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II - Vieux plastiques, nouvelles pratiques
from ECTOPLASTIQUE
b) Le bioplastique - Une hybridation entre l’artificiel et le naturel
Dès 1974, nous avions conscience que certains polymères étaient plus rapidement dégradés que d’autres. La recherche se penche davantage sur le sujet depuis plus de 20 ans pour pouvoir proposer des solutions de plastiques plus “respectueuses de l’environnement”. L’un des avantages des plastiques mais aussi l’un des défauts dans le cas présent c’est leur solidité et leur durée de vie presque infinie. Selon le matériau dont il s’agit, il peut falloir plusieurs centaines d’années à un morceau de plastique pour se décomposer naturellement.
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Les bioplastiques sont une large catégorie de matériaux englobant les plastiques biosourcés, biodégradables ou les deux à la fois. Ils peuvent être fabriqués à partir de diverses sources, y compris des cultures comme le maïs, la canne à sucre, le coton, mais aussi le bois, les champignons et d’autres matières premières biologiques produites à l’aide de microbes ou d’algues. Certains plastiques biosourcés, tels que les PHA ou le PLA, sont biodégradables. Attention, il le sont dans des conditions environnementales spécifiques, il ne s’agit pas de les jeter dans la forêt et la nature fera le reste. D’autres, tels que le bio-PP ou le bio-PET, sont bio-basés mais restent chimiquement équivalents au PP et au PET. Les substituts biosourcés subissent un procédé de fabrication similaire à celui des plastiques classiques, dans des usines à grande échelle qui les transforment en intermédiaires chimiques. Le bioplastique finit, contient entre 20 et 100 % de matières renouvelables, le reste est constitué de matières fossiles ou de matières recyclées.
Dans les emballages, des plastiques constitués de sucre de canne sont couramment utilisés, à la place du PET et du PE. Cette source cultivée en monoculture provient principalement du Brésil. L’usage de pesticides pour sa grande production a des conséquences directes sur les populations et l’écosystème. Certains de ces produits chimiques sont par ailleurs interdits en Europe afin de protéger les individus et les animaux de leurs effets toxiques. C’est dû à une forte pression monétaire internationale et à la suprématie d’entreprises au Brésil que la canne à sucre génétiquement modifié est employée dans ce type de bioplastique. D’autres matières agricoles sont utilisées pour les fabriquer, comme le maïs ou la pomme de terre. Eux aussi, relèvent d’une agriculture intensive. Nous reproduisons donc une industrie de surproduction, qui est celle du plastique, afin d’en créer une nouvelle, même si celle-ci est biologique (4).
ECTOPLASTIQUE - II - Vieux plastiques, nouvelles pratiques b) Le bioplastique
Le plastique biosourcé représente environ 1 % de la production totale du plastique, en 2017, soit 0,02 % des surfaces agricoles mondiales nécessaires à sa fabrication. En soit, une infime partie, seulement aux vu des prévisions de croissance de la production de plastiques, ce chiffre devrait augmenter. Nous savons que cela provoque déjà, dans certaines régions du monde, l’extinction d’espèces, la disparition des habitats naturels, des pénuries d’eau et beaucoup d’autres conséquences non viables. Est-ce envisageable d’étendre les cultures de matières premières agricoles pour produire du bioplastique ?
La biodégradabilité est la capacité d’un matériau à subir une dégradation sous l’action d’éléments vivants, microorganismes, notamment bactéries. Tous les éléments doivent être pris en compte, organiques, minéraux et climatiques etc. Pour rappel, dans de nombreux cas, le plastique est choisi en raison de la sécurité apportée par sa non-dégradabilité, notamment dans la protection alimentaire, la construction, le transport, etc. Dans les emballages biodégradables, les aliments peuvent être protégés pendant un temps limité, mais dans les tuyaux biodégradables, l’eau serait d’abord polluée puis perdue. Il faut donc penser à des applications intelligentes des plastiques biodégradables, il existe déjà les sacs pour déchets compostables, des emballages de produits frais à durée de vie limitée, des films pour l’agriculture. (2)
Pour exemple, Alki, une entreprise française de mobilier conçut dans une démarche de développement durable, a créé le Kuskoa Bi. Designé par Iratzoki Lizaso, cette chaise dont la coque est fabriquée en plastique biosourcé biodégradable est soit disant plus respectueuse de l’environnement. Le bioplastique utilisé est entièrement fabriqué à partir de ressources renouvelables d’origine végétale telles que l’amidon de maïs, la canne à sucre et la betterave. Elle serait donc entièrement biodégradable, pourtant en fin de vie du produit, il est recommandé de la confier à une déchetterie, en lien avec un composteur industriel. En effet, la résistance de la coque empêche de laisser la chaise à l’abandon dans un espace vert.
Ces bioplastiques biodégradables sont normés. Il est certifié mondialement qu’il peuvent être compostés, car le plastique doit être à 90 % dégradé au bout de 12 semaines à 60°C. Seulement la plupart des usines de compostage, qui accélèrent le processus, laissent les déchets se décomposer environ quatre semaines. Trop court pour ces nouvelles matières. La raison est que prolonger cette période perd son sens économique. En effet, puisqu’à la fin des 12 semaines, il ne reste rien qui puisse donner de l’humus. Il s’agit donc de simple élimination des déchets et non pas de valorisation de la matière afin d’en faire du compost. C’est pourquoi la majorité des plastiques biodégradables en Europe finissent par être incinérés (4).
Nous pourrions prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des plastiques biosourcés et biodégradables pour affirmer qu’ils ont un plus faible impact sur le climat que les plastiques dits “classiques”. Cependant, les modes de cultures conventionnels des substituts biosourcés provoquent ou contribuent à l’extrême acidification et surfertilisation des sols et de l’eau. Nous supposons les effets délétères des changements directs et indirects d’exploitation des terres ainsi que des organismes génétiquement modifiés. Ces alternatives sont encore en cours de recherche. Mais si ces problèmes se posent à cause d’une agriculture intensive dû aux pressions du marché et de la quantité de plastique à produire, n’est-ce-pas notre consommation qui est à ré-envisager ? Il s’agit d’abord de repenser notre usage du plastique avant de le substituer par un nouveau matériau ou un procédé miracle.
(2) Messika, L. et Couette, P. 2004, Plastic no plastic. Paris: L’Archipel, page 7
(4) Atlas du Plastique - Heinrich Böll stiftung, bureau Paris, 2020, page 36.
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