le but de rendre visibles les organes du gardetemps. Retirer du matériau d’un mouvement sans en déformer les composants est une prouesse technique et décorer ces composants pour les rendre esthétiquement plaisants à regarder est un art. Un art dans lequel excelle Jaeger-LeCoultre, qui s’en est

ROLEX OYSTER PERPETUAL BLUE BUBBLE DIAL La sensation colorée des modèles 2023 de la manufacture de Genève. Peut-être même la montre la plus excentrique du catalogue actuel, qui n’est pas sans évoquer des bulles de champagne ou des ballons tombant du plafond. De quoi justifier son surnom de « cadran célébration ». Disponible en trois tailles : 41 mm, 36 mm et 31 mm, aux prix catalogue respectifs de 6.100 euros, de 5.800 euros et de 5.400 euros.

IWC INGENIEUR AUTOMATIC TITANIUM 40 La marque de Schaffhausen met à jour sa ligne Ingénieur avec un modèle qui reprend le design original imaginé en 1976 par Gérald Genta, l’homme à qui l’on doit la Nautilus de Patek Philippe sortie la même année. On en retrouve les codes-clés : une lunette vissée dotée de cinq perforations et un bracelet intégré à maillons en H. Ce modèle est disponible en acier (comptez 12.700 euros) et en titane (15.800 euros).

VACHERON CONSTANTIN OVERSEAS 34,5 La firme à la croix de Malte ajoute à sa gamme de montres sport chic un modèle automatique en acier de 34,5 mm pour une épaisseur de 9,33 mm. Exclusivité boutique, ce garde-temps est fourni avec trois bracelets – acier, caoutchouc et cuir – pour un tarif de 23.000 CHF. Une version en or avec bracelet dans le même métal ainsi qu’en caoutchouc et en cuir à 54.000 CHF est également disponible.

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Enjeux Montres

servi pour son nouveau chronographe Reverso Tribute. À chaque poignet sa montre… et à chaque montre son poignet Avant de choisir une montre adaptée à son poignet, quelles sont les questions à se poser ? Il y a bien entendu la question du prix. Une question à lier avec celle de l’identité de la marque. Le prix est directement lié au niveau de qualité. Recherchez-vous une montre qui durera longtemps ou envisagez-vous de multiplier les achats au gré de vos envies? Tout est là. Si les montres des grandes manufactures sont plus chères, c’est qu’elles utilisent des matériaux plus résistants et de qualité. Gage de durabilité. En cas de budget serré, on peut s’orienter vers le marché de la seconde main ou, hormis pour quelques marques, comme Rolex, Patek Philippe ou Audemars Piguet, on peut trouver des garde-temps de qualité à un bon prix. La summa divisio dans le monde de l’horlogerie se situe entre mouvement quartz et mouvement mécanique. Et là, on parle de mouvement et non d’affichage. Certaines montres ont un écran LCD qui affiche l’heure en chiffres. Ces montres ont toutes un mouvement électrique alimenté par des piles. Lorsqu’on parle de mouvement, on parle du mécanisme à l’intérieur de la montre et qui la fait fonctionner. La montre mécanique utilise un mécanisme actionné par un ressort pour garder le temps. Ce mécanisme peut être automatique – dans ce cas, il est alimenté par le mouvement du poignet – ou à remontage manuel. Le mouvement quartz utilise quant à lui un cristal de quartz alimenté par une pile pour faire fonctionner le mécanisme. Ce dernier est généralement meilleur marché. Mais certaines montres à quartz et aiguilles ont une belle cote. Beaucoup de grands noms de l’horlogerie suisse – on pense à Rolex et à Omega – ont proposé des versions quartz de leurs modèles dans les années 1970 et 1980. Des versions qui ont une belle petite cote chez les collectionneurs. Un autre critère important de choix tient dans la taille de votre poignet. Il ne faut pas hésiter à multiplier les essais et à varier les bracelets. Tout est une question de choix personnels.

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JAEGER-LECOULTRE REVERSO TRIBUTE CHRONOGRAPH La Reverso est traditionnellement associée au polo. Un boîtier pivotant permet de protéger le cadran des chocs. Et également d’afficher l’heure sur deux faces. Ce que fait la Reverso Tribute Chronograph. Sous la sobriété du recto au cadran gris-bleu soleillé, un verso ajouré révèle les rouages du chronographe rétrograde. Une prouesse technique qui a un coût : 27.000 euros.

BLANCPAIN FIFTY FATHOMS 70TH ANNIVERSARY La montre de plongée imaginée en 1953 a gravé dans le marbre les caractéristiques qu’aurait ce type de montres. Pour le 70e anniversaire de ce garde-temps historique, Blancpain a dévoilé trois modèles exclusifs. L’Act 1 est fidèle au modèle de 1953. L’Act 2, la Tech Gombessa en titane, rend hommage aux expédi­­tions sous-marines. L’Act 3 (ci-contre), réalisée en Bronze Gold, évoque le modèle Mil-Spec (military specifi­ cations) commandé à Blancpain par la marine américaine en 1957. Prix : sur demande.

PATEK PHILIPPE CALATRAVA Lancée en 1932, la Calatrava de Patek Philippe s’est imposée dans le monde horloger grâce à son élégance et son esthétique épurée. Ce qui n’empêche pas un peu de fantaisie… Lors de la dernière édition du salon Watches and Wonders, Patek Philippe a présenté un modèle en or rose de 35 mm de diamètre avec une fine lunette sertie de 76 diamants. Violette. Une couleur inhabituelle pour la marque. Prix : 32.200 euros.


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Enjeux Montres

Nouveautés automnales Pas de répit pour les amateurs de montres : les marques multiplient les sorties, ces dernières semaines. Sélection. Journaliste MARC FASSONE

MINI DOLCEVITA DE LONGINES

La manufacture japonaise Citizen présente la collection Series 8 880 GMT, qui ajoute une fonction GMT à la série 8, la collection automatique haut de gamme lancée en 2021. Deux modèles sont en acier brut brossé avec cadran bleu et lunette bleu / rouge, ou cadran noir et lunette noir / bleu. Un troisième modèle en série limitée est disponible, en acier brossé doré.

Nouvelle ligne de montres-bijoux, la Mini DolceVita s’inspire d’une pièce créée en 1927 et de la collection DolceVita de 1997. Tous les modèles se présentent dans un boîtier rectangulaire en acier inoxydable équipé d’un mouvement à quartz. La pièce maîtresse de cette nouvelle ligne arbore 38 diamants Top Wesselton IF-VVS.

1.195 euros / 1.295 euros

PANERAI RADIOMIR OFFICINE PAM01385

ALPINER EXTREME AUTOMATIC

Panerai rend hommage au prototype de la Radiomir avec une édition limitée à 300 exemplaires commercialisés directement sur le site de la manufacture. Le boîtier est en acier poli, équipé de l’emblématique couronne conique de la marque. L’aiguille des heures, divisée en deux – autre caractéristique emblématique de la Radiomir depuis sa création –, est également là.

La montre outdoor d’inspiration alpine de la marque Alpina se pare pour la première fois de son histoire d’un cadran California, qui marie chiffres arabes, romains, bâtons et triangle pour empêcher toute erreur de lecture. Pour en accroître la lisibilité, Alpina associe des aiguilles et index luminescents beige vintage à un cadran noir, contenu dans la boîte acier coussin emblématique de la collection.

5.500 euros

1.595 euros

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De 2.100 à 4.350 euros

TISSOT PRX DIGITAL Tissot dévoile la PRX Digital, fusion entre l’intemporelle PRX et la Digital Quartz lancée en 1977. Son rétroéclairage et ses multiples fonctions en font un accessoire tant polyvalent et fonctionnel qu’élégant. Proposée en trois versions, dont une en PVD or et une autre en acier inoxydable avec un cadran noir ou argent, la PRX Digital est disponible en 35 mm et 40 mm.

À partir de 375 euros

Omega, Citizen, Longines, Panerai, Alpina et Tissot

8.200 euros

CITIZEN SERIES 8 800 MECHANICAL GMT

Photos

SEAMASTER SUMMER BLUE L’emblématique collection de plongeuses d’Omega se met au bleu pour célébrer ses 75 ans. Les sept références Seamaster du catalogue se parent de cadrans originaux déclinés dans différents coloris d’un bleu plus ou moins intense en fonction du niveau d’étanchéité de chacune. Ci-dessus, l’Omega Seamaster 300.


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Portfolio

The 2023 Finance Awards winners

Nicolas Mackel CEO de Luxembourg for Finance Lauréat dans la catégorie « Visionnaire ». Un qualificatif qui lui sied comme un gant. À la tête de Luxembourg for Finance (LFF) depuis 2013, ce diplomate et grand voyageur arpente la planète de long en large pour attirer au Luxembourg les acteurs et les activités qui assure­ront à long terme le développement de la Place. « L’ambassadeur de la Place » en quelque sorte. Son mandat de CEO de LFF court jusqu’en 2025.

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Photos GUY WOLFF

Ils sont huit. Ce sont les lauréats des premiers Finance Awards, un événement que l’on doit à Paperjam et Delano et à Luxembourg for Finance et dont l’objectif est de récompenser les acteurs du secteur financier qui font preuve d’excellence et d’un savoirfaire exceptionnel. Des acteurs récompensés par leurs pairs. 364 professionnels du secteur financier ont été sélectionnés par Paperjam + Delano pour être membres du « grand jury ». Journalistes MARC FASSONE et GUILLAUME MEYER

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Marc Lauer CEO du groupe Foyer La « personnalité de l’année du monde de l’assurance ». Mais pas que de l’année dernière : il est actif dans le secteur depuis 34 ans maintenant. Une période marquée par l’essor de l’activité. Il a commencé sa carrière au Commissariat aux assurances avant de rejoindre le groupe Foyer en 2004 pour en devenir le CEO 10 ans plus tard. Il est président de l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances (Aca) depuis 2020.

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Alexandre Cegarra Directeur général de Société Générale Private Wealth Management « Personnalité des fonds », Alexandre Cegarra affiche une vaste expérience dans la gestion d’actifs. Chez Société Générale depuis presque 19 ans, il dirige aujourd’hui la société du groupe bancaire dédiée à la gestion de patrimoine privé à Luxembourg. Pour s’imposer dans le paysage luxembourgeois, Alexandre Cegarra et son équipe misent notamment sur le déploiement de solutions de structuration et de gestion de véhicules spécifiques.

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Françoise Thoma CEO de la Spuerkeess « Personnalité de l’année du monde bancaire ». Si la directrice générale de la BCEE depuis 2016 se destinait au barreau, c’est au sein de la banque qu’elle aura fait carrière, gravissant un à un les échelons. Son influence ne se limite pas au monde bancaire : elle est également membre des conseils d’administration de la Bourse de Luxembourg, de Cargolux, de SES et d’Enovos.

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John Penning Directeur général de Luxempart Le capital-investissement constitue le fil rouge de la carrière de John Penning, lauréat dans cette catégorie. Ce diplômé en sciences politiques et en relations internationales a cocréé en 2009 la société de conseil Saphir Capital Partners, basée à Luxembourg et à Londres. Il est à la tête de Luxempart depuis 2020. La société de capital-investissement se montre très active sur un marché considéré comme « à l’arrêt » par ses dirigeants.

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Philippe Harles Associé chez Arendt & Medernach Membre du barreau depuis 2014, Philippe Harles a rejoint Arendt & Medernach la même année. Il en est devenu associé en avril 2023. Lauréat de la catégorie « Marchés des capitaux – expert en fusions et acquisitions », il s’intéresse également aux questions de gouvernance. À côté de son activité d’avocat, Philippe Harles enseigne le droit général des sociétés à la Chambre de commerce et à l’Université du Luxembourg.

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Laetitia Hamon Responsable de la finance durable à la Bourse de Luxembourg En 2016, il y a sept ans déjà, la Bourse de Luxembourg faisait œuvre de pionnière dans la finance verte en lançant la plateforme LGX. Responsable de la finance durable à la Bourse, la « championne ESG » Laetitia Hamon incarne cette ambition. « Il ne devrait plus y avoir de déconnexion entre finance et finance durable », insiste cette ancienne de KPMG, qui s’intéresse à l’investissement ESG depuis ses études universitaires.

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Georges Bock Fondateur et CEO de Moniflo « Entrepreneur fintech de l’année ». Après 27 années passées chez KPMG Luxembourg, qu’il a quittée en 2018 et dont il a été le managing partner de 2012 à 2016, Georges Bock se tourne vers le monde de l’entrepreneuriat et des fintech : la regtech Governance.com d’abord, puis le robo-advisor Investify, et la plateforme d’investissement Moniflo.

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Bienvenue au Club !

Vos derniers rendez-vous en images

Chers membres, Le 5 décembre, vous assisterez à une interview de Stefano Moreno (Moreno Architecture & Associés) par Céline Coubray (rédactrice en chef de Paperjam Architecture + Real Estate), où l’architecte partagera ses réalisations en matière d’espaces de travail. Paperjam+Delano 2024 Luxembourg Trend Makers approche à grands pas. Rejoignez-nous, le 12 décembre, pour explorer les tendances futures avec nos experts Maxime Allard (Circu Li-ion), Sasha Baillie (Luxinnovation), Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance), Carole Muller (Fischer), Nancy Thomas (IMS Luxembourg) et Mike Koedinger (Maison Moderne), ainsi que notre nouveau Premier ministre, Luc Frieden. En Janvier, découvrez les résultats du concours Brand Manager 2024, en collaboration avec la Markcom. Quatre lauréats recevront un award dans les catégories Institutionnel, Retail & Hospitality, Services et Place financière, et le nom du “Brand Manager de l’année 2024” sera dévoilé.. Enfin, prenez déjà de bonnes résolutions et préparez votre plan de formation 2024 avec l’Academy via notre site web.

« Parler au consommateur avec des émotions.» Frédéric de Radiguès Brasserie Nationale

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Sylvain Barrette (Maison Moderne), Camille Bourke (Arendt & Medernach), Joshua Stone (EQT Group), Kai Nemec (Union Investment Luxembourg) et Sinor Chhor (Nordea Investment Funds).

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Julien Challier, Céline Danielli (NATO) et Raoul Mulheims (Finologee).

3

Mahboebh Vatankhah (PLANETPLUS) et Luka Liegeois (Ministère de l’Éducation nationale).

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Carlo Thelen (Chambre de commerce du GrandDuché de Luxembourg).

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Robert Goeres (Goeres Horlogerie), Laurent De Backer (Tudor), Ernesto Munoz (Goeres Horlogerie).

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Joyeuses fêtes de fin d’année !

MICHEL GREVESSE-SOVET Director Paperjam+Delano Business Club 90

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« Guidée par mon amour du chocolat.» Alexandra Kahn Chocolaterie Genaveh

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Devenez membre

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Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert à toutes les entreprises et institutions luxembourgeoises ou en rapport avec le Luxembourg, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille.

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Programme TALKS, SHOWS & AWARDS

SOCIAL

ACADEMY

Architecture : espaces de travail

01.12 Déjeuner Carrousel

04.12

ormation avancée F Boostez votre middle management (6/6)

06.12

ebinar W Développer l’intelligence collective d’une équipe

13.12

Formation avancée Développer et conduire une stratégie RH (4/4)

01.12

hank-God-It’s-Friday: T Under 50 Lunch

À l’occasion de la sortie du hors-série Paperjam consacré à l’architecture, le Club invite l’architecte Stefano Moreno, fondateur de Moreno Architecture & Associés, à une interview sur scène menée par Céline Coubray, rédactrice en chef de ­Paperjam Architecture + Real Estate.

08.12

hank-God-It’s-Friday: T Leadership Lunch

12.01

Déjeuner Carrousel

Paperjam+Delano 2024 Luxembourg Trend Makers

12.01

hank-God-It’s-Friday: T Leadership Lunch

19.01

hank-God-It’s-Friday: T HR Lunch

Mardi 5 décembre (18:30-21:30) Spuerkeess

15.12 Thank-God-It’s-Friday: HR Lunch

Mardi 12 décembre (17:30-22:30) Athénée de Luxembourg

Avec la participation de Maxime Allard (Circu Li-ion), Sasha Baillie (­Luxinnovation), Nicolas Mackel (Luxembourg for Finance), Carole Muller (Fischer), Nancy Thomas (IMS Luxembourg), Mike Koedinger (Maison Moderne), ainsi que le nouveau Premier ministre, Luc Frieden.

Jeudi 18 janvier 2024 (18:30-21:30) Malt – Innovative Factory

Premier rendez-vous de 2024 et nouveau concours annuel, produit en collaboration avec la Markcom. Toutes les professions du secteur de la com seront réunies et quatre brand managers se verront remettre un award, décerné à la suite d’un vote entre pairs, dans les catégories suivantes : Institutionnel, Retail & Hospitalty, Services et Place financière. Parmi eux se trouve aussi le Brand Manager de l’année 2024.

General Partner : Office Freylinger 92

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– helping you getting your message heard

19.12 Off the record Leadership

25.01 Let’s Taste:

10.01 Webinar

26.01

11.01 Formation avancée

WOW! (Women-On-Winetasting) hank-God-It’s-Friday: T Marketing Lunch

Employer branding

Booster sa productivité personnelle (3/3)

17.01 Journée de formation

avancée (premiers modules)

General Partner : ING Luxembourg

Brand Manager 2024

13.12 WebinarwPitch Ambulance

17.01 Webinar 6

Construire une équipe gagnante

Arnaud Lambert (LuxProvide). 6

24.01 Webinar

Relations presse

25.01 Journée de workshops Janvier

Consultez notre programme


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LUXEMBOURG ΛRT WEEK


Picture Report

La Luxembourg Art Week façon Alex Reding Plus de 22.000 personnes ont visité la Luxembourg Art Week, du 9 au 12 novembre, au Glacis. Quelques-unes ont accepté de poser «comme Alex Reding» pour la couverture du Paperjam daté de novembre. Du grand art dans la bonne humeur immortalisé par Guy Wolff. Photos GUY WOLFF

Alex Reding

Emanuele Vignoli

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Hans Fellner

Catherine Lorent

Carine Lilliu

Jean Bechameil

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Anna Katina

Carole Muller

Robert Brandy

Tatiana Fabeck

Vera Weisgerber

Steph Meyers

François Thiry

Jo Kox

Christian Penning

Marie Lucas

Brigitte Tesch

Marc Hostert


Patrick Goldschmidt

Charles-Antoine de Theux

Astrid Wagner

Pascal Bouvier

Yoon-Shin Delcourt

Franz Fayot

Diane Tobes

Silvano Vidale

Benji Kontz

Daniel Tesch

Cathy Giorgetti

Anne Faber

Florence Bastin

Martine Vermast

Laurent Probst

Nicole Elvinger

Alain Mestat

Monique Becker

Mike Zenari

Jacques Kayser

Lydia Mutsch

Thierry Smets

Pit Hentgen

Sam Tanson

Valérie Mackel

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Picture Report

Arnaud Leballeur

Kik Schneider

Paul Fabeck

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Jean-Marc Fandel

Sven Clement

Ingunn Asgeirsdottir

Laura Biagioni

Ludivine Piroux

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Pierre Ahlborn

David Arendt

Gabriel Boisante

Christian Mosar

Carole Closener

Caroline Fauville

Gérard Valerius

Vincent Ulens

Mike Koedinger

Emilie Vanier

Pilo

Caroline Mart

Fernand Hornung

Didier Mouget

Raoul Thill

Martine Schoellen

Sinéad O’Donnell

Philippe Penning

Misch Strotz


Paulette Lenert

Marc Lemmer

Alexandre Schmitz

Pascal Moisy

Simone Herriges

Leyli Schaber

Marc Binsfeld

Jean-Louis Schiltz

Claudine Arend

Michel Reckinger

Caroline von Reden

Roland Kuhn

Françoise Deutsch

Beryl Koltz

Florence Reckinger

Delphine Munro

Rolf Giesler

Christian Aschman

Marc Schumacher

Raymond Faber

Camille Groff

Daniel Schneider

Marc Meyers

Jérôme Wiwinius

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Picture Report

Jacques Piroux

Corinne Cahen

Nicolas Graas

Sandrine Guivarch

Paul di Felice

Vincenzo Manzella

Hind El Gaidi

Martine Feipel

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Carine Smets

Antoine Lesch

Steve Karier

Georges Krombach

Isabelle Gerges

Michèle Detaille

Mim Colling

Nicolas Mackel

Unda Dequaire

Alain Wildanger

Nadia Manzari

Nathalie Reuter

Alain de Muyser

Sylvia Camarda

Guill Kaempff

Marc Gubbini

Eric Mangen

Belén Irazola

Carine Feipel

Jean-Luc Fisch


Jennifer Boistelle

Danielle Igniti

Arnaud De Meyer

Tucky Penning

Bob Kneip

Thibault de Barsy

Thierry Glaesener

Karin Schintgen

Isabelle Thill

Tatevik Manukyan

Manuel Baldauff

Luc Rodesch

Anne Reuter

Sophie Margue

Philippe Heisbourg

Les portraits de ce shooting très spécial sont là

Valérie Quilez

Beryl Warren

Christine Muller

Olivier Bastin

Christiane Brandy

Keith O’Donnell

Viviane Bruck

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Journaliste SARAH BRAUN

Camille Tardif et Julien Lucas : vivement l’hiver ! Arrivés en toute discrétion en 2020 au Luxembourg, pour des raisons familiales d’abord, Camille Tardif et Julien Lucas s’y sont fait une belle place. Leur restaurant La Villa a réussi à convaincre ce pays de gastronomes exigeants. À raison, car leur approche sincère et libre de la cuisine s’offre comme une véritable bulle de plaisir. Si Camille Tardif et Julien Lucas sont tous deux passés par de belles maisons à travers le monde, La Villa de Camille & Julien est leur tout premier restaurant « bien à eux ». Un endroit qui leur ressemble et dans lequel ils ont à cœur tous les deux de raconter leur histoire et, surtout, leur amour du produit. « Ma philosophie est très simple, explique Julien Lucas, je choisis un produit, toujours le meilleur. Et j’y ajoute une note végétale. Je construis chaque assiette autour de trois axes, trois saveurs assez intenses, précises. Je veux avant tout faire une cuisine lisible. » Gibier et sous-bois Alors que l’automne bat son plein et que l’hiver commence à poindre, le chef français se réjouit : « C’est une période qui me plaît particulièrement et qui, surtout, sied parfaitement à l’esprit du

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Luxembourg. » Pourfendeur de la saisonnalité, Julien Tardif travaille sur sa carte automnale : le lièvre à la royale, le marcassin ou encore le chevreuil figurent en bonne place, rehaussés de racines comme le topinambour ou les salsifis. Les courges aussi s’y sont installées, pour glisser tout doucement vers l’hiver. Autre star du moment, la truffe d’été qui vit ses derniers jours ; elle s’apprête à céder sa place à la truffe noire. Un dernier coup de cœur de la saison ? Les champignons, dans toutes leurs déclinaisons, notamment les trompettes de la mort – et bientôt, les chanterelles – qui lui permettent de dessiner des assiettes colorées aux tons et notes de sous-bois. Une cuisine tout en émotions. La Villa de Camille et Julien 5, rue de Pulvermuhl, 2356 Polfermillen Luxembourg

La Villa de Camille et Julien, Shutterstock, Romain Gamba, Maison Moderne, Brasserie Schmelz et Edouard Olszewski (archives)

Camille Tardif et Julien Lucas ont à cœur de proposer une cuisine sincère.

Photos

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LE PALMARÈS 2024

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REPÈRE POUR VIANDARDS

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UN NOUVEAU BAR À VINS

ADRESSE GOURMANDE

AU BEEFBAR

GAULT&MILLAU

CHEZ FLORENCE

À LA BRASSERIE SCHMELZ

En lieu et place de l’ancien Two6TWo se tient désormais l’une des enseignes les plus en vue du moment: Beefbar. Comme son nom l’indique, la barbaque y occupe une place de choix, et notamment des pièces rares qui raviront les viandards exigeants en quête de produits d’exception.

À l’honneur pour 2024: Louis Linster, Chef de l’année. Clovis Degrave, Jeune Chef de l’année. Specto, Découverte de l’année. BAC, Bar de l’année. Manzoku le Hip of the Year. Fevi Gaudium le Méditerranéen de l’année. Paul Bungert, Pâtissier de l’année. Olivier Petit, Sommelier de l’année, Guillou Campagne, Hôtesses de l’année et Res– taurant de terroir: Becher Gare.

Florence, quartier Gare, avait déjà tout pour plaire. C’était sans compter son déménagement, juste en face, avec élargissement de l’offre. Le coffee shop se métamo­ rphose en bar à vins aux allures indus’, de 17h à 22h, avec une petite carte ad hoc. Des soirées sont également en prévision. 75, rue d’Anvers, Luxembourg

Cadre chaleureux, à la fois urbain, intimiste et (très) instagrammable, et carte dans la plus pure tradition brasserie, largement inspirée par la gastronomie luxembourgeoise, Schmelz fait partie de ces bonnes adresses où l’on se rend volontiers entre amis. Les assiettes sont généreuses, tout comme le personnel. Validé!

COFFEE SHOP BELGE

LUXEMBOURG REPRÉSENTÉ

COMME UN BARISTA

NOUVEAUX PROPRIÉTAIRES

AU LLOYD COFFEE EATERY

AU WE’RE SMART© AWARDS 2023

CHEZ INTENSE COFFEE

AU JARDIN DE BELLEVUE

Café de spécialité en provenance de Berlin, choisi avec minutie, carte 100% végane et ambiance cool et décon­ tractée qui plaît de 7 à 77 ans: telle est l’équation du succès d’Intense Coffee, implanté au cœur du Limpertsberg depuis plus d’un an déjà. On aime l’idée de pouvoir y acheter tout le nécessaire pour réaliser à la maison un café d’exception.

Le restaurant n’était pourtant pas à vendre. Mais Philippe Jung a eu un coup de cœur pour Paul et Élise Fabuel. Depuis septembre, ils ont repris les rênes de l’institution messine Le Jardin de Bellevue, et prolongent le mythe avec une carte courte, ultra raffinée. À tester absolument.

262, route d’Arlon, Strassen

Pour sa première adresse à l’étranger, la chaîne de coffee shop belge «brunch all day» a choisi Luxembourg pour y prendre ses quartiers. On y déguste des grands classiques de la comfort food, pancakes, bagels et autres burgers en sirotant un excellent café. À souligner, une offre «kid’s friendly», assez rare en ville pour que cela soit souligné! Une adresse feels like home parfaite! Royal-Hamilius, Luxembourg

Si René Mathieu est l’une des figures incontestées du classement qui récompense les meilleurs restaurants à faire la part belle aux végétaux à travers le monde, Cyril Molard vient d’y faire une entrée remarquée, à la 85e place, avec une mention spéciale du jury, pour son aptitude, notamment, à jongler avec les saveurs, les textes et les techniques pour sublimer les végétaux!

4, Ënnert den Héichiewen, Esch-sur-Alzette

58, rue Claude Bernard, Metz

61, avenue Pasteur, Luxembourg

#FoodzillaGuide DÉCEMBRE 2023

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Tous fondus de fromage ! La meilleure nouvelle de l’hiver qui approche à grands pas ? C’est – enfin – le retour de la saison du fromage. Team #raclette ou #fondue ? Journaliste SARAH BRAUN

et tyroliennes, Hot Stone Chalet mettra tout le monde d’accord. Notre conseil? Le «Gröstl tyrolien» soit un plat roboratif et chaleureux à base de pommes de terre, d’oignons, de bœuf et de lard-œuf sur le plat, servi dans une poêle.

À volonté

273, rue de Neudorf, Luxembourg

La raclette, la vraie ! Au Chalet de la Kreuzerbuch, on sert la véritable raclette, soit des demi-meules placées sous un réchaud qu’on gratte au fur et à mesure qu’elles fondent. Régressif à souhait! À déguster également, leur fondue savoyarde ou la reblochonnade! Respirez, vous êtes déjà à la montagne! Mention spéciale pour le cadre, totalement idyllique à l’orée des bois. 117, route de la Kreuzerbuch, Hobscheid

À goûter sans attendre Si le jeu de mots vaut à lui seul le détour, on ne peut que vous enjoindre à tester le Mont Dorf, restaurant hivernal éphémère du domaine thermal. À la carte, des spécialités typiquement montagnardes et généreuses: raclette, fondue, pierrade… Simples et efficaces. Et surtout très bonnes! Ouvert jusqu’au 29 janvier 2024

Direction la Suisse ! Sitôt la porte du restaurant Edelwyss franchie, vous aurez la sensation d’être propulsé à Crans-Montana. Ambiance suisse montagnarde mais chic, avec une carte qui met le fromage à l’honneur – au lait cru et AOP, of course –, le restaurant de Kopstal surfe sur cette niche sans se démoder. Un classique. 34, rue de Saeul, Kopstal

À l’Auberge Thillsmillen, le fromage est à l’honneur. Au menu, raclette – avec une option végétarienne bien pensée – et fondue, évidemment, dans un cadre savoyard chaleureux et convivial. Pour ceux qui n’aimeraient pas le fromage, la carte, plutôt traditionnelle, fera des heureux. Une adresse à fréquenter en famille! 30, rue du Baerendall, Mamer

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Avenue des Bains, Mondorf

Pour les fondus de tradition

En route pour le Tyrol ! Envie de dépaysement à moins d’une heure de la capitale? Direction Vianden, qui vous offrira, le temps d’un dîner, une escapade au Tyrol. Avec sa carte qui fait la part belle aux spécialités luxembourgeoises

Brasserie Schuman, Edelwyss, Shutterstock, Thillsmillen, Chalet de la Kreuzerbuch, Hot Stone Chalet et Mont Dorf, Shutterstock

1, rond-point Schuman, Luxembourg

Chalet VIP

Photos

Fraîchement reprise par les frères De Toffol, la Brasserie Schuman ne déroge pas à sa tradition hivernale. Son élégant chalet montagnard a déjà repris ses quartiers devant le Grand Théâtre, pour vous plonger dans une ambiance après-ski délicieuse.

Véritable institution au cœur de l’hiver, le retour de la raclette à volonté du restaurant La Table de la Chapelle est attendu comme le père Noël au coin du feu. Ici, la raclette est déclinée dans toutes ses saveurs et, surtout, la fondue est préparée par un maître fromager Gault & Millau. On adore ! À déguster midi et soir, mais pensez à réserver 24 heures à l’avance.

37, rue du Sanatorium, Vianden


NEW YEAR’S EVE #happynewyear

31/12/23

MENU SPÉCIAL ET AMBIANCE DJ

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Se réchauffer au cœur de l’hiver ! Soirée jeux, trash pop dégoulinante et aperitivo : les bars rivalisent d’ingéniosité pour des afterworks joyeux au cœur de l’hiver ! Journaliste SARAH BRAUN

dans une ambiance décontractée. De quoi déconnecter en beauté en dehors de la capitale. 3, Op d’Schmëtt, Schmiede / Huldange (le 30 novembre, de 17 h à 21 h)

21-25, allée Scheffer, Luxembourg (tous les jeudis de 19 h à 1 h)

L’iconique soirée du Melusina revient dans une version grelots, vin chaud et bonnet rouge bordé de fourrure. Le mood? Votre playlist de chansons honteuses (classée, au choix, dans «ménage» ou «sport» – I know u know) all night long. Délicieusement régressif et décomplexé. 145, rue de la Tour Jacob, Luxembourg (le 16 décembre, de 22 h à 3 h)

17, rue du St Esprit, Luxembourg (le prochain rendez-vous sera le 5 décembre)

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Afin de mettre en valeur le terroir vinicole luxembourgeois avec lesquels ils travaillent, Camille et Julien de La Villa ont choisi d’égayer leur hiver avec des soirées en compagnie de vignerons. Sur réservation. Tous les mercredis jusqu’au 20 décembre.

Le Bar:Bar se met à l’heure italienne

Le 29 novembre, au Domaine Claude Bentz, 36, route de Mondorf, Remich

Fidèle à sa réputation qui ne faiblit pas, le Palais reste «the place to be». Les jeudis à l’heure de l’apéro c’est DJ Se7en qui ambiance les foules. On y vient aussi pour la carte des cocktails, toujours sympa, et se montrer un peu, mais c’est le jeu! 13, rue du Marché-aux-Herbes, Luxembourg (le 7 décembre de 18 h à 22 h)

Pensé dans la plus pure tradition de l’aperitivo italien, très prisé dans le nord de l’Italie, cet afterwork proposé par le Bar:Bar séduira ceux en manque de soleil au cœur de l’hiver avec un cocktail signature de la maison. Mention spéciale pour la musique live, toujours très appréciée. Salute ! 14, rue de la Boucherie, Luxembourg (le 13 décembre, de 19 h à 21 h 30)

Faites vos jeux au Gudde Wëllen ! Tous les premiers mardis du mois, le Gudde Wëllen organise des soirées jeux de société dans une ambiance décontractée. On adore l’idée, d’autant que pour l’occasion, le Gudde Wëllen propose une carte végétalienne / végétarienne savoureuse.

Honneur aux vignerons

Guy Wolff, Shutterstock, Mike Zenari (archives), Melusina, Bar Central, Bar:Bar et le Palais

Tous les jeudis, le Hitch annonce la couleur du week-end avec une soirée placée sous le signe de la fête. Que l’on y vienne pour dîner, pour un verre ou pour danser – voire les trois à la fois, soyons fous! – chacun y trouvera son bonheur. Chaque semaine, un nouveau DJ vient secouer le dancefloor. On aime!

Le meilleur de la trash pop au Melusina

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Bientôt le week-end !

Roi en son palais ! Make Thursday Great Again au Bar Central Nouveau rituel du Bar Central: Make Thursday Great Again, un afterwork dans le nouveau food court du Knauf Schmiede Luxem­bourg. Au programme, finger food, DJ set et happy hour


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ece Ma r tte

Crêpes au kimchi À l’occasion de l’exposition Hors-d’œuvre au Cercle Cité, Jennifer Olding nous propose une recette qui utilise le kimchi, un produit fermenté dont elle est spécialiste.

Pour 4 personnes

1 Vous pouvez utiliser un mélange de 150 g de farine de pois chiche et 50 g de Maïzena. J’adore la saveur de la farine de pois chiche, mais la mélanger avec de la farine de maïs donne une pâte plus légère et plus aérée pour les crêpes. Ou vous pouvez utiliser 150 g de farine blanche et 50 g de Maïzena.

Avec un peu de vinaigre de riz, c’est délicieux !

2 Mélangez tous les ingrédients ensemble, assurez-vous que tout soit bien incorporé.

• 5 00 g de kimchi • 200 g de farine de pois chiche • 1 cuillère à café de levure chimique • 2 oignons verts tranchés, ou de la ciboulette ­chinoise tranchée, ­ajoutezen si vous aimez la saveur • 200 ml de jus de kimchi, si vous en avez, ou 200 ml d’eau • huile de colza

3 Faites chauffer l’huile dans une grande poêle à feu moyen-vif jusqu’à ce qu’elle soit chaude. Ajoutez une grande cuillère et demie de pâte à la fois. Faites frire deux minutes de chaque côté ou jusqu’à ce qu’elle soit dorée.

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Les produits fermentés sont bons pour la santé.

Paperjam est partenaire de Hors-d’œuvre, exposition consacrée au thème et à la métaphore de la nourriture dans l’art contemporain. Cette exposition met en lumière la relation complexe entre l’Homme et son alimentation et présente l’interprétation artistique de la consommation alimentaire, ainsi que ses effets sur la société et l’environnement, en particulier. Trixi Weis a inauguré l’exposition avec une performance participative economy class. Au Cercle Cité à Luxembourg, jusqu’au 21 janvier 2024.

Romain Gamba

Servir avec des graines de sésame ou du vinaigre de riz mélangé à de l’ail émincé.


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Culture

Les immanquables du mois Tous les mois, Paperjam sélectionne les incontournables de la scène culturelle au Luxembourg. Journaliste CÉLINE COUBRAY

Bonne chance

Le 25 novembre, à 19 h 30 à la Philharmonie

Les 28 et 30 novembre et le 2 décembre, à 20 h, au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg

Noël en famille aux Chrëschtdag Noël est par tradition une période de l’année où la musique et les chansons ont une place particulière. C’est également le temps de se retrouver en famille et de partager ensemble des moments mémorables. C’est pourquoi la Philharmonie organise, pendant deux jours, un festival rempli de mélodies familières et de découvertes, accompagnées par de nombreuses activités.

Laboratoire vivant Le projet expérimental The Collective Laboratory trans­ forme les salles d’exposition du Mudam en espaces de résidence d’artistes. Sous le commissariat de Line Ajan et Clémentine Proby, six collectifs vont travail­ ler pendant sept semaines, introduisant une autre dyna­ mique à ces espaces, entre performance et travail sur des publications. Le public pourra participer aux activités des collectifs à l’occasion d’événements.

Du 27 novembre au 14 janvier, au Mudam

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E SUR PLUS DE CULTUR

16 et 17 décembre à la Philharmonie

Inês Rebelo de Andrade, Simon Gosselin, Crème Soleil et Andrea Rossetti & Héctor Chico

Le grand chef d’orchestre belge Philippe Herreweghe se produira avec l’Orchestre des Champs-Élysées et le Collegium Vocale Gent qui interpréteront la Symphonie n°35 KV 385 «Haffner» et le Requiem KV 626 de Mozart pour un moment de chant choral sans aucun doute mémorable.

Jusqu’au 1er avril au Centre Pompidou-Metz

Giuseppe Verdi pour la musique, Denis Podalydès pour la mise en scène, Éric Ruf pour la scéno­ graphie, Christian Lacroix pour les costumes… Il vous en faut plus ? Falstaff s’annonce comme l’opéra lyrique à ne pas manquer ce mois-ci. Ce dernier opéra de Verdi est une comédie montée dans une production fastueuse, mêlant astucieusement théâtre et opéra. Avec l’OPL et le Chœur de l’Opéra de Lille.

Photos

Mozart : entre mort et majesté

Name-dropping pour Verdi

Plongeon immersif au sein de l’univers tout en trompe-l’œil du duo Elmgreen & Dragset. Ce duo d’artistes propose un ensemble d’installations qui forment autant de récits dans lesquels les visiteurs sont invités à entrer et à imaginer ce qui a bien pu se passer ou est sur le point de se produire. Une exposition saisissante, déroutante… et fascinante.


TUESDA Y

MARCH 26 2024

10 x 6 Leading CIOs’ Challenges 2024 18h30 - 22h30 | Luxembourg City

Ten CIOs will talk about their key challenges: balancing priorities in an uncertain economy, bolstering cybersecurity, improving customer experience, incorporating generative AI models into operations, dealing with supply chain issues and rising costs, managing the transition to a low-carbon economy, enhancing interoperability, and more.

REAL-TIME TRANSLATION

Registration on paperjam.lu/club


Mon style

#GALA

#AFTERWORK

« Pour un événement spécial, je fais toujours le choix de couleurs vives et audacieuses, qui révèlent ma personnalité. Pour moi, ce genre de tenues doit absolument incarner la célébration de la vie. »

#DÉCONTRACTÉE « Pour mes moments plus ‘chill’, j’opte pour un look décontracté, mais toujours chic. Je porte souvent des blazers, qui apportent une touche de raffinement, quel que soit le reste de ma tenue. Ce look allie effort, sophistication sans jamais renoncer au confort !»

Le haut est de Custommade, la jupe H&M et les chaussures ce sont des Christian Louboutin

Le pantalon en cuir est un Original Marines et les chaussures : Laura Biagiotti

Propos recueillis par Guy Wolff Photos

« Après une longue journée au bureau, je twiste ma tenue pour un look sophistiqué et élégant. Le noir, l’or, le cuir et la soie sont les lignes directrices de ce look. Un pantalon élégant en cuir noir et un blazer ajusté, orné de subtils accents dorés, sont des pièces fortes, mais surtout des incontournables de mon dressing. Cette tenue est parfaite pour une soirée en ville ! »

Sarah Braun

Le costume blanc est de Zara et les chaussures de Primadonna

Dans le vestiaire de S 110

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#SPORT

#TRAVAIL Seda Tugay

Head of project management office (Kerry) et auteur de The Science of Food Pairing: Exploring the Chemistry of Flavor

« Plus qu’un sport, le roller est véritablement une passion pour moi ! Quand je m’y adonne, je mise sur un style sportif et fonctionnel, soit des tenues ajustées, pour une expérience optimisée, que j’associe à des équipements stylés. » Top de chez No Fear, le bas Tommy Hilfiger et des rollers Salomon

« Quand il s’agit d’aller au bureau, j’opte pour une approche ultraméticuleuse de mon look, qui doit refléter ma profession de gestionnaire de projet. J’aime les belles pièces, qui ont une belle tenue, comme des costumes cintrés, que j’associe à des chemises à la coupe impeccable. J’aime cependant ajouter une touche un peu plus personnelle, à l’instar des cravates colorées, pour manifester un peu plus d’audace. Ma tenue doit refléter une attitude professionnelle, mais accessible. » Costume et manteau de chez Zara, t-shirt : Piazza Italia et chaussures Primadonna

Seda Tugay DÉCEMBRE 2023

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Mobilier

Les coups de cœur d’Anouk Thill « Je trouve cette lampe à la fois innovante et pratique dans le sens où, même sans un point lumineux, il est possible de l’installer à l’endroit souhaité. »

« Modulaire à l’infini et contemporain, il s’adapte à son envi­ ronnement intérieur et à chaque espace disponible. Il peut être divisé ou groupé, constamment, selon les moments de vie. »

Lampe Endless

de Davide Groppi (2018)

Canapé Camaleonda de Mario Bellini (2020) B&B Italia

Davide Groppi

« C’est un classique intem­porel et confortable. C’est un ‘Freischwinger’ qui rythme le quotidien pour celui qui s’y installe. »

Table Tulipe

d’Eero Saarinen (1957) Knoll

Chaise S32

de Marcel Breuer (1929)

« Nu ou habillé de fleurs, ce vase reste magnifique, créant un jeu d’ombre et de lumière. Il donne un ton musical en rappelant l’instrument majestueux qu’est l’orgue. »

Vase Nuage

de Ronan & Erwan Bouroullec (2016) Vitra

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DÉCEMBRE 2023

Anouk Thill Anouk Thill est architecte d’inté­ rieur et cofondatrice du bureau A+T Architecture. Le travail du bureau s’oriente vers l’architecture contemporaine, le design d’intérieur, travaillant avec des clients privés et publics.

Knoll, B&B Italia, Thonet, Davide Groppi, Vitra et Anouk Thill

Thonet

Photos

« Une table ronde est toujours conviviale. Avec le pied au milieu, elle apporte un confort indiscutable, pas de pied de table qui gêne. »


Guy Hoffmann, ABBL


Drive

Des deux-roues de demain dès aujourd’hui Journaliste THIERRY LABRO

Des Birkenstock à huit roues motrices

Ni moto ni scooter électrique, la BMW CE 02 est une «eParkourer», dit la marque allemande qui en a commencé la production pour les marchés européen et américain. Avec des temps de charge de 20% (2,3 heures) à 80% (2,8 heures), cette moto électrique conçue en partenariat avec TVS Motor Company peut flirter avec les 100km/h.

Un deux-roues électrique, pliable et pour moins de 1.000 euros. Le pari de Ride1Up pourrait intéresser de nombreux frontaliers qui prennent le TER et n’aiment pas le tram. Avec ses 26 kilos, le Portola peut atteindre les 45km/h… pour autant que les bouchons ou les trottoirs encombrés ne viennent pas perturber le voyage.

Prix indicatif : autour de 7.200 euros Autonomie : 90 km Poids : 132 kg

Gogoro Crossover La révolution est en marche. Enfin, en scooter. La start-up, parmi les nouveaux acteurs de mobilité préférés du MIT, a lancé un premier scootercrossover disponible en 120 couleurs. Outre son moteur synchrone à aimant permanent refroidi par eau en alliage d’aluminium G2.2 qui fournit une puissance maximale de 7,6 kW, le crossover à la ligne fluide est doté de ces batteries qu’on peut aller changer dans des armoires disposées un peu partout. Prix indicatif : non disponible en Europe Autonomie : 100 km Poids : N.C.

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DÉCEMBRE 2023

Volcon Grunt Evo La moto des cow-boys qui explorent des contrées lointaines. Pour autant que le cow-boy ait envie de s’asseoir sur un engin électrique aux grosses roues, à l’autonomie de 115 kilomètres en mode «tranquille». La marque du Texas surfe sur l’énorme intérêt en Amérique latine, profitant de la possibilité de recharger en deux à quatre heures sur une prise normale. Prix indicatif : à partir de 6.000 dollars Autonomie : 115 km Poids : 130 kg

Prix indicatif : 850 euros Autonomie : 32 km ou 65 km, selon la batterie choisie Poids : 26 kg

« Le permis pour SUV n’est pas à l’ordre du jour!» Un projet européen emmené par la députée verte française Karima Delli restreint l’accès à ce type de véhicule.

François Bausch Neco e-Pop Vous connaissiez la K-Pop, ce genre musical venu de Corée? Vous connaîtrez bientôt l’e-Pop, le deux-roues silencieux qui va faire du bruit, dit avec malice la marque belge Neco à l’origine de cet objet sympa. Noir, orange, vert ou jaune, son petit style permettra de frimer sans faire rugir le moteur… Prix indicatif : 1.999 euros Autonomie : 60 km Poids : 57 kg

Ministre de la Mobilité

Matic Zorman (archives), BMW, Gogoro, Volcon, Ride1Up, Neco et Birkenstock

Ride1Up Portola

Photos

BMW CE 02

Parions que le summum de l’élégance sera bientôt de porter des socquettes blanches… avec les Moonwalkers de Shift Robotics. Ces Birkenstock à huit roues motrices promettent d’aller deux fois et demie plus vite que le rythme normal de marche. Ses promo­teurs ont été vite rassurés: alors qu’ils cherchaient à lever 90.000 dollars sur Kickstarter, 570 contri­buteurs leur ont apporté près de 330.000 dollars, signe d’un inté­rêt manifeste pour « les chaussures qui vont le plus vite au monde ».


Corinne Lamesch, Alfi


FO ND

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ÉDITION DÉCEMBRE 2023

Rédaction

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Téléphone 20 70 70 E-mail press@paperjam.lu

RÉDACTEUR EN CHEF

Mike Koedinger

RÉDACTEUR EN CHEF

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SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Serge Ricco (direction artistique) et Guy Wolff (photographie)

Thierry Labro (-105) Jennifer Graglia (-108)

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

Marc Fassone (-157) Ioanna Schimizzi (-120)

Éditeur

COUVERTURE

Brand Studio

www.maisonmoderne.com Téléphone 20 70 70 E-mail publishing@maisonmoderne.com PRÉSIDENT

Téléphone 20 70 70-300 E-mail brandstudio@maisonmoderne.com

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Léna Fernandes (-126) Maëlle Hamma (-125) Catherine Kurzawa (-115) Guillaume Meyer (-116) Rebeca Suay (-123) Pierre Théobald (-319)

DIRECTEUR BUSINESS DEVELOPMENT

FONDATEUR, CEO ET DIRECTEUR PUBLISHING HOUSE

LIFESTYLE ET VIE PRATIQUE

CONSEILLERS MÉDIA

ENTREPRISES ET STRATÉGIES

Céline Coubray (-162) RÉSEAUX SOCIAUX

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PAPERJAM + DELANO GUIDE BIOGRAPHIES ET DATA

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Pauline Berg, Didier Hiégel, Sarah Lambolez, Manon Méral PHOTOGRAPHES

Romain Gamba, Guy Wolff, Matic Zorman

Pierre-Alexis Quirin

HEAD OF MARKETS & BUSINESS

Florence Christmann

ASSISTANTE COMMERCIALE

Céline Bayle (-303)

Aïssa Abeid (-315) Laurie Cros (-310) Géraldine Gij (-307) Mélanie Juredieu (-317) Marie Langlais (-325) Emmanuelle Mitchell (-318) Jean-Claude Negri (-314) Aline Puget (-323) Barbara Wiesen (-309) HEAD OF CLUB SALES

Virginie Laurent (-322)

Mike Koedinger COO

Etienne Velasti DIRECTEUR BUSINESS DEVELOPMENT

Pierre-Alexis Quirin

DIRECTOR BUSINESS CLUB

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COURRIER POSTAL BP 728, L-2017 Luxembourg BUREAUX 10, rue des Gaulois, Luxembourg-Bonnevoie 10, avenue de la Liberté, Luxembourg-Gare

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DÉCEMBRE 2023

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DÉCEMBRE 2023

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#Under50

Simon Loutid, l’entrepreneur au grand cœur Diplômé d’un master audit, contrôle de gestion et reporting, Simon Loutid, 30 ans, a troqué son costume de financier pour enfiler la toque de pâtissier en 2022. Avec Simon le Financier, sa marque de gâteaux inclusifs et artisanaux, il permet à des personnes en situation de handicap de mettre un pied dans le monde du travail, avec la Ligue HMC.

Avec son entreprise de confec­tion de gâteaux, Simon Loutid permet à des personnes en situation de handicap de s’in­sérer par le travail. Elles confectionnent et emballent les douceurs sucrées dont les recettes ont été imaginées par cet ancien professionnel de la finance. À quel âge avez-vous su que la pâtisserie serait votre métier ? Tard, même si j’ai des flashback de mon enfance, en cuisine avec ma mère. Lors d’un volontariat en entreprise en Italie, pour la première fois, j’ai eu accès à un four. Pendant les études, on est souvent dans de petits studios mal équipés. J’ai fait mes premiers macarons et l’idée est née. Je me suis entraîné, je faisais goûter à des collègues. À la fin de l’année 2019, j’ai commencé le CAP de pâtisserie en candidat libre. Puis je me suis lancé. J’avais besoin de faire quelque chose qui apporte une plus-value. Quand quelqu’un goûte un gâteau et que je vois un sourire, c’est très concret. Votre quotidien correspond-il à ce que vous attendiez ? Je ne m’attendais à rien de précis. J’étais juste prêt et motivé. Mon quotidien m’épanouit et je ne compte pas mes heures, car je porte un projet qui a des valeurs, 118

DÉCEMBRE 2023

c’est stimulant. J’aurais regretté de ne pas l’avoir fait. Quels sont les plus grands challenges auxquels votre entreprise fait face ? La communication et la noto­riété. Pour une petite entreprise, c’est plus difficile de se faire connaître. Le côté finan­cier est aussi un challenge. On attend d’une entreprise qu’elle soit rentable au bout d’un an. Pour moi, ce n’est pas le plus important. Je veux surtout installer la marque, faire rayonner ses valeurs d’inclusion et de solidarité, car toute personne handicapée doit avoir l’opportunité de travailler. Comment voyez-vous votre entreprise dans cinq ans ? Qu’elle devienne une référence, avec une marque bien identifiée pour permettre encore plus de travail aux personnes en situation de handicap. Six ont déjà pu travailler jusqu’à présent. Quel est votre message pour les décideurs politiques ? Les ateliers d’inclusion sont une initiative à poursuivre. Mon message serait plutôt pour les entreprises: que celles qui se disent sensibles à la RSE fassent aussi vivre ces ateliers! Interview MAËLLE HAMMA Photos GUY WOLFF

« Quand quelqu’un goûte un gâteau et sourit, c’est concret. » SIMON LE FINANCIER Collaborateurs Les cookies, moelleux et financiers sont élaborés par des personnes en situation de handicap, avec la Ligue HMC à Capellen et emballés par la Fondation Kräizbierg à Dudelange. Actionnaire et Fondateur Simon Loutid, originaire de la région parisienne, a d’abord travaillé comme assistant comptable, puis comme contrôleur financier à la SNCF et chez Rémy Cointreau. En Italie, il exerce en finance data et business reporting chez Fiat. Il s’installe au Luxem­ bourg en 2020 comme contrôleur financier à l’Uni, puis lance son entreprise en 2022.


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