JUILLET > SEPTEMBRE 2017
ÉDITO
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ACTUALITÉ
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ACTIVITÉ
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LA PRESSE EN PARLE
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DANSE À BIARRITZ #70
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SENSIBILISATION
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LE LABO
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EN BREF
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CALENDRIER JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
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Patricia Velazquez & Daniel Vizcayo, Noé © Olivier Houeix
Giuseppe Chiavaro, Le sang des Êtoiles Š Olivier Houeix + Yocom
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ÉDITO
Imaginé
sous l’angle d’un être humain collectif voguant dans l’arche de luimême, Noé créé et joué du 10 au 24 mai à Chaillot - Théâtre national de la Danse, grâce à son directeur, Didier Deschamps, fut un succès souligné par la presse et les bravos du public. « Nul homme n’est une île, complète en ellemême ; chaque homme est un morceau du continent, une part de l’ensemble » (1) écrivait John Donne poète anglais du XVIIe siècle. C’est pourquoi, la réussite de ce spectacle récompensé du « Prix de la meilleure compagnie » par l’Association Professionnelle de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse, est l’œuvre de tous ses acteurs. Maintenant, tout étant fragile et passager, il reste à espérer qu’au prochain voyage notre embarcation sur la vague mobile ne fera pas naufrage. Car comme la tige d’une fleur que le moindre vent peut briser, le bonheur d’un succès peut brusquement se couvrir d’un linceul. Ainsi, Jean-Claude Asquié, l’auteur des lumières de la compagnie jusqu’à notre collaboration avec Francis Mannaert pour la Belle et la Bête et Noé, est décédé le 5 juin dernier. En arbitrant le conflit éternel de l’ombre et de la lumière, Jean-Claude ne fit pas qu’éclairer mes ballets durant vingt-huit ans. « Que la lumière soit, et la lumière fut » étant le premier cri de la nature, en poète et magicien, il leur donna la vie, les magnifia de manière subtile sans jamais être guidé par le désir de plaire. Car ennemi des originalités faciles, il détestait par-dessus tout entendre : « quelle belle lumière ! » Et, pourtant, en amoureux de l’absolu, quel mot serait plus vrai que celui de Beauté pour qualifier l’art de ce compagnon passionné et assidu, qui discret jusqu’à l’effacement fuyait les projecteurs. Créateur lumière, doublé d’un photographe de talent, Jean-Claude débuta sa carrière au Capitole de Toulouse avant de rejoindre le Ballet Théâtre Français de Nancy où nous nous
rencontrerons en 1980. C’est à Bruxelles au Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart qu’il réalisa ses premiers éclairages. Directeur technique de l’Opéra de Nantes, puis directeur de production du Béjart Ballet Lausanne, pour lequel il signa entre autre la lumière de Ring um den Ring (1990) à l’Opéra de Berlin, il occupait depuis 1998 cette fonction à Biarritz. « Tu vas encore chez ton Malandain ! » grognait Maurice Béjart, chaque fois qu’il sollicitait un congé pour concevoir la lumière d’un nouveau ballet. De 1986 à 2014, plus de soixante titres, avant que cet ami à la fois souriant et ténébreux - l’art et la personnalité de Jean-Claude s’éclairant parfois l’un l’autre - ne soit frappé par un mal qui sous le soleil vainc jusqu’à l’ombre des êtres.
Mourir, c’est naturellement quitter ce monde, mais si vraiment « l’homme est un dieu qui se souvient des cieux » (2) comme le spéculait Alphonse de Lamartine, en expirant, Jean-Claude est parti rejoindre les étoiles au ciel de sa naissance. Un infini qui nous est impénétrable, mais au fond en cherchant à réconcilier la pénombre et la clarté, Jean-Claude ne fit rien d’autre que concrétiser cette aspiration de l’humanité à la lumière éternelle. Un désir qui relève les hommes de la terre et les tourne vers le ciel, tout en les consolant du départ de ceux qu’ils aiment. Mais arrêtons làdessus, et adressons nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. n Thierry Malandain, juin 2017
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Méditation XVII (1624) Méditations poétiques, l’Homme (1820)
ACTUALITÉ
Festivals d’été Le Malandain Ballet Biarritz présentera cet été trois programmes différents dans quatre festivals.
La Belle et la Bête à Biarritz
Ainsi le 22 juillet, avec le pianiste Jean-Paul Gasparian accompagnant Nocturnes, avec Estro et Une Dernière chanson, il participera aux Nuits de la Citadelle de Sisteron. Le 25 juillet, dans le cadre de Vaison Danses, il donnera Noé au théâtre antique de Vaison-la-Romaine. Le 28 juillet, avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi dirigé par Ainars Rubikis, il s’agira de la Belle et la Bête pour la 31e édition du Festival Castell de Peralada. Enfin, le 13 août, toujours avec la Belle et la Bête, il sera au Festival Internacional de Santander accompagné par l’Orchestre Symphonique de Bilbao sous la baguette de Josep Caballé Domenech.
Malandain Ballet Biarritz aux Arènes de Bayonne Le 5 août à 21h30, à l’invitation de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, avec le concours de la ville de Bayonne, dans le cadre de sa coopération territoriale Pays Basque Sud / Pays Basque Nord et en lien avec la Diputación Foral de Gipuzkoa, la compagnie présentera Une Dernière chanson, Estro et Boléro aux Arènes de Bayonne. Un projet artistique de grande envergure promouvant l’identité et l’attractivité de la Communauté d’Agglomération Pays Basque. Billetterie www.malandainballet.com Office de Tourisme de Bayonne, Anglet, Biarritz, St Jean-de-Luz
Mickaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
Mickaël Conte & Claire Lonchampt, La Belle et la Bête © Olivier Houeix
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Dans le cadre de la 3e édition des Estivales, la Belle et la Bête sera présentée à la Gare du Midi de Biarritz les 9, 10 et 11 août à 21h. « Avec la Belle et la Bête, nouvel opus créé à l’Opéra royal de Versailles en 2015 et présenté à la Biennale de la danse de Lyon, Thierry Malandain apparaît une fois de plus comme l’un des plus grands chorégraphes néoclassiques actuels. Alchimiste inspiré, cette fois plus symboliste que narratif, il place au cœur du célèbre conte la figure de l’artiste aux prises avec la création. Puissant et magnifique. »
n L’Express, Laurence Liban, 19 septembre 2016
Billetterie Tarifs de 10€ à 35€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr France Billet / Fnac-Carrefour-Géant Tél. 0 892 683 622 (0,34€/min) fnac.com
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ACTIVITÉ
Noé à Paris Coproduit par Chaillot – Théâtre National de la Danse, l’Opéra de Saint-Etienne et Donostia Kultura - Teatro Victoria Eugenia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, Noé a été donné à Chaillot – Théâtre National de la Danse du 10 au 24 mai dernier.
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Bruno Bouché, directeur du Ballet du Rhin, Didier Deschamps, directeur de Chaillot-Théâtre National de la Danse & Thierry Malandain © Olivier Houeix
Touchant près de 10 000 spectateurs sur l’ensemble des 12 représentations, ce séjour parisien a été l’occasion de proposer divers évènements : des Mégabarres animées par Dominique Cordemans et Richard Coudray ; des ateliers conduits par le chorégraphe Mizel Théret et d’anciens danseurs de la troupe, Lyane Lamourelle, Carole Philipp, Giuseppe Chiavaro ; une journée dédiée à la culture basque dans le cadre de « l’Artiste et son monde » conviant Beñat Achiary, Mizel Théret, Jesus Aured et le chœur d’hommes Anaiki ; une répétition publique et un débat animé par Didier Deschamps, directeur de Chaillot avec en invité Bruno Bouché, directeur du Ballet du Rhin, un Bal conduit par Arnaud Mahouy du Malandain Ballet Biarritz.
LA PRESSE EN PARLE
Beñat Achiary, Mizel Théret et Jesus Aured © Olivier Houeix
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Mégabarre à Chaillot-Théâtre National de la Danse © Olivier Houeix
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Choeur d’hommes Anaiki, Chaillot-Théâtre National de la Danse © Olivier Houeix
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Noé, un déluge d’inventivité Au Théâtre de Chaillot, à Paris, la nouvelle création de Thierry Malandain captive de tous côtés. Attention chef-d’œuvre ! Rarement une chorégraphie atteint ce qualificatif dont, pour notre part, nous nous retenons d’abuser. Noé, dernière création de Thierry Malandain, a toute sa place dans cette catégorie. D’ailleurs, s’il fallait retenir une seule œuvre dans le répertoire de ce chorégraphe de 58 ans qui en a signé déjà plus de 80, ce serait celle-ci. Comme les Blake Works de Forsythe créés au printemps dernier au Palais Garnier, Noé déploie une palette de gestes et de tracés si vaste et variée, si inventive et aussi érudite, qu’elle remet la danse au premier rang des arts.
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ACTIVITÉ
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Le sujet est rare. Peu de ballets s’inspirent de l’Ancien Testament. Curieusement, Thierry Malandain y est arrivé en travaillant à la demande de Didier Deschamps, directeur de Chaillot, sur Les Mariés de la tour Eiffel. Cocteau résistait tandis que Noé se dessinait. « Je n’ai pas voulu mettre de personnages ou d’animaux. Juste Abel et Caïn pour rappeler la nature belliqueuse de l’être humain », explique Thierry Malandain qui s’appuie sur la Messa di Gloria de Rossini. De fait, Noé est un ballet complétement abstrait, qui place le Ballet de Biarritz dans un décor splendide et minimal : un immense banc bleu, posé sur une scène bordée de rideaux de perles couleur de pluie. « J’ai voulu chorégraphier une Messe pour l’humanité », dit encore
déjoue les pronostics, et ce jeu qu’il poursuit avec la musique captive d’un bout à l’autre. Captive aussi la gestuelle : impossible d’engloutir Malandain dans le marigot néoclassique où on le laisse mariner depuis des années. Il emprunte au grand vocabulaire du ballet, mais aussi aux danses folkloriques, au yoga, à la gymnastique et à tout ce que le monde contemporain a pu engendrer comme mouvement banal. Ainsi Malandain signe-t-il sa Messe pour le temps présent, bien après Béjart. Brillamment interprétée par ses danseurs qui maîtrisent l’art de la nuance, elle n’est nullement pontifiante mais vigilante et émerveillée. Le Noé de Malandain prend et ravit comme une mer.
n Le Figaro, Ariane Bavelier, 11 mai 2017
Noé Thierry Malandain dépasse toutes les attentes avec sa nouvelle création, Noé, qui est au programme du Théâtre National de la Danse Chaillot jusqu’au 24 mai prochain. Le chorégraphe, à la tête du Malandain Ballet Biarritz depuis 1998, choisit un thème qui pourrait nous faire penser à un ballet avec une structure narrative, entièrement calée sur l’épisode biblique et avec des références claires aux personnages qui l’animent. Mais le Directeur du Malandain Ballet Biarritz, enclin à réélaborer de manière personnelle les thèmes qu’il aborde (cf. les derniers ballets Cendrillon et la Belle et la Bête), ne peut que se contenter d’une simple évocation chorégraphique du texte biblique.
LA PRESSE EN PARLE
Malandain. Elle est somptueuse et inspirée. Vêtus de jupes épaisses et de pantalons rustiques, les vingt-deux danseurs occupent la scène. L’un après l’autre, trois hommes s’approchent et plient les genoux, dessinant le triangle de l’Alliance. Celui qui permet aux hommes de tendre leurs fronts vers le Ciel. D’autres symboles, aussi exactement dessinés, affleureront : la haine et l’amour. Ils prennent forme au fil d’ensembles, chaînes de corps assemblés de mille façons comme ces vagues qui se font et se défont, groupes dressés puis éparpillés, corps pris en spirale par les courants de la haute mer… Ce flux, Malandain le saisit dans la musique de Rossini. Il s’y ébat avec une sensualité de nageur, plonge dedans, surfe sur elle, flotte sur les grandes envolées, louvoie sur les accords, laisse déferler les répétitions, ballotter les décalages et patauge sur les rythmes pour mieux les marquer, laissant les pieds des danseurs scander le Miserere. Impossible d’anticiper : son inventivité
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Le ballet Noé est construit à partir d’un épisode qui retrace les origines ancestrales de l’humanité pour délivrer un message plus vaste qui montre les différentes facettes de l’être humain. Thierry Malandain met en scène un spectacle riche d’inventivité : derrière les belles images de danse, on saisit un profond travail d’élaboration et de réflexion qui permet au public d’assister à une comédie humaine avec tous ses contrastes et ses lois. On danse, on danse, on danse sur la Messa di Gloria de Rossini, œuvre aux tonalités majestueuses et le public succombe à la choralité et à la richesse de la composition chorégraphique. On constate que dans cette pièce les liens entre la musique et l’écriture chorégraphique sont moins forts que d’habitude. La grande musicalité qui caractérise normalement les ballets de Thierry Malandain est ici remplacée par une grande attention dans la conception
ACTIVITÉ de la mise en scène et dans l’élaboration d’un langage capable d’exprimer, sans suivre une structure bien définie, le sens d’une humanité toujours suspendue entre le bien et le mal, la vie et la mort. On peut remarquer ces thèmes si l’on se penche sur le beau duo qui représente l’union d’Adam et Eve, symbole du retour à la fertilité, ou bien sur la scène du meurtre d’Abel par Caïn, épisode qui conclut la pièce. Thierry Malandain enrichi son vocabulaire en s’inspirant de danses populaires, notamment africaines, pour créer une gestuelle symbolique et en même temps plus animalesque. Dans cela, il y a des références, d’une part à un monde terrien originaire et d’autre part aux animaux de l’Arche qui sont reconnaissables grâce à notre imaginaire. La scénographie est constituée de rideaux passementés bleu ciel qui se lèvent et se baissent pour représenter la montée et la disparition des eaux, jusqu’à laisser entrevoir, seulement dans le final, les signes de la végétation qui ressurgit.
Kylian quand il aborde La Symphonie de Psaumes de Stravinsky (revu en décembre à l’Opéra de Paris). Rossini sans doute, force à une telle légèreté, qui, dans cette messe aux accents romantiques, laisse presque entrer l’allant de la valse. Thierry Malandain s’en est donc donné à cœur joie pour composer des unissons fougueux et terriens, parfois facétieux, où les bras s’entrecroisent pour de longues chaînes, où les alignements sont scandés par de rapides ruptures de rythmes, où les couples alternent et se recomposent sans cesse comme dans les danses de groupe. Aux sons des Kyrie, Gloria et Sanctus, la pulsation des corps ne faiblit pas, jusqu’à devenir parfois tribale… Inspiration revendiquée par le chorégraphe qui dit avoir été influencé par des rituels venus d’Afghanistan où les hommes tournent en se martelant les cuisses à l’infini.
Parmi les œuvres de Thierry Malandain, il s’agit là d’un ballet innovateur de par son style qui pourrait suggérer de nouveaux horizons de recherche de la part du chorégraphe qui, par ailleurs, ne cesse de nous procurer de belles émotions.
n Chroniques de Danse, Antonella Poli, 10 mai 2017
Noé, le déluge dansé de Thierry Malandain Voilà longtemps que nous n’avions vu le Malandain Ballet Biarritz à Paris. Il revient au Théâtre de Chaillot avec une création pour vingt-deux danseurs au taquet, qui célèbrent à leur manière la messe de Rossini.
La Messa di Gloria de Rossini le hante depuis qu’il danse… Alors, une fois devenu chorégraphe, il fallait bien qu’un jour, il en fît quelque chose… Thierry Malandain, fondateur du Malandain Ballet Biarritz en 1998 et défenseur de l’art néo-classique, vient d’accomplir une solide œuvre chorale où il convie ses vingt-deux danseurs. Il les a calés dans un cadre bleu piscine aux bords relevés sur lequel tranchent les camaïeux bruns des costumes - jupes flottantes pour les filles, et gilets ajustés pour les garçons. Tous semblent apprêtés pour une danse villageoise célébrant le retour du printemps car dans la façon d’aborder ici cette musique sacrée, écrite en 1821, il n’y a guère de gravité… et surtout pas d’effroi tel qu’a pu le traduire, par exemple, le chorégraphe tchèque Jiri
Celui qui nous avait habitués à d’infinies dentelles de mouvement (voir son splendide ballet Cendrillon) offre donc ici un autre aspect de son art. En créant son arche de Noé, censée représenter un échantillon d’humanité voguant vers son destin, il dessine de manière obsédante des silhouettes penchées, têtes hochant sans cesse, et pieds frappant le sol à petits pas, pour une danse plus brutale (et non moins réjouissante).
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Irma Hoffren & Mickaël Conte, Noé © Olivier Houeix Hugo Layer & Claire Lonchampt, Noé © Olivier Houeix
Seule l’irruption d’un couple en justaucorps chair évoquant Adam et Eve (belle prestation de Patricia Velasquez) renoue ici avec l’élégante sensualité à laquelle il nous a habitués.
n Télérama, Emmanuelle Bouchez, 11 mai 2017
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ACTIVITÉ
••• Ballet Biarritz : au commencement était la danse Thierry Malandain est un des rares chorégraphes à faire le plein à chaque création. Sa dernière, Noé a attiré la semaine dernière quelque 1 400 spectateurs dans la ville de Biarritz qui ne compte pourtant que 25 000 habitants. Et à Chaillot, on en attend 10 000 pour la reprise à Paris de ce dernier opus. Qui dit mieux ? Au fil des années, Thierry Malandain a habitué le public à des ballets faciles d’accès et à beaucoup de constance dans la qualité de ses spectacles. De quoi fidéliser les spectateurs ! Le chorégraphe poursuit avec Noé son exploration de la danse néoclassique, épaulé par une troupe d’excellents danseurs. Tous sont présents du début à la fin, où ils alternent ensemble pas de deux et solos. Dès le lever du rideau on est séduit par l’esthétique. La simplicité du décor, d’abord : entièrement bleu pour symboliser l’eau. Seul accessoire : un long banc posé en fond de scène. Des tentures presque kitsch encadrent le plateau. Dans un ballet, la première image présage toujours de la qualité du spectacle. Autrefois, les compositeurs écrivaient des ouvertures d’opéra tonitruantes pour faire taire les spectateurs. Pour la danse, c’est l’image qui doit sidérer d’emblée. Le chorégraphe oblige ainsi le spectateur à quitter le tumulte pour l’intime, à abandonner le réel pour gagner le monde de l’inconscient.
LA PRESSE EN PARLE
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Avec un premier trio puis une sorte de vague que forment les danseurs, Malandain réussit brillamment son effet. La danse n’est jamais si belle que quand elle dit tout mais ne raconte rien. Dans ce ballet qui s’affranchit de la référence chrétienne, malgré les rôles d’Abel, Caïn, Adam ou Eve, chacun comprendra ce qu’il voudra mais tous retiendront cet espoir que représente la naissance d’un Nouveau Monde, sorti de l’eau, symbole de la vie exacerbée par les danseurs. Les gestes sont épurés, parfois tribaux, parfois aériens. Pour la musique, Thierry Malandain a choisi une œuvre peu jouée de Rossini : la Messa di Gloria dont il n’existe qu’un seul enregistrement chez Philips avec l’Academy of St Martin in the Fields. Si Noé a voulu changer le monde en quarante jours, ici une heure de danse suffit à nous changer. On sort du spectacle confiant dans notre devenir et en accord avec nous-même. N’est-ce pas la fonction de l’art ?
n Figaro Magazine, François Deletraz, 14 mai 2017
Thierry Malandain lance ses danseurs à la mer Une vague humaine qui n’en finit pas de rouler, une chaîne de mouvements qui se greffe les uns sur les autres sans jamais lâcher la maille. Noé, chorégraphié pour vingt-deux danseurs par Thierry Malandain, lance la danse à la mer dans le sillage de l’Arche. Sur la Messa di Gloria de Rossini, partition rarement convoquée pour une œuvre chorégraphique et qu’il faut oser attaquer, le directeur du Ballet Biarritz depuis 1998 plonge dans un bain thématique jusqu’alors peu présent dans son travail : celui du groupe et du chœur qu’il emporte dans une houle profonde. Cette vision de Noé en « être humain collectif » selon l’expression du chorégraphe, est la clé de cette version néoclassique du mythe du Déluge, à l’affiche du Théâtre national de Chaillot, à Paris, jusqu’au 24 mai. Si quelques personnages comme Noé, Cain et Abel, Adam et Eve se distinguent dans des situations directes, ils sont immédiatement embarqués dans les flux de la danse. Sans fin, les péripéties se télescopent selon un jeu de relais huilé qui reconfigure la communauté en ne comptant que sur le mouvement comme trait d’union. Privilégier le contact Figures géométriques circulaires, en colimaçon, guirlandes de bras croisés, coulées de jambes qui filent, lignes de nages, les tracés s’enchaînent et se recouvrent les uns les autres. Ils dessinent une cartographie des relations humaines, privilégiant le contact. Tendre la main, entourer une taille ou des épaules, s’arrimer à un dos, porter une tête ou une nuque, autant de façons d’être
ensemble et avec l’autre, tous les autres, branchés sur la même prise d’énergie. Avec ce message de foi dans la vie, dans la communauté qui signe l’esprit Malandain. Noé, comme une opération de sauvetage de l’humain ? Résolument. Les spécimens embarqués – pas d’animaux présents – clament le besoin et la volonté d’un autre monde. Obsédé par des valeurs comme le soutien, l’accompagnement, le partage, ce spectacle, exacerbé par la partition musicale, revendique la danse comme une forme de spiritualité que Thierry Malandain ne craint pas d’assumer. Dans le programme, le chorégraphe évoque, parmi ses sources de références, saint Augustin qui tenta de démontrer « que les proportions de l’Arche correspondaient à celles du corps humain ». Cette fresque lyrique, vigoureuse, dont le sujet comme la musique se démarquent des productions actuelles, profite des tempéraments des vingt-deux danseurs du Ballet Biarritz. Avec des accents dans l’interprétation parfois trop marqués, voire amplifiés, au risque de rendre l’écriture lisse et formelle. Le style incisif dans le trait de Malandain se suffit à lui-même et n’a pas besoin qu’on le sur-joue. La danse pour rester vivant se lit chez lui à corps ouvert.
Le Monde, Rosita Boisseau, 15 mai 2017
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L’heureux déluge de Malandain Noé, nouveau ballet de Thierry Malandain, construit une arche d’humanité pour 22 danseurs inspirés. Avec Noé, le chorégraphe Thierry Malandain s’est mis en quête d’« une danse qui ne laisserait pas seulement la trace du plaisir mais renouerait avec l’essence du sacré comme une réponse à la difficulté d’être ». Ce n’est pas une surprise. Ses créations, même lorsqu’elles revisitent des contes, comme dernièrement la Belle et la Bête, palpitent d’une profonde spiritualité. On lit le désir parfois rayonnant, parfois tourmenté d’un état de grâce. Chez lui, le danseur évoque souvent le « dieu tombé qui se souvient des cieux » de Lamartine. Cette dimension spirituelle est particulièrement sensible dans Noé.
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Noé © Olivier Houeix
ACTIVITÉ A Chaillot, Noé retrouve les siens le temps d’une danse Et si l’arche de Noé 2017 était une scène... C’est un peu le sentiment qui persiste à la vision de cette création au beau titre de « Noé », portée par le Malandain Ballet Biarritz au Théâtre national de Chaillot. Pas d’animaux en vue, mais une gestuelle parfois empruntée aux oiseaux, un déluge contenu tant bien que mal : et au milieu du désastre annoncé, la danse, le plus souvent puissante, de Thierry Malandain.
••• Noé « incarne une sorte de rupture dans l’histoire de l’humanité ». Cela s’explique, bien sûr, par son sujet, même si la pièce n’est pas une illustration du récit de la Genèse – auquel il emprunte surtout sa force symbolique (on y trouve ainsi très peu d’animaux). « Noé n’avait encore jamais inspiré de ballet. Je lui trouvais une grande actualité. Il semble parfois que le monde n’en peut plus, on souhaiterait presque la venue d’un personnage providentiel ». Tel est pour lui Noé, qui « incarne une sorte de rupture dans l’histoire de l’humanité », « un nouvel Adam » sorti des eaux. Il n’en fait pas un guide charismatique et omniprésent. Au contraire, le danseur qui l’interprète ne se détache que rarement et humblement du groupe. Noé devient un « être humain collectif montant dans l’arche de lui-même, pour liquider une existence passée et repartir de zéro ». La pièce commence dans la violence : le mur se constelle de traces sanglantes tandis que se joue le premier meurtre de l’humanité, celui d’Abel par Caïn. Noé
LA PRESSE EN PARLE
rassemble les danseurs sur un très long banc, courant sur presque toute la largeur de la scène, tandis que le bleu envahit le mur, contamine le sol. La montée des eaux est suggérée par celle, presque imperceptible tout au long de la pièce, d’un rideau bleu enserrant les danseurs. Ce déluge apparaît cependant plus heureux que cataclysmique. Une impression renforcée par la musique – la Messa di Gloria de Rossini, aux couleurs vives et envolées vibrantes. « J’ai d’ailleurs dû contrecarrer cette musique si entraînante, si XIXe siècle, qui m’empêchait de trouver mon propre mouvement », précise le chorégraphe. Il s’est inspiré des danses rituelles d’Afghanistan et d’Azerbaïdjan pour créer une chorégraphie syncrétique, plus terrienne que d’habitude. On retrouve cependant sa patte dans ces quelques touches d’humour trivial et surtout dans l’extraordinaire fluidité de ce groupe de danseurs, aussi changeant qu’une nuée d’étourneaux. Leur déluge, qui absorberait l’affrontement des corps, est cependant rattrapé par un présage ambigu : au vol de la colombe se joint celui d’un funeste corbeau…
n La Croix, Marie Soyeux, 15 mai 2017
Homme de lettres, le chorégraphe évoque la « naissance d’un nouveau monde, meilleur que le précédent ». Nous sommes prêts à le suivre. « Noé » commence par des pas comptés, sous forme de quatuor ou de trio. Puis, s’ensuit un mouvement répété, une vague de corps, les danseurs bras dessus, bras dessous ou basculant l’un après l’autre. Malandain a travaillé ce motif à foison, évoquant de belle façon l’élément liquide du spectacle. Le décor est succinct, juste un rideau de perles bleues qui semble aller et venir. Sur le plateau, les héros rassemblés de cette arche humaine s’essaient à recréer une humanité. Il y a Noé, bien sûr (Mickaël Conte, formidable d’engagement), Emzara, Cain et Abel, Adam et Eve. Thierry Malandain leur cisèle une danse inspirée à coups de grands écarts, de portés. Il y a parfois des réminiscences de Mats Ek, le génie suédois, dans ces gestes brusques, ce travail au sol. Pour le reste, c’est du Malandain pur jus, avec une efficace occupation de la scène - que ne quitte pas un instant la troupe. Surtout, il y a du jaillissement dans l’air, à l’image de cette scène qui voit Noé soulevé par les siens. Cette œuvre se teinte parfois d’un clair-obscur, comme pour signaler que l’homme n’est pas tout à fait sauvé face à son destin. Thierry Malandain, dont la musicalité est rarement prise en défaut,
ACTIVITÉ a choisi cette fois la « Messa di Gloria » de Gioacchino Rossini. C’est à la fois une bonne et une mauvaise idée : on aime la danse lorsqu’elle épouse les soubresauts de la partition, on est moins convaincu par la grandiloquence de la musique qui écrase un peu l’harmonie chorégraphique. Thierry Malandain est, de nos jours, l’un des rares chorégraphes à oser une écriture du mouvement si affûtée, comme un trait d’union entre le classique et le moderne. Avec « Noé », il embarque son public sur une mer aux couleurs changeantes. Et ose rêver d’un horizon serein.
n Les Echos, Philippe Noisette, 15 mai 2017
Noé dans les pas de Thierry Malandain Avec Noé, le chorégraphe et directeur du Malandain Ballet Biarritz trouve dans le Déluge une formidable source d’inspiration. A voir jusqu’au 24 mai au théâtre national de Chaillot… sur une musique de Rossini. Au lever de rideau, l’espace est bleu. Un bleu clair, épais, têtu, comme renversé d’un pot de peinture sur la page blanche d’un monde à réinventer. Comme si le Petit Prince avait demandé : « Dessine-moi le bleu ». Le bleu ainsi dessiné (par le décorateur Jorge Gallardo), c’est celui de l’eau. Celui du déluge, de l’eau qui tue et ranime, de l’eau qui lave. A travers Noé, personnage de la Genèse sauvé du déluge pour refaire le monde déjà mal engagé, le chorégraphe poursuit sa réflexion sur l’humanité avec le langage de la danse. Don Juan ou Cendrillon, la Belle et la Bête, Magifique, tous ses spectacles rapportent les combats de l’homme avec l’existence. Ses commencements et ses recommencements. Cette fois, Thierry Malandain a déniché la surprenante Messa di Gloria de Rossini. Une messe où le compositeur déchaîné n’entre dans la solennité du sacré que pour mieux lâcher sa fougue opératique et presque païenne dans un Gloria haut en couleurs. Seul élément de scénographie au sol, un long banc bleu mobile, tantôt esquif, tantôt vague, ordonne les mouvements des 22 danseurs du Malandain Ballet Biarritz. L’inquiétude, le combat, l’espérance s’expriment à travers une danse collective, fluide, élégante, où chacun est lié à l’autre en une longue chaîne solidaire. En contrepoint, de nombreux duos et trios permettent d’apprécier l’excellence des danseurs, et surtout la vitalité créatrice du chorégraphe dans l’art des pas de deux et des figures triangulaires.
La danse « malandaine », en effet, ne cesse d’étonner et de séduire. Le trait est large, puissant, énergique. Souple. Harmonieux, avec des dissonances. De furtives évocations plongent d’un coup le spectateur dans un lointain archaïque, quelque chose de frais, d’acidulé, de joyeux qui vient électriser le cours de ce ballet superbe. Comme toujours chez Malandain, la danse procède d’une pensée vivante et ferme. Elle ne doit rien au hasard ni à l’improvisation. Mais le merveilleux, c’est l’enrichissement constant du mouvement. L’inventivité dont il procède, nourri par l’immense culture d’un homme qui ne cesse de se cultiver lui-même. Et notre jardin par la même occasion.
Mahouy & Frederik Deberdt, Noé h Arnaud © Olivier Houeix j Noé © Olivier Houeix f Irma Hoffren & Mickaël Conte, Noé © Olivier Houeix
n L’Express, Laurence Liban, 16 mai 2017
Suite
au prochain Numéro…
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LA DANSE À BIARRITZ # 70
Lucy Maire
« Mlle Lucy Maire, qui serait sans contredit la meilleure danseuse de Paris si Mlle Carlotta Zambelli n’existait pas » (1) naquit probablement en Belgique en 1887. Moins renseignée que sa consœur italienne de l’Opéra de Paris, ses origines, sa formation restent ignorées, mais elle dut étudier aux sources les plus sûres, puisque la presse salua sans relâche : « sa bonne école », « sa danse toute classique » et « l’éclat de sa technique magistrale ». Ainsi, Raoul Davray écrira en 1923 : « Lucy Maire possède le rayonnement et la prestance. La netteté de sa batterie n’a d’égale que la vigueur de ses temps de pirouette. Taquetés, parcours, port des bras attestent une nature de danseuse née. Son ballon est remarquable : elle s’enlève facilement, saute très haut et sait se poser en descendant. Même quand elle marche, on sent qu’elle a des ailes » (2).
Suivant l’unique notice biographique retrouvée, « notre danseuse étoile fit ses premiers pas sur les planches au Théâtre royal de la Monnaie sous la direction de M. Soyer de Tondeur » (3). Ce qui n’est guère possible, puisque Jean de Sagers, dit Soyer de Tondeur, aux ordres duquel elle évolua effectivement, mais bien plus tard, n’œuvra pas à Bruxelles. C’est donc vraisemblablement auprès de Camille Lafont, puis de Giorgio Saracco, maître de ballet à Biarritz en 1911, qu’elle débuta en Belgique. « Engagée à Paris, au Châtelet, à l’âge de 15 ans, Lucy Maire y débute comme première jusqu’à sa majorité, sous les ordres d’une maîtresse de ballet émérite, Mme Stichel, l’émule de Mariquita » nous dit encore son biographe. Au vrai, Alexandre Fontanes, directeur du Châtelet l’engagea d’abord comme 2e danseuse en 1902. Après sa clôture annuelle, ce théâtre à grands spectacles, où chacun trouvait son compte, rouvrit,
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le 12 août avec la 200e d’une féérie de Paul d’Ivoi : les Cinq Sous de Lavarède (1902), dont le maître de ballet hollandais Anton Van Hamme avait réglé les danses avant de collaborer, le 30 octobre aux Aventures du Capitaine Corcoran de Paul Gavault, Georges Berr & Adrien Vély. Le Palais merveilleux et son ballet hindou souleva l’enthousiasme, mais les variations de l’étoile revenant à Emma de Consoli, Lucy Maire n’attira pas l’attention des journaux. Il en sera de même le 14 mars avec les Pirates de la Savane (1859) d’Anicet Bourgeois & Ferdinand Dugué. Par parenthèse, la sensibilisation du jeune public étant déjà d’actualité, lors de la visite d’Edouard VII et des congés accordés en son honneur, les 2 et 3 mai, on donna deux matinées réservées aux collégiens. Puis, le 15 mai, la vaste scène reçue pour la première fois Robert Macaire (1835) drame burlesque remanié par Philippe Gille & William Busnach dont « les ballets souples de groupements agréables » furent applaudis jusqu’au 15 juin. Le théâtre rouvrit, le 12 août 1903 avec Michel Strogoff (1880) d’Adolphe d’Ennery & Jules Verne. Anton Van Hamme ayant rejoint le Capitole de Toulouse, Alexandre Fontanes fit appel au talent de Luigia Manzini, dite Louise Stichel, qui styla les ballets et les divertissements jusqu’en 1908 avant de consacrer sa réputation à l’Opéra de Paris où elle sera la première femme à diriger la danse. Quant à Lucy Maire, « l’art le plus subtil des pointes n’étant qu’un jeu pour la brillante ballerine » (4), elle passa « 1ère danseuse étoile ». C’est alors que l’assassinat à Aix-les-Bains de la cocotte parisienne, Eugénie Fougère et de sa bonne dont elle partageait le nom défraya la chronique. On ignore si cette homonymie lui porta préjudice. Toutefois, parmi les accusés, Victorine Giriat, danseuse tombée dans la vie galante et dame de compagnie d’Eugénie Fougère sera condamnée à 15 ans de travaux forcés pour le meurtre et le vol des bijoux de « la belle frou-frou ». En revanche, on ne sut jamais qui tua Lucie Maire, 22 ans, retrouvée bâillonnée, pieds et mains ligotés le 20 septembre 1903. Après ce fait divers et 102 représentations de Michel Strogoff, le 20 novembre, sous la plume à succès de Victor de Cottens & Victor Darlay, vint l’Oncle d’Amérique, musique du chef d’orchestre Marius Baggers, qui signait la plupart des partitions du Châtelet. Cette pièce « où l’on devait applaudir la fine et talentueuse Lucie Maire » (5) déroulait un grand ballet vénitien, une sabotière hollandaise, un divertissement sur patins à roulettes et un cake-walk. 104 représentations plus tard, le 29 mars, on rejoua les Cinq Sous de Lavarède : « Les ballets ont été réglés à ravir par Mme Stichel, où évoluent 80 danseuses conduites par la gracieuse Lucie Maire » (6). Après quoi, du 23 avril au 5 juin, Michel Strogoff clôtura la saison.
LA DANSE À BIARRITZ # 70 Le 5 août 1904, la rentrée régala les yeux avec les Pirates de la Savane, puis le 16 octobre, permettant à « Mlle Lucy Maire de remporter un triomphe » (7) vint la première de Monsieur Polichinelle de Louis Decori & Victor Darlay. Le 14 décembre, à la grande joie du public, on reprit le légendaire Tour du monde en 80 jours (1874) d’Adolphe d’Ennery & Jules Verne qui mit en avant « l’exquise danseuse au talent tout de grâce élégante » (8). Se déroulant encore en diverses parties de l’univers, le 2 mars, Tom Pitt, le Roi des pickpockets de Victor de Cottens & Victor Darlay fut propice à louer « ses jambes spirituelles » et celles « agiles et harmonieuses » de danseuses anglaises : les Ping-Pong’s. Le théâtre ferma le 10 juin pour rouvrir le 10 août 1905, avec Tom Pitt dont la dernière se donna le 25 août sans « les pointes impeccables » de notre danseuse. Car Alexandre Fontanes ayant acquis le privilège exclusif du Tour du Monde en 80 Jours, dès le 1er août « la gracieuse étoile du Châtelet » encadrée de 60 danseuses joua durant deux mois la pièce de Jules Verne à l’Alhambra de Bruxelles. Elle sera simultanément reprise au Châtelet, le 26 août, tandis qu’une troisième troupe parcourrait les principales villes de France. Après ce succès populaire et d’argent, en octobre, on répéta les Quat’ cents coups du Diable. Avec cinq ballets, huit défilés et d’innombrables trucs, dont des effets spéciaux dû à Georges Méliès, cette féerie de Victor de Cottens & Victor Darlay devait être un des spectacles les plus importants donnés à Paris. Grâce aux luxueux costumes d’Alfredo Edel exécutés par la Maison Landolff, aux scènes cinématographiques du « voyage dans l’espace » et « du cyclone avec ses rafales de vent », les Quat’ cents coups du Diable créé le 23 décembre 1905 tint l’affiche durant les cinq premiers mois de l’année et le 10 juin, le théâtre fit son habituelle clôture. Il rouvrit le 3 août 1906 avec Michel Strogoff qui continua sa carrière jusqu’au 11 novembre. Puis, le 6 décembre vint Pif ! Paf ! Pouf ! ou Un voyage endiablé de Victor de Cottens & Victor Darlay. « Danseuse de grande école, dont la vigueur et la souplesse, ont soulevé de frénétiques applaudissements » (9) Lucy Maire eut alors les honneurs du critique dramatique Fernand Nozière : « Je tiens à féliciter spécialement la danseuse étoile, Lucie Maire, aux jambes nerveuses, aux pointes solides, aux parcours puissants. Elle a exécuté devant nous des tours de force prodigieux. Comme j’ignore les secrets des dieux et les mystères des coulisses, je me demande pourquoi Lucie Maire n’occupe pas une place importante dans le corps de ballet de l’Opéra » (10). Le 16 mars 1907, Pif ! Paf ! Pouf ! fit place au Voyage de Suzette (1890) d’Henri Chivot & Alfred Duru où « l’incomparable danseuse étoile, fit avec toute la troupe si
disciplinée du Châtelet la joie des petits et des grands » (11). Après quoi, du 24 avril au 27 mai on refit le Tour du Monde en 80 jours. C’est avec les Pilules du Diable (1880) de Ferdinand Laloue & Anicet Bourgeois déjà joué des centaines de fois, que le Châtelet rouvrit le 9 août 1907. Arriva ensuite, le 16 novembre, la Princesse SansGêne d’Henri Kéroul & Albert Barré. « La salle fait chaque soir, une interminable
ovation à Lucie Maire, qui, dans le ballet des Amours s’envole sur des pointes empruntées aux flèches d’Eros » (12) écrit Henri Gallois. Puis, le 1er mars, avec le concours d’Henry de Gorsse & Georges Nanteuil, le Châtelet afficha une Revue, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des décennies. « Réglés avec beaucoup d’art et de goût », les ballets valurent de nouvelles acclamations à notre danseuse, qui encore rayonnante de son succès lira dans Le
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Lucy Maire © Moulet & Roure Marseille Châtelet, Monsieur Polichinelle, Louise Stichel réglant le divertissement du 2e tableau
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LA DANSE À BIARRITZ # 70 Figaro : « Lucie Maire dont les progrès sont incessants est arrivée à une étonnante maîtrise chorégraphique » (13) tandis que Le Journal amusant saluera « une étoile de première grandeur qui fait ce qu’elle veut de ses pieds » (14). Luxueuse, joyeuse et satirique, la Revue du Châtelet semblait partie pour 200 représentations, mais le 18 avril, on reprit les Pilules du Diable jusqu’à la clôture le 26 mai.
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Monsieur Polichinelle, le Temple d’Eléphanta (ballet), © Larche
Profitant de son congé annuel, « l’impétueuse » étoile signa alors avec Amédée Saugey, metteur en scène, directeur du Casino de Vichy et de l’Opéra de Marseille. Sous la direction de Soyer de Tondeur, maître de ballet, 1er danseur au Grand-Théâtre de Lyon, elle débuta à Vichy le 30 juin par le 1er acte de Sylvia (1876)
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de Léo Delibes & Louis Mérante. Puis, entre les ballets d’opéras, on l’applaudit, le 30 juillet dans la Maladetta (1893) de Paul Vidal & Joseph Hansen, dont Pedro Gailhard avait conçu le livret à Biarritz, puis le 23 août dans Espada (1908) de Jules Massenet. Imaginé par le baron Henri de Rothschild, signant René Maugars et chorégraphié par Giorgio Saracco, ce ballet ibérique avait été créé pour la danseuse Natacha Trouhanowa, le 15 février 1908 à Monte-Carlo. « Remarquablement réglé par M. Soyer de Tondeur, il permit à Lucy Maire, danseuse étoile, de faire admirer la virtuosité savante de sa chorégraphie » (15). Après « l’exquis ballet de Massenet » et une dernière Maladetta, fin août Lucy Maire rentra au Châtelet où Louise Stichel, avait cédé sa place à Mme Daynes-Papurello. Inhumée dans notre département à Gan auprès de son époux, le peintre Victor
Daynes, Rita Papurello, maîtresse de ballet à Biarritz en 1902 et 1903, œuvrait alors au Théâtre de la Porte-Saint-Martin et au Moulin Rouge. Elle débuta au Châtelet, le 7 août 1909 avec le Tour du Monde en 80 jours que Lucy Maire prit en marche. Puis, le 4 novembre passa la reprise dûment rajeunie d’une féerie de 1852 : la Chatte Blanche d’Hippolyte & Théodore Cogniard. « Les évolutions du corps de ballet et les pointes et entrechats de Mme Lucie Maire ne sont guère plus pesants que le vol badin et paresseux des charmants lépidoptères » (16) diront Édouard Noël et Edmond Stoullig. Tandis que le 27 décembre, dans les Aventures de Gavroche, pièce nouvelle de Gaston Marot & Victor Darlay, « ses pointes et ses jetésbattus provoquèrent, comme toujours l’enthousiasme du public » (17) notamment dans le ballet des cowboys donné jusqu’au 9 mai. Dès le lendemain, tandis qu’on aménageait « miraculeusement » la salle pour accueillir la première saison de ballets russes, sous l’œil actif de Michel Fokine, les danseurs réunis par Serge Diaghilev répétaient : le Pavillon d’Armide, le Festin, Les Sylphides, etc . Décors admirables, richesse des costumes, virtuosité des premières ballerines et des danseurs, dès la générale du 18 mai 1909 l’enthousiasme fut débordant. « Dans les couloirs aux entr’actes, on discuta ferme sur les qualités comparées de ces russes et de nos artistes français. Certains préconisaient la manière française ; beaucoup réclamaient la palme pour la Scala de Milan, mais le plus grand nombre des spectateurs proclamaient l’incontestable supériorité des écoles de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Pour ma part je ne puis que me ranger à ce dernier avis. L’école russe me paraît d’une supériorité écrasante, à notre chorégraphie française, tombée vraiment en décadence » écrira Paulinus, dans Comoedia, avant « qu’un russe, un spécialiste de la danse, un connaisseur comme nous n’en avons pas en France », voulut bien lui donner les raisons de cette supériorité : « Si la Russie a conservé plus que toute autre nation, le culte de la beauté chorégraphique, cela ne vient point seulement de ce que le ballet là-bas à le titre d’Impérial ; il a fallu que les milieux cultivés de la société russe, contribuassent par leurs préférences au maintien dans toute leur pureté des meilleures traditions de la danse classique, introduite dès le temps de la grande Catherine » (18). En France, l’élite cultivée ou aisée rabaissant depuis des lustres la danse au rang d’art accessoire, on ignore, ce que Lucy Maire pensa de tout cela, réengagée par Amédée Saugey à Vichy, elle débuta le 1er juin dans le Ballet du Roy de Manon. Puis après Roméo et Juliette, les Huguenots, Samson et Dalila, Carmen et Faust, « étourdissante de brio » au bras de Marguerite Carrica,
LA DANSE À BIARRITZ # 70 1er travesti, elle parut dans Coppélia (1870) de Léo Delibes & Arthur SaintLéon chorégraphié par Soyer de Tondeur qui offrit ensuite deux nouveautés : le 8 juillet, le Cabrettaïre, ballet fantastique tiré d’une légende auvergnate sur des airs locaux harmonisés par Marius Versepuy : « bourrées, pas classiques et pantomimes avaient été réglés, avec un soin tout particulier, par M. Soyer de Tondeur qui se montra mime accompli dans le rôle principal du Cabrettaïre. La Fée des blés, c’était Lucy Maire. Son rôle comporte plusieurs variations très compliquées ; mais l’excellente danseuse se joue des difficultés chorégraphiques avec une étonnante virtuosité » (19). Ce fut ensuite, le 27 juillet, la Chèvre de M. Seguin de Benjamin Godard orchestré par Maurice Levy dont le livret dû à Mme Henry Ferrare s’inspirait d’Alphonse Daudet : « Lucy Maire, qui n’avait de l’espèce caprine qu’une charmante petite coiffure pourvue de cornes dorées, a dansé ses variations avec une merveilleuse virtuosité. […] Le public a longuement applaudi cette œuvre exquise montée richement, dans de jolis décors, et avec un goût très sûr » (20). Après ses adieux à Vichy, Lucy Maire ne rentra pas au Châtelet, mais suivit Amédée Saugey à Marseille comme « 1ère danseuse étoile noble ». La troupe de Charles Céfail, maître de ballet, 1er danseur comptait Olympia Sosso, 1ère danseuse demicaractère, Marguerite Carrica 1er travesti, 4 petits sujets, 4 coryphées et 32 dames du corps de ballet qui débuteront le 6 octobre par Roméo et Juliette dont « le grand ballet, parfaitement réglé par M. Céfail, permit d’applaudir la danse gracieuse, précise et savante de Lucy Maire » (21). Cette soirée inaugurale fut suivie dès le lendemain de Lakmé, avant d’alterner avec 39 autres titres lyriques dont la plupart faisaient appel à la danse. Ainsi après le Trouvère lira-t-on : « le clou de la soirée - me pardonne Verdi - fut la vertigineuse,
la pirouettante Lucy Maire, virtuose de la pointe et de l’entrechat » (22). Sinon, outre Coppélia dansé par exemple en lever de rideau du Barbier de Séville, le 3 novembre, Amédée Saugey avait promis : la Korrigane, Javotte, la Chèvre de M. Seguin et les Erinnyes. Mais, apparemment seules les danses grecques des Erinnyes seront offertes. Drame antique de CharlesMarie Leconte de Lisle pour lequel Jules Massenet avait écrit une musique de scène en 1873, puis des airs de ballet en 1876, les Erinnyes avait été joué en plein air à Marseille le 3 juillet 1906 devant le Palais de Justice, puis le 27 septembre 1908 au Théâtre Athéna-Niké. Soyer de Tondeur, qui détachera les danses pour en faire un ballet, à Lyon le 25 février 1910, était l’auteur de la chorégraphie. Charles Céfail, lui emboitera le pas le 15 mars lors d’une soirée associant la première de la Légende du Point d’Argentan, une reprise d’Orphée et « la première des Erinyes le délicieux ballet de Massenet, par quoi se terminait le spectacle » (23). Début avril, lors des Adieux de la troupe, « Lucy Maire fit admirer sa légèreté et sa grâce de prima donna dans le ballet de Faust et reçut un juste hommage fleuri de la part de ses nombreux admirateurs » (24). Ensuite « disponible du 5 avril au 5 juin » selon les journaux théâtraux, « la très gracieuse artiste tant admirée, dont la danse stupéfie et charme à la fois par sa virtuosité et ses hardies innovations » (25) alla danser Michel Strogoff à Lyon auprès de Soyer de Tondeur, puis enchaîna avec Rennes où pour la première fois, elle régla les ballets d’Hamlet, Aïda et Faust donnés les 15 et 16 mai au Champ-de-Mars à l’occasion de la Fête des fleurs. Après quoi, le 2 juin, elle retrouva Vichy. Ovationnée dans Faust, Lakmé, Manon, les Huguenots, Quo Vadis, Thaïs, on l’admira aussi dans le Myosotis (1886) ballet de Giorgio Saracco, musique de Philippe Flon, revu par Soyer de Tondeur, mais aussi dans la Chèvre de M. Seguin et les Erinnyes.
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Lucie Maire © Cairol
Fête des fleurs, Rennes © Edmond Mary-Rousselière
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Marcel Laroche
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Fêtée de la façon la plus chaleureuse, « l’extraordinaire Lucy Maire », reparut à Marseille le 11 octobre 1910 dans les Huguenots, dont le ballet suite à l’engagement de Céfail au Kursaal de Genève, avait été réglé par le chef de la danse de l’Opéra de Paris, Léo Staats et son élève Marcel Milhet, qui assuma ensuite la direction. Excellent danseur, il mourra au champ d’honneur en avril 1918. En attendant, ovationnée à chacune de ses apparitions, Lucy Maire émerveilla dans la Favorite, Hamlet, Salomé, Quo Vadis ?, Guillaume Tell, le Trouvère, etc., mais aussi dans Coppélia et le Cabrettaïre mis en relief par Marcel Milhet le 15 mars 1911. Dans Les Salons Massilia, où le maître de danse américain, George Clifton-Barnett donnait ses leçons, on la remarque aussi dans des démonstrations de tango argentin. Après les Adieux d’avril et le classique défilé des cadeaux : « par moments la scène revêtait l’aspect de la devanture d’un de nos grands magasins, un jour d’exposition » 26) Lucy Maire retrouva Vichy en juin, où sous le bâton de Soyer de Tondeur, « le ballet d’Hamlet valut à l’exquise danseuse, une entrée triomphale » (27). Sa virtuosité et son style brillèrent ensuite dans les Erinnyes, les Deux Pigeons (1886) d’André Messager & Louis Mérante, ainsi que dans Ginska de Paul Bertnay & Henri Dupuy-Mazuel, musique de Pierre Carolus-Duran. Tiré d’une légende russe ce ballet avait été créé en avril 1910 au Grand Cercle d’Aix-lesBains par Michel-Ange d’Alessandri avant d’inspirer Soyer de Tondeur à Vichy le 30 juillet. Ne rêvant plus que de ballets russes, Comoedia notera : « la chorégraphie de ce ballet est supérieurement réglée par M. Soyer de Tondeur qui, s’inspirant des procédés des ballets russes a complétement renouvelé son style » (28). En revanche, on ne dira rien des danses exotiques de l’Invocation à Boudha, donné en août. Composé par Léon Moreau, ce ballet avait été vu pour la première fois le 26 avril 1910 à Paris, au Théâtre Michel, avec la danseuse Yetta Rianza.
fois et au répertoire depuis 1905, Javotte (1896) de Jean-Louis Croze & Soyer de Tondeur, musique de Camille Saint-Saëns ne sera dansé que 3 fois. En somme, malgré le souci « de rompre avec une tradition désuète » (30), outre la pénurie de créations, à Marseille comme ailleurs, la place faite à « un art difficile, tyrannique et distingué » (31) dixit le peintre Eugène Mesplès, était maigre.
C’est avec Roméo et Juliette que s’ouvrit à Marseille la saison 1911-12 auprès de « l’inégalable Lucy Maire, accueillie d’un murmure flatteur » se tenaient, Rina Mô, 1ère danseuse demi-caractère et Madeleine Ferrero, 1er travesti. Rentré de Genève avec « le désir évident de rompre avec la routine » (29), Céfail imaginera de nouveaux pas pour Roméo et Juliette, Faust, Hamlet, la Favorite et Lakmé. Plus en détail, faisant l’objet de 203 représentations, 48 ouvrages lyriques dont 5 créations seront offerts aux marseillais en 1911-12. La plupart useront du corps de ballet, qui en lever de rideau ou en fin de soirée ne se produira que 16 fois dans un ballet détaché. Ainsi, faisant admirer « les envolées vertigineuses » de Lucy Maire, Coppélia sera donné 7 fois, la Korrigane (1884) de François Coppée & Louis Mérante, musique de CharlesMarie Widor 6 fois, le Myosotis (1886) 5
« M. Saugey, ne veut, en rien, être en retard sur la capitale. En même temps qu’il rajeunit son répertoire d’opéra, il rénove les manifestations d’art chorégraphique. C’est ainsi qu’il offrait avant-hier à son public, la primeur d’une scène mimée sur la fameuse Invitation à la valse de Weber ; l’interprétation, qui opposait ici l’art français à l’art russe, fut véritablement brillante. Mlle Lucy Maire, en travesti, voleta, voltigea, s’envola, avec une grâce et un brio exceptionnels et Mlle Rina Mô fut son impeccable partenaire » (33).
Après l’avalanche de fleurs des Adieux d’avril, Lucy Maire récolta les bravos à Montpellier où elle était souvent invitée, puis se montra « une danseuse de la bonne école, pleine de distinction et de virtuosité chorégraphique » (32) à Monte-Carlo, notamment dans la Korrigane réglée par Giorgio Saracco. Après quoi, toujours sous Soyer de Tondeur, « sa virtuosité et son charme furent acclamés » à Vichy dans les ballets d’opéras, mais aussi dans Coppélia, Sylvia, les Erinnyes et en juillet dans le Cœur de Floria d’André de Lorde, musique de Georges Menier. « Petite merveille de chorégraphie » dû à Mariquita, cette histoire d’envoûtement au Moyen-âge avait été créée à la Gaîté-Lyrique le 7 mai 1911. Soyer de Tondeur reprendra également Autrefois, série historique de danses, musique de William Marie qu’il avait monté à Lyon le 28 février 1912. Laissant Vichy et son affluence élégante, « l’enfant gâté de notre public » retrouva Marseille où le relevé des œuvres en 1912-13 laisse poindre le 20 novembre une création de Céfail : la Rose enchantée, musique de Carl Maria von Weber. Plagiant le Spectre de la rose (1911) de Michel Fokine qui avait valu d’interminables ovations à Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski au Châtelet ; « ce bel et original effort d’art » écrit sans rire Comoedia montrait Lucy Maire en travesti dans le rôle de la rose et Rina Mô dans celui de la jeune fille endormie. Inconsciente du ridicule de la situation la Revue française de musique notera de son côté :
Après la soirée d’Adieux d’avril, Lucy Maire ne régala pas Vichy « de sa grâce spirituelle et de ses pointes savantes », puisque Michel-Ange d’Alessandri, le successeur de Soyer de Tondeur lui préféra Rina Galimberti. Par ailleurs, Charles Céfail
LA DANSE À BIARRITZ # 70 ayant cédé son poste à Mme Parlato, elle ne fit pas non plus sa rentrée à Marseille, mais signa à Nice au Palais de la jetéepromenade, où durant la saison 1913-14, elle n’enchaîna que des opérettes : la Fille de Mme Angot, les Cloches de Corneville et autres Saltimbanques. Maigre pâture pour une « étoile de première grandeur », mais sans être dans le secret des cœurs, il est possible qu’elle renonçât aux opéras et aux ballets pour retrouver à Nice un artiste à l’humour personnel et communicatif : Joseph Pascaud, dit Marcel Laroche. 1er comique de la troupe, qui plus tard à Saint-Etienne sera présenté comme son mari. Il y a toutefois là un mystère qu’avec Anne Londaitz, complice des recherches généalogiques, nous n’avons pu éclaircir. Car né en 1882, Marcel Laroche avait épousé à Besançon en 1910, Marthe Bernichaud, dite Yvonne Valogne, artiste lyrique née à Lyon en 1884. Les coïncidences se multipliant, longtemps nous avons pensé que derrière Marthe Bernichaud dont les parents originaires de Bordeaux s’étaient installés à Lyon après 1882 se cachait la véritable identité de Lucy Maire. Ce qui aurait pu justifier ses débuts auprès du sévère Soyer de Tondeur, qui après Rouen et Tunis se fixa à Lyon en 1896. Mais rien de tel, puisque selon Alain Malexis, le petit fils de Marcel Laroche, Marthe Bernichaud de l’Opéra-Comique était assurément cantatrice. Elle divorcera de Marcel Laroche en 1949 pour épouser dans la foulée le ténor André David auprès duquel elle chantait depuis 1925. Autrement, voulant faire du théâtre à tout prix, Marcel Laroche avait commencé au régiment et s’était résolu de continuer : « J’ai choisi mon métier parce qu’il me permettait de voyager. Je dois dire que j’étais fonctionnaire au P.T.T. Mais un jour, je suis resté sans emploi ; des camarades m’offrirent de partir avec eux, je les suivis ce fut ma première en tournée » (34). Hasard ou pas, bien des engagements lui permettront de croiser Lucy Maire, qui malgré tout fit à Nice l’actualité des journaux parisiens : « Lucy Maire, qui fut 1ère danseuse au Châtelet, vient d’être victime d’une petite mésaventure qui, fort heureusement, s’est solutionnée sans grand dommage pour elle. En rentrant, avant-hier, après la représentation, elle trouva son appartement, situé 13 rue Masséna, dans le plus complet désordre. Des malfaiteurs avaient passé par là. Lucy Maire fut désagréablement surprise en constatant la disparition d’un sac à main contenant 24.000 francs en billets de banque, plusieurs bijoux et 5.000 francs de titres. La danseuse, le lendemain matin, alla prévenir la police, qui vint aussitôt faire une enquête. Le vol avait été commis dans des circonstances assez bizarres. Aucune trace d’effraction ne fut, en effet, relevée sur les portes
de l’appartement et de la chambre, qui avait dû être ouverte à l’aide de fausses clefs. Certaines indications firent présumer que c’était un familier qui avait très probablement perpétré le vol et l’enquête fut orientée vers cette piste. Or, hier, en cherchant quelque chose dans un carton à chapeau, Lucy Maire eut l’agréable surprise d’y trouver son sac avec son précieux contenu. Le voleur repentant avait fait une restitution anonyme et la danseuse toute heureuse, alla prier la police de cesser les recherches entreprises » (35).
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Académie Fraser Edia Tikanowa © Noyer
Le 1er août 1914, le gouvernement décréta la mobilisation générale, Marcel Laroche jouait alors au Casino de Royan, le Comte de Luxembourg dont Marguerite Nercy avait réglé les danses. Lucy Maire ne figurant pas au tableau de la troupe, on ignore ce qu’elle devint. Seule certitude, sur une scène montée dans le parc du Château Bel-Air, à Caudéran, devenu en 1965 un quartier de Bordeaux, du 18 juin au 10 septembre 1915, elle dansera auprès de Marguerite Nercy dans Samson et Dalila, Hérodiade, la Fille du Régiment, la Dame blanche et les Huguenots. Après quoi, elle disparut des chroniques, pour ne ressurgir qu’en 1919 : le 3 février à Nantes au Théâtre Graslin « dans la célèbre valse du ballet de Coppélia » pour le Gala des étudiantes, et dès le 24 mai à Paris, aux Variétés dans Un Mariage parisien, opérette nouvelle de Georges Léglise, musique d’Henri Goublier. Après cinq ans de flou, en octobre 1919, engagée par Constantin Bruni, « l’étoile incontestée de la danse » rejoignit l’Opéra de Nice et son corps de ballet présidé par Céfail. Le relevé des ouvrages ne montrant rien de particulier, on retiendra la première niçoise de Maroûf, savetier du Caire, comédie-lyrique d’Henri Rabaud, « dansée avec grâce et esprit par Lucy
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LA DANSE À BIARRITZ # 70
••• Maire et toutes les ballerines sémillantes et frétillantes » (36) note un critique à l’imagination surchauffée. L’été venu, elle se fit applaudir au Casino de Trouville dans Faust, Manon et autres Thaïs, puis revint à Nice pour « une éblouissante rentrée » dans les Huguenots. Suivra, le 25 février 1921, la création de Melitza, ballet d’Henri Passerieu, musique de Gustave Heim : « impeccable et brillamment enlevée par Lucy Maire » (37). En septembre 1921, « la princesse des pointes et des élévations » fut annoncée comme 1ère danseuse noble à Montpellier, mais la presse locale ne s’en souvenant pas, nous ignorons son programme en 1921-22. En revanche, la saison d’après, elle défraie la chronique à Saint-Etienne : « Un incident a marqué, hier soir, (23 novembre 1922) la représentation donnée au Théâtre Massenet. Le critique d’un journal stéphanois n’ayant pas complètement apprécié le talent de la danseuse Lucy Maire, le mari de celle-ci, l’artiste Laroche, assaillit le critique théâtral et le frappa violemment » (38). Cet incident fut-il soumis à l’appréciation des juges ? On l’ignore, mais « Lucy Maire, maîtresse de ballet et 1ère danseuse du Théâtre de Saint-Etienne » demanda la résiliation de son contrat. Maintenant, même si le rédacteur stéphanois « avait fait preuve à son égard d’une excessive sévérité », son art était-il sur le déclin ? C’est peu probable puisque lorsqu’elle rejoignit ou retrouva Marcel Laroche, grand comique et régisseur d’opérette à Montpellier en 1923-24 ; selon Le Petit Méridional, aux ordres de l’italienne Maria Céréda, elle reste « étourdissante de brio et soulève l’enthousiasme » dans Faust, tandis qu’Hamlet « consacre toujours son triomphe ». Cependant, après ses Adieux à Montpellier, le 23 avril 1924, la danseuse publia cette annonce dans la presse parisienne : « Mme Lucy Maire, du Châtelet, ouvre 36, rue de Bondy, un cours de danse classique. S’y adresser le matin de 10 heures à midi, ou écrire : 34, rue de Malte (XIe) ». Pour tout dire, au 34 rue de Malte, était domicilié Marcel Laroche, tandis qu’au 36, rue de Bondy se tenait la Fraser Académie,
où le danseur Fraser après « quatorze ans d’excellents résultats » « faisait » les artistes de music-hall. Lucy Maire y enseigna jusqu’en avril 1925. Entre temps, Leimistin Broussan, ex co-directeur de l’Opéra de Paris qui présidait la saison lyrique du Casino Municipal de Biarritz l’engagea comme maîtresse de ballet. Malheureusement, l’ultra-mondain et érudit Jean Dargène, rédacteur théâtral à la Gazette de Biarritz n’en fera pas l’écho. Ex-officier de marine, poète, romancier, ne s’intéressant qu’à la facture des ouvrages et aux belles notes, il ne livrera sur la danse que des amabilités inutiles à notre enquête. Toutefois entre ses « compliments aux charmantes danseuses », il citera tout de même la première d’entre elles, Andrée Comte et son partenaire Pierre de Wandelaer, 1er danseur, maître de ballet au Grand-Théâtre de Bordeaux. Du 9 août au 28 septembre 1924, après une série d’opérettes, parmi vingt titres dirigés par Georges Razigade et mis en scène par Louis Berthaud de l’Opéra-Comique, la troupe de Lucy Maire enchaînera, Hérodiade, Manon, Lakmé, Mireille, Samson et Dalila, Thaïs, la Chaste Suzanne, Carmen et autres Marouf, joué pour la première fois à Biarritz, le 4 septembre. Le 1er après le passage des Ballets fantastiques de Loïe Fuller (29 août), à l’occasion d’un Grand gala, la danseuse Edia Tikanowa s’était produite sur la même scène dans « ses dernières créations » entre Paillasse et l’Heure Espagnole de Maurice Ravel. Le 9, lors du Gala des roses, c’est au Pavillon Royal, ex-résidence de la Reine Nathalie de Serbie devenu le « plus beau dancing du monde » qu’on accueillera le corps de ballet de la Scala de Milan conduit par Nicola Guerra, hélas sans commentaires. Tandis que le 13, la Ville reçut le capitaine Georges Pelletier Doisy et son mécano Lucien Besin. Héros de 1418, ces As de l’aviation venaient de réussir en 20 étapes le raid Paris–Tokyo. Au profit des œuvres de l’Aéronautique française, Leimistin Broussan, qui venait de faire acte de candidature à l’Opéra-Comique afficha la Navarraise et Coppélia : « J’espère que Mlle Zambelli, la grande étoile de la danse pourra venir danser Coppélia. J’aurai bientôt une réponse de M. Rouché, directeur de l’Opéra, consentante je le souhaite » avait-il confié. Là-dessus, Jean Dargène reste encore muet, mais il semble que Jacques Rouché n’envoya pas Carlotta Zambelli, qui avait inauguré le Casino Municipal en 1901, mais Anna Johnson dont la rentrée au Palais Garnier se fit justement dans Coppélia le 25 septembre. En octobre, Lucy Maire, retrouva ses élèves rue de Bondy jusqu’en avril 1925, après quoi elle s’installa au Théâtre de Belleville pour y offrir : « leçons de danse classique, cours d’ensemble et leçons particulières sur scène ». Elle ne ressurgira dans les chroniques théâtrales qu’en 1928-29. Sous la direction de René Marjolle, elle est alors maîtresse de ballet au Grand-Théâtre de
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Toulon où Marcel Laroche apparaît comme régisseur général. Au sommet de la troupe figuraient : Mentine Patty, 1ère danseuse étoile, Olga Martinova, 1ère danseuse demi-caractère et Robert Geissen, « danseur classique en tous genres ». En effet, militant avec les Camelots du roi pour un nationalisme antirépublicain, antidémocratique et antisémite, en 1935 après une rixe avec « les rouges », le danseur sera hospitalisé à Aix-en-Provence avec une balle dans la cuisse gauche... En attendant, au milieu des ballets d’opéras, Lucy Maire « régla de façon parfaite » le Myosotis (1886) et créa à Toulon, l’Aprèsmidi d’un faune (1912) de Claude Debussy d’après Vaslav Nijinski, Javotte (1896) et Nuit de Printemps, sur une musique sans doute tirée d’Amaryllis (1906) d’André Gailhard, fils de Pedro Gailhard largement connu à Biarritz. Après les bravos prolongés de la soirée d’Adieux où l’on donna l’inusable ballet de Faust, en 1930-31 Lucy Maire céda sa place à Georges Mériadec. Un mauvais choix pour le maître de ballet liégeois, puisque dans le contexte de la Grande dépression, au moment précis où surchargés de frais écrasants et de taxes d’exception les théâtres s’épuisaient, en janvier 1930, René Marjolle déposa son bilan et ferma les portes du Grand-Théâtre de Toulon. Ajouté à la vogue du cinéma qui dans des salles plus confortables portait tort aux scènes lyriques et dramatiques, (ce qui n’évitera pas en 1934 un rapport sur les causes et les raisons du chômage des professionnels français du cinéma), dans la foulée nombre de théâtres supprimèrent leurs troupes au profit d’artistes de passage. Dans ce marasme lié à la crise économique et aux mutations de l’activité théâtrale, Lucy Maire fut-elle atteinte par la vague de chômage qui déferla ?
Andrée Comte © Studio Lorelle
Laissée en 1930 à Toulon, on la retrouve en 1932-33 au Théâtre Municipal de Clermont-Ferrand, où « les dames du ballet ont remplacé la quantité par la qualité, grâce au talent incontesté de la réputée maîtresse de ballet, Mme Lucy Maire » (39). Avec Germaine Landon pour étoile et Mona Mengozzi comme demi-caractère, ces dames auront à leur programme : la Poupée, la Fille de Madame Angot, Moineau,… et le ballet de Faust. En fin de saison, Lucy Maire quitta ClermontFerrand pour une destination inconnue. Et, alors que Marcel Laroche paraît à l’Alhambra en 1933-34 et à la Porte SaintMartin en 1934-35 avec le tchèque Vaslav Veltchek comme maître de ballet, elle ne laisse aucune trace dans les journaux jusqu’en novembre 1937. Date à laquelle, on l’annonce à nouveau à ClermontFerrand avec « la compagnie d’opérette de Marcel Laroche » dans le Comte de Luxembourg : « les danseuses ayant à leur tête Marguerite Régia se feront applaudir dans les divertissements réglés par Lucy Maire, du Châtelet » (40). Et, tandis que Marcel Laroche est toujours à l’affiche en province, à l’instar du Théâtre Municipal de Nancy où en 1941-42, sous la direction de Maurice Catriens, il apporte une heureuse diversion à la rigueur des temps dans des opérettes dont les ballets sont réglés par Andrée Comte. Âgée de 55 ans environ, Lucy Maire semble avoir cessé toutes activités artistiques. Malgré les recherches les plus actives, on n’en saura guère davantage, si ce n’est que Joseph Pascaud, alias Marcel Laroche s’éteignit rue de Malte, le 29 juillet 1964, à 82 ans. Divorcé en 1949 de Marthe Bernichaud, dite Yvonne Valogne, « cantatrice des opéras français et étrangers » dont il était séparé depuis longtemps, selon son faire-part de décès, il laissa une veuve : « Madame Joseph Pascaud, née Vilaret, son épouse ». Prénommée Françoise Alexandrine, cette seconde femme étaitelle Lucy Maire, « la rivale de Terpsichore elle-même ! » ? M. Alain Malexis n’ayant jamais vraiment connu Marcel Laroche et ignorant à l’instar des documents officiels que son grand père s’était remarié, nous en resterons là.
(1) Les Annales du théâtre et de la musique / Édouard Noël et Edmond Stoullig, 1908, p 362 (2)
La Vie Montpelliéraine, 29 décembre 1923
(3)
La Vie Montpelliéraine, 1er octobre 1923
(4)
Gil Blas, 21 novembre 1903
(5)
L’Art du théâtre, janvier 1904
(6)
Le XIXe siècle, 31 mars 1904
(7)
Le XIXe siècle, 18 octobre 1904
(8)
Le XIXe siècle, 17 décembre 1904
(9)
Le Monde artiste, 9 décembre 1906
(10)
Gil Blas, 7 décembre 1906
(11)
Le Rideau artistique et littéraire, avril 1907
(12)
Le Courrier Français, 29 août 1907
(13)
Le Figaro, 2 mars 1908
(14)
Le Journal amusant, 14 mars 1908
(15)
Comoedia, 25 août 1908
Les Annales du théâtre et de la musique, 1908, p 365 (16)
(17)
Le Journal amusant, 13 février 1909
(18)
Comoedia, 20 mai 1909
(19)
La Musette, septembre 1909
(20)
Comoedia, 1er août 1909
(21)
Comoedia, 13 octobre 1909
(22)
La Vedette, 11 décembre 1909
(23)
La Vedette, 26 mars 1910
(24)
Comoedia, 9 avril 1910
(25)
Lyon universitaire, 15 avril 1910
(26)
La Vedette, 15 avril 1911
(27)
Comoedia, 29 juin 1911
(28)
Comoedia, 3 août 1911
(29)
La Vedette, 14 octobre 1911
(30)
La Vedette, 2 décembre 1911
(31)
Comoedia, 14 janvier 1924
(32)
Fortunio, 5 mai 1912
(33)
Revue française de musique, 1er décembre 1912
(34)
Le Petit Parisien, 22 février 1914
(35)
L’Echo de Nancy, 1942
(36)
Comoedia, 17 avril 1920
(37)
Le Ménestrel, 11 mars 1921
(38)
La Presse, 24 novembre 1922
(39)
Le Moniteur, 27 mars 1933
(40)
L’Avenir du Plateau Central, 27 novembre 1937
n TM Remerciements à Anne Londaitz et Alain Malexis
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SENSIBILISATION
© Olivier Houeix
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Académie Internationale de Danse de Biarritz
LE LABO
Daphnis et Chloé de Gaël Domenger à Porto
Ateliers
Daphnis et Chloé créé pour 40 enfants de 8 à 19 ans de l’école de danse portugaise Ginasiano par Gaël Domenger fera ses premiers pas sur les bords du Douro, les 13 et 14 juillet prochains à l’espace Armazém 22 (Vila nova de Gaia). Se rapprochant du texte original de Longus en respectant les âges des protagonistes, cette version de Daphnis et Chloé ne manque pas de rendre hommage à la partition de Maurice Ravel pour aborder, avec l’aide de la musique, la narration chorégraphique sous l’angle du rituel.
Après une année riche en rencontres artistiques et en évènements, le LABO suspend son activité et reprendra ses ateliers de recherche chorégraphique le 2 octobre à 20h00 à la Gare du Midi.
Informations Tél. 05 40 07 08 26 - 06 50 10 16 06 contact@biarritz-academie-danse.com www.biarritz-academie-danse.com
Après avoir créé une version de Xorien ihesa/ La fuite des oiseaux pour les membres du LABO présentée le 8 avril dernier dans les rues de Bayonne pendant le festival Les Ethiopiques de Bayonne ; le 21 juillet à 21h30, le chorégraphe Mizel Theret retrouvera l’équipe originale de sa création : Matxalen Bilbao, Robert Jackson, Eneka Bordato-Riano, Johanna Etcheverry et Gaël Domenger, à l’occasion du festival Errobiko festibala, dirigé par Beñat Achiary, qui aura lieu à Itxassou du 20 au 23 juillet. Informations www.erobikofestibala.com
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Xorien ihesa / La fuite des oiseaux de Mizel Théret à Itxassou
Du 6 au 11 août, en parallèle des Estivales se déroulera la 28e édition de l’Académie Internationale de Danse de Biarritz. Organisée avec le soutien de la Ville de Biarritz, elle accueillera plus de 350 stagiaires au Lycée hôtelier de Biarritz. L’équipe pédagogique sera formée de Carole Arbo (étoile de l’Opéra National de Paris), Bertrand Belem (Opéra National de Paris), Éric Camillo (professeur à l’Ecole de l’Opéra National de Paris), Lienz Chang Oliva (étoile du Ballet National de Cuba), Isabel Hernandez (danseuse à l’English National Ballet), Sarah Lamb (étoile du Royal Ballet de Londres), Sophie Sarrote (soliste à la Scala de Milan) ou encore Béatrice LegendreChoukroun (professeur titulaire des Conservatoires de Paris) et Carole Philipp (professeur diplômée CA). Dans ce cadre, Dominique Cordemans animera des ateliers de répertoire Thierry Malandain (pour niveau supérieur / professionnel et junior avancé) auprès d’Eva Lopez Crevillen pour le répertoire de Nacho Duato et d’Ander Zabala pour celui de William Forsythe. Une présentation du travail des stagiaires en entrée libre aura lieu le 8 août à 20h30 à la Gare du Midi de Biarritz, ainsi qu’une journée portes ouvertes sur le lieu du stage le 11 août.
FESTIVAL
Le Temps d’Aimer la Danse
27e édition du 8 au 17 septembre 2017 Direction artistique : Thierry Malandain Organisation : Biarritz Culture Bien qu’il n’y ait pas d’âge, ni de saison pour être émerveillé et séduit, voici venir le Temps d¹Aimer la Danse. A travers les préoccupations absorbantes du quotidien : le temps de se réjouir d’un plaisir passager, de laisser libre cours au rêve, de se promener par des paysages souriants ou graves.
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CCN2 Grenoble - Rachid Ouramdane
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Kelemenis & cie - Michel Kelemenis
« Perdue est la journée où l’on n’a pas dansé une seule fois » disait Friedrich Nietzsche. Dans ce coin du coeur où, paraît-il, l’on a toujours vingt ans, il faut donc danser jour après jour, mais aussi se rassembler, s’unir pour de merveilleux soulagements quand vient le temps de célébrer un art qui innove, surprend et console. »
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Kibbutz Contemporary Dance Company - Rami Be’er
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Cie le grand jeté ! - Frédéric Cellé
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Cie La Baraque – Elisa Martin Pradal
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Groupe Tango Sumo
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Pockemon Crew
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Lili Catharsis - Catherine Vergnes & Pierre Charles Durouchoux
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Martin Harriague
n Thierry Malandain
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Ballet Nice Méditerranée – Éric Vu-An
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Sine Qua Non Art - Christophe Béranger & Jonathan Pranlas-Descours
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Lauréats du Concours [Re]connaissance
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Cie Naif Production - Sylvain Bouillet & Mathieu Desseigne
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Arno Schuitemaker
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Cie Daruma - Milène Duhameau
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Cie Eco - Emilio Calcagno
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Dunja Jocic (Korzo Production)
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Cie Jean-Claude Gallotta - Groupe Émile Dubois
Billetterie www.letempsdaimer.com Office de Tourisme de Biarritz Tel : 05 59 22 44 66 www.biarritz.fr
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Cie Gilschamber - Gilles Schamber
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Cie Adéquate - Lucie Augeai & David Gernez
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Système Castafiore - Marcia Barcellos & Karl Biscuit,
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Aterballetto - Cristina Bozzolini
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Compañía de Danza del Teatro Jorge Eliécer Gaitán
Offices de tourisme d’Anglet / Bayonne / Saint Jean de Luz
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Cie EliralE - Pantxika Telleria
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Cie Maritzuli - Claude & Jon Irruretagoyena
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Christine Hassid Project
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Cie Hervé Koubi
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CCN - Ballet de Lorraine - Petter Jacobsson
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Cie Lasala - Judith Argomaniz
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Le Centre de Formation en Danse de Biarritz
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Biarritz Dance School
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EN BREF
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Prix de la meilleure compagnie
© Filip Van Roe
© Olivier Houeix
Décerné par l’Association professionnelle de la Critique de Théâtre, Musique et Danse, le Malandain Ballet Biarritz a reçu le 19 juin dernier à Chaillot-Théâtre National de la Danse le « Prix de la meilleure compagnie » pour ses représentations parisiennes de Noé.
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Clémence Chevillotte, née à Aix-enProvence. Formée à l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille puis au Studio Ballet de Colette Armand, elle débute sa carrière en 2006 au Gran Canaria Ballet dirigé par Anatol Yanowsky. Elle travaille ensuite pour les opéras de Marseille et Montpellier ainsi que pour la compagnie Acodanse à Marseille. De 2008 à 2010, elle fait partie du le CCN / Ballet de Lorraine dirigé par Didier Deschamps avant de rejoindre l’Opéra de Limoges. À partir de 2012, elle participe à des créations de différentes compagnies et chorégraphes tels que Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, le Ballet de l’Opéra de Lyon et l’Opéra de Flandres. Elle rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2017.
Barre géante à Monaco
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Nouvelle venue
Le 1er juillet aura lieu à Monaco la 1ère édition de F(Ê)AITES DE LA DANSE ! Dans le cadre de cet événement, à l’invitation de Jean-Christophe Maillot, directeur chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo, Richard Coudray, maître de Ballet du Malandain Ballet Biarritz animera une barre géante sur la Place du Casino à 18h.
Stage Instant Présent L’association Instant Présent, dirigée par Aureline Guillot, ancienne danseuse au Malandain Ballet Biarritz, donne des cours et ateliers de danse classique dédiés aux adultes tous niveaux durant l’année à la Gare du Midi.
Deux nouveaux mécènes
Pour la deuxième année consécutive, elle propose un stage de danse classique et contemporain le week-end du 1er et 2 juillet à la Gare du Midi de Biarritz avec Gilles Schamber, ancien soliste du Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart et actuellement chorégraphe de sa propre compagnie.
Le Malandain Ballet Biarritz remercie Miremont et Champagne Delamotte qui rejoignent le Carré des mécènes.
Informations Inscriptions www.instant-present.eu
Infos www.balletsdemontecarlo.com
centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques
Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian
Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc Production / Technique directeur technique Oswald Roose régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera régie lumière Frédéric Eujol, Christian Grossard régie son Jacques Vicassiau, Nicolas Rochais techniciens plateau Gilles Muller, Bertrand Tocoua réalisation costumes Véronique Murat régie costumes Karine Prins construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeurs Thierry Crusel, Guy Martial agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi
Arnaud Mahouy & Frederik Deberdt, Noé © Olivier Houeix
Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Daniel Vizcayo, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler
Communication responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset / MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret San Sebastián Centre Chorégraphique Transfrontalier Malandain Ballet Biarritz Yves Kordian directeur délégué Carine Aguirregomezcorta suivi du projet Arantxa Lagnet relations partenaire, traduction basque Victoria Eugenia Antzokia Jaime Otamendi directeur Norka Chiapuso direction de programmation Maria Jose Irisarri suivi administratif Koldo Domán suivi des actions Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002
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JUILLET > SEPTEMBRE 2017
Représentations en France 22/07
Sisteron
Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro
25/07
Vaison-la-Romaine
Noé
Représentations Eurocité basque 05/08
Bayonne / Arènes
Une Dernière chanson, Estro, Boléro
09/08
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Représentations à l’International Espagne / Peralada
La Belle et la Bête
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