Numéro 95 Janvier > Avril 2023

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ÉDITO ACTUALITÉ ACTIVITÉ

DANSE À BIARRITZ #89

SENSIBILISATION TRANSMISSION ACCUEIL STUDIO

JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ JANVIER > AVRIL 2023 PAGE 2 PAGE 6 PAGE 7 PAGE 8 PAGE 32 PAGE 34 PAGE 34 PAGE 36 PAGE 38 PAGE 40
Jeshua Costa © Thomas Canel pour Pyrenex, partenaire du Malandain Ballet Biarritz
SANTÉ EN BREF CALENDRIER

ÉDITO

Danser sur un volcan

On aurait pu trouver mieux que le bord d’un cratère pour improviser une salle de bal, mais la danse rimant avec l’insouciance de la cigale, ceci pour son malheur et son amour, depuis l’extinction des volcans d’Auvergne et la réforme des dinosaures en lézards, combien de fois n’a-t-on pas employer l’expression : « Danser sur un volcan » pour prévenir de crises latentes ? Et par les temps qui couvent sous la peau du monde, Haroun Tazieff, en expert des forges de Vulcain aurait sans doute ajouté : « Ça sent le soufre ! » Car qui trop embrase, mal éteint, et face aux ébullitions de toutes sortes susceptibles de provoquer un déluge de feu, à moins de passer son temps avachi devant un Télécran, il est difficile de rester de marbre à l’exemple lointain de Gustave Flaubert, qui en 1859, dans une lettre à son ami Eugène Delattre, homme politique et avocat, écrivait en furieux caractères :

« On a dit que nous dansions sur un volcan ; la comparaison est emphatique ! Pas du tout ! nous trépignons sur la planche pourrie d’une vaste latrine. L’humanité, pour ma part, me donne envie de vomir, et il faudrait aller se pendre, s’il n’y avait, par ci par là, de nobles esprits qui désinfectent l’atmosphère » (1)

« Noble esprit » qu’animaient d’ardentes convictions, Jakes Abeberry s’est éteint paisiblement le 29 novembre dernier. Figure tutélaire du mouvement abertzale, ce qui en basque signifie « amant de la patrie », il n’aurait pas partagé le regard désenchanté de Flaubert sur l'humanité. Car soutenu par l’espérance, il ne perdait jamais son enthousiasme. Néanmoins, possédé de l'amour de la vérité et de la justice, d’une nature passionnée, pour ne pas dire volcanique, l’éditorialiste du journal Enbata était comme un sismographe sensible aux secousses de la planète. Par ailleurs, danseur, chanteur, puis l’un des directeurs artistiques des Ballets Basques de Biarritz Oldarra, la culture et la danse étaient son feu sacré.

Ainsi, il y a trois décennies, auprès de Didier Borotra, sénateur-maire rempli d’ambition de renouveau pour Biarritz, Jakes Abeberry, fit le pari, en qualité d’adjoint, chargé de la culture, que le réveil de la station passait aussi par le souffle et l’immortel baiser de l’art. Prenant sa source dans l’idéal, la vie rejaillit. Car en jouant la variété des sentiments que l’homme éprouve sur les cordes sensibles de l’âme, l’art contribue au lien et au bien collectif, stimule la curiosité, élève l’esprit à la connaissance… et, plus on connaît, plus on aime. Aussi, pour n’évoquer que sa muse adorée, c’est avec le cœur que Jakes Abeberry, fidèle à sa passion encouragea la Danse. D’où la création du festival le Temps d’aimer la Danse, et dans la foulée, celle du Centre Chorégraphique National. Mais pouvaitil en être autrement de la part d’un amant de Terpsichore ?

Comme aux obsèques de Gina Bartissol et de Koldo Zabala, deux personnalités de la danse, deux professeurs qui marquèrent aussi la vie chorégraphique au Pays basque, après les chants traditionnels, des danses euskariennes accompagnaient les funérailles. Entre la peine et les regrets, avouons que cet ultime baiser de l’art, survivance d’un usage qui se présenta naturellement à l’esprit des premiers chrétiens, non pour « polluer le sacré », mais pour en célébrer le mystère, constitue aux yeux d’un danseur venu d’ailleurs un moment particulièrement émouvant. D’une parfaite harmonie avec l’existence de Jakes Abeberry, esprit libre et idéaliste, pour qui danser de joie, danser d’adoration, danser d’amour purifiait l’atmosphère et rendait la terre plus légère.

Dansons donc, même si les temps sentent la poudre à plein nez et réveillent l’expression prononcée à l’origine par Narcisse-Achille de Salvandy au cours d’une fête donnée au PalaisRoyal par le duc d’Orléans en l'honneur du roi et de la reine de Naples. C’était le 31 mai 1830, le comte de Salvandy faisait entre autres allusion au Vésuve, et déclara précisément au duc d’Orléans : « Voilà, Monseigneur, une fête toute napolitaine : nous dansons sur un volcan ! ».

Après un souper, magnifiquement servi, le monde officiel reprit les contredanses et les quadrilles, bientôt mêlés aux cris d’émeutiers qui avaient envahi les jardins. Ce fut l’étincelle ! Quelques semaines plus tard éclatait comme on sait, la révolution de Juillet, qui fit de LouisPhilippe d’Orléans, le roi des Français, grâce à sa sœur Madame Adélaïde, dont le rôle politique fut essentiel. Et, après la monarchie aristocratique de Charles X, dans les plis d’un drapeau tricolore s’installa sur un volcan à jamais mal éteint, une monarchie bourgeoise ayant pour horizon le plus de jouissance possible et la sécurité de ses intérêts boursiers. Les salles de bal n’étaient pas encore éclairées au gaz, pourtant c’est aussi à cette époque que l’austère curé d'Ars connu pour la fréquence de ses éruptions explosives fit de la Danse : « une fournaise d'impudicité » et des danseurs : « des victimes engraissées pour l'Enfer ».

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Jakes Abeberry © Polina JourdainKobycheva

Mais avant de rôtir dans les flammes, et d’être exclu des joies du ciel pour n’avoir travaillé qu’à se perdre, « danser sur un volcan » ayant été maintes fois blagué, laissons la parole au compositeur et professeur de danse, Camille de Rhynal déclarant en mai 1938 : « Si nous dansons actuellement sur un volcan, eh bien ! tâchons de bien danser « à la française » » (2) Ironie de l’histoire pour qui suit ses déboires, alors que sous le nom de Plan vert (Fall grün) l’Allemagne mettait en œuvre sa politique expansionniste, enrayée in extremis par les accords de Munich. À Paris venait de s’ouvrir le XIIIème Congrès mondial de la Danse organisé

et sur des scènes respectables comme l’OpéraComique, chanteuse, comédienne, maîtresse de ballet, Mado Minty s’illustra notamment dans le Festin de l’Araignée d’Albert Roussel. Ce 95ème Numéro sort de l’ombre, celle que l’on appela aussi « l’étoile d’araignée », et je remercie Anne Londaïtz, dont les plongées dans les entrailles de la généalogie, m’aide à ranimer le souvenir des oubliés de la montagne Pelée de notre histoire. Et sans autre lien que les étoiles qui s’allumèrent dans le ciel du 29 janvier dernier, je remercie également le Syndicat des Personnels de Direction des Conservatoires de m’avoir sollicité pour être le parrain d’un événement cosmique célébrant main dans la main, la danse, la musique et l’art dramatique : la 10ème Nuit des conservatoires, qui se déroula sur tous les points du territoire sous forme de spectacles et d'ateliers suivant les villes participantes.

par le Syndicat national des professeurs de danse, d'éducation physique et des artistes chorégraphes, où Camille de Rhynal défendit la danse de salon, « contre l'invasion des danses exotiques et brutales » venues d’outre-Atlantique. Cependant, pour sacrifier à la mode, à l’image du facteur berrichon de Jacques Tati, qui dans Jour de Fête, veut boucler sa tournée à la vitesse d’Otan emporte le vent, c’est sous le nom de Tod Cams, que Camille de Rhynal fit couple avec Madeleine Barbe-Mintière, nommée Mado Minty, pour elle aussi paraître avoir un pied en Amérique, à défaut d’un oncle. Danseuse au music-hall

Pour jouer maintenant sans précaution avec le feu, je voudrais faire remarquer que danser au sein d’une compagnie de ballet, ou ailleurs, exige de la souplesse, de la vigueur, de belles gambettes et plus encore. Et qu’à 64 ans, malgré les jolis restes que la vie veut bien laisser à un corps blessé depuis l’âge tendre, sauf « soulever l’épate » (3) devant le buffet, ou ébahir la galerie dans les thés et les hivers dansants, à 64 ans, la ligne, la force, l’agilité ne sont plus au rendezvous quotidien. D’où la pertinence du régime dont profitent les danseuses et les danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris, lequel pour prendre en compte l’usure professionnelle octroie une part de la retraite à 42 ans et demi. Placé sous les tubes médiatiques lors de la « levée de tutus » de 2019, ce régime spécial après avoir été menacé, échappe au projet de réforme du gouvernement. Preuve, qu’une bonne volée

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Comoedia, 12 avril 1911 h
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de tutus, malgré l’élitisme supposé du ballet classique, opère toujours son effet d’attraction et de curiosité. Mais pour retrouver la voie du bien et du bon sens, l’on se réjouira de ce coup de fortune, lequel soyons clair ne permet pas de vivre autrement qu’en tirant le Diable par la queue, mais permet d’aborder plus posément la seconde carrière.

Cependant, quiconque connaît bien les artistes de la danse ne peut manquer de s'intéresser à leur sort. Et dans un pays où l’on coupa les têtes qui dépassaient pour établir le principe d’Égalité, cette grâce pécuniaire instituée par Louis XIV en personne, ce qui est beau comme une tapisserie des Gobelins, demeure un privilège, vu que la majorité des artistes chorégraphiques de France et de Navarre continuera de relever du régime général, sans pour autant avoir dansé sur des estrades en sabots. Il y aurait long à dire sur les prétentions d’excellence et de savoir-faire français, car s’il y a un modèle en la matière, il nous vient justement du pays des sabots décorés du bleu de Delft. Je veux parler du programme Omscholing Dansers Nederland, « qui chérit le talent des danseurs ». Créé au Pays-Bas en 1986 et financé par les compagnies, les artistes et l’État, il permet par un soutien financier d’une durée de 3 ans d’aider à la reconversion des danseurs pouvant justifier de 10 ans de carrière.

« Ilnefautpasjugerlemondedeladansed’après lalégende. […] La misère de la vieille danseuse, mais je ne sais rien de plus dramatique ! » (4) écrivait en 1911, Paul Raymond, danseur de l’Opéra qui avait du cœur et « l’intelligence en face du cerveau » selon la formule gouailleuse de l’unique et spontanée Mistinguett. Pour le dire en deux mots, à l’origine un règlement du 19 novembre 1714, fixant le système des pensions à l’Académie royale accordait la priorité « aux blessés ou estropiés » tout en précisant : « Ceux qui pourraient mériter la pension, seront obligés d'attendre qu'il y ait quelques fonds vacants » (5). Et en effet, les pensions du Roi Soleil, connurent quelques éclipses, régulièrement la caisse manqua d’or et d’argent, et on la supprima même. En 1911 justement, en application de la Loi du 5 avril 1910 créant les Retraites ouvrières et paysannes. Évidemment, nulle ne dansait en galoches sur la scène du Palais Garnier, d’où une révolte de tutus, accompagnée de ces doléances syndicales : « Rétablissement de la pension de retraite ; élimination des étoiles étrangères ; l'art français représenté par des artistes élèves de l'Opéra ; création du comité artistique du ballet pour le relèvement de son prestige et sa rénovation » (6)

De son côté, Paul Raymond, tout en s’attachant à la condition des danseuses allant être mères : « À Paris heureusement, du moins dans les théâtres importants, elles reçoivent leurs appointements tant que dure l'incapacité de travail. Mais en province, on en voit qui, pour éviter la misère, dansent presque jusqu'aux dernières heures », projeta de réunir des fonds pour bâtir une Maison de retraite de la Danse :

« Notre monde est peu ou mal connu. Nous le ferons mieux connaître, et nous verrons certainement les gens d'esprit juste et d’un cœur bon nous accorder leur estime et leur confiance ».

Pour admettre avec nous que la Danse est le premier pas vers le bonheur et qu’elle embellit tout, « ces gens d'esprit » chers à Paul Raymond et Gustave Flaubert, je les remercie vivement de soutenir « d’un bon cœur » le creuset de nos élans d’idéalisme : Mécènes, Amis du Malandain Ballet Biarritz, ils se reconnaîtront. Et pour rester dans le positif, entre les colonnes de vapeur et les scories enflammées, nous allons tâcher de bien danser soir et matin, tout en remettant Noé sur le métier. Créé en 2017 dans des costumes puisés dans la collection automne-hiver d’Emmaüs, ce ballet présageait déjà la fin de la prospérité, les vaches maigres, la misère. Quant à la figure réjouissante de Noé, symbole de régénération d’un monde altéré par la convoitise, la haine et l’erreur, pour éviter le déluge et les ouragans de feu, chaque geste comptant dès maintenant et durablement, on priera avec grâce les maîtres du jeu de prendre quelques leçons de danse ou bien de changer d’école, afin de ne pas entraîner l’humanité tout entière dans leurs derniers faux pas. Car il y a tout lieu de croire qu’au pied de l’Arche salvatrice, les autres espèces, au signal d’un lézard minuscule, mais essentiel, crieront en chœur et sans modération : « On va tenter sans vous cette fois ! » (7) en agitant leurs mouchoirs en signe d’allégresse et d’adieux.

(1) Lettre à Eugène Delattre, 10 janvier 1859, dans Œuvres complètes, t. 13, Correspondance 1850-1859, Club de l’honnête homme, Paris, 1974, p. 654

(2) Le Figaro, 27 mai 1938

(3) Fernand Rouvray, Comœdia, 3 mai 1913

(4) Le Temps, 29 décembre 1911

(5) Joseph de La Porte, Anecdotes dramatiques, 1775, t.3, p. 549

(6) Comoedia, 11 mai 1911

(7) Dessin de presse Yo Gi San Ran Kun

ÉDITO

Diffusion

L’année 2023 a débuté à l’Empreinte Scène nationale de Brive-Tulle les 13 et 14 janvier avec deux représentations du programme Stravinski comptant l’Oiseau de feu de Thierry Malandain et le Sacre du printemps de Martin Harriague. La tournée s’est poursuivie à Winterthur en Suisse où le ballet Marie-Antoinette, prévu en mars 2020, fut donné du 19 au 22 avec le Musikkollegium Winterthur Orchester dirigé par Mélanie LevyThiébaut.

Janvier s’est achevé à la Maison de la Danse de Lyon où la compagnie était attendue du 26 janvier au 3 février pour une série du programme Stravinski. Lequel programme fut ensuite présenté au Quai 9 à Lanester le 7 février.

Mars s’ouvrira en Italie avec la Pastorale le 7 à Pordenone, suivront l’Oiseau de feu et le Sacre du printemps le 9 à Modena et les 11 et 12 à Ravenna. De retour en France, ce programme sera donné le 22 mars au Théâtre de Sartrouville, puis il s’agira de Mozart à 2 et Beethoven 6, le 24 au Théâtre de Chelles, les 25 et 26 à l’Envolée, Pôle artistique du Val Briard des Chapelles-Bourbon, le 29 à l’Espace Malraux de Joué-lès-Tours, enfin le 31 au Théâtre Jacques Carat de Cachan.

Ensuite la compagnie reprendra le programme Stravinski, le 1er avril au Théâtre Louis Aragon de Tremblay en France et le 6 à l’Opéra de Massy. Enfin du 27 au 30 avril, dans le cadre de la Journée internationale de la Danse, elle présentera en Espagne au Teatro Principal de Zaragoza Mozart à 2, l’Oiseau de feu et Boléro, qui seront accompagnés d’ateliers chorégraphiques et de master class.

Signature de la convention Artiste associé

Le 10 novembre dernier, Thierry Malandain et Jon Maya respectivement directeurs et chorégraphes du CCN Malandain Ballet Biarritz et de Kukai Dantza ont officialisé par la signature d’une convention leur coopération.

Dans le cadre d’une mesure mise en place par le ministère de la Culture, Jon Maya devient Artiste associé au Centre Chorégraphique National de Biarritz pour une période de trois ans, succédant ainsi

au bayonnais Martin Harriague. Cette signature a eu lieu à la Mairie d’Errenteria, ville d’implantation de Kukai Dantza, en présence de Madame Aizpea Otaegi, maire de cette cité du Pays basque Sud abritant nombre de structures liées à l’art chorégraphique : Dantzagunea portée par la Diputación Foral de Gipuzkoa, Dantzaz, le Conservatorio de Errenteria, et le théâtre Lekuona Fabrika…

La signature de cette convention s’inscrit dans le cadre du Pôle Chorégraphique Territorial du CCN créé en 2020 et soutenu par la Communauté Pays basque, en vue de renforcer l’impact des actions territoriales. Jon Maya et Kukai Dantza enrichiront ainsi les actions du CCN au Pays basque Nord et Sud, tandis que le CCN accompagnera Jon Maya et Kukai Dantza dans ses productions et la diffusion de ses créations. Cette nouvelle collaboration s’inscrit aussi dans la convention pluriannuelle « Ballet T » regroupant depuis plus de dix ans les villes de Donostia / San Sebastián et Biarritz, et le théâtre Victoria Eugenia et le CCN Malandain Ballet Biarritz.

ACTUALITÉ
Jon Maya et Thierry Malandain © Olivier Houeix L'Oiseau de feu © Olivier Houeix

10ème Nuit des Conservatoires

Initiée il y a dix ans par le Syndicat des Personnels de direction des conservatoires (SPeDiC), la Nuit des conservatoires est une manifestation nationale. Elle célèbre la créativité, la diversité et le dynamisme de tous les établissements, publics ou associatifs, qui ont pour missions de sensibiliser, former les amateurs et les professionnels, diffuser du spectacle vivant et soutenir toutes les pratiques artistiques.

Cet évènement permet à tous d'apprécier la richesse, la vitalité, la diversité des conservatoires, lieux de formation indispensables du spectacle vivant. Pour l'édition 2023, qui s’est déroulée le 27 janvier, Thierry Malandain, était le parrain national de cette manifestation.

La Nuit des Conservatoires

« Depuis dix ans, au mois de janvier, à l’heure indécise où s’éteignent les bruits du monde, lentement dans les cieux noirs s’allument les étoiles. Excitant la curiosité des amis du merveilleux tout en émouvant les âmes sensibles, ce spectacle sidéral suspendu sur nos têtes se nomme : « la Nuit des Conservatoires ».

Un événement cosmique singulier et remarquable dont il est réjouissant d’annoncer l'apparition annuelle, puisqu’on y fête sur tous les points de l’espace aérien national : la danse, la musique, l’art dramatique. Main dans la main, c’est-à-dire sans échelle de mérite, tout ce qui élève l’esprit et enchante les cœurs dans les établissements d’enseignement artistique, qu’ils soient publics ou associatifs.

Et puis, surtout, pour peu qu'on lève la tête et tende l’oreille cette nuit-là, en compagnie de leurs professeurs, doués de tous les talents nécessaires pour exercer une profession si difficile et si importante, visibles à l’œil nu des milliers d’astres en formation vibrant de passions généreuses, ou bien brillant déjà d'une belle lueur au firmament des promesses et des espérances humaines.

Parce que, sans vouloir gâcher cette fête nocturne attendue, il y a aussi quelque chose de sérieux dans le plaisir de développer sa sensibilité pour tous les coloris de la lumière. En effet, pour bien des gens chassés du ciel et précipités sur la terre, le monde a aujourd’hui la vie dure, et c’est justement quand l’horizon immédiat

s’assombrit que l’art prend sa dimension stellaire et révèle son éclat radieux loin des préoccupations ordinaires de la vie.

Dès lors et tout d’abord, bon anniversaire à tous puisqu’à la valeur du grossissement, les télescopes observent dix années de scintillationdanslesprofondeursdescieux. Puis, bonne « Nuit des Conservatoires », et point capital : en évitant de vous endormir à la belle étoile, n’oubliez pas les jours de Conservatoire de cultiver totalement, sans économie d’énergie, vos passions multicolores et l'amour vrai de l’art. Car la danse, la musique, l’art dramatique protègent de la nuit noire à la vitesse de la lumière.»

n Thierry Malandain

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Giga Barre avec Richard Coudray au Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque © Stéphane Bellocq h

LA DANSE À BIARRITZ # 89

Mado Minty

« Mlle Mado Minty nous a présenté, l'autre soir, une suite de danses sur une estrade de concert. Fantaisiste, mime, acrobate autant et plus que danseuse, sa réputation est, si l'on peut dire, à cheval sur le tréteau de variétés et le plateau de théâtre ; et telles de ses compositions sont à mi-chemin entre le « numéro » et le rôle. Elle avait créé, au Théâtre des Arts de M. Jacques Rouché, celui de l'Araignée dans le ballet de Roussel ; et elle en a depuis conservé le monopole, car elle s'est trouvée seule à cumuler, sans défaillances ni vertige, les qualités sportives et le jeu ingénieux qu'exige le personnage. Je l'ai vue, également, au music-hall, pratiquer l’ « adage à portées », en voltigeuse adroite et d'un style très sûr. Or, il me semble bien que la nudité austère de la salle Gaveau avec son public recueilli ne soit pas faite pour son genre ; exhibition, plutôt que discrète communion, l'éclat, le bruit, l'oripeau funambulesque de la revue lui conviendraient mieux que cette ambiance janséniste.Quediredeses « interprétations d'art » ? Seule la fraîcheur ingénue de l'extrême jeunesse peut rendre plausibles ces pastiches de la Perse ou de Tanagra. Mlle Minty a de l'esprit, de l'expérience et aussi une technique qui réunit les éléments les plus divers. Elle dessine et « pose » avec effet des attitudes voluptueuses ; mais que tout cela est donc froid et laborieusement exécuté ! Et comme elle force sa nature dans cette « pyrrhique » si puérile, où on la voit, haletante, gambader pesamment ! De même, les entrées excentriques sur des rythmes de jazz font pauvre en dehors d'un spectacle d'attractions et combien aussi cette « actualité » se montre insipide et usée ! Décidément, je préfère à tout le reste cette danse du turban, spirituelle jonglerie, au cours de laquelle pas et rythme se modifient sans cesse en suivant les transformations du costume qui devient, tour à tour, chiton grec, pantalon d'almée, fourreau ou burnous... » (1)

Tout en oubliant de citer son partenaire Fred Chrystian, c’est en ces termes que le critique russe, André Levinson rendit compte du récital de danse que Mado Minty donna salle Gaveau, le 9 avril 1929. On l’applaudit ensuite à Biarritz, mais avant, précisons que l’artiste regardée dix ans plus tôt, « comme l’une des meilleures danseuses fantaisistes de notre temps au théâtre et au cabaret » (2) était en 1929 âgée de 46 ans. Par ailleurs, elle n’était pas la créatrice du Festin de l’Araignée d’Albert Roussel. Danseuse, chanteuse, comédienne, pianiste à ses heures, Mado Minty, de son vrai nom, Madeleine BarbeMintière, donnée tout d’abord comme

américaine, naquit à Paris, 110 boulevard de Courcelles, le 29 décembre 1884. De père non dénommé, sa mère Gabrielle Barbe-Mintière, « artiste dramatique » née à Rennes en 1859 était la benjamine des trois filles d’Aristide Barbe-Mintière, avocat à la cour de Rennes, et de Céline Bidard de la Noë, femme de lettres sous les pseudonymes de Paria Korigan ou Pol Korigan. En juin 1883, un an après le décès

de son époux, la romancière épousa à Paris le peintre Émile Lévy, prix de Rome. À noter que son père, Théophile Bidard de la Noë, magistrat et doyen de la Faculté de droit de Rennes avait été maire de la cité et député. Employeur de la cuisinière Hélène Jégado, dite « la sorcière de Bretagne », il était à l'origine de l’arrestation de l’empoisonneuse guillotinée en 1852, qui

« Fantaisiste, mime, acrobate autant et plus que danseuse, sa réputation est, si l’on peut dire, à cheval sur le tréteau de variétés et le plateau de théâtre »
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Mado Minty, photo Edgar de Saint-Senoch k

inspira Fleur de tonnerre, le roman de Jean Teulé. Ainsi Mado Minty, qui se plaisait à dire qu’elle était l’arrière-petite-cousine du général Boulanger, ce que confirme les recherches généalogiques menées par Anne Londaïtz, était de « bonne famille ». Cependant, la réputation de sa mère salie par le Gil Blas en 1890 eut peut-être pour conséquence de lui fermer des portes. Sous le titre de « Nos horizontales en quatrain », le journal publia en effet : « Gabrielle Minty : Laide et maigre, l’œil noir, difficile en ménage, Au Gymnase, jadis, elle eut un peu de succès ; Elle aime, dit-on, un peu trop, et je sais quelle fait à Lesbos plus d’un pèlerinage » (3)

Pour ce que l’on sait, engagée par Victor Koning au Gymnase-Dramatique, Gabrielle Barbe-Mintière avait débuté sous le nom de Minty le 8 octobre 1886 dans la Miniature, comédie de Charles Clairville et Ernest Depré où « fort bien accueillie » elle jouait le rôle de Zoé. Suivirent d’autres pièces à succès : Marions ma tante d’Ernest d'Hervilly et Louis Carol, le 18 avril 1887 ; un Monsieur qui suit les femmes de Théodore Barrière et Adrien Decourcelle, le 11 mai avant le Cirque Molier, les 6 et 11 juin : fondé en 1880 par Ernest Molier, gentleman passionné d’équitation, une fois l’an ce cirque amateur installé 6 rue Benouville dans la cour de l’hôtel de son fondateur offrait aux clubmen et aux demimondaines le premier soir, aux dames du monde le second, un spectacle où les exercices équestres et autres numéros étaient exécutés par des gens bien nés, des artistes et des élégantes notoires. « Avec des effets de maillots à faire trembler toutes les lorgnettes » (4) Gabrielle parut dans une entrée « pour trois clowns des plus amusants ». On la revit le 16 octobre au Gymnase dans les Chimères, comédie de Jean Sigaux jouant le rôle de Marion jusqu’au 5 juin 1888, puis à nouveau en clownesse chez Molier dans une pantomime de Félicien Champsaur mise en musique par Laurent Grillet : les Éreintés de la vie avec Elisa Rivolta, 1ère danseuse de l’Éden-Théâtre avant de disparaître un an à nos yeux. Elle reparut chez Molier le 14 juin 1889 en danseuse japonaise tout en décrochant en juillet, le 3ème prix de « course en as pour dames » aux régates de Bougival. Ayant semble-t-il quitté la scène, le quatrain du Gil Blas la remit en lumière en août 1890, mais ce n’est qu’en juin 1894 que la presse la reconnut dans « le bouquet de jolies femmes » invité par Molier. Puis le 7 juin 1895 au départ de la course cycliste organisée par l’Écho de Paris à Longchamps : 7 kilomètres plus tard, saluée par « des hourras frénétiques » elle arriva 11ème derrière Georgette Richaume et Berthe Sirède, de l’Opéra. Citée en décembre 1896 parmi les habituées des après-midis du Palais de Glace auprès d’Émilienne d’Alençon ou de Liane de Pougy, qui en 1920 se souvint de sa fille en ces termes : « Mado Minty, la

jolie danseuse, qui danse mieux que moi et dont les débuts ont légèrement bénéficié de cette ressemblance qui la plaçait parmi les plus jolies femmes de Paris. J’ai l’air de me vanter, mais c’est comme ça » (5) Le 5 juillet 1898 lors d’une soirée au Concert des Ambassadeurs, parmi des célébrités telles que Caroline Otero, Yvette Guilbert, Polaire, etc., parurent les Sœurs Minty. « Très applaudies dans leurs danses anglaises », elles se prénommaient Giselle et Mado, mais disons-le de suite, Mado n’avait pas de sœur. En tous cas, lorsqu’en 1919 sa mère la reconnut pour fille, âgée de 62 ans elle ne déclara pas d’autre enfant. Par anecdote, cette reconnaissance se fit en présence de Pauline Poullain, propriétaire de 58 ans qui était probablement une amie, et du comte Guy de Mecquenem, alias Meckenheim, décorateur d’intérieur de 38 ans. « Encore débutant », mais remarqué en 1920 pour « un fauteuil recouvert très heureusement d'une peau de panthère » (6) et un secrétaire au Salon d’Automne de 1921, son « studio d’ameublement » sera déclaré en faillite en 1924. Il s’installera alors au Maroc pour y diriger des domaines agricoles tout en vendant en 1938, bien après la mort de ses parents, le château familial de Gruyères (Ardennes). Né à Paris en 1881, fils unique de Marie Habert de Montmort et du comte Adrien de Mecquenem, « rentier à l’élégance un peu tapageuse » (7), sa présence interroge : de la génération de Mado Minty et connu du Paris mondain était-il un de ses proches, ou bien avaient-ils le même père ? La question demeure sans solution. En revanche, il ne saurait y avoir de doutes, âgées de 39 et 14 ans, Giselle, alias Gabrielle et Mado étaient mère et fille. Au reste, cinq ans après leurs débuts aux Ambassadeurs, Giselle disparut aussi vite qu’elle s’était montrée.

Pour l’heure, tout en ignorant où l’une et l’autre se formèrent à la danse, et sûrement à l’acrobatie, après « leurs danses anglaises », le 3 août 1898 annoncées dans « des danses excentriques », elles revinrent aux « Ambass », puis profitant d’une affiche signée « Henri », le 27 août engagées par Joseph Oller ce fut le Jardin de Paris. Encore propriétaire du MoulinRouge, Oller y avait relancé avec Charles Zidler en 1889 : « le chahut, le cancan, le demi-cancan, le cancan et demi, toutes les danses défendues par la police » (8) à l’époque Romantique. « Grand succès, pour les débuts des gracieuses sœurs Minty, dans leurs danses fantaisistes au Jardin de Paris » (9) lira-t-on sans détail. Mais comme la Goulue ou Jane Avril, on imagine qu’elles exécutaient le port d’armes et le grand écart : « exercice des plus dangereux pour les femmes ; plusieurs d’entre elles en sont mortes » (10) exagérera La Gironde en 1903. Bref rien d’anglais, ni d’américain, juste « le cancan français » (11) des années 1830 revenu sous le nom de « french cancan » en 1904, au MoulinRouge de surcroît. En attendant, début

LA DANSE À BIARRITZ # 89
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Affiche lithographie de Henri, imprimerie Paul Dupond 1898 h Mado Minty, photo Edgar de Saint-Senoch hh

novembre, elles passèrent une semaine à Angers aux Fantaisies angevines de Léonce Montel, puis Léon Garnier les accueillant à Eldorado, le 23 décembre elles parurent dans Parlons d'autre chose, revue d’Eugène Héros et Fabrice Lémon, qu’elles lâchèrent le 26 février 1899 pour se « partager les bravos du public » d’Albert Dallongeville au Wagram-Concert. C’était le 28 mars dans une « valse-tourbillon ». On les retrouva « endiablées dans leurs danses », le 9 mai à Bordeaux au Casino des Lilas, où elles firent leurs adieux le 19 mai avant de disparaître un trimestre des colonnes de la presse. Une brève les annonçant pour le 22 septembre au théâtre des Nouveautés de Toulouse « en danseuses acrobatiques de l'Olympia-Théâtre de New-York », peut-être traversèrent t’elles l’Atlantique ? Elles ne figurent ni dans les registres d’arrivée à Ellis Island, ni dans les journaux newyorkais, et en fin de compte, elles ne purent danser à Toulouse. Car du 15 septembre 1899 au 31 janvier 1901, sous la direction de Marius Combes, le Wagram-Concert devenu le WagramMusic-Hall les afficha sans discontinuer « en duettistes acrobates ».

« Nous allons assister très prochainement à de sensationnels débuts, ceux de la délicieuse et sculpturale Mado Minty, d’un charme si chaleureusement original […] Elle inaugurera un genre absolument nouveau dont nous ne pouvons, quant à présent,riendire,sicen’estqu’ilferacourir tout Paris » (12). « Toute charmante de grâce, de jeunesse et d’entrain » (13), le 21 mai 1901, à 17 ans Mado retrouva le Jardin de Paris. Seule cette fois, elle « triompha » dans des danses américaines que des clichés d’Edgar Haincque de Saint-Senoch allient nettement au cancan. Homme du monde, le photographe officiel du Cirque Molier était décédé en décembre 1904 à 65 ans. Ses clichés ne sont pas datés, ni tous identifiés, mais pris entre 1898 et 1904, on peut y reconnaître Mado et sa mère, et la portant à la renverse, le danseur Florentin Eugenio Rastrelli, dit Eugenio. Pour l’heure, c’est avec Francisco Ursus, alias Francisque Deshayes qui se produisait

à l’ordinaire « en lutteur de taureaux », que l’on vit Mado en patineuse. Ainsi, le 3 juillet 1901, alors que la troupe des FoliesBergère passait à Dijon au Cirque Tivoli, l’on put lire : « Il nous plaît de signaler comme particulièrement sensationnels, deux patineurs à roulettes, stupéfiants d’audace, d’élégance et d’adresse ; la jolie Mado Minty, danseuse américaine, et l'étonnant Francisco Ursus » (14). Le 9 juillet la troupe partit pour Besançon, mais c’est à Paris, le 3 septembre que Mado reparaît à nos yeux. Engagée à l’Olympia par les frères Émile et Vincent Isola, « la charmante et si espiègle » artiste arrivait d’Ostende où elle avait obtenu « unsuccèstriomphaldansses danses américaines d’un intérêt artistique si original » (15). Entre Paris Cascade, ballet de Louis Varney réglé par Alfredo Curti et les 40 crocodiles d’Alfred Pernelet, confirmant qu’elle empruntait aux Reines du Moulin-Rouge, La Petite République nota : « Mme Minty est une danseuse excentrique américaine qui fait la pige à Rayon d'Or » (16). Plus tard, c’est au Palaisde-Cristal de Marseille qu’on l’applaudit du 5 au 15 avril 1902, puis à Nîmes. De là, rentrée à Paris, le 30 mai, au restaurant Julien, à l’occasion du 22ème Dîner de faveur : réunion amicale des directeurs, secrétaires et courriéristes des théâtres et concerts de Paris, Mado « délicieuse de fraîcheur et de jeunesse dans son léger costume, initia les convives aux danses américaines les plus suggestives » (17). Puis, le 27 décembre au banquet de clôture du 5ème Salon de l'Automobile, on la revit avec sa mère au Grand Palais dans une pantomime du musicien Alfred Margis. Intitulée Une Répétition, elles la reprirent les 23 et 31 janvier 1903, lors d’un Dîner de faveur et à l'Eldorado.

« Avez-vous vu Mado Minty, une danseuse […] étrange, forte, adroite et surprenante ? » (18). Recrutée au MoulinRouge, par Léon Pujol, dit P.-L. Flers, qui venait d’acquérir l’établissement d’Oller et le changea en restaurant - théâtreconcert ; le 4 mars, Mado débuta dans Tu marches ? revue d'Adrien Vély, musique d’Ernest Laguépierre. Et Albert Blavinhac

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Alfred Pernelet et ses crocodiles Gabrielle et Mado Minty, photo Edgar de Saint-Senoch h g

d’écrire : « S’il me fallait décerner des éloges à quelqu'un, je les donnerais […] à Mlle Minty, danseuse excellente, et à M. Eugenio, dont les pas témoignent d'une rare souplesse » (19). « Danseuse étrange d'une adresse et d'une force, inouïes » (20), Mado dans le rôle de l’Actrice faisait aussi entendre « sa voix bien timbrée ». La revue tint l’affiche jusqu’en juillet, mais l’on ignore si elle et Eugenio y participèrent jusqu’au bout. Car la variété faisant le succès au music-hall, la presse priorisait les artistes renouvelant l’affiche. L’on sait toutefois qu’elle se présenta avec sa mère au Tournoi international de cakewalk qu’organisa P.-L. Flers, le 11 avril. Le 1er prix revint « à une jolie mulâtresse » du Jardin de Paris, miss Stafford, et à M. Hollender, mais « les sœurs Minty » furent très applaudies.

Reconnue en mai dans le clan des « étoiles de théâtre » aux courses de Chantilly, le 11 septembre 1903, près du comique troupier Polin dont la mère était Basque, de Félix Mayol et d’autres, « la très jolie transfuge du Moulin-Rouge », débuta comme chanteuse à la Scala. À l’instar de l’Eldorado, la salle était encore dirigée par Édouard Marchand, donné comme l'inventeur de la revue à grand spectacle, et commanditaire de nombreux ballets, qui très fatigué avait cédé le bail des FoliesBergère aux frères Isola en novembre 1901. Moyennant une redevance, ces trois établissements lui avaient été laissés en exploitation dès 1894 par leurs propriétaires M et Mme Allemand. En clair, Marius et Sophie Allemand, née Vandergoen à Bruges, dont Marchand avait épousé la nièce : Sophie Noblet en 1884. Fille de musiciens, en 1905 peu après le décès de Marchand, Noblet épousa Pierre Wolff, auteur dramatique. Présentés de nos jours comme des limonadiers marseillais qui ne connaissaient pas grand-chose au monde du spectacle, M et Mme Allemand, précurseurs du « trust » théâtral étaient

artistes lyriques. C’est en tous cas ce qu’ils déclarèrent lors de leur mariage à Marseille en 1856. Ils possédaient également l'Éden-Casino à Trouville, le Café de la Renaissance à Nice, et Mme Allemand dont l’activité était légendaire fit aussi élever à Biarritz, l’Hôtel Cosmopolitain que dirigea jusqu’en 1925, Françoise Margot, veuve de Jean-François Genetier. Sur les plans du Bayonnais, Alphonse Bertrand, l’hôtel et son café avaient ouvert le 1er janvier 1896. Enfin, le couple jouissait à Nice de la villa Daïla, aujourd’hui le Consulat d’Italie, où Marius mourut en décembre 1897, Sophie en août 1898. Ils reposent au cimetière Saint-Pierre à Marseille.

Le maestro Raphaël Beretta accompagnant « ses agréables chansons », Mado se fit entendre à la Scala jusqu’au 17 mai 1904. On la revit le 10 novembre, chez Julien à un Dîner de faveur, Le Figaro évoque « des danses curieuses de Mlle Minty, très en progrès » (21). Puis, engagée par les frères Isola, du 31 décembre au 18 juin 1905, elle parut dans la Revue des FoliesBergère, de Victor de Cottens, musique d’Alfred Patusset, ballets de Curti et « désopilante folie cinématographique » (22) de Georges Méliès. À ce sujet, dans une série d'articles publiée dans Ciné-Journal en juillet-août 1926 Méliès explique : « Après de nombreuses sollicitations, les artistes commençaient à venir au cinéma. Ce furent, tout d’abord, les artistes illusionnistes du Théâtre RobertHoudin, puis des acrobates, des danseuses du Châtelet et des Folies-Bergère, des chanteurs du café-concert et des ballerines de l’Opéra : Raiter, Brunnet, Claudius, Little Pich, Mado Minty, etc. Les artistes de théâtre se présentèrent en dernier. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais touché d’aussi beaux cachets que ceux que je leur donnais, quoiqu’ils fussent encore modestes. En peu de temps les demandes d’inscription affluèrent. C’était une véritable invasion dans mon bureau du Passage de l’Opéra ». Achevé en mars 1897, Méliès avait bâti un studio dans sa propriété de Montreuil, et nous savons que Mado y tourna anonymement.

Après la 215ème aux Folies, « MlleMinty,qui danse avec une extraordinaire souplesse et dont les beaux yeux ravis éclaboussaient la salle » (23) enchaîna aux Ambassadeurs, Paris qui aime, revue de Henry de Gorsse et Georges Nanteuil, musique de Beretta, chorégraphie d’Eugenio, où elle joua le rôle de Loulou. Au vrai, depuis le 2 juin, elle passait d’un théâtre à l’autre, et remarquée dans « un saut à la corde sur la pointe des pieds », elle termina aux « Ambass » le 15 septembre. Alors, elle retrouva pour quelques jours d’octobre le Palais-deCristal à Marseille, puis « toujours rieuse, toujours ravissante et délicieuse » les Folies, le 22 décembre. Paul Ruez succédait aux Isola, mais comme chaque année, la revue avait mobilisé peintres, tapissiers,

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Mado Minty, photo Waléry, 1903 f Mado Minty & Eugenio, photo Edgar de Saint-Senoch h
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Hôtel Cosmopolitain, Biarritz i

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électriciens, etc. Du même revuiste qu’en 1905, elle comptait 18 tableaux décorés par Alfred Ménessier, 600 costumes de Charles Landolff et de nouveaux artistes tels les clowns Foottit & Chocolat, la danseuse Christine Kerf ou encore Élisa Berthelot, dite Andrée Spinelly inhumée près de Biarritz à Bidart. « La plus belle est Mado Minty, souple danseuse, dont on aime tant la voix sitôt qu'elle lève les jambes » (24) nota le Gil Blas, à propos du tableau : V’la le Printemps où elle figurait un coquelicot, avant de se montrer en poupée désarticulée dans Paris danse. La revue s’acheva le 30 avril 1906, entre temps Mado avait signé au Châtelet avec Alexandre Fontanes pour : Pif ! Paf ! Pouf! ou un Voyage endiablé. Le 7 septembre elle exécuta toutefois « ses jolies danses » au Casino de Dinard.

« Lapièceestmenéeavecunjoyeuxentrain par la danseuse Mado Minty » (25). Avec « vues cinématographiques » de Méliès utilisées simultanément à l’Olympia dans Vers les Étoiles, ballet d’Henri Hirschmann réglé par Félix Sicard ; Pif ! Paf ! Pouf ! féérie de Cottens et Victor Darlay, musique de Marius Baggers, costumes de Landolff, décors de Dauphin-Amable Petit, dit Amable et de son neveu Henri Cioccari fut créée le 6 décembre. Traversant « les airs avec une entraînante maîtrise », Mado sous le travesti du prince Pif ! Paf ! Pouf ! fut « un prince extraordinaire ; elle joue, chante, danse, fait de la voltige, et le tout de façon délicieuse avec une franche et gentille gaîté » (26) nota Le Rappel. Et outre « un corps de ballet de cent danseuses, dirigé par la savante [Louise] Stichel et conduit par la gracieuse étoile Lucie Maire » (27), citons la divette Lucette de Landy, qui en Reine des Araignées inspira peut-être l'Arachné, numéro que créera Mado en 1913. En attendant, après la dernière de Pif ! Paf ! Pouf ! qui à priori eut lieu le 13 mars 1907, engagée par MM. Rigod et Seguin comme « chanteuse à transformations », ce qui tombe à pic car leur théâtre était modulable, le 1er juin Mado débuta à l’Apollo. Inaugurée le 12 avril, la salle de 2000 places bâtie rue de Clichy sur les plans de Marcel Auburtin, disposait d'un système inédit conçu par l'ingénieur Félix Léon Édoux : le Basculo, qui permettait de transformer le théâtre en dancing après le spectacle. Grâce à des machines électriques, le parterre pivotait d’un demi-tour sur lui-même. Autre innovation, résolvant la question des chapeaux la déclivité du parterre offrait une vue parfaite de la scène. À de « très brillantes conditions », Mado chanta ensuite au Tréteau-Royal, rue de Caumartin. C’était en juillet, en août engagée par Louis Borney et Armand Desprez, on lut partout : « MlleMadoMinty, à la physionomie à la fois si douce et si expressive, sera l'idéale fiancée dans Giska la Bohémienne, à Marigny » (28). Auprès de la Belle Otero, Giska ; de Christine Kerf travestie en Guénolé le fiancé et du mime Georges Wague, Bakowski le Bohémien, et d’autres, le 2 septembre, Mado créa Giska la Bohémienne, ballet-mimodrame avec chœurs d’Edmond Le Roy, musique de Léon Pouget-Maisonneuve, dit Léo Pouget, dont l’action se passait en Bretagne. Giuseppe Rizzo avait réglé les danses, Landolff fournit les costumes et Ménessier brossé les décors. « Adorablement gracieuse et intelligente » dans le rôle de Gaïdis, Mado charma le public de sa « douceur blonde » jusqu’au 23 octobre. Et entre un concours de fourrure, présentée par Le Petit Parisien comme : « la perverse danseuse à la souplesse si lascive » (29) le 14 décembre, en domestique, elle parut à l’Olympia dans le Prince de Pilsen, opérette américaine de Cottens et Pierre Veber, d'après Franck Pixley, musique de Gustave Luders. Edmond Diet et Fernand

Nozière de noter tour à tour : « J'adorerais une femme de chambre capable de me faire la roue tous les soirs comme Mlle Minty » (30). « Le cancan, cher à notre patriotisme, est défendu avec maîtrise par Mlle Minty (31). À priori Mado, le défendit jusqu’au 11 mars 1908 avant de quitter les pages des journaux durant de longs mois.

Elle reparut le 22 décembre 1909 à l’Athénée dansant lors d’une causerie de Nozière, puis le 30 au Tréteau-Royal. D’abord dans Voulez-vous bien ne pas dormir, fantaisie de F.-Albert Lambert avec l’actrice Jane Renouardt. Puis dans la Revue de l’année prochaine de Fernand Rouvray et Édouard Williams, dit Wilned, où dans la Momie, sur une musique de Jules Clémandh, elle exécutait « avec un art parfait, une danse sacrée de l’Égypte des pharaons » (32). Un mois plus tard, elle disparut encore pour reparaître aux Bouffes-Parisiens, le 22 décembre 1910 en Daphnis dans Xantho chez les Courtisanes : « Mme Cora Laparcerie a décidé de donner un nouvel éclat à Xantho chez les Courtisanes et s’est assuré le concours de la charmante danseuse Mado Minty, qui au cours de la fête chez la courtisane Myrrhine, interprète sur la musique du maître Xavier Leroux de luxueuses et sensationnelles danses grecques qui déchaînent l’enthousiasme du public » (33) La comédie grecque de Jacques Richepin avait été créée le 17 mars et comptait un ballet : la Danse de la volupté. Antonietta Cernusco l’avait réglé pour huit danseuses, dont Andrée Mielly, maîtresse d’Henry Gauthier-Villars, ex-mari de Colette, laquelle venait de jouer la Chair de Georges Wague à Biarritz. Dans le rôle de Daphnis que Colette reprendra à Nice en 1911, la Danse de la volupté mettait alors en avant Mlle Esmée dansant pieds nus drapée d’un voile noir transparent. Jusqu’au 8

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Andrée Mielly, photo Félix Affiche Paris qui aime, 1905 h g

janvier 1911, Mado succéda à Esmée dont on ignore l’identité, l’on sait en revanche qu’elle fut « la dernière adepte de la chaussette pour dame ». Raoul Pickaërt, l’accompagnant au piano, à cette période l’on vit aussi Mado aux « Vendredis » du journal Femina, et ailleurs dans de « curieuses danses égyptiennes ». Puis le 13 février au théâtre des Capucines dans Avec le sourire ! revue de Robert Dieudonné et Charles-Alexis Carpentier. Joignant jusqu’à la fin mars, « le geste à la parole si l'on peut dire, puisqu'elle chantait délicieusement et qu'elle dansait mieux encore » (34) dixit Le Figaro, le 8 mai engagée par Henri Dreyfus, dit Fursy, Mado enchaîna à la Scala : Pâris ou le Bon juge, opérette de Robert de Flers, Gaston Arman de Caillavet, musique de Claude Terrasse. Et le 19 mai dans À ciel ouvert, revue de Henri Kéroul et Valentin Tarault, musique de Paul Monteux-Brisac. « Mado Minty, endiablée, du feu dans tout le corps, danse, danse toujours, danse encore, ribaude ardente et déchaînée » (35) nota Comœdia. Eugenio, « le plus euqénieux des maîtres de ballet » (36) avait réglé la mise en scène et les danses que Mado exécuta jusqu’au 5 septembre. Entre temps, le 26 mai, à un Concours de Tango et de danses nouvelles disputé au théâtre Femina, avec Tod Cams, alias Camille de Rhynal, compositeur, professeur de danse, organisateur des thés dansants de MagicCity, elle remporta le 2nd prix en présentant « une gracieuse adaptation du Tango aux danses de salon ».

À ciel ouvert ayant fini sa carrière, embauchée aux Folies par Clément Bannel, le 30 octobre 1911, « frêleetgracilecomme une fleur en petite fiancée bretonne », Mado reparut dans Giska la Bohémienne Otero, Kerf et le Marseillais Jean Jacquinet succédant à Wague étaient ses principaux partenaires. Quant à la direction du ballet, s’il s’agissait de Rizzo, il n’est cité par personne. Giska quitta temporairement l’affiche des Folies le 15 décembre, mais depuis le 2 décembre à l’invitation de Raphaël Flateau Mado passait aussi à la Cigale dans Tout à la Chine, revue de

Maurice de Marsan et Gabriel Timmory, dont la basquaise Marie Bidart, dite Louise Balthy était la désopilante vedette. Sur des airs d’Henri José réglés par Léon Bucourt, de l’Opéra, « la gracieuse Mado Minty, dont les danses sont d'un bel effet artistique », parut au bras de Bucourt, avant d’être « très justement acclamée dans une scène de Tanagra, où elle a rappelé toutes les poses talentueuses de Sahary Djeli » (37)

Souple, féline, ondulante, Sahary Djeli, venait de s’illustrer au Casino de Paris dans l’Abîme, alias Syria, mimodrame de Léon Xanrof, musique de Maurice Naggiar. Ses danses, ses contorsions, l’audace de son saut dans « l’abîme », ligotée sur un cheval avaient électrisé le public d’Albert Cailar, directeur depuis 1910. Semé de coquilles, un article sur la danse acrobatique parut en 1934 dans Excelsior fait de : « Sahari Djeli, l’épouse de Caylar, le directeur du Casino de Paris » (38). Car supposément prénommée Henriette, on ignore le vrai nom de « l'Indienne Miss Sahary Djeli » que les music-halls se disputaient à prix

d'or. Mais les examens généalogiques d’Anne Londaïtz sont formels ; d’une famille de négociants, Albert Cailar ne se maria qu’une fois. C’était en 1878 avec Marie Noélie Sibert, et la « mystérieuse Hindoue » n’était pas encore née. Présentée comme : « Mlle Sahary, la danseuse caoutchouc », elle débuta au Moulin-Rouge le 3 janvier 1907. Le même soir, Colette, en Momie, et cachée sous le nom d’Yssim, son amante Mathilde de Morny, le Savant, créaient Rêve d'Égypte Selon la presse : « Une pantomime de Mme la marquise de Morny, mise en scène de Georges Wague ». Et pour ajouter du sel à une affiche annonçant la nièce de Napoléon III : « Musique d’un homme du monde, qui tient à conserver l'anonyme ».

En fait, le maestro Édouard Mathé, fils de limonadier. Au lever du rideau, des cris divers retentirent de toutes parts, le tapage redoublant à l’apparition de la fille du duc de Morny affublée « d’une espèce de complet brun » accentuant « le côté masculin de

sa création » dixit Henri Rochefort, qui aurait préféré « un costume de fantaisie, comme dans les féeries où les princes Charmant eux-mêmes n’ont presque pas de sexe » (39). Mais quand Colette s'anima dans son sarcophage et mima une scène d'amour avec sa partenaire, le scandale fut total. Des pelures d'oranges, des bonbons, des légumes même, jonchaient la scène, et le lendemain, la préfecture interdit Rêve d'Égypte, qui devint Songe d’Orient Wague reprenant le rôle de Mathilde de Morny, devant des spectateurs toujours désireux de faire du bruit. Passant après

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Sahary Djeli, photo Waléry i Camille de Rhynal f

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ce tumulte, Sahary n’en fit aucun dans la presse. En août 1908, sous le nom de Sahary Djeli, « la prêtresse de la déesse Kali, venue des bords du Gange, pour initier aux rites sacrés de Hindoustan » revint au Moulin-Rouge dans le Nautch ; soi-disant, une des plus impressionnantes danses sacrées de l'Inde, qui reçut cette fois « des ovations interminables ». Des vues de Lucien Varsavaux, dit Waléry montrent toutefois « la Brahmane de Krishna » chaussée de pointes, ce qui ne gêna personne. En janvier 1909, « le teint mat, demi-nue, hiératique et impérieuse », Sahary Djeli recrutée par Gustave Zittel reprit le Nautch au Casino de Paris. Puis sous la direction d’Albert Cailar, en avril 1910 on afficha ses « dansesmystérieuses », et le 14 mai, Salomé, mimodrame de Xanrof, musique de Pouget, dont elle avait réglé ses propres pas. Les autres revenant à Margherita Papurello, dite Rita, ou Mme Daynes-Papurello depuis son mariage avec le peintre Victor Daynes. Jacquinet jouait Hérode et avait réalisé la mise en scène, c’est pourquoi il fut verbalisé à Bruxelles, lorsqu’en août la justice poursuivie Salomé pour outrage aux bonnes mœurs. Selon Comœdia, le parquet fit saisir le costume de Sahary Djeli, jugé indécent, et dressa trois procès-verbaux : « le premier à charge de Mme Suzanne Milon, dite Sahary Djeli » (40). Ainsi, s’appelait « la bayadère sacrée ». Non pas née en Orient, ni à Budapest comme on le dit parfois, mais à Caen le 9 août 1889. Fille de Louis Milon et Marie Rots, divorcés depuis peu, sa mère était cuisinière dans une auberge, et son père cocher n'était point mort dans le désert près de ses serviteurs et de deux éléphants. Pour confirmer, car la presse n’est pas un parti sûr, du 14 octobre 1915 au 22 janvier 1916, « Sahary Djeli, The Arabian dancer » dansa à Broadway au Winter Garden Theatre, et c’est bien Suzanne Milon, 26 ans, artiste qui embarqua à Bordeaux sur La Touraine. C’était le 12 septembre, à bord se trouvait la pianiste Henriette Rozzi, et réformé par complaisance, Albert Gleizes, l'un des fondateurs du cubisme, qui à New-York retrouva Marcel Duchamp partit en juin. Mais c’est une autre histoire, et afin de renseigner la nôtre jusqu’au bout, Sahary Djeli s’éteignit à son domicile, 39 avenue de l’Opéra, le 1er septembre 1954. Elle avait épousé à Londres en 1938, Jean-Paul Rainal, prospecteur d’or, lequel domicilié à Casablanca mourût à Paris en 1950.

Pour revenir à Mado laissée en décembre, tout en dansant à la Cigale, en janvier 1912 elle reprit Giska aux Folies, puis du 7 février au 3 mars, engagée par Jacques Charles, elle passa à l’Olympia dans la Rose de Grenade, opérette espagnole d’Ernest Hannaux et Frédéric Furpille, dit Frédaff, musique de Joaquin Valverde fils. Dans des décors de Paul Paquereau, des costumes de Landolff, l’affiche dansante comptait, Antonia Mercé y Luque, appelée

à la célébrité sous le nom de La Argentina, Rafael Pagan, qui dans les pas de Mariquita créera la Vie brève de Manuel de Falla à l’Opéra-Comique en 1914, et Mado « danseuse exquise, d'une légèreté et d'une souplesse sans égale » (41). Le chorégraphe s’appelait Léo Staats ; élève de Francis Mérante à l’Opéra, comme sa sœur Eugénie, alors maîtresse de ballet à Avignon, devenu maître de ballet, il avait lâché le Palais Garnier en décembre 1909. Directeur artistique des spectacles du Théâtre des Arts de Jacques Rouché ; au 16 rue Saulnier, il tenait le Conservatoire de chorégraphie, où il enseignait tout en réglant des ballets au music-hall. Esprit fertile en trouvailles, il fit par exemple danser Mado sur une table « dans un pas de dentelle de… Chantilly » (42), mais c’est « dans ses danses lascives [qu’elle fut] absolument incomparable » (43) Excelsior d’écrire tout bonnement : « Mado Minty se classe comme une de nos meilleures danseuses » (44)

Comœdia notant : « Argentina, Pagan, Mado Minty, […] se sont également fait applaudir jusqu'au dernier soir » (45) à priori Mado dansa à l’Olympia jusqu’au 3 mars, date de la dernière communiquée par la presse. Cependant, si l’on en croit Le Petit Marseillais, le 2 mars, elle créa Méprise, pantomime de Jacquinet, musique d’Henri Contesse au Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo. De manière aussi confuse, engagée par Louis Boyer « la brillante étoile chorégraphique de l'Olympia » parut aussi en mars « dans ses danses artistiques d'un attrait sans pareil, et notamment dans la Danse de la Dentelle » (46) au Variétés-Casino de Marseille. C’était dans De Paris au Vieux-Port, qui n’était autre que la Revue de l'Olympia, de Rip, alias Georges Thenon et Jacques Bousquet, assaisonnée de « galéjades » marseillaises d’Antonin Bossy. Avec le comédien Jean Signoret, mi-mars ce fut encore à MonteCarlo En dansant le Dun…cancan, sketch spirituel de Fernand Rouvray et Paul Febvre « interprété à ravir par la talentueuse Mado Minty,dontlesdansesontenthousiasméun publicd'élite » (47). Elle l’enchaîna à l’ApolloThéâtre de Bordeaux du 23 au 29 mars, puis le 11 avril à la Gaité-Rochechouart, avant de paraître le 4 mai en Sapho et en Arlequin noir dans la Revue de Marigny de Michel

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Pas de l’Ours avec Régine Flory, 1912 Sahary Djely & Jean Jacquinet, Salomé, 1913 h g

Carré et André Barde : « Mlles Mado Minty et Régine Flory ont été acclamées pour leur souplesse, leur furia bien française » (48). Sur des airs de Paul Marcus réglés par Curti, nous citerons aussi Gaby Deslys et son partenaire newyorkais Harry Pilcer, bientôt applaudis à Biarritz. Menée tambour battant durant cinq mois, la revue s’acheva le 28 septembre. Entre temps, Mado avait repris En dansant le Dun… cancan à la Gaité-Rochechouart, remporté le 10 juillet, avec Flory, alias Marie-Louise Artaz le 1er prix ex-æquo dans une parodie du Pas de l’Ours au Femina, enfin porté les chapeaux de Charlotte Hennard et ceux de Lewis, le modiste des élégantes, les robes de Georges Dœuillet et celles de J Dukes, dont on sait seulement qu’il succédait à Dukes & Joire.

Rentrant de Berlin, « où elle eut l’honneur de danser et de chanter devant l'Empereur », Mado qui avait traité avec Paul Franck parut le 22 décembre au théâtre Impérial dans Complet à l'Impérial, revue de l’illustrateur Gustave Blanchot, dit Gus Bofa et Max Aghion, musique Édouard Mathé. Elle s’y tailla « un triple succès de chanteuse, de danseuse et de comédienne dans ses incarnations de la Danseuse Égyptiaque, de la petite girl de music-hall et de la jeune femme aux allures... masculines » (49). Puis René Comte-Offenbach l’engageant au Palais des Beaux-Arts de Monte-Carlo, le 12 février 1913 elle y créa : École de Danse, sketch de Pierre Samira, « qui permit, à Mlle Mado Minty et à M. Harry Mass, de faire applaudir leur souplesse et leur virtuosité de comédiens-danseurs » (50). Né Maurice Ablain à Beauvais, Harry Mass, tour à tour, clerc de notaire, acrobate, danseur, fantaisiste, auteur, chorégraphe, réalisateur se produira à Biarritz en 1918, mais aussi aux Folies en 1921 avec la Bayonnaise Agnès Souret, 1ère Miss France.

« Mlle Minty sera de la revue de printemps des Folies-Bergère, dont elle ne sera pas l'un des moins séduisants attraits. Quand elle aura terminé chez M. Bannel, elle ira faire d'importantes créations dans la revue de Marigny, qu'elle illustra déjà l'an dernier de tout son talent. Mado Minty a du pain sur… les planches ! » (51)

Eugenio réglant les ballets, le 6 mars Mado débuta aux Folies dans En avant ! Mars ! de Lucien Boyer et Jacques BattailleHenri, musique Aimé Lachaume. Mais alors qu’elle se dépensait « avec le talent le plus original » dans deux tableaux les Bords du Gange et les Pastels, le 26 mars elle lut dans Comœdia : « Le prochain spectacle du Théâtre des Arts comprendra […] L'Araignée, ballet de M. Roussel […] L'Araignée […] seradanséeparMlleSahary Djeli ». Depuis des mois, Mado préparait l’Arachné, un numéro pour lequel il avait été commandé « un truc de mise en scène coûteux et compliqué ». Éprouvant une grande tristesse en apprenant cela, elle

informa aussitôt : « Mlle Mado Minty, pour ne pas être accusée de plagiat — à propos du ballet l'Araignée, annoncé par le Théâtre des Arts — informe qu’elle a déposé, l'année dernière, à Marigny, le projet du numéro Arachné, auquel elle travaille depuis cette époque, et qu’elle produira dans la prochaine revue » (52)

Réglé par Staats sur un livret d’Auguste Gilbert de Voisins, petit-fils de Marie Taglioni, l'Araignée, ou plutôt le Festin de l’Araignée fut créé le 3 mars. Maxime Dethomas était l’auteur des costumes et du décor exécuté par Georges Mouveau. Il représentait un jardin, où se jouait un mimodrame tiré des Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre, et avait pour personnages : une Araignée surveillant les alentours de sa toile : Sahary Djeli ; un Papillon étourdi : Ariane Hugon, de l’Opéra ; l’Éphémère : Mlle Dimitria ; deux bousiers : Alfred Baron et Eugène Fraisse, de l’Opéra, des fourmis, des vers de fruits et deux Mantes religieuses dont l’une occis l’Araignée à la fin : Tommy et George Foottit, deux des enfants du clown George Foottit. Glissons qu’Albert Aveline, qui réglera le Festin à l’Opéra en 1939 dansait dans Pygmalion, acte de ballet de Rameau servant d’ouverture au spectacle conçu par Jacques Rouché.

En avant ! Mars ! s’arrêta le 30 avril, jour de la générale de la Revue de Marigny d’André Barde et Michel Carré, qui débuta le 1er mai dans de « divines créations de Landolff ». Edmond Roze avait réglé les 30 tableaux, Joseph Pomé la chorégraphie, mais faute de programme, remercions Georges Talmont de nous dire que Mado composa seule l’Arachné : « Minty joint à l'art de Terpsichore des qualités acrobatiques qui se déploient, à l'envi, dans un numéro l’Arachné qu'elle a réglé elle-même, numéro fort curieux qui gagne beaucoup en "effet" lorsqu'il s'enveloppe du mystère des éclairages nocturnes » (53) Saluons de même Le XIXème siècle, de révéler un mois plus tard des éléments du livret : « L'Arachné guettant la Phalène, la fascinant et l'apportant pâmée pour, ensuite, la rejeter sans vie au milieu de ses autres victimes, voilà un petit drame de passion et de volupté que Mlle Minty mime et danse tous les soirs avec un très vif succès » (54). Se perdant en généralités superficielles, la presse ne nomma pas la Phalène, ni les autres victimes, quant à la musique était-t-elle de Paul Marcus, le compositeur de la revue, de Léo Pouget, directeur du théâtre et chef d’orchestre ou d’un autre ? S’agissant du décor et du « truc de mise en scène coûteux et compliqué » désignant la toile d’araignée, on l’ignore tout autant. Seuls indices, le machinisteconstructeur de Marigny s’appelait Gaston Grosbois, et parmi les cinq décorateurs de la revue, Mado connaissait Gaston Laverdet. Avec d’autres, il avait créé les

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Le Festin de l’Araignée, Sahary Djeli, 1913 h

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décors d’En avant ! Mars ! aux Folies, et l’on sait qu’il réalisera celui de Léon Leyritz pour le Festin à l’Opéra en 1939.

« Mlle Minty, danseuse impeccable a été acclamée dans son numéro de l'Arachné, qui est une création sensationnelle » (55) nota Le Matin. Mais comme il en fallait un pour la comparer à Sahary Djeli, ce fut Nozières : « J’avoue que dans cette revue, c’est Mlle Minty qui m’a le plus vivement intéressé. Elle a un mérite : elle cherche, elle travaille. Elle a des qualités de danseuse et des talents d'acrobate. Après Sahary Djeli, — qui triomphe au Théâtre des Arts, — elle représente l’araignée dans sa toile. Elle n’a point la puissance dramatique de Sahary Djeli. Elle n’est pas de la même classe. Mais son agilité et son audace sont surprenantes » (56). À la longue on la dira « séductrice, cruelle et

passionnée » (57), mais pour l’heure, Léo Claretie nota : « Le clou de la soirée est assez dodu : c’est Mlle Minty, qui a su rendre l’araignée charmante et désirable ; elle grimpe dans sa toile avec une agilité gracieuse et elle tue si gentiment les papillonsqu’onaenviedesesentirpousser des ailes » (58). Puis Fernand Rouvray se fit plaisir : « Il y a encore l'original tableau de l'Araignée, dont on aperçoit les toiles…, et, dans la circonstance, l'étoile d'araignée, c'est Mado Minty, qui a fait preuve d'une virtuosité d'acrobate. On peut dire que Mado Minty a soulevé l’épate ! (L’épate d’araignée ; naturellement !) […] Mado Minty veut partager son succès avec ses camarades. Sa devise est désormais : "Diviser pour l'Araignée" » (59). Ajoutons qu’elle conduisait aussi « avec entrain » le ballet des oiseaux de Paradis, tout en se préparant pour le Gala des plus jolies danses, donné le 17 mai à minuit au profit de la Caisse des victimes de l'aviation. André de Fouquières présidant un jury ultra-chic, ce concours comptait trois catégories : danses de scène, danses de salon et amateurs. À l’instar d’Aïda Boni, de l’Opéra et de Cléo de Mérode qui abandonnèrent, Mado s’inscrivit dans les danses de scène et affronta Yetta Rianza, de l’Opéra-Comique, Flory, Esmée, Spinelly et d’autres devant une salle de notabilités artistiques et mondaines. Mistinguett dirigeait l’orchestre, mais l’on ignore le nom de la lauréate, car excepté Excelsior qui livra les résultats du concours d'amateurs, la presse passa à la Mille et deuxième nuit : Fête du théâtre offerte le 20 mai dans les jardins de MagicCity, où Mado dansa avec Flory. Le mois d’après, avec Gabrielle Robinne, de la Comédie-Française et d’autres, c’est en danseuse Persane et en « pathécoloris » qu’elle parut dès le 20 juin à l’OmniaPathé et au Tivoli-Cinéma, c’est-à-dire en plein air accompagnée d’un orchestre, puis en province dans la Comtesse noire, scène de la vie moderne réalisée par René Leprince et Ferdinand Zecca. Glissons que le scénario déposé en 1912 hésitait entre Esmée ou Stasia Napierkowska. Charles Pathé l’engageant, sans mention de lieu et de date, Mado tourna cette scène : « Tous prennent place sur des divans, et regardent danser la danseuse aux pieds nus, accompagnée par des arabes qui jouent des instruments de leur pays ». Sinon, relancée au moyen d’une publicité abondante et l’engagement de Natacha Trouhanowa dans ses danses, puis d’Otero dans la Loteria, un tango voluptueux mêlé de mélodies d'amour, la Revue de Marigny s’arrêta le 9 août. Mado, « le plus beau " maillot " de Paris, c'est-à-dire du monde » (60) dixit Roger Galineau, joua ensuite l'Arachné au London Opera House dans Come over here ! revue de Wilson Mizner et Max Pemberton. Son succès fut si vif que la direction prolongea de trois semaines son contrat, l’obligeant à différer une offre en Allemagne. En attendant,

engagée au 44th Street Theatre, le 15 septembre accompagnée de sa mère, elle embarqua à Cherbourg. Le New-York Evening World évoque : « l'Araignée la plus attrayante jamais vue dans le quartier des théâtres » (61). Et IBDB, la base de données des théâtres de Broadway indique un vaudeville : A Glimpse of the great white way, dans lequel elle joua l'Arachné du 27 octobre au 1er novembre. « Mlle Minty vient de débuter à New-York, avec un succès considérable. Et les propositions, qui lui sont faites pour les États-Unis nous font craindre de ne plus pouvoir, de longtemps, applaudir à Paris cette remarquable artiste » (62) nota le Gil Blas Dans les faits, après 12 représentations, elle rentra pour se produire en janvier 1914 à Vienne : « Mlle Minty, la charmante artiste parisienne, a ici en ce moment un succès très grand dans son divertissement de l'Araignée, créé avec tant de succès aux spectacles de musique du théâtre des Arts » (63). Le correspondant du Figaro confondait avec le ballet de Roussel. Puis ce fut Berlin en février, et enfin Paris pour une affaire de justice : « Le comte de F. » lui avait offert une étole de zibeline de 7.000 fr. dont les traites demeuraient impayées. La Maison C. Kotik, spécialisée dans la robe tailleur, le manteau et la fourrure ne pouvant rien contre un comte, dont l’identité reste un mystère, assigna Mado devant le tribunal civil, mais Kotik fut débouté en seconde instance.

C’était en mars 1914, le 3 avril Mado attaqua aux Folies la Revue galante de Louis Lemarchand et Rouvray, musique Lachaume, chorégraphie Alfred Julian venu de New-York « dans le but de nous initier à la mise en scène américaine ». À son programme, avec Pierre Tomas, de l’Opéra, la Danse du Pactole : « Rien ne saurait exprimer la souveraine beauté des attitudes de Mlle Mintv, splendide Fortune chevauchant le Veau d'or, non plus que la souplesse, la vigueur et la grâce de M. Thomas, un des plus parfaits danseurs

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Mado Minty, l’Arachné, photo Grégoire
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Mado Minty, l'Arachné, London Opera House h k

classiques de ce temps » (64). Puis, UneOrgie chez les papillons où après l’arachnide, elle devint lépidoptère. Le Figaro d’écrire : « Tout-Paris a chanté les louanges des fameux Ballets russes, et notamment du ballet des Papillons... Mais il est un autre divertissement des Papillons qui fait les délices des Parisiens et des étrangers : c'est celui que danse, avec tant de charme voluptueux et de souplesse infinie Mado Minty » (65). Enfin revisitant peut-être l’orchestique grecque, une obscure « danse des mains jointes ». Édouard Noël notant par exemple : « Il faut mettre hors de pair Mlle Minty, qui a remporté le plus beausuccèsdesacarrière,succèsmérités'il en fut. Jamais artiste n'a mieux montré ce que peut faire un travail opiniâtre lorsqu'il est préparé par des qualités naturelles. Sa danse des " mains jointes " a été aux nues, et il y a longtemps que l'on n'avait goûté un plaisir plus empreint du frisson de l'art » (66). « L'extraordinaire danseuse au talent transcendant » (67) quitta les Folies fin juillet. Entre temps, le 12 juin avec Trouhanowa, Rianza, Mistinguett, Staats et d’autres, elle siégea au jury d’un Concours de danse organisé à Magic-City avant de danser le 19 juin à l’Opéra parmi une pléiade de vedettes en l'honneur de l’homme de théâtre : André Antoine.

Faute de « piston » ministériel ou parlementaire, alors que la Danse fournissait depuis août des soldats à la Guerre, tels Eugenio naturalisé en 1912, mais aussi Staats ou Aveline, le 15 décembre 1914 Mado reparut au théâtre de la Gaîté pour une matinée de l'Œuvre du secours aux artistes français et belges. Puis le 8 janvier 1915, on put la voir sur les écrans en danseuse persane dans le Calvaire d'une reine de Zecca et Leprince. Ensuite, vendue comme « la femme Araignée » du

30 avril au 15 mai, « entourée de papillons et d'insectes divers, tous vivants », le Concert Mayol l’afficha dans l'Arachné devenue l'Araignée. Puis ce fut Luna Park tous les jours en matinée et soirée du 18 juin au 15 juillet. Alors Léon et Joseph Volterra, directeurs par intérim de la Cigale l’engagèrent pour MissTipperary « opérette anglaise » de Charles Quinel et Henry Moreau, musique Paul Nast, chorégraphie Félix Sicard. Du 17 septembre au 5 octobre pour les permissionnaires et les poilus de l’arrière, elle y joua l’Excentrique anglais, fantaisie composée par ses soins. Puis du 5 novembre au 21 décembre, elle retrouva la Scala dans Pourvu qu'on ait l'Métro ! revue de Georges Arnould et Carpentier qui lui permit d’être saluée comme auteur et interprète dans la Mort de l’Aigle noir, Symbolisant « l’emblème cruel de l’Empire allemand », le 2 avril 1616, le journal J’ai lu, la présentera vaincue par la Marseillaise, figurée par la soprano, Marguerite Carré, de l’Opéra-Comique. Toujours à la Cigale, du 16 janvier au 19 mars 1916 ce fut l’Enfer des revues, féérie-actualité créée par 12 revuistes, musique de Nast, ballets de Sicard. Mado joua dans le Matelot Normand, scène de Lucien Boyer et Dominique Bonnaud et dansa « un ballet russe » : Une Nuit de Schéhérazade Ensuite, du 14 avril au 2 juin elle s’illustra au Nouveau-Cirque dans un original « dancing-act », tout en passant aux Ambass du 20 mai au 29 juin dans Bouscule, pas le pot de fleurs ! revue d’Eugène Héros. Autrement, le 19 mai on la vit en noir et blanc avec Armand Ménard, dit Dranem, dans Dranem amoureux de Cléopâtre de Roger Lion tourné à Épinay-sur-Seine dans les studios de la société Éclair. Puis le 27 juillet dans « un amusant » Rigadin cherche l'âme sœur réalisé par Georges Monca pour Pathé. Enfin en vedette avec Henry Roussel, acteur-réalisateur mort à Bayonne en 1946, dans l’Apache d'amour. Édité par les Films Samson, entre-temps devenus les Films Molière dirigés par Suzanne Devoyod, de la Comédie-Française, ce court-métrage, dont le réalisateur est inconnu fut distribué par Union- Éclair dès le 21 juillet. « Charmante et donnant bien » Mado y joua Stella, une ballerine à laquelle le vicomte de Narcey a décidé d'offrir son nom et sa fortune à condition qu’elle renonce au théâtre. Stella hésite, sa passion pour l’art est plus forte que son amour. Au terme de ce « drame poignant », Stella deviendra Mme de Narcey.

Toujours sur le pont, plus de 400 revues seront montées à Paris durant la Guerre, du 11 août au 24 octobre, alors que Sahary Djeli disparaissait chaque soir dans une malle à Marigny, la Cigale accueillit Mado dans Vas-y mon pote ! d’Albert René, musique Nast, ballets de Sicard. On l’applaudit dans lesAmoursdelaEsmeralda, les Cinq sens, « symphonie dansée » de sa composition et des chansons anglaises. Henry Dargès d’écrire : « Mlle Minty,

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Programme de la Cigale, 1915 h La Marseillaise et l’Aigle noir Marguerite Carré & Mado Minty, 2 avril 1916 f

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est simplement exquise sous les voiles miroitants de la Esmeralda, amoureuse du beau Phébus [Jane Sarrès], et dans les Cinq sens, où elle scintille de toutes les facettes de son joli talent chorégraphique » (68). Elle fit aussi l’actualité de la ligne 2 Nord en sautant d’un train en marche à la station Porte Dauphine pour échapper à deux vieux messieurs. Saine et sauve, Léon Doux l’engagea ensuite à l'Alcazar de Marseille pour En première ! revue d’Antonln Bossy, musique Charles Helmer, ballets de Marcel Cauvy, jouée du 20 décembre au 17 février 1917 sans mention de son programme. Elle ne reparut à Paris que le 8 juin. C’était à la Cigale dans Plein aux As ! « revue des nouveaux riches » de Quinel, Moreau, Nast et Sicard. Après deux tableaux intitulés : les Restrictions et la Crise de l’essence, « fleur de chorégraphie harmonieuse », Mado parut en américaine dans la Carte du tabac. Chorégraphe de plusieurs opérettes, Christine Boos, de l'Opéra, avait réglé pour Juliette Valère les volutes de la cigarette Muratti, pour dire que bientôt sortiront les mentholées : Minty. Enfin d’après l’Amour à Venise de Shakespeare, vint la Nuit de Portia, où elle « exprima admirablement, par la danse et la mimique, les sentiments de la belle Portia » (69). Le 6 juillet, elle enchaîna la Revue déshabillée d’Alin Monjardin, Nast et Sicard, on la vit alors dans les Mystères du métro avec le danseur Jack Villars et dans une danse guerrière exécutée sur la Marche héroïque de SaintSaëns jusqu’au 17 août.

Ayant signé avec l’Apollo-Théâtre, « l’étoile des étoiles » se rendit à Bordeaux pour Tout à l’américaine, revue de René d’Argy et Albert Denis, musiques de Paul Bastide, Éloi Juif et Edmond Antréassian, dit Anstréas, ballets de Camille Laffont, qui connut les feux de la rampe du 2 novembre au 21 décembre : « L’exquise vedette […] nous a présenté avec sa grâce captivant, sa beauté et sa plastique impeccable plusieurs numéros vraiment inouïs de souplesse et de beauté » (70) nota Jean Martza. À son programme, la Danseuse pudique avec M. Gasthon’s, danseur fantaisiste, l’Américaine qu’elle régla et dansa entourée de 16 Apollo girls, lesquelles costumées en mouches ou papillons parurent dans l’Araignée vendue comme une création. Sous le nom de Marcel Dumenger, futur lauréat de prix littéraires Marcel Monpezat publia ceci dans Le Cri de Bordeaux :

« L’orchestre se fait doux, très doux… les violons sentent glisser l’archet avec plus de caresses… On a tendu les fils de la toile traîtresse… L’Araignée est venue à pas sournois et longs… Elle aperçoit l’insecte ambré comme un rayon, tourne, glisse, l’épie amère chasseresse ; Puis soudain dans la trame, étonnante d’adresse, jette perfidement le tremblant papillon…. Alors sa volupté grandit, horrible, exquise… la mort, la lente morte du

phalène la grise. Sa longue douleur plaît à ses instincts pervers. Mado Minty brune araignée aux câlins vices, prends-tu la même ivresse et les mêmes délices à torturer les cœurs qui peuvent t’être offert » (71)

Après la 90ème et des adieux fleuris, Mado gagna Toulouse où les Nouveautés affichèrent « l’Araignée vivante » du 24 décembre au 5 janvier 1918. La revue s’intitulait Salada, mais La Dépêche n’en dit mot. Qu’importe, à Paris la Cigale annonçait On en parle de Lemarchand et Rouvray, Nast et Sicard. Du 8 mars au 3 mai, Mado y parut en snob dans Whisky bar et dans sa « dernière composition » : la Roue de la Fortune ou la Valse tourbillon, qui fit dire à Colette : « Quelle rareté !... Mado Minty - la coqueluche de Romedanse avec une grâce athlétique et précise, et lie son beau corps à une roue tournante, - qu’on vienne maintenant nous raconter que la roue fut un supplice » (72). « La coqueluche de Rome » ? peut-être après Marseille en février 1917, mais à l’instar du principe de sa roue donnée comme « la plusbelleattractionqu’onaitjamaisvueau music-hall » (73), les recherches sont restées vaines. Le 3 mai, engagée aux Folies par Paul Derval, Mado enchaîna la Revue… Quand Même ! de Georges Arnould, musique de Laurent Halet, époux depuis 1913 de la danseuse Germaine Mitty, née Belay. « Il faut citer […] de jolis ballets dansés par Mlle Minty, et une importante et brillante mise en scène fort bien réglée parlemimeThalès [Théodore Jammet] » (74) précise Fred Orthys et il fait bien, car le programme informa à minima. Parmi les tableaux : Une nuit de la Esméralda avec la danse des Cinq sens, ramenait à la Cigale en 1916, mais cette fois, M. Serge, danseur excentrique représenta « avec élégance le beau Phébus ». Et Dargès de trouver d’autres mots pour parler de Mado : « Mlle Minty apparaît et rayonne sous les haillons scintillants de la danseuse-idole. Légère, vaporeuse, effleurant le sol de la caresse de ses pieds nus, elle exécute avec son

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Mistinguett & Jan Oy-Ra, 1918 Mado Minty, photo Walery h k

masque mobile, sa mimique expressive, sa souplesse de fleur inclinée sous la brise, la danse des Cinq sens, symphonie chorégraphique qui met en valeur sa virtuosité si diverse » (75). Cependant, la négligence étant une des lois de l’information du temps, on ne saura pas qui signa la musique et la chorégraphie. En 1916, Nast et Sicard étaient annoncés, on supposera que Laurent Halet et Louise Stichel, maîtresse de ballet des Folies succédèrent en 1918. « Les chairs roses gainées d'un fin réseau de paillettes noires, avec un collier de perles dont elle joue des mains, des pieds, de la jambe et du torse, dans un exercice plus acrobatique, du reste, que chorégraphique », Mado parut aussi dans le Collier de perles et en « Gibson Girl » dans le Théâtre américain sur le front jusqu’à la mi-août.

Sans autre écho, du 18 octobre au 15 novembre 1918, elle reparut à l’Olympia dans un sketch inédit avec Fernand Lamy. Était-ce le chef d’orchestre ou le directeur du théâtre Impérial ? Rien de tout cela, le service de presse avait fait erreur, il s’agissait d’Adrien Lamy, comédien, danseur et chanteur, avec lequel, sur des paroles et musique de Louis Hillier, elle avait créé on ne sait où The Apache trot, un fox-trot édité en janvier 1916. Pour l’heure, « le délicieux sketch » triompha et surtout lorsque Mado quitta l’Olympia, la Victoire et la Paix étaient acquises. Engagée par Clara Faurens, elle passa du 17 janvier au 22 mars 1919 au théâtre Caumartin dans Bonjour !... Bonsoir !... de Valentin Tarault et William Burtey. Chanteuse, danseuse, comédienne, mais aussi revuiste et directrice du George's Hall de Rouen depuis 1914, Faurens avait rouvert la salle redécorée par Paul Poiret le 12 septembre 1918, avant de la changer en dancing : le Savoy Club. Mado y exécuta une danse de peau-rouge non renseignée et montra selon Daniel Riche : « Une gracieuse souplesse dans son pas des mains jointes » (76). René Bizet fut d’un autre avis : « Mon plus grand regret est que Mlle Minty, qui a toutes les qualités pour être une bonne danseuse se contente d’exécuter quelques pas assez lourds et qui ne sont pas digues des grâces qui

l’accompagnent » (77). À raison de 2.300 fr. par mois, du 5 avril au 2 août, « sculpturale et ardente » Mado retrouva les Folies de Paul Derval pour les Folies en tête, revue de Lemarchand, musique d’Eugène Gavel, chorégraphie de Stichel. Habillée par le couturier John Tollmann, mais « hardiment nue et si souplement acrobatique » (78) selon Nozières, elle interpréta la Perle dans les Pierres précieuses et entourée du corps de ballet, l’Arlequin d’or dans les Pantins d’or. À noter qu’elle avait pour doublure, Germaine Mitty déjà citée. À cette époque, Mitty sera présentée à Eugène Fraisse, de l’Opéra, qui avait participé en 1913 à la création du Festin de l’Araignée Ils formeront un duo acrobatique : Mitty et Tillio. Après 15 jours de repos, Mado reprit du 16 août au 26 septembre, date où elle participa à la grève des artistes de divers théâtres. En résumé, l'Association des artistes dramatiques exigeait des directeurs l’engagement des seuls adhérents à la Fédération du spectacle et à la C.G.T., tandis que les membres de la Société des auteurs entendaient conserver la liberté de choisir leurs interprètes parmi les acteurs syndiqués ou non. Le conflit reçut une solution mi-octobre, entre temps comme d’autres music-halls les Folies se changèrent en dancing et sous l’égide du Comité intersyndical du Spectacle, Mado dansa deux, trois fois au profit des grévistes. Seulement, la crise terminée, alors que son engagement courait jusqu’en février 1920, au prétexte qu’elle avait elle-même rompu son contrat en prêtant son concours à d’autres représentations, Derval refusa de reprendre « la bolchévique ». Expliquant partout qu'elle était une pacifique citoyenne qui ne fut jamais tentée par les idées révolutionnaires, Mado ne s'en tint pas à cette protestation, elle réclama un dédit de 5.000 fr. que le Tribunal lui refusa, et contesta à Derval le droit de présenter l’Ondine qu’elle répétait avant la grève : « J'ai apporté, en 1915, l'idée de l'Ondine à la direction des Folies-Bergère. L'Ondine est restée dans les tiroirs. À présent, on veutlamettredansl'eau.Jem'yrefuseavec la dernière énergie. L'Ondine sera faite par moi ou ne sera pas. […] Je tolérerais à la rigueur un décor de fond de mer dans la revuedesFolies-Bergère,maissansondine. J'ai répété ce rôle. J'y ai apporté mes conceptions. On m'a fait prendre, pour le jouer, des leçons de gymnastique dans un cirque. Si une autre danseuse me vole mes idées, j'envoie de nouveau du papier bleu » (79). L’affaire défraya la chronique, mais pour finir, le 22 novembre 1919 Derval présenta Au fond de la mer dans la revue Paris-Vertige et d’après Comœdia : « Engagée à de superbes conditions pour deux mois en février 1920, au [PrincipalPalace] de Barcelone », Mado y resta jusqu'en décembre. « Un contrat de deux mois à l'Ideal Rosalès [Madrid] ayant aussi été prolongé de quatre mois » la retint en Espagne « jusqu'en juillet, époque où elle est engagée à San Sébastien et Santander

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Apache-Trot h Mado Minty, l'Arachnée, 1916 f

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jusqu'au 15 août ». Au vrai, elle était alors en Savoie, mais continuons : « Mlle Minty a eu l'honneur de danser, avec le plus grand succès, au Théâtre du Centre, devant Leurs Majestés le Roi et la Reine, qui ont applaudi fort gracieusement sa Danse de l’Opium avec Sacha Goudine, où ses qualités d'élégante souplesse, de mimique expressive et de composition se donnent un libre cours » (80). Un article du Heraldo de Madrid, consacré au géorgien Alexander Gutnik, dit Goudine qui avait quitté les Ballets russes de Serge Diaghilev en 1917 pour s’établir à Barcelone confirme partiellement ces informations, mais ajoutons que la danseuse Edia Tikanowa était aussi à l’affiche. Quant à la Danse de l’Opium que Goudine avait déjà interprétée en Espagne avec Mistinguett, tout porte à croire qu’il s’agissait de The Spirit of Hashish, danse créée au Gaiety Theatre de Londres en décembre 1917 sur une musique de James W. Tate par le polonais Jan Oy-Ra dans The Beauty Spot avec Flory. Mistinguett fumant et OyRa symbolisant le psychotrope, elle sera reprise en octobre 1918 au Casino de Paris dans la revue Pa-Ri-Ki-Ri avec pour titre : le Rêve d’Opium

Durant ce séjour ibérique, le 2 mars 1920, Mado publia une nouvelle dans Comœdia : Grève de music-hall, et le 4 juin on put la voir à Paris dans le Carnaval des vérités de Marcel L'Herbier. On évoque un « ballet symbolique », Louis Delluc notant par ailleurs : « La nudité de Mlle Minty est plus fugitive que sur le Veau d'or aux Folies-Bergère, mais bien équilibrée » (81)

Le tournage débuta semble-t ’il en janvier 1920 dans les studios de Léon Gaumont, rue Carducci. Claude Autant-Lara, âgé de 19 ans, signant là son second décor : « Oh… c’était pas un chef d’œuvre – que mon décor – mais ce fut finalement, bien ce qu’on voulait - et ça plut » (82) écrit-il dans ses Chroniques cinématographiques en passant hélas brièvement sur cet épisode, car le film tourné en partie à Biarritz, avait aussi pour décor la Villa Marbella et « une maison basque que vous reconnaîtrez, quand le Carnaval des vérités sera dans vos cinémas » (83) informa La Gazette de Biarritz. Le film passa le 6 août au Cinéma Mondain en offrant l’attrait de mettre en scène « des artistes de notre ville » tels Eugène Calou, coiffeur-parfumeur biarrot dont le frère Marcel possédait un salon sur les Champs-Elysées, ou encore Jacques Guérin-Catelain, dit Jaque Catelain, acteur fétiche de L’Herbier, dont la mère Lucie, veuve d’Émile Catelain tenait les rênes des casinos biarrots avec son neveu Alfred Boulant. Sans quoi, préférée à Isadora Duncan par une « Parisienne » : « Je préfère la conception de la danse que nous offre la Pavlova, et, plus modestement, mais néanmoins avec art, Napierkowska, Minty, [Régina] Badet, [Sonia] Pavlof, etc.… » (84) , le 15 août 1920 au Casino de Challes-lesEaux, Mado « se révéla chanteuse légère

dans l'air des cloches de Sakuri » (85). Riches en soufre les eaux de la station savoyarde étaient surnommées « le salut de la voix », mais « les cloches de Sakuri » demeurent un sourd mystère. Sinon, à la question : Qu'est-ce que l’amour ? Mado repartie en Espagne télégraphia en novembre : « L'amourn'estqu'unformidableégoïsme ; c'est un retour d'amour sur soi-même » (86) Entre les prolongations en Espagne et des spectacles comme Phi-Phi, opérette d’Henri Christiné au théâtre municipal de Metz le 20 août 1922, Mado qui avait quitté Paris en février 1920 fit sa rentrée le 1er novembre 1922. D’abord au Grand-Palais, où près d’un portrait en pied d’Anna Pavlova de Savely Sorine, le Salon d'Automne exposa le sien exécuté en 1921 par le catalan Ricard Canals. Puis le 5 décembre 1922, appelée par Albert Carré, « la transfuge du music-hall » parut à l’Opéra-Comique dans le Festin de l’Araignée réglé par Stichel. Louis Hubert, dit Lucien Jusseaume avait signé le décor, Louise Solatges et Henri Mathieu exécutés les costumes de Marcel Mültzer. Arrivé à Paris en 1921 après avoir fui Petrograd, André Levinson, universitaire et journaliste entré à Comœdia en avril 1922 pour être : « Le premier et le seul à parler de la danse avec autorité » (87), ne sauva pas grand-chose du spectacle : « À l’intelligent courage d’un grand directeur comme celui de l’Opéra-Comique, nous devons la plus intransigeante franchise. La chorégraphie simpliste et usée ainsi que l’ensemble de la mise en scène ont fait songer au Châtelet et aux frères Cognard (sic) » (88). Directeurs et auteurs de pièces à succès, Théodore et Hippolyte Coignard avaient dominé la scène populaire parisienne au XIXème siècle, et comme les leçons de décoration données à Jusseaume, prestigieux peintredécorateur de style réaliste, l’érudit Levinson fut sur ce coup-là très maladroit. Seule « l’élégancediscrète » de Mona Païva, « élève assidue de l'admirable professeur qu'est Mme [Blanche] d’Alessandri » eut grâce à ses yeux exigeants. Née Jeanne Peyrouix, elle dansait l'Éphémère. Et alors que ses confrères citèrent les autres rôles tenus par les dames de la troupe. Notant à juste titre : « Il est vrai qu'il n'y a pas de danseurs à l'Opéra-Comique. Les danseurs doivent chercher ailleurs », il déclara : « Mlle Minty n'est ni une danseuse, ni une mime. C'est une acrobate : beau et périlleux métier. Elle semble réellement habiter sa toile ; elle circule de maille en maille, s'accroche, se suspend, guette les victimes ; mais elle est surtout préoccupée de sa gymnastique. On dirait un mousse qui grimpe dans les cordages tandis que la musique, sur le pont, joue pour les autres. Mlle Minty se désintéresse absolument des rythmes et des mètres chers à M. Roussel : elle a autre chose à faire. Très souple avec cela ; la mort de l'araignée est remarquablement exécutée ». Sur ce point, Le Temps s’accorda : « [Mlle

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Jaque Catelain, photo Manuel frères i
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Sacha Goudine h

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Minty] a montré les plus rares qualités d’élégance, de souplesse et de grâce. Elle a même provoqué un vif mouvement d’émotion au moment où, pauvre petite créature toute noire et toute frêle, elle s’écrase sur le sol » (89). De même que le musicien André Messager pour Le Figaro : « Mlle Minty […] montre des qualités de souplesse, je dirai même de dislocation tout à fait remarquable. Elle devient même émotionnantelorsquel'Araignéemourante n'est plus, sur le sol, qu'une pauvre petite boule noire et qui tient si peu de place ! Auprès d'elle, Mlle Païva, dans le rôle de l'Éphémère ; Mlle [Frédérique] Soulé, tout particulièrement charmante dans celui du Papillon, et Mlle [Simone] Rosne, dans celui du Bourdon, forment un trio tout à fait remarquable. Tout l'ensemble, parfaitement réglé, s'adapte à merveille à la musique ; le ballet est présenté avec ce soin et ce fini qu'on est toujours sûr de trouver à l'Opéra-Comique » (90)

Engagée en représentation, « l'admirable Mado Minty, de l’Opéra-Comique » (91) fut une « Araignée voluptueuse et terrible » jusqu’en juin 1923. Depuis le 7 mars, elle était aussi applaudie dans un pas hindou et une danse persane au Clover-Club, dancing mondain de la rue Caumartin. Puis, chantant, dansant, jouant la comédie, « tout cela avec un certain charme personnel », du 10 septembre au 7 décembre, elle passa à la Chaumière, cabaret artistique tenu par Léonce Paco. Né Gaston Coullerez, il était l’auteur de deux sketchs : le Veau, dans lequel Mado joua le rôle d'une bonne hilarante, et Il m'a appelé Grue, dont elle fit une création des plus amusantes. Enfin, elle avait réglé « une danse des plus gracieuses et des plus lascives » : l'Anneau de jade. Elle retrouva ensuite la Cigale, « entièrement refaite en quatre jours par 200 ouvriers » et confiée à trois nouveaux directeurs, dont Max Viterbo, ex-critique à Comoedia, qui expérimenta : « Vis ma vie » : « Les directeurs des music-halls parisiens doivent rire à l'heure qu'il est, car pas un n'a oublié les excellents conseils que M. Viterbo leur donna pendant plusieurs mois dans Comoedia, sur la façon de réussir une revue ! » (92). Réunissant six auteurs et foule de collaborateurs, tel le musicien Henri Morisson, Montre-moi ton coquelicot débuta en effet dans la confusion. Ainsi après la promesse de révolutionner le music-hall et maints reports, la première du 15 décembre fut apparemment interrompue par des problèmes de machinerie, et reportée au lendemain. Mais tout en se plaignant de ne pas avoir été invité, la presse livre d’autres dates. En haut de l’affiche, Marguerite Carré, épouse d’Albert Carré, leur fille Jenny signant quelques costumes, Louise Balthy et Mado, qui créa l’Officine louche ou la Dame au pharmacien. Cet apothicaire vendant « les plus redoutables stupéfiants », Marthe Lenclud, Yvonne Thomas, dite Vanah Yami et Jane Lysana,

née Jeanne Mathieu figuraient, la Cocaïne, l’Éther, la Morphine, et George Spanover, le Haschich. D’après Comoedia, « ces drogues malfaisantes se disputaient le corps et l'âme de la Possédée, Mlle Minty, mime admirable dont le visage se décompose lentement sous les rayons livides du projecteur » (93). « C'est Georges Sandrini qui est chargé de la mise en scène chorégraphiquedecepetitballet » nous dit Paris-Soir. Sans programme, on veut bien le croire, même si le fils d’Emma Sandrini, de l’Opéra se prénommait Pierre, et que L’Événement évoque « différentes danses réglées par M. [Joseph] Pomé ». Sans quoi, dans le défilé des parfums terminant le 1er acte, Mado représentait le Flacon de chair, et Comoedia d’écrire encore : « Sur une plate-forme tournante, elle développe son beau corps aux souplesses acrobatiques en arabesques d'une grâce hardie et en attitudes harmonieuses ». Boudé par la critique, mais porté par la publicité, Montre-moi ton coquelicot s’acheva le 30 mars 1924 après la 150ème. Notons qu’entre temps, Flory se produisit à la Potinière dans un tableau faisant « penser au Festin de l’Araignée que créa Sahary Djelli et que Mlle Minty interpréta aussi avec talent ». Du 2 avril au 16 mai, Mado enchaîna : Ça fourmille à la Cigale, revue des mêmes que la critique bouda encore, excepté Comoedia qui la signala entre autres dans une danse, où d’un turban elle improvisait cinq costumes différents, un châle espagnol, une robe de gigolette, un voile d'almée, etc… Peut-être déjà nommée le Turban à surprises, Mado perfectionnera cette danse tout au long de sa carrière. Alors qu’elle avait sollicité Albert Roussel pour avoir « une opinion et des conseils sur sa voix », entre le 12 et 28 mai, « l’experte danseuse » reprit le Festin à Favart. Puis le 31 mai à la Gaîté-Lyrique elle créa Pagodes de Claude Debussy dans l’orchestration d'André Caplet, et mima la Descente au souterrain de Pelléas et Mélisande. Le même jour, salle Marivaux, une poignée de privilégiés découvrait Paris la nuit d’Émile Keppens. Produit par le Brésilien Vital Ramos de Castro, qui en plus de posséder 20 cinémas à Rio, avait écrit le scénario, le film était une excursion dans le monde de la fête et du luxe : « À citer particulièrement Mado Minty, dont, la grâce et le talent se manifestent d’abord en des danses charmantes en compagnie de M. Spanover, puis en des attitudes d’art d’une extrême beauté plastique » (94) nota Georges Velloni. Puis le 17 juin au Bal de la rose, « avec une incomparable légèreté et un brio étourdissant », toujours en duo avec Spanover, on la vit dans trois « numéros exquis » : la rose innombrable, la rose personne et la rose exotique sur la Valse triste de Jean Sibelius : « Ce fut de l’enthousiasme. Toute l’assistance, crispée, applaudissait sans s’arrêter » (95) Aperçue en juillet à Vittel et Contrexéville, du 7 au 9 août « la grande danseuse française » dixit La Gazette de Biarritz se

produisit sans écho au Royal-Cinéma après Kean ou Désordre et génie, d'Alexandre Volkoff. Ensuite engagée par Herman Haller, directeur et librettiste, Mado « dont la danse du turban remporte un grand succès » passa plusieurs semaines à l’Admirals-Palast de Berlin. Puis « unique par ses doubles qualités de danseuse experte et d’acrobate parfaite » (96) du 21 au 28 mars 1925, engagée par Reynaldo Hahn elle dansa le Festin de l’Araignée au Casino de Cannes. Originaire de Narbonne, Amélie Sberna avait réglé le ballet pour Blanche Bramante, l’Éphémère ; Annette Leibowitz, le Papillon ; Semyon Troyanoff, le Bourdon. Le rédacteur local s’arrêta-là, mais ce n’était pas si mal.

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Mado Minty, par Richard Canals i

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Début mai, dans un hall de palace édifié au studio de Joinville, Mado et Spanover tournèrent durant deux jours une scène de bal pour la Course du flambeau de Maurice Louis Radiguet, dit Luitz Morat. D’après une pièce de Paul Hervieu, le film produit par la Société des Cinéromans sortit le 20 novembre. En attendant, le couple se rendit à Barcelone pour danser dans la revue Fiat Lux au Teatro Nuevo. De retour à Paris, et répondant toujours de bonne grâce aux appels de charité, le 25 juin, Mado fit la surprise de danses orientales et cubaines au Bal de la rose. Depuis avril se tenait l'Exposition internationale des arts décoratifs, pour laquelle Adolphe Dervaux, l’architecte de la Gare du Midi à Biarritz avait bâti un restaurant-dancing, l’Écureuil qui disposait d’une piste de danse en plein air. Faite de dalles lumineuses pouvant s'éclairer chacune de cinq couleurs, Mado l’inaugura le 1er juillet d’une danse hindoue. Puis du 24 au 30 le Casino de la Forêt l’accueillit au Touquet accompagnée de Spanover avant qu’elle ne reprenne le Festin, le 10 août au Casino de Deauville avec les mêmes qu’à Cannes. De-là, sans écho d’un contrat annoncé au Coliseum de Londres, le 31 décembre 1925 on put apprendre dans Le Nouveau siècle : « Mlle Minty, qui vient de faire une tournée à Copenhague, Milan, Rome, Biarritz et Bordeaux, repart pour un mois avec son partenaire Spanover. La Scala de Berlin leur offreunbrillantengagement ». En fait, avec « leurs danses d'art et de fantaisie », Mado et Spanover jouèrent au Casino municipal de Biarritz les 3 et 6 novembre, et en décembre à Bordeaux, au Théâtre Français les 11 et 13, au Gaumont-Palace les 17 et 18, puis ce fut Berlin en janvier 1926. On les vit ensuite le 20 mars au Palais d’Hiver de Lyon, avant de lire le 26 : « La danseuse Mado Minty — qui séjournait à Nice — arrivera demain matin à Paris et le soir même fera sa rentrée à l'Opéra-Comique dans le Festin de l’Araignée » (97). C’était un peu court pour répéter ou faux, en tous cas, entre le 26 mars et le 1er avril, sous la direction de Louise Virard reprenant la chorégraphie de Stichel, Mado dansa avec Mona Païva, l’Éphémère, Henriette André, le Papillon, avant de passer du 2 au 8 avril à l’Odéon de Marseille avec Spanover. Puis ce fut l’Italie et Madrid en attendant l’Olympia.

« On oubliera tout : nos désastres financiers, la vie chère, le soleil implacable, en allant applaudir ces étonnants, ces merveilleux, ces aériens danseurs qui ont nom : Mado Minty et Spanover, la Siria, Iris Delysia, Vera Tamarowska, Alfred et Leonid Stroganoff » (98). Engagée par Paul Franck, du 16 juillet au 5 août, Mado parut à l’Olympia dans la Revue de la Danse La canicule ralentissant l’actualité, André Legrand-Chabrier, chroniqueur du cirque et du music-hall, se pencha longuement sur leur duo en nous apprenant avec les mots d’alors que Mado imitait Joséphine Baker :

« Le duo Mado Minty et Spanover s’apparente au couple de danseurs acrobatiques si fort à la mode avec exhibition de nudité et "main à main". Un de plus ? Eh bien, non, car il y a chez eux une interprétation personnelle remarquablement intéressante et intelligente. Ce ne sont pas seulement deux beaux êtres humains qui dansent, sautent, font de la souplesse et de l’arabesque, se muent en vingt groupes. Avouez que ce serait déjà quelque chose ! Et même beaucoup. Ceux-ci ont la plastique, sans doute, mais ils ne la statufient pas du tout. Ils la rendent nerveuse, ils y mettent le sentiment, et cependant ils restent dans la vérité du nu. Trop d’expression pourrait bien devenir pornographique, ou bien réclamerait le costume. Ce n’est pas leur cas. Ils y ont le tact inné, et la mesure qu’il faut pour les préserver de tout excès de naturel, trop naturel, ou de raffinement, trop maniéré. C’est la note juste, c’est le frein normal de l’intelligence. Que Mado Minty soit une danseuse-mime intelligente, tout dans sa carrière de théâtre et de music-hall le prouve. On connaît son étonnante création du Festin de l’Araignée. On n’a d’ailleurs qu’à la dévisager, pétillante de son regard en perpétuelle éveil, les narines palpitantes reniflant la vie, la bouche épanouie d’un sourire qui sait si bien pourquoi il sourit... Sa parodie de Joséphine Baker n’est pas une parodie accentuée, mais une légère et très féminine "impression" à l’Elsic Janis [fantaisiste américaine], faite à la fois de chic et d’observation. Or j’ai obtenu une confidence singulière de Mlle MadoMinty;"J'aivudanserdesnègres américains, mais jamais Joséphine Baker ". Interrogez n’importe quel spectateur de l’Olympia, il n'hésitera à vous dire que Mado Minty en produit une imitation ! Voilà qui prête à la réflexion, et à cette double réflexion : l’intuition peut recréer un personnage typique dont on vous apporte les seuls éléments épars sous forme d’analyse et de description, et Mado Minty en serait un exemple frappant, oui, mais cette artiste a eu l’occasion de voir danser des négresses, et elle estime que cela l’a servie ; en ce cas, est-ce que cela n’entamerait pas la réputation d'originalité que nous avons faite, à Paris, à Joséphine Baker ? Quant à la danse du " turban à surprises ", elle est d’uneplaisanteinvention:unesortede peignoir dont la danseuse se sert de dix manières différentes, malicieusement, et selon la manière dont elle s’en pare, elle est danseuse antique, espagnole, orientale, américaine, classique. Ce n’est plus l’homme du chapeau des places publiques du temps passé, c’est la femme à l’écharpe. Nous avons tous joué à ces petits jeux-là. Mado

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Amélie Sberna h Le Journal des étrangers, dessin E. Poirier, 1925 h

Minty leur donne une allure de grand numéro de music-hall, sans toutefois en forcer l’éclat. Elle reste intime en sa coquetterie sans prétention. C’est délicieux de délicatesse. Et Spanover, partenaire, garde, en tout cela, une attitude masculine sobre, un peu dédaigneuse, amusée cependant, portant avec une égale élégance l'habit, le nu, le demi-nu, et se trouvant toujours là pour être la cariatide harmonieuse et allégeante d’appui et d’amour » (99)

Après l’Olympia, le 19 août Mado et Spanover se montrèrent dans « leurs danses périlleuses » à l’Hôtellerie d’Haïçabia près d’Hendaye, puis le lendemain à Biarritz au Casino Bellevue pour un gala dont Gisèle Tissier signa le décor. Ayant pour thème la Rome antique, il afficha aussi pour la danse : Tera Guinoh, Robert Lizet et Hellé Nice, née Hélène Delangle, bientôt pilote automobile. Jusqu’à la fin août, Mado et Spanover dansèrent à Haïçabia, ensuite l’on évoque l’Holborn Empire de Londres, et dès le 15 octobre, l’Alcazar de Marseille, l’Hippodrome de Newcastle, Lyon et Nice. Puis pour Mado, du 12 décembre au 19 janvier 1927, le Festin à Favart, et pour le duo les réveillons de Noël et du jour de l’an au Delmonico, au Coliseum, à l’Empire, au Claridge : Prix du souper 150 fr. : « Il y a donc eu à Paris, dans la nuit du 31 des gens assez mufles pour s'offrir un souper à 150 fr. par tête, alors que cette même somme est à peine accordée par mois à une veuve de guerre, pour vivre » (100), se plaignit à Nancy un ancien combattant. À l’Empire, Mado et Fred se fixèrent quinze jours au plaisir renouvelé de Legrand-Chabrier : « Pourquoi ne serais-je pas séduit aussi par la virtuosité de l'intelligence s'appliquant à l’exercice de la danse ? » (101). En revanche, Louis LéonMartin n’épargna pas Spanover : « Mlle Mado Minty est bien belle... quand elle est seule. Mlle Mado Minty danse de bien remarquable façon... quand elle est seule. Mlle Mado Minty est un vivant poème... quand elle est seule... Je pourrais continuer longtemps. Le malheur est que Mlle Mado Minty a imaginé des danses à deux. […] Son partenaire sans désinvolture, sans élégance et d'un sourire hélas sans attrait, l'arrache de terre, la porte et la soulève à peu près comme s'il maniait des poids. Oh ! il n'y met aucun effort, mais il s'y prend

comme un portefaix. Ce qui, étant donné son merveilleux fardeau, est à la lettre une offense » (102)

Après les casinos de Juan-les-Pins et Cannes en février, du 19 mars au 13 mai, Mado reprit le Festin Favart. Entre temps, la Cigale l’afficha avec Spanover en avril, puis le Casino de Vichy, le 15 mai pour l’inauguration du « LondresVichy-Pullman ». Et par un autre train, ils partirent en Autriche, au regret du directeur du théâtre royal de Copenhague qui aurait aimé voir le Festin à Favart en juin : « MadameMadoMintyestabsenteet Madame Mona Païva ne peut en si peu de temps travailler le rôle de l’Araignée » (103) écrira Albert Roussel. En juillet, la presse

reçut des nouvelles d’Allemagne : « Mado Minty danse actuellement au Deutsches Theater de Munich où elle remporte un grandsuccès » (104). Autant le dire, la plupart du temps, il n’y en avait que pour elle, d’où peut-être, des tensions dans leur duo. Ainsi lira-t-on en ce mois de juillet 1927 :

« L’étrange profession de " porteur de danseuses " date de quelques années. Elles’apparenteplusaumétierdesforts de la Halle qu’à l’art de Terpsichore. Le porteur est chargé d’enlever la danseuse à bout de bras, de la faire tournoyer dans l’air et de jongler avec ce jouet de chair comme un athlète avec des poids et haltères. C’est, si l’on ose dire, l’haltère-ego de la ballerine. MlleMinty,l’exquisedanseusequicréa l’Araignée à l’Opéra-Comique, avait trouvé un porteur du nom de Spanover qu’elle avait, à force de ténacité, pu transformer en danseur. Mais il préféra, ces derniers temps, porter un autre charmant fardeau. Il traita avec Mlle Maria Ley, qui l’engagea pour une tournée à l’étranger. Mais Mlle Ley, peu après, trouva ce spécialiste encombrant, et elle laissa... tomber son

porteur. M. Spanover, qui a abandonné Mlle Minty, est lâché à son tour par Mlle Ley. L’histoire aura bientôt son épilogue devant les tribunaux » (105)

« Roumain magnifique » selon LegrandChabrier, on sait peu de chose sur Spanover. Né à Odessa, le 24 mars 1901, il avait quitté la Russie en 1905 et fait ses débuts au cinéma en 1921 dans l'Autre de Roger de Châteleux. Deux ans plus tard, à 22 ans, il croisa Mado à la Cigale, et si vraiment, elle le transforma en danseur, il était bon élève, car en 1926 il enseigna

Mado Minty, Le Festin de l'Araignée, Opéra-Comique, 1927 h

Mado Minty & Georges Spanover, La Côte basque, 1926 f

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au 33 rue Pergolèse : « Cours quotidiens de danses modernes, réglage de numéros acrobatiques, leçons particulières, culture physique », tel était sa part au studio Pergolèse dont l’ouverture fêtée en décembre 1926 permit à Mado de réciter : la Pieuvre, le Souvenir et l'Icône de Maurice Rostand. La suite on la connaît plus ou moins, mais nulle part, il est fait écho d’un procès et d’une tournée de Spanover avec Maria Ley. En revanche, née Friederike Czada et donnée comme Américaine, la Viennoise avait partagé en mai la scène du Casino de Vichy avec « Mado Minty et son danseur ». Rentrés d’Allemagne, ils parurent le 7 octobre 1927 au théâtre Cluny dans New-York-Paris, revue d’Émile Codey dont ils avaient réglé les danses des 16 girls. Pour la première fois des critiques distinguèrent Spanover : « Nous avons apprécié le sens comique de Spanover dans une danse nègre, et son sens dramatique dans " la Légende de la Cloche de bronze ". Il est le partenaire de l'adorable Mado Minty que nous avons retrouvée avec joie dans la " Danse assise ", dans une originale danse drapée et dans son inimitable danse de l'Araignée qui, à elle seule, vaut le déplacement » (106)

Si l’on s’en tient à Mado, « la Danse assise », pouvait être celle des mains-jointes, on reconnait le Turban à surprises, quant à l’Araignée, sans doute était-ce l'Arachné, même si L’Intransigeant évoque : « la danse célèbre qu’elle a créée à l’Opéra-Comique, le Festin de l’Araignée » avant d’ajouter : « La Tournée Denis avec ce spectacle ne durera pas moins de dix mois et partira, après la périphérie, pour la Côte d’Azur, l’Algérie et la Tunisie » (107). Afin de mieux comprendre, André Denis était impresario, et « la périphérie » faisait référence à un consortium de 11 salles parisiennes, dont le Zénith et Ba-Ta-Clan qui reçurent la revue en novembre et décembre tout comme le Casino de Nancy. Mi-février 1928, ce fut le Sporting de Nice et « après avoir fait fureur à Tunis », du 19 au 29 mars la troupe passa au Casino d’Alger avec à l’affiche « le fantaisiste » : Fred Chrystian. Du 2 au 11 avril suivit l’Apollo de Bordeaux, du 13 au 20 avril le Colisée de Marseille, puis arrivant de Genève, « avec 1 million de francs de décors et costumes », l’Olympia de Troyes les 5 et 6 mai. Jamais on ne saura de quelle Araignée il s’agissait. En revanche, on annonça en juillet : « Mlle Minty dansera prochainement à Arcachon et à Bordeaux avec son nouveau partenaire » (108). Il s’appelait Fred Chrystian. L’ancien sous le nom de Jorges Spanover dansa ensuite aux Ballets espagnols de La Argentina, puis il forma en 1929 un trio acrobatique avec Jean Delteil, dit Myrio et son épouse Eva Deša Podgoršek, dite Descha, Perdu de vue dès 1930, on le reverra en 1938 au cinéma sous le nom de George Sorel dans Swiss Miss avec Laurel et Hardy, ou encore dans Casablanca en 1942. Il mourût à Hollywood en 1948.

« Danses mondaines, fantaisistes, comiques », Mado et Fred Chrystian débutèrent le 3 août 1928 au Femina à Bordeaux avant de passer le 15 au Casino de la Plage d’Arcachon. Ensuite, soi-disant de retour d’Amérique, du 31 août au 13 septembre, Paul Franck les engagea à l’Olympia pour le Gala de la Danse, auquel ils réservèrent « la primeur de leurs nouvelles créations ». Réutilisant un châle, elles avaient vraisemblablement été créé à Bordeaux. Gustave Fréjaville nota : « Mado Minty fait applaudir sa grâce nerveuse et distinguée dans plusieurs compositions chorégraphiques, où de curieux détails témoignent d'une recherche constante de nouveauté. La seconde de ces danses est particulièrement séduisante : c'est une sorte de fantaisie sur des thèmes espagnols, où la danseuse, svelte silhouette d'ivoire et d'argent, tour à tour se découvre ou se voile dans les mouvements harmonieux d'un châle de dentelle noire au réseau transparent. Les autres danses, où la danseuse est secondée par un partenaire insuffisant, aux costumes laids et prétentieux, sont moins complètement réussies, mais on y goûte des trouvailles singulières, comme cette danse renversée sur les épaules du porteur en mouvement, qui ne manquera pas d'être imitée et dont il sera juste alors de se rappeler l'origine » (109)

Notons que Legrand-Chabrier, signant « le Haut-Bonnisseur », ne partagea pas l’avis de Fréjaville sur Fred Chrystian qui avait 20 ans de moins que Mado : « Son nouveau partenaire est grand, élancé, souriant et se met au diapason » (110). Sa carrière le

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Danièle Darmor, Giselle, Nancy, 1968 Mado Minty, Olympia, 1928 h g
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Fred Chrystian g

conduira à diriger de 1949 à 1958 le ballet de l’Opéra de Lyon, où il épousa en 1952, Danièle Demortière, 1ère danseuse appelée Danièle Darmor. Mais après de longues recherches, remercions l’Annuaire d’avoir su conserver ses coordonnées à Caen, où il décéda le 13 août 2001 à 98 ans. Sans cela, Albert Bouhet de son vrai nom serait resté un célèbre inconnu ou un inconnu célèbre. Fils de Julie Miquel, originaire de Montauban et de Louis Bouhet, chauffeur né à Montoir-de-Bretagne où ils se marièrent en 1893, celui que nous appellerons Fred naquit à Paris, le 16 mars 1903. En 1912 son père mourut en Algérie, mais l’on ignore si le jeune garçon vivait là-bas, quant à sa formation à l’Opéra, la question reste en suspens. Dans la presse, c’est en octobre 1923, aux Variétés qu’il nous apparaît pour la première fois.

Après l’Olympia, Mado et Fred exécutèrent « leur série de danses » les 28 et 29 décembre 1928 au Casino de Menton, puis en Italie, et après un passage à Dieppe le 30 mars, ce n’est qu’en avril 1929

qu’on les revit à Paris. Ainsi le 5 Mado fit sa rentrée à Favart dans le Festin dansé jusqu’au 23 mai, date de la 51ème. Tandis que le 9 avril la salle Gaveau accueillit le récital dont Levinson témoigna. Après une tournée on ne sait où, on les vit le 25 juillet pour trois soirs au Royal-Cinéma à Biarritz, puis « émerveillant tous les spectateurs » à Arcachon du 9 au 11 août. Peu après, et « pour un succès bien mérité » le 18 août à Cabourg, et bien plus tard, le 2 janvier 1930 au Casino d’Aix-en-Provence, hautlieu de la pègre marseillaise où ils seront régulièrement invités. Enfin à Paris le 13 mars au Gaumont-Palace, avant que « l’harmonieuse » Mado ne participe au jury du Championnat international de danses modernes. Présidé par Mistinguett et organisé par l'Académie des maîtres de danse de Paris, il occupa le Coliseum du 17 au 22 mars. Les vainqueurs reçurent une bicyclette. Du 26 au 30 mars, ce fut le Casino municipal de Biarritz pour la saison de music-hall ; le 6 avril le Femina de Bordeaux pour l’inauguration du cinéma parlant ; le 11 le Gaumont-Palace à Toulouse, et le 27 sur Radio-Comœdia :

« la célèbre danseuse et son partenaire » se prêtèrent à « une causerie dialoguée sur la danse classique et les pas modernes avec démonstration musicale sur les différents rythmes ». Après avoir prouvé aux auditeurs, « qu'on pouvait être à la fois des danseurs réputés et de très adroits conférenciers » (111) ils disparurent. Engagée par Leimistin Broussan, directeur artistique du Casino municipal, Mado reparut en août 1930 à Biarritz dans le Festin de l’Araignée. Du 26 juillet au 25 septembre, ce fut l’unique ballet de la saison, Broussan, co-directeur de l’Opéra avec André Messager de 1908 à 1914 se bornant à offrir à la danse la place que lui réservaient les ouvrages lyriques. Pour être juste, le 23 juillet les six solistes du Ballet de Moscou de Maria Artsiboucheva avaient donné la Danse à travers les âges, et sans compter les Ballets lumineux de Lilian Borghese au Port-Vieux le 15 août et La Argentina, le 3 septembre au Casino municipal, on dansait partout ailleurs. Déjà évoquée dans un article en 2015, Annette Leibowitz, interprète du Papillon dans la version de Sberna à Cannes et Deauville, était la maîtresse de ballet. Après Staats, Stichel, Sberna et Jean Soyer de Tondeur, le 28 août 1926 à Vichy avec Louise Baldi en Araignée, elle était la 5ème à régler le ballet de Roussel. La troupe comptait sa sœur Marinette et Mady Pierozzi, 1ère danseuse à l’Opéra. Les autres, nous l’ignorons. Au reste Mado ne fut pas citée par la Gazette de Biarritz, où l’important était la salle, « élégante et mondaine » cela va de soi : « Le ballet de l’Araignée fut très bien dansé dans un joli décor. Parlons un peu du public, voulez-vous ? » (112) nota ainsi « Intérim » après la première qui constituait un évènement sans qu’il le sache. Accompagné sur l'affiche du Jongleur de Notre-Dame de Massenet, c’était le 22 août. Sans date annoncée, mais probablement le 26, après la Tosca, il y eut une seconde représentation, puisque le même lâcha : « Le spectacle se termina une fois de plus par le Festin de l’Araignée, qui gagnerait à ne pas être si long : il ne faut pas abuser même des meilleures choses » (113). Alors qu’il collaborait encore au journal, Jean Dargène, officier en retraite et écrivain de 71 ans livra sa critique au Figaro : « Le Festin de l'Araignée, d'Albert Roussel, — qui, avec sa richesse musicale, va rapidement devenir classique, — nous fit admirer, à côté du talent de danseuses des sœurs Leibowitz, la si adroite agilité, toujours si mesurée et, par-là, artistique de Mme Minty. Le tout animé, au pupitre, par l'excellent chef d'orchestre Georges Razigade » (114). Pour l’anecdote, le 8 septembre 1926, Georges Guignache avait joué la Suite en concert. Par ailleurs, Gramophone et Columbia avaient déjà enregistré la partition, mais c’était quand même mieux que l’intérimaire de service.

Le 12 décembre 1930, Mado retrouva Fred au Plaza. Depuis septembre, s’essayant à la chanson, il avait changé de nom et se

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Mado Minty, 1930 j Mady Pierozzi, photo Panajou frères h

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Hahn l’a créé à Cannes, [Léandre] Brouillac à Vichy ; on l'a monté à Biarritz » (116). Réglé par Marguerite Devilez, qui dansait le Bourdon, dans un nouveau décor de Charles Guillot et des costumes sortis des magasins de l’Opéra-Comique, c’est le 21 mars que le Festin fut donné au théâtre Graslin. Notons seulement que la Bordelaise Maguy Zorriga, « le corps meurtri par des chutes nombreuses » était l’Araignée. Roussel ovationné sur scène écrivit à son retour : « Je ne saurais trop exprimer ma gratitude à Mlle Zorriga qui, par sa mimique si expressive dans la toile ainsi que par le style et l'ardeur de sa danse, a donné à l’Araignée un relief saisissant » (117)

d'une sorte d'écharpe formée, de deux foulards à pois aux dispositions opposées. L'ensemble forme une attraction très distinguée, dont le succès, particulièrement vif, est tout à fait mérité » (118)

nommait Christian Sylver. Fréjaville qui l’avait trouvé « insuffisant » à l’Olympia changea aussi d’avis :

« Enfin, je retrouve avec plaisir la séduisante Mado Minty, secondée par M. Christian Sylver qui ne se borne plus à son rôle de danseur porteur, mais chante agréablement quelques couplets. Le numéro de Mado Minty comprend, après une gracieuse valse moderne, cette délicieuse danse à transformation instantanée, d'une si adroite et si personnelle composition, où l'on voit un même vêtement fournir successivement par de savants effets de draperie, dix silhouettes diverses toutes exquises et parfaites ; enfin un tango, Paolita, d'une fantaisie fougueuse, […] terminé par un tourbillon plané horizontal d'une exécution méritoire » (115)

Le 29 janvier 1931, en quittant le Plaza, Christian Sylver redevint Fred Chrystian. Le 20 janvier, il avait dansé avec Mado à l’hôpital psychiatrique Henri Rousselle, la direction offrant une matinée artistique, à ses malades et à ceux de l’asile Saint-Anne : « Cinq cents visages, tendus, attentifs […] La salle est muette. Extasiée ». Du 10 au 15 février, ils passèrent au Casino d’Aix, puis à Paris à la Cigale-Cinéma du 27 mars au 2 avril. Entre temps, interrogé par Le Phare de la Loire, Albert Roussel dont le ballet était repris à Nantes cita Mado et confia : « Mon éditeur, après avoir entendu le Festin au Théâtre des Arts, me demanda d’en extraire une Suite en vue du concert. […] Je lui préfère le ballet ; mais il est donné moins souvent à cause de la toile et des acrobaties de l’Araignée. Reynaldo

Pour continuer, le 24 avril 1931, Mado participa à nouveau au jury du Championnat international de danses modernes. Autres évènements saillants dans la presse, elle passa avec Fred au Casino d’Aix du 5 au 10 janvier 1932, au Rialto à Marseille du 15 au 21 et à la Cigale-Cinéma du 26 février au 2 mars. On évoqua alors la préparation « d’un numéro d'une formule très nouvelle » pour l’Alhambra avec Pierre Corona, de l’Opéra. Jusque-là, celui-ci se produisait avec Christiane Dargyl, de l’Opéra et en trio avec Albert Duaref, tout en laissant parfois la danse pour le chant. Mais avant, le 7 août engagé par la Société des Fêtes versaillaises, le nouveau trio dansa sur le bassin de Neptune : le Chant hindou, Bacchanale et Arc-en-ciel, après le ballet de Faust réglé par Lucienne Monetti. Puis, Comœdia découvrit leur numéro présenté à l’Alhambra du 9 au 16 septembre :

« Mado Minty, danseuse, dont les créations sur nos scènes parisiennes sont toujours marquées d'un esprit original et d'une séduction élégante, a composé cette fois, avec deux partenaires masculins, Corona et Chrystian, un numéro où la danse se mêle au chant avec une fantaisie ingénieuse. C'est le type même du numéro de "variétés", dont les éléments sont dosés et les effets répartis avec beaucoup de finesse et de mesure. En robe de jeune fille, la danseuse accompagne au piano la romance que chantent les deux jeunes hommes en habit, ses deux "flirts", l’entraînent bientôt dans une valse élégante où ils soutiennent tour à tour son corps léger, qui tourne et se pose avec des grâces de fleurs. Puis les deux hommes chantent seuls une autre chanson, Linda, dont le refrain s'agrémente de pas conjugués, d'une allure très américaine ; et le numéro se termine par une rumba fantaisiste, alternativement chantée et dansée par les trois partenaires, où l'on remarque, parmi des trouvailles d'un bonheur continu, l'ingénieuse coquetterie avec laquelle la danseuse tire parti

Salué par la critique, le trio enchaîna une tournée sans écho ou bien se sépara. Car en janvier 1933, Mado reparut à la Cigale-Cinéma sans ses cavaliers, et du 23 au 28 février, le Casino d’Aix l’afficha avec Fred et un dénommé Reggie. Plus tard, le 4 juin durant le Championnat international de danses modernes, Mado et Fred participèrent salle Wagram au 8ème Congrès mondial de la Danse organisé notamment par le Syndicat national de la Danse. Enfin, le 25 juin, lors de la Nuit du Grand Prix, c’est « le trio Mado Minty et ses partenaires » que l’on vit au Théâtre des Champs-Élysées, et peut-être à Bordeaux au Femina et à Trouville. Car en septembre, reçu comme 1er danseur au Grand-Théâtre d’Angers, selon l’usage Fred fut dit venir de ces deux théâtres. Quant à Mado, marquant un parcours hors norme, dite « 1ère danseuse, du Théâtre national de l’Opéra-Comique », Paul Douai l’engagea comme maîtresse de ballet.

La saison ouvrit le 7 octobre 1933 avec la Fille du Tambour Major, Mado réglant les ballets pour les huit danseuses de la troupe. Le lendemain, ce fut la Veuve Joyeuse, et cette critique de René Durbal dans Le Petit Courrier :

« Je réserve mon opinion sur l’essaim des ballerines qui ne sont pas encore habituées à évoluer ensemble et... simultanément ; leur maîtresse de ballet se chargera de cette éducation. En attendant, cette même maîtresse de ballet, Mlle Minty, est apparue sur notre scène aux bras d’un danseur. M. Chrystian sans doute, et étonna le public par son "numéro" de danse music-hall au dernier acte de la Veuve Joyeuse. Ce fut une manifestation si nouvelle sur notre scène que les spectateurs, conquis, l’applaudirent d’enthousiasme. Cela nous promet des réalisations curieuses et divertissantes pour les soirées d’opérette. Compliments sans réserve à cette artiste d’une souplesse vraiment acrobatique » (119)

Alors que les chanteurs y avaient droit, Le Petit Courrier ne publia pas la note biographique de Mado, ce qui aurait peut-être éclairé sa formation. Sinon, pour pleinement rendre compte de sa saison angevine, il faudrait plus de place encore, car sans compter les Variétés, le Palace, le Cirque-Théâtre, et d’autres salles, entre les concerts, les troupes et les artistes de passage, le théâtre affichait régulièrement le week-end trois ouvrages. L’ordinaire de la province, malgré les difficultés économiques du moment. Ainsi entre,

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Mado Minty et Fred Chrystian © photo Studio Bonnet h

Tristan et Isolde, Tosca, Madame Butterfly et tant d’opéras comme le Pays de Guy Ropartz, Mado régla les ballets dans les Cloches de Corneville, le Pays du Sourire, la Fille de Madame Angot, Frasquita, les Moulins qui chantent, Rêve de Valse, la Chaste Suzanne ou Nina-Rosa qui fit dire à Comœdia : « Mlle Minty, dont nous admirons toujours l'art chorégraphique, joua et chanta très gentiment le rôle de Corinne » (120). Dans cette abondance on retiendra la première en province de Sidonie Panache, opérette de Joseph Szulc créée au Châtelet en 1930 et jouée à Angers le 11 novembre. Durbal évoqua alors : « Les divertissements remarquablement réglés par Mlle Minty avec le concours du corps de ballet, des boys de la Société de Gymnastique et des charmants bambins merveilleusement stylés, qui ont remporté un succès très personnel » (121). Car pour accroitre son effectif, Mado faisait appel aux élèves du cours de danse du théâtre et à la Société de Gymnastique d'Angers : « Une préparation, longue, minutieuse, difficile pour des non-professionnels ».

D’où un certain M. Étyenne dans le trio acrobatique exécuté avec Fred le 23 décembre dans le Voyage de Suzette, où à nouveau Mado se servit « avec habileté d’un vêtement à transformation ». Sinon, le 23 novembre avec l’Enlèvement au Sérail, avait été donné un ballet intitulé : Couleurs, « qui a obtenu l'an dernier, avec Mlle Minty et M. Chrystian, un énorme succès à l’Opéra de Monte-Carlo » (122). On n’en retrouve pas la trace, mais en effet plus tard à Brest, Fred sera dit de l’Opéra de Monte-Carlo. Ce qui est sûr, c’est que Mado régla le ballet du Roy de Manon et celui de Faust, qui boucla la saison le 25 mars 1934.

Du 31 mai au 3 juin, le Casino d’Aix retrouva le duo. Puis, début juillet toujours sous la direction de Paul Douai, « flanquée de son partenaire », Mado débuta au Casino de Boulogne-sur-Mer comme maîtresse de ballet et 1ère danseuse. Outre un festival Gustave Charpentier, qui vit le maître diriger Louise, à raison de 4 à 5 spectacles par semaine la troupe composée de 10 dames défendit le répertoire d’Angers jusqu’au 1er septembre. On ne reparla de Mado qu’en janvier 1935, lors de son passage en solo à la Cigale-Cinéma. En revanche, « les spectateurs se montrant par leurs bravos extrêmement ravis », le 31 mars le duo agrémenta la Chaste Suzanne à Amiens. Enfin, le 24 septembre, c’est au Creusot que Mado régla la Fille de Madame Angot, avant de rejoindre le théâtre municipal de Metz au titre de 1ère danseuse étoile et professeur à l’École de danse, à l’instar de Fred engagé cette fois comme 1er danseur et maître de ballet.

Sous la direction de Siméon Chaffard, dit Chaffard-Simé et la baguette de Robert Herbay, la saison ouvrit le 17 octobre 1935 avec Faust, qui permit de lire dans

Le Lorrain : « Le grand ballet dansé par Mlle Mado Minty, Fred Chrystian et les [12] dames du ballet a été vigoureusement applaudi. La 1ère danseuse-étoile et le 1er danseur, qui sont des nouveaux, ont fait excellente impression. Nul doute qu’ils réaliseront la perfection sur nos tréteaux » (123). Le 19 suivit Rêve de Valse, où ils « récoltèrent un succès largement mérité et durent bisser leurs danses pleines de virtuosité » (124). Le lendemain, on joua les Mousquetaires au couvent, puis le Barbier de Séville, Carmen et ainsi de suite jusqu’au 12 décembre où après

Madame Butterfly, Fred créa l’Invitation à la valse de Carl Maria von Weber, « qui fut admirablement dansé par Mlle Minty et M. Chrystian, que nous ne saurions trop complimenter » (125). Ensuite entre le Pays du Sourire et Valses de Vienne arriva cette nouvelle : « Mlle Minty, appelée à l’Opéra de Lyon pour faire la création du Festin de l'Araignée, a mis la Direction dans la nécessité de la remplacer dans Faust ; le départ momentané de notre talentueuse danseuse permettra au public d’applaudir l’étoile de l’Opéra de Lyon, Mlle Olga

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Mado Minty, photo Walery h

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de Gluck et ses ballets, sur des airs de Chopin, Grieg et Saint-Saëns, Suite de danses fit « une heureuse diversion aux complications sentimentales d’Orphée ».

Le 12 mars, après Samson et Dalila et sa Bacchanale, du même Saint-Saëns, Fred régla le ballet d’Étienne Marcel. Enfin, le 15 mars, les Saltimbanques bouclèrent la saison : « Nous complimentons notre 1ère danseuse étoile, et notre 1er danseur, maître de ballet, qui récoltèrent dans une exhibition remarquable, pleine de trouvailles, les applaudissements de toute la salle ; il convient également de mentionner le succès qu'obtinrent les dames du ballet » (126)

C’est avec Faust que la troupe fit ses adieux le 21 mai, mais avant de poursuivre, Mado et Fred s’étant assurés à Brest les plus captivantes critiques, lisons encore Kersanton à propos de Suite de danses donnée le 23 avril. Le Lorrain l’avait réduit à « une heureuse diversion », Kersanton en l’étudiant de près nous apprend que Mado revisitait la Mort du Cygne de Saint-Saëns et Michel Fokine. Et alors que Levinson, avait déclaré après le Festin en 1922 : « Mlle Minty n'est ni une danseuse, ni une mime. C'est une acrobate », Keranston écrivit :

Chassaigne ». « Expressive et souple », le 21 janvier 1936 Mado reprit quatre fois le Festin à Lyon. André Cluytens conduisait l’orchestre et sans pouvoir préciser les rôles, Marguerite Nercy avait réglé le ballet pour Claire Desréaux, Simone Techeney, Suzanne Delhson et les dames de la troupe. De retour le 6 février pour l’Étudiant pauvre, le 13 après Traviata, sans écho de la chorégraphie de Fred, Mado et ses compagnes créèrent Sur un Marché persan d’Albert Ketèlbey ; puis le 16 Chanson d’Amour, opérette sur la vie de Schubert où l’on dansait sur la Symphonie inachevée. Le 20 après Orphée

Ensuite, du 19 au 22 mars, accompagnés de « deux favorites », Mado et Fred passèrent au Casino d’Aix, puis du 11 avril au 21 mai, ce fut le théâtre municipal de Brest, où René Rothschild les avait engagés pour la saison lyrique de Pâques. Mais avant, Pierre de Kersanton les annonça dans La Dépêche de Brest : « Ne reculant devant aucun sacrifice […] la direction a engagé comme 1ère danseuse étoile, Mlle Mado Minty, l'une des meilleures de notre époque. Et un maître de ballet, M. Fred Chrystian, des Opéras de Monte-Carlo, Marseille, Nice, etc. Il tiendra l'emploi de 1er danseur, qui était tenu jusqu'à présent par une danseuse travestie » (127). Passons sur les Opéras en question pour nous arrêter sur ce que Kersanton annonça par la suite : « Les deux quadrilles de danseuses seront dirigés par un maître de ballet, M. Chrystian, qui se fera applaudir comme 1er danseur travesti » (128). Tels, Charles Céfail à Nîmes en 1898, Laurent Natta à Toulon en 1924 ou Fernand Marionno à Béziers en 1929, le titre de « 1er danseur travesti » était parfois attribué aux hommes. Ce qui pourrait s’expliquer s’il s’était agi d’interpréter des rôles travestis, mais cela n’étant pas le cas, nous ignorons le sens de ce terme. En attendant, sous la baguette de Guy Koderic, Mado et Fred débutèrent le 11 avril par Carmen, et pour donner une idée de leur activité, le 12 on joua la Fille de Madame Angot, le 13 en matinée Mireille et Paillasse, et en soirée Valses de Vienne. Kersanton commenta tout cela à merveille, mais l’on choisira quelques lignes à propos de Faust donné le 15 avril :

« M. Chrystian, Mlle Mity et leurs huit gracieuses compagnes revêtues, les unes du tutu classique, les autres du costume égyptien, ont fait preuve de légèreté, de vivacité, du sens de l'harmonie et de l'équilibre. La danseuse étoile et son partenaire ont une maîtrise d'eux-mêmes qui leur permet une très grande précision. Les pirouettes finies en arabesques, avec l'exactitude et la netteté d'un mécanisme d'acier, ont soulevé de légitimes applaudissements » (129)

« Devant le rideau gris, la danseuse étoile, tout de blanc vêtue, entre en scène : promenade sur les pointes accompagnée de ports de bras onduleux quelques piqués en arabesques ; le cygne erre sur l'étang, heureux de vivre. Puis, comme s'il était atteint d'une flèche, l'oiseau semble souffrir et l'on éprouve, en regardant l'artiste, l'illusion d'un frémissement de plumes... Ce sont alorsdesmouve-mentslentsetgraves, quelque chose comme un cantabile de la danse. Mlle Minty met dans cette agonie une grâce émouvante. Tantôt ses mains tremblent dans l'angoisse de la mort, tantôt elle fixe les yeux vers un ciel imaginaire et elle met dans ce regard un désir éperdu de délivrance, le désespoir des vols qu'elle ne fera plus, la hantise de l'azur. Puis elle s'incline, s'agenouille, se recroqueville sur elle-même pour mourir ou pour rêver, car ce trépas symbolique touche de si près à la recherche d'un idéal qu'on ne sait trop s'il faut plaindre la victime ou l'envier. Ce qui est certain, c'est qu'il faut l'applaudir, et le public ne s'en est pas privé ».

Kersanton sera également le premier à citer le musicien de la danse du Turban créée en 1924, voire à la décrire mieux que personne. Seulement, le kersanton, est une pierre bretonne, et l’on ne sait quel amoureux de la danse se cachait derrière Pierre de Kersanton, qui nota donc : « Une mélodie de Paul Maye, "Turban" , sert de support à une nouvelle apparition de Mlle Minty, dont le corps harmonieux surgit des coulisses à peine vêtu de quelques ornements qui scintillent sous le feu des projecteurs. Mais sa tête est emprisonnée dans un turban qui se déploie et dont elle va jouer désormais avec l'art le plus raffiné pour se transformer en statuette de Tanagra, en porteuse d'amphore, puis en bayadère voilée. L'orchestration très dissonante s'allie heureusement avec les ondulations reptiliennes d'une charmeuse de serpents. Les pas ont ici moins d'importance que les mouvements des bras et des mains. La danseuse cesse d'être une femme pour

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Olga Chassaigne, 1950 h

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devenir une métaphore qui, selon le mot de Mallarmé, résume un des aspects élémentaires de la forme humaine, glaive, coupe ou fleur » (130)

Dans l’état des recherches, le 7 juin 1936 pour le Centenaire de la Caisse d'Épargne, le couple régla à Fontainebleau un spectacle historique : les Mariages de France à travers les âges, avant que Mado ne revienne le 22 août danser le Turban à surprises lors d’un Festival chorégraphique. C’est ensuite à Metz, le 11 septembre qu’on les revit pour l’ouverture de l’École de danse. La saison débutant le 15 avec Faust, le 22 octobre après la Bohème, ce fut Coppélia, avec « le concours de Mlle Minty », mais sans autre écho, excepté le Metzer Freies Journal qui nota : « Coppelia mit recht stark applaudiert » (131). Ce qui voulait dire que le ballet de Léo Delibes et Arthur Saint-Léon avait été applaudi à juste titre. L’on reste sceptique, Mado avait 52 ans et l’effectif était insuffisant. Mais l’on célébrait le centenaire du musicien, et le 10 décembre sur une autre partition de Delibes, Fred monta Soir de Fête. Sans doute, le ballet de Staats créé à l’Opéra en 1925. Mais comme le ballet du Cid de Massenet donné seul le 18 février 1937, et la reprise le 27 février de la Grisi d’Henri Tomasi créée à l’Opéra par Aveline en 1935, les rédacteurs messins ne rendront compte de rien. Dommage, car le 14 mars Mado fit ses adieux dans le ballet de Sylvia Toujours escortés de « deux favorites », du 30 avril au 2 juin, Mado et Fred passèrent au Casino d’Aix. Puis engagés par Samuel Harpain au Casino du Mail de La Rochelle, le 27 juillet dans Rêve de Valse, ils enlevèrent « littéralement la foule qui les applaudissait » (132) avant d’enchaîner les opérettes jusqu’au 27 septembre. De-là, ils rentrèrent à Metz, où le rideau se leva le 14 octobre 1937 sur Carmen : « Saluons aussi la reprise remarquée de Mado Minty et de Fred Chrystian ainsi que les dames du ballet. Ce fut un quart d’heure de charme devant l’exquise souplesse du danseur et de ces dames dont on a surtout remarqué le parfait ensemble » (133) nota René Jager, futur sénateur de la Moselle. Le 28 octobre à la suite des Pêcheurs de perles, Fred créa le Boléro de Ravel : « Nos ballerines, dirigées par M. Chrystian et Mlle Minty, ont exécuté sur cette musique des mouvements d’une grâce étrange qui n’ont pas dénaturé ce joyau musical » (134) déclara Euterpe, dont le pseudonyme disait tout. Pour autant, le 4 novembre, lorsque Fred repris Évolution que Louise Virard avait créé à Favart en 1926, sur une musique d’Édouard L'Enfant mêlant le jazz au symphonique, Euterpe re réagit pas. Jusqu’au 6 mars le théâtre n’afficha plus rien de nouveau pour les jambes. Ensuite, on ignore ce qu’il advint, car la numérisation du Lorrain s’arrête-là. Quoiqu’il en soit après trois saisons à Metz, du 24 au 27 mars Mado et Fred passèrent

au Casino d’Aix sans leurs favorites. Puis Henri Dubois les engagea pour la saison d’opérettes du théâtre d’Angoulême. Ils débutèrent le 3 avril avec lesMousquetaires au couvent, « réglé et dansé, par M. Fred Chrystian, maître de ballet et 1er danseur travesti » dit-on encore pour terminer le 15 mai avec Nina-Rosa, qui permit à Mado de déployer toutes les ressources de son art dans le rôle de Corinne. Entre temps, le 24 avril, La Charente, avait plébiscité les Saltimbanques : « La grosse attraction de la soirée fut constituée par le ballet.

M. Chrystian, amoureux du beau, assoiffé de mouvements nouveaux, est arrivé à perfectionner son ensemble d'une manière sensible. Mlle Minty, danseuse étoile, le seconde impeccablement et le public a applaudi sans réserve leurs diverses évolutions » (135)

« M. Chrystian, maître de ballet et 1er danseur du théâtre municipal de Metz est engagé au Casino municipal de Biarritz ». Après plusieurs années sans saison lyrique, du 6 août au 4 septembre 1938, Fred retrouva le Casino sous la direction de Marcel de Valmalete. Prêtée par l’Opéra, la 1ère danseuse s’appelait Fanchette Bonnet, et La Gazette de Biarritz, qui s’était mise à la page l’interviewa : « Vous savez que Biarritz est pour moi une vraie rentrée. Il m’est d’autant plus agréable de l’effectuer sur cette scène que, je vous le répète, j’adore votre Pays basque. Les gens et les choses, la noblesse de la race, la splendeur de vos paysages montagneux, ou marins, tout cela je l’aime et même tenez, je le préfè-re... » (136). Plus tard il sera donné de lire : « Imaginez, ce qu'une danseuse de cette qualité ferait du Boléro ». Pour « réparer les obsèques, presque clandestines », que l'on avait faites au maître de Ciboure, Bernard Hallet, rédacteur au journal voulait que « Ravel soit fêté ici et sans plus tarder ». Entre les opérettes, Fred reprit Suite de danses, mais comme nulle n’en fit écho, on ignore s’il y avait inclus son Boléro Quant à Mado, était-elle présente ? « Mlle Minty est une belle personne que l’on voit danser avec beaucoup de plaisir » (137) vue en décembre 1938 dans No, No, Nanette au Palais d’Hiver de Pau, en mai 1939 ses oreilles sifflèrent :

« Au Théâtre des Arts, en 1913, et à l'Opéra-Comique, en 1922, l'Araignée était plus une acrobate qu'une danseuse : Sahary Djeli, presque nue, et Mado Minty, moulée dans un maillot noir, n'avaient pas la grâce légère de Mlle Lorcia, non moins gymnaste sur sa toile, dans son costume gris pâle plus étoffé, mais dont la fascination relève mieux de la danse. La mise en scène souligne le goût averti de M. Aveline et l'élégance des pas de Mme Solange Schwarz, toute blanche éphémère, et de Mme [Paulette] Dynalix, noir papillon, est de la meilleure école » (138)

On l’a compris, le 1er mai 1939, l’Opéra que Jacques Rouché dirigeait depuis 1914 au renfort de sa fortune personnelle repris le Festin. Tel le musicographe Henri de Curzon, l’un des rares à se souvenir de Sahary Djeli, plusieurs enterrèrent Mado sans éloge : après un quart de siècle, étaitil nécessaire de la comparer à Suzanne Lorcia ?

Ayant peut-être vu « les allées et venues » de Lorcia sur sa toile, en tournée avec la troupe du théâtre Mogador, « l'étoile de la danse Mado Minty » dixit L’Ouest-Éclair parut les 6 et 7 mai dans No, No, Nanette au théâtre municipal de Rennes. L’occasion de dire que sa mère était toujours en vie. Plus tard, le 14 juin 1940, les Allemands entraient dans Paris, et après une brève fermeture, les salles rouvrirent. Ayant gardé toute sa souplesse, engagée en représentation par Charles Béal à la GaîtéLyrique, où Fred occupa les fonctions de maître de ballet jusqu’en juillet 1943, avant de rejoindre à Lille le théâtre Sébastopol ; du 17 mai au 6 juillet 1941, Mado parut dans Paganini, relevé au 3ème acte d’une tarentelle : « un ballet véhément, où Mado Minty se prodigue avec grâce » (139). Ne participant pas aux productions suivantes, elle ne fut pas fâchée de faire la saison 1941-42 à Nantes, où Juliette Coste, directrice de Graslin l’engagea comme « Desclauzas » : emploi faisant référence à Marie Desclauzas, qui ne pouvant plus chanter joua la comédie en 1875.

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Mado Minty, Gaîté-Lyrique, 1940 h

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Ainsi la vit-on en novembre 1941 dans Rose-Marie. Debry-Seybor, de l’Opéra, né Maurice Guillot à Pessac était maître de ballet. Entré dans la résistance, il tombera en août 1944 dans les combats de la libération de Sannois. Pour l’heure, près de son épouse, la 1ère danseuse, Yetta Sarrazy, le 29 mars 1942 Mado fit ses adieux à Nantes dans Graslin qui rit. Puis sans écho durant la saison 1942-43, on la revit « en amusante servante d’auberge » dans Rip à Gaîté-Lyrique du 15 mai au 20 juillet 1943. Et plus tard, en tournée d’été avec Ta Bouche. Ayant joué le 16 juillet 1944 au théâtre Sébastopol, elle pourra lire :

« Nousavonseudansl’aimableopérette de Maurice Yvain, la révélation de Mado Minty, gracieuse et intelligente comédienne. Il faut voir avec quelle élégance, quelle légèreté, quel chic, elle joue le rôle de la Comtesse ; par la seule magie de son bon goût, elle transforme le livret d’Yves Mirande et réussit à en écarter la trivialité » (140)

Après la Libération, Mado qui disait pouvoir chanter, presque sans mentir : « J'ai fait trois fois le tour du monde » ne fit plus parler d’elle jusqu’en 1947. Le 22 février, elle perdit sa mère décédée à l’hospice de la Salpêtrière à 88 ans. Le 29 novembre, elle créa Poussin, opérette de Marc Berthomieu jouée à l’Européen jusqu’au 6 mars 1948, mais qu’elle laissa en chemin, car les 10 et 11 mai 1947 on la vit dans le Comte Obligado, de Raoul Moretti au théâtre d’Oran. Puis rentrée du Maroc, elle reprit Enlevez-moi, de Gaston Gabaroche, du 2 août au 14 décembre 1947 au théâtre Daunou : « MadoMinty,se souvenant qu’elle fut danseuse, interprète une Java qui n’a pas vieilli depuis dix-sept ans » écrivit L’Intransigeant (141). Trois ans plus tard, le 19 mars 1950, elle reparut en « vieille toupie » au Grand-Théâtre de Reims dans la Margoton du bataillon, de Casimir Oberfeld. Puis enfin, pour ce qu’il est possible de savoir aujourd’hui, le 8 avril 1950, elle créa les Souris dansent, de Bruno Coquatrlx au Grand-Théâtre de Nancy, où Fred sera maître de ballet au moins de 1963 à 1973, avant de se tourner vers la mise en scène. Vive et brillante, Mado Minty, qui s’était affirmée avec éclat comme l’une des meilleures danseuses fantaisistes de son temps, s’éteignit à Paris, le 3 mars 1987, à 103 ans, à l’Hôpital Sainte-Périne, au Pavillon de la fondation Rossini. Lequel avait été créé par Olympe Rossini, l’épouse du maestro pour accueillir des artistes lyriques dénués de ressources.

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Remerciements à Anne Londaïtz et à Fabien Noble, Directeur du Musée de l’Opéra de Vichy. Mado Minty, photo Edgar de Saint-Senoch h

LA DANSE À BIARRITZ # 89

(1) Candide, 18 avril 1929

(2) Le Théâtre et la musique 1er janvier 1917

(3) Gil Blas,16 août 1890

(4) L’Univers, 9 juin 1887

(5) Mes mots bleus, 1977, p.110

(6) Excelsior, 20 octobre 1920

(7) Jean de Bouglon, Hubert de Quincy, p.88

(8) Le Figaro, 22 mars 1838

(9) L’Éclair, 28 août 1898

(10) La Gironde, 24 avril 1903

(11) Vert-vert, 5 janvier 1834

(12) Le Fin de siècle, 16 mai 1901

(13) Paris, 24 mai 1901

(14) Le Progrès de la Côte-d’Or, 5 juillet 1901

(15) L’Éclair, 3 septembre 1901

(16) La Petite République, 6 septembre 1901

(17) La Libre Parole, 2 juin 1902

(18) Le Français, 6 mars 1903

(19) La République française, 6 mars 1903

(20) Le Petit Parisien, 6 mars 1903

(21) Le Figaro, 13 novembre 1904

(22) Le Gaulois, 2 janvier 1905

(23) Gil Blas, 2 janvier 1905

(24) Gil Blas 29 décembre 1905

(25) Le Matin, 7 décembre 1906

(26) Le Rappel, 8 décembre 1906

(27) L’Écho de Paris, 4 décembre 1906

(28) Le Soir, 24 août 1907

(29) Le Petit Parisien, 11 décembre 1907

(30) Comœdia, 15 décembre 1907

(31) Comœdia, 1er janvier 1910

(32) La Patrie, 24 décembre 1910

(33) Le Figaro, 11 février 1911

(34) Comœdia, 22 mai 1911

(35) Le Journal amusant, 13 avril 1912

(36) Comœdia, 3 décembre 1911

(37) Excelsior, 25 février 1934

(38) L’Intransigeant, 5 janvier 1907

(39) L’Intransigeant, 5 janvier 1907

(40) Comœdia, 12 août 1910

(41) L’Action française, 8 février 1912

(42) Le Matin, 7 février 1912

(43) Le Figaro, 9 février 1912

(44) Excelsior, 9 février 1912

(45) Comœdia, 4 mars 1912

(46) Le Sémaphore de Marseille, 1er mars 1912

(47) Comœdia, 21 mars 1912

(48) Le Matin, 5 mai 1912

(49) La Liberté, le 28 décembre 1912

(50) La République française, 20 février 1913

(51) Comœdia, 23 février 1913

(52) Paris, 31 mars 1913

(53) Comœdia, 3 mai 1913

(54) Le XIXe siècle, 11 juin 1913

(55) Le Matin, 1er mai 1913

(56) L’Intransigeant, 6 mai 1913

(57) Le Figaro, 25 mai 1913

(58) La France, 1er mai 1913

(59) Comœdia, 3 mai 1913

(60) Gil Blas, 5 mars 1914

(61) The Complete Book of 1910s Broadway Musicals, p.237

(62) Gil Blas, 29 novembre 1913

(63) Le Figaro, 21 janvier 1914

(64) Comœdia, 5 avril 1914

(65) Le Figaro, 29 mai 1914

(66) Le Gaulois, 6 avril 1914

(67) Le Matin, 28 mai 1914

(68) La Rampe, 24 août 1916

(69) La Rampe, Le 6 juillet

(70) Le Cri de Bordeaux, 3 novembre 1917

(71) Le Cri de Bordeaux, 23 décembre 1917

(72) L’Éclair, 10 mars 1918

(73) L’Éclair, 13 avril 1918

(74) Le Matin, 11 mai 1918

(75) La Rampe, 9 mai 1918

(76) La République française, 17 janvier 1919

(77) L’Intransigeant, 18 janvier 1919

(78) L’Avenir, 7 avril 1919

(79) Comœdia, 2 novembre 1919

(80) Comœdia, 27 mars 1921

(81) Comœdia illustré, 15 avril 1920

(82) Chroniques cinématographiques, 2010, p.209

(83) La Gazette de Biarritz, 12 juin 1920

(84) Les Modes de la femme de France, 22 août 1920

(85) Comœdia, 23 août 1920

(86) Les Modes de la femme de France, 21 novembre

1920

(87) Comœdia, 10 avril 1922

(88) Comœdia, 7 décembre 1922

(89) Le Temps, 7 décembre 1922

(90) Le Figaro, 6 décembre 1922

(91) L'Echo national, 15 mars 1923

(92) Le Journal amusant, 29 décembre 1923

(93) Comœdia, 31 décembre 1923

(94) Bonsoir, 7 juin 1924

(95) Le Carnet de la semaine, 29 juin 1924

(96) Le Journal des étrangers, 28 mars 1925

(97) L’Intransigeant, 26 mars 1926

(98) Comœdia, 17 juillet 1926

(99) Le Carnet de la semaine, 1er août 1926

(100) L’Ancient combattant, 15 janvier 1927

(101) La Volonté, 6 janvier 1927

(102) Le Siècle, 19 janvier 1927

(103) Lettre à Georges Ricou du 26 mai 1927

(104) L’Intransigeant, 13 juillet 1927

(105) Aux écoutes, 16 juillet 1927

(106) La Presse, 16 octobre 1927

(107) L’Intransigeant, 15 octobre 1927

(108) L’Intransigeant, 13 juillet 1928

(109) Comœdia, 13 septembre 1928

(110) La Rumeur, 9 septembre 1928

(111) Comœdia, 28 avril 1930

(112) La Gazette de Biarritz, 25 août 1930

(113) La Gazette de Biarritz, 29 août 1930

(114) Le Figaro, 31 août 1930

(115) Comœdia, 16 décembre 1930

(116) Le Phare de la Loire, 24 mars 1931

(117) Le Phare de la Loire, 25 mars 1931

(118) Comœdia, 13 septembre 1932

(119) Le Petit Courrier, 9 octobre 1933

(120) Comœdia, 18 février 1934

(121) Le Petit Courrier, 15 novembre 1933

(122) Le Petit Courrier, 19 novembre 1933

(123) Le Lorrain, 19 octobre 1935

(124) Le Lorrain, 22 octobre 1935

(125) Le Lorrain, 4 janvier 1936

(126) Le Lorrain, 17 mars 1936

(127) La Dépêche de Brest, 8 mars 1936

(128) La Dépêche de Brest, 2 avril 1936

(129) La Dépêche de Brest, 17 avril 1936

(130) La Dépêche de Brest, 26 avril 1936

(131) Metzer Freies Journal, 24 octobre 1936

(132) L’Écho rochelais, 6 août 1937

(133) Le Lorrain, 16 octobre 1937

(134) Le Lorrain, 7 février 1938

(135) La Charente, 28 avril 1938

(136) La Gazette de Biarritz, 6 août 1938

(137) L'Indépendant des Basses-Pyrénées, 27 décembre 1938

(138) Journal des débats politiques et littéraires, 20 mai 1939

(139) L’Œuvre, 31 mai 1941

(140) Le Grand écho du Nord de la France, 17 juillet 1944

(141) L’Intransigeant, 6 août 1947

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SENSIBILISATION

Sensibilisation sur le territoire

Pays Basque

danseur au Malandain Ballet Biarritz, est intervenu auprès des patients de l’Hôpital de Jour Hegaldia de décembre 2021 à août 2022. En complément du travail de la danse-thérapeute de la structure, Baptiste Fisson a proposé des ateliers aux patients, et les a initiés entre autres, au travail de Thierry Malandain.

Au vu du succès de cette première année, les partenaires ont décidé de poursuivre ces interventions jusqu’en juin 2023.

Parcours EAC autour de Noé

Partenariat avec Orekatua

En partenariat avec le Centre Ressources de Proximité Orekatua de l’EHPAD Egoa de Bassussary et soutenu par l’ARS Nouvelle-Aquitaine, le CCN a débuté en octobre 2022 un projet de sensibilisation à l’art chorégraphique destiné à un groupe de neuf femmes séniors et autonomes. Au cours d’ateliers chorégraphiques, Ione Miren Aguirre, ex-danseuse au CCN aujourd’hui intervenante, sensibilise les participantes au répertoire de Thierry Malandain en adaptant les mouvements. Les ateliers se déroulent toujours en présence d’Alba Buitrago Lassalle, dansethérapeute d’Orekatua, et mèneront à une restitution au Studio Gamaritz de la Gare du Midi le 18 mars prochain.

Autour de ce projet, une étude intitulée « Impact de la pratique de la danse dans le maintien de capacités d’équilibration, la stabilité de l’humeur et la qualité de vie des séniors » sera conduite par Miren Fuertes-Arrizabalaga, psychomotricienne, gérontologue et responsable de Orekatua. L’étude consistera à évaluer le risque de chute, les troubles thymiques et la qualité de vie des personnes âgées qui habitent à domicile. En plus des ateliers, les participantes se sont vu proposer un parcours de découverte le 22 décembre à la Gare du Midi de 16h à 18h au cours duquel elles ont assisté à la répétition en scène des danseurs, visité les coulisses, la pièce costumes, et assisté à une représentation de Marie-Antoinette en soirée.

Partenariat avec l’Hôpital de Jour Hegaldia

Dans le cadre d’un partenariat entre la Clinique de santé mentale d’Amade (Bayonne) et le CCN, Baptiste Fisson, ex-

En plus de trois parcours d’Éducation Artistique et Culturelle (EAC) de 18 heures autour du ballet Noé à l’École Haute-Ville de Mauléon (classe de CE2-CM1) et à l’École du Port de Mouguerre (classes de CP-CE2 et CE1-CM), Ione Miren Aguirre animera deux projets EAC de 9 heures auprès de deux classes de l’École de Guiche (Grande Section/CP et CE1-CE2), et trois projets EAC de 9 heures auprès de trois classes du RPI Sames-Hastingues (Grande Section/CP, CE1-CM1 et CE2-CM2).

Ces projets sont soutenus par la Communauté Pays basque. Un projet de 15 heures cofinancé par le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques et l’établissement, est également mené au Collège Fal de Biarritz avec une classe de 6ème. Les élèves feront une restitution du travail au Studio Gamaritz de la Gare du Midi le 10 mai prochain.

Sensibilisation autour de Marie-Antoinette à Biarritz

10ème Nuit des Conservatoires

Lors de la 10ème la Nuit des conservatoires qui s’est déroulée en France le 27 janvier, à l’invitation d’Edgar Nicouleau, directeur du Conservatoire Maurice Ravel Pays basque, Magali Praud, professeur au Conservatoire et ancienne danseuse du Ballet a animé deux ateliers parents-enfants, et Richard Coudray, une Mégabarre

Kresala Dantza Taldea

Après leur programmation au Rendez-vous basque, la compagnie Kresala a sollicité Ione Miren Aguirre pour donner des cours de danse classique à ses danseurs à Errenteria.

Répétitions publiques

La B&M Compagnie de Manon Bastardie proposera une répétition de son travail le 3 février à 19h, au Studio Gamaritz. Pour le 5ème anniversaire de sa compagnie, la chorégraphe offrira deux créations : Boléro et Nitescence que l’on pourra découvrir à Biarritz les 10 et 11 mars au théâtre du Colisée. Le Malandain Ballet Biarritz proposera quant à lui une répétition du répertoire en tournée le 22 février à 19h au Grand Studio de la Gare du Midi.

Comme chaque année lors des spectacles de décembre à Biarritz, Dominique Cordemans a animé deux ateliers : Voulezvous danser avec nous ? les 13 et 14 décembre rassemblant 20 participants, et deux master class / ateliers de répertoire autour de Marie-Antoinette les 21 et 22 décembre pour 50 élèves de niveaux moyens, avancés, et supérieurs. En nouveauté, le 21 décembre, Ione Miren Aguirre a proposé un atelier parentsenfants pour des enfants de 2 à 5 ans accompagnés d’un parent, qui a réuni 34 personnes.

Entrée libre sur réservation : Tél. 05 59 24 67 19

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© Olivier Houeix

Sensibilisation / Médiation

Conservatoire à Rayonnement Départemental de Meudon

À l’invitation de Romain Di Fazio, exdanseur au Malandain Ballet Biarritz et professeur au Conservatoire de Meudon, Ione Miren Aguirre est intervenue auprès de 16 élèves du Conservatoire les 13 et 14 décembre pour deux master class /ateliers de répertoire autour du Boléro. Aureline Guillot, ex-danseuse de la compagnie est intervenue pour une 2ème session en janvier. Ce projet s’inscrit dans les activités prévues à l’occasion des 50 ans du Conservatoire.

Conservatoire à Rayonnement Départemental de Bourges

À l’invitation d’Audrey Perrot, ex-danseuse au Malandain Ballet Biarritz et professeure au Conservatoire de Bourges, Ione Miren Aguirre est intervenue auprès de 23 élèves du Conservatoire le 15 décembre pour une master class / ateliers de répertoire autour de la Pastorale.

Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse

Académie

Internationale de Danse

Du 6 au 11 août, en parallèle des Estivales, se déroulera la 34ème édition de l’Académie Internationale de Danse de Biarritz soutenue par la Ville de Biarritz.

Chaque année pendant une semaine près de 300 stagiaires de tous les horizons, de tous les niveaux, des préprofessionnels, des professionnels partagent une expérience unique en compagnie d’une pléiade de professeurs parmi les plus prestigieux leur apportant un enseignement de la danse classique, où les principaux courants sont représentés aussi bien l’école française, l’école russe, l’école cubaine…

Pour l’édition 2023 divers ateliers chorégraphiques seront proposés par des artistes internationaux : Utzi Aranburu assurera des workshops autour des répertoires de Jiri Kylian et de Johan Inger, Xenia Wiest transmettra des extraits du répertoire de sa compagnie Ballett X Schwerin. Enfin Dominique Cordemans animera des ateliers autour du répertoire de Thierry Malandain. Cette année, l’équipe pédagogique sera composée de Carole Arbo (Étoile de l’Opéra national de Paris), Grigory Chicherin (Dutch National Ballet Academy) Bertrand Belem (Opéra national de Paris), Isabel Hernandez (École Nationale de Danse de Marseille), Nolwenn Daniel (1ère danseuse de l’Opéra, Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris), Béatrice Legendre-Choukroun (Professeur des Conservatoires de Paris), Éric Quilleré (Directeur de la danse de l’Opéra National de Bordeaux) et Lienz Chang Oliva (Ballet National de Cuba).

PESMD Bordeaux Nouvelle-Aquitaine

Dans le cadre d’un partenariat avec le Pôle d'Enseignement Supérieur de Musique et de Danse Bordeaux Nouvelle-Aquitaine, Dominique Cordemans a réalisé des ateliers autour de Boléro avec 12 étudiants en formation diplômante en octobre et janvier derniers. Arnaud Mahouy assurera la dernière période d’intervention qui mènera à une restitution publique au CDCN Manufacture Atlantique le 25 février.

Entrainement Régulier du Danseur

Avec plus de 115 inscrits au programme de l’Entrainement Régulier du Danseur, les propositions se multiplient et se diversifient en accueillant de nouveaux intervenants. Dès janvier, des chorégraphes comme Nathalie Pernette, Ziomara Hormaetxe, Eva Juillière ainsi que les artistes de la compagnie La Cavale viendront nourrir ces moments de danse destinés aux professionnels. La préparation physique du danseur par JeanBaptiste Colombié abordera divers thèmes comme le travail du centre, du cardio respiratoire, ainsi que des renforcements spécifiques adaptés aux danseurs. Fabrice Loubatières, professeur au Conservatoire Maurice Ravel Pays basque assurera les cours de contemporain et Carole Philipp, intervenante du Malandain Ballet Biarritz, les cours classique.

Renseignements / Inscriptions

Tél. 06 45 99 42 01 ou entrainementdanseur@malandainballet.com

En parallèle de la programmation de Nocturnes au Ballet de l'Opéra national du Capitole, Carole Philipp a animé des ateliers autour de Boléro pour des étudiants en danse contemporaine les 21 et 22 janvier. Une restitution du travail sera ultérieurement présentée.

Une présentation du travail des stagiaires avec les pianistes et professeurs aura lieu le 8 août à la Gare du Midi.

Informations

Inscriptions

www.biarritz-academie-danse.com

SENSIBILISATION
© David Herrero
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© Olivier Houeix

Sensibilisation en tournée

Brive-la-Gaillarde

Dans le cadre de la programmation du Malandain Ballet Biarritz à la Scène Nationale l’Empreinte Brive-Tulle les 13 et 14 janvier avec le programme Stravinski, Irma Hoffren, artiste chorégraphique a donné un atelier de répertoire de deux heures à des adultes pratiquants et amateurs le 14 janvier de 10h à 12h au Théâtre de Brive. Une rencontre bord de scène a également eu lieu après la représentation du 13 janvier.

Lyon

Dans le cadre des représentations de l’Oiseau de feu et du SacreduPrintemps à la Maison de la Danse de Lyon, le 28 janvier, Arnaud Mahouy a animé un atelier pour 20 adultes non-danseurs, employés de la holding Textile Hermès, mécène de la Maison de la Danse. Le groupe a ensuite assisté au spectacle. De plus, une trentaine d’élèves du Conservatoire de Genève est venue assister à la classe des danseurs et à la représentation du 29 janvier. Enfin, un bord de scène a été organisé après la représentation du 1er février.

Chelles et Les Chapelles-Bourbon

Autour de Mozart à 2 et Beethoven 6 programmés à Chelles le 24 mars et aux Chapelles-Bourbons les 25 et 26 mars, le Théâtre de Chelles et L’Envolée se sont associés avec l’Association Act’Arts 77 pour mettre en place un programme d’actions de sensibilisation à la danse destiné aux habitants de la Seine-et-Marne. Intitulé « Tant Qu’on danse 2023 », il se déroulera du 11 au 26 mars. Dans ce cadre, Dominique Cordemans donnera un stage de deux jours à L’Envolée les 11 et 12 mars, une master class à l’École de danse Artcodex de Rebais le 18 mars, un atelier de répertoire à l’École de danse Choream de Melun le 19 mars, une Mégabarre à Chelles le 22 mars, et deux ateliers Voulez-vous danser avec nous ? à L’Envolée les 25 et 26 mars. En complément, Carole Philipp donnera deux master class à l’Académie de Danse de Meaux le 11 mars et deux master class à l’École de danse Autour des Arts de Magny-leHongre le 12 mars.

Pôle chorégraphique territorial

Bilan Rendez-vous basque

Du 7 au 13 novembre s’est tenue à Biarritz la 6ème édition de Rendez-vous basque. Réunissant 1400 spectateurs, elle a permis de découvrir deux créations : Mitologia Txikiak de Bilaka Kolektiboa et Neok de la compagnie So.K, et d’accueillir la compagnie Kresala dans Amoria & Dolore grâce au partenariat entre les villes de Biarritz et Donostia / San Sebastián. Parallèlement, avec la compagnie Maritzuli, des parcours d’Éducation Artistique et Culturelle ont été réalisés avec des écoles élémentaires de Biarritz et de l’agglomération. 400 élèves ont ainsi pu assister à une représentation scolaire et découvrir la symbolique des fêtes des lumières au Pays basque grâce à une exposition et des ateliers animés par Claude Iruretagoyena et Jon Olazcuaga.

Planeta Dantzan

Le CCN Malandain Ballet Biarritz, la Fondation Cristina Enea de Donostia / San Sebastián et le service des projets stratégiques, mobilité et développement durable de la ville de Pampelune reconduisent pour une cinquième année le programme chorégraphique de sensibilisation à l’environnement Planeta Dantzan. Cette fois, c’est autour de Noé, ballet de Thierry Malandain créé en 2017, que 1.082 élèves issus de 21 établissements scolaires de Nouvelle-Aquitaine, de Donostia / San Sebastián et de Pampelune seront sensibilisés au changement climatique grâce à un programme pédagogique novateur alliant approches artistique et scientifique conduit par Ione Miren Aguirre et d’autres intervenants. Ce programme reçoit les cofinancements de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, de la Communauté Pays basque, de la Fondation d’Ici-Tokiko et des Friends de la Fondation de France.

Regards Croisés # 10

Du 22 au 25 mars aura lieu la 10ème édition de Regards Croisés, programme d’échange et de circulation des œuvres de chorégraphes de Nouvelle-Aquitaine et d’Euskadi, qui accueillera des spectacles au théâtre du Colisée de Biarritz.

23 mars à 21h

Kale Companhia da Dança

24 mars à 21h

Eva Guerrero

Gorpuztu

25 mars à 19h

Amaia Elizaran

Arima

Autour de ces représentations seront proposées ateliers, rencontres, répétitions publiques avec une journée spécialement dédiée aux jeunes danseurs du territoire le 25 mars.

Programme complet disponible sur malandainballet.com.

Tarifs : de 8€ à 14€

Informations/réservations : malandainballet.com

Office de Tourisme de Biarritz Tel. +33 (0)5 59 22 44 66, tourisme.biarritz.fr

Guichet des offices de tourisme de Bayonne, Anglet et du Pays basque

Résidence Bilaka Kolektiboa

Du 6 au 10 février, dans le cadre d’un compagnonnage « Artistes en territoire », Bilaka Kolektiboa sera accueilli en résidence de création au CCN. Ils rencontreront alors des élèves du Conservatoire Maurice Ravel Pays basque.

TERRITOIRE
Aùaia Elizaran © Iñigo Royo
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© Olivier Houeix

Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris

Du 12 au 17 décembre, à l’invitation de Cédric Andrieux, Arnaud Mahouy exélève du CNSMD de Paris aujourd’hui chargé du développement artistique au CCN et Thierry Malandain ont transmis un extrait du ballet les Créatures à toutes les classes de la formation classique de l’établissement.

Cette semaine intensive fut l’occasion de beaux moments de partage et d’échange avec les élèves et l’équipe pédagogique. Dans le cadre de cette collaboration, après avoir fait partie du jury du concours d’entrée, Thierry Malandain réglera un solo pour l’examen de fin d’étude des élèves en danse classique.

Cannes Jeune Ballet

Le Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower, dirigé par Paola Cantalupo s’est produit à Mougins au théâtre Scène 55 le 9 décembre dans Mozart à 2 remonté par Giuseppe Chiavaro dans le cadre d’une soirée partagée avec Carolyn Carlson et Filipe Portugal.

Nocturnes au Ballet de l'Opéra national du Capitole

Fin janvier, à l’invitation de Kader Belarbi, directeur du Ballet de l'Opéra national du Capitole, Frederik Deberdt, maître de ballet au CCN a remonté Nocturnes de Frédéric Chopin et Thierry Malandain avec les danseurs du Capitole.

Le ballet a été donné à Toulouse les 10, 11 et 12 février au théâtre de la Cité dans le cadre d’une soirée partagée avec Carolyn Carlson, organisée par Odyssud – Scène des possibles / Blagnac.

Informations

https://www.odyssud.com/paysagesinterieurs

Cendrillon au Ballet Nice Méditerranée

À l’invitation d’Éric Vu-An, directeur du Ballet Nice Méditerranée et la complicité de Monique Loudières, Giuseppe Chiavaro et Frederik Deberdt remonteront Cendrillon de Serge Prokofiev et Thierry Malandain pour les danseurs niçois du 28 février au 22 avril.

La première aura lieu le 22 avril à l’Opéra de Nice et d’autres représentations sont prévues les 23, 26, 27, 28, et 29 avril.

Informations opera-nice.org

ACCUEIL STUDIO

Compagnie Pernette

Dans le cadre de son projet de création : Heyoka – La Tête à l'envers, un défilé puisant ses sources dans le brouhaha du carnaval, en collaboration avec la Communauté Pays Basque, la compagnie Pernette a effectué sa résidence de création à l'École publique Marinela de Ciboure du 23 au 30 janvier. Le 28, les élèves ont présenté leurs travaux sur la place du Fronton avant un Bal des sortilèges animé par Nathalie Pernette au cœur des fêtes cibouriennes de la Bixintxo.

TRANSMISSION
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Thierry Malandain au CNSMD de Paris
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Entrainement Régulier du Danseur Bilan des ateliers de préparation physique

Chaque mardi et jeudi, le CCN Malandain Ballet Biarritz en partenariat avec le Conservatoire Maurice Ravel Pays Basque, accueille les danseurs professionnels, professeurs de danse durant une classe de danse et un atelier de préparation physique. L’objectif étant d’offrir les mêmes conditions d’entrainement aux nombreux danseurs, quel que soit leur style de danse, qu’aux danseurs du CCN, mais également de diffuser des contenus pédagogiques spécifiques.

Ainsi 2 ateliers pédagogiques ont eu lieu :

- Celui portant sur les actualités sur les étirements du danseur a rencontré un réel succès. Les nombreux participants ont pu profiter des avancées du travail de Living Lab entrepris par JeanBaptiste Colombié avec les danseurs du Malandain Ballet Biarritz. Cette question, toujours d’actualité fait débat mais elle commence à trouver un consensus pratique.

- Le deuxième atelier portait sur la gestion de la douleur et de la charge de travail en danse. Très pratique et orienté vers les professeurs de danse, il a su également intéresser les danseurs intermittents, souvent seuls face à ces questions.

En préparation physique, la période de septembre à octobre a été consacrée au renforcement musculaire spécifique. Chaque participant a pu évaluer les muscles déficitaires en faisant des tests simples pour déterminer quelle chaine musculaire et quel côté était déficitaire. Chaque danseur ou danseuse devait ensuite réaliser des exercices en fonction de ces résultats, dans un but de réharmonisation. Grâce à ces tests nous avons également pu quantifier les progrès réalisés par les danseurs ayant réalisé au moins un atelier par semaine. (100% correspond à une évolution nulle)

Toutes les évolutions sont significatives ce qui est très encourageant. On note également une harmonisation des côtés droits / gauches ainsi que des groupes musculaires.

Les mois de novembre et décembre furent passés à travailler le centre du danseur. Un travail de co-construction a suivi l’atelier pédagogique sur le centre et a abouti sur des séances de préparation physique navigant entre renforcement musculaire, danse et interprétation.

Enfin, en janvier, les participants de l’ERD auront une période de travail cardiorespiratoire, indispensable à leur récupération et prévention des blessures. Après un atelier pédagogique, il leur sera proposé des phrases chorégraphiques à effectuer selon divers tempo et intensités.

Renseignements / Inscriptions

Tél. 06 45 99 42 01 ou entrainementdanseur@malandainballet.com

Les neurones miroirs au service du danseur blessé (BOSnm)

Si la prise en charge médicale du danseur est relativement récente en France, il y a une question qui revient inlassablement dans les couloirs des écoles de danse et des cabinets médicaux : vaut-il mieux que les danseurs blessés assistent à leurs classes, leurs répétitions ou restent au repos chez eux ?

En 2020, l’équipe de soin du CCN Malandain Ballet Biarritz, en partenariat avec l’école de kinésithérapie Danhier a mené une étude scientifique comparant l’évolution des blessures d’un groupe test de danseurs assistant passivement à leurs cours vis-àvis d’un groupe contrôle coupé de leur école de danse. Les résultats furent sans appel : l’évolution fut significativement supérieure chez les danseurs spectateurs. Néanmoins ils furent tellement variables d’un danseur à l’autre que l’étude a finalement eu peu d’impact. Cette variabilité s’explique chez tous les professeurs ayant participé : « tout dépend de l’attitude en classe ! »

SANTÉ 36 37

Mais alors quelle attitude avoir en classe de danse ? Nous avons tous l’image du danseur désœuvré dans un coin du studio. L’Institut Danse Santé (IDS), association visant à développer et à diffuser des solutions pratiques aux enjeux de santé des danseurs, s’est alors emparé de la question. Sous la coordination de Jean-Baptiste Colombié, kinésithérapeute et préparateur physique du Malandain Ballet Biarritz, a été mené un travail de concertation selon la méthodologie de Living Lab. Le but ? Que des danseurs (étudiants, professionnels, intermittents) construisent, en partenariat avec des professeurs de danse et des professionnels de la santé, un protocole de reprise progressif et anticipé de la danse.

Grâce au partenariat de l’école universitaire de kinésithérapie d’Orléans, Camille Fonty, une étudiante kinésithérapeute a rejoint l’équipe pour asseoir cette recherche sur une solide base bibliographique. La part belle a été donnée au recours des neurones miroirs : ces cellules du cerveau codant des gestuelles grâce à l’observation d’un mouvement externe.

C’est ainsi qu’en s’inspirant des méthodes déjà utilisées dans la danse et le sport, les apports des neurosciences sur l’apprentissage moteur ou les techniques de pédagogies participatives, l’équipe de recherche a pu articuler un protocole autour des concepts de gestion de la douleur et de charge de travail, déjà développés et enseignés à l’IDS. Dénommé « Back On Stage with mirror neurons » (BOSnm), il se veut adapté à tout type de danseur et à tout type de danse.

Ce travail a été présenté en novembre au congrès annuel de l’International Association of Dance Medecine and Science à Limerick (Irlande) et a suscité beaucoup d’intérêt.

Concrètement, il est proposé au danseur de reprendre son activité aussi vite que possible, en parallèle de ses soins. Après l’avoir éduqué à la gestion de sa douleur, nous lui demandons de danser sous un seuil douloureux bien précis. Passé ce seuil, le travail de visualisation commence. Chaque classe ou répétition est alors dédiée à une technique de visualisation, renforcée le soir par un

rapide exercice d’imagerie mentale. Lorsque le danseur arrive à performer en dessous de son seuil douloureux, le protocole s’arrête.

Les premiers tests ont dépassé les espérances. Les professeurs de danse partenaires ont surtout souligné l’intérêt d’avoir un outil facile à mettre en place pour éduquer leurs danseurs à la douleur et les aider à gérer leur blessure. Pour renforcer cet effet, l’IDS a créé des supports pédagogiques adaptés à tout danseur.

Pour l’équipe de recherche, c’est maintenant le moment de comparer les différentes stratégies de reprises de la danse à grande échelle. C’est pourquoi, l’IDS cherche à diffuser ce protocole auprès de professeurs de danse partenaires.

Un questionnaire est proposé aux élèves blessés sur la base de trois stratégies différentes : rester au repos chez soi, assister passivement au cours ou suivre le protocole de reprise anticipée.

L’objectif est de recueillir sous une année suffisamment de parcours de guérison pour documenter et améliorer le protocole.

D’ici là, nous espérons que le BOSnm et la diffusion des posters de la gestion de la douleur dans les écoles de danse amélioreront le quotidien des danseurs.

Ressources

Lien vers la vidéo explicative pour les professeurs

https://www.instagram.com/p/ CkNiJ6PDx9W/

Pour recevoir support et informations : BOSnm.ids@gmail.com

SANTÉ
© Olivier Houeix © Olivier Houeix

Daphnis et Chloé au top 5 des spectacles de 2022

Pour Amélie Bertrand de Danse avec la plume, Daphnis et Chloé de Thierry Malandain créé en juin dernier pour le Ballet de l'Opéra national du Capitole « fut la grande création classique de cette année. Une pièce profondément humaine et musicale, d’une grande puissance intérieure, et sachant se servir de la technique pour construire des personnages sortant des lignes. Non, la technique de la danse classique n’est pas intrinsèquement genrée : elle est ce que l’on en fait et ce que l’on a envie de mettre en scène ».

Championnats du Monde de Pelote basque

Les 23 et 29 octobre, à l’invitation de Lilou Echeverria, Président de la Fédération française et vice-président de la Fédération internationale de Pelote basque, le CCN a eu l’honneur de se produire lors des cérémonies d’ouverture et de clôture des Mondiaux de Pelote qui se sont déroulés au Pays basque. Pour l’ouverture, Irma Hoffren et Noé Ballot ont présenté un duo de Mozart à 2 et en clôture, les danseurs ont interprété une danse basque traditionnelle.

Stage pédagogique de l'Association Française des Maîtres de Danse Classique

À l’occasion de la 41ème édition du stage pédagogique de l'Association Française des Maîtres de Danse Classique (AFMDC) qui se tenait à l'École de danse de l'Opéra de Paris du 25 au 28 octobre. Le 27 octobre en soirée, lors d’un spectacle organisé par Jacques Namont, 1er danseur de l’Opéra, Irma Hoffren, Patricia Velazquez, Mickaël Conte et Jeshua Costa ont interprété trois duos de Mozart à 2 Dans des chorégraphies de Wun Sze Chan, Yvon Demol, Claude Brumachon et Jérome Robbins, ils étaient entourés par plusieurs artistes de l'Opéra : Ida Viikinkoski & Yvon

Demol, Alexandre Boccara & Chun-Wing Lam, Clémence Gross & Germain Louvet, danseur étoile de l’Opéra. Le lendemain, après une classe et un atelier autour de la Mort du cygne conduit par Giuseppe Chiavaro, deux entretiens animés par Richard Flahaut, convoquaient Thierry Malandain, et en célébration de ses 90 ans : Claude Bessy, danseuse étoile et exdirectrice de l'École de danse de l'Opéra.

Mezzo

Avec le Ballet, le Chœur et l’Orchestre de l’Opéra national du Capitole de Toulouse, l’Après-midi d’un faune de Claude Debussy et Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, réglés par Thierry Malandain, et filmés en juin dernier à la Halle aux Grains par Patrick Lauze des Films Figures Libres ont été diffusés sur Mezzo en décembre et janvier. Le ballet Marie-Antoinette par le Malandain Ballet Biarritz accompagné de l’Orchestre Symphonique d’Euskadi filmé à l’Opéra Royal du Château de Versailles par Patrick Lauze, Les Films Figures Libres fut quant à lui diffusé entre le 3 et 17 janvier.

Diffusion Finale Concours de Jeunes Chorégraphes

La captation de la finale de la 3ème édition du Concours de jeunes chorégraphes de Ballet réalisée le 17 juillet dernier par Oxymore Productions (réalisation Yan Proefrock) a été diffusée le 31 janvier sur France 3 Noa à 21h.

Ressource récompensé au FIFAVA

Le 20 novembre, réalisé par Maxime Dos & Martin Harriague avec le soutien de Suez et le concours des danseurs du Malandain Ballet Biarritz, Ressource a obtenu le prix de la ville d’Anglet à la 16ème édition du FIFAVA - estival International du court-métrage d’Anglet. Ce film propose une allégorie de la sortie d’un monde prétendument civilisé et ultra-industrialisé. Des chrysalides humaines, fruits d’un univers plastique oppressant, éclosent et trouvent une issue vers la lumière dans la danse.

Remerciements à Pyrenex

Nos remerciements à la Manufacture Pyrenex, Entreprise du Patrimoine Vivant et mécène du CCN pour sa campagne de communication perchée à 2877 mètres d’altitude au Pic du Midi de Bigorre et réalisée par Thomas Canel et Smog Films avec le concours d’Irma Hoffren, Claire Lonchampt, Mickaël Conte et Jeshua Costa du Malandain Ballet Biarritz.

Remerciements aux Amis du Malandain Ballet Biarritz

Nos remerciements à l’association des Amis du Malandain Ballet Biarritz pour leur chèque de soutien de 27.000 € pour l'année 2022, remis par sa présidente, Colette Rousserie et les membres du Conseil d'administration à l'issue de la représentation de Marie-Antoinette à Biarritz le 21 décembre dernier.

Les Hivernales de la Danse

Le 18 mars à Liège, Frederik Deberdt fera partie du jury du Prix des Hivernales de la Danse, où deux lauréats se verront offrir un stage à l’Académie Internationale de Danse de Biarritz en août et une semaine de cours avec la compagnie.

Fonds de dotation Malandain pour la Danse

Le livre Marie Taglioni, Étoile du ballet romantique de Chloé d’Arcy est paru aux Presses Universitaires de Bordeaux. Il met en lumière les différents visages de la vedette du ballet romantique : artiste de génie, femme d’affaires et femme mondaine. Cet ouvrage est publié avec le concours du laboratoire Saprat, de l'École Doctorale de l'École Pratique des Hautes Études l PSL, du Fonds de dotation Malandain pour la Danse, l'Association Mnémosyne et de l'Université BordeauxMontaigne.

EN BREF
© David Herrero
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© Olivier Houeix

centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques

présidente Catherine Pégard

vice-président Guillaume Pepy

trésorière Solange Dondi

secrétaire Richard Flahaut

trésorière adjointe, déléguée à la transition écoresponsable Monique Barbaroux

déléguée à la coopération territoriale et internationale

Marie-Christine Rivière

administrateurs Gratien Maire, Anne Méhu

président d’honneur Pierre Durand

Direction

directeur / chorégraphe Thierry Malandain

directeur délégué Yves Kordian

Artistique / Création

artiste associé Jon Maya, Kukai Dantza

maîtres de ballet Richard Coudray, Giuseppe Chiavaro, Frederik Deberdt

artistes chorégraphiques Noé Ballot, Giuditta Banchetti, Julie Bruneau, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël

Conte, Jeshua Costa, Loan Frantz, Irma Hoffren, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Marta Otano Alonso, Alessia Peschiulli, Julen Rodriguez Flores, Alejandro Sánchez

Bretones, Ismael Turel Yagüe, Yui Uwaha, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Léo Wanner

artiste chorégraphique chargé du développement artistique

Arnaud Mahouy

professeurs invités Bruno Cauhapé, Sophie Sarrote

pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Jean- François Pailler

Transmission du répertoire

maître de ballet Giuseppe Chiavaro

Production / Technique

directrice technique Chloé Brèneur

régisseur général Frédéric Bears

régie plateau Jean Gardera, Christophe Gauthier, Franck

Girodo, Emmanuel Rieussec, Bertrand Tocoua

régie lumière Christian Grossard, Mikel Perez

technicien lumière Théo Matton

régie son Nicolas Rochais, Maxime Truccolo

techniciens plateau Jean-Luc Del Campo, Renaud Bidjeck

réalisation costumes Véronique Murat, Charlotte Margnoux

régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo

construction décors et accessoires Frédéric Vadé

directeur technique festival Le Temps d'Aimer Jean-Pascal

Bourgade

techniciens chauffeurs Guillaume Savary, Stéphane Tisserant, Vincent Ustarroz agent d’entretien Ghita Ballouk

Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux préprofessionnels Dominique Cordemans intervenante EAC Ione Miren Aguirre intervenante Enseignement Art-Danse, Académie, ERD Carole

Philipp

Diffusion

chargée de diffusion Lise Philippon chargée des actions culturelles Laura Delprat attachée de production Noémie Zabala-Pihouée administratrice de production festival Le Temps d'Aimer Katariñe Arrizabalaga agents Delta Danse / Thierry Duclos, Klemark Performing Arts et Music / Creatio 300, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi

Communication

responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Cascino attachée à la communication Elena Eyherabide chargée de projet Eloixa Ospital attaché de presse Yves Mousset photographe Olivier Houeix

Pôle chorégraphique territorial administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta

Secrétariat général / Mécénat

secrétaire général Georges Tran du Phuoc

Ressources humaines, finances et juridique responsable administrative et financière Séverine Etchenique comptable principale Arantxa Lagnet, Laurence Peltier comptable Marina Souveste

secrétaire comptable Sonia Mounica

secrétaire administrative Virginie Sichem

Suivi et prévention médicale des danseurs

Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret

Biarritz - Donostia / San Sebastián

Malandain Ballet Biarritz

co-présidence du projet Thierry Malandain

co-directeur du projet Yves Kordian

chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta

communication Sabine Cascino

Victoria Eugenia Antzokia

co-présidence du projet Jaime Otamendi

co-directeur du projet Norka Chiapusso

chef de projet Koldo Domán

administration María José Irisari

communication María Huegun

CCN Malandain Ballet Biarritz

• 23, avenue Foch

Gare du Midi

tél. +33 5 59 24 67 19

• F-64200 Biarritz

• ccn@malandainballet.com

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Hugo Layer, Marie-Antoinette © Olivier Houeix

Représentations à l’International

Winterthur (Suisse)

Winterthur (Suisse)

Winterthur (Suisse)

Winterthur (Suisse)

Pordenone (Italie)

Modena (Italie)

Ravenna (Italie)

Ravenna (Italie)

Zaragoza (Espagne)

Zaragoza (Espagne)

Zaragoza (Espagne)

Zaragoza (Espagne)

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps (une représentation famille et une tout public)

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps (une représentation famille et une tout public)

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

Mozart à 2 & Beethoven 6

Mozart à 2 & Beethoven 6

Mozart à 2 & Beethoven 6

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

Marie-Antoinette, avec orchestre

Marie-Antoinette, avec orchestre

Marie-Antoinette, avec orchestre

Marie-Antoinette, avec orchestre la Pastorale

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

L’Oiseau de feu & le Sacre du printemps

Mozart à 2, l’Oiseau de feu, Boléro Mozart à 2, l’Oiseau de feu, Boléro Mozart à 2, l’Oiseau de feu, Boléro Mozart à 2, l’Oiseau de feu, Boléro

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Les
Les
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