Désolé j'ai ciné #1

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journal de bord Le Festival Lumière 2017 jour après jour

Instant séries Netflix frappe fort avec Stranger THings 2 et Mindhunter

Portrait Zack Snyder, l’homme de la situation

Justice League

La DCEU compte bien faire un retour fracassant

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SOMMAIRE Sorties du mois /4 6/ Critiques

DC : La riposte tardive Les ocassions /22 DCEU : Une riposte 24/ bancale mais qui a du manquées de DC coeur Zack Snyder : L’homme /28 de la situation 30/ Analyse d’une séquence culte : The Dark Knight DC comics investit le /34 petit écran L’art du twist /42

46/ Festival lumière 2017 Instant séries /58

62/ Sorties DVD Let’s play /64

Wonder Edito

Premier numéro, premier édito. Une toute nouvelle aventure s’offre à nous ainsi qu’à vous nos premiers lecteurs. Un projet dans les cartons depuis un petit moment, il ne me manquait plus qu’à trouver l’équipe parfaite, compétente et motiver pour le mettre en forme et quelle équipe que j’ai avec moi ! De grands cinéphiles, de belles plumes, de grands talents mais aussi des cinephilettes (des petits cinéphiles quoi) parce que Désolé j’ai ciné ! c’est aussi ça, rassembler les connaisseurs et les novices mais qui ont tous un point commun : ils admirent leur patronne. Non je rigole (quoique) mais ce webzine est l’occasion pour tout le monde d’écrire que ce soient quelques lignes ou des dossiers plus conséquents. Et en ce mois de novembre on se retrouve avec la Justice League prête à envahir nos écrans. Chacun d’entre nous a enfilé son petit costume et sa plus belle plume pour vous offrir critiques, dossiers, jeux et portraits à foison histoire que vous soyez au taquet pour l’arrivée de Batman & cie. Alors installez vous confortablement, c’est l’heure de la lecture. Et si jamais on vous demande, vous n’aurez qu’à leur dire : «Désolé j’ai ciné !» Merci aux petites plumes que sont Jonathan Chevrier, Sebastien Boully, Antoine Bouillot, Ambre Chemin, Clemkey, MarionCritique, Illyan Kaci, Julie Ragot, Lionel Bremond et Daphné Saillard. Ainsi qu’à Kelly Alves pour la correction.

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Sorties du mois 08/11

15/11

22/11

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29/11

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25/10

CRITIQUES

AU REVOIR LÀ-HAUT

DE ALBERT DUPONTEL. AVEC NAHUEL PEREZ BISCAYART, ALBERT DUPONTEL, LAURENT LAFITTE...

Qu’on se le dise, une nouvelle péloche estampillée Albert Dupontel, qu’elle soit l’une de ses réalisations ou qu’il y figure simplement en tant que comédien, incarne inéluctablement un événement dans un septième art français manquant de plus en plus de panache. Plus qu’un simple coup de viagra salvateur, la touche de l’insaisissable Dupontel s’est surtout imposée comme l’une des plus affutées, créatives et trash de la comédie hexagonale, notamment grâce au délirant Bernie. Bref, un rendez-vous immanquable pour tous les cinéphiles amateurs de mauvais (et donc bon) goût, que le cinéaste-acteur manie avec perfection.

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En élève assumé et fidèle du cinéma de Terry Gilliam (et dans une moindre mesure, de mon avis, également de Sam Raimi), le bonhomme nous revient donc en ce mois d’octobre assez chargé, avec un nouveau beau bébé ambitieux et plein de promesses dans sa besace, Au Revoir Là-Haut; adaptation fidèle du livre éponyme de Pierre Lemaître - Prix Goncourt en 2013. En amoureux des belles histoires qu’il est, Dupontel met les petits plats dans les grands et fait de cette épopée touchante de deux vétérans de la Grande Guerre au sein du Paris des années folles (difficile d’en dire plus sous peine de déflorer l’intrigue), un sommet de poésie engagée au réalisme et à la beauté enivrants. Véritable OVNI au sein de la distribution annuelle (en même temps, les chiens ne font pas des chats), encore plus imprégné de l’influence tutélaire de Gilliam, Au Revoir Là-Haut est une fresque historique esthétiquement renversante (la reconstitution historique opérée est absolument grandiose) et d’une complexité incroyable, dans laquelle le cinéaste semble se sublimer comme jamais. Scénaristiquement solide (de l’intrigue aux dialogues ciselés, tout droit sortie d’une comédie de boulevard), usant des thèmes qui lui sont chers tout autant que de son penchant maniaque pour les plans parfaits (sa mise en scène n’a jamais paru aussi vivante), Dupontel laisse exploser toute sa créativité et sa maestria dans un déluge d’images fantasques au ton toujours aussi savoureusement décalé et moderne, ainsi qu’au jeu d’acteur d’une infinie justesse (Laurent Laffite et la révélation Nahuel Perez Biscayar en tête). Personnel - et le mot est faible -, virtuose (le film mélange les genres et les références avec une habileté folle), touchant et férocement abouti, Au Revoir Là-Haut est de loin le meilleur film d’un Albert Dupontel finalement toujours aussi génial même quand il n’adapte pas ses propres écrits. Qu’on se le dise, la grosse claque made in France de cette fin d’année - voire même de l’année. J.C


THOR : RAGNAROK

DE TAIKA WAITITI. AVEC CHRIS HEMSWORTH, TOM HIDDLESTON, CATE BLANCHETT...

Thor Ragnarok vaste pantalonnade, comédie bouffonne qui devient instantanément le film phare, toute la quintessence de ce que le MCU peut nous livrer de plus inconsistant. Comédie permanente qui oublie de poser ses enjeux, faire monter la tension pour délivrer son lot de drame, d’émotion et de rire et nous donner tout ce qui est l’essence même d’un film de cinéma. Le film ne nous trompe pas et dès son introduction nous dévoile ce qui sera le cœur du film. Un côté eighties avec des personnages «cool» délivrant des vannes à chaque plan, puis de l’action décomplexée dont le manque d’intensité n’a d’égal que l’intérêt que l’on peut porter à la quête du film. La scène charnière, la scène clé du film qui aurait du être chargée d’émotion entre devoir d’hérédité, filiation compliquée, héritage hasardeux où les erreurs passées reviennent hanter les générations présentes est proprement vide de sens, un montage calamiteux, des effets spéciaux indignes d’un métrage ayant ce budget retire toute émotion possible et n’est là que pour faire avancer le plus rapidement possible les protagonistes vers ce qui sera le cœur du film. Car l’essentiel est de faire rire, d’être léger, de démystifier les mythes, les fouler aux pieds. Il ne faut pas demander aux spectateurs de lever la tête et d’embrasser ses légendes. On se contente de les laisser à terre le regard complice, l’œil aguicheur prêt à accueillir avec envie les amoureux du spectacle minute livré, avalé, digéré, oublié et prêt quelques mois plus tard à se gaver de ce nouveau fast food sur pellicule. Le problème de ce film n’est pas tant de vouloir être drôle, c’est de ne vouloir être que ça, en permanence à chaque plan oubliant d’être émouvant, effrayant, terrifiant, enjôleur, apaisant. Un film peut être divertissant sans tenir par la main son spectateur dans un spectacle rassurant et réconfortant. Et par-dessus tout ce film manque cruellement de rythme, si l’on cherche à être drôle tout le temps on finit par manquer sa cible. L’important c’est le rythme et le dosage. Le montage, les dialogues doivent être amenés crescendo pour savoir nous prendre par surprise pour obtenir un rire franc dans une scène qui marquera les mémoires. Il n’y a qu’à voir le premier avenger, avec la fameuse scène de Loki et Hulk, j’utilise cette scène car elle sera rappelée à notre bon souvenir dans le film dont je parle avec de bien trop nombreuses digressions. Ainsi Loki est une menace clairement établie, effrayante, amenant le chaos sur New York. Hulk livre un combat acharné contre les chitauri et finit par se retrouver face à Loki dans la tour stark, Loki le menace dans son style inimitable et Hulk lui prodigue une correction impressionnant. C’est à ce moment que Whedon fait un lent traveling sur Loki qui lance un pitoyable gémissement et où Hulk réplique piètre dieu. Voilà une leçon d’humour placée au bon moment prenant le spectateur par surprise rendant la scène marquante et le rire franc. Pour toutes ces raisons je ne pourrais décemment conseiller d’allez voir ce film qui de toute façon approchera assurément le milliars de recette et causera un de mes nombreux désespoirs de l’année. L.B

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Critiques

EPOUSE-MOI MON POTE

DE TAREK BOUDALI. AVEC TAREK BOUDALI, PHILIPPE LACHEAU, CHARLOTTE GABRIS... Yassine, jeune étudiant marocain décide de venir à Paris pour suivre des études d’architecture. Après une soirée un peu trop arrosée, il ne se présente pas à son examen et se retrouve dans l’obligation de quitter le pays puisqu’il n’a plus de visa étudiant. Deux ans plus tard, le voilà sans papier. Alors qu’une opportunité de travail s’offre à lui, il épouse son meilleur ami pour obtenir les papiers qu’il lui faut mais c’était sans compter sur un inspecteur prêt à tout pour prouver que c’est un mariage blanc. La bande à Fifi est une caution sûre du film. On aime le côté naïf de Yassine, toujours prêt à dire oui à tout et qui préfère fuir que faire face à la vérité quitte à mentir à toute sa famille, son ex petite-copine et à embarquer dans ses problèmes son meilleur ami et la copine de ce dernier. Sauf que la structure de ce scénario nous rappelle vaguement quelque chose… oui Alibi reposait sur le même principe de mensonges entraînant d’autres mensonges… Un peu du réchauffé qui fonctionne certes mais ce qui nous fait forcément comparer ce film à celui de son comparse. L’autre point noir ? Le peu de présence de Julien Arruti qui avait pourtant un sacré potentiel humour. Certains commentaires ont été très durs sur le net (la magie d’internet et des commentaires anonymes) qualifiant parfois le film de «misogyne» ou encore même «homophobe». De bien grands mots pour ce qui n’est qu’un film, certes bourré de clichés assumés mais parfois inutiles. Quant au côté misogyne on le cherche encore. Epouse-moi mon pote possède de bons côtés, de bonnes vannes, des situations décalées et hilarantes même s’il est maladroit dans son propos et dans ce qu’il veut montrer. Tarek Boudali réalise un premier bon film sans prise de tête. M.M

LOGAN LUCKY

DE STEVEN SODERBERGH. AVEC CHANNING TATUM, ADAM DRIVER, DANIEL CRAIG...

Sorte de «Ocean’s Eleven au pays des rednecks» prenant les atours cocasses d’une satire plus ou moins féroce du pays de l’Oncle Sam (encore plus pertinente depuis l’avènement à la présidence de Trump), Logan Lucky est un (très) sympathique et fun film de casse transpirant de tous ses pores le cinéma unique de son metteur en scène. Que ce soit dans son montage très découpé (le cinéaste n’a rien perdu de son habitude à aligner les ellipses à la pelle), ses dialogues ciselés, ses portraits soignés et humains de personnages franchement singuliers, ou sa manière de jouer autant avec son scénario classique (et c’est loin d’être un défaut) que la perception qu’en a le spectateur; Logan Lucky est un film Soderberghien sur le bout des ongles. Prenant tout du long - sans ne jamais les juger - fait et cause de son attachante bande de bras cassés - dans tous les sens du terme - cherchant à faire le coup parfait et s’offrir le petit brin de réussite que la vie leur refuse, tout en accumulant les foirades jouissivement absurdes, Soderbergh signe une excellente, ironique et modeste comédie noire, une grosse récréation au casting impliqué (Daniel Craig en tête, en parfait contre-emploi). Bref, sans faire de bruit, le grand Steven Soderbergh revient dans nos salles obscures, et cela fait franchement du bien. J.C

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CORPS ET ÂME

DE ILDIKO ENYEDI. AVEC ALEXANDRA BORBÉLY, MORCSÁNYI GÉZA, RÉKA TENKI...

Cette singulière romance nous plonge dans un abattoir de vaches, où un directeur financier d’âge mûr, infirme du bras gauche, est attiré par la nouvelle contrôleuse qualité de l’entreprise au comportement étrange. La réalisatrice revient avec les honneurs (Ours d’or au festival de Berlin) par le biais de cette fable subtile, faite de rêverie animale sur deux êtres handicapés de la vie qui vont trouver un point commun étrange les unissant de manière particulière, et dont ils vont tenter de retranscrire au quotidien de manière plus concrète au sein de leur existence. A la fois brutal et froid comme l’abattage mécanique des bêtes pour nourrir l’homme, le comportement maladroit du directeur financier dû à son handicap physique et la psychorigidité à la limite de l’autisme de la jeune femme remplaçante contrastent de façon juxtaposée avec des scènes poétiques inclues dans leur rêve respectif. Discordant, comme la vie... Un long métrage profondément humain qui emporte insidieusement nos âmes à mesure que l’héroïne s’ouvre au monde vers des contrées intimes dont elle ne s’était jamais aventurée avant cette rencontre. La partition délicate des maux accompagnée par la délicate chanson What he wrote de Laura Marling, délivrée par Ildiko Enyedi chavire pas son émotion enfouie sous la neige, avant que le soleil de l’amour vienne faire fondre les incertitudes et relie les cœurs au-delà des songes. S.B

BROOKLYN YIDDISH

DE JOSHUA Z. WEINSTEIN. AVEC MENASHE LUSTIG, RUBEN NIBORSKI, YOEL WEISSHAUS...

Menashé vit à Borough Park, un quartier juif ultra-orthodoxe de Brooklyn. Il essaie tant bien que mal de joindre les deux bouts pour pouvoir élever son fils qui vit chez son beau-frère depuis la mort de sa femme parce que la tradition veut qu’un homme ne peut élever son fils seul. Cependant le rabin lui laisse une dernière chance, une semaine entière avec son fils pour prouver qu’il est capable de s’occuper de son fils. Joshua Z Weinstein pose sa caméra au coeur de la vie de cet homme, tiraillé entre traditions religieuses et son amour inconditionnel pour son fils. Cependant le film n’est qu’un simple essai démonstratif, sans donner de contenance à son personnage principal. Un manque d’audace de la part du réalisateur peut-être par peur de faire un faux pas. M.M

LEÇON DE CLASSES

DE JAN HREBEJK. AVEC ZUZANA MAURÉRY, CSONGOR KASSAI, PETER BEBJAK... Inspré par son propre vécu, Jan Hrebejk se plonge dans les années 80 à Bratislava au coeur d’une classe de collège sans connaître les tenants et aboutissants de cette réunion entre parents d’élèves. Au fur et à mesure des sauts dans le présent et dans le passé, on comprend rapidement la critique sociale et morale aposée. L’institutrice se sert de sa position de force pour contraindre ses élèves à faire ses courses, son ménage et obtenir des cadeaux de la part des parents en échange de quelques tuyaux pour remonter les notes de leurs chers bambins. Savoureux et intelligent mélange de fable morale et de thriller psychologique, Leçon de classes fait trembler les pupitres. M.M

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Critiques

01/11

MISE À MORT DU CERF SACRÉ

DE YÓRGOS LÁNTHIMOS. AVEC COLIN FARRELL, NICOLE KIDMAN, BARRY KEOGHAN...

Entre Cannes et Yorgos Lanthimos, c’est une belle histoire d’amour qui, on l’espère, n’est pas prête de s’éteindre sous les feux lumineux du septième art. En 2009, le cinéaste grec secouait déjà énergiquement la section Un Certain Regard avec son dérangeant Canine, petite péloche WTF sous fond de tragi-comédie qui osait tout mais surtout n’importe tant le baromètre du ridicule était souvent au degré zéro. 2015, il pliait littéralement le Festival sous sa botte avec le magistral The Lobster, formidable conte d’une étrangeté réglée - et étonnement la péloche plus abordable de sa filmographie - qui ne croule jamais sous la richesse imposante de sa dystopie (tout du long cohérente) et offrant une brillante étude du sentiment amoureux : contrôlé, organisé et perdant tout sens de spontanéité et même de séduction. Une claque sans nom, délirante et renversante, une love story bouleversante - magnifiée par la prestation parfaite d’un Colin Farrell « Her-isé « - jamais sacrifiée sur l’autel d’une critique acerbe et sans concession de notre société moderne; comme dans Her (mais également dans la délirante série Man Seeking Woman), Lathimos use de la chronique futuriste pour montrer les travers de notre présent et met en image l’angoisse du célibataire solitaire dans un monde où ne pas être en couple défie la normalité, où le couple est une nécessité vitale. Prix du Jury à la clé, le voilà de retour pile-poil deux ans plus tard, toujours avec Farrell dans ses valises, pour Mise à Mort du Cerf Sacré, annoncé comme une comédie noire sous fond thriller psychologique férocement sombre, narrant les aléas macabres d’une famille tombant peu à peu sous la coupe d’un étrange adolescent. N’ayant point perdu une once de son inventivité absurde et encore moins de la radicalité singulière de sa mise en scène (ici sensiblement plus grandiloquente), Lanthimos s’amuse une nouvelle fois à déstabiliser son spectateur par la force d’une tragédie grecque aussi terrifiante et glaciale qu’elle est métaphorique et fascinante, un thriller chirurgical et intime à l’atmosphère incroyablement oppressante, citant volontairement les cinémas de Pasolini, Haneke et Kubrick (autant Shining que Eyes Wide Shut). Singulier et infiniment troublant jusque dans son final certes prévisible mais puissant, le cinéaste poursuit la mise en image de ses thèmes chers (la solitude, l’apathie, l’étude pessimiste de la nature humaine, ici robotique et amorale, mais surtout l’American Way of Life et l’image de la famille ricaine faussement puritaine) et s’appuie sur les prestations impliquées de son duo vedette Colin Farrell (impeccable) et Nicole Kidman (jouissivement dérangeante); pour sublimer son cauchemar sur pellicule, percutant et esthétiquement remarquable, dont le cynisme furieux hante encore longtemps après sa vision. Bref, du grand Lanthimos, tout simplement... J.C

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CARRÉ 35

DE ERIC CARAVACA...

Ce titre énigmatique nous convie vers une déchirante investigation intime à la recherche d’une image manquante d’une sœur inconnue décédée très jeune et dont il ne reste plus aucune trace. Le comédien Eric Caravaca révélé par son rôle dans C’est quoi la vie ? (1999) de François Dupeyron (dont il dédie son documentaire) ne cesse d’embellir le cinéma français par sa sensibilité et sa voix chaude. Après un premier passage réussi derrière la caméra en 2005 avec une sensible histoire familiale dans Le Passager, le cinéaste nous entraîne dans une quête personnelle pour tenter de briser un tabou de son enfance gardé trop longtemps enfoui. Revenir en arrière, faire une introspection, ouvrir les malles de sa mémoire, on commence souvent par n’y voir que du noir, avec l’espoir d’y trouver une lumière pour nous réchauffer l’âme. Pour dérouler le fil de son histoire le cinéaste propose une mise en scène pudique captivante pour illustrer son enquête, où il reste toujours en hors-champs, lors des entretiens filmés de ses proches munis d’un simple micro-cravate et répondant face à la caméra. Ce dispositif simple offre des échanges très émouvants avec sa mère qui reste constamment dans le déni et parfois très mal à l’aise par certaines questions de son fils, à la voix jamais sentencieuse mais juste interrogative et un moment très touchant avec l’interview de son père (déjà un peu ailleurs...) quelques jours avant sa mort. L’acteur en voix off décline avec douceur, une narration tout en retenue mêlant les films de familles, archives photos, états civils, tampons de visas d’aéroports avec la grande Histoire. Pour trouver la vérité le réalisateur se sert des outils modernes comme Wikipédia ou d’un film glaçant issu de la propagande nazie afin de révéler un tabou indicible encore plus douloureux concernant l’état de santé de sa sœur Christine, une «maladie bleue» (malformation cardiaque), accompagnée généralement par une trisomie 21. Un syndrome vécu comme une honte par ses parents déménageant pour fuir le regard des autres dans le contexte des années 60, où ces maux étaient si mal vus par la société. La force du récit autobiographique provient du mélange judicieux de la petite histoire intime entremêlée avec la Grande Histoire, dont l’évocation par le biais d’images d’archives de la colonisation française dans les pays du Maghreb. Là aussi en parallèle Eric Caravaca nous offre un autre déni, à plus grande échelle ! Peu à peu la réhabilitation de ce fantôme prend vie, l’acteur rassemble chaque partie du puzzle, nous montre même des films personnels de son fils Baltasar après sa naissance où quelques images dans la chambre de son père mort sur son lit d’hôpital à l’ombre d’un palmier...Des images pour mieux figer la mémoire et qu’il n’y ait plus de trou à combler. Ce documentaire confession ne sombre jamais dans le larmoyant et le pathos et bénéficie également d’une magnifique partition musicale qui souligne avec délicatesse les mots bien écrits de l’auteur aidé par un «frère» artistique, Arnaud Cathrine. Cette autopsie vers la vérité réussit lors d’une séquence finale poignante visant à réconcilier le passé avec le présent, des retrouvailles avec une mère et avec une sœur dont le cinéaste connaît l’emplacement de ce Carré 35 et a su délester le poids trop lourd d’un secret de famille. Un récit qui résonne en chacun de nous, faisant de ce film personnel, un partage universel où chacun peut y trouver matière à réflexion comme dans un saisissant miroir de nos vies. Dans ma famille dysfonctionnelle, où les pires secrets ne sont certainement pas encore tous dévoilés, pour m’en sortir il a fallu parfois mentir, pour ne pas mourir...A présent, je sais grâce à l’amour, que cette solution n’était sûrement pas la bonne. La vérité nous réussit toujours mieux semble-t-il, et la puissance de ce documentaire prouve qu’une fois le tabou évoqué, les êtres s’apaisent pour retrouver le soleil sur une plage sans vague à l’âme. Venez accompagner ce voyage identitaire dans les souvenirs intérieurs, un travail d’exhumation menant vers l’existence d’une vie Carré 35. Ambitieux. Digne. Lumineux. Bouleversant. S.B

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Critiques

CARBONE

DE OLIVIER MARCHAL. AVEC BENOÎT MAGIMEL, GRINGE, IDIR CHENDER... Aussi étrange que cela puisse paraître, les oeuvres de l’excellent Olivier Marchal ont incarné autant le renouveau que l’uniformisation du « polar à la française « une marginalisation forcée dont seuls quelques cinéastes affutés (Julien Seri, Fred Cavayé,...) ont réussi à s’extirper avec des thrillers vraiment originaux. De retour sur grand écran, le papa de 36, Quai des Orfèvres quitte en partie - le monde des forces de police avec son nouveau long-métrage, Carbone, dont l’histoire est inspirée de faits réels. Ou celle d’Antoine Roca, patron d’une usine menacée de fermeture, qui décide de monter une arnaque à la taxe carbone pour sauver son affaire. Polar oblige, rien ne se va se passer comme prévu, Roca va se tourner vers des partenaires peu fréquentables et glisser peu à peu dans une spirale infernale qui le touchera sévèrement autant que ses proches. Reprenant à la ligne près tous les codes de son cinéma (une tension de chaque instant, policiers corrompus, envolées brutales et sanglantes, personnages nuancés,...) tout en s’embourbant dans les méandres d’une intrigue aussi douloureusement complexe (comme tout thriller économique) que bourrée de clichés et d’incohérences, Marchal fait de Carbone un gangster movie prenant et poisseux mais bancal, sur une figure intègre totalement bouffée par ses ambitions; porté par les prestations impliquées d’un Benoît Magimel impeccable et celle étonnante, d’un Michaël Youn tout en sobriété dans la peau du meilleur ami comptable du héros. Pas le meilleur film de son cinéaste donc - et le mot est faible -, et encore moins une oeuvre qui renouvellera le genre, mais c’est quand même plaisant à regarder. J.C

DADDY COOL

DE MAXIME GOVARE. AVEC VINCENT ELBAZ, LAURENCE ARNÉ, GRÉGORY FITOUSSI...

Plus «cool» que «daddy», Adrien va tenter le tout pour le tout afin de reconquérir Maude et lui prouver qu’il est capable de se comporter comme un adulte. Mais que se passe t-il lorsque des enfants se font garder par un homme dont l’âge mental est loin de dépasser ceux de ces chers bambins ? Et bien beaucoup de scènes drôles ! Même si sur papier le scénario semble assez simple, Daddy Cool arrive à nous embarquer rapidement dans son histoire. Grâce à la fraîcheur et à la maladresse de son personnage principal mais surtout grâce à la relation qu’il arrive à nouer tant bien que mal avec ces enfants qu’il doit garder. Parce que le ressort comique réside justement dans cette relation et tout ce qui découle de cette crèche totalement improvisée. Que l’on soit parent, frère, soeur ou adepte du baby-sitting, on a déjà tous eu affaire à ces couches nauséabondes à changer ou ces enfants qui refusent de dormir alors que vous rêvez d’une bonne grosse sieste. Dans Daddy Cool, ce sont les enfants qui mènent la danse. M.M

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D’APRÈS UNE HISTOIRE VRAIE

DE ROMAN POLANSKI. AVEC EMMANUELLE SEIGNER, EVA GREEN, VINCENT PEREZ...

2017 marque le retour en toute petite forme du cinéaste Roman Polanski. Après une première déconvenue lors des César (suite à une pétition il a du décliné l’invitation à être président de la cérémonie), c’est par la petite porte que le réalisateur est revenu à Cannes avec son adaptation du Prix Renaudot 2015 du même nom. Et visiblement, Roman Polanski est passé bien à côté de son sujet, bâclant son histoire et en omettant totalement l’essence même du roman avec un récit incohérent et sans vie. Tout comme ses deux actrices que ce soit Emmanuelle Seigner dont le regard totalement vide a de quoi faire rire et même Eva Green -dont la prestation sera loin d’être inoubiable, n’arrivent pas à sauver le film. M.M

GEOSTORM

DE DEAN DEVLIN. AVEC GERARD BUTLER, JIM STURGESS, ABBIE CORNISH... Il y a quelque chose d’assez triste lorsqu’on regarde la carrière en dent de scie du génial Gerard Butler, passé de second couteau de luxe dans d’excellentes séries B à héros d’un monument du culte burné (Leonidas Forever), puis à héros de divertissements aussi foutraques que peu mémorables; tant il n’a jamais vraiment su capitaliser sur la hype énorme de son rôle-titre de 300, même si le bonhomme peut depuis, porter des films sur son propre nom. Mais cela ne nous empêche pas de férocement apprécier le garçon, toujours dix fois plus charismatique que la majorité des wannabe action men d’Hollywood. Nouveau projet - redouté - du bonhomme, Geostorm, blockbuster catastrophique (dans tous les sens du terme ?) produite par une Warner cherchant à mixer/capitaliser maladroitement ses récents succès (un peu de Gravity, beaucoup de San Andreas, énormément d’invraisemblances et une affiche louchant sérieusement sur Inception), et dont la production calamiteuse laissait songeur quant à la qualité finale de la chose. Geostorm aligne les clichés à la pelle comme ce n’est pas permis au sein d’une intrigue prétexte à une accumulation de destruction massive spectaculaire et étonnement jubilatoire, entre deux ersatz de thriller politique à la manipulation globale bas du front. Le déchaînement visuel en impose et mérite amplement son pesant de popcorn mais surtout, parce que l’on se délecte honteusement d’une accumulation de mise à mort à grande échelle sur un sujet on ne peut plus épineux et douloureusement tragique : la colère de Dame Nature tue de plus en plus de monde chaque année. Alors bien sûr, le postulat de départ est suffisamment abracadabrantesque pour annihiler toute propension réaliste à cette fin du monde nanardesque où les 3/4 de la planète périssent mais point le casting vedette à la caractérisation à peine esquissée du bout d’un stylo plume sans une goutte d’encre (Butler est impliqué dans son rôle, et s’en est presque problématique); il s’avère néanmoins que le spectateur lambda commence de moins en moins à digérer ce genre de bouillabaisse numericopoussive au fil des ans - le film, comme tous les blockbusters massifs de l’été, a flopé en salles outreAtlantique. Notre vision change, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus rassurant à la vue de ce monument catastrophique tout droit sorti des 90’s... J.C

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Critiques

LE FIDÈLE

DE MICHAËL R. ROSKAM. AVEC MATTHIAS SCHOENAERTS, ADÈLE EXARCHOPOULOS, JEAN-BENOÎT UGEUX...

Après une claque puissante (Bullhead) et un thriller anti-spectaculaire férocement enivrant (The Drop), Michael R. Roskam s’est très vite imposé à nos yeux comme l’un des cinéastes européens les plus plaisants à suivre du moment. Toujours accompagné de son acteur fétiche, le charismatique Matthias Schoenaerts, le cinéaste nous revient en ces douces - et chargées en sorties - heures automnales avec son dernier long-métrage en date, Le Fidèle, pour lequel il dirige également la sublime frenchy Adèle Exarchopoulos. Véritable gangster movie fleurant joliment l’hommage sincère aux péloches majeures du genre (le chef-d’oeuvre Heat de Michael Mann en tête), le film de Roskam est un envoutant polar noir doublé d’une attachante romance entre deux êtres fusionnels, carburant autant à la passion qui les unit qu’à un besoin viscéral d’adrénaline. Lui, c’est Gino, un braqueur sauvage au grand coeur, un animal blessé au passé douloureux.Elle, c’est Bénédicte, une pilote de course impulsive, au caractère aussi trempé que sa beauté est incendiaire. Deux âmes singulières, fascinées l’une par l’autre, qui se sont trouvées et vont tout faire pour ne plus jamais se quitter. Plongée référencée et habile dans le milieu du grand banditisme aux scènes d’action solides (et sublimés par la mise en scène nerveuse du cinéaste), conduit d’une main de maître par Roskam malgré une seconde partie moins maîtrisée (surtout sur le fond), tourné dans un Bruxelles de rêve et campé avec prestance par un casting impeccable - même les seconds couteaux sont brillants -, dominé par un couple Schoenaerts (excellent)/ Exarchopoulos (magnétique et lumineuse) à l’alchimie incroyable; Le Fidèle est un polar noir prenant et radical. Certes un poil mécanique et peu original, mais qui chante délicieusement son envoûtante mélodie criminelle et romantique au rythme langoureux d’un coeur amoureux. J.C

JIGSAW

DE MICHAEL SPIERIG & PETER SPIERIG. AVEC MATT PASSMORE, TOBIN BELL, CALLUM KEITH RENNIE... En un mot surprenant ! Le film est orchestré comme une intrigue policière autour de cette fameuse question qui va en faire trembler plus d’un : «John Kramer alias Jigsaw est-il revenu d’entre les morts ?» Etonnant d’ailleurs de voir sur Internet qu’ils l’avaient qualifié de film à énigme/film policier, et pas simplement de film gore/horreur. Le tout agrémenté de quelques scènes chargées en membres arrachés et litres d’hémoglobine et le tour est joué ! Avec en prime deux gros effets de surprises majeurs. Et peut-être une suite (mais pour innover encore il va encore falloir y aller). A.C

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08/11

A BEAUTIFUL DAY

DE LYNNE RAMSAY. AVEC JOAQUIN PHOENIX, EKATERINA SAMSONOV, ALESSANDRO NIVOLA...

Une rencontre entre l’un des comédiens les plus doués et plaisants à suivre de sa génération - Joaquin « Fucking « Phoenix -, et une cinéaste pétri de talents que l’on aimerait voir bien plus souvent squatter nos salles obscures Lynne Ramsay -, ne pouvait qu’incarner un rendez-vous immanquable aux yeux des cinéphiles avertis que nous sommes. Et encore plus si l’étiquette « Croisette « est gentiment collée sur le bout de sa pellicule. Mieux, You Were Never Really Here, titré de manière totalement incompréhensible A Beautiful Day par chez nous (alors que le titre v.o correspond parfaitement au propos du film), est un putain d’uppercut (un coup de marteau serait même plus juste) asséné avec un gant de velours. Plus insaisissable que jamais, Ramsay tire la quintessence d’un matériau d’origine solide (le roman court éponyme de Jonathan Ames) pour accoucher d’un film miraculeux qui donne un sacré coup de fouet au polar hard boiled, un trip halluciné condensé (le film ne dépasse pas les quatre-vingt minutes), entre violence âpre et visions fantastiques, sur l’apocalypse mentale d’une bête abimée et malade, dont elle épouse passionnément toutes les errances psychologiques. Plongeant de force son spectateur en eaux troubles (l’espace-temps et la réalité sont volontairement flous), la cinéaste sonde de manière frontale le caractère de son justicier made in America, viril, taciturne et douloureusement dépressif, dont le corps meurti dévoile sans artifices les maux d’une âme fatiguée et férocement empathique. Monstrueux en ex-Marine et ex-agent du FBI reconverti en spécialiste d’opérations clandestines de sauvetage de jeunes filles/femmes victimes de réseaux de prostitution; Phoenix bouffe l’écran et livre un colossal numéro d’acteur, aussi puissant qu’intérieur sur un homme confronté autant à la violence du monde qu’à celle de ses actes. Un véritable ours bourru et mutique, une machine à tuer à la carcasse endolorie sous laquelle se cache un coeur vaillant, littéralement sublimé par la mise en scène inventive et précise de sa réalisatrice, fascinée par ses fêlures au point d’en faire une véritable figure fantomatique. Fantastique film d’auteur singulier, surprenant et futieusement troublant, A Beautiful Day est un beau et grand moment de cinéma, certainement l’un des plus beaux qu’il nous sera donné de voir en cette si riche fin d’année ciné 2017. J.C

WE BLEW IT

DE JEAN-BAPTISTE THORET. AVEC MICHAEL MANN, PETER BOGDANOVICH, PAUL SCHRADER...

Comment le pays de l’oncle Sam, terre promise à tous les rêveurs, les Etats-Unis de Woodstock où tout semblait possible, est-il passé de l’insouciance des sixties à l’ère Donald Trump ? Jean-Baptise Thoret ammène une réponse, tout du moins sa réponse et sa vision du pays à travers un road-trip où s’entremêlent témoignages de cinéastes comme Michael Mann, Peter Bogdanovich ou encore Charles Burnett avec des souvenirs de parfaits inconnus croisés au hasard tout au long de ce road-trip. Période charnière du pays, les années 60-70 sont racontées par ceux qui l’ont vécue, un brin nostalgique et qui désormais se retrouvent au coeur d’une éléction présidentielle sans précédent : Clinton VS Trump. L’Amérique «Sex, drugs & rock’n roll» s’est envolée. Thoret laisse la parole à ceux qui pensent et espèrent que le sulfureux milliardaire pourra aider le pays à se redresser. Une plongée fascinante dans l’Amérique d’aujourd’hui où l’on s’imagine facilement à bord d’une décapotable sur la Route 66 avec les chansons de Bruce Springsteen qui viennent doucement nous bercer. M.M

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BORG/MCENROE

DE JANUS METZ PEDERSEN. AVEC SHIA LABEOUF, SVERRIR GUDNASON, STELLAN SKARSGÅRD...

Le mois de novembre va être placé sous le signe du sport et plus précisément du tennis puisque ce sont deux films qui vont sortir à ce sujet : Battle of the sexes avec Emma Stone et Steve Carell le 22 novembre prochain et dès la semaine prochaine, un autre duo de tennismen qui a changé l’histoire du tennis avec Borg/McEnroe de Janus Metz Pedersen. Wimbledon, 1980, deux monstres sacrés du tennis s’apprêtent à s’affronter. Une potentielle cinquième victoire pour le suédois mais l’impressionnant parcours du jeune et fougueux américain plonge Björn Borg dans un profond doute. Björn Borg est une masse imposante à l’écran, aussi charismatique que froide. Rien ne semble l’atteindre, ses rituels sont exécutés au millimètre près que ce soit le cordage de ses raquettes, l’hôtel dans lequel il séjourne ou encore le court sur lequel il s’entraîne. Tout est calculé, Björn Borg est une machine de guerre. Face à lui, le jeune prodige John McEnroe plus connu pour ses excès et ses déboires que pour son talent. Régulièrement sifflé sur le court, John McEnroe n’hésite pas à s’en prendre aux journalistes qui évoquent un peu trop son rival à son goût. Il n’a qu’une idée en tête, se retrouver en finale face à Björn Borg et lui rafler ce trophée de Wimbledon. Mais nationalités voisines oblige, le réalisateur danois s’attarde bien plus (inconsciemment ?) sur le personnage et le parcours du joueur suédois que sur celui de son adversaire américain, retraçant minutieusement son enfance (incarné par Leo Borg qui n’est autre que le fils de Björn Borg). Le film fait un parallèle constant entre ces deux personnages en jouant énormément sur leur psychologie et leur façon de faire. Une partie un poil longue puisqu’on attend surtout ce match -même si la plupart connaissent déjà le résultat, le plaisir est toujours présent à regarder un match d’une telle ampleur. Le réalisateur arrive à créer une tension palpable des deux côtés du filet pour emmener le spectateur jusqu’à ce point culminant, ce match retranscrit à l’écran de manière beaucoup plus nerveuse de sorte que le spectateur ne sait jamais où donner de la tête.

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Plus psychologique que sportif, Borg/McEnroe dépeint surtout deux parcours diamétralement opposés et pourtant tellement similaires sur bien des points. Là où une grande majorité du public déteste John McEnroe et adule Björn Borg, ce dernier a un regard beaucoup plus compatissant voire admiratif de son adversaire tandis que sous ses airs je m’en foutiste, le joueur américain a énormément de respect pour le suédois qu’il avait d’ailleurs pris comme modèle lorsqu’il était plus jeune. Shia Leboeuf semble fait pour ce rôle aussi volatile que passionné tout comme Sverrir Gudnason qui tient là son premier grand rôle. Et malgré deux caractères bien différents, les deux joueurs n’ont qu’une seule idée en tête : tout donner sur le terrain. Chaque cri, chaque goutte de sueur, chaque coup, Borg et McEnroe y mettent leurs tripes et c’est probablement ce qui unira ces deux grands joueurs à jamais. De là naîtront les meilleurs ennemis du filet et pour cause, 14 matchs disputés, 7 victoires de chaque côté, comme quoi rien ne s’invente. M.M


LA MÉLODIE

DE RACHID HAMI. AVEC KAD MERAD, SAMIR GUESMI, RENÉLY ALFRED...

Lorsque Kad Merad joue la carte du guignol dans des comédies loin d’être fameuses (quasiment toutes en dehors de ses partitions dans les films de son compère de toujours, Olivier Baroux), la mayonnaise devient vite de plus en plus indigeste mais, en revanche, quand le bonhomme se laisse aller à un ton plus dramatique ou plutôt, plus intime dans des péloches bien plus taillées pour lui; là, le comédien se fait autant touchant qu’impressionnant. Bonne nouvelle, après une très courte apparition dans Alibi.com, le voilà de retour avec une très jolie dramédie, La Mélodie de Rachid Hami, étonnement passé par la case Mostra de Venise en septembre dernier (il a été projetté hors-compétition). En contre-emploi sans forcément sortir pleinement de sa zone de confort (on pense tout du long aux Choristes de Christophe Barratier, dans lequel il figurait déjà), Merad campe avec implication un violoniste quinquagénaire, Simon, ayant perdu le goût de jouer, qui va devoir jouer les professeurs de musique improvisé dans une banlieue dite difficile, pour une classe de 6ème pas forcément enclin à adhérer à ses méthodes un poil rigide. Mais, par la force d’un jeune prodige timide qu’il prend instinctivement sous son aile - Arnold -, et un but commun motivant pour une bande d’ados énergiques (emmener toute la classe jouer à la Philarmonie), Simon va retrouver son amour fougueux pour la musique, et comprendre ce qui le rend réellement heureux. C’est une évidence, le papa de Choisir d’Aimer n’a décemment pas inventé la poudre avec La Mélodie, comédie dramatico-musicale comme on en a (trop) vu au fil du temps dans l’hexagone, surtout que celle-ci s’échine encore une fois, à maladroitement suivre au pied de la lettre et sans une once d’originalité, les codes éculés du film d’éducation musicale; à tel point que la prévisibilité criante du film pourrait même paraître presque un poil irritante (il n’y a aucune incertitude sur l’évolution de l’histoire, on sait très bien tout du long où elle nous mènera) pour les spectateurs loin d’être client de la chose. Et pourtant, c’est là que Rachid Hami abat sa plus belle carte pour faire dévier son oeuvre du commun des drames hexagonaux : il offre une peinture réaliste et colorée du microcosme multiculturel de l’Education nationale (on aurait tous aimé apprendre le violon à la place de la flûte...), doublée d’un vrai regard social; tout en croquant avec finesse son duo vedette aussi atypique qu’hors des stéréotypes, incarné à la perfection par Kad Merad (charismatique) et la révélation Renély Alfred (touchant). Pour l’originalité et la surprise, on repassera donc, mais pour une belle séance au coeur gros comme ça, La Mélodie est le genre de douce musique sur pellicule qui embellira certainement une froide aprèsmidi d’automne. J.C

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Critiques

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LE MUSÉE DES MERVEILLES

DE TODD HAYNES. AVEC OAKES FEGLEY, MILLICENT SIMMONDS, JULIANNE MOORE...

On avait laissé le talentueux Todd Haynes l’an dernier avec le mitigé Carol, romance dramatique entre les sublimes Cate Blanchett et Rooney Mara, qui nous avait un poil laissé de marbre malgré les compositions remarquables de ces deux anges lumineux devant la caméra. De retour sur la Croisette, le bonhomme nous revient avec ce qui était - avec Okja - notre plus grosse attente de la compétition officielle : Wonderstruck aka Le Musée des Merveilles dans l’hexagone, adaptation du roman de Brian Selznick (Hugo Cabret), pour lequel il retrouve la merveilleuse Julianne Moore, dix ans après I’m Not There. En prenant fait et cause de deux destins enfantins en fuite, à cinquante années d’intervalle - la jeune Rose en 1927 et Ben en 1977 - , le cinéaste s’empare corps et âme de l’œuvre, s’amuse comme un gamin justement, en s’offrant des partis-pris couillu (notamment celle de revenir au noir et blanc pour les scènes impliquant Rose) mais surtout en bousculant les temporalités de ses deux trajectoires a priori opposées, pour mieux les mettre en parallèle (les deux enfants, en pleine quête identitaire, sont malentendants) et les faire s’entrecroiser dans une sensible et humble ode à l’imaginaire enfantin, foisonnant d’idées, un poil tronqué par un manque de rythme évident certes - et encore -, mais d’une honnêteté, d’une générosité et d’une richesse incroyables. Véritable proposition de cinéma organique, intime et sensorielle (la musique de Carter Burwell, est par ailleurs un élément majeur de la narration), filmée à hauteur d’enfants, émotionnellement forte et sans le moindre filtre, Wonderstruck cherche constamment l’implication totale de son spectateur, jusque dans les partitions pleines d’innocence de ses jeunes interprètes, qui bouffent littéralement l’écran (Oakes Fegley en tête, déjà formidable dans le remake de Peter et Eliott le Dragon). Mieux, à l’instar de papy Scorcese pour son adaptation d’Hugo Cabret, Haynes profitera même de l’occasion pour étoffer sa fibre révérencieuse en rendant hommage avec maîtrise, à tout un pan du septième art (du Nouvel Hollywood en passant par le cinéma muet et noir et blanc), en revenant à l’essence même du cinéma : la force de l’image primant littéralement sur la force des mots. Forgé dans la pellicule de ses péloches fantastiques qui nous hante encore longtemps après vision, Le Musée des Merveilles est un conte vibrant, intemporel qui aborde avec simplicité et délicatesse la vie, dans tout ce qu’elle a de plus beau et douloureux. Bref, un beau et grand moment de cinéma, tout simplement. J.C

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DC : La riposte tardive

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DC : La riposte tardive par Illyan Kaci

LES OCCASIONS MANQUEES DE DC D

PAR ILLYAN KACI

ans le même temps que la sortie tant attendue de Justice League (2017), quelques semaines après une nouvelle introspection du personnage de Thor dans Ragnarok (2017), s’ouvre à nouveau le débat interminable qui met en concurrence les deux studios majeurs qui offrent au monde entier les plus gros blockbusters (Avengers, X-Men, Justice League). Sur l’aspect artistique, on admettra que chaque personne devra se faire son idée concernant les thèmes proposés par les deux studios, leurs histoires et la manière de raconter ces histoires, il est d’ailleurs compliqué de discerner une tendance générale penchant vers l’une ou l’autre des séries de films, qui elles-mêmes sont composées de films contrastés qualitativement. Mais sur l’aspect purement quantitatif, il est possible de discerner clairement que le DC Extended Universe est encore « jeune » par rapport à l’univers développé par le studio Marvel. Pour les films complétés, l’univers de ce dernier consiste en 17 films tandis que le jeune univers développé par DC se compose pour l’instant de 5 films (incluant Justice League). On a donc à faire, pour leurs univers existants, à une différence de temps et donc de développement narratif et thématique. Contrairement aux projets en préparation qui chez Marvel (Black Panther, Ant Man VS Wasp, Captain Marvel, Avengers : Infinity War, un nouveau Spider-man, Gardiens de la Galaxie, Runaways) et chez DC (Aquaman, Shazam !, Wonder-Woman 2, Cyborg, Green Lantern Corps, The Batman, Batgirl, Suicide Squad, Deadshot…) sont planifiés pour la décennie à venir. Mais dans cet article, nous allons nous consacrer aux projets inachevés, abandonnés en cours de route, à ces projets qui auraient pu étoffer l’univers existant par la vision singulière d’auteurs talentueux.

Superman Lives (1996-2001) de Tim Burton Qui n’aurait pas rêvé de voir Superman porter les traits de Nicolas Cage ? Quand on voit la sublime œuvre de Tim Burton, on regrette son départ du projet initié par un scénario de Kevin Smith (Clerks) et Dan Gilroy (Nightcrawler) suite à des complications concernant le scénario et la production. Tim Burton aurait apporté une véritable vision unique à ce blockbuster, qui sont bien souvent, aujourd’hui, noyés sous une direction artistique fade et connue. Jusqu’en 2001, Warner Bros a espéré aboutir à un produit fini mais sans Tim Burton, et sa vision artistique, et les effets spéciaux actuels, Nicolas Cage a dû faire une croix sur le super-héros mythique. Pour plus d’informations, je vous invite à découvrir le documentaire consacré à ce film ayant fini sa vie sur des planches de storyboard : The Death of «Superman Lives» : What Happened ?

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Batman: Year One (2000-2002) de Darren Aronofsky

Quand on se penche sur la filmographie de Aronofsky, et récemment le très controversé chef d’œuvre Mother! (2017), on peut constater que son œuvre tourne autour des thèmes de l’obsession et de la folie, servis par une grammaire visuelle usant des gros plans, caméra à l’épaule et toujours en mouvement. A ces mots, nous viennent rapidement des images, une texture ou atmosphère qu’aurait émané le Batman : Year One de ce réalisateur qu’on classe facilement comme un auteur. Warner avait sollicité le jeune Aronofsky alors remarqué pour son travail et son style visuel sur son film Pi (1998), afin de laver l’affront qu’était Batman & Robin (1997) un an plus tôt. Le film aurait présenté Batman sous les traits du génial Joaquin Phoenix, raison de plus de regretter ce film quand on voit que Phoenix est véritablement une force visuelle dans tous ses projets (The Master, You Were Never Really Here, Gladiator…). Gotham aurait pris les formes de Tokyo, à la manière de Blade Runner 2049 (2017) mais a finalement été reposé car Aronofsky se consacre à The Fountain.

Wonder Woman (2005-2007), de Joss Whedon Quelques années avant que Joss Whedon réalise l’incroyable Avengers (2012) pour Marvel, le réalisateur avait écrit pour Warner Bros une version de Wonder Woman dans laquelle l’héroïne découvre le monde extérieur, l’humanité hors de son royaume. Un angle presque similaire au Wonder Woman de Patty Jenkins. Mais, en 2007, Warner Bros s’impatiente, insatisfait du travail de Whedon, qui décide de mettre côté son scénario pour des questions de créativité.Cette proposition fait suite au non aboutissement du projet de faire apparaître le chevalier noir dans The Dark Knight Returns, avec dans le costume : Clint Eastwood ! Et plus récemment, Aronofsky s’est étonné de la similitude entre son ex-projet et le projet à venir sur l’Origin story du Joker, affaire à suivre…

Justice League : Mortal (2007-2008), de Georges Miller Quand on voit la série Mad Max, et notamment le quatrième opus Mad Max : Fury Road (2015), on place directement ce projet avorté au sommet des regrets de nos rétines. Georges Miller est un auteur, il possède une véritable identité visuelle et une singulière vision artistique, de plus il a su poser son empreinte sur des grands blockbusters. On peut imaginer cette version de Justice League aurait présenté la première représentation de ces super-héros au cinéma face au maléfique businessman Maxwell Lord. La production était déjà bien avancée et l’on aurait eu droit à un blockbuster jouissif grâce à la vision de l’équipe de Miller et sa réalisation visuellement très aboutie et créative. Mais suite à une grève de la Writer’s Guild Of America en 2008, le projet prend plus de temps et connaît des soucis financiers de production. Tous ces soucis de production conduisent Warner Bros à remettre le projet de côté, puis à l’annuler, malgré l’avancée de l’équipe en postproduction (costumes, locations, concept art..), tout ce travail qui bientôt devrait arriver sur un documentaire nommé Miller’s Justice League: Mortal, qui n’attend plus que la validation des studios Warner Bros.

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DCEU : UNE RIPOSTE BANCALE MAIS QUI A DU COEUR

PAR JONATHAN CHEVRIER

À une heure où le film de super-héros est au sommet de la chaîne alimentaire Hollywoodienne, le genre est aujourd’hui férocement associé dans l’inconscient collectif, au giron Marvel, que ce soit via le très lucratif MCU chapeauté par la firme aux grandes oreilles ou les wannabes shared universe de chez FOX (l’univers X-Men) et Sony (l’univers Spider-Man). Batman et Cie ont beau se démener comme des bêtes, rien n’est plus fort que la formule « Iron Man and Co» depuis dix ans maintenant, même si cette standardisation visuelle et tonale commence peu à peu à battre de l’aile aux yeux des cinéphiles, à l’heure du jugement dernier (la Phase 3 et le diptyque Avengers : Infinity Wars/ Avengers 4). Si le DCEU a mis du temps à construire une entreprise soudée avec des aventures communes où - au minimum - partageant un terrain de jeu similaire, après deux bonnes décennies de péloches difficilement défendables (les Batman de Schumacher, Catwoman, Superman Returns, Jonah Hex, Green Lantern,...); depuis le Man of Steel de Zack Snyder, tout semble converger vers une riposte en bonne et due forme, là ou elle explose sa glorieuse concurrente déjà sur le petit écran avec des feuilletons aussi humbles qu’ambitieux (The Flash, Supergirl, Arrow ou encore Gotham). Et il était temps, car DC a dans son giron de super-héros suffisamment de figures imposantes et réalistes pour offrir une contre-proposition adulte à des spectateurs qui ne demandent que ça.

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Une riposte réaliste Dès 2005 et le formidable Batman Begins, Christopher Nolan avait bousculé la fourmilière en révisant à l’extrême, le mythe du superhéros avec un chevalier noir épique et férocement malade : véritable assoiffé de justice, le Batman du cinéaste (et avant tout celui de Frank Miller), était une figure aussi gothique que tragique, un psychopathe au moins aussi dangereux que les monstres qu’il pourchasse et qui met ses pulsions meurtrières

au service d’actes vengeurs implacables. Un chef-d’oeuvre absolu (et pourtant en deçà de The Dark Knight), privilégiant le réalisme pur d’un super-héros urbain à un aspect comic-book, et donc infiniment moins respectueux au fond, des racines mêmes de l’oeuvre sur papier glacé. Un aspect BD en revanche totalement épousé par le controversé - mais génial - Zack Snyder, orfèvre geek appelé à commander après sa puissante

adaptation de Watchmen, la première monture (Phase 1 en gros) de l’univers partagé de DC. Si, sur le papier, cette « marvelisation « des productions de la firme laissait à penser qu’elle userait bêtement de son fructueux mode opératoire pour boxer dans la même cour que sa rivale, il en sera finalement autrement puisqu’elle ne va pas employer les mêmes armes, quitte à s’automutiler en route...

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DC : La riposte tardive

Avis de D(è)C(es) ? Si son reboot moderne des aventures de l’enfant de Krypton - Man of Steel - s’est fait avec une certaine réussite même si Snyder s’est une fois de plus, attiré les foudres de ce qu’on surnomme la « communauté geek » (Zod...), en revanche, les affaires se sont bien plus gâtées avec le deuxième film de l’univers, toujours dirigé par le papa de 300 : Batman v Superman, première oeuvre où les deux figures de proue de la maison DC n’évoluaient plus séparément mais bien dans le même monde, après la tentative avortée Justice League de George Miller. Conspué par les fans avant même son premier tour de bobine, pour ses choix radicaux (le choix de Ben Affleck en tête) L’Aube de la Justice, est une pure proposition de cinéma complexe qui fout gentiment le boxon dans le monde calibré des comic-book movie avec son vrai-faux affrontement titanesque entre le Caped Crusader et Kal-El (cinq minutes de fight certes, mais cinq putain de minutes...), sacrifié sur le banc d’une réflexion fascinante et grave sur la figure héroïque. Encore une fois, Miller n’est pas loin (coucou The Dark Knight Returns) dans ce drame humain spectaculaire mais un brin maladroit (servant presque d’opus d’introduction pour de nombreux personnages), théorisant de manière fascinante sur la foi et la croyance humaine, tout en étant bourré jusqu’à la gueule de scènes iconiques et symboliques à la noirceur salutaire. Et si les fans/spectateurs accueillent plus ou moins tièdement la tambouille de Snyder (tiraillée entre les deux visions de ses scénaristes, David S. « The Dark Knight » Goyer et Chris « Argo » Terrio), ce ne sera pourtant rien comparé à la réception glaciale de Suicide Squad; blockbuster le plus Marvelien de DC à ce jour, là où il devait incarner ni plus ni moins que l’oeuvre la plus audacieuse, folle et mature de l’univers partagé.

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Marvelien car, au-delà d’une orientation « fun » un brin putassière visant à faire de ses anti-héros dangereux, des vanneurs aux grands coeurs (sic...), il est surtout de A à Z, le prototype parfait du projet bridé par ses producteurs, une oeuvre puant de tous ses pores le manque d’identité (un comble vu les talents engagés), la faute à un réalisateur sous pression - et le mot est faible -, un groupe de scénaristes totalement à côté de la plaque (et saccageant dans les grandes largeurs, le comic-book de 1986) et une major cherchant littéralement à tuer dans l’oeuf toute consistance cherchant à marcher en dehors des clous. Sabotant de toute part son idée première couillue (offrir autant d’exposition aux gentils qu’aux méchants dans son univers), le duo DC/Warner pisse carrément dans sa propre armure avec un film difforme sur un groupe d’individualités charismatiques et versatiles dénué de toute cohésion (sauf, peut-être, dans un final en carton et boursouflé aux CGI), un « Douze Salopards « du pauvre sur des vilains supposément incontrôlables et borderline, finalement (très) gentiment installé dans le rang, duquel se dégage de la plus ridicule des manières qu’il soit, un


Jared Leto croulant douloureusement sur le lourd héritage du Joker (vrai pétard mouillé de toute l’entreprise Suicide Squad). Un blockbuster confus, sans véritable rythme ni cohérence et encore moins d’enjeux dramatiques, entamant sérieusement le capital crédibilité d’un DCEU encaissant une tonne de billets verts mais sérieusement acculé dans les cordes d’un point de vue créatif (sans oublier ses douloureuses campagnes promotionnelles...); Suicide Squad n’en est pas moins un étonnant nouveau pilier pour la major, rien qu’à voir la frénésie provoquée autour de la Harley Quinn de Margot Robbie, qui se paya depuis trois projets (Suicide Squad 2 tout récemment échoué à Gavin O’Connor, un plus ou moins mort Gotham City Sirens cornaqué par David Ayer et le moins bandant spin-off centré sur sa love story d’avec le Joker, mis en boîte par Glenn Ficarra et John Requa).

Une (belle) lueur d’espoir

Et alors que la multitude de productions mises en chantiers s’avèrent aussi colossales qu’alarmantes, c’est par la force lumineuse du moins attendue de ces projets - avec Cyborg -, Wonder Woman, que l’univers partagé de DC retrouvera un second souffle des plus salvateurs. Aventure solo aussi grisante que maîtrisée sur l’atout charme autant de BvS que de la Justice

League, le film, volontairement old school, plus léger et moins obscur que ses petits camarades tout en ne bradant pas son sérieux pour autant, trouvait enfin le ton juste entre le divertissement populaire et adulte cherché par la major depuis longtemps. Sans doute l’apport non négligeable d’une femme à la mise en scène, tant Patty Jenkins, visiblement passionnée par son sujet, n’a pas besoin de sexualiser à outrance sa figure féminine, pour la rendre aussi séduisante que plaisante à suivre, ni de flatter à outrance le fanboy qui sommeille en nous (le film n’aligne pas les clins d’oeil presque « obligés « aux autres oeuvres de l’univers DC), pour rendre son adaptation fine et convaincante. Blockbuster follement épique, féministe, grisant et esthétiquement renversant, Wonder Woman incarne, de loin, la meilleure origin story d’un super-héros depuis très longtemps, et sans doute le meilleur film DC depuis la vénérée trilogie du Dark Knight de tonton Nolan - rien que ça. Avec Justice League, le DCEU se doit donc de pleinement transformer l’essai, l’inévitable projet regroupant ses héros majeurs de la firme, et servant de véritable rampe de lancement

à Aquaman (Jason Momoa), Flash (Ezra Miller) et Cyborg (Ray Fisher). C’est le projet majeur sur lequel la major n’a pas le droit à l’erreur, l’opus qui doit servir d’unité de ton à toute une suite de long-métrages dont la légitimité ne dépend que de son succès, l’opus qui déterminera si l’univers nouvelle formule de DC sur grand écran, n’est qu’une simple copie carbone de son ennemi juré Marvel (ce constat sera un échec cuisant), ou une vraie contre-proposition nature et musclée, au succès artistique au moins égal à celui commercial Si le projet semble bien parti pour valider cette seconde proposition malgré sa double tête pensante à bord (Joss Whedon, fils prodigue des Phases et du MCU, a repris le flambeau de la réalisation à la suite du départ de Zack Snyder), on restera tout de même un poil prudent quant au potentiel frondeur et original du projet, et nous devrons attendre la vision de ce sacré bestiaux pour émettre un quelconque jugement Si les héros de la ligue des justiciers ne peuvent pas sauver le monde seuls, peuvent-ils au moins sauver l’avenir du comicbook movie sur grand écran ? C’est la question à un million de dollars du moment...

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JUSTICE LEAGUE DCEU A-T-IL RÉUSSI SON PARI ? Censé être le pilier majeur d’un DCEU bandant sur le papier mais sérieusement brinquebalant dans les faits, tellement imprévisible qu’il semble capable de partir dans toutes les directions possibles (même les pires), alors qu’il est lui-même un projet douloureusement amputé par une production - encore une fois - chaotique (avec en point d’orgue, le départ abrupt de Zack Snyder remplacé par Joss « j’étais l’ancien big boss du MCU» Whedon); Justice League est indiscutablement à l’image de l’édifice du duo Warner/DC sur grand écran depuis Man of Steel : généreux et fun mais jamais à la hauteur de ses ambitions.

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Blockbuster polymorphe calqué dans les grandes largeurs sur le sympathique mais limité Avengers premier du nom - à qui le temps ne rend pas service -, dont le spoiler majeur (la résurrection de Superman) avait déjà été dévoilé dès la maladroite campagne promotionnelle, Justice League semblait pourtant suivre les traces glorieuses de l’injustement mal-aimé Batman v Superman, à savoir une péloche super-héroïque dramatiquement puissante et visuellement impressionnante (le spectre de Watchmen se fait parfois ressentir), avant d’être littéralement sacrifiée sur l’autel du divertissement total sans âme par un rafistolage aberrant et - surtout - incompréhensible. Si l’absence de Snyder du montage final nous faisait craindre le pire, que l’on se rassure (un peu d’ironie ne fait pas de mal), c’est bel et bien le cas à l’écran tant la patte sombre et singulière du bonhomme, sa vision sérieuse d’un monde contemporain en pleine autodestruction (déjà bien présente dans BvS, avec sa violence surprésente et la lente agonie de l’espoir en l’être humain) est ici totalement dilué au sein d’une intrigue anémique et creuse remplie par du vide, saupoudrée avec la finesse d’un hippopotame en rute de CGI foireux et d’un humour à la légèreté effarante.


PAR JONATHAN CHEVRIER Une catastrophe à peine contrôlée et encore moins sauvée par son casting vedette (Affleck en a marre d’être le Bat, et cela se sent), aux grosses allures d’opus de transition pour la majorité des membres de la ligue, jamais iconisés face caméra (un comble pour une oeuvre estampillé « Snyder «). Cyborg est totalement sous-utilisé (alors qu’il est, sans doute, celui qui a le background le plus intéressant), tandis qu’Aquaman et (Kid)Flash volent la vedette - surtout le premier - dans des numéros comico-badass ne les faisant pourtant jamais dépasser le rôle de sidekick de luxe. Vrai-faux film de Zack Snyder à l’apparence ni stylisé, ni léchée (à peine mieux torché qu’un téléfilm de luxe), aussi bruyant qu’il est émotionnellement creux et dénué de toute profondeur dramatique, dominé par méchant peu menaçant et loin d’être charismatique (et on tease encore avec des pincettes Darkseid... comme Thanos dans la phase 1 du MCU) et un score en roue libre; Justice League est un opus malade autant tiraillé par la vision bien distincte de deux cinéastes aux styles et ambitions esthétiques cruellement différentes (on préfère mille fois celui de Snyder), que par l’indécision d’une major de plus en plus agaçante dans son habitude à jouer les girouettes. Gros blockbuster de destruction massive inoffensif et férocement décevant, qui fait simplement le boulot alors qu’il avait le potentiel d’être infiniment plus fort, Justice League marque la fin d’une ère chez DC, celle de Zack Snyder, vite intronisé roi avant d’être remplacé par « l’ennemi «, lui-même roi chez la concurrence il y a encore peu. Comme au départ du pape Christopher Nolan, la firme perd gros, sans doute trop gros cette fois...

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Portrait

ZACK SNYDER L’HOMME DE LA SITUATION

PAR JONATHAN CHEVRIER

Et si Zack Snyder était le cinéaste ricain le plus sous-estimé de sa génération ? Et si le réalisateur le plus détesté (ou presque, coucou Paul WS Anderson !) de ce que l’on surnomme la « communauté geek «, n’était pas tout simplement un putain d’orfèvre qui mériterait illico que l’on réévalue à la hausse son statut au sein de la chaîne alimentaire Hollywoodienne ? Les deux questions se posent bien-là, tant le bonhomme semble s’attirer de manière totalement déséquilibrée, autant les louanges que les foudres des spectateurs et autres cinéphiles purs et durs depuis plus d’une décennie maintenant, alors que sa filmographie compte décemment plus de bonnes péloches que de gros tâcherons indéfendables.

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Génie de la publicité (le plus doué de la profession durant le début des années 2000) passé par deux écoles d’art, le Zack aura pris son temps avant de pointer le bout de son nez dans nos salles obscures, et de dépoussiérer rien de moins que deux genres phares du cinéma des 70’s : le film de zombies (le grisant remake de Zombies, l’Armée des Morts) et le péplum (300), tout en modernisant considérablement autant le cinéma d’animation (le mature Le Royaume de Ga’Hoole - La Légende des Gardiens) que celui qui allait devenir son nouveau terrain de jeu : le film super-héros avec le puissant Watchmen. Après un généreux mais bancal Sucker Punch (sa « plus ou moins « seule ombre au tableau), qui démontrait douloureusement le seul talon d’achille de son talent (la faiblesse de son écriture quand elle ne se base pas sur un matériau d’origine solide), la Warner n’hésitera pas une seule seconde à faire de lui l’homme fort qui allait bâtir l’édifice brinquebalant du DCEU, aujourd’hui quasiment mort-né avec les prises de décisions incompréhensibles de la firme. Passé le brillant mais conspué (Zod...) Man of Steel, et l’encore plus divisé Batman v Superman, choc des titans un poil avorté (Martha...) tout en étant pourtant un long et complexe blockbuster réflexif et intimiste doté d’une vraie personnalité - comme Watchmen -, Snyder nous reviendra donc ces jours-ci avec le gros mastodonte Justice League, projet au moins autant attendu qu’il est redouté, pour lequel son implication s’est vue contrariée à la suite d’une terrible tragédie familiale. Endeuillé, le bonhomme a laissé sa caméra à Joss Whedon, ex-ennemi juré devenu le judas sauveur du duo DC/Warner, qui semble avoir été bien dénaturé le style too much du papa de 300, au profit d’un contenu plus lisse et plus... marvelien, tapant gentiment dans les bourses de la singularité d’un DCEU ayant déjà beaucoup de mal à pisser droit. Grand cinéaste de l’impossible, magicien des effets spéciaux aux prises de risques audacieuses, capable de prendre à bras-le-corps des sujets aussi difficiles (la religion, la politique, la guerre) pour mieux les sublimer dans des divertissements rutilants visant constamment à redéfinir le mot blockbuster sur grand écran - comme les Wachowski -; Zack Snyder sait faire du cinéma, du vrai comme on les aime. Tant pis donc si son lynchage médiatique totalement illégitime est tatoué au fer rouge sur sa caméra, le bonhomme est un beau génie incompris, et on ne se lassera jamais de le célébrer dans des salles jamais trop obscures pour ces films.


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SOURIEZ, VOUS ETES FILMES Nous sommes à 1h26 du film, à un peu plus de la moitié. Le Joker est fait prisonnier par les policiers honnêtes, et Harvey Dent est fait prisonnier par les policiers corrompus de Maroni. James Gordon arrive pour interroger le Joker, et savoir où ils ont enfermé Harvey Dent. Une scène culte en plus d’être charnière. Par Antoine Bouillot

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Analyse d’une séquence

La pièce est sombre, très sombre, mais genre vraiment. Dans cette obscurité, seul le maquillage blanc du Joker ressort à l’image, éclairé par une petite lampe de chevet. James Gordon entre dans la pièce, la porte est éclairée, pour montrer que c’est le seul échappatoire possible : ils sont enfermés entre quatre murs. Le commissaire s’assoit en face de lui, avec cette unique

table pour les séparer. Le Joker joue à domicile, il est dans son élément dans ce noir intense qui représente le mal. Gordon, lui, est dans une situation très délicate : il est clairement moins fort que le Joker dans cette scène, l’obscurité s’empare de lui, et on voit de moins en moins son visage, comme avalé par les paroles du Joker. Gordon veut uniquement savoir où Harvey

se trouve, mais le Joker, lui, veut jouer. Bien que celui-ci joue à domicile, le match n’est pas gagné d’avance. Gordon, sentant que l’adversaire est techniquement bien supérieur, demande un remplacement. Il quitte le terrain avec une prestance digne des plus grands, et ferme la porte derrière lui. Le joueur qui le remplace débarque sur la piste d’une manière tout à

fait époustouflante. La lumière s’allume d’un coup, le visage du Joker est surexposé et nous sommes tous autant éblouis par le style de Batman que le Joker. Batman, donc, qui n’a pas l’air d’être d’humeur à jouer, fracasse le crâne de ce pauvre Joker contre la table, puis s’assoit en face de lui, en prenant soin de lui exploser la main avant cela. À partir de ces

coups, la musique se déclenche et la scène peut véritablement commencer. Le Joker ne perd pas de temps, il attaque là où ça fait mal en insinuant que Batman est un meurtrier et qu’il n’est pas si différent de lui. Cette partie de la séquence est réalisée de manière très intéressante. Le dialogue est cadré comme un basique champ/contre-champ, mais

lorsque le cadre est sur le Joker, la caméra fait un mouvement de la droite vers la gauche, laissant la tête de Batman prendre de plus en plus de place dans le cadre et le visage du Joker finit coincé entre le cadre. C’est un mouvement très inhabituel pour ce genre de plans, ce qui montre une rupture entre le début de la scène et maintenant. Cet effet est amplifié par la règle des

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180° qui est cassée juste après. La règle des 180°, qu’est-ce que c’est encore que ce truc à la noix de cajou ? Quand on filme un dialogue, la caméra doit toujours rester d’un seul côté du plan. On peut tracer un cercle imaginaire autour des personnages qui parlent, on coupe en deux et on doit toujours rester dans la même moitié. Sinon, cela casse toute logique, et déstabilise le spectateur. Et c’est exactement ce que voulait Nolan. Il passe d’un plan sur le Joker d’un côté de la pièce, à

un plan sur Batman de l’autre côté. Donc soit Nolan est un pur amateur et n’a pas fait gaffe à ça, soit il voulait déstabiliser le spectateur et clairement nous dire : « Ok mon petit Baudouin, là faut que tu sois attentif parce que cette scène est méga importante pour le reste du film, alors tu me lâches ce sale pot de pop-corn et t’écoutes ! C’est pas vrai, les jeunes de nos jours... ». S’en suit un long discours du Joker ponctué par quelques interrogations de Batman. Dans cette partie de la

scène, la réalisation est rigolote. La caméra jongle d’un côté à l’autre de la pièce, en cassant donc plusieurs fois la règle des 180°. D’ailleurs, la caméra jongle, comme un clown, ou bien, un Joker, qui pourrait jongler avec des balles ! Ce même Joker se joue de Batman dans cette scène, en jouant sur ses sentiments. La caméra suit le Joker qui bouge beaucoup, en s’avançant et en reculant, on peut clairement dire que c’est un enfant hyperactif. Tout ça pour dire que la caméra est en

perpétuel mouvement, comme le Joker. D’ailleurs, la musique qui avait débarqué au moment du coup de poing s’est vite calmée. Comme Batman. Vous voyez où je veux en venir. La caméra est le Joker, et la musique est le Batman. Ces deux éléments s’opposent, mais forment un tout, fusionnent et au final, ne produisent qu’un

seul élément, le film. Le Joker finit son discours en disant « Je suis juste un visionnaire », de quoi énerver notre chauvesouris préférée. Donc, celle-ci, chope le Joker en lui faisant un interrogatoire plutôt à sa manière pour tenter de savoir où est Dent. Le Joker divague, en lui affirmant que Batman devra bafouer sa règle d’or,

car il devra choisir entre sauver Dent et sauver Rachel. Aïe. À partir de là rien ne va plus. Caméra à l’épaule, musique qui s’affole, Joker qui se tape une barre et Batman qui... qui joue son rôle de Batman quoi : il pète la gueule du Joker, arrive à décrocher les infos qu’il veut et hop ! La scène est finie.

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DC COMICS INVESTIT LE PETIT ECRAN

PAR DAPHNÉ SAILLARD & CLEMKEY

Quand on pense aux comics, on pense directement aux personnages qui ont façonné notre imaginaire tels que Superman ou Batman. En 2017, il y a en revanche beaucoup de séries qui sont souvent diffusées en même temps sur le petit écran, sauf que bien sûr, ce phénomène date des années PAR JONATHAN CHEVRIER 50, avec « Adventure of Superman » ( 1952 – 1958). Mais en 2017, que regarde-t-on ? Zoom sur les séries des héros les plus cools du moment.

Loïs & Clark (1993 - 1997) The New Adventure of Superman : en 1993, Superman a le droit à une renaissance, mais pas seul. Il peut compter sur le soutien d’un personnage secondaire féminin Lois Lane. Contrairement à ses prédécesseurs, cette adaptation-là se concentre sur le couple, et sur ce qu’ils vivent ensemble. Cette série devenue rapidement culte fait encore rêver bon nombre de spectateurs et cette photo postée par Teri Hatcher risque de faire des émules. Un retour de la série possible ? En tout cas les deux acteurs principaux ne sont pas contre !

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Wonder Woman (1975 > 1979) Avant de devenir le fer de lance du DCEU sur grand écran grâce au charme indéniable de la sublime Gal Gadot, Wonder Woman avait déjà sévi contre le mal sur le petit écran via une série cultissime durant les 70’s, portée par la puissante Lynda Carter - ancienne miss USA s’il vous plaît. Kitsch comme ce n’est pas permis, jouant autant sur les courbes de son héroïne que sur une digestion maline du comics (que ce soit du point de vue des intrigues que dans la mise en image d’une Amazone forte), le show a un poil vieilli et s’avère douloureusement répétitif dans son contenu, malgré une vision loin d’être maladroite et abrutissante de la seconde Guerre Mondiale. Sobre et sérieuse, on reste loin du délire pop et foutraque des aventures télévisées de Batman, mais pour l’époque, ça mérite sacrément son pesant de popcorn...

The Flash (1991) Si Greg Berlanti en a fait aujourd’hui la figure de proue de son univers télé, Barry Allen avait déjà eu les honneurs d’une adaptation sur le petit écran vraiment bien foutu dans les 90’s, porté par le charismatique John Wesley Shipp, depuis devenu papa du Barry version CW. Avec à peine une saison à compteur, le show a pourtant réussi à marquer les spectateurs autant grâce à son humour enfantin qu’à son ton kitsch à souhait (ah Mark Hamill dans la peau du Charlatan...), sorte de mix entre Lois et Clark et... le Batman Forever de Joel Schumacher : fou mais vrai. Inégale mais furieusement nostalgique, la série a vieillit certes, mais elle reste étonnement regardable encore aujourd’hui, à la différence de ses nombreuses concurrentes de l’époque.

Smallville (2001 > 2011) Un peu plus tard c’est-à-dire en 2001, dans la même lignée, on a la série Smallville qui met en scène la vie étudiante de Clark Kent qui découvre ses pouvoirs et les met à contribution pour sauver des vies en mettant dans la confidence son amie Chloé. Par la suite on verra le début de la romance Clark Kent/Lois Lane. S’il y a bien une série culte DC à regarder c’est celle-ci !

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DC Comics investit le petit écran Arrow (2012 > ...) Cette série fait suite au succès d’un autre personnage au cinéma : Batman. L’histoire d’un homme milliardaire, Oliver Queen, dépourvu de supers pouvoirs qui revient chez lui après avoir disparu pendant cinq ans dans le but de traquer les hommes ayant trahi sa ville «Starling City». On va voir son équipe se former et apprendre ce qui s’est passé pendant sa disparition sur une île mystérieuse. Olivier Queen va devenir petit à petit Arrow. Après 3 saisons palpitantes, les dernières baissent nettement en qualité et peinent à se renouveler…

Flash (2014 > ...) Écrite et réalisée par Greg Berlanti, Andrew Kreisberg et Geoff Johns diffusée sur la chaîne The CW. La série est basée sur le personnage de Barry Allen, un jeune scientifique, qui travaille pour la police. Petit, il assiste au meurtre inexplicable de sa mère, prise dans un tourbillon d’éclairs. Dès lors, il se met à avoir des flashs. Un beau jour il tombe dans le coma, 9 mois plus tard il découvre qu’il a des forces surhumaines et peut courir à une vitesse accélérée. Mais au départ, The Flash est un reboost de la série déjà paru en 1990, le reboost est l’occasion de rajeunir une série qui a bien 10 ans d’existence. Certes ce programme est plutôt teenager mais son scénario et ses cliffhangers nous laissent plonger dans l’univers de ce jeune super héros.

Gotham (2014 > ...) C’est LA meilleure série actuelle traitant l’univers DC avec maturité. A l’inverse de The Flash et Supergirl, l’ambiance est plus sombre traitant ainsi l’adolescence de Bruce Wayne sous forme de série policière menée par l’inspecteur James Gordon. C’est une série inspirée de l’univers Batman, réalisée par Bruno Heller, ce qui lui permet de prendre des libertés et de ne pas être sous la contrainte de la firme DC Comics. La force de Gotham est de voir la naissance des vilains et personnages emblématiques de Batman tels que Nygma, Catwooman, Poison Ivy, et l’excellent Oswald Cobblepot alias Le Pingouin. Mais aussi l’introduction de personnages hors univers DC comme la fabuleuse Fish Mooney jouée par Jada Pinkett Smith (femme de Will Smith). Pour résumer la série Gotham est un mélange entre enquêtes policières, humour, méchants de Batman et univers sombre. A voir absolument!

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Constantine (2014 > 2015) On ne peut pas dire que la destinée de John Constantine autant sur le petit que sur le grand écran (un blockbuster sympa avec Keanu Reeves en 2005, en attendant Justice League Dark...) soit pavée de succès, tant le célèbre chasseur de démons spécialiste de l’occulte est parti aussi vite qu’il est revenu à la télévision. L’anti-héros au trenchcoat beige (qui n’est pas sans rappeler l’ange Castiel de la serie de la CW Supernatural), initialement créé par Alan Moore, John Totleben et Steve Bissette, n’a pas dépassé la demi-saison sur la chaîne NBC, la faute certainement, à son ton un poil trop sombre et cynique (un héros porté sur la clope, l’alcool et le fracassage de démon, le tout sur une chaîne publique... pas un non mélange)pour ratisser un large public - un peu comme fut le vénéré Hannibal - et son coût beaucoup trop onéreux vu ses audiences au ras des pâquerettes. Véritable show au cocktail atypique - entre polar et fantastique - aussi attachant qu’il est joyeusement bordélique, alignant les SFX bien foutus et des punchlines efficaces, scotchant parfaitement au matériau d’origine avec son aspect savoureusement comic-book, Constantine transpirait sincèrement l’amour du côté obscur, et était porté par l’interprétation impliquée de l’excellent Matt Ryan. En tout cas, vu sa fan base solide, rien n’est dit que le bonhomme ne ressucitera pas de ses cendres un de ses quatre : il attend patiemment qu’on fasse appel à lui dans les tréfonds sombre de l’enfer...

Powerless (2015 > 2016) Sitcom « de bureau « s’inscrivant dans la droite lignée de The Office et Parks and Recreations, avec son humour référencé et ses héros hauts en couleurs, Powerless se voulait comme une déclinaison maline du DCEU, en se focalisant cette fois sur les humains « sans pouvoir « (comme l’indique son titre) et frappés de plein fouet par les conséquences des actes de Batman et autre Superman. Si le pitch envoyait autant du petit bois (les tribulations fantasques de Wayne Security, une filiale de Wayne Enterprise spécialisée dans la création d’objets capables de protéger la population) que son casting titre (la pétillante Vanessa Hudgens, le follement mesestimé Alan Tudyk), la série n’a jamais su vraiment développer tout son potentiel durant sa (très) courte durée de vie sur la chaîne NBC : une petite saison de treize épisodes. Comédie de bureau rafraîchissante au générique aussi cool que réussie (et c’est assez rare pour être noté), alignant avec une frénésie proche de l’indigestion les références et les clins d’oeil au DC verse, Powerless pêchait in fine dans sa mise en place d’un humour ne faisant jamais vraiment mouche malgré une bonne humeur sincèrement communicative -, et une galerie de personnages soit mal croqués, soit peu attachants. Mais ce sera surtout un visuel limité aux effets spéciaux cheap à souhait, qui aura fini de faire chuter pour de bon toutes les bonnes intentions d’un show prometteur mais qui se tirait lui-même plusieurs balles dans le pied.

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DC Comics investit le petit écran Supergirl (2015 > ... ) Parlons au féminin, maintenant avec Supergirl, l’histoire de Superman mais à travers les yeux de Kara alias Supergirl qui est la cousine de superman, qui a quitté Krypton très jeune pour arriver sur terre. Depuis, Supergirl doit se battre contre les méchants pour préserver sa ville. Cette série est cool parce qu’elle est féministe et rien que pour ça, elle vaut le coup. Excessivement bien joué, de plus par une jeune actrice, cette série aborde des thématiques qui les touche, principalement, tout en gardant son côté surnaturel. Pourtant, Supergirl cible principalement les adolescents et un public féminin.

Legends of tomorrow (2016 > ... ) Parlons de Superhéros maintenant avec « Legends of Tommorow » qui regroupe des personnages comme Arrow ou The Flash. Au sein de cette histoire, on va suivre Rip Hunter , un agent qui a anciennement fait partie de la confrérie des maîtres du temps, et qui va donc voyager à travers le temps afin de sauver le monde et de changer son histoire personnelle. La série s’essouffle au bout de quelques épisodes manquant cruellement de scénario.

Lucifer (2016 > ...)

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Cette série est la nouvelle de la franchise DC Comics. Lucifer est le maître de l’enfer, mais celui-ci est fatigué d’y régner et s’en va à Los Angeles, où il devient gardien d’une boîte de nuit. Une façon de montrer que les boîtes de nuit, c’est l’enfer ? Peut-être ! Lucifer possède le don de contraindre les gens dans leur désir, pourtant son chemin va croiser celui d’une policière qui va lui résister. Et forcément, ces deux-là vont tomber amoureux. Pour le coup, le scénario est un peu trop prévisible car c’est quelque chose que l’on a souvent vu au cinéma. Un jour, une chanteuse de pop va se faire assassiner à l’entrée de son club, alors avec l’aide de la policière, il va tenter de trouver le coupable. Là aussi, c’est un peu trop prévisible. Et pendant ce temps, Dieu envoie l’Ange Amenadiel sur Terre pour convaincre Lucifer de retrouver sa place près des Enfers. Un scénario prévisible, certes, pourtant la série est pleine de rebondissements et à un bon potentiel.


Black Lightning (2018) Diffusée sur la même chaîne qu’Arrow, Flash, Supergirl et Legends of Tomorrow, Black Lightning sera le premier gros pari du DCEU sauce CW, puisque le show ne sera pas lié à ces autres séries DC Comics, son action se deroulant tout simplement dans un tout autre univers... Pas un petit pari donc, surtout que le personnage créé en 1977 par Tony Isabella (qui travaillait auparavant sur Luke Cage avant de créer un super héros noir pour DC Comics avec sa propre série) et Trevor Von Eeden, vraiment membre à part entière de la Justice League, n’est pas forcément le plus connu du grand public. Le show s’attachera à conter les aventures de Jefferson Pierce, un super-héros qui a raccroché son costume depuis plusieurs années, mais qui se voit pourtant dans l’obligation de ré-endosser son identité secréte lorsque sa fille et un de ses élèves se retrouvent en danger. Il redeviendra alors Black Lightning, un métahumain qui contrôle les champs électromagnétiques. Est-ce que le show sera le nouveau hit duo magique DC/CW ? Réponse d’ici l’automne prochain, date de diffusion de la série outre-Atlantique...

Krypton (2018) Alors qu’aucune série sur l’homme d’acier n’est dans les tuyaux chez la CW (alors que le personnage a pointé le bout de son nez dans la série Supergirl la saison dernière), la chaîne SyFy ne se prend pas le chignon plus que cela et s’attaque directement à l’ancienne planète de Superman pour sa nouvelle création originale, sobrement intitulée... Krypton. Le show s’attachera donc à compter plusieurs années avant la naissance de Kal-El, comment la dite maison El est en disgrâce et isolée. Un contexte délicat dans lequel le grand-père de Kal-El, SegEl, tente d’instaurer paix et égalité sur une planète en désespérance... Plutôt risqué (pourquoi revenir aussi loin dans la mythologie de Superman ?), le show débarquera l’an prochain et verra en plus du come-back du vilain Brainiac (présent dans Smallville et possible vilain majeur de Man of Steel 2), la présence d’Adam Strange, un justicier archéologue membre occasionnel de la Justice League. Oui parce que si on peut citer un peu jouer sur l’actualité bouillonnante de la maison-mère DC hein...

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L’ART DU TWIST

Le genre cinématographique du « Twist ending » est un procédé d’une extrême complexité, subtilement utilisé par bien des réalisateurs qui apprécient d’utiliser cet incroyable effet de surprise que provoque un bon twist final. Ainsi, le cinéaste balade le spectateur où il veut, jusqu’à l’amener face à un dénouement final totalement inattendu. Toute l’histoire, depuis son commencement est donc complètement chamboulée et prend enfin tout son sens, éclairant alors certains détails trop flous, nous obligeant parfois à revisionner le film sous un tout autre regard.

Par MarionCritique et Sebastien Boully

FIGHT CLUB

En 1999, David Fincher nous présente, ce qui deviendra l’un de ses plus beaux chefsd’œuvre. Tout et son contraire a été dit sur Fight Club, une chose est certaine, c’est un film coup de poing. Cette oeuvre est bien souvent citée comme une véritable référence en matière de twist ending, menée d’une main de maître par Fincher qui visiblement, jubile de se jouer du spectateur dans la quasi-totalité de ses productions. Fight club, c’est l’histoire d’un homme seul, enfermé dans cette routine solitaire pour laquelle il n’éprouve plus vraiment de satisfaction. En pleine misère morale, il n’est pas heureux dans sa vie personnelle, professionnelle ni même dans la société de consommation qui l’entoure. Au début du film, il fait la rencontre de Marla, au sein de réunions de groupes de soutien dans lesquelles, tous deux ne se sentent pas concernés. Ils s’y rendent dans l’unique but de se rassurer eux-

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mêmes dans cette fameuse idée du « Il y a pire que moi ». Marla est le personnage mystérieux du film, elle est névrosée, suicidaire et dérangeante. Même si, au premier abord, rien ne paraît réellement attirant chez elle, le narrateur est pourtant intrigué par Marla, elle a une sorte de pouvoir totalement attractif sur lui. Il fait ensuite la rencontre décisive de Tyler Durden, un personnage charismatique et totalement anticonformiste qui se fiche de tout et qui ose l’interdit. À ses côtés, il fonde le Fight Club, une sorte de secte secrète dans laquelle ils organisent des combats

clandestins d’une violence rare pour que tous les adhérents puissent évacuer leur mal-être et la haine qu’ils ressentent dans leur propre vie. Tout le monde peut rejoindre ce club, à condition de respecter quelques fameuses règles (qui deviendront totalement cultes). Le Fight Club a ses propres lois et ses propres codes, réunissant donc tous ces hommes déséspérés prêts à se battre à mains nues, dans le but de gagner en liberté. Le personnage de Tyler prend ainsi toute son importance au sein de l’histoire . Il est comme une sorte de gourou pour tous les membres, qui pensent ainsi


donner un sens à leur misérable vie, s’engouffrant au fur et à mesure dans une sorte de spirale anarchique. Les membres sont comme endoctrinés et n’ont qu’une seule idée en tête ; renverser la société. L’histoire est originale et surprenante, subtilement menée du début à la fin. Fight Club nécessite forcément plusieurs lectures qui offriront aux spectateurs différents yeux pour visionner ce film qui se lit sous bien des formes et des angles. Le twist final explosif laisse le spectateur figé face à son écran, stupéfait d’avoir été berné de

la sorte par le réalisateur qui s’est joué de lui. Fight Club nous offre une multitude de grands moments cultes surlignés par des dialogues jubilatoires et des personnages effarants. Une oeuvre masculine tournée vers l’interminable recherche de l’instinct animal de tous les protagonistes, cependant entourée par la présence féminine du personnage déséquilibrée qu’est Marla. Fight Club fait réfléchir le spectateur sur la tournure de l’histoire certes, mais aussi et surtout sur sa place dans la société dirigée par l’argent, il nous montre à quel point l’homme est frustré

et qu’il vagabonde de jour en jour dans des projets matérialistes qui guident sa vie. Les jeux d’acteur sont parfaits, les personnages sont à la fois réalistes et satiriques, la réalisation est magistrale et le générique de fin nous laisse la mâchoire grande ouverte sur un fond de Pixies. Un film incontournable, grâce notamment à la remarquable évocation de sujets difficiles et à ce fameux dénouement final absolument incroyable et d’une subtile justesse. Fight club est un chef-d’oeuvre d’une noirceur corrosive qui marque les mémoires d’une empreinte inaltérable.

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3 twists : 3 films classiques

LA FEMME AU PORTRAIT, Fritz Lang Historiquement parlant, outre certains films confidentiels, nous pensons instantanément au précurseur chef-d’œuvre Citizen Kane (1941) d’Orson Welles pour définir véritablement l’apparition du « twist ending » au sein du 7ème art. Néanmoins trois ans plus tard, l’habile polar psychologique de Fritz Lang illustrant le thème de la culpabilité (sentimentale, meurtrière…), dénote et fit couler beaucoup d’encre à l’époque, par son dénouement en forme d’happy end visuellement splendide, éclairant le film d’une toute autre manière. Une œuvre éblouissante de réalisme à la mise en scène minutieuse déclinant une narration machiavélique ingénieuse qui interpelle sur les motivations profondes et inconscientes qui poussent un homme à commettre un crime par le biais d’un suspense savamment entretenu. Oscillant entre le drame et la comédie à travers une délicieuse alchimie, ce long métrage onirique haletant surprend jusqu’à la dernière minute avec la délicieuse Joan Benett et l’excellent Edward G. Robinson dans les deux rôles principaux. Ambigu. Superbe. Cynique. Une référence.

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Le titre venant du langage argot désignant aussi bien un chapeau qu’un indicateur, dévoile d’entrée de jeu au spectateur la nature de ce long métrage singulier, magnifié par un somptueux plan-séquence introductif à montrer dans toutes les écoles de cinéma. Le réalisateur offre un prenant polar noir, à l’ambiance très sombre avec de magnifiques jeux d’ombres et de lumières. Le cinéaste livre une mise en scène brillante avec de longues séquences pour mieux servir un récit complexe avec fausses pistes empli de circonvolutions sans desservir un excellent suspens, rythmé par dialogues très bien écrits, une superbe photographie Noir et Blanc et les épatants Serge Reggiani et Jean- Paul Belmondo. La caractérisation de certains personnages et le retournement de situation final absolument parfait, font du Doulos une véritable référence et l’une des sources d’inspiration majeure du premier film de Quentin Tarantino, Reservoir Dogs (1992) et de réalisateurs tels Martin Scorsese ou John Woo, notamment. Surprenant. Captivant. Culte.

LE DOULOS, Jean-Pierre Melville

PSYCHOSE, Alfred Hitchcock

Référence emblématique du twist final, ce chef-d’œuvre du film d’angoisse porté par une mise en scène diabolique, au montage ciselé et par une construction dramatique au couteau ne cesse d’effrayer depuis sa sortie, le 16 juin 1960. Un classique du genre, à moitié muet, d’une grande force émotionnelle dû à la magistrale structure narrative entraînant le spectateur vers une fausse piste concernant le meurtre survenu sous la douche vers des chemins psychologiques particulièrement effrayants. Le cinéaste détourne notre attention en créant un climat angoissant pour mieux éviter de nous remettre en question, et nous envoûte le cerveau avec la mythique partition musicale de Bernard Hermann, et la prestation hypnotique d’Anthony Perkins en névrosé et la troublante Janet Leigh. « Venez frissonnez en passant par le Bates Motel, rideau ! » semble nous prévenir sir Alfred jusqu’à la puissante révélation finale. Un dénouement qui apporte une dimension horrifique encore plus profonde à l’acte meurtrier et deviendra même un argument commercial faisant ainsi de la réclame au film, dont les spots publicitaires demandent au public ayant déjà vu le film de ne rien révéler de la fin afin que les spectateurs vierges gardent toute la saveur de l’intrigue. Brillant. Malaisant. Terrifiant. Un must au panthéon du cinéma.

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FESTIVAL LUMIÈRE 2017 Ciel azur, mon cheval de fer 6615 se cabre, après une mise en selle délicate, pour enfin s’élancer au grand galop à travers les plaines en direction de la ville des Lumières. Les décors naturels dans un long plan-séquence travelling défilent sous mes yeux déjà rivés vers l’horizon prometteur de mille et une émotions cinématographiques. Certains privilégiés s’extasient déjà devant « Les Diaboliques » où démarrent Ford avec restauration de « L’homme qui tua Liberty Valance ». Tant de séances à foison, de quoi donner le « Vertigo » alors que je vais entamer la soirée en ouverture avec « La Mort aux trousses ». Sir Alfred Hitchcock pour entamer une semaine riche en surprises, en twist et en suspens, augure déjà d’un séjour qui ne peut s’apparenter qu’à un long happy end. Comme un rêve à portée de mains, une chimère sans le gouffre de la désillusion, rencontrer enfin Wong Kar-wai, un maître presque irréel, celui qui me transporte dans un monde « In the mood for love » depuis presque trente ans dans une planète parallèle, à la recherche du temps de l’amour perdu, où ses histoires hors-du-temps m’émeuvent, comme des présents précieux illuminant chacun de mes moments présents. Une vie embarquée dans le train 2046, celui dont on ne revient jamais. Depuis 1998, une découverte au long cœur dont je ne me suis jamais remis. En attendant ce moment de croisement de nos vies, rendez-vous dans l’immense Halle Tony Garnier entièrement garnie pour ouvrir les festivités avec en maître de cérémonie toujours Loyal, Thierry Frémaux et son ami et encyclopédie vivante Bertrand Tavernier. Une salle immense et copieusement garnie pour accueillir une palette de cinéphile impressionnante allant de Guillermo Del Toro à Jerry Schatzberg en passant par Alfonso Cuaron ou Vincent Lindon, tous unis par la même Lumière. D’un hommage en colère contre un journaliste ayant écrit une nécrologie rance, ou d’un éloge vibrant avec des trémolos dans la voix du président de l’Institut Lumière Bertrand Tavernier à Jean Rochefort, suivi de l’hommage hilarant de Jerry Lewis, les garants du patrimoine n’oublient jamais les étoiles. Après quelques happenings d’un orchestre mariachi ou d’une minute de visionnage dédiée au 1422 films des Frères Lumière, le roi de la soirée Mr Eddy, avant la première séance fait office de pasteur cinéphile et parraine la foule venue pour la grande messe du cinéma dans un karaoké géant et émouvant de sa chanson « La Dernière séance » sur le grand écran, avec de judicieuses illustrations en photos de films diffusés dans son émission culte qui permettait de voir les films de Boetticher, Fuller, Lang et Walsh entre autres en prime time sur une chaîne publique. L’ambiance est festive et heureuse, avant bientôt la première projection qui voit le jour après le noir avec le générique quadrillé en vert de Saul Bass entamant « North By Nortwest » sous la musique mythique de Bernard Hermann, frissons garantis dans la foule, nous voilà replongés avec bonheur dans le chef-d’œuvre « La Mort aux trousses » qui se terminera après 136 minutes de cinéma remarquable, sous une salve d’applaudissements nourris. Le Festival Lumière 2017, sans suspense vient de démarrer sous les meilleurs auspices ! A Lyon vive le cinéma ! Par Sebastien Boully

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Journal de bord 15-16/10 - Au

lieu d’un dimanche à la campagne je me rapproche de Tavernier, en débarquant de manière pacifiste pour investir l’Institut gorgée de Lumière voilà donc le programme alors que le soleil est loin de son zénith. Pourtant sous les arbres du magnifique parc entre le Hangar et le village du Festival tout le monde semble irradier. Certains investissent même les transats pour se laisser bronzer immobiles, sous les rayons, comme des cadavres. Exquis la visite de la librairie ou perles rares dvd et pépites littéraires sont entassés astucieusement dans des compartiments appropriés à s’enquérir de nombreuses trouvailles inédites. Un trésor d’Ali qui nous laisse Baba, bien avant la rencontre avec le Mann le soir même. En attendant direction le Hangar pour diffusion du documentaire « Five came back » relatant de façon passionnante en trois parties l’engagement d’Hollywood et notamment la trajectoire chaotique de 5 cinéastes américains majeurs (Capra, Ford, Huston, Wyler, Stevens) pour produire des films de propagande pour inciter l’armée américaine à entrer dans le conflit de la Seconde Guerre Mondiale pour ainsi combattre et vaincre le nazisme. Ce fascinant travail de Laurent Bouzereau en termes de recherches d’archives et de sélection d’extraits de films de ces activistes de la caméra est accompagné par des analyses de cinéastes contemporains , notamment Paul Greengrass , Steven Spielberg , Francis Ford Coppola et Guillermo del Toro, Lawrence Kasdan. Après un intermède boisson vers le studio de Radio Lumière où le maître Philippe Rouyer déploie sa verve, retour dans les sièges velours du Hangar où à chaque place une plaque dorée est anotée d’un nom de grand réalisateur diffusion en avant-première du Lion d’Or à La Mostra de Venise 2017 : “The Shape of water” présenté par Guillermo del Toro très heureux d’être à Lyon sous la lumière est bien rassasié de la bonne bouffe lyonnaise

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et rejoint en résistance par le compositeur de la bande originale du film Alexandre Desplat. Très belle avant-première du sensible conte romance adulte, parabole humaniste dotée d’une mise en scène virtuose élégante, par le biais d’un visuel sublime et d’un récit haletant. Poétique. Émouvant. Fascinant. On en reparlera longuement le 21 février 2018 lors de sa sortie en salles, un événement cinématographique de l’année prochaine salué par une salve d’applaudissements nourris qui ont fait vaciller le géant mexicain très ému de ce bruit chaleureux. Le soir tombe sur Lyon mais la chaleur est encore là, direction l’auditorium pour revoir Heat en director’s cut inédite sur grand écran précédé par une rencontre avec le super Mann. Mais là autre coup de chaud, perte de téléphone et soirée écourtée après le débat pour couper ma ligne avant qu’un braquage intime de mes données survienne pour rajouter au thriller manqué un rendez-vous plus dramatique encore. Lendemain matin qui tente de chanter un peu mieux avec nouvel appareil connecté dans la poche pour éviter toute chute ou autres désagréments pour première séance au Pathé Bellecour pour tenter de percer le « Mystère Clouzot » mis à l’honneur pendant ce Festival avec « Le Corbeau ». 93 minutes de film, un chef-d’œuvre classique, pas de fioritures, des dialogues ciselés, un dialogue ficelé, du très bel ouvrage à l’ancienne signé Clouzot, avec un suspense brillant, au pied de la lettre, où le coupable ne sera débusqué que dans les derniers instants sous une caméra astucieuse. La salle est conquise par tant d’intelligence cinématographique. Pour ne pas perdre mon sourire retrouvé après la piteuse mésaventure de la veille au soir, direction sous ce ciel qui ne connaît que le bleu, la Comédie Odéon pour assister à la Masterclass de Guillermo Del Toro avec de sublimes images du magnifique « The Shape of water » encore plein la tête. Dans les étoiles il y a celles qui se défilent et d’autres


comme Guillermo qui savourent le podium surplombant la foule acquise à sa folie monstrueuse et imaginative d’un cinéma de genre qui ne s’oublie pas. Pendant 1h15m interviewé par le journaliste de Canal Plus, Didier Allouch (particulièrement fan du réalisateur), l’artiste mexicain va en donner pour le show, et livrer une passionnante et personnelle Masterclass, en livrant pour débuter de pittoresques souvenirs d'enfance sous le joug catholique, emplis de savoureuses anecdotes suivi d’une pertinente vision de son œuvre iconoclaste et sur l'importance du formel dans le septième art. Un grand moment enthousiasmant.

Le cœur ragaillardi direction Cinéma Opera pour un Wu xia pan (film de sabre) et première séance de mon maître Wong Kar-wai pour revoir si « Les Cendres du temps » me procurent encore des braises. Magnifique et atypique long métrage, une impeccable projection de la version Redux redux dans ce cadre intime qui rappelle les vieux cinémas de quartiers chinois. En sortant de la salle et en partant vers une autre destination, comme l’un des héros du film « je sentais les larmes couler sur mes joues ». Émotions au rendez- vous, avant de me projeter dans le futur, et ma dernière séance de la journée, sans Mr Eddy Mitchell qui aura déjà filé à l’anglaise sans faire une dernière prière. 20h30, j’ai rendezvous avec une partie de moi, mais sans Elle…Séance du soir à nouveau au Cinéma Pathé Bellecour, en pensant à mon grand amour, pour revoir le sublime et déchirant "2046" du divin Wong Kar-wai. Dieu que la projection en copie 35mm fut somptueuse et a ébranlé une bonne partie du public, restant jusqu’à l’ultime seconde du générique de fin assez silencieux, la gorge encore nouée et ébaubi devant la splendeur de l’œuvre avant de se libérer avec les paumes de leurs mains vibrantes pour saluer cette œuvre foisonnante, étonnante et absolument bouleversante pour tous ceux qui ont déjà été confrontés aux affres de l’amour. Un chef-d’œuvre à fleur de maux. Les lumières de la salle se rallument, il se fait temps de rentrer. Sous le bitume de la ville j’emprunte les couloirs du métro lyonnais, afin de sortir de mon tunnel lacrymal vers Meyzieu, pour pleurer une dernière fois devant des photos aux murs investis par les films de Wong Kar wai, que les ambassadeurs cinéphiles de la ville ont disposé sur mon trajet retour. 3 jours sont déjà passés et comme l’indique l’un des intertitres au début de « 2046 » mes yeux reflètent avec adéquation cet adage : « Tout souvenir est baigné de larmes ».

17/10 - Pendant un festival, les nuits ressemblent

souvent à des courts métrages, chacun revoit dans sa chambre d’hôtel ou dans son logis d’accueil les rushs de la journée pour essayer de monter une critique ou un article reflétant au mieux les émotions mises en lumière au cours de sa journée de projection. Et on se projette déjà sur les écrans blancs du jour d’après. Sans catastrophe, malgré le peu de sommeil, je quitte Meyzieu bien ouvert pour goûter au silence du tram numéro 3 direction Comœdia pour une séance de « La Marée nocturne » (1961) une jolie pépite en Noir et blanc sauvée du naufrage de l’oubli par une restauration financée par le cinéphile Nicolas Winding Refn.

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Journal de bord Une projection en forme de magnifique romance tragique à la mise en scène élégante. Curtis Harington déploie un récit à la frontière du fantastique ressuscitant le mythe de la sirène interprétée par la magnétique Linda Dawson qui va envoûter le jeune et excellent Dennis Hopper. Un conte intrigant et désenchanté. À peine sorti des eaux troubles, balade rapide à travers les rues lyonnaises inondées par des rayons généreux en lumière, où le Festival Lumière se décline avec les affiches disséminées un peu partout sous le soleil exactement jusqu’à l’institut où l’on peut croiser régulièrement maître Philippe Rouyer journaliste conteur passionnant, généreux dans le partage, qui officie pour Radio Lumière, pendant toute la durée de l’événement pour nous faire vivre avec cœur les émotions cinémas au sein du village ouvert à tous. Ce qui frappe le plus, sans faire trop mal, c’est la proximité que le public peut avoir ici avec les metteurs en scène, comédiens, techniciens et célébrités du 7ème art, comme nul autre festival avec autant d’ampleur ne peut l’offrir aux spectateurs. 14h, le jingle de l’émission retentit, invité du jour Claude Lelouch un bel ambassadeur Lumière, revient « les yeux dans les yeux » sur son adolescence, ses débuts de cinéaste, ses futurs projets et sa caractéristique fil conducteur de ses films en matière de mise en scène : « J'aimerais un jour que l'on dise de moi que je suis le réalisateur de la spontanéité », trente minutes d’entretien dense empli de beaux moments d'amour du cinéma. Mon cœur fait « Da ba da ba da, ba da ba da ba », mais direction place Bellecour et non Deauville pour rencontrer « Bob le flambeur » premier polar de JeanPierre Melville. Une découverte du patrimoine comme cet événement en offre par dizaines. Bonheur de ces projections-là. Un long métrage prometteur sorte de genèse du fameux thriller « Le Cercle rouge » (1970). Un atypique portrait d'un braqueur rongé par la passion du jeu avec une mise en scène soignée atmosphérique illustrant un récit au ton décalé avec même la voix off de Jean-Pierre Melville lui-même. Humain. Plaisant. La nuit tombe doucement sur Lyon, le ciel devient bleu nuit et les ponts s’illuminent comme des bougies me montrant la route vers l’Astoria du groupe UGC pour l’ultime séance du soir en compagnie de « La Prisonnière » (1968) projetée dans le cadre de la rétrospective « Le mystère Clouzot » conçue et restaurée spécialement pour le Festival Lumière. Cette ultime projection du jour pendant la nuit, m’aventure vers une troublante descente aux enfers de la soumission et des affres des jeux de l'amour. Pour son premier et ultime film en couleur Henri-Georges Clouzot nous gratifie d’une mise en scène audacieuse avec une recherche formelle absolument étonnante d’avant-gardisme pour déployer un récit captivant incarné avec conviction par l’immense Laurent Terzieff et la magnétique Danny Carel. Une histoire sulfureuse teintée d’érotisme, brillante, audacieuse et prenante. Le cœur cinéphile joyeux, je rentre en pensant à François Truffaut, pour ne pas louper le dernier métro.

18/10

- Mi-parcours, la fatigue

commence à se faire sentir avant de se remettre en selle de bon matin. Je grimpe malgré tout, dans mon cheval de fer, direction la Monument Valley pour m’offrir mon premier western classique sélectionné par Bertrand Tavernier. Et je commence Ford ! En effet comme moi dans les couloirs du métro pour ne pas arriver en retard à la projection de 11h, je m’octroie « La Poursuite infernale » (1946). Arrivé un peu essoufflé après mon galop

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d’essai, la lumière s’éclipse, l’écran s’allume et un mythique générique salue d’entrée mon effort, le réconfort s’impose d’emblée par l’image. Magnifique western sur légendes de l'Ouest, Wyatt Earp et Doc Holiday, qui offrent une certaine idée de l’Amérique. La mise en scène s’avère virtuose plus de 70 ans après au milieu des décors naturels superbement photographiés, avec des scènes de poursuites à cheval ou en diligence absolument époustouflantes drapées dans un Noir & Blanc très élégant,


pour décliner une narration classique avec les excellents Henry Fonda et Victor Mature. Magistral. Une séance coup d’éperon salutaire avant un rendez-vous avec « L’enfer » (1964) film inachevé d’HenriGeorges Clouzot à la suite d’un infarctus parachevant le projet qui partait à la dérive à la suite du départ de l’acteur principal Serge Reggiani dû à la fièvre de Malte, et à une dépression et des excès de folie du metteur en scène. Pour en savoir plus sur ce film jamais qui a mordu la poussière, direction la salle sous l’immense Musée Lumière en compagnie de Serge Bromberg, le réalisateur du documentaire sorti en 2009 « L’enfer de HenriGeorges Clouzot ». Une page de l’Histoire du cinéma français se dévoile sous mes yeux sidérés. L’historien Bromberg tel un détective privé, a été retrouvé dans les archives nationales cinématographiques des tonnes de séquences filmées, d’images totalement inconnues et diverses expériences visuelles du tournage. Agrémenté par de nombreuses interventions des techniciens travaillant sur ce projet à « budget illimité » offert par la Columbia, on assiste à des plans retrouvés totalement fascinants. Le récit pédagogique démontre avec clairvoyance le désastre inévitable de ce long métrage sur les errances créatrices et les névroses de Clouzot donnant de jour en jour à ce tournage un destin cauchemardesque. L’émotion est aussi très vive de découvrir Romy Schneider ensorcelante de beauté, à travers des séquences inédites, envoûtantes et la souffrance de Serge Reggiani, obligé de subir les exigences inhumaines du metteur en scène avant de jeter l’éponge pour ne pas sombrer. Un trésor de documentaire édifiant. Pour me remettre de ces émotions, j’effectue un petit tour au village, jadis gaulois, pour me délecter en compagnie

d’un « Tonton flingueur » de la critique du « Monde » autour d’un jus de pomme, où il n’y avait en l’occurrence que de la pomme ! Cet instant fraîcheur permet de me rasséréner, avant une rencontre émouvante avec l’icône de Jean-Luc Godard, la célèbre Anna Karina venue présenter en personne la comédie « Une femme est une femme » sortie en 1961 pour laquelle elle obtient la récompense de la Meilleure actrice au Festival de Berlin la même année. Une délicieuse redécouverte sur le grand écran Lumière. Une Impertinente tragicomédie avec triangle amoureux enveloppée par une mise en scène pop inventive colorée, qui casse de nombreux codes du langage cinématographique. Un long métrage où Godard s’amuse avec un récit constamment en ruptures de tons, avec de multiples références artistiques et la présence divine d’Anna Karina bien accompagnée par deux lascars espiègles : JeanClaude Brialy et l’inimitable Jean-Paul Belmondo. Pétillant comme du champagne ! L’esprit léger et dansant, le bitume de Bellecour glisse sous mes pieds avant de faire des claquettes dans l’escalator qui me conduit avec excitation vers le ciel dans la grande salle du Pathé pour

faire à nouveau des "Rencontres du troisième type" (1977) (en version director's cut). Le jingle du Festival Lumière se déploie sur la toile comme avant toutes les séances, en résonnant des notes instrumentales de « Piensa en mi » tout droit sortis de « Talons aiguilles » (1991) de Pedro Almodovar. Chaque fois le même frisson, une magnifique mise en condition. Après la poussière de la Monument Valley tôt ce matin d’entrée de film je retrouve la poussière du côté du Mexique, en introduction du Steven Spielberg. Comme l’enfant que j’étais lors de mon premier visionnage en peu de séquences je retrouve mon âme d’enfant devant ce conte fantastique fascinant, à la mise en scène soignée pour illustrer un récit bien construit aux effets spéciaux judicieux pour l’époque. Quarante ans après sa sortie, la salle vibre et retrouve un plaisir particulier devant ce long métrage un peu naïf mais avec une toile de fond moins solaire que les rayons extraterrestres peuvent aveugler une histoire parfois plus sombre. Il en résulte une œuvre magique, humain et touchante. Une référence du cinéma de Science-fiction.

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19/10 - Réveil délicat en version

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cinémascope, les yeux mi-clos, ma tête opère un travelling sur la gauche pour constater les dégâts dans une glace sous une lumière tamisée qui ne m’arrange pas le tableau. Je me rends me voilà cerné ! Pas d’arrestation en vue, le Festival continue et je file vers la gare pour défier d’autres stations. Le programme suffit à me remettre en route du bon pied à défaut de bon œil. Première séance avec un magnifique classique de l’immense Vittorio de Sica « La Ciociara » (1961). Une émouvante chronique en forme de portrait de l’Italie pendant la Seconde Guerre mondiale en 43. Le réalisateur adapte un roman d’Alberto Moravia par le biais d’une mise en scène néoréaliste. Le cinéaste mise sur un récit sensible assez convenu, faisant confiance très largement à la magistrale Sophia Loren (récompensée par le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 1961 et Oscar 1962 de la Meilleure actrice pour ce rôle) pour porter presqu’à elle seule le film. Une œuvre poignante. A peine remis de mes émotions, tristesse d’apprendre dernier « Battement de cœur » de la magnifique étoile, Danielle Darrieux (qui venait de fêter ses 100ans), toujours simple et gracieuse…Seul le cinéma

rend nos héros du grand écran immortels. Je file au village, retrouver l’inimitable conteur Bertrand Tavernier, pour écouter la passionnante émission «Les yeux dans les yeux» pilotée de main de maître par le journaliste Philippe Rouyer où il évoque ses voyages cinématographiques au cœur du patrimoine français à l’occasion des projections de ces huit nouveaux épisodes documentaires d’analyses, de réhabilitations et de partages de passion sur des cinéastes parfois tombés dans l’oubli où d’autres luttant clandestinement pour filmer malgré la Seconde Guerre mondiale notamment. Après cette brillante Masterclass du régional du Festival, prochaine étape Comédie Odéon pour partir à la rencontre d’une légende vivante du cinéma américain William Friedkin. L’un des grands rendez-vous de ce Festival dont l’octogénaire très en verve entièrement vêtu en noir ne loupe pas. Quasiment debout pendant plus d’une heure trente, le cinéaste américain évoque d’abord : « Naissance d’une nation, Citizen Kane et A bout de souffle. Ces trois films ont marqué un tournant dans l’Histoire du cinéma ». La salle boit ses paroles et le silence se fait totalement lorsqu’il évoque avec la voix tremblante avec précisions le jour où il a assisté

à l’exécution d’un homme sur chaise électrique. Intenses moments d’émotions. Le reste sera plus classique mais tout aussi intéressant avec évocation de coulisses et d’anecdotes de tournages assez savoureuses. L’horloge tourne et pour être à l’heure à la future séance, je m’éclipse discrètement avant la fin de la brillante intervention pour l’attendre venir nous présenter lui-même le film projeté dans l’institut où cette fois me voilà assis entre les plaques dorées François Truffaut et Stanley Kubrick. Me voilà bien encadré, après avoir découvert ce matin que j’étais


bien cerné, ici rien ne me laisse de glace. Debout pour accueillir à nouveau, l’homme en noir qui aime souvent remonter son pantalon, il nous embarque en prenant les commandes de « Sorcerer ». Les mains bien accrochées aux accoudoirs c’est parti pour 120 minutes hallucinantes de cinéma, un road trip cruel, une aventure démentielle au cœur des ténèbres et à la frontière de la folie. Le réalisateur livre un récit sombre, violent, mystique, amoral, haletant, avec des scènes d’actions d’anthologies au suspense sidérant et avec une tension ahurissante (la scène où les bahuts doivent traverser un pont défoncé et suspendu au-dessus du torrent, sous un déluge dantesque), et scotche le spectateur par un esthétisme à couper le souffle, renforcé par la musique envoûtante de Tangerine Dreams qui rajoute à l’angoisse. Une œuvre vertigineuse portée par des compositions d’acteurs totalement habités par leur rôle (mention spéciale à un Bruno Crémer touchant et volontaire et à un surprenant Roy Scheider au jeu totalement dingue) qui font de ce film maudit, comme les héros de cette histoire, nihiliste, un joyau cinématographique à réévaluer et à redécouvrir de toute urgence ! Un monument définitivement culte, sensationnel et stupéfiant. A peine sorti de l’enfer de cette jungle d’Amérique du sud, direction même lieu et même zone géographique pour le prochain film m’emmenant en Argentine avec l’émouvant tango amoureux «Happy Together» du maître Wong Kar-Wai. Malgré le nombre de visions l’émotion est toujours au rendez-vous avec cette romance chaotique rythmée par la musique de Piazzolla où la guitare de Frank Zappa et la caméra vertigineuse et envoutante (Prix de la mise en scène Cannes 1997) qui nous emmène jusqu’au bout du monde pour panser les chagrins. De terre neuve aujourd’hui, je n’en ai foulé aucune, mais poser mes pieds dans des marques où j’avais déjà laissé mon cœur m’a engendré une ivresse cinématographique exaltante. Car revoir de véritables petits bijoux polis, restaurés par des orfèvres du nettoyage, puis remis en Lumière lors de ce festival cinéphile, ça n’a pas de prix…

20/10

- Certaines fois dans la

vie on se réveille le matin et l’on ne sait pas encore que l’on va vivre l’une des plus belles journées de sa vie et quelquefois dans d’autres cas l’on sait par avance que cette journée sera gravée éternellement dans une existence. Ce 20 Octobre 2017, je me lève les yeux étoilés en sachant que je vais réaliser mon rêve cinéphile de toute une vie : rencontrer l’esthète et orfèvre asiatique du cinéma contemporain, the grandmaster Wong KarWai. Mon maître de cinéma depuis presque trente ans. En attendant ce moment magique, en ce jour du centenaire de Jean-Pierre Melville (réalisateur qui a beaucoup inspiré le cinéma asiatique) direction le Cinéma Comœdia pour revoir avec bonheur les hommes en mode caïd, porter le chapeau dans Le Doulos (1962). Un prenant

polar noir, mis en scène de façon extrêmement brillante avec longues séquences, un récit complexe avec fausses pistes et bon suspens, rythmé par des dialogues très bien écrits. Le long métrage bénéficie également d’une superbe photographie Noir & Blanc et des épatants Serge Reggiani et Jean-Paul Belmondo dans les rôles principaux. Captivant. Une référence du film noir qui a influencé notamment Reservoir Dogs (1992) de Quentin Tarantino. Mes pas fébriles et mon âme bien émue me dirigent ensuite vers le rendez-vous tant attendu fixé à l’intérieur du magnifique Théâtre des Célestins qui a célébré plus de 200 ans d’art dramatique. En maître confesseur Thierry Frémaux (délégué général du Festival Lumière) pour animer cette grande messe de cinéma (là où jadis il y avait un couvent) avec un Wong Kar-Wai à l’allure

décontractée pendant plus de 90 minutes, avec quelques minutes d’arrêts de jeux. Dès le début de la première période après remerciements : «Je suis très honoré d'être dans la ville où le cinéma a été inventé » et round d’observation où l’interviewer confie « Il était important de ne pas attendre, de dire à Wong Kar-Wai qu'il avait déjà laissé une trace dans l'histoire du cinéma. » Puis la rencontre devient plus intime dans ce stade couvert à l’ambiance feutrée, et le cinéaste se livre : «Je dois tout à ma mère. Elle compensait notre solitude à Hong Kong par le cinéma. Elle a fait mon éducation.» Un échange studieux dans une belle ambiance où l’artiste évoque sa manière de travailler et livre quelques détails significatifs sur sa manière d’improviser parfois en réécrivant chaque matin une nouvelle structure scénaristique

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où d’autres dialogues : « Il m'est arrivé de supprimer le dialogue de Maggie Cheung parce que ses gestes son corps étaient plus évocateurs » confie-t-il par exemple. Plus tard Wong Kar-Wai émet la possibilité d'un Grandmaster non pas dans une version longue mais dans un format différent et son avenir dans le cinéma en précisant que son envie était toujours la même de faire des longs métrages en essayant de faire toujours le mieux possible ce qui demande du temps. L’arbitre Frémaux regarde son chronomètre et sans sifflet dans la bouche indique quand même la fin du temps réglementaire. La discussion fut riche et mes yeux flashent les derniers instants pour en garder une trace prégnante jusqu’au bout de ma vie. A peine sorti du théâtre je croise Thierry Frémaux enfourchant son célèbre vélo pour rejoindre une autre présentation et réviser ses fiches pour une soirée riche en émotions. Moi le cœur emballé, je marche tête en l’air longeant le Rhône pour une longue balade sur les quais aux couleurs automnales qui me conduisent jusqu’au Parc de la

Tête d’Or où je dois rejoindre l’amphithéâtre du centre des congrès pour la cérémonie de Remise du prestigieux Prix Lumière, la plus belle récompense mondiale décernée en matière de cinématographie. « Mettre à l’honneur Wong Kar-Wai cette année avec le Prix Nobel de cinéma était une évidence pour Bertrand et moi » rappelle dès l’ouverture de la soirée Thierry Frémaux après le défilé de nombreux invités artistiques venus saluer le réalisateur hongkongais. Hommage au cinéaste virtuose de l’image, esthète dans l’âme, avec son cinéma élégiaque, raffiné et sensuel, moderne et intemporel sous la forme d’un long clip retraçant longuement toutes ses œuvres envoûtantes, se terminant par notifications 10 films 10 classiques, 10 éblouissements et un tonnerre d’applaudissements faisant vibrer les sièges de l’Amphithéâtre. La fête des images continue avec un montage cadeau de séquences de travail offert par le célèbre chef opérateur Christopher Doyle (particulièrement éméché au sens propre comme au

sens figuré) provenant des nombreux tournages communs avec le cinéaste accompagné par une chanson de Françoise Hardy. Restons dans la chanson avec Camélia Jordana venue interpréter a capella le fameux Quizas, Quizas qui résonne dans In the mood for love avant que la violoncelliste Sonia WiederAtherton s’empare quelques minutes après de la scène en reprenant le bouleversant thème musical récurrent dans ce même film. Moment émouvant. Puis de façon plus solennelle et fragile succède un long hommage ému et admiratif, notes à la main, du réalisateur Olivier Assayas à son ami et inspirateur artistique insistant sur le fait que Wong Kar-Wai est un grand poète. Arrive le moment tant attendu de la Remise du Prix avec le discours délicieux de Bertrand Tavernier (résident de l’Institut Lumière) en guise d’introduction indiquant : « Il faut partir du cœur. Car le cœur bat dans tous les films de Wong Kar-Wai.» Un hommage vibrant et élogieux du conteur Tavernier, un éloge passionné et poignant salué par une assistance conquise et enthousiasmée par ces mots.


Le cinéaste hongkongais rejoint la scène et remercie avec sensibilité cet honneur avant de fendre sa carapace de timidité symbolisée par ces lunettes noires fumées qu’il ne quitte jamais pour livrer des mots émouvants adressés à Esther (sa femme) en indiquant que dans chaque personnage féminin de tous ces films il y avait une partie d’elle, sa muse et son amour qu’il invite à rejoindre la

scène pour qu’elle soit honorée avec lui. Torrents d’amour sur le Festival Lumière alors qu’Isabelle Adjani mystérieuse et botoxée vient de lui remettre le morceau de bois si précieux où le nom gravé de Wong KarWai, emmène le couple vers les étoiles. Heureux et émus, côte à côte ils laissent éclater leur grand bonheur et s’amusent en écoutant une reprise de Happy Together par le groupe Mr Day

! Pour le plus grand plaisir du couple salué une dernière fois par une formidable et longe standing ovation. Ce soir Les Anges déchus sont derrière eux... Moi ce soir, je me sens particulièrement In The mood for love après cette journée d’effusions et de fusions, en pensant à ma muse qui va me rejoindre demain dans cette ville où a été inventé le cinéma. Happy Together…

21/10 - Le jour d’après… Se réveiller l’âme encore

alors que les figurants dont certains acteurs (Sami Bouajila, Emmanuelle Devos…) et réalisateurs (Bertrand Tavernier, Jean Becker, Anne le Ny…) se pressent au son de la voix de leur maître d’un jour Wong KarWai. Au bout de quelques prises, aidé par son chef opérateur de toujours Christopher Doyle, le réalisateur pose un regard inédit en jouant avec les portes métalliques à l’entrée du hangar en les ouvrant puis en les fermant grâce au gardien Sami Bouajila après le passage des « ouvriers d’un jour »…Amusé par ce tournage le metteur en scène se faufile entre la foule, pour aller avec simplicité, découvrir derrière un foulard rouge en tirant sur un ficelle sa superbe plaque dorée avec inscrits son nom et son Prix Lumière 2017. Le bonheur s’inscrit sur son visage de faire à présent partie de ce mur recouvert de plaques rectangulaires aux

chavirée par le tsunami d’émotions de la veille, et commencer à se dire avec un peu de blues dans les pensées que la fin de ce Festival de rêve approche pour n’être bientôt plus qu’un souvenir. Comme ceux de l’importante brocante installée depuis ce matin rue du premier film où les exposants comme sur un marché étalent leur divers appareils photographique ou cinématographiques, au milieu de vendeurs d’asnciennes affiches ou de dvd d’occasions. Moi je chine pas loin vers Wong Kar-Wai. Comme de tradition le Prix Lumière dirige un film en hommage au premier film des frères Lumière en mettant en scène un nouveau court métrage d’une cinquantaine de secondes de la Sortie D’usine. Les badauds s’agglutinent noms prestigieux. Seul le ciel fu et des nombreuses écoles se couvre de façon dangereuse qui composent cet art martial avant de pénétrer à nouveau empli d’une philosophie de vie. dans l’institut Lumière pour Un portrait intime du maître rejoindre « La vallée de la peur » Ip Man accompagné d’une (1947). Ce western atypique passionnante page d’histoire sur la famille mise davantage de la Chine. La mise en scène sur le psychologique que époustouflante laisse ébaubi sur l’action optant pour une pendant deux heures, où les mise en scène brillante aux séquences deviennent des mouvements de caméra sobres. tableaux, ponctuées de scènes Le récit complexe mais limpide de combats étourdissantes, se décline comme un polar de sublimées par une somptueuse façon inéluctable, soutenu par photographie et une partition une superbe photographie Noir musicale lyrique. Une romance & Blanc et un excellent Robert d’arts martiaux qui s’articule Mitchum qui tente de s’affranchir autour de l’impérial Tony d’un lourd passé. Intrigante Leung et l’émouvant Zhang Ziyi et tragique, une œuvre à très convaincants dans cette redécouvrir. Une traversée (non histoire d’amour « impossible » pas de Paris) mais de Lyon, ou platonique, suivant. Épique. m’emmène ensuite près du Romantique. Flamboyant. Le magnifique et étendu Parc de public ne s’y trompe pas et la Tête d’Or pour une dernière applaudit à la fin du générique séance plaisir du jour de revoir le pour saluer à nouveau, comme il magistral The Grandmaster. Une se doit ce véritable Grandmaster fresque esthétique vertigineuse du cinéma. Vivement dimanche… sur l’art et l’esprit du Kung

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- Dernier jour dans le lieu de naissance du cinématographe. 122 ans après la première projection et le premier film de l’Histoire du cinéma, le cœur de Lyon a encore prouvé à quel point le 7ème art ne trouve aucune résonnance équivalente qu’au sein de la capitale des Gaules. Dernière séance en mode Mr Eddy en allant revoir sur grand écran et en pellicule 35mm du western L’étrange incident (1943) de William A. Wellman. Une œuvre dépouillée, sans fioriture, d’une grande maîtrise formelle, décrivant la nature hystérique des Hommes prêt à s’adonner au lynchage collectif sans preuve d’une culpabilité irréfutable. Un brûlot sec, véritable plaidoyer en faveur de la présomption d’innocence. Une narration implacable où la rédemption est impossible. L’auscultation des lâchetés humaines a rarement atteint une aussi grande acuité et chaque rôle sert l’intelligente démonstration concise, aussi bien dans la durée, dans l’unité de temps et de lieu. Une série B tendue et diablement efficace ou le jeune Henry Fonda trouve un personnage ambigu à la mesure de son talent naissant. A noter une scène finale à la dimension morale absolument déchirante. A découvrir ou redécouvrir à l’aune de nos sociétés modernes où les lynchages deviennent monnaie courante que cela soit dans les journaux ou dans les réseaux sociaux avec la potence mise en avant bien trop souvent de manière affective et sans raisonnement. Après cette leçon salutaire retour sur les quais du Rhône aux

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couleurs de l’Automne, où les arbres s’enracinent donnant au décor de magnifiques touches mélancoliques fusionnant avec mon âme en partance vers la Halle Tony Garnier pour assister avec émotions à la cérémonie de clôture pour fêter une dernière fois le magicien de l’image : Wong Kar-Wai. 17 heures, le maître de cérémonie Thierry Frémaux annonce le succès colossal de cette neuvième édition ayant un taux de remplissage des séances ayant atteint 92%, un record pour le Festival Lumière. L’esprit en fête nous revoyons dans un long clip de près de 8 minutes tous les films diffusés lors de près de 400 séances lors de la durée de l’évènement. Le résumé s’avère vertigineux quant à la quantité et qualité de la programmation des films, des Masterclass, des restaurations, grandes projections etc… Puis pour honorer une ultime fois le réalisateur hongkongais un magnifique montage de toutes ses œuvres embelli le grand écran de la salle dans une farandole d’images toutes plus fascinantes et émouvantes les unes que les autres avec une partition musicale rappelant la présence indispensable et toujours à bon escient des choix musicaux dans les fictions intemporelles de Wong Kar-Wai. La foule cette après-midi participe en se laissant aller à des jeux de paumes de mains aux rythmes des différentes références musicales, laissant éclater sa joie sur le célèbre titre Happy Together utilisé dans le film au titre éponyme du metteur en scène asiatique. Après cet hommage vibrant Thierry Frémaux invite le réalisateur à rejoindre la scène aux côtés du président de l’Institut Bertrand Tavernier pour conclure cette folle semaine par quelques mots. A l’évocation de sa femme celle-ci heureuse de vivre ce grand moment auprès de son mari décide de venir à son tour sur les planches, et Wong Kar-Wai de manière galante et extrêmement touchante va audevant de sa muse pour l’accueillir sur la scène avec pudeur et beaucoup d’amour. Un geste d’une élégance et délicatesse qui relie l’homme à l’essence même de ses films si précieux. En une attitude, l’homme et l’artiste réunis en une seule personne, dans tout ce qu’elle a de plus grand et de sincère. Dernières standing ovation et applaudissements nourris, avant que la lumière s’éteigne et laisse place en avant-première mondiale de la version remasterisée et supervisée par l’artiste luimême du majestueux In the mood for love. Un chamboulement s’opère en moi de vivre cette séance magique assis main dans la main avec mon âme sœur près de moi. Les images se subliment les unes après les autres et les superbes arpèges déclinent une valse de l’amour impossible qui chavire mon corps d’émotions lacrymales. La restauration donne à cet écrin vieux de 17 ans un magistral éblouissement où les couleurs des robes s’entrechoquent aux maux pour une magnificence de tous les sens. Interdit ou amour impossible, une mélopée dramatique épurée d’un raffinement exquis à la précision du cadre remarquable. Les sentiments amoureux sont suggérés ou exprimés à demi-mots par une mise en scène raffinée. Subtil, mélancolique et bouleversant. Le cœur chaviré une dernière fois par les arpèges magiques du Yumeji’s Thème de Shigeru Umebayashi accompagnant les affres amoureux tout au long du film et qui clôture le film et ce Festival Lumière avec des émotions qui resteront indélébiles. Merci pour tout Mr Wong Kar-Wai, grâce à vous j’ai vécu neuf jours In the mood for love of cinema. This is the end my friends…

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Séries tv

INSTANT

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SÉRIES

PAR JONATHAN CHEVRIER

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Séries tv

Stranger things Saison 2

Plus qu’un simple hommage appuyé au cinéma béni des 80’s faisant méchamment vibrer notre fibre nostalgique, Stranger Things était surtout un savoureux petit bijou de série addictive, une belle gourmandise qu’il nous était si facile d’engloutir en deux temps, trois mouvements. Reprenant tous les codes visuels, sonores et narratifs des films cultes de l’époque, s’attachant à une bande de gosses aussi finement croqués qu’empathiques (magnifiée par la révélation Millie Bobby Brown); le show nous faisait revivre ce frisson incroyable, ce « je ne sais quoi « enthousiasmant que l’on pouvait avoir à la vision des Goonies, de E.T. ou même Stand By Me. Presque un an et demi plus tard, et de retour pile poil pour un Halloween qui n’aurait pas été pareil sans elle, Stranger Things nous ramène dans les rues pas si tranquille de la petite ville d’Hawkins pour une seconde salve d’épisodes jouant pleinement la carte du bigger and better, tout en gardant l’essence même qui faisait le charme enivrant de la première saison : un amour inconditionnel autant pour les années 80 que pour ses personnages. Et si la première cuvée s’amusait clairement de son côté montagnes russes à la sauce multigénérationnelle (les adultes, les ados, les enfants), la seconde enfonce le clou en incarnant un parfait remake de son ainée, comblant ses lacunes tout en transcendant avec une générosité incroyable, ses nombreuses qualités. Clôturant intelligemment l’intrigue des premiers épisodes (le laboratoire est fermé, le portail également et Barb est enfin vengée !), tout en développant majestueusement la mythologie du show encore plus imposantes aujourd’hui, Stranger Things 2 s’offre une intrigue mère autant sérieuse que solide (exit l’effet de surprise et la présentation des personnages, les Duffer rentrent tout de suite dans le vif du sujet), rythmée au cordeau avec un suspens intelligemment ménagé (l’avantage d’un épisode en plus) et un développement des personnages très malin : les Duffer séparent tout le petit groupe pour mieux les réunir dans un final absolument dantesque. Visuellement impressionnant (le season premiere annonce tout de suite la couleur), mis en boîte avec maîtrise, référencée à mort (Silent Hill, X-Men, Gremlins, Jurassic Park, SOS Fantômes,...), la saison 2 prend son temps pour démarrer (trop peut-être) et affirme sans faillir sa filiation évidente aux Aliens, le Retour de James Cameron (jusque dans la présence du génial Paul Reiser au casting), dont les coups de projecteurs évidents à son égard sont la preuve d’une révérence aussi amusée qu’habile (comme Tarantino, les Duffer regurgitent avec respect et malice leur cinéphilie). Dommage en revanche, que les nouveaux personnages (Max et Bob/Sean Astin) peinent à vraiment s’intégrer au récit, idem pour quelques sous-intrigues expédiées à la va-vite (la love story d’une Joyce toujours aussi agaçante à suivre, celle de Dustin et le bébé Demogorgon : Dart), même si celle concernant Eight/Kali, laisse présager que le show en a décemment dans les baskets pour nous offrir une saison 3 encore plus imposante. Dans l’état, que les fans se rassurent, la saison 2 est carrément plus addictive et réussie que la précédente. La miraculeuse série des frangins Duffer n’a pas perdu une once de sa magie, et il est déjà très, très dur de devoir attendre la suite...

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Mindhunter Saison 1

Fincher, thriller, serial killer... impossible de ne pas penser aux emblématiques Se7en et Zodiac, deux des péloches les plus imposantes du genre, tout aussi diamétralement opposées qu’incroyablement fascinantes. Alors quand le génial cinéaste décide de se lancer à nouveau - et pour la première fois sur le petit écran - dans la traque de prédateurs d’un tout autre calibre et d’observer au plus près l’avènement des pionniers du profilage, le tout sous la houlette de Netflix : on prend le temps d’encaisser la bonne nouvelle et on fait du show l’une de nos priorités du moment. Véritable bijou obsédant et sophistiqué au feeling très documentaire, qui assume pleinement - à l’instar de Zodiac - sa volonté de retrouver l’esprit et le rythme des films d’enquêtes des 70’s (tout en évitant avec brio la reconstitution d’époque sans saveur), Mindhunter est un thriller clinique qui suit l’intimité troublante d’une poignée de flics anxieux et dépassés par la violence perverse et imprévisible d’une criminalité de plus en plus barbare, macabrement hantée par les spectres tutélaires Ted Bundy, Charles Manson ou encore John Wayne Gacy. Victimes indirectes de cette face sombre de l’humanité dont ils osent questionner frontalement le fondement - on ne naît décemment pas serial killer, on le devient - Holden Ford et Bill Tench (Jonathan Groff et Holt McCallany, parfaits) cherchent à comprendre des tueurs psychopathes dont l’aura reste toujours aussi fascinante; tout en sondant avec ténacité l’être humain en tant qu’animal social froid et extrêmement dangereux. Fincherienne en diable - et le mot est faible -, d’une densité hors normes, muée par un soucis de réalisme à la rigueur étonnante (comme Zodiac, c’est savoureusement et volontairement long, banal et répétitif, avec une indécente obsession du détail à la limite du fétichisme) et portée par un casting impeccable (Hannah Gross et Anna Torv); la première saison de Mindhunter est un authentique diamant noir, rude et passionnant. Les fans du papa de The Social Network ont trouvé un nouvel objet de culte... en attendant World War Z2?

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Sorties dvd

Pirates des Caraïbes : La Un Profil pour Deux Vengeance de Salazar de Stéphane Robellin de Joachim Roenning et - sortie le 04 octobre Espen Sandberg 2017 sortie le 01 octobre 2017 “ Un Profil pour deux ou une touchante et « Jouissif, Pirates des amusante comédie de Caraïbes : La Vengeance boulevard sur l’amour de Salazar revient aux au troisième âge, portée sources magiques de par l’inestimable Pierre la saga pour mieux Richard ” incarner un blockbuster cartoonesque, fun et décomplexé. »

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Marie-Francine de Valérie Lemercier sortie le 04 octobre 2017

Message From The King de Fabrice Du Welz sortie le 07 octobre 2017

“Gentiment barrée, cynique et d’une tendresse folle, MarieFrancine est une brillante romcom portée par le pétillant couple Patrick Timsit/Valérie Lemercier ”

“ Pur vigilante flick tout droit sortie des 70’s, aussi violent qu’efficace, Message From The King est une série B burnée comme on les aime ”

The Jane Doe Identity de André Øvredal - sortie le 04 octobre 2017 “ The Jane Doe Identity ou une surprenante petite série B horrifique, inventive et franchement bien foutue, aussi gore et tendue que flippante ”

Le Serpent aux Mille Coupures d’Eric Valette - sortie le 04 octobre 2017 “ Solide polar tourné à la dure, Le Serpent aux Mille Coupures ne se mord jamais la queue et incarne une série B aussi solide que prenante ”

The Wall de Doug Liman - sortie le 07 octobre 2017

HHhH de Cédric Jimenez - sortie le 10 octobre 2017

“ Viscéral et intense, The Wall est un huis clos en plein air prenant, bouillant et dépouillé, porté par un formidable Aaron Taylor-Johnson ”

“ Choc frontal aussi douloureux qu’il est poignant, HHhH est un thriller clinique, cauchemardesque et fascinant, porté par un casting impliqué ”


K.O. - Bleed For This de Ben Younger - sortie le 11 octobre 2017

Ce qui nous Lie de Cédric Klapisch - sortie le 17 octobre 2017

La Momie d’Alex Kurtzman - sortie le 24 octobre 2017

“ Classique true story sur un boxeur lointain cousin de Rocky Balboa, Bleed For This est un biopic prenant magnifié par un Miles Teller habité ”

“ Quand Cédric Klapisch nous parle de la vie dans ce qu’elle a de plus beau et vrai, cela donne Ce qui nous Lie, un feel good movie frais et léger qui va droit au coeur ”

“ La Momie ou un blockbuster old school, spectaculaire mais furieusement bancal, tronqué par un script faiblard et une esthétique fadasse ”

Everything, Everything de Stella Meghie sortie le 25 octobre 2017

Wonder Woman de The Last Girl - Celle Patty Jenkins - sortie qui a tous les dons en salles le 30 octobre de Colm McCarthy 2017 sortie le 02 novembre 2017 “ Wonder Woman, outre être un blockbuster “ Même s’il est (trop férocement épique, ?) référencé, The Last lumineux et grisant, est Girl est un envoûtant de loin la meilleure origin thriller/drame qui story de DC depuis détonne par son longtemps ” approche originale du film de zombies ”

“ Everything, Everything ou un excellent teen movie, une petite bulle de romantisme enchanteresse sur l’éveil à l’amour au casting convaincant ”

Baywatch : Alerte à Malibu de Seth Gordon - sortie le 24 octobre 2017 “ Buddy movie ciblé sous la ceinture, Baywatch - Alerte à Malibu est une potacherie totalement assumée et décomplexée, au casting déchaîné ”

Tunnel de Kim Seonghoon - sortie le 07 novembre 2017 “ Divertissement total grisant et prenant, Tunnel ou un joli morceau de bravoure sur une histoire de survie aussi malicieuse que réaliste ”

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Let’s play

PAR JULIE RAGOT

Ah le cinéma... le Septieme Art... cet Art qui fascine et qui divise depuis des décennies et qui fait l’objet de nombreux articles ou magazines, dont celui-ci dorénavant. Vous avez parcouru quelques pages avant d’arriver à la mienne et après avoir lu des critiques, des coups de cœur et j’en passe vous allez rentrer dans le côté obscur de Désolé j’ai ciné. Et oui il faut de tout pour faire un monde et il fallait donc de tout pour faire ce magazine. Dont des gens qui n’aiment pas le cinéma, dont moi. Un peu paradoxal non ? Car oui moi je suis plus passionnée par la télévision, plus petit écran que grand écran, plus Nikos Aliagas que Kirk Douglas, plus Jimmy Fallon que James Cameron, plus Daphné Burki que Monica Bellucci, plus Yann Barthes que Nicolas Cage, bref vous m’avez compris. Et pourtant vous allez pouvoir lire des critiques du cinéma par quelqu’un qui n’aime pas le cinéma, qui n’y va jamais et qui voit un film tous les 32 du mois. Alors rassurez vous je ne serai pas là uniquement pour exposer mon aversion pour le milieu cinématographique. Je serai aussi présente pour vous divertir entre deux analyses grâce à des jeux ! Car oui on sait s’amuser ici. Et un magazine sans jeux, ce n’est pas un magazine. Justice League oblige, il est l’heure d’activer vos neurones avec ce mots croisés spécial DC Comics. Saurezvous retrouver tous ces mots ?

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Arrow Batman Burton Catwoman Dark Night Flash Gotham Green Lantern Joker Krypton Nolan Quinn Reeve Robin Smallville Sombre Squad Superman Warner Bros Wheeler-Nicholson


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