SEPTEMBRE > DÉCEMBRE 2023
ÉDITO
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25 ANS
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ACTUALITÉ
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ACTIVITÉ
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DANSE À BIARRITZ #91
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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
SENSIBILISATION
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TERRITOIRE
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ACCUEIL STUDIO
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SANTÉ
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FESTIVAL
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BILAN
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EN BREF
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CALENDRIER
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Laurine Viel & Hugo Layer, Mozart à 2 © Olivier Houeix
ÉDITO
La ronde des saisons
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es jours et les mois s’enlaçant aux années, en septembre dernier, à l’occasion de la 33ème édition du festival le Temps d’Aimer, l’équipe du Centre Chorégraphique National a ouvert sa 25ème saison à Bardos, Saint-Jean-Pied-de-Port et dans la vallée du Saison à Mauléon-Licharre, la capitale de la Soule, patrie des Pastorales : un genre théâtral épique s’apparentant aux Mystères médiévaux où s’affrontent encore de nos jours « les bons » et « les méchants » par le truchement de psalmodies, de chants et de danses. Pour le cadre, l’ambiance festive et populaire, rien à voir avec les pastorales littéraires du XVIIème siècle d’Honoré d'Urfé, dans lesquelles les bergers passent le meilleur des jours à parler de l’Amour à leurs moutons. Ceci, c’était à l’époque où associés à l’Opéra de Saint-Étienne nous dansions au château de la Bastie d'Urfé, chez l’auteur de l’Astrée (1). Pour se souvenir que cela fait aussi 37 ans que notre équipage est exposé aux effets les plus changeants des saisons avec la loyauté, le devoir, le respect de tout ce qui est respectable pour boussole, un idéal chorégraphique pour aimant. À l’origine de cette aventure, une histoire d’amitié nouée en 1980 au Ballet Théâtre Français de Nancy dirigé par Jean-Albert Cartier et Hélène Traïline. Six ans plus tard, en 1986 après avoir dansé dans les plus beaux théâtres, aux côtés des plus grands à l’exemple de Maïa Plissetskaïa, de Noëlla Pontois ou de Rudolf Noureev, nous serons huit danseurs et danseuses épris de liberté, mais surtout atteints d’une dose de folie plus ou moins forte, à quitter La Lorraine pour fonder la Compagnie
Temps Présent à Élancourt. En banlieue parisienne, une des onze communes de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, où partageant tout, les rêves, les joies, la gêne pour finir le mois et toutes les taches de la technique à l’administration, nous prendrons parfois le large grâce à Gérard Sayaret. Naguère organisateur des tournées d’Yvette Chauviré et de Claire Sombert pour ne citer que les étoiles dont les rayons bienfaisants adouciront nos débuts, Gérard Sayaret nous emmènera à la Réunion, à Taïwan, Jakarta, Singapour, à Charleville-Mézières pour ses Illuminations et dans quelques coins perdus, histoire ne pas prendre le melon. En même temps, afin de se rendre utile au monde, agiles et souples, nous nous produirons dans les salles de classe et sous les préaux des écoles tout en créant des spectacles avec des enfants par dizaines. Intitulé de ce fait « Danse à l’École » et véritable bouillon de culture vu qu’il nous exposa à tous les microbes traînant en maternelle et primaire, ce programme sera à l’origine d’une multitude d’actions de sensibilisation, mais aussi de vocations artistiques. Dès 1996, à l’automne de sa carrière d’interprète, Dominique Cordemans, portée par un idéalisme sans frein pilotera cette mission dont l’impact ne se mesure pas seulement en billets d’entrée, mais se trouve être un puissant élément pour éveiller la curiosité et l’amour de l'art qui élève et transforme. Après avoir réalisé durant 27 ans des merveilles, sinon des miracles, Dominique Cordemans, fidèle parmi les fidèles que je remercie infiniment prend aujourd’hui sa retraite, nous laissant plus que trois de la bande originelle : Yves Kordian, directeur délégué, Richard Coudray, maître de ballet et moi-même. Saison après saison, ce journal aura fait remonter ses prodiges, et pour rester dans le ton, ce Numéro 97 revient sur une surprenante troupe d’enfants, le gymnase Castelli, qui parcourant les provinces avec la Sylphide, la Belle au bois dormant et d’autres ballets s’arrêta à Bayonne en juin 1839. À Élancourt œuvrait Black Blanc Beur, ou B3, la 1ère compagnie professionnelle de danse hip-hop créée en 1984 par un médecin, Jean Djemad et la chorégraphe, Christine Coudun. Et, bientôt, à l’initiative de Pierre Moutarde, directeur du Prisme, Claude Brumachon et son double voyant, Benjamin Lamarche, dont le génie inventeur fracturera les codes de la Danse et les miens. Déjà suspendu entre terre et ciel, notre premier spectacle fut principalement composé de deux créations : Folksongs et l’Homme aux semelles de vent sur des partitions de Benjamin Britten. Sous la plume de Jean-Marie Gourreau, qui hantait les banlieues pour découvrir les nouveaux talents, les Saisons de la Danse titrèrent : « Un grand chorégraphe est né » avant de conclure : « Outre Jean-Christophe Maillot, je pense que l’on peut désormais compter avec lui pour sortir le ballet classique de l’impasse dans laquelle il a sombré depuis la fin du règne de Lifar. Malandain n’a jusqu’ici réalisé que neuf chorégraphies, mais la dernière est toujours plus aboutie et maîtrisée que la précédente » (2).
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Dominique Cordemans © Johan Morin
ÉDITO Les photocopieuses tournèrent à plein régime. Cependant, bien que très tôt soutenu par l’État et la volonté essentielle et constante de Brigitte Lefèvre, inspectrice de la danse au ministère de la Culture, il faudra longtemps se battre sans désespérer. Car pour une petite classe de pontifes arbitrant les élégances, et d’autres qui tenaient à être dans le vent et ne pas être largués, nous représentions un passé révolu. Comme Buffon qui au siècle des Lumières classa l’importance des espèces dans la chaîne alimentaire, étiquetée à 26 ans « néoclassique », ma danse était mécontemporaine. Ce qui dans l’esprit du Traité de l'aimant et de ses usages (3) édité par le naturaliste n’était pas cool ni bobo du tout.
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Frederik Deberdt, Magifique © Olivier Houeix et Yocom
Mais au fait pourquoi Élancourt ? En quête d’un lieu pour établir notre jeune entreprise, ingénument nous avions écrit à une trentaine d’édiles afin de leur proposer nos services, puisque manquait une compagnie de danse aux charmes de leurs villes. Outre « des danseurs, d’un très haut niveau technique et artistique » dixit Jean-Marie Gourreau, nos titres de gloire étaient trois 1ers prix de chorégraphie remportés à des concours internationaux en 1984 et 1985. Je pourrais m’étendre sur le Concours Volinine, puisque Alexandre Volinine, le partenaire d'Anna Pavlova adorait Biarritz, mais en Suisse celui de Nyon nous permettra de succéder à la chorégraphe, Maguy Marin tout en remportant un prix décerné par Serge Lifar. Aucune ville ne répondit, et ayant imprudemment donné nos démissions, nous nous apprêtions à être à la rue. Alors par l’entremise de mon père, député des Yvelines, nous louâmes le théâtre de l’Institut Marcel Rivière situé à La Verrière et invitèrent plusieurs élus et professionnels. C’était un dimanche après-midi, escortés des techniciens du Ballet Théâtre Français de Nancy nous présentâmes les trois ballets primés, et pour faire court, en l’échange d’une représentation et d’actions de sensibilisation, les communes de Massy, Plaisir et Élancourt nous soutinrent jusqu’à notre départ pour Saint-Étienne. Était présent à cette matinée Didier Deschamps. Parmi les fées et les bons génies qui se penchèrent sur notre berceau, à l’instar d’Yvette Bouland-Vinay, présidente-fondatrice de l’association Danse et Solidarité, Didier Deschamps manifestera sa bienheureuse attention tout au long de notre parcours. La ville de Massy s’apprêtait à édifier son Opéra. Dans l’immédiat Élancourt disposait d’un studio de danse disponible quatre jours par semaine, c’est pourquoi nous nous y installâmes. Cependant, sous le regard du maître japonais, Jigorõ Kanõ et de ses encouragements : « Plus l’ascension est longue, plus la montée est difficile plus grande sera la satisfaction », ce studio faisait aussi office de salle de judo. Alors des visiteurs firent courir le bruit que nous étions une « secte » vénérant un gourou d'inspiration shintoïste. Venus d’esprits perturbateurs, il y en aura d’autres, mais celui-ci fut conforté par le fait que vivant en colocation, nous mangions des pâtes à toutes les sauces sous le toit d’un pavillon.
Maintenant, nul n’est obligé de me croire, mais ce coup de pouce paternel fut à la fois à l’origine de tout et le terme de ses complaisances. Ensuite, et ceci me constituant en partie comme citoyen attentif aux autres et au monde, durant 20 ans, il fut maire de Trappes-en-Yvelines. Toutefois, spécialisé dans les domaines de l'urbanisme, de l'habitat et de la politique de l'eau, par capillarité je retiendrai de ses travaux parlementaires la parution en 1991 de : Pour sauver l’eau (4). Car tout en jetant un froid sur le dérèglement politique et le service du bien commun, on avouera qu’en 2023 cela ne manque pas de pétillant. À notre première représentation à Élancourt, le chorégraphe, Jean-Christophe Maillot était présent. Frère de combat et d’espérance, désormais directeur des Ballets de MonteCarlo, il dirigeait le Ballet du Grand-Théâtre de Tours et m’invita à remonter Folksongs pour ses danseurs. Dans la foulée, l’ami Jean-Paul Gravier me demanda un ballet pour ceux de
l’Opéra de Nantes. Ce fut en 1987, Danses qu’on croise sur les Danses hongroises de Johannes Brahms, qui sera repris par maintes compagnies en France et à l’étranger à l’instar d’autres créations. L’argent ainsi gagné permettait de subvenir aux besoins de la nôtre, et aujourd’hui encore via le Fonds de dotation Thierry Malandain pour la Danse, dont la vocation est de soutenir des projets autour de l'art chorégraphique, à l’image de Variations basques (5), ouvrage consacré à la danse et aux costumes basques traditionnels, je reverse une part de mes cachets. En 1992, à l’initiative de Jean-Louis Pichon, dont nous avions attiré l’attention dans la Cendrillon de Jules Massenet au festival de Vaison-la-Romaine, sous l’égide du ministère
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de la Culture, la compagnie fut associée à l’Opéra de Saint-Étienne. Cité populaire au passé minier et industriel en souffrance, mais en tête des villes universitaires, orientée vers la culture et le théâtre avec un Centre Dramatique National créé en 1947. Après la banlieue parisienne et des errements féconds, où la disproportion entre nos rêves la réalité paraissait de temps à autre, nous retrouvions à Saint-Étienne un chacun chez soi et une Maison avec chœur et orchestre, ateliers de décors et costumes, artistes à tous les étages. Tout ce qui nous constituait depuis nos premiers pas dans la profession. Opéras, ballets, tournées, actions de sensibilisation, la Compagnie Temps Présent formée de douze danseurs intermittents du spectacle enchaîna des succès oubliés ou toujours à l’affiche. Cependant, dans la catégorie des compagnies, dites indépendantes où nous figurions, les aides publiques plafonnaient. Une solution aurait été la création d’un Centre Chorégraphique National à Saint-Étienne, mais la région Rhône-Alpes en comptait déjà deux. Une autre aurait été de suivre Jean-Christophe Maillot dans l’exil : Ballet royal de Wallonie, Ballet de Genève, Ballet royal de Flandres, à diverses époques, j’eus des propositions, mais elles impliquaient un vol en solitaire et la trahison d’un projet collectif. Car sans entrer dans le détail des arrivées, des départs et des retours, en 1998 le noyau dur était encore constitué d’une huitaine de personnes. On n’est rien sans les autres, et sans elles, depuis longtemps j’aurais baissé les bras, car tenter d’embellir la vie d’autrui avec les jambes est une lutte sans merci avec soi-même et quantité d’évènements rebelles. Et, si le public ne vous accorde plus sa sympathie et ses suffrages, il faut s’attendre à être précipité du haut du ciel dans les enfers. Incarnée par Didier Deschamps, conseiller pour la danse au ministère de la Culture et Jakes Abeberry, adjoint à la culture, mais aussi ancien danseur des Ballets basques de Biarritz Oldarra, ce qui éclaire le motif d’une compagnie chorégraphique dans une ville de 25.000 habitants, la solution miracle vint des cieux. Mais la Providence portait aussi le nom du sénateur-maire Didier Borotra, sans lequel Biarritz ne serait pas redevenue belle et vivante. Ainsi, enchanté d’être au monde le Centre Chorégraphique National de Biarritz naquit en 1998. Un projet plébiscité par Catherine Trautmann, ministre de la Culture et mis en place par Patrick le Dauphin Dubourg, conseiller musique et danse à la DRAC Aquitaine et Filgi Claverie, directeur de Biarritz-Culture. L’on n’omettra pas de citer Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil départemental des PyrénéesAtlantiques qui depuis lors n’ont jamais cessé de prendre part active à l’évolution du Ballet malgré les crises à répétitions et les politiques d’austérité. Ce qui aura notamment permis sous la présidence de Pierre Durand de passer en 15 ans de 12 intermittents à une troupe de 20 danseurs permanents, dont deux basques espagnols financés par la Diputación Foral de Gipuzkoa, puis à 22 avec le soutien de JeanMarc Gaucher, PDG de la Maison Repetto. Car pour être franc, en dépit d’un cadre océanique
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merveilleux et privilégié, dont j’ai longtemps craint la concurrence, puisqu’il aurait pu nous emporter dans de vagues distractions, l’un dans l’autre, les moyens s’avéraient moindres qu’à Saint-Étienne. Qui plus est, loin des théâtres dont nous avions acquis la confiance les frais inhérents aux tournées étaient plus élevés. Sur place, bien que la Danse, dite traditionnelle ait au Pays basque un caractère sacré et passionné, vis-à-vis de la nôtre, qui résistait avec les mêmes entrechats à l’uniformisation du mollet, presque tout était à bâtir. Peu nombreux, mais choisi, le public de la Gare du Midi, salle de 1.400 places, en pinçait surtout pour les pointes et les tutus. C’était dans mes cordes, mais ailleurs nous aurions été condamnés à la potence. Alors dans l’élan de la renaissance de Biarritz, il fallut convaincre à jet continu, déployer des opérations de sensibilisation et de médiation à grande échelle, se renouveler, ne pas décevoir les « primo-accédants » pour passer graduellement d’une à trois représentations, de 300 à 5.000 spectateurs par série, 10.000 par saison aujourd’hui. Expliquer contre vents et marées aux estivants que le Ballet Biarritz n’était pas une troupe de danse « folklorique ». Rire d’un œil et pleurer de l’autre, lorsque des gens de la haute descendus sur la terre pour vous découvrir grâce à leurs journaux favoris ou à de très bons amis vous trouvent absolument formidables et très « pros » pour un Ballet de province. À ce stade, il me faut saluer deux indispensables hommes de l'ombre : Yves Mousset, attaché de presse qui sut projeter le Ballet dans la lumière médiatique. Et après Boris Traïline et Didier Lebesque : Thierry Duclos, agent artistique sur lequel repose depuis 23 ans et pour demi l’existence du Centre Chorégraphique National. Puisque subventionné à 50% par des crédits publics, afin de garantir son bon fonctionnement et la pérennité de ses équipes, nos 22 danseurs se doivent d’assurer à eux seuls un idéal de 100 représentations par saison. Ajouté à la fatigue des voyages continus, c’est remarquable, mais très éprouvant physiquement. Voilà pourquoi, il y 13 ans nous avons innové en créant un Pôle de soins soutenu par les Amis du Malandain Ballet Biarritz et d’autres partenaires. Ce qui me donne l’occasion de rendre grâce à la générosité de Madame Aline Foriel-Destezet, mécène des plus grandes institutions lyriques et musicales
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Giuseppe Chiavaro & Magali Praud Le Spectre de la rose © Olivier Houeix
ÉDITO européennes dont l’aide exceptionnelle se porte dès à présent sur le Pôle santé, le festival le Temps d’Aimer, le Concours de jeunes chorégraphes de Ballet et le programme transfrontalier : Planeta Dantzan.
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Miyuki Kanei, Lucifer © Olivier Houeix
Loin d’enfoncer les usages, puisqu’avant que la Gaule ne cède à l’euphorie de la romanisation heureuse, mise en boite par Jean Yanne dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, les artistes comptèrent parmi les précurseurs de l’Europe par l’échange de leurs savoir-faire ; cela étant la politique transfrontalière menée par le Centre Chorégraphique National fut malgré tout une innovation et dans le monde de la Danse un évènement planétaire. Initiée en 2000 sous l’œil du ministère de l’Intérieur, car l’organisation basque indépendantiste ETA était encore active, avec le soutien du Gouvernement basque et de la Diputación Foral de Gipuzkoa, elle conduisit en 2005 à la création à San Sebastián d’une troupe favorisant l’insertion des jeunes artistes : le Ballet Biarritz Junior, aujourd’hui Dantzaz Konpainia installée à Errenteria et toujours dirigée par Adriana Pous Ojeda, ex-danseuse de la Compagnie Temps Présent, et dont cinq membres de l’effectif actuel du Centre Chorégraphique National sont issus. Elle invita également au développement d’échanges artistiques tel Regards croisés ou de programmes éducatifs dont Planeta Dantzan, qui réunit des acteurs de l’environnement et de la création artistique pour sensibiliser le public scolaire à la protection de la nature est un exemple frappant, vu qu’il touche 1.500 élèves répartis dans 18 établissements des PyrénéesAtlantiques, du Gipuzkoa et de Navarre.
Pour évoquer jusqu'au bout ce partage de connaissances dans un pays aux traditions pieusement conservées, à notre arrivée bruissa que la direction du Centre Chorégraphique National aurait dû revenir à un artiste basque. Amoureux de la liberté, de l’indépendance, pour ne pas dire frondeur, tel un ami de longue date, je compris cela parfaitement. Car se traduisant par une légitime fierté, les danses basques aux noms si difficiles à prononcer, sont de l’or en barre et il aurait encore beaucoup à entreprendre pour mettre leur technicité et leurs compositions symboliques en relief. En attendant, bien que personnellement originaire de Normandie, où le cidre également apprécié des gosiers connaisseurs est dit « bouché », nous n'obstruerons l’horizon de personne. Et via l’Accueil studio ou sur nos fonds propres, nous ferons tout pour soutenir et promouvoir la danse basque dans toutes ses effervescences, ainsi que les artistes de « France et de Navarre » dans leurs multiples différences. À ce titre alors qu’il était à l’époque reproché aux Centres Chorégraphiques Nationaux d’être l’outil d’un seul artiste, au désir ingénu d’être exemplaire notre premier programme conçu à Biarritz fut confié à trois chorégraphes invités : l’Américaine Brigid Baker, le Mexicain Alberto de León et le Hollandais Renatus Hoogenraad. Créé en septembre 1999 au théâtre du Casino Municipal dans le cadre du Temps d’Aimer, malgré la présence radieuse d’Yvette Chauviré, présidente d’honneur de notre Conseil d’administration, il ne fut donné qu’une autre fois à Dax, nous laissant avec un triple déficit. Afin de se refaire tout en exprimant cette fois notre volonté de s’intégrer, le programme suivant : la Chambre d’Amour, fit appel à une légende locale que le jeune compositeur, Peio Çabalette mis en musique. En mai 2000, à la Gare du Midi, Xavier Delette dirigeait l’Orchestre Régional de Bayonne Côte Basque avec Marina Pacowski au piano. Cependant, en dépit d’un titre promettant une partie de jambes en l'air dans de beaux draps, cette histoire d'amants surpris par la marée ne connut que trois autres dates à San Sebastián et grâce à Pierre Moutarde, au Théâtre de SaintQuentin-en-Yvelines, marquant nos débuts sur une Scène nationale. Pourtant la partition puissante et inspirée de Peio Çabalette était d'une envergure peu commune et une œuvre symphonique ne se commande pas chaque matin au réveil. Au reste, alors qu’un de nos premiers ballets primés faisait entendre Karlheinz Stockhausen, il est à croire qu’être musicalement contemporain ne me réussit guère. Ainsi en 2011, à notre attention, Fayçal Karoui, directeur de l'Orchestre de Pau Pays de Béarn commanda un ballet au compositeur, Guillaume Connesson, ce qui n’était pas rien aux yeux de la renommée de cet orchestrateur hors pair, mais après le Zénith de Pau, Lucifer ne fut joué qu’à Biarritz et San Sebastián avant de faire des étincelles discographiques avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. En attendant, la reprise de notre inoxydable Casse-Noisette « relooké » par le décorateur, Jorge Gallardo, co-équipier depuis 35 ans,
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puis la création du Boléro de l’enfant de Ciboure, emboîté en 2001 dans un Hommage aux Ballets russes nous sortirent de l’ornière. Car glorifiant l’idéal dans l’esprit du public, même en minuscules caractères l’hashtag : « ballets russes » fonctionne à coup sûr. Et nous dansâmes en effet partout : à Abou Dabi, Madrid, Budapest, Shanghai, La Havane, NewYork, Moscou, mais aussi à Cayenne et à Fumel dans la vallée du Lot. En revanche, Cigale une merveille de Jules Massenet, créée à l’OpéraComique en 1904 par la chorégraphe Mariquita et, redécouverte en 2003 à Saint-Étienne et Biarritz intéressa moins les programmateurs. Qu’importe, alimentant mon intérêt pour la recherche historique, ce ballet m’offrira l’occasion d’évoquer dans ce journal les noms oubliés d’artisans de la Danse, qui avec conscience œuvrèrent pour le divertissement de leurs contemporains. Distraire certes, mais aussi élever la curiosité à l’égard de la variété des genres chorégraphiques, en 2000 la direction artistique du Temps d’Aimer me fut confiée par Didier Borotra et Jakes Abeberry au sein de Biarritz-Culture. Répété au fil des saisons, l'éclectisme de la programmation et la multiplication des répétitions publiques et autres évènements gratuits en plein air fut un vrai parti pris pour briser les aprioris, et nul besoin d’en rajouter, la vérité est suffisamment belle, puisque le Temps d’Aimer est à présent
une manifestation où se croisent les danses, les formes, les publics et les générations. En 2021, avec d’inédites ambitions territoriales et de nouveaux partenaires, suivant le vœu confiant de Maider Arosteguy, nouvellement élue maire de Biarritz, l’équipe du festival fusionna avec celle du Centre Chorégraphique National. Depuis lors, parce que la Danse a le pouvoir de faire corps avec l’allégresse en dépit des nuages, le Temps d’Aimer continue à se développer et en réunissant plus de 33.000 spectateurs sa 33ème édition fut un grand succès. Pareils aux pelotaris, de la vitesse, de la détente, les paumes solides avec un programme intitulé Mosaïque composé de parties dansantes anciennes ou récentes, les danseurs du Centre Chorégraphique National
s’y produisirent à main nue dans les jaï-alaï ou mur à gauche de Bardos, Saint-JeanPied-de-Port et Mauléon où ils furent très chaleureusement reçus. De même à Biarritz où dans le Salon Diane du Casino Municipal changé en temple de la photographie, le chasseur d’images, Raphaël Gianelli-Meriano les dévoila en plusieurs occasions de leur quotidien au sein d’une exposition fléchée : Corps de ballet. Sans quoi, lancé en 2000 dans le but de célébrer leur travail journalier, « l'Art de la barre » revu et corrigé en « Gigabarre » pour servir d’appui et d’évasion aux initiés ou non est devenu l’un des temps forts du festival. Il faut toutefois rendre à cet « Art de la barre » sur la promenade de la Grande Plage ce qui appartient à César, puisque cette bonne idée aujourd’hui calquée en son principe un peu partout est une invention de l’Asociación de Profesionales de Danza de Guipúzcoa (APDG), qui depuis 1997 aligne un millier d’élèves sur la promenade de la Concha à San Sebastián lors de la Journée internationale de la Danse. Pour continuer sans coupure publicitaire et ne pas vous briser les tympans avec : « Carglass répare, Carglass remplace », « Rien n’est plus beau que Paris, sinon le souvenir de Paris » (6) dit-on. Il paraît même que la lumière en jaillit pour éclairer l’Univers. Pour sûr l’année 2006 profita d’un bel et capital alignement de planètes. Ainsi à l’invitation de Brigitte Lefèvre, directrice du Ballet national de l’Opéra, je
créai au Palais Garnier, l’Envol d’Icare sur un concerto d’Alfred Schnittke, tandis que le Ballet Biarritz, qualifié outre-Rhin de : « Ballet contemporain à sex-appeal » (7), faisait ses débuts dans les Créatures au Théâtre national de Chaillot. Depuis Élancourt, depuis 20 ans en somme, nous cherchions à nous produire sur la place de Paris, raison pour laquelle je remercie vivement Thierry Duclos, Ariel Goldenberg, José Montalvo et Dominique Hervieu de nous avoir changé la vie, en vrai. Soulignons que la chorégraphe, Dominique Hervieu sera ensuite à l’origine de nos débuts en 2015 à la Maison de la Danse de Lyon avec la Cendrillon de Serge Prokofiev, puis l’année suivante à la Biennale de la danse avec la Belle et la Bête à l’Amphithéâtre 3000 sur plusieurs pages de Piotr Ilitch Tchaïkovski.
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Sinfonia © Olivier Houeix
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Les Créatures © Olivier Houeix
À Chaillot, il s’agissait des Créatures de Prométhée de Ludwig van Beethoven, la destinée jetant des lueurs fugitives, glissons que ce ballet créé en 1801 à Vienne, où nous remonterons par la suite Cendrillon, Mozart à 2 et le Don Juan de Christoph Willibald Gluck à l’invitation de Manuel Legris, avait permis à Serge Lifar d’enlever la direction du Ballet de l’Opéra en 1930. Faisant référence à la création du monde et aux premiers jours de l’humanité, notre version avait poussé son premier cri en 2003 à Biarritz sous le titre de : Création. Mais comme le titre de notre création était régulièrement demandé, j’opta pour les Créatures. C’était plus émoustillant, pour
Traduisant en décembre 2019 l'amour ardent du musicien pour la nature, la liberté et la beauté à travers le prisme d’une Antiquité idéalisée : « Entre le rêve d’un monde harmonieux et la réalité d’une vie sans horizon » (8) dixit la journaliste, Agnès Santi, la Pastorale s’appuyait sur une scénographie prophétique : « Une structure métallique composée de carrés assemblés ressemblant à des cages » (9) nota Antonella Poli. Ce décor m’avait été inspiré à Lyon par un conteneur de récupération de verre et les mystérieuses inscriptions du carré Sator. Allusion au poids des mots de Paul Éluard : « Regardez travailler les bâtisseurs de ruines » (10), le rideau s’ouvrait
autant il n'y avait pas de bas résille, seulement des bas de tutus. Des tutus pour « toustes », non pour faire genre, mais parce qu’un costume identique donne l’illusion du nombre et permet de remplacer les blessés en un quart de seconde. On a dit que les Créatures était à l’origine d’une série de ballets à fort impact. Au vrai, nous serions déjà devenus squelettes si les précédents n’avaient pas marché, fusse à cloche-pied. Non, ce ballet fut simplement vu à Paris à guichet fermé et cela ouvrit les portes d’une forme de reconnaissance. Et ne parlons pas de la valeur de pouvoir être aujourd’hui « vu à la télé » sur les chaînes culturelles.
sur les Ruines d’Athènes, et rétrospectivement, il est insolite de relire les comptes-rendus de Jacqueline Thuilleux, de Bérengère Alfort, de Philippe Verrièle et d’autres rédacteurs. C’est toutefois Ariane Bavelier qui écrivit : « Les danseurs encagés sont vêtus de robes noires, […] ils donnent l’image d’une humanité guettée par le péril ambiant et qui le fuit dans des postures grotesques. Ainsi meurent les civilisations » (11). Devant le malheur et la souffrance, l’artiste peut tout au plus apaiser les cœurs et faire jaillir l’espérance, mais parfois, et bien malgré lui, il lui arrive d’ouvrir les yeux avant les autres. Car trois mois après, nous basculions dans le « Grand confinement ». Afin de lui rendre hommage, puisqu’il allait disparaître, Jean-Marie Gourreau, avait conclu à propos de la Pastorale : « Une œuvre hors du temps, qui donne fort à réfléchir » (12). Depuis mon premier opus en 1984, année d’intuitions orwelliennes, il avait pratiquement tout vu.
Après les Créatures, après le Roméo et Juliette d’Hector Berlioz représenté dans la Cour d'honneur des Invalides, Didier Deschamps, nommé à la direction de Chaillot accueillit Magifique et Cendrillon, avant de coproduire Noé et la Pastorale. Car j’ai omis de le préciser, ayant fait le choix de faire du Ballet Biarritz une troupe dont vous connaissez l’effectif, ce qui me permet de chorégraphier des ensembles, art particulièrement délicat et en péril, le financement de nos créations doit être recherché auprès d’autres institutions culturelles. Unis par tant de luttes et de victoires communes, c’est depuis 37 ans le rôle d’Yves Kordian, esprit éternellement bondissant dont les essors constituent la première grandeur du Centre Chorégraphique National. Ainsi par exemple, outre Chaillot et d’autres théâtres, la Pastorale profita en Allemagne d’un large soutien de l’Opéra de Bonn, commanditaire de l’ouvrage pour les 250 ans de la naissance de Beethoven.
Accompagné de sentiments variant au gré des circonstances, tout en ayant conscience qu’il y eut pire condition que la nôtre, ce premier confinement et ceux qui suivirent fut un épisode traumatique pour les danseurs contraints d’entretenir isolément leurs ailes repliées afin de ne pas perdre l’équilibre. Cependant, à l’exemple du 1er Concours chorégraphique depuis chez vous, imaginé par Martin Harriague, artiste associé au Centre Chorégraphique National, il permit au Ballet de se réinventer en proposant au public des escapades virtuelles. Fine lame originaire de Bayonne, mais adepte du couteau suisse vu
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ses talents tranchants de l’ordinaire, Martin Harriague, passé par le Ballet Biarritz Junior et venant de la Kibbutz Contemporary Dance Co. avait été primé en 2016 à Biarritz lors de la 1ère édition du Concours de jeunes chorégraphes de Ballet. Créé avec Charles Jude, directeur du Ballet de l'Opéra National de Bordeaux, aujourd’hui conduit par Éric Quilleré, ce concours qui depuis lors profite dans sa gouvernance du Ballet de l'Opéra national du Rhin de Bruno Bouché, avait permis à Martin Harriague de créer Sirènes pour notre Ballet, avant qu’il ne devienne artiste associé grâce à un dispositif mis en place par le ministère de la Culture. De mon côté, assommé par le poids des évènements et patientant comme la Pénélope d’Homère, sans même pouvoir entendre le chant des vagues faute d’attestation de déplacement dérogatoire, je remercie Kader Belarbi, alors directeur du Ballet de l'Opéra national du Capitole de m’avoir convaincu de régler Daphnis et Chloé à Toulouse. Depuis une dizaine d’années, je déclinais les propositions de créations hors les murs. Toutefois, en ce printemps dérobé à l’année 2020, la perspective d’une première en juin 2022, c’était loin dans l’indéfini. Et tandis que je tournais en rond comme un vieux disque répétant le même air, la Grèce issue de l’imagination de Maurice Ravel offrait un horizon plein de magnificence et d’immensité.
Ayant provoqué dans mon esprit une irruption intérieure, je ne m'attarderai pas sur cette période dont les multiples secousses inclinent à s’inquiéter d’un monde en tumulte où l’on encourage la nuit au nom de la lumière. On admettra néanmoins que le plus singulier des paradoxes aura été d’avoir été élu à l’Académie des beaux-arts, avant que l’art et la culture ne soient classés, dans les domaines « non essentiels ». Depuis 1816, la Danse, « fille de l’harmonie, et de tout temps entrée pour quelque chose dans l’éducation des hommes » (13) attendait de retrouver la place que Louis XIV lui avait accordée dans le cortège des Arts après ses noces à Saint-Jeande-Luz. À l’initiative du compositeur et chef d’orchestre, Laurent Petitgirard, Secrétaire perpétuel de l'héritière des Académies royales du Grand Siècle, c’était désormais gravé dans le marbre, mais il me faudra attendre que le printemps recommence pour avoir le trop grand honneur de m’asseoir parmi les Immortels.
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« J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile, et je danse » (14). Ce jourlà, non pas Arthur Rimbaud, mais Arthur Barat interpréta le cérémonieux aurresku, tandis que Jon Olazcuaga Garibal dansait la gavotte de Vestris que le chorégraphe-académicien, Maximilien Gardel avait réglé à l’Opéra en 1785 pour le danseur Auguste Vestris avant que ladite gavotte n’enflamme les salons et les bals. De la sorte, sous la Coupole se renoua au grand jour le lien de toujours entre la danse de théâtre et la danse des villes et des champs. Mais puisqu’il est question de couronnes et d’alliances, la vérité se révélant dans les actes, je ne peux maintenant oublier de remercier, Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture, dont le soutien permit au Centre Chorégraphique National de gagner la pleine mer, et sous la présidence de Michel Laborde, Michel Veunac, successeur de Didier Borotra à la mairie de Biarritz grâce auquel nous disposons d’un second studio équipé d’un gradin permettant d’embarquer le public. Enfin, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture qui main dans la main avec Maider Arosteguy et notre nouvelle présidente, Catherine Pégard sauva notre équipage du grand naufrage à l’issue du premier confinement. C’était en août 2020, tout chargé d’une sève bouillante, libres sous surveillance, malgré le pur soleil l’on se réveillait d’un hiver sans fin avec l’autorisation de s’approcher du corps de l’autre, de le toucher, de danser ensemble à nos risques et périls. Dans des locaux balisés comme un parcours d’autoécole, Roselyne Bachelot luttant pied à pied de son côté pour que les théâtres réouvrent nous rendit visite. Mais cette marque d’intérêt, déjà précieuse, ne s’arrête par-là, puisque Roselyne Bachelot aura été en 37 ans l’unique ministre de la Culture à avoir assisté à plusieurs de nos spectacles. Pour un artiste tourmenté d’interrogations, cela n’a pas de prix ! Immortel mais pas éternel, après l’éphémère Sinfonia de Luciano Berio créée en avril 2021 à San Sebastián, puisque les théâtres ibères étaient ouverts durant le troisième confinement ; en novembre afin de relancer la machine, toujours invité par Didier Deschamps, le Centre Chorégraphique National présenta à Chaillot deux tubes d’Igor Stravinski et des Ballets russes de Serge Diaghilev : le Sacre du printemps revu par Martin Harriague et l’Oiseau de feu, changé en passeur de lumière à l’ombre de François d’Assise. Ceci en accord avec la piété légendaire de Stravinski et en mémoire du musicologue, Antoine Livio mort en 2001 à 63 ans. Dernier secrétaire de Jean Cocteau, journaliste et homme de radio, je lui devais ma première critique de danseur au Concours de Lausanne. Plus tard de m’avoir conseillé de monter à Saint-Étienne la Fleur de Pierre, l’ultime et méconnu ballet de Serge Prokofiev, également de lire : les Fioretti. Sur trois œuvres de Francis Poulenc, naîtra en 1995 : François d’Assise, le premier spectacle donné à la Gare du Midi en avant-goût du Centre Chorégraphique National. C’était aussi la dernière représentation de ce ballet sur le saint poète de la nature, car malgré son exubérance
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Académie des beaux-arts © P. Rimond
ÉDITO chorégraphique, avec un tel titre, il n’avait aucune chance de figurer ad vitam aeternam au boxoffice. Mais sous celui de l’Oiseau de feu, l’ami de la lune et du soleil, des plantes et des bêtes rend aujourd’hui plus haut sa flamme et son sens de l’amour au hit-parade de notre diffusion.
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Cendrillon © Olivier Houeix
Cela dit, même s’il me fallut souffrir comme un damné pour allier Cendrillon, la Belle et la Bête et Marie-Antoinette à la vigueur d’aujourd’hui, il n’est pas superflu de reconnaître que Laurent Bruner, directeur de Château de Versailles Spectacles, grand esprit d’observation, pour ne pas dire triple voyant, eut du flair. Après Maguy Marin à l’Opéra de Lyon en 1985, je m’étais toujours refusé de monter Cendrillon. Mais bien qu’attaché à la noble fierté ne pas être courtisan, comment résister à l’honneur d’être présenté à Versailles : haut-lieu de la danse par la volonté du roi Soleil et de l’esprit français passé à l’état de cendres par de dévastateurs engouements ? Jouée plus de 250 fois à travers le monde, Cendrillon fut un succès de même que la Belle et la Bête et Marie-Antoinette.
Après ses trois coups, qui sont aussi au théâtre un signal sacramentel, le rideau de cette 25ème saison s’ouvrira à l’automne sur une quatrième commande de Laurent Bruner. Le destin frappe parfois sans que l’on ne l’entende. Mais là, il faudrait être sourd comme un vieux canonnier, puisque l’Orchestre de l'Opéra royal de Versailles placé sous la direction du violoniste, Stefan Plewniak jouera les Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi et celles de son contemporain Giovanni Guido. Si l’on tend plus attentivement l’oreille, le chiffre 4 évoque la Terre, le carré, la totalité du monde manifesté, créé, révélé, soit l’ambition projetée par « le logo » du Centre Chorégraphique National imaginé par Frédéric Néry. Associé à ce que George Orwell nommait « la décence ordinaire » qui incite les gens simples à bien agir, il me permet de remercier toutes les personnes ayant contribué à cette épopée, ainsi que celles qui ont la patience de me lire encore. Enfin, le 4 renvoie à la roue de la vie, à la ronde des saisons qui tourne sans jamais s’arrêter. De la sorte, même si maintes choses n’avancent pas rondement, voire carrément de travers, le carré se fait cercle, le 4 devient 5, symbole de l’homme debout, les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Tout un programme à voir dans les meilleures salles !
Ainsi, avant l’Opéra royal de Versailles du 14 au 17 décembre, le 25 novembre, les Saisons feront leur cinéma au Palais des Festivals de Cannes, puisque Didier Deschamps qui aura vu le grain germer, grandir et porter fruit, nous invite au Festival de Danse - Cannes - Côte d'Azur. Ce n’étant après tout qu’un ballet, ses Saisons se garderont de promettre de « changer la vie » (15), ce qui serait plonger avec l’auteur du Bateau ivre dans les illusions d’une Saison en enfer. Le bonheur demeurant malgré tout une idée neuve, à l’image des Pastorales souletines, qui entre le bleu du ciel et le feu de l’enfer ont la sincérité, la loyauté, l’optimisme, l'idéal pour principe et pour fin, avant le grand hiver et le retour du printemps, alors que des jours sombres se lèvent à l’horizon, les Saisons tenteront simplement de nous dire : « Espère ! »
n Thierry Malandain, 3 octobre 2023
(1)
Roman en 5 volumes publié de 1607 à 1627
(2)
Les Saisons de la Danse, décembre 1986
(3)
Histoire naturelle des minéraux, 1783-1788
(4)
Avec Yves Tavernier, éd. Michel Rino, 1991
(5)
Serge Gleizes et Véronique Mati, éd. du Palais, 2019
Phrase de Chris Marker placée en exergue de Paris un jour d'hiver (1965) de Guy Gilles (6)
(7)
Deutschlandfunk, Nicole Strecker, 23 décembre 2019
(8)
La Terrasse, 24 novembre 2019
(9)
Chroniques de danse, 13 décembre 2019
(10)
Novembre 1936, Cours naturel, éd du Sagittaire, 1938
(11)
Le Figaro, 15 décembre 2019
(12)
Critiphotodanse, 17 décembre 2019
(13)
Le maître à danser, Pierre Rameau, 1725
(14)
Les Illuminations, Phrases, 1872-1875
(15)
Une Saison en enfer, Délire I, Vierge folle, 1873
25 ANS
Que sont-ils devenus ? En 25 ans, de l’ouverture du Centre Chorégraphique National en septembre 1998 à aujourd’hui, 78 artistes chorégraphiques de diverses nationalités se sont succédés à Biarritz. Les 12 premiers faisaient partie de la Compagnie Temps Présent depuis Élancourt ou Saint-Étienne.
1998/2013
Nathalie Verspecht
Professeur de danse classique de son école : Côté Cour à Bassussary
1998/2013
Giuseppe Chiavaro
Maître de ballet au Malandain Ballet Biarritz
1998/1999
Patrice Delay
Directeur de l’École de danse et du Ballet Junior de Genève
1998/1999
Valérie Hivonnait
Professeur de danse classique au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque
1998/2001
Isaïas Jauregui
Fasciapulsologue à Aix-les-Bains
1998/2001
Lyane Lamourelle
Professeur de danse classique au Conservatoire à rayonnement départemental de Montreuil
1998/2001
Carole Philipp
Professeur de danse, interv. enseignement Art-Danse, ERD et Académie internationale de Danse auprès du MBB
1998/2002
Adriana Pous Ojeda
Directrice artistique de la compagnie Dantzaz à Errenteria (Pays basque)
1998/2005
Christophe Roméro
Professeur de danse de son école : École Art Danse à Marseille
1998/2001
Thierry Taboni
Professeur de Pilates à La Palma (Espagne)
1998/2001
Brigitte Valverde
Orthophoniste à Lyon
1998/1999
Sean Wood
Directeur de l’École de danse et du Ballet Junior de Genève
1999/2001
Olivier Jedrasiak
Entrepreneur à Agen
1999/2003
Cyril Lot
Professeur de Pilates à La Fabrique Pilates à Boulogne-Billancourt
1999/2011
Magali Praud
Professeur de danse classique au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque
2000/2010
Mikel Irurzun del Castillo
Agent d’accueil touristique à Saint-Jean-de-Luz
2000/2001
Luisa Sancho Escanero
Coordinatrice artistique en Allemagne
2001/2004
Ana Ajenjo Soto
Professeur de danse classique à l’Escuelas Profesionales de Danza de Castilla y León à Burgos (Espagne)
2001/2008
Annalisa Cioffi
Professeur de danse à l’Atelier Danza Hangart à Pesaro (Italie)
2001/2022
Frederik Deberdt
Maître de ballet au Malandain Ballet Biarritz
2001/2006
Roberto Forleo
Directeur artistique du Ballet Florida à Jacksonville (USA)
2001/2003
Amaya Iglesias
Professeur de danse classique à l’Escuelas Profesionales de Danza de Castilla y León à Burgos (Espagne)
2001/2006
Rosa Royo
Professeur de danse et instructeur méthode Pilates à Claire Dance School à Heraklion (Grèce)
2001/2002
Roberto Zamorano Vasquez
Maître de ballet et assistant chorégraphe freelance
2002/2010
Véronique Aniorte
Professeur de danse classique au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque
2002/2011
Cédric Godefroid
Professeur de danse au Conservatoire à rayonnement départemental du Pays de Montbéliard
2003/2006
Gaël Domenger
Chorégraphe, professeur de danse à l’École Ginasiano à Vila Nova de Gaia (Portugal)
2003/2013
Silvia Magalhaes
Chargée de mission aux Affaires Culturelles de la ville de Biarritz
2004/2007
Camille Aublé
Aide maternelle à l’École française de Bâle (Suisse)
2004/2007
Miguel Pla Boluda
Steward à Easyjet
2005/2021
Arnaud Mahouy
Artiste chorégraphique chargé de développement artistique auprès du Malandain Ballet Biarritz
2005/2006
Christopher Marney
Directeur de la Joffrey Academy of Danse à Chicago (USA)
2006/2021
Ione Miren Aguirre
Artiste chorégraphique intervenante EAC auprès du Malandain Ballet Biarritz
2006/2019
Miyuki Kanei
Professeur de danse classique à l’École Ginasiano à Vila Nova de Gaia (Portugal)
2006/2015
Fábio Lopez
Chorégraphe, directeur de la Compagnie Illicite-Bayonne
2006/2010
Thibault Taniou
Fashion consultant New-York / Paris / Tokyo
25 ANS 2007/2009
Florent Mollet
Directeur opérationnel du Ballet du Grand Théâtre de Genève
2007/2010
Audrey Perrot
Professeur de danse classique au Conservatoire de Bourges
2008/2014
Aureline Guillot
Professeur de danse classique de son école : Instant Présent à Biarritz
2008/2017
Daniel Vizcayo
Artiste chorégraphique au Wiener Staatsballett (Autriche)
2009/2010
Thomas Gallus
Professeur de danse classique internationnal
2010/2012
Aurélien Alberge
Directeur fondateur de L’Exception Cabaret à Saint-Médard-en-Jalles
2010/2011
Olivier Coëffard
Artiste chorégraphique, professeur et maître de ballet free lance
2010/2016
Ellyce Daniele
Professeur de danse classique à Art Émotion à Anglet
2010/2015
Jacob Hernandez Martin
Professeur de danse classique de son école : JHBALLETDANCERPROJECT à Las Palmas de Gran Canaria (Espagne)
2010/2017
Mathilde Labé
Professeur de danse classique au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque
2010/2021
Nuria López Cortés
Navigatrice
2010/2011
Abraham Muñoz Carrera
Technicien lumière à Séville (Espagne)
2010/2011
Joséphine Pra
Directrice de l’agence événementielle de production UClapClap à Paris
2011
Raphaël Canet
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2011
Mickaël Conte
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2011/2021
Michaël Garcia
Libraire à Librairie Raffin à Montréal (Canada)
2011
Claire Lonchampt
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2011
Laurine Viel
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2012
Baptiste Fisson
Professeur de danse, masseur bien-être, professeur de MUNZ FLOOR
2012
Irma Hoffren
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2012
Patricia Velázquez
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2013
Hugo Layer
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2014/2019
Romain Di Fazio
Artiste chorégraphique Compagnie de danse l’Éventail, professeur de danse classique au Conservatoire de Meudon
2014/2021
Clara Forgues
Professeur de danse classique à l’Académie de danse Vanessa Feuillatte à Bordeaux
2014/2018
Lucia You González
Artiste chorégraphique free lance en Espagne
2015
Guillaume Lillo
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2015
Ismael Turel Yagüe
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2016
Allegra Vianello
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2017
Clémence Chevillotte
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2017
Loan Frantz
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2018
Giuditta Banchetti
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2018/2023
Jeshua Costa
Artiste chorégraphique au Ballet de l’Opéra de Lyon
2018
Alessia Peschiulli
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2019/2021
Cristiano La Bozetta
Artiste chorégraphique free lance et modèle en Italie
2019
Yui Uwaha
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2020
Alejandro Sánchez Bretones
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2021
Noé Ballot
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2021
Julie Bruneau
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2021/2023
Marta Otano Alonso
Artiste chorégraphique free lance en Espagne
2021
Julen Rodriguez Flores
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2022
Léo Wanner
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2023
Timothée Mahut
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
2023
Chelsey Van Belle
Artiste chorégraphique au Malandain Ballet Biarritz
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ACTUALITÉ
Tournées Après des spectacles à Bardos, Saint-Jean-Pied-de-Port et MauléonLicharre durant le festival le Temps d’Aimer avec un programme composé d’extraits intitulé : Mosaïque, le Malandain Ballet Biarritz s’est produit en Allemagne le 5 octobre au Scharoun Theater de Wolfsburg dans le cadre du 50ème anniversaire du théâtre. À cette occasion, il a donné Beethoven 6 accompagné de l’Orchestre d’État de Braunschweig sous la direction de Srba Dinic. Les 6 et 7 c’est au Theater Altenburg de Gera qu’il présenta l’Oiseau de feu de Thierry Malandain et le Sacre du printemps de Martin Harriague. La suite du mois d’octobre fut consacrée aux répétitions de la prochaine création, les Saisons sur des musiques d’Antonio Vivaldi et Giovanni Guido jouée en avant-première à l’Espace Jéliote d’Oloron-Sainte Marie les 3 et 4 novembre. Suivirent l’Oiseau de feu et le Sacre du printemps, le 15 à l’Hectare de Vendôme et à l’Opéra de Rouen Normandie, les 17, 18 et 19. Le 25, c’est dans le cadre du Festival de Danse Cannes Côte d’Azur France que la Première des Saisons sera donnée au Palais des Festivals de Cannes. Elles seront ensuite présentées à l’Esplanade du Lac de Divonne-les-Bains le 28. Puis le programme Stravinski sera accueilli à La Rampe-La Ponatière d’Échirolles les 30 novembre et 1er décembre et au Colisée de Roubaix le 10. Du 14 au 17 le Malandain Ballet Biarritz retrouvera la scène de l’Opéra royal de Versailles où les Saisons seront représentées accompagnées par l’Orchestre royal de Versailles placé sous la direction du violoniste, Stefan Plewniak. Le 19 le Tangram Scène Nationale d’Évreux accueillera l’Oiseau de feu et le Sacre du printemps. Enfin du 27 au 30 l’année 2023 s’achèvera par quatre représentations des Saisons à la Gare du Midi de Biarritz.
Les Saisons à Biarritz Du 27 au 30 décembre à 20h30 théâtre de la Gare du Midi
Création, Les Saisons © Olivier Houeix
musique Antonio Vivaldi & Giovanni Antonio Guido chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo lumières François Menou réalisation costumes Véronique Murat, Charlotte Margnoux assistées d'Anaïs Abel réalisation décor Frédéric Vadé réalisation accessoires Annie Onchalo assistants décor et accessoires Nicolas Rochais, Gorka Arpajou, Félix Vermandé, Raphaël Jeanneret, Christof t’Siolle, Txomin Laborde-Peyre, Maruschka Miramon, Karine Prins, Sandrine Mestas Gleizes, Fanny Sudres et Fantine Goulot
artistes chorégraphiques Noé Ballot, Julie Bruneau, Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Timothée Mahut, Alessia Peschiulli, Julen Rodríguez Flores, Alejandro Sánchez Bretones, Ismaël Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Chelsey Van Belle, Allegra Vianello, Laurine Viel, Léo Wanner
Solo, Mosaïque © Olivier Hoeuix
maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt
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Tarifs de 12€ à 37€ Billetterie malandainballet.com Office de Tourisme de Biarritz : Tél. 05 59 22 44 66, tourisme.biarritz.fr Guichets des offices de tourisme de Bayonne, Anglet et du Pays basque
ACTUALITÉ
À PROPOS DES SAISONS
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Les Saisons © design Yocom, illustration Jorge Galardo
ur une idée de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles et de Stefan Plewniak, violoniste et 1er chef d’orchestre de l’Opéra royal de Versailles, cette création réunit les célébrissimes Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi et celles méconnues de son contemporain et compatriote Giovanni Antonio Guido. Ayant déployé leur énergie passionnée bien avant leur publication à Amsterdam en 1725, les premières forment un cycle de quatre concertos pour violon nommés naturellement : le Printemps, l’Été, l’Automne, l’Hiver. Pour chaque titre, trois mouvements, dont la virtuosité n’est pas le but essentiel. Nouveau en ce temps-là, ils sont précédés de sonnets attribués à Vivaldi et offrent une succession de scènes agrestes célébrant la nature de manière descriptive. Figurant parmi les opus les plus mondialisés, plus de mille enregistrements à ce jour, sans compter les concerts, les catalogues de musiques d’attente téléphonique et les spots publicitaires, cet hymne universel à la nature redécouvert au milieu du XXème siècle, possède la faculté de plaire. D’où son immense popularité, d’où aussi la lassitude, voire le rejet que l’œuvre peut soulever. Ainsi après Igor Stravinski déclarant en 1959 : « Vivaldi est grandement surestimé - un type ennuyeux qui pouvait composer la même forme tant de fois » (1), on parlera de musique facile jusqu’à dire avec le compositeur Luigi Dallapiccola, ou bien à nouveau Stravinski (2), que « le prêtre roux » composa « cinq cents fois le même concerto ». Ce qui est faux et parfaitement injuste.
Cela étant, dans toute leur grandeur, dans toute l’étendue de leurs promesses, il est vrai que les Quatre Saisons du musicien Vénitien ont tellement été entendues, tant exploitées jusqu’au malentendu, qu’en réaction, devenues de véritables rengaines, elles peuvent agacer, susciter la plus totale indifférence, ou bien dans notre cas envahir de pensées mélancoliques. Et plus encore dans le climat désenchanté et corrompu d’aujourd’hui, où la dégradation de la nature constitue une menace existentielle. En contrepoint, le mot nature signifiant littéralement « naissance », en raison de leur caractère inédit, les Quatre Saisons de l’année de Giovanni Antonio Guido devraient apporter un air frais, un renouveau, un motif d’espérance.
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ACTUALITÉ
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Caractères des saisons. Des changements saisonniers que Guido s’attache à décrire en ajoutant des notes de vert, de bleu et de rose très pâle. Mais aussi des divinités champêtres comme dans les Saisons de l’abbé Jean Pic représentées à l’Académie royale de musique de 1695 à 1722 dans une chorégraphie de Louis Pécour. Sur des airs de Pascal Collasse et Louis Lully, le ballet comptait quatre « entrées », chiffre sacré associé à la création, à l’équilibre, à l’harmonie. Quatre portes que nous allons franchir pour marcher sur les sentiers de l’idéal. Jusqu’où irons-nous ainsi ? Je ne sais… Les coups d’archets de Guido imitent respectueusement le cours des saisons,
Création, Les Saisons © Olivier Houeix
Création, Les Saisons © Olivier Houeix
Publiées à Versailles autour de 1726, mais peut-être antérieures à celles de Vivaldi, puisqu’elles pourraient avoir été écrites vers 1716 pour le vernissage de quatre tableaux peints en ovale par Jean-Antoine Watteau sur le thème des saisons ; ils ornaient l’hôtel parisien de Pierre Crozat, trésorier de France, mécène et collectionneur. Quant à Guido, violoniste Génois de premier ordre, il était alors membre de la musique particulière de Philippe d’Orléans, régent de France, avant de passer au service de son fils Louis. Écrites sous la forme française de la Suite de danses, à l’instar de Vivaldi, la partition met en musique quatre poèmes anonymes : les
mais nous sommes au théâtre, où tout est faux et se perd dans l’atmosphère. C’est la nature du problème du chorégraphe aux prises avec les limites de son art. Alors que la solution, si nous voulons continuer de contempler la nature quand elle ouvre son cœur au printemps est de la respecter sans limite et faux-semblants. Après les hymnes à l’humanité et au vivant que furent le Sang des étoiles (2004), Noé (2017), la Pastorale (2019), Sinfonia (2020) ou encore l’Oiseau de feu (2021), l’idéal serait que les Saisons ne deviennent pas fausses à force de vouloir être vraies.
n Thierry Malandain, octobre 2022 Conversations with Igor Stravinsky, Robert Craft, 1959, p.84 (1)
Vivaldi : Amour de la Musique, Marc Pincherle, 1955, p.55 (2)
ACTIVITÉ coproducteur principal Château de Versailles Spectacles - Opéra royal de Versailles, Orchestre de l’Opéra royal de Versailles coproduction Festival de Danse de Cannes - Côte d’Azur France, Teatro Victoria Eugenia - Ballet T - Ville de Donostia San Sebastián (Espagne), Opéra de Saint-Etienne, Theater Bonn (Allemagne), Teatro la Fenice - Venise (Italie), CCN Malandain Ballet Biarritz
Rendez-vous basque Euskal Hitzorduak #7
partenaires Opéra de Reims, Espace Jéliote d’Oloron Sainte-Marie, Théâtre Olympia d’Arcachon
Autour des représentations, au Grand Studio de la Gare du Midi, Ione Miren Aguirre, artiste chorégraphique intervenante auprès des publics animera un atelier : Voulez-vous danser avec nous ? pour adultes et étudiants même noninitiés, et des masterclass / ateliers ouverts aux élèves des écoles de danse. Ateliers Voulez-vous danser avec nous ? pour adultes et étudiants Vendredi 22 décembre de 19h à 21h. Masterclass et ateliers de répertoire pour pratiquants, sur deux jours Les mercredi 27 et jeudi 28 décembre : Niveau moyen/avancé (12-14 ans) de 14h à 16h. Niveau supérieur / pré-professionnel (à partir de 15 ans) de 16h30 à 19h. Gratuit sur présentation d’une place de spectacle. Inscriptions Tél. 05 59 24 67 19
Premières Première 25 novembre 2023 au Palais des Festivals de Cannes - Festival de Danse Cannes Côte d’Azur France Première avec l’Orchestre Royal de Versailles dirigé par Stefan Plewniak 14, 15, 16, 17 décembre 2023 Opéra Royal de Versailles
Pour sa 7ème édition, le Rendez-vous basque s’associe à Iparraldeko Dantzarien Biltzarra et au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque pour proposer des spectacles scolaires, tout public, rencontres professionnelles et masterclass. Le 19 novembre, à 19h à Lekuona Fabrika à Errenteria, la compagnie Kukai Dantza de Jon Maya Sein, artiste associé au CCN présentera son spectacle Jazoerak, qui mettra en lumière quelques passages significatifs de son répertoire. Les 23 et 24 novembre à 10h30, grâce au soutien de la Communauté d'Agglomération Pays Basque et de l'Institut Culturel basque, des représentations scolaires pour des élèves bascophones des écoles élémentaires seront organisées autour d’un programme inédit de la Compagnie Kukai Dantza. Enfin, le 25 novembre, la 3ème édition d’Arteen Artean, évènement dédié à la culture basque organisé par le Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque sera accueilli dans les locaux du CCN pour des tables rondes et masterclass / ateliers.
Kukai Dantza
Autour des représentations
Jazoerak, Kukai Dantza
soutiens Fonds de dotation Thierry Malandain pour la Danse, Suez, Association Amis du Malandain Ballet Biarritz, Carré des Mécènes du Malandain Ballet Biarritz
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LA DANSE À BIARRITZ # 91
N'
Le gymnase Castelli
« Rien n’est merveilleux comme ce que nous avons vu dimanche, rien n’est plus curieux que ces charmants petits acteurs dont la taille exiguë atteint tout au plus la hauteur du demi-mètre et ces danseuses microscopiques,
qui […] gambadent comme des Taglioni et des Elssler ! Si l’on n’était bien certain d’être en chair et en os dans le département des Basses-Pyrénées, à coup sûr on pourrait s’imaginer que l’on a sous les yeux une échappée de vue de ce royaume si drolatiquement décrit par Gulliver » (1). Ballet anacréontique, Mlle Rosette (Rose Weldermann), Mlle Flore (Flore Mazelin) et M. Louis (Louis Delrue)
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ayant pu assister le 18 avril 1839 à l’ouverture des spectacles du gymnase Castelli au théâtre de Pau, c’est par ces premiers mots qu’Alexandre Dugenne, rédacteur au Mémorial des Pyrénées rendit compte de la seconde représentation donnée par la troupe enfantine de Pierre Castelli. Huit ans plus tôt, « l’habile directeur » avait conçu le projet de recueillir, « parmi des familles honnêtes mais peu fortunées, quelques enfants qui annonceraient d’heureuses dispositions et de les élever pour le théâtre, en les entourant en même temps de tous les soins de la famille » (2). Formée d’une trentaine d’artistes en herbe dont le plus âgé n’avait pas 13 ans, sa troupe récolta « bonbons et couronnes » à Pau jusqu’au 12 mai, puis passa à Tarbes, Bagnères-de-Bigorre et Bayonne. Ceci posé, comme d’autres hommes de presse, Dugenne alimenta sa chronique en puisant dans un volume intitulé : Album Castelli publié en 1837 par Charles Richomme, auteur d’ouvrages historiques pour la jeunesse âgé de 23 ans. Précédé d’un essai sur les théâtres d'enfants depuis la troupe royale de M. le Dauphin, créée par l’organiste Jean-Baptiste Raisin en 1664, jusqu’au Théâtre des Jeunes Élèves ouvert en 1826 par Louis Comte, ventriloque et « Physicien du roi » qui en avait jeté les fondements en 1814 ; avec notices sur chaque petit acteur et portraits dessinés par Louis Cabaillot, dit Louis Lassalle, l’ouvrage offrait des éléments sur le quotidien du pensionnat ambulant de Castelli. Soulignons que l’album en question nous offrit déjà l’occasion d’un article en 2013 (3), mais l’accès aux informations s’étant étendu, il nous a paru utile de le compléter en remerciant Anne Londaïtz pour ses recherches généalogiques, ainsi que MM. Pierre Taillefer et Roger Gonin, chercheurs en histoire de la magie pour le partage de leurs propres investigations sur les Castelli : famille d’artistes et de physiciens comme nous allons le découvrir. Auparavant, citant l’Album Castelli, Dugenne qui s’apprêtait à publier : Panorama historique et descriptif de Pau et de ses environs, rapporte que : « Le gymnase Castelli, pour l’ordre et la régularité, est tenu, comme les collèges royaux de Paris, sauf la brutale discipline qui règne dans la plupart. Les élèves portent l’uniforme, et voyagent en poste, accompagnés de maîtres de tous genres et de domestiques. Arrivés dans une ville, il se reposent quelques jours, et reprennent leurs études et leur régulière existence. Chaque heure de la journée à sa destination marquée. Ainsi le déjeuner est à neuf heures le dîner à deux, et le souper entre sept et huit, les jours où on ne joue pas ; les enfants se couchent ensuite, après quelques moments de récréation. Les jours de représentation ils font une légère collation pendant les entr’actes, et soupent après le spectacle. Quant à leur nourriture
elle est excellente. La plus grande partie du temps se passent en récréations, mais elles ne sont jamais inutiles, car c’est en s’amusant et en babillant que les danseurs apprennent leurs pas, que les acteurs répètent leurs rôles. Puis viennent des travaux plus sérieux. Autour d’une grande table se mettent tous les artistes pour prendre des leçons de langue, d’écriture, de calcul, de dessin » (4). Mais alors que d’aucuns jugeaient qu’il y avait quelque chose de néfaste à faire ainsi travailler des enfants, à l’instar du critique dramatique, Léon Buquet écrivant en 1837 : « Si on nous demande notre opinion sur les théâtres d’enfants, nous avouerons franchement que nous les regardons comme des établissements funestes, où s'étiolent une foule de jeunes intelligences » (5). Dans un second article, Dugenne prit en quelque sorte la défense de Castelli : « L’état de santé de ces enfants fait surtout plaisir à voir : ils sont gros, gras, frais, rosés ; on voit que l’éclat de la rampe ne les flétrit pas et que l'atmosphère des coulisses n’a pour leur cœur ni pour leur corps rien de pestilentiel. Nous avons entendu des personnes qui prétendaient qu’il aurait peut-être mieux valu laisser ces enfants à l’insouciance de leur âge et à leurs jeux et qu’il y aurait quelque chose de plus convenable à leur apprendre que la chorégraphie, le vaudeville, ou le drame, parce qu’il peut être dangereux pour l’avenir d’éveiller des instincts de coquetterie et de passions dans des âmes aussi impressionnables. Ces scrupules sont sans doute dictés par un motif fort honorable et ils seraient vrais si chacun de ces enfants avait appartenu à une famille fortunée qui aurait pu lui donner le choix d’un état. Mais qu’on réfléchisse à ce que sont chez nous et partout les marmots qui courent les rues, qu’on regarde l’éducation que donne M. Castelli à son intéressant pensionnat et qu’on pèse ensuite quels sont les plus vicieux et les plus corrompus des-uns ou desautres. Que ceux qui pensent comme nous venons de le dire, se tranquillisent donc. Aujourd’hui la classe des artistes dramatiques se compose, de même que toutes les autres, d’hommes honorables, de gens instruits, de bons citoyens, de mères de famille, et (quoiqu’il y ait sans doute bien des exceptions) mille exemples sont là pour attester que le talent scénique peut exister sans l’inconduite et le désordre. Avec l’éducation bonne et solide que leur procure M. Castelli, ces enfants sont préparés à un avenir qui ne saurait leur manquer, s’ils persistent dans la voie où on les dirige ; mais il faut avant tout une bonne conduite, un travail obstiné et persévérant et qu’aucun de
LA DANSE À BIARRITZ # 91 ces jeunes acteurs ne se laisse enivrer et enorgueillir par les succès enfantins que leur intelligence précoce leur fait obtenir » (6). Avant dernier fils de Joseph Castelli, « physicien naturaliste » né à Venise en 1768, mort à Boulogne-sur-Mer en 1809, Pierre Augustin Castelli vit le jour à Strasbourg le 21 avril 1806. Sur son acte de naissance, sa mère native de Lucerne et dite épouse de Joseph Castelli se nomme Marie Anne Botarella. Cependant par un tour de passe-passe à son décès en 1842, Pierre sera déclaré célibataire et « fils des défunts Joseph Castelli et Anne Avarini ». Dans les faits, originaire de Phalsbourg et morte à Paris en 1814, Anne Avarini était la mère de ses six frères et sœurs connus. Nés en Sicile, en Autriche ou en France, entre 1789 et 1809, à l’aide des actes retrouvés, ils se prénommaient dans l’ordre de naissance : Antoine Adolphe ; Anne Marie Barbe Rosalie ; Élisabeth ; Joseph ; Marie Anne ; Pierre Jean-Baptiste. Toutefois jamais prénommés dans la presse, sinon pour semer le doute, il est pour ainsi dire impossible de les identifier dans leurs parcours respectifs, d’autant qu’un autre Castelli : M. Castelli d’Orino, lui-même magicien arrivé d’Italie attira les foules dès 1817 avec un chien savant du nom de Munito. Connaissant les chiffres et les lettres, il calculait à merveille, formait des syllabes, jouait aux cartes, aux dominos. Quant à Marie Anne Botarella, les registres ne l’ayant pas escamoté, nous la retrouverons bientôt. Après le décès à 41 ans de Castelli père, dont « les tours d'adresse, de subtilité, de combinaison et de physique récréative, d'un genre tout-à-fait neuf » (7) avaient été remarqué à Paris en 1803, son aîné Antoine, âgé de 23 ans prit la relève. Ainsi le vit-on à Rouen avec des expériences de physique amusante et d’autres exercices comme « le grand escamotage d’animaux vivants » au Théâtre des Arts et Cour Martin en 1812. Puis avec un spectacle composé « de tours fort curieux, comme celui du gigot de mouton, dont il [était] l’inventeur et qui n’a jamais été fait à Paris » (8) il fut engagé au Tivoli d’hiver en 1813 et à l’hôtel des Fermes en 1814. Entre temps, le 8 mars 1813 sa sœur cadette Anne Marie qui signait Anne épousa à Rouen, Edmond Louis René Gilbert, rouannais, peintre en miniature, élève de Jean-Baptiste Isabey. Autrement, un « Passe-port à l'intérieur » délivré à la Rochelle en avril 1817 pour se rendre en septembre à Moissac précise qu’Antoine était accompagné de deux sœurs et de deux jeunes frères. Âgé de 11 ans, Pierre Castelli était forcément l’un d’eux. Pour cette destination, et à la même date, un second passeport délivré en juin à Bordeaux au nom de Joseph Castelli 19 ans nous apprend que ce frère était aussi physicien. Parfois nommé « Castelli fils, de Venise » et se déclarant « professeur
de physicologie » son spectacle composé de tours d’adresse, pièces mécaniques hydrauliques et physiques promettait en supplément d'enlever la chemise à une personne de la société sans la déshabiller, mais aussi d’escamoter des animaux vivants ainsi qu’une demoiselle de 16 ans dans un ridicule [autre nom donné au réticule, petit sac de dame]. À noter que ce tour de son invention, avait été exécuté à Rouen, Lyon, Nantes et Strasbourg. Pour l’heure, demeurant à Bordeaux, Joseph passait depuis le 18 mai au CaféMoreau et comme à Nantes en octobre 1816, Le Mémorial bordelais l’avait lancé
h Album Castell
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en ces termes : « M. Castelly fils, […] est avantageusement connu à Paris, Lyon, Rouen, et il a eu l’honneur, à Dijon, de paraître devant Monsieur, comte d’Artois, et S.A.S. Mgr le duc d’Orléans, qui ont daigné lui accorder leurs suffrages, et le décorer du lis » (9). Il laissera malgré tout dans les archives un arrêté du préfet de la Gironde demandant au « sieur Castelli physicien » de payer la redevance et le droit des pauvres (10) [impôt en faveur des pauvres et des hospices remontant au XVIème siècle]. Sans écho de Moissac, en 1818, après trois mois de sortilèges dans la salle St-Pantaléon à Toulouse : « Sous ses doigts agiles tout s’anime et se vivifie : l’automate obéit à la volonté de son maître ; les objets les plus précieux changent à l’instant de forme et de nature : la pensée elle-même n’est plus un secret pour lui » (11), ce « Castelli fils »
Lettre Antoine Castelli, collection François Binétruy
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munit d’un passeport établit à Alès au nom de Joseph Castelli passa à Montpellier où on lira en octobre : « Espérons donc que le fils se montrera digne de marcher sur les traces de son père » (12). Puis en décembre : « M. Castelli nous promet, en outre, de nous faire voir dans la fantasmagorie, des spectres, fantômes et revenants d'un nouveau genre, et un grand nombre de personnages illustres chers à tout Français » (13). Depuis la fin du XVIIIème siècle, le procédé consistait à projeter sur un écran de toile ou de fumée des scènes miniatures peintes sur plaques de verre, son frère Antoine offrait ainsi l’éruption du Vésuve, et leur père en avait fait usage à Paris au théâtre de la Nouveauté en 1803 : « Le spectacle s’est terminé par une représentation phantasmagorique de la Danse des Sorciers [en l’air], qui a fait plaisir » (14). Après Montpellier, Joseph donna des séances à Nîmes, où lors d’une soirée à son bénéfice, il joua le Dîner de Magdelon (1813) comédie d’Antoine Désaugiers. Le Journal du Gard d’avertir : « Mlle Héloïse Castelli et son frère rempliront, comme amateurs, les rôles de Magdelon et de Vincent » (15). Le nom d’Héloïse Castelli n’a pas été retrouvé dans les registres, mais au-delà du fait que la presse remplissait aussi parfois son rôle en amateur, à Montpellier un journal intitulé de surcroît Le Véridique avait écrit : « [M. Castelli] est un escamoteur fort adroit, qui exécute le plus joliment du monde de fort jolis tours, sans parler d'une jeune personne, sa fille, autant que j'en ai pu juger, est la plus jolie pièce de son laboratoire » (16). Joseph était clairement secondé dans ses exercices, à ce titre la demoiselle de 16 ans qu’il escamotait à Bordeaux pouvait être sa complice, peut-être une sœur, en aucun cas sa fille puisqu’il avait 20 ans. Autre énigme, à Vierzon, Bourges et StAmand en 1823, puis à St-Quentin en 1824, les journaux firent apparaître un « Adolphe Castelli, directeur du spectacle des délassemens (sic) à la mode ». Il s’agissait d’Antoine, mais avant de s’en convaincre, le 12 mars 1823, âgée de 27 ans, Élisabeth signant Castelly, épousa à Bayeux, Jean-Baptiste Coutolen en présence de sa sœur Anne et de son beau-frère M. Gilbert. Modeleur en cire et ébéniste, il était le fils « de feu Jacques Coutolen et de dame Marie Anne Botarella », autrement dit le frère utérin de Pierre Castelli. Sinon déclarée « sans domicile, voyageant continuellement », Marie Anne Botarella devait être attachée à l’entreprise ambulante de « M. [Antoine] Castelli et sa famille » à propos de laquelle Les Annales de la Haute-Vienne notèrent ceci à Limoges en 1822 : « Ce spectacle ne consiste pas seulement en tours d'adresse et de physique, dont le prestige magique est au-dessus de toute description ; mais il se compose encore de scènes mimiques et de féeries, de changements
de décors surprenants, de métamorphoses burlesques, de ballets et de danses » (17). Ou encore cela : « Le spectacle sera terminé par un vaudeville joué par la famille de M. Castelli. Déjà cette famille, où on trouve une réunion de talents bien rares, a recueilli de nombreux applaudissements dans une petite pièce jouée avec beaucoup d'art et un ensemble satisfaisant » (18). Il aurait été profitable à notre enquête que ces talents soient précisés, mais estimonsnous heureux, car les chroniques faisant état d’une troupe nomade mêlant les tours à des vaudevilles, pantomimes et ballets sont elles aussi bien rares. Pour à présent revenir à Adolphe Castelli, l’initiale « A » d’une lettre à l’en-tête de : « M. A. Castelli, Prestidigitateur et Directeur du Spectacle des Délassemens à la Mode », valant autant pour le prénom d’Antoine, la naissance à Quimperlé en 1828 d’un fils de Jules Rovère dont nous allons parler, résout l’énigme puisque la déclaration invite à lire : « Antoine Adolphe Castelli, physicien, âgé de 38 ans, domicilié à Paris ». Ainsi susdit Antoine sur les passeports, le sieur Castelli usait de son second prénom au théâtre. Quant à la lettre, issue de la collection de M. François Binétruy, que nous remercions, adressée d’Angoulême le 28 décembre 1822 au propriétaire de la salle des spectacles à Cognac, elle nous oblige à retourner en 1821. Mais avant voici son contenu :
Monsieur, La présente est pour vous dire que devant clôturer dans cette ville [Angoulême] le dimanche 5 janvier 1823 je voudrais donner mon spectacle dans votre ville [Cognac] et pour cela je vous prie de me dire si votre salle est libre et si je pourrais en disposer pour l’époque ci-dessus mentionnée ou le 10 au plus tard j’attends votre réponse et j’ai l’honneur d’être votre dévoué. Castelli J’ai joint à mon spectacle celui des mîmes anglais qui m’a fait faire de grandes affaires à Limoges et dans cette ville. Sans écho de ces mîmes anglais à Limoges et Angoulême, c’est à Dijon en août 1821 que l’un d’eux sera cité. En attendant, Le Journal de la Côte-d'Or fit part : « Un spectacle dit, des délassemens à la mode sous la direction de M. J. Rovère, prestidigitateur, a été ouvert avanthier, dans une immense baraque en planches, élevée à cet effet, à Dijon, sur la place du marché aux fruits. Ce spectacle, qui aura lieu, tous les jours sans interruption, est très varié ; il offre à la fois, les exercices d’un jongleur, les sauts d’un grotesque Aérien, des jeux et tours d’adresse, etc. Et des
LA DANSE À BIARRITZ # 91 représentations dramatiques telles que vaudevilles et petites comédies. Hier et avant-hier, M. Castelli, très habile escamoteur, a paru sur ce petit théâtre avec beaucoup de succès et il y a apparence que M. J. Rovère n’y reprendra ses exercices qu’après le départ de M. Castelli » (19). Dédaignant le nom de physicien dont ses confrères se paraient, Jules Rovère né à Paris en 1797 avait dit-on créé pour lui le titre de Prestidigitateur. Le même journal d’ajouter : « Ce mot, de la création de M. Rovère, est le synonyme d’escamoteur ; il parait avoir sa racine dans le mot français preste (prompt, adroit, agile), et dans le mot latin, digitus (doigt) » (20). De præstigiæ : fantasmagorie, illusion, il y avait surtout præstigiator : escamoteur, et au figuré, charlatan, imposteur. Mais à l’inverse de son père, « le plus exécrable monstre qu’ait enfanté la Révolution » (21) dixit Edmond Dubois-Crancé, ministre de la Guerre en 1799, Jules Rovère qui [avait] l’honneur de prévenir qu’il ne [savait] pas en imposer par une annonce pompeuse » (22) n’était ni un coquin, ni un escroc. Âgé de 24 ans et actif depuis 1816, il était le second enfant du général et versatile homme politique : Joseph Stanislas Rovère, qui selon les dires s'était anobli lui-même et proclamé marquis de Fontvielle. Prétendu petit-fils de boucher, proche de Mathieu Jouve Jourdan dit « Jourdan Coupe-Tête », il couvrit en effet le Comtat Venaissin de sang et de décombres, mais fut aussi baptisé à Bonnieux sous le patronyme « de Royère de Fontvieille ». D’abord marié à Marguerite Élisabeth de Claret dont il mangea la dote, arrêté pour dettes, saisi pour vol et ayant échoué à représenter la noblesse de Provence aux États Généraux de 1789, il embrassa la cause révolutionnaire. Élu en 1792 à l’Assemblée législative par le district de Carpentras, puis à la Convention par celui d’Avignon, il vota la mort du Roi et s’enrichit dans le trafic de biens nationaux. Sous l’influence de la mère de Jules Rovère épousée en 1795, bien qu’écrivant encore en avril 1797 à son frère, ex-évêque constitutionnel du Vaucluse : « Ces aristocrates que nous avons vaincus doivent bien enrager » (23), sous le Directoire, il flirta à nouveau avec la noblesse. Membre du Conseil des Anciens, partisan d’une monarchie constitutionnelle, compromis dans le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), il fut déporté en Guyane, où il mourut en 1798. Par anecdote, il avait aussi écrit le 24 mars 1797 : « Ce M. de Sade est bien le plus indigne coquin qui existe et ait existé en France » (24) et parmi les biens qu’il laissa à sa femme, citons le domaine de La Coste, que le marquis criblé de dettes lui avait cédé en 1796. Née Marie Angélique de Belmont, divorcée du marquis d'Agoult, lieutenant-général des armées du Roi, se rappelant que tous les yeux se fixaient sur
elle aux bals de la cour de Louis XVI, le comte de France d'Hézecques nota après coup : « La danseuse par excellence était madame d'Agoult, ou mademoiselle de Bellemont (sic), qui, depuis, abandonna son mari pour le conventionnel Rovère, qu'elle voulut aller retrouver jusque dans les marais de la Guyane ; mais n'y ayant pu recueillir que ses cendres, elle le remplaça bien vite, non pas par M. d'Agoult, mais par le capitaine du vaisseau anglais qui la portait » (25). Jules Rovère, parfois appelé comte de Rovère voyageait avec « de fastueux fourgons chargés d'inscriptions et de plaques armoriées » et s’était déjà montré en juin 1821 au théâtre de Dijon avant d’y élever une baraque « assez bien décorée » qu’inaugura Antoine Castelli début août. Ensuite les deux troupes y jouèrent ensemble jusqu’à fin septembre.
Outre les tours d’agilité, des pantomimes comiques dans le genre anglais, ornées de décors, changements à vue, danses, etc., firent alors connaître les talents mimiques de M. Simpson, « pensionnaire du théâtre royal de Londres » : « Nous ne saurions rien dire de ce spectacle, si ce n’est que […] M. Simpson est un arlequin très leste, habile pour les tours de force et qui danse fort bien, et que Mme Rovère ne se tire pas mal d’un rôle de Colombine » (26). Née Louise Françoise Cramer en 1800, mais prénommée Éloïse ou Héloïse sur divers actes, elle pourrait avoir un lien avec l’Héloïse qui secondait Joseph Castelli à Nîmes. En tous cas, après cette collaboration avec Rovère, Antoine se présenta à son tour comme prestidigitateur : « le premier prestidigitateur qui ait paru » (27) dira même le Journal du Cher et comme directeur du Spectacle des Délassemens à la Mode, tout en joignant à son affiche M. Simpson et un certain M. Lewin ou Lowin selon les cas. Ils s’étaient fait connaître à Paris en 1820 et joueront par exemple à Bourges
Diorama de Louis Daguerre, Les Merveilles de la photographie,
i Gaston Tissandier, 1874
en octobre 1823 : Arlequin dans la lune. Même mois de l’année 1824, Antoine : « le plus grand sorcier qui soit aujourd'hui en course dans les départements » (28) passa à St-Quentin, où on lira : « [Sachant] unir la grâce aux effets imposants de son art, […] il possède un jeune homme doué d’une telle mobilité, qu’il semble s’être approprié tous les visages et toutes les formes » (29). Pierre ayant 18 ans, sans preuve, il pouvait s’agir de son frère Jean-Baptiste âgé de 15 ans. Seule certitude, bien que « fait pour frapper les yeux » « le spectacle du sieur Castelli » échappera à notre regard durant trois ans.
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En attendant, l’on s’en souvient en 1823, Jean-Baptiste Coutolen avait épousé Élisabeth Castelli, décédée à Versailles en 1826. Modeleur en cire, sa charge était de représenter les personnes dans leur vraisemblance. Associant étoffes et accessoires à la céroplastie peut-être composait-il des scènes religieuses ou profanes ? Mais les galeries de célébrités en cire étant encore en vogue, peut-être possédait-il un cabinet ambulant ? En tous cas, en 1825, à la suite du peintre et décorateur de théâtre, Louis Daguerre, qui s’était associé en 1822 à son confrère Charles Marie Bouton en vue d’établir un spectacle portant le nom de Diorama, Coutolen fonda : le Cosmorama. Sur des toiles translucides peintes en trompe-l'œil et animées par des effets d'éclairage, « son spectacle [offrait] beaucoup d’attraits aux amateurs des beaux-arts, par la variété des tableaux par les vues des monuments anciens et modernes et celles des principales villes du monde » (30) Avec ce musée portatif éclairé par le gaz, Coutolen parcouru les villes du royaume jusqu’en 1833, seul ou en compagnie de son beaufrère, puisque M. Gilbert est mentionné à la direction du Cosmorama de 1828 à 1830. Maître en dessin, ce dernier était peut-être l’auteur des vues exposées aux yeux émerveillés du public ? Pendant ce temps, le 29 novembre 1827, Marie Anne, la dernière des Castelli épousa à Paris, Jean-Baptiste Joseph Aimé Mouton. Cette information provenant d’un acte reconstitué après les incendies qui ravagèrent l’Hôtel de Ville de Paris et autres en 1871, l’on ignore le métier qu’il exerçait, mais il créera avec Pierre le gymnase Castelli. En attendant, cette même année 1827, sous les noms de « MM. Castelli et compagnie » ou de « M. Castelli », un autre diorama clairement peint par Daguerre et Bouton apparut. Appelé le Nocturnorama, il offrait au regard « les diverses contrées de la terre, les plus riches et les plus célèbres villes du monde », et ce jusqu’en 1830, mais rien ne permet aujourd’hui de savoir de quel ou quels Castelli il s’agissait. Seul élément, une lettre de « Castelli jeune » envoyée de Paris au maire du Havre, le 19 août 1828, demandant confirmation de la location d'un emplacement pour sa loge et informant de l'arrivée de son beau-frère Gilbert au Havre (31). Son auteur pouvait être Pierre âgée de 22 ans autant que son frère, mais on en restera là, car aucun journal havrais ne permet d’aller plus avant.
les Amour de Vénus, livret, 1795
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En revanche, un passeport délivré à Nantes le 2 juin 1827 à « Antoine Castelli, prestidigitateur », visé à Angers le 3 juillet, à Saumur le 23 juillet, à Loudun le 19 août pour se rendre à Tours (32) atteste que celuici continuait le cours de ses exercices. Et la presse nantaise de rapporter qu’il se produisait encore avec Rovère, donné professeur de magie naturelle, aéronaute
et directeur du Musée des enchantements modernes : « Loin de craindre l’approche d’un rival, [M. Rovère] a voulu offrir luimême un moyen de comparaison, et il s’est associé à M. Castelli dont l’adresse et la dextérité sont connues » (33). « Les sorciers réunis » se montrèrent à Nantes d’avril à mai, le 26 avril étant marqué par une soirée au bénéfice de Mme Castelli, dont on ignore tout, où l’on joua : le Maréchal des logis, « trait historique en un acte, de M. Rovère, musique de M. Castelli ». L’on ne sait si l’un de nos Castelli était musicien, mais né à Rome, Valentin Castelli, ancien officier, chevalier de la couronne de Fer enseignait et composait alors. Sinon s’exprimant en un langage facile et orné Rovère publia plus tard abondamment à l’instar de : Roveriana (1862) ou pour signaler qu’il était aussi magnétiseur, adepte de Franz-Anton Mesmer et socialiste : Lettre d'un mesmériseur socialiste aux amis de la vérité (1856). Sa baraque en forme de théâtre était installée à Nantes sur la place de Bretagne depuis le début de l’année, et pour la curiosité, le 8 janvier M. Lamberti, artiste d’agilité y débuta dans la Danse télégraphique, tandis que le 16, la troupe du Grand-Théâtre, reprit les Six ingénus de Louis Duport. Créé à Vienne et reproduit à la Porte-Saint-Martin par Jean-Antoine Petipa sur une musique d’Alexandre Piccinni en 1815, ce ballet figurait au répertoire de la troupe depuis 1821. Le programme comptait aussi « une Mazourka » exécutée par Camille Leroux et Antoine Léon dont nous reparlerons. 1er danseur, Étienne Marie Pierre Castillon, qui enseignait en ville et chez lui les danses de caractères, telles que la Russe, la Mazourka, etc. l’avait réglé et créera plus tard à Marseille : les Sabotiers béarnais, ou la Faute d’orthographe (1829). Quant à Antoine, censé se rendre à Tours où la foire ouvrit le 10 août, la presse ne le mentionne pas. Par contre, Rovère qui écrira en 1862 : « l’homme un jour voyagera dans les airs » (34) s’installa sur la place Royale avec « ses brillantes séances de magie naturelle, ascension d’un aérostat et démonstration des différents gaz, servant à la navigation aérienne » (35). On y applaudira de même, Jacques Tournier, artiste mécanicien et directeur des vrais Pantagoniens, dont les marionnettes interprétaient entre autres le ballet des Amours de Vénus. Peut-être d’après les Amours de Vénus, ou le Siège de Cythère (1795) ballet-pantomime de Jean-François Coindé ? À l’aide d’un passeport, ce n’est qu’à Laval en 1829 que nous retrouvons Antoine et son épouse, puis en suivant le nom de Castelli dans la presse accessible en ligne, outre les deux dioramas actifs jusqu’en 1830, du 27 mai au 24 juin 1834 « un célèbre Castelli » exercera une « série de tours fort piquants » à Tivoli, puis au Gymnase-Enfantin, passage de l'Opéra, avant son départ pour Londres. Enfin, en mars 1835, un « M. Castelli, magicien
LA DANSE À BIARRITZ # 91 breveté » reparut à Paris, Le Ménestrel d’écrire alors : « La foule se porte à l'hôtel Laffitte pour admirer les tours de ce nouveau Nécromancier, qui se présente au public sans appareil et sans muscade, avec le frac noir et la cravate blanche. M. Castelli professe le plus grand mépris pour les tours de cartes ; c'est à peine s'il en fait deux ou trois par égard pour les traditions. […] M. Castelli applique son génie à de plus nobles délassements, et son art s'est voué aux objets d'utilité publique. M. Castelli fabrique du sucre et du café, fait cuire des gigots. Ce qui ne l'empêche pas d'évoquer des bouquets de fleurs pour les dames, des pièces de 5 francs pour les hommes et des colombes, des chats et des lapins pour les enfants. M. Castelli escamote avec une dextérité surprenante des mouchoirs, des bagues, des tabatières, des montres et des chapeaux. Il escamote aussi des demoiselles avec leurs châles, mais on assure qu'il les restitue le lendemain » (36). Pour mémoire, l’escamotage de demoiselles était un exercice réalisé par Joseph. Ainsi en juin 1824 à la Foire du Mail à Orléans, c’est une demoiselle de 18 ans qui sera escamotée dans un ridicule à la satisfaction du public. Mais comme à Bordeaux, le tour de la chemise enlevée à une personne de la société aura aussi du succès. Le Journal du Loiret d’ajouter pour nous égarer davantage : « C’est un devoir pour nous de dire que M. Castelli double chaque jour la surprise des spectateurs, par son adresse et sa subtilité. Le Chapeau de Fortunatus, Cupidon dans l’île de Cythère, le Gastronome, ou le Gigot de mouton, tours très curieux, sont les moins extraordinaires de cet adroit Physicien » (37). Perdu de vue après Orléans, selon M. Pierre Taillefer, Joseph pourrait être le « José Castelli » repéré ensuite au Mexique. Quant au tour du gigot, précisé en 1835 : « cuit d’un coup de pistolet et renfermant une quantité de choses » (38) Antoine en était dit-on l’inventeur. Bref, de tout cela résulte un fouillis au milieu duquel il n’est pas aisé de se reconnaître, et l’on ignore à nouveau de quel Castelli il s’agissait. Et pour conclure puisqu’après 1835 seul Pierre Castelli fit parler de lui, la même question pourrait se poser à propos du « signor Castelli » dont le fameux Jean-Eugène Robert-Houdin dénonça le charlatanisme dans Confidences et révélations (1868) : « J'ai dit que nous étions arrivés à Angers en temps de foire or, parmi les nombreux entrepreneurs d'amusements qui sollicitaient l'envi, la présence et l'argent des Angevins, se trouvait un autre escamoteur, nommé Castelli » (39). Et le « père de l’illusionnisme moderne » de reproduire dans son ouvrage une affiche, qui en vue de satisfaire la curiosité du public annonçait le 10 août 1828 : « Le signor Castelli, premier Prestidigitateur des deux Hémisphères mangera un homme vivant ». Il s’agissait naturellement d’une mystification, car en
dépit de son appétit, le signor Castelli ne tenait pas sa promesse. Au premier coup de dents, le volontaire poussait un hurlement et renonçait à la suite de l'expérience. Mais bien que le journal, Les Affiches d’Angers ne soit pas numérisé, et que rien ne permette de savoir si un Castelli y passa à cette date, de la part de Robert-Houdin, c’était clairement une affabulation. À preuve alors qu’Antoine et Joseph étaient nés en Sicile, Robert-Houdin écrit : « Il était normand d'origine, et il n'avait pris nom de Castelli, que pour se conformer à l'usage adopté par le grand nombre des escamoteurs de cette époque ». Par ailleurs, seul leur père fut intitulé « le signor Castelli » et à notre connaissance, à aucun moment la presse ne rapporte l’engagement d’un Castelli à manger un homme vivant, fusse-t-il saupoudré de poivre et de sel. Cependant passant pour une vérité historique, cette fable aura pour effet de nuire à la réputation posthume des Castelli, puisqu’on parlera de « mystifications à la Castelli » pour désigner les bonimenteurs. Mais retournons à présent au gymnase Castelli. Selon Richomme : « Ce fut en 1831, que [Pierre] exécuta son projet. Au mois d’avril de cette année, il fit paraître cinq petits acteurs sur le théâtre de Rouen » (40). Au vrai, il débuta le 25 octobre à l’occasion de la foire St Romain et occupa « la grande loge en face le passage St Patrice », et Le Journal de Rouen d’annoncer non pas le gymnase Castelli dont les appellations changèrent souvent, mais « le Théâtre des petits acteurs âgés de 6, 10 et 12 ans sous la direction de M. Castelli, prestidigitateur et professeur de magie naturelle » (41). Ainsi Pierre, dont Richomme avait préféré ignorer les tours d’adresse était aussi illusionniste. Nous restons toutefois convaincus que lui non plus ne mangea personne, même si entre la Lampe merveilleuse et le Chapeau de Fortunatus, dont il faisait sortir une foule d’objets, il promit « l’apparition de cinq personnes de la société dans un ridicule ». Car afin de réhausser son spectacle, il exécutait aux entr’actes des expériences de prestidigitation. Notons qu’il se proposera également de donner des séances dans les pensionnats : « Un petit répertoire très varié, tiré du théâtre d’éducation, dont les pièces sont très morales et très décente, sont en sa possession » (42). Mais qu’il ne sera plus question de magie après Rouen, sinon celle de la danse qui orna son affiche dès 1835. Sans quoi, destinés aux adultes, à l’exemple des pièces d’Eugène Scribe, ses programmes exploiteront le répertoire parisien du Gymnase Dramatique dirigé depuis 1820 par Charles-Gaspard Poirson, dit Delestre-Poirson. De la sorte, le 25 octobre l’on joua à Rouen, le Mariage enfantin (1821) comédie de Scribe et Germain Delavigne, la Famille normande, ou le Cousin Marcel (1822), vaudeville de Nicolas Braziers et Anne Honoré Joseph
h la Reine de seize ans, livret
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Édouard de Groot, chef d’orchestre du gymnase Castelli
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Mlle Célestine (Célestine Thuillier)
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Duveyrier, dit Mélesville par égard pour son père magistrat, enfin l’Actrice à l’épreuve, ou les Six portraits, « pièce à tiroir, sans nom d’auteur » dans laquelle « Mlle Lucie Castelli, âgée de 10 ans remplit six rôles différents ». On ignore qui était son père, de même que l’origine de Mlle Eugénie 9 ans et de Virginie Bernard 6 ans, entendue aux entr’actes dans des romances et dont le frère Alexandre 12 ans fut apprécié le 28 octobre dans le grand air de Figaro du Barbier de Séville, et dans le Marin, ou les Deux ingénues (1815) vaudeville d’Emmanuel Théaulon. Le même soir l’on donna la Reine de seize ans (1828) comédie mêlée de couplets de Jean-François Bayard, mais l’affiche changeant tous les deux jours, l’on s’arrêtera-là d’autant que la troupe joua jusqu’au 17 novembre. Les archives gardent néanmoins la trace que Pierre écrivit le 9 novembre au maire de Rouen, Henry Barbet pour lui demander l'autorisation de se produire avec une troupe d'enfants. Le 12 le maire écrivit à son tour au préfet de Seine-Inférieure, Henri Dupont-Delporte, au sujet de la demande d'autorisation du sieur Castelli d'établir un gymnase enfantin dans une salle particulière à Rouen. En retour, Dupont-Delporte, chargé d’affaires à Bayonne en 1806, demanda de ne pas autoriser le spectacle (43). Il eut pourtant lieu, car du 20 novembre au 15 décembre, Pierre passa au Théâtre-Français, où il joua par exemple, Riquet à la Houppe, ou le Gouverneur de l’île verte (1821) comédieféerie de Braziers et Charles-Augustin Bassompierre, dit Sewrin. « Puis il quitta Rouen, et parcourut la France entière » écrit Richomme. Annoncé sous le nom de « Théâtre du Gymnase Enfantin », alors qu’un théâtre du même venait d’ouvrir à Paris, il joua au moins à Troyes du 25 mars au 23 avril 1832 en passant comme à Rouen du champ de foire au théâtre. En juillet ce fut le Cirque des Arts de Boulognesur-Mer, et d’octobre à décembre, « l'intéressante troupe de vaudeville de M. Castelli » s’arrêta à Arras, Dunkerque et Cambrai où pour la première fois l’on présenta son beau-frère M. Mouton comme associé. « En 1833 et 1834, il exploite les villes du Midi » note encore Richomme. À notre connaissance, après Orléans, en février 1834 les petits artistes débutèrent au Grand-Théâtre de Lyon, où déplorant que « ces véritables singes ou perroquets » ne jouent pas des pièces de leur âge, Eugénie Niboyet, directrice du Conseiller des femmes nota : « Dressés avec talents, ils répètent bien la leçon qu’on leur a apprise, chantent avec mesure, se griment bien et sont, en toutes choses, de bonnes copies d’un excellent modèle. Avec cela on souffre à les voir, à les entendre » (44). Mais on lira aussi l’inverse : « Rien aussi de plus intéressant que ces charmants petits acteurs chez lesquels on voit briller des talents que ne possèdent pas toujours des artistes vieillis sur la
scène » (45). Si l’on compte bien, ils étaient huit, dont Alexandre et Lucie, laquelle à Grenoble en avril-mai « excita l'admiration de toute la ville ». Même chose à Marseille où du 24 juillet au 15 août, « le Gymnase Enfantin » passa au Grand-Théâtre : « Il faut dire à la louange de MM. Castelli et Mouton, qu’ils donnent aux jeunes artistes confiés à leurs soins une éducation dramatique des plus distinguées » (46). Ce fut ensuite Nîmes, Chambéry, Montpellier, Perpignan et Bordeaux du 30 décembre au 6 février 1835 : « Rien n’est nouveau sous le soleil ; pas même le Gymnase enfantin qui débute ce soir au Grand-Théâtre » (47) lança Le Mémorial bordelais avant de changer d’avis : « Cette petite troupe est charmante et pleine d’intelligence, c’était merveille de la voir jouant le vaudeville de manière à rendre jaloux beaucoup de grands artistes » (48). Parmi ses 20 petits prodiges, outre Lucie et un certain Charles Lyon 13 ans remplaçant Alexandre Bernard, Édouard 13 ans tenait les rôles de père noble et financier ; Adolphe 11 ans ceux de 2ème amoureux ; Jules 7 ans était 2ème comique, enfin Régine 5 ans jouait les rôles de son âge. Hollandais d’origine, ils étaient les enfants de Lisette Graanboom, fille de rabbin et de David Élias De Groot, dit Édouard. Compositeur, chef d'orchestre et clarinettiste pour lequel Niccolò Paganini et Louis Spohr avaient la plus grande estime, il jouait en fosse au Grand-Théâtre de Marseille, où Pierre les avait engagé. Il serait long de retracer la carrière de chacun, mais dans un premier temps, Édouard devint le maestro du gymnase Castelli ; Adolphe, pianiste-compositeur et chef d’orchestre dirigera à la Porte-SaintMartin, au Vaudeville, au Châtelet et à Biarritz selon la marquise du Queylard : « M. de Groot, le compositeur bien connu et si sympathique, était chef d'orchestre à cette charmante petite plage » (49). En recoupant les données, c’était en 1864,
LA DANSE À BIARRITZ # 91 mais rien ne le prouve. Sinon « réunissant l’aplomb à la légèreté » Jules passa de 2ème comique à 1er sujet de la danse avant de s’illustrer comme pianiste-compositeur. Mort à Madrid en 1864, il avait épousé en 1854, Adelaïde Delrue, dont le lien de parenté avec Louis Delrue ne peut être établi, d’autant que nombre d’éléments biographiques fournis par Richomme sont inexacts. Mais soi-disant né à Boulognesur-Mer en 1828 et frère d’Alexandre 9 ans alors 1er comique, Louis 6 ans dont « la danse [était] assez gracieuse pour un garçon » passera des petits rôles à 2ème sujet de la danse. Quant à Régine, appelée à partager les premiers emplois avec Mlle Célestine, c’est-à-dire, Marie Marguerite Célestine Thuillier, elle fit carrière dans la danse et la comédie. En 1851, elle épousera Léon Narcisse Briet, dit Félix Briet, lequel à l’heure où l’on parle avait 8 ans et s’apprêtait à entrer chez Castelli. « Je devrais me trouver humiliée, blessée de votre refus de me voir » (50). Mais en témoigne une correspondance établie entre 1848 et 1858 pour ce que l’on sait, Régine était folle amoureuse de l’un des plus grands acteurs de l’époque romantique de 27 ans son aîné : Pierre François Touzé, dit Bocage. Sinon, son mari Félix Briet, auparavant fiancé à Louise Masset, dont la famille était liée au monde de la musique et du théâtre devint directeur au Havre, à Rouen, au PalaisRoyal, mais c’est au Grand-Théâtre de Lille en 1867 qu’il engagera comme 1ère danseuse noble, Françoise Deléchaux. Dite Mlle Fanny, née le 29 mars 1827 à Bordeaux et couverte d’applaudissements à Lyon, Marseille, Bruxelles, Rouen, Londres, Liège, etc. elle avait débuté à 8 ans chez Castelli. C’était en 1835 au théâtre de Strasbourg avec « deux petites danseuses parisiennes vives et sémillantes » : Flore Mazelin et Rose Nicole Marie Weldermann ou Weldeman, dite Rosette ou Rosalie. Née en 1827, elle épousera en 1848, Louis Mérante, danseur et chorégraphe à l’Opéra de Paris. Après ce tour d’horizon des artistes mis en avant par Richomme, le 7 février 1835, alors que d’autres gymnases enfantins s’abattaient sur les départements comme des oiseaux de passage, tel celui de M. Lalanne, sans doute Laurent Lalanne, le directeur du Cirque-Olympique de Rouen, l’un des frères de la célèbre danseuse de corde Mme Saqui, dite « la petite Basquaise » à ses débuts. Après des spectacles au Grand-Théâtre et aux Variétés, les élèves quittèrent Bordeaux pour Limoges. Ensuite vinrent ClermontFerrand et Dijon où on lira le 22 juin : « Le gymnase Castelli, justement apprécié, vient de terminer ses représentations par un ballet. Ces petits acteurs sont vraiment universels. Ils font tout et le font bien » (51). La troupe était passée de 20 à 30, mais ce n’est qu’à Chalon-sur-Saône où elle se fixa du 24 juin au 11 juillet que l’on apprendra
que Pierre avait ajouté à son affiche : « le 2ème acte de la Belle au bois dormant, ballet-pantomime, de l’Académie royale de musique ». À priori, sur des airs de Ferdinand Hérold et un livret de Scribe, la Belle au bois dormant (1829) de JeanPierre Aumer. Richomme évoquant sans le nommer un maître de ballet, notre sentiment est que Marie Anne Castelli, l’épouse de Mouton donnait les leçons et que l’on fit déjà appel à Victor-Claude Bartholomin : « Aussi habile à enseigner qu’à produire », il partageait à Bruxelles la charge de maître de ballet du Théâtre royal de la Monnaie avec Jean-Antoine Petipa et dirigeait le Conservatoire de danse. Sans quoi, « les petits mais excellents acteurs » jouèrent du 8 au 23 septembre à Strasbourg. Avec la rigueur alsacienne, vaudevilles et comédies furent annoncés à la perfection, en revanche « le Divertissement dansé
h Mlle Régine (Régine de Groot)
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par toute la troupe » aurait mérité d’être précisé. On en saura davantage à Gand, où le 5 décembre surgit le ballet de Guillaume Tell (1829) de Rossini et Aumer à l’origine. Le 11 à la Nouvelle Clary, ou Louise et Georgette (1822) vaudeville de Scribe et Henri Dupin on ajouta un pas de huit dansés par les 1ers sujets de la danse, qu’on retrouva le 19 dans le Rossignol (1816) opéra-comique de Louis-Sébastien Lebrun. Le 23 signa la clôture, mais plusieurs fois on donna le Divertissement non renseigné. Ensuite, les 8, 10 et 19 février 1836 le gymnase joua son répertoire à la Monnaie de Bruxelles avant de tourner en Hollande et en Allemagne où on les perd, si ce n’est qu’avec 40 élèves le « Gymnasium Castelli » passa à Munich en avril.
Riquet à la Houppe, livret
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Puis ce fut Paris en septembre : « La troupe enfantine de M. Castelli vaut la peine du voyage. Nous n'avons parlé jusqu'à présent que des acteurs, […] ses danseurs sont encore plus surprenants ; beaucoup de grands théâtres envieraient le ballet de M. Castelli » (52). Engagé par Charles Jean Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, mais jouant à l’Odéon, au grand dépit des professionnels de la profession : « Mieux vaudrait fermer l’Odéon pour toujours que de prostituer ainsi ses planches » (53), les élèves qui avaient travaillé dur pour se rendre dignes de la capitale, ouvrirent le 11 septembre avec trois pièces de leur répertoire, dont Riquet à la Houppe et un ballet « très original » devant terminer le spectacle. Le Journal de Paris d’observer : « Ce qui est particulièrement applaudi, c’est le ballet dansé par ces enfants avec un ensemble et une grâce remarquables. Tout Paris voudra voir, avant leur départ prochain pour l’Angleterre, ces Elssler en miniature, ces Taglioni de dix ans » (54). Tandis que Le Constitutionnel promit à ses lecteurs : « Nous reviendrons d'une manière détaillée sur le jeu de ces enfants et particulièrement sur le ballet qui a constamment fait oublier l'âge des artistes qui l'exécutaient » (55) avant d’écrire plus tard ce qu’il aurait pu dire sans attendre : « On a jeté des bouquets à deux jolies mignonnes danseuses qui se sont fait remarquer dans le ballet de Riquet, par beaucoup de grâce, de légèreté et d'aplomb » (56). Évoqué par une dizaine de journaux, mais jamais nommé le ballet en question devait être celui de Riquet à la Houppe. Rien de neuf, en 1821 à la Porte-Saint-Martin, la pièce était déjà ornée « d’un joli ballet » passé sous silence, mais dû à Frédéric Blache. Ici interprété par Jules, Louis, Régine, Fanny, Rosalie et Flore, Bartholomin devait l’avoir réglé vu que Le Journal du commerce salua : « La danse vraiment remarquable des jeunes artistes formés par MM. Castelli et Bartholomin » (57). Ce que confirme Le Courrier des théâtres, en évoquant en passant les droits d’exploitation que Pierre devait négocier avec les auteurs : « La troupe enfantine de Castelli va se trouver fort embarrassée dans son répertoire, qui
se compose, en grande partie, de pièces du Gymnase. M. Delestre-Poirson, à qui M. Harel a, très adroitement, soufflé cette affaire, ne veut pas permettre à ces enfants l'exploitation de la mine Scribe et compagnie. Ce serait le cas, pour cette petite troupe, de donner un de ces ballets d'actions que M. Bartholomin, son maître, a si ingénieusement imaginés » (58). Pour l’heure, le public se portant en foule, les mardi, jeudi et samedi, jours des spectacles, jusqu’au 20 octobre l’on joua « Scribe et compagnie » et « le ballet exécuté par les quarante jeunes danseurs ». Car il y avait bien un ballet se terminant chaque soir « par une pluie de fleurs partant de la salle » (59), mais aucun critique ne glissa son titre et le nom des auteurs. Par contre, ils avaient annoncé un départ pour l’Angleterre, la troupe traversa seulement la Seine pour se montrer à la Porte-SaintMartin du 24 octobre au 17 novembre au moins. Puis le ministre de l'Intérieur accordant à « M. Castelli l'autorisation de donner des représentations sur le théâtre de l'Odéon » (60), le 29 novembre, ils retrouvèrent le faubourg St-Germain avec leur répertoire et un Divertissement Suisse. Ensuite, le 10 décembre, la troupe créa sa première pièce enfantine : Albertine, ou la Fille du prisonnier, drame en 2 actes, mêlé de chants de Paul-Aimé Chapelle, dit Laurencin. Puis le 17 : Valentine, plus exactement : Valentine, ou le Prince villageois, ballet-pantomime en 2 actes de Bartholomin, musique de Charles Hanssens. « Je ne vous ferai pas l'analyse de ce ballet, nota Le Monde dramatique, parce qu'en général les ballets sont difficiles à comprendre ; mais je vous dirai que j'ai vu les danses les plus gracieuses et les plus jolies, les scènes de pantomime les mieux rendues. C'est surtout ce qu'on avait remarqué que ce groupe d'enfants ressemblait à des anges ou à des amours. Ici les danseurs et les danseuses se sont surpassés. Je ne vous les nommerai pas, parce que je ne sais pas leur nom, mais je vous engagerai à faire comme moi, à les aller voir, et vous les applaudirez de bon cœur » (61). On ne connaît pas non plus leurs noms, mais voici au moins le sujet : Arthur, jeune seigneur, aime Valentine, fille d'un vieux chevalier. Valentine aime Jocelyn, simple paysan. Le père de Valentine veut forcer sa fille à épouser Arthur, Valentine obéit ; mais quelle est sa joie ! Jocelyn est Arthur. Sauf erreur, Valentine ne fut joué qu’une fois et Le Courrier des théâtres d’écrire à ce titre : « L’auteur du gentil ballet qu’on ne donne plus à l’Odéon, sans qu’on explique la cause de ce retrait, M. Bartholomin vient de traiter pour l’année théâtrale prochaine avec le directeur de Lyon. Il remplacera, dans cette ville, M. Léon » (62). En attendant, le 29 décembre, « la charmante troupe » pour les uns, « les marionnettes prétentieuses de M. Castelli » pour d’autres, créa : Une Maîtresse femme, ou les Finesses du cœur, comédie-vaudeville de Laurencin dont le
LA DANSE À BIARRITZ # 91 titre n’avait rien d’enfantin, mais que l’on mêla à d’autres pièces et divertissements jusqu’au 6 février 1837. Ensuite, le gymnase se rendit pour la seconde fois à Orléans. « Rien n’est plus amusant et étonnant à la fois que tous ces petits garçons et toutes ces petites filles dansant avec autant de grâce et de précision qu’à l’Opéra » (63). Ils ouvrirent le 17 février, cependant pour aller à l’essentiel, c’est le 7 mars que Fanny, Jules et toutes les fillettes offrirent en primeur : la Sylphide (1832). Au vrai, « le joli ballet » dans lequel Fanny (la Sylphide) déploya « un admirable talent » auprès de Jules (James Reuben), était une réduction du 2ème acte, peut-être sur la musique de Jean Schneitzhoeffer. Le Journal du Loiret rappela que pour réaliser « cette fantastique composition », Filippo Taglioni avait été inspiré par la légèreté de sa fille, Marie : « la Reine de la danse moderne » (64) dixit la presse belge, mais négligea le musicien et l’adaptateur du ballet. Le 3 septembre 1835, Bartholomin avait reproduit la Sylphide à Bruxelles pour Mlle Ambroisine et Jean-Baptiste Portet, dit Page, mais mentionné : « Les Sylphides, ballet-pantomime en 1 acte (troupe Castelli au théâtre du Palais-Royal, 16 mars 1838) ». Le Dictionnaire universel du théâtre en France et du théâtre français à l'étranger (1867) attribut l’adaptation à : « M. Appiani, dit Léon chorégraphe et maître de ballets en province et à Bruxelles ». Primo, Castelli donnera en effet les Sylphides à Paris au Palais-Royal en 1838, mais le théâtre d’Orléans fut le premier à bénéficier de l’adaptation, et dans la foulée, annoncé : « la Sylphide, ballet de l’Académie royale de musique » ce fut La Rochelle. Secundo, si l’on écoute le Dictionnaire en question, « Appiani, dit Léon », ou bien carrément « Léon Appiani » selon Le Guide dramatique belge (1870) fut l’auteur des ballets présentés par Castelli à la suite de Bartholomin. Seulement, à force de ne rien comprendre et de longtemps chercher, ce que l’on peut assurer c’est qu’Appiani et Léon étaient deux chorégraphes distincts. En quelques mots, bientôt élu à la direction du Grand-Théâtre de Bordeaux, Antoine Marie Arnaud Léon, né à Paris en 1788, passé par l’Opéra épousa à Bordeaux en 1813 Virginie Corby avant d’être engagé à la Scala de Milan et d’y enseigner avec sa femme à l’École. Suivront, Londres, Bruxelles, Marseille, Nantes puis Lyon en 1833-34, 1834-35 et 1836-37 où il réglera par exemple : les Intrigues espagnoles (1835), l’Arbre de Belzébuth, ou la Forêt des sorcières (1835) que le Dictionnaire attribut à Appiani. Or Félix Joseph Antoine Appiani était un autre artiste. Déclaré né à Milan en 1807 et marié à La Haye en 1838 à la danseuse Johanne Martinus, en 1842-43 il sera aussi maître de ballet
à Lyon où sa fille Jeanne Appiani naîtra en 1844, alors qu’il était déjà maître de ballet à Bruxelles. Au décès de sa femme à Paris en 1880, il sera dit « absent et sans nouvelle ». Toutefois, le 25 février 1842, « Joseph Antoine Appiani, artiste dramatique, âgé de 33 ans » sera présent à Liège pour déclarer le décès de M. Gilbert, le beau-frère de Pierre Castelli. C’est donc bien lui qui réglera les ballets à venir. Enfin presque, car à Orléans on lira encore : « Quant au ballet-pantomime de M. Bidans, il a produit aussi beaucoup d’effet.
La composition en est, il est vrai, on ne peut plus gracieuse » (65). Créé le 16 mars sous la baguette de son auteur : Charles Pollet, harpiste et directeur de l’Institut musical d’Orléans, il s’intitulait : l’Amour au village. M. Bidans étant inconnu du monde de la danse, en explorant au-delà, un M. Bidance l’enseignait à Paris, rue StMaur-Popincourt, et en 1839 aux Fêtes du Concert Dufrêne, il sera dit : « ex-maître de ballets du gymnase Castelli ». Plus loin, le 8 juin 1840, avec le Marin provençal, vaudeville mêlé de danses, « le Gymnase Enfantin de M. Bidance » débutera au Théâtre du Parc à Bruxelles. Né en 1803 à Besançon, il s’appelait Jacques‑François
Sylphide, h La Mlle Fanny (Françoise Deléchaux) et M. Jules (Jules de Groot
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Bidance. Cafetier à son mariage à Besançon en 1828, puis maître de danse à la naissance de son fils en 1836, il y a tout lieu de penser qu’il avait entre-temps obtenu ses brevets de Prévôt et de Maître de danse à l’armée en récompense de « ses talents et connaissances ». Logé à Lyon chez Mme Laborde, il mourra cuisinier en 1866. Castelli clôtura à Orléans le 19 mars 1837 et sans autre écho, ce n’est qu’à Limoges qu’on prévint le 22 juin : « Malgré l'excessive chaleur, nous prédisons d’avance de bonnes recettes » (66), La Revue limogienne ne fit pas d’autre effort. Ensuite, du 23 juillet au 5 août, « la troupe du Gymnase enfantin, du théâtre royal de l’Odéon » passa à La Rochelle : « Cette troupe de véritables pygmées dramatiques naturels, excite l’admiration et l’étonnement, partout où elle passe. Le degré de perfection qu’elle, a atteint,
fait honte aux plus grands théâtres de la capitale. Elle joue la comédie et le vaudeville, et à un corps de ballet des mieux composés » (67). Le Phare de La Rochelle sortit la grosse caisse. L’Écho rochelais s’enthousiasma autrement pour « les acteurs miniatures » : « À la mémoire, ils joignent, pour la plupart, d’autres qualités non moins précieuses : de l’aplomb, des inflexions justes, des gestes naturels, le jeu de physionomie commandé par la pensée, l’attitude qui convient à la situation » (68). Mais aussi pour les ballets : « Ce qu’on ne peut cesser de voir et d’applaudir ce sont les ballets qui approchent réellement de la perfection » (69). L’on citera : la Sylphide, l’Amour au village, le divertissement de Guillaume Tell et le Pas des trois grâces, peut-être celui de Pierre Gardel, dans Périclès et Aspasie (1820) opéra de Joseph Daussoigne. Ensuite, la troupe enleva les applaudissements à Rochefort, à Nantes du 8 au 24 septembre, puis lâchant provisoirement les vaudevilles pour ne se vouer qu’aux ballets, au printemps 1838, elle fit halte à Paris au Palais-Royal. « Les danseurs Castelli » débutèrent le 24 février avec Etzel et Jemmy, lors d’une soirée au bénéfice de l’acteur, PierreFrédéric Achard. Puis partageant l’affiche avec la comédienne Virginie Dejazet, ils enchaînèrent le 7 mars : l’Île d’Ébène, « ballet indien, où les Indiens Castelli dansent à ravir » (70), le 16 : les Sylphides, « ballet nouveau qui reproduit en abrégé les merveilles chorégraphiques de la Sylphide de l’Opéra » (68). Enfin le 27, une Fête provençale, ballet comique redonné le 30, puis les 8 et 9 avril au théâtre de la Porte Saint-Antoine. Ces ballets dont on ne connaîtra pas les musiciens étaient d’Appiani, lui-même ignoré, Le Temps nous dit toutefois : « Ces petites merveilles sont réellement surprenantes » (71) ajoutant en résumé que ces enfants presque tous choisis dans la classe pauvre, étaient élevés avec soin et tendresse par M. Castelli et sa famille. Ainsi la troupe était une entreprise familiale que l’on recroisera seulement en juillet à Strasbourg et Mulhouse, en août à Saint-Étienne et Nîmes, où « la chaleur étouffante contraria la bonne volonté du public » (72). Enfin du 3 septembre au 11 octobre sur la Canebière. Le Sémaphore de Marseille d’écrire incendiaire : « Le Gymnase enfantin dirigé ou plutôt dressé par M. Castelli a offert cette fois une nouveauté qui paraît très intéressante à quelques-uns, et est un véritable objet de pitié pour beaucoup d’autres. Nous voulons parler du ballet composé de petits danseurs et de mignonnes danseuses de 6 ans à 10 ans au plus. Ces pauvres enfants s'agitent à qui mieux, mieux, s’essoufflent et suent, pour un travail à épuiser les natures les plus vigoureuses. C’est pitié de voir ces innocentes créatures, qui comme tous les enfants de leur âge, devraient être couchés à cette heure-là » (73). Entre
des pièces nouvelles, Castelli donna malgré tout : une Fête provençale, Etzel et Jemmy, les Sylphides, ballet annoncé en 2 actes afin de nous rendre fou, puis le 23 septembre, les Bayadères, nouveauté que nous adopterons sans questionnement, tout comme « la Belle au bois dormant, ballet-féerie nouveau en 2 tableaux » joué le 29 septembre. Mi-octobre « les artistes microscopiques » quittèrent Marseille pour une destination inconnue, et ce n’est qu’en janvier 1839, qu’ils reparurent à Carcassonne, puis à Bordeaux au Grand-Théâtre du 22 février au 5 mars et aux Variétés du 9 au 24 mars avec les Bayadères, les Sylphides, la Belle au bois dormant et trois créations non renseignées : l’Île des fées, ou le Rameau d’or le 19 ; Une Fête au hameau le 21 ; les Nymphes de la forêt le 24. Puis vinrent Pau, Tarbes, Bagnères-de-Bigorre et Bayonne du 8 au 22 juin. Pile-poil pendant la foire de Biarritz : « Les étranger y trouveront toutes les commodités et tous les plaisirs que procurent d’élégants logements, de bons hôtels et des auberges bien tenues, et les bains de mer dont la saison est ouverte » (74). À Bayonne, où ceux qui n’avait pas lu Richomme apprirent que les élèves allaient à la messe, et disaient, soir et matin, leurs prières, le rédacteur du Phare de Bayonne : « bravant une chaleur suffocante, et le désagrément de se tenir derrière tout le monde, juché sur la pointe des pieds » (75), n’assista qu’à la 3ème représentation, et « ne put saisir que quelques scènes du Gamin de Paris » (1836), vaudeville de Bayard et Émile Vanderburch : « Nous en avons vu assez toutefois pour n’être pas étonné de l’empressement du public à répondre à l’appel de M. Castelli » ajouta-t-il en promettant de revenir. Mais son ultime article puisant dans l’Album Castelli, sans doute passa-t-il ses soirées à la foire de Biarritz. Dès lors, il ne vit pas : Etzel et Jemmy, une Fête provençale, la Belle au bois dormant, les Sylphides, l’Île des fées, les Bayadères, les Tyroliens, nouveau ballet-pantomime et manqua : « le Couplet d’adieux des artistes à la ville de Bayonne ». Le 18 août, sous la direction d’un nouveau maestro originaire de Dunkerque, Charles Jean-Baptiste Neerman, les élèves se firent remarquer à Paris au Concert des ChampsÉlysées, puis à Valence et Apt. Plus tard à Genève et Lausanne, où le 28 janvier 1840 la troupe clôtura avec la Somnambule (1827) « ballet-pantomime en 3 actes ». En clair, le ballet d’Hérold et Aumer, peut-être remit à la scène par M. Castillon comme nous allons le voir. Puis ce fut Fribourg, La Chaux-de-Fonds, Berne et Zurich, où tous les jours la salle était pleine au regret de quelques rigoristes, si bien qu’après la 5ème représentation : « Le conseil municipal, entraîné par les remontrances du comité de la foi, ordonna la fermeture du théâtre » (76). Ce n’est que du 12 au
LA DANSE À BIARRITZ # 91 26 novembre que nous retrouverons la troupe à Bourges, plus tard à La Rochelle. Les archives y font état d’une lettre du 12 avril 1841, de « Gilbert Castelli », en représentation au théâtre de Fontenay [-le-Comte], adressée au maire de La Rochelle pour avoir l'autorisation de se produire au théâtre de La Rochelle avec sa jeune troupe de petits acteurs et danseurs connue sous le nom du « Gymnase Castelli du théâtre royal de l'Odéon » (77). Gilbert et Castelli étaient deux personnes distinctes, mais semant le trouble dans une histoire déjà alambiquée, ce n’était pas la première fois que le beau-frère se prenait pour un Castelli. En 1825, il avait publié à Strasbourg : « Gilbert Castelli, peintre en miniature, élève d’Isabey, prévient le public qu’il peint des portraits en miniature, pour le prix de 12 fr., en une heure et demie de séance, garantissant la ressemblance. L’artiste ne restera que très peu de temps ici ; il est logé chez M. Müller, ferblantier, rue du vieux marché-aux-poissons » (78).
Pour continuer, attendus à Amsterdam selon les uns, au Théâtre royal de Liège le 18 février selon les autres, nous opterons pour Liège, puisque sur déclaration d’Appiani et d’un aubergiste, M. Gilbert s’y éteignit le 25 février à 53 ans. Après cela, ce n’est qu’en juin que la troupe sera vue à Munich, puis à Düsseldorf. Mais avant de quitter la Belgique glissons qu’Appiani travailla en février 1845 à la Monnaie avec les Petites Danseuses Viennoises, « élevées et conduites » par Joséphine Weiss, maîtresse de ballet au Theater
Le maire de La Rochelle ayant donné son accord, le 24 avril 1841 les élèves ouvrirent avec : « Cendrillon, ballet-pantomime féerie en 4 tableaux, par M. Castillon, maître de ballet du gymnase » précise Le Phare de La Rochelle que nous remercions. « Expremier danseur du théâtre impérial de St-Pétersbourg et des principaux théâtres de France », Castillon déjà croisé à Nantes auprès de Rovère et d’Antoine Castelli en 1827, était maître de ballet à Genève et dansait encore. On imagine qu’il régla le ballet durant la tournée des élèves en Suisse, et peut-être d’après la Cendrillon (1822) de Fernando Sor et François Albert Decombe, dit Albert créée à Londres et reprise à l’Opéra en 1823. Le gymnase clôtura à La Rochelle le 18 mai 1841, pour ne reparaître à nos yeux qu’en février 1842 à Bruxelles. Cependant, parmi d’autres documents officiels, daté du 25 mai, un arrêté ministériel autorisant le sieur Castelli à se produire avec une troupe d'enfants dans les départements, avec en-tête de la sous-préfecture de Brest (79) laisse entendre qu’ils jouèrent à Brest, Quimper et Morlaix durant l’été 1841. Ensuite, nous le disions, c’est à Bruxelles que nous les retrouvons dans un programme constitué de vaudevilles et de trois nouveautés d’Appiani. D’abord, le 1er février à la Monnaie : les Bayadères au bord du Gange, ou le Trait d’humanité ; le 3 : Cendrillon, ou la Petite pantoufle verte, ballet-pantomime en 4 tableaux ; le 7 : Ninka et Kaoulikan, « ballet-pantomime chinois en 1 acte, avec pas chinois, promenade des ombrelles, etc. » lira-t-on plus tard à Düsseldorf. Enfin, les 12 et 13, « les moutards et les moutardes » reprirent ces titres au Théâtre du Parc sans écho sur la musique. Mais vu qu’Appiani collaborera dès 1844 avec Charles Hanssens, le maestro de la Monnaie en était peut-être l’auteur ?
in der Josefstadt de Vienne de 1841 à 1844. « Avec un prodigieux succès », elles venaient de se produire à l’Opéra. Adolphe Adam d’écrire alors à Samuel Heinrich Spiker, journaliste berlinois : « Chacune de leurs représentations remplit la caisse d'une somme de dix mille francs, et elles ont tout à fait relevé ce théâtre qui était au plus bas » (80). Et Théophile Gautier, rédacteur à La Presse, qui n’avait pas écrit un mot sur les petits danseurs
danseuses viennoises, h Petites pas des moissonneurs
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Sylphide, 1er septembre 1842, Düsseldorf, Universitäts und Landesbibliothek
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Castelli de louer les 36 fillettes à pleine colonne : « Il est impossible de voir rien de plus frais, de plus ingénieux et de plus gracieusement dessiné. Tout ce que font avec leurs guirlandes les jeunes élèves de Mme Joséphine Weiss est vraiment inimaginable » (81).
historique du théâtre (1885) écrit : « À cette époque la province elle-même fut sillonnée, pendant plusieurs années, par une troupe enfantine spécialement réunie à son intention par une comédienne nommée Mme Castelli, et qui prenait le nom de troupe Castelli ».
Ignoré des pontes de la presse parisienne, Castelli « grande célébrité de province, célébrité nomade, qui promène de ville en ville sa gloire et ses succès » (82) passait-il à leurs yeux pour un charlatan ? Quoiqu’il en fût, ainsi que le déclarèrent, JeanFrançois Lefèbvre, géomètre à Moulins et Jean-Antoine Lucas, artiste-peintre, domicilié à Paris, qui illustrera l'Album du Comté de Nice : vues et description des principaux lieux (1844-1845), au soir du 24 août 1842, Pierre mourût à Moulins, rue boulevard de Pont. Âgé de 36 ans, on ne sait rien des causes de son décès et aucun entrefilet n’y fit plus tard allusion. Demeurant à Paris, faubourg St-Martin que faisait-t-il à Moulins alors que ses élèves jouaient à Düsseldorf ?
Pour l’heure, faute de mieux, entre août 1842 et juin 1843, entre Düsseldorf et Nice comme nous allons le voir, l’on peut dire que le gymnase Castelli s’allia au Gymnase-Enfantin, le concurrent du théâtre Comte, dont l’ouverture avait eu lieu, le 23 décembre 1826, passage Choiseul. Bien que l’appellation de gymnase enfantin ait été employé pour désigner celui de Castelli et d’autres, « le vrai » Gymnase-Enfantin avait ouvert le 25 octobre 1831 dans l’ancienne salle Joly, passage de l’Opéra, sous la direction d’Auguste Eugène Demonval, dit SaintHilaire, mais appelé par la presse de toutes les manières possibles. Sous-chef au contentieux du ministère des finances, auteur dramatique, rédacteur au Journal des théâtres : « Il était un administrateur honnête, intelligent, éclairé, et l’on n’a jamais compris l'indifférence que lui témoigne le bureau des Beaux-Arts » (84).
« Avec l’aimable patronage et l’agréable présence de Leurs Majestés le Roi et la Reine », en clair Frédéric-Guillaume IV et son épouse Élisabeth de Bavière, entre les vaudevilles, ils avaient débuté le 21 août avec une Fête à Bagdad, avant de danser le 25 : le divertissement de GuillaumeTell ; le 29 : Ezelinde et Endymion, ou la Colère de Diane, ballet anacréontique ; le 30 : Cendrillon, ou la Petite pantoufle verte ; le 1er septembre : Sylphide, avec Mlle Victorine dans le rôle-titre et Mlle Rosette en travesti dans celui de James. Ce qui est curieux, car dans les autres ballets, filles et garçons avaient les emplois de leur sexe. Fanny qui n’avait plus 10 ans jouait Madge, la vieille sorcière. Sinon, le ballet ouvrait avec un ensemble de 14 sylphides, suivi d’un solo de Madge, du pas de deux de la Sylphide et James, et d’un grand final par les 1ers sujets et le corps de ballet. Enfin, le 2 septembre, ce fut Ninka et Kaoulikan, et ainsi de suite, jusqu’au 9 septembre si l’on se base sur les affiches conservées à l’Université Heinrich Heine de Düsseldorf (83). Affiches sur lesquelles Appiani parait en tant que maître de ballet, mais l’on ignore s’il garda un œil sur les élèves. Car une question se pose : qui prit ensuite les rênes du gymnase ? Sans preuve aucune, pour cela un prénom aurait suffi, notre sentiment est que Marie Anne Castelli, l’épouse de M. Mouton, à l’origine attaché la direction, poursuivit l’activité. Au reste, avant la mort de son frère, celle qui allait devenir directrice d’établissements de spectacles, dirigeait peut-être déjà l’entreprise ? En 1870, PierAngelo Fiorentino dans Les grands guignols parlera de : « Mme Castelli, si connue pour sa troupe d'enfants », tandis qu’à propos des spectacles d’enfants sous la Monarchie de Juillet (1830 à 1848), Arthur Pougin dans son Dictionnaire pittoresque et
Chronologiquement, selon Charles Vieil dans Le Grand Théâtre de Nice, depuis sa fondation jusqu'à nos jours (1905), en juin 1843, le gymnase Castelli fit trois représentations à Nice. Sinon, situé au bout de la galerie du Baromètre, le 30 juillet 1843, le théâtre du Gymnase-Enfantin brûla. Le feu avait pris vers 4 heures et demie, il n'y avait ni tués ni blessés, mais la salle était complètement détruite. La plupart des théâtres de Paris consacrèrent une soirée au bénéfice des incendiés. Ainsi le 31 août le Vaudeville afficha : « Ballet et chansonnettes, par les petits acteurs Castelli et du Gymnase-Enfantin » (85). On lira ensuite en octobre : « Les troupes réunies du Gymnase-Enfantin (incendié) et Castelli, viennent d'être engagées, par l'intelligente entremise de M. Camille [agent dramatique], au théâtre de CoventGarden, à Londres. Le talent de comédie qui distingue la troupe de l'estimable M. de Monval Saint-Hilaire (sic), la perfection dans le ballet, principalement de la troupe de M. Castelli, et l'habileté bien prouvée de l'heureux directeur de Covent Garden, M. [James William] Wallack, assurent à cette combinaison un succès complet » (86). Appartenant au Gymnase-Enfantin, Eugène Colbrun âgé de 16 ans se souviendra : « Ce fut le véritable théâtre de mes succès, je devins chef d’emploi et jouai à SaintJames et Covent Garden tout le répertoire de [Hugues] Bouffé » (87). Ceci est l’unique écho retrouvé à ce jour, la presse nous en laissera toutefois un petit dernier à Boulogne-sur-Mer en janvier 1844 : « Les troupes réunies Castelli et le GymnaseEnfantin, conduites par MM. Camille et Laurençon ont obtenu à Boulogne comme
LA DANSE À BIARRITZ # 91 à Calais un succès fou » (88). Danseur comique et maître de ballet, né à Lyon en 1803, Étienne Hughes Laurençon, puisqu’il s’agit de lui avait aussi sa troupe ambulante. En juillet 1845, il enlèvera tous les suffrages à Châlons-sur-Saône en compagnie du jeune Colbrun surnommé « le Tom-Pouce français ». Sans cela, en mai le théâtre de Montmartre avait affiché Simple histoire (1827), comédie-vaudeville de Scribe, permettant de lire : « Mme Castelli joue avec beaucoup de noblesse et de convenance ; cette artiste ira loin » (89). Était-ce Lucie dont l’éducation théâtrale avait débuté à chez Castelli à Rouen en 1831 ? La troupe qu’il avait fondé était désormais liée au Gymnase-Enfantin, mais nous ignorons quand prit fin son épopée compliquée. Selon Arthur Pougin, « aux environs de 1848, des ordonnances très sévères interdirent formellement les théâtres d’enfants » (90). En fait, à la suite d’un procès mettant en cause le théâtre Comte, évènement rapporté par M. Sylvain Nicolle dans La Tribune et la Scène. Les débats parlementaires en France au XIXème siècle (1789-1914) : « Le procureur général établit dans un rapport du 13 novembre 1844 que le théâtre du Sieur Comte est un lieu de débauche et de perdition pour les enfants des deux sexes où se nouent de dégoûtantes intrigues qui vont se consommer au-dehors » (91). Dans la foulée, le 7 février 1845, le ministre de l'Intérieur, Tanneguy Duchâtel, lui-même attaqué sur le chapitre des mœurs, prit un arrêté interdisant aux enfants de moins de 15 ans de se produire sur scène. Mais il y eut des exceptions, ainsi lira-t-on en mai 1848 à Marseille : « La troupe du Gymnase Enfantin de Paris vient de traiter avec M. [Pierre] Pellegrin. […] Si ces artistes en herbe, sur lesquels nous ne pouvons encore donner aucun renseignement, sont dignes de leurs confrères du Gymnase Castelli, […] ils peuvent être certains d’obtenir un très grand succès » (92). Par ailleurs, lorsqu’en 1849, dans des conjonctures difficiles : le choléra, les crises politiques et financières, le marasme des affaires théâtrales, une commission nationale fut chargée de préparer une loi sur les salles de spectacles, outre la question de la liberté des théâtres et de la censure, l'interdiction des théâtres enfantins fut débattue. Ainsi, à la séance du 27 septembre où se trouvaient réunis Victor Hugo, Alexandre Dumas et plusieurs auteurs avec lesquels Pierre Castelli, avait traité, on s’amusera d’entendre Scribe se prononcer pour leur suppression en prétextant « la mauvaise littérature » : « La liberté des théâtres serait la ruine de l'art, du goût, de l'industrie et des mœurs ! […] On ferait ainsi de l'économie et de la morale, en supprimant les théâtres inutiles ou dangereux : par exemple, les théâtres d'enfants, enseignement mutuel
de mauvaise littérature et de mauvaises mœurs ». Et Dumas de lui répondre : « Je suis fâché de n'être d'accord, avec mon confrère Scribe, sur aucune des propositions qu'il vient d'émettre, relativement aux théâtres et aux privilèges. Les théâtres d'enfants, a-t-il dit, sont immoraux, c'est vrai ; mais on peut les soumettre à une police rigoureuse : ils ne le seront plus. Ne les détruisez pas, c'est une pépinière précieuse de comédiens » (93).
h Salle Bonne-Nouvelle, 1850
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Il reste maintenant à dire, que nous avons sous les yeux une lettre de Théodore de Banville, adressée le 15 octobre 1850 à Charles de Matharel de Fiennes, critique dramatique au journal Le Siècle, dont voici le texte : « Mon cher confrère, [Jules] Janin désire beaucoup la réussite, de Mme Castelli, directrice du Spectacle Bonne Nouvelle, très intelligente et très digne de sympathie qui a élevé et formé un très joli corps de ballet. Je me permets de joindre ma recommandation à celle de notre bon ami Janin. Si vous pouvez venir jeudi voir une pièce nouvelle à ce théâtre, vous nous y trouverez et nous vous en serons bien reconnaissant. Vous avez été mille fois bon la dernière fois que je vous ai demandé un service, cela m’encourage à demander encore. Faites tout ce que vous pourrez pour Mme Castelli, ce sera pour nous un véritable bon office.
Tout à vous de cœur, Théodore de Banville » Peu avant ce coup de pouce, Janin avait publié dans Le Journal des débats : « Allez voir aussi, sur le boulevard BonneNouvelle, dans une cave immense, peinte et dorée du haut en bas, pleine, de musique, de lumières et de chansons, un corps de ballet si bien dressé, si élégant et si joli, qu'il serait difficile de trouver rien de mieux. Vous aurez pour 1 franc, pour 1 franc ! le ballet sérieux, le ballet gai, la danse noble et la danse folle, une fée qui parle, un orchestre excellent, et des têtes charmantes, la plus âgée de ces danseuses n'a pas dix-sept ans ! Ce ballet est conduit par cette même Mme Castelli, qui dirigeait il y a dix à douze ans une troupe d'enfants, et qui a donné à nos théâtres plus d'une habile comédienne, plus d'un comédien applaudi » (94).
Le Monstre et le magicien, théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1826
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Ouverte en 1820 par Delestre-Poirson, pour servir de lieu d’exercices aux élèves du Conservatoire, la salle BonneNouvelle était déjà exploitée en théâtre de spectacles et concerts, lorsqu’on lira en octobre 1850 : « Mme Castelli, qui en est aujourd'hui la directrice, ne se contente pas d'offrir au public un personnel d'artistes chanteurs, mais elle varie, chaque jour, le répertoire par des ballets ou des divertissements très gracieux. La plupart des jeunes et charmantes danseuses qui concourent à la partie chorégraphique, se distinguent par un talent réel » (95). Parmi celles que nous avons connu enfant, citons : Mlle Rosette devenue Mme Louis Mérante ; Mlle Régine, amoureuse de Bocage, mais qui épousera Félix Briet, également membre de la troupe. Quant à Marie Chatain, dite Mlle Maria que nous découvrons, elle était la femme du maître
LA DANSE À BIARRITZ # 91 de ballet : Joseph François Besancenot. Né à Paris en 1812, d’une souplesse étonnante comme tout danseur comique, passé par Liège et Anvers, c’est à Lyon en 1839-40, qu’on l’appela « le Napoléon des idées », c’est aussi à Lyon en 1842-43 qu’il seconda Appiani. En 1854, M. Besancenot, 1er danseur, réglant les ballets et Maria Besancenot, 1ère danseuse seront engagés au théâtre de Lorient, puis à Dijon où le couple s’établira. Professeur de danse, de maintien et de gymnastique orthopédique à Dijon et Chalon-sur-Saône, où il mourut en 1881, Besancenot était aussi maîtreartificier. Devenue fabricante de masques en papier, sa femme louait par ailleurs des drapeaux et des costumes.
(1)
Le Mémorial des Pyrénées, 23 avril 1839
(2)
Le Mémorial des Pyrénées, 23 avril 1839
(49)
L’Écho des jeunes, 15 avril 1896
(3)
Numéro N° 58, avril-juin 2013
(50)
Lettre du 12 mai 1855
(4)
Album Castelli, p.24
(51)
Le Spectateur, 22 juin 1835
(5)
Le Monde dramatique, 1837, p. 390
(52)
La Couronne, 29 septembre 1836
(6)
Le Mémorial des Pyrénées, 2 mai 1839
(53)
L'Impartial, 20 septembre 1836
(7)
Le Courrier des spectacles, 21 janvier 1803
(54)
Le Journal de Paris, 16 septembre 1836
(8)
Le Journal de Paris, 12 septembre 1813
(55)
Le Constitutionnel, 13 septembre 1836
(9)
Le Mémorial bordelais, 17 mai 1817
(56)
Le Constitutionnel, 15 septembre 1836
Pierrefitte-sur-Seine, AN, F/21/1159
(57)
Journal du commerce, 17 septembre 1836
(58)
Le Courrier des théâtres, 13 septembre 1836
(59)
Le Journal de Paris, 27 septembre 1836
(60)
Le Siècle, 26 novembre 1836
(61)
Le Monde dramatique, 1er janvier 1837
(62)
Le Courrier des théâtres, 29 décembre 1836
(63)
Le Journal du Loiret, 18 février 1837
(64)
Le Lynx, 8 septembre 1835
(65)
Le Journal du Loiret, 18 mars 1837
(66)
Revue limogienne, 22 juin 1837
(67)
Le Phare de La Rochelle, 12 juillet 1837
(68)
L’Écho rochelais, 25 juillet 1837
(69)
L’Écho rochelais, 28 juillet 1837
(10)
Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, 28 février 1818 (11)
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En attendant sous la direction de Mme Castelli, le 2 octobre 1850 ressemblant fort à l’Amour au village créé à Orléans par le gymnase Castalli en 1837, Besancenot régla : Amours de village. Avec « une foule de pas originaux et de dessins gracieux », le 18 ce fut Chatte et Princesse, balletpantomime en 4 tableaux. En décembre, peut-être d’après Jean-Antoine Petipa sur une musique de Pierre Gaveaux, vint M. Deschalumeaux (1822), puis le Monstre et le Magicien (1826) ballet de Jean Coralli, musique de Piccinni. L’Anglais John Laurent était le Monstre, mais « très convenablement laid » Besancenot le sera à Lorient. « Monté avec un luxe inouï de décors et de costumes, interprété avec tant de supériorité par Mlle Régine », en janvier 1851 vint Cendrillon, sur une musique d’Adolphe de Groot. Pour mémoire entré à 11 ans chez Castelli, il signera en mars : une Fête au Brésil, divertissement en 1 acte. Entre temps, les spectacles afficheront des tableaux vivants offrant la reproduction exacte des tableaux des grands maîtres, et une foule d’artistes tel l’Anglais Georges Dean, dit « l’homme caoutchouc », ou bien pour revenir aux origines des Castelli, Auguste Lassaigne dans des séances de magnétisme et de somnambulisme. Après la salle Bonne-Nouvelle, Mme Castelli visa semble-t-il l’exploitation du Casino Paganini, mais l’on n’en saura pas plus, le professeur Lassaigne débutait seulement ses expériences de transmission de la pensée, de télégraphie « escargotique » et de voyages à distance.
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Le Véridique, 3 décembre 1818 Le Courrier des spectacles, 21 mars 1803 Le Journal du Gard, 23 décembre 1818 Le Véridique, 10 novembre 1818 Annales de la Haute-Vienne, 29 novembre 1822 Annales de la Haute-Vienne, 13 décembre 1822 Journal de la Côte-d'Or, 4 août 1821 Journal de la Côte-d'Or, 23 juin 1821
Revue des questions historiques, marquis de Beaucourt, 1912, p.312 (21)
(22)
Feuille commerciale de Nantes, 7 octobre 1816
(70)
Le Monde dramatique, 1er janvier 1838
(23)
Lettre à son frère du 3 avril 1797
(71)
Le Temps, 14 mars 1838
(72)
Le Courrier du Gard, 24 août 1838
(73)
Le Sémaphore de Marseille, 18 septembre 1838
(74)
Le Phare de Bayonne, 11 juin 1839
Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1907, p. 182 (24)
Souvenirs d'un page de la cour de Louis XVI, 1873, p.228 (25)
(26)
Journal de la Côte-d'Or, 22 août 1821
(75)
Le Phare de Bayonne, 13 juin 1839
(27)
Journal du Cher, 1er novembre 1823
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La Gazette de Lausanne, 9 juin 1840
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Le Diable boiteux, 2 décembre 1823
(77)
La Rochelle, AM, 2 R 14/16
Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 17 octobre 1824
(78)
Niederrheinischer Kurier, 19 janvier 1825
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Quimper, AD Finistère, 4 T 14
(29)
Journal politique du département de l'Aube, 24 février 1825 (30)
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Le Havre, AM, I 13
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Saumur, AM, 2 I 103
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n TM
Le Véridique, 27 octobre 1818
Lettres sur la musique française 1836-1850, La Revue de Paris, septembre-octobre 1903, p. 610 (80)
(81)
La Presse, 20 janvier 1845
(82)
L'Impartial, 20 septembre 1836
(83)
HHU : Heinrich Heine Universität Düsseldorf
(84)
La Silhouette, 4 juillet 1847
(85)
Le Globe, 30 août 1843
(86)
Le Journal des théâtres, 19 octobre 1843
(87)
Vert-vert, 25 octobre 1866
(88)
Le Journal des théâtres, 18 janvier 1844
(89)
Le Globe, 28 mai 1845
Ami de la Charte, 4 avril 1827 Roveriana, la source du bonheur, 1862 Journal d’Indre et Loire, 27 août 1827 Le Ménestrel, 29 mars 1835 Le Journal du Loiret, 20 juin 1824 Le Courrier des théâtres, 25 mars 1835
Confidences et révélations : comment on devient sorcier, 1868, p.60 (39)
(40)
Album Castelli, p.15
(41)
Le Journal de Rouen, 25 octobre 1831
(42)
Le Journal de Rouen, 1er novembre 1831
Thèse de Doctorat présentée et soutenue à Paris, le 3 décembre 2015, p.755
(43)
Rouen, AD Seine-Maritime, 4 T 112
(92)
(44)
Le Conseiller des femmes, 29 mars 1834
(93)
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre, 1885, p.715 (90)
(91)
Remerciements à Anne Londaïtz, Pierre Taillefer, Roger Gonin, Sylvain Nicolle et François Binétruy (www.binetruy.org)
Journal du commerce de la ville de Lyon et du département du Rhône, 14 mars 1834 (45)
(46)
Le Sémaphore de Marseille, 5 août 1834
(47)
Le Mémorial bordelais, 30 décembre 1834
(48)
Le Mémorial bordelais, 31 décembre 1834
Le Sémaphore de Marseille, 9 mai 1848
Souvenirs dramatiques, par Alexandre Dumas, 1881, t.2, p.182 Journal des débats politiques et littéraires, Jules Janin, 7 octobre 1850 (94)
La Mode : revue des modes, galerie de mœurs, album des salons 5 octobre 1850 (95)
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SENSIBILISATION Pour compléter ce programme danse, la Communauté d’Agglomération Pays basque propose un deuxième spectacle issu de sa programmation jeune public.
Sensibilisation et médiation © Stéphane Bellocq
Projet « Les Saisons au Collège avec le Malandain Ballet Biarritz »
Sensibilisation en tournée À l’occasion de l’avant-première des Saisons à l’Espace Jéliote d’OloronSainte-Marie les 3 et 4 novembre, Richard Coudray donnera une Mégabarre dans le hall du théâtre, le samedi 4 novembre à 18h30. Échirolles Dans le cadre de la programmation de l’Oiseau de feu et du Sacre du printemps à La Rampe - La Ponatière d’Échirolles, Florence Poudru, historienne de la danse, animera un avant-propos sur la thématique : « l’Oiseau de feu, 1910 » avant la représentation du 30 novembre, ainsi qu’une rencontre entre l’équipe artistique et le public à l’issue du spectacle. De plus, des élèves du CRR de Grenoble assisteront à la classe des danseurs le 1er décembre.
© Stéphane Bellocq
Publics éloignés
Projet Culture Séniors 2023 « Les Saisons à Egoa » Dans le cadre de l’appel à projet Culture Séniors du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, le Malandain Ballet Biarritz a construit avec l’EHPAD Egoa de Bassussarry un projet de médiation de 30 heures intitulé « Les Saisons à Egoa » à destination de l’ensemble des résidents. Ce projet se déroulera d’août à novembre 2023 et s’articulera autour de la thématique des saisons. Les ateliers de médiation se dérouleront à l’EHPAD et seront menés par Ione Miren Aguirre, accompagnée par Alba Buitrago Lassalle, danse-thérapeute de l’établissement. Les résidents seront accueillis à la Gare du Midi afin d’assister au travail de création
32 33
du Malandain Ballet Biarritz sur scène et rencontrer la compagnie. Enfin, afin de travailler le lien intergénérationnel, certains ateliers se dérouleront avec le Centre de Loisirs de Bassussarry. Sensibilisation dans le cadre du parcours DECIDE Le parcours de mobilisation DECIDE pour Découvrir, Engager, Construire, Innover, Dynamiser, Entreprendre, est mis en place par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, et vise à accompagner un groupe de 12 personnes en insertion durant 12 semaines en leur proposant différents ateliers sur l’ensemble des problématiques liées à l’insertion, engageant particulièrement un travail de restauration de la confiance en soi. C’est dans ce cadre que le CD64 a sollicité le Malandain Ballet Biarritz pour proposer une action de médiation à destination de ces adultes. Le groupe sera donc accueilli une demi-journée à la Gare du Midi à l’occasion de la création des Saisons. Les participants se verront proposer un temps d’observation du travail des danseurs et des équipes, une visite du théâtre, un atelier d’initiation chorégraphique et enfin la répétition générale des Saisons en exclusivité.
Rentrée Instant Présent Reprise des cours de danse classique et des ateliers de répertoire Malandain pour adultes par l’association Instant Présent depuis le 18 septembre dans le Grand studio de la Gare du Midi de Biarritz avec Aureline Guillot, ex-danseuse du Malandain Ballet Biarritz. • barre à terre tous les lundis de 18h30 à 19h30 • cours débutant tous les lundis de 19h30 à 20h30 • cours intermédiaire tous les mardis de 18h30 à 20h
Éducation Artistique et Culturelle
• cours niveau avancé tous les mercredis de 18h30 à 20h
Projets EAC en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Pays basque
www.instant-present.eu
Dans le cadre de son partenariat avec la Communauté d’Agglomération Pays basque, le Malandain Ballet Biarritz mènera cette année cinq projet d’Éducation Artistique et Culturelle avec deux classes de l’école Pierre Laborde de Bardos, deux classes du RPI Sames-Hastingues et l’ALSH de Bidache. Ces projets sont composés d’un parcours : « Une journée au festival le Temps d’Aimer la danse », de 18 heures d’intervention à l’école autour d’une œuvre de Thierry Malandain et d’un accueil lors d’une représentation scolaire du Malandain Ballet Biarritz.
• atelier de répertoire tous les jeudis de 18h30 à 20h
© Anne Debuisson Gonckel
Oloron-Sainte-Marie
Durant l’année scolaire 2023-24, le Malandain Ballet Biarritz mènera un projet d’Éducation Artistique et Culturelle pour un groupe d’élèves de 6ème et 6ème SEGPA du Collège Pierre Bourdieu de Mourenx. Ce projet de 50 heures s’inscrit dans le dispositif « Grandir avec la Culture » mis en place et financé par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. Il s’articulera autour de la création des Saisons : découverte du Malandain Ballet Biarritz et du processus de création, ateliers chorégraphiques de découverte du répertoire et de l’esthétique de Thierry Malandain puis résidence de création pour les élèves qui créeront leur propre chorégraphie autour de la thématique des saisons à partir du matériel acquis. Ils assisteront à une représentation scolaire des Saisons au Teatro Victoria Eugenia de Donostia San Sebastián en mai 2024 et auront l’occasion d’y présenter le fruit de leur travail.
TERRITOIRE
SANTÉ
Atalak, Dantzaz
Reprise de l’Entrainement régulier du danseur le 18 septembre
Répétitions publiques
Dans le cadre du laboratoire d’expérimentation Atalak, la compagnie Dantzaz dirigée par Adriana Pous Ojeda propose une répétition publique du travail mené avec Martxel Rodriguez et Jon López de la compagnie Led Silhouette autour de leur pièce : Analëmma. Martxel Rodriguez et Jon López offrent un voyage explorant les frontières entre les divers champs disciplinaires des arts qui complètent aujourd'hui notre paysage : danse, peinture, performance, audiovisuel. Avec Analëmma, ils aspirent à enquêter en prenant comme éléments de narration ce qui existe entre les éléments visuels et théâtraux, la photographie, le cinéma, l'illustration... Ils le feront en conceptualisant les interprètes de Dantzaz non pas comme des éléments décoratifs du processus créatif, mais comme une autre priorité du travail chorégraphique.
Martin Harriague Mercredi 8 novembre à 19h studio Gamaritz de la Gare du Midi Dans sa nouvelle création CROCODILE, le chorégraphe se met en scène aux côtés d'Emilie Leriche (danseuse et interprète chez Damien Jalet, Imre & Marne Van Opstal et au sein du collectif Kor'sia) et des musiciens de l'Ensemble 0 (https://www. ensemble0.com) dirigé par Stéphane Garin. Quatre ans après Fossile, duo s’inspirant de l’urgence écologique et des liens entre l’homme et sa planète, Martin Harriague choisit à nouveau la forme du pas de deux en livrant cette fois-ci, loin du chaos du monde, une danse d’amour. CROCODILE sera créé lors de la prochaine édition du festival le Temps d'Aimer à Biarritz et sera ensuite en tournée à la Scène 55 à Mougins, à la Scène nationale du Sud-Aquitain à Bayonne et au Hessisches Staatstheater Wiesbaden en Allemagne…
Jeudi 9 novembre à 19h Grand studio de la Gare du Midi Entrée libre sur réservation Tél. : 05 59 24 67 19
Des cours hebdomadaires Un cours de danse contemporaine : le mardi de 10h 15 à 11h45 Un cours de danse classique : le jeudi de 10h15 à 11h45
ACCUEIL STUDIO Cie Christine Hassid Project : q Chopin
© Stéphane Bellocq
Jeudi 5 octobre à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi
Malandain Ballet Biarritz
Du 27 novembre au 1er décembre Avec ce projet pour 6 danseurs, Christine Hassid reprend sa pièce autour de Chopin, créée en Russie pour le Танц Театр à Ekaterinbourg. Cette pièce aborde en filigrane l’exil de la famille de la chorégraphe en écho à la trajectoire de Chopin. Pourquoi Chopin ? Chopin symbole de l’engagement passionné d'un artiste qui « utilise le piano comme un canon ». Sa musique incarne si bien ce « zal », terme polonais intraduisible, sorte de vague à l'âme, de nostalgie qu'exacerbe la douleur de l'exil. Sortie publique Jeudi 30 novembre à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi Entrée libre sur réservation Tél. : 05 59 24 67 19
Cie Christine Hassid Project
q
Atalak
L’Entrainement régulier du danseur proposé par le Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque, le CCN Malandain Ballet Biarritz et l'Institut Danse Santé a fait sa rentrée le 18 septembre et propose à nouveau dans les studios du Conservatoire à Biarritz des cours destinés aux danseurs de compagnies du territoire qui veulent s’entraîner auprès d’autres professionnels ; aux danseurs intermittents en recherche d’emploi, aux jeunes danseurs en fin de cycle préprofessionnel à la recherche d’un contrat ; aux professeurs de danse du territoire qui veulent continuer à s’entraîner et à progresser, mais aussi s’ouvrir à d’autres méthodes pédagogiques.
Des ateliers chorégraphiques De manière ponctuelle, de 11h45 à 13h, ces ateliers permettent de découvrir d’autres esthétiques, d’approfondir une démarche, un processus de création, un univers propre à un artiste. Des ateliers de prévention proposés par l'Institut Danse Santé Ces séances sont déclinées sous forme de conseils santé, du renforcement musculaire et cardio-respiratoire spécifique. Il s’agit d’une innovation puisque le danseur, accompagné d'un kinésithérapeute spécialisé pourra progresser sur ce triptyque technique, physique et hygiène de vie. Inscriptions via le formulaire en ligne : https://bit.ly/entrainementdanseur Renseignements entrainementdanseur@malandainballet.com +33(0)6 45 99 42 01
FESTIVAL les publics de dix autres communes du territoire : Bayonne, Anglet, Saint-Pée-surNivelle, Urt, Bardos, Tardets, Mauléon, Saint-Palais, Saint-Jean-Pied-de-Port, Errenteria (Pays basque Sud).
Un enracinement renforcé par une programmation partagée avec la Scène Nationale du Sud-Aquitain, la SMAC Atabal et le festival Ravel au travers du renouvellement du partenariat « Culture Ensemble ». Ce « faire ensemble » marque de cette 33ème édition, s’est prolongé par des échanges avec plusieurs institutions et associations œuvrant au Pays basque.
Du 8 au 17 septembre, autour de 93 rendez-vous, la programmation éclectique a mis en avant la diversité des écritures chorégraphiques tout en affirmant la singularité du festival biarrot en France avec l’accueil de cinq Ballets européens, des grands ensembles et un soutien toujours plus vigoureux à la création. Le festival a réuni pour cette 33ème édition 33.980 festivaliers : 16.512 spectateurs en salle, 12.093 sur les spectacles en extérieur et 5.064 personnes sur les rendez-vous et les actions culturelles proposés autour de la programmation : films, conférences, stages, bal, expositions, parcours d’Éducation Artistique et Culturelle... Une fréquentation en hausse de 10% par rapport à 2022, avec un public qui s’est véritablement approprié cette édition. À l’image des 1.300 Pass du Temps d’Aimer acquis par des personnes désireuses de participer pleinement au festival en venant découvrir plusieurs spectacles. Un public nombreux a par ailleurs fréquenté les divers sites du festival (théâtres, extérieurs, murs à gauche, places publiques, promenade de la Grande Plage…) à l’occasion de rendezvous payants ou gratuits, approchant ainsi au plus près les artistes lors de rencontres multiples et variées. Une proximité avec les publics grâce également à un enracinement au Pays basque. Depuis Biarritz, cette 33ème édition a consolidé son lien de proximité avec
Cette mise en réseau des différents acteurs culturels du territoire et ce maillage territorial participent à la volonté d’inscrire le festival autour de trois valeurs fondamentales. La solidarité, l’écoresponsabilité et le territoire. La solidarité avec la mise en place d’un « tarif solidaire » destiné aux bénéficiaires de minima sociaux, demandeurs d’emploi et étudiants et dont a pu bénéficier 15% du public. Les actions de médiation à destination des écoles, des publics fragiles et empêchés et des étudiants ont également rythmé les journées du festival et s’inscrivent dans cette même logique de mettre la danse au plus près des publics en difficulté. La transition écologique, autre valeur cardinale, a réuni en clôture près de 4.500 personnes lors de la journée le Temps d’Aimer l’Océan avec pour marraine Claire Nouvian, prix Goldman de l’environnement 2018 et dix ONG environnementales. En amont, la 3ème rencontre professionnelle autour la transition écologique du spectacle vivant a rassemblé 109 acteurs culturels qui ont réfléchi concrètement à des feuilles de route de décarbonation. Enfin en plaçant la santé du danseur – amateur et professionnel - dans une réflexion mêlant professions de santé, écoles, danseurs et institutions durant un forum de 2 jours, le festival s’est également affirmé comme lieu de ressources. Cette 33ème édition du Temps d’Aimer par sa programmation, sa fréquentation, ses croisements multiples a contribué concrètement à l’art chorégraphique, son avenir, son développement, tout en revendiquant la place essentielle de l’artiste dans le monde d’aujourd’hui.
© Stéphane Bellocq
Culture Ensemble : faire ensemble
Un festival solidaire en prise avec les enjeux sociétaux actuels
© Stéphane Bellocq
Les actions de médiation pendant le festival
Éducation Artistique et Culturelle Parcours « Une journée au festival »
q
Bilan de la 33ème édition du festival le Temps d’Aimer la Danse
Au long du festival, 130 élèves des écoles publiques de Bardos, Sames et Hastingues (en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Pays basque) et de l’école publique du Braou de Biarritz, sont venus vivre une journée en immersion au cœur du Temps d’Aimer. Au programme : visite guidée de l’exposition photographique de Raphaël Gianelli-Meriano : « Corps de Ballet », atelier chorégraphique avec Ione Miren Aguirre, répétition publique d’une compagnie programmée, pique-nique écoresponsable et sensibilisation aux enjeux environnementaux par la Water Family. Lycée de Navarre - Saint-Jean-Pied-Port Dans le cadre de la programmation de Cendrillon de Thierry Malandain interprété par le Ballet Nice Méditerranée, le festival a accueilli une classe de Terminale du Lycée de Navarre de Saint-Jean-Pied-Port autour d’un atelier chorégraphique avec Ione Miren Aguirre, d’une visite guidée des coulisses du Malandain Ballet Biarritz et de la visite de l’exposition : « Corps de Ballet ». Le groupe a clôturé cette journée au festival en assistant à une représentation de Cendrillon. ESAPB - École supérieure d'art Pays Basque Dans le cadre d’un stage d’une semaine organisé par l’École supérieure d’art Pays Basque, les étudiants bénéficiaires ont participé à un atelier chorégraphique avec Ione Miren Aguirre autour de Cendrillon, ont assisté aux films diffusés à la Médiathèque, aux répétitions publiques, à la classe du Ballet Nice Méditerranée, à la répétition du Malandain Ballet Biarritz et à une visite guidée de l’exposition : « Corps de Ballet ». À l’occasion de ces temps de découverte, les étudiants ont pu dessiner ou faire des captations vidéo. Ils ont
Venues de groupes aux spectacles © Olivier Houeix
Classe à horaires aménagés Danse – Collège Jean Rostand – Biarritz Enseignement de Spécialité Art Danse – Lycée André Malraux – Biarritz
BTS Audiovisuel – Lycée Cassin - Biarritz
École Jean Moulin – Bayonne Dans le cadre d’un parcours EAC axé sur la Danse, deux classes de l’École Jean Moulin de Bayonne sont venues assister à la répétition publique de Cendrillon par le Ballet Nice Méditerranée. Lycée professionnel Aizpurdi – Hendaye Une soixantaine d’élèves du Lycée professionnel Aizpurdi d’Hendaye est venue passer une demi-journée au festival, découvrant à cette occasion l’exposition « Corps de Ballet » et à la Médiathèque, Cultes un film documentaire réalisé par (LA) HORDE. BTS Photographie – Lycée André Malraux - Biarritz
q
© Olivier Houeix
Le 13 septembre, 24 élèves de 1ère et 2ème année du BTS photographie de Biarritz sont venus visiter l’exposition « Corps de Ballet » et rencontrer Raphaël GianelliMeriano.
Programmation EAC École du Braou - Biarritz
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Le 14 septembre, 24 élèves du BTS audiovisuel de Biarritz sont venus visiter l’exposition « Corps de Ballet » et rencontrer Raphaël Gianelli-Meriano. Ces élèves ont également participé à plusieurs évènements du festival en vue de produire des films.
Autour de son spectacle jeune-public Yumé, la Beaver Dam Company composée d’Édouard Hue, chorégraphe et de quatre de ses danseurs, est intervenue durant deux heures auprès de 115 élèves de l’École publique du Braou. Lors de la première heure, chaque artiste a mené un atelier d’initiation chorégraphique pour des élèves allant de la grande section au CM2. Lors de la deuxième heure, les artistes ont présenté des extraits de Yumé et fait découvrir les accessoires et la scénographie de la pièce. Dantzaz à Tardets Le 18 septembre, en clôture du festival, Dantzaz dirigé par Adriana Pous Ojeda a donné son spectacle itinérant Menu dans la ville de Tardets pour 200 élèves des écoles de Haute-Soule, 86 élèves du Collège de Tardets et tous les passants présents sur la place du marché. Au total, quelques 360 personnes ont pu assister à ce spectacle organisé en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Pays Basque et la ville de Tardets.
La Ferme Emmaüs Baudonne Association unique en France soutenue par Emmaüs, la Ferme Emmaüs Baudonne est une ferme en agriculture biologique qui accueille des femmes en aménagement de peine, en leur proposant un travail, un logement et un accompagnement socioprofessionnel. Lors du festival, un atelier chorégraphique avec Ione Miren Aguirre et des invitations pour Cendrillon par le Ballet Nice Méditerranée ont été offerts aux résidentes, bénévoles et salariés de la Ferme.
Atelier parents-enfants Le 17 septembre, Ione Miren Aguirre a donné un atelier parents-enfants pour 30 personnes dans le Studio Gamaritz de la Gare du Midi.
Comme chaque année, les collégiens en classe à horaires aménagés Danse du Collège Jean Rostand et les lycéens de l’Enseignement de Spécialité Art Danse du Lycée André Malraux sont venus découvrir plusieurs spectacles du festival. Ils bénéficiaient à cette occasion d’un tarif avantageux de 9 €. Suite à leur venue, le 17 octobre à 10h au Lycée André Malraux, les 57 élèves de la spécialité Art Danse présenteront un travail élaboré à partir des spectacles du festival. Festival solidaire Le festival a offert des places à l’Association Hegalak Eman qui œuvre pour l’accès à la culture des enfants vivant en famille d’accueil pour trois représentations, ainsi que des places au Centre Médical Annie Enia de Cambo-les-Bains pour trois spectacles également. L’association Denekin, le Centre social culturel Maria Pia et l’Épicerie Sociale de Biarritz ont également bénéficié d’un quota de places au tarif solidaire de 12 € pour leurs adhérents.
Gigabarres
q
Deux gigabarres ont été données dans le cadre du festival : la première par Martin Harriague assisté de Mickaël Conte, la seconde par Richard Coudray, dans le cadre de la Journée le Temps d’Aimer l’Océan. Ces gigabarres ont rassemblé un total de 1.308 personnes.
© Olivier Houeix
également assisté aux représentations de Cendrillon par le Ballet Nice Méditerranée, à Grand écart de Kiyan Koshoie, à Boléro et I’m afraid to forget your smile du Ballet Wiesbaden, à All I need de la Beaver Dam Company, ainsi qu’à la Journée le Temps d’Aimer l’Océan.
Pass Culture 422 places ont été financées par le Pass Culture, pour un total de 3.928 € : 387 places ont été financées par la part collective (établissements scolaires), 35 places ont été financées par la part individuelle.
34 35
BILAN
Bilan 2022 CCN Malandain Ballet Biarritz L'Oiseau de feu © Olivier Houeix
100 représentations 101
Europe hors France
100
93
91
39 %
Etranger hors Europe
3%
60
Biarritz
12 %
34
2017
2018
2019
2020
Pyrénées -Atlantiques hors Biarritz
2022
2021
© P. Rimond
nombre de représentations
Nouvelle-Aquitaine hors 64
42 %
2%
répartition géographique des spectacles Europe hors France
101000
31 %
82400
Etranger hors Europe
76500
6 avril 2022 Installation de Thierry Malandain sous la coupole de l’Institut de France à l’Académie des beaux-arts. Il y occupe le fauteuil numéro 1 de la nouvelle section de chorégraphie dont la création à l’initiative de son Secrétaire perpétuel, le compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard, marque une page importante, puisque l'héritière des Académies royales du Grand Siècle reconnait ainsi la Chorégraphie comme un « des arts majeurs et immémorial ».
2%
France hors Nouvelle-Aquitaine
2%
63684 52000
Biarritz
17,5 % 16722 2017
2018
2019
2020
2022
2021
Pyrénées -Atlantiques hors Biarritz
France hors Nouvelle-Aquitaine
12 %
46 %
Nouvelle-Aquitaine hors 64
12 %
nombre de spectateurs
répartition géographique des spectateurs
SENSIBILISATION
458 interventions de sensibilisation, médiation & EAC
464
Principaux publics concernés • Les danseurs amateurs ou professionnels • Le jeune public, écoliers, collégiens, lycéens du secteur public et privé • Les familles en privilégiant l’intergénérationel • Public empêchés / inclusion
Europe
458
33%
Biarritz
36 %
300
301 250
© Olivier Houeix
France
36 37
(hors Nouvelle-Aquitaine)
Nouvelle-Aquitaine
6%
2018
2019
2020
2021
2022
(hors 64 + Biarritz)
2%
Pyrénées-Atlantiques (hors Biarritz)
23 %
nombre d'interventions
répartition des interventions
BILAN 1 projet de coopération territoriale mené avec la Communauté Pays basque
ACCUEIL STUDIO
9 compagnies
1 programmation sur le territoire : - 1 Festival de danse le Temps d’Aimer avec 28 000 spectateurs en 2022 - 1 programmation danse à Biarritz : Regards Croisés, Rendez-vous basque, les spectacles du Malandain Ballet Biarritz
soutenues
dans le cadre de l’Accueil studio en 2022 ACCUEIL PLATEAU
14 12 10
2018
2019
9
2020
9
2021
2022
nombre de compagnies accueilles
Accueil plateau permet aux compagnies soutenues en Accueil studio d’être programmées grâce aux partenariats établis avec le Théâtre Olympia – Arcachon, D Feria – Donostia / San Sebastián… 1 projet de coopération « Ballet T » mené entre les villes de Biarritz et Donostia / San Sebastián 1 programme « Art et environnement » Planeta Dantzan soutenu par l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine / Euskadi / Navarre
1 Concours de jeunes chorégraphes de Ballet organisé tous les 2 ans avec le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et le CCN Ballet de l’Opéra national du Rhin Artiste associé : nomination du chorégraphe Jon Maya – Kukai Dantza pour une période de trois ans 1 programme autour de la Santé des danseurs mené avec l’IDS (Institut Danse Santé) et un programme Entrainement Régulier du Danseur (ERD) au bénéfice du tissu local semi-professionnel et professionnel
International
0%
Région Nouvelle-Aquitaine
67 %
France
hors Nouvelle-Aquitaine
L'Oiseau de feu © Olivier Houeix
33 %
provenance des accueils studio
2 festivals soutenus
• Errobiko Festibala • Dantza Hirian
BUDGET
Budget 6 millions d'euros (versus 5,3 M€ en 2021) L’exercice 2022 a été impacté par l’intégration du festival le Temps d’Aimer et surtout par la très forte inflation.
2019
2021
2022
Total Produits
4 590 338 €
5 361 502 €
6 026 594 €
Total Charges
4 559 416 €
4 936 884 €
6 108 517 €
30 922 €
424 619 €
-81 923 €
Résultat
Communauté Pays Basque 50.000 €
Région Nouvelle-Aquitaine 481.000 €
Département Pyrénées-Atlantiques 7.000 €
23 %
45 %
MC DRAC
60.000 € /10 %
4%
MC DRAC NouvelleAquitaine 919.500 €
Département PyrénéesAtlantiques 168.000 €
29 %
Nouvelle-Aquitaine
ARS+ICB 5.000 €
2%
Eurorégion NAEN 40.000 €
23 %
8%
Ville de Biarritz 503.000 €
24 %
subventions d'exploitation 2022 : 2,357 M€
22.000 € / 4 %
Biarritz 500.000 €
74 %
Autres 130.000 €
21 %
Pyrénées-Atlantiques
16.000 € / 3 % CAPB
15.000 € / 2 % Biarritz SETB
12.000 € / 2 %
MC DCGA Pôle Coopération 24.000 €
14 %
MC DRAC Nouvelle-Aquitaine Artiste associé+SPIP 48.000 €
MC DGCA FILMS
3.000 € / 0 % ICB
2.000 € / 0 %
28 %
subventions de projets 2022 : 229 K€
subventions Festival Temps d'Aimer : 681 K€
EN BREF Nouveaux venus
Mécénat
© Olivier Houeix
Timothée Mahut, né à Metz. Formé au Conservatoire de Nancy et à l’École de Ballet du théâtre de Bâle en Suisse de 2017 à 2020 puis au Northern Ballet en Angleterre en 2020. Il intègre l’Europa Danse Company à Bruxelles en août 2021 puis le Junior Ballet de Zürich en août 2022 où il danse dans des chorégraphies de Crystal Pite, Hans Van Manen et Christian Spuck. Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en septembre 2023. Biarritz Piano Festival
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Le 7 août, place Bellevue, dans le cadre du Biarritz Piano Festival dirigé par le pianiste Thomas Valverde, Musique et Danse se sont réunies face à l’Océan autour de l’œuvre du sculpteur Jorge Oteiza. Sur des compositions de Thomas Valverde, trois artistes du Malandain Ballet Biarritz, Irma Hoffren, Mickaël Conte et Hugo Layer participaient à cet évènement.
© Olivier Houeix
Octobre Rose
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Chelsey Van Belle, née à Ostende (Belgique). Formée à l’École royale de Ballet d’Anvers sous la direction de Curtis Foley de 2018 à 2022. Elle participe à de nombreux stages d’été et classes au sein du Ballet royal de Flandres et du Malandain Ballet Biarritz. En 2017, elle est classée dans le top 12 au Youth America Grand Prix. Elle débute sa carrière en intégrant le Malandain Ballet Biarritz en septembre 2023.
© Anne Kuhn
© Olivier Houeix
Le Malandain Ballet Biarritz remercie le Groupe Lagrange Vacances, le fonds de dotation Lyra pour leur soutien nouveau apporté respectivement au Festival le Temps d’Aimer et au programme Art et Environnement, Planeta Dantzan.
Engagé dans la campagne Octobre Rose et la lutte contre le cancer du sein, le Malandain Ballet Biarritz en association avec Keep A Breast et l’Institut Danse Santé a réalisé une vidéo de sensibilisation à l’autopalpation. Tournée dans le décor de Noé de Thierry Malandain, les danseurs y effectuent les gestes simples permettant de diagnostiquer à temps le cancer du sein. Réalisée par l’Agence Suzanne sur une musique de Birrd, auteur de musiques électroniques, cette vidéo a bénéficié du soutien d’Indarra, fonds de dotation du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne et du label Yotanka Records. Téléchargement sur le site de Keep A Breast. https://keepabreasteurope.fr/keepabreast-app CND Pantin : Concourir !? Composé à parité d’universitaires et d’artistes, à l’invitation de Catherine Tsekenis, directrice du Centre National de la Danse, Thierry Malandain a eu l’occasion de participer au Comité scientifique du colloque international : Concourir !? coordonné par Laurent Barré et Laetitia Basselier. En amont des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, du 28 au 30 octobre, 22 communications et 2 conférences inaugurales, interrogeaient la pratique et l’histoire du concours de danse à l’aune des compétitions sportives au CND Pantin. Expositions à Mimizan et Mougins Du 12 août au 23 septembre à Mimizan, l'Airial Galerie a exposé des photographies d'Olivier Houeix autour des ballets de Thierry Malandain. Par ailleurs, depuis le 29 septembre jusqu’au 23 mars 2024, la Scène55 à Mougins propose une exposition intitulée « D’images à imaginaires ». À partir de 26 clichés d'Olivier Houeix, l’artiste dessinateur Rosendo Li s’y attache à construire une suite possible aux chorégraphies de Thierry Malandain par le moyen de la bande dessiné.
4ème Concours de jeunes chorégraphes de Ballet
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Organisé par le Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et le CCN Malandain Ballet Biarritz dans le cadre du Pôle de Coopération Chorégraphique du Grand Sud-Ouest, avec le CCN Ballet de l’Opéra national du Rhin, le Concours de jeunes chorégraphes de Ballet s’affirme comme un des concours de chorégraphie majeurs en Europe Pour cette 4ème édition, soutenu par le ministère de la Culture, il bénéficie du mécénat de Mme Aline Foriel-Destezet, de la Caisse des Dépôts et du Fonds de dotation Thierry Malandain pour la Danse. La finale publique aura lieu le 9 juin 2024 à la Gare du Midi de Biarritz. Ce concours sera doté de deux résidences de création, l’une au sein du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux, l’autre au sein du CCN Ballet de l’Opéra national du Rhin. Ces résidences seront suivies de la diffusion des œuvres créées. Il sera par ailleurs doté du Prix de Biarritz consistant en une bourse de 15.000 €, du Prix du public / Fondation de la Danse de 3.000 € et du Prix des professionnels de 3.000 €. Pour postuler, les candidats, résidant de l’Union Européenne, ont à envoyer une vidéo d’une chorégraphie personnelle mettant en scène au minimum 2 ou 3 danseurs, une note d’intention et leur CV avant le 22 décembre 2023 via le site : www.concours-de-jeunes-choregraphes.com
centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques
présidente Catherine Pégard vice-président Guillaume Pepy trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut trésorière adjointe, déléguée à la transition écoresponsable Monique Barbaroux déléguée à la coopération territoriale et internationale Marie-Christine Rivière administrateurs Gratien Maire, Anne Méhu, Clément Hervieu- Léger, Claudine Pons président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création artiste associé Jon Maya, Kukai Dantza maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt artistes chorégraphiques Noé Ballot, Giuditta Banchetti, Julie Bruneau, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Timothée Mahut, Alessia Peschiulli, Julen Rodriguez Flores, Alejandro Sánchez Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Chelsey Van Belle, Léo Wanner artiste chorégraphique chargé du développement artistique Arnaud Mahouy pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Jean- François Pailler
Production / Technique directrice technique Chloé Brèneur régisseur général Frédéric Bears régisseurs plateau Emmanuel Rieussec, Jean-Luc Del Campo, Bertrand Tocoua, Pascal de Thier, Thierry Chabaud régisseurs lumière Christian Grossard, Théo Matton régisseurs son Nicolas Rochais, Maxime Truccolo, Andde Carrere techniciens plateau Jean-Luc Del Campo, Renaud Bidjeck réalisation costumes Véronique Murat, Charlotte Margnoux régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors et accessoires Frédéric Vadé directeur technique festival Le Temps d'Aimer Jean-Pascal Bourgade techniciens chauffeurs Guillaume Savary, Stéphane Tisserant, Vincent Ustarroz agent d’entretien Ghita Ballouk Sensibilisation / Relations avec les publics intervenante EAC Ione Miren Aguirre intervenante Enseignement Art-Danse, Académie, ERD Carole Philipp Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon chargée des actions culturelles Laura Delprat attachée de production Noémie Zabala-Pihouée administratrice de production festival Le Temps d'Aimer Katariñe Arrizabalaga agents Delta Danse / Thierry Duclos, Klemark Performing Arts et Music / Creatio 300, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi
Claire Lonchampt, La Mort du cygne © Olivier Houeix
Transmission du répertoire maîtres de ballet Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt
Communication responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Cascino attachée à la communication Elena Eyherabide chargée de projet Eloixa Ospital attaché de presse Yves Mousset photographe Olivier Houeix Pôle chorégraphique territorial administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique responsable administrative et financière Séverine Etchenique comptable principale Arantxa Lagnet, Laurence Peltier comptable Marina Souveste secrétaire comptable Sonia Mounica secrétaire administrative Virginie Sichem Suivi et prévention médicale des danseurs Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Cascino Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun CCN Malandain Ballet Biarritz Gare du Midi • 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • ccn@malandainballet.com
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CALENDRIER SEPTEMBRE > DÉCEMBRE 2023
Les Saisons
15/11
Vendôme
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
17/11
Rouen
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
18/11
Rouen
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
19/11
Rouen
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
25/11
Cannes
Les Saisons
28/11
Divonne-les-Bains
Les Saisons
30/11
Échirolles
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
01/12
Échirolles
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
10/12
Roubaix
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
14/12
Versailles
Les Saisons, avec l’Orchestre de l’Opéra Royal dirigé par Stefan Plewniak
15/12
Versailles
Les Saisons, scolaire + tout public avec l’Orchestre de l’Opéra Royal dirigé par Stefan Plewniak
16/12
Versailles
Les Saisons, avec l’Orchestre de l’Opéra Royal dirigé par Stefan Plewniak
17/12
Versailles
Les Saisons, avec l’Orchestre de l’Opéra Royal dirigé par Stefan Plewniak
19/12
Evreux
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
Représentations au Pays Basque 15/09
Bardos
Mosaïque
16/09
Saint-Jean-Pied-de-Port
Mosaïque
17/09
Mauléon
Mosaïque
27/12
Biarritz
Les Saisons
28/12
Biarritz
Les Saisons
29/12
Biarritz
Les Saisons
30/12
Biarritz
Les Saisons
Représentations à l’International 05/10
Allemagne / Wolfsburg
Beethoven 6, avec l’Orchestre Philharmonique de la ville de Braunschweig dirigé par Srba Dinic
06/10
Allemagne / Gera
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
07/10
Allemagne / Gera
L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps
direction de la publication Thierry Malandain • conception et design graphique Yocom.fr • impression Graphic System (Pessac) • ISSN 1293-6693 - juillet 2002
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Les Saisons
Oloron-Sainte-Marie
www.malandainballet.com
Oloron-Sainte-Marie
04/11
Création, Les Saisons © Olivier Houeix
03/11
Licences L-R-21-009535 et L-R-21-009537
Représentations en France