Paperjam janvier 2024

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JANVIER 2024

ENJEUX

NUMÉRO 241

Property Bien management transmettre son entreprise

Business zu Lëtzebuerg

La philosophie de Luc Frieden 2023-2028

POLIT-RADAR Notre monitoring sur cinq ans

LOGEMENT

RETRAITES IMPÔTS

5 453000 074017 01 5€

DETTES



Édito #Politique

La confiance, cet enjeu complexe Pour pouvoir bien «juger» de la pertinence de l’action d’un Premier ministre et, par extension, de son gouvernement, il faut s’asseoir dans son fauteuil, regarder les options qui s’offrent à lui et comprendre pourquoi il est prêt à assumer tel arbitrage plutôt que tel autre. Il y a exactement 13 ans que le Premier ministre d’alors m’a donné cette leçon de « chose politique » au ministère d’État. Jean-Claude Juncker s’étonnait de la manière dont les médias analysaient son action. Cette métaphore n’a rien perdu de sa force à une époque où les populistes simplifient à outrance les manières de recevoir les messages politiques alors que des armées d’économistes à la Banque centrale européenne, à l’OCDE ou ailleurs échouent régulièrement à prédire l’impossible ; et où l’opposition promet d’être constructive en même temps qu’elle critique sans que Luc Frieden n’ait encore dit quoi que ce soit. « Der neie Luc » – le « nouveau Luc » – n’aura pas de période de grâce, les fameux 100 jours. Il n’a pas de marge financière pour susciter l’adhésion à son projet. Et les derniers résultats de la Banque centrale du Luxembourg ne témoignent pas non plus d’un engouement sans précédent de la population. Les milieux économiques et financiers se réjouissent plus ou moins discrètement de l’arrivée aux manettes de la coalition « la plus business », tout en invitant à ne pas trop s’enflammer tout de suite. Au moment

de présenter sa philosophie, le chef du gouvernement en appelle tout de même à la confiance. Et répète à l’envi que les citoyens et les entreprises peuvent être sûrs qu’il mettra de l’huile partout où la mécanique grince depuis des mois. Si, évidemment, juger sur pièce sera préférable, les hommes de progrès devraient relire les théories économiques sur la confiance. Kenneth Arrow, Douglass North, Francis Fukuyama et Robert Putnam ont tous démontré que la confiance est aussi le puissant moteur de la cohésion sociale et du développement harmonieux. L’espérer puis la mériter, elle qui se gagne en gouttes et se perd en litres, est déjà un premier challenge.

Rédacteur en chef THIERRY LABRO

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Sommaire Janvier 2024

POLITIQUE ET INSTITUTIONS

PLACE FINANCIÈRE

10 MARTINE KEMP

14 LAURENT ZAHLES

« Je me vois comme une ambassadrice de l’Europe » 18 LUC FRIEDEN

« Je ne gouverne pas en théorie ! » ENTREPRISES 12 LAURE ELSEN

« Mon espoir est que l’on continue à rassembler les gens »

« Dans l’immobilier, les gens adoptent une position attentiste » 32 FABIO REGIS ET LOLI SPINOLA

« Le Luxembourg est un connecteur naturel pour la Chine »

28 BADY MINCK

« Le cinéma est un amalgame de tous les arts » 40 JEFF OBERWEIS

« Je fonctionne à l’opportunité » 46 MARIO TREINEN

« Nous voulons être le réseau de distribution préféré »

18

Le cadre que le gouvernement veut mettre en place, explique Luc Frieden, favorisera « une croissance inclusive ».

50 MIKE KOEDINGER

« L’avenir de la presse est numérique » 52 FABIAN GILLET ET MIKE LAHR

Photos

Guy Wolff

« Il faut sortir du cliché du gros bras »

28

Pas prise au sérieux à ses débuts, la première femme productrice de films, Bady Minck, a réussi à imposer les projets dirigés par des femmes.

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Sommaire Janvier 2024

68 ENJEUX

Property management aux petits soins 70 Les multiples casquettes du property manager 72 Faire rimer immobilier et ESG

58

Marc Giorgetti et les promoteurs immobiliers prennent position sur le projet du gouvernement.

74 Collecter la donnée et décloisonner les métiers 78 Laurent Rouach : «Les proptech, alliées incontournables du property manager »

PORTFOLIO

58 La construction apporte

sa pierre à l’édifice

82 Une année 2023

à tirer des portraits

92 CLUBLETTER

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FOODZILLA

96 NEWS Julien Cliquet : traiteur de luxe

D’une ancienne ferme familiale, l’architecte Philippe Nathan a fait sa propre demeure.

98 LA LISTE DU MOIS Champagne shower ! 100 AFTERWORK Les festivités démarrent 102 MA RECETTE Pink Risotto – Risotto d’automne à la betterave 104 CULTURE Les immanquables du mois 106 MON STYLE Dans le vestiaire de Marco Gilardi 108 MONTRES L’heure de rêver un peu

Photos

Guy Wolff

110 MA MAISON Nettoyage intensif 112 MOBILIER Les coups de cœur de Stefano Moreno 118 #Under50 Atelier Bauer & Rathmann

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Le fauteuil de Joe Colombo, un des coups de cœur de Stefano Moreno.

ADVERTORIAL 16 Carmignac Un succès porté par des convictions fortes

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Ristretto #Politique

« Je me vois comme une ambassadrice de l’Europe » Le cycle électoral entamé en juin 2023 se conclura en juin 2024 avec les élections européennes. Martine Kemp (CSV), toute nouvelle députée européenne, parle des enjeux de cette élection, du rôle de député et de son engagement européen.

Les élections européennes sont les premières élections auxquelles vous avez participé. Pourquoi avoir choisi le champ politique européen plutôt que national ? L’UE me fascine beaucoup depuis que je suis jeune. C’est fascinant de voir comment tous ces pays ensemble essayent de trouver leur chemin commun sans laisser personne sur la route. C’est très important pour notre futur. C’est cette vision qui m’a attirée vers la politique européenne. Mais j’aurais aussi pu m’engager dans la sphère communale. Comment voyez-vous votre rôle de députée européenne ? Les gens ne réalisent pas quel impact positif a l’Europe sur leurs vies. Je crois qu’il est fondamental de rapprocher les citoyens de l’Europe. C’est mon ambition. Je me vois comme une ambassadrice de l’Europe auprès des Luxembourgeois. Il faut faire face aux tentatives de désinformation de l’extrême droite et rappeler aux gens l’importance de l’Union européenne. Et, en tant que député européen pour le Luxembourg, je veux montrer aux Européens la richesse de mon pays – un pays d’intégration, un pays multiculturel. Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur et que vous aimeriez contribuer à faire avancer ? Cette semaine (l’interview a été réalisée le 24 novembre 2023, ndlr), deux projets qui me tiennent à cœur étaient à l’agenda. D’abord, le Corps européen de solidarité, un programme qui offre aux jeunes la possibilité de se porter volontaire ou de travailler sur des projets dans leur propre pays ou à l’étranger, au profit de communautés et de personnes dans toute l’Europe, et dont nous avons augmenté les crédits. Et puis, nous avons parlé des emballages, thématique que je trouve très importante pour l’environ­ nement. Des projets concrets qui ont un impact direct sur la vie quotidienne. 10

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Beaucoup ont l’image d’un Parlement européen qui ne sert pas grand-chose, à part s’occuper de la forme des bouteilles de vin. Que répondezvous à cette critique ? De l’extérieur, on peut avoir l’impression que le Parlement européen se perd dans les détails. Ce n’est pas la réalité. Nous nous penchons sur des dossiers précis et très techniques qui ont un impact sur la vie de tous les jours des Européens. Pensez-vous que le grand public et l’électeur moyen soient conscients de tout le travail que nécessite un mandat de député européen, et de l’importance du Parlement dans sa vie quotidienne ? Non. Mais cela ne m’empêche pas de travailler. Et d’essayer d’expliquer aux gens que je rencontre ce que je fais de mes journées. Moi-même, avant de siéger, je ne me rendais pas compte de la réalité du travail d’un élu européen. Il fait soigner la communication sur le sujet pour que les gens prennent conscience des enjeux et de l’importance de ce qui se joue au Parlement.

PARCOURS Martine Kemp est diplômée en sciences sociales et en ingénierie des transports. Elle est arrivée troisième sur la liste CSV aux européennes en 2019. À ce titre, elle remplace Christophe Hansen, élu à la Chambre des députés en octobre.

Qu’est-ce que l’engagement politique, pour vous ? C’est un engagement de cœur. Depuis toute jeune, je participe à la vie associative. J’ai vu et entendu beaucoup de choses. Mon but est de représenter les gens et de donner une voix à ceux qui ne peuvent en avoir. Serez-vous candidate aux prochaines élections européennes, ou souhaitez-vous l’être ? Oui, clairement.

Journaliste MARC FASSONE Photo GUY WOLFF


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Ristretto #Entreprises

«Mon espoir est que l’on continue à rassembler les gens» Accentaigu fête ses 20 ans d’existence. À cette occasion, la directrice de l’agence, Laure Elsen, décrypte comment l’écologie a fait évoluer le monde de l’événementiel.

Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts il y a 20 ans ? En 2003, c’étaient encore les temps glorieux de l’événementiel. La crise financière de 2008 a beaucoup freiné notre activité et on a dû apprendre à faire de beaux événements avec un budget restreint. Puis la notion environ­ nementale s’est ajoutée vers 2015. Nous n’avions pas conscience de tout cela au début. Quels défis avez-vous rencontrés ? Le plus grand défi, c’est que les gens continuent à passer un bon moment tout étant écoresponsables. On le sait, un événement, c’est polluant. On essaie de ne plus faire de badges jetables ou de ne pas faire venir les cadeaux d’entreprises de Chine. Mais parfois, on pollue malgré nous. La loi ne nous permet pas d’apporter les repas en trop à des asso­ ciations, par exemple. Quelles sont les nouveautés ? On propose de limiter l’impact environnemental en cumulant deux événements. Aussi, les menus ou programmes étaient en papier auparavant. Désormais, on privilégie le QR code. En tant que secteur polluant, l’événementiel reste-t-il pertinent ? À un moment, l’événementiel a été remis en question. Mais les humains ont besoin de se retrouver, de passer de bons moments ensemble. Le fait de réunir des gens, ça va toujours rester. Mais nous devrons nous adapter et réfléchir à de nouvelles solutions. À quoi ressemble un événement écoresponsable ? On a fait un slow event. C’était une première pour nous. Nous avons proposé du yoga et du forest bathing. Les clients ont planté des légumes et upcyclé leurs vêtements. On peut éduquer d’une façon ludique. Vous savez, les événements doivent être pensés différemment et ne sont pas toujours si polluants. 12

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Que pensez-vous du greenwashing ? Cela existe. Mais nous n’avons pas d’entreprises qui viennent nous voir en voulant paraître plus vertes. Certaines demandent des green events, mais ce n’est pas du greenwashing. Pour l’éviter, on a une réglementation stricte, en plusieurs étapes, qui permet de labelliser un événement. On le propose tout le temps à nos clients. Quelle est votre responsabilité en tant qu’agence événementielle ? Nous sommes conscients que l’événementiel va à l’encontre de l’écologie. Vis-à-vis de nos employés, certains se demandent même s’ils vont continuer à travailler dans ce secteur. Je le comprends. C’est ma passion, mais l’impact environnemental va à l’encontre de mes convictions personnelles. Comment envisagez-vous l’avenir ? Mon espoir est que l’événementiel survive, que l’on continue de rassembler les gens, parce que c’est indispensable. Nous devrons trouver au plus vite des solutions pour rendre le métier moins polluant. Mais à la fin, c’est le client qui décide. En tant qu’agence, nous ne sommes que prescripteurs de changement.

LABEL Trois événements organisés par Accentaigu ont reçu cette année le label Green Business Events, décerné par le ministère de l’Économie.

Journaliste CLÉMENTINE KRATZ Photo ROMAIN GAMBA


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Ristretto #PlaceFinancière

«Dans l’immobilier, les gens adoptent une position attentiste» Nouveau CEO de la Banque Raiffeisen à compter du 1er janvier, Laurent Zahles fait le point sur le marché de la pierre, marqué par une demande en berne. Sa priorité : développer la stratégie « phygitale » de l’établissement.

Avec la hausse des taux, avez-vous serré la vis en matière d’octroi de crédits immobiliers ? Non, dans la mesure où notre approche n’a pas changé. Dans le passé, nous avons notamment aussi examiné la capacité de remboursement dans l’hypothèse d’une remontée des taux. Mais bien évidemment, avec le niveau actuel des taux et des prix de l’immobilier au Luxembourg, les emprunteurs sont forcément plus proches de leurs limites. Dans ce contexte, le rôle du banquier est de rester responsable et professionnel, et aussi de protéger le consommateur. Comment la demande évolue-t-elle dans l’immobilier ? Les gens adoptent une position attentiste. Même quand les taux et les prix ne sont pas un obstacle, la confiance peut faire défaut. Pour ce qui est des nouvelles affaires, le marché est donc très faible. Depuis un an, les demandes de crédit sont en fort recul : la baisse dépasse 40 % pour les nouveaux dossiers. On peut à peine parler de marché en matière de nouvelles constructions tant elles tournent au ralenti. Là où nous avons encore des transactions, c’est sur l’ancien : quand le prix est correct et à la portée des acquéreurs, des ventes se font. Est-ce que les défauts augmentent ? Les prêts non performants ont un peu augmenté, mais dans des proportions qui restent acceptables pour une banque qui traite des milliers de dossiers par an. Autrement dit, si quelques dossiers ont donné lieu à des restructurations, notre portefeuille demeure de bonne qualité. Nous n’avons jamais été les acteurs les plus agressifs du marché, notre approche a toujours été prudente. Comment la hausse des taux impacte-t-elle votre marge d’intérêts ? Avec la hausse des taux, nos résultats d’intérêts ont évolué très positivement. Si notre marge commerciale, c’est-à-dire la différence entre 14

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les intérêts reçus sur les crédits et les intérêts payés sur les dépôts, est restée relativement stable cette année, les résultats sur les moyens propres de la banque ont par contre augmenté de façon assez importante. Quelles sont vos priorités à la tête de Raiffeisen ? D’abord de maintenir la confiance et la satisfaction de notre clientèle et de nos employés. Pour répondre à l’évolution des comportements et des besoins des clients privés et professionnels, il faut continuer à développer la stratégie « phygitale », c’est-à-dire à la fois les canaux physiques et digitaux. Autre priorité : affiner notre positionnement en matière ESG. Quelles sont vos intentions concernant le réseau d’agences ? Les agences restent notre principal canal de distribution. Nous en avons aujourd’hui une trentaine, y compris une agence online. À l’horizon de deux à trois ans, la taille du réseau ne devrait pas beaucoup varier. Nous l’avons déjà optimisé pour coller à l’évolution des usages. Nous avons regroupé un certain PARCOURS nombre d’agences pour avoir des Laurent Zahles a consacré toute sa entités plus grandes, avec aussi carrière au monde davantage de spécialistes sur les bancaire. Après ses différents sites, dans un objectif débuts à la Banque générale du Luxemd’homogénéité de l’ensemble ­bourg, il a rejoint du réseau.

la Banque Raiffeisen en 2007. Il est membre du comité de direction de l’établissement depuis avril 2020.

Journaliste GUILLAUME MEYER Photo ROMAIN GAMBA


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Fonds d’investissement

Un succès porté par des convictions fortes Contenu sponsorisé par CARMIGNAC

Comment a évolué l’activité de Carmignac au fil de ces 25 années ? Au fil de toutes ces années, en partant de zéro, nous avons développé une forte expertise tout en veillant à préserver notre indépendance. Aujourd’hui, le groupe compte 300 collaborateurs et gère 30 milliards d’euros d’encours. Le Luxembourg, où nous comptons 60 collaborateurs, est notre principal hub de distribution. À partir du Grand-Duché,

TEMPS FORTS DE CARMIGNAC DEPUIS 1989

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nos équipes sont allées à la rencontre des partenaires à travers l’Europe pour référencer nos produits. L’ouverture d’autres bureaux, en Italie, en Espagne, en Allemagne, en Suisse et au RoyaumeUni, a accompagné ce développement commercial. Le Luxembourg, cependant, demeure le cœur de ce réseau. Qu’est-ce qui fait la particularité de Carmignac et de ses produits ? Dès l’entame de cette aventure entrepreneuriale, initiée avec Edouard Carmignac, la volonté a été de mettre à disposition des investisseurs retail des expertises en matière d’investissement qui ne sont normalement accessibles qu’à des acteurs institutionnels. C’est cette approche qui nous anime encore aujourd’hui et qui fait le succès de Carmignac. Nous opérons une gestion active, indépendante, portée par des convictions fortes. Notre indé­pendance est un élément déterminant de notre succès et un facteur clé de différenciation dans l’industrie.

1989

Création de Carmignac par Edouard Carmignac et Eric Helderlé à Paris. Distribution en France

1999

Ouverture du bureau au Luxembourg. Début de la distribution internationale

« La volonté est de rendre accessible aux investisseurs retail des expertises géné­ralement orientées vers les acteurs institutionnels.»

Photo

Depuis 25 ans, quel regard portez-vous sur le développement de l’activité d’asset management au Luxembourg ? ERIC HELDERLÉ C’est au départ du Luxembourg que nous avons choisi, dès 1999, d’engager le développement de notre activité à l’échelle du marché européen. La place financière luxembourgeoise, en intégrant des réglementations européennes comme UCITS ou AIFMD, nous a offert la possibilité de commercialiser efficacement nos divers produits à travers l’Europe.

Eva Krins (Maison Moderne)

Eric Helderlé, cofondateur et managing partner de la société de gestion d’actifs indépendante Carmignac, évoque les 25 ans de développement de l’activité au départ du Luxembourg.

2008

Patrimoine se distingue comme l’une des très rares stratégies en territoire positif pendant la crise financière mondiale. Ouverture de bureaux à Madrid et à Milan

2011-2012

Carmignac ouvre des bureaux à Francfort et à Londres


CARMIGNAC EN CHIFFRES

30,3

MILLIARDS D’EUROS D’ACTIFS SOUS GESTION 6 stratégies sur les 25 mises en œuvre ont plus de 1 milliard d’euros d’actifs sous gestion.

7

BUREAUX EN EUROPE Carmignac est présente à Paris, à Luxembourg, à Londres, à Franc­ fort, à Zurich, à Madrid et à Milan. La société distribue ses produits dans 15 pays à travers le monde.

+300

COLLABORATEURS parmi lesquels 61 gérants de fonds et analystes. Parmi ses équipes, Carmignac recense 31 nationalités.

développons des stratégies plus spécifiques pour les professionnels – actions obligataires, diversifiées ou encore orientées vers l’alternatif – en veillant à proposer des produits à forte valeur ajoutée. Six de ces stratégies ont un encours supérieur à un milliard d’euros.

Elle est notamment garantie par nos fonds propres qui s’élèvent à plus de 2 milliards d’euros. Nous demeurons une société familiale, qui appartient à ses fondateurs et à ses collaborateurs. Notre destin se trouve donc entre nos mains. C’est ce qui nous permet de mettre en œuvre des stratégies originales qui s’appuient sur nos convictions. Quelles sont ces convictions qui orientent vos démarches de gestion ? Nous cherchons à prendre des positions sur des marchés au potentiel de croissance important sur le long terme, considérant des tendances socio-­ économiques majeures. Par exemple, les marchés émergents ont constitué

2012

Signataire des Principes pour l’Investissement Responsable des Nations Unies (UNPRI).

2014

Ouverture d’un bureau à Zurich. >200 collaborateurs

un axe d’investissement fort dès 1989. La technologie est un autre territoire d’investissement important. Ces deux expertises ont permis de profiter d’une appréciation forte de la valeur des actifs. De la même manière, la gestion des risques figure au cœur de notre approche d’investissement. C’est ainsi que, dès 2012, nous avons investi considérablement en faveur de l’investissement responsable. Comment cela se traduit-il dans les stratégies mises en œuvre ? Carmignac Patrimoine, notre produit retail phare, est un fonds diversifié à travers lequel s’expriment toutes nos expertises. À côté de cela, nous

2021

Carmignac passe le cap des 300 ­collaborateurs

2023

Quelles ont été les principales étapes de ce développement ? 2008 a constitué un tournant majeur. La crise financière a permis de révéler notre capacité à gérer des actifs dans un marché tendu, fortement orienté à la baisse. À cette période, Carmignac Patrimoine était l’une des rares stratégies du marché à n’avoir pas évolué en terri­toire négatif. Notre objectif principal a toujours été de permettre à nos clients de participer à la hausse des marchés tout en préservant leur capital dans les phases baissières. À la suite de cela, en renforçant en permanence nos expertises, par exemple dans le domaine du crédit ou encore de la dette émergente, nous avons toujours veillé à démontrer que la gestion active permet de faire mieux que les indices. C’est pour cela que les clients se tournent vers nous.

Classement de plus de 90 % des actifs sous gestion comme produits financiers à caractère social et environ­ nemental ou ayant des objectifs durables (art. 8 & 9 du règlement SFDR)

RENDEZ-VOUS SUR CARMIGNAC.LU POUR PLUS D’INFORMATIONS

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Conversation Luc Frieden

« Je ne gouverne pas en théorie ! » De retour de ses deux premières sorties, à Paris chez le président français, Emmanuel Macron, et à Bruxelles auprès de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre, Luc Frieden, s’est arrêté une heure, au ministère d’État, le 1er décembre, pour préciser sa philosophie. Et réaffirmer sa volonté d’agir concrètement. Journalistes MARC FASSONE ET THIERRY LABRO

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Portrait GUY WOLFF


« Le gouvernement n’a pas peur de la croissance », assure le Premier ministre, Luc Frieden.


Conversation Luc Frieden

Nous avons encore un peu de mal à comprendre comment a été composé ce gouvernement. Nous nous attendions à un ministère du Logement fort et il est attribué à Claude Meisch, qui devra s’occuper d’un autre ministère important ; nous avons entendu le poids de la digitalisation et ce n’est pas l’offenser que de dire que le choix de Mme Obertin est surprenant ; la réforme administrative a été saucissonnée au niveau de chaque ministère. À la Chambre des députés, vous avez annoncé vouloir être un leader d’équipe, mais expliquez-nous ces choix. La composition d’un gouvernement est toujours une affaire complexe dans un gouvernement de coalition et par rapport à notre système électoral. Le choix des ministres, mais aussi la répartition des portefeuilles doivent tenir compte de tout un nombre de critères qui sont différents de nominations que l’on ferait au sein d’une entreprise. Nous avons négocié entre les deux partis la répartition des portefeuilles. Il appartient à chaque chef de délégation et parti politique de décider par la suite à qui il attribue tel ou tel portefeuille… Et vous, vous êtes tenu de dire « oui » à cette proposition ? Cela s’est fait en concertation entre Xavier Bettel et moi-même, et en étroite coopération avec Claude Wiseler, qui a présidé la délégation du CSV. Sur la politique du logement et sur celle de l’immigration, après mûre réflexion et après avoir analysé la complexité des questions qu’il faut aborder, j’ai trouvé essentiel que les deux partenaires de la coalition soutiennent à chaque instant la démarche que le gouvernement entreprend. L’idée de tout regrouper dans un seul ministère nous aurait fait perdre beaucoup de temps puisqu’en matière de logement, il s’agit d’aménagement du territoire, d’environnement, de fiscalité, de logement abordable, d’aides sociales… C’est tellement vaste que le regroupement était techniquement et politiquement impossible. Aujourd’hui, en ma qualité de chef d’équipe, ensemble avec les ministres compétents, nous allons mettre en œuvre le programme que nous nous sommes donné. Je demande aux citoyens de donner à chaque ministre un peu de temps pour qu’ils puissent démontrer qu’ils sont à la hauteur de la 20

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mission que nous leur avons donnée. Cette mission est très claire : exécuter le programme gouvernemental. Ni plus ni moins. C’est un programme ambitieux et pour cinq ans. Et pas pour deux semaines. Toujours à propos des nominations, quelle a été votre influence dans le choix de Martine Deprez comme ministre de la Santé et de la Sécurité sociale ? C’était mon choix ! Je veux avoir un grand débat sociétal sur la viabilité à moyen et long termes de notre système de retraite. J’ai choisi une ministre qui a une grande compétence en matière de systèmes de retraite, ce qu’ignorent beaucoup de gens dans le public, et qui a un style qui lui permet de parler à toutes les couches de la population. Pour moi, le débat sur le financement à moyen et long termes des retraites est un débat qui dépasse de loin le court-termisme d’une tripartite ou de certaines mesures fiscales. Je lui ai demandé de mener ce débat.

« Le nouveau Luc est beaucoup moins stressé… »

La réforme des retraites a pourtant été la grande absente des débats en vue de ces élections législatives… Elle n’a pas été abordée du tout. Mais je trouve que c’est de notre responsabilité d’aborder ce sujet de manière réfléchie et calme. C’est peut-être bien qu’il n’ait pas été abordé pendant la campagne à cause de la complexité du sujet et du temps qu’il faut pour en discuter. Maintenant, nous sommes à un moment opportun pour le faire. Cela nécessite du temps, mais nous allons le mener, ce débat.

D’autant que certaines analyses disent que la courbe des réserves va s’inverser dès 2027 et que les caisses, en l’état actuel des choses, seront vides en 2047… Il y a plusieurs éléments. Le premier, c’est que nous avons décidé, déjà en 2012, d’un système qui permet d’ajuster certaines choses si, à court terme, il faut agir. Ma réflexion porte plutôt sur les moyen et long termes, parce que je voudrais aborder dans ce contexte aussi toute la discussion sur la croissance, qui est un des éléments qui devront nourrir ce débat.


Notre gouvernement n’a pas peur de la croissance. Il faut de la croissance pour avancer dans un pays. Une croissance durable, qui ne signifie pas nécessairement plus de gens, mais une croissance économique néanmoins. Si nous avons une croissance, la date ne sera peut-être pas celle de 2027, mais bien plus éloignée. Le débat que je veux lancer peut avoir différentes « avenues » qu’il faut explorer.

aussi la profitabilité des entreprises, et, par conséquent, agir sur la hausse des salaires des collaborateurs des entreprises et celle des recettes fiscales. Si le cadre que nous allons mettre en place est favorable au développement de l’activité économique, il y aura une croissance inclusive dont profiteront les salariés, les actionnaires et la société en général. C’est la philosophie derrière le programme économique du gouvernement.

Comment allez-vous engager ce débat ? Je vais d’abord en discuter avec le gouvernement.

Est-ce que vous auriez un objectif chiffré à partager ? Un objectif de croissance à une échéance ? Non, je n’ai pas d’objectif chiffré. Mon objectif est d’avoir une croissance supérieure à celles de nos principaux partenaires économiques.

L’OCDE a publié ses prévisions macroéconomiques ce 27 novembre. -1,1% en 2023, puis une croissance jusqu’à 3% en 2025. Est-ce que ce sont des niveaux suffisants pour que l’économie luxemEt donc vous vous écartez du 2,5% bourgeoise tourne bien et pour maintequi a servi de cap ces dernières années… nir les grands équilibres budgétaires Je ne me donne pas d’objectif chiffré parce et sociaux ? qu’une économie aussi ouverte que la nôtre Ce sont des niveaux acceptables quand on dépend de la situation économique de nos regarde le reste du monde. Nous sommes partenaires économiques. dans une phase où macroéconomiquement, en Europe, la croissance est moins forte que La première démarche de cette relance celle que nous avons connue au cours des est la baisse des impôts… décennies précédentes en dehors de la La première démarche est la philosophie période de Covid. Je souhaite qu’au moins qui est derrière ce gouvernement. Beauau niveau luxembourgeois, nous fassions coup de secteurs économiques savent que tout pour que la compétitivité des entre- nous souhaitons les soutenir dans leur déveprises soit renforcée et que nous puissions loppement, et cette approche-là génère augmenter quelque peu la croissance et donc déjà, je crois, un esprit d’entrepreneuriat,

Polit-Radar 20232028 : un tableau de bord comme nouveau regard sur la politique Au moment où le gouvernement Frieden-Bettel peaufine son accord de coalition pour le transformer en plan d’action concret, Paperjam s’engage dans une démarche sur cinq ans pour analyser et commenter le déploiement de ce plan et en mesurer les impacts. Soit les dix axes du Lëtzebuerg

fir d’Zukunft stärken présentés par Luc Frieden : renforcer le pouvoir d’achat, résoudre la crise immobilière, lutter contre le changement climatique, la digitalisation de l’État, aider les jeunes familles, meilleur accès à la santé, renforcer la sécurité, renforcer l’éducation, en faveur de l’économie, améliorer la mobilité. Sur la période 2023-2028, nous allons monitorer l’activité du gouvernement avec un focus sur ces priorités. Nous allons monitorer des actions concrètes (projets de loi) et nous allons

une attitude positive. Nous le démontrons à travers ce que nous voulons faire pour le logement, pour les gens et pour les entreprises. Le premier message est celui-là, c’est un élément presque psychologique. Le deuxième est effectivement cette première mesure que le gouvernement a prise, de baisser les impôts pour tout le monde au 1er janvier pour accroître le pouvoir d’achat. Il y a, là encore, un aspect psychologique: permettre aux gens de mieux vivre et d’utiliser cet argent pour consommer. Ceci va évidemment aussi aider les entreprises de la restauration, de l’artisanat, du commerce. Les mesures fiscales que nous allons prendre dans le domaine du logement au premier trimestre 2024 aideront aussi en ce sens. Vous avez probablement entendu différents types de critiques de cette première mesure, sur son caractère indifférencié, sur son financement, sur le fait que ce n’est pas un cadeau, mais le rattrapage de l’inflation… Le gouvernement n’est pas là pour faire des cadeaux. Face à l’inflation qui est forte, il fallait soutenir la population. Cela avait été promis pendant la campagne électorale. Les deux partis ont été élus avec l’argument qu’il fallait alléger la charge fiscale des classes moyennes. Les classes moyennes, c’est la quasi-totalité de la population. C’est pour cela que nous avons voulu une mesure forte,

arrêter, puis suivre une série d’indicateurs factuels. Pour le logement, ces indicateurs seront, par exemple, l’évolution du prix du logement, le nombre de logements livrés, le nombre d’autorisations de construire, le taux directeur des intérêts et, pour la place financière, cela pourra être les assets under management, les parts de marché dans les fonds transfrontaliers ou encore les parts de marché dans les fonds ESG européens. La lecture régulière de ces indicateurs permettra d’observer

l’évolution de l’environnement et de mesurer l’impact des actions du gouvernement. Pour appor­ter un regard nuancé entre l’impact de l’environnement (géopolitique, BCE…) et les actions du gouvernement, Paperjam interrogera des experts économiques, des lobbyistes sectoriels, mais aussi les partis de l’opposition et, bien entendu, le gouvernement. Début 2024, Paperjam vous présentera son tableau de bord Polit-Radar 2023-2028.

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Conversation Luc Frieden

dont profite l’ensemble de la population, et pas seulement des mesures ciblées qui ne touchent que 10 % de la population. C’est en ligne avec ce qui avait été promis. Nous sommes en démocratie. Les partis qui ont gagné ces élections ont l’intention de faire ce qu’ils ont dit. Est-ce que vous considérez que cette première mesure est la totalité des allègements d’impôts que vous avez promis pour les personnes physiques ou seulement un point de départ ? C’est une première étape. Les autres étapes viendront puisque nous avons été mandatés pour cinq ans. Nous verrons la situation économique générale, mais aussi la grande réforme des classes d’impôts, qui sera un gros travail technique, mais aussi politique. Dans ce contexte, nous envisagerons d’autres mesures. La fiscalité doit être vue en même temps que les mesures sociales. Certaines des mesures permettront aux jeunes d’acquérir un logement, d’autres concerneront l’allocation de vie chère, etc. Il faut regarder le tout et pas seulement cette première mesure alors que nous ne sommes au gouvernement que depuis une semaine. C’est un programme sur cinq ans. Nous verrons aussi pendant une période transitoire comment alléger la fiscalité de la classe 1A. Il y aura d’autres allègements. Peut-on financer ces mesures par la croissance ? Cette théorie est balayée par le président du Conseil national des finances publiques, Romain Bausch. Toute dépense aide la croissance. Il est vrai qu’une partie est exportée, mais une autre partie reste au Luxembourg. J’entends ces remarques, mais je ne suis pas tout à fait convaincu. Nous avons par le passé démontré le contraire. Si vous baissez la fiscalité, notamment des entreprises, vous attirez de nouvelles activités économiques, et cela renforce la compétitivité et la croissance de l’économie. J’ai la ferme intention de soutenir l’investissement dans la transition écologique et digitale des entreprises. Nous avons l’intention de baisser, au cours de cette législature, l’impôt sur le revenu des collectivités. Tout cela générera de la croissance. 22

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Est-ce que vous avez un calendrier en tête pour les allègements fiscaux des entreprises ? Sur toutes les mesures fiscales, je vais vous donner la même réponse : nous allons le faire au cours de cette période qui vient de commencer. Je suis en fonction depuis une semaine. Permettez-moi de discuter du calendrier d’abord avec mes collègues du gouvernement. L’objectif, la direction, la trajectoire sont clairs. Il y a un impôt sur lequel nous ne sommes pas sûrs d’avoir bien compris la formulation de l’accord de coalition, c’est l’impôt foncier. Est-ce qu’il a vocation à augmenter globalement, comme le voudraient le FMI ou l’OCDE, ou est-ce que ces augmentations seront vraiment ciblées pour mobiliser les terrains ? L’impôt foncier sera augmenté en ligne avec le projet déjà soumis par le précédent gouvernement, mais fortement critiqué par le Conseil d’État. Ce projet doit être entièrement revu. Mais l’impôt foncier ne correspond plus à la réalité économique. La taxe de mobilisation des terrains s’y ajoute. Elle s’applique aux terrains vides. Nous allons travailler là-dessus, mais cela prendra un certain temps. Sur le logement – et vous allez probablement nous répondre la même chose que sur la fiscalité – avez-vous, par exemple, une idée du nombre de logements que vous voulez mettre sur le marché chaque année ? Ou même sur cinq ans ? Histoire que l’on puisse avoir un indicateur qui permette de jauger de l’efficacité du gouvernement. Non. Tous ceux qui au Luxembourg et à l’étranger annonçaient des chiffres n’ont jamais réussi à atteindre ces objectifs. Il y a tellement de facteurs dont il faut tenir compte. C’est pour cela que je préfère avoir une trajectoire plutôt que de dire qu’il y aura autant de logements. Nous allons essayer d’augmenter substantiellement l’offre. C’est là-dessus que nous allons travailler. Les mesures fiscales et les mesures de procédures, dont nous avons discuté en détail lors des négociations de coalition, j’en suis convaincu, vont contribuer à nous permettre de réaliser cet objectif. Les données économiques changent parfois en fonction

Le Premier ministre des Luxembourgeois et de tous les autres « Je souhaite d’abord que les non-Luxembourgeois s’impliquent le plus possible dans la vie économique et sociale. J’ai observé que, dans mes fonctions antérieures, alors qu’ils sont très présents dans les entreprises, ils le sont beaucoup moins dans les organes représentatifs de ces entreprises, qui sont encore largement dirigés par des Luxembourgeois. La deuxième chose, c’est que je souhaite aller à leur rencontre. J’ai dit que je serais aussi le Premier ministre des nonLuxembourgeois et je me sens pleinement responsable de tous. Ce sont eux qui contribuent au développement économique et social de notre pays. Je leur en suis très reconnaissant, mais cette gratitude n’est pas suffisante. Je veux les entendre. Enfin, je les encourage à profiter de la loi sur la double nationalité. Beaucoup l’ont fait et j’espère qu’ils continueront à le faire. Et, au moins de façon passive, à apprendre la langue luxembourgeoise parce que le débat politique est et restera en luxembourgeois. C’est ce mélange d’actions que je souhaite favoriser. Nous avons 47 % de notre population active qui sont des frontaliers, mais aussi la moitié de nos résidents qui sont des étrangers. C’est une particularité luxembourgeoise que nous connaissons bien et dont nous devons tenir compte dans l’action politique, et encore plus que par le passé. C’est un défi énorme pour assurer notre cohésion sociale. Et je chercherai des moyens pour les associer davantage. Je suis ouvert à toute bonne suggestion. »


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Conversation Luc Frieden

« Mettre seulement de l’argent n’accélérera pas la construction.» de la géopolitique, de ce qui se passe en Chine et aux États-Unis. Nous avons aujourd’hui des données qui demain pourraient être différentes. Ce que nous allons faire en matière de logement est sous notre contrôle, et nous ne dépendons pas de l’extérieur. En changeant quelque peu les règles en matière environnementale par rapport au logement, en y introduisant le principe de proportionnalité et d’efficacité, nous pouvons accélérer la construction de logements abordables et de logements tout court. C’est ça, notre objectif. Quel regard avez-vous porté sur les deux Assises nationales du logement ? Au début, on pouvait se dire que tout le monde était réuni et qu’il allait en ressortir quelque chose de positif. Mais, à la sortie, on n’a pas l’impression que cela se soit passé comme ça… Comment allez-vous mettre ce chantier en œuvre de manière plus efficace ? On sait que les communes pourraient être un grand levier, mais beaucoup de bourgmestres ont peur de devoir aussi assumer la construction d’une école ou l’installation de ceci ou de cela… D’abord, nous avons décidé d’un certain nombre de mesures en faveur du développement de logements. Alors qu’un certain nombre de mesures proposées par le précédent gouvernement avaient un effet contreproductif, comme la loi sur le bail à loyer…, cette coalition a arrêté des mesures fiscales, de procédures, de compensations et autres, qui tracent clairement le chemin que nous voulons emprunter. C’est une première approche différente, rendue possible par le fait que les libéraux et les chrétiens-démocrates partagent la même analyse de la situation et croient aux mêmes moyens pour atteindre ces objectifs. C’est une différence majeure avec la coalition autrement composée par le passé. La deuxième chose, c’est que le gouvernement va consulter ces acteurs. Je réfléchis encore sur le moyen approprié, réunions bilatérales 24

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A, en n’utilisant la dette que pour des dépenses qui vont renforcer le tissu économique et social du pays – énergies renouvelables, logements abordables –, un seuil arbitraire ne serait pas la bonne approche. La dette ne va pas continuellement augmenter par rapport au PIB, ce serait mauvais d’abord, réunions à plusieurs ensuite, pour pour la capacité de remboursement de l’État, avancer. Les communes, tout comme l’ar- surtout en temps de taux d’intérêt élevés. tisanat, sont des acteurs clés. Je suis convaincu que le secteur public seul n’a pas Dans sa note au formateur, le directeur les moyens de réaliser cet objectif. C’est du Trésor disait qu’au premier trimestre encore une différence. Nous souhaitons 2024, il serait utile de lancer un emprunt. associer le secteur privé. L’État aura le lead. Les notes au formateur n’engagent pas le gouvernement ! Il est clair que certaines Est-ce une question d’argent ? dettes qui viennent à échéance doivent être Faut-il un choc « financier » ? renouvelées. C’est une approche de trésoIl faut d’abord un état d’esprit, accélérer les rerie. Alors que mes remarques concernent procédures et les faciliter. Et il faut mettre l’approche politique par rapport à la dette. de l’argent. Mettre seulement de l’argent Donc pas d’emprunt au premier n’accélérera pas la construction. trimestre 2024 ? Je ne me prononce pas là-dessus. Nous verL’enveloppe, elle s’exprime en quoi ? En milliards ? En centaines de millions ? rons la situation des marchés, de la trésoreJe ne vous donnerai pas de chiffre parce que rie et des échéances de la dette début 2024. l’argent n’est pas l’élément clé pour avancer rapidement. Peut-on imaginer qu’une prochaine émission obligataire puisse être réservée L’élément clé, c’est que les acteurs aient aux Luxembourgeois ? Une demande envie d’avancer rapidement ensemble ? assez récurrente… Absolument! Je suis très favorable à cette option.

Y compris les promoteurs immobiliers ? Tous les acteurs. Parlons de dette. Le seuil de 30% a été abandonné, annonce de votre ministre des Finances, Gilles Roth, au bénéfice d’une trajectoire et de la préservation du triple A. Le nouveau gouvernement, composé du CSV et du DP, est un gouvernement qui a la même approche des finances publiques. Deux partis qui ont été historiquement en faveur de finances publiques stables et pour éviter une dette trop élevée. Dans ce contexte politique, un chiffre par nature arbitraire ne nous a pas semblé nécessaire. Nous souhaitons avoir une trajectoire qui puisse être expliquée à la fois à notre population, aux autorités européennes et aux agences de notation. Avec la philosophie qui est derrière ce programme gouvernemental, avec cet engagement de maintenir en toute circonstance le triple

Des acteurs invitent à une version décentralisée. Dans le cadre de la finance décentralisée, où, disent-ils, le Luxem­ bourg a une carte à jouer. La blockchain, l’euro numérique, est-ce que ce sont des choses que vous considérez dans ce que doit suivre la place financière ? Toutes les bonnes idées méritent toujours examen. La place financière doit continuer à évoluer dans le contexte des règles européennes. Elle est tellement ouverte, donc cela doit s’inscrire dans une démarche européenne. Je veux renforcer à chaque instant la diversification de cette place financière. Par ailleurs, l’État ne doit pas tout financer lui-même et j’ai l’intention d’examiner, avec le ministre des Finances et d’autres collègues, des voies de financement alternatives pour les grands projets d’infrastructures… Des partenariats public-privé ? Entre autres. Ce qui s’est fait au niveau européen avec le programme d’investissement


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Conversation Luc Frieden

donne des pistes sur lesquelles nous devrions réfléchir. L’État pourrait garantir une partie, on lèverait des capitaux privés. Il y a tout un tas d’instruments que nous allons examiner en impliquant la SNCI ou la BEI. Nous pourrions devenir plus actifs et plus créatifs que par le passé. La place financière est indispensable à l’économie luxembourgeoise, mais la plupart de ses activités motrices arrivent à un niveau de maturité qui ne permet plus d’espérer les niveaux de croissance de ces dernières années. C’est un risque ? Je ne partage pas cette analyse. Il y a 30 ans, on disait déjà la même chose. Il y a 20 ans, on disait la même chose. La Place s’est toujours développée et, sous ce gouvernement, elle a encore plus de chances de se développer. Les deux partis ont une approche très ouverte et sont prêts à la soutenir. Nous allons tout faire pour qu’elle reste compétitive par rapport à nos principaux concurrents et amis, pour qu’au niveau européen, nous puissions tout faire pour qu’il y ait des conditions de level playing field et que le marché unique des services financiers fonctionne vraiment. Je suis assez positif par rapport au développement de la Place, qui, comme tout secteur économique, doit s’adapter à l’environnement qui change. La digitalisation peut aussi apporter de nouveaux créneaux, la blockchain et autres. Il faut travailler là-dessus, il faut renforcer tout cela et créer le meilleur cadre possible. Nous le ferons en étroite concertation avec les acteurs économiques. C’est la philosophie qui m’importe. Je ne gouverne pas en théorie, mais avec les acteurs économiques, en les écoutant et en faisant les arbitrages politiques qui s’imposent. Comment comptez-vous réformer le Haut Comité de la place financière ? Je laisse cela entre les mains du nouveau ministre des Finances. Fondateur de ce haut comité il y a une quinzaine d’années, je souhaite que ce soit davantage qu’un simple forum de discussions. Qu’il y ait un calendrier clair avec des mesures concrètes qui puissent en sortir. Est-ce que, outre la taxe d’abonnement, la contribution aux régulateurs financiers, 26

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l’indexation est un problème pour les acteurs du secteur financier qui ont de la substance au Luxembourg ? Le gouvernement a convenu de maintenir l’indexation pour des raisons de paix sociale et de stabilité. Si plusieurs tranches devenaient payables au cours de la même année, nous prendrons d’autres mesures pour assurer la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des personnes. Face à une inflation importante, nous devons prendre d’autres mesures pour soutenir et maintenir l’activité économique. Nous le ferons. La grève en ce moment chez Ampacet est dans le prolongement de difficultés de l’industrie au Luxembourg, qui a été maintenue peu ou prou à flot à coups d’engagements financiers de l’État pour moderniser son outil de travail. À peine arrivée au Luxembourg, Freyr est déjà repartie aux États-Unis pour profiter du programme d’investissement de Joe Biden. Comment allez-vous aborder cette question ? Je veux absolument maintenir et développer tous les secteurs économiques au Luxembourg, y compris l’industrie. L’Europe doit avoir une industrie forte. Les moyens mis en œuvre aux États-Unis ne sont pas à la disposition de l’Europe puisque nous n’avons pas ces mesures fiscales à disposition. Mais je suis très déterminé, et c’est plus facile dans le gouvernement actuel, grâce à sa composition, de faire en sorte que les entreprises voient en l’État quelqu’un qui les aide à se développer. C’est au niveau des autorisations, de l’approche générale que je souhaite avoir du point de vue de l’administration, que les entreprises voient de nouvelles possibilités d’investir, de créer de nouveaux emplois. Nous allons soutenir les entreprises. L’industrie est un élément clé, j’en ai d’ailleurs discuté à Paris avec le président français, Emmanuel Macron. Nous sommes alignés sur cette idée que l’Europe, au niveau technologie, innovation et production, ne traîne pas derrière les autres grands blocs économiques. Nous devons agir en conséquence. C’est un élément essentiel. Je soutiendrai d’ailleurs les démarches d’autres pays comme la France et qui vont dans le même sens.

Le Premier ministre en trois dates

Il y a 30 ans à la Chambre des députés Deux ans après son entrée au CSV, Luc Frieden devient le plus jeune député de la Chambre des députés. À son agenda, la création d’une cour constitutionnelle et de tribunaux administratifs indépendants. Premier mandat de ministre En 1998, il est nommé ministre de la Justice, du Budget et des Relations avec le Parlement au sein du gouvernement Juncker-Poos II. Il aura ensuite le Trésor (1999), la Défense (2004), les Finances (2009) et la Communication et les Médias (2013). L’autre Chambre En 2014, il rejoint la Deutsche Bank à Londres et revient au Luxembourg deux ans plus tard, à la Bil et chez Saint-Paul Luxembourg. En 2019, il prend la présidence de la Chambre de commerce.



Conversation Bady Minck

« Le cinéma est un amalgame de tous les arts » Première femme à porter la casquette de productrice de films au Luxembourg, la fondatrice de la société de production Amour Fou, Bady Minck, n’a jamais cessé de partager à travers le cinéma son fol amour pour les arts. Ses productions qui parcourent le globe veulent questionner et livrer une autre vision du monde. Journaliste MAËLLE HAMMA

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Portrait GUY WOLFF


Après Luxembourg et Vienne, Bady Minck a ouvert Amour Fou en Allemagne.


Conversation Bady Minck

Vous êtes réalisatrice et productrice, comment définiriez-vous l’ADN d’Amour Fou, la société de production que vous avez fondée ? Du cinéma d’auteur avec une approche visuelle, et des films qui font progresser le cinéma, qui transcendent les frontières et les genres, et qui soulèvent souvent des questions. À la base, je suis réalisatrice. J’ai réalisé une douzaine de films invités à de grands festivals (Cannes, Berlin, Venise, Sundance Film Festival). En 1995, Alexander Dumreicher-Ivanceanu et moi avons fondé Amour Fou Luxembourg pour produire mes propres films. Puis, en 2001, nous avons fondé Amour Fou Vienna, en Autriche. Alexander vient d’Autriche et moi du Luxembourg, il était évident de couvrir les deux pays. Comment est né cet intérêt pour le cinéma ? Déjà dans mon enfance, j’étais fortement attirée par les arts : sculpture, peinture, cinéma… À l’adolescence, j’ai commencé à filmer avec une caméra Super 8, analogue bien sûr, j’aimais beaucoup ça. Je faisais des petits films, en stop-motion, une technique où l’on procède photo par photo, cela donne un autre rythme au film. Il fallait envoyer la pellicule au labo, on n’avait pas de négatifs, on ne pouvait pas les conserver… C’était beaucoup plus compliqué à l’époque! Quelles étaient vos sources d’inspiration ? Des films qui m’ont beaucoup inspirée, aux images fortes, comme ceux de Luis Buñuel, Agnès Varda, Maya Deren, Jean Cocteau et Sergueï Paradjanov. Après le bac, vous vous étiez dirigée vers la sculpture. Quel lien voyez-vous avec le cinéma ? Le cinéma est, selon moi, un amalgame de tous les arts. Il réunit les images, le rythme, le mouvement, l’architecture, la dramaturgie, le jeu des acteurs, les costumes, les couleurs, la lumière, les VFX, mais aussi le son, la musique et la parole. C’est cette combinaison que je trouve la plus intéressante. Quand j’ai étudié à l’Académie des beaux-arts de Vienne, j’ai senti des limites. Les sculptures peuvent bouger, comme les sculptures cinétiques, mais ne peuvent pas évoluer dans le récit. On peut y projeter 30

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des histoires, mais pas les développer. J’avais donc proposé au professeur de lancer un atelier de création de films pour dépasser ces limites, mais il n’y avait pas de budget pour. J’ai changé d’école et j’ai intégré la classe de la fameuse artiste peintre Maria Lassnig à l’université des arts appliqués de Vienne. Dans sa classe, je pouvais peindre et faire des films avec une forte signature visuelle, différents de ceux dans lesquels l’histoire est en grande partie racontée par les dialogues. En fait, vous avez toujours fait des films… Oui. Mon père et ma grandmère ne voulaient pas que je vive « dans un pays facho » car ils avaient été résistants pendant la guerre. Alors, pour financer mes études, j’ai fait beaucoup de films de commande, quelques pubs... J’ai travaillé un peu dans le cinéma. J’ai aussi créé des dessins et des illustrations, j’ai fait des expositions et vendu mes œuvres, pendant 10 ou 15 ans.

« Le Film Fund a contribué à inclure les femmes.»

Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de disposer des deux casquettes : réalisatrice et productrice ? Cela me permet d’augmenter mon output, parce que travailler sur un film personnel prend plusieurs années. Il faut écrire le scénario, ce qui prend déjà un ou deux ans, puis financer la production, faire des castings et des repérages, ce qui prend en moyenne encore un ou deux ans, établir des contrats, trouver des distributeurs, puis il y a ensuite le tournage et la postproduction… Cela permet de pouvoir travailler sur plusieurs films à la fois. Avez-vous été confrontée à des difficultés du fait d’être une femme ? Oui, les 20 premières années ont été extrêmement difficiles. En 1995, au Luxembourg, il n’y avait que trois ou quatre sociétés de production, j’étais la première femme productrice. Je n’étais pas prise au sérieux par de nombreux collègues. J’étais souvent ignorée par les associations et fédérations professionnelles. On me coupait régulièrement la parole lors des meetings. La plupart du temps, la presse interviewait

CAP SUR L’ALLEMAGNE

Nouveauté En cette fin d’année, la société de production Amour Fou annonce qu’après Luxembourg et Vienne, l’ouverture d’une nouvelle entité en Allemagne « pour développer et réaliser des projets avec, aussi, des talents allemands (réalisateurs, auteurs, comédiens) et d’agrandir ainsi notre pool créatif, y compris pour nos films avec des talents luxembourgeois et autrichiens, pour les combiner avec les talents belges, autrichiens, français… » explique Bady Minck. Elle sera dirigée par le producteur André Fetzer.


DES FILMS DISTINGUÉS Hinterland (2021) Prix Audience Award au Festival international du film de Locarno (2021) Pourquoi pas toi (2019) Prix du Best Film in Focus au Zurich Film Festival (2020) The Beast in the Jungle (2018) Prix du Best in Fest à l’Inter­ national Women’s Film Festival (2019) Angelo (2018) Kingfisher Award au Festival international du film de Ljubljana (2019) MappaMundi (2017) Prix du Best Animated Film au festival Asifa-East Animation Film Festival (2017)

Egon Schiele (2016) Prix du Best Producer au Romy Gala Austria (2017) Die Nacht der 1000 Stunden (2016) Flash Forward Audience Award au Busan International Film Festival (2016) Free Spaces (2015) Prix du meilleur film documen­ taire au Lund Architecture Film Festival (2016) La Mobilisation des rêves (2015) Prix du Best IT Documentary au Moscow International Documen­ tary Film Festival Doker (2016) Prix du meilleur documentaire à l’Ann Arbor Film Festival (2015) Fieber (2014) Prix du Best Feature Film au Berlin International Film Festival (2014)

les réalisateurs et les producteurs masculins et les modèles étaient toujours des hommes. Le Film Fund Luxembourg a contribué à inclure les femmes. En Autriche, nous avons créé des associations et avons fait bouger les choses, notamment en permettant à plus de femmes de participer aux décisions des fonds de soutien. Avez-vous remarqué un changement avec #MeToo ? Oui, tout s’est soudainement accéléré. Ça a été d’une grande aide, et il y a même maintenant un quota de 50 % de femmes dans le financement des films en Autriche. Plein de productrices et de réalisatrices ont maintenant accès à des financements en Autriche. C’était un long chemin, un combat difficile. Mais, aujourd’hui, il y a aussi de plus en plus d’hommes qui promeuvent cette égalité. Souvent, ce sont les jeunes. De quoi êtes-vous particulièrement fière dans votre carrière ? Qu’Alexander et moi ayons réussi à produire plus de 50 % de films de femmes en 28 ans de carrière, sur une centaine de films. Il faut savoir qu’à l’époque, les projets dirigés par des femmes étaient en

Le Grand Cahier (2013) Europa Cinemas Label Award au Karlovy Vary International Film Festival (2013)

Prix du jury au Festival interna­tional du film sur l’art (2003)

Prix du meilleur film au Karlovy Vary International Film Festival (2013)

Special Jury Award / Compétition européenne des longs métrages à l’Alexandre Trauner Art/Film Festival (2004)

Naked Opera (2013) Prix du Best full-length docu­men­tary au St Petersburg Message to Man Film Festival (2013) Heiner Carow Prize au Berlin International Film Festival (2013) Hannah Arendt (2012) Prix de la meilleure coproduc­ tion de fiction au Lëtzebuerger Filmpräis (2014) Im Anfang war der Blick (2003) Prix du Best Film au Pesaro International Film Festival of New Cinema (2003)

moyenne trois fois plus souvent rejetés pour un financement.

Grand Prix du Festival international du film sur l’art (2005)

Prix du meilleur film au Trento Film Festival (2005) Elektroansprache zum nazionalfeiertag (2000) Prize for Innovative Cinema au festival du film autrichien Diagonale (2001) Mécanomagie (1996) Special Mention for the Poetic Technology au Fantafestival (1996)

En matière de production, comment le Luxembourg se démarque-t-il ? Ici, par exemple, nous pouvons produire et financer des films avec beaucoup de langues. Alors qu’en Autriche, en Allemagne, en Italie et en France, il y a des restrictions linguistiques. Ici, nous n’avons pas cette contrainte. C’est un grand avantage qui nous permet d’être plus créatifs.

Vous produisez peu de films pour la télévision, pourquoi ? Nous en produisons si le cadre n’est pas trop classique. Nous avons tourné cet automne Femmes Pirates, un film cofinancé par cinq pays et qui sortira en 2024, avec un casting luxembourgeois. Mais, principalement, nous produisons des films de Sur quoi travaillez-vous actuellement ? cinéma à l’international, comme Hannah À côté des films internationaux, nous déveArendt de Margarethe von Trotta en 2012 loppons des projets luxembourgeois – vendu dans plus de 55 pays. comme le film d’animation Nuage violet de Sophia Kolokouri, Lizardqueen réalisé Dans quels pays vendez-vous vos films ? par Jacques Molitor, Ora et Labora de Chine, Turquie, États-Unis, Canada, pays Dzhovani Gospodinov et un projet de de l’Est… Mais il y a des règles. Par exemple, science-fiction d’Anne Simon et Jeff Schinles Chinois n’achètent pas les films dans les- ker – et deux de mes projets, Résistance et quels les femmes fument, qui sont explici- Grete Lihotzky. Notre but est de mettre en tement politiques, ni ceux dans lesquels il valeur nos 28 ans d’expérience pour situer y a de la drogue... Sinon, on vend pratique- ces projets aux niveaux européen et interment dans tous les pays qui ont une national. Nous venons aussi de sortir Ingeinfrastructure cinématographique. La Scan- borg Bachmann, en trois semaines, le film dinavie, par exemple, est un peu fermée, ses a attiré plus de 100.000 spectateurs en pays préfèrent s’échanger des films, et en Allemagne, 30.000 en Autriche et jusqu’à produisent beaucoup. Les territoires 2.000 au Luxembourg. lointains achètent bien plus nos films que la Scandinavie si proche, c’est fou, non? JANVIER 2024

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Conversation Fabio Regis et Loli Spinola

« Le Luxembourg est un connecteur naturel pour la Chine » Fabio Regis et Loli Spinola, de Bank of China Europe, évoquent l’état de l’économie chinoise, les possibilités d’investissement en Chine et le développement de la banque, dont l’actionnaire majoritaire est l’État chinois. Journaliste GUILLAUME MEYER

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Portrait ROMAIN GAMBA


Fabio Regis et Loli Spinola travaillent au département Gestion d’actifs et banque d’investissement chez BOC Europe à Luxembourg.


Conversation Fabio Regis et Loli Spinola

Quel est l’état de santé de l’économie chinoise en cette fin d’année 2023 ? FABIO REGIS (F. R.)   Malgré les défis auxquels elle est confrontée, la Chine reste la deuxième économie de la planète et le premier contributeur à la croissance mondiale. C’est vrai que depuis 2010, le pays fait face à une baisse de son taux de croissance, mais cela s’explique en partie par des changements sociétaux, avec une classe moyenne grandissante et une transition vers un modèle économique plus durable, moins dépendant des exportations. Cette baisse de la croissance est évidemment aussi liée à d’autres éléments, comme la guerre commerciale avec les États-Unis, commencée en 2018 et qui se poursuit toujours, avec un nouveau chapitre sur les puces électroniques récemment révélé. En 2020, le Covid a paralysé le monde entier, le défaut de paiement d’Evergrande en 2021 a touché de plein fouet l’industrie de l’immobilier, et finalement, la politique zéro Covid a été mise en place jusqu’en 2023. Tous ces facteurs– non exhaustifs– ont eu un impact sur l’économie, les marchés et les investissements directs étrangers dans le pays. Tout le monde s’attendait à ce que la Chine rebondisse rapidement après la fin de sa politique zéro Covid… L’économie montre-t-elle des signes de stabilisation ? F. R.  Oui, mais la reprise a encore besoin de temps pour gagner en force. La demande est faible, de nombreuses incertitudes internes et externes demeurent. Cela se reflète directement dans les très faibles taux d’inflation enregistrés en Chine cette année, contrairement à ceux de l’Union européenne et des États-Unis. L’indice des prix à la consommation (IPC) a chuté de 0,2% en octobre, principalement à cause d’une chute du prix de la viande de porc. L’incertitude sur le secteur immobilier reste aussi un point d’attention. Cela dit, comme une grande partie des indicateurs suivis, l’IPC est un indicateur retardé (qui reflète les changements qui ont déjà eu lieu, ndlr). En analysant des indicateurs coïncidents, on constate que la croissance du produit intérieur brut (PIB) surpasse les attentes du marché au troisième trimestre 2023 et que le taux général de chômage urbain baisse constamment depuis quelques mois. Du côté des indicateurs avancés, la courbe de 34

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rendement continue sur une pente ascendante, avec un écart positif entre les différents taux d’intérêt – ce qui est bon pour l’économie. Les ingrédients de la reprise sont donc là, mais il faudra du temps, ainsi qu’un scénario international favorable. L’immobilier représente un risque systémique en Chine. Cette crise doit-elle inquiéter les investisseurs en Europe et au Luxembourg ? F. R.  La Chine est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’UE et des ÉtatsUnis, achetant chaque année pour des milliards d’euros de produits de base et de machines. La contraction du secteur immobilier chinois au cours des prochaines années pourrait avoir un impact considérable sur l’industrie lourde et sur les marchés des matières premières à l’échelle mondiale. Au Luxembourg, l’impact direct concerne les fonds d’investissement ayant une stratégie chinoise qui ont subi des sorties de capitaux depuis 2021, lorsque la crise a vraiment commencé avec Evergrande. LOLI SPINOLA (L. S.)   La Chine est la deuxième économie mondiale, ce qui s’y passe a donc un impact direct ou indirect dans le monde. Mais le débordement direct du secteur immobilier est limité, et le risque d’une crise LOLI SPINOLA systémique plus large en Europe est contenu. Le sentiment du marché s’est légèrement amélioré début novembre, lorsque le gouvernement de Shenzhen a exprimé une volonté plus forte que prévu de soutenir China Vanke, l’un des plus anciens et plus grands promoteurs immobiliers résidentiels. Notons aussi que le boycott des prêts hypothécaires en Chine a largement pris fin, et que les banques domestiques sont beaucoup mieux capitalisées aujourd’hui que dans les années 1990. Des mesures sont en place pour réduire la dette dans l’immobilier ainsi que la dépendance de la croissance à ce secteur.

«N ous proposons des capacités de banque d’investissement ici, au Luxem­ bourg. C’est rare. »

L’immobilier a été un moteur essentiel de la croissance chinoise pendant


au moins 20 ans. Comment la Chine va-t-elle diversifier sa croissance ? L. S.  La diversification est engagée depuis quelques années. La Chine vise la première place mondiale dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et occupe une place de premier plan dans le monde en matière de régulation de l’IA. Comme premier fabricant mondial de voitures électriques, la Chine commence à se positionner également comme l’un des leaders mondiaux en matière de politique climatique. D’autre part, l’engagement dans le secteur des semi-conducteurs est en croissance, avec le soutien de l’État et avec l’objectif d’une production autosuffisante à 70 % dans une décennie. Comment voyez-vous les perspectives de l’économie chinoise ? F. R.  Le gouvernement prévoit une croissance du PIB de 5 % cette année, une évolution liée principalement à la construction d’infrastructures, notamment d’usines. Ce n’est pas négligeable. Une croissance chinoise de 5 % en un an, c’est comme ajouter une économie de la taille du Brésil tous les deux ans, ou une économie de la taille de l’Allemagne tous les quatre ans. Rappelons que la Chine a mis en place plusieurs initiatives de politique monétaire et fiscale et qu’elle a introduit de la souplesse dans les secteurs financier et immobilier pour stimuler l’économie. Elle dispose toujours d’un arsenal assez important en cas de besoin. Même si quelques préoccupations resteront présentes dans l’esprit des investisseurs, la Chine présente toujours un bon potentiel de croissance à long terme. Nous prévoyons une reprise de l’activité industrielle et des marchés actions en 2024. Nous sommes optimistes quant aux secteurs considérés comme stratégiques par le gouvernement, comme les technologies de l’information, les énergies vertes, les équipements aérospatiaux, le génie océa­nique, les équipe­ments ferroviaires et électriques, les nouveaux matériaux et les machines agricoles. Mais aussi le secteur financier. Les débats persistent parmi les insti­tutionnels européens sur l’opportunité d’inclure la Chine dans leur univers d’investissement.

Quels en sont les principaux avantages ? F. R.  Investir en Chine permet de diversifier son portefeuille vers la deuxième économie mondiale, compte tenu également de la faible corrélation de son marché obligataire onshore avec le reste du monde. En outre, malgré la montée des taux en Occident, les rendements sont historiquement élevés. Ajoutons à cela que la Chine est le deuxième marché mondial pour les obligations vertes, que le pays conserve l’un des taux de croissance les plus rapides du globe et que les titres chinois sont surpondérés dans tous les grands indices depuis 2018.

«U ne croissance chinoise de 5 % en un an, c’est ajouter une économie de la taille de l’Allemagne tous les quatre ans. » FABIO REGIS

Et les principaux défis ? F. R.  Il peut s’avérer compliqué, pour un grand institutionnel, d’investir dans des obligations ESG (hors obligations vertes) compte tenu du manque de données disponibles sur les émetteurs d’un point de vue réglementaire. De même, les normes de notation de crédit ne sont pas harmonisées avec la méthodologie internationale, ce qui ne facilite pas l’analyse des investissements. Parmi les autres points à améliorer, on peut citer le manque de liquidité du marché local de la dette d’entreprises, ainsi qu’un accès encore limité aux produits dérivés– bien que certains développements s’observent sur ce terrain.

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Quel conseil donner aux investisseurs européens et luxembourgeois qui envisagent d’entrer sur le marché financier chinois ? F. R.  Les fonds d’investissement restent une alternative fiable pour investir sur le marché chinois. Non seulement l’argent de l’investisseur est protégé par un cadre réglementaire européen, notamment dans le cas de la directive Ucits, mais la stratégie d’investissement est aussi déléguée à un gestionnaire qui a la connaissance du marché. Les investissements en ligne directe sont également possibles via le marché offshore, notamment via Hong Kong et Luxembourg, mais aussi pour le marché onshore via différents schémas d’accès.

C’est, en milliards d’euros, le total des actifs détenus par des résidents luxembourgeois en Chine à fin juin 2023, selon la Banque centrale du Luxembourg. Cette valeur n’a fait que baisser depuis son pic il y a deux ans (elle atteignait 126,9 milliards d’euros à fin juin 2021). Ce recul reflète la tendance européenne. Il s’explique à la fois par des facteurs macroéconomiques (taux bas, contreperformance économique et crise immobilière en Chine) et géopolitiques (surveillance accrue des flux de capitaux chinois entrants et sortants en Europe et aux États-Unis).

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Conversation Fabio Regis et Loli Spinola

Quels sont les canaux disponibles ? L. S.  Les principaux canaux dignes d’intérêt sont le marché obligataire interbancaire chinois (CIBM) par le biais de CIBM Direct, qui se présente comme le principal lieu de négociation pour les obligations souveraines et quasi gouvernementales. Bond Connect est un autre canal d’investissement, lancé en 2017, qui permet aux investisseurs étrangers d’accéder aux marchés des titres à revenu fixe en Chine continentale via l’infrastructure de négociation de Hong Kong. Les clients ont la possibilité de négocier via Bloomberg et Tradeweb. QFI (Qualified Foreign Investors) est un régime collectif révisé en 2020 qui simplifie et rationalise le processus d’accès aux marchés financiers chinois. J’ajoute qu’un nouveau schéma lancé en mai, Swap Connect, permet aux investisseurs étrangers d’accéder au marché des swaps chinois (5.000 milliards de dollars). F. R.  Sans oublier le Green Bond Channel local, créé par les bourses de Luxembourg, de Shanghai et de Shenzhen. Il fait office de vitrine pour les obligations vertes listées en Chine, mais ne permet pas de faire du trading.

dû à la divergence des politiques monétaires en Chine – où les taux d’intérêt restent relativement bas – par rapport aux autres économies. F. R.  Pour l’émission d’actions, la plateforme de cotation de Hong Kong est devenue plus attrayante pour les étrangers qui souhaitent accéder aux énormes réserves de liquidités de la Chine continentale. Le système Stock Connect permet à des investisseurs particuliers basés en Chine d’acheter des actions émises à Hong Kong. Depuis mars 2023, ce marché est ouvert aux entreprises étrangères qui réalisent une introduction en bourse primaire dans cette juridiction. Autrement dit, ces sociétés peuvent effectuer une levée de fonds auprès de la population chinoise à partir de Hong Kong. À ce stade, peu d’émetteurs étrangers saisissent cette opportunité.

Le recours à ces schémas reste soumis à des conditions strictes. La Chine a-t-elle toujours la volonté d’ouvrir son marché financier aux investisseurs étrangers ? L. S.  Nous ne pouvons pas parler pour le gouvernement chinois, mais des mesures récentes montrent une volonté d’ouverture. Je viens de mentionner Swap Connect, qui représente un « game changer » pour les investisseurs internationaux sur le marché des swaps.

Quels types d’investissements sont aujourd’hui populaires auprès des Chinois qui cherchent à investir dans l’UE via le Luxembourg ? F. R.  Historiquement, les Chinois ont préféré investir dans des entreprises ou des actifs existants. Plusieurs sociétés luxembourgeoises (à l’instar de Cargolux, la Bil et IEE) et la majeure partie des ports européens ont ainsi des actionnaires chinois. Plus récemment, on a observé un changement de stratégie. Même si les investissements dans des entreprises ou des actifs existants restent importants, les Chinois ciblent de plus en plus les nouvelles activités, comme la production de batteries, de véhicules électriques, de composants électroniques… Voyez la construction d’usines de batteries en Allemagne, en Hongrie et au Royaume-Uni.

La Chine est-elle attractive pour les émetteurs européens ? L. S.  Les obligations Panda, des obligations libellées en yuans émises par des étrangers, représentent une option attrayante pour les investisseurs internationaux sur le marché obligataire chinois. L’émission de tels titres au premier semestre 2023 a atteint un record d’environ 72 milliards de yuans, soit environ 10 milliards de dollars, une augmentation de plus de 33% par rapport à la même période de l’année précédente. Cela est en partie

Quelle est la stratégie de croissance de Bank of China au Luxembourg et dans l’UE ? L. S.  Nous sommes l’une des rares banques à proposer des capacités de banque d’investissement ici, au Luxembourg. Après le Brexit, notre filiale BOC Europe a été choisie comme hub européen pour les marchés de capitaux de dette et ses services de distribution. Cela nous permet de continuer à servir nos clients institutionnels en matière de revenus fixes dans la région, tant sur les marchés primaires

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DES LIENS ANCIENS Si Bank of China a choisi le Luxem­bourg, en 1979, pour ouvrir sa première représentation à l’étranger depuis la création de la République populaire de Chine en 1949, cela peut être largement attribué à Adolphe Franck. Cet employé des chemins de fer luxembourgeois, communiste fervent et admirateur de Mao Zedong, a joué un rôle crucial dans la connexion entre la Chine et le Luxembourg. Il a visité la Chine à plusieurs reprises et rencontré fréquemment la direction du Parti communiste, y compris le président Mao. Il détenait des brevets sur des améliorations techniques pour les locomotives à vapeur, qu’il a offerts à la Chine. Adolphe Franck a été le premier étranger à recevoir le titre d’« ambassadeur de l’amitié » en Chine. Une « coexistence amicale » « Depuis 1979, les relations entre la Chine et le Luxembourg ont été prospères, stables, basées sur le respect mutuel, constituant un bon exemple de coexistence amicale et de coopération mutuellement bénéfique entre les pays, souligne Bank of China. Des liens plus étroits créent davantage d’opportunités pour une coopération commerciale plus importante, pour nos économies, nos populations, et une meilleure compréhension grâce aux échanges interculturels. » Un point d’entrée En 1991, Bank of China ouvre la voie à son expansion européenne en créant une filiale. Celle-ci sert de hub et de point d’entrée, reliant les investisseurs chinois à l’UE et servant de conduit pour les investissements européens en Chine. Le Luxembourg dispose aujourd’hui d’une infrastructure et de services destinés à aider les investisseurs à prendre des positions en Chine. À fin 2021, selon PwC & Lipper, 75 % des fonds européens investissant en Chine étaient basés au Luxembourg et 44 % des fonds mondiaux investissant en Chine étaient luxembourgeois.


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Conversation Fabio Regis et Loli Spinola

que secondaires, et d’élargir nos capacités en soutenant les émetteurs européens dans leurs besoins de financement. Au fil des ans, la banque a développé ses activités et ses opérations dans toute l’Europe. Elle a créé des succursales transfrontalières aux Pays-Bas, en Belgique, en Pologne, en Suède, au Portugal, en Grèce et en Irlande. Elle couvre désormais l’Europe centrale et orientale et la Serbie grâce à l’établissement, achevé l’an dernier, d’une entreprise mère unique dans l’UE. BOC Europe joue le rôle – central – de siège régional outre-mer en Europe, se gérant elle-même et gérant les institutions de la région. Aujourd’hui, le Luxembourg est le hub européen pour sept banques chinoises. Quel avantage comparatif cela lui procure-t-il en pratique ? F. R.  Cela constitue de toute évidence un facteur déterminant pour attirer d’autres sociétés et entreprises de Chine. C’est bénéfique pour la visibilité du Luxembourg non seulement en Chine, mais aussi dans toute l’Asie. Au fil des ans, le Luxembourg est devenu le connecteur naturel des entreprises chinoises en

Europe et, par conséquent, le centre d’investissement européen en Chine. Ce rôle d’aimant joué par les établissements chinois se voit aussi dans le domaine de la fintech. Avec la présence des géants Alipay et China UnionPay, la visibilité du Luxembourg a énormément augmenté auprès de ces sociétés technologiques. À vous entendre, on peut aussi parler d’un effet Brexit… F. R.  Les banques chinoises n’ont pas été très impactées par le Brexit, mais la majeure partie des activités concernées ont effectivement migré vers le Luxembourg. Notamment l’émission et la vente d’obligations. De manière générale, le choix du Luxembourg comme hub européen pour les banques chinoises le positionne en première place pour bénéficier de tous les projets d’expansion de nature réglementaire (comme l’établissement d’une entreprise mère unique dans l’UE) ou de nature stratégique (comme le développement d’une nouvelle ligne d’affaires). Comment développer les relations financières entre la Chine et le Luxembourg ?

F. R.  Les activités des banques chinoises au Luxembourg peuvent continuer à se développer en remontant dans la chaîne de valeur. Notamment en renforçant l’émission d’obligations, la gestion d’actifs et, éventuellement, la gestion de patrimoine. Continuons aussi à travailler sur l’espace fintech pour attirer davantage d’acteurs chinois au Luxembourg, également en harmonisant les demandes en lien avec le règlement général sur la protection des données. Un autre chantier concerne la transparence des données financières. Et sachant que la Bourse de Luxembourg n’est pas impliquée dans les canaux Stock Connect et Bond Connect, pourquoi ne pas développer cela? Les investisseurs sont demandeurs.

Quid de la finance durable ? F. R.  Il faudrait développer davantage une architecture ESG au Luxembourg, des centres de données, des conseils techniques, juridiques et financiers dédiés à la thématique de la Chine. Et dans le sillage de la EU-China Common Ground Taxonomy, une étude comparative entre nos deux systèmes, il est important de poursuivre cette harmonisation en vue d’une approche commune de l’ESG.

MARCHÉ FINANCIER CHINOIS : UNE OUVERTURE TRÈS CONTRÔLÉE En pratique, les institutionnels européens souhaitant investir en Chine pour diversifier leur portefeuille se heurtent à de nombreuses contraintes. Économiste au centre Bruegel (Bruxelles) et à l’Institut Peterson (Washington), Nicolas Véron en cite deux : le contrôle des changes (le yuan, la monnaie chinoise, n’est pas convertible) et le contrôle des investissements (pour acheter et vendre des actions, il faut passer par un intermédiaire chinois). « Ce contrôle des capitaux

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rend difficile le rapatriement des fonds investis en Chine, observe le spécialiste. Il s’agit par ailleurs d’un environnement imprévisible, où la loi et la pratique des autorités peuvent diverger. Les Chinois n’ont pas tout à fait la même relation au droit que les Occidentaux. » Pour accéder aux marchés des capitaux chinois, les investisseurs internationaux peuvent utiliser un certain nombre de canaux. Notamment les régimes dérogatoires Stock Connect et Bond Connect. « D’une certaine manière,

un peu comme à la frontière entre Gaza et l’Égypte, les Chinois ont creusé des tunnels qui permettent d’éviter les contrôles des capitaux, image Nicolas Véron. Mais dans des quantités limitées, évidemment, et pour des investisseurs qualifiés. Sinon, ce serait ingérable. » Au Luxembourg, ces régimes sont surtout utiles pour permettre aux fonds d’acquérir des actions chinoises A (libellées en yuans et négociées sur les bourses de Chine continentale) ou d’accéder au marché

obligataire interbancaire chinois, explique le responsable du développement commercial de Luxembourg for Finance, Chris Hollifield. « En tant que centre financier international, le Luxembourg vise à s’assurer que les investisseurs mondiaux disposent de tous les canaux possibles pour investir en Chine, et que nous disposions de l’expertise nécessaire que la communauté internationale peut mettre à profit à cette fin. »


PARTNER CONTENT

From the left, BSP Banking & Finance Partners: Nicolas Widung, Nuala Doyle, Laurent Lazard

The long-awaited reform of Luxembourg insolvency law

Crédits

Christian Wilmes

On 1 November 2023, the Luxembourg law of 7 August 2023 on business continuation and modernisation of bankruptcy law entered into force. The law transposes the EU Restructuring Directive 2019/1023 and is largely inspired by the Belgian law of 31 January 2009 on business continuity (now part of the Belgian Code of Economic Law). The law of 7 August 2023 introduces judicial reorganisation proceedings as a new restructuring tool into Luxembourg law. This marks a significant development for Luxembourg as the previous Luxembourg “restructuring” framework was largely ineffective and seldom utilised in practice. Judicial reorganisation proceedings will certainly prove to be a popular tool for domestic restructurings. Their use in complex cross-border multi-layer debt restructurings of Luxembourg debtors, particularly those involving financing against assets situated in foreign jurisdictions, might however be more limited. This

results, amongst other things, from the fact that in judicial reorganisation proceedings, there are only two classes of creditors (unsecured vs secured), that secured creditors are granted important voting rights and that the law does not permit to apply haircuts to the claims of secured creditors without them individually agreeing to such haircuts. It should be noted that the law does not, unless otherwise agreed in the underlying agreement, restrict the right of a creditor benefiting from a financial collateral arrangement subject to the amended law of 5 August 2005 on financial collateral arrangements to enforce such financial collateral. Our Partners in the Banking & Finance team can assist in navigating the new law. MORE INFO BSP | 11, rue du Château d’Eau L-3364 Leudelange | Luxembourg t. + 352 26025 1 | bsp.lu


Conversation Jeff Oberweis

« Je fonctionne à l’opportunité »

L’année 2024 marque les 60 ans de la Maison Oberweis. Son co-CEO, Jeff Oberweis, revient sur les réalisations et les défis qui se dessinent pour l’enseigne de pâtisserie, confiserie et traiteur dans laquelle la troisième génération vient d’entrer en piste. Journaliste CATHERINE KURZAWA

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Portrait ROMAIN GAMBA


Une boutique et un restaurant ouvriront en 2025, annonce Jeff Oberweis.


Conversation Jeff Oberweis

Votre gamme a évolué au fil du temps. Mais quels sont les fondamentaux intemporels ? Les produits d’apparence « simple », comme les éclairs, les croissants ou les sandwiches, nécessitent de la recherche, ainsi qu’une préparation et une maîtrise millimétrées. Mais je suis d’avis que même le produit qui plaît le plus peut toujours être amélioré. Alors, il m’arrive de faire évoluer des recettes. Avec le changement climatique, je rencontre des variations de la qualité de certains ingrédients, comme le beurre par exemple. Cela peut engendrer

des soucis dans la réalisation des recettes. Il faut donc sans cesse trouver les bons produits, et de préférence par un canal qui soit le plus direct possible.

International à l’étranger en tant que vice-président avec Pierre Hermé. Mon rôle, c’est de défendre la gastronomie française à l’international.

Était-ce logique pour vous de poursuivre l’aventure entrepreneuriale de votre père ? Lorsque j’étais jeune, j’aidais déjà à la pâtisserie dans l’entreprise, mais pour autant, je n’ai jamais aimé faire de simples gâteaux. Enfant, j’aimais surtout modeler la pâte d’amandes et travailler avec mes mains. En 1984, lorsque je suis allé à Paris visiter une célèbre pâtisserie avec mes parents, j’ai vu une magnifique pièce en sucre, et c’est là que j’ai su que je voulais devenir chef pâtissier. C’est ce qui m’a révélé le côté artistique du métier. J’ai alors demandé à commencer mon apprentissage, j’ai ensuite participé à des concours, et plus tard j’ai eu cette passion pour la perfection des recettes.

Et la gastronomie luxembourgeoise ? Nous sommes ancrés dans la gastronomie française, mais nous défendons bien sûr les spécialités et traditions culinaires luxembourgeoises qui sont, par définition, internationales.

Oberweis est toujours membre de l’association Relais Desserts International. Vous y êtes le porte-voix du Luxembourg ? Il n’y a pas d’autre représentant du Grand-Duché. On pourrait même dire que je suis le porte-voix de Relais Desserts

Vous avez lancé en 2021 une gamme de pâtisseries véganes. Qu’avez-vous appris de cela ? J’ai appris que lorsque je ne propose pas du végan, les gens m’en font le reproche. Et lorsque j’en propose, ils n’en consomment pas assez [sourire]. Je pense que la réalisation de ces recettes implique d’avoir une connaissance pointue des matières premières. Ensuite, il faut remplacer certains ingrédients et enfin il faut maîtriser le volet technique. Personnellement, j’aborde le végan comme un défi à relever. Par exemple, j’ai décliné la tartelette soleil en version végane. Cela marche très bien et répond à une certaine demande, surtout du côté des plus jeunes.

L’HISTOIRE D’OBERWEIS

1977 1964

1995

Photos

1989

Au commencement

Développement

2e génération

Succession sucrée

Monique et Pit Oberweis ouvrent, le 1er février, leur enseigne de boulangerie-pâtisserie-confiserie au 86A, rue de la Faïencerie au Limpertsberg. Elle déménage à la Grand-Rue en 1970 et se dote d’une tea room.

Oberweis ouvre un point de vente en centre-ville à Aldringen, puis à la gare centrale l’année suivante. En 1981, elle entre dans l’association Relais Desserts International, qui réunit les meilleurs pâtissiers du monde.

Après un apprentissage en pâtisserie, chocolaterie et glacerie enrichi d’expériences dans des pâtisseries parisiennes, les fils de Pit – Tom et Jeff Oberweis – intègrent l’entreprise et incarnent donc la deuxième génération.

Ouverture au City Concorde et construction de l’atelier de production à la Cloche d’Or, ouvert en 1996, comme la boutique du centre commercial Auchan Kirchberg. Jeff succède à Pit au sein de Relais Desserts International.

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Oberweis et Maison Moderne

Oberweis fête ses 60 ans d’existence en 2024. De quelle réalisation majeure êtes-vous le plus fier ? D’avoir réussi à avoir les équipes que nous avons aujourd’hui, mon frère Tom et moi. On entend souvent que l’on a les équipes que l’on mérite. Quand je repense à l’entreprise à mon arrivée il y a trois décennies, il y avait moins de collégialité et de compréhension commune qu’aujourd’hui. Je suis fier d’avoir créé une communication transversale aussi bien au niveau des métiers « administratifs » que des métiers techniques, liés à la production.


Vous avez ouvert en 2020 votre première succursale étrangère, à Trèves. Comment se porte-t-elle et en envisagez-vous d’autres ? Nous sommes très contents de Trèves et nous apprenons beaucoup de cette ouverture. Au début, nous pensions surtout proposer du chocolat et des pâtisseries alors qu’en fait, nous vendons beaucoup de pains et de macarons. Ouvrir ailleurs en Allemagne n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Nous nous concentrons sur le Luxembourg et en particulier Munsbach. Vous voulez dire la nouvelle unité de production annoncée déjà en 2017 ? Nous projetons d’ouvrir d’abord une boutique et un restaurant à l’horizon 2025. Ensuite, nous espérons entamer la construction d’un nouvel atelier de production plus moderne et plus fonctionnel. Mais les procédures d’autorisation nécessitent beaucoup de temps. L’objectif est de centraliser l’ensemble de la production à Munsbach. Notre implantation de la Cloche d’Or (où se fait actuellement la production, ndlr) restera en activité au niveau de la vente et de la restauration.

Avec huit points de vente au Luxembourg et bientôt neuf avec Munsbach, cela vous suffit-il ou regardez-vous à d’autres emplacements ? Il faut voir l’évolution du pays et celle des opportunités. Je suis quelqu’un qui fonctionne à l’opportunité. J’ai déjà été sollicité pour de nombreux projets, mais ils me semblent parfois trop contraignants. Au fil du temps, je réalise que ce qui prime pour nous, c’est la visibilité et l’accessibilité, notamment au niveau du parking. Nous avons fait le pari d’ouvrir à Schifflange en 2021 pour mesurer notre notoriété dans le sud du pays et nous ne le regrettons pas. À Munsbach, nous profiterons du flux et de la proximité de l’autoroute. Nous aimerions aussi rénover l’implantation du City Concorde. Les métiers de l’artisanat sont confrontés à la grande démission et avec ses horaires décalés, j’imagine qu’Oberweis n’y échappe pas. Comment gérez-vous ces difficultés ? Il faut tenir compte de la réalité : depuis la crise sanitaire, les salariés, et en particulier les nouvelles générations, veulent travailler différemment et il faut donc

organiser nos entreprises en conséquence. Travailler raisonnablement avec plaisir est important. Le mal qu’on a aujourd’hui provient du fait que les gens n’ont plus de plaisir au travail. Tant que je suis là, j’essaie de créer une bonne ambiance de travail pour que nos collaborateurs soient heureux au travail. Échangez-vous avec votre père Pit sur l’entreprise ? Pas vraiment, même si mon père est encore quotidiennement présent pour saluer tous nos collaborateurs par exemple. Parfois, il arrive que je l’appelle pour lui demander s’il connaît l’un ou l’autre produit que j’ai goûté récemment. Mon père lit beaucoup et a une très bonne mémoire des noms, il est aussi un observateur averti de l’évolution de la pâtisserie à travers le monde. Quelle est l’implication de votre frère dans l’entreprise compte tenu de son mandat à la Chambre des métiers ? En plus de son rôle de directeur dans l’entreprise, mon frère fabrique tous nos chocolats selon la technique «bean to bar», qui consiste à travailler depuis la fève de cacao jusqu’à la tablette de chocolat. Nous

2020 2013 2017

Rubans et trophée

L’appel de l’artisanat

Réaménagement du flagship store de la GrandRue et rénovation du point de vente du Kirchberg. La Maison Oberweis reçoit l’award Jubilatoire du jubilé du Club des croqueurs de chocolat pour la qualité de ses pralines.

Tom Oberweis devient président de la Chambre des métiers. L’administrateur délégué de l’entreprise est réélu pour cinq ans de plus en 2022. La boutique située au centre commercial City Concorde est rénovée en 2018.

2022

Au-delà des frontières Lancement de la première succursale à Trèves. L’année suivante, Pit Oberweis reçoit le prix d’excellence Carrière d’exception de Relais Dessert International et une nouvelle boutique ouvre à Schifflange.

3e génération Réaménagement de la boutique Grand-Rue et arrivée de la troisième génération entrepreneuriale dans l’entreprise avec deux des fils de Tom Oberweis : Louis et Bob. Le premier fond pour la pâtisserie et le second pour la gestion.

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Conversation Jeff Oberweis

livrons ensemble chaque matin la boutique de la gare à 7h15. Ce trajet constitue notre réunion quotidienne. La nouvelle génération entre en piste avec l’arrivée de vos neveux Louis et Bob Oberweis. Comment cela se passe-t-il ? Mon frère et moi avons instauré la Charte Oberweis pour nos enfants : chaque jeune qui souhaite entrer au directoire doit avoir exercé un métier dans une autre entreprise pendant trois ans. L’objectif principal est d’apporter de la nouveauté. En plus des trois ans s’ajoutent 30 semaines de parcours d’intégration dans notre firme. Ils découvrent tous les métiers, de la logistique à la comptabilité en passant par la production et sont épaulés par des parrains. En bref, je dirais qu’il faut une bonne tête, de bonnes mains, une compréhension parfaite de l’entreprise et surtout apporter quelque chose de nouveau. Qu’est-ce que la troisième génération peut apporter de neuf ? Louis a obtenu un bachelor en sciences avant de s’orienter vers la pâtisserie. Bob a quant à lui étudié les sciences économiques et obtenu un master en management. La nouvelle génération doit d’abord voir ce qu’elle peut faire, trouver sa passion et son plaisir dans l’entreprise pour ensuite apporter sa contribution en fonction de ce qu’elle aime. Aujourd’hui, Louis est responsable de la chocolaterie et Bob responsable de secteur dans la boutique de la Grand-Rue. Mes deux fils sont actuellement impliqués ailleurs: Joé travaille dans un cabinet membre des Big Four et Jacques étudie l’ingénierie à Vienne. Mon neveu Gilles travaille pour sa part au ministère de l’Économie. Leurs parcours pourraient les mener jusqu’à l’entreprise familiale, mais mon frère et moi leur laissons le temps de trouver leur voie. Avez-vous déterminé quand la prochaine génération sera pleinement aux commandes de l’entreprise ou préférez-vous vous impliquer jusqu’au bout ? Ma mission pour le moment se concentre sur les plans et les préparatifs de l’implantation à Munsbach. Je sens que les enfants ont besoin de cela. Je me positionne en appui de la prochaine génération. Je me considère aujourd’hui non plus comme un 44

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dirigeant, mais plutôt comme un accompagnateur pour mes collaborateurs. Comment définissez-vous ce rôle ? J’ai le sentiment que je travaille moins mais qu’aujourd’hui, mon travail consiste surtout en une présence. Je donne des coups de main, j’observe les procédures et je corrige les choses. Je suis plus productif qu’avant car j’ai moins la tête dans le guidon et je suis plus calme.

« Je me considère comme un accompagnateur pour mes collabo­rateurs.»

Le sujet de la transmission d’entreprise vous est familier puisque vous avez repris l’affaire familiale avec votre frère, mais que vous opérez la transition avec la « next gen ». Quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs concernés ? Je leur dirais de prendre les décisions importantes au plus tard à partir de la deuxième génération, surtout en ce qui concerne la structuration de l’entreprise, tant au niveau de l’actif que du patrimoine foncier. Il faut faire en sorte qu’il y ait des gens qui connaissent le métier et le transmettent aux générations futures. Chez Oberweis, tous nos enfants sont les bienvenus dans l’entreprise. C’est pourquoi nous avons déjà évoqué les différentes possibilités de carrières et perspectives de chacun. Je constate que beaucoup de personnes organisent la transition avec des conseillers et restent dans la théorie. Ils en oublient l’aspect humain et familial. Le but étant que chacun de nos enfants trouve le meilleur chemin pour sa vie, même si ce n’est pas dans l’entreprise.

Vous avez déjà planché sur la recette du gâteau d’anniversaire des 60 ans d’Oberweis ? Nous souhaitons plutôt fêter notre anniversaire tout au long de l’année avec nos collaborateurs et nos clients. Nous avons prévu un événement au Tramsschapp, au Limpertsberg, le quartier où mes parents ont ouvert leur premier magasin en 1964. Nous préférons une succession d’actions pour remercier nos clients et nos collaborateurs à un gâteau d’anniversaire.

SOUVENIR D’ENFANCE Pour l’anecdote, Jeff Oberweis a attendu l’âge de 12 ans et son entrée au Lycée de garçons pour vivre sous le même toit que son frère aîné Tom. « Notre habitation était tellement petite que lorsque je suis né, mon frère a dû partir chez notre grand-mère paternelle à 300 mètres de notre appartement car la chambre ne faisait que 8 m2 et il n’y avait pas de place pour deux », se remémore le cadet. « Au début de la boulangerie, mes parents n’avaient rien sauf leur courage et leurs mains », résume-t-il.


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Conversation Mario Treinen

« Nous voulons être le réseau de distribution préféré » Alors qu’il voit affluer deux fois plus de colis à traiter qu’en temps normal en raison des fêtes, le directeur de Post Courrier, Mario Treinen, évoque la position de la branche du groupe Post sur le marché des services colis, mais aussi de sa diversification. Journaliste LÉNA FERNANDES

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Portrait GUY WOLFF


Mario Treinen au centre de tri de Bettembourg.


Conversation Mario Treinen

Noël approche à grands pas. Vous devez vous préparer à devoir traiter un grand volume de colis ? C’est un procédé assez important, mais bien rodé. La préparation commence dès juillet-août. Nous discutons avec des clients pour avoir des prévisions des volumes et estimons le nombre de tournées potentielles. Il faut aussi voir de combien de personnes formées nous disposons. Pendant la période de pic d’activité, des personnes sont embauchées en CDD ou en intérim après avoir été entraînées en septembre-octobre. On arrête aussi toute modification non critique des systèmes informatiques. Le pic a commencé avec le Black Friday, et cela va se poursuivre jusqu’à Noël. Avec des volumes de colis qui doublent, c’est de l’anticipation. Ça ne s’improvise pas. Le volume de colis traités par les services postaux au global a augmenté de 7,8 % entre 2021 et 2022, selon le rapport de 2022 de l’ILR sur les services postaux. Dans le rapport intégré 2022 de Post, on voit que cette croissance n’est que de 1 %. Pourquoi cet écart ? Nous avons presque 50 % de parts de marché sur les services colis, qui est un marché très concurrentiel et où il y a beaucoup d’acteurs. Les nouveaux acteurs ont peutêtre pris un peu plus de volume, mais le fait que nous conservions le nôtre témoigne d’une bonne performance de nos équipes. Ce n’est pas quelque chose qui nous inquiète plus que ça. Est-ce que vous voyez l’augmentation du nombre d’acteurs sur le marché des services colis comme une menace pour Post? C’est de la concurrence pour nous, mais ce n’est pas négatif pour le marché. Beaucoup entrent, mais beaucoup sortent aussi. Est-ce que cette plus grande concurrence a des conséquences sur la stratégie de Post ? Le domaine B2C est très concurrentiel, et pour être honnête, tous les acteurs n’ont pas les mêmes règles de qualité, de sécurité ou d’éthique que nous. Le fait qu’il y ait un ou deux concurrents de plus, même s’ils fonctionnent bien, ne change pas notre stratégie. Le plus important est de conserver notre niveau de qualité et de ne 48

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pas se laisser tenter par des pratiques qui ne nous correspondent pas. Nous voulons être le réseau de distribution de colis préféré des Luxembourgeois. Au Luxembourg, le trafic transfrontalier de colis est bien plus important que le national. Le trafic transfrontalier entrant représente à lui seul 80 % du trafic total. Est-ce que l’on retrouve ces mêmes proportions chez Post ? Oui. Les proportions de volumes sont représentatives des sites sur lesquels les gens passent commande. On a de gros e-commerçants internationaux qui passent par Post, même si on a un réseau d’e-commerce au Luxembourg. À l’export, par contre, nous avons une part de marché qui n’est pas très grande et nous pourrions voir comment aider les entreprises à diversifier leur voie de distribution. Mais dans notre volonté de nous diversifier, nous nous disons qu’il y a sûrement des entreprises qui ont besoin de stockage en ville, pour être approvisionnées tous les jours. C’est plutôt du B2B et il y a peut-être des parts de marché à gagner dans ce domaine qui tend à croître. Chez Post, en 2022, 26 % des colis étaient remis par des facteurs, 53 % par des tournées dédiées et 21 % via le réseau PackUp. Sachant que vous créez de plus en plus de stations PackUp, est-ce qu’il faut s’attendre à voir cette répartition évoluer ? C’est le client qui choisit d’être livré en PackUp. Au Luxembourg, l’utilisation des PackUp est probablement l’une des plus hautes dans l’Europe et dans le monde, à 20-25 %. C’est pour ça que nous avons un bon réseau, qu’on essaie d’étendre. Notre ambition est d’ajouter des stations PackUp aux endroits stratégiques et de garder ce réseau fort. C’est une bonne chose pour nous et pour les clients. Mais il y en a qui veulent être livrés à la maison et ça nous va aussi. Il n’y a pas de volonté de réduire les tournées, le but est d’optimiser notre réseau. Plus de colis égale une plus grande empreinte carbone. Comment gérezvous cette problématique ? Les PackUp permettent d’avoir une meilleure empreinte. Dans le réseau de facteurs, pour ceux qui se déplacent à pied, c’est vraiment certifié neutre en CO2 [rires], et nous

EN 2022, POST COURRIER C’ÉTAIT :

167,9 M€ de chiffre d’affaires

1er employeur du secteur postal au Luxembourg

1.525

collaborateurs

107.439.090 lettres traitées

7.185.520 colis traités

Source Rapport intégré 2022 du Groupe Post Luxembourg


avons aussi électrifié 30 % de notre flotte. L’objectif est d’optimiser les kilomètres en optimisant les réseaux. Chaque kilomètre qui ne se fait pas est le meilleur. Le réseau PackUp a été intégré pour le retrait des commandes Amazon. Quel est l’objectif de ce service ? Nous avons réfléchi avec eux à comment le client pouvait, en passant commande sur Amazon, juste cliquer sur une station PackUp sur une carte pour la choisir comme lieu de livraison, plutôt que de devoir passer par son compte PackUp. L’idée n’était pas de corriger quelque chose qui ne marche pas, mais plutôt de continuer à s’améliorer, avec toujours un focus sur le client. Ce qui change, c’est la facilité pour choisir une station PackUp, et ce de manière intuitive : c’est l’objectif de notre usage de la digitalisation. Est-ce que le développement de votre réseau PackUp est une façon de concurrencer ceux qui proposent des points relais et des « lockers » pour retirer des colis ? Les habitants du nord du Luxembourg n’ont pas envie de se déplacer jusqu’à Luxembourg-ville pour chercher un colis, c’est un fait. Pour nous, c’est aussi une question d’être vu comme l’acteur avec le maillage le plus dense. Ce sont plutôt les autres qui doivent nous voir comme un concurrent [rires]. Nous faisons les choses pour être les premiers, pas pour suivre les autres. Misez-vous sur l’innovation technologique pour développer vos services ? Trier manuellement des colis est une tâche difficile physiquement, le besoin ici n’est pas de remplacer des employés ou de gagner en efficacité. Il faut faire faire aux machines les choses qu’elles savent bien faire. Nous essayons aussi, avec des outils informatiques, d’optimiser les itinéraires et les process, pour assurer une meilleure traçabilité, par exemple. Récemment, nous avons développé le recommandé électronique. Ça pourrait paraître surprenant que Post développe des produits digitaux, mais c’est ça aller de l’avant. Au niveau de Post Group, nous avons beaucoup d’informaticiens dont on profite chez Post Courrier. Notre application commence aussi à bien

se développer. C’est le genre de service qui nous permet d’avoir une connexion digitale avec le client, pour être sûrs que nous puissions le servir. Par contre, la livraison est toujours faite par un employé. Il y a un contact humain et je pense que c’est en partie ce qui fait de nous le réseau préféré des Luxembourgeois. Post Courrier a diversifié ses activités avec des services de logistique et d’e-commerce fulfillment. En quoi consistent-ils ? Dans nos 15.000m2 d’espaces de stockage, nous entreposons des produits de toute sorte: additifs alimentaires, instruments médicaux ou encore des biens industriels. On reçoit ensuite un carnet de commandes, on les prépare en mettant les bons produits dans chaque carton, on sécurise les colis, on les emballe, on colle les étiquettes pour l’envoi et on injecte les colis vers le pays de transport. Il faut évidemment jongler avec les capacités en fonction des jours, c’est le principe de l’e-fulfillment. Nous voulons que ces activités deviennent un pilier de Post Courrier.

«N ous faisons les choses pour être les premiers, pas pour suivre les autres. »

Est-ce que la logistique et l’e-fulfillment sont liés aux autres activités de Post Courrier ? Oui, par exemple les colis qu’on emballe en logistique et qui sont livrés au Luxembourg sont confiés aux collègues chargés des colis. Nous essayons d’ailleurs de changer les employés de département pour être certains qu’ils comprennent toute la chaîne. L’emballage de colis et l’e-fulfillment sont dans l’ADN de Post. Cela reste un environnement où tout se passe vite, c’est typiquement une chose sur laquelle on a des connaissances depuis des années, c’est là où on voit notre force. On s’est diversifié en ajoutant une nouvelle pièce au puzzle. C’est comme avec notre filiale MG SA (Michel Greco SA, ndlr), qui propose des courses. Notre diversification avance, mais nous ne sommes pas actuellement en « tournée shopping» pour aller acheter des filiales à droite et à gauche. Bien que ça reste une possibilité dans notre stratégie.

Intéressés par la livrai­ son de colis ? Retrouvez un article sur l’activité de point relais des commerçants de Luxem­bourg-ville, à lire dès maintenant sur paperjam.lu.

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« L’avenir de la presse est numérique »


Conversation Mike Koedinger

À l’occasion du 30e anniversaire de Maison Moderne, rencontre avec son fondateur et CEO, Mike Koedinger, pour porter un regard sur l’évolution des médias. Journaliste THIERRY LABRO Portrait GUY WOLFF

La concurrence des radios publiques et l’IA générative préoccupent les professionnels, affirme Mike Koedinger.

L’été dernier, vous avez été élu président de l’European Magazine Media Association. Quels sont les enjeux actuels au niveau européen ? Le modèle économique historique des médias, qui consiste à créer des contenus journalistiques pour générer des audiences ensuite monétisées par la publicité, a été fortement remis en question avec l’arrivée de l’iPhone et de Facebook il y a environ 15 ans. Bien que les smartphones et les médias sociaux offrent également de nombreuses opportunités pour les médias, le transfert des lecteurs du support papier vers le numérique, du desktop vers le mobile, et du mobile vers les médias sociaux représente avant tout une perte de valeur économique pour les éditeurs. En d’autres termes, un lecteur exposé à de la publicité dans un magazine imprimé vaut bien plus qu’un lecteur qui suit le flux d’un média sur les réseaux sociaux. Les entreprises médiatiques sont confrontées à une augmentation de leurs coûts alors que leurs revenus diminuent, ce qui met leurs marges sous pression. En Europe, en 2024, deux enjeux majeurs préoccupent les professionnels. D’un côté, il y a la concurrence déloyale des radios publiques qui publient de plus en plus de contenus écrits sur leurs sites web, concurrençant ainsi la presse quotidienne qui doit monétiser son lectorat via un paywall pour financer son journalisme. D’un autre côté, il y a l’IA générative, dont les opérateurs utilisent des contenus financés par les entreprises médiatiques pour entraîner leurs modèles de langage sans rémunérer les éditeurs, ce qui crée une concurrence déloyale. Il s’agit là d’un enjeu politique majeur, car le pluralisme de la presse est sérieusement menacé.

Et au Luxembourg ? La loi relative à un régime d’aides en faveur du journalisme professionnel du 30 juillet 2021 a clairement amélioré le pluralisme dans le paysage médiatique luxembourgeois, notamment en incluant les médias numériques. C’est le mérite de l’ex-ministre des Médias, Xavier Bettel, qui a travaillé sur cette réforme pendant sept ans. Cependant, bien que la loi traite en apparence de manière égale les médias imprimés et numériques, elle n’est pas équitable car elle limite le montant de l’aide à la presse numérique à un tiers de celle de la presse imprimée. Cette situation est particulièrement préoccupante car elle encourage les éditeurs de presse quotidienne imprimée à ralentir leur transition vers le numérique, alors qu’il est urgent d’accélérer cette transformation. Aligner le plafond de l’aide à la presse quotidienne numérique sur celui de la presse quotidienne imprimée semble être le premier défi pour le nouveau ministre des Médias, Luc Frieden. Heureusement, l’accord de coalition du gouvernement prévoit une évaluation de la loi de 2021. Cela avait été initialement prévu pour l’été 2023, mais le gouvernement ne l’a pas inscrit à l’agenda du Parlement. L’avenir de la presse quotidienne est numérique, et le gouvernement devrait encourager cette transition. Maison Moderne fête ses 30 ans. À quoi peut-on s’attendre pour son avenir ? Lorsque Hugues Delcourt est devenu président de Maison Moderne en janvier 2023, il m’a lancé le défi de développer un plan pour la période 2024-2028. Ce plan en est actuellement à sa phase finale. Nous avons quelques priorités, notamment l’amélioration de nos propositions de valeur pour les lecteurs, les membres et les clients, ainsi que la poursuite de l’augmentation de nos audiences et la diversification de nos revenus pour réduire notre dépendance à l’égard des revenus publicitaires. Parallèlement, le comité exécutif suit une master class Scaling Up qui transforme notre entreprise pour accélérer son développement. Cela nous a notamment permis d’ajuster nos valeurs et de confirmer notre raison d’être, qui consiste à contribuer au futur d’un Luxembourg progressiste à travers notre journalisme économique et financier indépendant et influent. JANVIER 2024

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Conversation Fabian Gillet et Mike Lahr

« Il faut sortir du cliché du gros bras »

Vigicore a soufflé ses 20 bougies cette année. Ce Petit Poucet de la surveillance au Luxembourg entend se distinguer des grands par un ancrage local. De son berceau arlonais, la firme s’est étendue vers le Grand-Duché et couvre également le sud de la Wallonie. Journaliste CATHERINE KURZAWA

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Portrait GUY WOLFF


Fabian Gillet et Mike Lahr font face à des problèmes de recrutement.


Conversation Fabian Gillet et Mike Lahr

Vigicore a débuté ses activités en 2003 en Belgique puis en 2007 au Luxembourg. Qu’est-ce qui vous a attirés sur ce marché ? FABIAN GILLET (F. G.)   Nous observions une demande de nos clients belges qui étaient aussi présents au Luxembourg. Mike (Lahr, directeur associé, ndlr) connaissait le Luxembourg et nous avons réalisé qu’il y avait à l’époque peu d’acteurs. C’était un développement logique. Les exigences sont-elles différentes entre ces deux marchés ? F. G.  La Belgique et le Luxembourg ont deux cultures différentes. Nous n’approchons pas le marché de la même façon de part et d’autre de la frontière. Mais dans les deux cas, il faut une connaissance approfondie du territoire et de la problématique sécuritaire. MIKE LAHR (M. L.)   La Belgique est un petit peu en avance sur le Luxembourg au niveau réglementaire car elle a renforcé sa législation à la fin des années 1990. Au niveau réglementaire, comment ça se passe ? F. G.  Notre profession est régie par le ministère de la Justice au Luxembourg et celui de l’Intérieur en Belgique. La loi sur le gardiennage et la sécurité privée pose des conditions strictes pour l’exercice de notre métier au Grand-Duché. Par exemple, nous n’avons pas le droit de travailler sur la voie publique, sauf dans un cadre précis et sous certaines conditions. Nous travaillons en parfaite adéquation avec les autorités et la police, nous sommes en quelque sorte leurs yeux et devons les informer de ce qu’il se passe. Le Luxembourg prépare une nouvelle évolution législative qui a tendance à se calquer sur la Belgique, il est question d’y mettre en place un système d’accès à la profession avec un schéma réglementaire. Il faut professionnaliser le secteur et que nos ressources soient formées. M. L.  Nous anticipons l’évolution à venir. Depuis trois ans, nous cotisons annuellement un pourcentage de notre masse salariale au STIC (Security Industry Training Center, lancé par la Fedil en 2020, ndlr) pour alimenter un fonds. Son objectif est de nous permettre de former tous les agents de sécurité. 54

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Combien de temps nécessite la formation d’un agent ? F. G.  Au Luxembourg, la formation s’étale sur cinq jours ouvrables : trois pour la formation M1 et deux pour le secourisme. En Belgique, elle dure deux mois et demi et en France un mois. Mais avec des temps de formation diamétralement opposés d’un bout à l’autre de la Grande Région, j’imagine que cela crée des difficultés… F. G.  Le Luxembourg est très strict dans les conditions d’accès et d’autorisation. En revanche, nous plaidons pour une amélioration de la qualité de la formation. Vous qui avez un pied de chaque côté de la frontière, est-ce plus facile de travailler en Belgique ou au Luxembourg ? F. G.  C’est tout à fait différent. Du côté belge, nous travaillons dans un schéma où une certaine habitude de fonctionnement existe. Du côté luxembourgeois, il y a des spécificités propres et cette volonté de faire évoluer le cadre réglementaire. M. L.  Le recrutement est un petit peu plus facile à réaliser au Luxembourg qu’en Belgique, mais je pense que cela est propre à de nombreuses sociétés ayant un siège à 5 km de la frontière. F. G.  Toutes les entreprises de sécurité ont un problème de recrutement. Heureusement, le Luxembourg bénéficie du vivier de ressources venues de France et de Belgique principalement. Les frontaliers allemands sont très peu nombreux.

« Nous sommes en quelque sorte les yeux de la police.»

Quelle est la part de travailleurs frontaliers dans votre équipe ? M. L.  Disons que le taux de résidents s’écrit à un chiffre. Quelles sont vos priorités au Luxembourg ? F. G.  Nous sommes demandeurs d’avoir des formations de qualité avec un cursus complet. Il est plus facile par la suite d’avoir sur le terrain des ressources qui sont mieux formées. Notre philosophie, c’est de sélectionner des recrues qui ont déjà un certain cursus, par exemple qui ont travaillé dans

FABIAN GILLET Né à Arlon en 1977, Fabian Gillet a rencontré Mike Lahr en fréquentant les mêmes salles de sport que lui. Féru d’arts martiaux, le Belge entre ensuite dans la sécurité. Il se forme en management, en marketing ainsi qu’en différentes qualifications liées à la sécurité. En 2003, il lance Vigicore en Belgique puis au Grand-Duché avec son comparse luxembourgeois. Aujourd’hui, il dirige Vigicore des deux côtés de la frontière ainsi que l’entreprise arlonaise Secore, spécialisée dans la sécurité événementielle.


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Conversation Fabian Gillet et Mike Lahr

l’armée ou la police et qui ont déjà cette rigueur et cette éthique que nous recherchons. Nous vendons un service, et donc, notre image de marque est en jeu. Le métier évolue aussi, me semble-t-il… F. G.  Oui, le visage de l’agent de sécurité a changé. Aujourd’hui, il est important d’avoir des agents qui ont une approche de proximité et d’humanité. Et plus ils sont polis, humains et avenants, plus nous avançons. Il faut sortir du cliché du gros bras. Nous constatons aussi une mixité croissante de nos profils avec davantage de personnel féminin. Combien de femmes employez-vous ? F. G.  Les femmes représentent 10 à 15 % de l’effectif total du Belux, qui s’élève à 325 personnes. Toutefois, elles restent moins nombreuses au Luxembourg, avec 8 % environ sur 225 personnes. Les femmes apportent une valeur ajoutée importante au niveau de la culture et du volet humain. Elles sont plus pointues dans la gestion administrative et ont une approche plus prononcée de l’accueil. Parmi vos clients figure la Ville de Luxembourg, qui fait appel à vos patrouilles pour assurer la sécurité dans certains quartiers. Comment se passe cette mission médiatisée et comment faire pour ne pas marcher sur les plates-bandes de la police ? F. G.  Ce dossier est sensible car tout le monde n’y est pas favorable et cela a suscité beaucoup de débats. Concernant Vigicore, je dirais que nous n’allons pas suppléer la police. Nous sommes là pour protéger des biens précis et donner un sentiment supplémentaire de sécurité, mais en aucun cas nos agents ne s’immiscent dans la fonction publique. Nous sommes en quelque sorte des caméras sur pieds : nous constatons des faits et appelons la police. Avec cette mission, Luxembourg a osé faire quelque chose qui n’est pas nouveau dans les pays anglo-saxons, où les agents de sécurité ont davantage de missions de cet ordre. Dans les années à venir, je crois que les sociétés de gardiennage se verront confier davantage de missions car la police se concentrera sur des tâches précises. Mais le fait est que nous ne remplacerons jamais 56

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les policiers. Nous ne serons jamais armés et ne commencerons pas à jouer aux cowboys dans la rue. Le Luxembourg compte environ une vingtaine de sociétés de surveillance et de gardiennage. Comment se distinguer de la concurrence ? F. G.  Par la valeur ajoutée. Les grands groupes ont une certaine puissance, mais nous ne voulons pas entrer dans la course aux chiffres. Nous apportons une sécurité de proximité, beaucoup plus humaine et avec une approche différenciée. C’est en comprenant les besoins et enjeux des clients que l’on peut construire une relation de partenariat. Agilité, souplesse et rapidité nous caractérisent. Nous n’avons pas l’ambition de devenir un acteur européen, mais de rester principalement sur la Wallonie et le Grand-Duché.

«N ous ne com– mencerons pas à jouer aux cowboys dans la rue. »

Parmi les évolutions de la profession figurent les nouvelles technologies. Quel rapport entretenez-vous face à ces outils ? F. G.  Ce sont des moyens supplémentaires d’aide à l’agent. Il peut s’agir de drones pour la surveillance, mais aussi d’applications métiers spécifiques pour rendre compte en temps réel de toutes les actions faites par l’agent. Nous sentons une évolution marquée au niveau des caméras de vidéosurveillance et, dans quelque temps, la reconnaissance faciale et l’IA entreront en jeu. Nous considérons la technologie comme étant au service de l’humain. Quel est votre principal défi pour les années à venir ? F. G.  La gestion des ressources humaines au sein de l’entreprise, car il faut trouver les bons profils et les garder. M. L.  Nous sommes dans un secteur qui ne travaille pas aux horaires de bureau, le métier comporte une certaine pénibilité. F. G.  Le second défi, c’est l’adaptation aux changements technologiques dans la sécurité. Il faudra, à l’avenir, créer des départements spécifiques pour se spécialiser dans certains domaines.

MIKE LAHR Né en 1974, Mike Lahr grandit à Perlé. Dès la vingtaine, il entre dans la sécurité. De portier de discothèque à agent de sécurité en passant par responsable de site, le Luxembourgeois enchaîne les missions. Il veille à la protection rapprochée de célébrités à l’étranger comme Naomi Campbell, Cate Blanchett, mais aussi Roger Federer et Jenson Button. Il est par exemple mobilisé au Festival de Cannes sept ans de suite. Roland-Garros et plusieurs grands prix de F1 complètent son parcours.


PARTNER CONTENT

Marco Paterno’ Castello: MD à CFE Finance Lux. MD et Board Member à LFS Holding S.A.

Un repère dans le monde de la finance autonome

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CFE Finance Group

CFE Finance. L’esprit entrepreneurial du groupe se distingue par son dynamisme, son innovation constante et sa volonté audacieuse de relever les défis. CFE Finance. L’esprit entrepreneurial du groupe se distingue par son dynamisme, son innovation constante et sa détermination audacieuse à relever les défis. Fondée en 2001 par l’entrepreneur visionnaire M. Mario Cordoni, CFE Finance est passée d’une société de financement du crédit à l’export à un gestionnaire d’investissements européen indépendant axé sur l’économie réelle. Notre bilan en matière de financement du commerce et de structuration s’élève à 3,5 milliards d’euros en transactions et 1,5 milliard d’euros en opérations de titrisation. En 2021, le processus de diversification a conduit à de nouveaux investissements dans des entités telles que Luxembourg Fund Services, un PSF

spécialisé dans le secteur financier fondée en 2011, supervisée par la CSSF, et RiverRock, une boutique londonienne parmi les leaders du secteur des fonds d’investissement alternatifs, autorisée par la FCA au Royaume-Uni et l’AMF en France. RiverRock, avec ses stratégies d’investissement au Luxembourg, renforce notre offre d’instruments financiers, maintient notre engagement envers l’économie réelle et intègre les critères ESG dans nos choix d’investissement. Ces investissements stratégiques renforcent la position sur le marché de CFE Finance et stimulent la croissance organique, le Luxembourg jouant un rôle central dans la gestion de nos produits et le développement de nouveaux projets.

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Portfolio ÉRIC LUX PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION D’IKO REAL ESTATE

« Pour une politique efficace du logement, le gouvernement devra adopter des mesures à long terme, dépassant la réponse immédiate à la crise. Cela implique la simplification des procédures, et surtout la promotion d’une culture d’urbanisme négocié, de même que le recours aux partenariats public-privé. Cette approche a été couronnée de succès dans la revalorisation du site Rout Lëns à Esch-sur-Alzette, démontrant la possibilité de concilier intérêt général et contraintes du secteur privé. »

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LA CONSTRUCTION APPORTE SA PIERRE À L’ÉDIFICE Suite à l’accord de coalition du nouveau gouvernement, les constructeurs et développeurs les plus importants du pays font part de leur avis sur les mesures concernant le logement. Photos GUY WOLFF Journaliste CÉLINE COUBRAY

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LOUIS-MARIE PIRON ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE TP GROUPE LUXEMBOURG

« Nous saluons l’ensemble des mesures annoncées en faveur du logement. Notamment, l’augmentation des plafonds et avantages, ainsi que la diversification des aides actuellement en vigueur pour les acquéreurs-occupants mais aussi les mesures favorisant le retour des investisseurs sur le marché de l’investissement locatif. Ces actions, si elles sont prises à court terme, devraient permettre de relancer les ventes de logements construits ou en cours de construction. Cependant, pour redynamiser réellement le marché immobilier au sens large et répondre aux besoins des résidents, il y aurait lieu d’élargir certaines mesures envisagées (densification des logements / hectare), d’ouvrir certaines mesures à tout type de logement et ne pas les restreindre aux logements abordables ou encore de favoriser les partenariats avec le secteur privé pour augmenter l’offre de logements dits ‘intermédiaires’ (principe du système Pinel en France). Enfin, il nous semble essentiel d’agir rapidement et de manière ciblée afin de soutenir le secteur de la construction pour qui les bénéfices de ces mesures sont indirects et différés dans le temps. »

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JACQUES BRAUCH ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE SOLUDEC

« 1. Confrontées au quasi-arrêt du marché résidentiel, et au très faible volume de commandes publiques ou privées, les entreprises offrent leurs travaux en dessous du prix de revient. C’est grave, et se révélera certainement néfaste. 2. En faisant la distinction entre entreprises de construction et promoteurs, on évitera les amalgames polémiques, pour ensemble rechercher des solutions. 3. Mesures fiscales à décider immédiatement : enregistrement / amortissement accéléré / TVA réduite. 4. Soludec s’engage à construire chaque année le même nombre de logements que la SNHBM conformément au prix par mètre carré et au cahier des charges fixés par le ministère du Logement. L’État et les communes mettront le terrain à disposition – Soludec agira comme développeur en design & build. »

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JEAN-MARC KIEFFER PRÉSIDENT DU CA DE CDCL GROUPE

« Face à la gravité de la double crise du logement et de la construction, et dans un contexte de coût du capital élevé, l’interventionnisme annoncé par le nouveau gouvernement en termes de simplification et d’accélération des procédures d’autorisation de nouveaux projets, pour autant qu’il soit transministériel, rapide et réel, est globalement louable. Pour autant, il sera important que les mesures annoncées par le nouveau gouvernement pour le secteur du logement soient adoptées rapidement afin que la construction des projets résidentiels disposant d’une autorisation de bâtir puisse être entamée à brève échéance, et ce au bénéfice des futurs occupants, qu’ils soient propriétaires ou locataires. Par ailleurs, en facilitant l’accès au financement bancaire au moyen de garanties d’État, de subventions d’intérêts, etc. d’une part, et en renonçant aux droits d’enregistrement sur la quote-part construction, d’autre part, les acquéreurs-occupants pourraient plus facilement accéder à la propriété immobilière. »

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LAURENT OLMEDO ADMINISTRATEUR DE CREAHAUS

« Les mesures prises envers les inves­tisseurs vont dans le bon sens. L’augmentation du taux de l’amortis­ sement accéléré et l’allongement de la durée sont un signal fort. La créa­ tion d’un nouveau crédit d’impôt Bëllegen Akt, à des fins d’investis­se­ment dans le logement locatif pour les personnes physiques, est également une bonne mesure. Le plafonnement de ces mesures est néanmoins un frein. Si nous voulons une réelle relance du secteur, il faut supprimer tout plafonnement. Par ailleurs, il manque clairement la TVA à taux réduit pour les investisseurs, une subvention d’intérêts pour les primo-accédants et la volonté claire d’associer le secteur privé. Les promo­teurs privés doivent pouvoir contribuer à l’effort collectif non seu­ lement en cédant des terrains pour les logements à coûts modérés, mais également en les réalisant et en les gardant en patrimoine. Nous avons la capacité de réaliser des logements à coûts modérés de manière plus ra­pide et moins cher qu’un orga­ nisme public. Avec mes confrères, nous sommes clairement disposés à garder ces objets en patrimoine sur une très longue durée, et ainsi créer du logement locatif abordable pour tout le monde. »

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MARC GIORGETTI CO-CEO DE FÉLIX GIORGETTI

« Il n’y a pas UNE mesure qui est plus importante que les autres, mais c’est surtout le fait que le nouveau gouvernement semble vouloir aborder le sujet de manière plus intégrée qui me plaît. La possibilité qui sera accordée aux entreprises de créer des logements pour leurs salariés est très importante pour l’économie en général, car elle permettra d’attirer la main-d’œuvre, qui risque de manquer dans les prochaines années. Toutefois, il manque un engagement formel et inconditionnel de la main publique à développer ses propres terrains au plus vite ! Pourquoi? Mais parce que ces terrains ont été payés avec l’argent du contribuable (salariés et entreprises) sans qu’ils ne rapportent rien pour la collectivité… actuellement ! »

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PAUL NATHAN DIRECTEUR TECHNIQUE DE POECKES ET VICE-PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES MÉTIERS

« Il est crucial que toutes les mesures annoncées soient déployées à court terme. Actuellement, avec le ralentissement de l’activité économique, le secteur de la construction risque de perdre environ 4.600 salariés qualifiés, si ces mesures ne sont pas implémentées à très courte échéance. Cette situation risque d’entraver le développement de notre pays qui devra impérativement augmenter le nombre de logements et moderniser ses infrastructures. Malheureusement, dans le présent accord de coalition, il manque tout engagement sur les délais de déploiement des mesures annoncées. Un autre problème fondamental réside dans le financement des biens immobiliers. Dans ce contexte, les taux d’intérêt des banques jouent un rôle primordial. Afin de faciliter l’accès à la propriété, il faudrait trouver, avec les banques, d’autres mesures pour pouvoir baisser les taux d’intérêt des emprunts, et augmenter par-là la capacité de financement des ménages, tout en évitant le surendettement. »

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ROLAND KUHN ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ DE KUHN CONSTRUCTION

« L’augmentation prévue du taux d’amortissement accéléré de loge­ ments construits en vue de leur location est une mesure importante pour stimuler le marché de la cons­ truction à court terme. Il faudrait cependant faire abstraction de plafonner le montant total de cette mesure fiscale mise en place pour une période transitoire d’une durée de 12 mois. Afin de permettre aux entreprises de construction de constituer des stocks de logements et de ne pas ralentir la cadence de construction, le gouvernement devrait abolir les frais d’enregistre­ ment de 7 % sur la quote-part construction déjà réalisée. Dans le cas contraire, les acheteurs qui achètent une maison de stock doivent payer des frais d’enregistre­ ment sur la quote-part terrain et sur la quote-part construction. Il faudrait également réduire le taux de TVA applicable à la construction de logements destinés à location. »

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Enjeux

PROPERTY MANAGEM 70 Les multiples casquettes du property management

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72 Faire rimer immobilier et ESG

74 Collecter la donnée et décloisonner les métiers

78 Laurent Rouach : « Les proptech, alliées incontournables du property manager »


MENT

S’il est actuellement en proie à certaines turbulences, le marché immobilier luxembourgeois, ces dernières années, est parvenu à attirer un nombre croissant d’investisseurs. On a vu des particuliers se ruer sur des biens résidentiels dans l’optique de profiter d’un rendement locatif. Une part importante des immeubles, par ailleurs, est intégrée au sein de portefeuilles d’investissement gérés par des acteurs institutionnels, à l’instar des fonds de pension. Soucieux de la satisfaction de leurs locataires, ces acteurs s’appuient sur des relais locaux, à qui ils confient la gestion locative de leurs biens. Pour répondre à ces besoins, on a ainsi vu se développer, se professionnaliser et s’enrichir l’activité de property management au Luxembourg. Partenaire des propriétaires, premier interlocuteur des locataires, les gestionnaires agissent souvent dans l’ombre. À la croisée des métiers de l’immobilier, ils jouent pourtant un rôle essentiel, veillant à garantir le rendement des biens gérés, contribuant directement au maintien de la valeur des actifs du marché. JANVIER 2024

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Enjeux Property management

Les multiples casquettes du property manager Ces dernières années, la fonction de property manager a considérablement évolué. Disposant d’une parfaite connaissance des immeubles et au fait des attentes des locataires, il est devenu un conseiller de premier plan pour les propriétaires, qu’il accompagne dans la durée. Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE

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ASSURER LE SUIVI ADMINISTRATIF

La première mission confiée au property manager est d’assurer un suivi administratif de la relation établie entre un propriétaire et un locataire à travers un contrat de bail. Le property manager est en charge de la gestion locative du bien immobilier. Vis-à-vis des occupants, au-delà du suivi du paiement des loyers, il veille à la comptabilisation et à la facturation des charges. « La particularité de notre métier est que nous sommes mandatés par le propriétaire et rémunérés par les occupants », explique la managing director de MVGM Luxembourg, Pauline Dusseldorf. Les services du property manager sont facturés directement au locataire dans les charges. « Vis-à-vis du propriétaire, le premier enjeu est de garantir le rendement du bien. Vis-à-vis des locataires, nous devons tout mettre en œuvre pour leur assurer la plus grande satisfaction, en veillant notamment à ce que les conditions du contrat de bail soient bien honorées », poursuit la dirigeante.

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APPORTER UNE EXPERTISE TECHNIQUE

Au-delà de la gestion et du suivi administratif, le property manager est là pour répondre à tous les aspects techniques liés au fonctionnement d’un immeuble. « C’est lui qui, en cas de problème, est appelé pour intervenir, commente le head of property management au sein d’Inowai, Geoffrey Castagna. Il doit, pour cela, avoir une connaissance approfondie des bâtiments qu’il gère, des installations techniques, électriques et structurelles qu’ils intègrent. Celle-ci lui permet de diagnostiquer rapidement les problèmes et de mettre en œuvre les solutions les plus appropriées. » Il doit donc disposer de compétences techniques générales, lui permettant de comprendre les enjeux. Il doit surtout s’entourer de partenaires et spécialistes de confiance, dont le rôle sera de le conseiller et de lui proposer les solutions les plus adaptées.


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FACILITER LA COMMUNICATION

En raison de sa position, le property manager est la principale interface entre les locataires et le propriétaire. C’est par lui que transitent les doléances ou souhaits exprimés par les occupants d’un immeuble. « Une bonne communication est essentielle dans la gestion d’un bien immobilier, explique le COO d’Inowai, Tehdi Babigeon. Pour cela, le property manager doit être accessible, disponible et à l’écoute des attentes des locataires. » Au cœur des échanges, il doit veiller à garantir la plus grande transparence. « Si l’on veut entretenir la confiance entre les parties liées par un contrat de bail, il faut étayer les propositions faites, soutenir les discussions à partir d’éléments concrets, explique le head of property management au sein de CBRE Luxembourg, Guillaume Perrodin. De cette manière, on peut avoir des échanges constructifs et tirer tout le monde vers le haut. »

5

PLANIFIER LES INVESTISSEMENTS

Combinant une expertise technique, une connaissance approfondie du marché local et des attentes des locataires, le property manager est à la bonne place pour conseiller le propriétaire sur les investissements à réaliser au niveau de son bien immobilier. « L’enjeu est de s’assurer que l’immeuble se maintienne dans les normes actuelles du marché et d’anticiper les besoins futurs, explique Pauline Dusseldorf. Dans cette optique, nous aidons les propriétaires à bien planifier les investissements au départ des recommandations que nous pouvons formuler. » Le conseil que peut apporter le property manager revêt une dimension stratégique. Maintenir le bâtiment aux normes permet de fidéliser les occupants ou, le cas échéant, de plus facilement trouver un locataire. Cela permet ainsi de garantir un rendement locatif optimal tout en contribuant à maintenir la valeur de l’immeuble sur le marché.

4

GARANTIR LA CONFORMITÉ

Localement, le property manager peut agir pour des investisseurs institutionnels, qui ne sont pas forcément au fait des exigences réglementaires en vigueur. Dans le domaine de l’immobilier, les contraintes légales sont, en effet, de plus en plus nombreuses. À ce niveau, le property manager est également présent pour veiller à la conformité du bâtiment en la matière. Il s’agit, en particulier, de s’assurer que les normes en vigueur, en matière de sécurité ou encore de performance énergétique, sont bien respectées. Les gestionnaires immobiliers sont familiarisés avec les lois locales. Leur expertise en la matière contribue à éviter des problèmes juridiques potentiels aux propriétaires.

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AU CŒUR DES INTERACTIONS

Au fil des années, les attentes formulées à l’égard de la fonction de property manager se sont considérablement diversifiées. Les enjeux liés à la gestion d’un immeuble se sont aussi complexifiés. Toutes ces tâches et missions peuvent difficilement être assumées par une seule personne. Aujourd’hui, le property management s’opère en équipe. Le responsable de la gestion d’un immeuble doit pouvoir mener une équipe, rassembler autour de lui les bonnes compétences. Au-delà de la gestion de l’immeuble proprement dite, il peut faire valoir son expertise auprès d’autres acteurs de la chaîne de valeur de l’immobilier. Sa connaissance du marché lui permet, par exemple, d’objectiver les propositions faites par les agents. Son expertise technique lui offre la possibilité d’apporter un conseil dans les étapes de conception d’un immeuble ou d’un projet d’aménagement.

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Enjeux Property management

Faire rimer immobilier et ESG Alors que les propriétaires cherchent à réduire l’empreinte carbone de leurs actifs immobiliers, les locataires souhaitent aussi disposer d’un immeuble performant d’un point de vue environnemental. Les gestionnaires d’immeubles, à ce niveau, sont les interlocuteurs privilégiés des parties en présence, contribuant à inscrire les bâtiments qu’ils gèrent dans une trajectoire net zéro carbone. Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE

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Réduire l’empreinte carbone L’un des rôles du gestionnaire d’immeubles est de conseiller les propriétaires vis-à-vis de leurs obligations en matière environnementale. Ce n’est toutefois pas le seul élément qui pousse les détenteurs de biens à « verdir » leurs actifs immobiliers. « Beaucoup sont souvent des investisseurs institutionnels. Ces derniers, dans le

Bien investir Obtenir une certification environnementale (Breeam, DGNB, Well, etc.), qui vient attester du caractère durable d’un immeuble, peut, en effet, impliquer des investissements conséquents. L’enjeu, pour le property manager, est de formuler les meilleures recommandations sur les

MVGM Luxembourg

« La réglementation en matière de durabilité évolue très rapidement. Cela se traduit au niveau des normes énergé­tiques des bâtiments, des matériaux. »

cadre de la gestion de leurs actifs, doivent intégrer les critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance, dit le head of property management au sein d’Inowai, Geoffrey Castagna. Ils doivent pouvoir rendre compte de l’empreinte carbone de leur portefeuille d’investissements immobiliers et chercher à la minimiser.» Les occupants eux-mêmes s’inscrivent dans des démarches similaires, avec la volonté de réduire au maximum l’empreinte environnementale liée à leurs activités. « Tous les acteurs, à leur échelle, se dotent d’une stratégie net zéro carbone, le plus souvent avec la volonté d’atteindre cet objectif de neutralité bien avant l’horizon 2050, en 2030 pour certains, explique le head of property management au sein de CBRE Luxembourg, Guillaume Perrodin. Dans cette optique, il faut investir pour inscrire l’immeuble dans la trajectoire souhaitée. »

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PAULINE DUSSELDORF Managing director MVGM Luxembourg

2050. C’est l’échéance fixée au niveau de l’accord de Paris pour atteindre la neutralité carbone. Si cela peut paraître lointain, dans le domaine de l’immobilier, où les investissements sont réalisés dans une perspective à long terme, ces enjeux sont dès à présent pris très au sérieux. « La réglementation en matière de durabilité évolue très rapidement. Cela se traduit au niveau des normes énergétiques des bâtiments, des matériaux utilisés dans le domaine de la construction, ou encore de la gestion des déchets ou de l’eau, commente la managing director de MVGM Luxembourg, Pauline Dusseldorf. Les exigences environnementales sont de plus en plus strictes. Si les nouvelles constructions les mettent en œuvre directement, les bâtiments existants, eux, doivent évoluer pour les intégrer progressivement. »


transformations à opérer au niveau de chaque immeuble et de les planifier dans le temps. « Notre connaissance du bâtiment, de ses performances environnementales ou énergétiques nous permet d’être force de proposition, explique Pauline Dusseldorf. Au-delà de la recommandation des solutions les plus pertinentes à mettre en œuvre, nous devons en évaluer le budget, planifier l’investissement, tout en tenant compte des enjeux de rentabilité inhérents à chaque bien. » Si la volonté est d’améliorer les performances ESG de chaque immeuble, il faut composer dans un cadre budgétaire défini, en veillant à planifier les dépenses d’investissement de la manière la plus opportune. Aligner les intérêts « Le défi en la matière est de parvenir à un alignement des intérêts en présence. Il faut pouvoir établir une stratégie ESG propre à chaque bâtiment en tenant compte des enjeux des divers acteurs, le propriétaire comme les locataires, commente Geoffrey Castagna. Dans la manière de gérer les immeubles, de les faire évoluer, nous devons nous efforcer de mettre en œuvre des pratiques respectueuses de l’environnement, que ce soit par le biais de l’efficacité énergétique des bâtiments ou de l’adoption de

technologies vertes. » Chaque immeuble est différent et doit faire l’objet d’une stratégie ESG particulière. Celle-ci doit tenir compte de la trajectoire de chacun, anticiper les évolutions réglementaires (comme la taxonomie verte) et normatives, afin de garantir l’attractivité de l’immeuble sur le marché. Au-delà des investissements contribuant à l’amélioration des performances « durables » des bâtiments, la fonction de property manager est appelée à évoluer pour répondre à de nouveaux besoins. «Les propriétaires ou les locataires, à leur niveau, sont invités à rendre compte des impacts environnementaux ou sociaux de leurs activités. Pour cela, ils ont besoin de données spécifiques. C’est à nous, gestionnaires d’immeubles, de pouvoir leur fournir des rapports robustes sur leur empreinte carbone, sur leur consommation d’énergie et la nature de celle-ci, ou encore sur leur production de déchets, commente Guillaume Perrodin. Plus que jamais, nous devons être force de proposition par rapport à ces enjeux. »

Le poids du coût énergétique Améliorer les performances énergétiques d’un immeuble permet de minimiser son empreinte carbone tout en contribuant à réduire le niveau des charges qui incombent au locataire. Aussi, quand les prix de l’énergie augmentent considé­ rablement, les locataires se montrent plus attentifs à ces aspects. « Au niveau d’un immeuble mal géré, pour lequel on a négligé ces aspects de performances énergétiques, le niveau de consommation peut être trois fois supérieur à celui d’un immeuble répondant aux normes du marché en la matière », commente le head of property management au sein de CBRE Luxembourg, Guillaume

Perrodin. La performance énergé­ tique est donc un élément de plus en plus déterminant dans l’attrac­ tivité d’un immeuble. « Si le niveau des charges s’établit à 8 ou 9 euros du mètre carré, les locataires seront effectivement plus réticents à s’installer dans cet immeuble. Le taux de charges moyen, au Luxembourg, s’établit plutôt autour des 5 ou 6 euros, commente la managing director de MVGM Luxembourg, Pauline Dusseldorf. Or, la consommation énergétique représente une part non négligeable des charges. C’est donc un élément essentiel sur lequel il est indispen­ sable de travailler. » Les leviers d’amélioration des performances

énergétiques sont multiples. Il est possible de mettre en place un éclairage LED, de réduire la dépendance aux énergies fossiles grâce à des pompes à chaleur, ou encore de privilégier l’auto­ consommation en mettant en place des installations de production d’énergie renouvelable. Un autre levier, souvent négligé, concerne l’utilisation qui est faite du bâtiment. Plus que jamais, il est important de sensibiliser les utilisateurs aux bonnes pratiques en matière d’économie d’énergie. Le property manager, en contact régulier avec les occupants d’un immeuble, est de plus en plus amené travailler sur ces enjeux. « Dans certains contrats

de bail, on voit aussi de plus en plus souvent apparaître une clause environnementale, qui oblige les locataires à utiliser le bâtiment ‘en bon père de famille’, en veillant, par exemple, à encadrer l’utilisation du chauffage ou de la ventilation », explique Pauline Dusseldorf. Pour la dirigeante, les règles relatives à l’utilisation des bâtiments ne sont pas encore très avancées au Luxem­bourg. « En France, par exemple, la température des bureaux est encadrée de manière beaucoup plus stricte », explique-t-elle.

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Enjeux Property management

Collecter la donnée et décloisonner les métiers De plus en plus, l’amélioration de la gestion des immeubles doit s’appuyer sur des données de qualité, mises au service des propriétaires comme des locataires. Pour les property managers, il s’agit donc de se doter des capacités de les collecter et d’en extraire de la valeur.

« Les données relatives au parc immobilier, ou même à un immeuble en particulier, sont encore largement sous-exploitées. »

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Désormais, les attentes à l’égard du métier vont beaucoup plus loin. On attend de nous d’opérer un pilotage précis des nombreux enjeux inhérents à chaque bâtiment, d’agir de manière proactive en cherchant continuellement de nouveaux leviers d’amélioration des performances. » L’un des enjeux majeurs, pour satisfaire l’ensemble de ces attentes, réside dans le renforcement de la capacité des gestionnaires à collecter et à traiter les données. « Les données relatives au parc immobilier, ou même à un immeuble en particulier, sont encore largement sous-exploitées, commente le head of property management chez Inowai, Geoffrey Castagna. Au sein d’un immeuble, il est possible de collecter de très nombreux indicateurs relatifs à une multitude d’aspects. On pense, en premier lieu, aux données relatives à la consommation des ressources. Mais d’autres informations, concernant la qualité de l’air ou le taux d’occupation des divers espaces, peuvent aussi être relevées. » «Une mue numérique» Les immeubles les plus récents intègrent un grand nombre de capteurs permettant

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GEOFFREY CASTAGNA Head of property management Inowai

« Pour profiter de réels gains de performance, il y a lieu de décloisonner les métiers de l’immobilier, commente le head of property management au sein de CBRE Luxembourg, Guillaume Perrodin. Encore trop souvent, les aspects techniques, financiers et, au regard des évolutions récentes, en lien avec la durabilité des bâtiments sont abordés de manière distincte. En raison de l’évolution des attentes et des besoins des propriétaires comme des locataires d’un immeuble, il y a, aujourd’hui, une opportunité à appréhender les enjeux de manière transversale. » En la matière, le property manager occupe une position privilégiée. La fonction touche à de nombreuses dimensions de l’immobilier. Au-delà du suivi du rendement locatif, il veille sur les aspects techniques du bâtiment. Il est en contact permanent avec les locataires, cherchant à satisfaire au mieux leurs attentes. Sa connaissance des lieux lui permet de formuler les recommandations les plus pertinentes en matière d’investissements. « Par le passé, le gestionnaire avait pour mission principale de veiller sur l’immeuble et ses locataires en bon père de famille, poursuit Guillaume Perrodin.

Eva Krins

Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE


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Enjeux Property management

de faire remonter ces données vers les gestionnaires. Au niveau des immeubles plus anciens, collecter ces informations implique souvent de mettre en place des capteurs ou de faire évoluer les installations techniques. Pour le gestionnaire, il s’agit aussi de se doter de la capacité de traiter efficacement l’ensemble de ces informations. « C’est une véritable mue numérique qu’il faut opérer. Il s’agit d’abandonner nos tableurs Excel pour adopter des plateformes au départ desquelles on peut faire converger les données. Ces outils doivent nous permettre d’appréhender les problématiques de manière transversale », commente Guillaume Perrodin. « Un renforcement de la compétition entre acteurs auquel s’ajoute l’élévation du niveau d’exigence des investisseurs internationaux nous obligent à repenser nos métiers, explique-t-il. Au départ de la donnée, nous pouvons améliorer la gestion de l’immeuble, mais aussi soutenir efficacement les autres acteurs de la chaîne de valeur dans l’immobilier. » Nouvelles opportunités Une meilleure exploitation des données d’un bâtiment est source de nombreuses opportunités. « La collecte et le traitement des données contribuent, avant tout, à une plus grande transparence vis-à-vis des occupants ou encore du propriétaire. À terme,

chacun devrait pouvoir disposer d’une vue précise sur ce qu’il consomme et, dès lors, sur ce qu’il paie, explique le COO d’Inowai, Tehdi Babigeon. Dans une même logique, on peut aussi mieux rendre compte de l’empreinte carbone de chacun. » L’exploitation des données permet aussi d’identifier plus efficacement les leviers d’amélioration des performances du bâtiment dans de nombreux domaines. « On peut s’inscrire dans une démarche de gestion proactive. Opérer un suivi du niveau d’utilisation des équipements en temps réel permet de rationaliser les opérations d’entretien, de réaliser une maintenance prédictive et éviter les pannes ou encore de remplacer les équipements au moment le plus opportun», assure Geoffrey Castagna. De cette manière, on peut aussi minimiser les coûts de gestion et mieux planifier les investissements. Il devient aussi possible d’automatiser un certain nombre d’éléments en fonction de l’usage effectif d’un bâtiment, dans l’optique de réduire sa consommation énergétique ou encore renforcer le bien-être des occupants et améliorer leur expérience locative. «Disposer d’une vue globale sur la manière dont est utilisé un bâtiment permet aux gestionnaires de développer un ensemble de nouveaux services, d’apporter des conseils à plus haute valeur ajoutée, complète Guillaume Perrodin. À nous d’être créatifs et de faire évoluer notre offre. »

GUILLAUME PERRODIN Head of property management CBRE

« Il s’agit d’abandonner nos tableurs Excel pour adopter des plateformes au départ desquelles on peut faire converger les données. »

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« Un immeuble bien géré permet de générer des revenus, commente Geoffrey Castagna. Nous contribuons à maintenir l’attractivité des biens que nous gérons et, à ce titre, à limiter le vide locatif et à en opti­miser la rentabilité. » D’autre part, vis-à-vis du locataire, le gestionnaire contribue à minimiser les charges, pour lui garantir la plus grande satisfaction. « Au-delà des amélio­ rations que nous pouvons apporter à un bâtiment dans l’optique d’en améliorer les performances, nous sommes aussi bien positionnés pour négocier des prix attractifs en matière d’approvisionnement ou dans le cadre

de l’établissement d’un contrat de service », explique la managing director de MVGM Luxembourg, Pauline Dusseldorf. Un gestionnaire qui s’occupe d’un grand nombre de bâtiments, jouant sur le volume, peut en effet négocier des contrats plus avantageux avec des opérateurs locaux. S’appuyer sur un property manager, dès lors, constitue une opération rentable à bien des égards. « L’un des enjeux, pour le métier, est aujourd’hui de parvenir à rendre compte de la valeur de nos presta­ tions, de ce que nous apportons effectivement à chacun », poursuit Pauline Dusseldorf. En la matière,

le property manager doit agir de manière transparente, en démontrant les gains associés aux initiatives qu’il prend. S’il contribue à réduire les charges et à améliorer le rendement des bâtiments, le property manager est aussi rémunéré pour un ensemble de services qu’il apporte, comme la gestion des problèmes du quotidien ou encore le conseil aux locataires ou aux propriétaires. En la matière, les attentes des uns et des autres sont toujours plus élevées. Pour les satisfaire, les property managers doivent sans cesse se repenser et trouver les moyens d’être rémunérés à leur juste valeur.

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Le property manager occupe une position centrale dans la relation qui unit un propriétaire et un locataire. La manière dont il est rémunéré est, quant à elle, particulière. En effet, le gestionnaire est mandaté par le propriétaire et rémunéré par le locataire. Ses prestations sont facturées au niveau des charges. En l’occurrence, de l’avis de la plupart des gestionnaires, le niveau de rémunération peut aujourd’hui paraître bien marginal, si l’on considère l’expertise que requiert aujourd’hui le métier, les attentes croissantes formulées à leur égard et la valeur ajoutée qu’ils apportent.

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Mir ginn d’Land net op Le 15 décembre, le Lëtzebuerger Land fera peau neuve


Enjeux Property management

« Les proptech, alliées incontournables du property manager » Pour le cofondateur de LuxPropTech et investisseur dans les sociétés innovantes dans le domaine de l’immobilier à travers sa société Eliacin Laurent Rouach, la technologie contribue à faciliter la gestion des immeubles, renforce leur valeur, pour la plus grande satisfaction des utilisateurs. Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE

locative. Pour les property managers, il est aussi important de veiller au maintien en compétence des équipes. Celles-ci doivent composer avec une multitude de technologies. Elles doivent se doter de nouvelles expertises afin de pouvoir intégrer les innovations proposées par les proptech. Comment la technologie peut-elle accompagner et faciliter la gestion d’un immeuble ? L’irruption de la technologie dans l’industrie immobilière est largement soutenue par les start-up de l’immobilier. Lorsque les proptech ont commencé à émerger, vers 2015, les deux principaux domaines d’activité de ces start-up étaient les piliers Market & Transact et Manage & Operate. Si on a aussi vu des activités se développer autour des métiers Design & Build, Live & Work et Finance & Invest, environ 60% des proptech européennes sont orientées vers ces deux piliers. Et malgré le foisonnement croissant de solutions innovantes, il est étonnant de constater qu’Excel est encore beaucoup utilisé par les gestionnaires. Pourtant, les proptech sont aujourd’hui devenues incontournables, réelles alliées du

Matic Zorman (archives)

À quels principaux défis l’activité de property management est-elle confrontée ? Le property management consiste à superviser au sens large des biens immobiliers dans leurs dimensions technique, administrative et juridique. C’est un travail exigeant qui nécessite de jongler avec de multiples responsabilités et compétences, allant de la maintenance à la gestion de la relation avec les locataires. Cette activité s’appuie sur une gestion administrative très lourde. Un bâtiment génère beaucoup d’informations, de data et, pour l’instant encore, beaucoup de documents papier. Une enquête menée par l’Institute of Real Estate Management révélait récemment que ce dernier point, la gestion documentaire, était la première préoccupation des grandes firmes de property management. Au-delà de cette partie administrative, on peut évoquer de nombreux autres défis. L’essor de la flexibilité dans les bureaux et du coworking implique une gestion plus agile. Avec la prise en compte des ESG, il est nécessaire d’accompagner la transition énergétique des bâtiments. On voit aussi se développer une multitude de services aux occupants dans l’optique de lutter contre la vacance

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LAURENT ROUACH Cofondateur LuxPropTech


property manager. Elles contribuent à l’amélioration de la performance des actifs, à l’automatisation des process. Elles proposent un ensemble de services innovants, le plus souvent basés sur une stratégie data réfléchie, s’appuyant notamment sur l’IA. Il s’agit donc avant tout de parvenir à mieux traiter et valoriser la donnée… Les bâtiments produisent un nombre impressionnant de données. Les proptech jouent un rôle crucial en collectant en temps réel cette grande quantité d’informations liées à la performance énergétique, à la maintenance, à la sécurité, à l’utilisation des espaces… Dans un premier temps, il faut donc générer, collecter et agréger les données qui contribueront à l’amélioration de la gestion des immeubles. Dans un second temps, il faudra parvenir à contextualiser l’information, dans l’optique de réussir à mieux appréhender ce tsunami de données. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de la manière selon laquelle les proptech contribuent à l’amélioration de la gestion des bâtiments ? L’un des premiers axes en la matière vise l’optimisation des performances du bâtiment. Les proptech surveillent, contrôlent et optimisent les systèmes avec de l’IOT couplé à de l’IA pour collecter et analyser la data afin de prendre les bonnes décisions, en temps réel, et de manière autonome. Des solutions, comme eSave, permettent par exemple d’ajuster l’éclairage, le chauffage et la climatisation en fonction de l’occupation, des conditions météorologiques et d’autres facteurs. D’autres, à l’instar de Foobot, contribuent à créer et à maintenir un environnement confortable en contrôlant et en ajustant la qualité de l’air intérieur, la température et les niveaux d’humidité. D’autres encore monitorent la performance des équipements. Grâce à l’analyse des données, des solutions comme Symvio identifient les anomalies et défauts pour réduire les défaillances, maximiser les temps de disponibilité et optimiser les coûts d’exploitation en réduisant les interventions. Au niveau de la gestion de la sécurité, de nombreuses solutions ont vu le jour. Viziosense, par exemple, couple vidéosurveillance et IA en vue d’améliorer le contrôle d’accès et de renforcer la

sécurité des occupants. L’optimisation des performances peut se baser sur des outils variés et le point de friction peut être dans cette multiplicité. Des proptech (telle Trrigr) proposent un système d’exploitation qui rassemble sur la même plateforme tous les flux de données provenant des différents systèmes connectés. Quels sont les autres axes d’amélioration ? Au niveau de l’automatisation des processus, certaines solutions améliorent l’efficacité opérationnelle des gestionnaires. La technologie permet de rationaliser des tâches comme le paiement des loyers, le suivi avec les banques, la gestion des fournisseurs, la mise en place de contrats d’entretien. La préparation et gestion des contrats de maintenance et d’exploitation peut, par exemple, être facilitée en recourant à l’IA générative. L’irruption de l’IA a par ailleurs boosté les chatbots qui deviennent de plus en plus populaires. Plutôt que d’avoir à gérer manuellement la communication, des appels téléphoniques aux mails, les chatbots le font automatiquement, en comprenant les attentes et les demandes et en guidant locataires ou fournisseurs tout au long d’un parcours. Quel est l’enjeu en la matière ? La satisfaction et la fidélisation des locataires sont au cœur de la démarche de property management. On peut, à cet égard, renforcer l’attractivité d’un bâtiment grâce à des solutions digitales qui regroupent une série de services à l’usage des utilisateurs. Avec l’hybridation du travail, c’est d’ailleurs devenu un levier essentiel. Le digital permet de gérer au mieux les espaces pour augmenter la proposition de valeur d’un lieu, en mettant en œuvre des approches d’hospitality management ou d’animation des sites. C’est ce que propose notamment Welcome at Work. D’autres solutions, comme Witco, facilitent l’utilisation des immeubles de bureaux, qu’il s’agisse de la réservation de salles de réunion, de la vérification d’identité, de la gestion des parkings, de la réservation d’un créneau dans la salle de sport, etc. Tous ces services sont disponibles à partir d’un simple smartphone, pour tous les utilisateurs.

Une valorisation des biens ? Et si la technologie mise au service du property management peut-elle contribuer à la valorisation des biens ? Laurent Rouach explique: « C’est une question délicate. Elle me rappelle beaucoup celle que se posaient les gestionnaires d’actifs ou les experts en valorisation au sein des Big Four à l’égard de la certifi­cation environnementale des bâtiments il y a quelques années : y a-t-il une valeur verte associée à un immeuble ? Cette question ne se pose plus aujourd’hui, bien que cette green value demeure diffici­lement quantifiable. Les obligations réglementaires, comme la taxonomie ou la SFDR, dans lesquelles de nombreux acteurs doivent s’inscrire, ne peuvent être mises en œuvre que sur les données collectées, analysées et remontées de manière précise et contrôlable. Les techno­logies aident les property managers à gérer, suivre et rendre compte de la conformité aux critères et réglementations environnementales (le E d’ESG). Elles soutiennent l’identification des domaines à améliorer, le gap ‘d’alignement’ et permettent de rendre compte aux parties prenantes et aux investisseurs. La transparence et l’exhaustivité dans l’information participent donc certainement à la valorisation des actifs. »

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Grand dossier Finance & Légal

Private Equity & RE Funds

LPEA La technologie, levier de fluidification et de démocratisation du PE

CLOSD Private equity & legaltech : défis et opportunités

CACEIS BANK, LUXEMBOURG BRANCH A compelling jurisdiction for private equity

Nathaniel Merino

Olivia Zitouni

ATOZ TAX ADVISERS Le Luxembourg : leader de la gestion d’actifs

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE LUXEMBOURG Objectif : être leader européen des fonds alternatifs

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Qing Yang

LOYENS & LOEFF LUXEMBOURG What explains the booming suc­cess of credit funds in Luxembourg?

PWC LUXEMBOURG Private equity and ESG – time for the long-term view

Stéphane Pesch

BANQUE DE LUXEMBOURG Renewed vigour for private asset funds Nicole Thomé & Vincent Willem

IQ-EQ To remain the leader, we need to stay on our feet Márk Tamás

P.-A. Klethi & K. Emeraux 80

JANVIER 2024

Geoffroy Marcassoli


Contenus sponsorisés

INDOSUEZ WEALTH MANAGEMENT Intégrer le marché privé dans des solutions d’investis­ sement accessibles

BNP PARIBAS LUXEMBOURG A Goldilocks moment for private credit: riding the wave of opportunity

Florent Saint-Quentin

Charly Guyot

CLIFFORD CHANCE Moving toward the democratisation of private funds

STIBBE LUXEMBOURG AIFMD 2.0: some long-awaited changes

Paul Van Den Abeele & Charlotte Reynders

Victorien Hémery & Edouard d’Anterroches

FIDELITY INTERNATIONAL Tackling real estate to meet climate targets Maarten Frouws

ONELIFE Private equity et assurance-vie, un mix qui a la cote Fouad Charrite

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ALLEN & OVERY Robust tax structuring as a return protector Franz Kerger

ELVINGER HOSS PRUSSEN The evolving landscape of private credit funds

Blockchain, Crypto-assets & Metaverse

Xavier Le Sourne & Kenza Bensaid JANVIER 2024

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Portfolio

Une année 2023 à tirer des portraits

Entre photos, making of et anecdotes, notre photographe Guy Wolff revient sur une année à tirer le portrait des plus célèbres des célèbres, et des inconnus de moins en moins inconnus. Photos GUY WOLFF


Julie Becker

Lauréate du Top 100 de Paperjam, la CEO du Luxembourg Stock Exchange, Julie Becker, attire la lumière dans le numéro de janvier 2023. Et pas n’importe quelle lumière, puisque celle qui est sur son œil est celle… de son propre bureau.

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Michael Levchenko

La belle histoire d’un artiste ukrainien, Michael Levchenko, qui doit fuir son pays, embarqué malgré lui dans la guerre déclenchée par la Russie et qui se réfugie au Luxembourg… chez son amie russe Alina Fadeeva.

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Carole Muller

N’allez pas croire que le photographe ait voulu « entarter » Carole Muller. C’est même à cet instant précis que la séance pour notre numéro sur les 100 femmes pour un conseil d’administration s’est arrêtée pour la CEO de Fischer, de la farine dans les yeux.

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John Parkhouse

Près de 30 ans après son arrivée chez PwC, le plus Luxembourgeois des New-Yorkais, John Parkhouse, s’apprête à passer la main à François Mousel. Et pose, entre reflets et transparence, dans un coin secret du Crystal Park, le vaisseau amiral que le Big Four quittera bientôt.

Candace Johnson

« Je suis à Londres, mais je reviens ! » Tout sourire, comme toujours, Candace Johnson, la fée qui s’est penchée sur le berceau de SES en 1985. Pour réseau­ter et installer une nouvelle pépite NorthStar Earth & Space au Luxembourg. Fidèle un jour, fidèle toujours. 86

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Grégory Guilmin

Il pose si sagement, Grégory Guilmin, golden boy qui a claqué sa vie de professionnel de l’investissement pour entamer une autre… de profes­ sionnel de l’investissement new age. En attendant de préparer des avenirs dorés, il a fallu lui trouver un maquilleur aux doigts d’or. Du stress et des paillettes.

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Genna Elvin

Un gorille, même gros, n’est pas de taille à empêcher Genna Elvin de monter quatre à quatre les marches du succès. L’entrepreneure se bat depuis le début de « sa » start-up, Tadaweb, pour s’imposer dans l’intelligence en ligne au service des entreprises.

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Guy Daleiden

Une mise en « abîme » au sens propre : ou quand une carte mémoire capricieuse vous oblige à reprogrammer une séance photo pour le directeur du Film Fund, Guy Daleiden. Amusé par cette scène sur grand écran, le spectateur Daleiden se frotte les mains.

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Alex Reding

Le doigt est un Colt, les jambes sont arquées. Le tout forme un des « A » de ce triple A qu’est Alex Reding à l’art contemporain luxembourgeois, à quelques jours de la Luxembourg Art Week. Une photo en noir et blanc pour préparer une une vraiment spéciale.

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Camille Thommes

Directeur de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement depuis 2007, Camille Thommes avait – cette fois – mis une cravate rouge pour inviter à revoir la taxe d’abonnement. Une tâche que poursuivra son successeur nommé en décembre, Serge Weyland.

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Bienvenue au Club ! Chers membres, Cette saison du Paperjam+Delano Business Club s’achève. Voici un aperçu des premiers évènements de 2024 : Le 18 janvier, le Brand Manager of the Year 2024, concours annuel en collabo­ ration avec la Markcom où sera rassem­ blée toute la profession « com ». Quatre awards seront décernés à quatre brand managers dans différentes catégories : Institutionnel, Retail & Hospitality, Services, et Place financière. Sera élu aussi le Brand Manager de l’année 2024. Le 24 janvier, 10 experts parleront de la fonction RH lors du 10x6 Leading HR Managers’ Challenges 2024. Culture d’entreprise et marque employeur seront quelques-uns des sujets abordés. Le mardi 30 janvier, découvrez notre table ronde eDrive qui traitera les matières spécifiques aux véhicules électriques, les carburants décarbonés et l’état de la réglementation actuelle et son évolution. Enfin, développez votre plan de formation grâce à l’Academy du Club en vous inscrivant à notre offre multisectorielle. Dans l’attente de vous revoir, l’équipe du Paperjam+Delano Business Club vous remercie pour votre confiance et vous souhaite de joyeuses fêtes de fin d’année. MICHEL GREVESSE-SOVET Director Paperjam+Delano Business Club 92

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Vos derniers rendez-vous en images « Les mentalités doivent changer au Luxembourg.» Louis Loschetter Ultraschall Collective/Skandal Agency

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Gilles Roth (ministre des Finances) Bob Kneip (Kneip Management) et Lucas Derlin (Deutsche Bank)

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Nicolas Mackel

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Claude Meisch (ministre

­(Luxembourg For Finance) de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse) 5

V éronique Estgen et Sasha Baillie (Luxinnovation)

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Clara Durodié (Cognitive Finance Group)

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« Les entrepreneurs sont de véritables moteurs de la société.» Alexandre Roderich Goosty

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Devenez membre Le Paperjam+Delano Business Club est ouvert à toutes les entreprises et institutions luxembourgeoises ou en rapport avec le Luxembourg, quels que soient leur secteur d’activité et leur taille.

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Programme TALKS, SHOWS & AWARDS

SOCIAL

ACADEMY

Brand Manager 2024

15.12 Thank-God-It’s-Friday:

19.12 Off the record:

12.01

Déjeuner Carrousel

10.01

12.01

hank-God-It’s-Friday: T Leadership Lunch

11.01 Formation avancée:

jeudi 18 janvier 2024 - 18:30 à 21:30 Malt - Innovative Factory

Premier rendez-vous de 2024 et nou­veau concours annuel, produit en collaboration avec la Markcom. On rassemble toute la profession « com » et on décerne les awards à quatre brand managers élus à la suite d’un vote entre pairs, dans les catégories suivantes : Institutionnel, Retail & Hospitality, Services, et Place financière. Parmi eux se trouve aussi le Brand Manager de l’année 2024. General Partner : Office Freylinger + Bingo

10x6 Leading HR Managers’ Challenges 2024 mercredi 24 janvier 2024 18:30 à 22:30 - Luxembourg-ville

Avec la participation de Marine Cardé (Delhaize), Géraldine Hassler (KPMG), Ann De Jonghe (Sodexo Luxembourg), Didier Lemeire (Spuerkeess), Louis de Looz-Corswarem (BGL BNP Paribas), Genevieve Machin (NATO Support and Procurement Agency – NSPA), Christelle Noel (Dussmann), ­Karine Rollot (Fondation Hôpitaux Robert Schuman) et Hyppolito Staudt (POST Luxembourg). General Partners : Deel, Pluxee + Bingo

HR Lunch

Leadership

Booster sa productivité ­personnelle (3/3)

19.01 Thank-God-It’s-Friday: HR Lunch

25.01

et’s Taste: L WOW! (Women-On-Winetasting)

26.01

hank-God-It’s-Friday: T Marketing Lunch

ebinar: W Employer branding

17.01 Journée de formations avancées

17.01 Webinar:

cale up : construire S une équipe gagnante

02.02 Thank-God-It’s-Friday:

24.01 Webinar:

09.02 Déjeuner Carrousel

25.01 Journée de workshops

09.02 Thank-God-It’s-Friday:

06.02 Off the record:

16.02 Thank-God-It’s-Friday:

07.02 Journée de formations

22.02 Let’s Taste:

07.02 Webinar:

Under 50 Lunch

Leadership Lunch

HR Lunch

Exquisite wines from Luxembourg’s Moselle

Relations presse

Leadership avancées

Latest trends in private

equity & venture capital

23.02 Thank-God-It’s-Friday: Marketing Lunch

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Marcel Leyers (BIL)

eDrive mardi 30 janvier 2024 18:30 à 21:30 - Foyer Assurances

Avec la participation de Thomas Gibon (LIST), Claude Strasser (POST Luxembourg), Gerry Wagner (House of Automobile) et Marianne Welter (Arthur Welter Transports). 94

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Consultez notre programme


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Julien Cliquet : traiteur de luxe

Julien Cliquet vise maintenant l’international.

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Trois ans plus tard, la boutique vient juste de fermer ses portes. «Notre cœur de métier est l’activité de traiteur, nous voulons vraiment nous y consacrer à 100%.» Leur carnet de bal pour les fêtes s’an­ nonce d’ores et déjà étincelant, des événements sont programmés jusque fin janvier. Julien Cliquet se réjouit, mais ne se repose pas sur ses lauriers pour autant. «Désormais, nous voulons exporter à l’interna­ tional. Nous avons déjà organisé un événement pour Ralph Lauren, à Cannes: un beau succès. Cela nous a donné l’envie de développer cela. Nous avons des clients partout en Europe, et notre objectif pour les deux prochaines années est de créer des solutions pour leurs événements, à Bruxelles, à Paris, sur la Côte belge.» Ou dans le sud de la France, une région chère au cœur du couple. Julien Cliquet l’annonce sans ambages: «Notre objectif est de développer l’ultra-luxe, et nous allons y mettre tout notre cœur.» Julien Cliquet Traiteur www.juliencliquet.com

Photo

Le succès est tout de suite au rendez-vous, notamment avec la pose de la première pierre d’Infinity Kirchberg.«Une belle rencontre et un contrat qui nous ont permis de nous faire connaître et de nous propulser.» Suivent de très belles années. Leur carnet de com­mandes ne désemplit pas, et d’importantes sociétés au Luxembourg décident de leur faire confiance. «On n’aurait pas pu rêver mieux», explique Julien Cliquet. En 2020 – année de la crise sanitaire et du confinement –, leur empire, encore jeune malgré le vif succès, manque de s’effondrer. C’était sans compter sur la capacité du couple à saisir les opportunités et à se renouveler. Bien sûr, comme l’ensemble des professionnels de l’horeca, ils se mettent à l’emporter et la livraison. Une opportunité de cellule commerciale s’offre à eux, à Belair. Ils saisissent la balle au bond et ouvrent Olivia, du nom de leur fille. Un franc succès et, surtout, un «miracle» pour la société. «Olivia nous a sincèrement évité la faillite», confesse Julien Cliquet.

Guy Wolff

Entrepreneur dans l’âme, Julien Cliquet n’aurait pu se satisfaire d’une carrière en tant qu’employé. Épaulé par son épouse Nina, ils se lancent dans la grande aventure professionnelle de leur vie avec Julien Cliquet Traiteur.


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UNE BRASSERIE ET PLUS ENCORE

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UNE SECONDE ADRESSE

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LE CHAMPAGNE DANS TOUS SES ÉTATS

UNE COLLAB’ INATTENDUE

POUR THYM & CITRON

AU SCHOU

Primeurs, produits d’épicerie fine, mais également un comptoir Kraken avec quelques produits de la mer et un point de retrait des commandes, la deuxième adresse de Thym & Citron se veut raffinée et qualitative. Bon à savoir pour les employés des alentours, l’offre lunches et snacks sont aussi présents.

Installé en plein cœur du parc municipal, la brasserie Schou vient d’ouvrir. Aux commandes, Stéfane di Gregorio (Aal Schoul), qui a pensé une brasserie moderne, conviviale et familiale. La carte, qui met le produit à l’honneur, revisite les classiques: scampis en tempura, burgers ou les incontournables croquettes de crevettes. Une vraie bonne table.

Nouvelle tendance, les bars à champagne. Dernier arrivé dans la capitale, Bobo Chic plaît par son impressionnante carte et ses maisons de luxe, à l’instar de Bollinger ou Leclerc Briant, ainsi que par sa carte food des plus élégantes. Événements et afterworks s’enchaînent.

14, avenue du X Septembre, Luxembourg

18, rue de la Résistance, Schouweiler

16, avenue de la Porte-Neuve, Luxembourg

UN NOUVEAU COMPTOIR !

ARCHIBALD DE PRINCE DÉCORÉ

POUR L’AMOUR DU CAFÉ

PIZZE IN PALA

CHEZ TONI

BOCUSE D’OR BELGIQUE

CHEZ JOLT

Pour ses 50 ans, l’adresse italienne iconique de la famille Ceccacci s’est offert un joli pastificio, un comptoir de pâtes fraîches, fabriquées sur place selon la recette familiale traditionnelle. À leurs côtés, quelques références de produits d’épicerie fine italienne. Bref, de quoi réaliser un excellent dîner italien, dans les plus pures règles de l’art, chez soi!

Du haut de ses 32 ans, l’Arlonais qui officie aux côtés de René Mathieu a décroché, le 19 novembre dernier, le Bocuse d’Or Belgique. Une distinction qu’il n’a pas volée. Depuis septembre, le second de La Distillerie s’entraîne pour réaliser à la perfection le menu imposé: millefeuille végétal en entrée, coucou de Malines (une volaille) associé aux fruits de mer et risotto en plat.

Dernier arrivé sur la place, Jolt, séduit par son joli cadre indus’ qui met en lumière la valeur ajoutée du lieu: un espace de torréfaction. Sur place, on sirote avec délectation du café fraîchement torréfié, donc, accompagné de pâtisseries maison. Bien entendu, on peut également rapporter du café à la maison (ou l’acheter en ligne).

Loris Amista a repris ce petit restaurant de coin pour y proposer les saveurs de son pays, l’Italie. Sur la carte élaborée par le chef Francesco Martinelli, on vous recommande surtout les pâtes fraîches et la pizza «in pala» de Gianni Calaon pour sa pâte plus digeste qui contient au choix des céréales, du charbon, du safran… Idéal à partager.

3, rue Caspar-Mathias Spoo, Schifflange

Journaliste SARAH BRAUN

AU BOBO CHIC

3-5, avenue du Swing, Belval

LUXAIR X CLOUD FACTORY C’est celle entre Luxair et Cloud Factory. La compagnie aérienne et la marque de pizzas fluffy made in Luxembourg signent un partenariat étonnant, duquel découle une pizza en édition limitée, baptisée « Il Volo (by Luxair) », hommage au plat emblématique de Naples et à sa douceur de vivre. www.cloudfactory.lu

AU AL21

21, avenue de la Liberté, Luxembourg

#FoodzillaGuide JANVIER 2024

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Champagne shower ! Breuvage raffiné par excellence, le champagne se déguste en toutes occasions. Et, surtout, partout au Luxembourg. Notre sélection. Journaliste SARAH BRAUN

d’exception, ce serait forcément Les Jardins d’Anaïs – non seulement car ses propriétaires sont Rémois, mais en plus, le chef, Jeremmy Parjouet, l’est aussi. Vous pourrez leur faire confiance les yeux fermés.

de champagne, des plus illustres aux plus confidentielles, et des premiers prix très doux. 6, rue Wiltheim, Luxembourg

2, place Sainte-Cunégonde, Luxembourg

Dans un bar à champagne : Flûte Alors

Surplombant la vallée de la Pétrusse, L’Observatoire, le bar du Sofitel Le Grand-Ducal, est un lieu d’exception pour déguster d’excellents champagnes. Cadre feutré et belle carte qui fait la part belle aux grandes maisons. Le comble du chic.

9, rue Dicks, Remich

35, rue du Laboratoire, Luxembourg

La boutique en ligne : Letzshop La plateforme d’e-commerce luxembourgeoise affiche une belle sélection de grandes marques françaises rémoises, à l’instar de Ruinart ou Dom Pérignon, mais également la maison Philipponnat, dont les vignes sont situées en premiers et grands crus. On aime aussi la possibilité d’y shopper vaisselle et seaux pour faire de leur dégustation un moment d’exception. www.letzshop.lu

Dans un bar à vin : Vinoteca On s’y rend sûrement pour la vue, magnifique, mais aussi pour la sélection de Rodolphe Chevalier, toujours avisée. À la carte, pas moins de 30 maisons

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Dans un restaurant : Les Jardins d’Anaïs S’il n’y avait qu’un seul restaurant à citer pour déguster des champagnes

Flûte Alors, Marc Blasius (archives), Romain Gamba, Sébastien Goossens (archives) et Mike Zenari (archives)

2, Grand Rue, Luxembourg

Dans un bar d’hôtel : L’Observatoire

Fierté nationale, le crémant luxembourgeois a su conquérir ses lettres de noblesse au fil des années. Et, a fortiori, le domaine Desom, dont la cuvée Élégance blanc brut a décroché l’or au Concours national des crémants 2023. Au Pavillon, il est possible de déguster leurs crus, dans un cadre particulièrement charmant. On aime également leur carte, plutôt traditionnelle, mais parfaitement exécutée.

Photos

Carte qui fait la part belle au champagne, avec une belle sélection de maisons de niche et un menu végétal, le combo parfait pour une soirée tout en légèreté. Coup de cœur pour la carte de suggestions à partager, avec accords metschampagne, ultra raffinée.

Chez le producteur : Pavillon Desom


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Les festivités démarrent La saison des paillettes et cotillons démarre. Sélection des sorties à ne pas rater pour cette fin d’année. Journaliste SARAH BRAUN

Back to the books, 50 years of hip-hop

NYE au Mélusina

145, rue de la Tour Jacob, Luxembourg (le 31 décembre, à partir de 23 heures)

Café Am Heim, 23, Grand-Rue, Rumelange

Season closing à la Rockhal

17, rue du Saint-Esprit, Luxembourg (le 25 décembre, à partir de 21 h)

Winterlights à Luxembourg Jusqu’au 7 janvier, vivez la magie de Noël intensément dans la capitale. Entre les marchés de Noël aux mille et une saveurs, et les animations de la Kinnekswiss (et son village gastronomique), les Winterlights 2023 promettent d’être un moment inoubliable tout au long du mois de décembre. Programme sur www.visitluxembourg. com/fr/winterlights

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3, place des Rotondes, Luxembourg (le 16 décembre, à partir de 18 h)

La plus grande salle de concert du pays vous invite à terminer cette année en beauté avec une grande soirée de clôture. À cette occasion, carte blanche sera laissée au DJ et producteur NOSI, qui jouera un set exclusif. Il a également invité le collectif luxembourgeois Ultraschall, ainsi que le DJ néerlandais Ferreck Dawn, une pointure en matière de house music. Du (très) bon son dans vos oreilles en perspective. 5, avenue du Rock’n’roll, Esch-sur-Alzette (le 23 décembre, à partir de 22 h)

NYE all night long x Hitch Fidèle à son slogan «where food meets party» , le resto-bar-club du Limpertsberg organise une soirée all-inclusive, avec la promesse d’achever 2023 en beauté: dîner et boissons (alcoolisées ou non), suivis d’une after-party avec Flex Diamond et L-FLX derrière les platines. 21-25, allée Scheffer, Luxembourg (le 31 décembre, dîner à partir de 18 h ; after-party : 23 h 30)

De Gudde Wëllen, Mélusina, Winterlights, Café Am Heim et Hitch

Que vous soyez expatriés et loin de votre famille ou que vous en ayez soupé de la vôtre après un réveillon et un déjeuner de Noël mouvementés, la traditionnelle XMass Mess du De Gudde Wëllen mettra tout le monde d’accord. Véritable institution des fêtes dans la capitale, cette soirée vous fera danser jusqu’au bout de la nuit, avec les iconiques Fonclair et Don Simon ainsi que Maximillion aux platines.

Back to the 90s & 00s En voilà une formule dont on ne se lassera jamais: les soirées 1990 et années 2000. Au programme, Britney Spears et Christina Aguilera, bonne humeur, second degré et chorés des plus sérieuses pour finir l’année en beauté. C’est régressif à souhait, mais ça fait du bien!

Photos

Traditional De Gudde Wëllen XMass Mess

Préparez vos cotillons et vos plus belles tenues de gala, la SaintSylvestre au Mélusina promet cette année d’être épique. Aux platines, pas moins de 10 DJ – sur trois dancefloors – se succéderont pour vous aider à franchir le cap fatidique de la nouvelle année.

Événement phare mêlant culture graffiti et hip-hop, Back to the books fait son retour pour sa quatrième édition: au programme, une soirée dédiée au dessin, laissant place à la créativité et au partage avec le public. Entre open mic de rap, battle de sketchs et de graffitis, live painting, DJ set avec le célèbre Jean Maron, animation par l’incroyable Yellow, et un Graffiti Market, tout sera au rendez-vous pour vous plonger dans la culture graffiti et vous laisser surprendre par de nouveaux styles!


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10 x 6 Leading HR Managers’ Challenges 2024

Dix experts parleront de la fonction RH, qui est en constante évolution, influencée par des nouvelles tendances et de nouveaux défis. Avec la participation de : Didier Lemeire (Spuerkeess), Louis de Looz-Croswarem (BGL BNP Paribas), Genevieve Machin (NATO Support and Procurement Agency – NSPA), Christelle Noel (Dussmann), Ann De Jonghe (Sodexo Luxembourg), Hyppolito Staudt (POST Luxembourg) Géraldine Hassler (KPMG), et Marine Cardé (Delhaize).

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Pink Risotto – Risotto d’automne à la betterave À l’occasion de l’exposition Hors-d’œuvre au Cercle Cité, la commissaire de l’exposition et directrice artistique du Cercle Cité, Anastasia Chaguidouline, nous propose une recette qui réveille les papilles.

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3 Une fois le vin évaporé, ajoutez le bouillon en plusieurs fois (cinq fois au total). Attendez que le bouillon soit absorbé avant d’en verser à nouveau. Ne cessez pas de mélanger.

4 Avec le quatrième ajout de bouillon, versez la purée de betterave. Mélangez bien. Sortez le beurre du frigo et coupez-le en gros morceaux. Ajoutez le beurre et le parmesan au riz avec la portion finale du bouillon. Mélangez bien. Ajoutez de la fleur de sel et du poivre moulu. Quand le risotto sera lisse, retirez-le du feu et laissez-le reposer 10 minutes.

Paperjam est partenaire de Hors-d’œuvre, exposition consacrée au thème et à la métaphore de la nourriture dans l’art contemporain. Cette exposition met en lumière la relation complexe entre l’Homme et son alimentation et présente l’interprétation artistique de la consommation alimentaire, ainsi que ses effets sur la société et l’environnement, en particulier. Trixi Weis a inauguré l’exposition avec une performance participative economy class. Au Cercle Cité à Luxembourg, jusqu’au 21 janvier 2024.

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Pour 2 à 3 personnes Temps de cuisson : - 10’ de préparation - 30’ de cuisson INGRÉDIENTS • ½ oignon • 3 à 5 cuillères à soupe d’huile d’olive • 300 g de riz arborio • 900 ml de bouillon de légumes • 200 ml de vin blanc • 100 g de parmesan • 110 g de beurre froid • 1 betterave rouge cuite (taille moyenne) • 2 petites gousses d’ail • ½ citron bio non traité • fleur de sel • poivre fraîchement moulu • raifort frais râpé (optionnel)

5 Optionnel: épluchez et râpez un morceau d’environ 5 cm de raifort frais. Saupoudrez-le sur le risotto dressé dans les assiettes. Si vous n’aimez pas le raifort, râpez le zeste du demi-citron et ajoutez-le à la place du raifort.

Guy Wolff

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Pour préparer la purée de betterave, épluchez et hachez les gousses d’ail grossièrement. Coupez la betterave cuite grossièrement en cubes. Ajoutez le tout dans un blender ou un mixeur avec deux grandes cuillères à soupe d’huile d’olive, la fleur de sel et le jus d’un demicitron pressé. Mixez jusqu’à ce que la purée soit lisse. Ajustez la quantité de l’huile si besoin. Si besoin, passez la purée au chinois.

Râpez le parmesan. Hachez finement l’oignon. Réchauffez deux à trois cuillères à soupe d’huile d’olive dans une poêle haute. Passez l’oignon finement haché dans l’huile quelques minutes à feu moyen jusqu’à ce que l’oignon commence à dorer. Ajoutez le riz et mélangez avec l’oignon à feu moyen jusqu’à ce que le riz devienne transparent. Déglacez le tout au vin blanc et mélangez jusqu’à ce que tout le vin soit évaporé.

Photos

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Culture

Les immanquables du mois Tous les mois, Paperjam sélectionne les événements de la scène culturelle au Luxembourg à ne pas rater. Journaliste CÉLINE COUBRAY

Un Nouvel An spectaculaire

C’est bon de rire

Le Grand Théâtre organise chaque année un spectacle extraordinaire pour le Nouvel An. Pour 2023, ce sera Beethoven 9, qui mêle chef-d’œuvre de la musique classique avec la célèbre Symphonie n°9 (OPL, Accentus) et cirque contemporain avec les acrobaties puissantes et virtuoses de Circa.

Une nuit avec Laura Domenge est le deuxième spectacle de l’humoriste française qui, grâce à une approche honnête, drôle et juste, fait rire avec des sujets graves et d’autres beaucoup plus légers. Idéal pour faire le plein de punchlines.

Bienvenue à la Villa ! (2), jusqu’au 20 mai, à la Villa Vauban

Chant pour espèces disparues

Le XVIIIe siècle en mode immersif Derniers jours pour découvrir cette exposition immersive qui plonge les visiteurs dans le quotidien de la production picturale du XVIIIe siècle au Luxem­bourg: une méga projec­tion vidéo en vis-à-vis des tableaux contextualise l’histoire des peintures et de leurs créateurs. D’histoires et d’art. Peindre au Luxembourg au XVIIIe siècle, au Nationalmusée um Fëschmaart, jusqu’au 28 janvier

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Cette histoire dystopique est habitée par des créatures étranges et merveilleuses. Les costumes mémorables et les tableaux très techniques nous emmènent dans un univers chimérique tout en ayant un discours lucide sur l’anthropocène. Kantus, le 19 janvier, au Escher Theater

Le 25 janvier, à den Atelier

El Maestro Le grand chef d’orchestre Riccardo Muti est de passage au Luxembourg avec le Chicago Symphony Orchestra, l’un des meilleurs orchestres du monde. Regarder jouer Muti est une expérience unique, tant il est habité par la passion. Cette tournée est la dernière qu’il fait avec cet orchestre. Le 15 janvier, à la Philharmonie

E SUR PLUS DE CULTUR

Laura Manariti, Système Castafiore, Todd Rosenberg, MNAHA/Tom Lucas

Second accrochage des acquisitions récentes d’art contemporain qui sont entrées dans les collections des 2 Musées de la Ville de Luxembourg.

Photos

Les 31 décembre et 1er janvier, au Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg

Villa contemporaine


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Mon style

#GALA

« Même lorsque j’opte pour une tenue plus décontractée, je jongle entre look casual et touche de raffinement. J’aime énormément la mode italienne. À l’heure de l’afterwork, par exemple, j’opte pour un jeans ajusté, combiné à une veste polyvalente et un chapeau élégant. Ce style allie confort et sophistication, et affirme résolument mon style et ma personnalitée.»

#SPORT «P our faire du sport, je parviens toujours à ajouter ma petite touche ultra personnelle. J’adore la couleur or : elle symbolise mon amour pour le succès et la victoire. Une veste de jogging or, des baskets aux touches dorées ou des lunettes de soleil aux verres dorés... Évidemment, cette paire de baskets – une collab entre Puma et la marque de voiture de luxe Ferrari – est la pierre angulaire de ce look.»

Costume de Canali Milano, la chemise : Kigili et les chaussures de Venice

Tenue de chez Zara et chaussures Clarks

Propos recueillis par Guy Wolff

« Lorsque j’assiste à des événements chics comme des galas, je joue la carte de l’audace et du luxe. J’aime porter du velours, un tissu raffiné, très, très chic. Je prête une attention plus nette aux couleurs, toujours vives et accrocheuses. Plus qu’une tenue, ce style est un statement qui affirme ma personnalité et affirme résolument mon sens de la sophistication. »

Sarah Braun

Suite : Ferrari Puma avec une chemise Ferrari et des Chaussures Ferrari Puma

Photos

#DÉCONTRACTÉ

Dans le vestiaire de M 106

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#BUSINESS

#SOIRÉE Marco Gilardi

manager, président de l’European Social Sports Entity Luxembourg et auteur de Your Mortgage Plan et Your Success Plan

« J e porte une attention toute particulière aux petits détails, avec des nœuds papillon ou des bretelles par exemple. Ces accessoires transforment immédiatement un costume ordinaire en une tenue plus élégante et surtout unique, très personnelle. Je suis un adepte des blazers : ils sont la caution sophistication de tous mes looks professionnels.»

« Dans tous les domaines de ma vie, les vêtements que je choisis reflètent mes goûts, mais aussi mes valeurs. Je combine des éléments classiques et modernes, et veille à mettre en lumière tous ces petits détails qui signent mon style. Que je sois au travail, que je passe une journée décontractée, que j’assiste à un événement chic ou que je fasse du sport, je veille à ce que mes tenues disent aux gens qui je suis et ce que je représente. Cette tenue raffinée sans être ennuyeuse résume à elle seule mon sens du style et de l’élégance. » Tenue complète de chez Zara

Costume et chemise de Suitsupply et chaussures : Zara

Marco Gilardi JANVIER 2024

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Montres

L’heure de rêver un peu Le Grand Prix d’horlogerie de Genève est à l’horlogerie ce que la Palme d’or est au Festival de Cannes. Retour sur les prix les plus prestigieux. Et zoom sur deux nouveautés. Journaliste MARC FASSONE

Bulgari Serpenti Cleopatra

Le Prix de la montre femme est revenue à Piaget pour sa réinterprétation des montres manchettes des années 60-70. Chaque manchette en or est gravée et ciselée à la main, et est sertie de saphirs bleus, qui viennent souligner la fluidité du motif et éclairer en turquoise le cadran du garde-temps mouvement quartz d’un bleu profond.

Bulgari s’adjuge le Prix de la montre joaillerie, également avec une manchette sur le thème du serpent – une icône maison. La manchette adopte un design écaille de serpent sertie de trois topazes, de deux rubellites, de deux tanzanites, de deux améthystes et pavé avec 86,5 carats de diamants. La montre adopte un mouvement quartz.

161.000 CHF

1.723.200 CHF

938.000 CHF

Tudor Pelagos 39

Breitling Avenger

Le Prix de la montre sport revient à la montre de plongée en titane de la maison Tudor. Une montre automatique qui reprend tous les codes et les fonctionnalités d’une plongeuse avec la polyvalence d’un boîtier de 39 millimètres qui s’adapte aussi bien à une combinaison de plongée qu’à un costume.

Breitling renouvelle sa collection Avenger, une collection inspirée du monde de l’aviation. La nouvelle gamme se décline en trois formats: un Chronograph 44mm, une Automatic GMT 44mm et une Automatic 42mm. Trois modèles proposés avec des cadrans de différentes couleurs: noir, bleu, vert, sable et jaune.

4.490 €

de 4.250 à 8.610 €

Frederique Constant X The Avener Le partenariat conclu entre Frederique Constant et The Avener donne naissance à deux montres en série limitée produites à 432 exemplaires chacune – 432, comme la fréquence parfaite en hertz. Au poignet, une montre automatique dans une boîte en acier de 39 mm avec soit un cadran noir, soit un cadran bleu-noir.

1.995 et 2.495 € selon le modèle

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Audemars Piguet, Piaget, Bulgari, Tudor, Breitling et Frederique Constant

L’Aiguille d’Or 2023 est allée à Audemars Piguet qui ajoute à sa collection Code 11.59 un modèle ultra-complication. Au programme, 40 fonctions, dont 23 complications. Le tout alimenté par le calibre 1.000 à remontage automatique constitué de plus de 1.100 composants, dans un boîtier de 42mm.

Piaget Hidden Treasures

Photos

Code 11.59 by Audemars Piguet ultracomplication


Schéi Chrëschtdeeg • Merry Christmas • Feliz Navidad Joyeux Noël • Feliz Natal • Frohe Weihnachten Buon Natale • Schéi Chrëschtdeeg • Merry Christm Feliz Navidad • Joyeux Noël • Bulle • Feliz Na Frohe Weihnachten • Cuvée • Buon N • Merry Christmas • Feliz Navidad • Dorée • Joyeux Joyeux Noël • Feliz Natal • Frohe Weihnachten Buon Natale • Schéi Chrëschtdeeg • Merry Christm 6 Rue des Prés 5561 Remich T. : 23 69 84 94

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ai Ma m son

Nettoyage intensif L’architecte Philippe Nathan est intervenu dans cette ancienne ferme familiale pour en faire sa propre demeure. Journaliste CÉLINE COUBRAY

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couches laissées par les générations précédentes pour retrouver la substance originale, comme la maçonnerie de pierres locales, les planchers d’origine… Ces interventions, qui étaient aussi conduites par une logique économique, m’ont amené à adopter une attitude presque réactionnaire: il n’y a pas de finitions, les murs sont bruts et pas nécessairement droits, certains planchers trop abîmés ont été retirés et pas remplacés…» En plus d’une réflexion sur les matériaux, Philippe Nathan a aussi déve­loppé une réflexion sur les surfaces qui lui étaient nécessaires. Certains choix ont aussi été radicaux, comme celui de préférer avoir une double hauteur dans la salle à manger plutôt qu’une chambre supplémentaire.

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Le plancher de l’ancienne chambre a disparu pour laisser place à une double hauteur.

Guy Wolff

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Photos

Les origines de la maison remontent à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe. Il s’agit d’un corps d’habitation d’une ferme qui possédait également en fond de cour une étable avec une grange. Si, autrefois, les bâtisses se situaient en dehors du périmètre des fortifications d’Esch, et donc au milieu des champs, elles sont aujourd’hui dans la ville. «Ma famille a habité dans cette ferme pendant plusieurs générations, précise Philippe Nathan. La maison a donc connu de nombreuses époques, avec toutes les décorations et modifications liées au confort moderne que cela peut engendrer: l’ajout de toilettes rattachées à la maison, une annexe pour la salle de bains et un vestiaire… Mais, depuis plusieurs années, plus personne n’y habitait. Elle était donc très détériorée quand je l’ai récupérée.» La maison a conservé sa fonction initiale, car un changement d’affectation aurait demandé trop de travaux de transformation. À l’arrière, l’étable a été trans­formée en bureaux pour son agence d’architecture, 2001. «Ma grand-mère était férue de décoration et a retiré tout caractère rural à la maison pour y vivre comme dans une maison de Belair. Mon inter– vention a été de décortiquer la maison, d’enlever les différentes


La baignoire est directement encaissée dans la dalle de béton.

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Philippe Nathan a retravaillé cette maison, qui a toujours été dans sa famille, pour l’habiter lui-même. 2 « À l’étage autrefois, il y avait la chambre de mes grands-parents, mais le sol était complètement pourri. Plutôt que d’en refaire un, on l’a retiré et créé une double hauteur dans la salle à manger. » 3 Pour la salle de bains, le béton est aussi privilégié avec une baignoire directement formée dans la dalle.

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4 Dans la cuisine, on retrouve la pierre d’origine, et le plan de travail est coulé en béton. 5 L’escalier en bois a pu être préservé après un conséquent décapage.

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Mobilier

Les coups de cœur de Stefano Moreno « J ’ai découvert la gamme complète Pastis lors de la Design Nation à Courtrai, cet automne, et je retrouve dans ce travail tous les ingrédients d’un design intemporel. »

« J’aime la matérialité de ce fauteuil aux antipodes de ce qu’on connaît de Joe Colombo.»

Chaise Pastis (2022) Julien Renault Hay

Fauteuil Basket Lounge chair (1967) Joe Colombo Gubi

Table Manaa (2023) Cas Moor Muundo

Lampe Landscape Light Sculpture (2017) Raphaël Navot

Accessoire de cuisine Surface (2018) Sergio Herman Serax

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« Belle manufacture belge d’objets en Mortex, un mélange de minéraux, chaux et mortier qui est appliqué à la main et qui donne un aspect unique. »

« Ces casseroles, imaginées par le talentueux chef Sergio Herman, s’invitent à notre table, tellement elles sont belles. »

Stefano Moreno Stefano Moreno a fondé, en 1994, son propre bureau Stefano Moreno Architecture & Associés. Il intervient aussi bien dans le domaine de l’architecture que de l’urbanisme ou encore du design.

Photos

« Cette lampe est un voyage en soi. Cette sculpture en bronze lumineuse a été imaginée avec des programmes digitaux 3D, puis imprimée et coulée traditionnellement en bronze avant d’être finie à la main. »

Romain Gamba, Hay, Gubi, Maison Charles, Muundo et Serax

Maison Charles (édition limitée)


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#Under50

Un savoir-faire d’exception qui grandit au fil des générations À Mondorf-les-Bains, l’atelier Bauer & Rathmann, dirigé par Sandrine Bauer, travaille et sublime le verre depuis 1891. Verres et miroirs, vitraux d’art et réparation sont les activités principales de l’entreprise qui emploie cinq salariés.

À quel âge avez-vous su que le travail du verre constituerait votre métier ? Après mes études dans un autre domaine, je me suis dit que j’irais travailler avec mon père. Voir mon père travailler le verre m’a toujours fascinée. J’ai grandi dans l’atelier, nous habitions juste à côté. Travailler le verre, ses couleurs, les types de verre, jouer avec la lumière m’a toujours plu. J’ai passé ma maîtrise de maître verrier d’art à 24 ans. Votre quotidien correspond-il à ce que vous attendiez ? Oui, et c’est une grande joie de travailler au contact des clients. C’est satisfaisant de partir d’un petit dessin pour un vitrail et d’arriver à un chef-d’œuvre dont on a réalisé toutes les étapes. C’est aussi un privilège de pouvoir rénover des vitraux réalisés par nos ancêtres. Je trouve qu’il y a quand même beaucoup d’administratif, notamment pour les grands projets, et, pour cela, nous devons nous battre contre la concurrence de l’étranger et les grandes entreprises. Quels sont les plus grands challenges auxquels votre entreprise fait face ? C’est d’adopter des méthodes modernes, les nouvelles 118

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technologiques, tout en conservant les techniques traditionnelles. On essaie aussi d’intégrer les vitraux dans des maisons à basse consommation d’énergie. On essaie toujours d’être en avance, de regarder loin devant. La concurrence est aussi un challenge important. Comment voyez-vous votre entreprise dans cinq ans ? Nous voulons davantage contribuer à la protection et à la mise en valeur du patrimoine. On veut pouvoir faire évoluer nos métiers pour continuer à mettre en valeur notre savoir-faire. Quel est votre message pour les décideurs politiques ? Soutenir davantage les artisans au Luxembourg, éviter de faire appel à des entreprises étrangères pour rénover notre patrimoine. Cette pratique nuit au marché local et entrave le développement des entreprises traditionnelles, voire les détruit à long terme.

Journaliste MAËLLE HAMMA Photos GUY WOLFF

« Travailler le verre, ses couleurs, sa lumière m’a toujours plu. » Collaborateurs 5, dont Sandrine Bauer et Matthias Rathmann (tout deux actionnaires et titulaires d’un brevet de maîtrise). Plus un collaborateur spécialisé dans la restauration, un autre dans la peinture sur verre, et un troisième, verrier d’art. Fondateur L’atelier est fondé en 1891 par Pierre Linster et Alexandre Schmit. En 1906, il est repris par la veuve de Pierre Linster, puis par ses fils, Sylvère et Jean. Au décès de Jean, Albert Kremer gère l’atelier avec Sylvère. En 1974, Bernard Bauer reprend l’entreprise, c’est aujourd’hui sa fille Sandrine qui la dirige depuis 2017.


« Politiqu e et syndic at, c’est l a même cho se ! » Stop aux idées reçues Comme vous, l’ALEBA est neutre et indépendant dans l’intérêt des travailleurs. Soutenez vos collègues et devenez candidats ALEBA !

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