Stage Première Pratique - Expérience Tokyoïte

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RAPPORT DE STAGE Première Pratique 3ème Année - 2018/2019

Du 4 février au 1er Mars 2018

EXPERIENCE TOKYOÏTE

Junya.Ishigami + Associates 3-18-12 roppongi, minato-ku

Tokyo - JAPON

Marianne Baroin G6/G9 Jean Montagne G6/G1 ENSA Paris Val de Seine

Héloïse Darves - Maitre de stage Grichka Martinetti - Enseignant Responsable



SOMMAIRE

INTRODUCTION 2 L’AGENCE 19

1 LA VILLE 6 BILAN


REMERCIEMENTS

Dans un premier temps, nous souhaitons remercier l’ensemble des personnes qui ont contribué au succès de ce stage ainsi qu’à l’écriture de ce rapport.

gés des différents projets sur lesquels nous avons travaillé. Par leur confiance, nous avons pu être des membres actifs de ces équipes et nous enrichir en tant qu’architectes.

Nous adressons nos remerciements, à notre maître de stage, Mme Héloïse Darves, architecte, de nous avoir accueillis au sein de l’agence de Junya.Ishigami + associates, grâce à qui nous avons eu l’extraordinaire opportunité de voir le fonctionnement de l’agence d’un architecte reconnu à l’international.

Nous souhaitons également remercier l’ensemble des stagiaires de la structure qui nous ont permis de partager cette expérience dans une ambiance agréable et propice au travail.

Ensuite, nous tenons à remercier les char-

Enfin, nous souhaitons remercier Mr Grichka Martinetti, enseignant responsable de ce stage, pour avoir accepté de lire et de corriger ce rapport.


INTRODUCTION

Dans le cadre de nos études, nous devions effectuer un stage d’un mois, considéré comme une première pratique en agence d’architecture, lors de notre 3ème année de Licence. Nous avons eu l’opportunité de pouvoir partir à Tokyo au Japon pendant 5 semaines et de travailler dans l’agence de l’architecte japonais Junya Ishigami. Ce rapport a pour objectif de transmettre

cette expérience dans sa globalité, pas seulement la découverte du monde du travail en agence, mais véritablement notre appréhension d’une nouvelle ville, d’une nouvelle culture, d’une nouvelle architecture, d’une nouvelle façon de vivre loin de notre quotidien parisien. Cette expérience, nous l’avons rendu réalisable à deux et vécu à deux, c’est pourquoi nous avons décidé de rendre un rapport commun.

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TOKYO, DÉCOUVERTE DE LA VILLE Nous avions une semaine pour découvrir la ville, et son histoire, avant de débuter le stage. HISTOIRE ET URBANISME PARTICULIER La capitale Japonaise était à la base un village de pécheurs prénommé «Edo». Ce n’est qu’au XVème siècle que ce village devient la capitale du pays. La ville prend le nom de Tokyo, ville de l’est, qu’à la fin du XIXème s. Cette ville a été, à de nombreuses reprises, détruite par différents évènements naturels (tremblements de terre) ou par les guerres (bombardements). Mais après chacun de ces évènements dramatiques, la ville a été reconstruite de façon très rapide. C’est donc une ville neuve et moderne voir post-moderne qui s’offre à nous.

quartiers de proximité, résidentiels, côtoient des quartiers d’affaires composés d’immenses gratte-ciels. Peut-on alors parler d’une ville sans urbanité?

Ces reconstructions ont fait naître un tissu urbain unique où différentes strates (mobilité, type de quartier, de bâtiments) s’entremêlent sans réellement d’ordre établi. La diversité architecturale est frappante, créant une sensation de laboratoire à échelle 1 dans cette discipline. Les échelles sont également mixées : des

La découverte de cette ville nous a permis de nous questionner sur l’impact d’une ville non harmonieuse sur ses habitants. Le non sens peut être troublant, mais pourtant en tant que touriste, les promenades sont remplies de paysages étonnants, stimulant notre créativité architecturale face à autant de diversité.

De nombreux architectes et urbanistes parlent de «chaos» face à la ville de Tokyo. Cette notion est étudiée et théorisée à de nombreuses époques mais pourrait être une réponse face à la question de la ville du XXIème s, symbolisant un renouveau économique, capitaliste.


LA CULTURE NIPPONE Cette expérience est également la découverte de la culture nippone sous tous ses aspects. Séjourner dans un pays pendant plusieurs semaines, nous a permis de vivre le quotiden des japonais et plusieurs anecdotes sont notables. Premièrement, la signalétique est omniprésente au Japon. En effet, tous les espaces publics sont régis par la signalétique. Nous pouvons donner l’exemple du métro où chaque couloir est annoté au sol etc. , ce qui est troublant pour un européen voir infantilisant. Les japonais sont à l’écoute des autres et sont très prévenants. Quand on les voit avec des masques sur le visage, ce n’est pas généralement contre la pollution. Ils le mettent quand ils sont malades et ne veulent pas contaminer leur entourage ou dans des cas plus extrêmes c’est pour se protéger de potentielles maladies.

Ensuite, nous avons pu découvrir également la culture traditionnelle japonaise notamment grâce à la visite de nombreux temples. Les japonais sont majoritairement shintoïstes ou bouddhistes. De nombreux temples sont parsemés dans l’ensemble de la ville. Ce sont des religions très symboliques, basées sur des rituels de parcours notamment (passage par les Toris). L’architecture est en symbiose avec ces traditions. Lors de cette expérience, la découverte de la culture japonaise s’est donc faite sur de nombreux plans qui peuvent être en dehors du domaine de l’architecture ; culinaires, vestimentaires, cinématographiques, ... c’est un enrichissement sur tous les plans.

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ARCHITECTURES MULTIPLES Nos premières impressions de la ville se sont faites grâce au monorail traversant la ville à grande vitesse à plus de 20 mètres au dessus du sol. On a très vite perçu l’immensité du lieu, s’étendant à perte de vue. Après avoir passé une semaine à visiter, et découvrir le plus possible de cette ville à l’autre bout du monde, on a pu comprendre qu’elle se divisait en plusieurs quartiers, chacun avec leurs spécificités architecturales et urbaines, comme Ginza, Roppongi, Shibuya, Shinjuku, la liste étant très longue. La plupart de ces quartiers fonctionnent comme une ville propre ayant chacun leur centre, le plus souvent autour d’une gare faisant aussi office d’immense centre culturel et commercial. Autour de ces immenses gares et des grandes avenues qui les relient, se trouvent les immeubles de grande hauteur. Et plus on s’éloigne de ces pôles, plus l’échelle se rapproche de celle humaine et on se retrouve dans des zones résidentielles avec

quelques commerces de quartier. Cette expérience nous a permis de faire un réel voyage architectural. Il n’était même pas nécessaire de faire des musées : la ville de Tokyo est un musée à part entière. Entre maisons singulières (comme House NA de Sou Fujimoto), immeubles (Sunny Hills de Kengo Kuma) et musées (21 21 design de Tadao Ando), c’est un bouillon créatif d’architecture. Chaque bâtiment à sa propre identité. Nous avons pu le constater à chaque coin de rue. Les quartiers le plus à l’image de ce constat, sont Ginza et Omotesando. Ce sont des quartiers très chics où de nombreuses maisons de luxe ont leur siège. Chaque maison cherche à montrer par l’architecture leur puissance par rapport à leur voisin. Nous pouvons donner l’exemple de la maison Hermès faite par Renzo Piano ou Prada par Herzog et de Meuron.


HABITER UN QUARTIER TOKYOÏTE

AU DELA DE TOKYO

Nous avons habité dans le quartier de Roppongi, près de l’agence d’Ishigami.

Nous avons également eu l’occasion de sortir de Tokyo lors de nos rares jours de congé pendant le stage.

Ce quartier, comme le reste de la ville a été plusieurs fois détruit. A la fin de la guerre, les américains ont choisi ce quartier pour baser leurs troupes militaires. De ce fait, le quartier s’est occidentalisé au fil du temps. De nombreuses ambassades se situent dans ce quartier ; notamment l’ambassade de France. Le quartier a également gardé cette atmosphère internationale à travers les différents commerces, restaurants et bars. Le quartier regroupe de nombreux sièges d’entreprises. De jour il est donc très animé par les japonais travaillants là, en revanche la nuit il est majoritairement peuplé d’étrangers venant profiter des nombreux bars et boîtes de nuit.

Nous avons décidé de visiter le site d’Hakone réputé pour son point de vue sur le Mont Fuji. Cette escapade nous a permis de découvrir un musée incroyable : l’Open air museum. Un musée de sculptures contemporaines totalement en plein air. Il est complètement dématérialisé et pourtant très structuré notamment à l’aide du paysage. Cette balade se conclut par la trouvaille du célèbre Tori flottant sur le lac d’Ashi, d’une poésie à couper le souffle.

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L’AGENCE

Junya Ishigami est un architecte reconnu à un niveau international. Il a été formé à l’école des Beaux-arts de Tokyo. Il vit ses premières années en tant qu’architecte. dans l’agence de SANAA puis il fonde sa propre agence en 2004 : Junya.Ishigami + associates. L’équipe internationale de l’agence de Junya Ishigami connaît un succès phénoménal depuis plusieurs années. D’abord rémunéré par les publications vendues au sein du pays et à l’étranger, l’agence voit aujourd’hui se construire de nombreux projets comme Noel, Zama, et bientôt la Serpentine Gallery pour n’en citer que quelques uns. Il reçoit en 2010 le Lion d’or à la Biennale de Venise pour son travail sensible tant dans ses illustrations, son design et son architecture «onirique et légère». Ce qui est paradoxal, c’est que l’agence d’Ishigami n’est pas à l’image de son architecture. Travaillant au coeur de Roppongi,

quartier animé et très hétéroclite de la ville les locaux sont en sous sol, ce qui signifie ni lumière, ni air. Il y avait seulement une écriteau minimaliste avec le nom de l’agence pour nous indiquer son emplacement le premier jour. La majorité de ces projets ont été présentés en France lors d’une exposition à la fondation Cartier, dans le XIVe arrondissement de Paris. Ils sont encore en phase de conception à l’agence ou en cours de réalisation. Tout cela étant dû au génie incontesté et incontestable du presque vénéré par ses employés, Junya Ishigami, régissant d’une main de fer une équipe travaillant jusqu’à l’épuisement pour produire une architecture parfaite, pensée et repensée pour s’accorder à la vision de l’architecte. Faisant fi du délai, du budget, les maîtres mots du projet sont toujours : « simplicité conceptuelle, vérité constructive, ambiance


J. Ishigami

Chargé du projet du lieu et originalité ». Tout cela guide les chefs de projets de l’agence tokyoïte dans leur réflexion de l’architecture. J. Ishigami est le coordinateur de ses différentes équipes chargées des différents projets, concours et commandes. Chaque équipe a régulièrement des entretiens, à l’image de nos rendus, avec lui afin de faire des points sur les avancements. C’est une agence qui voit le staff changé régulièrement, les architectes collaborateurs ne restent en général que pour un an c’est pourquoi l’organigramme de l’agence reste «type».

Concepteur Concepteur

Stagiaire

Stagiaire

Stagiaire 7


PROJETS, L’ENVERS DU DÉCORS Nous avons pu participer à l’avancement de différents projets dont chacun demandant une approche de travail particulière. Nous avons eu l’occasion de voir les projets d’Ishigami sous un nouvel angle. POWER STATION OF ART EXPOSITION SHANGAÏ La fondation Cartier ayant rachetée les œuvres de l’exposition d’Ishigami, elle a proposé à son équipe de faire la scénographie de la prochaine se déroulant avec ces mêmes œuvres à Shanghai. C’est la raison pour laquelle Héloise Darves, responsable du projet, nous a proposé de la rejoindre. Le lieu étant assez immense, un concept de division de l’espace a très vite été décidé, l’idée étant de créer une diversité d’échelle pendant le parcours du spectateur, de mettre en valeur les projets tout en respectant un budget très restreint. Notre tâche principale était de faire des propositions de scénographies respectant certaines contraintes dues aux projets.

HOLLAND Concept de mise en valeur d‘un chemin préexistant, une œuvre qui disparait dans la nature, et c’est ce concept que l’on doit deviner pendant le cheminement autour de la maquette de site en découvrant petit à petit le projet caché entre les arbres. HOUSE OF PLANTS House of Plants est une maison qui rassemble l’intérieur de l’extérieur, il est très particulier car il est seulement représenté avec des plantes vivantes. La maquette doit donc être illuminée de lumière naturelle, de plus les dessins doivent être largement mis en valeur dans la salle associée au projet.


NIKI

CHAPEL

C’est une forêt qui est totalement déplacée et qui est recréée en un concept idéal et magique entre forêt, marécage et plaine. Niki étant un projet paysagé avec une réflexion et une analyse du site original et très réfléchies. Ce sont ces dernières qui doivent être mis en valeur, par les dessins de concept.

Chapel est un projet immense une vallée dans une vallée, une maquette de béton coulée de 7 mètres de haut. Elle doit être abordée par la faille qui la traverse pour donner un apreçu de l’expérience architecturale perçue par le visiteur, une distorsion de l’échelle. De plus elle doit être reconstruite sur place, ce qui posera des problèmes techniques, à prévoir dans l’organisation de la scénographie.

HOPE c’est un nuage immense flottant au dessus d’une mer calme, accessible seulement par bateau, une parenthèse de calme et de poésie, étant représentée par une maquette de plusieurs tonnes. Elle doit être posée sur une poutre structurelle du plancher et la scénographie doit laisser un large espace autour pour la voir de pès comme de loin.

MOSCOU C’est un projet qui change le niveau du sol, le sous-sol d’un bâtiment public réhabilité. Il y a plusieurs maquettes à découvrir dans un ordre qui suit la temporalité du projet, de

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sous-sols délabrés à voûtes lumineuses, l’existant étant superbement mis en valeur, SYDNEY Sydney est un projet immense qui doit prendre un large espace dans l’exposition. En effet les différentes courbes flottantes, ces arches de béton au dessus de la ville doivent être suspendues depuis le toit pour pouvoir tenir. KINDER GARDEN - ANIMALS - GOST Les projets liés à l’enfance, Kinder garden, animals, ghost doivent être mis ensemble, reliés par le parcours. DALI La maison entre les rochers, est en pente, on doit donc découvrir la maquette par son point le plus bas.

COMMERCIALS c’est un chemin d’un kilomètre au milieu d’un lac, la maquette très horizontale se doit d’être suivie comme si l’on se déplaçait dans le projet, en suivant le chemin. NOEL C’est un projet enterré avec une structure de béton plein, moulée avec la terre. Le béton séché est excavé et les voûtes créées font l’architecture. Noel est aussi basée sur la question de la mise en valeur de l’existant pour créer l’architecture. Ici c’est créer par le vide, depuis le plein. Tout est question de détail dans ce projet, l’échelle réduite rend les déplacements dans le projet cruciaux, et c’est ce qui doit être ressenti en se déplaçant autour de la maquette. Noel marque grandement l’œuvre de l’architecte par son originalité.


AKITA Maison pour Alzheimers, se base sur le déplacement d’anciennes structures de maisons pour créer une imense structure liée par ses toits. Il y a 3 maquettes à voir dans un ordre précis, concept, site puis détails. KAIT

le plus représentatif de son architecture, aujourd’hui dans sa phase de détails constructifs, la construction commençant en avril. Tous ces projets doivent être mis en valeur avec un certain nombre de codes. Le travail sur l’exposition permet de découvrir ces projets sous un angle nouveau. PAVILLON DE CARTIER

Le projet est seulement un toit extrèmement fin à la portée immense. Kait est extêment complexe à mettre en place dans l’exposition car produit de très grandes forces dûes aux efforts produits par le porte-à-faux du toit

Les chargés de ce projet, en début de conception, sont designers. Ishigami ne se limite pas aux connaissances des architectes et va chercher plus loin avec des regards différents.

ZAMA

SERPENTINE GALLERY

Maison créée pour ses parents et sa grand mère, se doit d’être présentée en dernier car intimiste et très personnelle. Il estpensé jusque dans ses moindres détails pour être

Le 25 février 2019, le monde entier apprend que le pavillon de la serpentine gallery sera fait cette année par Ishigami. Un bâtiment qui se veut très poétique avec un toi, en 11


tuiles sombres organiques, suspendu par des poteaux d’une grande finesse. HOTEL C’est un projet qui fait partie d’une commande faite par un milliardaire chinois. Cet hôtel doit être conçu en même temps que deux autres commandes : un spa et un village. L’échelle est démesurée pour ce projet qui a un programme de 55 000 m2 pour 300 chambres. Ce projet est en phase de conception, et des premières esquisses sont attendues par le client à la fin du mois d’Avril 2019. La conception de ce projet est compliquée par cette échelle mais également par le fait que le programme a changé de nombreuses fois. Le complexe devait accueillir des chevaux puis ils les ont enlevé et ainsi de suite. La délimitation de la parcelle a été réduite/

augmentée en conséquence de ce programme changeant. Aucun concept n’est encore retenu pour le moment malgré de nombreuses recherches. SPA Ce projet fait parti du trio Hotel-Spa-Village. Le concept est dans un état d’avancement plus élevé que celui de l’hôtel car les grandes lignes sont dessinées. En effet, c’est un projet sous-terrain ou la question de la conception du toit et le traitement de la lumière seront essentiels. MURA C’est le dernier projet de la commande du client chinois. Mura est un village où différents bâtiments sont placés tels des murs.


TÂCHES AU SEIN DE L’AGENCE

Nos tâches au sein de l’agence furent très différentes, allant du début de la conception à la résolution de problèmes techniques sur des projets en chantier. Nous étions venus à la base pour participer à la réalisation du projet d’une exposition des projets de l’agence à Shanghai, «power station of art». Seulement, le calendrier a été retardé, nous avons donc été redirigés vers différents projets.

Ce qui fut intéressant, c’est que nous n’avions pas les mêmes rôles au sein de l’agence : l’un à suivi un projet en conception tout le long de son stage et l’autre a exécuté différentes missions au sein de plusieurs projets.

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CONCEPTION D’UN HÔTEL EN CHINE Marianne Baroin Ce projet a une échelle très difficile à appréhender ( 55 000 m2), le programme à changer à de nombreuses reprises. Mes tâches au sein de cette équipe était de proposer des idées de concepts, et les mettre en application soit en plan, soit en maquette. La production était conséquente, ce qui est une des caractéristiques principales des agences d’architecture au Japon. Une cinquantaine de maquette furent réalisées pendant le mois.

Les chargés du projet nous ont d’abord demandé d’exécuter en maquette les idées de l’équipe présente avant notre arrivée. Puis très rapidement, la demande était d’apporter de nouveaux concepts à pouvoir présenter à Ishigami.

Les meetings avec Ishigami rythmaient notre travail. Nous avions rendez-vous tous les deux jours, nous produisions une douzaine de projets entre chaque. Ce fut très intéressant mais aussi impressionnant de voir un aussi grand nombre de propositions (rejetées) pour un projet donné.

La maquette est le premier outil de conception au sein de l’agence. Nous sommes restés plus de la moitié de ma période de stage à l’échelle 1/2000e car elle était facile à manipuler et exprimait bien le concept global de chaque proposition. La seule demande faite par Ishigami, c’est d’avoir un maximum de concepts radicaux avec des typologies différentes, une matière à faire projet. Ce qui fut le cas. Les différents projets jouaient en densité, avec la nature, la topographie, ils étaient soit géométriques ou en courbe...

L’idée était de montrer un maximum d’options et de pousser la créativité au maximum, au point même peut être de l’épuiser.

Ce qui m’a le plus interpelé c’est la faible participation d’Ishigami au concept de l’hôtel.


En effet, au meeting, aucune directive n’est réellement donnée, laissant dans le flou l’ensemble de l’équipe pour la suite de la conception. La créativité de l’équipe est ainsi conservée à son maximum, ce qui peut être une certaine explication. Seulement comme je le disais précédemment aussi, son épuisement se sentait au fil des semaines. Sentant la dynamique de la production décroître, Ishigami décida de dessiner deux projets à partir de toutes les propositions faites. Au milieu de la période de stage, nous avons entamé une nouvelle étape de production avec des maquettes à l’échelle supérieure (1/1000 et 1/1500). Le projet se développe alors autour des deux concepts suivants. Le premier était de faire une succession de terrasses, jouant avec la topographie. Le second était de créer un ensemble de montagnes et de vallées ou situeraient les chambres. La volonté finale et étonnante d’Ishigami était de créer une voire deux val-

lées par chambre (entre 300 à 600 au total) sans qu’il y ait de montagnes. Les options sont alors testées sous différentes formes. J’ai dû faire une dizaine de version du même concept. Nous avons eu l’occasion aussi de faire des maquettes zooms au 100e pour tester la lumière. Après, avoir commencé le développement de ces deux idées principales, le projet n’est toujours pas satisfaisant. Juste avant mon départ, mon équipe cherchait alors une nouvelle fois de nouveaux concepts en parallèle des recherches des projets «Terrasses» et «Vallées». La conception d’un projet pour un architecte est complètement différente par rapport au fait de faire un projet pour soi. En effet, il m’a fallu un temps d’adaptation face à la pensée portée par l’agence d’Ishigami. Il était impensable pour moi de conceptualiser des projets en courbe car c’est une forme avec laquelle je ne suis pas à l’aise. Seulement, 15


chez Ishigami, les projets en courbe sont nombreux. J’ai donc dû composer avec ce constat là. Ainsi, le projet prend une autre dimension, il se détache un peu de vous en quelque sorte car en finalité cela ne sera jamais votre projet. La phase de conception est donc sans cesse un aller retour entre différentes idées. La production est intense et ne doit jamais être réellement arrêtée. La recherche de concept, l’expérimentation en maquette sont les clés de sa conception architecturale. Une semaine après notre départ, nous avons appris que l’équipe Hôtel a abandonné les concepts en cours, pas assez forts. Ils ont dû de nouveau recommencer des recherches de concepts plus «radicaux», telle est la demande d’Ishigami.


NOEL - ZAMA - MAGASINE - EXPOSITION Jean Montagne Pendant ce mois de stage j’ai eu l’occasion de participer à plusieurs projets, Pour ZAMA, maison pour les parents d’Ishigami, j’ai pu participer aux maquettes d’études aux échelles 1/50 et 1/20, de design global et de détails techniques. Grâce à la participation de l’ingénieur Sato j’ai pu en apprendre plus sur la structure bois typique des maisons japonaises, de comment travailler le terrain en relation intime avec l’intérieur, par l’agencement de la structure. Le fait de faire de nombreuses propositions de design en maquette pour affiner une position architecturale est quelque chose que l’on n’enseigne pas à l’école, et pourtant c’est extrêmement utile, et ça permet d’être absolument sûr de ses choix. Une organisation intérieure épurée, entre codes traditionnels japonais et l’intégration de la culture contemporaine et occidentale par le mobilier, tout cela mis en valeur par une structure élégante dans un concept simple et fort de liaison entre intérieur et extérieur, c’était as-

sez incroyable de pouvoir participer à l’élaboration d’un projet de ce type. Le projet étant à sa phase finale, Ishigami était extrèmement concerné par l’avancée du projet, nous avions donc des meetings tous les jours, sur des questions soit de structure, soit de design. Le projet est passé d’une structure bois, à béton, en passant par la terre et le croisement terre-bois. Ces experiences de design m’ont amené à refaire 5 fois certaines maquettes pour comprendre les changements de lumières et de textures associés à chaque idée.

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Pour Noel, la construction ayant déjà commencé, ma participation se faisait sur le choix de détails structurels, entre position des cloisons de verre et profondeur de la cuisine, en cohérence avec la structure dans une maquette au 1/8. La subtilité du projet réside dans la relation entre le restaurant et la maison, cette question de flux est remise en cause à chaque meeting, de plus la lumière est extrèmement importante dans ce projet et elle a très bien été mise en valeur. Pour le magazine j’ai dû retoucher des photos et plans sur photoshop et travailler la mise en page finale du projet. Cela m’a vraiment appris l’importance de la communication d’un projet, pour vendre et surtout se vendre. J’ai aussi appris que si je monte ma structure un jour, il faut dès le début organiser ses fichiers dans un serveur commun de façon claire et précise, car dans celle-ci le serveur était très mal géré.

L’exposition de Shanghai m’a vraiment plu car elle m’a permis de rentrer dans le détail de chaque projet pour chercher la meilleure mise en valeur possible de chacun en fonction de chacune de leurs spécificités, c’était aussi le premier travail de scénographie que j’ai pu faire.


BILAN

Pendant ce mois, nous avons pu participer à l’élaboration de projets incroyables. Ce qu’on a pu en tirer ce n’est pas seulement un mode de conception particulier mais également la compréhension du fait que l’interdisciplinarité apporte énormément au projet. L’interdisciplinarité, des concepteurs venant avec leurs différentes exépriences et cultures, arrive à des concepts uniques. En effet, dans cette agence l’architecture n’est à aucun moment pensée différemment du paysage ou du design.

Ce stage était une expérience enrichissante à tous les niveaux, autant humainement, que culturellement et bien sûr architecturalement parlant. Ce fut la découverte d’une culture, d’un paysage et d’une façon de vivre : nous étions à l’autre bout du monde pour quelques semaines. Le monde de l’architecture au Japon est surprenant et impitoyable. Le maître mot de ce stage est sûrement Production. Nous avons pu en observer les limites. Mais la chose à retenir, c’est que le projet ne s’arrête jamais.

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ANNEXES Expérimentation du projet «Terraces» Maquette 1/100 - Plans

B.O.H Farm to table Restaurant

Garden

Yoga Pavillon

Garden

Vertical circulation Sitting area

Vertical circulation

B.O.H

Vegetable and Fruit Garden

Lotus pond

Garden Mirror of water with one lotus in the middle

Vertical circulation

Vertical circulation

Café

Reception

Reception

Spa Flower garden

Sunset Contemplation area Swimming Pool

Vertical circulation Garden

B.O.H

Sun bathing

Vertical circulation Other

Dance Pavillon

To hiking trail

Flower garden Café

Mirror of water Garden with exterior sitting

Reception

Sitting area and vertical circulation

Vertical circulation

Garden

Café

BBQ

Garden

Amphitheatre

Basket area

Other

Chineese Restaurant

Pond

B.O.H Main Reception

Meeting Lounge café

Vertical circulation

Tennis area

Drop off point

Changing room B.O.H Vertical circulation

Heated onsen

Café

Garden

B.O.H

Lounge

Vertical Circulation

Reception Vertical circulation Swimming Pool

Reception and sitting area

Garden

Rock Pond Garden

Sitting area

Café Lounge

B.O.H Western restaurant

Vertical Circulation

Other B.O.H

Pond

Garden Amphitheatre


Expérimentation du projet «Valleys» Maquettes - Plans

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Noel

Kinder Garden

Akita et Kait

Moscou


Dali

Sydney, Animals et Noel

Chapel

Animals

House of plants

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