Numéro 80 Octobre - Novembre - Décembre 2018

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JOURNAL D’INFORMATION DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE NOUVELLE-AQUITAINE EN PYRÉNÉES-ATLANTIQUES MALANDAIN BALLET BIARRITZ

OCTOBRE  > DÉCEMBRE 2018

ÉDITO

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ACTUALITÉ

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ACTIVITÉ

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DANSE À BIARRITZ #75

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SENSIBILISATION

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LE LABO PAGE 20

SAISON

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BILAN PAGE 22

EN BREF PAGE 24

CALENDRIER Michaël Garcia, Déambulation 20 ans © Olivier Houeix

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Š Yocom, d'après photo Bernard

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ÉDITO

« Les anniversaires

ne sont pas toujours des choses agréables. Ils nous rappellent trop d'entreprises laissées inachevées, trop de bonnes résolutions brisées, ils délimitent trop clairement les trous qui s'élargissent dans notre vie et qui ne pourront jamais être comblés » (1). À l’instar de Prosper Mérimée, peut-être passé la cinquantaine n’aimerons-nous plus souffler les bougies et dirons-nous : allez-vous en avec vos fleurs ! Mais, aujourd’hui, le Centre Chorégraphique National a 20 ans et c’est encore l’âge heureux où les anniversaires sont des fêtes. Enchanté d’être au monde, le CCN vit le jour en 1998 à l’initiative de Didier Borotra, sénateur-maire de Biarritz et de Jakes Abeberry, adjoint à la culture, mais aussi ancien danseur des Ballets Oldarra, ce qui éclaire le motif d’un Ballet dans une ville de 25.000 habitants. Un projet plébiscité par Catherine Trautmann, ministre de la culture et mis en place par Didier Deschamps, son conseiller pour la danse, Patrick le Dauphin Dubourg, conseiller musique et danse à la DRAC Aquitaine et Filgi Claverie, directeur de Biarritz Culture. Les ministres passant, l’on n’omettra pas d’évoquer Renaud Donnedieu de Vabres pour sa contribution au développement de l’entreprise et Audrey Azoulay, sans laquelle je ne pourrais signer ses lignes. L’on n’oubliera pas non plus, Alain Rousset et Jean-Jacques Lasserre présidents de la Région Nouvelle-Aquitaine et du Conseil départemental des PyrénéesAtlantiques qui depuis 1998 n’ont jamais cessé de prendre part active à l’évolution du Ballet malgré les politiques d’austérités. Ce qui aura notamment permis de passer de 12 artistes intermittents du spectacle à une troupe de 22 danseurs permanents. Les anniversaires laissant derrière eux des souvenirs, évoquant des dates et des faits, on se réjouira de l'admirable fidélité du public, le signe le plus visible du succès. Loin le temps où 300 personnes à la Gare du Midi était une salle vide. Oubliées les critiques : ce n’est pas de la danse, mais de la gymnastique ! Hors de nos terres aquitaines, sans mise en avant officielle et en dépit des vents capricieux de la mode, on se félicitera également de l’intérêt des scènes françaises et étrangères à l’égard de notre « aérobic » capable d’émouvoir ou de charmer et de

la loyauté de nos agents artistiques. Du soutien indéfectible des Amis du Malandain Ballet Biarritz et de nos mécènes. De notre rayonnement transfrontalier et des actions de sensibilisation qui contribuent à faire d’un art fugitif qui ne semblait pas devoir intéresser les foules une fête et de Biarritz une ville de danse. Mais l'appui des collectivités, de notre Conseil d’administration, du public, des bienfaiteurs, l’estime des programmateurs et les actions de terrain ne seraient rien sans le dévouement et la persévérance des équipes administratives, techniques et artistiques du CCN. Leur engagement sans faille que n’évalue aucune échelle de Richter explique aussi un résultat qui tient parfois du miracle et fait honneur à tous. Par vingt chorégraphies étincelantes des danseurs, allumées comme autant de bougies dans Biarritz, et un bal des plus brillants pour clore les réjouissances, à la satisfaction des fous de danse, cet anniversaire a été joyeusement célébré en septembre durant le festival le Temps d’Aimer et il s’agit maintenant d’aller de l’avant, droit sur les objectifs de la saison. Entre de beaux projets régionaux comme la reprise en décembre de Noé à l’Opéra de Limoges avec l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Limoges et le Chœur de l’Opéra National de Bordeaux sous la direction Philippe Hui ou encore en avril au Zénith de Pau avec le Chœur et l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB) dirigé par Fayçal Karoui, cette 20ème saison débutera à Biarritz en novembre avec l’avant-première de Marie-Antoinette accompagnée par l'Orchestre Symphonique d'Euskadi conduit par Mélanie Levy-Thiébaut. Répondant à une commande de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles, MarieAntoinette verra officiellement le jour en mars sur la scène de l’Opéra royal de Versailles, inauguré en 1770 à l’occasion des noces du Dauphin, Louis Auguste avec l’archiduchesse Marie-Antoinette. Le sujet est, évidemment, ambitieux. C’est qu'il y a le devoir d'aller de l'avant, toujours et toujours, sans se préoccuper des difficultés jusqu’à la cinquantaine. Ce jour-là, « malgré les trous qui s'élargissent dans notre vie et qui ne pourront jamais être comblés », en se disant qu’il était impossible de faire mieux, il y aura espérons-le bonheur à regarder en arrière. Mais, pour l’heure, le Centre Chorégraphique National a 20 ans et c’est encore l’âge où l’on sème la vie de danses et de fleurs.

n Thierry Malandain, septembre 2018

Paris, veille du Nouvel-An 1860 La passion d'un auteur : réponse à Prosper Mérimée, 1889 p. 185

(1)


ACTUALITÉ Laurine Viel, Clémence Chevillotte, Ione Miren Aguirre, Hugo Layer, répétition Marie-Antoinette © O.Houeix

MarieAntoinette à Biarritz Répondant à une commande de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles, le ballet Marie-Antoinette sera présenté en avant-première à la Gare du Midi de Biarritz les 16 et 17 novembre à 20h30. À cette occasion, l’Orchestre Symphonique d’Euskadi sera placé sous la direction de Mélanie Levy-Thiébaut. musique Joseph Haydn et Christoph Willibald Gluck chorégraphie Thierry Malandain décor et costumes Jorge Gallardo lumières François Menou réalisation costumes Véronique Murat création sonore Nicolas Dupéroir réalisation décor Frédéric Vadé réalisation accessoires Annie Onchalo peinture sur toile Laurent Tréneule maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc avec Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Mickaël Conte, Jeshua Costa, Clémence Chevillotte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Alessia Peschiulli, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel. coproduction Château de Versailles Spectacles, Orchestre Symphonique d'Euskadi de Donostia / San Sebastián, Donostia Kultura - Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián - Ballet T, CCN Malandain Ballet Biarritz, Music Hall Antwerpen, Opéra de Reims partenaires Teatros del canal - Madrid (Espagne), Opéra de Vichy, Teatro de la Maestranza y salas del Arenal de Séville (Espagne), Théâtre de Cusset. Billetterie Tarifs de 12€ à 36€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Office de Tourisme de Bayonne, Anglet et Saint-Jean-de-Luz

MarieAntoinette ou l’étoile du malheur Avant-propos

D

ésignée comme le mauvais génie du royaume et rendue responsable de tous ses malheurs, avant qu’on emporte son corps sur une brouette, la tête entre les jambes… Marie-Antoinette, sans son insouciance, sans ses réticences à sa fonction de Reine, sans Trianon, sans ses favorites, ses coquetteries, ses diamants, sans les décris de la Cour grossis par les pamphlets et les caricatures, sans la Révolution et la croyance que le sang versé concourait au progrès, aurait certainement poursuivi son existence frivole et ne serait pas morte supplicié. Comment une Reine adorée de tout un peuple, perdit-elle son affection avant de mourir de sa haine ? Comment celle qui incarnait le symbole de la royauté aida-t-elle à en précipiter la chute ? Un ballet ne peut répondre à ces questions complexes, et pour parler en toute franchise, transcrire en mouvements l’histoire de l’infortunée Autrichienne est un exercice périlleux ajouté aux contraintes ordinaires que sont la musique, les décors et costumes, le nombre des danseurs. Mais, depuis André Gide, l’on sait que « l’art naît de contrainte ». Toutefois s’en affranchir oblige parfois à emprunter une voie restrictive. C’est pourquoi dans l’incapacité matérielle de retracer le parcours de Marie-Antoinette du début à la fin, avons-nous choisi de limiter l’action et l’horizon du ballet à Versailles. Autrement dit, d’une soirée à l’autre, de sa première apparition sur la scène de l’Opéra royal jusqu’à son retrait d’une comédie dont elle était devenue « l’étoile du malheur ».

Après Cendrillon (2013) et la Belle et la Bête (2015), Marie-Antoinette verra le jour sur la scène de l’Opéra royal de Versailles inauguré en 1770 pour les noces du Dauphin Louis-Auguste et de l’archiduchesse Marie-Antoinette. Le 16 mai 1770, après la bénédiction nuptiale vint la signature de l’acte de mariage, sur lequel la Dauphine laissa une énorme tache d’encre, « mauvais signe » murmurat-on tandis que dans le ciel assombri se préparait un orage. Il contraindra à annuler le feu d’artifice attendu par une foule considérable, qui reflua sous une pluie diluvienne privée de son divertissement. Pendant ce temps, un souper réunit la famille royale autour d’une immense table dressée au centre du parterre de l’Opéra royal, achevé de la veille. Dix-neuf ans plus tard, le 1er octobre 1789, un autre banquet et le dernier, celui offert par les Gardes du corps aux officiers du régiment de Flandres, se tiendra sur la scène. Il verra reparaître Marie-Antoinette accompagnée de Louis XVI et du Dauphin et passera pour une ultime provocation de la monarchie. On raconta que la cocarde tricolore avait été foulée aux pieds et que la Reine avait encouragé ces manifestations injurieuses pour la Nation. L’autre cause d'excitation était la rareté des vivres qui donnera lieu à la marche des femmes de Paris sur Versailles. En attendant, après le royal souper s’enchaîna la nuit de noces. Le Dauphin, heureux seulement quand on le laisse en paix et qui a regretté de ne point chasser, inscrit dans son carnet : « Rien ». Il n’y a aucun lien entre ce rien et le revers de la nuit, mais il faudra sept ans à ce jeune homme inhibé, maladroit et mélancolique, pour accomplir son devoir conjugal et mettre un terme aux railleries. Mais Marie-Antoinette qui se refusait assez fréquemment sera aussi responsable de ses échecs. Devenue mère, elle s’occupera tendrement de ses enfants, ce qu’aucune Reine n’avait fait avant elle.


ACTUALITÉ

Hugo Layer, répétition Marie-Antoinette © O.Houeix

Après un jour de relâche, le 19 mai, la Cour réinvestit l’Opéra pour un bal paré avant d’autres festivités dont des fêtes de nuit à Paris, où le 30 mai, dans la bousculade du feu d’artifice, 132 personnes périrent piétinées rue Royale. Ce qui apparut une fois de plus comme de mauvais augure. Au reste, en proie aux regrets, peu de jours avant l’échafaud, Marie-Antoinette aura ces mots poignants : « Pour moi seule, toutes les heures sonnent en retard. Les entreprises n’ont que la chance du revers, et l'étoile du malheur semble s'être levée sur ce qui m'entoure, pour mal guider ceux qui me servent » (4). Mais

on ajoutera à cette série noire le ballet de la Tour enchantée, d’Antoine Dauvergne « sifflé d'un commun accord » le 20 juin. Selon le baron Grimm, l’intrigue de cette nouveauté était réduite à peu de choses : « Une princesse malheureuse se trouve enfermée dans une tour enchantée par des génies malfaisants ; son amant détruit le charme et la délivre ». Cependant en raison d’une défaillance de la machinerie, la délivrance n’eut point l'effet espéré. La tour de papier huilé ne voulant pas s’écrouler, les deux géants qui la gardaient tombèrent dans la trappe, tandis que « la princesse se balançait de la manière du monde la plus tragique ; pour achever de la délivrer, on fut obligé d'emporter le papier huilé par morceaux. Il serait difficile, ajoute Grimm, d'imaginer un spectacle plus

il est à croire que pour Marie-Antoinette, la providence c’était la fatalité, puisque la pièce champêtre en question fut jouée le 14 juillet. Dix-neuf ans plus tard, la Bastille était prise d’assaut. Dans le ciel assombri de « l’étrangère » qui ne connaissait son peuple et l’univers qu’à travers l’étroite fenêtre de son carrosse, et qui avait sacrifié le monde véritable à son monde de plaisir, se préparait un violent orage. Le 5 octobre 1789, sous une pluie battante, poussée par la famine, une foule de parisiennes, armées de piques et de bâtons, parmi lesquelles des hommes habillés en femmes, marcha sur Versailles. Le 6 au petit jour, animées d’une haine furieuse, des bandes pénètrent dans le château en hurlant : « À mort l’Autrichienne ! Où est la gueuse, qu’on lui torde le cou ? ». Vers deux heures, avec

Claire Lonchampt & Mickaël Conte © O.Houeix

Mais avant, le 17 mai, dans un brouillard de poussières, on donna sur le théâtre, Persée (1682) de Jean-Baptiste Lully rajeuni de couplets et de ballets. « Malgré les efforts réunis de toutes les personnes qui concouraient à ce grand ensemble ; malgré la pompe imposante d'un opéra fait pour étonner et pour plaire […] quelques longueurs dans l'ouvrage même, le défaut de précision, de prestesse dans le changement des décorations, […] ont répandu un peu de langueur » (1) admet alors le Journal des spectacles de la Cour. On ignore toutefois ce qui traversa l’esprit de Marie-Antoinette, quant au tableau de l’antre des Gorgones, Persée trancha la tête de Méduse. À Strasbourg, « la remise de l’épouse » s’était déroulée dans un pavillon décoré d’une tapisserie illustrant l’histoire de Jason et Médée : « c’est-à-dire un exemple du mariage le plus malheureux qui soit. À la gauche, du trône on voyait l’épousée luttant avec la mort la plus horrible » (2) note Johann Wolfgang von Goethe. « Je ne sais qui imagina d’y placer de sottes tapisseries, avec leurs massacres et leurs querelles de ménage, écrira de son côté la baronne von Waldner Oberkirch. La princesse en fut frappée, et sa suite autant qu’elle. Ah ! dit la jeune Dauphine, voyez quel pronostic ! » (3). De fait, Persée tenant la tête sanglante de Méduse comme plus tard Sanson empoignera par les cheveux celle de la Reine sous les « Vive la République ! » interpelle.

mesquin, plus absurde, plus ennuyeux et plus complètement ridicule que celui de la Tour enchantée » (5). Dans le même temps, le hasard étant parfois un curieux metteur en scène, cette tour de papier couleur ivoire, donna le signal d’une princesse irréfléchie et enchantée par les génies du plaisir, qui pour fuir l’Etiquette sévère de la Cour et les bruits du dehors, se replia dans un monde idéal et factice à l’image de son théâtre de Trianon : « à ses yeux plus important que la scène dramatique du monde » (6) écrit Stefan Zweig ou encore à l’exemple de son coquet Hameau, alors que : « de l’autre côté de la grille dorée de son parc tout un peuple travaille, souffre de la faim, espère quand même ». Enfin, en juillet, les spectacles des fêtes du mariage s’achevèrent par l'Impromptu de campagne (1733) de Philippe Poisson, qui selon Louis Petit de Bachaumont, « amusa beaucoup Madame la Dauphine, et l’a fait rire à gorge déployée » (7). Le 4 mai, l’Impératrice Marie-Thérèse avait écrit : « Ma chère fille, vous voilà où la Providence vous a destiné de vivre ». Mais

l'espérance de la fin de la disette, la foule se réjouit de ramener à Paris « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Mêlées aux chansons, les insultes accompagnaient le carrosse royal, Marie-Antoinette, froide, impassible, les défia, mais l'étoile du malheur était sur son front. Car pour celle qui avait l’amour du théâtre, ce jour-là, avec le son d’une larme d’acier, le rideau tomba pour toujours sur la comédie du plaisir.

n Thierry Malandain

(1)

Journal des spectacles de la Cour, 1770, p.14

(2)

Dichtung und Wahrheit, vol.9, p.362-366

(3)

Mémoires sur la cour de Louis XVI, 1854, p.37

Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche, reine de France : ou causes et tableau de la Révolution, Nicolas de Maistre, 1794, p. 84 (4)

(5) Correspondance littéraire, philosophique et critique, T.1, p. 48 (6)

Marie-Antoinette, Stefan Zweig, 1932, p. 104

Mémoires historiques et littéraires de Louis Petit de Bachaumont, 1846, p.334 (7)

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ACTIVITÉ

Sirènes © Olivier Houeix

Los días del Ballet T Dans le cadre du renforcement des actions menées depuis plus de 10 ans entre Biarritz et Donostia / San Sebastián, le Malandain Ballet Biarritz et le Victoria Eugenia Antzokia organisent du 19 au 21 octobre la première édition de « Los Días del Ballet T ». Spectacles scolaires et tout public, expositions et surprises dans les rues de Donostia / San Sebastián seront proposés.

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Soutenue par la Communauté d’Agglomération Pays Basque, la Diputación Foral de Gipuzkoa, en partenariat avec l’Institut Culturel Basque, cette troisième édition du Rendez-vous basque mettra à l'honneur les croisements entre les artistes et les genres. Formes traditionnelles et plus contemporaines, en salle ou dans les rues de Biarritz, une occasion unique de s'immerger dans la diversité de la création basque.

7 novembre •20h30 Théâtre du Casino Bilaka - Mathieu Vivier

Saio Zero

Chorégraphie avec la participation des danseurs Mathieu Vivier Aide à la chorégraphie Oihan Indart & Nathalie Vivier Musique avec la collaboration des musiciens Patxi Amulet Création vidéo Mickaël Vivier Lumières Julien Delignières Vidéo Amaia Irigoyen Son Mathias Goyhénèche Costumes Xabier Mujika Décor Ponpon Traductions Marga Forestier

5 novembre •20h30 Théâtre du Casino

© Janpol

Á l’invitation de la Coursive Scène Nationale de La Rochelle, le Malandain Ballet Biarritz fêtera ses 20 ans en région avec Cendrillon les 2 et 3 octobre et des actions autour des spectacles. Cendrillon sera ensuite présenté aux Herbiers pour une représentation scolaire et une tout public le 16. Entre temps, Noé sera dansé en Allemagne au Forum Am Schlosspark de Ludwigsburg les 12, 13 et 14. Après Marie-Antoinette à Biarritz les 16 et 17 novembre, la compagnie donnera Noé au Grand Angle de Voiron le 20 et Nocturnes et Estro en Suisse au Théâtre de Vevey le 22. Pas moins de 15 représentations rempliront le mois de décembre. Les 8 et 9, l’Opéra de Limoges accueillera Noé accompagné par l’Orchestre de l’Opéra de Limoges dirigé par Philippe Hui, le Chœur de l’Opéra de Limoges dirigé par Jacques Maresch et le Chœur de l’Opéra national de Bordeaux dirigé par Salvatore Caputo. Après quoi, la Scène Nationale d’Albi proposera la Belle et la Bête les 11 et 12. Les 15 et 16, le Malandain Ballet Biarritz est attendu à Monaco avec Noé à la Salle des Princes du Grimaldi Forum, suivront six représentations à la Maison de la Danse de Lyon du 18 au 21 avant un retour sur Biarritz où pour les fêtes de fin d’année, les ballets Sirènes de Martin Harriague et Rêverie romantique seront donnés à la Gare du Midi les 28, 29 et 30.

Rendez-vous basque Euskal Hitzorduak #3

Combinant danse, musique en direct et installation vidéo, Saio Zero est un essai chorégraphique qui fait l’expérience d’une approche contemporaine de la danse traditionnelle basque. Sur scène, sept danseurs et trois musiciens sondent leur pratique dansée héritée du passé. Saio Zero propose un voyage introspectif dans les profondeurs.

© Ignacio Urrutia

Diffusion

Kukai Dantza - Jon Maya Sein

Erritu

Direction artistique Jon Maya & Sharon Fridman Chorégraphie Sharon Fridman Assistant dramaturgie et interprétation Antonio Ramirez-Stabivo Musique Luis Miguel Cobo Chant David Azurza Décor et costumes : Ikerne Jiménez Lumière David Bernués Concepteur son Ángel Agüero Equipe de production Nagore Martinez, Doltza Oar-Arteta

Erritu est un voyage vital qui traverse par les rites de passages individuels et collectifs les différents états de la vie au regard de la nature et de la collectivité. Un voyage des sens à travers le chant, la danse et les expériences, un rite pour tous.

Production Bilaka Zentroa – Iparraldeko Dantzarien Biltzarra Coproduction : Institut Culturel Basque, Ville de Bayonne, Malandain Ballet Biarritz / Centre Chorégraphique National, Oldeak / plateforme chorégraphique de Bayonne. Avec le soutien de la Communauté d’agglomération Pays Basque Accueil en résidence : MVC Polo Beyris de Bayonne, Théâtre Quintaou d’Anglet, Hameka – Harri Xuri à Louhoussoa Remerciements Angeluarrak taldea, Dantzagunea, École Supérieure d’Art du Pays Basque, Leinua Taldea, Piscine Lauga, Nicolas Armendariz, Guy Barquissau, Odei Barroso, Ihintza Dolosor, Johañe Etchebest, Richard Fano, Thomas Lannette, Tom Laré, Maddalena Luzzi, Garikoitz Otamendi eta bereziki Oihanari


ACTIVITÉ

© David Herranz

Aukeran Dantza Konpainia Edu Muruamendiaraz

Aukeran 20 urte

Chorégraphie Edu Muruamendiaraz & Aukeran DK Direction scénique Ainhoa Aierbe Direction musicale Mixel Ducau Sous la direction scénique d’Ainhoa Aierbe, Aukeran Dantza Konpainia fête son 20ème anniversaire. Entre danse traditionnelle et contemporaine, Aukeran 20 urte propose une nouvelle interprétation des pièces emblématiques du chorégraphe Edu Muruamendiaraz et d’autres créées pour l’occasion. Plein tarif : 14€ / Tarif réduit * : 8€

Rêverie romantique© Olivier Houeix

Rêverie romantique et Sirènes à Biarritz

8 novembre •20h30 Théâtre du Casino

À l’occasion des fêtes de fin d’année et dans le cadre de la Saison Danse à Biarritz, les 28 et 29 décembre à 20h30 et le 30 à 16h, le Malandain Ballet Biarritz proposera à la Gare du Midi, Rêverie romantique de Thierry Malandain et Sirènes de Martin Harriague, artiste en résidence au CCN.

*(Amis du Malandain Ballet Biarritz, enfants jusqu’à 18 ans, étudiants jusqu’à 26 ans, demandeurs d’emploi)

Billetterie www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Offices de Tourisme de Bayonne, Anglet et Saint-Jean-de-Luz

11 novembre •10h à 13h Rues de Biarritz Maritzuli Konpainia Claude et Jon Iruretagoyena

Ezpata dantza

Danse itinérante et protocolaire, l'Ezpata dantza (danse des épées) remonte au XVIIe siècle et était traditionnellement liée aux célébrations religieuses et populaires. À l'issue du parcours, le public sera invité à partager l’après-midi avec les artistes autour de spectacles et d'un buffet. 1er au 9 novembre Théâtre du Casino

Exposition

de la collection de costumes de la compagnie Maritzuli. Pour favoriser les échanges entre public et artistes, des répétitions publiques, ateliers, conférences, débats, seront également proposés autour des représentations.

Sirènes Musique Antonio Vivaldi, Arcangelo Corelli, Francesco Araia & Hermann Raupach Chorégraphie Martin Harriague Assistante Shani Cohen Lumières Martin Harriague & Christian Grossard Costumes Mieke Kockelkorn Réalisation costumes Véronique Murat, Nelly Geyres, Charlotte Margnoux Conception décor Frédéric Vadé Coproduction : Festival Cadences – Théâtre Olympia, scène conventionnée d’Arcachon, Donostia Kultura - Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, CCN – Malandain Ballet Biarritz « J’ai grandi au bord de l’océan, fasciné, scrutant son écume sans pouvoir en percer les mystères. Qu’aurais-je sacrifié, qu’aurais-je appris, si un pacte funeste m’avait ouvert les abysses ? C’est dans cet océan à la fois familier et imaginaire que sirènes et humains mettent en scène leur destin. » Martin Harriague

Rêverie romantique Musique Frédéric Chopin Chorégraphie Thierry Malandain Lumières Christian Grossard Réalisation costumes : Véronique Murat, Nelly Geyres, Charlotte Margnoux Inspiré du ballet les Sylphides de Michel Fokine, Thierry Malandain nous plonge dans les thèmes récurrents du Romantisme. Avec Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Mickaël Conte, Jeshua Costa, Clémence Chevillotte, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Alessia Peschiulli, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel. Coproduction : Festival Cadences – Théâtre Olympia, scène conventionnée d’Arcachon, Festival Les Beaux jours de la musique de Biarritz, Donostia Kultura - Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián – Ballet T, CCN – Malandain Ballet Biarritz. Ballets créés le 6 avril 2018 au Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián dans le cadre du projet Ballet T. Billetterie Tarifs de 12€ à 36€ www.malandainballet.com www.biarritz-culture.com Office de Tourisme de Biarritz Tél. 05 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Office de Tourisme de Bayonne, Anglet et Saint-Jean-de-Luz


LA DANSE À BIARRITZ # 75

Jane Lysana

L

« Je tiens à signaler dans l'actuel programme de l'Empire le numéro de Mlle Lysana. Je ne crois pas que nous possédions une artiste plus curieuse et plus savamment inventive que cette danseuse, qui ne craint pas de heurter le goût routinier de la foule pour lui présenter des petits tableaux d'une saveur spéciale et d'un bizarre attrait qui font penser à Apollinaire, à Max Jacob. Ces poèmes chorégraphiques ne laissent point de surprendre, évidemment, mais ils finissent par charmer. Et nous assistons à une véritable petite victoire intellectuelle dont il y a lieu d'être reconnaissant à Mlle Lysana. J'ajoute que la Danse du corail est de toute beauté. Une femme au visage pâle, que rend encore plus mystérieux un projecteur lunaire, une femme au torse nu, mais au front et aux bras prolongés de ramures roses, figure un flexible polypier arborescent. Et la mer, c'est sa robe, sa large robe lumineuse et mouvante dans laquelle elle s'enfonce peu à peu. L'effet est saisissant, splendide. Il est, par surcroît, nouveau. On le volera sûrement à Mlle Lysana » (1).

a Danse du corail dont la puissance de suggestion séduisit Pierre Varenne au Théâtre de l’Empire en 1927, avait été créée à l’Olympia en 1925. À quoi ressemblait-elle ? Les images de Jane Lysana sont rares et à l’exemple d’autres « danseuses futuristes » françaises, telles Élisabeth Toulemont, dite Caryathis ou d’Henriette Pascar, son art est oublié. C’est au music-hall, regardé par le critique André Levinson comme « un laboratoire de permanentes recherches » (2) qu’elle exerça sa capacité d’étonner en travaillant notamment sur l'apparence du corps : « la chorégraphie doit renouveler ses formes apparentes pour exprimer la vie intérieure de l’Homme Moderne » (3) écrit-elle. Ce qui pourrait la rapprocher d’Oskar Schlemmer, figure de l'avant-garde allemande, dont Paris découvrit le Ballet triadique lors du concours de chorégraphie que les Archives Internationales de la Danse et Rolf de Maré, fondateur des Ballets suédois, avaient organisé au Théâtre des Champs-Elysées du 2 au 4 juillet 1932. Présidé par Carlotta Zambelli, de l’Opéra, le jury attribua une médaille de bronze aux costumes-sculptures d’Oskar Schlemmer, le 1er prix revenant à la Table verte de l’allemand Kurt Jooss et le 2ème à Fridolin en route, de la zurichoise Trudi Schoop, pionnière dans le traitement des maladies mentales par la danse. Engagée par Henri Varna, co-directeur du Casino de Paris et jury au concours, Lysana œuvrait alors au « premier music-hall du monde », qui fidèle à sa réputation d’innover, ajouta la Table verte et Fridolin en route au programme de sa revue en octobre 1932. Le mois suivant, en répétition d’un nouveau spectacle ayant pour vedette Joséphine Baker, Jane confia à Paris-Soir ses idées sur le Ballet : « Mes idées sur le Ballet ? Je ne sais pas si elles sont nombreuses, mais pour chaque réalisation et selon les circonstances et les possibilités, comme dans un kaléidoscope, elles s'agglutinent différemment. […] La musique et la danse, chacune dans un monde différent de vibrations, doivent phraser en duo l'émotion d'un même sentiment, dans ses moindres développements. Cette fusion de deux moyens d'expression de la sensibilité peut arriver à créer vraiment de la vie neuve dans une sorte de sublime et double transmutation artistique où la musique semble danser devant les

yeux et la danse chanter aux oreilles. Ce miracle peut quelquefois être si complet que sur scène surgit une vibrante statuaire, aveuglante de lumière au point de volatiliser les détails matériels environnants et efface la réalité même du décor. Le ballet ancien n'est intéressant que pour le public lettré qui l'admirera rétrospectivement à travers son audition classique et pour les techniciens qui retrouveront en lui toute la syntaxe de leur art. Le ballet moderne doit refléter les sentiments contemporains. Actuellement, en peinture, en sculpture, musique, tout n'est que couleurs simples, lignes essentielles, nouveauté dans l'équilibre des masses. La chorégraphie, de ce fait, doit renouveler ses formes apparentes. Si en effet la technique de la danse classique est immuable et indispensable à la réussite parfaite des pas, l'apparence du corps peut être modifiée. J'ai essayé, dans le ballet des Mouvements, du Casino de Paris, par un costume conçu d'une façon un peu architecturale, de déplacer les angles habituels des gestes et d'amplifier la partie de certains pas. C'est là pour moi le commencement d'une série de réalisations de lignes et de masses en marge des mouvements du corps et neuves pour l'œil. Pour la revue de Joséphine Baker dans plusieurs tableaux, avec l'aide des richesses infinies des lumières actuelles, je vais exécuter des arabesques d'ombre et de clarté en me servant une fois de plus de matières inusitées jusqu'à présent dans la confection des costumes de ballet. J'ai la sensation dans l'acharnement de mon travail et de mes recherches d'apporter peut-être une contribution modeste, mais intéressante à la chorégraphie traditionnelle » (4). Fille de Baptiste Sébastien Mathieu, journalier originaire d’Orléans et de Madeleine Alexandrine Kersboom, couturière native de Meung-sur-Loire, Mélanie Jeanne Mathieu, dite Jane Lysana, naquit à Orléans, le 31 décembre 1890. L’enquête généalogique réalisée par Anne Londaitz permet d’établir que la danseuse avait deux frères, René et Eugène, respectivement nés à Orléans, le 10 septembre 1883 et le 1er octobre 1884. Inhumé au cimetière du Sabaou, Eugène mourra à Biarritz, le 6 février 1974 où il avait exercé comme photographe. On sait qu’il y vécut dès 1908, avant d’épouser Colombe Lelièvre en décembre 1909 et de résider à Avignon et Bordeaux. De retour à Biarritz en septembre 1911, il se fait éditeur de cartes postales, puis mobilisé en 1914 et blessé deux fois au combat, il sera réformé à Orléans en 1917 : « Mon meilleur réveillon ?... Celui qui a réuni mes frères au retour du Front » (5) dira Jane. En 1919, Eugène ouvrit à Biarritz un commerce de photographie, 1, av de la Liberté, puis 2, av du Maréchal-Foch.


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Autrement dit à proximité de la Gare du Midi d'où coulaient des flots de voyageurs. Ce qui conduit à imaginer que sa sœur emprunta plus d’une fois le « PyrénéesCôte d’Argent Express ». En avril 1943, Eugène épousa en secondes noces Anne Mandonne à Biarritz, mais rien n’établit que Jane était présente. Pour relater le peu que nous savons sur son enfance, en 1898, un an après la mort de son père, Jane eut un autre frère, Emile. Né de père inconnu, sa mère le mit en nourrice à Tigy (Loiret) où il mourut à 5 mois. Sans quoi, le recensement témoigne d’une famille éclatée. Ainsi après avoir été condamné à 15 jours de prison pour coups et blessures, en 1895 son père vit chez ses parents, tandis que sa mère change souvent d’adresse orléanaise. Il nous informe également que Jane apprit le métier de modiste et parvint à le connaître assez pour l’exercer en 1906 à 16 ans. Comment passa-t-elle de la confection de chapeaux à la danse ? On l’ignore, mais interviewée en 1928 par Paule Evian, à la question : « Lorsque vous étiez enfant, aimiez-vous déjà la danse ? Elle répondra : « J’aimais surtout follement la musique. Mon plus grand bonheur était de l’entendre, le soir ; je me cachais sous le piano à queue du salon et, là j’écoutais, ravie, les jolis airs qui se jouaient au-dessus de ma tête ». Rappelons que sa mère, restée veuve avec trois enfants gagnait son pain comme couturière. Alors, même si elle se servait avec art de sa machine à coudre, que de mauvais plaisants appelaient « le piano du pauvre », le roman bourgeois de Jane est difficile à croire. « Mais la danse ? » poursuit Paule Evian : « C’étaient mes filles qui dansaient. J’avais fait un dortoir à mes poupées ; le toit sonore nous abritait. […] Tout un monde imaginaire naissait en mon cerveau de six ans sous le ruissèlement des notes ». « Mais avez-vous eu des maîtres illustres ? ». « J’ai eu un maître, un seul, un vieil italien, ignoré de tous, tombé à Paris, je ne sais comment. Il venait à la maison m’enseigner " la chorégraphie classique ", c’est au son de son violon que je suis entrée dans la danse ». « Mais comment vîntesvous au théâtre ? ». « Par le plus grand des hasards. Une danseuse vint à manquer au théâtre de la Renaissance quelques jours avant la représentation. Cora Laparcerie m’engagea… Et vous avez débuté ainsi dans la Grève des femmes. Dès lors, les scènes de Paris m’étaient ouvertes » (6).

La Grève des femmes de Jacques Richepin ayant vu le jour en 1919, ici encore, Jane arrange la réalité, puisque les premiers échos dont nous disposons datent de 1917. Elle avait alors 27 ans. Ce qui n’explique pas comment elle put paraître, le 3 juin 1917 à la Salle Gaveau dans des danses slaves au profit de la Cantine des étudiants serbes. Ni comment, elle entra dans le monde. Ainsi, la croise-t-on, le 17 juillet 1917, chez Michel Georges-Michel, auteur des Journées de Biarritz en 1931, à l’exposition du dernier portrait d'Ida Rubinstein par Léon Bakst et des derniers paysages d'Antonio de la Gandara : « Ont défilé : Serge Diaghilev, Léonide Massine, Apollinaire, le docteur Derecq, les danseuses Karsavina et Lysana … » (7). Mais sans doute faut-il seulement suivre Carlo Rim en 1927 : « Comme tous les vrais artistes, Lysana s’est formée toute seule. D’abord, elle dansa pour elle. Puis, pour ses amis. Puis, elle ferma les yeux et plongea en plein public — là où l’on n'a pas pied. Elle ne se noya pas. Elle savait nager. Elle nagea » (8).

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Danses basques à Biarritz, photo Emile Mathieu Lysana dans Sex Appeal Paris 32, photo Lucien Lorelle Jane Lysana, photo P. Apers

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Betove, photo Waléry Villa Etché Spi, photo R. Bergevin

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Enchaînant mondanités et galas, c’est avec la Bourrée fantasque d’Emmanuel Chabrier qu’elle prêta plus tard son concours à l'Œuvre de la Tranchée. Nous sommes le 11 mai 1918 au Théâtre Albert 1er, le journal Le Siècle évoque : « Une Bourrée fantasque, arrangée en sketch par un médecin qui s'y entend à manier artistement le bistouri » (9). En clair, Alexandre Dezac-Derecq, gynécologue lancé dans la littérature sous le nom de Sacha Dezac ou Dereck qui escortait Jane chez Georges-Michel et qu’elle épousera, le 23 février 1929. Né à Paris, le 16 janvier 1886, il était le fils d’Eugénie de Kasimir, originaire de Russie et du Dr Léon DezacDerecq, spécialiste de la tuberculose. Jean Lobit, médecin biarrot qui déployait une grande activité pour faire apprécier les avantages de la station, le cite dans Biarritz, ses ressources hygiéniques et thérapeutiques publié en 1900. À cette date, celui que l’on appellera Léon Derecq était encore chef du Dispensaire de l'Œuvre des enfants tuberculeux d'Ormesson fondée et dirigée depuis 1889 par Jeanne Faurestié, en religion « sœur Candide ». Déployant une activité prodigieuse, la supérieure-fondatrice de l’Ordre de Sainte-Anne brassait les millions et possédait une foule de biens, comme la source San Salvadour, à Hyères, où elle fit construire un hôpital permettant des soins par hydrothérapie. En 1910, après le suicide du secrétaire général de l’Œuvre d'Ormesson, le Dr Léon Petit, intime de Léon Derecq et auteur de ces mots : « J'aime mieux mourir que d'être mêlé aux horreurs que j'entrevois et dont je laisse l'entière responsabilité à la sœur Candide, qui sème autour d'elle la ruine et la mort ». La religieuse malgré ses soutiens hauts placés fut écrouée à St-Lazare. Dans ses démêlés avec la justice, les noms de Léon Derecq et de son frère Henri, directeur de la Banque Paris-Londres, qui avait eu à traiter les négociations d'emprunts, les ventes de bijoux, etc. furent prononcés. Mais seule la bonne sœur fut condamnée à 18 mois avec sursis pour abus de confiance et escroquerie. Ce qui n’empêcha pas Victor Lejal de chanter à la Scala : « À St-Lazare au

mois d’mai, la sœur " pas candide " on met, quand on laisse en liberté les gros qui en ont profité ». Au reste, parmi les lettres du Dr Petit ayant échappé aux investigations, une destinée à Léon Derecq débutait par ceci : « Derecq, mon vieil ami, votre frère fut le mauvais génie de la pauvre femme … » (10). Il y aurait eu un film à réaliser à partir de cette histoire, mais Sacha Dezac ne signera qu’un scénario pour Pathé-frères : Dans l'Hellade, pantomime-ballet, sorti à l’écran le 17 septembre 1909 sur une musique d’Henri Christiani. Elle avait été créée en février chez ses parents dans leur hôtel de la rue Lord Byron. Stasia Napierkowska et Robert Quinault, dansaient cette idylle pastorale évoquant la Grèce antique. Si l’on s’en souvient, une danseuse venant à manquer, par le plus grand des hasards, Cora Laparcerie, actrice originaire de Morcenx (Landes) engagea Jane à la Renaissance pour la Grève des femmes. On peine à croire qu’elle partagea la scène avec Caryathis dans ces conditions. En tous cas, créée le 12 avril 1919, la comédie grecque de Richepin fut jouée jusqu’au 22 juin. La musique était de Michel-Maurice Lévy, dit Betove ; Léo Staats, maître de ballet à l’Opéra et directeur du Mac-MahonPalace, haut-lieu de la vie parisienne, régla la partie de Caryathis, tandis que Jane créa ses propres danses : « des attitudes synthétiques et réalistes d’un art très heureusement étudié » (11) écrit Louis Schneider. Paul Vaillant Couturier, notant quant à lui : « Je termine en parlant des deux véritables joies de la soirée, je veux parler des danses de Lysana qui, dans un pas bachique donne une harmonie étrange aux grâces gauches de l'ivresse, et de Caryathis qui mime avec toute la fureur de son beau corps les transports de la passion » (12). Jane collabora ensuite à divers galas, tel celui donné le 21 juin au bénéfice de la mère d’Henri Lamothe, acteur de la Renaissance mort au combat. Au programme Danse sacrée et Danse profane, de Debussy, son musicien favori. Sinon, le 4 novembre, elle participa à l’inauguration du Duque's Dancing ouvert au Coliseum par Antonio Amorim Diniz, danseur mondain brésilien, baptisé Duque. La fête fut admirable, « Lysana apporta la beauté classique des harmonies debussystes ». À noter que Duque sera sollicité en 1922 par Andrée Spinelly, qui avait formé le projet d'exploiter à Bidart, près de Biarritz, sa villa Etche Spi en dancing. Mais l’on ne dansera pas « Chez Spi ». Car l’actrice changea d’avis et Duque ayant débuté les travaux, l’affaire se termina devant le tribunal. Le 19 décembre 1919, Jane parut ensuite au Théâtre Edouard-VII dans un Soir d'opium, pièce de Jean-Louis Roncey. Le lendemain, dans les Charbonniers, opérette de Philippe Gille & Jules Costé, elle partagea l’affiche de la Potinière avec Yvonne et Gaston Gabaroche. Chanteuse et compositrice d’airs à succès comme la

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LA DANSE À BIARRITZ # 75 Catherinette sur des paroles d’Antonine Meunier, de l’Opéra, Yvonne par son dévouement d'infirmière et ses chansons avait été durant la Guerre une providence pour les blessés à Biarritz. Bordelais, Gaston avait débuté au piano du Casino de Saint-Jean-de-Luz, avant de devenir chanteur, compositeur et directeur de la Potinière. Le couple occupait à Biarritz, la villa des Mimosas, 12, Av de Londres. Vint ensuite, Quo Vadis ? opéra d’Henri Cain & Jean Nouguès joué aux ChampsElysées du 27 février au 20 avril 1920. « L’exquise danseuse » y apparaît en faune, puis en martyre chrétienne avant de se rendre en Algérie tourner une danse dans l’Atlantide, film de Jacques Feyder tiré du roman de Pierre Benoit. À l’origine, Stasia Napierkowska, Antinéa à l’écran, devait l’interpréter, mais ayant « engraissé de trente livres », entre son engagement et l’essayage chez le couturier, Feyder recruta Jane. « La note chorégraphique est remarquablement assurée par Mlle Lysana, qui est bien dans le style » (13) reconnut Napierkowska. Rentrée à Paris, Jane s’établit du 20 juillet au 14 novembre 1920 au Théâtre Albert 1er. Entourée de 12 « élèves », entendez disciples, un cliché laissant voir des adultes, elle règle et danse dans Pou-Chi-Nett, opérette de Yoris d'Hanswick, Pierre de Wattyns & Camille Kufferath. « L’admirable Lysana » enchante alors le public dans une « infernale danse d'ivresse et des danses lumineuses ». La direction consacrant les vendredis à un sujet choisi, le 22 octobre, « remise d'un terrible accident survenu au cours de ses danses lumineuses » - à la manière de Loïe Fuller, elle évoluait sur une dalle de verre irradiant par le dessous - lors « d’une éloquente causerie » sur la Danse mimée, Jane exécute Mon rêve danse de Sacha Derecq et parlant en public pour la première fois : « elle exprima avec beaucoup de conviction et d'esprit, ce que doit être la danse et comment l'émotion doit avant tout gouverner l’artiste. Sans vaine pédanterie, elle noua d’harmonieux commentaires autour de cet éternel sujet. Puis elle fit elle-même une merveilleuse démonstration en mimant le Cygne de Saint-Saëns tout en suivant le texte de Sully-Prud'homme, puis la gracieuse Danse de Puck de Debussy » (14). Après 118 représentations de Pou-ChiNett, recrutées par Paul Franck, « Lysana et sa Cie » parurent le 14 décembre à l’Olympia dans Whisky, « ballet ultra-moderne » de Jean Nouguès qu’elle régla tout en tenant le rôle de la liqueur d’or. Dans ce ballet décoré par Ray Bret-Koch, la vertu triomphant du vice d’un Pierrot aimant un peu trop l’alcool, Jane mourra chaque soir étranglée jusqu’au 7 janvier 1921. Après quoi, le 11 mars, à l’Apollo « la belle artiste » dansa dans Arlequin, comédielyrique de Maurice Magre. Fréquentant Biarritz depuis l’enfance, André Gailhard, fils de l’ex-directeur de l’Opéra, Pedro

Gailhard, composa la musique, tandis que le bordelais Jean-Gabriel Domergue, « peintre de la femme » et organisateur de grandes fêtes à Biarritz dessina décors et costumes, mais aussi un portrait de Jane, qui illustrera le programme des Ballets français. Pour l’heure, dans la femme au loup noir, « une de ses plus intéressantes créations », elle fit dire : « Harmonieuse et souple, avec un visage expressif et des formes pures, elle a une grâce délicieuse et des mouvements glissants de la plus suave volupté. On sent en elle un tempérament original, une recherche fervente du rare et du nouveau. Elle accomplit en outre ce prodige de pouvoir dire des vers aussitôt après avoir dansé, et elle s'en tire à son honneur » (15). « Les dieux soient loués ! nous allons enfin applaudir des Ballets français. Après les somptueux mais excessifs Ballets russes, après les manifestations ultra-cubistes des Ballets suédois, Paris se souvient enfin qu’il est un art chorégraphique français » (16). Ainsi en juin 1921, Jane lança les Ballets français. « Des ballets français en France, c'est vraisemblablement une erreur. Ou alors, c'est couru : ils ne feront pas un sou. Pour que des ballets réussissent à Paris, il importe qu'ils soient russes, suédois ou nègres, mais français voilà qui sent furieusement le ridicule » (17) répliquera La Lanterne de concert avec La Petite Gironde et Bonsoir : « une danseuse audacieuse organise une saison de ballets français, c’est une folle ! » (18). « Des Ballets français ! Voyez qu’elle audace ! C’est singulier, c’est étrange, c’est fantastique. Mais non ! C’est féminin ! » (19). En attendant, Jane s’ouvrit au Figaro : « Je donnerai les 2, 3, 4 juin au Théâtre Femina un spectacle d’essai qui tentera de montrer que nous pouvons en France - si l'on nous fait confiance — sur de la bonne musique de notre pays, avec des artistes de chez nous, monter des ballets modernes, d'où se dégagera un peu de notre verve et de notre sensibilité nationales. Mes huit petits ballets et les danses, qui les séparent ont été bâtis sur des rythmes de Debussy, Fauré, César Franck, André Gailhard, Camille Erlanger, René Lenormand... avec le souci constant, non pas de se servir d'une musique pour faire valoir l'habileté physique du danseur, mais de contraindre la chorégraphie à mettre en valeur l'émotion du compositeur. Ainsi, dans Fresque (bâti sur le Prélude, cortège et air de danse de l’Enfant prodigue de Debussy) les gestes du personnage central sont repris par l'ensemble et agrandis au point de servir de fond, ou d'accompagnement au développement de l'intrigue (à la manière du chœur antique.) Pour rendre la fluidité des Arabesques de Debussy, j'ai imaginé des arabesques de bras s'entremêlant à des bulles de

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Programme des Ballets Français

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••• Ce sont des défauts mignons. Des défauts tout de même ! Et d’abord ils sont jolis, vos ballets … très jolis… trop jolis… Je vous mets en garde contre une tendance très féminine à aimer les teintes tendres. […] C’est charmant ! Il faut cependant que ce cri ait une autre signification que dans une pâtisserie » (21).

savon. Pour manifester la violence humoristique du Cake-walk de Debussy j’ai fait précéder ce morceau de la note attendrissante de la Valse de la Poupée, de la Boîte à joujoux, dansée par une enfant prodigieuse (Francia). Une légère intrigue lie ces deux morceaux. Il en est de même de tous mes autres ballets. Quant au concours de Mme Romanitza, la belle cantatrice, et du Quatuor de M. Armand Bernard, je ne saurais assez dire combien ils m'ont été précieux. La grande discipline et le talent dévoué de mes interprètes, je ne peux les vanter, ce sont mes meilleurs amis, presque mes enfants, alors ! » (20). Si la semaine suivante la presse ne manqua pas de rendre compte du retour des Ballets suédois aux Champs-Elysées et des nouveautés de Jean Börlin, seul Pierre Scize fit écho aux créations de Jane : « Nous vous devons deux heures de beauté » écrit-il, mais « je mentirais en vous disant que j’ai tout admiré en bloc dans vos ballets. Leurs défauts, je vous l’accorde sont charmants.

Sans entrer dans le détail d’un programme sous-titré : danse humoristique - danse mimée, il se composait de ballets sans décor intitulés : Printemps, Moment exotique, l’Enfant rêve, Fresque, Estampe japonaise, Allégorie séraphique et Arabesques. Outre Jane et Robert Quicray, dit Darthez, l’un de ses partenaires dans Wkisky, la troupe comptait six danseuses dont deux fillettes : Francia, 5 ans et Jacqueline, 9 ans, fille de Cora Laparcerie et Jacques Richepin. Sans cacher les difficultés qu’elle avait dû vaincre pour réaliser son projet, Jane indiqua : « Si tout marche bien, peut-être pourrais-je, en octobre, donner d’autres ballets sur une plus vaste échelle ». Mais en octobre, la revue La Danse fondée par Rolf de Maré pour assurer la promotion des Ballets suédois, annonça : « Les Ballets français dirigés par leur créatrice, Mlle Lysana, seront au point vers la fin de l’année. Ils seront représentés sur une grande scène parisienne en février et partiront ensuite à l’étranger pour une tournée qui ne durera pas moins de quatre à cinq mois. Une société anonyme est en voie de formation pour cette vaste entreprise théâtrale à laquelle nous adressons nos meilleurs vœux de réussite » (22). Puis en janvier 1922 : « Lysana va quitter Paris, pour aller tourner dans le Midi, des films dont elle tiendra le rôle principal. À son retour, elle mettra définitivement sur pied les Ballets français qui seront représentés pendant deux semaines, dans le courant du mois d’avril » (23). En fait, les Ballets français n’eurent pas de suite. De là sans doute ce cri du cœur d’une Lysana meurtrie : « la danse est un art déshérité. Cet art admirable est le plus malheureux de tous ! » (24). En attendant, son idée fut reprise : « M. Paul Fugairon prépare pour la scène une série de ballets qu'il appellera les Ballets français, dont les premiers, inspirés de l'antiquité, seront les Contes hyporchènes. L'auteur les met au point avec le peintre Feguide, le compositeur Dumoulin et la danseuse Diss » (25). Ariane Diss était élève d’Emile Jaques-Dalcroze, musicien et pédagogue suisse prônant l’éducation par le rythme. Quant à Paul Fugairon, aviateur, peintre, musicien, poète, à la tête de la Cie de l'Art théâtral français, il monta d’autres ballets avant de mourir prématurément en 1930. « En France, le denier du culte de l’art est pauvre. N’hésitons pas à faire appel à la générosité » (26) écrira en 1921, l’homme

de lettres et futur maire de Dinan, Michel Geistdoerfer dans le but de créer les Ballets du pays de France voués aux danses traditionnelles. Mais surtout, l’idée de Jane sera mise en œuvre, le 24 mars 1922, par Jacques Rouché, directeur de l’Opéra, lors d’une soirée dédiée entièrement à la danse. Ce qui n’était pas arrivé semble-til au Palais Garnier depuis Sylvia de Léo Delibes & Louis Mérante en 1876. De-là une abondance de commentaires, dont celui de Charles Tenroc : « D'où vient notre engouement pour les danses qui débarquent de loin, et notre aimable réserve pour les ballets de chez nous ? […] S'agit-il de ballets français - où les autres ont tant puisé notre dilettantisme les admet à peine, d'un œil protecteur, à compléter un spectacle de Rigoletto ou de Samson. Notez que depuis déjà beau temps, les Ballets russes ne nous apprennent plus rien du tout, que les Ballets suédois empruntent nos musiques. […] Alors, M. Rouché a voulu percer l'équivoque. Il s'est dit qu'aucune raison, valable n'empêchait nos chorégraphies d'occuper chez lui une soirée totale, que sa troupe était capable de soutenir l'intérêt pendant trois heures. Et, pour voir, il a meublé son affiche de quatre ballets de France : Petite suite, la Péri, la Tragédie de Salomé, Taglioni chez Musette. […] Elle répare une longue injustice et donne à la noblesse de notre art un essor justifié » (27). Notons qu’avant de prendre la direction de l’Opéra en 1914, Rouché à la tête du Théâtre des Arts, avait déjà tenté de restaurer en France l’art du ballet sur le modèle de Diaghilev. En 1912, lors d’un Concert de danses de Natacha Trouhanowa au Châtelet réglé par Ivan Clustine, il avait réuni quatre peintres et quatre musiciens français. Tels Paul Dukas pour la Péri et Florent Schmitt pour la Tragédie de Salomé, dont « il meubla son affiche » le 24 mars dans les chorégraphies de Léo Staats et Nicola Guerra. Quant à Petite suite de Debussy, elle était l’œuvre des « dalcroziennes » : Rachel Pasmanik et Jessmin Howarth. Car afin de moderniser et dynamiser la troupe, Rouché dont l’obstination à servir l'art n’avait pas de bornes, puisqu’il puisa dans sa fortune personnelle pour assurer la bonne marche de l’Opéra - ce qui fera dire au député de la Savoie, Antoine Borrel à la Chambre en 1924 : « En sorte que c'est M. Rouché qui subventionne l'Etat, pour avoir l'honneur de diriger l'Opéra » (28) – le directeurmécène avait en 1917 recruté des premiers sujets formés à l’Eurythmie et ouvert une classe de danse rythmique. Il la fermera en 1925 sous la pression des conservateurs, parmi lesquels André Levinson, dont les remarques « destinées à rétablir, dans toute sa gloire, le Ballet français » procédaient souvent du bon sens.


LA DANSE À BIARRITZ # 75 La soirée du 24 mars eut un bel accueil : « Il serait heureux que de pareilles manifestations en l'honneur des ballets français fussent plus fréquentes » (29). De fait, profitant d'un repos accordé aux chœurs, du 10 au 28 juillet 1922, Rouché organisa une saison de ballets français, qui permit notamment de remettre à l’affiche Sylvia (1876) et la Maladetta (1893) dont la réalisation avait réuni à Biarritz, Paul Vidal et Pedro Gailhard. C’est alors que Jane se manifesta auprès du Figaro : « Mlle Lysana nous demande de rappeler qu'elle a donné sur la scène du Théâtre Femina, des représentations de « ballets français ». La charmante artiste revendique la priorité du titre » (30). Ce qui n’empêchera pas Rouché de renouveler l’opération en 1923 du 25 juillet au 6 août. Autrement dit, au moment le moins favorable de l’année : « l'idée de donner une saison de ballets français quand il n'y a plus personne pour comparer, frise la plaisanterie » (31) lâcha Levinson. Mais au fond pouvait-on comparer : Coppélia (1870), Sylvia (1876) les Deux pigeons (1886), la Maladetta (1893) et autres Taglioni chez Musette (1920) avec le « Festival français » composé de reprises ou de créations de Ravel, Debussy, Fauré, Poulenc et Auric que les Ballets russes avaient offerts à MonteCarlo en janvier ? Laissées en juin 1921 au Femina, le 21 juillet chez le comte de Clermont-Tonnerre, qui chaque été montait tout un programme en sa demeure de Maisons-Laffitte, Jane et sa troupe « évoluèrent au rythme des phrases ailées de Debussy et de Mendelssohn sur la pelouse, du parc, parmi les biches de bronze et les naïades endormies » (32). Puis avec les Gabaroche, elle parut le 12 août à Bayonne au Théâtre de La Féria dans Paris qui potine, sketch-revue de Louis Hennevé, les 13 et 14, à Biarritz au RoyalCinéma Théâtre, enfin le 15 au Casino de Saint-Jean-de-Luz. On l’applaudit ensuite à Luchon, dans la Danse du feu d’Antar, drame de Chekri Ganem et le 28 août dans des danses antiques. De retour à Paris, c’est au Théâtre de Verdure du Pré-Catelan, où Irénée Mauget, auteur-directeur montait des pièces inédites parfois coupées d’intermèdes de chant ou de danse que « Lysana et son école », donnèrent les 16 et 17 septembre, une série de danses « aériennes et spirituelles » sur des airs de Debussy. Successeur de Rouché au Théâtre des Arts, après quatre ans de Front, Mauget avait longtemps cherché une salle pour y loger une coopérative d’auteurs : le Canard sauvage et gérait depuis février 1921 le Nouveau-Théâtre (ex Théâtre Grévin). Passé l’été, il ré-ouvrit le 11 octobre avec quatre pièces et quatre danses de Jane jouées par René Le Roy à la flûte et Germaine Moreau au piano : « possédant à fond la science des attitudes, elle tient, tous les soirs, le public sous le charme. Elle termine par le Cake-walk de Debussy, qui est un petit chef-d'œuvre d'humour.

Dans un spectacle déjà si heureusement composé, Lysana apporte une note d'art tout à fait nouvelle » (33). Au changement d’affiche, du 8 au 30 novembre, « Lysana, d'expression pittoresque, agitée avec art comme de courants électriques, nous a offert des danses surprenantes et plaisantes sur des musiques de Debussy. Elle a été très applaudie » (34). Ce qui ne parait pas avoir été le cas du 1er au 6 décembre : « Nous avons eu un bien mauvais spectacle, celui du NouveauThéâtre : la Mauvaise pensée de M. Sacha Dereck veut être une pièce philosophique. Elle est seulement prétentieuse, terne et languissante. M. Dereçk n'a pas l'habitude de la scène. Il a voulu faire plaisir à une petite amie qui voulait aborder la comédie. Ni l'une ni l'autre ne peuvent prétendre au succès » (35). « Danser est un art ; jouer la comédie en est un autre, c'est ce que n'a point compris Mlle Lysana » (36) lira-t-on encore. Le journal La Presse admettra toutefois : « Lysana danse à ravir et s’est montrée émouvante au dernier acte » (37). Donnée comme « la petite amie » de l’auteur, Jane vivait avec lui : 169, bd Malesherbes (17ème). Après ses débuts au théâtre, interne à l'hôpital Necker, il retourna à la médecine. Outre une thèse en 1930 : Le pied tabétique trophique pseudo-syringomyélique et des publications médicales tel le Procès du soleil en 1938, il éditera en 1949 : Le Docteur reçoit de 3 à 5. Des confessions de patients sans intérêt pour notre enquête. La Mauvaise pensée permit à Jane de reprendre la Danse sacrée de Debussy et de créer la Danse de la chèvre d’Arthur Honegger, que le musicien dédia au flûtiste René Le Roy. Ensuite le nouveau directeur de la Potinière, Raoul Audier offrant des récitals de danses l'après-midi, Le Figaro publia : « Le célèbre danseur américain Paul Swan paraîtra pour la première fois devant le public parisien, à la Potinière, au cours d'une série de matinées exceptionnelles. Lysana, la danseuse bien connue, prêtera, à ces spectacles, l'appui de son art si élevé » (38). Baptisé « l'Apollon de NewYork » avant d’être proclamé « l'homme le plus beau du monde », Swan vivait depuis un an à Paris. Danseur, peintre, sculpteur, poète, il avait organisé son studio du 47, bd Berthier, en temple de l’art et jouissait de célébrité pour avoir dansé nu dans des cercles privés. Par parenthèse, en 1927, son studio sera repris par le photographe Lucien Lorelle auquel on doit quelques images de Jane. En dépit de l’annonce, Paul Swan ne partagea pas la scène avec elle, mais avec une danseuse de sa troupe : Mlle Alexianne, élève de Léontine Beauvais, de l’Opéra. On ignore pourquoi, mais peut-être estima-t-elle que les conditions n’étaient pas adaptées. En effet, le décor de la pièce donnée le soir restant en place, c’est dans celui « d’un vestibule d'hôtel modern-style », que Swan offrit ses « poses sculpturales » du 15 février au 4

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Le Docteur reçoit de 5 à 7 Robert Darthez, photo Waléry Paul Swan, photo Dix

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mars. Jane enchaîna, le 6 avec un sketchrevue de Louis Hennevé : C'est la mère Michel, où elle tenait le rôle du chat auprès d’Yvonne Gabaroche. Puis, remplaçant le 1er avril Natacha Trouhanowa dans la revue Paris-Scandales de Léo Lelièvre & Henri Varna, elle « emballa littéralement le public ultra chic » du Concert-Mayol jusqu’au 4 mai. Sur une musique de Tiarko Richepin, c’est ensuite au Théâtre de l'Eden, qu’elle dansa du 13 au 31 mai, dans l'Atlantide, pièce d’Henri Clerc, tirée du roman de Pierre Benoît : « Je n'ai pas grand goût, cette fois, pour la danseuse Lysana, malgré ses agréables souplesses de mains et de bras » (39) pointera la poétesse Jane Catulle-Mendès, qui villégiaturait à Saint-Jean-de-Luz. Ce que corrigera André Wisner : « Lysana possède le génie de la danse, elle est démantibulée et harmonieuse, diabolique et charmante.

La Danse du Canard, photo Waléry Lysana, photo Manuel frères

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Elle peut être une stryge ou une fée » (40). L'Eden passant le mois d’après dans les mains de Maurice Maréchal, directeur du Canard enchaîné, il ré-ouvrit le 14 juin sous le nom de Théâtre du Boulevard avec la Revue du Canard enchaîné. « Un canard trouve un ver, le mange, le digère et puis s'en va », sur ce scénario bâti par Betove, dont les fantaisies au piano était appréciées à Biarritz : « Lysana, qui joint à une connaissance approfondie de l'art de la danse une intelligence qui n'a d'égale que sa souplesse, vit sous nos yeux ce petit poème. C'est remarquable. Et nous avons longuement applaudi » dira Maxime Girard (41) au sujet de la Danse du canard donnée jusqu’au 23 juillet. Après « cette sorte de petit chef-d’œuvre » (42), Jane ne réapparut que le 7 décembre au Théâtre Antoine dans une adaptation théâtrale de Locus Solus, de Raymond Roussel. Jusqu’en 1917, le précurseur des surréalistes avait profité à Biarritz de la Villa Chaslon-Roussel édifiée par sa mère. Soulevant l’indignation des esprits logiques pour accumuler « les bouffonneries aliéniques », Locus Solus, bénéficiait de décors « futuro-cubistes » d’Emile Bertin et de costumes de Paul Poiret, dont l'harmonie des couleurs changeaient « des costumes bleu ciel de Lysana et de sa troupe d’anges tourneurs ». Maurice Fouret avait composé trois ballets « presque supportables » selon les siffleurs : le ballet de la gloire, le ballet sous-marin et celui des dominos dans lesquels entourées de dix danseuses, Jane, Zabeth Capazza et Jasmine s'abandonnèrent « aux jeux de leurs bonds et de leurs gestes harmonieux ». Notons que dans le ballet sous-marin, Jane, en branche de corail, dansait sur pointes au bras de M. Mars dans le rôle du marin. « Au milieu des cris injustes. M. Roussel nous semble en tout cas doué d'un talent supérieur » (43) écrivit Paul Seiloge, mais Locus Solus, s’arrêta le 21 décembre. Le 6 mars 1923, Le Figaro informa : « Mlle Lysana vient de partir avec les artistes de son corps de ballet pour créer à Lausanne, au Grand Théâtre, trois ouvrages inédits : Dans le harem bleu d'Ismet Pacha, Une Nuit au bouge et Au Clair de lune ». Dus à Maxime Girard, journaliste doublé d’un auteur, ces ballets compléteront : Suisse en l’air, revue de Claude Marty créée le 9 mars. La Feuille d’avis de Lausanne, évoque « la merveilleuse danseuse et ses sujets dans leurs danses phosphorescentes » (44) et présente « la toute charmante Lysana » comme « 1ère danseuse du Concert-Mayol et du Casino de Paris », ce qui nous a échappé, mais Henri Varna dirigeait les deux salles. Fox-trot, shimmy, java, etc., sur une brillante partition de SylvabellDemars, « rien que son joli ballet du 2ème acte, qui a été bissé, le prouve », du 9 avril au 2 mai, Jane enchaîna à l’Apollo, Prends-moi ! opérette mythologique de René & Henri Hallais. Après ce titre

impératif, où « Lysana et ses danseurs Hainaux et Cernuscha firent merveille » (45) Jane fut « engagée pour tourner un grand film réalisé en partie en Suisse, en partie en Autriche » (46). Mais comme ses danseurs, nous n'en n’avons pas retrouvé la trace. Ensuite, à une date ignorée, elle intégra la revue En Douce, au Casino de Paris jusqu’au 19 août. L’occasion d’un écho titré : Lysana au Casino de Paris dû à Isabel d’Etchessary. Femme de lettres, chorégraphe, d’Etchessary, venue du Teatro Colón de Buenos Aires s’était fait connaître à Paris en 1920. Basque par son père, sa danse sans musique ou danse Polyrythmique suscita la plus vive curiosité et nous lui consacrerons bientôt un article. En attendant, elle nota : « En récapitulant les divers spectacles de danse qui se sont donnés ces derniers temps sur des scènes de divers prestiges, je me disais mélancoliquement combien la danse est un art déshérité. Il n’y a à Paris ni un public, ni une scène pour la Danse. Quelques esprits isolés et un peu fous luttent avec acharnement disséminés, perdus pour rendre à cet art appauvri et vaincu sa richesse et sa souveraineté. Depuis si longtemps, je rêve d’un Théâtre de la Danse et d’un public assez éclairé pour ne pas applaudir à côté et pour pouvoir juger sans naïveté et sans préoccupation de snobisme, telle troupe de danse qui se présente à lui. […] Parmi les artistes chorégraphiques que j’ai vues ces dernières semaines, je ne veux retenir que Lysana. Cette intelligente artiste donne une courte scène de danse dans la revue du Casino de Paris. […] C’est bref, hallucinant » (47). Après un engagement en novembre au Gymnase de Marseille, où elle dansa dans Lysistrata de Maurice Donnay, en décembre Jane fit sa rentrée à la Cigale. Faisant appel à un grand nombre de vedettes, à l’instar de la cantatrice de l’Opéra-Comique, Marguerite Carré ou de la basquaise Louise Balthy, la revue Montre-moi ton coquelicot, débuta le 15 décembre. Sur des airs d’Henri Morisson, la danse était représentée par Mado Minty, Vanah Yami et Jane, qui parut dans l’Officine louche, « sketch » réglé par Pierre


LA DANSE À BIARRITZ # 75 Sandrini, où elle incarnait un stupéfiant, puis dans une évocation de la Parisienne de J-G Domergue intitulée : À la manière de… Après 150 représentations, Montre-moi ton coquelicot s’acheva le 30 mars 1924. Entre temps, Paris-Soir publia : « Dans un grand music-hall de Londres, fin février, Lysana, avec le concours de sa compagnie, donnera vingt représentations de ses ballets L'Arche de Noé et Puck Lands, dont la musique est due à Betove et les décors à André Boll » (48). L'Arche de Noé attribuée à Maurice Fouret par La Gazette de Biarritz en 1926 ne sera jamais renseignée. Quant à Puck Lands, si Jane interpréta dès 1920 la Danse de Puck de Debussy, Betove ne composa pas à notre connaissance de Puck Lands. Alors faut-il lire Duck Lands, « Terres de canards » ? Sans quoi, le remplacement de Jane à la Cigale fut en effet annoncé, mais les recherches permettent seulement de constater qu’elle disparut un an. C’est donc le 24 avril 1925 qu’on la retrouve à Paris, à la salle Comœdia, lors d’un gala de l'Union belge, dans l’Oiseleur, ballet de Géo Darême, « dansé à ravir par Mlles Lysana, Queluze et Sylenka ». On n’entendra plus parler de Queluze, mais Sylenka élève de Jane lui resta fidèle. Dite espagnole, avec Madoura, dont on ignore tout, elles deviendront « les adorables danseuses modernes du Ballet Lysana ». En attendant, en août, Jane « fougueuse et imprévue » fut aperçue sur la Côte d'Azur. Quatre mois après, le 18 décembre à l’Olympia, convoquée à la répétition générale, la presse assista à « la première vision du Ballet Lysana ». Sur des airs de Schubert, Chabrier, Betove et Debussy, entourée de Sylenka et Madoura, Jane offrit : Moment musical, le Fou, la Danse du corail et Gollywog. Ce fut « un très gros et très légitime succès » et Comœdia d’ajouter : « Le Ballet Lysana, dont la nouveauté chorégraphique enchante les modernes, remporte, à chaque représentation, une manière de triomphe » (49). Ce programme sera donné jusqu’au 24 décembre, après quoi du 7 mai au 22 mai 1926 la troupe passa à l'Apollo avec les Canards, le Fou et Dans les bois d’Apiré, musique de René Lenormand avec dans le rôle du chasseur : le roumain Joan Nicolaï Nicolesco, qui fera profession de danseur turc sous le nom de Nel-Haroun. L’occasion pour Legrand-Chabrier d’écrire : « C'est une charmante animatrice de scènes dansées que cette Lysana, en laquelle on sent une si intelligente volonté opiniâtre de mise en scène, de travail acrobatique et chorégraphique, esthétique mobile, de décoration imprévue, au besoin humoristique. Elle ne recherche pas le bizarre pour le bizarre, mais comme trouvaille d'une ingénuité à la recherche de son originalité. Rien n'est plus cocasse que son ballet des trois canards. Cette fresque dansante d'une mascarade

où les animatrices sont devenues les âmes de leur cartonnage en forme de bêtes a tout de suite, auprès du public, l'assentiment du rire. Elle est bien curieuse aussi, la scène du fou à l'affolante poupée sans revers, puisqu'elle est à deux faces, à double masque, à double costume, et que, de quelque côté que le jeune homme la retourne, elle ne saurait lui tourner le dos. Moins inattendu de thème, le petit ballet de la chasse : le chasseur nu comme dans une illustration des « Mille et Une nuits » - est-ce pour cela que le svelte et souple danseur de belle plastique arbore le nom de Nel-Haroun ? - bondit, avec fougue... cependant que les filles-oiselles atteintes de son arc et de son amour, s'ébattent en culbutes. On s'attend beaucoup plus au sujet, quand on voit paraître ces danseuses, et ce danseur, qu'à l'interprétation aiguë et singulière qu'ils en dansent » (50). Jane enchaîna ensuite galas et conférences jusqu’à une soirée « au rayonnement magique » à Biarritz : le Gala des fées que Gisèle Paul-Tissier organisa le 27 août au Casino Bellevue. Harpiste et compositrice sous le nom de Gisèle Harpa, le 11 juillet, son époux, Paul Tissier était mort à Nice, où dès l’hiver 1924, ses talents d'architecte et d’aquarelliste lui avait permis de concevoir des « Fêtes d’art » reprises par d’autres stations comme San Sebastián en septembre 1924 ou bien Biarritz, avec la Féerie de la Mode au Bellevue, le 11 septembre 1925. « Continuatrice de sa pensée et de ses créations, Mme Tissier qui fut pour son mari une collaboratrice de tous les instants et qui avait préparé avec lui le programme de ces manifestations, va les réaliser au cours de cette saison » dit La Gazette de Biarritz (51). Glissons que ces soirées artistiques et mondaines s’inspiraient largement de celles que proposait J-G Domergue à Biarritz depuis 1922, jusqu’aux cadeaux s’harmonisant avec le décor et l’esprit de la fête distribués aux invités. Au reste, on ignore pourquoi après le Gala de l’Or, qui le 18 septembre 1925, permit d’applaudir au Bellevue, Alice Vronska et Constantin Alperoff, « l’As des organisateurs » céda sa place à Paul Tissier et son épouse. Secondée par de précieux collaborateurs, Michel Bridet, architecte et M. d’Auchy - probablement René d’Auchy, acteur, réalisateur au cinéma Gisèle Paul-Tissier débuta le 20 août avec le Gala Roma, qui rappelait les fêtes antiques, puis le 27, « dans la gaité d'un fin dîner » le Bellevue fit place aux contes de fées. Fidèle à lui-même, Jean Dargène, lauréat de l’Académie française en 1890 et chroniqueur à La Gazette de Biarritz, qui avait annoncé de merveilleux artistes : Lysana et son ballet ; Nel-Haroun ; les petites Zaradel, Hermanova et Darewski, dissertera largement sur la mythologie des contes fées avant de conclure :

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Lysana, photo Teddy Piaz

« Après l’air de Cendrillon de M. Massé, l’orchestre annonça le défilé des ballerines et danseurs. Bientôt, sur la scène, ornée de verdures et devant les rayons fulgurants d’un immense soleil, apparaît la fée Carabosse ouvrant la fête : Et c’est, sur la danse humoristique de Betove, Lysana et Sylenka, puis, sur l’Arche de Noé de M. Fouret, Madoura et Nel-Haroun, dans leurs pas excentriques, leurs audacieuses variations, leurs virevoltes vertigineuses. Hermanova et Darewski dansent ensuite avec des musiques de Grieg. Et tout cela est d’une fraîcheur charmante de costumes ; on mime des contes ; nous apercevons, au milieu des voltiges, Barbe-Bleue et sa femme, avec sœur Anne ; puis le loup et le Chaperon rouge, etc... » (52). Hermanova et Darewski, avaient été « maintes fois applaudis auprès de la Pavlova » dit-on, mais nul ne souvient. Quant à Jane, outre l’Arche de Noé, sans doute donna-t-elle les Canards. Maintenant, on imagine qu’elle resta à Biarritz auprès de son frère Emile. Car, le 24 septembre, elle participa au dernier gala de la saison : le Gala Arc-en-ciel, qui profita à nouveau de Jacqueline et Ginette Zaradel et de la venue d’Emmy Magliani et de Marcel Bergé, de l’Opéra. Après une longue digression sur son roman Arc-enciel publié en 1893 et sur les Aviateurs, sonnet qui lui avait permis de remporter le 1er prix au concours des poèmes de guerre de 1917, Dargène rapporte que « dans le très joli décor, tout bariolé des


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d'aperçus très nets sur les arts modernes dite par Lysana, on a eu l'étonnante vision de la Danse du corail par la fine et pudique Madoura, la verve prodigieuse des scènes mimées par la conférencière, la délicieuse acrobatie de Sylenka et une première, le Cirque, dansé dans une fièvre de gaieté sur le rythme d'un jazz. On peut attendre beaucoup de si spirituelles danseuses » (54) note Le Gaulois. Les mois passants, jusqu’au 7 avril 1927, date où Jane parut à la Cigale pour la réouverture des Jeudis de la chanson, la presse ne rendit compte de rien. Puis du 17 au 30 juin « la réputée danseuse, en compagnie de ses ballerines » passa à l’Empire avec le Fou, la Danse du corail et Fado sur une musique de René Lenormand. Revenant sur la Danse du corail, Gustave Fréjaville, écrit :

sept couleurs du prisme », la soirée offrit d’excellentes choses aux dîneurs : « Les délices de turbotin Waleska et la poularde de Houdan eussent pu être offerts à des Déesses convalescentes ! ». Puis : « que dire des intermèdes présentés par Mme Paul-Tissier ? Tous très réussis, comme à l’habitude de l’experte décoratrice, qui sait découvrir des numéros toujours attrayants, toujours applaudis, tels que : Lysana et son ballet, avec la figure des oiseaux très originale ; les petites Zaradel, ballerines jusqu’au bout des ongles ! À part, je citerai, avec le plus grand plaisir, le triomphal succès d’Emmy Magliani et de son danseur Bergé » (53). Jane revint à Biarritz l’année suivante au moment des soldes d’été chez Paul Poiret et des concours de Tango et de Charleston. Mais avant, le 18 novembre au Salon d'Automne : « Les Ballets de Lysana donnèrent une série de danses originales qui ont affirmé définitivement le talent et l'esprit du charmant trio Lysana, Madoura, Sylenka. Après une causerie pleine

Ballet moderne de Lysana 1932, photo Teddy Piaz

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« Nous verrons certainement cet effet dans quelque revue, où il suffira de multiplier le nombre des danseuses pour obtenir un tableau plus grandiose : il sera alors de stricte justice de se souvenir du mérite de Mlle Lysana, dont l'invention a causé l'autre soir un émerveillement unanime. La première danse, le Fou, ne nous était pas inconnue ; Mlle Lysana l'avait dansée la saison dernière à l’Apollo; elle l'a, semble-t-il, développée et perfectionnée ; une poupée à double visage y produit une impression assez curieuse. Mais la danse elle-même, exécutée avec fougue par Mlle Lysana fourmille d'intentions qui ne sont pas toutes faciles à saisir. On en peut dire autant de la scène populaire et carnavalesque, sorte de canevas italien sur un air de Fado portugais. Voici ce qu'on croit deviner : un joueur de guitare courtise une jeune servante; une dame élégante et mure vient à passer, minaudière et provocante ; le garçon se laisse prendre à ses avances et tourne vers elle ses soupirs ; or il a lâché la proie pour l'ombre, car la dame est un jeune homme travesti, qui laisse tout à coup tomber ses atours féminins et enlève la servante, qui s'était entendue avec lui pour berner le musicien. Peutêtre est-ce autre chose, car l'action dansée parait beaucoup moins nette. M. Pablo manque un peu de style et de verve dans la caricature de la coquette, mais il est charmant en Caballero ; Mlle Sylenka est une servante adroite et avenante ; Mlle Lysana, presque trop gracieuse en joueur de guitare, est toute pleine de réticences et d'arrièrepensées. Au total, un quart d'heure fort agréable, laissant un souvenir un peu confus, d'où émergent quelques images d'une fantaisie singulière » (55). « Beau et expressif danseur mime » selon Legrand-Chabrier, qui s’interrogea : « Pourquoi n'essaierait-on pas de filmer

les trois curieux tableaux-ballets qu'anime l'art de chorégraphie intellectuelle et visuelle de Mlle Lysana, qui s'efforce avec une louable volonté vers la singularité ? » (56). M. Pablo élève de Jane viendra à Biarritz pour le Gala de l’An 2000 donné au Bellevue, le 2 septembre 1927. Gisèle Paul-Tissier s’étant tournée vers la fabrication de poupées, René d’Auchy lui succéda et Dargène loua le décorateurartiste de s’être surpassé dans cette soirée anticipant sur l'avenir : « un style futuriste, un soupçon de cubisme, un spectacle d'avant-garde, des sensations raffinées côtoyant la loufoquerie ! » « Et que dire des parfaits artistes Eve et Jean Fazil, dans leur sarabande cubiste ; de Gevergeva et sa danse futuriste Sarcasme ; de Lysana, avec Sylenka, Pablo, Madoura, dans leur ballet excentrique : du numéro, enfin, de pure folie, avec Harry Reso. Ils furent tous inouïs, extravagants et fort applaudis » (57). Dargène ayant annoncé son « cirque excentrique, ses danses folles », sans doute Jane donna-t-elle le Cirque créé au Salon d’Automne de 1926. Quant à Eve et Jean Fazil, de leurs vrais noms, Françoise d’Aler et Jean Klob, venus de l’Opéra d’Anvers, ils avaient débuté en mai à l’Olympia. On ignore ce qu’ils dansèrent, mais Gaston Martin écrira en 1929 : « le couple paraît le mieux adapté pour […] créer dans la danse contemporaine un style français » (58). Épouse de George Balanchine, Tamara Gevergeva ou Geva, venait de se séparer de son mari et des Ballets russes à MonteCarlo pour rejoindre à Paris le Théâtre de la Chauve-Souris de Nikita Balieff. Mais avant Balanchine lui régla trois solos pour une tournée que Balieff devait entreprendre en octobre aux USA : « Le troisième était quelque chose d'encore plus révolutionnaire. Il s'appelait Sarcasme sur la musique de Prokofiev. […] Mon costume était moitié arlequin et moitié pilote » (59). Et la danseuse d’expliquer que ces solos furent les premières œuvres de Balanchine que les américains découvrir. Et, nous de remercier Dargène d’avoir pour une fois mentionné un titre, car sans doute Sarcasme fut-t-il créé en septembre 1927 à Biarritz. Enfin, avec ses jambes folles et ses vêtements trop larges, l’américain Harry Reso, lithuanien d’origine, s’était fait connaître dans ses danses humoristiques à l’Apollo en mars 1926. Rentrée à Paris, le 21 octobre, Jane prêta son concours à « un gala d'avant-garde » au profit de la Maison de la Chimie et donna Salle Bullier, « deux œuvres ultramodernes » et Paris-Soir d’indiquer : le Cirque et le Fou « d’après la Bourrée fantasque de Chabrier ». En 1918, Sacha Dezac avait signé un « sketch » sur cette musique, s’agissait-il du même ouvrage ? Comment le savoir ? Pleins de réclames, les programmes ne renseignent qu’au minimum et la presse est souvent évasive. Sans date en novembre, Jane retrouva au


LA DANSE À BIARRITZ # 75 Grand-Palais le Salon d’Automne, pour un hommage à Isadora Duncan : « trois danseuses évoluèrent par la magie de leurs pas accouplés à l'âme nuancée de la grande disparue ». Après quoi, on enchaîna au son du piano : Fado, Gollywog, le Cirque, l’occasion pour Pierre Heuzé de noter étrangement à propos de Fado de René Lenormand : « La musique des bruits, danse imitative, hachée, saccadée, pleine de sonorités modernes : sifflet d'usine, crissement d'étoffe, train déroulé pour un départ, ne surprit pas les spectateurs, non plus que les costumes fantaisistes et personnels du coq et des poules du tableau intitulé : le Poulailler. […] Sur le Gollywog de Debussy, deux piquantes et acidulées poupées anglaises s'agitent. Enfin un cirque ambulant : amazone, marin en goguette, clown mélancolique et chanteuse inspirée, dompteur et bêtes, tout cela surgit dans la vague déferlante des éclairages. On le voit, à une technique sûre, Lysana allie des dons de poète et de peintre. Sa fantaisie, sa sureté et sa science ne sont jamais prises en défaut. Elle fut, avec ses élèves, tout le spectacle enchanté de cette trop courte après-midi « d'Automne » (60). « Que souhaitez-vous recevoir pour vos étrennes ? Ce que je désire ? Sur une colline... une toute petite maison avec beaucoup de place autour pour danser au soleil ou sur un grand tapis de neige. Mlle Lysana, la célèbre danseuse demande une chaumière... Sans doute a-t-elle déjà le cœur ! » (61). Après avoir dessiné pour les lecteurs de La Presse la chaumière de ses rêves, le 8 février 1928, Jane débuta aux Folies-Bergère, dans la nouvelle « hyper-revue » de Louis Lemarchand : la Grande Folie. « Je renonce à nommer les interprètes dont le nom n'est pas venu sous ma plume au cours de cette longue analyse, écrit Gustave Fréjaville, pilier des critiques de music-hall. Je répète que, dans ces spectacles monstres, chacun a sa part dans le succès, soit par sa beauté, soit par son talent, soit par la soumission méritoire à une discipline magnifique. Mais ma conscience est sans inquiétude car, d'après tous les pronostics, chacun aura au moins jusqu'à l'année prochaine pour aller voir la Grande Folie et se faire une opinion » (62). En effet, la Grande Folie tint l’affiche jusqu’au 10 février 1929, mais il n’y eut pas un mot sur Jane. Tout comme, le 23 février, elle épousa sans bruit Sacha Dezac-Derecq à la Mairie du 17ème. Dit sans profession, le médecin avait pour témoin son oncle Henri, toujours banquier, tandis que Jane se présenta avec un certain Maurice Prottier, commissionnaire. Après quoi, du 17 au 29 mai, elle passa au Moulin Rouge. Au goût de Fréjaville : « une trop courte apparition de la danseuse Lysana, qu'on ne peut juger sur un numéro visiblement incomplet » (63). Grâce au programme de Radio-Paris, l’on sait qu’elle donna la Danse de Puck de Debussy diffusée à

la T.S.F le 4 juin. C’est ensuite le silence le plus complet, notons toutefois qu’en juillet 1930, selon Comœdia : « Jean Dréville met en scène et va tourner aux Studios de Joinville un film de court métrage avec la belle danseuse cinématographique Lysana ». Par ailleurs, femme de plume, ce qui ajoute au mystère de son éducation, sur des airs de Jean Yatove, Maurice Meslier, Pierre Blois, André Grassi, André Souquières et Christiane Verger, elle écrit les paroles de chansons.

On ne la retrouvera que le 30 janvier 1931 à l’Arlequin - Théâtre-Club de la Petite Scène : « Je signale que Lysana, souvent applaudie sur des scènes régulières, notamment à l'Olympia et à l'Empire, a collaboré à ce spectacle, en dansant deux fantaisies de son répertoire, le Fou et la Femme de ménage, où l'on discerne un esprit d'invention et des qualités techniques qui ne pouvaient nous étonner » (64) note Fréjaville. La Femme de ménage, n’étant pas renseigné, on supposera qu’un cliché de Pierre Félix, la représente dans « cette fantaisie ». Puis, le 18 avril au Théâtre de la Michodière lors du gala de la Journée de la Femme, dont l’originalité était la présentation d'œuvres inédites, écrites uniquement par des femmes, ce fut : « danses en costumes de Lysana, sur la musique d'Armande de Polignac ». La comtesse Alfred de Chabannes, qui signait ses partitions sous son nom de jeune fille, avait composé les Chimères pour Loïe Fuller en 1923, mais là on ne saura rien du titre. Néanmoins « avec ses belles attitudes tour à tour onduleuses, ployantes ou hiératiques, Lysana contribua au très gros succès de cette matinée exceptionnellement brillante » (65). Pour autant, elle ne reparut que le 1er février

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Lysana, photo Pierre Félix

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Eve et Jean Fazil, photo Alban

Harry Reso, photo Sartony

••• 16 17


LA DANSE À BIARRITZ # 75 cité historique entre toutes : Meung-surLoire. Puisque voilà enfin une grande ballerine authentiquement française et qui sait écrire de son art avec intelligence et précision Comoedia est heureux d'accueillir ces considérations » (66). Rappelons qu’elle était orléanaise et que c’est sa mère, décédée à Orléans en 1924 qui était native de Meung-sur-Loire. Sans quoi, il faudrait reproduire l’intégralité de ses pensées parfois aux antipodes du parcours que nous lui connaissons, mais citons seulement deux fragments :

••• 1932 à Magic-City dansant en pleine crise économique pour l’Association orchestrale de musiciens français chômeurs : la Plus que lente (Debussy), Danse humoristique (Betove), le Rossignol et la rose (SaintSaëns) tout en se consacrant à la nouvelle revue du Casino de Paris : Sex Appeal Paris 32. Mais avant, les 30 avril et 5 mai, Comoedia publia en deux fois : les Considérations sur l'art de la danse par la danseuse Lysana. « Disciple du grand Diaghilev, Lysana n'en est pas moins une française pur-sang, étant née dans une

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Alberto Spadolini, photo Teddy Piaz Lysana et Sylenka dans Sex Appeal Paris 32 photo Lucien Lorelle

18 19

« Pour pouvoir réaliser une broderie dansante exprimant la souplesse de la broderie musicale il faut que l'artiste danse autant du visage, des bras, du torse que des jambes. Il faut en un mot que tout son corps participe à l'expression du rythme, et phrase la danse exactement sur la phrase musicale et ceci avec un tact scrupuleux de peur de ne pas être, même un instant, en communion de pensée avec le musicien. Afin d'atteindre cet idéal chorégraphique, il faut avoir une connaissance parfaite des pas classiques et un entraînement à les exécuter, datant de plusieurs années (pour ne pas dire de l'enfance) : et ceci étant acquis - rester bien persuadé que tout est encore à faire. Il ne faut pas vivre en effet sur son acquis, il faut créer avec ce que l'on possède pour faire œuvre d'artiste. Infortunés ceux qui ne se rendent pas compte que la danse classique comme on l'enseigne est fastidieuse comme une suite d'exercices impersonnels, dont la difficulté constitue le seul attrait. Ce qui fit la solidité et le bon aloi de la réussite des Ballets russes, c'est la connaissance parfaite de la technique des pas classiques et l'usage plein de fantaisie vivante qu'ont su en faire les danseurs et ballerines pour exprimer l'émotion des musiques. Ce furent et ce sont des artistes instruits et vivants ». « Certes, si l'on admire presque sans réserve les créations véritables d'une géniale Isadora, c'est qu'il y a chez elle, par une sorte de miracle, un pouvoir surnaturel dans la façon de jeter dans le public la noble émotion de son âme pantelante ; c'est que, presque toujours, avec une sûreté de goût incroyable, son geste agrandit, prolonge la phrase harmonique des plus grands maîtres. Ses élèves et ses continuatrices, n'ayant pas sa personnalité débordante, son magnétisme irrésistible, aveuglant, font de l'intellectualisme à outrance dans des pantomimes qui, non seulement n'ajoutent rien à la musique, mais encore nuisent à son audition. Ce qui est impardonnable ! [..] On s'aperçoit alors, une fois de plus, qu'on ne peut rien bâtir de valable en art sans une solide instruction préalable ».

Décoré par Paul Colin, Sex Appeal Paris 32 mené par la fantaisiste Marie Dubas débuta le 7 mai. En raison de la crise, nombre de salles fermant leurs portes ou se réformant en cinéma, on s’étonna qu’Henri Varna et Oscar Dufrenne montent une revue entièrement nouvelle : « Je ne puis croire répondit Varna que le public soit las du music-hall. Plus les préoccupations quotidiennes, les soucis d'affaires sont graves, plus nous éprouvons le besoin d'oublier un moment nos ennuis dans la gaîté » (67). Faute de programme, ce que l’on peut dire, c’est que Jane « et son corps de ballet », parurent dans plusieurs « ballets futuristes » et la presse de citer au tableau du Mouvement perpétuel : le ballet Mouvements « d'un si curieux modernisme » avec « ses spirales de couleur ou d'acier » et « ses costumes en accordéon ». De-là « ces personnages en ressorts à boudin » fixés par Lucien Lorelle, dont une carte postale signée par Sylenka. En revanche, un autre cliché « des excellents danseurs acrobatiques », Horam et Sacha Lyo, dédicacé : « Notre


LA DANSE À BIARRITZ # 75

souvenir à Edouard Sex Appeal Paris 32 » n’est pas de circonstance, puisque dans la scène des Arts ménagers réglée par Jane, ils apparaissaient « en aspirateur et poussière ». Sans quoi, soulignons que le 17 octobre, à la faveur de la 200ème, la Table verte et Fridolin en route furent ajoutés à la revue. Face à l'impatience d'une partie du public, Fridolin en route ne tint qu’un soir, quant à la Table verte, qui après le carnage de 14-18 criait Mort à la Guerre ! : « Nous devons, écrit Edouard Beaudu, avant tout louer le cran des artistes qui tiennent jusqu'au bout, malgré les trop vives réactions de certains spectateurs peu préparés à ce genre d'exhibition et qui n'en comprennent pas la signification ou ne veulent pas la comprendre » (68). Sex Appeal Paris 32 triompha jusqu’au 11 novembre, après quoi, le 3 décembre, vint la Joie de Paris, pour la rentrée de Joséphine Baker. Toujours dans un décor de Paul Colin, Jane et ses 24 danseuses, après Voici des fleurs, parurent dans Soleils : « Une splendeur de mise en scène aux costumes curieux créés par Lysana dont j'ai eu maintes fois à clamer l'ingénieux esprit chorégraphique, l'art décoratif précieux et le goût original. Elle sait faire danser ses costumes, avec une perspicacité aiguë et subtile. Avec elle, on n'est jamais déçu si l'on recherche le rare » écrit Legrand-Chabrier (69). Ce tableau comptait une danse de l’italien Alberto Spadolini, archétype du danseur d’instinct, découvert l’été précédent par Henri Varna et Joséphine Baker à Monte-Carlo. Peintre à l’origine, il avait travaillé dans l’atelier de Paul Colin, qui fut étonné de le reconnaître dans l'Hymne au soleil, « une de ses plus splendides créations » appréciée à Biarritz en 1938. Mais c’est dans l'Homme et la Machine, qu’il triompha. « Ce chefd’œuvre incontestable », « le plus beau tableau qui ait encore été réalisé au musichall » selon Legrand-Chabrier avait été réglé par Jane, dont on salua « les mille et une trouvailles ». La Joie de Paris courut jusqu’au 29 août, avant de reprendre avec Marie Dubas, le 1er septembre sous le nom de Paris en joie jusqu’au 19 octobre. Ensuite, « les Girls de Lysana » parurent au Pavillon du 23 décembre au 18 mars 1934 dans une « délicieuse et piquante »

opérette, de Francesco Gabutti : au Pays des femmes nues. Puis, avec Yvonne Save, récitant des poèmes, Jane dansa au VieuxColombier, le 30 novembre et les jours suivants. Enfin, le 9 mars 1935 à l'Hôtel des Deux-Mondes, au profit des femmes nécessiteuses lors d’un Festival Betove. Jane avait 45 ans et tout s’arrêta là avec la danse. En 1937, elle publia Plein feu, que l’éditeur Robert Denoël présenta comme « un roman de pure fantaisie où l’auteur s’arroge tous les droits ». L’essayiste et critique, Geneviève Hurel, le qualifiera de « pornographique » (70), mais pour celle qui voyait dans la femme moderne « le vice des temps » (71) avoir passé une part de son existence sur les planches ne pouvait être qu’immoral. Avec pour intrigue un auteur en mal d’inspiration, Plein feu comme au théâtre mêle la vie à l’affabulation. Notons que Jane en profite pour mettre parfois dans la bouche de ses personnages, ses considérations sur le music-hall, sur la danse, mais aussi des fragments de critiques. En 1945, André Grassi, pianiste de Suzy Solidor pendant l’Occupation, sortit : Printemps des champs... Printemps des villes... dont Jane signa ou avait signé les paroles. Car nous ignorons les circonstances de sa mort. Déclaré veuf, Sacha Dezac-Dereck, docteur en médecine, toujours domicilié, 169, bd Malesherbes, décéda à l'Hôtel-Dieu, le 8 octobre 1950, décoré de la Légion d’Honneur, de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance. Jane dont l’acte de décès n’a pas été retrouvé, appartenait-elle aussi à la Résistance, mourut-elle en captivité ou fusillée par les allemands ?

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Horam et Sacha Lyo dans Sex Appeal Paris 32 photo Lucien Lorelle

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Lysana et Sylenka dans Sex Appeal Paris 32 photo Lucien Lorelle

(1)

Paris-Soir, 30 juin 1927

(2)

La Danse au théâtre, 1924, p.323

(3)

Plein feu, 1937, p.53

(4)

Paris-Soir, 17 novembre 1932

(5)

La Presse, 24 décembre 1927

(6)

Bonsoir, 12 avril 1924

(7)

Carnet de la semaine, 22 juillet 1917

(8)

L’Ère nouvelle, 19 juillet 1927

(9)

Le Siècle, 12 mai 1918

(10)

Le Temps, 24 mai 1910

(11)

Le Gaulois, 13 avril 1919

(12)

Le Populaire de Paris, 15 avril 1919

(13)

La Danse, juin 1922

(14)

La France, 25 octobre 1920

(15)

Comœdia, 11 mars 1921

(16)

Les Modes de la femme de France, 19 mars 1922

(17)

La Lanterne, 31 mai 1921

(18)

La Petite Gironde, 9 juin 1921

(19)

Bonsoir, 30 mai 1921

(20)

Le Figaro, 31 mai 1921

(21)

Bonsoir, 6 juin 1921

(22)

La Danse, octobre 1921

(23)

La Danse, janvier 1922

(24)

Plein Feu, 1937, p. 53

(25)

Le Gaulois, 15 décembre 1921

(26)

La Danse, novembre 1921

(27)

Comœdia, 26 mars 1922

(28)

Le Radical, 26 janvier 1925

(29)

L’Œuvre, 19 mars 1922

(30)

Le Figaro, 18 juillet 1922

(31)

Comœdia, 16 juillet 1923

(32)

L’Homme libre, 22 juillet 1921

(33)

Comœdia, 18 octobre 1921

(34)

La Presse, 10 novembre 1921

(35)

Les Potins de Paris, 9 décembre 1921

(36)

Le Ménestrel, 9 décembre 1921

(37)

La Presse, 1 décembre 1921

(38)

Le Figaro, 9 février 1922

(39)

La Presse, 13 mai 1922

(40)

La Rampe, 21 mai 1922

(41)

Le Figaro, 18 juin 1922

(42)

La Danse, juillet 1922

(43)

La Lanterne, 8 décembre 1922

(44)

La Feuille d’avis de Lausanne, 12 mars 1923

(45)

La Rampe, 22 avril 1923

(46)

Le Petit-Journal, 2 avril 1923

(47)

Bonsoir, 26 août 1923

(48)

Paris-Soir, 9 novembre 1923

(49)

Comœdia, 20 décembre 1925

(50)

La Presse, 23 mai 1926

(51)

La Gazette de Biarritz, 29 juillet 1926

(52)

La Gazette de Biarritz, 28 août 1926

(53)

La Gazette de Biarritz, 25 septembre 1926

(54)

Le Gaulois 19 novembre 1926

(55)

Comœdia, 29 juin 1927

(56)

La Presse, 1er juillet 1927

(57)

La Gazette de Biarritz, 4 septembre 1927

L'Archer. Revue mensuelle de littérature et d'art, 1929

(58)

(59)

Dance Magazine, 1997

(60)

Comœdia, 18 novembre 1927

(61)

La Presse, 24 décembre 1927

(62)

Comœdia, 15 février 1928

(63)

Comœdia, 22 mai 1929

(64)

Comœdia, 2 février 1931

(65)

Comœdia, 19 avril 1931

(66)

Comœdia, 30 avril 1932

(67)

Le Matin, 26 mai 1932

(68)

Le Petit Journal, 19 octobre 1932

(69)

La Rampe, 1er janvier 1933

(70)

La Nouvelle revue indochinoise, avril 1938

(71)

L’Auvergne littéraire, 1928


SENSIBILISATION Master classes/ateliers répertoire Vendredi 28 et samedi 29 décembre Niveau Moyen/Avancé (12-14 ans) 14h -16h Niveau Supérieur / Pré-professionnel (15 ans et +) 16h30 -19h Atelier Voulez-vous danser avec nous ? Mardi 4 et mercredi 5 décembre 19h – 21h Gratuit sur présentation d’une place de spectacle pour l’une des représentations des 28, 29 ou 30 décembre. Inscriptions Tél. 05 59 24 67 19

Irma Hoffren et Mickaël Conte, Bal © O.Houeix

Festival Cadences - Arcachon Dans le cadre de la programmation de Rêverie romantique et Sirènes, le 21 septembre au Théâtre Olympia et d’une Dernière chanson au Théâtre de la Mer le jour suivant, Dominique Cordemans, responsable de la sensibilisation et de la transmission du répertoire aux préprofessionnels a animé une master class et Richard Coudray, maître de ballet une Mégabarre.

La Coursive Scène Nationale - La Rochelle À l’occasion des représentations de Cendrillon des 2 et 3 octobre, Thierry Malandain a donné une conférence sur les 20 ans du CCN Malandain Ballet. Biarritz. Par ailleurs, avec l’ensemble des danseurs, Arnaud Mahouy a animé un Bal, tandis qu’une master class a été donnée à un groupe de danseurs en classe professionnelle du Conservatoire de musique et de danse de La Rochelle.

Conservatoire musique et danse de Pau Béarn Pyrénées À l’invitation d’Espaces Pluriels - Scène conventionnée danse de Pau, Gaël Domenger donnera, le 7 novembre une master class et un atelier autour de Noé au Conservatoire musique et danse de Pau Béarn Pyrénées.

Scène Nationale - Albi Le Malandain Ballet Biarritz donnera deux représentations de la Belle et la Bête les 11 et 12 décembre à la Scène Nationale d’Albi, à cette occasion un groupe de 45 personnes assistera à la répétition du spectacle.

Gare du Midi - Biarritz Autour des représentations de Rêverie romantique des 28, 29 et 30 décembre, Dominique Cordemans, animera des master-classes et des ateliers destinés aux élèves d’écoles de danse, de conservatoires et de centres de formation ainsi que des ateliers Voulez-vous danser avec nous ? pour adultes et étudiants même non-initiés.

Entre septembre et mai, Gaël Domenger, responsable du LABO interviendra auprès d’élèves d’Alexandre Nipau du Conservatoire municipal de musique et de danse de Dax pour leur transmettre des extraits de Nocturnes de Thierry Malandain dont la restitution aura lieu à Dax, les 11 et 12 mai. Ce projet sera enrichi de rencontres entre les élèves et les danseurs du Malandain Ballet Biarritz. Ainsi, le 17 novembre lors de l’avant-première de Marie-Antoinette, le groupe assistera à Biarritz aux répétitions et au spectacle et profitera d’un atelier animé par Dominique Cordemans.

© Olivier Houeix

Conservatoire municipal de musique et de danse de Dax

Mégabarre © Olivier Houeix

EN TOURNÉE

Maison de la Danse - Lyon Lors des représentations de Noé à la Maison de la Danse du 18 au 22 décembre, Giuseppe Chiavaro donnera tous les jours la classe au Centre National de la Danse. Par ailleurs, Richard Coudray animera une Mégabarre le 20 décembre à 19h00, tandis qu’une rencontre bord de scène aura lieu à l’issue de la représentation du 19 décembre.


LE LABO PARTENARIAT

ATELIERS

Danse en partage avec le Lycée des Métiers Paul Bert – Bayonne © Olivier Houeix

Le Lycée des Métiers Paul Bert a fait appel au Malandain Ballet Biarritz pour un projet de création avec quatre classes et leurs professeurs d’EPS. Conduit par Aureline Guillot, ex-danseuse du Malandain Ballet Biarritz et Gilles Schamber, chorégraphe, ce projet se clôturera sous forme de « flashmob » le 29 avril au Lycée Paul Bert à Bayonne dans le cadre de la Journée mondiale de la danse.

Partenariat avec le CSAPA Broquedis Au cours de la saison, le Malandain Ballet Biarritz poursuivra son partenariat avec le Centre de Soins et d’Accompagnement en Addictologie de Saint-André-de-Seignanx au travers d’actions diverses.

Après Mikado, performance itinérante présentée le 3 septembre dans les rues de Biarritz durant le festival Le Temps d’Aimer, Le LABO, laboratoire de recherche chorégraphique animé par Gaël Domenger reprend ses ateliers tous les lundis dans le Grand Studio de la Gare du Midi de 20h à 22h (hors vacances scolaires). Un nouveau projet de recherche pluridisciplinaire sera mis en œuvre dès le 17 septembre. Renseignements / Inscriptions Tél. 06 30 79 45 59 / 05 59 24 67 19

© Johan Morin

Coopération territoriale Dans le cadre de ses actions territoriales et de son partenariat avec la Ville de Mauléon, le Malandain Ballet Biarritz accueillera un bus de spectateurs souletins pour une rencontre avec l’équipe de création et l’avant-première de Marie-Antoinette à Biarritz le 17 novembre.

Université du mouvement

Des présentations en public auront lieu notamment à l’occasion du « Rendez-vous sur le quai de la Gare » au mois de juin 2019 à Biarritz.

Projet Itsas Laminak Sirenas Sirènes Dès septembre, le Malandain Ballet Biarritz en partenariat avec la Fondation Cristina Enea de Donostia / San Sebastián et le service d’éducation environnementale de la Ville de Pampelune initieront un projet de sensibilisation à l’environnement via l’art chorégraphique. Autour du ballet Sirènes de Martin Harriague, chorégraphe associé au CCN et dans le cadre du projet Uhain Berria, 18 classes de collèges d’Iparralde, de Gipuzkoa et de Navarre participeront à un parcours pédagogique mêlant biologie marine, prévention environnementale et pratique de la danse. Ce projet inédit bénéficie du soutien de l’Eurorégion Aquitaine-Euskadi-Navarre au titre de l’appel à projets Aquitaine Euskadi Navarre.

Sirènes © Olivier Houeix

À compter de la rentrée 2018, Instant Présent, en partenariat avec le Malandain Ballet Biarritz, lance une compagnie de danse amateure pour adultes, tous âges et tous niveaux confondus. Ce projet intitulé « Université du Mouvement » a pour objectif de faire vivre à des amateurs, l’expérience de la création chorégraphique dans l’ensemble de son processus ainsi que la magie de la scène. Pour cela, tout au long de la saison 2018-19, le chorégraphe Gilles Schamber créera avec les participants de l'université une pièce inédite. En parallèle, est aussi proposé de travailler une pièce du Répertoire de Thierry Malandain.

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© Olivier Houeix

© Olivier Houeix

Ateliers pour adultes

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SAISON DANSE Biarritz Saison Danse #3 en collaboration avec Biarritz Culture

5 novembre Théâtre du Casino

28 mars Colisée

Kukai Dantza - Jon Maya Sein : Erritu Dans le cadre de Euskal Hitzorduak / Rendez-vous Basque #3

Kale Compahnia de dança (Portugal) – Hélder Seabra / Christine Hassid / Jaiotz Osa : Encontro (Rendez-vous) Dans le cadre de Regards Croisés / Begirada Gurutzatuak #8

7 novembre Théâtre du Casino Bilaka – Mathieu Viver : Saio Zero Dans le cadre de Euskal Hitzorduak / Rendez-vous Basque #3 Informations / Réservations Abonnements à tarifs préférentiels • Formule Automne Carmen + Marie-Antoinette 60 €* • Formule Printemps Ballet Théâtre de Bâle + Marie-Antoinette 60 €* • Formule 2 spectacles 1 place pour un des spectacles à la Gare du Midi + 1 place pour un des spectacles au Colisée, au Casino 46 €*

8 novembre Théâtre du Casino

20 mai Gare du Midi

16  • 17 novembre Gare du Midi

Ballet Théâtre de Bâle – Richard Wherlock (Suisse) Chorégraphies de Hofesh Shechter, Bryan Arias, Jirí Pokorný

Malandain Ballet Biarritz : Marie-Antoinette (avant-première) Avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi

Víctor Ullate Ballet (Espagne) : Carmen de Víctor Ullate et Eduardo Lao

• Formule 6 spectacles 3 spectacles à la Gare du Midi + 3 spectacles au Colisée, au Casino 102 €*

Malandain Ballet Biarritz : Rêverie romantique / Sirènes

1er • 2 juin Gare du Midi Malandain Ballet Biarritz : Marie-Antoinette Dans le cadre du Rendez-vous sur le quai de la Gare #8

20 novembre Gare du Midi

7 • 8 • 9 août Gare du Midi

28 • 29 • 30 décembre Gare du Midi

Malandain Ballet Biarritz : Marie-Antoinette Dans le cadre des Estivales #5

12 février Salle Larreko / Saint-Pée-sur-Nivelle Cie Gilschamber & TransTheatr dance company – Oleg Petrov (Russie) : Instinct I de Gilles Schamber / le Spectre de la rose et cetera de Christine Hassid

Le Temps des Mômes Festival Jeune Public

Places à l’unité

Biarritz Culture www.biarritz-culture.com +33 (0) 5 59 22 20 21

18 au 23 mars Colisée Bi Harriz Lau Xori Journées d’expressions d’ailleurs

Office de Tourisme de Biarritz Tél. +33 (0)5 59 22 44 66 www.tourisme.biarritz.fr Informations / Réservations Malandain Ballet Biarritz www.malandainballet.com +33 (0) 5 59 24 67 19

12 au 16 février Colisée

22 23

La Intrusa (Portugal) Animales de hermosa piel de Virginia Garcia / Damian Muñoz Dans le cadre de Regards Croisés / Begirada Gurutzatuak #8

Aukeran Dantza Konpainia – Edu Muruamendiaraz : Aukeran 20 urte Dans le cadre de Euskal Hitzorduak / Rendez-vous Basque #3

• Formule 4 spectacles 2 spectacles à la Gare du Midi + 2 spectacles au Colisée, au Casino 84 €*

*Hors frais de réservation

29 mars Colisée

basques

et

Office de Tourisme de Biarritz www.tourisme.biarritz.fr +33 (0) 5 59 22 44 66 Guichets des Offices


SAISON DANSE


Bilan 2017

CRÉATION ET DIFFUSION

1

SENSIBILISATION ET MÉDIATION

création de Thierry Malandain

Noé (musique : Gioacchino Rossini - Messa di Gloria),

Création / première française : Chaillot – Théâtre National de la Danse (Paris) du 10 au 24 mai 2017

Noé © Olivier Houeix

Création / Eurocité Basque : Victoria Eugenia Antzokia de Donostia / San Sebastián les 14 et 15 janvier 2017

350

interventions de sensibilisation

Pyrénées-Atlantiques

34 %

Nouvelle-Aquitaine

10 %

Ballet T

6%

International

5%

Prix de la « Meilleure compagnie » décerné par l’Association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse en éà&è, et nominé à Moscou aux Benois de la Danse 2018.

France hors Nouvelle-Aquitaine

45 %

101 101

2012

représentations dont 39% à l’international

104

104

107

92

2013

2014

2015

2016

101

répartition des actions de sensibilisation

101 544

spectateurs

dont 10 400 à Biarritz 8  500 aux Arènes de Bayonne 12 000 à Paris, Chaillot, Théâtre national de la Danse pour Noé 38 122 à l’International

2017

103 000 101 000

nombre de représentations 80 000

77 000

83 000

545 454

500 421 350

2013

2014

2015

2016

2017

nombre d’interventions de sensibilisation

87 000

Principaux publics visés : • Le jeune public, écoliers, collégiens, lycéens du secteur public et privé

2013

2014

2015

2016

2017

• Les danseurs amateurs ou professionnels • Les familles en privilégiant l’intergénérationnel

nombre de spectateurs

• Des publics défavorisés, en particulier sur le territoire départemental ou régional via notamment une politique tarifaire adaptée.

Europe hors France

31 %

International hors Europe

8%

Biarritz

10 %

France hors Nouvelle-Aquitaine

44 %

Nouvelle-Aquitaine hors 64

7%

répartition géographique des tournées

10 pays visités : Espagne, Allemagne, Italie, Belgique, Israël, Chine, Thaïlande, États-Unis, Mexique et Colombie. © Olivier Houeix

© Olivier Houeix

2012


BILAN ACCUEIL STUDIO / ACCUEIL PLATEAU

14

compagnies soutenues dans le cadre de l’Accueil Studio en 2017

Compagnie Cie La Cavale La Tierce Cie Androphyne Cie Wejna Cie Sylex Christine Hassid Project Cie Gilschamber Technicore et le monde du zèbre Cie CUBe Cie Adéquate Cie Lamarche - Brumachon Cie Iffra Dia Cie Affari Esteri Cie Bilaka

18 16

2012

15

15

15

2013

2014

2015

14

2016

2017

nombre de compagnies accueilles

3

festivals soutenus 1. Le Temps d’aimer 2. Errobiko Festibala 3. Dantza Hirian

Région Poitou-Charente Nouvelle-Aquitaine Nouvelle-Aquitaine Auvergne-Rhône-Alpes Nouvelle-Aquitaine Nouvelle-Aquitaine Bretagne Nouvelle-Aquitaine Provence-Alpes-Côte-d’Azur Nouvelle-Aquitaine Nouvelle-Aquitaine Île de France Bourgogne-Franche-Comté Nouvelle-Aquitaine

L’Accueil plateau permet aux compagnies chorégraphiques accueillies dans le cadre de l'Accueil studio de bénéficier d’une programmation grâce aux partenariats établis avec le Festival le Temps d’Aimer – Biarritz Culture, le Théâtre Olympia – Arcachon, D Feria – Donostia / San Sebastián…

1 1

1

20 %

Département des Pyrénées-Atlantiques

8%

Ville de Biarritz

25 %

projet de coopération «  Ballet  T  » mené avec Biarritz et Donostia / San Sebastián

BUDGET

4,2

projet de coopération territoriale soutenu par la Communauté d’Agglomération Pays Basque et la Diputación Foral de Gipuzkoa

millions d’euros de budget dont 53% via les recettes propres

projet de circulation d’artistes de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine / Euskadi / Navarre, « Regards croisés » entre Bilbao, Errenteria et Biarritz, soutenu par la Communauté d’Agglomération Pays Basque et la Diputación Foral de Gipuzkoa

État / Drac Nouvelle-Aquitaine

47 %

répartition des subventions 2017

Partenaires publics 2017 DRAC Nouvelle-Aquitaine / Ministère de la Culture et de la Communication Ville de Biarritz* Région Nouvelle-Aquitaine Département des Pyrénées-Atlantiques

959 890 € 497 000 € 406 000 € 158 000 € 2 020 890 €

Total

« Saison Danse » à Biarritz avec Biarritz Culture ÉQUIPE technique

22 %

artistique administration

56 %

13 %

management

9%

répartition des collaborateurs

22 115

danseurs permanents collaborateurs dont 47 équivalents temps plein

† Jean-Claude Asquié (1955-2017) Directeur de production, concepteur lumière. † Oswald Roose (1960-2017) Directeur technique

© Olivier Houeix

1

Région Nouvelle-Aquitaine

24 25


Nuria Lopez Cortés & Raphaël Canet, déambulation 20 ans © O.Houeix

EN BREF

20 ans du CCN Malandain Ballet Biarritz Le 15 septembre dans le cadre du festival Le Temps d’Aimer, les 20 ans du CCN Malandain Ballet Biarritz ont été célébrés dans Biarritz, de la Grande Plage à la Place Bellevue, par dix-neuf chorégraphies des danseurs encadrés par Gaël Domenger et une danse basque réglée par Claude et Jon Iruretagoyena. Le soir, un bal animé par Arnaud Mahouy et les danseurs, clôturé en chansons par l’auteur-compositeur Patxi Garat a réuni plus de 500 personnes dans la salle des Ambassadeurs du Casino Municipal.

q

Deux nouveaux danseurs

Académie Internationale de Danse de Biarritz

q

Alessia Peschiulli

© Olivier Houeix

Suite au départ de Lucia You Gonzalés et Baptiste Fisson, deux nouveaux danseurs intègrent la compagnie.

née à Lecce (Italie). Diplômée de l’Accademia Nazionale di danza de Rome, Alessia débute sa carrière en 2013 au Balletto di Milano sous la direction de Carlo Pesta. La saison suivante, elle danse auprès de Renato Zanella à l’Arena di Verona avant de rejoindre en Autriche de 2014 à 2018 la Tanz Company Innsbruck du Tiroler Landestheatre, dirigée par Enrique Gasa Valga. Elle entre au Malandain Ballet Biarritz en 2018.

www.biarritz-academie-danse.com

Répétitions publiques Grand studio de la Gare du Midi q

© Olivier Houeix

Du 5 au 10 août, la 30ème édition de l’Académie Internationale de Danse de Biarritz soutenue par la ville de Biarritz, a accueilli plus de 400 stagiaires venus du monde entier qui ont pu suivre les cours et ateliers de pédagogues renommés. Cette édition a rencontré également un grand succès lors de la présentation publique des stagiaires avec plus de 1.000 personnes accueillies à la Gare du Midi.

Jeshua Costa

né à Lecce (Italie). Diplômé de l’Accademia Nazionale di danza de Rome. De 2013 à 2014, Jeshua Costa danse à l’Opéra de Nice - Ballet Méditerranée sous la direction d’Eric Vu-An. Puis en Autriche de 2014 à 2018, pour la Tanz Company Innsbruck du Tiroler Landestheatre dirigée par Enrique Gasa Valga. Il rejoint le Malandain Ballet Biarritz en 2018.

La Compagnie Origami de Gilles Baron en résidence de création à Espaces Pluriels – Scène conventionnée danse de Pau et soutenue par le Malandain Ballet Biarritz dans le cadre de l’Accueil Studio proposera une sortie de résidence à Biarritz le 5 octobre à 19h. Le Malandain Ballet Biarritz proposera une répétition publique le 26 octobre et le 27 novembre à 19h. Enfin, le 11 décembre à 19h, les jeunes danseurs de Dantzaz Konpainia présenteront des chorégraphies de Carmen Larraz et Thierry Martinez dans le cadre de leur programme Atalak. Entrée libre sur réservation Tél. 05 59 24 67 19


centre chorégraphique national de nouvelle-aquitaine en pyrénées-atlantiques Gare du Midi 23, avenue Foch • F-64200 Biarritz tél. +33 5 59 24 67 19 • fax +33 5 59 24 75 40 ccn@malandainballet.com président Michel Laborde vice-président Pierre Moutarde trésorière Solange Dondi secrétaire Richard Flahaut président d’honneur Pierre Durand Direction directeur / chorégraphe Thierry Malandain directeur délégué Yves Kordian Artistique / Création maîtres de ballet Richard Coudray, Françoise Dubuc artistes chorégraphiques Ione Miren Aguirre, Giuditta Banchetti, Raphaël Canet, Clémence Chevillotte, Mickaël Conte, Jeshua Costa, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Clara Forgues, Loan Frantz, Michaël Garcia, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Alessia Peschiulli, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velazquez, Allegra Vianello, Laurine Viel professeurs invités Angélito Lozano, Bruno Cauhapé, Giuseppe Chiavaro, Sophie Sarrote pianistes Alberto Ribera-Sagardia, Miyuki Brickle, Jean - François Pailler

Production / Technique directeur technique Paul Heitzmann régisseur générale Chloé Bréneur régie plateau Jean Gardera, Gilles Muller régie lumière Frédéric Bears, Christian Grossard, Mikel Perez régie son Nicolas Rochais, Jacques Vicassiau techniciens plateau Bertrand Tocoua, Maxime Truccolo régie costumes Karine Prins, Annie Onchalo construction décors & accessoires Frédéric Vadé technicien chauffeur Amandine Dehan, Martin Patris agent d’entretien Ghita Balouck Sensibilisation / Relations avec les publics responsable sensibilisation / transmission du répertoire aux pré-professionnels Dominique Cordemans responsable Labo de recherche chorégraphique  / médiation / accueil studio Gaël Domenger Diffusion chargée de diffusion Lise Philippon attachée de production Laura Delprat agents Le Trait d’union / Thierry Duclos, Klemark Performing Arts & Music / Creatio 300, Norddeutsche Konzertdirektion / Wolfgang et Franziska Grevesmühl, Internationale Music / Roberta Righi

Miyuki Kanei & Hugo Layer, Noé © Olivier Houeix

Transmission du répertoire maîtresse de ballet Françoise Dubuc répétiteur Giuseppe Chiavaro

Communication responsable image Frédéric Néry  /  Yocom responsable communication Sabine Lamburu attaché de presse Yves Mousset  /  MY Communications photographe Olivier Houeix Mission Euro région / Projets transversaux administratrice de projet Carine Aguirregomezcorta Secrétariat général / Mécénat secrétaire général Georges Tran du Phuoc Ressources humaines, finances et juridique directeur administratif et financier Jean-Paul Lelandais comptable principale Arantxa Lagnet aide comptable Marina Souveste secrétaire administrative Nora Baudouin Menin Suivi et prévention médicale des danseurs Romuald Bouschbacher, Jean-Baptiste Colombié, Aurélie Juret Biarritz - Donostia / San Sebastián Malandain Ballet Biarritz co-présidence du projet Thierry Malandain co-directeur du projet Yves Kordian chef de projet et administration Carine Aguirregomezcorta communication Sabine Lamburu Victoria Eugenia Antzokia co-présidence du projet Jaime Otamendi co-directeur du projet Norka Chiapusso chef de projet Koldo Domán administration María José Irisari communication María Huegun Numéro direction de la publication Thierry Malandain conception & design graphique Yocom.fr impression Graphic System (Pessac) ISSN 1293-6693 - juillet 2002

26 27


CALENDRIER

OCTOBRE > DÉCEMBRE 2018

Représentations en France La Rochelle

Cendrillon

03/10

La Rochelle

Cendrillon

16/10

Les Herbiers

Cendrillon (représentation scolaire + tout public)

20/11

Voiron

Noé

08/12

Limoges

Noé

09/12

Limoges

Noé

11/12

Albi

la Belle et la Bête

12/12

Albi

la Belle et la Bête

15/12

Monaco

Noé

16/12

Monaco

Noé

18/12

Lyon

Noé

19/12

Lyon

Noé (représentation scolaire + tout public)

20/12

Lyon

Noé

21/12

Lyon

Noé

22/12

Lyon

Noé

Noé © Olivier Houeix

02/10

Représentations Pays basque 19/10

Donostia/San Sebastián

Sirènes (représentation scolaire)

20/10

Donostia/San Sebastián

Sirènes

16/11

Biarritz

Marie-Antoinette, avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi

17/11

Biarritz

Marie-Antoinette, avec l’Orchestre Symphonique d’Euskadi

28/12

Biarritz

Sirènes, Rêverie romantique

29/12

Biarritz

Sirènes, Rêverie romantique

30/12

Biarritz

Sirènes, Rêverie romantique

Allemagne / Ludwigsburg

Noé

13/10

Allemagne / Ludwigsburg

Noé

14/10

Allemagne / Ludwigsburg

Noé

22/11

Suisse / Vevey

Nocturnes, Estro

www.malandainballet.com

12/10

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Représentations à l’International


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