Numéro 70 - Avril/Juin 2016

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AVRIL  > JUIN 2016

ÉDITO

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ACTUALITÉ

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DANSE À BIARRITZ #65

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SENSIBILISATION

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FORMATION

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LE LABO

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EN BREF

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CALENDRIER

JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL D’AQUITAINE EN PYRÉNÉES ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

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Hugo Layer, Nocturnes © Olivier Houeix + Yocom


Noé © Olivier Houeix + Yocom

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ÉDITO

Face

aux convulsions du monde, que faire de son art ? Que créer ? Etre artiste a sa grandeur et sa misère : avec son cœur et son âme, avec son sang pour ainsi dire, il aspire à refaire le monde. Mais bercés de cette illusion beaucoup l’ont quitté sans savoir s’ils avaient réussi. Tout au plus peut-il élargir l’horizon, réconforter, émouvoir le plus grand nombre. Comme les portes du temple de Janus qui avaient la particularité d’être ouvertes en temps de guerre, et fermées en temps de paix, l’artiste a en lui un mélange de cruauté et de douceur, une lutte des contraires : d’un côté la révolte, la colère, la mélancolie, de l’autre la joie, la tendresse, l’amour comme une image sacrée de l’idéal. Entre ces sentiments en apparence opposés, se trouve un point intermédiaire, une sorte d’étreinte entre la réalité et les rêves : une victoire sur la mort si elle est féconde. Car dans une large mesure, bien que soutenu et encouragé, c’est de la réussite d’une création que dépend l’existence du Malandain Ballet Biarritz. Par conséquent, le choix du sujet n’est pas sans jouer un rôle important. Aussi, après Cendrillon et La Belle et la Bête impulsées par Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles, c’est au Théâtre National de Chaillot, devenu l’un des lieux cultes de l’art chorégraphique, que grâce à Didier Deschamps nous créerons prochainement Noé.

A travers le mythe du Déluge, Noé incarne une sorte de rupture dans l’histoire de l’humanité. Résumant le passé et préparant l’avenir, il symbolise la naissance d’un nouveau monde, meilleur que le précédent. Une seconde Création gommant la première altérée par le mal et la défaillance des hommes. Chemin faisant, on ne perdra pas de vue que refaire le monde est une tâche au-dessus de nos forces, mais pour échapper aux angoisses qui naissent dans le cœur et ne pas céder aux outrages du temps, Noé est une figure réjouissante. L’essentiel est maintenant d’agir.

n Thierry Malandain, avril 2016


ACTUALITÉ

PRIX Premiers prix Les deux premiers lauréats bénéficieront lors de la saison 2016-17 d’une résidence artistique d’un mois pour créer une œuvre de vingt minutes, l’un au sein du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et l’autre au Malandain Ballet Biarritz.

Prix des professionnels

BIARRITZ

Dans le cadre du Pôle de coopération chorégraphique du grand Sud-Ouest créé en 2012 avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux conduit par Charles Jude et le Malandain Ballet Biarritz ont lancé un Concours de jeunes chorégraphes ayant pour vocation de promouvoir la danse classique dans son expression contemporaine. Sélectionnés parmi trente-deux candidats, les six finalistes présenteront le 24 avril à 17h à la Gare du Midi de Biarritz, une chorégraphie pour tenter de remporter les prix attribués par le jury du concours, un jury de professionnels et le public.

Un jury composé de critiques de danse et de directeurs de théâtre, attribuera au chorégraphe de son choix le Prix des professionnels s’accompagnant également d’un soutien de 3 000€.

Prix du public Invités à voter à l’issue du concours, les spectateurs attribueront au chorégraphe de leur choix le Prix du public s’accompagnant d’un soutien de 3 000€.

JURY Hélène Traïline danseuse étoile, directrice du Ballet Théâtre Français de Nancy, conseillère pour la programmation du Ballet de l’Opéra national de Paris.

Kader Belarbi danseur étoile, chorégraphe, directeur du Ballet du Capitole de Toulouse.

Tarifs

Ivan Cavallari

Plein : 15€ Réduit : 12€

danseur étoile, chorégraphe, directeur du CCN / Ballet du Rhin.

(Les Amis du Malandain Ballet Biarritz, groupe de 10 personnes, carte CE Synergie, accompagnateurs d’élèves d’écoles de danse)

Découverte : 8€

(enfant jusqu’à 16 ans, Carte Etudiant, Carte Jeune, carte Biarritz 16-25 ans, demandeurs d’emploi, élèves d’école de danse)

Billetterie

Charles Jude danseur étoile, chorégraphe, directeur du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux.

Thierry Malandain chorégraphe, directeur du CCN / Malandain Ballet Biarritz.

Office de Tourisme de Biarritz +33 (0)5 59 22 44 66 tourisme.biarritz.fr Ticketmaster / Leclerc +33 (0)892 390 100 (0,34€/min) ticketmaster.fr France Billet / Fnac-Carrefour-Géant +33 (0)892 683 622 (0,34€/min) fnac. com Informations Malandain Ballet Biarritz +33 (0)5 59 24 67 19

REMERCIEMENTS Remerciements à la Maison Repetto pour son soutien et aux directions artistiques du Ballet royal de Flandre, du Ballet de l’Opéra national de Paris, de la Kibbutz Contemporary Dance Company et du Staatsballett Berlin de permettre aux artistes de participer au concours.


ACTUALITÉ Martin Harriague (France)

FINALISTES

Martin Harriague commence la danse classique et contemporaine à 19 ans à l’école de danse de Jean­Marc et Michèle Marquerol à Bayonne, puis débute sa carrière au Ballet Biarritz Junior à San Sebastián. Il intègre ensuite le Ballet national de Marseille en 2008 avant de rejoindre la Noord Nederlandse Dans aux Pays­Bas en 2010. Depuis 2013, il danse et chorégraphie au Kibbutz Contemporary Dance Company en Israël.

Vitali Safronkine (Russie)

Ricardo Amarante (Belgique) Après avoir étudié au Brésil, à l’Escuela Nacional de Ballet de Cuba et à l’English National Ballet School en GrandeBretagne, Ricardo Amarante débute sa carrière au Jeune Ballet de France en 1999. Il est actuellement soliste au Ballet royal de Flandre. Riche de son expérience de danseur, Ricardo a commencé la chorégraphie en Belgique et a déjà créé pour plusieurs compagnies et écoles professionnelles.

Olaf Kollmannsperger (Espagne) Formé au Real Conservatorio Profesional de Danza de Madrid, Olaf Kollmannsperger débute sa carrière de danseur à Europa Danse en 2003. Engagé au Royal Swedish Ballet en 2005, puis au Zürich Ballet en 2010, il est depuis 2014, soliste au Staatsballett Berlin. Il a interprété des rôles du répertoire classique et de chorégraphes contemporains. Il commence à chorégraphier en 2005.

Formé à la Rudolf Nureyev Ballet School, Vitali Safronkine quitte son pays natal à l’âge de 15 ans pour se perfectionner à la Swiss Professional Ballet School à Zürich. Finaliste du Prix de Lausanne en 2002, il est primé la même année en Ukraine à l’International Kiev Ballet Competition. Sa carrière professionnelle débute en 2002 au Zürich Ballet où il devient soliste. Il rejoint le Ballet Basel en 2011, puis le Béjart Ballet Lausanne en 2012. Il débute la chorégraphie en 2009 et a déjà créé plusieurs chorégraphies pour diverses compagnies et écoles européennes.

Xenia Wiest (Allemagne) Issue d’une famille de musiciens, après avoir reçu un enseignement musical, Xenia Wiest débute la danse à l’âge de 13 ans à l’Académie de danse de Braunschweig en Allemagne. Diplômée en 2003 de la John Cranko Balletschule à Stuttgart, elle est engagée au Deutsche Oper Berlin, tout en étant soliste invitée au Théâtre de Görlitz. Elle a interprété des rôles du répertoire classique et de chorégraphes contemporains. Depuis 2004, elle danse au Staastballett Berlin et commence à chorégraphier en 2005.

Yvon Demol (France) Formé dès l’âge de 9 ans à l’Ecole de danse de l’Opéra national de Paris, Yvon Demol est engagé dans le corps de ballet de l’Opéra en 2007, puis est promu coryphée en 2008. Il interprète depuis lors les grands ouvrages du répertoire classique ainsi que les œuvres des chorégraphes actuels. Il crée ses premières chorégraphies en 2014 au sein de la Compagnie « Incidence Chorégraphique » que dirige Bruno Bouché. En 2015, il chorégraphie pour la soirée Musique et Danse de l’Opéra national de Paris.

Des extraits vidéo de chaque finaliste sont disponibles sur le site du Concours : www.concours-de-jeunes-choregraphes.com

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5ème Rendez-vous sur le quai de la Gare BIARRITZ Du 26 au 28 mai à la Gare du Midi, le Malandain Ballet Biarritz organise la 5ème édition de Rendez-vous sur le quai de la Gare, avec le soutien de la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique.

Claire Lonchampt & Raphaël Canet, Roméo et Juliette © Olivier Houeix

ACTUALITÉ

Roméo et Juliette

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Rendez-vous sur le quai de la Gare © Johan Morin

Au programme de cette manifestation dédiée à la sensibilisation du jeune public, des spectacles, une exposition de photographies d’Olivier Houeix sur La Belle et la Bête, la dernière création de Thierry Malandain, des ateliers chorégraphiques pour tous les âges. Par ailleurs, en association avec Biarritz Culture, deux représentations scolaires de Roméo et Juliette de Thierry Malandain seront données le 27 mai, tandis que les dernières représentations tout public de ce ballet auront lieu les 26 et 28 mai à 20h30. Une classe publique suivie d’un échange sera également proposée le 28 mai à 16h sur la scène de la Gare du Midi.

musique Hector Berlioz chorégraphie Thierry Malandain costumes Jorge Gallardo direction de la production, conception lumière Jean-Claude Asquié réalisation costumes Véronique Murat coproduction Grand Théâtre de Luxembourg, Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián, Opéra de Reims, CCN Malandain Ballet Biarritz partenaires Teatro Romano de Vérone, Festival Le Temps d’Aimer de Biarritz, Théâtre Olympia d’Arcachon


Roméo et Juliette © Olivier Houeix

ACTUALITÉ

« L’humilité de la scénographie convie par ses images tous les amoureux du monde. [...] Toute la puissance du récit vient de la danse et de la danse seule : la chorégraphie, comme toujours, belle et savante, se coule parfaitement dans le flux et les méandres de la symphonie. Les danseurs la servent avec une ferveur totale ».

Suivront les 19 et 20 juin deux représentations de Cendrillon en Finlande à l’occasion du Kuopio Dance Festival.

n Le Figaro, Ariane Bavelier, 10 septembre 2010

Tarifs de 10€ à 35€ Billetterie Office de Tourisme de Biarritz +33 (0)5 59 22 44 66 tourisme.biarritz.fr Ticketmaster / Leclerc +33 (0)892 390 100 (0,34€/min) ticketmaster.fr France Billet / Fnac-Carrefour-Géant +33 (0)892 683 622 (0,34€/min) fnac.com Informations Malandain Ballet Biarritz +33 (0)5 59 24 67 19

Miyuki Kanei & Daniel Vizcayo, Cendrillon © Olivier Houeix

« Partout ou presque, Thierry Malandain aura trouvé des solutions ingénieuses, élégantes pour relater une histoire très périlleuse parce que si souvent contée». Gubernatis, 15 septembre 2010

Du 1er au 15 juin, le Malandain Ballet Biarritz se rendra en Chine pour neuf représentations. Il se produira tout d’abord à Hong Kong dans le cadre du French May Arts Festival avec Cendrillon et La Belle et la Bête, puis à Wuhan, Xiamen, Dongguan, Huizhou et Chongqing avec Cendrillon. Le Malandain Ballet Biarritz remercie la Maison Repetto et la Cathay Pacific pour leur soutien à cette tournée ainsi que l’Ambassade de France à Hong Kong et Macau pour leur invitation.

LA PRESSE EN PARLE

n NouvelObs.com, Raphaël de

Tournée en Chine et en Finlande


Antoine Chapuy « Extrêmement remarquable en élévation, en vigueur et en précision » (1), Antoine Chapuy dont le vrai nom était Chopis séjourna-t-il à Biarritz ? Aucune chronique ne le signale sur la plage, à l’heure du bain, ni en septembre 1858 sur la scène du Casino Bellevue. A cette date, le bordelais n’était plus 1er danseur au Grand-Théâtre, mais l’on sait qu’il y resta fidèle. Aussi peutêtre figura-t-il parmi les artistes amenés à Biarritz par le directeur des théâtres de Bordeaux, Marie Carpier, qui comptait sur le séjour de l’Empereur et de la cour pour faire une bonne saison. Quoiqu’il en soit, sous l’égide de notre collaboration avec le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, le parcours d’Antoine Chapuy à une époque où la danse masculine n’était pas en faveur mérite qu’on s’y attache. Q Q Q

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ils de Pierre Chopis et de Françoise Soutin, Alfred Antoine Chopis vit le jour le 29 août 1829 à Cénon-laBastide (commune annexée à Bordeaux en 1865). Ayant grandi dans la maison d’un tonnelier, on ignore en quelle circonstance, il connut Jean Salesses, chef de l’école de danse du Grand-Théâtre, dont la méthode fut ainsi parodiée : « Pointez-vous sur le gros orteil. Restez-y 25 minutes et comptez jusqu’à 7.000, après ça vous lirez le Courrier de la Gironde, toujours dans la même position…. Voilà qui forme ! » (2). En effet, blague à part, il y a tout lieu de croire que les leçons de Salesses conduisaient à un résultat certain, puisque l’école de danse bordelaise d’où « s’élancèrent presque toutes les réputations aériennes de ce siècle » (3) était considérée comme une des toutes premières. Né à Toulouse en 1800, Jean Salesses fut sans doute le premier élève de son père, Jean Benoit Salesses, qui d’orfèvre passa maître de danse vers 1806. Encore lié au domicile parental en 1820, les prémices de sa carrière sont floues jusqu’à son entrée au Grand-Théâtre de Nantes en 1824. Maître de ballet et 1er danseur, il créé Le Retour de Félix, ou les Noces d’Alain et remet en scène Le Déserteur (1785) dans lequel il tient le premier rôle. Comme La Fille mal gardée (1789), Le Déserteur était un succès populaire de Jean Dauberval, le père de l’école de danse girondine, ce qui invite à penser que Salesses connaissait de près son digne successeur : Jean-Baptiste Blache, ou bien ses fils, Frédéric et Alexis. Pour l’anecdote, marié trois fois, Blache, père aura dix autres enfants, dont Louis né en 1797 à Saint-Jean-Pied-de-Port, de Marie-Anne Seguenot originaire de Pau.

Donnant les preuves d’un talent personnel tout en consacrant une part de leur temps à produire les œuvres de leur père, qui fuyait le monde et surtout Paris, Frédéric et Alexis, s’attachèrent aussi au répertoire de Dauberval. Ainsi en 1821, Alexis remonta Le Déserteur au Grand-Théâtre de Lyon, tandis qu’en 1824 Frédéric le « remit avec changements » à Paris au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Charles Mazurier, dont le talent excentrique s’était révélé à Bordeaux en 1817 fit le succès de ces reprises éclipsant les autres artistes. Cependant, à la lumière d’évènements intimes, on peut penser que c’est à Lyon que Salesses dansa Le Déserteur avant de le remonter à Nantes. En 1821, Blache, père, dont les ballets firent l’admiration jusqu’en Amérique, se retira à Toulouse et céda sa place à son fils Alexis, qui justifia en tous points la réputation de son géniteur avant d’être appelé à Saint-Pétersbourg en 1831. Depuis 1829, « l’habile Salesses » était chef de l’école de danse du Grand-Théâtre et régisseur général, c’est-à-dire chargé de la mise en scène des opéras. Il s’était établi en Gironde en 1825 comme 2ème maître de ballet auprès d’Alexis Blache et réglait à ce titre les divertissements au ThéâtreFrançais, les deux salles étant réunies sous la même direction. Joignant l’utile

aux doux plaisirs, il retrouva à Bordeaux Julie Betton reçue danseuse comique en 1825 et épousée en avril 1826. Elle tiendra par la suite et jusqu’en 1840, les emplois de mimes et de reines, dits, rôles à baguette (une longue baguette étant l’insigne de majesté du personnage). Elève de l’Académie Royale de Musique, Julie Betton « jolie brune agaçante » (4) venait


LA DANSE À BIARRITZ # 65

En 1851, au prix de progrès constants, Louisa Betton devint « 2ème et 1ère danseuse au besoin ». Antoine Chopis soulevait alors l’enthousiasme dans les premiers rôles. Admis 3ème danseur à 17 ans en 1846-47, en plus de Jean Salesses dont les leçons au Grand-Théâtre et au Conservatoire ouvert en 1841 étaient gratuites, il avait également cultivé son talent auprès de Jean Dutacq.

Donné comme élève de Dutacq, JacquesBaptiste Bouquet, dit Briol, dansa au Théâtre-Français de Bordeaux dès 1817 avant de rejoindre à Paris, le Théâtre de la Gaîté, puis celui de la Porte-Saint-Martin où, il créé avec Mazurier, Le Gascon à trois visages (1823) d’Auguste Blache. On le retrouve ensuite à Stuttgart, qui avait été un haut-lieu de la danse à la fin du XVIIIe siècle, Charles II de Wurtemberg, le dispendieux dédicataire des Lettres sur la Danse de Jean-Georges Noverre y entretenant alors la plus grande troupe d’Europe. Une soixantaine de sujets et des invités parmi lesquels Dauberval au temps où Noverre appliqua à la lettre ses conceptions du « ballet d’action ». C’està-dire de 1760 à 1767, car en raison de l’état de ses finances, Charles II congédia sa troupe en 1767. Lorsqu’en 1825, Briol arriva à Stuttgart, la cité était encore pénétrée des splendeurs du passé. Marie Taglioni, venait d’être engagée au théâtre avec son père Filippo et son frère Paul. Selon la ballerine dont les souvenirs furent romancés en 1942 par Léandre Vaillat, Briol était au bras de son épouse, ex-danseuse à l’Opéra. Plus âgée, il lui restait d’un premier mariage, un enfant qu’elle maltraitait. Sans quoi, le couple étant dans le besoin, Filippo Taglioni chargé des ballets les fit engager. Seulement, Mme Briol n’était pas jolie et quand le roi, Guillaume Ier « l’eut vue, il ordonna, puisqu’elle était malheureuse, qu’on lui versât une somme, mais à la

Antoine Chapuy - 1861 © photo Disderi

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Epreuve d’une grande sévérité, le « début » désignait la première apparition d’un artiste dans un emploi. Il s’y soumettait pour savoir si son engagement passé avec la direction était ratifié ou non par le public qui se manifestait par applaudissements ou sifflets, ou par un vote auquel prenaient part les abonnés et des spectateurs tirés au sort. L’artiste appartenant à un théâtre affrontait chaque année un début dans l’emploi de son choix, tandis que l’épreuve était triple pour les nouveaux sujets. Mais chaque ville avait ses usages et l’exemple de Louisa Betton rejetée après deux apparitions montre que Bordeaux ne différenciait pas son personnel des danseurs étrangers qui choisissaient d’ordinaire un rôle et un pas, la direction leur indiquant le troisième après s’être entendue avec le maître de ballet. Notons que la direction ou l’artiste pouvaient aussi s’entendre avec le chef de claque qui moyennant quelques bons billets donnait le ton au public.

Lié à une dynastie de danseurs dont certains appartinrent dès 1772 aux Grands Danseurs du Roy, la manie du temps de ne pas prénommer les uns et les autres rend le parcours de Jean Dutacq inextricable. Peut-être 1er danseur au Théâtre de la Gaîté de 1792 à 1794, sa pantomime est assurément appréciée à Lyon de 1801 à 1808, date où il interprète Bartholo, le tuteur dupé dans La Fête de Rosine de Blache, père. On aurait aimé le retrouver en 1809 en Russie dans Psyché et l’Amour de Charles-Louis Didelot, mais ce dernier louant la légèreté, la vigueur de son camarade Dutacq en Zéphire, sans doute s’agit-il d’un plus jeune membre de la famille. Non pas, Jean Dutacq, maître de danse au corps des pages, qui se brûla la cervelle à Saint-Pétersbourg en 1873 après la mort de sa femme. Car notre Jean Dutacq était déjà en terre. Il était arrivé à Bordeaux en 1817 auprès de Blache, père, comme 2ème maître de ballet du Théâtre-Français, professeur de l’école de danse et « danseur mime, caricatures ». Dans son Manuel complet de la danse (1830) Carlo Blasis le classe parmi « les mimes modernes » et tout en enseignant, il tiendra « les rôles mimes, pères » au moins jusqu’en 1850. Antoine Chopis était alors aux ordres de M. Page, mais avant, il connut Briol, chef chorégraphe du Grand-Théâtre de 1845 à 1847.

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de Lyon où elle dansait depuis 1817. Le temps de donner vie en 1821 à une fille, Scholastique, née de père inconnu et décédée un mois plus tard, puis en 1824 à un fils que Salesses reconnaîtra en 1826. Il s’agit de Jules Salesses, peintre-décorateur des théâtres de Bordeaux et entrepreneur général des fêtes publiques de la cité. Formé par les plus grands, tel Ciceri, le peintre de Giselle (1841), Jules Salesses décora également avec son élève et futur associé Ernest Betton, les théâtres de Poitiers, La Rochelle, Périgueux, le Casino Mauresque d’Arcachon et le Bellevue à Biarritz. Pour la curiosité, Ernest Betton qui peignit de son côté les plafonds du théâtre de Pau était né en 1834 à Bordeaux de père non nommé et de Scholastique Betton. L’enquête généalogique menée par Anne Londaitz pour éclairer ces pages, révèle que Scholastique Betton, artiste à ses heures, était la sœur de Julie Betton, l’épouse de Jean Salesses. Ce qui est dire que les décorateurs associés étaient cousins. En 1828, toujours de père inconnu, Scholastique Betton avait accouché d’une fille, Marie Louise que Salesses forma à la danse. Elevée avec Antoine Chopis dans le corps de ballet du Grand-Théâtre, elle sera reçue 3ème danseuse sous le nom de Louisa Betton en 1846-47. En revanche, en 1848-49, ses « débuts » de 1ère danseuse demi-caractère dans La Sylphide (1832) et Guillaume Tell (1829) ne seront pas heureux, puisque le public s’opposa à son admission.

Bordeaux - Le Théâtre Français

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Antoine Chapuy - 1863 © photo Disderi

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LA DANSE À BIARRITZ # 65 condition qu’elle ne paraîtrait plus sur la scène » (5). Plus tard, Marie Taglioni retrouva Mme Briol à Paris, cette fois encore, dans une profonde misère. Pour lui assurer, un peu de travail, elle lui confia ses chaussons à repiquer : « un travail ingrat et fort ennuyeux dont elle s’acquitta fort bien. » En revanche, Briol ne manquait pas de talent et à son intention, Taglioni créa Danina, ou le Singe du Brésil (1826) « L’idée lui en était venue d’une pièce qu’on représentait à Paris, sous le nom de Jocko, et dans laquelle le fameux comique Mazurier jouait le rôle du singe. » Il s’agissait de Jocko, ou le Singe du Brésil (1825) créé par Frédéric Blache à la Porte-Saint-Martin. En raison de son succès, le ballet connut plusieurs imitations, dont celle de Taglioni qui exploita souvent les idées des autres au profit de sa fille. En 1833, le chorégraphe Louis Henry évoquera le plagiat d’un pas au fusil extrait du ballet Les Grecs (1827) composé par Alexis Blache à Bordeaux, avant de conclure : « le temps dévoilera bien d’autres larcins » (6). S’agissant de Danina, ou le Singe du Brésil, alors que le rôle principal de Jocko était à l’origine tenu par Mazurier, Louise Pierson interprétant, Cora, la jeune esclave brésilienne. Taglioni, sans doute parce que sa fille était née à Stockholm, choisit Danina, prénom suédois pour faire de l’esclave le rôle-titre, reléguant l’homme au second plan. Danina, ou le Singe du Brésil obtint toutefois un vif succès et fut joué presque partout en Allemagne : « ce qui valut à M. Briol de grands avantages ». « En manière de remerciement, il partit, abandonnant femme et enfant, et contracta de beaux engagements en Italie, où il représenta cet ouvrage comme étant de lui. » En fait, durant l’été 1828, Briol remonta à Naples non pas Danina, mais « Jocko, o sia la Scimia Brasiliana, composé par le Signor Taglioni » précise le livret édité à cette occasion. En octobre, les Taglioni se rendirent à Bordeaux pour plusieurs représentations. Briol était alors à Berlin où il se fixa de 1829 à 1831 comme 1er danseur comique. Ayant « l’avantage de composer agréablement », il régla quelques ballets avant de faire carrière en Italie : à Milan, où il épousa en 1838 la danseuse Luigia Colombon, à Turin et surtout à Naples où le Teatro San Carlo afficha nombre de ses œuvres. A l’exemple de Gerardo di Nevers (1843), tiré de la littérature chevaleresque du Moyen Âge, il s’agissait de ballets d’inspiration historique enlaçant les théories de Salvatore Viganò, le créateur du « coréodrame ». Afin d’électriser le public, les hommes n’y étaient pas réduits aux rôles de porteurs, mais faisaient assaut de virtuosité à l’égal des femmes. Ce genre grandiose avec ses brillants effets de scène,

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séduira les parisiens, dès 1834, lorsque venant d’Italie Louis Henry, émule de Viganò présentera par exemple Chao-Kang au Théâtre Nautique. Mais, n’étant pas de l’école sérieuse et idéale, il agacera les apôtres « de la mesure, du goût sobre et exquis qui est la faculté maîtresse du génie français » (7). C’est peut-être pourquoi, Les Gardes Marines (1845), le ballon d’essai de Briol à Bordeaux, accabla la presse qui parla d’un « malencontreux ballet », d’un « triste talent chorégraphique » (8). Idaméa (1842) son troisième ballet n’aura pas meilleur accueil : « M. Briol présente au jugement du public bordelais une œuvre éclose dans son cerveau, et pour la troisième fois une opposition fort respectable s’est manifestée. Pourquoi ne considère-t-on pas cela comme trois débuts ? Ce serait fort juste s’il en était ainsi ; un maître de ballet mauvais ou médiocre n’imposerait pas ses élucubrations pendant une ou plusieurs années à un public qui les désapprouve. » (9). Nul ne sait si tout cela l’empêcha de dormir, mais en 1847, Briol rentra en Italie où la Scala de Milan donna Les Gardes Marines sans sifflet en 1856. Son successeur fut Henri Justamant, né à Bordeaux en 1815, élève de Blache, père et d’Alexis ; il « n’avait pas son pareil pour régler les plus beaux ballets du monde » (10). Aussi son entrée à l’Opéra en 1868 apparue comme une justice tardive, mais pour maintes raisons dont celle de ne pouvoir créer un grand ballet, il démissionna après avoir composé le divertissement de Faust (1869). A Bordeaux, sous le mandat de Briol, il avait réglé Une Kermesse (1846) et peut-être repris de Marseille, Le Royaume des fleurs (1845) mais les documents


LA DANSE À BIARRITZ # 65

C’est clairement en 1849-50 que JeanBaptiste Portet, dit Page devint maître de ballet. Venu de Bruxelles avec son épouse, il avait dansé à Bordeaux de 1840 à 1842 avant de retrouver le Théâtre-royal de la Monnaie où il créera le rôle du peintre dans Catarina, ou la fille du bandit (1847) de Jules Perrot avec la danoise Lucile Grahn. N’ayant pas abjuré le style français, il aura l’avantage de régler avec goût les ballets d’opéras et de remettre en scène à Bordeaux des titres comme : Le Diable à quatre (1845) de Joseph Mazilier, Ondine (1843) de Jules Perrot, La Péri (1843) de Jean Coralli et La Vivandière (1844) d’Arthur Saint-Léon : Elève de son père à Stuttgart, puis à Paris du bordelais Albert Decombe, Arthur Saint-Léon que l’on considérait comme trop italien en raison de son talent bondissant avait su se faire apprécier de Théophile Gautier pour lequel un danseur était « quelque chose de monstrueux et d’indécent » (11). Il inspira nettement Antoine : « M. Chopis fait de nouveaux tours de force chorégraphiques, et sa danse se ressent beaucoup du séjour de Saint-Léon parmi nous » écrit Auguste Rabion, qui ajoute : « Il y a un charme inouï dans la vélocité du travail de ses jambes dont on admire la grâce des contours et la finesse des attaches. Quelques personnes, d’un goût un peu suranné, seraient assez disposées à lui demander plus de rondeur féminine dans le geste, plus de courbes et de mollesse dans le dessin des poses. Selon nous, un artiste doit conserver, même dans cet art efféminé de la danse, sa hardiesse virile, sa force nerveuse, en un mot son caractère d’homme » (12). Annoncé parfois sous le nom de M. Alfred, Chopis qui signait Antoine tout en faisant usage de son second prénom, s’élevait alors jusqu’aux frises en qualité de 1er danseur. Afin d’avancer, parmi les éloges tressés autour de lui, on notera cet écho le distinguant au bras de Mlle Lucile. Une danseuse d’élite, qui « drapée dans la chasteté de son art et dans la pudeur de sa beauté » (13) devint sa femme :

« Le succès le plus vrai, le plus flatteur, le plus enivrant, que puisse obtenir un artiste, c’est lorsque à son apparition subite sur la scène, un murmure de vive satisfaction court parmi le public dans toute la salle. Quand Mlle Lucile et M. Chopis, dans la prestesse de leurs pas et dans leur légèreté merveilleuse, s’élancent devant la rampe, se donnant la main, et, pour ainsi dire, l’un portant l’autre, un mouvement électrique d’approbation enthousiaste se communique instantanément des stalles aux galeries, de l’amphithéâtre aux loges, du parterre au paradis ». Née le 26 mars 1827 (14) à Paris, Louise Henriette Monnier, dite Lucile, domiciliée avec sa mère à Bordeaux était la fille de feu Estienne Monnier, homme de lettres

connu par la traduction des opéras de Donizetti et Bellini. C’est le 15 mai 1851, après la dernière représentation de La Jolie fille de Gand (1842) où elle reprenait le rôle de Béatrix, créé à Paris par Carlotta Grisi, qu’elle devint Mme Chopis. Témoin des mariés, Page avait remis en scène ce ballet d’Albert Decombe, le 8 décembre 1850, soulevant des tonnerres d’applaudissements. Un mois plus tard, il attira une foule immense pour une représentation au bénéfice d’Antoine. Car ayant tiré au sort un mauvais numéro, il était enrôlé sous les drapeaux pour six ans. Le montant de la recette, destiné à lui fournir un remplaçant produisit un résultat inespéré. Dès lors assuré de ne connaître

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manquent. Selon Luc Bourrousse: historien de la musique et chargé de mission auprès de l’Opéra national de Bordeaux : en janvier 1848, Henri Chollet, directeur du Grand-Théâtre s’étant « désisté », les artistes réunis en société continuèrent à se produire jusqu’aux évènements révolutionnaires de février et à la formation du gouvernement provisoire. Le Grand-Théâtre ne rouvrit que le 12 juin 1848, les artistes en société étant alors placés sous la présidence de Jules Juclier. Ce soir-là, la danse fut représentée par Léontine Capel, Mathilde Esper et Antoine Chopis « dansant la Tyrolienne avec une vigueur et une précision qui leur ont valu, à juste titre, les applaudissements de tous les connaisseurs. » Mais les prospectus ne mentionnent pas qui remplissait les fonctions de maître de ballet.

Bordeaux, Le Grand-Théâtre, Rouargues frères, 1844

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que le feu de la rampe, de 1851 à 1852, il parut dans les opéras et plusieurs ballets dont : Marco bomba, ou le recruteur fanfaron (1838) créé à Bordeaux par Francisco Piatoli, Les Meuniers (1787) de Blache, père, Giselle (1841) de Coralli et Perrot, Pâquerette (1851) de Saint-Léon. Mais le plus heureux évènement fut la naissance de sa fille Marguerite, le 21 juillet 1852. Avant d’en reparler, en 1852-53 sous la direction d’Henri Finart, « grand et beau danseur » (15) de l’Opéra venu de Lyon, en mars 1853, Antoine seconda « admirablement » Lucile Grahn dans divers ouvrages avant de remporter en avril avec sa femme « un immense succès » dans La Sylphide (1832) de Taglioni. Si l’on en croit la presse prévenant du départ de plusieurs artistes, le Grand-Théâtre était alors en « dislocation véritable » (16). En effet, bien que figurant toujours tableau de la troupe en septembre, le mois suivant, Antoine et Lucile débutèrent à Marseille. Lucile qui avait obtenu peu de succès à sa première apparition, ne trouva pas grâce à son 2ème début dans Giselle. Sa retraite entraîna celle de son mari qui avait réussi, mais dont l’engagement était collectif. Après une blessure immobilisant Antoine et des représentations en Italie ; en 1854, le couple signa à Paris au Théâtre Lyrique. C’est alors qu’Antoine se fit appeler Chapuy, les journaux préférant Chapuis.

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Amalia Ferraris et Antoine Chapuy dans Graziosa - 1861 © photo Disderi

Ouvert en 1847 sous le nom de ThéâtreHistorique, devenu Opéra-National en 1851 et rebaptisé en 1852, le ThéâtreLyrique avait tenté d’acclimater l’opéraballet en traitant d’abord avec Saint-Léon pour Le Lutin de la vallée (1853) et Le Danseur du Roi (1853). Mais, le 6 février 1854, c’est Jean-Baptiste Barrez, 1er danseur à Bordeaux dès 1817 et gendre de Blache, père, qui réglera Les Étoiles. Il s’agissait d’une œuvre chantée, parlée et dansée, attendu qu’aux termes de son « privilège », il était interdit au ThéâtreLyrique de donner de la danse seule. Autrement, il aurait fait concurrence à l’Opéra. Quoiqu’il en soit l’apparition de Lucile et d’Antoine fit sensation :

Antoine Chapuy dans Graziosa - 1861 © photo Disderi

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« M. Chapuy pourrait dire, comme ce danseur gascon : Si je ne reste pas en l’air, c’est uniquement pour ne pas humilier mes camarades. Nous ne connaissons pas de jambes plus musculeuses que les siennes, ni de jarrets plus vigoureux. On peut lui souhaiter seulement un jeu plus intelligent et une physionomie plus expressive » (17). Au vrai, ce défaut avait déjà été observé à Bordeaux. Malgré tout, « gracieux et vigoureux à la fois », « rebondissant sur les planches comme une balle élastique »(18), Chapuy que le musicien Ernest Reyer décrit comme un danseur de l’école de Saint-Léon enflamma la presse :

« C’est un danseur magnifique de toute l’étendue du mot. Sa taille est superbe, et son visage orné d’une courte barbe noire, est d’une pureté remarquable. Sa vigueur est peu commune, il s’élève à des hauteurs prodigieuses. Il y a chez lui de l’athlète et du clown ; mais avant toutes choses, il a les qualités séduisantes du danseur élégant et distingué. Il allie parfaitement la force à la grâce, et sait se priver de cet éternel sourire, accroché avec des épingles, qui fait toute la physionomie du danseur ordinaire. » (19). Par parenthèse, au temps où les bravos étaient « réservés pour les jupes de cet enthousiasme était-il gaze » (20) commun ? La réponse est en partie donnée par Timothée Trimm : « Je n’aime pas les danseurs. Contrairement au bon public des boulevards; je n’éprouve aucune joie à voir sauter un homme qui sourit au parterre. » (21). Car ce n’est en définitive qu’à l’Opéra où il s’agissait de caresser dans le sens du poil les intérêts et les préjugés de la crème de la nation, que les danseurs pirouettaient presque sans gloire. Chapuy en fera bientôt les frais. En attendant, avec son agilité, sa légèreté et sa grâce, Lucile souleva aussi les cœurs : « on l’applaudirait certainement à l’Opéra ; au Théâtre-Lyrique son triomphe a été brillant et complet » écrit Albert Monnier (22). De fait, en décembre 1855, l’un et l’autre reçurent un « ordre de début » à l’Opéra. Chapuy se montra d’abord dans un acte du Diable à quatre de Joseph Mazilier, où il reprenait le rôle créé par Lucien Petipa : « Le débutant a fait preuve d’une excellente tenue, mais nous le jugerons plus complètement dans Jovita qu’il doit


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de Lemos (27). Autrement, Le Marché des innocents (1859) de Marius Petipa, invité de Russie par son frère Lucien, récemment nommé chef de la danse, permit à Antoine de tenir le petit rôle d’Amon aux côtés de la piquante épouse du chorégraphe : Marie Petipa. Avant qu’elle ne rentre à SaintPétersbourg, il l’épaulera dans l’opéra Sémiramis (1860) Enfin, en mars 1861, Lucien Petipa régla Graziosa. L’action se passait près de Naples, au temps de la domination espagnole, c’est pourquoi il

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aborder sous peu de jours » (23). Après Jovita (1853), vint La Fonti (1855) du même Mazilier, qui présidait la troupe et le 1er janvier 1856, Antoine put se dire « artiste de la danse » de l’Académie impériale de Musique. « Virtuose dans son genre », Lucile fut reçue à la même date, mais partira fin octobre 1857 pour briller en province. Entre temps, en congé de l’Opéra, le couple danse à Bordeaux en décembre 1856 dans Ondine (1845) : « réussite complète » (24). En août 1856, aux éclatants débuts parisiens de l’italienne, Amalia Ferraris, Antoine se fait remarquer dans Les Elfes (1856) de Mazilier, puis reprenant un congé, dès janvier 1857, aux côtés de Victorine Legrain dans L’Ile des Amours (1851) de Paul Taglioni au Theater am Kärntnertor de Vienne. Suivant les journaux parisiens, en juillet 1857, oubliant la chaleur tropicale, le thermomètre marquait 40 degrés, il accompagne les débuts de Mlle Freitag dans Orfa (1852) de Mazilier. En dépit des bravos, la danseuse retournera illico à Varsovie. En octobre 1857, las du sort que la direction réservait à « la plus laide moitié du genre humain », quoi qu’il en coûtât à son cœur, Antoine se résolut à accepter un contrat à Vienne. Dans la foulée, Magloire Beauchet, JeanAuguste Minard, Hippolyte Mazilier et Théodore Charansonney s’envoleront pour Florence, Milan, Lyon et Turin. Mais se trouvant loin de sa femme et de sa fille, deux ans plus tard, en septembre 1859, il rentra à l’Opéra pour ne danser qu’en décembre dans La Vivandière : « le joli petit ballet de M. Saint-Léon, dans lequel on a très chaudement applaudi Mlle Zina Richard, la belle Louise Marquet et M. Chapuy, l’élégant danseur, que l’Opéra vient de rengager » (25). En juillet 1860, invité au Her Majesty’s Theatre de Londres, il tient le rôle de Logdbrod aux côtés d’Amalia Ferraris dans Orfa

remonté par Pierre Massot : « Heureux Anglais ! » (26). Après Les Elfes, c’est dans Orfa créé pour Fanny Cerrito que le public de l’Opéra avait sacré la Ferraris : « reine de la danse », Lucien Petipa, par parenthèse 1er danseur à Bordeaux au temps où son père, Jean-Antoine dirigeait la danse au Grand-Théâtre était alors son « partner ». Encouragé par des éloges unanimes, après Londres, l’Opéra reprit Orfa pour la rentrée de la Ferraris, et le 7 octobre 1860, Lucien Petipa ayant le malheur de perdre sa mère, il sera donné à Antoine de le remplacer dans Logdbrod. Dans les mêmes circonstances, en juin 1860, Louis Mérante perdant sa femme, jadis danseuse à la Porte-Saint-Martin sous le nom de Rosette, Antoine reparaît avec la Ferraris dans l’opéra, Pierre de Médicis (1860). Les divertissements lyriques constituaient alors la part essentielle de l’activité des danseurs. Toutefois, en 1861 l’Opéra risqua trois nouveaux ballets dont L’Etoile de Messine de Pasquale Borri, un ouvrage de style italien qui occupa exceptionnellement toute la soirée et dans lequel Mérante et Chapuy excellèrent à mettre la Ferraris en valeur, Antoine « mimant avec intelligence » Don Raphaël

Eugénie Schlosser dans Graziosa - 1861 © photo Disderi

L’Etoile de Messine, Le Monde Illustré, 1861

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Eugénie Schlosser © photo Pesme

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y avait une corrida. Chulos, Banderillos et Picadores avaient le sexe incertain, mais armé d’une bonne lorgnette, on pouvait aisément reconnaitre dans la cuadrilla, Eugénie Schlosser dont le cœur battait pour Antoine. Il était pour l’heure Pietro, le muletier amoureux de Graziosa jusqu’au final du pas de la fiancée : « un des plus ravissants pas de deux dont nous ayons souvenir » écrit Paul Mahalin, qui ajoute : « Mme Ferraris et Chapuy y déploient une grâce, une pureté, une légèreté parfaites; c’est de la mélodie visible, et, si l’on peut parler ainsi, leurs jambes vocalisent merveilleusement pour les yeux » (28). « Prodigieusement moustachu » pour suivre le goût du jour et se donner l’air militaire, après la Ferraris, Antoine seconda d’autres ballerines en vue, telle la jeune et déjà célèbre Emma Livry. Révélée dans La Sylphide, puis dans Le Papillon (1860) de Marie Taglioni, elle parue en février 1862 dans La Reine de Saba : « légère comme une plume » : « ce qui ne justifie pas que M. Chapuy l’enlève comme si elle était un paquet de vieux vêtements » (29) accuse un admirateur. Or, Benoît Jouvin, qui faisait autorité au Figaro le trouvera au contraire : « très convaincu, très consciencieux » (30). Stéphen de La Madelaine notant de son côté : « Mlle Livry ne touche plus la terre, elle danse littéralement à un mètre du sol. C’est vrai que ce sont les robustes bras de Chapuis qui la soutiennent, pendant qu’elle retombe lentement sur le sol pour rebondir encore plus haut. […] Et, dans le talent de la danseuse, l’appui du danseur est pour la bonne moitié » (31). Mais, c’est à Hector Berlioz que reviendra le mot final : « Il est convenu qu’on ne doit jamais louer les danseurs hommes pourtant, puisque les danseurs sont nécessaires, ne fut-ce que pour aider aux élévations des danseuses pourquoi, quand ils ont un talent réel, comme Chapuy, ne pas signaler ce talent ? » (32). Fin octobre 1862, distribué dans le rôle d’Achmed, Antoine retrouva Emma Livry aux répétitions de Zara de Marie Taglioni. Toutefois, après le 15 novembre, jour fatal qui livra la danseuse aux flammes, le travail fut interrompu. Il reprit en décembre avec Amalia Ferraris, puis en mai avec Marie Vernon. Mais n’en finissant pas d’accumuler les déboires, Zara resta dans les tiroirs. Le 30 juillet 1863, après des mois de souffrances on enterra Emma Livry. Elle avait 22 ans. Peut-être ce malheur amena-t-il Antoine à réfléchir sur la fragilité de la vie et à en profiter, car le 13 août, il quitta son épouse. Celle-ci s’en expliquera au lendemain d’une

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funeste histoire d’amour qui s’acheva au tribunal. Ainsi en 1867 pour protester contre les allégations de l’avocat de son mari, qui aurait déclaré à l’audience : « qu’il s’était séparé de sa femme, parce que celle-ci l’avait abandonné lui et sa fille ». Lucile pria Le Figaro de bien vouloir insérer cette réclamation : « […] Dans la Gazette des Tribunaux, il s’est commis une grave erreur qu’il est de mon honneur de rectifier. Je n’ai jamais abandonné mon mari ni ma fille à l’expiration de mon engagement à l’Opéra, j’ai été en province faire la saison d’hiver, mais toujours avec l’assentiment de mon mari, et l’été je revenais près de lui et de ma fille. C’est M. Chapuy qui a quitté la maison conjugale le 11 août 1863, à la suite de discussions au sujet de mademoiselle Schlosser, en me confiant notre enfant qui est toujours avec moi et âgée aujourd’hui de quatorze ans. Voilà l’entière vérité, dont je puis fournir toutes les preuves. Recevez, monsieur le rédacteur, l’assurance de ma considération. » Lucile Chopis, dit Chapuy, née Monnier (33). Présentée comme « une belle Allemande, blonde comme les blés » (34), alors qu’elle était bretonne et brune comme un vol d’hirondelles, Eugénie Schlosser vit le jour à Brest, le 22 mars 1838. Son père JeanBaptiste Schlosser, né à Brest, d’un alsacien et d’une bretonne était menuisier. Musicien dans l’âme après avoir exercé divers métiers, il s’illustrera comme tambour de la garde nationale de Montmartre. Sa femme, Marie-Catherine Bonel, originaire de Plourin était « fille de confiance », autrement dit employée de maison. Levée la première et couchée la dernière, elle décédera vers 1846. Quittant la Bretagne à cette époque, Eugénie fit ses classes


LA DANSE À BIARRITZ # 65 à l’Opéra sous la direction de Caroline Venetozza, dite Madame Dominique et débuta en décembre 1856 dans La Favorite. Contre l’avis de son père semblet-il, qui dès ce moment refusa de la voir. Pourtant, jolie à regarder, elle remporta en février 1857 le 3ème prix au Concours de beauté des théâtres de Paris tout en montant 1er coryphée. Si l’on en croit la presse où dominait le commérage, sans la protection de Gustave Vaëz, librettiste et administrateur général de l’Opéra, elle serait restée dans les quadrilles, malgré son talent. Gustave Vaëz s’éteignit en 1862 et « fait des plus touchants, à l’Opéra où l’on oublie bien vite les services rendus et où la reconnaissance n’étouffe pas souvent » (35) elle le veilla jusqu’à son dernier souffle. Fut-il celui qui lui donna l’aisance d’un appartement et d’une maison de campagne ? On l’ignore d’autant qu’après un souper que ses admirateurs lui offrirent pour sa fête aux Frères Provençaux, les échotiers prédirent un mariage avec un riche descendant de Fernand Cortez. S’il s’agissait du duc de Montéleone, il était en effet très fortuné, mais Eugénie avait conçu une vive passion pour Antoine qu’elle prénommait Alfred : « un séducteur émérite, qui déjà, à une autre époque, avait reçu un coup de pistolet d’un mari outragé » révèle ou invente Adrien Rocher avant d’admettre : « C’était là un sincère et profond amour, et on peut s’étonner à bon droit de rencontrer un sentiment aussi persévérant dans un milieu où ne s’agitent que les génies légers et folâtres. Ce qu’il y a également de particulier dans ce pur attachement d’Emma (sic) Schlosser, c’est qu’il s’adressait à un homme qui n’était plus jeune et qui avait une fille qui était de l’âge de sa maitresse » (36). Au vrai, Adrien Rocher, « fait-diversier » des tribunaux au Figaro, n’avait pas ses notes à jour, car lorsque Chapuy quitta son épouse en 1863, il était âgé de 34 ans, sa fille avait 11 ans et Eugénie 25. Quant au duel au pistolet, les deux témoins n’ont pas été retrouvés.

la fille de cette femme, dont elle était la marraine, 3.000 frs ; à Chapuy, sa maison de Nogent-sur-Marne, « avec le mobilier qu’elle renferme et deux pièces de terre qui l’entourent. » C’était là un souvenir d’amour. Mais ce legs fut contesté par son père, qui, pour le faire annuler, soutint qu’il y avait eu captation et que Chapuy avait abusé des sentiments et de l’état maladif de sa fille. A partir d’une correspondance de plus de 400 lettres, la question fut examinée le 6 février 1867 par la 2ème chambre du tribunal civil de la Seine. Mes Léon Jaybert et Charles Lachaud représentant les deux parties. Selon Adrien Rocher : « par des lettres brûlantes, Chapuy activait le feu qui dévorait son amante; la prose n’y suffisait pas, il l’illustrait d’images païennes qui parlaient plus directement aux sens; ces lettres ont été lues, la reproduction en est difficile ». Cependant, La Gazette des Tribunaux  (38) en publiera une, la seule à être datée. Lue par l’accusation, elle contredit pour le moins les intentions enflammées, mais laisse planer l’ombre d’un protecteur :

Autant le dire de suite, même si l’année 1861 est privilégiée, les prémices de leur amour sont restées un secret d’alcôve, mais le sujet fut sans doute franchement abordé par Antoine et sa femme en août 1863, au moment où Eugénie fut déclarée atteinte de phtisie. Elle avait quitté l’Opéra depuis un an disent certains. En fait, en juillet 1863 incarnant l’été, elle faisait encore « assaut de grâce et de légèreté » (37) dans Les Vêpres siciliennes.

« Chéri aimé, Danse bien, sois beau, mais je ne serai pas là enfin pense à moi, pense que je t’aime de toute mon âme. Mille millions de caresses de celle qui t’idolâtre. Je t’écrirai un petit mot ce soir. Rentre bien vite te coucher après le spectacle. Pense à moi. Ta Nounou »

Le 18 novembre 1865 à 27 ans, la danseuse s’éteignit à son domicile, 26 boulevard Poissonnière. Elle laissait pour héritiers, son père et sa grand-mère maternelle. Avant son décès, elle déposa chez Me Girardin, notaire à Paris, un testament par lequel elle instituait son père légataire universel, à charge pour lui d’acquitter deux legs particuliers : à sa bonne, 2.000 frs, et à

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Eugénie Schlosser © photo Disdéri

« Lundi, 18 avril 1864. Ma chère Nounou, Écoute-moi, je te prie, avec beaucoup d’attention, mon cœur est complètement ouvert en ce moment. Depuis longtemps, je m’abusais avec la pensée que tu n’étais qu’à moi. Il faut m’entourer de mystères, rendre nos visites moins fréquentes. Si tu perdais l’appui que tu as, que deviendraient nos amours ? Je ne suis pas libre et ne puis pas... mes ressources avec d’autres personnes que ma famille sans avoir le blâme du monde. Soigne-toi, ma belle amie, afin d’être…. et venir me voir quelquefois à Paris ». En revanche, on pouvait « sans crainte jeter les yeux » sur celles de sa maîtresse, puisqu’elles attestaient « une tendresse naïve et pure ». C’est pourquoi La Gazette des Tribunaux en livra plusieurs écrites de Nogent-sur-Marne.

« Mon Alfred chéri, J’ai été bien méchante aujourd’hui, je te fais toujours de la peine, mais tu sais que je t’aime plus que tout au monde et que je suis d’une jalousie impossible, car quand je pense que je suis jalouse de ta fille, car tu l’aimes plus que moi ; il m’est impossible de me faire une raison quand je pense que tu l’embrasses, enfin crois que je souffre bien de tout cela. J’ai temps besoin de ton amour, car tu sais que je suis très malade, je ne suis pas toujours très amusante, mais

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LA DANSE À BIARRITZ # 65 que c’est bien pourtant je ne dors pas et je souffre. Aujourd’hui je vais très bien, bonne mine, gentille et bien sage et toi, cher trésor ? Je te couvre de caresses et de baisers des plus amoureux, car je t’idolâtre. Ta Nounou »

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« …Quel bonheur, je vais bien, le mieux continue, j’ai bonne mine, le soleil est si bon, j’ai travaillé à ton couvre-pied. Quel bonheur, mon cher trésor, tu auras bien chaud cet hiver ». « Ne retrouve-t-on pas là toute la candeur de l’amour allemand » annote Adrien Rocher. « Enfin le mal fait chaque jour des progrès; la pauvre poitrinaire quitte les Eaux-Bonnes et revient dans sa petite maison de Nogent-sur-Marne ; c’est là qu’elle a rendu le dernier soupir. Il faut l’entendre exhaler sa douleur et son amour dans une plainte attendrissante ». « Mon Dieu, que je souffre. Je t’en prie, toi que j’aime plus que tout au monde, viens me voir, viens de suite. Quand tu es là, je souffre moins. Viens, je t’en prie de toute mon âme. Mille baisers ». «  Voilà comment on aime encore aujourd’hui! et cela à l’Opéra! Après la lecture de pareilles lettres, le testament était justifié ; aussi le tribunal a-t-il validé le legs de Mlle Schlosser » conclût Adrien Rocher (39). On redira qu’Eugénie n’était pas allemande et qu’elle expira à Paris. Quant au jugement, en effet comme il ne résultait pas de la correspondance que Chapuy ait recouru à des manœuvres frauduleuses pour se substituer aux héritiers, il acquit en mai 1868 la maison du 13, rue de beauté.

il faut être indulgent avec les malades. Je t’embrasse comme je t’aime, c’est te dire de toutes les forces de mon âme. Viens vite, viens vite, viens vite, car j’ai bien envie de t’embrasser. Nounou »

« Comment vas-tu aujourd’hui, as-tu bien dormi, as-tu été à ta leçon ; es-tu bien sage, dis le bien vite à Nounou, quant à moi cher aimé, je vais bien, je tousse un peu, cela n’est rien ».

« Bonsoir chéri aimé trésor adoré, Je commence par te dire que je t’aime mon Alfred, je t’aime et je crois que tu m’aimes aussi, mais dis le moi souvent, ce mot me rend la santé, la vie. Hier soir quand tu as été parti, je suis montée me coucher de suite, j’ai bien prié mon beau Christ de me faire bien dormir et il m’a entendue, j’ai passé une très bonne nuit, pas toussé du tout et bien dormi. Je l’ai prié aussi pour toi que tu sois content toujours et bien heureux ».

Enfin, dans les colonnes du Figaro, Adrien Rocher en publia d’autres écrites des EauxBonnes, une station de notre département où Eugénie était allée chercher un soulagement.

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Eaux Bonnes, vue de l’établissement thermal - 1968

« Si je me soigne, c’est pour toi, car je te promets que si je n’avais pas peur d’être grondée par toi, je partirais de suite pour Paris. Je suis si triste, je m’ennuie tant ; penses un peu, cher aimé, je ne puis rien faire, ni travailler, ni lire, ni marcher. Je ne puis que penser. Mille baisers de ta Nounou » « Mon bien-aimé, je t’écris tout ce que je pense, je vais un jour bien et l’autre mal ; je t’aime toujours beaucoup ; la nuit je tousse et je crache. Le docteur dit

On l’avait estimée à 3.907 frs, somme égale aux appointements mensuels de la chaste et réservée Marfa Mourarieva. Prêtée par Saint-Pétersbourg, elle avait débuté à l’Opéra en mai 1863 dans une reprise en grande pompe de Giselle. L’occasion pour Chapuy de danser le pas de deux des paysans du 1er acte avec Zina Mérante. En juillet, s’enchaîna Diavolina de SaintLéon, qui permit à Antoine de se faire tirer le portrait dans les salons d’Eugène Disdéri. L’inventeur de la photo-carte de visite ouvrira plus tard une succursale à Biarritz. En juillet 1864, pour le retour de la Mouravieff à Paris, Saint-Léon régla Néméa, ou l’amour vengé. Antoine tenait le rôle du bohémien Istwann, mais le ban et l’arrière-ban de la presse ne parla que du charme de la sylphide russe : « à peine supportons-nous sans rire Mérante et Chapuy, ces remarquables danseurs du sexe masculin ; mais toujours nous applaudirons à une ballerine » écrit le Chevalier Sarti en 1866 (40). Cette année-là, l’Opéra sous la nouvelle direction d’Emile Perrin, était en pleine réorganisation et pour « raison


LA DANSE À BIARRITZ # 65 d’économie administrative », Antoine ne vit pas son engagement renouvelé en septembre. Ce qui fit dire à Nérée Desarbres : « onze années de travaux et de retenues perdues, au point de vue de la fabuleuse pension » (41). À 37 ans, il se voyait dans la détresse, mais Paris était dans les préparatifs de l’Exposition Universelle qui devait se tenir d’avril à novembre 1867 et on lui parla d’un projet séduisant : il s’agissait d’être à la fois 1er danseur et maître de ballet du ThéâtreInternational. Elevé sur le Champ-de-Mars, ce théâtre avait pour ambition de présenter l’art dramatique, lyrique et chorégraphique français et étranger. Mais en raison du mauvais temps et de la concurrence, ce fut « le four le plus colossal des

temps modernes » (42). Son ouverture, toujours remise, s’effectua le 11 juin 1867 par L’Ange de Rosheray, un opéracomique avec ballets et l’Amour dans un tonneau, une pantomime anglaise jouée par la famille Lauri. Ce fut ensuite l’opérette, Un quart d’heure avant sa mort, puis « composé et mis en scène par M. Chapuis de l’Opéra, un grand ballet international en 3 tableaux, par 60 danseuses françaises, anglaises, italiennes, russes et allemandes, toutes belles à damner » (43). Enfin, le 17 juin on donna Gervaise, un opéra-comique tout en reprenant, Un quart d’heure avant sa mort, qui sembla une allusion à la direction agonisante, puisque la salle ferma le soir même. Ainsi, Azizah, ballet oriental que Chapuy régla sur un livret d’une dame du grand monde, dit-on, et une musique de Rodolfo Mattiozzi et Massimiliano Graziani ne vit pas le jour. Au terme de l’Exposition les matériaux

du Théâtre-International serviront au Concert de la Gaîté-Montparnasse inauguré en septembre 1868. On ignore quelle était alors l’activité d’Antoine. Son épouse « avec d’excellentes pointes, beaucoup d’expression et un grand art du détail » (44) se produisait en province, réglant parfois des ballets. Mais, en 1868, c’est leur fille, Marguerite, élève de Pierre Régnier, de la ComédieFrançaise, qui fait l’actualité en décrochant le 22 juillet devant la critique, ses parents et ses amis, un 2ème accessit de comédie au Concours du Conservatoire de musique et de déclamation. L’année d’après, toujours en juillet, elle obtiendra le 2ème Prix dans le rôle d’Emma, de La Fille d’honneur. Son père était-il dans la salle ? Depuis le 15 juin, au déplaisir d’André d’Heillecourt,

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Le Théâtre International Le Monde illustré 1867

chargé du « courrier des eaux » au journal La Comédie, il administrait le Casino de Bagnères-de-Bigorre : « Beaucoup de monde à Luchon et à Biarritz, à Bagnères personne ! Au théâtre, on joue devant les banquettes, on va même jusqu’à faire entrer du monde gratuitement pour tâcher de stimuler le talent des pauvres artistes qui sa débattent dans le vide. Toute cette année est sacrifiée au mélo depuis l’ouverture, on a joué successivement, Jean le cocher, le Bossu, la Closerie etc. Mais la comédie, point. Point n’est question non plus de l’opérette. Il est vrai que l’administration est confiée à un danseur de l’Opéra, M. Chapuy! « Il fallait un administrateur, ce fut un danseur.... » Figaro est éternel » (45).

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••• « Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint » dit exactement Figaro à son maître pour se plaindre. Coutumier des bons-mots qui pleuvaient sur les danseurs, Chapuy s’en moqua certainement. Il quitta Bagnères en octobre pour une période sans information. Mais, Charles Foignet, dit Dalis, acteur estimé à Bayonne et Biarritz lui succédant en 1870, il est certain qu’il ne revint pas dans les Pyrénées. A l’aide d’une brève s’appuyant sur des faits sérieux, c’est à Bruxelles qu’on le retrouve durant l’hiver 1870. En France, la parole était au canon, ainsi échappa-t-il à la guerre, au siège de Paris. Du reste, dès la menace du blocus un contingent d’artistes s’était réfugié en Belgique ; ils ne rentreront qu’après la « Semaine sanglante » qui vainquit la Commune de Paris : le 28 mai 1871. Quelques jours plus tard, sous la plume d’Eugène Morand, Le Figaro publia :

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Marguerite Chapuy © photo Maunoury 1875

« On a enterré dimanche à Bruxelles, un ancien danseur de l’Opéra, M. Chapuis, dont le vrai nom était Chopis. M. Chapuis était, cet hiver, maître de ballet au Théâtre-royal de la Monnaie, et il avait pour la fin de la saison, composé la chorégraphie d’un ballet, la Madone, dont la musique était d’un auteur belge, M. Oscar Stoumon. C’est aux suites d’une fluxion de poitrine que cet artiste vient de succomber » (46).

Le Général André

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Mort le 2 juin 1871, Chapuy avait 42 ans. Selon les Archives de la Monnaie, il avait été engagé comme maître de ballet du 1er janvier 1869 au 31 décembre 1871. Quoique disparu à cette date, son mandat couvrit de fait quatre saisons, durant lesquelles il brilla par sa discrétion,

puisque les ballets seront signés Alfred Lamy en 1868-69, Xavier Hus et Joseph Hansen en 1869-70 et William Holtzer en 1870-71. C’est toutefois lors de cette ultime saison, le 7 février 1871, qu’on lui prête la création de La Madone. Faute de document, rien ne permet de l’assurer, car seule la musique d’Oscar Stoumon fut commentée, tandis qu’on annonça l’ouvrage de la sorte : « La Madone, ballet en 2 actes, de Chappuis, musique de Stoumon ». Chappuis avec deux « p » ne pourrait-être qu’une fantaisie, sauf qu’une basse de ce nom figurait depuis 1865 dans les chœurs. Attendu qu’il était fréquent d’oublier le chorégraphe, il est pensable qu’investi de la confiance de la direction, Chappuis, chanteur consciencieux qui devint le doyen du théâtre, signa le livret de La Madone. Dans le doute, il nous faut prendre le parti le plus sûr, et, pour continuer, Marguerite se montrant pieuse et fervente catholique, suivant ses inclinaisons, elle pria assurément la Madone pour trouver consolation à sa peine et à son deuil. Profondément artiste, elle avait entamé son éducation par la musique avec sa grandmère maternelle et naturellement par la danse. Au lendemain de son 2ème Prix, le Théâtre du Vaudeville l’engagea pour deux ans. Ses premiers succès dans La soupe aux choux, en novembre 1869, lui prédirent un bel avenir dans la comédie, mais douée d’une jolie voix, après la guerre de 1870, après Bruxelles où elle s’était réfugiée, elle s’adonna au chant. Vivant alors avec sa mère et sa grand-mère, 6 rue NotreDame de Lorette, le 12 septembre 1872 marqua ses entrée à l’Opéra-Comique dans Haydée, tandis qu’en mars 1874, son succès dans Mignon fut un pas de plus dans sa jeune carrière. Mais, on retiendra le 3 mars 1875, jour mémorable où « avec le charme et la pureté de son irréprochable


LA DANSE À BIARRITZ # 65

(1)

L’Eventail, Auguste Rabion, 3 novembre 1850

La Lorgnette, Casimir Dupond, 5 décembre 1858

(2)

(3) De Montmartre à Séville par Charles Monselet, 1865 p.148 (4)

Le Conservateur lyonnais, 1817, p.54

(5)

La Taglioni, Léandre Vaillat, 1942, p. 106-107

Le Théâtre du merveilleux, M.H Winter 1962, p. 183 (6)

(7)

Le Gaulois, Stanislas Rzewuski 23 Avril 1899

(8)

La France Théâtrale, 25 décembre 1845

(9)

La France Théâtrale, 30 avril 1846

(10)

Derrière la toile, Albert Vizentini, 1868, p. 20

Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, 1858, T.1 p. 139

(11)

(12)

L’Eventail, Auguste Rabion, 3 novembre 1850

(13)

Idem

(14)

Registre personnel Opéra de Paris : 2 mai 1829

(15)

L’Entr’acte lyonnais, 13 décembre 1840

(16)

L’Europe artiste, 3 avril 1853

Revue et Gazette musicale de Paris, G. Héquet, 12 février 1854 (17)

diction » (47) elle créée à 23 ans le rôle de Micaëla dans Carmen. « Classée au nombre des meilleures cantatrices françaises » (48) elle chante en mai 1876 Philémon et Baucis, puis paraît à Londres, avant de laisser la scène pour se marier. C’est le 16 septembre 1876, qu’elle prononça le « oui » fatal à sa carrière en épousant à Paris, Louis André, capitaine au 34ème Régiment d’Artillerie d’Angoulême. Promu général en 1893, puis ministre de la guerre dans le cabinet Waldeck-Rousseau en 1901, comme tous officiers désirant se marier, Louis André sollicita l’autorisation du ministre des armées et joignit à sa requête l’apport en dot de sa fiancée et un certificat de moralité délivré par le maire du lieu de sa résidence. Curieusement, parmi les personnes consultées figura François Mège : danseur à Bordeaux au temps de son père, puis 1er danseur à Lyon, Marseille et Toulouse, il avait également dansé avec sa mère au Théâtre des Menus-Plaisirs et enseignait alors à Paris rue Clauzel. L’enquête municipale conclut à la bonne moralité de Marguerite. Mais comme le révèle, Serge Doessant dans son ouvrage sur le général André (49), par précaution, le colonel du régiment du fiancé se tourna vers la Préfecture de police pour obtenir plus d’informations, tandis que le général commandant le corps d’armée, dont dépendait son régiment sollicita la Gendarmerie de Paris. Marguerite s’étant

L’Etoile de Messine, Le Monde Illustré, 1861

toujours conduite de façon irréprochable cette troisième enquête assura : « un mariage des plus honorables à tous égards ». Toutefois, comme pour liquider un passé honteux, elle et sa mère seront déclarées sans profession sur l’acte matrimonial. n TM

Revue de Paris, Ernest Reyer, 1er janvier 1854 p.608

(18)

(19) Le Journal pour rire, Albert Monnier, 25 février 1854 (20)

La Presse, Théophile Gautier, 10 mai 1853

(21)

Le Petit Journal, 11 octobre 1865

Le Journal pour rire, Albert Monnier, 25 février 1854 (22)

(23)

Le Ménestrel, 30 décembre 1855

(24)

L’Eventail, 14 décembre 1856

(25)

La France musicale, 2 janvier 1859

L’Industrie, Journal de gironde, Jean-Charles, 27 mai 1860 (26)

(27)

Le Ménestrel, 24 novembre 1861

L’Actualité littéraire, artistique, scientifique, Paul Mahalin, 11 août 1861

(28)

Remerciements à Anne Londaitz, Luc Bourrousse, Romain Feist et Rosine Delmotte.

(29) The Ballet in Second-Empire, Ivor Guest, 1953, p.27 (30)

Le Figaro, 6 février 1862,

(31)

L’Univers musical, 2 Janvier 1862

(32)

Le Journal des débats, 8 mars 1862

(33)

Le Figaro, 6 avril 1867

(34)

Le Figaro, 1er février 1867

(35)

Le Figaro, Adolphe Dupeuty, 16 mars 1862

(36)

Le Figaro, 8 avril 1867

(37)

Le Monde illustré, 1er août 1863

(38)

La Gazette des Tribunaux, 3 avril 1867

(39)

Le Figaro, 1er mars 1867

Revue artistique et littéraire, T.10, p.235, 1er juin 1866 (40)

(41)

Deux siècles à l’Opéra, 1868, p. 161

(42)

Le Monde illustré, Pierre Véron, 15 février 1868

(43)

Le Figaro, 12 mai 1867

(44)

La Comédie, 14 août 1864

(45)

La Comédie, 15 août 1869

(46)

Le Figaro, 6 juin 1871

(47)

Gil Blas, 23 avril 1883

(48)

Le Monde artiste, Jules Ruelles, 13 mai 1876

(49)

Le Général André, Editions Glyphe, 2009

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Résidence à La Réunion A l’initiative du Conservatoire à Rayonnement Régional de La Réunion et de son directeur, François Vigneron, le Malandain Ballet Biarritz a été invité du 10 au 23 mars pour une résidence de transmission et de création sur le thème des Ballets russes. Vingt-six élèves âgés de 13 à 19 ans, de fin de cycle 2, cycle 3 et de COP (Cursus Orientation Professionnelle) issus des conservatoires de Saint-Denis, Saint-Benoît, Saint-Paul et Saint-Pierre ont ainsi bénéficié pendant huit jours de six heures d’ateliers quotidiens animés par Dominique Cordemans du Malandain Ballet Biarritz pour la transmission d’extraits de Boléro à l’intention de neuf élèves en danse classique et contemporaine. Gilles Schamber de la Compagnie Gilshamber a réalisé une création sur Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski avec neuf élèves en danse contemporaine et P.T. Narendran de la Kalakshetra Foundation de Chennai (Inde) a effectué un travail de répertoire en danse Barata Natyam pour huit élèves. Lors des représentations qui suivirent, les 18 et 19 mars à Saint-Benoît au Théâtre Gramoun Lélé et le 23 mars à Saint-Denis au Théâtre de Champ Fleuri, les élèves furent réunis au final de Boléro.

12èmes rencontres interuniversitaires UPPAdanse Les 12èmes rencontres inter-universitaires UPPAdanse pilotées par le Service culturel de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, se sont dérouler les 9 et 10 avril au Théâtre Quintaou d’Anglet et au Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque de Biarritz. Le 9 avril, au Théâtre Quintaou, à l’issue du concours Dominique Cordemans a sélectionné douze lauréats qui seront accueillis en résidence au Centre Chorégraphique National du 4 au 11 septembre. Ils travailleront à cette occasion un ballet de Thierry Malandain qui sera présenté, le 11 septembre dans le cadre des Scènes ouvertes du Festival Le Temps d’Aimer. Par ailleurs, le 10 avril de 14h à 16h, Dominique Cordemans a animé au Conservatoire de Biarritz un atelier de répertoire ouvert aux étudiants et aux jeunes danseurs extérieurs aux Rencontres. Enfin, à l’automne lors d’une tournée dans les villes universitaires d’Aquitaine, les lauréats sous l’égide du Ballet de l’Etudiant se produiront les 21,

22 et 23 octobre à La Maison des Arts de Pessac, à La Centrifugeuse de Pau et au Théâtre Quintaou d’Anglet. Renseignements et inscriptions : UPPAdanse@univ-pau.fr – Tél. 05 59 57 41 55 ou 05 59 57 41 62

Parcours culturel Dans le cadre d’un projet pluridisciplinaire intitulé « Danse et lumière », initié par Odile Provost et Philippe Hirigoyen, conseillers pédagogiques à l’Inspection de l’Education Nationale de Saint-Jean-deLuz, des enseignants de l’École du Bourg à Urrugne, de l’École Robert Boulaert et de l’École de la Gare à Hendaye, et des écoles primaires d’Ascain et de Guéthary ont été accueillis le 30 mars à la Gare du Midi pour découvrir l’activité du Centre Chorégraphique National et des danseurs.

Autour des représentations 15 mars - Théâtre de Rungis, rencontre avec Thierry Malandain après la représentation et exposition de photographies d’Olivier Houeix. 17 mars - Espace Carpeaux de Courbevoie, atelier animé par Giuseppe Chiavaro avec deux classes du Collège Les Bruyères de Courbevoie et classe publique des danseurs pour les élèves de l’Ecole de danse du Centre culturel de Courbevoie. 18 mars - Espace Lino Ventura de Gargeslès-Gonesse, avant la représentation scolaire, projection dans plusieurs établissements du documentaire : Cendrillon, un an de création réalisé par Caroline de Otero et Catherine Guillaud pour BoiSakré productions. Interview des danseurs par des élèves du Lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse dans le cadre d’un projet intitulé : Reporter danse. Enfin, tournage d’un documentaire sur le quotidien des danseurs en tournée par des étudiants de l’ESRA de Paris, Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle, à destination de la Maison des Arts de

Garges-lès-Gonesse en partenariat avec l’Espace Carpeaux de Courbevoie. 20 mars - Théâtre Luxembourg de Meaux, avant la représentation projection du documentaire : Cendrillon, un an de création et atelier : Voulez-vous dansez avec nous ? animé par Giuseppe Chiavaro pour une vingtaine d’adultes du L.A.B.O du Théâtre Luxembourg. 24 mars - Théâtre Olympia d’Arcachon, après la représentation rencontre avec Dominique Cordemans, Richard Coudray, maître de ballet et Yves Kordian, directeur délégué avec une classe de 1ère littéraire du Lycée Grand Air d’Arcachon. Le 25 mars, master class et atelier de répertoire animés par Dominique Cordemans avec dix-huit professeurs de danse et jeunes danseurs en formation professionnelle du Bassin d’Arcachon et de Bordeaux.

Master-class de printemps à L’Ecole de Ballet Lipszyc Du 21 au 24 avril, l’École de Ballet Lipszyc organisera ses premières « Master-class de Printemps » pour des élèves de danse classique du niveau moyen (à partir de 12 ans) au niveau supérieur (plus de 15 ans) dans ses studios du quartier Kléber de Biarritz. Giuseppe Chiavaro, répétiteur au Malandain Ballet Biarritz et Dominique Cordemans, responsable de la transmission du répertoire aux pré-professionnels au Malandain Ballet Biarritz feront partie de l’équipe pédagogique aux côtés d’Aurélia Schaefer et Eric Quilleré, maîtres de ballet à l’Opéra National de Bordeaux, Fanny Gorse et Allister Madin, solistes au Ballet de l’Opéra National de Paris et Carole Philipp et Amandine Griset-Mano, professeurs à l’Ecole de Ballet Lipszyc. Renseignements Ecole de Ballet Lipszyc www.ebl-biarritz.fr / www.ebgl.info Mme Roméo, tél. 06 38 41 04 66 Mme Forgues, tél. 06 76 01 79 52

UPPA © Johan Morin

Boléro à La Réunion

SENSIBILISATION


FORMATION

LE LABO

Les 10 ans de l’Option Art-danse

LE LABO et la Médiathèque de Bayonne

Ouverte en septembre 2005 à l’initiative du proviseur, Bernard de Monck d’Uzer et encadrée depuis lors par Gaël Domenger, Agnès Baty et Véronique Delors-Sarran, l’Option Art-danse du Lycée André Malraux de Biarritz célèbrera ses 10 ans au Théâtre du Casino, le 31 mai à 20h00. L’occasion d’une soirée particulière mettant en avant le talent des élèves. Après une rétrospective en images, le programme déroulera les chorégraphies de cinq élèves de terminale, puis Peau d’Âne, réglé par Célia Thomas pour les élèves de seconde, Antigone, par Gaël Domenger pour les terminales, Corps option, par Gilles Schamber pour les premières et enfin Œdipe, par Samuel Mathieu pour les terminales et les anciens élèves de l’Option.

Le 23 mars, les membres du LABO du Malandain Ballet Biarritz animé par Gaël Domenger se sont joints à l’événement organisé par la Médiathèque de Bayonne dont le thème était : Santé physique, santé mentale : un lien vital. A cette occasion, des patients de plusieurs établissements hospitaliers ont travaillé avec la Compagnie de médiation artistique Impermanences et ont participé à des ateliers d’écriture dont les textes servirent de support à une performance proposée par LE LABO.

De la seconde à la terminale, environ 34 élèves par année, 8 promotions en terminale, pratiquement 100% de réussite au bac L. Un enseignement pratique et théorique à la fois, qui permet de voyager de la danse classique à la danse contemporaine et offre aux élèves de section littéraire une culture artistique variée et approfondie : danse, littérature, arts plastiques, musique et toutes formes d’art. Cursus qui développe la sensibilité des élèves littéraires, parcours enrichissant qui leur permet d’élargir leurs choix post-bac. De nombreuses poursuites dans le monde de la danse et surtout des élèves ouverts « au vivre ensemble », et aux arts, et qui réussissent leur entrée dans le monde actif. Agnès Baty

Tarif 5€ sur place Informations Malandain Ballet Biarritz Tél. +33 (0)5 59 24 67 19

Assassins au Korzo à La Haye (Pays-Bas) Du 27 avril au 8 mai, Gaël Domenger retrouvera l’équipe d’Assassins (Lionel Bègue, Fabienne Donnio, Martin Mauriès et Gilles Baron) sous la direction du chorégraphe Samuel Mathieu pour une résidence au Korzo à La Haye qui aboutira aux deux premières représentations d’une création que le public découvrira à Biarritz lors du prochain Festival Le Temps d’Aimer.

Dix ans déjà ! Une aventure entre élèves, professeurs et artistes, et des liens indéfectibles qui perdurent.

mouvement gestes de peintres et gestes de danse. A cette occasion le chanteur Beñat Achiary stimulera par sa voix la fusion de la danse urbaine hip hop et de la danse contemporaine, respectivement représentées par Thomas Blin et Aureline Guillot. Un dispositif vidéo, mis en place par Julien Conan, permettra à quelques trésors cachés du Musée Bonnat–Helleu de se joindre à cette ronde des arts, au milieu de laquelle le public sera invité pour célébrer la nuit et les musées.

© Johan Morin

LE LABO et Les Ethiopiques de Bayonne Les 7, 8 et 9 avril, sous la direction artistique de Beñat Achiary, Les Ethiopiques ont eu pour invité d’honneur le grand poète, prix Goncourt : Patrick Chamoiseau. Pour cette 8ème édition, qui propose au public de se ressourcer à la pensée du « Tout-Monde » chère à Edouard Glissant, LE LABO a effectué une traversée dansée dans les rues de Bayonne, le 9 avril à 10h30. Soutenue par la lecture de poèmes, la danse des membres du LABO ont fait ricocher et scintiller les mots déclamés, slamés ou chantés par Beñat Achiary, Pierre Vilar, Marc Lafaurie, Meryl Marchetti, Samir Ellook et Jean-Philippe Leremboure. Le chorégraphe Hamid Ben Mahi a proposé quant à lui une traversée Hip-hop avec le danseur Thomas Blin et la compagnie Nés sous X accompagnée par le chant et les percussions d’Alain Larribet. Programme complet sur le site www.ethiopiques.fr

LE LABO et le Musée des Beaux-Arts Bonnat-Helleu de Bayonne « Au commencement était le geste… » le 21 mai à 20h30, 21h30 et 22h30, dans le cadre de la Nuit des Musées, LE LABO proposera une performance pluridisciplinaire s’inspirant de la collection de dessins et d’esquisses du Musée Bonnat-Helleu. Coordonnée par Gaël Domenger, cette rencontre autour du geste créateur tentera d’unir dans un même

LE LABO en partenariat avec l’association Ezkandraï Le 25 juin, à Besançon, dans le cadre de Back to the Trees #3, Gaël Domenger, Mai Ishiwata, Beñat Achiary et Julen Achiary proposeront une première étape de travail de leur projet autour des figures mythologiques d’Œdipe et d’Antigone.

Back to the Trees est un événement artistique pluridisciplinaire sur le thème de la Forêt. Il convie plus de cinquante artistes français et étrangers à « parler de forêt » de manière intime, écologique, sociétale, scientifique ou philosophique. À la tombée de la nuit, quand les sens sont particulièrement en éveil, Back to the Trees invite à une promenade insolite et magique au cœur de la Forêt de Chaux, qui s’en trouve une nouvelle fois enchantée. Cet événement fait écho à l’histoire manufacturière de la Saline royale d’Arc et Senans aux XVIIIe et XIXe siècles : la Forêt de Chaux a en effet directement défini le choix d’y installer la Saline, le bois étant alors la seule ressource énergétique pour procéder à l’évaporation de la saumure et la production de sel. Back to the Trees #3 est organisé par la Saline royale d’Arc et Senans, l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon Franche-Comté, l’Association des Villages de la Forêt de Chaux et l’association Elektrophonie, en partenariat avec Carbone 14, l’association Chifoumi, Eco Logik Art, l’Ensemble de Musique Interactive, la Fraternelle – Maison du Peuple, le Lycée du Bois de Mouchard, la Maison Laurentine, le Pavillon des Sciences, la Rodia et le hackerspace 3615 Señor.

20 21


EN BREF

La Mort du cygne au CNSMD de Paris A l’invitation de Jean-Christophe Paré, directeur des études chorégraphiques du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMD), Giuseppe Chiavaro a remonté La Mort du cygne (Malandain / Saint-Saëns) dans le cadre du programme étuDIANSE. Représentations les 2,3 et 4 mai à 19h00 à la Salle d’Art Lyrique du CNSMD de Paris. Mozart à 2 au NHK Ballet Festival à Tokyo

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Dantzaz Konpainia

Dans le cadre du projet Eurorégional Ballet T, Dantzaz Konpainia dirigée par Adriana Pous, proposera un DantzaKlub, le 17 avril à 19h au Grand Studio de la Gare du Midi. A cette occasion la compagnie présentera sa nouvelle création. Entrée libre sur réservation tél. 05 59 24 67 19

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© Olivier Houeix

Exposition Malandain+Houeix au Théâtre de Rungis

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Mozart à 2, Kiyoka Hashimoto & Masayu Kimoto_Wiener Staatsballett © Ashley Taylor

A l’invitation de Takanori Kojima, producteur du NHK Ballet Festival de Tokyo, Masayu Kimoto et Kiyoka Hashimoto, solistes au Wiener Staatsballett dirigé par Manuel Legris, interpréteront un duo de Mozart à 2 (Malandain / Mozart). La représentation se déroulera le 10 avril au NHK Hall et sera captée, puis diffusée en mai sur la chaine japonaise NHK.

Du 15 mars au 28 mai, le Théâtre de Rungis accueille une exposition du photographe Olivier Houeix consacrée au répertoire du Malandain Ballet Biarritz.


centre chorégraphique national d’aquitaine en pyrénées atlantiques

Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël Garcia, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Guillaume Lillo,Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Laurine Viel, Daniel Vizcayo, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler

Production / Technique directeur technique Oswald Roose régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard régie son Jacques Vicassiau, Nicolas Rochais techniciens plateau Raphaël Tadiello, Bertrand Tocoua réalisation costumes Véronique Murat régie costumes Karine Prins construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeurs Thierry Crusel, Guy Martial agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique  / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry  /  Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset  /  MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret San Sebastián Centre Chorégraphique Transfrontalier Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian directeur délégué Carine Aguirregomezcorta suivi du projet Arantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque Teatro Victoria Eugenia Jaime Otamendi directeur Norka Chiapuso direction de programmation Maria Jose Irisarri suivi administratif Koldo Domán suivi des actions Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom impression Cap Collectif Imprimerie (Anglet) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

Roméo et Juliette © Olivier Houeix

Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc


CALENDRIER

AVRIL > JUIN 2016

Représentations en France 08/04

Marmande

Silhouette

22/04

Chartres

Nocturnes, Estro

10/05

Draguignan

Nocturnes, Estro

12/05

Sète

Nocturnes, Estro

13/05

Sète

Nocturnes, Estro

Italie / Cremona

Cendrillon

16/04

Italie / Ravenna

Cendrillon

17/04

Italie / Ravenna

Cendrillon

07/05

Espagne / Vitoria

Une Dernière chanson, Nocturnes

16/05

Allemagne / Recklinghausen

Roméo et Juliette (2 représentations)

17/05

Allemagne / Recklinghausen

Roméo et Juliette

18/05

Allemagne / Fulda

Une Dernière chanson, Estro, Boléro

19/05

Allemagne / Viersen

Une Dernière chanson, Estro, Boléro

21/05

Luxembourg / Esch sur Alzette

Estro, Nocturnes

01/06

Hong Kong / Hong Kong

Cendrillon

02/06

Hong Kong / Hong Kong

Cendrillon

03/06

Hong Kong / Hong Kong

La Belle et la Bête

04/06

Hong Kong / Hong Kong

La Belle et la Bête

06/06

Chine / Wuhan

Cendrillon

08/06

Chine / Xiamen

Cendrillon

10/06

Chine / Dongguan

Cendrillon

12/06

Chine / Huizhou

Cendrillon

14/06

Chine / Chongqing

Cendrillon

19/06

Finlande / Kuopio

Cendrillon

20/06

Finlande / Kuopio

Cendrillon

Représentations Eurocité 03/05

Biarritz

Le Bal de reine

26/05

Biarritz

Roméo et Juliette

27/05

Biarritz

Roméo et Juliette (2 représentations scolaires)

28/05

Biarritz

Roméo et Juliette

www.malandainballet.com

13/04

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Représentations à l’étranger


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