JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ
AVRIL > JUIN 2018
ÉDITO PAGE 2
ACTUALITÉ PAGE 4
ACTIVITÉ PAGE 6
DANSE À BIARRITZ #72 PAGE 8
SENSIBILISATION PAGE 20
LE LABO PAGE 21
EN BREF PAGE 22
CALENDRIER PAGE 24
Lucia You Gonzalez & Mickaël Conte, répétition Sirènes © Olivier Houeix + Yocom
« Les ballets
ÉDITO
sont des rêves de poète pris au sérieux » (1) disait Théophile Gautier, en protagoniste du romantisme. Conviant à un voyage dans cet imaginaire triste et sombre, mais coloré par la sublimation des passions, le goût de l’ailleurs, de la nature, du fantastique, mais aussi du passé, deux nouveaux ballets : Sirènes et Rêverie romantique, peuplés d’ondines et de sylphides verront bientôt le jour. Parlant au cœur et à l’imagination, ils accompagneront une reprise de Nocturnes de l’ami Chopin, toujours aussi mélancolique et rêveur.
Avec les égards que l'on doit à un invité, pour y avoir déjà fait allusion, évoquons Sirènes du bayonnais Martin Harriague. Lors de la 1ère édition du Concours de Jeunes Chorégraphes classiques et néoclassiques organisé à Biarritz en 2016 dans le cadre du Pôle de Coopération Chorégraphique du Grand Sud-Ouest, Martin remporta le 2ème Prix du jury, le Prix du public et le Prix des professionnels. Doué et curieux de tout, c'est à ce titre qu'il a créé Sirènes, ballet océanique dont la vocation est d’entrer au répertoire du Malandain Ballet Biarritz. C’est
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La Presse, 23 février 1846
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La Presse, 1er juillet 1842
Gazette des théâtres, 21 octobre 1832
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La Presse, 9 octobre 1848
Qui ne se souvient des sirènes enchanteresses, dont le chant mélodieux, mais funeste, attira les matelots d’Ulysse comme une caresse des flots ? Sur un Océan avec lequel il entretient depuis l’enfance une proximité qui le relie à l’urgence d’en préserver les ressources, Martin dans « son odyssée chorégraphique » comme il l’appelle, suit les pas d’une humanité séduite par les sirènes d’un « progrès » qui pourrait changer la marche du monde en un cauchemar. Renouant avec le désarroi d’un siècle romantique marqué par la Révolution industrielle et appelant la nature comme une mère bien-aimée, « entre ironie et gravité », Sirènes devrait être une fantaisie à prendre au sérieux. Après ces sirènes océanes d'une volupté dangereuse, en nommant les Sylphides, on rappellera la magie poétique d’une suite de danses qui permit aux Ballet russes de Serge Diaghilev et au chorégraphe Michel Fokine de ressusciter à Paris en 1909 : « les grâces d’antan ». Autrement dit, le romantisme idyllique que l’italienne Marie Taglioni, plus légère que l’air, fit prévaloir sur la scène de l'Opéra de Paris dans la Sylphide en 1832. Réglé par son père, Filippo Taglioni, « ce ballet commença pour la chorégraphie une ère nouvelle, et ce fut par lui que le romantisme s’introduisit dans le domaine de Terpsichore » (2) nous dit Théophile Gautier. Il va de soi que la réalité est plus complexe et que tout ne se fit pas en un jour et d’un seul. À preuve et par empathie pour les vaincus du passé, Filippo Taglioni, qui n’était pas un modèle de probité et de vertu, ne pouvait ignorer que Louis Henry, avait créé à Milan en 1828 pour Thérèse Héberlé : la Sylphide ou le génie de l’air. L’Histoire a oublié ce versaillais exilé en Italie, surnommé en son temps le « Shakespeare de l’entrechat », mais sa sœur, Elise Henry, danseuse à l’Opéra, osera avec courage remettre les pendules à l’heure :
Les Sylphides © Photo Auguste Bert, 1909
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« Eh oui M. Taglioni, je vous l'ai déjà dit, vous déguisez vos larcins; mais ce n'en sont pas moins des larcins. Comment se fait-il que vous preniez toujours les ballets de Gioja, de Henry, de tels et tels, et que vous n'avez pas à vous une seule idée première, une pauvre petite idée ! […] J'ai dit, au sujet de la Sylphide, que plusieurs situations se ressemblaient et je le prouve le programme en main. […] M. Taglioni assure qu'il n'a su que par Mlle Héberlé elle-même qu'un ballet portant le même titre avait été représenté à Milan ; mais que les deux ouvrages avaient d'analogie que par le titre. À cela je réponds : que M. Taglioni reçoit tous les programmes des ballets qui se donnent dans l'étranger; et bien plus, un journal de Paris a annoncé, bien avant l'arrivée de Mlle Héberlé, qu'un ballet de la Sylphide avait été donné à Milan, par Henry, en 1828. Non seulement vous privez un auteur d'un sujet inventé, mais vous l'usez, vous le gâtez même, vous lui
ravissez sa gloire ! […] Que M. Taglioni ne croit pas que je lui refuse d'avoir été créateur une fois dans sa vie; oui, il peut se vanter d'un ouvrage précieux, d'un diamant plus rare que celui des Mines Valaques ! Il peut se glorifier de sa fille ! C'est elle qui soutient ses ouvrages ou ceux qu'il s'est appropriés ». (3) Dans son emportement, Elise Henry, lancera également : « On ne doit jamais prendre d'un ballet pour en faire un autre ». C’est pourtant ce que firent en 1909, Michel Fokine et le peintre Léon Baskt en parant d’une nouvelle jeunesse, le tutu de gaze, la couronne de roses, les ailes diaphanes de la Sylphide. Dans le même temps, Alexandre Benois, porte-parole de l'art russe contemporain brossa un décor de tombes et d'église en ruines ; et pour plus de liberté, on changea les amours impossibles d'un homme et d’un génie de l’air en rêverie d'un poète entouré de danseuses nuageuses. Convaincu de l’importance du titre, qui doit exciter la curiosité, Alexandre Benois proposa les Sylphides. Pétri de culture française, il était certain que cela voudrait dire Taglioni pour tout le monde. Au vrai, les snobs qui n'apprécient que ce qui se recommande d'une provenance étrangère, trouvèrent cela bien « vieillot et démodé ». Qu’auraient-ils pensé de Rêverie romantique sous-lequel Michel Fokine avait offert une première version du ballet à Saint-Pétersbourg en 1907 ? Convenant davantage à l'objet de notre entreprise, bien qu’un peu suranné, c’est ce titre qui a été choisi. Maintenant, par loyauté, mais aussi en fidélité au courant romantique, tourné vers un passé fantasmé, sublimé, on ne dissimulera pas les emprunts faits à la chorégraphie de Michel Fokine. L’idée étant d’amalgamer les citations à l’écriture propre, comme pour articuler le présent au passé, le réel à l’illusion, le charnel au spirituel, le poète à son idéal. Par un procédé de mise en abîme, il en découle un trompe-l’œil dans lequel le poète « jouit, éveillé, des phénomènes que la fantaisie nocturne trace sur la toile du sommeil » pour à nouveau reprendre les mots du « bon Théo » (4). En l’occurrence, à la lueur des rayons de lune, d’une nuée de tutus blancs, l'uniforme et le symbole de la danse romantique. Mais cette « nuée de gaze », qui spiritualisait la ballerine, sera ici mâle et femelle, car nous n'en sommes plus à se disputer à propos du sexe des anges. Comme l'illusion ne trompe que ceux qui veulent l'être, après avoir bien commencé, cette rêverie finira par un « flop » retentissant et complet. Il faut bien se réveiller, vivre avec son siècle, même si contre les bleus à l’âme et les fracas du temps, rêver produit toujours son effet.
n Thierry Malandain, mars 2018
ÉDITO
aussi pourquoi, il a été choisi comme Artiste en résidence au Centre Chorégraphique National suivant la mesure « Artiste associé » mise en place par le Ministère de la Culture.
ACTUALITÉ
Dans le cadre du projet Ballet T, deux créations, Sirènes et Rêverie romantique seront présentées au Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián les 6 et 7 avril. Le programme sera complété par Nocturnes de Thierry Malandain qu’accompagnera au piano Thomas Valverde.
n Martin Harriague
avec Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Lucia You González, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velázquez, Allegra Vianello et Laurine Viel. coproduction Festival Cadences – Théâtre Olympia, scène conventionnée d’Arcachon, Donostia Kultura - Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, CCN – Malandain Ballet Biarritz
Répétition, Sirènes © Olivier Houeix
Sirènes et Rêverie romantique à Donostia San Sebastián
« J’ai grandi au bord de l’océan, fasciné, scrutant son écume sans pouvoir en percer les mystères. Qu’aurais-je sacrifié, qu’aurais-je appris, si un pacte funeste m’avait ouvert les abysses ? C’est dans cet océan à la fois familier et imaginaire que sirènes et humains mettent en scène leur destin. »
musique Antonio Vivaldi, Arcangelo Corelli, Francesco Araia & Hermann Raupach chorégraphie, décor Martin Harriague (artiste en résidence) assistante chorégraphique Shani Cohen costumes Mieke Kockelkorn lumières Martin Harriague et Christian Grossard réalisation costumes Véronique Murat, Nelly Geyres, Charlotte Margnoux réalisation accessoires Annie Onchalo conception décor Frédéric Vadé
Puisant dans les traits changeants des sirènes de légende, Martin Harriague superpose et détourne les mythes pour nous parler de ce qui lui tient profondément à cœur. L’océan d’abord, fascinant, menaçant et menacé, avec lequel il entretient depuis l’enfance une intimité. Entre humour et gravité, son odyssée chorégraphique révèle une humanité embarquée par les sirènes du « progrès » dans une aventure qu’elle ne maîtrise pas. Sous le regard de l’Homme, le naufrage est imminent, comme sur la mer démontée qui menace Ulysse et ses marins, rejoignant ici la danse exaltée de la Folia. Le tumulte de la tempête dévoilera l’entre deux mondes, porté par l’ambiguïté des sirènes, resplendissantes et capricieuses, ingénues ou cruelles. « Le monde des sirènes, je l'imagine sombre, envoûtant, parfois effrayant, comme les fonds marins que j'ai eu la chance d'observer plusieurs fois en Australie et en Indonésie, et leurs hydres ondoyant dans le clair-obscur », avoue le chorégraphe.
Mais de ces multiples tentations émerge un jour la créature rêvée, unique, qui fera de l’homme un Prince. Privée du son clair de sa voix et de ses nageoires par une ensorceleuse qui veut « ce qu’elle a de plus beau » … qu’importe ? La sirène chancelante, désormais amante et muse, apprendra d’autres façons de dévoiler son âme et de célébrer son bonheur. La créativité des terriens serait infinie ... » Né en 1986 à Bayonne, Martin Harriague débute la danse classique et contemporaine auprès de Jean-Marc Marquerol à l'âge de 19 ans. Il intègre le Ballet Biarritz Junior en 2006 avant de rejoindre le Ballet National de Marseille en 2008, puis la Noord Nederlandse Dans aux Pays-Bas en 2010. Depuis 2013, il danse en Israël à la Kibbutz Contemporary Dance Company. Comme danseur Martin Harriague a travaillé avec les chorégraphes : Itzik Galili, Roy Assaf, Andrea Miller, Keren Levi, Stephen Shropshire, Frédéric Flamand, Thomas
Noone, Reut Shemesh et Rami Be'er. Parallèlement, il développe son propre travail récompensé de plusieurs prix à Stuttgart, Hanovre et Copenhague. Il a également créé pour le Ballet National de Marseille, Noord Nederlandse Dans, Kibbutz Contemporary Dance Company, Dantzaz Konpainia, Scapino Ballet Rotterdam. musique Frédéric Chopin chorégraphie Thierry Malandain réalisation costumes Véronique Murat, Nelly Geyres, Charlotte Margnoux lumières Christian Grossard coproduction Festival Cadences – Théâtre Olympia, scène conventionnée d’Arcachon, Festival Les Beaux jours de la musique de Biarritz, Donostia Kultura - Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, CCN – Malandain Ballet Biarritz
2ème Prix du jury, Prix du public et Prix des professionnels, Martin Harriague est l’un des deux lauréats de la première édition du Concours de Jeunes Chorégraphes classiques et néoclassiques organisé à Biarritz en 2016 dans le cadre du Pôle de Coopération Chorégraphique du Grand Sud-Ouest. C'est à ce titre qu'il créé Sirènes dont la vocation est d’intégrer le répertoire du Malandain Ballet Biarritz proposé en diffusion et qu’il a été choisi comme Artiste en résidence au Centre Chorégraphique National de Biarritz (mesure « Artiste associé » mise en place par le Ministère de la Culture). Martin Harriague © Olivier Houeix Répetition, Rêverie romantique © Olivier Houeix
La Sylphide Patricia Velázquez Le Poète Hugo Layer L’ Etèop Frederik Deberdt et Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Lucia You González, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velázquez, Allegra Vianello, Laurine Viel.
Répétition, Rêverie romantique © Olivier Houeix
ACTUALITÉ
« Sous un rayon de lune, de blanches sylphides voltigent autour d’un poète à la recherche de l'idéal. Dans sa version définitive, les Sylphides, ballet en un acte de Michel Fokine, fut créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev, le 2 juin 1909, au Théâtre du Châtelet sur des pages de Frédéric Chopin. Retournant aux sources de la Sylphide (1832) de Filippo Taglioni, archétype du ballet romantique, « mon ballet, dira le chorégraphe est une rêverie romantique... ». C’est d’ailleurs sous ce titre que fut présentée à Saint-Pétersbourg, le 23 février 1907, cette suite de danses dont nous allons nous saisir en plongeant dans les thèmes récurrents du Romantisme. Parce que l’évasion, le ravissement dans le rêve, l’introspection, les passions et les vulnérabilités de l’âme humaine, le désenchantement du monde, tout ce qui constitua « le Mal du Siècle » ne sont pas sous la tombe fatale, loin s’en faut. »
n Thierry Malandain
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Billetterie +34 943 48 18 18 victoriaeugenia.eus +34 943 481 970 donostiakultura.eus
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Nocturnes © Olivier Houeix
ACTIVITÉ
Biarritz
Festival Les Beaux jours de la musique Dans le cadre de la 3ème édition du Festival Les Beaux jours de la musique dirigé par Thomas Valverde et organisé du 18 au 22 avril par les Affaires Culturelles de la Ville de Biarritz, le Malandain Ballet Biarritz présentera Nocturnes avec Thomas Valverde au piano et Rêverie romantique accompagné de l’Orchestre Régional Bayonne Côte Basque conduit par Jonathan Raspiengeas. La Compagnie Illicite - Bayonne de Fábio Lopez partagera cette soirée avec Pink Duet de Fábio Lopez sur une musique de Jean-Sébastien Bach et Entre Deux de Thierry Malandain, créé en 2011 aux Pays-Bas pour la Compagnie Introdans sur une partition d’Igor Stravinski. Vendredi 20 avril à 20h30 Biarritz - Gare du Midi Tarifs de 27 à 42 € Billetterie Office de tourisme de Biarritz 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr
Saison Danse Biarritz 7ème Rendez-vous sur le quai de la Gare à Biarritz Soutenue par la Banque Populaire Aquitaine Centre Atlantique, l’édition 2018 de Rendez-vous sur le quai de la Gare se déroulera du 4 au 6 juin à la Gare du Midi. Dans la continuité du programme « Art et environnement » intitulé « Uhain Berria » lancé en 2017 par le Malandain Ballet Biarritz, le Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián et Surfrider Foundation Europe, cette 7ème édition sera centrée sur la création de Sirènes de Martin Harriague, Artiste en résidence au Malandain Ballet Biarritz. En s’appuyant sur le propos du chorégraphe, l’objectif sera de sensibiliser les publics à la protection du littoral et en particulier à la pollution du milieu marin par les déchets solides. En complément de représentations scolaires organisées par Biarritz Culture les 4 et 5 juin et de représentations tout public de Sirènes, Rêverie romantique et Estro les 5 et 6 juin, un programme de médiation comprenant ateliers, expositions, conférences… sera proposé. Représentations tout public Mardi 5 et mercredi 6 juin à 20h30 Biarritz-Gare du Midi
Tarifs de 12 à 36 € Billetterie Office de tourisme de Biarritz 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Hugo Layer & Frederik Deberdt,
répetition, Rêverie romantique © Stéphane Bellocq
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Tournées Ce trimestre, après les créations de Sirènes et Rêverie romantique à Donostia / San Sebastián, le Malandain Ballet Biarritz donnera la 100ème représentation de La Belle et la Bête à Meaux le 10 avril. Le Ballet sera ensuite présent en NouvelleAquitaine à l’occasion de plusieurs dates : à la Gare du Midi de Biarritz, le 20 avril dans le cadre du Festival Les Beaux jours de la musique et le 21 avril lors d’une soirée caritative : Les Basques ont du chœur au profit du Service hématologie de l’Hôpital de Bayonne, le 26 avril à l’Espace Treulon de Bruges pour un spectacle partagé avec la Compagnie Christine Hassid Project et enfin à Biarritz du 4 au 6 juin pour la 7ème édition de Rendez-vous sur le Quai de la Gare. Avant de se produire en Espagne, la troupe sera le 3 mai au Théâtre des Sablons de Neuilly-sur-Seine avec Estro et Nocturnes accompagné au piano par Jean-Paul Gasparian. Avec la Belle et la Bête, la tournée espagnole débutera à Gijon, le 6 mai et enchaînera avec San Cugat, le 11 mai, San Lorenzo del Escurial, le 13 mai et Murcia, le 19 mai où le spectacle sera accompagné par l’Orquesta Sinfónica de la Región de Murcia. Entre temps, Nocturnes, la Mort du cygne, Une Dernière chanson seront donnés, à Reus le 16 mai. Suivront trois représentations de Nocturnes et Estro au Théâtre Les Gémeaux - Scène Nationale de Sceaux, les 23, 24 et 25 mai, puis les 26, 27 et 28 mai, trois représentations de Noé à l’Opéra de Reims, fidèle partenaire du Malandain Ballet Biarritz. Le trimestre s’achèvera à Furstenfeldruck en Allemagne où le 19 juin, Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro seront donnés dans le cadre du Festival Dance First.
Stasia Napierkowska
Fille de Stanislas Arthur Napierkowski, graveur sur bois et de Claire Angèle Hortense Comte, sans état, Renée Claire Angèle Elisabeth Napierkowski, appelée Stacia Napierkowska, mais signant Stasia, naquit en effet à Paris : « Et puisqu’il n’est pas de détail qui puisse être caché à mes amis, c’est le 16 septembre 1896 que l’évènement eut lieu » (2) confierat-elle dans Mes Souvenirs publié par la revue Ciné-Miroir. Au vrai, trompant son monde, la danseuse et vedette de l’écran vit le jour en 1891 et tout en disant : « Je suis parisienne, parisienne de Montmartre, bien que mon nom ne l'indique pas » (3) elle prétendra être née en Turquie : « Au plus loin de mes souvenirs, je me revois petite-fille, dans la ville où je suis née, à Constantinople. J'ai commencé à danser dans les harems, puis nous sommes revenus en France et je suis entrée à l'Opéra » (4). Selon une autre source : « L'étoile turque, vécut son enfance à Scutari, et c'est à Pera qu'elle apprit à danser, avec un vieux professeur qui n'a pas eu la joie d'assister aux succès de son élève. Le vieillard est mort tandis que Mlle Napierkowska venait à Paris » (5). Et le poète Edmond Gojon d’expliquer : « Son père habitait depuis de longues années Paris, lorsqu'il fut nommé directeur des Beaux-Arts, à Constantinople. Ainsi c'est dans cette lumière d'Orient dont, elle gardera toujours le regret et la nostalgie que grandit, Napierkowska » (6). Ce qu’elle relata elle-même : « À l’âge de deux mois, mon père ayant été nommé directeur des Beaux-Arts en Turquie, je fus embarquée pour Scutari. C’est ce voyage qui décida de ma vocation ; sans doute n’aurais-je jamais songé à devenir danseuse et en même temps artiste de l’écran sans cet exode vers la lointaine Asie. […] Mais cette heureuse enfance ne devait pas durer longtemps : j’avais six ans lorsque mes parents revinrent en France, douze ans quand mon père mourût ».
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Napierkowska, Opéra, 1905
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rofitant à Alger d’un climat idéal à sa santé fragile, le 10 décembre 1921, Camille Saint-Saëns écrivait à Reynaldo Hahn : « Ici, nous avons le soleil et une douce température, et le soir il y a une brillante étoile, Mlle Napierkowska... ô surprise ! elle n'est pas russe, mais parisienne ; son grand-père était russe et lui a légué son nom, qui la sert beaucoup, car si elle s'appelait Mlle Martin, elle n’aurait pas le même succès, elle est d'ailleurs absolument charmante » (1).
Avouant au passage son âge véritable, Stasia perdit effectivement son père, le 19 novembre 1904. Suivant l’enquête généalogique réalisée par Anne Londaitz, déclaré artiste peintre et âgé de 49 ans, il demeurait avec son épouse, 6 rue des Abbesses, à Montmartre, quartier des classes populaires et de la bohême. Étrange adresse pour un homme chargé par la France des plus hautes fonctions aux Beaux-Arts de Constantinople. C’est certainement pourquoi les recherches faites à partir de ces assertions ne mènent à rien. Mais au bénéfice du doute, on notera tout de même la profession de foi patriotique de la danseuse lors de la 1ère Guerre balkanique (1913) : « Ma famille et moi nous nous glorifions d'appartenir à la vaillante et hospitalière nation qui nous adopta. Et je souhaite, en ces heures douloureuses que la paix vienne lui apporter promptement la fin de ses maux aussi cruels qu'injustes » (7).
LA DANSE À BIARRITZ # 72
En revanche, contrairement à ce que Saint-Saëns pu croire, elle n'était pas russe d’origine, mais polonaise. Né à Montmartre en 1856, naturalisé français en 1888, son père était le fils du polonais Joseph Napierkowski et de Pauline Cabaret. Mariés à Paris en 1856, ils n’entoureront pas la naissance de Stasia, puisqu’en 1891, sa grand-mère vit à Varsovie, tandis que son grand-père a disparu du domicile conjugal. Maintenant attendu que « la musulmane » rentra en France, en 1897, avec dans ses yeux de six ans des souvenirs d’Orient nombreux et précis, on s’étonnera qu’elle omit le temps passé à Bruxelles, où son frère Guy Georges naquit en 1898. Il mourra sept mois plus tard à Paris, le 5 décembre 1898. Son père est alors dit graveur et la famille réside, déjà à Montmartre, 47 rue Lepic. Que faire après la mort de mon père ? se demanda Stasia . « Il me fallait gagner ma vie, mais je n’avais aucun métier : je devins modèle et posa pour plusieurs peintres. Ils me poussaient à entrer au Conservatoire, à tenter la carrière théâtrale, mais je refusai : le théâtre m’effrayait. C’est alors que je rentrai à l’Opéra, mais je m’y déplus dès le premier jour. […] Je rêvais aux danses que j’avais apprises tout enfant. Un jour, un sculpteur de nos amis qui assistait à mes essais, me dit : « créez des danses comme celles-ci, où vous exprimerez le charme nostalgique de l’Orient, et je vous prédis un succès certain. Dès lors ma voie était trouvée : je dansais à l'Opéra-Comique, à l'Odéon : à quatorze ans j'étais consacrée étoile. Et, à la même époque, je fis mes débuts au cinéma ». Si l’on revient en arrière, l’on retiendra que « la possédée de l’Orient » ne vint pas au monde sur les rives du Bosphore, ni à Montmartre, mais 43, rue de Seine, à l’emplacement du premier Opéra de Paris ouvert en 1671. Tout en étudiant la peinture avec Lucien-Victor Guirand de Scevola, elle y fera ses classes avant d’entrer à 14 ans dans le second quadrille à l’examen du 7 août 1905. Puis elle quitta l’Opéra : « Je détestais la danse. On ne me l'avait montrée que sous la forme essentiellement technique. Et puis, je l'ai aimée, adorée. Je lui garde un véritable culte » (8).
On attribuera cette métamorphose à Mariquita, « qui savait comme personne, tirer parti du tempérament de chacun » (9) dira en 1948, Robert Quinault, de l’Opéra lors d’une conférence sur la Danse en France sous la IIIème République. Avec une sorte de fanatisme, Yetta Rianza soulignera de son côté : « Avant de connaître cette merveilleuse directrice de ballet, je ne savais rien ! Le travail de Mariquita est un art féminin, où chaque pas, chaque geste doit exprimer le ton, la nuance musicale. Quelle fée ! Quelle magicienne, et comme je voudrais toujours travailler avec elle ! » (10). « Danseuse née ou plutôt innée, Napierkowska ne fait pas partie de cette catégorie de danseuses formées à leur métier dès leur plus jeune âge et n'arrivant qu'à force de travail, complète Jules Montrailles. Du travail, certes elle en a fourni, et beaucoup, mais elle n'a commencé que tard, il y a trois ou quatre ans et ses remarquables aptitudes lui permirent de faire en deux ans le chemin que les autres mettent dix à parcourir, c'est un peu, beaucoup même, à cause de cette rapidité que Napierkowska, dut, les jalousies aidant, quitter l'Opéra. Découragée, elle resta pendant quelques mois sans exercer son art et peut-être n'aurions-nous plus eu jamais le bonheur de la revoir sur une scène si, Mme Mariquita toujours dénicheuse de talents n'était venue la prendre par la main pour lui faire franchir les portes de l'OpéraComique. Là, Napierkowska devint vite célèbre » (11). L’on supposera que la maîtresse de ballet la dénicha au Nouveau-Cirque, car outre le 3ème prix que « Claire Napierkowska » remporta le 25 avril 1905 au concours de cake-walk qui suivit la matinée des clowns Foottit et Chocolat. Le 13 décembre 1906, dans des danses faisant valoir « de jolies ballerines parmi lesquelles il nous faut mentionner Mlle Napierkowska » (12), elle parut dans les Ski norvégiens, pantomime de Jean Houcke, réglée par Giuseppe Rizzo sur des airs de Raymond Brunel. De là, en septembre 1907, à 16 ans, elle entra à l’Opéra-Comique. Loin d'être le plus subventionné des théâtres, sous la direction d’Albert Carré, la seconde Académie nationale de musique entraînée au travail assidu, était une scène florissante, dédiée au répertoire ancien et largement ouverte aux œuvres nouvelles et aux musiciens français. Se produisant dans les ouvrages lyriques et quelques ballets, la troupe perçue « comme la plus artistique de Paris » (13) comptait au premier plan : Régina Badet, Germaine Dugué, Georgette Richaume et Gina Luparia. Mais « déjà presque une grande artiste » (14) « Napierkowska que les dieux favorisent » fit vite son chemin vers les étoiles. C’est dans les danses grecques d’Iphigénie en Aulide de Gluck, « vision d'art d'une ingéniosité
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Napierkowska à 6 ans Napierkowska, Opéra, 1905
incomparable » qu’elle nous apparaît pour la première fois le 18 décembre 1907. Mais sans doute dansa-t-elle avant dans Manon et Traviata. Par ailleurs, Albert Carré ayant prêté Régina Badet pour la Belle au Bois Dormant de Jean Richepin et Henri Cain, musique de Francis Thomé que régla Mariquita le 25 décembre au Théâtre Sarah-Bernhardt, peut-être figura-t-elle dans les ensembles de cette féerie-lyrique dont Loïe Fuller signa les
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Mariquita, photo Albert Bert
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LA DANSE À BIARRITZ # 72
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Napierkowska, Vera Trivor, Blanche Dupré, Marguerite Raboin à Marseille, 1909, photo Massilia
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éclairages. En tous cas, la tragédienne qui jouait le prince ne pouvant applaudir Stasia et ses compagnes à Favart, un aprèsmidi de janvier 1908, elles lui présentèrent sur son théâtre : le ballet d’Iphigénie en Aulide, puis les danses d’Aphrodite, drame musical de Camille Erlanger que l’OpéraComique donna le 11 février. Plus tard, le 25 lors d’un gala au Théâtre Femina, ce fut la Mille et deuxième nuit, ballet de Mariquita, musique de Nikolaï RimskiKorsakov, auteur de l’opéra Snégourotchka qu’Albert Carré offrit le 22 mai. Selon le directeur qui en la circonstance engagea six danseurs russes à l’instar de Simon Malatzoff, professeur de tango à Biarritz en 1920, le public connut alors « un avant-goût du délire qu’il allait goûter, un an plus tard au Châtelet, avec les danses du Prince Igor de Borodine » (15). En effet, explique Robert Quinault : « jusqu’alors, les divertissements des opéras n’étaient sujets qu’à la danse ; nulle importance n’était attachée à l’action, ni au lieu où se déroulait l’ouvrage […] sacrifiant la pirouette et l’entrechat, Mariquita apportait la vérité dans la danse » (16).
Ainsi, « rompant nettement avec les traditions chorégraphiques », l’on retiendra le succès du ballet des histrions dans lequel Stasia « se révéla danseuse très originale. Sa souplesse lascive lui a valu et lui vaudra de grands succès dans les danses de caractère » (17). Dans le même temps, excitant l’intérêt des cercles mondains, elle se produit dans les salons : Chez le docteur et Mme Derecq dans leur hôtel de la rue Lord-Byron, « très en beauté, dans un pas sur le Printemps de Grieg ». Ou parmi les invités de Mr et Mme Fernand Le Gout-Gérard, peintre du Ministère de la Marine « dans des danses tanagréennes d'un art parfait ». Suivant la presse, c’est dans ce cadre, qu’elle paraît en juin à Berlin : « Mlle Napierkowska et le mime Paul Franck ont donné, dans une soirée privée, une pantomime, qui est bien la plus adorable vision d'art que l'on puisse
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imaginer. À cette soirée se trouvaient le directeur du Hansa-Theater de Hambourg et celui de l'Apollo de St-Pétersbourg : ces deux directeurs se sont arrachés, Mlle Napierkowska et M. Franck qui toucheront, paraît-il, mille francs par jour pendant quatre mois ! » (18). En effet, tentée par le music-hall, en juillet Stasia prit congé de l'Opéra-Comique. Mais avant, le 29 juin au Théâtre de Verdure du PréCatelan, elle fit revivre avec ses camarades, les danses de Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie, des Fêtes d'Hébé de Rameau et le ballet d’Alceste de Gluck. Puis en juillet, alors que Charles Pathé venait de lancer la série du Film d'Art, introduite par Mistinguett, elle tourna avec Paul-Henry Burguet, l'Empreinte ou la Main rouge. Sur une musique de Fernand Le Borne, ce mimodrame cinématographique la fixant dans une brûlante danse gitane sortira salle Charras, le 17 novembre 1908. Dès lors, sous contrat avec Pathé-Frères, Stasia mènera de front une carrière à l’écran et au théâtre. Ainsi, le 8 août, elle retrouva la troupe de Favart au Théâtre antique d’Orange pour les danses d’Alceste et d'Orphée de Gluck réglées par Berthe Bernay, de l’Opéra. Puis, s’en alla deux mois à St-Pétersbourg avec Paul Franck jouer à l’Apollo quatre pantomimes de l’excellent mime et du maestro Edouard Mathé : Rêve d'Opium, Griserie, la Zingara et la Double épouvante. De retour, embauchée à l’Olympia, par Victor de Cottens et Hermann Büttner, dit H.B. Marinelli, qui tenait une agence théâtrale place Boieldieu, le 31 décembre, elle débuta dans 1909 ! Des femmes ! Rien que des femmes ! Une revue de Jacques Redelsperger entièrement jouée par des femmes à l’exception du clown Foottit et d’un nain appelé Peter. « Dansant avec un nerf et une agilité surprenante » (19), elle paraît dans deux tableaux réglés par Edouard Le Roy sur des airs d’Eugène Poncin: le Palais des Chapeaux et les Buveuses d'azur. Applaudie à l’Olympia jusqu’au 11 février, on la retrouve le 21 chez le docteur Derecq avec Robert Quinault, Dans l'Hellade, ballet-pantomime de Sacha Dezac, musique d’Henri Christiani. Filmée par Charles Decroix pour Pathé cette idylle pastorale évoquant la Grèce antique sortira à l’écran, le 17 septembre 1909 non pas avec Robert Quinault mais avec Andrée Mary, de l’Opéra-Comique. Après cela « l’adorable danseuse » retrouva Favart. Ainsi « bondissant sur les talons et tournant jusqu'au vertige », elle reprit le ballet des histrions de Snégourotchka au Châtelet, le 27 février et au Trocadéro, le 10 juin. Le 12, dans le rôle d’une chatte, auprès de Cléo de Mérode et Marthe Lenclud, elle crée place Boieldieu un « spirituel » ballet de Mariquita, musique d’Eddy Toulmouche, intitulé Blanc et Noir. Puis, la grécomanie faisant partout fureur, au son de Danse sacrée & Danse profane que Claude Debussy avait transcrit pour
LA DANSE À BIARRITZ # 72 harpes, elle s’essaie à la reconstitution de danses grecques données à Marseille le 26 juin au Théâtre Athéna Nikè. Sans le temps de souffler, les 3 juillet, à MaisonsLaffitte, sur le théâtre du comte Robert de Clermont Tonnerre, avec Léa Piron, Yetta Rianza et plusieurs sujets de l'OpéraComique et de Monte-Carlo, la « prêtresse de Terpsichore » incarne l’amour dans le Ballet de la Nuit. Œuvre anacréontique de Fernand Nozière, musique d’André Fijan, réglée par Giorgio Saracco, maître de ballet à Biarritz en 1911. Enfin, le 11 août, lors d’une autre manifestation d'art et de mondanité, dansant « avec un charme, une souplesse et un art admirables » (20), on l’acclame au Sporting Club d'Houlgate dans la Danse des lys d’Henri Christiani. L’on parle aussi de sa rentrée aux FoliesBergère que dirige alors Clément Bannel. « La danse, qui tant de fois triompha dans cette salle coquette, reprend victorieusement ses droits. Et, si M. Bannel, en fut l'instigateur avisé, c'est à Mme Mariquita que nous devons le miracle de cette résurrection du ballet, car ce fut bien hier sa résurrection ! » (21). C’est avec Rômi-Tchâvé, ballet bohémien de Jean Richepin de l'Académie française, musique de son fils Tiarko que la nouvelle salle de la rue Richer ouvrit le 4 septembre 1909. « Frêle, ondulante, excellant aux mouvements les plus tourmentés, aux plus surprenantes attitudes. Avec je ne sais quel charme étrange, mystérieux, lascif et farouche » (22) Stasia tint le rôle de Zwirdin, tandis que Yetta Rianza, « d’une virtuosité saisissante dans les pointes » était Idza. Se tenaient à leurs côtés, le mime Jean Jacquinet et Robert Quinault, « à la technique sûre et au style parfait ». Reçu par de frénétiques ovations, RômiTchâvé, fut joué plus de 100 fois jusqu’en décembre. Parallèlement, à l’instar du 12 septembre où elle remplaça Régina Badet dans Lakmé à Favart, Stasia était d'une activité déconcertante. Ainsi, tout en jouant chaque soir aux Folies-Bergère, le 30 octobre, dans une danse bachique due à Mariquita, elle débuta aux BouffesParisiens dans Lyristrata, pièce de Maurice Donnay, musique d’Amédée Dutacq. Titrant : « Un record difficile à battre ! », Comoedia rapporte : « Samedi, après avoir dansé aux Folies-Bergère et aux Bouffes, Mlle Napierkowska dansa encore à minuit, « Blanc et Noir », à l'Hôtel de la Ligue de l'Enseignement, soit trois représentations. Dimanche elle dansa, en matinée et en soirée aux Folies-Bergère et aux Bouffes, soit quatre représentations, et de même lundi soit encore quatre représentations. Onze représentations en trois jours. En Amérique, on élèverait une statue à Mlle Napierkowska ! » (23). Assurément, car « la gracieuse ballerine » poursuivit ce tour de force en dansant simultanément RômiTchâvé, Lysistrata et la bacchanale de Myrtil, conte musical d’Auguste Villeroy, musique Ernest Garnier, créé à Favart, le
8 décembre. Ce qui ne l’empêcha pas, le 4 janvier 1910 d’exécuter « de troublantes danses hindoues » en l’hôtel de la divette Arlette Dorgère, dans la Revue chez soi. Puis, le 14, avec Paul Franck, chez Manuel de Yturbe, ambassadeur du Mexique de jouer « de façon remarquable » la Zingara qu’Albert Cappelani fixa sur la pellicule. Tout cela en répétant à Favart, pour le 4 février, la Reine Fiammette, opéra de Catulle Mendès, musique de Xavier Leroux, dont le ballet des fous réglé à souhait par Mariquita marqua l’engagement de Robert Quinault à l’Opéra-Comique. Mais « Napier » comme l’appelait la basquaise Louise Balthy ou « Nap » pour les intimes, ne s’arrêta pas là, puisque tout en tenant une dizaine de rôle à l’écran, comme Esméralda dans Notre-Dame de Paris d’Albert Capellani, son premier vrai succès à l’écran, dès le 12 février, elle montra à l’Odéon « la fureur sacrée d'une prêtresse » (24) dans la danse du feu d’Antar, de Chékri-Ganem, musique de Rimski-Korsakov et Maurice Ravel. Monté par André Antoine, directeur du second Théâtre-Français, l’avantpremière de ce drame héroïque, avait eu lieu à Monte-Carlo, le 7 janvier avec Mata Hari. Malgré les dithyrambes de la presse, Antoine doutant des capacités de sa future pensionnaire, qui arrivait en retard aux répétitions et refusait que Mariquita lui règle son rôle, la remplaça à l’Odéon par Stasia. C’est dans ces conditions que la courtisane néerlandaise réclama le dédit de 3.000 frs prévu dans son contrat. Le tribunal, lui donna gain de cause. En revanche, lorsqu’elle sollicita 5.000 frs de plus, en disant qu’il avait été outrageant pour elle de répéter devant Mariquita : « qu'elle était une danseuse hindoue originale, dont le secret constituait une propriété précieuse et qu'il était désormais compromis pour avoir été révélé à Mme Mariquita » (25), les juges estimèrent que le secret d'une danseuse qui expose au public sa splendide nudité, n'avait pas assez de consistance juridique. Jusqu’au 5 juin 1910, Stasia donna à l’Odéon sa « danse du feu, nouvelle, hiératique à la mode arabe et frénétique aussi, une danse où le geste adore et s'effraie, une danse d'amour, de terreur et d'enthousiasme, éclairée par le rouge brasier » (26). Entre temps, avec Robert Quinault, chez le docteur Derecq, « elle mima à ravir » Yildiz, pantomime bohémienne de Sacha Dezac, musique d’Henri Christiani. Déjà portée par le succès, fut-elle flattée d’apprendre que Sacha Guitry l’imitait au Théâtre des Arts dans ses portraits-charges de célébrités ? On l’ignore, mais en avril 1910, la presse offrit une autre preuve de sa notoriété : « L'Amérique abuse. Voici qu'un pont d'or se construit sur l'océan pour faciliter la traversée à une de nos plus jeunes étoiles de la danse, dont le nom, depuis quelque temps, brille du plus vif éclat :
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Napierkowska, photo Pathé
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••• Mlle Napierkowska. Espérons que ce projet n'aboutira point et que nous aurons le plaisir de garder pour nous la délicieuse artiste à qui l'Opéra-Comique et l'Odéon ont fourni l'occasion de créations éblouissantes » (27). La traversée fut remise à plus tard, car « souple et endiablée », Stasia parut le 4 mai à Favart dans le Mariage de Télémaque, comédie-lyrique de Jules Lemaître et Maurice Donnay, musique de Claude Terrasse. Suivront divers galas, à l’exemple du 9 juin au Trocadéro, où par autorisation de Serge Diaghilev, Anna Vassilieva et M. Alexandrof dansèrent avec la troupe de Mariquita. Ou bien le 15 juin quand « la jeune étoile » donna la danse du feu à Favart en l’honneur d’une délégation ottomane. Ce fut un tel succès, qu’après 70 représentations à l’Odéon, le Théâtre Marigny ajouta « la saisissante danse rituelle » au programme de sa Revue du 2 au 31 août. C’est pourquoi, en dépit des annonces, Stasia ne dansa pas le 21 aux Arènes de Béziers dans Héliogabale de Déodat de Sévérac. Car outre son emploi à Marigny et les tournages, « la délicieuse artiste » répétait le Mariage de Télémaque à Favart et les Ailes aux Folies-Bergère. Lors des répétitions d’Antar, l’algérienne Mariquita et le libanais Chékri-Ganem s’étaient mis en tête de créer un ballet empruntant à l'âme arabe. Faites-le pour moi leur avait dit Clément Bannel. Ainsi, les Ailes, conte arabe, musique de Louis Ganne ouvrit les Folies-Bergère le 1er septembre 1910 : « Ce fut de l’enthousiasme, - j'ai cru que le rideau ne parviendrait jamais à rester baissé » (28) écrit Georges Talmont. Le Prince Nour atteint de langueur était joué par Caroline Otéro, tandis que pour l’égayer s’enchaînaient des divertissements avec Robert Quinault, Marguerite Dupré, de l'Opéra, Georgette Richaume, de l'Opéra-
Comique et d’autres premières danseuses guidant le corps de ballet. Rien n’y faisant, il restait l’amour ! Une jeune bédouine se présente, c’était Stasia qui faisant mine de chasser une abeille introduite sous ses voiles les ôtait un à un avant d’entamer une danse triomphale. « À la fois pudique et passionnée, d'une adorable poésie et d'une réalité puissante » (29), cette danse de dévoilement appelé en Orient : la danse de l'Abeille, Mariquita avait consenti à la régler pour la première fois. « Elle révolutionne Paris en ce moment ! » dira Georges Talmont, en ajoutant : « Napierkowska est une petite artiste menue, mignonne, jolie. C'est une danseuse, mais elle danse d'une façon particulièrement originale. Tout son corps vibre aux rythmes de la musique. Elle déploie dans ses mouvements, dans ses poses une sorte d'affolement charnel, une frénésie angoissante; elle atteint à une lascivité ardente et pourtant toujours dans les instants d'épouvante, de haine, de peur ou de paroxysme, elle conserve je ne sais quelle apparence ingénue. Dans la danse de l'Abeille si hardie, pourtant, elle garde une physionomie inconsciente, presque chaste ». Tout en poursuivant son service à Favart, Stasia dansa aux Folies-Bergère jusqu’au 27 novembre 1910. Le lendemain repos ! En effet, « depuis 420 jours, elle n’avait connu la douceur de passer une soirée sans danser ». Mais le jour d’après, elle répéta avec Mariquita, les Trois sultanes, comédie de Charles-Simon Favart, musique de Charles Cuvillier, donnée à l’Odéon le 8 décembre ; les Danses du Réveillon avec Cléo de Mérode et Natacha Trouhanowa pour le 23 décembre au Théâtre Femina. Enfin un ballet de Claude Terrasse, les Lucioles créé à Favart le 28 décembre. Interprété par le corps de ballet et les enfants de la danse, il mettait en scène une libellule (Jeanne Chasles) ne sachant pas trop à qui offrir son cœur entre un pierrot blanc (Robert Quinault) et un pierrot noir (Stasia). Après ce ballet « plein de grâce et de charme » et une douzaine de films en 1911, Stasia enchaîna les Trois sultanes, Antar à l’Odéon et le Mariage de Télémaque, les Lucioles, Lakmé place Boieldieu, jusqu’à cette annonce en mars 1911 : « À la Gaité-Lyrique MM. Isola viennent d'engager les deux célèbres ballerines, Mlles Napierkowska et Rianza, ainsi que les réputés, MM. Georges Wague et Robert Quinault pour interpréter le Cœur de Floria, le ballet dont les répétitions ont débuté sous la direction de Mariquita ». À travers « une chorégraphie pittoresque et impressionnante » réunissant une partie du
corps de ballet de l’Opéra-Comique et de la Gaîté dirigée par Alfred Sicard, le Cœur de Floria d’André de Lorde, musique de Georges Menier (petit-fils du chocolatier) vit le jour le 7 mai. Dans cette histoire d’envoutement se passant à Florence au Moyen Âge, « la belle Napierkowska si belle et si souple que tout son corps semble une étoffe » (30) fut la sorcière jusqu’au 15 juin. Ensuite, elle et Yetta Rianza firent place aux étoiles de la Gaîté : Lucy Relly et Paulette Charbonnel, tandis qu’après 50 représentations le Cœur de Floria connut les scènes de province et l’étranger. Stasia qui adorait les bêtes, possède alors un renard, qu’elle promène au Bois de Boulogne. Va-t-elle s’en servir pour une chorégraphie s’interroge la presse ? La danseuse a aussi une souris et quatre chiens de luxe primés en mai à la 42ème Exposition canine de Paris. Après ce rendez-vous mondain, le 7 août, elle partit pour six mois à Vienne, Berlin et Londres. Rentrée en janvier 1912, il fut question pour elle de retourner en Angleterre afin de remplacer Natacha Trouhanowa dans le Miracle de Karl Vollmöller et Max Reinhardt, mais souffrante et goutant plus que tout les tapis profonds de sa demeure « d’orientale en exil » elle renonça. Par contre, en février « The wonder creature » dansa à la Cour royale de Stuttgart. Le lendemain une soirée était organisée en son honneur par le compositeur Max von Schillings avec lequel elle improvisa des danses à la stupéfaction admirative des invités. Puis, alors qu’on l’applaudissait dans la Légende des tulipes d'or de René Leprince au Cirque d'Hiver Cinéma Pathé, le 9 mars engagée à l’Olympia, elle débuta dans Enfin… une Revue ! de Paul Ardot, Henry Moreau et Albert Laroche. Afin de satisfaire le goût du jour, les décors et costumes des 39 tableaux avaient été conçus à la manière de Diaghilev, à l’instar du Jardin japonais et du Jardin cambodgien réglés par Léo
LA DANSE À BIARRITZ # 72 Staats, maître de ballet à l’Opéra. En clair, une pantomime nipponne et un ballet cambodgien sur des airs du musicologue Louis-Albert Bourgault-Ducoudray qui comptèrent parmi les clous de la soirée : « on n'oubliera pas de longtemps à Paris ses deux puissantes créations » écrit Fernand Rouvray (31). Le 12 avril à la faveur d’un changement d’affiche, ce fut Conte russe, « un numéro de danse classique » dans lequel « la géniale danseuse » avait pour partenaire : le Danseur masqué. Soit disant un artiste qu’il ne fallait pas citer parce que ses engagements et sa célébrité lui interdisaient de paraître au music-hall : « Sous le voile de gaze qui dérobe une partie de ses traits, d'aucuns croient le reconnaître, comme ils croient le reconnaître à voir ses bonds prodigieux, ses merveilleuses pirouettes, ses fantasmagoriques élans. Et de fait, il n'y a que lui pour faire preuve d'autant de virtuosité, de souplesse et pour porter à bras tendu, d'un bout à l'autre de la scène, sans effort apparent, sa danseuse, l'exquise et divine Napierkowska, qui se révèle, en la circonstance, une danseuse de pointes absolument extraordinaire » (32) écrira-t-on. Même si le mystère du « Danseur masqué » demeure, sans doute s’agissait-il de Robert Quinault, excellent partenaire et l’un des premiers à réaliser des portés acrobatiques. Autre exploit, tout en jouant à l’Olympia jusqu’au 20 mai, dès le 22 avril, dans une sensuelle danse arabe de son imagination, Stasia fit partie de la distribution de Naïl, drame lyrique de Jules Bois et Isidore de Lara créé à la Gaîté et donné jusqu’au 1er juillet. Après quoi, parmi une vingtaine de films en 1912, elle assista à la sortie de Milord l’Arsouille de René Leprince, avant de profiter de sa villa des Jasmins à Villerville-sur-Mer. En septembre, en compagnie du girondin Max Linder, inspirateur de Charlie Chaplin, « l’incontestable étoile » fut envoyée par Pathé en Espagne pour promouvoir Mariage au Téléphone de Charles Decroix dont ils étaient les vedettes et jouer un sketch d'Armand Massart : le Pédicure par amour. Ils débutèrent, le 20 à Barcelone, puis le 7 octobre, ce fut Madrid où Stasia retournera pour danser dans Salomé de Richard Strauss au Teatro Real. Suivront probablement Séville, Bilbao, Lisbonne, le 19 octobre où le film Entente cordiale fut affiché. De là, les deux artistes iront à Vienne, le 15 novembre, à Berlin, le 2 décembre. Après quoi Stasia enchaîna à Paris avec une pantomime mystique de Victor Goboulev, musique « d'allure très moderne » d’Armande de Polignac. Elève de Gabriel Fauré et Vincent d'Indy, elle n'était pas comme on pourrait le croire, une mondaine composant à ses heures perdues, mais une femme de métier qui voua sa vie à l’art musical. Dirigeant parfois ses œuvres, on parle déjà de
« cheffe » d’orchestre, le 12 décembre au Théâtre des Arts de Jacques Rouché, c’est à Gabriel Grovlez qu’il revint de créer la Source lointaine. Réglées par Léo Staats ces « miniatures persanes » contaient la légende d’une Péri (Stasia) envoyée sur terre pour y chercher de l'eau afin de ranimer les fleurs du Paradis. Elle rencontre un Prince (Denyse Mussay) qui l’aime et un oiseau maléfique (M. Firut) qui l’attaque, mais remplit sa mission. « Aussi admirable par ses dons naturels que par son intelligence et sa fantaisie » (33), « la magicienne de l’exotisme » joua la Source lointaine jusqu’au 7 janvier. Puis après un dîner artistique autour d’Albert Carré, Léon Bakst, Natacha Trouhanowa, Isadora Duncan, Maurice Ravel, etc., le 13 janvier 1913, elle embarqua au Havre pour NewYork. Vrai ou faux : « une foule d'amis et d'admirateurs avaient tenu à venir pour lui souhaiter bon voyage; sa cabine était emplie du haut en bas par de magnifiques gerbes que tous les directeurs envoyèrent à leur ex-pensionnaire » (34). Ce qui est sûr, c’est qu’à bord de La Lorraine, elle fit danser les passagers et inspira : Danseuse étoile sur un transatlantique à Francis Picabia. Engagée à prix d'or par l’imprésario Martin Beck pour la danse du feu d’Antar, les danses grecques de Lyristrata et la danse de l’Abeille devenue la Captive, « l'admirable danseuse classique » dont les jambes avaient été assurées pour 250.000 frs, débuta le 27 janvier au Palace Music-Hall de Chicago. Publicité oblige, Comoedia signala « un triomphe sans précédent dans l'histoire du théâtre américain » (35) avant cet écho d’un envoyé spécial : « Ce music-hall a offert un régal peu ordinaire pendant deux semaines, en présentant à un public, un tantinet apathique et indifférent, les danses si expressives de Mlle Napierkowska, la célèbre danseuse polonaise. Le seul regret que je puisse formuler est que la danse en question ne dura que quelques minutes, car j'aurais préféré contempler un peu plus longtemps les attitudes parfaitement rythmiques de cette grande favorite du public parisien, quitte à sacrifier, et de grand cœur, plusieurs des gigues imbéciles et grossières dont selon l'habitude le programme était presque totalement composé. […] Cette aberration américaine qui consiste à se délecter des hurlements les plus sauvages, des trépignements de pieds, les moins suaves pour les tympans du spectateur et des danses épileptiques de nègres ou de blancs qui ne valent pas mieux, est un des mystères qui me stupéfient chez ce peuple bizarre. Quoi qu'il en soit. Il faut remercier Mlle Napierkowska qui, par son art exquis, suffit à dissiper l'ennui d'une longue soirée gâtée par les exercices ci-dessus nommés » (36).
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Napierkowska, la Fleur mystérieuse, 1918 photo Auguste Bert
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Napierkowska, à Lisbonne
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Jouant chaque jour, en matinée et en soirée, après Chicago, Stasia enchaîna avec Saint-Louis, Omaha, Kansas-City et d’autres endroits avant New-York le 27 mars où deux agents-censeurs (Mac Cafferty et Britton) considérant la Captive comme indécente emmenèrent Stasia au commissariat. Le lendemain, elle comparut devant la West Side Court. Gardant le silence devant le juge, elle proposa d’exécuter la danse incriminée, mais hâtons-nous de dire que son avocat parla pour elle et que le magistrat l’acquitta. Ainsi put-elle reprendre ses spectacles au Palace Theatre. Mais alors que la danse pour laquelle on l’avait traîné devant les tribunaux comme « un criminel ordinaire » avait été donnée dans plusieurs villes sans la moindre objection, à son retour en avril, elle confiera à l’envoyé du New York Times : « En réalité, je n'ai ramené aucun souvenir agréable des Etats-Unis. Quel peuple étroit d'esprit, imperméable à toute belle impression. Je ne puis comprendre comment on peut les admirer. Ils sont à peine civilisés. En fait, je suis complètement désillusionné à leur sujet ». Seul le juge Levy qui avait estimé « que la danse ne viole pas le code pénal et qu’elle doit être jugée d’un point de vue artistique » (37) échappera à son mépris. Dix ans plus tard, dans ses souvenirs arrangés pour Ciné-Miroir, elle ajoutera : « Je ne pouvais quitter New-York sans avoir visité un studio, d’autant plus que j’avais reçu du directeur d’une grande firme une proposition assez curieuse. Ce que m’avaient reproché les détectives Mac Cafferty et Friton (sic) dans le ballet la Captive, c’était de danser les jambes nues. Ce fut au nom de l’actualité, qui ne perd jamais ses droits aux Etats-Unis, que je fus priée de passer au studio, car on voulait tourner mes jambes. L’on m’avait maintes fois, vanté l’organisation des firmes cinématographiques en Amérique ; mais j’étais loin de m’attendre au spectacle qui s’offrit à mes yeux. […] C’était le triomphe de l’organisation, intelligente, méthodique. C’était merveilleux. Je ne veux pas médire de ce qui se passe chez nous, où l’on accomplit tant de belles choses en improvisant continuellement, en utilisant le système D, mais combien on économiserait de temps et d’argent, si la préparation était plus minutieuse, plus complète » (38). Après des représentations au Tivoli de Barcelone et le tournage d’El sello de oro de José de Togores, en juin 1913 Stasia retrouva Mariquita pour répéter le divertissement hindou de Lakmé joué à Favart et les danses de Castor et Pollux, données le 19 au Cercle de l’Union Artistique. On la voit ensuite à Garches le 21, chez le peintre polonais Jan Styka où elle interprète dans le hall de sa villa, la danse de la rose tirée d’Antar et le
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28 aux débuts de Mata Hari aux FoliesBergère. Sinon, outre prêter son visage à la publicité du Savon Cadum, l’année 1913 sera l’occasion d’une dizaine de films. C’est sans doute pourquoi, après des congés en août dans la station alpestre d’Allevard-lesBains, rien ne marqua sa rentrée. Elle fera toutefois l’actualité en octobre : « Le rezde-chaussée qu'occupe l’artiste au 30 de l'Avenue de Saxe s'était trouvé inondé par suite de la rupture d'une conduite d'eau. Elle demanda au Tribunal de désigner un expert pour évaluer le dommage qu'elle avait subi. Deux messieurs se présentèrent. Ils dirent être les experts. Après leur départ, on constata la disparition d'une barrette en or, ornée de brillants, d'une valeur de 5.000 frs » (39). Ce n’est qu’en janvier 1914 qu’on la retrouve au Théâtre Edouard-VII, salle alors affectée au Kinémacolor. En fin de soirée, elle y exécute du 9 au 15 une danse orientale : la Bayadère, musique de Bourgault-Ducoudray. Par ailleurs, ayant assigné pour diffamation un journal italien, la Tribuna, qui avait déclaré dans un article que sa beauté perverse était la cause du suicide de quatre admirateurs. Le 14, elle obtint du tribunal civil, 10.000 frs de dommages-intérêts. En février, le 13, aux vendredis du Théâtre Femina dédiés à Chopin on l’applaudit dans de « magnifiques danses ». Puis, le 18, chez M. et Mme Louis Lorieux, dans la Péri, de Paul Dukas avec Denyse Mussay pour partenaire. Ce qui étonne car depuis la création du ballet au Châtelet en 1912 par Natacha Trouhanowa et Alfred Bekefi, à l’instar d’Albert Aveline en 1913, de Luigi Paglieri et Robert Quinault en 1914, le rôle d’Iskender était tenu par un homme. Mais Stasia aimant les femmes et les hommes, peut-être Denyse Mussay était-elle sa dernière conquête ? La presse n’en fit pas son miel, mais annonça pour le 29 février sa rentrée à Favart dans une reprise de Djali. Ballet de Serge Basset et Mariquita, musique Georges Menier, qu’elle dansa avec Sonia Pavloff, Robert Quinault et Léa Piron jusqu’au 27 mars. Le 1er mai, on la croise au Salon des artistes français, devant la Salomé de Gustave Brisgand, qui lui ressemble étrangement. Puis, le 26 à la Galerie Hessèle où Adolphe Berson expose une « violente Napierkowska ». Entre temps, elle paraît à Rome au Teatro Argentina. On parle d’extraits du Children's Corner et de la Boite à joujoux de Debussy dans lesquels : « la science des pointes et la technique classique que Mlle Napierkowska sut agrémenter des ressources les plus brillantes de sa fantaisie, lui valurent un triomphe » (40). Elle rentrera chargée « d’immenses gerbes de roses ornées de drapeaux français et italiens ». En août la Guerre éclata, les studios ayant cessé leur activité, appelée par le Film Art Italien, filiale de Pathé, Stasia s’installa en septembre à Rome dans une villa sur
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la Via Nomentana. Elle était escortée d’une amie journaliste, Germaine Dulac à qui elle fera découvrir le monde du cinéma. Mariée à Alfred Dulac, avant de s’affirmer homosexuelle, leur relation était passionnée, orageuse. C’est peutêtre pourquoi, celle qui allait devenir la grande cinéaste féministe d’avant-garde intitula son premier opus en 1915 : les Sœurs ennemies, avant de diriger Stasia dans Venus Victrix et Dans l'ouragan de la vie. Selon un article polonais, leur histoire s’acheva au tribunal, Germaine accusant Stasia de lui avoir volé l’idée du scénario de l’Atlantide de Pierre Benoit dont nous reparlerons. À vrai dire, la presse est muette sur cette affaire. Autrement, Stasia sera en Italie la vedette de nombreux films dont, la Tragique fin de l’Empereur Caligula d’Ugo Falena qui fera dire à Paris : « elle est d'une puissance d'émotion qu'elle n'a jamais égalée ailleurs » (41). Figurait au générique un jeune acteur entré dans sa vie. Il s'appelait Elio Gioppo et lorsqu’en 1916, l’Italie entra en guerre, incorporé, il tomba au combat sur les rives de l'Isonzo. Ensemble, ils avaient enchaîné quatre films, dont les scènes de séduction vaudront à Stasia de recevoir un courrier abondant et des demandes en mariage. Partagée entre l’Italie et la France, à l’automne 1915, Stasia investit les studios de la Gaumont pour les Vampires de Louis Feuillade. Un feuilleton à l’origine du genre policier dont elle reprit une scène, le 2 janvier 1916 lors du gala des Alliés au Trocadéro. Même lieu, ce furent ensuite les danses d’Alceste avec la troupe de l’OpéraComique. Pierre-Barthélemy Gheusi connu à Biarritz en assurait la direction depuis 1914. Elle lui sera retirée en 1918 par Clémenceau, son ennemi juré. Pour l’heure, dans un répertoire et des moyens réduits par la guerre, la salle Favart poursuivait son activité et toujours guidée par Mariquita, Stasia y dansa épisodiquement. Ainsi, le 8 novembre 1916, lors d’un gala Carmen au profit des réformés militaires sans pension, « survenant après Mlles Sonia Pavloff et Carlotta Zambelli, elle triompha de ses compagnes par son éblouissante fantaisie et l'intelligence de sa technique » (42) note Jean Poueigh. En 1917, « après avoir tourné pour les autres tant de beaux films, après avoir, aussi hélas été mise par tant de metteurs en scène iconoclastes à la sauce « navet » (43), sous la marque S.N., Stasia se lança dans la réalisation. L’occasion
d’un séjour en Provence, où elle tourna l’Héritière de la manade avec des gens du pays et Charles Vanel. Présenté le 5 septembre 1917 au Cinémax, ouvert par Max Linder. Malgré sa devise « Victoriarum certitudo » (la certitude de la victoire) ce sera son seul film. Après quoi, elle interrompit le cinéma pour « créer une école, non pas classique, pas davantage une école du genre Isadora Duncan, mais une école selon son idée, une école Napierkowska où chaque élève gardera son caractère, évoluera selon le mouvement répondant le mieux à ses dispositions » (44). Mais comme la réalisation, son appétit de « rénover la danse » n’aura pas de
suite. Dès lors, multipliant les galas, le 6 novembre 1917, « avec une ingéniosité expressive, une poésie évocatrice » elle crée au Vaudeville : le Cygne, poème de Sully Prudhomme, récité sur la musique de Saint-Saëns. Autrement, le 27, le capitaine Pierre Bouchardon, qui s'occupera de Mata Hari, l’interroge dans le cadre des affaires Cavallini et Bolo Pacha. C’est-à-dire Paul Bolo, aventurier qui mena grand train à Biarritz et sera exécuté pour trahison envers la France. Surprise d’être appelée
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Napierkowska & Germaine Dulac, Rome, 1915 Napierkowska, la Fleur mystérieuse, 1918 photo Auguste Bert
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LA DANSE À BIARRITZ # 72
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à témoigner, Stasia parlera d’entrevues fortuites, de relations mondaines. Néanmoins, Bolo la fera paraître à la barre, le 4 février 1918. Quelques jours plus tard, le 15, engagée par Raphaël Baretta, elle se fond dans la Revue des Folies-Bergère avec la Fleur mystérieuse ou l’Oiseau-femme. Réglée par Pierre Sandrini sur des airs de Louis Ganne et Saint-Saëns, cette aventure d'un prince hindou qui subit l'enchantement d’un oiseau magique montra selon Gaston de Pawlowski : « une danseuse à son apogée » : « Avec beaucoup de bonheur, Napierkowska a adopté le costume ancien de danseuse qu'évoquèrent les Sylphides et elle a abandonné à nos théâtres subventionnés le ridicule tutu écourté qui rappelle la collerette clownesque des chiens savants. Ses bras onduleux comme des cols de cygne, se souviennent encore des bonnes leçons de Mariquita, mais ses jambes ont appris de Sandrini les indications discrètes, les jolies attitudes lentes et mesurées qui faisaient tout le charme des danses françaises d'autrefois. Ce que Napierkowska ne doit qu'à elle-même, c'est d'avoir appris à sourire d'une façon délicieuse, à sourire de la bouche et des yeux ; ses danses nouvelles constituent, par leur ensemble, un spectacle d'art parfait qu'il est assez rare de trouver aujourd'hui » (45).
Coupe transversale de l'intérieur du Théâtre Mondain
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Le 15 avril 1918, Stasia dansa une dernière fois la Fleur mystérieuse, avant de disparaître des chroniques jusqu’en août, date à laquelle on la retrouve au Casino de Trouville. Et alors qu’on s’apprêtait à célébrer la Paix, le 8 novembre, elle débute à l’Apollo dans la Reine joyeuse, opérette
d’André Barde, musique Charles Cuvillier. « Mystérieuse et harmonieuse, parée de pampres dionysiaques » par Georges Kugelmann Benda, elle tiendra l’affiche jusqu’au 30 mars 1919, avant de monter sur la scène de l’Athénée, où le 18 avril « elle mima, vécut » la Marche funèbre de Chopin. Suivront encore et toujours des galas de bienfaisance, puis à l’initiative de Paul Boquel, organisateur de concerts et de conférences, une tournée en France. Alors on l’interroge : « Votre nom et prénom habituels ? » Se parant d’une particule comme d’une rivière de diamants, elle répond : « Stasia de Napierkowska. Votre ambition ? Toujours plus ! ». Accompagnée du violoncelliste, Joseph Hoffman et du pianiste Pierre Maréchal, Stasia débuta à Lyon en mai, avant SaintEtienne, Marseille et une série en juin à Bordeaux au Théâtre Français. Puis après Vichy et Arcachon, le 16 août « l'Etoile française de la danse » passa au Théâtre Mondain de Biarritz. Les deux casinos, le Municipal et le Bellevue, ayant été changés en hôpitaux militaires dès 1914. Cette salle de 1.200 places, sise Avenue de la Marne avait été un temps la seule distraction de la station. À l’origine se trouvait le Garage de la Croix-de-Lorraine dont l’étage supérieur avait été aménagé en 1910 par son propriétaire, Louis Fitte, ingénieur civil né en 1860 à Muret, pour accueillir des séances de patinage, de pelote et autres sports, avec gradins pour les spectateurs. De-là, Louis Fitte, conseiller municipal en 1920, ouvrit un cinéma, dit de la Croixde-Lorraine, puis faisant brosser un jeu de décors pour recevoir des spectacles, le 27 juillet 1916, il inaugura le Théâtre Mondain. Il fera plus tard place au Cinéma Lutétia, avant d’être baptisé El Castillo et de dérouler des films classés X dans les années 70. En attendant, le 16 août 1919, « avec une intense émotion », Stasia donna au Théâtre Mondain, une représentation unique, composée de « danses classiques et modernes ». Citons : Suite de danses romantiques, sur les Moments musicaux de Franz Schubert, Danses espagnoles, évocations de tableaux de Goya, musique Enrique Granados, avec des costumes que la danseuse habillée à la ville par Juliette Courtisien avait elle-même dessinés. Enfin, « son éblouissante adaptation » du Cygne de Saint-Saëns : « qui n'a jamais vu Napierkowska danser le Cygne s'est privé d'une des plus pures joies artistiques qu'il nous est actuellement donné de ressentir ». Cependant, « après un triomphe sans précédent dans les annales de la danse » (46) dixit la Gazette de Biarritz, on ignore si elle profita de la station, à l’instar de Joseph Hoffman qui se fit ensuite entendre en concert. Quittant la scène pour reprendre le chemin des studios, ce n’est que le 28 février 1920 qu’on la revoit à Paris, à la Maison
LA DANSE À BIARRITZ # 72 de l'Œuvre jouant en italien dans Don Pietro Caruso, drame de Roberto Bracco. Sur un texte de Jean Tédesco, illustré par Emilienne Pigeat paraît alors aux Éditions Cinéa, un album qui lui est consacré. Mais, après des récitals en mars sur la Côte d’Azur, la surprise fut son engagement pour l’Atlantide de Jacques Feyder tiré du roman de Pierre Benoit. Paru en février 1919, l’auteur inhumé à Ciboure, y évoque le corps de rêve de son héroïne, « une sorte de jeune fille mince, aux longs yeux verts » qui affirme être reine de l'Atlantide et domine ses victimes par sa beauté. C’est pour ces raisons que Jacques Feyder avait songé à Stasia. Reste que Jeanne Roques, dite Musidora, la star des Vampires dut être pressentie, puisque Stasia dit avoir déclaré au régisseur venu l’informer : « Vous retardez, cher Monsieur, j’ai lu dans un journal de Nice que le rôle avait été donné à Mlle Musidora. Non, c’est inexact, c’est vous qui serez Antinéa ». On raconte en fait qu’un « ami » l’imposa. On dit aussi, qu’elle signa son contrat emmitouflée de fourrures avant que ne soit découvert « qu’elle accusait des contours à la Rubens » écrit Jacques Feyder : « Cette admirable danseuse m’avait fait grande impression dans un festival, où mince comme un fil, elle s’était fait acclamer de tout Paris pour l’harmonie de son corps d’éphèbe. Je proposais Napierkowska pour incarner Antinéa, et ce choix reçut tous les suffrages. […] C’est au premier essayage, chez le couturier, que je reçus le choc ! En un an, elle avait engraissé de trente livres » (47). C’est pourquoi, le réalisateur s’ingénia à masquer ses rondeurs et confia l’unique danse à Jane Lysana. « Certes, le palais eût été un cadre merveilleux pour des danses profanes, mais la note chorégraphique est remarquablement assurée par Mlle Lysana, qui est bien dans le style » (48) reconnaîtra Stasia. Pour ce film, entièrement réalisé dans des lieux naturels, en Algérie, de février à octobre 1920, Stasia débarqua à Alger en avril pour rejoindre Touggourt, où « à plus de 45° de chaleur à l’ombre », elle resta 50 jours avant de tourner dans la banlieue algéroise les scènes du palais d’Antinéa, reconstitué dans une carrière par le décorateur Manuel Orazi. « J’étais si heureuse à Alger, dira-telle, que cédant aux demandes qui me furent faites, je consentis à danser et j’eus le bonheur de mériter les suffrages d’un maître qui s’y connaissait : Camille SaintSaëns » (49). Ce n’est en vérité que l'hiver suivant qu’elle se dédia au public algérien et croisa : « cet homme délicieux ». C’est à cette époque que Stasia aura une liaison avec Pierre Benoit, qui confiera : « J'ai reçu une carte postale, envoyée de Touggourt par Napierkowska : " Méchant, m'écritelle, écrasée de chaleur, vous me ferez mourir !" » (50). Rentrée à Paris en octobre 1920, le bruit courut qu’elle allait abandonner la danse, mais faisant sien le mot de Wagner :
« Mon art, c'est ma prière ! », entre deux tournages en Provence, elle reprit ses récitals : Amiens, Lille, Pau, Cannes, etc. Sans cela, depuis des mois l'on attendait la projection de l'Atlantide. Elle eut lieu, le 4 juin 1921 au Gaumont-Palace, dura trois heures et se conclut en triomphe. Ainsi on estime que de 1921 à 1932, le film sera vu par plus 10 millions de personnes. En attendant, on lira : « La passion, la beauté, le dépit et aussi le remords d'Antinéa sont extériorisés par Mlle Napierkowska avec une sauvagerie, une féminité dignes de tous éloges » (51).
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Napierkowska par Emilienne Pigeat
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Napierkowska & Jacques de Trévières, Inch’Allah ! 1921
Ensuite, Stasia reprit le cours de ses tournées. On s’arrêtera avec elle à Alger, où en décembre 1921, elle souleva l’enthousiasme dans le Cygne, « qu’elle danse comme c'est la mode, on ne sait pourquoi » (52) écrira Saint-Saëns à Reynaldo Hahn. Selon le compositeur, ce fragment du Carnaval des animaux suggérait « la vision d’un beau cygne heureux et calme voguant avec sérénité sur une eau paisible » et non la souffrance et la mort comme Stasia ou Anna Pavlova le traduisaient. Qu’importe, sous le charme, Saint-Saëns lui promit d'orchestrer une valse à laquelle il travailla aussitôt, car elle s'embarquait pour la France le surlendemain. Il lui remit le 13 décembre. Ce jour-là, dans une lettre adressée au pianiste Henri Etlin, il écrit : « Je viens d'orchestrer une valse nonchalante à la prière de Mlle Napierkowska, qui désire la danser ». Ce fut la dernière œuvre du musicien qui s’éteignit à Alger trois jours plus tard. C’est avec « grand chagrin » qu’elle apprit sa mort, mais on ignore si elle dansa la valse en question. Ce que l’on peut dire, c’est qu’entre ses récitals et ses galas mondains, elle revint en Afrique du Nord en mai 1922 pour Inch'Allah ! réalisé au Maroc par Franz Toussaint, poète et orientaliste mort à Saint-Jean-de-Luz. Sur un scénario de ce dernier, elle était la danseuse Zilah aimée par le caïd Sliman et désirée par le frère de celui-ci, Saïd, un chamelier interprété par Brahim El Hadjeb avec lequel, Stasia eut une romance selon Franz Toussaint, qui confiera aussi dans une interview : « Napierkowska, qui a été déplorable dans l'Atlantide (elle le dit ellemême) m'a fait des choses remarquables, et elle sera mince, mince. J'ai eu à cœur de montrer que Feyder (dont le mérite a été très grand, car j'admire son film) s'était trompé avec elle. Mais ceci est une autre histoire » (53). Interrogée à son tour sur les circonstances de son engagement pour Inch'Allah !, Stasia dira avec humour ou mauvaise foi : « Quelle inquiétude pour moi ! répondis-je à M. Toussaint. Considérez que, dans un de mes précédents films, on a poussé la conscience artistique jusqu'à me transformer en grosse femme, car avec raison il avait été estimé que ma corpulence ajouterait du pittoresque à l'ensemble » (54).
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LA DANSE À BIARRITZ # 72
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In'Ch'Allah ! sortit Salle Marivaux, le 10 mars 1923 et paraîtra en Italie sous le titre de la Vergine dell'Atlantide, astuce des distributeurs pour exploiter le succès de l’Atlantide. Mais avant, le 15 décembre 1922, Stasia parut à l'Alhambra, dans ses danses espagnoles et romantiques. L’occasion pour André Levinson d’écrire : « Stacia Napierkowska dansant à l'Alhambra me fait songer aux légendes de toutes les mythologies où l'on voit déesses ou péris quitter leur séjour éthéré pour vivre et souffrir parmi les mortels. Combien je comprends cette star du cinéma qui, lasse de sa gloire intangible, se retourne vers son passé de danseuse pour entendre les applaudissements d'une salle qu'elle voit. Ce qui fait le charme personnel de sa danse c'est, avec le mystère de ses yeux d'ombre et l'acuité de son profil, surtout la serpentine souplesse du torse et le dessin sinueux des pas… » (55). Suivra, du 13 janvier au 21 février 1923 à la Cigale, T'excite pas comme ça, revue de Max Eddy, Jean Deyrmon et Jean Vorcet où elle partagea l’affiche avec Emmy Magliani et Marcel Bergé qui passeront à Biarritz en août. Après ses danses espagnoles, on applaudit également la Nouvelle Antinéa : « danse égyptienne peu imprévue, qui n'a d'autre intérêt que de présenter au public, l'Antinéa de l'écran, et une délicieuse "Bucolique", petit chef-d'œuvre de charme, de poésie et d'impression, qui vaut à Napierkowska un juste succès personnel » (56).
Napierkowska, dans sa loge, photo Comœdia
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« Non, je n'abandonne pas le cinéma comme on a eu tort de le prétendre. Mais je me partage entre l'Art muet et la Danse, qui me passionnent également et tyranniquement ». En effet, avant de retrouver les studios, « l'émule de Pavlova » reprit ses récitals en France, en Italie, jusqu’à son engagement au Palace où elle débuta le 31 août dans Toutes les Femmes, revue de C. A. Carpentier et André Dahl. « Poussant l’art jusqu'à son extrême limite » dans le Cygne, elle danse aussi avec Harry Pilcer dans un tableau dédié à Paul Poiret alors propriétaire à Biarritz de la villa Casablanca. Lâchant le Palace fin octobre, après toutes sortes de rendez-vous mondains, le 9 mai 1924, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, elle interprète des danses du XVIIème siècle dans le Bossu, drame de Paul Féval et Anicet Bourgeois. Puis du 28 mai au 7 septembre, aux Ambassadeurs, elle est l'étoile de C'est d'un Chic !... revue de Léo Lelièvre, Henri Varna et Fernand Rouvray, musique Albert Chantrier. Dans une série de tableaux ornithologiques, elle paraît par exemple au milieu d'un immense éventail en plumes d'autruches. Puis avec Gaston Gerlys, de l’Opéra-Comique dans le rôle du chasseur, dans la Chasse à l’aigrette, dont la mort avait dit-on certain rapport avec la
Mort du cygne. « Avec leur danse aérienne et à demi classique », le couple sera « une des meilleures surprises » (57) d’un gala donné au Châtelet le 13 juin. Après Sarah Berhnardt, Stasia est alors l’égérie d’une des premières crèmes anti-âge : la Crème Tokalon. Ce qui ne l’empêchera pas de bientôt mettre fin à sa carrière. En attendant, le 2 janvier 1925, à la Porte-Saint-Martin, parmi les élèves de Jeanne Ronsay, émule d’Isadora Duncan, elle interprète la danse d’Anitra dans Peer Gynt, conte fantastique d’Henrik Ibsen, musique Edouard Grieg. Puis le 20 février au Nouveau-Théâtre, Afgar ou les plaisirs du harem, opérette de Michel Carré et André Barde, musique Charles Cuvillier qui la conduira en province. À Avignon par exemple où le comité pour le relèvement de la moralité publique protesta auprès du maire de la ville. Sans quoi, le 5 mai à Nancy, elle prête son concours à un spectacle organisé « en l'honneur de la patrie de ses ancêtres ». À l’affiche de ce gala, son répertoire habituel et une mazurka de Chopin. Entre temps, dans le rôle d’une écuyère, elle tourne en mars au NouveauCirque, les Frères Zemganno, réalisé par Alberto-Francis Bertoni d’après le roman d’Edmond de Goncourt. Puis en juillet, pour la Gaumont, Salomé dans le Berceau de Dieu de Stefan Markus, réalisé par Fred Leroy-Granville. Présenté le 4 juin 1926 à l'Aubert-Palace, après 70 titres environ, ce sera son dernier film. Quant à son ultime apparition en scène, elle pourrait avoir eu lieu à Monte-Carlo, le 27 décembre 1925 dans la danse d’Anitra. En cette fin d’année, René Blum avait en effet engagé la troupe de la Porte Saint-Martin pour quatre représentations de Peer Gynt. Ensuite « la belle disciple de Terpsichore » s’effaça. « Le bruit court, mademoiselle, que vous voulez faire vos adieux au cinéma et au music-hall, interroge Pierre Darius en août 1927. Faire mes adieux ? Mais mes adieux ont été faits ; mais je n'ai pas cru nécessaire de le crier par-dessus les toits. Quel événement vous a fait prendre cette grave détermination ? Vous êtes choyée ; le rôle principal de l'Atlantide et dix autres vous ont rendue célèbre. Oui, sans doute ; mais, que voulez-vous, je reviens à mes premières amours : j'adore la peinture, j'adore le dessin, mes plus belles satisfactions, je les éprouve devant le motif ; la ligne, la forme et l'âme ont toujours été mes trois préoccupations. J'étudiais chacune de mes danses en faisant des croquis d'attitude ; maintenant, c'est fini, je ne veux plus tourner, je ne veux plus danser, je veux vivre mon beau rêve : peindre et voyager et si, par moments, le spleen me prend à bras le corps, je penserai à fonder une école de danse où le jazz n'aura pas droit de cité » (58).
LA DANSE À BIARRITZ # 72 C’est donc en pleine popularité qu’à 36 ans, Stasia arrêta sa carrière. Mais après la haute noce, sans doute son « fiancé », Joseph Bethenod avec lequel elle s’était établie, à Auteuil, 16 rue de Varise, l’invita à une vie plus rangée. En tous cas, elle épousa cet ami de Pierre Benois à Paris le 12 novembre 1927 dans le plus grand secret, sans bruit dans la presse, alors qu’elle faisait la couverture des revues à jet continu. Célèbre ingénieur, né à Lyon en 1887, Joseph Bethenod, l’un des dirigeants de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil (CSF), laissera une œuvre considérable, 150 publications et 300 brevets dans les domaines de l'électrotechnique et de la radioélectricité. Quant à Stasia, elle prêta au début son concours à divers évènements comme la Nuit du Théâtre, organisée à Luna-Park, le 29 juin 1928 au
profit des vieux comédiens où elle tient le stand du Thermomètre de l'Amour. Elle est aussi assidue aux galas de bienfaisance, aux banquets littéraires où l’on débat de questions sérieuses : les artistes ont-elles tort ou raison de se marier? Pour ou contre le baiser ? Faut-il le proscrire au nom de l'hygiène ? Doit-il être interdit, en France, de s'embrasser en public ? Quel est le coin du monde le plus propice au flirt ? Bien que retirée, elle reçoit des propositions : « Je me moque du théâtre et du cinéma, dira-t-elle en 1931. Je n'ai plus que deux passions : la peinture et la cuisine » (59). Alors, au 33 Avenue Montaigne où le couple réside, elle cuisine, peint, expose portraits et « puissantes natures-mortes », comme au salon de la Société des artistes indépendants de 1932, de 1938, avant de tomber dans l’oubli et peut-être dans une démence précoce. Son mari s’éteignit à Paris le 21 février 1944 et alors que prenait fin la Seconde Guerre mondiale, « Stasia Napierkowska, de l’Opéra », comme il est gravé sur sa tombe, expira à 54 ans, le 11 mai 1945 dans l’indifférence générale. Inhumée au cimetière des Batignolles, un
ami d’enfance, l’illustrateur René Giffey (mort à Arcachon en 1965) qui s’était uni à une danseuse des Folies-Bergère figura parmi ses héritiers. Sans quoi, toujours en vie à 85 ans, sa mère résidait à Mont-deMarsan.
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Napierkowska, Nature morte
Remerciements à Anne Londaitz
(1)
L'Oreille au guet, Reynaldo Hahn, 1937, p. 97
(2)
Ciné-Miroir, 15 avril 1923
(3)
La Rampe, 28 janvier 1923
(4)
La Rampe, 14 février 1918
(5)
Comoedia, 25 février 1913
(6)
L'Afrique du Nord illustrée, 26 juin 1920
(7)
Comoedia, 18 avril 1913
(8)
La Rampe, 28 janvier 1923
(9)
Conférence du 4 mars 1948
(10)
La Culture Physique, 15 janvier 1912
(11)
Comoedia, 21 août 1909
(12)
Le Petit Parisien, 15 décembre 1906
(13)
R. Quinault, conférence du 4 mars 1948
(14)
Comoedia, 4 mars 1910
(15)
Souvenirs de théâtre, 1950, p.330
(16)
R. Quinault, conférence du 4 mars 1948
(17)
Comoedia, 21 août 1909
(18)
Comoedia, 13 juin 1908
(19)
Le Figaro, 6 janvier 1909
(20)
Comoedia, 12 août 1909
(21)
Comoedia, 5 septembre 1909
(22)
Le Figaro, 6 septembre 1909
(23)
Comoedia, 3 novembre 1909
(24)
Le Figaro, 13 février 1910
(25)
Gil Blas, 24 décembre 1911
(26)
Femina, 1er mars 1910
(27)
Comoedia, 21 avril 1910
(28)
Comoedia, 3 septembre 1910
(29)
Comoedia, 31 août 1910
(30)
Le Figaro, 7 mai 1911
(31)
Comoedia, 11 mars 1912
(32)
Gil Blas, 23 avril 1912
(33)
Comoedia, 11 décembre 1912
(34)
Comoedia, 14 janvier 1913
(35)
Comoedia, 13 février 1913
(36)
Comoedia, 22 février 1913
(37)
New York Times, 27 avril 1913
(38)
Ciné-Miroir, 1er mai 1923
(39)
Le Figaro, 22 octobre 1913
(40)
Comoedia, 28 mai 1914
(41)
Le Temps, 9 novembre 1916
(42)
La Rampe, 23 novembre 1916
(43)
Hebdo-film, 7 septembre 1917
(44)
La Rampe, 26 octobre 1916
(45)
Le Journal, 22 février 1918
(46)
La Gazette de Biarritz, 18 août 1919
(47)
Le Cinéma, notre métier, 1944, p.51
(48)
La Danse, juin 1922
(49)
Ciné-Miroir, 15 mai 1923
(50)
Je Sais Tout, n° 189, 15 septembre 1921
(51)
La Rampe, 18 juin 1921
(52)
Le Figaro, 2 juin 1938
(53)
Comoedia, 26 août 1922
(54)
Comoedia, 21 octobre 1922
(55)
Comoedia, 25 décembre 1922
(56)
Comoedia, 16 janvier 1923
(57)
Comoedia, 14 juin 1924
(58)
Comoedia, 5 août 1927
(59)
L'Œil de Paris, 24 octobre 1931
SENSIBILISATION
Donostia / San Sebastián Autour des représentations des 6 et 7 avril à Donostia / San Sebastián, Dominique Cordemans animera des ateliers « Voulezvous danser avec nous ? » pour adultes les 3 et 5 avril au Victoria Eugenia Antzokia. Une répétition publique aura lieu le 4 avril et une rencontre avec les chorégraphes, Martin Harriague et Thierry Malandain sera organisée le 7 avril après la représentation à la Sala Klub. Durant la journée du 7 avril, avant d’assister au spectacle, des élèves du Centre de Formation en Danse de Biarritz, de la Cellule Zabala du Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque et de l’Association Instant Présent d’Aureline Guillot assisteront à la classe et à la répétition des danseurs. Par ailleurs, Edu Muruamendiaraz, directeurchorégraphe de la Compagnie Aukeran proposera un atelier autour de son travail axé sur la déstructuration du rythme et des règles de la danse et de la musique traditionnelle basque.
Meaux (77) Théâtre Luxembourg Le 9 avril, dans le cadre de la programmation de la Belle et la Bête à Meaux, conférence et lecture vidéo animée par Giuseppe Chiavaro autour du documentaire : la Belle et la Bête, histoire d’une création réalisé par BoiSakré productions.
Biarritz - 3ème édition de Master Class de Printemps Du 18 au 21 avril, l’Ecole de Ballet Lipszyc – Centre de Formation en Danse de Biarritz propose sa 3ème édition de Master Class de Printemps. Aux côtés d’Aurélia Schaefer et d’Eric Quilleré, respectivement maîtresse de ballet et directeur de la danse à l’Opéra National de Bordeaux, et de Véronique
Informations Ecole de Ballet Lipszyc Centre de Formation en Danse de Biarritz : Tél. 05 59 24 70 54 www.ebgl.info
Biarritz Répétition publique Le 24 avril, le Malandain Ballet Biarritz proposera une répétition publique aux élèves et familles du Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque.
Bruges (33) Espace Treulon Avant la participation du Malandain Ballet Biarritz à la soirée « Danse Partagée » avec la Compagnie Christine Hassid Project, qui le 26 avril sera suivie d’un échange avec le public, Dominique Cordemans animera des master-classes / ateliers de répertoire Malandain et un atelier « Voulez-vous danser avec nous ? » les 21 et 22 avril. Les master-classes / ateliers de répertoire Malandain s’adresseront à des élèves d’école de danse allant d’un niveau avancé à un niveau pré-professionnel et professionnel, tandis que l’atelier « Voulezvous danser avec nous ? » sera ouvert aux adultes débutants ou initiés.
© Olivier Houeix
Atelier Voulez-vous danser à Donostia
Jean-Caracci, professeur à la Palucca Schule de Dresde, Giuseppe Chiavaro du Malandain Ballet Biarritz fera partie de l’équipe pédagogique.
Renseignements et réservations Tél. 05 56 16 77 00 e-ect@mairie-bruges.fr
Biarritz - Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque Du 14 au 20 avril lors de la 2ème édition d’un échange entre la Escuela Profesional de Danza de Castilla y León (Burgos) et le Conservatoire Maurice Ravel Côte Basque. Dominique Cordemans animera des ateliers de transmission pour les élèves des deux structures, qui assisteront également aux répétitions et à la représentation du Malandain Ballet Biarritz, donnée le 20 avril dans le cadre du Festival les Beaux jours de la musique à Biarritz.
LE LABO L’option art danse du Lycée André Malraux de Biarritz présente : Sa Majesté des mouches
Le Festival Les Ethiopiques a 10 ans
Hommage à Joxean Artze au Musée San Telmo de Donostia / San Sebastián Le 24 avril à 19h, au Musée San Telmo de Donostia / San Sebastián, LE LABO participera à un hommage au poète et musicien basque Joxean Artze passé à la postérité pour avoir écrit le poème TxoriaTxori, mis en musique par le chanteur-compositeur Mikel Laboa. Suite au décès de Joxean Artze à l’âge de 78 ans, cet hommage coordonné par le studio de production Morgancrea s’adressera à sa veuve et s’articulera autour d’une installation audiovisuelle prenant pour titre le spectacle : ikimilikiliklik que le poète avait créé avec son frère Jesus Artze et Mikel Laboa dans les années 70. Plusieurs amis de Joxean Artze, tels que Beñat et Julen Achiary, Michel Etchecopar, Michel Arotce, Maddi Oihenart et bien d’autres, seront présents pour honorer sa mémoire à travers textes, musiques, chants et danses.
Du 25 au 28 avril l’Association Ezkandrai fêtera à Bayonne les 10 ans du Festival Les Ethiopiques par une édition incisive et chaleureuse cultivée par Beñat Achiary en relation avec ses partenaires de plusieurs quartiers bayonnais et d’ailleurs. LE LABO comme chaque année participera à ces quatre jours de rencontres et de créations artistiques ponctués de concerts, d’expositions et de moments festifs. La poésie sera au cœur de cette 10ème édition dédiée au grand poète basque Joxean Artze et accueillera avec bonheur le poète toulousain qui vient de recevoir le prix Apollinaire : Serge Pey. Au sein d’un programme riche et varié, la danse ne sera pas en reste. Ainsi, après une rencontre entre les élèves de l’option ArtDanse du Lycée André Malraux de Biarritz avec ceux du Lycée Berñat Etxepare de
Bayonne, le 27 avril à 14h, les membres du LABO proposeront, le 28 avril à partir de 10h, leur performance MIKADO/ remix dans les rues de Bayonne. Lors de ce parcours ponctué par des poètes, des bertsolaris et des slameurs, ils participeront de la sorte à une marche de la poésie guidée par Beñat Achiary. Elle s’achèvera sur le Pont Pannecau où le bûcheron Eneko Saralegi coupera un tronc vertical lors d’une performance exceptionnelle qui mêlera coup de haches et voix. Le festival se clôturera à la salle MVC Polo Beyris, le 28 avril à 21h par une rencontre entre la danseuse basque de flamenco Adriana Zarraonandia, alias Adriana Bilbao, accompagnée de la chanteuse Elena Morales et du guitariste José Almarcha et de la danseuse contemporaine japonaise Mai Ishiwata portée par la txalaparta de Mixu Mestrot et Paxkaline Chabagno.
© Stéphane Bellocq
Permettant de questionner de manière collégiale, les interactions qui s’exercent entre le groupe et l’individu et d’aborder de nombreux thèmes sur la société d’aujourd’hui et de demain, ce roman célèbre, mais controversé, raconte comment un groupe d’enfants se retrouvant seuls sur une île déserte, sans adulte, à la suite d’un accident d’avion, organise sa survie.
© Johan Morin
Le 16 mai à 20h30 au Colisée de Biarritz, sous la houlette de Gaël Domenger, les élèves de seconde, première et terminale de l’option art danse du Lycée André Malraux de Biarritz, après une résidence les 2 et 3 mai au Malandain Ballet Biarritz, proposeront un essai chorégraphique autour de Sa Majesté des mouches de William Golding et de son adaptation cinématographique par Peter Brook.
Le danseur-chorégraphe Mizel Théret participera à cet évènement, tandis que Gaël Domenger chorégraphiera pour Aureline Guillot et Jonathan Vetea Rocacher une intervention en lien avec l’installation ikimilikiliklik de Morgancrea.
20 21
EN BREF
100ème représentation de la Belle et la Bête ! Le 10 avril au Théâtre Luxembourg de Meaux, Malandain Ballet Biarritz fêtera la 100ème représentation de la Belle et la Bête.
Irma Hoffren Prix de la Danse
Dans le cadre de l’Exposition Contes de fées montée par le Centre national du costume de scène, plusieurs costumes de la Belle et la Bête imaginés par le décorateur Jorge Gallardo seront exposé à Moulins du 7 avril au 16 septembre.
© Olivier Houeix
Le 30 avril, Irma Hoffren, danseuse au Malandain Ballet Biarritz depuis 2012 recevra à la Mairie de Donostia / San Sebastián le Prix de la Danse décerné par l’Association des Professionnels de la Danse de Gipuzkoa.
La Belle et la Bête au musée
Tous à l’Opéra ! Lancée par la Réunion des Opéras de France (ROF) avec pour objectif d’ouvrir gratuitement les Opéras de France le temps d’un week-end, la 12ème édition de cette manifestation européenne, qui aura lieu les 6 et 7 mai prochains, célèbrera l’Art chorégraphique. À l’initiative de Laurence Lamberger-Cohen, directrice de la ROF et en présence d’Aurélie Dupont, directrice de la danse de l'Opéra national de Paris, marraine de cette nouvelle édition, Thierry Malandain a été invité comme témoin lors de la conférence de presse du 21 mars à l’Opéra national de Paris.
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centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel, Lucia You González professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler
Production / Technique directeur technique Paul Heitzmann régie plateau Chloé Bréneur, Jean Gardera, Gilles Muller régie lumière Frédéric Bears, Christian Grossard, Mikel Perez régie son Nicolas Rochais, Jacques Vicassiau techniciens plateau Bertrand Tocoua, Maxime Truccolo régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeur Amandine Dehan, Martin Patris agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Creatio 300 / Enrique Muknik, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi Communication responsable image Frédéric Néry / Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset / MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable Arantxa Lagnet secrétaire administrative Nora Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Lamburu Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002
Hugo Layer, répétition, Rêverie romantique © Stéphane Bellocq
Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc répétiteur Giuseppe Chiavaro
CALENDRIER
AVRIL > JUIN 2018
Représentations en France 10/04
Meaux
La Belle et la Bête
12/04
Saumur
Nocturnes, La Mort du cygne, Estro
26/04
Bruges
Nocturnes, Une Dernière chanson
03/05
Neuilly-sur-Seine
Estro, Nocturnes
23/05
Sceaux
Estro, Nocturnes
24/05
Sceaux
Estro, Nocturnes
25/05
Sceaux
Estro, Nocturnes
26/05
Reims
Noé
27/05
Reims
Noé
28/05
Reims
Noé (scolaire)
,
Représentations Pays basque Donostia / San Sebastián
Nocturnes (avec pianiste), Rêverie romantique, Sirènes
07/04
Donostia / San Sebastián
Nocturnes (avec pianiste), Rêverie romantique, Sirènes
20/04
Biarritz
Nocturnes, Rêverie romantique (avec l’Orchestre Régional Bayonne Côte Basque)
21/04
Biarritz
Boléro
04/06
Biarritz
Sirènes, Rêverie romantique (scolaire)
05/06
Biarritz
Sirènes, Rêverie romantique (scolaire)
05/06
Biarritz
Estro, Rêverie romantique, Sirènes
06/06
Biarritz
Estro, Rêverie romantique, Sirènes
Rêverie romantique © Stéphane Bellocq
06/04
Espagne / Gijon
La Belle et la Bête
11/05
Espagne / Sant Cugat
La Belle et la Bête
13/05
Espagne / Madrid
La Belle et la Bête
16/05
Espagne / Reus
Nocturnes, La Mort du cygne, Une Dernière chanson
19/05
Espagne / Murcia
La Belle et la Bête (avec l’Orchestre Régional de Murcia)
19/06
Allemagne / Fürstenfeldbruck
Une Dernière chanson, Nocturnes, Estro
www.malandainballet.com
06/05
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Représentations à l’International