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III- Les archéologues du futur

b) Le plasticien - Lorsque les artistes, les designers et les architectes imagine le futur du plastique

La maison du futur de monsanto, était une attraction de Tomorrowland à Disneyland en Californie. Elle fut ouverte au public de 1957 à 1967. Monsanto était une entreprise active dans le secteur chimique et des biotechnologies du secteur agricole très controversé dont le domaine d’activité principal était alors la production de plastique. Alors même que nous découvrions les avancées techniques du plastique à l’époque, cette attraction a su être avant-gardiste. En effet, l’intégralité de l’ossature de la maison, en forme de croix, était en plastique. A l’intérieur, y était présenté une multitude d’objets ménagers en plastique. Le sol, les murs, les meubles... tout représentait le futur des années 2000.

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A partir de ce domicile individuel imaginé dans les années 50, nous pouvons faire un parallèle avec l’un des pavillons de l’exposition universelle de Shanghai de 2010. Le pavillon Urbain est composé de cinq présentation décrivant chaque aspect important de la vie dans la ville.

Les thèmes abordés sont le travail, le domicile, la connexion, l’apprentissage et la santé. Nous noterons l’omniprésence du plastique dans l’usage et la construction de certaines œuvres. La plus marquante étant l’étalage de caisse en plastique pour le transport de bouteille qui forme le grand ensemble d’une zone résidentielle. Ces immeubles “cage à lapin” font écho à la dérive et l’accumulation de plastique dans notre ville.

Autofossiles, une création du collectif Lucie Lom, 1999, © Photo Jef Rabillon Trente cinq voitures fossilisées surgissent en une nuit du sous sol d’une ville. Poussée tellurique ? Fuite de gaz ? Les habitants s’interrogent, tandis que les archéologues balisent les lieux.

(10) L’épopée plastique du XXe et du XXIe siècle a donc su stimuler l’imagination des designers et des architectes. Dans une de ses expositions, le Vitra Design Museum à Weil-am-Rhein retrace ces heures de gloire, s’interroge quant à l’avenir de ce matériau et montre la nouvelle impulsion des designers face aux controverses. Jochen Eisenbrand, commissaire de l’événement « Plastic : Remaking Our World » tente de “redorer l’image de cette matière coupable de nos malheurs”. La déambulation est simple, nous passons de ses débuts à son expansion, de son impact environnemental aux solutions apportées.

Dès le départ de l’exposition nous tombons nez à nez avec installation vidéo qui montre les nombreux conflits liés à la production et à l’utilisation du plastique. Les ressources fossiles comme le charbon et le pétrole ont pris plus de deux cents millions d’années à se former, tandis que les plastiques ont mis un peu plus d’un siècle pour devenir un problème à l’échelle planétaire. Cette matière à d’une part, démocratisé la consommation, d’autre part, donné naissance à une frénésie du jetable.

De cette introduction alarmiste, découle l’évolution des polymères jusqu’à nos jours. Dans le secteur du meuble, l’exposition présente la Ball Chair (1963) d’Eero Aarnio et la Moon Lamp (1969) de Gino Sarfatti.

Plastic : Remaking Our World, nous pousse ensuite à nous demander comment surmonter la crise mondiale des déchets plastiques. Ainsi, le troisième volet de l’exposition présente l’apport de solutions concrètes par les designers. Dans cette section, nous y retrouvons des projets tels que Everwave, The Ocean Clean Up, The Great Bubble Barrier. Ces derniers ont développé des filtres pour les déchets plastiques des rivières et des océans. Nous trouvons des objets également comme la chaise Rex conçue par Ineke Hans. Elle peut être retournée au fabricant pour réparation ou recyclage. Quant à la bouteille en plastique, elle sert d’étude de cas afin de démontrer que la réduction de plastique à usage unique nécessite une multitude d’infrastructures. Pour ce cas, des systèmes de consigne ainsi que des fontaines à eau et d’autres alternatives existent.

L’exposition du Vitra Design Museum met l’accent sur les avancées du recyclage du plastique, mais aussi des bioplastiques. Plastic : Remaking Our World aborde l’ensemble du plastique et son rôle dans notre monde ; en analysant comment nous sommes devenus si dépendants d’eux.

Ainsi nous pouvons imaginer de nouveau un avenir possible pour ce matériau controversé.

Les artistes de la Plastic Art Fair vont encore plus loin en proposant des œuvres plastique entre artéfact, mystique, primitivisme et fossiles toxiques. Ce collectif sensibilise sur la pollution des plastiques et collabore avec plusieurs artistes en créant des œuvres plurimédia. L’artiste James Shaw explore les propriétés matérielles du plastique sauvage récolté sur les bords de mer. En invoquant des formes primitives issues de l’antiquité. Il créent des artefacts obsolètes et précieux qu’on associe aux rituels du passé. Ces objets ressemblant à des chandeliers et des vases sont une tentative, presque mystique, qui nous interroge sur le rôle du plastique dans notre civilisation. Charlotte Gautier Van Tour compose quant à elle avec des filets de pêches qu’elle fige comme des sculptures inquiétantes. “En chauffant, les fils se rétractent, se tordent, presque comme une danse”. Le plastique se métamorphose sous l’effet de la température. Il est désormais momifié, comme sédimenté par une soudaine accélération du temps.

Si les prospectives artistiques rendent hommage mais dénonce également le plastique, nous constatons que les méthodes de projections divergent. Dans une utopie ou une dystopie d’un monde en cours de transition, nous constatons que nous sommes aux croisement d’une nouvelle ère. Qu’adviendra-t-il après cette traversé de la folle aventure du plastique ?

(10) Opening of the vitra exhibition «plastic: Remaking our world», 2022, Professur Nachhaltiges Bauen

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