Numéro 98 Janvier > Avril 2024

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JANVIER > AVRIL 2024

ÉDITO

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ACTUALITÉ

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ACTIVITÉ

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DANSE À BIARRITZ #92

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ACTION CULTURELLE

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

TERRITOIRE

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ACCUEIL STUDIO

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TRANSMISSION

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EN BREF

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CALENDRIER

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Patricia Velázquez & Raphaël Canet, Les Saisons © Houeix - Yocom


ÉDITO dans son crâne, avec les brumes, les angoisses, les douleurs invariables de l’enfantement, le chorégraphe ne fait que son labeur en essayant avec ceux qui l’entourent de colorer l’horizon d’azur comme l’aimant déposerait un baiser sur le front d’un être adoré.

Disons-le sans façons, pourries de chic pour user d’un jargon ancien et libre d’allure, les Saisons jusqu’à présent dansées à Oloron Sainte-Marie, Cannes, Divonne-les-Bains, Versailles, Biarritz et Venise sont un succès chouettement allumé par la presse et les bravos du public. Naturellement, les musiques d’Antonio Vivaldi et de Giovanni Guido piquées de délicatesses en leurs accords y sont pour quelque chose, l’engagement corps et âme des danseurs pour beaucoup. Quant au décor de Jorge Gallardo et aux lumières de François Menou, on ne peut rêver plus byronien. Et comme de bien entendu, tout ceci fait plaisir et charme les gens de goûts et les béotiens. Mais en vérité, à l’instar du langage argotique, « tantôt sombre et bref, tantôt imagé et plaisant, tantôt masqué comme Arlequin » (1), en ces temps carabinés où tout va de travers en travers, nous avons surtout turbiné dur et ferme pour blaireauter en belle humeur et en beauté les larmes d’un bouquet d’hécatombes. Car à moins d’avoir déjà déserté le monde et d’y vivre mort, d’être cancre en tête comme un pied de céleri ou d’héberger une écrevisse dans le vol-au-vent, on respire un air de pompe funèbre qui n’a rien de réjouissant. Pas de relâche pour les dévideurs de riens, les cracheurs de haine et les postillonneurs d’effroi. Les brutes, les faiseurs de coups et tous les sycophantes qui tourmentent l’humanité. Les gros appétits avides des ressources de la terre et du sang des peuples toujours obligés de subir leurs méfaits au nom du bien, de la lumière ou d’un grand arroseur céleste. Mais là, pardon je m’arrête : quel genre de Dieu accepterait qu’on dégomme la vie humaine à échelle bombastique, alors que les portes du ciel se trouvent dans la puissance de l’amour et le cœur ému de chacun ? On me dit, comme ça, qu’il est imprudent de déballer ainsi mes tirades. Je m’en bats l’œil, mais vais néanmoins la fermer de crainte de dire pis que pendre. Ce qui me permettra du même pas de réduire mes émissions de gaz à effet de nerfs. Un fort bon prétexte pour se tirer d’affaire et préserver la Planète. Gardons toutefois en tête que la Danse ne prétend pas forger une clef du bonheur meilleure que toutes autres, mais qu’au-delà de divertir et de parler à l’âme par l’intermédiaire des sens, elle console de bien des malheurs. Partant de là, comme tout artiste ressentant les orages en cris éclatants

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Sans transition apparente, rédigé à l’heure matinale où dorment encore les poules et les braves gens, ce Numéro 98 consacre un article à l’oubliée Léda Ginelly, qui après l’ouragan de la Grande Guerre fit valoir un quadruple talent de danseuse, comédienne, musicienne et chanteuse. Se montrant émule d’Isadora Duncan, mais surtout « rythmicienne » pour transformer la musique en interprétations expressives, on retiendra que les « télévisionnistes » purent la voir en janvier 1936 à une émission publique de télévision émise depuis la tour Eiffel. Elle n’était pas la première danseuse « télévisionnée », puisque la séance inaugurale de la chaine Radio P.T.T. se déroula en décembre 1935 avec Suzanne Lorcia, de l’Opéra. Autre anecdote méconnue, après les élections législatives d’avril-mai 1936, qui portèrent au pouvoir le Front populaire, nombre de ceux qui vivaient pour l’art et la beauté fondèrent : « Mai 36 ». Un mouvement auquel Léda Ginelly appartint tout comme Marie-Louise Didion et Serge Peretti, de l’Opéra et d’autres artistes et techniciens. Ayant pour devise : « Culture pour tous et non pour quelques-uns », son manifeste qui n’a pas pris une ride se relit comme un grand classique de la démocratisation culturelle avec cette profession de foi chorégraphique : « l’art de la danse redeviendra l’art populaire par excellence, offrant à tous beauté et joie calme » (2). Belle et joyeuse occasion d’annoncer que le Fonds de dotation Thierry Malandain pour la Danse créé en 2019 dans le but de soutenir la création et des projets éducatifs, d’aider à la reconversion des danseurs, mais aussi de contribuer à la recherche et à la conservation du patrimoine chorégraphique devient une Fondation abritée par l’Académie des beauxarts. Je remercie chaleureusement le Secrétaire perpétuel, Laurent Petitgirard et les membres de l’Académie, Astrid de La Forest, Régis Campo et Didier Deschamps qui composeront le Conseil d’administration. Mais aussi les généreux donateurs et les Amis du Malandain Ballet Biarritz dont l’enthousiasme et la fidélité tiennent du jamais vu. Il a déjà été dit que le Fonds de dotation soutenait la parution d’ouvrages sur la danse et le Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet dont la 4ème édition se déroulera à Biarritz en juin prochain. Mais avant que 2023 ne s’achève, son ultime action aura été d’offrir à une danseuse et chorégraphe une pierre tombale sur laquelle on pourra désormais lire le nom un siècle après sa disparition en 1922 : Marie-Thérèse Gamaléri, dite Mariquita, qui servit la danse « avec beaucoup de foi, de passion, de sincérité » (3) jusqu’à Pirouettes son ballet d’adieu à l’Opéracomique en 1920 à l’âge de 79 ans. Quand on est mort, c’est ordinairement pour longtemps, mais dans le monde intérieur du souvenir et de l’Esprit, la vie est éternelle.


ÉDITO des périls, espérait que le monde éviterait la guerre si les individus connaissaient un éveil moral et spirituel. Laissant à l’écurie les Quatre cavaliers de l'Apocalypse et leurs fléaux : mort, famine, guerre et conquête, le « réarmement » de Frank Buchman prônait « quatre absolus » : honnêteté, pureté, désintéressement et amour. Disons-le sans détours : Chiche ! Car si l’on compte bien, rien qu’en trois fois Quatre saisons, la Terre pourrait devenir un Paradouze : un Paradis dans l'argot calembourique du peuple.

n Thierry Malandain, 13 janvier 2024

Les Saisons © Olivier Houeix

Dans cette espérance, nous adressons nos condoléances émues à la famille et aux proches de Philippe Oyhamburu décédé à Biarritz en décembre dernier à 102 ans. Danseur, chorégraphe, musicien, chef de chœur, directeur de troupe et de théâtre, homme de lettres et de radio, mais surtout ambassadeur de la culture basque ayant mis à l’honneur ce mot du prêtre musicologue Gaizka Barandiaran : « la patrie se construit aussi avec les pieds », Philippe Oyhamburu était un amoureux fou de la musique et de la danse. Ayant aussi le goût du bonheur et de la liberté au plus haut degré, il avait un jour déclaré : « Le changement viendra tôt ou tard, mais il est en cours. Nous ne pouvons supporter le monde tel qu’il est… c’est évident ! » (4).

Alors que le monde d’après nous laisse aujourd’hui plus que jamais beau à pied sans lance, autrement dit mal à cheval et complètement désarmé, souhaitons que l’année nouvelle dissipe tout ce qu'il y a de faux, d'injuste et de contraire au bien commun et offre à tous et non pour quelques-uns beauté et joie calme. Et pour conclure, le mot « réarmement », pour le moins martial ayant été mis à l’ordre du jour comme la promesse d’un changement en 2024. Rappelons, tout en étant prudent sur les jurements de changer la vie et les importations de biens et de services du Nouveau Monde : le Moral Re-Armament (MRA). Un mouvement d'évangélisation refondé sous ce terme en 1938 par le pasteur américain Frank Buchman, qui face à la montée

(1)

Dictionnaire du jargon parisien, Lucien Rigaud, 1878, p.5

(2)

Le Populaire, 3 mai 1937

(3)

Excelsior, 1er janvier 1919

(4)

Euskonews, 8 octobre 2010


ACTUALITÉ

Tournées

Loan Frantz, Giuditta Banchetti, Hugo Layer, Mickaël Conte, Les Saisons © Olivier Houeix

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Le mois de mars débutera en Martinique par trois représentations à l’Atrium de Fort de France, où spectacles, moments d’échanges et ateliers seront partagés avec des compagnies locales et des écoles de danse les 1er, 2 et 3 mars. Les ballets représentés seront Nocturnes, Mozart à 2 et Boléro. De retour des

Teatro La Fenice © Renaud Bidjeck

Après quatre représentations du ballet les Saisons réunissant 5.279 spectateurs entre le 27 et 30 décembre à la Gare du Midi de Biarritz, avec le soutien du Palazzo Garzoni, l’année 2024 s’est ouverte à Venise par cinq représentations au Teatro La Fenice du 10 au 14 janvier. Succédant aux Ballets de Monte-Carlo et au Ballet de Hambourg, sous la baguette de Stefan Plewniak, les Saisons étaient accompagnées par l’Orchestra del Teatro La Fenice, tandis que le ballet Nocturnes était joué au piano par Thomas Valverde. De retour au Pays basque, les Saisons furent dansées dans la foulée au Teatro Arriaga de Bilbao les 19 et 20 janvier. La compagnie s’est ensuite produite au Théâtre Olympia d’Arcachon avec l’Oiseau de feu de Thierry Malandain et le Sacre du printemps de Martin Harriague le 23 janvier, à l’Espace Michel Croz de Chamonix le 27 avec le programme Mosaïque puis au Théâtre Équilibre de Fribourg en Suisse avec l’Oiseau de feu et le Sacre du printemps le 30 janvier. Elle poursuivra le 1er février au Théâtre de Roanne avec Mosaïque, et donnera les Saisons au Théâtre Le Splendid de Saint-Quentin-dans-l’Aisne le 4 février et la Pastorale au Grand Théâtre d’Aix-enProvence les 9 et 10 février. Elle retrouvera ensuite l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles et son chef Stefan Plewniak au Vendespace de La-Roche-sur-Yon, où les Saisons seront données pour tout public le 18 février et pour le jeune public le 19 avant de se rendre en Suisse où le Stadttheater de Schaffenhausen accueillera les Saisons le 22 février, puis en Allemagne au Theater am Ring de Villingen-Schwenningen le 24 avec l’Oiseau de feu et le Sacre du printemps et au Burghof de Lörrach avec Nocturnes, Mozart à 2 et Boléro le 27.

Caraïbes, accompagnée de l’Orquesta Sinfónica de Navarra conduit par Stefan Plewniak la troupe dansera les Saisons en scolaire au Baluarte de Pampelune le 8 mars et le 9 pour tout public. Elle se produira ensuite au Théâtre des Sablons de Neuilly le 12 avec les Saisons, le 13 au Centre d’Art et de Culture de Meudon avec Mozart à 2 et Beethoven 6, à l’Opéra de Reims les 15 (représentation scolaire), 16 et 17 avec les Saisons, au Théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-enLaye le 19 avec la Pastorale, au Théâtre des Bergeries de Noisy-le-Sec le 20 avec Mozart à 2 et Beethoven 6, au Théâtre Espace Coluche de Plaisir les 22 et 23 avec la Pastorale. Ce même programme sera donné à La Lanterne de Rambouillet le 26. Nous finirons le mois de mars déjà bien rempli à l’Opéra de Saint-Étienne où deux représentations jeune public et tout public des Saisons seront données le 29. Le mois d’avril sera plus doux avec deux spectacles des Saisons à La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle les 3 et 4 et en Sardaigne où Mozart à 2 et Beethoven 6 seront dansés au Teatro Comunale de Sassari le 19 et au Teatro comunale de Cagliari les 20 et 21.


ACTUALITÉ

Les Saisons LA PRESSE EN PARLE

Les Saisons © Olivier Houeix

chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo lumières François Menou réalisation costumes Véronique Murat, Charlotte Margnoux réalisation décor Frédéric Vadé réalisation accessoires Annie Onchalo assistants décor et accessoires Nicolas Rochais, Gorka Arpajou, Félix Vermandé, Raphaël Jeanneret, Christof t’Siolle, Txomin Laborde-Peyre, Marouschka Miramon, Karine Prins, Sandrine Mestas Gleizes, Fanny Sudres et Fantine Goulot

artistes chorégraphiques Noé Ballot, Julie Bruneau, Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Timothée Mahut, Alessia Peschiulli, Julen Rodríguez Flores, Alejandro Sánchez Bretones, Ismaël Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Chelsey Van Belle, Allegra Vianello, Laurine Viel, Léo Wanner. maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt Ballet créé le 25 novembre au Palais des Festivals de Cannes dans le cadre du Festival de Danse de Cannes - Côte d’Azur France, puis représenté du 14 au 17 décembre à l’Opéra royal de Versailles avec l’Orchestre de l’Opéra royal placé sous la direction de Stefan Plewniak, violoniste et 1er chef d’orchestre.

Malandain : Une Saison au Paradis Thierry Malandain continue d’adapter de grandes œuvres musicales pour la danse, et le public lui en sait gré ! Sa troupe, le Malandain Ballet Biarritz fait salle comble où qu'elle aille. Le chorégraphe revient avec un nouveau ballet, Les Saisons, salué par un tonnerre d'applaudissements au Festival de danse de Cannes lors de sa création récente. Le public du sublime Opéra royal de Versailles, dont nous faisions partie, lui a réservé un accueil tout aussi triomphal. L'idée de cette nouvelle pièce lui a été soufflée par Laurent Brunner, le patron de l'Opéra royal de Versailles, et Stefan Plewniak, son chef d'orchestre. Elle consistait à créer par la danse un trait d'union entre deux œuvres contemporaines inspirées du même thème : Les Quatre Saisons de Vivaldi, bien sûr, et les moins connues Quatre Saisons de l'année, de son compatriote Giovanni Antonio Guido. Ainsi, les concertos des deux compositeurs s'enlacent sous la baguette de l'étonnant Stefan Plewniak qui, en véritable homme orchestre, dirige en même temps qu'il joue magistralement du violon. La musique dans la fosse est de haute tenue, de même que la danse sur la scène. Thierry Malandain utilise comme toujours le style classique, qu'il agrémente cette fois d'emprunts à la danse baroque : glissades, pas de bourrée et autres révérences. Rarement une chorégraphie n'avait offert si parfaite harmonie avec la musique : chaque geste « dessine l'air » et la musique pour reprendre l'expression de Serge Lifar-, produisant une pure émotion.

n Le Figaro Magazine, François Delétraz, 29 décembre 2023

Les Saisons de Thierry Malandain en création mondiale au Festival de Danse de Cannes, un hommage à la nature qui brille par le génie humain. Un paradoxe ? De baroque en baroque, chez Thierry Malandain, les Saisons – d’Antonio Vivaldi comme de Giovanni Antonio Guido – se suivent et ne ressemblent

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ACTUALITÉ Deux climats chorégraphiques

LA PRESSE EN PARLE

••• pas. Et petit à petit l’hiver se glisse partout. Il rentre dans les brèches entre le printemps et l’été, se renforce à l’arrivée de l’automne. Et finalement, il prend le pouvoir. Un hiver tel un mauvais présage, nucléaire peut-être. Cet hiver-là, ce sont des humains en costumes blancs, les bras prolongés par des ailes en forme d’énormes feuilles noires. L’humanité s’est brulé les ailes, elle chute à l’instar d’Icare. Et l’hiver tombe, peut-être à jamais. Sur les murs, les mêmes feuilles, mais traversées par des couleurs plus animées. Une nature morte, un souvenir de temps plus heureux ? Thierry Malandain crée sur les hommages à la nature de deux maîtres baroques, mais il dit ne pas vouloir faire une pièce « écologiste », car : « D’autres font ça mieux que moi. » Pas si sûr. Au lieu d’asséner un message didactique, mieux vaut parfois, comme le fait ici le directeurfondateur du Malandain Ballet Biarritz, laisser parler subtilité et complexité, beauté et harmonie, en accord avec les partitions baroques dédiées au cycle des saisons. Et pourtant ce maître de ballet moderne déclare : « La nature est peut-être en deuil de voir l’humanité tomber aussi bas. » La musique baroque, elle, crée de la hauteur. Deux Saisons baroques Dans Les Saisons, deux compositeurs croisent leurs archers. Violonistes tous les deux, l’un apprit la musique à Venise, l’autre à Naples. Le premier, célèbre, travailla à Vienne. Le second, peu connu, s’installa en France où il fut le Maître de Musique de Philippe d’Orléans. Malandain réunit ici Le Quattro Stagioni de Vivaldi et les Scherzi armonici sopra le quattro stagioni dell’anno de Giovanni Antonio Guido (1675-1729), contemporain du Vénitien (1678-1741). Deux approches, l’une envolée, l’autre plus cérémoniale, avançant pas par pas, comme écrite pour un bal. Leur rencontre – tardive bien qu’ils

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Giuditta Banchetti & Hugo Layer, Les Saisons © Olivier Houeix

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Alejandro Sánchez Bretones, Laurine Viel, Clémence Chevillotte, Ismael Turel Yagüe Les Saisons © Olivier Houeix

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aient été contemporains – correspond bien à l’esprit découvreur de Malandain qui n’est pas seulement un passionné de l’histoire de la danse, mais aime autant dénicher des trésors cachés de l’histoire musicale. Cette fois cependant, il n’est pas seul dans le rôle de l’éclaireur. Vivaldi agaçant ? En 2021, Château de Versailles Spectacles sort un enregistrement qui réunit les deux œuvres et son directeur Laurent Brunner demande à Thierry Malandain de réfléchir à une approche chorégraphique VivaldiGuido. Malandain accepte le défi, car c’est justement ce qui l’intéresse ici. Vivaldi seul aurait été moins savoureux : « Il est vrai que Les Quatre Saisons du musicien vénitien ont tellement été entendues, tant exploitées jusqu’au malentendu, qu’en réaction, devenues de véritables rengaines, elles peuvent agacer, susciter la plus totale indifférence, ou bien dans notre cas envahir de pensées mélancoliques. » Mais ce n’est pas, pour lui, une raison de s’y refuser, d’autant plus que Malandain a déjà porté sa touche chorégraphique à cette rengaine omniprésente qu’est le Boléro de Ravel et que, selon lui, Les Quatre Saisons de l’année de Giovanni Antonio Guido « devraient apporter un air frais, un renouveau ».

Et il n’a pas tort, le contraste entre les deux univers baroques lui permet d’articuler sa chorégraphie en deux ambiances. Sur les fastes de Vivaldi, plus proches du registre symphonique viennois, la chorégraphie déploie la puissance de la compagnie dans toute la richesse de son inépuisable inventivité. Des chaînes, des formes improbables, des structures libres et comme produites par les forces de la nature émergent sans crier gare, pour se fondre dans la suivante. Utilise-t-il un logiciel, comme en son temps Merce Cunningham, pour pousser toujours plus loin les limites de l’imagination ? « Dans le studio de danse, je monte sur une chaise et puis les idées viennent. La difficulté est ensuite de les caler sur la musique », répond-il. Sur les orchestrations plus aérées, mais moins fluides de Guido, Malandain réinvente des danses de cour à travers des réminiscences traditionnelles. Les costumes sont dorés, les motifs chorégraphiques plus simples. On y rencontre des visions libres des pas basques, revus dans un esprit contemporain. Et les danseurs se rencontrent, jouant avec le souvenir de la contredanse et du quadrille. La nature furieuse ? Derrière les figures humaines des Saisons se dessinent des oiseaux, une forêt, des insectes, des baleines, une chenille, le Faune et peut-être un pingouin si ce ne sont les Beach Birds de Cunningham... Et en chaque saison, la nature fait preuve d’une belle vitalité, même en hiver. C’est le côté optimiste de Malandain. Mais la partition de Vivaldi est aussi plus propice aux accents dramatiques et peut ici évoquer une fureur certaine de la nature. Au fur et à mesure, l’ordre climatique se dérègle, même si la suite des saisons aurait pu prendre un cours plus rocambolesque. Mais du début à la fin, les extraits des deux œuvres musicales dialoguent selon le rythme de la rotation terrestre, suivant


ACTUALITÉ le principe ABAB, ici à lire comme VGVG : Printemps Vivaldi, printemps Guido, été Vivaldi, été Guido… Par contre, le jeu des couleurs de fond qui traversent le feuillage mural – le scénographe Jorge Gallardo en tapisse les murs de façon bien proprette – semble connaître quelque désordre. Les ambiances chorégraphiques aussi commencent à se dérégler, comme pour suggérer le bon vieux dicton d‘ « y’a plus d’saisons », déjà bien connu à l’époque de Vivaldi.

feu et le Sacre du Printemps de Stravinski récemment, Malandain joue aujourd’hui la carte de la musique baroque, à la demande du Centre de musique baroque de Versailles pour lequel il a déjà abondamment œuvré. Et avec un double enjeu : associer les plus que populaires Saisons de Vivaldi à celles d’un compositeur franco-italien, Giovanni Guido (1675-1729), lequel eut ses heures de gloire à la cour de France et composa son œuvre à peu près au même moment que Vivaldi.

En somme, Thierry Malandain démontre avec Les Saisons qu’il est non seulement indémodable, mais que son écriture s’affine avec l’âge, telle la texture d’un bon Irouléguy ou autre grand vin du Pays Basque. Non seulement elle s’affine, mais elle s’enrichit, se complexifie et se fait toujours plus détaillée, plus vivace. Si Malandain fait ici attention à ne froisser personne, il faut bien garder en vue qu’il s’agit d’une commande de Château de Versailles Spectacles et que la musique de Guido, hymne à la gloire des puissants et à la beauté de la vie, est parfaitement versaillaise – ce qui reste vrai même si ce messager de la musique italienne en France fréquenta d’autres châteaux de France. Quant à la tournée des Saisons, elle résonne parfaitement avec son histoire musicale. En janvier 2024, le ballet sera donné à Venise, et l’orchestre sera placé sous la direction de Stefan Plewniak, autre égérie du projet chorégraphique VivaldiGuido-Malandain. Aucun doute que dans la ville de naissance de Vivaldi ce pas de deux musical au fil des saisons résonnera particulièrement, comme aussi au Château de Versailles, et bien sûr à la Gare du Midi de Biarritz, château à deux tours de la danse en Pays Basque. Il n’en fallait pas plus pour démontrer à quel point Thierry Malandain conduit une mission saute-frontières, entre pays voisins autant qu’entre les époques et cultures chorégraphiques : baroque, classique, contemporain et tradition basque... Aussi Les Saisons relit et relie, avec brio et fanfares, quatre points cardinaux (si ce n’est : quatre saisons) du patrimoine chorégraphique.

n Danser Canal Historique, Thomas

Hahn, 4 décembre 2023

[…] Comme à Monaco, le passé dansant de Cannes est riche et le mouvement y est autant roi que l’image mobile que célèbre le cinéma. Ville star donc et surtout, entrée en matière éblouissante avec deux grands d’aujourd’hui, l’Israélienne Sharon Eyal et le Français Thierry Malandain, devenu pièce maîtresse de la création chorégraphie française, depuis son tremplin océanique avec Ballet Biarritz. Comme toujours porté par de grandioses musiques, notamment la Pastorale de Beethoven, l’Oiseau de

Et, plus encore que ses précédentes créations, ce ballet – car pour une fois on ose employer ce terme – est une merveille, laquelle comme l’indique Malandain, murira encore, car elle a été composée en six semaines, ce qui est bien peu pour une telle pièce. Astucieusement (sur la base de l’enregistrement de Stefan Plewniak à Versailles pour Vivaldi et de Roger Hamilton avec The Band of Instruments pour Guido) les deux œuvres musicales alternent, mettant en opposition, pour le génois Guido, les entrelacs sophistiqués des humains se courtisant, et pour Vivaldi, les souffrances et les élans d’une nature mystérieuse, aussi fragile que violente. Malandain n’étant en rien un créateur doctrinaire, il est parcouru d’impulsions, qui deviennent inspirations face à ses danseurs, lesquels attendent l’étincelle pendant que le chorégraphe, imbibé de musique, laisse peu à peu parler son imaginaire. Le mélange entre cette quasiimprovisation et la terrible symétrie, l’emboîtement parfait des ensembles, requérant tout de même une maîtrise des corps et un rapport à la salle qui tient de la plus haute virtuosité. Contrairement à tant d’autres créateurs du moment, Malandain, bien que profondément en phase sur des sujets contemporains qui lui tiennent à cœur, sait aussi penser le concept de spectacle et

Conte & Claire Lonchampt, h Mickaël Les Saisons © Olivier Houeix Wanner & Allegra Vianello, i Léo Les Saisons © Stéphane Bellocq

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ACTUALITÉ LA PRESSE EN PARLE

••• construire des séquences aussi importantes à regarder, qu’à ressentir. Ici, ce sont comme des esprits de la forêt, des animaux parfois, bien que rien ne soit véritablement figuratif, qui mènent le jeu, se groupant dans de longues chaînes (figures qui ont été inspirées par la danse basque à Malandain, passionné de folklore, qui lui paraît la base de l’expression dansée) ou se resserrant sur quelques solos – notamment celui d’Hugo Layer, toujours la danse personnifiée, avec des mouvements dont chacun est juste, limpide, jamais récité, sans parler d’un admirable placé. Tout se déroule dans un au-delà de la pensée logique, avec juste des images portées par le créateur, et qui se communiquent au public librement, chacun les interprétant à sa façon, pour en garder une trace émouvante. Les costumes dessinés par Jorge Gallardo, habituel complice de Malandain, sur fond de feuillages changeants, sont ici d’une beauté autant que d’une simplicité grisantes, notamment les longs pétales, ou ailes, qu’agitent les danseurs, tandis que de parlantes esquisses de robes à panier et pourpoints baroques viennent accompagner les mouvements inspirés par la musique de Guido, pour des danses plus humaines, dans lesquelles on apprécie la façon dont Malandain a su retrouver le parfum des moulinets de mains et la souplesse de pieds propres à la danse baroque. Sujet profond que cette plongée un rien shakespearienne (difficile de ne pas penser au Songe d’une Nuit d’été) dans une nature menacée, mais dont le chorégraphe sait qu’il ne lui appartient pas de juger l‘évolution. Il est là pour suggérer, pas pour imposer, et on le remercie de cette poétique démarche, bien plus profonde et fructueuse que les démonstrations besogneuses de ses contemporains. Ces Saisons, superbement dansées par un Ballet Biarritz en plein essor, particulièrement les garçons, passent comme un souffle, et on en reste à la fois triste tant est forte la mélancolie qu’elles dégagent, et heureux que le mouvement en soit aussi magnifiquement le vecteur. Enfin, de la vraie danse et non de l’agitation, et qui, après cette création mondiale à Cannes, sera idéalement à sa place sur le plateau de l’Opéra Royal de Versailles.

n Concert Classic, Jacqueline Thuilleux, décembre 2023

Patricia Velázquez et Noé Ballot, Les Saisons © Stéphane Bellocq

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Les Saisons de Thierry Malandain : un élégant ballet graphique et musical Qui ne connaît pas les Quatre saisons de Vivaldi ? Mais l’illustre musicien n’est pas le seul à avoir été inspiré par cet inlassable cycle du temps. Son contemporain Giovanni Antonio Guido a

graphiques, ils dessinent une humanité chancelante. Si les danseuses jaillissent dans d’impressionnants grands écarts des bras de leurs partenaires, les corps sont au fil du temps toujours plus happés par le sol, les têtes basses. Quant au Printemps de Vivaldi succède celui de Guido, apparaît alors un quatuor paré de jupes à panier et longs gilets chatoyants qui déploie un baroque d’une élégance folle, comme un idéal gracieux aujourd’hui oublié. Entre chaque couple de saisons, surgissent d’étranges et majestueux personnages. Créatures affaiblies par les turpitudes humaines ou annonciatrices de mauvais augures, elles sculptent l’air des longs pétales souples et sombres qui prolongent leurs bras, dans une danse ample qui s’achèvera en une nuée tournoyante. Si Les Saisons n’ont pas la force émotionnelle de La Pastorale, elles consacrent une fois encore l’exceptionnel talent musical de Thierry Malandain et l’excellence de sa troupe biarrote, et devraient s’épanouir avec encore plus de bonheur sous les ors de l’Opéra de Versailles et emmenées par son orchestre.

n La Terrasse, Delphine Baffour, 1er décembre 2023

Les Saisons de Malandain enchantent les nuits versaillaises

lui aussi composé sur ce thème des suites de danse aujourd’hui largement oubliées. Sur la proposition conjointe du directeur de Château de Versailles Spectacles, Laurent Bruner, et du chef d’orchestre Stefan Plewniak, Thierry Malandain les entremêlent aujourd’hui dans un ballet très musical à l’élégance crépusculaire. En s’ouvrant le rideau dévoile un tableau à la beauté saisissante. Les silhouettes en clair-obscur des vingt-deux interprètes du Ballet de Biarritz se détachent d’un fond lumineux sur lequel sont déposés de superbes et monumentaux pétales noirs imaginés par Jorge Gallardo. Le Printemps de Vivaldi leur donne vie et de rondes en chaînes, dans des compositions très

Dans la fosse, les musiciens de l’orchestre de l’Opéra royal de Versailles accordent leurs instruments. Toutes les huiles de la ville, les mécènes de l’établissement, les aficionados du lieu ont fait le déplacement. En s’emparant des Quatre saisons d’Antonio Vivaldi et de celles de Giovanni Antonio Guido, Thierry Malandain, faisant suite à la proposition conjointe de Laurent Bruner, directeur de Château de Versailles Spectacles, et Stefan Plewniak, violoniste et premier chef d’orchestre de l’Opéra royal, crée l’événement. Loin d’imaginer un jour qu’il écrirait un ballet autour des mythiques concertos pour violon du compositeur italien, véritables tubes baroques connus du monde entier, le chorégraphe biarrot a su avec ingéniosité non seulement mâtiner son écriture d’une touche bienvenue de contemporanéité mais aussi éviter les écueils en cédant à une gestuelle facile et attendue. De l’ouverture à la fermeture de rideau, les tableaux imaginés par Thierry Malandain s’enchainent avec une délicate fluidité et saisissent par leur beauté conjuguant épure et sophistication. Chaque geste semble faire écho à une note, chaque enchainement de mouvements à une partition tantôt allegro, tantôt staccato. Tout a été pensé pour que l’harmonie soit parfaite, pour que


ACTUALITÉ l’écriture du chorégraphe se fonde avec celle entrainante de Vivaldi et celle plus âpre mais tout aussi chatoyante de Guido.

les petites mains habiles de ce somptueux ballet néo-classique mais pas que – c’est toute sa magie – signé Malandain !

Costumes contemporains pour l’un – justes-au-corps transparents et moulants qui s’accordent pour les danseuses avec des jupes plissées noires et pour les danseurs avec des pantalons fluides de même couleur – , tenues plus baroques pour l’autre se déclinant en fonction des saisons, danses graphiques d’un côté, plus néo-classiques de l’autre, Malandain s’appuie sur les différences de rythmiques et de tons des partitions pour décliner sa prose, pour la réinventer, lui donner une coup de fouet tout en grâce retenue.

n L’Œil d’Olivier, Olivier FrégavilleGratian d’Amore, 15 décembre 2023

Dans un écrin splendide imaginé par Jorge Gallardo, fait d’immenses pétales noirs comme calcinés rappelant la fragilité de la nature, le danger funeste qui la guette, les 22 interprètes tracent des lignes, prennent

la pause, dessinent de belles rondes avant de s’éparpiller telles des nuées de volatiles prêts à en découdre avec le monde qui les entourent. S’inspirant des cycles du temps, Les Quatre Saisons de Vivaldi et Guido invitent à questionner l’époque, la leur tout d’abord, mais aussi la nôtre. C’est la toute l’intelligence de Malandain faire entendre au temps présent avec intensité et juste ce qu’il faut d’éclat ces deux partitions, l’une éculée, l’autre oubliée. Jouée en direct par et sous la direction du violoniste virtuose Stefan Plewniak, la musique de Vivaldi se conjugue à celle de Guido, embrase le plateau, traverse les corps des danseuses et danseurs et transcende leurs gestes intensément, profondément. Sombres présages, augures inquiétants, les visages fermés, les muscles bandés, chacun fait face à l’avenir incertain, à ces saisons qui se suivent et ne se ressemblent pas, mais tels des phénix, ils renaissent à chaque rondo. Anges déchus ou séraphins insouciants, ils dansent tournent et virevoltent. Majestueux, sublimes, ils sont

Thierry Malandain redessine Les Saisons à l’Opéra royal de Versailles Créée au Festival de danse de Cannes, la pièce du directeur du Ballet de Biarritz est magistrale. De grands pétales calcinés tapissent les murs ; la lumière s’y coule claire ou rousse à mesure que passent les saisons. Celles de Vivaldi et de Guido, compositeurs si contemporains que l’histoire a oublié lequel a signé le premier

une partition sur ce thème. La postérité, elle, a su distribuer ses faveurs. Les Saisons de Vivaldi sont usées, celles de Guido, sans intérêt particulier. Mais la commande est venue de l’Opéra royal de Versailles et à la demande du chef Stefan Plewniak, à la tête de l’Orchestre royal du château. Créées au Festival de danse de Cannes, ces Saisons pour les 22 danseurs de son Ballet de Biarritz sont une des plus belles pièces de danse à voir. La beauté ? Celle de Malandain ne tient pas au décor, à la musique, à une de ces alchimies surgies d’horizons divers qui signent souvent le plaisir d’un spectacle. Elle tient à la danse même. Rarement on a vu combinées avec autant de sagacité, de raffinement, d’effronterie le vocabulaire, le répertoire, les tracés. Malandain n’a pas usurpé sa nomination d’académicien à la section beaux-arts de l’Institut de France ! Personne ne connaît comme lui les trésors de la danse française depuis Louis XIV. Dans ces Saisons, il se laisse inspirer par son savoir sans jamais le plaquer. Ce que fait Ratmansky pour la danse classique du XIXème siècle, puisant à la source des

milles pas classiques éradiqués par la recherche de la virtuosité, il le fait plus largement, familier du chemin qui mène des danses folkloriques à la danse baroque et au classique, faisant feu de tout cela pour écrire du contemporain. C’est son matériau et il l’utilise à l’infini, comme un peintre ses couleurs. Il crée avec une inspiration souveraine, en toute liberté, sans essayer de faire montre d’érudition. Malandain découpe la musique. Vivaldi ménage des havres à Guido, et ce faisant casse sa ritournelle, mettant à vif ses attaques et ses méandres. Pour les parties Guido, Malandain a écrit un quatuor élégant qui, en robe à panier ou redingote enfilées sur leur costume noir, joue le contrepoint. Il décline les figures sobres et parfaitement dessinées de « la Belle Danse ». Les parties Vivaldi éblouissent : le corps de ballet évolue « en chaîne » selon des figures empruntées au folklore basque. L’entrée dans la chaîne, les demi-cercles

h Les Saisons © Olivier Houeix Sánchez Bretones, Clémence Chevillotte, i Alejandro Laurine Viel, Ismael Turel Yagüe, Les Saisons © Olivier Houeix

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ACTUALITÉ LA PRESSE EN PARLE

••• et les rondes que cette danse dessine sont une source d’invention, d’autant plus que Malandain y superpose le vocabulaire de la danse classique. Entre ces niveaux s’intercale une troisième. Justaucorps chair et bras ganté d’une aile noire, des danseurs tentent un ballet céleste. Ces figures d’anges essaient de balayer les désordres du temps. La danse porte tout, de l’allégresse du printemps aux passions de l’été, sans omettre l’inquiétude de l’époque. Pas de message, cependant. Juste une splendide invitation à méditer sur la beauté de la vie et le passage du temps.

n Le Figaro, Ariane Bavelier, 13 décembre 2023

Les Saisons de Thierry Malandain – Malandain Ballet Biarritz Thierry Malandain propose cet automne sa dernière création, Les Saisons, pour le Malandain Ballet Biarritz. Une commande de l’Opéra Royal de Versailles, mais dont la première a ouvert l’édition 2023 du Festival de Danse de Cannes. Ce ballet en quatre actes mêle la célébrissime partition d’Antonio Vivaldi à celle méconnue de Giovanni Guido, composée à la même époque. Le chorégraphe livre une

Hugo Layer, Les Saisons © Olivier Houeix

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Les Saisons © Olivier Houeix

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Laurine Viel, Ismael Turel Yagüe, Alejandro Sánchez Bretones, Clémence Chevillotte Les Saisons © Olivier Houeix

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création virtuose, composant une série de superbes ensembles complexes pour une compagnie irréprochable techniquement, portée par le soliste charismatique Hugo Layer qui illumine la scène. Musicien remarquable, Thierry Malandain parvient à se jouer de la collision entre deux partitions qui détonnent et propose une ode à la nature sublimée par la très belle scénographie de Jorge Gallardo. Thierry Malandain ne cache pas que, jamais, il ne lui serait venu à l’esprit d’imaginer une chorégraphie sur Les Quatre Saisons d’Antonio Vivaldi. Une partition paradoxale, composée de quatre concertos pour violon qui comptent parmi les chefs-d’œuvre du répertoire baroque, mais que l’on a parfois usée jusqu’à la corde dans les interminables attentes téléphoniques ou les maudites musiques d’ascenseur. Aucune œuvre n’a été autant galvaudée, faisant parfois oublier son génie. Fort heureusement, on redécouvre depuis une trentaine d’années la qualité musicale unique des Quatre Saisons. Thierry Malandain a été séduit par l’idée d’entrecroiser cette partition iconique avec celle de Giovanni Antonio Guido qui, à la même époque, au début du XVIIIème siècle, écrit lui aussi sur ce thème des saisons. L’idée est alléchante mais peut se révéler cruelle à l’écoute. La musique de Guido paraît bien anecdotique et sans génie. Apposée à celle de Vivaldi, elle heurte parfois l’oreille et oblige à une gymnastique permanente. Thierry Malandain se joue de ces dissonances grâce, en particulier, au décor unique réalisé par le chilien Jorge Gallardo. Soit trois murs recouverts d’une rangée de pétales géants aux allures de feuilles qui prennent les belles lumières de François Menou, passant d’une couleur à l’autre au fur et à mesure des saisons. Cette scénographie installe une élégance et

fonctionne magnifiquement, comme une métaphore de la nature et de sa pureté que l’on sait menacée. Thierry Malandain refuse opportunément de faire une pièce politique. Comme il le confiait à l’issue de la représentation, la danse n’est pas forcément le vecteur le plus approprié pour ce type de projet. Les préoccupations écologiques et les menaces contre notre environnement ne sont pas pour autant absentes : ces pétales géants qui entourent et dominent danseuses et danseurs sur scène virent parfois au noir, telle une allégorie d’un hiver éternel de la nature. Nul besoin de surligner davantage pour alerter sur les dangers qui menacent la planète. C’est en effet la problématique qui se pose immanquablement aujourd’hui. Les Quatre Saisons, celles de Vivaldi ou de Guido, s’entendent comme une ode à la nature. Comment s’en emparer quand elle est attaquée de toute part ? Thierry Malandain nous raconte ce cycle avec tact et savoir-faire. Il est l‘un des maîtres d’aujourd’hui pour construire sur scène des ensembles complexes, d’une élégance folle. Vingt interprètes sur le plateau du Palais des Festivals de Cannes en costumes noirs, sobres et austères, se croisent, s’alignent, s’assemblent et se séparent dans un geste impeccable. Les Quatre Saisons débutent traditionnellement par le Printemps, le temps de l’espoir et


ACTUALITÉ de la renaissance. Dans cet écrin de pétales, la danse est reine. Fidèle à son vocabulaire unique, seul en France à utiliser la grammaire académique sans pour autant faire chausser les pointes aux danseuses, Thierry Malandain construit un récit chorégraphique qui pourrait nous envelopper dans ce décor où la nature s’annonce dans une abstraction géométrique. Mais surgit la composition de Giovanni Guido qui induit instantanément une rupture radicale. À la musique si familière de Vivaldi succède la découverte de Giovanni Guido. Si les deux partitions ont été composées à la même époque, le style en est bien différent. Le son des Quatre Saisons de Guido est plus âpre. Thierry Malandain en profite pour glisser dans sa chorégraphie une danse de cour « à sa sauce » comme il dit, mais qui paraît étrangement très contemporaine dans son geste. Les costumes fleuris des deux couples de danseuses et danseurs accentuent le registre baroque, en phase avec la musique. Mais le mouvement est un mixte de danse baroque et de geste moderne, introduisant l’intemporel dans ce cycle de vie et de mort que sont les saisons. Puis paraît Hugo Layer ! En justaucorps, le bras prolongé par un de ces pétales noirs comme une aile qui se meurt, il conclut l’acte du Printemps dans un solo éblouissant. Danseur majuscule, pilier de la compagnie, il se déplace tel un faune, splendide : une danse pure, des sauts amples, des bras ouatés, un charisme qui emporte tout sur son passage. On le retrouve à chaque passage d’une saison à l’autre, en duo et en trio, illuminant le plateau, phénix d’une des meilleures troupes françaises. Et l’une des seules à perpétuer l’école classique de la plus belle des manières.

ACTIVITÉ

Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet 4ème édition Avec 56 candidatures examinées*, la 4ème édition du Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet confirme sa pertinence ainsi que l’existence d’un vivier prometteur de jeunes chorégraphes en France, en Europe et à l’international. Comme pour les premières éditions, la sélection des six finalistes s’est avérée difficile pour Bruno Bouché, Thierry Malandain et Éric Quilleré au regard de la qualité et de la diversité des candidatures.

Ainsi pour la finale publique du 9 juin 2024 au théâtre de la Gare du Midi de Biarritz ont été sélectionnés : • Ana Isabel Casquilho, Portugaise, 30 ans, (photo 1) • Benoit Favre, Suisse 30 ans, (photo 2)

Les profils des 25 femmes, 29 hommes et 2 couples ayant postulé, présentent une diversité importante : • 18 nationalités représentées, la plupart européenne dont 21 français. • Âge moyen : 31 ans • Contrairement aux précédentes éditions, près de la moitié des candidats sont soit freelance ou dirigent leur propre compagnie. L’autre moitié provient de compagnies pour la plupart allemandes.

n Danse avec la plume, Jean-Frédéric Saumont, 28 novembre 2023 Le Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet reçoit le soutien du ministère de la Culture, du mécénat de la Caisse des dépôts, du généreux soutien d’Aline Foriel-Destezet et de la Fondation Thierry Malandain pour la danse abritée à l’Académie des beaux-arts. * Pour postuler, les candidats ont envoyé une vidéo d’une chorégraphie mettant en scène au minimum deux ou trois danseurs, une note d’intention et leur CV artistique. Plus d’infos sur www.concours-de-jeuneschoregraphes.com

• Lasse Graubner, Allemand / Cubain, 23 ans, (photo 3) • Lucia Giarratana, Italienne, 34 ans, (photo 4) • Vera Kvarcáková & Jérémy Galdeano, Tchèque 35 ans et Français 42 ans, (photo 5) • Manoela Gonçalves, Brésilienne 32 ans (photo 6). Ces six finalistes présenteront lors de la finale une de leurs pièces pour tenter de remporter : • Une des deux résidences de création au sein des Ballets de l’Opéra National de Bordeaux et du CCN · Ballet de l’Opéra national du Rhin. Ces résidences seront suivies de diffusion des œuvres créées et d’un accompagnement dans la durée. • Le Prix de Biarritz / Caisse des Dépôts consistant en une bourse de 15.000 € • Le Prix du public / Fondation de la Danse de 3.000 € • Le Prix des professionnels de 3.000 €


ACTIVITÉ

Fonds de dotation Thierry Malandain pour la danse

Festival Regards Croisés #11 Danse contemporaine du Pays basque

Spectacles au Colisée de Biarritz

In memoriam

Lancé en 2012, le festival Regards Croisés est un programme d’échange et de circulation d’œuvres créées par des compagnies émergentes du Pays basque de part et d’autre de la frontière autour duquel est construit un important programme de médiation (répétitions publiques, ateliers, rencontre-débat avec le public…). L’objectif est d’accompagner la création contemporaine basque en donnant l’opportunité à des artistes de présenter leur travail à Biarritz, Bilbao et Vila Nova de Gaia (Portugal).

© Emilio Tenorio

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Portée par le CCN Malandain Ballet Biarritz, la Fundición de Bilbao et la Compagnie Kale de Vila Nova de Gaia au Portugal, la prochaine édition du festival Regards Croisés se déroulera au Théâtre du Colisée de Biarritz du 21 au 23 mars en collaboration avec le programme transfrontalier Atalak et Dantzagunea – Gipuzkoa, le Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque, l’École d’ingénieurs INSA (Institut National des Sciences Appliquées) de Toulouse et Dantzerti – École Supérieure d’Art Dramatique et de Danse.

Jeudi 21 mars à 21h Compagnie Matxalen Bilbao Serenity Suite

Vendredi 22 mars à 21h KALE Companhia de Dança, Eneko Gil Alberdi (ES), Bruno Alexandre (PT) et Gaël Domenger (FR) BORDERS Samedi 23 mars à 19h Compagnie Altraste Mientras llueva

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Tarifs : de 8€ à 14€  Informations/réservations : malandainballet.com   Office de Tourisme de Biarritz  Tel. +33 (0)5 59 22 44 66, tourisme.biarritz.fr  Guichet des offices de tourisme de Bayonne, Anglet et du Pays basque  Autour des représentations, répétitions publiques, rencontres et ateliers seront proposés. Programme complet disponible sur malandainballet.com.

Sachant « allier la grâce du ballet classique et la plastique du ballet moderne » (1) et réalisant ainsi avant l’heure la définition de la danse néoclassique, Mariquita, de son vrai nom Marie-Thérèse Gamaléri quand elle l’écrit, naquit en 1841 en Algérie : « Là-bas, aux environs d'Alger » (2) disait-t-elle sans oser l'affirmer. La date et la ville précises, il serait trop long d’évoquer les hypothèses. Décédée à Paris le 5 octobre 1922, l’important est que son catalogue compta au moins 224 chorégraphies et qu’elle fut selon PierreBarthélémy Gheusi, homme de lettres et directeur de théâtres connu à Biarritz : « le modèle des créateurs de la danse. Variée à l’infini, classique et neuve tout à la fois ce qui n’est pas aussi contradictoire que le croient beaucoup de critiques eux-mêmes, sa technique féconde savait exprimer tous les sentiments et trouver les rythmes exacts de la vie ». (3) Par commodité, je débuterai la genèse de ma passion à son égard et les raisons de ce projet soutenu par le Fonds de dotation par l’extrait d’un entretien réalisé avec Hélène Marquié, professeure à l'Université de Paris 8, spécialiste de la danse et des études de genre, et mis en ligne le 1er janvier 2015 dans Recherches en danse, la revue de l’association des Chercheurs en Danse (aCD). Hélène Marquié : Comment tout cela a-til commencé ? À quelle occasion as-tu « rencontré » Mariquita ? Comment te sont venus le goût de la recherche et celui de l’écriture ? « Nos rencontres influent-t-elles sur notre destinée ? De toute évidence, il y a des dates, des évènements et des lieux où le sort bifurque. Rétrospectivement, c’est en 1988, à l’occasion du festival de Vaison-la-Romaine que j’ai été amené à croiser Mariquita pour la première fois. À l’époque, on m’avait chargé de régler les parties dansantes de Cendrillon, un opéra de Jules Massenet, dont elle assura la création à l’Opéra-Comique en 1899. Mais, débutant la chorégraphie et visant l’avenir plutôt que le passé, je ne pris pas en considération son nom qui figurait en petites lettres sur la partition. Le destin se fait parfois connaître en silence. Pour l’anecdote, en 1899, Jules Massenet, né à Montaud (aujourd’hui un quartier de SaintÉtienne) offrira à « la plus artiste de toutes les maitresses de ballet » (4) la réduction pour piano de son œuvre ainsi dédicacée :


ACTIVITÉ

« De chère reconnaissance, à vous, Madame Mariquita, qui avez ajouté à tous vos succès celui du ballet de Cendrillon. » Sans pouvoir expliquer le pourquoi du comment, cette partition se retrouvera en vente en 2012 dans une brocante proche de Biarritz. Elle m’échappera à la suite d’épisodes rocambolesques pour revenir à JeanChristophe Branger, maître de conférences au département de musicologie de l’université de Saint-Étienne, et aujourd’hui l’un des spécialistes du compositeur. Sachant que Cendrillon était coproduit en 1988 par l’Opéra-Théâtre de Saint-Étienne et qu’ensuite, son directeur, Jean-Louis Pichon, proposa à la compagnie de s’y installer, on avouera que les voies du destin sont parfois mystérieuses. À Saint-Étienne, il me sera permis de reprendre d’autres titres de Jules Massenet, à l’exemple de Cigale en 2003. Encore une fois, sur la partition de ce ballet créé cent ans plus tôt à l’Opéra-Comique figurait le nom de Mariquita. Entre temps, convaincu que la reprise d’une œuvre appelle à se documenter sur les circonstances de sa création et sur ses auteurs, j’entrepris de consulter divers ouvrages traitant de l’histoire de la danse. Mais tous passant le plus hâtivement possible sur l’entre-deux siècles où « l’inépuisable donneuse de rêves » (5) s’illustra et résumant au déclin cette période de notre histoire pour mieux se souvenir des Ballets russes, je n’apprendrai rien sur celle que Louis Delluc désigna comme le « Fokine français » (6). C’est dans une librairie new-yorkaise en ouvrant Legacies of twentieth-century dance (7) de Lynn Garafola, au chapitre des femmes chorégraphes, que mon intérêt du moment sera satisfait. Il deviendra par la suite une passion que l’on dit ordinaire, m’amenant au fur et à mesure de mes recherches à réaliser que la privation de mémoire dont Mariquita faisait l’objet touchait d’autres figures de la création chorégraphique ». Ayant alors en tête, d’écrire un ouvrage que j’achèverai peut-être un jour, sur « la petite arabe [...] sacrée parisienne » (8) qui serait sans doute aujourd’hui vantée comme une icône de l’intégration réussie, puisqu’après avoir débuté à 5 ans dans un café-chantant d’Alger, elle gravit les échelons de la renommée. C’est dans le cadre de mes investigations que je fus amené en mars 2010 à me rendre au cimetière Sud de Saint-Mandé (Val-deMarne) où elle repose depuis 1922 : Anna

Tout d’abord, Marc Fournier (1818-1879), journaliste, auteur dramatique, directeur du Théâtre de la Porte Saint-Martin de 1851 à 1868. Marié à Delphine Baron (1826-1895), actrice, puis costumière, en 1863, alors que Mariquita dansait comme étoile à la PorteSaint-Martin : « une des plus remarquables étoiles françaises » (9) selon le maître de ballet, Édouard Espinosa, Marc Fournier, plus âgé de 23 ans était devenu son compagnon et non son époux comme j’ai pu le croire à un moment : « Liaison bizarre, où l'on se trompait à qui mieux mieux. La danseuse eut cependant le dessus et de beaucoup, dans cette lutte particulière » (10) écrira Jules Poignant. Jusqu’au jour de 1869, où Marc Fournier l’abandonna. Alors Mariquita mit un terme à sa carrière pour s’établir comme modiste à Madrid selon les uns, pour d’autres, elle ouvrit une maison de couture à Paris. En tous cas, à compter de 1872 elle régla ses premières chorégraphies aux FoliesBergère et dans d’autres théâtres parisiens, avant de devenir la « géniale Mariquita » (11) dont « le goût parfait rénova l’art du ballet » (12) à l’Opéra-Comique de 1898 à 1920. Entre temps, en 1879, lorsque Marc Fournier décéda à l'âge de 61 ans dans une maison de convalescence de Saint-Mandé, Mariquita le fit inhumer au cimetière Sud sans poser de pierre.

de l’importance historique des défunts. La concession fut alors renouvelée pour 30 ans, et je me promis de faire poser une pierre. Mais en juillet dernier, ma promesse non-tenue fut rattrapée par l’obligation administrative de faire graver l’emplacement de ses références. Le moment était venu, et grâce au Fonds de dotation, Marguerite Genève, Mariquita et Marc Fournier ont à présent une pierre tombale sur laquelle on peut lire leurs noms. Ironie de l’histoire, 144 ans après cet écho parut dans Le Figaro, sous la plume de Philippe Gille, journaliste et librettiste : « Le 3 janvier [1879], mourait Marc Fournier. On l'a enterré à Saint-Mandé. Nous avons voulu revoir sa tombe. Au milieu d'un modeste entourage en bois croissent en liberté les ronces et les orties autour d'une simple croix de frêne et d'une fleur apportée là par une main amie. Nous connaissons trop la Société des auteurs dramatiques et celle des gens de lettres pour ne point espérer que ce court écho suffira à faire donner à Marc Fournier au moins une pierre funéraire sur laquelle on lira son nom » (13). Après les donateurs du Fonds de dotation, je remercie Patrick Beaudoin, maire de SaintMandé et Luc Degroote de PSG-ServicesFunéraires pour m’avoir accompagné dans la réalisation de ce projet et pour avoir eu la délicatesse de laisser sur la tombe de Mariquita une petite plante « apportée là par une main amie ».

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Tombe Mariquita, novembre 2023 © Luc Degroote

Mariquita

Pavlova, Carlotta Zambelli, Emma Sandrini, Gustave Ricaux et d’autres célébrités des arts et des lettres assisteront à ses obsèques, mais ayant jusqu’au bout la publicité en horreur, aucun discours ne fut prononcé selon sa volonté. Première surprise, à l’emplacement désigné par le gardien du cimetière, il n’y avait rien, pas même une plaque, juste un rectangle de terre encadré de ciment. Second étonnement, en consultant avec lui les registres d’inhumation, deux autres personnes occupaient la tombe.

S’agissant de l’autre personne, les registres indiquaient : « Madame Lemarchand, née Genève, morte en 1983 à l’âge de 95 ans ». Pour faire court, Marguerite Genève, dite Gineva, née à Asnières en 1887, décédée à Athis-Mons en 1983. Danseuse, mariée en 1925 à Marcel Le Marchand (1894-1983), sociétaire de la Comédie-Française, elle était la fille adoptive de Mariquita. Dernière information recueillie, la concession acquise en 1920 par Mariquita et renouvelée en 1981 s’achevait en 2011. J’écrivis alors à la mairie de Saint-Mandé pour savoir qui l’avait renouvelé. Avec un peu de chance, j’aurais peut-être un contact. J’obtins une adresse, celle de Marcel Le Marchand, décédé en 1983 et enterré au Père Lachaise. Ce que j’ignorais à l’époque. C’est pourquoi mes lettres restèrent sans réponse. Pour le dire à nouveau, nous étions en 2010 et la concession prenant fin en 2011, je me renseignai auprès des services concernés pour savoir s’il était possible de la renouveler. Ce que Patrick Beaudoin, maire de Saint-Mandé m’accorda à titre exceptionnel en raison

(1)

Le Ménestrel, 13 octobre 1922

(2)

Le Temps, 13 décembre 1910

(3)

Le Figaro, 6 octobre 1922

(4)

La Presse, 2 septembre 1911

(5)

Le Gaulois, 4 février 1899

(6)

Comœdia illustré, 20 novembre 1912, pp. 155-157

(7)

Wesleyan University Press, 2005, pp. 215-228

Joseph Uzanne, Album Mariani. biographies, autographes, 1897

(8)

Portraits,

Technical Vade Mecum: The Art of the ballet, London, Eve Kelland, 1948, p. 14

(9)

(10)

Le Gaulois, 21 novembre 1879

(11)

Revue Illustrée, 15 décembre 1891

(12)

Le Temps, 13 décembre 1910

(13)

Le Figaro, 14 novembre 1879

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LA DANSE À BIARRITZ # 92

Léda Ginelly

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« Léda Ginelly est la plus merveilleuse des apparitions, elle danse et le décor change, s’embellit, s’illumine. Cette femme qui a l’air d’une enfant et dont le nom évoque la Grèce et Stendhal, ressuscite du plus lointain passé des gestes d’une pureté éternelle. Dressée sur un pied, un genou replié, les bras implorants, les paumes offertes, son beau regard brûlant d'un feu qu'elle communique, n'est-ce pas ainsi que les vierges antiques dansaient devant l'autel d'Aphrodite ? » (1).

insi s’exprima dans Le Figaro, l’écrivain Francis de Croisset après les débuts parisiens de Léda Ginelly en décembre 1919 au Théâtre Femina. Se montrant émule d’Isadora Duncan pour gouter les danses grecques, inspirées des antiques peintures de vases, comme tant de danseuses depuis Laure Fonta, de l’Opéra qui ouvrit dès 1881 « une voie nouvelle à la chorégraphie » (2) en dansant « helléniquement ». Et surtout « rythmicienne » pour transformer la musique en interprétations expressives, Léda Ginelly « que la nature [avait] faite très belle » (3) était âgée de 20 ans et fera valoir un quadruple talent de danseuse, comédienne, musicienne et chanteuse. Née Elsa Sophie Geneviève Petry le 25 février 1899 à Barcelone, d’après les recherches généalogiques menées par Anne Londaïtz, Léda Ginelly ou Genova Petry ou Eva de Fernandez ou encore Geneviève Petit comme nous allons le voir était la fille de Catalina Hernandez et d’Ernest Petry, ingénieur des mines originaire de Mulhouse reconvertit dans l'industrie brassicole, il dirigeait à Barcelone la Fàbrica de Cerveza Ernesto Petry, entreprise fondée en 1856 par l’alsacien Louis Moritz Trautmann sous le nom de Fàbrica Moritz. Auparavant, employé d’une société minière francobritannique tirant le minerai d’argent dans le nord du Pérou : la Ticapampa Silver Mining Company Limited, c’est à Lima qu’il avait épousé à 44 ans Catalina Hernandez en septembre 1891. Née à Wakefield en Angleterre, âgée de 26 ans

Fàbrica de Cerveza Ernesto Petry Émile Jaques-Dalcroze, photo Jules-Émile Chiffelle, carte postale 1909

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elle était la veuve d’un cousin de son nouvel époux : Henri Thierry, ingénieur des mines mulhousien mort à Ticapampa en 1890. Quittant le Pérou, le couple s’établit à Mulhouse où naquit Ernst en 1892. Trois ans après, en 1894, ils s’établirent à Barcelone où virent le jour, Gustave en 1897, Geneviève en 1899 et Godefroy en 1900. Lié à la famille Hatt, à l'origine des Brasseries Kronenbourg, le père de Geneviève s’éteindra à Barcelone le 26 janvier 1925 à 78 ans. En mars de cette année 1925, après la disparition de la revue La Danse fondée en 1921 par Jacques Hébertot, directeur de théâtre, journaliste et éditeur, le critique théâtral italien, Carlo Zappia, lançait un opuscule périodique intitulé : Danses dont le premier numéro « nous parle d'une jeune danseuse, Léda Ginelly, encore peu connue à Paris » (4) nota Le Petit Journal. Aujourd’hui introuvable cette brochure nous aurait peut-être mieux renseigné sur la formation de Geneviève, qui diton étudia à Genève à l'Institut JaquesDalcroze : « Léda Ginelly, dont la vocation s'est inclinée vers la danse dès le plus jeune âge a fait des études chorégraphiques à la grande école rythmique Jaques-Dalcroze à Genève. C'est à cet enseignement qu’elle acquit la science des attitudes sobres et choisies qui font d'elle une artiste de noble eurythmie, créatrice de toutes ses interprétations » (5). Musicien, compositeur, chansonnier, chercheur et pédagogue suisse, créateur de la méthode d’éducation par le rythme portant son nom, Émile Jaques-Dalcroze avait ouvert son Institut en 1915. Geneviève était âgée de 16 ans. Mais comme son compatriote, Plácido de Montoliu, rythmicien natif de Tarragone qui après des études à Barcelone fréquenta le Conservatoire de Genève où Dalcroze professa de 1892 à 1910, peutêtre fut-t-elle initiée à la Rythmique au Conservatoire genevois ou plutôt au Casino Saint-Pierre, lieu des leçons ? Autrement dit avant ses 16 ans. Ce qui semble être le cas, puisque divers échos parus dans la


LA DANSE À BIARRITZ # 92 presse helvétique laissent entendre qu’elle quitta Barcelone dès l’enfance pour vivre avec sa mère et au moins un de ses frères aux Eaux-Vives, commune du canton de Genève. Ainsi en juillet 1910, remportat-elle à 11 ans le 1er prix d’une course de jeunes gens et jeunes filles disputée au Parc des Eaux-Vives. Puis scolarisée à l’École secondaire et supérieure des jeunes filles de la rue d’Italie, en juillet 1914, elle reçut au Victoria Hall son Certificat avec approbation. L’année suivante, le 7 avril 1915, sous le nom de Genova Petry, elle exécuta dans la salle de l'Athénée « des danses de caractère qui [firent] valoir ses dons de grâce et de légèreté » (6) lors d’une matinée offerte par des élèves du Conservatoire, où elle devait aussi étudier le piano. Sinon, s’inscrivant dans la vague isadorienne elle aurait suivi à Paris l’enseignement de l’Américaine, mais l’on n’y croit guère. Enfin, à la fois remarquée dans « les danses classiques » et « par un jeu particulièrement savant de castagnettes » (7) à l’exemple d’Antonia Mercé y Luque, dite la Argentina ou encore d’Anna Pavlova, peut-être étudia-t-elle à Barcelone avec la maîtresse de ballet, Pauleta Pàmies qui exerçait son professorat au Gran Teatre del Liceu ? Mais la désinformation étant aussi vieille que le genre humain, après La Gazette de Lausanne la déclarant en 1918 : « Étoile de la Scala de Milan », Louis Saurel écrira en 1932 dans Cinémonde : « Léda Ginelly ? Une grande femme brune au teint mat, au regard vif, passionné, aux réflexes prompts, mais dont les gestes demeurent toujours aisés et gracieux : en un mot, une Espagnole. Elle est née au Pérou, mais étudia la danse en France » (8). Pour ce qu’il est permis de savoir de ses débuts helvètes, ayant dansé dès le 24 août 1918 sous le nom d’Eva de Fernandez au

Théâtre du Parc des Eaux-Vives dans On les aura ! revue de Willy et G. Hoffmann dans laquelle La Tribune de Genève l’apprécia : « Toute de charme et de grâce dans sa danse du Matin d’[Edvard] Grieg » (9) et dans la Naïade de Francis Thomé. Le 12 octobre, elle parut à La Comédie auprès de « Diego Vincensky, 1er danseur de l’Opéra de Moscou ». La Gazette de Lausanne d’écrire : « Lida Ginelli (sic), l’étoile de la Scala de Milan lui prête son concours dans les danses classiques » (10). « Émule et rival de Nijinsky », « Vincensky, le célèbre danseur slave », venu en vérité

h Léda Ginelly, photo Michel Alphonse Eck f Diego Vincenti, photo Georges Dupont Emera

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Georges Petit, Boris Godounov, photo Michel Alphonse Eck

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Léda Ginelly, Danseuses de Delphes, photo Michel Alphonse Eck

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Léda Ginelly, Golliwogs cake walk, photo Michel Alphonse Eck

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« de cette Italie chaude, harmonieuse et si caressante, pour nous charmer » dixit Gaston de Pawlowski s’était fait connaître sous le nom de Diego Vincenti à Paris en 1911. Grand admirateur, le rédacteur en chef de Comœdia avait aussi déclaré : « Des premiers danseurs russes, il possède la virtuosité, la fougue, le style, l'endurance. Nul n'a travaillé plus que Diego Vincenti, qu'aucun effort ne lasse. Toutes les audaces, il les a réussies, et, toujours, en souriant. À l'égal de nos plus célèbres ballerines, il exécute les pointes les plus parfaites et les plus admirables

élévations. Le secret divin de la danse est en lui » (11). Formé à Milan, « ce prince et poète de la danse dont les pointes, les pointes surtout, sont un étonnement » (12) s’était produit sous le nom de Vincenti en novembre 1915 à Zurich avec la comtesse de Villeneuve, « 1ère danseuse du Théâtre royal de Madrid » ». Puis succombant à la Russomanie, toujours au bras de « l'aristocratique et jolie comtesse que tous les salons s'arrachent » (13), sous celui de Vincensky à Neuchâtel en décembre 1916.

Avant-guerre, le 10 août 1913, engagée par Paul Franck, mime, auteur et directeur de théâtre, ladite comtesse était apparue aux Folies-Bergère dans un ballet hindou : l'Offrande à Bouddha, intercalé dans la Revue en chemise. Promettant que « l’authentique comtesse » danserait parmi les flammes, Comœdia certifia qu’elle avait « appris des fakirs, parmi lesquels elle a vécu (son père est le gouverneur des Indes orientales hollandaises) l'art de jouer avec le feu » (14). Au vrai, le gouverneur d’alors s’appelait Alexander Idenburg. En revanche, parmi les pistes : soi-disant apparentée à la famille Bonaparte, en 1882 Christian de Villeneuve-Esclapon, ex-officier de l’armée de don Carlos d’Espagne avait épousé à Paris Jeanne Bonaparte. Ils auront six enfants, mais l’on doute qu’une de leurs trois filles : « voulu, contre le gré de sa famille, se vouer toute à l'art chorégraphique » (15) comme l’indique Le National suisse, qui fournit d’autres éléments égarant davantage. En tout cas, liée ou pas à une des plus grandes familles de la noblesse française, « la reine de la grâce et des attitudes » ne joua pas qu’avec le feu, puisque le programme de ses apparitions avec Vincenti compta le Spectre de la rose et « de belles attitudes belliqueuses sur la Marseillaise » jusqu’en mai 1917. Ensuite le duo se sépara. À la tête « d’un formidable ensemble » dont on ignore tout, Mlle de Villeneuve dansa en Suisse jusqu’en août 1919, puis c’est en Argentine qu’on parla en 1923 de la Compañía de ballet de la Comtesse de Villeneuve. Parmi ses membres en 1917, « le danseur russe Noradorsky » : Né Robert Gygi, véritable phénomène vocal et physique, le Jurassien imitera ensuite Duncan, Mistinguett et d’autres célébrités féminines du temps. Quant à Vincenti, laissé en mai 1917 « en pleine possession d'une école technique et classique extraordinaire » (16) on le revit une dernière fois à Genève le 12 octobre 1918 auprès de Geneviève. Empruntant sans doute à Pavlova sa Mort du cygne, La Gazette de Lausanne ne fut pas convaincue : « Le célèbre danseur est un gros homme, assez lourd, qui est venu, lundi voltiger avec beaucoup de sourire et des grâces, et des entrechats sur la scène de La Comédie. Il a suscité dans l’assistance une joie délirante et telle qu’on en voit rarement au théâtre. Je ne puis croire que le comique de ce Vestris soit tout à fait involontaire. C’est peut-être un grand artiste, incompris de lui-même et des autres. Déguisé en cygne, par exemple, et agitant des ailerons imaginaires, ou bien couché à plat ventre pour mieux imiter ce volatile, il a atteint au sublime de la drôlerie. Mme Léda Ginelly, malgré un incident de costume, car tout dans cette représentation fut irrésistible, s’est montrée une jeune et souple, et ravissante danseuse » (17).


LA DANSE À BIARRITZ # 92 « [Mlle Ginelly] n’est pas encore une grande danseuse. Mais elle a d’admirables dons. Peut-être eut-elle tort de s’essayer déjà à traduire les complexités de Chopin. Mais telle page de Debussy lui permet de donner libre cours à sa fantaisie déchaînée, à la fougue de sa jeunesse. Son costume ? Des pompons verts et jaunes. Une vision de poupée folle qui tourne, bondit, pirouette, se désarticule, tombe, rebondit pour tomber encore. Et ce fut exquis. […] Et qu’elle fut harmonieuse et pure lorsqu’elle représenta la danseuse de Delphes » (22).

Geneviève reparut le 2 avril 1919 au Victoria Hall lors d’un gala de la Croix-Rouge, puis le 17 à l’Apollo-Théâtre, enfin le 14 mai au Théâtre du Grand-Guignol dans le Grand adieu, un sketch de Jacques Faure, auteur et spécialiste du cinéma qui se souviendra lui avoir fait tourner à cette époque : « un petit 300 mètres de [sa] modeste conception, son premier rôle cinématographique (18) . Pour l’heure, La Tribune de Genève nota : « La gracieuse danseuse Mlle Léda Ginelly a fait un heureux début comme comédienne » (19). Ensuite, du 7 août au 3 septembre au Théâtre du Parc et les jours suivants à la salle communale de Plainpalais, elle se montra dans À la bonne franquette, revue de Willy où elle interprétait « ses danses classiques ». La Tribune de Genève de noter cette fois : « La charmante Léda Ginelly danse au 2ème acte un " pas du papillon " d'une grâce délicieuse ; cette jeune artiste est en constants progrès et le public l'a chaleureusement rappelée » (20). « Avec beaucoup de finesse et de grâce », elle interpréta aussi une Polichinelle sur un air de Tchaïkovski, avant de gagner la France.

Enfin, doué d’une belle voix de baryton lui permettant d’aborder les grands rôles, tel celui de Pelléas qu’il créa à Bruxelles et Londres, ou encore celui de Boris Godounov comme en témoigne un cliché dédicacé à Alger au compositeur Florent Schmitt en 1925, Georges Petit chantait. Né à Bordeaux, le 8 août 1883, titulaire de trois 1ers prix du Conservatoire et ayant appartenu à la Gaîté Lyrique, à l'Opéra, à la Monnaie de Bruxelles, à l'Opéra de MonteCarlo, au Grand-Théâtre de Genève, depuis septembre 1919, sous la direction du compositeur Guy Ropartz, Georges Petit

lui-même compositeur et pianiste tenait la classe de chant et de déclamation lyrique au Conservatoire de Strasbourg. Âgé de 37 ans, le 10 avril 1920, il épousa Geneviève aux Eaux-Vives, où devait vivre sa bellemère, qui s’éteignit à Berne le 2 juin 1946. « Gracieuse et de ligne très pure, en des danses mystiques » (23), le 15 février 1920 Geneviève dansa en attendant au Trocadéro au profit d’une Société d'Anciens Combattants et le 12 mars dans la salle des fêtes de l’Hôtel Continental. Il s’agissait d’un spectacle-concert de Lucien de Flagny. Pierre Grangé, directeur de la revue Le Trait d'union livra son programme : « Léda Ginelly qui joint à un talent chorégraphique de premier choix, une beauté d’intelligence et de charme, interpréta l’Annonciateur d’Adhémar de Flagny. La lugubre, mais prenante Danse macabre de Saint-Saëns. Puis sur un poème d’Abel Léger, musique d’Armande de Polignac, Léda Ginelly mima les souffrances de l’Esclave, ivre de liberté et rivée à sa douleur et à ses chaînes. Passant à la note gaie, nous vîmes Golliwog’s cake walk de Debussy, dansé très spirituellement par Léda Ginelly, qui termina par Papillons et une valse de Chopin » (24).

Déjà introduite auprès de Comœdia, puisque le journal fit état de sa présence le 12 décembre 1919 à la première des spectacles de Pavlova au Théâtre des Champs-Élysées, l’on peut seulement répéter qu’elle dansa pour la première fois au Théâtre Femina le 2 décembre 1919. Francis de Croisset la couvrit d’éloges sans mentionner son programme. Créant elle-même ses danses et ses costumes, elle reparut le 4 février 1920 au Théâtre Édouard-VII avec le concours du comédien Pierre Bayle, « qui martelait entre les danses de beaux vers de sa voix ardente » (21). Le compositeur et pianiste, Lucien de Flagny interprétait ses œuvres, ainsi que Bach, Rameau, Beethoven, Armande de Polignac, Chopin et au moins trois pièces de Debussy qui feront partie du répertoire de Geneviève : la Fille aux cheveux de lin, Golliwog’s cake walk et Danseuses de Delphes. Fernand Nozière commenta les deux dernières :

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La mort d’Ase, La Danse novembre 1921

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Après son mariage, Geneviève vécut à Strasbourg au 19, rue Oberlin et ouvrit à 21 ans une « école de gymnastique rythmique et de danse » qui « occupa une place éminente dans la vie chorégraphique de Strasbourg » (25) nous dit Comœdia. Selon sa propre version livrée au journal Mon‑Ciné en 1927, elle aurait été nommée au Conservatoire. Ce qui n’est pas corroboré localement, mais écoutons la quand même : « Tout de suite après la signature de la Paix, nous avons été nommés au Conservatoire de Strasbourg, mon mari comme professeur de chant, moi comme professeur de danse. Nous avons eu des joies réelles parmi nos élèves. Je ne songeais guère au cinéma à cette époque !... Je n’en avais pas le temps… ! » (26). Pour ce qu’il nous est donné de lire ici ou là, hormis « un concert de musique vocale et de danses » offert le 29 novembre 1920

À son programme deux nouveautés : Minstrels de Debussy et Hier au bal, j’ai tant dansé de Dalcroze. Mais sans pouvoir retrouver dans la presse locale la matinée dont il est question, en novembre 1921, sous la plume d’un certain F. d’Hautrelieu, le journal La Danse, titrant : Madame Geneviève Petit, prêtresse du rythme rendit compte d’une matinée offerte à Strasbourg avec un groupe d’élèves : « En donnant à Strasbourg la partie chorégraphique du programme d'une matinée de bienfaisance, Madame Geneviève Petit a beaucoup fait pour le renom de l'intelligence de la Danse française. À l'instar d'Isadora Duncan, Madame Petit a tourné vers l'antiquité un regard attentif et passionné. Elle vient de prouver magnifiquement combien elle a compris ce que la statuaire grecque contient de Beauté et d'Amour. […] Madame Petit connaît la valeur profonde

au Conservatoire de Genève, qui permit « à notre public de réentendre l’excellent baryton Georges Petit et Mme Geneviève Petit la danseuse souvent applaudie à Genève » (27). Dans un premier temps, la presse alsacienne ne témoigna que des prestations de son époux, lequel en dehors de ses activités professorales prêta son concours comme pianiste ou baryton à des œuvres de bienfaisance, à des associations comme la Société Amicale de Propagande et de Fusion La Marseillaise ou du groupe d’Art Social de Strasbourg tout en chantant dans des opéras au Théâtre Municipal. Ainsi à l’image du « Concert et Danses rythmiques » proposé le 13 novembre salle Sainte-Barbe à Sélestat par la Société Sélestadienne des Lettres, Sciences et Arts, Eugène Andlauer tenant le piano, ce n’est qu’en 1921 que Geneviève nous apparaît en récital avec son mari, lequel chantait pendant les changements de costumes.

des gestes humains. Elle sait que danser, comme peindre et sculpter c'est toucher au feu de la vie » (28). Parmi ses élèves citons : Mlles Hoh et Rœderer et « une admirable fille-fleur, Mlle Lipmann se laissant remuer au souffle caressant d'une valse de Chopin ». Mais comme l’illustre l’article, avec « la merveilleuse simplicité de leurs rythmes », les élèves danseront aussi sur la mort d’Ase de Peer Gynt de Grieg. On les reverra le 15 janvier 1922 à la salle des fêtes du Grand Hôtel de la Ville de Paris à Strasbourg dans la Marche funèbre de Chopin. Geneviève créant ce jour-là : le Petit Berger de Debussy et Jeux d’enfants sur les Moments musicaux de Schubert « qu’elle dût exécuter deux fois de suite ». Puis le 10 mars au Théâtre Municipal d’Haguenau, son mari l’accompagnait au piano. Un an après, le 8 janvier 1923, entre


LA DANSE À BIARRITZ # 92 « des improvisations des plus réussies au point de vue de la science chorégraphique alliée à l'art musical » (29), Geneviève créa au Théâtre de l’Union à Strasbourg, Trois danses chinoises sur Trois pièces pour flûte de Pierre-Octave Ferroud jouées par Paul Krauss. Incorporé de mars 1920 à février 1922 au 6ème régiment d'infanterie coloniale, qui tenait garnison à Strasbourg, Ferroud signera le Porcher, ballet de Jean Börlin, créé au Théâtre des ChampsElysées par les Ballets suédois de Rolf de Maré en 1924 et participera à la création de l'Éventail de Jeanne, ballet réglé par Yvonne Franck et Alice Bourgat en 1927. Durant son service militaire, il avait étudié la composition au Conservatoire auprès de Ropartz et le contrepoint avec le compositeur alsacien Marie-Joseph Erb dont la fille Marguerite-Jeanne Erb, dite Jane était une disciple certifiée de Dalcroze et une proche de Geneviève. Née à Strasbourg en 1891, où elle enseigna à diverses périodes, Jane Erb qui associait alors la Rythmique à la gymnastique naturelle de Georges Hébert, avait dirigé la section spéciale de danse rythmique et plastique instituée à l’Opéra en août 1917 par Jacques Rouché. Animé d’un esprit novateur, le directeur-mécène dont l’acharnement à servir l'art n’aura pas de bornes avait fait la connaissance de Dalcroze en février 1914 à la cité-jardin d’Hellerau, près de Dresde où ce dernier développait sa pédagogie musicale depuis 1910. Nommé au Palais Garnier en novembre 1913, mais devant entré en fonction en septembre 1914, en juillet de retour de Suisse où il avait « assisté avec Dalcroze et [Firmin] Gémier aux magnifiques fêtes du Centenaire de la réunion de Genève à la Fédération Helvétique », Rouché avait confié à Paris-Midi : « Tout ce que je puis vous dire, c'est que j'ai obtenu que Dalcroze vienne s'occuper de la partie du rythme à l'Opéra, et que j'ai pu conclure un certain nombre d'engagements pour les danses rythmiques parmi ses élèves » (30). En raison de la guerre et de difficultés financières, Rouché ne put rouvrir qu’en décembre 1915. Par ailleurs, comme nombre de jeunes femmes du monde, ses filles Lucienne et Jacqueline pratiquaient la Rythmique et avaient été élèves d’un émule de Dalcroze : le musicologue Jean d’Udine, alias Albert Cozanet, fondateur en octobre 1909 de l'École française de gymnastique rythmique. Située, 11, avenue des Ternes, l’auteur de l’Art et le Geste (1910) y donnait des « cours de géométrie rythmique et décorative ». Selon Alfred Berchtold dans Émile JaquesDalcroze et son temps, en 1912 une dispute entre d’Udine et Paul, dit Paulet Thévenaz, rythmicien de la première heure et illustrateur des ouvrages dalcroziens « amena une dizaine d’élèves à se séparer de lui. Suivirent quelques mois d’errance » (31) avant qu’Emmanuel Couvreux, ingénieur adepte de la Rythmique ne fonde le

Club de gymnastique rythmique JaquesDalcroze au 52, rue de Vaugirard. Il le codirigera avec Lucienne Rouché, dont le nom fut également lié à la poésie et aux échanges culturels entre la France et l’Italie, d’où sa promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur en 1951. Mariée en 1917 à l’artiste peintre d’origine suisse, Louis Valdo-Barbey, Lucienne Rouché

consacrera tous ses efforts à « l’École de rythmique de Vaugirard » au moins jusqu’en 1936 et avait épousé Emmanuel Couvreux en 1929. Rythmique, improvisation, solfège suivant la méthode officielle, le Club de gymnastique rythmique Jaques-Dalcroze, bientôt renommé Institut JaquesDalcroze de Paris ouvrit en février 1914 avec l’allemande Hilda Senff, comme instructrice principale. Formée à Hellerau, elle quitta Paris au début de la guerre.

Ginelly, le Petit berger, h Léda photo Michel Alphonse Eck

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Paulet Thévenaz, et professant le solfège, Julie Combret de Lanux, dite Lilie de Lanux lui succédèrent en janvier 1916. Les professeurs allant et venant, suivront pour ce que l’on sait à partir de décembre 1919 : Fernande Peyrot, compositrice genevoise diplômée en 1916. Mme André Schlemmer, c’est-à-dire Lilie de Lanux qui avait épousé en 1916 le docteur André Schlemmer, auteur de la Méthode naturelle en médecine (1969) et d’articles sur la musique et Dalcroze. Marie Kummer, genevoise, bientôt associée au danseur François Malkovsky, elle fréquentera Biarritz et tint à l’Opéra la classe de rythmique des enfants âgés de 8 à 12 ans. Rachel Pasmanik, née en Bulgarie et diplômée à Genève en 1917, était la fille de l’ukrainien Daniel Pasmanik, médecin et théoricien du sionisme. Recommandée sans date par Dalcroze à Rouché : « Je ne voudrais naturellement pas faire de tort à

contribuera ensuite à la transmission de l’enseignement du compositeur arménien et philosophe ésotérique, Georges Gurdjieff. Lequel avant de fonder son Institut pour le Développement Harmonique de l'Homme, au prieuré d'Avon, près de Fontainebleau, professa dès août 1922 ses danses sacrées et autres mouvements rythmiques, rue de Vaugirard. Enfin, compatriote de Geneviève déjà évoqué, Plácido de Montoliu tout en enseignant à « la filiale officielle de l’Institut Dalcroze » remplaça Pasmanik à l’Opéra où il signa notamment Fresques de Philippe Gaubert en 1923. En imaginant que Geneviève fréquenta ce temple dédié à « la nouvelle religion », retrouvons Jane Erb que Rouché recruta donc en 1917. Ayant renoncé aux avantages que lui offrait Hellerau en protestation des bombardements allemands de la cathédrale de Reims, en mai 1917, Dalcroze vint à Paris donner des conférences au Conservatoire et dîna avec Rouché. Lequel établit en août la section rythmique, non sans provoquer quelques grincements au sein de la troupe à l’exemple du maître de ballet Nicola Guerra. Appelé à l'Opéra en 1916, pour y suppléer le maître de ballet titulaire, Léo Staats, mobilisé, Guerra refusa de collaborer avec Jane Erb à la recréation de Castor et Pollux de Rameau. Une lettre adressée à Rouché citée par Lynn Garafola dans Interlude oublié : la danse rythmique à l’Opéra de Paris (33) en témoigne : « Je viens d’apprendre que vous avez destiné le 3ème acte de Castor et Pollux, c’est-à-dire, les danses des démons et des furies, pour Madame la pédagogue de l’école rythmique. Si cela est vrai et si vous êtes toujours de la même intention, alors, Monsieur le Directeur, permettez-moi de vous annoncer tout franchement que je renonce dès aujourd’hui à la composition de cette [sic] ouvrage. […] (34).

Castor et Pollux, invitation 21 mars 1918

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Mlle Erb, mais estime que la personnalité de Mlle Pasmanik est de nature à répandre mes idées à Paris de la façon la plus claire et la plus complète » (32). Alors que Jane Erb enseignait simultanément rue de Vaugirard, fin 1919, Pasmanik lui succéda à l’Opéra où secondée par la britannique Jessmin Howarth, elle régla en 1921 la Chasse royale des Troyens de Berlioz et la Danse sacrée d’Hérodiade de Massenet. Puis en 1922, la Petite Suite de Debussy et Falstaff de Verdi. Après avoir épousé à Solliès-Pont en novembre 1922, Chrago Nisson Bespaloff, homme d’affaires, déclaré docteur en droit né en Russie, Rachel Pasmanik-Bespaloff quitta l’Opéra avec sa collaboratrice et s’illustrera comme écrivaine et philosophe. Formée à Hellerau et Genève, à l’instar de Jane Erb, Jessmin Howarth enseigna dès 1921 à l'École du Vieux-Colombier de Jacques Copeau et

En fait, l’italien au nom belliqueux, suivit les ordres et c’est avec la participation de « la maîtresse de danse rythmique » que la tragédie lyrique revit le jour en mars 1918. L’ouvrage comptait cinq ballets dont celui des Démons réglé par Jane Erb. Autre temps, autres mœurs, « d’aucuns s’étonnèrent de l’importance trop grande à leur idée des divertissements. Je ne suis pas de cet avis », nota Henri Hirchmann. « J’ai dit la part très importante des divertissements. Il m’a semblé qu’à part la danse des Démons, on sautait un peu trop sur les airs de Rameau. Je croyais qu’à cette époque les danses étaient plus glissées et plus nobles » (35). C’était effectivement le cas, cependant comme les autres manieurs de plume, Hirchmann se fixa sur Guerra et ne nomma ni Jane Erb, ni ses interprètes. Faute de programme, l’on sait seulement qu’Yvonne Daunt, élève de Staats et membre de la troupe rythmique interprétait une furie. À l’exemple d’autres


LA DANSE À BIARRITZ # 92 « danseuses modernes » de formation classique, elle ne faisait pas partie du personnel et avait été admise « après examen par un jury spécial » (36). Des « auditions » auxquelles Geneviève âgée de 18 ans participa peut-être ? Organisées en décembre 1917, d’après le journal Excelsior, le jury était constitué de Rouché, du chef d’orchestre Camille Chevillard, du décorateur Maxime Desthomas et de Guerra. Ce qui signifie que Jane Erb n’y participait pas. Ignorée par la presse et « un peu considérée dans la maison comme un professeur de gymnastique suédoise plutôt que comme une pratiquante du bel art de la danse classique » (37), fin 1919, Pasmanik lui succéda avant de devenir la cible de l’homme de lettres russe, André Levinson, qui dès 1922, date de ses premières chroniques dans Comœdia discrédita la section rythmique que Rouché ferma en octobre 1925. D’après René Lévy : « hyperboliquement enthousiaste quand il vaticine de la tradition classique orthodoxe d'observance russe, délibérément hostile et réfractaire quand il s'agit de juger un mouvement d'importance quasi-national comme est le renouveau de la danse en pays germanique » (38), Levinson dont les réflexions étaient parfois pertinentes, écrivit en guise d’Épitaphe : « La classe de rythmique à l'Opéra n'est plus. Ce n'est pas à nous de récriminer. Exactement le 17 avril 1922 nous avions, à Comœdia ouvert la tranchée. Nous avions, depuis inlassablement battu en brèche la citadelle de Terreur chorégraphique. Si l'on voulait nous attribuer quelque part dans ce triomphe de la raison esthétique sur l'illusion oratoire nous nous en trouverions fort honoré. Nous nous résignerions à passer pour réactionnaire. Nous mettrions donc la main à une œuvre de destruction ? Pourquoi pas ? Nous voulons détruire ce qui détruit. La rythmique était un corps parasitaire qui végétait sur le Conservatoire de danse et en détériorait les organes vitaux. Accusera-t-on Pasteur d'avoir détruit les microbes ? Le ballet d'Opéra était profondément atteint dans sa doctrine et dans sa discipline, voire dans son moral, par cette cohabitation sous le même toit avec les illusionnistes de la rythmique […] » (39). Ce tour d’horizon étant en partie fait, notons que Levinson ne trouva jamais d’encre pour parler de Geneviève, laissée à Strasbourg le 8 janvier 1923 avec ses Trois danses chinoises. On la reverra avec son mari et Louis Græbert au piano le 17 suivant à Metz dans la salle des fêtes de l’Hôtel des Mines avec deux créations : Églé de Florent Schmitt et la Puerta del Vino de Debussy, son musicien favori, qui ironie du sort, considérait : « Monsieur Dalcroze comme un des pires ennemis de la musique ! » (40). Puis à Lyon où

« encore sous le charme étonné et ravi » (41) des danses dans le silence d’Yvonne Sérac, rivale d’Isabelle d'Etchessarry, danseuse de souche basque qui avait lancé en 1919 : la danse polyrythmique ou danse sans musique, l’Université des Heures reçut Geneviève et Georges le 21 février au Conservatoire. Le 2 mars ce fut la salle Gaveau : « Disons de suite qu'un nombreux public a longuement, applaudi le très intéressant couple, et ce fut justice » nota le compositeur, Raymond Chanoine-Davranches. « […] Quant à Mme Geneviève Petit, le plus beau compliment qu'on puisse lui faire est de dire qu'elle danse autant avec son cerveau qu'avec ses jambes ; en possession d'une belle technique rythmique, elle connaît à merveille le moindre détail musical de ce qu'elle interprète, et le souligne avec une précision au plus haut point intelligente » (42). Le musicographe, Louis Schneider ajoutant : « Mme Petit s'est révélée très intelligente et excellente musicienne dans des pages de Debussy, de Schmitt, de Fauré, de Bruneau, et dans des Danses chinoises, bien curieuses, de P.-O. Ferroud, un jeune sans doute, mais inconnu à Paris » (43). Fêtée six mois plus tôt à Biarritz, où son frère Marcel, impresario organisera des concerts, la pianiste internationale, Madeleine de Valmalète « s'était confinée dans le rôle modeste d'accompagnatrice ». En revanche, le 5 décembre lors d’une nouvelle soirée des « Heures » à Lyon, on apprécia vivement « le chanteur Georges Petit accompagné par la délicieuse pianiste Geneviève Petit » (44). Deux jours plus tôt, « sous les doigts légers » d’Andrée Roussel, le couple s’était produit au Family-Théâtre de Saint-Étienne, Geneviève ajoutant la Précieuse de François Couperin et Andaluza d’Enrique Granados à son répertoire, rejoués le 7 décembre à la salle des Concerts d’Annecy, avec Suzie Welty, pianiste virtuose des Concerts Lamoureux. Afin de ne pas oublier que Geneviève enseignait toujours à Strasbourg, le 12 mars 1924 le Théâtre de l'Union accueillit la soirée annuelle de son école. L’occasion d’applaudir Chants asiatiques de René Lenormand et Leme de Darius Milhaud. Deux ans plus tôt, le 28 juin 1922, au même théâtre, Jane Erb s’était produite avec des élèves. Le Cri de Strasbourg d’écrire alors : « Décidément Strasbourg va devenir une des premières cités chorégraphiques du monde. […] après la femme du distingué professeur de chant du Conservatoire, voici que Mlle Jane Erb nous a présenté sa troupe. […] Dans deux loges qu’un piquant hasard avait voulu vis-à-vis » se trouvaient « nos deux étoiles concurrentes, Mme O. et Mme G., qui venaient sans doute s'instruire … en critiquant » (45). Il s’agissait de Georgine Opalfvens et de Claire Colling, les deux 1ères danseuses du Théâtre Municipal dont le bordelais Charles Holtzer, maître de ballet à Biarritz en 1912 et 1913 réglait

les évolutions. L’année d’après, le 27 mai 1923, à l’invitation d’Agnès de Pourtalès, marquise de Loys-Chandieu, Geneviève et Georges, Jane Erb et l’homme du monde, Pierre Margueritte : « virtuose de la danse, inventif maître de ballet, poète de la chorégraphie » (46) se produiront dans le parc du Château de Pourtalès, à La Robertsau, près de Strasbourg, au profit de l’Association des dames françaises de la Croix-Rouge. On ignore leur programme. En revanche, le 14 avril suivant, lors des fêtes de la Renaissance Alsacienne : Université populaire ayant pour vocation la

h Soirée de danse Jane Erb, affiche

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••• diffusion de la langue française, Geneviève présenta au Palais des fêtes de Strasbourg, quelques-unes de ses danses et un ballet de marionnettes avec ses plus jeunes élèves, tandis que Georges donna des conférences sur le chant. Ainsi, jusqu’au printemps 1924, le couple se partagea entre le professorat et les récitals, tout en prêtant son concours à des manifestations charitables. Mais Geneviève se parant bientôt du titre de : « Léda Ginelly, du théâtre des Champs-Élysées », ajoutons qu’invitée par Jacques Hébertot, qui depuis 1920 dirigeait les trois salles de l’avenue

Montaigne, le 2 mai 1924 secondée par Georges et Suzie Welty, Geneviève passa à la Comédie des Champs-Élysées. C’était dans le cadre des Vendredis de la danse inaugurés le 13 octobre 1922 par la bosniaque Moa Mandu, autrement nommée, Moa Nahuimir. Puis en juin, Le Nouvelliste d'Alsace informa : « Nous apprenons avec regret que M. Petit, professeur de chant au Conservatoire de Strasbourg, dont les Strasbourgeois ont si souvent apprécié la belle voix et le talent remarquable sur notre scène municipale et dans de nombreux concerts, vient d’être engagé

Léda Ginelly, fascicule de promotion

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comme 1er baryton pour la saison lyrique du Théâtre des Champs-Élysées et quittera Strasbourg prochainement avec Madame Petit. […] La charmante artiste […] a l'intention de se consacrer plus spécialement au cinéma. Peut-être reverrons-nous un jour sur l’écran le gracieux sourire et le geste mutin qui lui ont valu tant de succès » (47). Au vrai, outre le 51ème Vendredi de la danse, lors de trois galas organisés par la mezzosoprano Marguerite Barousse, dite Bériza, Georges avait déjà chanté aux ChampsÉlysées. Ainsi, le 24 avril 1924 sous la direction d’Ernest Ansermet, il y avait créé le Carrosse du Saint-Sacrement du britannique Gerald Hugh Tyrwhitt-Wilson Berners auprès de Marguerite Bériza. En février 1924, la cantatrice désireuse d'encourager les spectacles d'avant-garde avait fondé la Société Fiametta, qui devint le Théâtre Bériza. Un théâtre sans domicile fixe, jouant tour à tour aux Mathurins, au Trianon-Lyrique, au Théâtre de l’Exposition des Arts décoratifs et aux Champs-Élysées, où le 25 avril Bériza afficha pour la première fois à Paris, l'Histoire du Soldat de Stravinski. Le 30 octobre, dans le cadre de la saison lyrique, Georges chanta dans les Burgraves de Léo Sachs, avant de se montrer « mordant et sarcastique » dans la Damnation de Faust de Berlioz. On put néanmoins lire entre temps cette annonce dans Comœdia : « Mme Geneviève Petit, danseuse. M. Georges Petit, de l'Opéra. Représentations théâtrales, concerts, soirées, leçons. 40, rue Rochechouart (9 e). Téléphone : Trudaine 18-18 » (48). Georges sera par la suite engagé en représentation par Bériza et d’autres théâtres. Quant à Geneviève, tout en ouvrant un cours dont on ignore l’adresse, reprenant son nom de scène quitté en 1920, le 14 mars 1925 avec le soutien de Georges, elle parut entourée d’élèves aux Mathurins. Et Chanoine-Davranches d’écrire : « Une salle comble applaudit chaleureusement la délicieuse artiste : à une technique parfaite, Léda Ginelly joint en effet un sens artistique raffiné. C'est elle et elle seule qui choisit sa musique, qui règle ses pas, qui assortit les nuances de ses costumes. Aussi résulte-t-il de là un spectacle d'une rare unité, d'autant que, étant elle-même pianiste, Mlle Ginelly connaît à fond la moindre inflexion musicale des partitions qu'elle interprète. […] Et plusieurs de ses élèves prouvèrent péremptoirement l'excellence de son enseignement » (49). Parmi elles, deux fillettes, Janine et Pola Domsky et Mlle Helbling : peut-être Jeanne Helbling, alsacienne de 22 ans, qui venait de tourner dans Mandrin d’Henri Fescourt ? Sans quoi, au regard des musiciens annoncés, Geneviève donna des danses que nous connaissons, et il en fut de même le 31 mars à Gaveau. Marcel de Valmalète déjà cité avait organisé le récital et le compositeur Paul Le Flem nota dans Comœdia : « Quant aux danses de Mme

Léda Ginelly, je ne saurais décemment ravir l'honneur d'en parler à mon excellent ami Levinson » (50). Levinson n’en dit mot, mais Louis Vuillemin nota dans Parissoir : « Mme Ginelly, dont la sensibilité est exquise, traduit avec un constant bonheur les rythmes et les atmosphères. On dirait, sans exagérer, qu'elle a le secret des ambiances » (51). Alors que l’on jouait l'Histoire du Soldat et d’autres titres aux Mathurins, du 19 mai au 27 juin, Bériza investit le Trianon-Lyrique. Ainsi le 19 mai Georges chanta dans la Farce du cuvier de Gabriel Dupont. Un ballet de Georges Migot, la Fête de la bergère, réglé par Jeanne Chasles était aussi à l’affiche. Le 25 Georges reprit le Carrosse du SaintSacrement, tandis qu’avait lieu la première de l'Amour sorcier, ballet de Manuel de Falla dirigé par l’auteur avec la Argentina, Vincente Escudero et Georges Wague. Enfin, le 12 juin, à l’Amour sorcier, on ajouta Soirs de Florent Schmitt et Danses de Marcel Mihalovici par la roumaine Lizica Codreanu et Trois petits préludes de Madeleine Dedieu-Peters : « dansés par Mme Léda Ginelly, dans un style qui en fait ressortir la finesse debussyste, la lumineuse clarté de plein air » (52). Invitée dans divers cercles, le 9 juillet lors d’une fête organisée par le Comité France-Amérique dans les jardins de l’hôtel Salomon de Rothschild, Geneviève exécuta des danses orientales avec Juliette Vaz : Épouse « d’un gros industriel du Nord », « cette femme du monde exquise » avait étudié avec Laetitia Couat, de l’Opéra, Eugène Besseiches, dit Stilson et Maria Rutkowska. Le 19 juillet, le Théâtre de Verdure du Pré Catelan afficha Geneviève et ses élèves. ChanoineDavranches d’insister : « J'ai dit maintes fois le talent si divers, si souple, si personnel, si expressif de cette remarquable artiste dont la danse est sans cesse artistique et évocatrice » (53). On la revit le 20 novembre au Théâtre Mogador dans « quatre danses de caractère », puis au Théâtre Municipal d’Alger. Engagée avec son mari par Victor Audisio, « l’incomparable danseuse Léda Ginelly, du théâtre des Champs-Élysées et du théâtre Bériza » débuta le 8 décembre après Werther de Massenet. Conduisant l’orchestre, Paul Saigne joua Debussy, Schubert, Granados, autrement dit des danses connues que L’Écho d’Alger agréa : « Sans acrobatie, sans tour de force extraordinaire, cette jeune et jolie femme est arrivée à nous procurer de belles sensations d'art. Fine et souple, le visage expressif et intelligent, elle possède la science du geste et du mouvement harmonieux. Vêtue avec un goût raffiné elle évolue sur des musiques choisies en leur faisant exprimer le sens qu'elle en a conçu d'une façon très personnelle » (54). La Dépêche algérienne relevant la Madrileña de Granados « soulignée de l’articulation nuancée des castagnettes » (55). « La reine des attitudes et des rythmes » reparut les 10


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et 13, tandis que le 16 Georges marqua les esprits en créant à Alger Boris Godounov et plus tard la Farce du cuvier, car ce n’est que le 16 janvier 1926 que le couple fit ses adieux. Geneviève ajoutant entre temps Soirs de Schmitt à son répertoire. Le 1er février, accompagnés du pianiste Georges de Lausnay on les vit à Saint-Étienne, à Calais où Georges chanta André Grétry, Stravinski et Dalcroze avec orchestre et à Paris en avril à l’hôpital Sainte-Anne : « Ne riez pas. Le concert chez les fous est une chose infiniment émouvante » (56). Puis en mai à Puligny-Montrachet pour la 5ème foire annuelle des vins de Bourgogne, ensuite à Évian, Thonon, Ouchy, Lausanne, Montreux, Dieppe, Tourcoing, Granville, Orléans, où elle donna Geisha sur une musique d’Antoine Mariotte, Saintes, Rennes, Brest, La Rochelle, mais aussi Bordeaux, le 3 janvier 1927, où « l’une des meilleures élèves du cours de Jaques Dalcroze » (57) parut au Grand-Théâtre dans deux valses de Chopin ainsi évoquées : « Glissant avec une grâce charmante, mise au plaisant service d’une parfaite académie, entre deux toiles sombres servant de fonds, Mlle Léda Ginelly se matérialise à nos yeux enchantés. […] Aux sons délicats de la douce et mélancolique valse en la mineur de Chopin, la belle danseuse commence à évoluer. Une deuxième valse de Chopin l'élance et en fait une flamme qui jaillit et tourbillonne... puis s’éteint et tombe » (58). Le récital s’achevait par Chants et danses d'Espagne, que l’on ne détaillera pas, mais qui valurent à Geneviève d'être choisie par Georges Monca et Maurice Kéroul pour tourner en mai le rôle de Manuela dans Miss Helyett. Le film sortit le 27 juillet, tandis que le 28 novembre naissait Madeleine. Sa mère retrouva la scène un an après, le 4 novembre 1928 avec Chants et danses d'Espagne donnés dans la salle des fêtes du quotidien Le Journal, le compositeur Henri Tomasi dirigeait l’orchestre. Puis après une série de récitals

en province, engagée pour un an aux FoliesBergère par Paul Derval, le 21 février 1929 « l’ensorcelante Ginelly » parut dans De la Folie Pure, revue de Louis Lemarchand. Entre temps, dans le rôle d’une religieuse, elle avait tourné sous la direction de Jean Choux, Chacun porte sa Croix qui sortit le 12 mars aux Folies-Wagram. Le 23 avril au Palais Garnier, parmi d’autres vedettes de la danse et du chant, Geneviève prêta son concours au Bal des Nations pour les Ailes Brisées où elle présenta « ses danses hilares » : peut-être Petite ménagerie donnée le 7 décembre à l’Étoile-Théâtre de Saint-Étienne sur des mélodies évoquant des animaux ? Ayant terminé en février 1930 son contrat aux Folies-Bergère, après des récitals avec Georges et Ida Perrin, pianiste des Concerts Lamoureux, à Troyes, Rennes, etc., les 6 et 7 mai « la réputée danseuse » et « son baryton de mari » participèrent à Alger aux célébrations du centenaire de l’Algérie. Au programme des manifestations, en présence de Gaston Doumergue, président de la République et devant « 4.000 spectateurs » réunis dans la salle du nouveau Majestic, la création d’une cantate d’Antoine Mariotte, sur un poème d’André Théaux intitulée : À la gloire de l'Algérie. Réalisant « par sa danse orientale des prodiges de poésie voluptueuse » (59) sous la direction du compositeur, « la belle brune » était entourée par la soprano Ninon Vallin, le ténor algérien Mahieddine Bachtarzi et Georges. Mais avant les acclamations finales, l’on put l’applaudir dans des danses que nous reconnaitrons sous la plume de Lucienne Jean-Darrouy : « Le concours de Mlle Léda Ginelly fut une surprise que le public accueillit avec joie. Avant de devenir almée sinueuse dans la cantate, cette jolie danseuse tenta d'incarner trois aspects bien différents de son art. Cet art est plus près de l'isadorisme que de la danse proprement dite (et pour ma part, je m'en réjouis). Espagnole inspirée de Granados, Léda Ginelly danse avec ses bras, ses yeux et ses castagnettes, beaucoup plus qu'avec ses pieds. Elle revient, fin Tanagra, pour mimer, dans le Moment musical de Schubert, une composition très personnelle, faite de gentillesse et de minauderie dont la grâce ne peut que charmer. Dans Golliwogg's cake walk de Debussy, c'est avec ses cheveux, ses mains et avec ses lèvres qu'elle dansera. Et là, mettant encore du charme dans le burlesque et l'excentrique elle exprime une sorte de gaieté qui s'accorde à l'art d'aujourd'hui. Cette interprétationlà est peut-être la plus heureuse et beaucoup plus artistique que celle donnée par Alexandre Sakharoff sur le même thème. Et puis, et puis, Léda Ginelly est harmonieuse depuis sa chevelure exubérante jusqu'à ses fins talons et la beauté est peut-être un spectacle suffisant » (60).

f Léda Ginelly, Valses

h Léda Ginelly, Danse arabe

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••• Léda Ginelly, le Paon, photo Michel Alphonse Eck

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Les amours de Pergolèse, Le Journal Osso

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S’étant aussi produite à Oran le 9 mai, de retour à Paris, Geneviève passa le 12 juin à l'Union Interalliée, avant d’honorer diton un engagement à l’Opéra du Caire. On reverra « l’exquise danseuse » avec Georges et Ida Perrin le 4 novembre à La Rochelle, puis seule dès le 12 décembre au BlueRoom, un cabaret de la rue Caumartin. En janvier 1931, elle dansa dans Azaïs, que René Hervil tourna aux studios Gaumont avant sa sortie le 21 avril. Entre temps, ajoutant à son affiche la Danse arabe

tirée de la cantate de Mariotte, dès le 8 février, Geneviève, Georges et Ida Perrin repartirent en tournée : La Rochelle, SaintJean d’Angely, Saintes, etc. Puis du 6 au 19 mars, « la troublante Ginelly » dansa au Zig-Zag, un music-hall du boulevard Haussmann et le 2 juin à la caserne des Célestins au gala de la Garde républicaine. Pour dire qu’elle participait à toutes sortes de manifestations, à l’instar en juillet d’un concours d'élégance en automobiles où elle remporta un Grand prix avec « une Voisin, carrosserie Fernandez ». C’est toutefois auprès de « sa superbe 6 D.8. Panhard » qu’elle fut photographiée en septembre, avant de reprendre la route. L’Ouest-Éclair avait annoncé, le Paon le 23 octobre à Fougères, mais n’en fit pas écho.

En feuilletant un fascicule de promotion illustré de clichés de Michel Alphonse Eck, « photographe des Théâtres » à Alger, mais aussi tromboniste au Théâtre Municipal, l’on sait seulement que la musique était de « 1579 », ce qui est maigre. Le 3 novembre, c’est L’Intransigeant qui publia : « Mlle Ginelly, tout en continuant à danser, va faire en tournée ses débuts de chanteuse dans une opérette de M. Guillot de Saix, intitulée Leilo-Leila, sur une musique inédite de Charles Lecocq ». À partir d’airs retrouvés dans les papiers du musicien, mort en 1918, le poète et librettiste Léon Guillot de Saix avait conçu cette « bouffonnerie persane » qui vit peutêtre jour à Chartres, avant le 27 novembre au Théâtre Municipal de Troyes. Dans un double rôle de danseuse et chanteuse, « portant le travesti à ravir » Geneviève était entourée par Georges et la mezzosoprano polonaise Helia Wolska. Plus tard, en janvier 1932, dansant devant une troupe de girls sur une musique de René de Buxeuil, Geneviève « vedette du film » tourna avec Lucien Jaquelux, On demande de jolies femmes, comédie humoristique vue en mai au Ciné-Union de Limoges avant l’Olympic à Paris en septembre. Dans l’immédiat, engagée par la Société italienne Cinès-Pittaluga et étudiant l’italien dans ce but, en mars « dans le rôle d’une grande coquette », elle tourna à Rome les Amours de Pergolèse de Guido Brignone, dont la version française projetée à l’Impérial-Pathé le 24 février 1933 n’eut pas les faveurs de Jacques Alphaud : « Léda Ginelly, joue aussi faux qu'il est possible, un texte qu'eût embelli la plus naïve des comédiennes » (61). Puis sous les traits d’une aventurière : « Je suis vouée aux emplois de vamps » (62), elle enchaîna en mai aux studios de Billancourt Rocambole de Gabriel Rosca. « Campant avec beaucoup de distinction la mystérieuse Wanda » (63) le film sortit le 6 janvier 1933. « La grande vedette » confiera : « J'ai travaillé la danse rythmique avec Jaques Dalcroze à Genève ; cela constitue une discipline, un équilibre, une harmonie, un rythme, et cela m’a servi devant la caméra » (64). Après des vacances dans un château du Loiret, les 25 et 26 novembre, Geneviève retrouva Georges et Helia Wolska à Troyes avec deux nouveautés : Brésiliana de Milhaud et Chaconne de Bach, puis à Quimper, où ils reprirent Leilo-Leila. Alors que Rocambole était partout à l’affiche, le 18 février 1933, Geneviève dansa à Lyon, le 24 à Cholet, le 28 à la salle Pleyel dans des improvisation sur des mélodies de René Doire. Puis engagée par Henri Varna, elle débuta le 1er avril au Studio de Paris dans Vices, pièce « hardie » de Pierre Sabatier jouée jusqu’au 29 juin, mais ayant des engagements en province, la danseuse Yama la remplaça bien avant. « Serpentine et onduleuse comme un cygne » (65), elle trouva néanmoins le temps


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d’un énième concours d’élégance avant d’incarner en juin la marquise Binetti dans Casanova de René Barberis. Le film sortit un an après, le 13 avril 1934 suivit de cette pseudo-anecdote publiée dans La Vie Parisienne : « La ravissante Léda Ginelly, dans Casanova, apparaît, avouons-le, fort déshabillée. Et personne ne s'en plaint. Sauf elle, qui, l'autre soir, au bar d'une grande brasserie des Ternes disait à quelques amis : C'est effrayant, ce que je suis nue, dans ce machin-là ! Et figurez-vous que ça a failli faire un drame : mon frère a conduit sa fiancée voir le film, et la jeune personne s'est très sérieusement demandée si elle pouvait devenir ma belle-sœur... Voyons, ne peut-on tourner, même dans un léger costume, et rester une femme honnête ? Mais oui, belle demoiselle. Toute la presse, et la Vie Parisienne en tête, est là pour l'affirmer ! » (66). Geneviève tourna ensuite le Pardon de Jacques de Rameroy et plus tard l’Indésirable d’Émile de Ruelle : « Un rôle terriblement lourd. Celui d’une exilée russe, qui, se croyant veuve, s’est remariée, et qui voit surgir un soir, par hasard, chez elle, son premier mari. Cet ' indésirable ', c’est Daniel Mendaille » (67). Âgé de 48 ans, après des années de vie commune, c’est aussi l’homme que Geneviève épousera en 1948. Excellent artiste, sportif accompli, se disant Parisien, mais né à Tours, le 27 novembre 1885 de parents négociants, Daniel Mendaille, d’abord élève en architecture aux Beaux-Arts, attiré par le théâtre avait été admis au Conservatoire dans la classe de Paul Mounet en novembre 1908. Jugé « tragédien de bon physique et de voix solide » (68) il venait d’accomplir son service militaire et tenait déjà des petits rôles au Théâtre Réjane. Le 5 juillet 1910 à 24 ans il obtint un 1er accessit de tragédie : « M. Mendaille ne m'a pas beaucoup plu dans le rôle d'Etéocle ; pourtant, je reconnais qu'il ne manque pas de talent » (69) nota Léon Mirail. Même chose l’année d’après : « Le 1er accessit fut recueilli par M. Mendaille, qui eut l’audace de jouer Crime et Châtiment. Ce fut son crime, il eut son châtiment » (70). La suite il la confiera en partie à Mon-Ciné : « Dès

que j’eus cueilli les lauriers du concours de fin d’études, je fus engagé aux Variétés où je créai le rôle du champion dans Match de boxe. Un peu plus tard, lorsque Gémier organisa ses grandes représentations au Cirque d’Hiver, il me choisit pour créer le rôle de Créon dans Œdipe, Roi de Thèbes. Je jouais ensuite au théâtre Antoine, à la Renaissance, à l’Œuvre. Je ne pensais guère au cinéma à mes débuts. […] la pauvreté qui a toutes les audaces me poussa un jour à me présenter au Film d’Art. À cette époque, il était dirigé par [André] Calmettes et [Charles] Le Bargy. Je fus engagé. En tournant, je me rendis compte des possibilités de l’art nouveau et que j’avais eu tort de dédaigner le cinéma » (71). Après un rôle dans la Mort du duc d'Enghien en 1804 réalisé par Albert Capellani en 1909, passant sans difficulté du muet au parlant, le cinéma l’accapara tout entier jusqu’aux États-Unis. Après l’Indésirable tourné en septembre 1933 dans les studios d’Épinay-surSeine, Geneviève partout présente sur les écrans, ne fit parler d’elle qu’en janvier 1934 au Maroc et en Algérie avec Ida Perrin : Marrakech, Mazagan, Casablanca, Mostaganem, Rabat, Oran où « tout fut parfait de grâce, de charme, d'autorité et de science aussi » (72). À son programme deux nouveautés : la Danse des Antilles de Marius-François Gaillard et la Danse Égyptienne de Michel-Maurice Lévy, dit Bétove, lequel avait aussi signé pour elle, le Petit cheval, danse figurant à son répertoire officiel, tout comme Pepoutcha Jazz de Madeleine Dedieu-Peters dont on n’entendra pas parler. Dans la difficulté de la suivre entre les périodes de tournage, on la reverra le 17 juin lors d’un spectacle artistique et nautique des vedettes du cinéma à Chaville, le 18 pour un concours de maillots de bain à la piscine Molitor, le 22 dans Superstitieuse, un sketch de Jean Kolb joué au siège de Comœdia dans le cadre de la semaine du cinéma, le 26 salle Wagram pour un défilé et un débat : « Les Françaises sont-elles les femmes les plus élégantes du monde ? » avant un concours d’élégance au Grand-Palais. Plus tard, parmi d’autres rendez-vous mondains, le 3 novembre elle présida le gala aux Enfants de la chance, avant de participer le 7 décembre au Bal de la Comédie-Française dont elle fit l’ouverture dans un Quadrille des Lanciers, réglé par Paul Raymond, de l’Opéra. En mars 1935, alors qu’elle allait jouer dans Couturier de mon cœur de René Jayet et Raymond de Cesse, qui sortit le 3 septembre 1936, on apprendra qu’elle venait de tourner Concurrence de Walter Kapps. Mais à 36 ans la danseuse était toujours applaudie, ainsi le 16 novembre fit-elle « la plus merveilleuse apparition » à la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Levallois. L’on retiendra toutefois le 19 janvier 1936, dimanche où les « télévisionnistes » qui disposaient d’un poste ou ceux qui avaient

pu retirer une carte d’entrée à la direction de la Radiodiffusion, 103, rue de Grenelle, purent voir Geneviève « au programme de l'émission publique de télévision, organisée au poste de la tour Eiffel » (73). Diffusée de 17h30 à 19h30, l’émission réunissait des chanteurs, des acteurs, mais aussi le mime Jacques Tati et les danseuses Alice Landau, dite Nikitina et Jacqueline Simoni, de l’Opéra. Invention en partie française développée à l’étranger, l’exploitation de « la transmission radiographique de scènes prises sur le vif » était en retard en France. Le musicologue, Armand Machabey d’écrire en 1935 : « On ne surprendra personne en écrivant que l'Amérique, l'Angleterre, l'Allemagne comptent déjà des milliers d'amateurs de télévision ; les postes se vendent dans le commerce comme les récepteurs de radio. […] Cette infériorité de la télévision française ne vient ni du public, ni des ingénieurs, ni même des groupes capitalistes qui ont déjà produit d'importants efforts ; elle vient une fois de plus de l'Administration » (74). En 1930, alors qu’il existait encore « des divergences entre les spectateurs, au sujet du film parlé », à la suite de plusieurs démonstrations, Jacques Faure déjà cité et proche de Geneviève avait aussi noté dans un article visionnaire titré : Évolution ? Non, Révolution ! : « La France était jadis à la tête de tous les progrès, notamment ceux du cinéma. Elle ne l'est plus et ne le sera plus de longtemps, voilà tout ! C'est chose décidée. Faisons-en notre deuil et n'en parlons plus » (75). En attendant, parmi les premiers essais de « la dernière conquête du génie humain », l’on citera celui réalisé en public à l’Olympia, le 7 novembre 1930 d’après le procédé de l’écossais John Baird. Maurice Mairgance d’écrire dans L’Ami du peuple : « Je vous ferai grâce aujourd’hui des détails techniques. Sur la scène de l’Olympia était disposé un petit écran, et, au 4ème étage de l’immeuble, dans un studio, le chansonnier [Jean] Marsac était

Mendaille, Verdun, visions d’histoire, j Daniel 1928, photo Cinémagazine

h Archives Internationales de la Danse

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liaisons de télévision sans fil. L’inauguration par le ministre des P.T.T Georges Mandel de la première émission officielle publique de télévision française, aura lieu le 26 avril 1935 sur la chaine Radio P.T.T. C’était encore une expérimentation, la séance inaugurale émise depuis la tour Eiffel dans un rayon de 50 km se déroula le 8 décembre 1935. Rue de Grenelle, un studio avait été aménagé avec des dispositifs de prise de vues, d’éclairage, etc. et avec Maurice Faure, de l'Opéra, au piano, les premières danseuses « télévisionnées » seront Nikitina, Suzanne Lorcia, de l’Opéra et Zoula de Boncza.

placé devant le poste émetteur. Soudain, sur le petit écran, le visage légèrement brouillé, mais très reconnaissable de Marsac apparaît. Sa voix nous explique cette merveille, pose des questions auxquelles nous devons répondre, car il y a un poste récepteur. Nous lui demandons de se moucher, et nous voyons le geste parfaitement et, enfin, sur six rimes lancées au hasard, Marsac chante un couplet à la gloire de la télévision » (76). « La télévision française existe ! Elle ne demande qu'à le prouver. Mais qui donc contribuera à lui en fournir les moyens ? » (77) nota encore Comœdia en 1933 en reportage à Saint-Cloud dans le laboratoire de l’ingénieur, Henri de France. Fondateur de la Compagnie Générale de Télévision, grâce à l'aide financière de plusieurs amis de la Compagnie générale transatlantique, il procédait depuis 1929 à des démonstrations et depuis 1931 à des

h Léda Ginelly g

Léda Ginelly, Pepoutcha Jazz, j’ai fait une faute

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Après son émission de janvier 1936, qui sera suivit d’autres, Geneviève « chantant agréablement » parut au Théâtre des Capucines dans les Trois nuits de Saïgon, pièce d’Alfred Gragnon, puis dès le 28 février dans la revue Fleurs de Paris menée à l’Alhambra par Mistinguett. Enfin « parmi une troupe de grande classe », on l’annonça pour une série de galas organisée dans 30 villes de France avec l'Équipage, pièce de Georges Delange, d’après le roman de Joseph Kessel dans laquelle Mendaille interprétait le rôle de Deschamps qu'il avait tenu à l'écran en 1928 et 1935. Hasard ou pas, depuis le tournage de l’Indésirable en 1933, Geneviève ne se produisait plus avec Georges. En fait, à 53 ans, il poursuivait sa carrière lyrique, mais s’était remarié le 13 juillet 1935 avec une certaine Marie Herbert, dite sans profession. Jouant auprès de Mendaille « le personnage nouveau de Florence », Geneviève passa au Théâtre du Casino Municipal de Biarritz, le 25 septembre 1936 et au Théâtre SaintLouis de Pau le 28 suivant. Fournisseur de nouvelles inédites, La Gazette de Biarritz annonça : « La belle danseuse de la troupe des Sakharoff, Léda Ginelly » (78). Dansant en duo, Clotilde et Alexandre Sakharoff s’étaient produits à Biarritz un mois plus tôt, le 23 août. Mais à Marseille on fera plus fort en claironnant : « Léda Ginelly, étoile de la troupe des Sakharoff » (79). De retour à Paris, peut-être assista-t-elle le 7 décembre à la sortie de Naples au baiser de feu d’Augusto Genina qu’elle avait tourné avec Tino Rossi ? En tout cas, le 1er janvier 1937 « dans ses danses voluptueuses » (80) Geneviève parut au Théâtre Sarah-Bernhardt dans Antar, drame de Chekri Ganem, musique de Nicolas Rimsky-Korsakov arrangée par Maurice Ravel. « La danse du feu - par Léda Ginelly - clôt excellemment le 3ème acte » (81) lira-ton avant qu’elle ne disparaisse fin janvier à nos yeux. Mais peut-être tourna-t-elle loin de France avec le réalisateur allemand Richard Eichberg ? Car le 13 avril dans les salons d'un grand hôtel de la place de la Concorde où les Films sonores Tobis présentaient à la presse le Tombeau Hindou, on nota sa présence auprès de Mendaille, « qui avait avec lui une panthère de quatre mois, une jolie petite bête au caractère rageur, qu’il a rapportée des

Indes » (82). Sinon, on la reverra bien plus tard le 30 mars 1938 pour une conférence dansée aux Archives Internationales de la Danse : association fondée en 1931 par Rolf de Maré, le directeur-mécène des Ballets suédois. À Passy, 6, rue Vital, dans un hôtel particulier rénové par l’architectedécorateur Stanislas Landau : un musée, une bibliothèque, une photothèque, une salle de conférences dotée d’un équipement cinématographique et d’autres espaces dont un appartement qu’occupait Pierre Tugal, « grand spécialiste russe des questions chorégraphiques » et conservateur en chef. En 1935, les mêmes inaugureront le Théâtre de la Danse salle Pleyel. Animée par le critique musical Henri Malherbe, cette conférence à laquelle Suzie Welty prêta son concours avait pour thème : La personnalité et la technique de la danseuse, Léda Ginelly. La femme de lettres, Esther Van Loo de commenter : « Dans une allocution, bien dite et bien écrite, M. Malherbe traça le portrait de la rythmicienne qu’est Mme Ginelly, cette danseuse aux pieds nus qui, après avoir passé par toutes les disciplines de l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève, a créé une école personnelle, naturiste et de danse » (83). Geneviève s’illustra dans des danses connues, exceptée la Sonate au clair de lune de Beethoven dont elle « mima avec émotion le rythme et le sentiment douloureux du 1er mouvement ». Sinon, « le Golliwog’s de Debussy amusa beaucoup les spectateurs : pantin cocasse, désarticulé, qu’une fantaisie étrange anime, fait tourbillonner, abat soudain. Mme Ginelly obtint dans cette pantomime un réel succès. Elle dut la bisser ». Début juin 1938, Geneviève donna trois récitals au Luxembourg au Casino de Mondorf-les-Bains, avant de « diriger les danses » (84) aux Arènes de Lutèce avec la journaliste Anita Estève. Ce que révèle dans Le Populaire, le journal de la S.F.I.O, un article de Léo Lagrange, lequel avait initié ces spectacles avant de quitter son poste de Sous-secrétaire d’État aux loisirs et aux sports. Manifestement sensible aux idéaux du Front populaire, l’on ignore si


LA DANSE À BIARRITZ # 92 Geneviève était liée au groupe « Action et propagande d’art théâtral », cheville ouvrière de ces soirées dont l’objectif était de mettre les œuvres classiques à la portée du grand public. Elles débutèrent le 17 juin avec Jules César, tragédie de Gabriel Boissy adaptée de Shakespeare dans laquelle Mendaille tint le rôle-titre. Suivirent Marie Tudor de Victor Hugo et surtout le 13 juillet, Œdipe roi de Sophocle traduit par Jules Lacroix. La presse n’en fit pas écho, mais comme Laure Fonta en 1881 - à l’époque sur une musique d’Edmond Membrée - sans doute est-ce pour Œdipe roi que Geneviève régla des danses et probablement avec ses élèves. Car lorsqu’elle reparut le 16 février 1939 salle Iéna l’on annonça : « Léda Ginelly et ses élèves » ou « Léda Ginelly et son groupe ». Présidée par Léo Lagrange, cette soirée « de danse contemporaine » était cette fois organisée par « Mai 36 » : Un mouvement populaire d'art et de culture ayant pour devise : « Culture pour tous et non pour quelques-uns », fondé le 31 juillet 1936, jour anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès. La section Danse de ce mouvement dirigé par le journaliste Alexandre-Marie Desrousseaux, dit Bracke, avait été créé en mars 1937 par la « comédienne chorégraphique » d’origine lituanienne, Bella Rein, dite Reine. Membre de l'Association des critiques de la Danse et sans doute du Parti socialiste, Anita Estève en était la voix au Populaire. Les actions de la section consistaient à organiser des spectacles à des prix abordables afin « de faire connaître la danse aux masses populaires » et d’offrir « aux camarades » des cours gratuits : Des classes de « gymnastique synthétique », de mimique, de danses modernes données par des danseurs professionnels et des professeurs adhérents. Geneviève appartenait à ce mouvement, comme les autres participants très certainement. À l’exemple de Marie-Louise Didion et Serge Peretti, de l’Opéra qui le 16 février 1939 offrirent un extrait de la Grisi (1935), ballet d’Henri Tomasi réglé par Albert Aveline. L’affiche compta également Marianne Steven dont on ignore tout et plusieurs artistes ayant fuis l’Allemagne nazie à l’instar de la danseuse satirique Julia Marcus, du danseur expressionniste Ludolf Schild et de sa partenaire d’origine tchèque Yarmila (Irmila) Mentzlova. Mais aussi de la parisienne Catherine Paul, née le 15 décembre 1906, élève à Paris de la danseuse Djemil Amik et en Angleterre du chorégraphe Kurt Jooss, qui avait quitté l'Allemagne en 1933 pour s'installer outreManche, Catherine Paul mariée en 1929 à un avocat de la Cour d’Appel de Paris était encore inconnue lorsque le 11 avril 1838 L’Action française révéla son identité : âgée de 33 ans, elle était la fille de Joseph Paul-Boncour, figure du socialisme et ministre des Affaires étrangères. Il serait long de poursuivre, mais il avait démissionné la veille du gouvernement

et votera contre les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Salle Iéna, Catherine Paul évolua notamment sur « des chansons du Moyen Âge », peut-être un fragment de la Légende de Jean Renaud créée le 22 juin suivant au Centre Marcelin-Berthelot avec Catherine et Élisabeth Chadinoff, dites Atty et Lutys rencontrées en Grande-Bretagne chez Kurt Jooss. Réfugiées à Hossegor en 1941, les 13 et 14 septembre, âgées de 33 et 26 ans les deux sœurs se produiront au Casino Municipal de Biarritz. Élèves d’Olga Préobrajenska, adeptes de la danse libre,

mais pas uniquement puisque sous le nom de Lutys de Luz, Élisabeth se montra dès 1944 en émule de la Argentina, elles possédaient à Passy un studio nommé : « Centre de Danse et de Rythme » que fréquentaient Catherine Paul, Ludolf Schild, Iarmila Mentzlova et sans doute Geneviève. Laquelle présenta salle Iéna : « trois élèves en des groupements délicieux » (85). Le Populaire d’informer plus tard qu’elle enseignait les jeudis à Poissy, précisant qu’il s’agissait « d’une municipalité socialiste » où « le Patronage laïque, [était] ouvert gratuitement à tous les enfants de la ville » : « Mme Ginelly, membre de Mai 36, guide l'effort des enfants vers la danse, et nous avons pu constater, lors de la fête qui s'est déroulée dimanche dernier, combien ses leçons intelligemment artistiques ont été comprises par les jeunes débutantes » (86). Le 6 mai 1940, avec une pléiade de

i Bella Reine, photo Dmitry Wasserman

vedettes dont Mendaille, le réalisateur Marc Allegret donnait le premier tour de manivelle de Parade en sept nuits, qui ne sortit qu’en septembre 1941. Entre temps, fuyant la percée allemande, début juin, parmi une foule dense, où ils croisèrent Mistinguett, Geneviève et Daniel se retrouvèrent à Biarritz. Titrant : « Quand Daniel Mendaille nous parle des difficultés des temps pour les artistes et Léda Ginelly de son goût pour l’enseignement de l'eurythmie », le 8 juin La Gazette de Biarritz leur consacra un article. Les 13 et

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14, elle publia cette annonce : « Artiste cinéma et auteur accepterait situation secrétaire ou autre, conditions de guerre. Daniel Mendaille, 63, avenue de la Marne ». À cette adresse se trouvait la maison à deux étages d’un particulier dont nous n’avons pas cherché l’identité. Quant à l’entretien, mené par un collaborateur occasionnel, un Parisien à coup sûr qui connaissait le couple, signant « F.S. » on ne peut l’identifier. Notons qu’il fera erreur au sujet de l'Équipage, Geneviève n’avait pas tourné dans le film d’Anatole Litvak en 1935. Quant à savoir si elle avait dansé avec Duncan, elle semble le dire, mais on ne le saura jamais vraiment. « Nous sommes assis autour d’une table, à bavarder, avec Léda Ginelly et Daniel Mendaille. Sympathique Daniel Mendaille, aviateur de " l’autre ", où il fut blessé plusieurs fois, Daniel Mendaille qui fut l’ami de Gémier, le secrétaire de Maurice Maeterlinck, et qui est et reste un excellent comédien, toujours sur la brèche dans les studios, parce que le talent y trouve toujours son emploi, sauf quand nous sommes, comme aujourd’hui, au dixième mois d’une guerre qui a arrêté ou mis au ralenti toute activité qui n’a pas pour but de gagner cette guerre. Nous

h k L’équipage, affiche g

Parade en 7 nuits, affiche L’auberge de l’abîme, affiche

parlons de la difficulté des temps pour les artistes, la grande misère pour beaucoup d’entre eux, avec les repas à vingt sous. Ah ! ce ne sont pas des conversations frivoles, croyez-le bien, que l’on a aujourd’hui avec ceux qui distrayaient hier. Alors, nous tâchons de revenir en arrière. Cette belle Léda Ginelly, avec ses yeux couleur bleu de mer calme, nous parle de ses débuts dans la danse avec Dalcroze, avec Isadora Duncan. Ce pauvre Francis de Croisset a écrit sur elle ces lignes charmantes : " La plus merveilleuse des apparitions, elle danse et le décor change, s’embellit, s’illumine. Cette femme qui a l’air d’une enfant, dont le nom évoque la Grèce et Stendhal, ressuscite du plus lointain passé, des gestes d’une pureté éternelle ". Évidemment, aujourd'hui, Léda Ginelly n'a plus l’air d’une enfant. Mais quelle harmonie, quelle harmonie de statue dans ce corps de femme. Nous souvenant que Léda Ginelly a fait du cinéma, qu'elle a tourné dans Casanova, Naples aux baisers de feu, dans L’Équipage de Kessel, où elle avait pour partenaire Daniel Mendaille, nous la questionnons sur son goût pour le cinéma, les films, les studios. — Certes, j’aime le cinéma. Mais j'aime surtout la danse. Et savez-vous ce que j'aime avant tout dans la danse ? C’est l’enseigner. Vous n’imaginez pas quel plaisir rare je trouve à prendre des petites gosses qui ne savent pas se tenir, pas marcher, pas courir, et d’en faire des êtres gracieux, bien équilibrés, harmonieux. Ça, c’est vraiment ma vocation. — C'est un peu le travail du sculpteur... — Oui, du sculpteur, dans de l'argile vivante. Tenez, avant la guerre, à Poissy, avec l’aide, mieux, avec la collaboration du maire, M. Thénon [René Tainon] j'ai fait travailler une soixantaine de mômes des patronages. J’allais à la mairie le jeudi et le dimanche. On m’amenait là mes enfants, des enfants entre 5 et 12 ans. Eh bien ! vous ne pouvez pas savoir ce que j'ai fait de ces gosses-là en trois mois... J'en étais étonnée moimême. En mai dernier, j’ai organisé une fête avec tout mon petit monde, vous n’imaginez pas comme ça a marché. Toute la presse parisienne a chanté mes louanges. — Pourquoi n’organiseriezvous pas quelque chose de semblable ici à Biarritz ? demandons-nous à Léda Ginelly. En ce moment, les enfants sont un peu délaissés, particulièrement ceux dont le père est mobilisé, la mère occupée, soit à un travail, soit à son ménage. Mais oui, pourquoi pas ? Ce serait avec d’autant plus de plaisir que je trouverais là un moyen de " servir ". Vous savez, nous sommes un peu toutes les mêmes, les femmes, nous avons toutes, en ce moment, ce désir de faire plus que nous ne faisons habituellement » (87).

Sans vouloir amoindrir les mérites de Geneviève à Poissy, précisons que seul Le Populaire chanta ses louanges, quant à savoir si elle enseigna à Biarritz ou trouva le moyen de « servir », La Gazette n’en fit pas écho. On la retrouvera à Paris à l’affiche du Cœur de Montmartre, un cabaret de la rue Couston où Daniel passait depuis le 11 octobre. Du 18 au 27, on annonça : « Le spirituel chansonnier Jean Lec présente les belles danseuses Léda Ginelly, Odile Prim et Yarmila ». Odile Prim restera inconnue, en revanche Yarmila devait-être Iarmila Mentzlova, élève de Duncan et disciple du maître spirituel bulgare Peter Deunov, créateur de la Paneurythmie dont elle publiera plus tard l’enseignement (88). En ces temps difficiles de l’Occupation, alors que le cinéma semblait le bouder, Daniel enregistrait des sketchs radiophoniques et on retrouvera seulement Geneviève le 22 février 1941 au vélodrome d’Hiver pour un gala au profit de la Mutuelle du Cinéma. Puis en octobre, Daniel s’étant « découvert la vocation du rural », on apprendra qu’il avait acheté une ferme dans le Vexin normand à Puchay-sur-Eure : « Vaillamment, avec sa femme, la danseuse Léda Ginelly, [il] se mit à la culture et à l'élevage » (89). Il tourna néanmoins l’Auberge de l’abîme de Willy Rozier en septembre 1942. Quant à Geneviève, il ne sera fait écho que de sa participation au programme du tirage de la Loterie Nationale le 10 décembre 1943 à la Gaîté Lyrique. Mais pour tout dire ou presque, dans le cadre « de la loi du 22 juillet 1941 relative aux entreprises, biens et valeurs appartenant aux Juifs », on apprendra par Le Journal Officiel qu’elle demeurait à Paris au 4, rue Auguste Vitu et qu’une particulière dont on taira le nom lui avait prêté les fonds nécessaires à l’achat de ce logement. Alors que Daniel âgé de 60 ans à la Libération poursuivit sa carrière au théâtre et au cinéma auprès de Luis Mariano, Simone Signoret, Martine Carol, Gérard Philipe pour ne citer qu’eux, dans


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la presse dont nous sommes tributaires, le nom de Léda Ginelly ne reparaîtra qu’en août 1946, buvant un pastis à Perros-Guirec en compagnie de Daniel et « de vedettes très parisiennes ». Ce qui sympathique, mais pas vraiment ce que l’on attendait. Geneviève avait 47 ans, deux ans plus tard, le 7 février 1948, elle épousa Daniel à Paris, lequel tournera une dernière fois à 73 ans aux côtés de Bernard Blier dans la Chatte. Le film réalisé par Henri Decoin entre janvier et mars sortit le 18 avril 1958. L’année d’après, à 60 ans, le 14 avril 1959 Geneviève disparaissait à la Maison de retraite des artistes dramatiques fondée en 1903 par l'acteur Constant Coquelin à Couilly-Pont-aux-Dames (Seine-et-Marne). « Pour ceux qui n'ont pas eu beaucoup de chance la retraite c'est Pont-auxDames » (90) confiait son directeur en 1939. Pour y entrer il suffisait d’avoir 60 ans et « d’abandonner à la Société de Secours des Artistes Dramatiques la pension de retraite que cette dernière vous versait en échange d’une place » (91). Pour ce que l’on sait, Daniel s’y éteignit à 77 ans, le 17 mai 1963 et tous deux sont inhumés au cimetière de Couilly-Pont-aux-Dames. Si l’on s’en souvient, en 1927, Geneviève et Georges avaient eu une fille prénommée Madeleine à propos de laquelle nous ignorons tout. Mais en 1992 lors de la sortie à Montréal d’un ouvrage introuvable d’Odette Legendre intitulé : Georges Petit, 1883-1960 : Un demi-siècle d'art vocal français, Madeleine Petit fera don à l’Université du Québec à Montréal « de la collection de partitions ayant appartenu à son père Georges Petit, ainsi que de divers documents relatifs à la carrière de sa mère Léda Ginelly, danseuse et actrice » (92).

n TM

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Le Figaro, 11 février 1920

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Comœdia, 15 juillet 1933

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L’Avenir, 9 février 1920

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Comœdia, 16 février 1920

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Comœdia, 4 janvier 1923

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Mon-Ciné, 27 octobre 1927

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Lettre du 20 janvier 1918, Fonds Rouché, pièce 166

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L'Art musical, 8 avril 1938

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La Gazette de Biarritz, 8 juin 1940

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La Paneurythmie - Le psychisme humain en Union avec l’Harmonie Universelle, 1984

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Remerciements à Anne Londaïtz pour toutes les recherches généalogiques de cet article.

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(60)

L’Écho d’Alger, 8 mai 1930

(61)

L'Européen, 3 mars 1933

(62)

Cinémonde, 23 juin 1932

Léda Ginelly, Golliwogs cake walk, h photo Michel Alphonse Eck

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ACTION CULTURELLE Espace Michel Croz – Chamonix

Opéra de Rouen Normandie À l’occasion des deux représentations rouennaises de l’Oiseau de feu et du Sacre du printemps en novembre dernier, 17 élèves du CRR de Rouen sont venus assister à la classe le 17, et 18 élèves de l’Association Côté Cour de Mont-SaintAignan le 18. Ils ont ainsi pu découvrir le travail des danseurs et échanger avec eux et Frederik Deberdt, maître de ballet. Le Tangram – Scène Nationale à Évreux Le 19 décembre, jour de la représentation de l’Oiseau de feu et du Sacre du printemps au Tangram, 50 élèves en CHAD (Classe à Horaires Aménagés Danse) du Collège Jean Jaurès d’Évreux sont venus assister à la classe et au début de la répétition des danseurs sur scène.

Dans le cadre de la programmation de Mosaïque à Chamonix le 27 janvier, 50 élèves de l’École de Musique et de Danse Intercommunale (EMDI) Vallée de Chamonix Mont-Blanc sont venus assister à la classe et à la répétition. Grand Théâtre de Provence - Aix-enProvence À l’occasion des représentations de la Pastorale au Grand Théâtre de Provence les 9 et 10 février, Clémence Chevillotte, artiste chorégraphique donnera une masterclassatelier de répertoire à des élèves âgés de 14 à 17 ans du Conservatoire Michel-Petrucciani d’Istres, le 11 février. Cette année, ces élèves ont pour projet la reprise d’un extrait du ballet Rikalda de Leoš Janácek et Thierry Malandain, dans le cadre d’un travail transdisciplinaire avec des élèves en musique et chant du Conservatoire. Clémence Chevillotte donnera ensuite une masterclass-atelier de répertoire à desélèves du Conservatoire de Marignane en 2ème et 3ème cycle, le 12 février.

© Olivier Houeix

Vendespace – La Roche-sur-Yon

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Théâtre de la Gare du Midi - Biarritz

Autour des représentations des Saisons à la Gare du Midi, Ione Miren Aguirre a animé un atelier Voulez-vous danser avec nous ? pour adultes débutants amateurs le 22 décembre, ainsi que deux masterclassesateliers de répertoire pour des élèves danseurs niveau moyen/avancé et deux masterclasses-ateliers de répertoire pour des élèves danseurs niveau supérieurpréprofessionnel les 27 et 28 décembre. Théâtre Alexandre Dumas – SaintGermain-en-Laye En 2024, le Théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye affichera deux ballets de Thierry Malandain : Cendrillon par le Ballet Nice Méditerranée le 4 février et la Pastorale par le Malandain Ballet Biarritz le 19 mars. Dans ce cadre, le 21 janvier Carole Philipp est intervenue au Théâtre Alexandre Dumas pour donner un atelier Voulez-vous danser avec nous ? pour adultes amateurs autour de Cendrillon et une masterclass-atelier de répertoire pour élèves danseurs âgés de 15 à 20 ans autour de la Pastorale.

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Autour de la programmation des Saisons les 18 et 19 février au Vendespace, le Département de la Vendée a sollicité le CCN pour deux interventions de médiation. La première s’est déroulée le 20 décembre, Ione Miren Aguirre a présenté une visite virtuelle du CCN puis donné un atelier autour des Saisons à une trentaine d’enseignants de l’Éducation Nationale afin de leur donner les clés de compréhension du ballet et ainsi les aider à préparer leurs élèves à la représentation scolaire de février (1.300 élèves de 6ème et 5ème). La seconde aura lieu le 16 février et consistera en deux ateliers destinés à une quarantaine de professionnels de l’Éducation Artistique et Culturelle. Opéra de Reims Le 17 mars, un groupe d’élèves du Conservatoire Intercommunal du Grand Sénonais, lieu de formation du danseur Hugo Layer, viendra à l’Opéra de Reims pour assister à la classe et à la représentation des Saisons.

La Coursive Scène Nationale - La Rochelle À l’occasion de la programmation des Saisons à La Coursive les 3 et 4 avril prochains, la répétition sera ouverte au public le 3 avril.

Éducation Artistique et Culturelle Dans le cadre d’un projet d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC) intitulé « Tous différents ! » porté par les Affaires culturelles de la Ville de Biarritz, six classes des six écoles publiques de la Ville auront l’opportunité de venir à la rencontre des danseurs durant l’année scolaire. Entre octobre et mai, ces élèves de différents niveaux viendront à la Gare du Midi assister à la classe et participer à un atelier autour du répertoire de Thierry Malandain.

Transmission Lyane Lamourelle, ex-danseuse de la compagnie, aujourd’hui professeur au Conservatoire de Musique et de Danse de Montreuil, a sollicité le CCN pour organiser un stage de transmission de Mozart à 2 et Beethoven 6. Carole Philipp interviendra au Conservatoire de Montreuil du 15 au 19 avril, auprès de 14 élèves de Montreuil et de 5 élèves de Bobigny en fin de 2nd cycle et 3ème cycle en danse classique. Ce stage trouvera une finalité dans une restitution le 26 juin au Théâtre Berthelot de Montreuil. Ces élèves assisteront par ailleurs à la répétition et à la représentation de Mozart à 2 et Beethoven 6 au Théâtre des Bergeries de Noisy-le-Sec le 20 mars. Ce projet est soutenu par Est Ensemble.

Académie Internationale de q Danse de Biarritz Du 4 au 9 août, en parallèle des Estivales, se déroulera la 35ème édition de l’Académie Internationale de Danse de Biarritz soutenue par la Ville de Biarritz. Chaque année pendant une semaine près de 350 stagiaires de tous les horizons, de tous les niveaux, des préprofessionnels, des professionnels partagent une expérience unique en compagnie d’une pléiade de

© David Herrero

En tournée


Une présentation publique du travail des stagiaires avec les pianistes et professeurs aura lieu le 6 août à la Gare du Midi. Informations / Inscriptions : www.biarritz-academie-danse.com

Planeta Dantzan # 6 Pour la sixième année consécutive, le programme chorégraphique de sensibilisation à l’environnement Planeta Dantzan, créé en 2018 par le Malandain Ballet Biarritz, la fondation Cristina Enea de Donostia / San Sebastián et le service d’éducation à l’environnement de la Ville de Pampelune grâce au soutien de l’Eurorégion NouvelleAquitaine Euskadi Navarre, sera déployé dans les établissements scolaires des PyrénéesAtlantiques, de Donostia / San Sebastián et pour la première fois d’Errenteria, ville d’implantation de l’artiste associé du CCN Malandain Ballet Biarritz, Jon Maya.

© Stéphane Bellocq

Nuit des Conservatoires Le 26 janvier, lors de la Nuit des Conservatoires et pour la seconde année consécutive, Richard Coudray a donné une Mégabarre au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque.

© Olivier Houeix

32 classes bénéficieront chacune de 3 ateliers : 1 atelier art et environnement et 2 ateliers chorégraphiques. Pour la première année, 4 classes, 2 des PyrénéesAtlantiques et 2 de Donostia / San Sebastián participeront à un projet de transmission. Chaque groupe apprendra une des saisons créées par Thierry Malandain et se présentera mutuellement le travail accompli au cours des 15 heures d’ateliers chorégraphiques lors d’une rencontre interculturelle, le 23 mai à la Sala Club du Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián.

Toutes les classes assisteront à une représentation scolaire des Saisons les 22, 23 et 24 mai au Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián. Grâce aux généreux soutiens d’Aline Foriel-Destezet, du Fonds de dotation Lyra et de la Fondation d’Ici-Tokiko, la participation des collèges est entièrement gratuite.

Atalak

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professeurs parmi les plus prestigieux leur apportant un enseignement de la danse classique, où les principaux courants sont représentés aussi bien l’école française, l’école russe, l’école cubaine… Pour l’édition 2024, divers ateliers chorégraphiques seront proposés par des artistes internationaux : Urtzi Aranburu assurera des workshops autour des répertoires de Jirí Kylián et de Johan Inger, Xenia Wiest transmettra des extraits du répertoire de sa compagnie Ballett X Schwerin. Enfin Frederik Deberdt animera des ateliers autour du répertoire de Thierry Malandain. Cette année, l’équipe pédagogique sera composée de Carole Arbo (Étoile de l’Opéra national de Paris), Jason Beechey (Pallucca Dresde et haute école des Arts de Zurich), Bertrand Belem (Conservatoire National Supérieur Danse de Paris), Isabel Hernandez (École Nationale de Danse de Marseille), Eva Lopez (Conservatoire Supérieur de Madrid), Béatrice Legendre-Choukroun (Professeur des Conservatoires de Paris), Éric Quilleré (Directeur de la danse de l’Opéra National de Bordeaux) et Lienz Chang Oliva (Ballet National de Cuba).

© Olivier Houeix

TERRITOIRE

Mardi 23 avril à 19h / Studio Gamaritz de la Gare du Midi (entrée par le parvis) Suite à une résidence de deux semaines réalisée dans le cadre du programme Atalak, la compagnie projet RA.RE / association Rabbit Research d’Emilie Camacho proposera une restitution publique autour de la figure de Pénélope. L’attente, le souvenir, les retrouvailles, la vision du futur, sont les thématiques qui seront traversées, dans le but de comprendre comment une chorégraphie peut évoquer, déployer et partager le principe d’harmonie, et de cette harmonie, faire naitre une poésie en mouvement. Entrée libre sur réservation au Tél. 05 59 24 67 19


ACCUEIL STUDIO Sorties de résidence publiques

et peut-être en renouvelant les codes, la pièce entend saisir cette occasion de faire redécouvrir de façon ludique une forme populaire intemporelle. Sine Qua Non Art Catching Lions Needs a Thousand Dogs Jeudi 7 mars à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi

© Stéphane Bellocq

Catching lions needs a thousand dogs est une zone artistique de liberté, où les créatures s’invitent au plateau pour y partager leurs doutes, leurs courages, leurs envies et surtout leurs rêves. Un nouveau cabaret-politique, comme Berthold Brecht pouvait le rêver ; là où l’ensemble des points de vue sur le monde et les archétypes qui nous entourent produisent le sens du commun. Utopie rêvée ou rêve éveillé, tel un jukebox de l’humanité, l’absurdité du monde et de notre quotidien sera mise au grand jour, par les 15 interprètes, dans tous ce qu’il y a de plus immersif, généreux et festif.

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EliralE / Pantxika Telleria Mamuka Mardi 6 février à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi

La chorégraphe Pantxika Telleria a marqué le territoire pas ses productions à destination du jeune public. Pour cette nouvelle création, la chorégraphe a choisi de s’immerger avec deux danseurs, dans l’univers feutré et organique de la forêt. Une forêt qui s’anime et prend vie dès que retentit la musique de Vivaldi. Inspiré du monde du cabaret de Joséphine Becker, on y découvre alors tout un microcosme de créatures et d’insectes, au gré des sons, des senteurs boisées et des effets de lumière propres à la nature sauvage. Avec poésie et amusement, le moindre mouvement devient une danse aérienne, une gestuelle imaginaire ayant pour cadre une aire de jeu infiniment grand.

Led Silhouette Halley

Pierre Rigal Ronde

Les chorégraphes Jon Lopez et Martxel Rodriguez qui forment le binôme de chorégraphes de la compagnie navarraise proposent dans cette création une épopée contemporaine, la course désespérée d'un groupe composé de 8 interprètes, confronté au défi de s'organiser avant le chaos. Des personnages qui portent des fardeaux, qui ont un chemin à parcourir et qui aspirent à surmonter les échecs et les erreurs qui les séparent du bonheur. Halley, c'est aussi le doute et la recherche, une quête. Un souffle dans un moment d’incertitude, une expression de la sensibilité qui nous permet de comprendre le présent et de prévoir l'avenir.

Jeudi 22 février à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi C’est à la ronde, une danse à la fois frugale et engageante, facilement accessible à toutes et tous, que Pierre Rigal souhaite rendre un hommage, curieux et amusé. En s’appuyant sur les principes de ce rituel archaïque, le chorégraphe et ses interprètes essaieront de retrouver l’essence même du partage et du lien mais aussi de jouer avec de nouvelles énergies de physicalité et de musicalité contemporaines (techno, house, percussions, trance...). Tout en déplaçant

Hors-Série / Hamid Ben Mahi I-3 • être habitant

© Juan Carlos Toledo

Jeudi 15 février à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi Cette création aux confluents de la danse, de l’architecture et des arts visuels associe le geste chorégraphique à la parole. Cinq danseurs nous invitent à imaginer comment habiter poétiquement le monde. Leurs mouvements se superposent aux histoires livrées par les témoins. Une expérience, un souvenir et plus encore, le sentiment d’attachement qui se crée avec les espaces que l’on habite : voilà les récits qui traverseront les corps des interprètes. Comment vit-on dans des espaces pensés par d’autres ? Quels rituels s’y organisent ? Quelles chorégraphies du quotidien s’y créent ? Avec I-3 • être habitant, Hamid

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Ben Mahi souhaite proposer un espace de réflexion autour de cette « troisième peau » que constitue notre lieu de vie et esquisser le vivre ensemble.

Jeudi 28 mars 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi


TRANSMISSION Compagnies en résidence / Prêt de studios Sorties de résidence publiques Ouverture Cubaine

© Stéphane Bellocq

Du 15 au 25 janvier et du 12 au 16 février, Frederik Deberdt remontera Ouverture Cubaine de George Gershwin et Thierry Malandain à la B&M compagnie dirigée par Manon Bastardie. La Première aura lieu le 22 mars à Saint-Palais, puis le 30 mars au Théâtre du Colisée de Biarritz.

Université du Mouvement Après cinq ans d’histoire commune avec le chorégraphe Gilles Schamber et Aureline Guillot, l’Université du Mouvement (UDM) se déclinera en deux projets pour l’année 2024 :

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Martin Harriague Crocodile

L'UDM Répertoire sera un travail de reprise d’extraits du ballet Noé de Thierry Malandain, mené par Aureline Guillot et son association Instant Présent / Infos sur www.instantpresent.eu

Martin Harriague invite le public à une nouvelle étape de création de Crocodile qui sera créé lors de la prochaine édition du Temps d’Aimer. Un duo mettant en scène le rapprochement de deux corps amoureux qui s’accordent, se ponctuent, s’interrogent comme autant de mots se conjuguant à l’occasion d’une rencontre : celle du chorégraphe et de la fabuleuse danseuse Émilie Leriche avec qui il crée et interprète la pièce.

© Caroline de Otero

Vendredi 8 mars à 19h Grand Studio de la Gare du Midi (entrée par le haut de la Gare du Midi)

Émilie Camacho Retour à Itak Jeudi 14 mars à 19h Studio Gamaritz de la Gare du Midi Un mythe fondateur pour chorégraphier l’harmonie retrouvée. Ni Ulysse, ni Pénélope ne seront les héros de ce chant, mais bien leurs retrouvailles. Leur réunion. Leur noce alchimique sacrée. Ce moment tant attendu par l’une et l’un. Ce moment qui verra les corps respectivement métamorphosés par leurs épreuves, la distance, le temps, le désir des hommes et des dieux, s’unir à nouveau et chercher une harmonie du présent. Une écoute. Une entente. Un futur commun lumineux et brillant.

L'UDM Création sera porté par Gilles Schamber et le Malandain Ballet Biarritz pour créer un ballet contemporain original sur mesure de 45 minutes, avec l'ambition d'aller au plus près du professionnalisme. / Infos sur : https://www.helloasso.com/ associations/ballet-biarritz/adhesions/ udm-creation-adhesion-2024

Accompagnés en musique vivante par un trompettiste, dieu des vents soufflant sur leur destinée, et par un groupe d’enfants incarnant le chœur à l’image des tragédies grecques, Retour à Itak prendra vie comme un clin d’œil shakespearien aux histoires d’amour trouvant une issue dans le vivant. Entrée libre sur réservation au Tél. 05 59 24 67 19

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© Olivier Houeix

EN BREF Cendrillon au Teatro Massimo de Palerme

Le 24 octobre avec le soutien de l’Institut français de Géorgie, Khatuna Mzarelua, journaliste en matière d’art et de culture et chercheuse en danse contemporaine européenne a proposé une conférence sur l’Oiseau de feu d’Igor Stravinski en comparant la version de Thierry Malandain à celle de Michel Fokine créée en 1910. Dans ce cadre, une projection de l’Oiseau de feu de Thierry Malandain a eu lieu à Tbilissi, à la faculté de la chorégraphie de l’Université d'État du Théâtre et du Cinéma de Géorgie. Le ballet a enchanté le public composé d'étudiants de cette faculté, de leurs professeurs, de danseuses du Giorgi Aleksidze Tbilisi Contemporary ballet, d’anciennes danseuses de l’Opéra de Tbilissi, ainsi que de passionnés de danse. « Le public a particulièrement souligné la grande musicalité des mouvements, la beauté des couleurs, la parfaite perception de l’espace, la sobriété et l’élégance de la chorégraphie ». Diffusion Mezzo et medici.tv. Le 15 décembre, une captation des Saisons, accompagnées par l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles dirigé par Stefan Plewniak a été réalisée par Patrick Lauze - Les Films Figures Libres à l’Opéra royal de Versailles. Cette captation a été diffusée sur Mezzo le 24 décembre en live session ainsi que durant tout le mois de janvier sur Mezzo LIVE. Une diffusion en différé a également eu lieu le 26 décembre à 20h sur medici.tv. Gala Hope Le Malandain Ballet Biarritz participera une nouvelle fois au Gala Hope organisé par Laura Arend au Casino de Paris le 6 février. Cet événement est organisé en soutien pour la recherche, au profit de l’Association Institut de Myologie. À cette occasion, la Mort du cygne de Thierry Malandain sera présentée.

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Le 29 décembre à l’issue de la représentation des Saisons à la Gare du Midi, Colette Rousserie, Présidente des Amis du Malandain Ballet Biarritz et son Bureau a remis un chèque de soutien de 33.000 € au Ballet. L’association des Amis du Malandain Ballet Biarritz compte aujourd’hui plus de 400 adhérents.

Remerciements

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Après Marie Antoinette en 2022, du 10 au 14 janvier le Malandain Ballet Biarritz s’est produit pour la seconde fois au Teatro La Fenice de Venise. Sous la baguette de Stefan Plewniak, les Saisons étaient accompagnées par l’Orchestra del Teatro La Fenice, tandis que le ballet Nocturnes était joué au piano par Thomas Valverde. Nous remercions M. Franco Bolletta, responsable artistique de La Fenice pour son invitation, ainsi que le Palazzo Garzoni pour son généreux soutien.

Martin Harriague, Directeur de la danse de l’Opéra Grand Avignon

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Conférence sur l’Oiseau de feu à Tbilissi

Amis du Malandain Ballet Biarritz

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À l’invitation de Jean-Sébastien Colau, directeur du Ballet du Teatro Massimo de Palerme, Giuseppe Chiavaro se rendra en Sicile dès le 29 janvier pour remonter Cendrillon de Thierry Malandain. La Première aura lieu 16 mars avec l’orchestre du Teatro Massimo dirigé par Mojca Lavrencic.

Prix du public, Prix de la critique, 2ème Prix au Concours de Jeunes Chorégraphes de Ballet à Biarritz en 2016, auteur de Sirènes en 2018 pour le Malandain Ballet Biarritz, puis artiste associé au CCN de 2018 à 2021 et chorégraphe du Sacre du printemps en 2021, Martin Harriague a été nommé au poste de Directeur de la danse de l’Opéra Grand Avignon. Sous la direction de Frédéric Roels, il prendra ses fonctions à compter du 1er septembre 2024. Mécénat Courant décembre 2023, le Malandain Ballet Biarritz a fait appel à la générosité du public pour soutenir ses actions auprès du jeune public, d’établissements médicaux sociaux tels des EHPAD, fermes d’insertion… Chaleureux remerciements aux nombreux donateurs qui ont apporté près de 8.000 euros qui vont permettre d’amplifier les interventions d’intérêt général auprès de la jeunesse et de publics éloignés de la culture.

Actes de la 3ème rencontre sur la transition écologique du spectacle vivant Le 14 septembre 2023, furent organisées dans le cadre du festival le Temps d’Aimer la Danse, les 3ème rencontres sur la transition écologique dans l’art chorégraphique. 105 professionnels (artistes, personnel administratif, représentants d’institutions publiques, journalistes…) ont participé à cette journée d’échanges et de réflexions. Les actes de cette rencontre sont disponibles en téléchargement gratuit sur le site du Temps d’Aimer : www.letempsaimer.com


centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques

Conseil d'administration Présidente Catherine Pégard Vice-président Guillaume Pépy Trésorière Solange Dondi Secrétaire Richard Flahaut Trésorière adjointe, déléguée à la transition écoresponsable Monique Barbaroux Déléguée à la coopération territoriale et internationale Marie-Christine Rivière Administrateurs Clément Hervieu- Léger, Gratien Maire, Anne Méhu, Claudine Pons  Président d’honneur Pierre Durand Direction Directeur / Chorégraphe Thierry Malandain Directeur délégué Yves Kordian Secrétaire général Georges Tran du Phuoc   Responsable administrative, Ressources Humaines et financière Séverine Etchenique   Chargé de développement et de coordination artistique Arnaud Mahouy    Artistique / Création  Maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt Artistes chorégraphiques Noé Ballot, Giuditta Banchetti, Julie Bruneau, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Timothée Mahut, Alessia Peschiulli, Julen Rodríguez Flores, Alejandro Sánchez Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Chelsey Van Belle, Patricia Velázquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Léo Wanner Pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Jean-François Pailler

Artiste associé Jon Maya, Kukai Dantza Technique  Directrice technique Chloé Brèneur   Régisseur général Frédéric Bears   Régisseurs plateau Thierry Chabaud, Pascal De Thier, Jean-Luc Del Campo, Jean Gardera, Emmanuel Rieussec Régisseurs lumière Christian Grossard, Théo Matton Régisseurs son Andde Carrère, Nicolas Rochais, Maxime Truccolo Technicien plateau Renaud Bidjeck Réalisation costumes Charlotte Margnoux, Véronique Murat Régisseuses costumes Karine Prins, Annie Onchalo Construction des décors et accessoires Frédéric Vadé Techniciens chauffeurs Guillaume Savary, Vincent Ustarroz Agent d’entretien Ghita Ballouk Réceptif et catering Jacques Daems Directeur technique festival Le Temps d'Aimer Jean-Pascal Bourgade Administration  Administration, finances, Ressources Humaines Comptables principales Arantxa Lagnet, Laurence Peltier   Comptable Marina Souveste   Secrétaire comptable Sonia Mounica   Secrétaire administrative Virginie Sichem   Pôle chorégraphique territorial Administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Pôle actions culturelles Chargée des actions culturelles Laura Delprat Artiste Chorégraphique, Intervenante en sensibilisation Ione Miren Aguirre Intervenante Enseignement Arts-Danse, Académie, ERD Carole Philipp Diffusion / production Chargée de diffusion Lise Philippon Attachée de production Noémie Zabala-Pihouée Administratrice de production festival Le Temps d'Aimer Katariñe Arrizabalaga Consultant Thierry Messonnier - The Publicists Agents Delta Danse - Thierry Duclos, Creatio 300-Klemark Performing Arts & Music, Norddeutsche Konzertdirektion – Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music – Roberta Righi Communication Responsable Communication Sabine Cascino Chargée de projet Eloixa Ospital Attachée à la communication Elena Eyherabide Responsable Image Frédéric Néry - Yocom Attaché de presse Yves Mousset Photographe Olivier Houeix Suivi et prévention médicale des danseurs Médecin du sport référente Dr. Aurélie Juret  Médecine générale Dr. Francoise Berenguer Garcia  Gynécologie médicale Dr. Marie Grellety-Cherbéro Kinésithérapeutes Jean-Baptiste Colombié, Régis Gomes, Camille Lassalle  Osthéopathe Romuald Bouschbacher  BALLET T Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz Co-présidence du projet Thierry Malandain  Co-directeur du projet Yves Kordian  Chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta Communication Sabine Cascino Victoria Eugenia Antzokia Co-présidence Jaime Otamendi Co-directeur du projet Norka Chiapusso  Chef de projet Koldo Domán Administration Maria Jose Irisarri Communication Maria Huegun CCN Malandain Ballet Biarritz Gare du Midi • 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • ccn@malandainballet.com

Claire Lonchampt & Raphaël Canet, Marie-Antoinette © Olivier Houeix

Transmission du répertoire Maîtres de ballet Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt


CALENDRIER JANVIER > AVRIL 2024 Arcachon

L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps

27/01

Chamonix

Mosaïque

01/02

Roanne

Mosaïque

04/02

Saint-Quentin-dans-l'Aisne

Les Saisons

06/02

Paris

La Mort du cygne

09/02

Aix-en-Provence

La Pastorale

10/02

Aix-en-Provence

La Pastorale

18/02

La Roche-sur-Yon

Les Saisons avec orchestre

19/02

La Roche-sur-Yon

Les Saisons avec orchestre (Jeune public)

01/03

Martinique

Nocturnes (scolaire)

02/03

Martinique

Nocturnes, Mozart à 2, Boléro

03/03

Martinique

Boléro

12/03

Neuilly

Les Saisons

13/03

Meudon

Mozart à 2, Beethoven 6

15/03

Reims

Les Saisons (scolaire)

16/03

Reims

Les Saisons

17/03

Reims

Les Saisons

19/03

Saint Germain-en-Laye

La Pastorale

20/03

Noisy-le-Sec

Mozart à 2, Beethoven 6

22/03

Plaisir

La Pastorale

23/03

Plaisir

La Pastorale

26/03

Rambouillet

La Pastorale

29/03

Saint-Etienne

Les Saisons

03/04

La Rochelle

Les Saisons

04/04

La Rochelle

Les Saisons

Représentations au Pays Basque 19/01

Bilbao

Les Saisons

20/01

Bilbao

Les Saisons

08/03

Pampelune

Les Saisons avec orchestre (scolaire)

09/03

Pampelune

Les Saisons avec orchestre

10/01

Italie / Venise

Les Saisons avec orchestre et Nocturnes

11/01

Italie / Venise

Les Saisons avec orchestre et Nocturnes

12/01

Italie / Venise

Les Saisons avec orchestre et Nocturnes

13/01

Italie / Venise

Les Saisons avec orchestre et Nocturnes

14/01

Italie / Venise

Les Saisons avec orchestre et Nocturnes

30/01

Suisse / Fribourg

L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps

22/02

Suisse / Schaffhausen

Les Saisons

24/02

Allemagne / Villingen-Schwenningen

L'Oiseau de feu et le Sacre du printemps

27/02

Allemagne / Lörrach

Mozart à 2, Nocturnes, Boléro

19/04

Sardaigne / Cagliari

Mozart à 2, Beethoven 6

20/04

Sardaigne / Cagliari

Mozart à 2, Beethoven 6

21/04

Sardaigne / Cagliari

Mozart à 2, Beethoven 6

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Représentations à l’International

Fondation Thierry Malandain pour la Danse

direction de la publication Thierry Malandain • conception et design graphique Yocom.fr • impression Graphic System (Pessac) • ISSN 1293-6693 - juillet 2002

www.malandainballet.com

23/01

Licences L-R-21-009535 et L-R-21-009537

Représentations en France


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